Le combat pour Berry Au Bac, Juvincourt et la côte 108
16 avril –début mai 1917
un combat faisant partie de l’offensive française au Chemin
des Dames d’avril 1917
Depuis la fin du
mois de janvier, on préparait la grande offensive du Chemin des Dames.
Des territoriaux en
nombre travaillaient à l'arrière de nos positions, créant des routes, des voies
de chemins de fer. Les artilleurs installaient leurs batteries un peu partout.
Les régions boisées entre
Depuis
décembre 1916, le 32e Corps d'Armée comptait quatre divisions au lieu de deux.
A la 40e commandée par le général Leconte, et à la 42e
commandée par le général Deville, on avait ajoute la 69e commandée
par le général Monroë, et la 165e,
commandée par le général Caron.
Le 32e Corps d'Armée
n'était plus sous les ordres du général Debeney, qui l'avait conduit à la
victoire de la Somme. C'était le général Passaga,
dont la division « La Gauloise » s'était illustrée en Argonne, qui était à sa
tête.
Pour
l'attaque du 16 avril, la 69e division, qui comprenait les 151e, 162e et
267e régiments d'infanterie, se trouvait face à la ferme du Choléra et devait atteindre
Juvincourt, puis obliquer à l'est et marcher sur Prouvais.
La
42e division, qui comptait les 94e et 332e régiments d'infanterie et les 8e et 16e
bataillons de chasseurs,
occupait Berry-au-Bac et devait marcher sur Condé-sur-Suippe
et Guignicourt.
Entre
ces deux divisions, la 165e (nouvellement formée), comprenant les 154e, 155e et
287e régiments d'infanterie, devait aller directement
à Prouvais.
La
40e division, composée des 150e, 161e et 251e
régiments d'infanterie,
avait pour mission d'attaquer au sud de la cote 108, dans la région de
Sapigneul.
Les 25e, 40e, 42e, 235e
,268e, régiments d'artillerie de campagne accompagneraient par leurs pilonnages les
progressions de l’infanterie.
Si vous voulez la carte en plus grand et en une meilleure
résolution ;envoyer moi un mail
La
40e division se fit écraser sur place, sans pouvoir avancer, et la 42e division
d'infanterie n'avança guère, toutes deux étant sous les feux venus de la cote
108 (120e RI), dont nous prîmes aisément le sommet, mais dont nous ne
parvînmes jamais - quoi qu'on en ait dit -- à déloger les Allemands qui avaient
là des sapes formidablement organisées. En revanche, les 69e (151e, 162e et
267e régiments d'infanterie) et 165e division (154e, 155e et 287e régiments
d'infanterie)
avancèrent considérablement dès les premières heures de l'attaque ; et, si
elles durent reculer en partie, c'est qu'à leur droite comme à leur gauche nos
éléments n'avaient que peu ou pas du tout progressé.
A
gauche du 32e Corps d'Armée se trouvait le 5e Corps (général de Boissoudy).
A
droite, le 7e Corps (général Bazelaire) ne réussit
pas à s'emparer de Berméricourt.
L'attaque était prévue pour le 14 avril.
Elle fut décalée de vingt-quatre heures et fixée au 15 avril. Mais le 14 avril,
à 6 heures du soir, nouvel ajournement.
Le
jour J devenait le 16 avril; l'heure H 6 heures du matin.
Dans
la nuit du 15 au 16 avril, en prévision d'une avance importante, on massa des régiments
de cavalerie à la lisière des bois de Gernicourt. La 1e Armée se tenait prête à
venir exploiter le succès et à s'intercaler entre les 5e et 6e Armées.
Des
tanks, péniblement amenés sur les bords de l'Aisne, partirent à l'assaut au
signal de l'attaque. Ils s'élancèrent dans la plaine qui relie l'Aisne à la
Miette, en même temps que nos soldats sortaient des tranchées et marchaient sur
les positions ennemies.
Depuis
cinq jours, l'artillerie crachait sans arrêt, démolissant les réseaux de
barbelés, s'efforçant de détruire les « stollen » et
casemates cimentées des Allemands.
