L’offensive sur la ligne Hindenburg

Du 15 août au 26 sept 1917

 

 

 

Une gigantesque muraille de Chine a été créée, qui, dans l'esprit du Haut Commandement allemand, constituera le front inviolable destiné à paralyser les efforts des Alliés supérieurs en nombre, et à laisser libre le plus de forces possible pour combattre en Orient.

 

Cette barrière est déjà vaguement connue en 1917 sous le nom de ligne Hindenburg ; elle sera célèbre plus tard.

Par le développement et la perfection de ses ouvrages, par l’abondance des matériaux qui y ont été employés, elle laisse bien loin derrière elle tous les travaux de champ de bataille et même de fortification permanente que le monde ait connu avant 1914.

Elle comprend quatre systèmes, dessinant ensemble un croissant dont la convexité est tournée vers Paris.    " description "  

 

L’offensive britannique au nord de la Somme et la française entre Oise et Aisne

18-29 août.

 

La première phase de la bataille de Picardie était close. Mais un grand effort nouveau se prépare entre la Somme et la Scarpe.

Déjà, entre Aisne et Oise, l'armée Mangin a été lancée à la conquête des plateaux.

Partie à l'attaque le 18 août, elle borde l'Ailette le 23. (Croquis ci-contre.)

Suivant cette progression, l'armée Humbert reprend violemment l'offensive le 21, conquiert les pentes nord du Plémont, franchit la Divette, occupe Lassigny.

Par leur avance, ces deux armées menacent la droite de la XVIIIe Armée allemande accrochée sur la ligne Chaulnes-Roye.

En même temps, l'armée Byng, entre l'Ancre et Croisilles, et la gauche de l'armée Rawlinson, au nord de la Somme, attaquent. (Croquis ci-dessous.)

 

Le 21 août, à l'aube, les 4e et 6e corps de l'armée Byng partent à l'assaut, entre Miraumont et Movenneville.

Très brillamment, les troupes britanniques, appuyées par des tanks enlèvent les avancées des défenses ennemies.

La lutte est particulièrement vive aux abords d'Achiet-le-Grand et du bois Logeast, la progression continue, méthodique ; la voie ferrée d'Arras à Albert, ligne principale de défense de l’ ennemi, est atteinte, 2000 prisonniers sont faits prisonniers

 

Le 22 août ,après cette attaque préparatoire, l'offensive est déclenchée sur un front de 53 kilomètres, entre Lihons et Mercatel.

Au sud de la Somme, le corps australien enlève Herleville, Chuignes et fait 2000 prisonniers, la gauche de l'armée Rawlinson passe l'Ancre, enlève Albert, porte sa ligne sur les collines à l'est de la route Albert-Bray, capture 2.400 prisonniers.

Le coup le plus rude est donné plus au nord par l'armée Byng.

Dépassant la ligne principale de défense (la voie ferrée Arras-Albert), les 6e et 4e corps enlèvent Gomiécourt, Ervillers, Boyel, avec une grande quantité de canons, font plus de 5.000 prisonniers, et poussent sur Bapaume et Croisilles.

A cheval sur la route Arras-Bapaume, le 6e corps se rabat sur Bapaume et menace d'encercler les Allemands cramponnés aux crêtes de Thiepval, qui, attaqués en même temps plus au sud, succombent. Bray-sur-Somme est enlevé.

 

La bataille continue du 25 au 28.

La résistance augmente, l'ennemi contre-attaque, oppose sur cet ancien champ de bataille de 1916, au terrain semé d'obstacles, une défense désespérée.

 

Le 29, Bapaume tombe.

Les Allemands se replient du nord de Bapaume à la Somme, sur le front Cléry, Combles, Frémicourt, Bullecourt, Heudecourt.

Menacé à la fois au nord de la Somme par les armées britanniques et sur les rives de l'Oise par les armées françaises, l'ennemi commence son repli dans la boucle de la Somme, talonné de près par Rawlinson, Debeney et Humbert ; il se retire sur la rivière  de Péronne à Ham.

Chaulnes et Nesle sont occupés par les Alliés.