On
sait ce qu'il advint de la douzaine de petits tanks qui, sur ce point,
arrivèrent aux bords de la Miette. Les deux tiers furent détruits par l'ennemi,
prirent feu, et leurs servants furent brûlés vifs. Les trois ou quatre qui
échappèrent à ce massacre ne purent accomplir oeuvre utile.
Cependant,
du Choléra à Berry-au-Bac, les admirables soldats du 32e Corps d'Armée
triomphaient.
Dès
8 heures du matin,
les trois premières lignes de « stollen » étaient en
notre pouvoir.
A
10 heures,
l'avance réalisée était, dans cette partie, de plus de
Et
pourtant la température ne nous était pas favorable. Il tombait une pluie fine,
le sol était marécageux et collant.
Il
faut dire que nos obus avaient tait à assez larges brèches dans les réseaux de
fils de fer boches.
La
progression s'effectua rapide et nos soldats ne rencontrèrent pas grande
résistance.
La
69e division (151e, 162e et 267e régiments d'infanterie) s'empara des
fortifications de la ferme du Choléra (voir l’historique du 151e RI) et
atteignit la Miette dont elle longea le cours jusqu'à la ferme Mauchamp (voir l’historique du 162e RI), où
elle fit sa jonction avec la 165e division (154e, 155e et 287e régiments
d'infanterie),
partie des tranchées de l'Autobus.
Toutes
deux, alors, progressèrent jusqu'au bois, au sud de Juvincourt, qui renfermait
d'abondants nids de mitrailleuses.
Là,
les combats furent particulièrement meurtriers et nos troupes furent arrêtées
dans leur marche en avant. Mais elles purent continuer leur avance à l'est et
aborder le bois Claque-Dents, au sud de Prouvais.
Hélas !.. là aussi les
mitrailleuses arrêtèrent leur élan.
En
même temps, la 42e division réalisait une belle avance. Le 94e régiment
d'infanterie
marcha aisément, mais les chasseurs (8e et 16e bataillons) ne purent aller aussi
vite, et il y eut bientôt un écart de 700 à
Pour
maintenir sa liaison, le 94e rebroussa chemin d'environ
Quelques hommes atteignirent, affirme-t-on,
les lisières de Condé-sur-Suippe, mais aucun d'eux
n'en est revenu.
A
droite, entre l'Aisne et le canal, nos poilus avaient atteint le sommet de la
cote 108, mais ils ne purent le dépasser, car l'ennemi avait là des sapes
formidables de plusieurs centaines de mètres, puissamment organisées, et riches
en mitrailleuses qui tiraient par des meurtrières et semaient la mort dans nos
rangs.
Plus
au sud, sur Sapigneul, la 40e division d'infanterie (150e,
161e et 251e régiments d'infanterie), se fit tuer sans pouvoir progresser. (Voir
l’historique du 150e RI)
Cependant,
les admirables fantassins de cette division bousculèrent les deux premières
lignes allemandes, malgré des pertes énormes.
Mais,
rapidement décimée et désorganisée par la mort de la plupart des officiers, la
40e division ne put résister à une violente contre attaque, et il lui fallut
regagner les tranchées de départ. Il est heureux que les boches n'aient pas
poursuivi leur offensive sur ce point, car personne ne résistait plus, et nous
aurions été, sans contredit, bousculés de l'autre côté du canal.
Nos
pertes étaient grandes, et le résultat mince. Cependant nous n'eûmes pas le
chiffre de pertes qui fut mis en circulation â cette époque et entraîna l'arrêt
de l'offensive a la suite d'incidents parlementaires que l'on connaît.
Durant
les jours qui suivirent, il n'y eut pas de changements appréciables dans le
secteur. Nous subîmes de furieuses contre-attaques que la valeur de nos troupes
réussit à arrêter. Nous essayâmes de progresser à la grenade, notamment dans la
région de la cote 108 (147e RI)
A
plus de huit reprises, nous réussîmes à avancer de quelques centaines de
mètres, au prix de pertes élevées. Chaque fois, les Allemands nous firent
revenir sur nos positions.
La
grosse contre-attaque boche, qui suivit l'offensive du 16 avril, se déroula le
18 avril et eut pour théâtre principal le bois situé au sud de Juvincourt, dans
lequel l'ennemi était formidablement retranché et dont nous tenions les
lisières. Grâce â une puissante intervention de nos 75, qui couchèrent les
vagues ennemies lorsqu'elles débouchèrent des taillis, et grâce à nos
mitrailleuses, cette contre-attaque fut brisée.
A
partir du 19 avril,
le secteur resta calme et nous pûmes nous organiser sur les positions. Il en
fut ainsi jusqu'aux premiers jours de mai.
Dans
cette période n'eurent lieu que des escarmouches, coups de mains à la grenade
et combats d'artillerie. Quand nous avancions de 300 ou
Cependant,
à l'est de la cote 108, entre la ferme de Moscou et Sapigneul, la légère avance
que nous avions réalisée dans les premiers jours de l'offensive était perdue.
Le
4 mai,
nouvelle offensive à gauche et à droite de nos troupes. Mont-Spin
est pris pour peu de temps, Brimont tenant toujours. L'avance sur le plateau de
Craonne s'affirme, et, la, nos positions se consolident. Nous en profitons pour
reprendre les emplacements perdus à l'est de la cote 108. Le communiqué chante
victoire : la cote 108 est à nous.
Hélas ! ce n'est pas exact.
Le sommet de la cote 108 est à nous. Il l'a été trois fois depuis le 16 avril.
Mais,
sous terre, des casemates blindées abritent des servants de mitrailleuses qui,
par des meurtrières, nous assassinent ; nous ne parvenons point à les réduire
au silence, non plus qu'à nous emparer de ces « stollen
» qui forment un labyrinthe redoutable dans lequel il est impossible de
pénétrer. Chaque tentative coûte la vie aux soldats qui la font.
Du
16 avril au 19 mai,
sans répit, le 32e Corps d'Armée demeura en ligne. Quand il alla au repos, ses
régiments n'étaient plus que des squelettes. On mit plus d'un mois à les
reformer au camp de Mailly.
Au
mois de juillet, le 32e Corps allait à Verdun, où il devait se couvrir de
gloire dans l'offensive de l'automne 1917.
« La
grande guerre vécue, racontée, illustrée par les Combattants,
en 2 tomes Aristide
Quillet, 1922 »
D’autres épisodes de la bataille du chemin des
Dames :
Combats pour Loivre et Berméricourt
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Le 16 avril, à 6 heures du matin, le Régiment tout entier sort des tranchées de départ avec
un élan magnifique, ayant à sa tête le Lieutenant-Colonel
Détrie qui l'entraîne aux cris de: « En avant ! En
avant ! »
C'est la ruée en bloc dans les premières lignes allemandes.
Puis les Bataillons s'échelonnent l'un derrière l'autre : 1er Bataillon (Commandant
Sauget), 3e Bataillon
(Commandant Wauthier), 2e Bataillon (Commandant Bouchacourt). Presque au départ, le Sous-Lieutenant
Thibaut (1re compagnie) est
tué par un obus; mais le barrage allemand a tardé et le Régiment y échappe.
A 6h50, le 1er Bataillon enlève
A 7h52, l'attaque reprend sur la
deuxième position (tranchées d'Auguste et du Pylône), qui opposent
une vive résistance.
A 8h15, la position est enlevée. Le
chef de Bataillon Bouchacourt est blessé.
Mais les difficultés sont de plus en plus fortes.
L'artillerie allemande réagit violemment.
L'attaque de la cote 108 n'a pas réussi et le Régiment est
soumis à des feux de flanc partant de la rive gauche de l'Aisne. La 2e compagnie réduit au silence
quelques mitrailleuses et continue sa marche le long de la rivière jusqu'au
bois de Pergame, où le Lieutenant Jacquet l'installe avec un calme et un
sang-froid imperturbables.
Le Lieutenant Fortis, blessé au
pied, continue, pieds nus, après un pansement sommaire. Le Lieutenant Pierre,
de
Vers 9 heures, le
Régiment, battu à courte distance par des feux rasants de mitrailleuses,
stoppe.
Seule, entraînée par son vaillant chef, le Capitaine Léturmy, secondé par l'Adjudant Thoveron,
la 3e compagnie, que le soldat Philippot
déride par ses plaisanteries, continue à progresser en utilisant le boyau du Camp-de-César.