 

 

 

 

 

« Sur le sol même qui avait vu la grandeur de leur acharnement dans leur défensive, écrit le maréchal Haig; les troupes britanniques se portèrent à l'attaque avec une vigueur inlassable et une inébranlable détermination que ni l'extrême difficulté du terrain, ni la résistance obstinée de l'ennemi ne purent ni briser ni diminuer. »

 

 

 

 

 

 

 

 

Les offensives sur la Scarpe et l’Ailette

25 août - 8 septembre.

 

Mais la bataille continuait en s'élargissant. Le maréchal Foch poursuit inlassablement son plan offensif. Il écrit au maréchal Haig :

 « Poursuivez vos opérations sans laisser de répit à l'ennemi et en étendant la largeur de vos actions. C'est celle étendue croissante d'une offensive nourrie par derrière et fortement poussée en avant, sans objectif limité, sans préoccupation d'alignement et d'une liaison trop étroite qui nous donnera les plus grands résultais avec les moindres perles... Les armées du général Pétain vont repartir immédiatement dans le même style. »

 

En même temps que l'armée Mangin s'apprête à rompre le front ennemi entre l'Aisne et Saint Gobain, l'armée Horne, sur la Scarpe, attaque le saillant formé à l'est d'Arras.

 

Dès le 25 août, le corps canadien, à cheval sur la Scarpe, et la gauche de l'armée Byng avaient enlevé les positions difficiles de Monchy le Preux, Guémappe et porté leur ligne au contact de la redoutable position de Quéant-Drocourt, rameau de la ligne Hindenburg.

 

Le 2 septembre, le corps canadien se porte à l'assaut, progresse rapidement le long de la route Arras-Cambrai, pénètre de 10 km. dans les lignes allemandes et atteint Buissy.

 

Au centre, les Australiens dans la nuit du 30 au 31 août se sont jetés fougueusement à l'assaut en pleines ténèbres et ont enlevé le bastion formidable de Mont Saint-Quentin.

 

 Le 1e septembre, après des combats sanglants, ils pénètrent dans Péronne.

Pour flanquer cette attaque au nord de la ville, Bouchavesnes, Frégicourt sont enlevés.

 

Plus au sud, sur les bords de l'Oise, l'armée Humbert, en dépit d'une résistance tenace, avait conquis Noyon et les hauteurs qui, à l'est, dominent la ville. Partant de l'Ailette,

 

Le 5 septembre la lutte se poursuit ; Mangin pénètre dans la forêt de Coucy et la gauche de l'armée se portait vers Chauny jusqu'aux lisières de la forêt de Saint-Gobain dans les anciennes lignes de mars 1918 les régiments de la 41e DI (23e,42e,128e RI) de la 69e DI (151e ,122e ,129e ) et de la 5e DI (5e, 74e, 224e) en chasse l’ennemi au prix de terribles combats

Débordés au nord, en direction de Cambrai, et au sud sur les rives de l'Oise, en direction de La Fère, attaqués en même temps fortement, au centre, à Péronne, les Allemands reculent vers les positions Hindenburg.

Les armées britanniques et françaises refoulent les arrière-gardes ennemies qui ne peuvent s'accrocher sur la ligne de la Tortille et du canal du Nord.

Le 8 septembre, le front allié passe à l'ouest d'Arleux, de Marquion, à Havrincourt, Epehy, Vermand, puis suit le canal Crozat.

 

 

Les offensives et les avancée vers la ligne Hindenburg

10-25 septembre

 

Les Allemands sont arrivés dans les avancées de leur fameuse position Hindenburg, constituées par les anciennes lignes britanniques perdues en mars, positions formidables qui couvrent le rempart réputé imprenable de la ligne Hindenburg.

Entre Havrincourt et Holnon, les 3e et 4e Armées britanniques (Byng et Rawlinson) attaquent dès le 10 septembre.

La 4e Armée enlève Vermand, les lisières ouest des bois d'Holnon, et pénètre dans Epehy et  Jeancourt.

 

Au même moment (12 septembre), la 11e Armée américaine enlevait tout le saillant de Saint-Mihiel, avec 15000 prisonniers et 200 canons

 

Le 13, après des combats ardents, elle s'empare des bois et du village à Holnon.