En même temps, le Sous-Lieutenant Massard, coutumier des faits héroïques, se jette, revolver
au poing, avec le Caporal Boisenfray, sur des
mitrailleuses. Ils s'emparent de deux pièces après en avoir tué les servants.
En dépit des plus grosses difficultés, le Capitaine Léturmy continue à entraîner sa compagnie, qu'il établit
perpendiculairement au boyau, devant une batterie allemande installée au
carrefour du Capitole et qui débouche à zéro. Cette batterie, contrebattue à
coups de grenades et d'obus V. B., est réduite au silence.
Mais l'ennemi s'est ressaisi, car, partout ailleurs,
l'attaque est déjà enrayée et des renforts, sortis de Guignicourt, garnissant
la crête au sud du village, balayent le glacis de feux violents. La reprise du
mouvement en avant est impossible.
Le seul espoir est mis dans l'intervention des chars
d'assaut, dont l'arrivée est annoncée. Mais un retard de plusieurs heures se
produit dans leur arrivée et ce n'est qu'à 15
heures qu'ils apparaissent, voulant en dépit des
circonstances, prendre leur part à la bataille.
A peine arrivent-ils à hauteur des premiers éléments que,
pris à partie par l'artillerie allemande prévenue, ils sont mis hors de combat.
A cent mètres du 1er batai1lon, quatre d'entre eux sont en feu; leurs braves
servants en sortent comme des torches vivantes, deux d'entre eux peuvent être
recueillis par nous. En dépit de cet élan superbe, et d'une avance de plus de
trois kilomètres, force est au Régiment, qui déjà se trouve dans un saillant
dangereux, de s'organiser sur place. A la nuit, des tranchées sont
immédiatement creusées, avec bastions flanquants vers l'Aisne, car le 94e, qui vient d'inscrire une
nouvelle page glorieuse à son histoire, ne veut pas céder un pouce de ce
terrain si chèrement conquis, après avoir fait 250 prisonniers, dont 4
officiers, pris 7 mitrailleuses et 1 canon-revolver.
Le 17 au matin, après une
nuit de travail acharné, la position est solide et, lorsque, dans l'après-midi,
deux contre-attaques successives sont lancées, elles sont brillamment arrêtées
et laissent de nombreux cadavres sur le terrain.
…Le 16 avril 1917, à
6 heures,
les trois bataillons, échelonnés l'un derrière l'autre dans l'ordre de bataille,
se portent magnifiquement à l'attaque et grimpent les glacis du Mont Sapigneul
formidablement organisés. L'ennemi, aux aguets, déclenche immédiatement un feu
terrible sur nos rangs qui s'avancent résolument.
Des feux croisés de
mousqueterie et de mitrailleuses balaient les pentes et créent des vides
considérables, ce qui n'empêche pas le 1er bataillon d'enlever la
première ligne et de continuer au-delà. Son chef, le commandant Lhermitte, est
blessé. Le 2e bataillon, poussé en renfort du 1er, submerge
la deuxième tranchée allemande mais le commandant De Marolles, promu la veille,
est tué en guidant l'attaque et son dernier geste montre l'ennemi à ses
hommes.. La troisième ligne allemande est atteinte et une lutte violente s'y
engage à la grenade ; les unités sont dissociées et mélangées; la liaison avec
le 161e n'existe plus.
Dès 6h30, l'ennemi, en formations
serrées, lance une contre-attaque sur le 2e bataillon ; le
commandant Baccavin rallie quelques fractions et,
debout sur le parapet, il crie à ses hommes : « En avant nous allons montrer ce
que vaut le 2e bataillon ». A peine a-t-il proféré ce cri qu'il
tombe frappé à mort. Le capitaine Sarrola, qui veut
continuer le mouvement, est tué aussi, mais la contre-attaque est repoussée, ainsi que plusieurs autres, venant se briser sur
la ténacité des défenseurs.
Les pertes sont énormes,
tranchées et boyaux sont enfilés de bout en bout par le feu plongeant des
mitrailleuses du Mont Spin et du Mont Sapigneul. Ce feu est tellement intense
que la liaison par coureurs est impossible, tout homme qui ne se couche pas à
plat ventre au fond de la tranchée est un homme mort.
Les Allemands attaquent sans
arrêt. Six barrages de fortune sont construits et défendus héroïquement par nos
grenadiers.
Jusqu'à 14 heures, la position conquise est
intégralement maintenue, mais il reste seulement quelques officiers et gradés,
les munitions sont à peu près épuisées et il est impossible d'en recevoir
d'autres. L'ennemi entreprend alors sur toute la position tenue par nous, un
tir systématique d'une violence inouïe ; sous un déluge d'obus de tous
calibres, les braves soldats du 150e tiennent toujours.
A 18 heures, le feu redouble
d'intensité, puis, bientôt l'ennemi se précipite en masse : un combat farouche
s'engage à la grenade, à coups de crosse, car nous n'avons plus de cartouches.
La position est submergée mais, devant les débris du régiment regroupés dans la
parallèle de départ et décidés à s'y faire tuer autour du colonel, l'ennemi
épuisé arrête son effort ; seule, son artillerie continue à faire rage.
A la nuit, le colonel Rollet est grièvement blessé à la tête par deux obus de
gros calibre. Sous la direction du chef d'escadron De Bonnefoy, adjoint au
colonel, les survivants organisent quelques points de résistance sous un feu
d'artillerie qui continue jusqu'au jour.
Cette sanglante journée du 16
avril, commencée dans un rayonnement d'espérance, se terminait dans le deuil et
la tristesse. Le 150e avait pourtant écrit de son sang, sur les
pentes de Sapigneul, une belle page de son histoire et il obtint une glorieuse
citation à l'Ordre du 32e Corps d'Armée, transformée en octobre en
citation à l'Ordre de l'Armée :
« Le 16 Avril 1917, le 150e régiment
d'infanterie, sous le commandement du lieutenant-colonel Rollet,
s'est élancé avec un enthousiasme superbe et une farouche énergie à l'attaque
du Mont Sapigneul et a atteint d'un seul bond la troisième ligne ennemie.
Décimé par un feu terrible d'artillerie et de mitrailleuses, il a résisté toute
la journée à de furieuses contre-attaques, montrant une énergie et une ténacité
admirables, accomplissant des prodiges de valeur et ne s’est replié que le soir
après avoir perdu son lieutenant-colonel, ses trois chefs de bataillon, la
majeure partie de ses cadres et plus de la moitié de son effectif »
Offensive de l'Aisne (16 avril 1917).
Le 151e tient
successivement sans incident, les secteurs du Choléra, de Berry-au-Bac, de Sapigneul;
retourne au Choléra qu'il organise en terrain d'attaque, pendant un mois et
demi. Une offensive est, en effet, projetée pour le 16 avril 1917, dans
l'Aisne. Le régiment est élément de gauche de la 69e DI.
Il doit opérer le long de
Le 16, à 16
heures, le régiment, d'un seul bond, 2e bataillon en
tête (commandant OBLET), avec une vigueur admirable, enlève la première et la deuxième positions. Capturant de nombreux prisonniers,
s'emparant de plusieurs mitrailleuses et minenwerfers
et de 3 canons lourds.
Il n'est arrêté dans sa progression de
Momentanément retardées entre la première et la
deuxième positions par un tir de barrage et un régressif d'une
extrême violence, les compagnies du 3e bataillon se
sont arrêtées et ont formé «carapace », par section. Le colonel, voulant se
rendre compte de la situation, se porte en avant et traverse le bataillon
couché. A sa vue, la 11e compagnie, au commandement de
son capitaine (capitaine WEBANCK) se leva et lui présenta les armes. Un fait
aussi beau n'a pas besoin de commentaires.
Un trait remarquable de camaraderie et de sang-froid
mérite encore d'être-mentionné : Le brancardier HENON
(6e compagnie) apprend que des camarades blessés sont
dans un abri allemand.
N'écoutant que son devoir, avec deux autres
brancardiers imitant son exemple, il pénètre dans l'abri, mais tombe dans un
tunnel occupé par toute une compagnie ennemie qui s'apprête à contre -attaquer
les nôtres par derrière cet abri était resté inaperçu des nettoyeurs.