La 3e Armée britannique franchit le canal du Nord au sud de la route Bapaume-Cambrai, déborde les positions d'Havrincourt à Gouzeaucourt, qui sont emportées en grande partie. La lutte est âpre, l'ennemi s'accroche désespérément.

 

Le 14 septembre, Mangin et Degoutte se porte avant, à leur tour, contre le redoutable bastion de Laon qu'ils attaquent, l'un par le massif de la forêt de Coucy, l'autre par l'Aisne.

Ce jour-là, à l'Armée Mangin, les régiments de la division Bablon (23e, 4e ,128e) de la division Segonne (167e, 168e, 169e), de la division de Roig-Bourdeville (5e, 74e, 224e), enlèvent Vauxaillon, Laffaux, Allemant, Sancy, le Moulin de Saint-Pierre et, sur un front de 1500 mètres, capturent 2500 prisonniers.

L'Armée Degoutte, moins heureuse quoique tout aussi vaillante, ne réussit pas à chasser de Gleures les divisions d'Eberhart, mais elle fixe l'ennemi et l'empêche de porter le gros de ses forces contre la 1e Armée

 

Le 16 septembre, Mangin s'empare du Mont des Singes, de Vailly, et prend pied sur le Chemin-des-Dames. Il s'agit, d'après les ordres de Fayolle, d'aborder par l'ouest cette formidable position et de s'installer sur la ligne Vailly-Chavignon, pour obliger l'ennemi, pris en flanc, à l'évacuer sans combat.

 

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Le 18, une attaque générale est déclenchée par les, armées Byng et Rawlinson en liaison avec l'armée Debeney.

Toutes les positions entre Gouzeaucourt et Holnon sont emportées avec 10000 prisonniers et 150 canons.

Au sud, l'armée Debeney a pris, par surcroît, le front de la 3e Armée (Humbert) ; Celle-ci a appuyé dans la zone de la 10e Armée, retirée du front par suite du raccourcissement de celui-ci et transportée en Lorraine en prévision d'une offensive future.

 

L'armée Debeney, étendue jusqu'au sud de l'Oise, attaque et après avoir enlevé l'épine de Dallon (sud ouest de St Quentin) par les 40e, 102e, 119e Bataillon de chasseurs, 321e et 401e régiments d’infanterie aidés du 265e RAC, Castres et Essigny-le-Grand (13e,29e,39e,296e,régiment d’infanterie de ligne et le 210e régiment d’artillerie), borde la vallée de l'Oise, de Vendeuil à La Fère.

 

L'ennemi est désorganisé, usé, fatigué, dans l'incapacité d'exécuter une contre-offensive.

Pour se soustraire à cette bataille continuelle qui l'épuise, il a cherché à se réfugier dans des positions qu'il estime imprenables, et à l'abri desquelles il espère pouvoir se réorganiser, se reposer, se constituer des réserves.

C'est pour lui une nécessité, car du 15 juillet au 25 septembre il a envoyé à la bataille 163 divisions, dont 75 ont été engagées deux ou trois fois.

 

 

Le 26 septembre, malgré une réduction de front de près de 200 kilomètres, il doit maintenir en ligne presque le même nombre de divisions qu'au 15 juillet, parce que leurs effectifs et leur valeur combative sont très amoindris.

De plus, il n'a réussi à conserver ces effectifs qu'en dissolvant déjà 10 divisions, en ramenant dans une cinquantaine d'autres les bataillons de 4 à 3 compagnies, en rappelant des usines un grand nombre de sursitaires pour ne pas entamer la classe 1920, sa dernière ressource.

De toutes parts les armées alliées sont en contact avec la position Hindenburg, prêtes au grand assaut des lignes réputées imprenables, d'où les Allemands se sont élancés le 21 mars pour leur victoire certaine.

 

 

 

En six semaines, sans trêve, sans répits les Alliés, par des attaques répétées et conjuguées, ont réduit la poche que l'invasion germanique avait creusée de Saint-Quentin au-delà de Montdidier et d'Albert.

Le dénouement est proche. Bientôt les Allemands seront contraints à implorer l'armistice pour se dérober à un désastre militaire sans précédent.

 

   

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