HENON est fait prisonnier et emmené au commandant de
compagnie boche; interrogé, il donne de faux renseignements et, payant
d'audace, dit à l'officier qu'il sait qu'une très forte attaque française va
avoir lieu dans quelque instants pour s'emparer des Allemands qui ont échappé
au nettoyage. L'officier allemand impressionne, se croyant impuissant, prie
HENON de lui servir de parlementaire pour la reddition du fortin. HENON avertit
ses chefs et 180 Boches sont ainsi cueillis sans coup férir.
Ce brave devait être tué plus tard, en 1918, après
avoir reçu la médaille militaire du maréchal PÉTAIN. Dans cette offensive, le
régiment a perdu 700 hommes et plusieurs officiers: capitaine CARRERE,
lieutenants BOUFFARD, TRIAUREAU, de MONTCALM, HUCLIEZ.
Une deuxième citation à l'armée vient dignement
récompenser cette belle conduite.
« 151e
RÉGIMENT D'INFANTERIE « Régiment d'élite qui vient d'affirmer à nouveau sa réputation
au cours des récents combats. Le 16 avril 1917, sous les ordres d'un chef brave
et énergique, le lieutenant-colonel MOISSON, s'est porté, dans un ordre
parfait, à l'assaut des tranchées ennemies puissamment organisées et
fortifiées. A enlevé les première et deuxième
positions, puis a progressé au-delà, évoluant comme à la manœuvre, sous le feu
des mitrailleuses et des barrages d'artillerie lourde. A brisé net de
puissantes contre -attaques et s'est maintenu sur le terrain conquis sous un
bombardement d'une violence extrême.
A fait de nombreux prisonniers, pris des
canons et des mitrailleuses. »
Dès lors, le 151e porte la
fourragère aux couleurs de la croix de guerre, se classant définitivement parmi
les troupes d'élite.
Le 162ème, qui fait maintenant partie de la 69ème DI. (Général MONROË), est
alors commandé par le colonel de cavalerie BERTRAND. Depuis le début de
l'année, il n'a pas connu de repos véritable. En vue de l'offensive du 16
avril, entre
Le 162ème part à l'assaut, colonel en tête, sous un tir de contre-préparation
formidable qui, dès avant l'attaque, lui a causé des pertes sérieuses. Un
magnifique enthousiasme anime les poilus, et l'exemple de leur colonel
contribue beaucoup à les exalter.
La première position allemande est prise d'un bond ; de
nombreux prisonniers y sont faits dans un immense tunnel qui court sous la
deuxième ligne de tranchées.
La marche continue vers le deuxième objectif ; elle se
heurte à une résistance opiniâtre de l'ennemi, qui barre terriblement le chemin
d'une incessante d'obus et de balles que déversent à l'envie les mitrailleuses
de terre et les mitrailleuses des nombreux avions qui ne cessent de nous
survoler à très basse altitude.
Cependant, dès 8 heures 30, le 1er bataillon est au bois des Vestales ; à 10 heures, la ferme Mauchamp est prise. Plus de
Le régiment est en pointe très avancée puisque à droite la
cote 108 n'a pas été prise et qu'à gauche Juvincourt est encore aux Allemands.
L'ordre arrive de stopper : bien que 800 de leurs camarades et plusieurs chefs
soient déjà tombés, les hommes brûlent de marcher encore, et ce n'est pas sans
une tristesse générale que l'on est obligé de s'arrêter et de s'organiser
défensivement à
On travaille sous un bombardement intensif, mais le courage
est encore si ferme que, dès le lendemain 17, le bois du Sous-Marin est enlevé
par un groupe de 100 hommes (glorieux reste d'un bataillon) et que le 17 une
puissante contre-attaque allemande, menée par deux divisions fraîches, vient se
briser devant nos fusils, nos mitrailleuses et s'écrase sous un barrage
extrêmement précis des artilleurs du 268ème.
Quand le régiment est relevé, le 28, il n'a pas perdu un
pouce de ses gains, mais il laisse dans les plaines de Mauchamp,
29 officiers et plus de 1 100 hommes.
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