Les combats de la ferme de Nogeon, sept. 1914

 

 

 

Je vous propose la description des combats à la ferme de Nogeon, durant la bataille de la Marne, en septembre 1914.

Combats vus au travers d’un carnet de poilu et d’extraits d’historiques des régiments qui ont combattu sur ce secteur.

 

Une distillerie et râperie (atelier où l’on râpe les betteraves, pour en extraire le jus) étaient, à l’époque, quasiment accolée à la ferme. Elle furent, aussi, l’objet de sanglants combats. Le récit de la prise du drapeau du régiment d'infanterie n° 38 des fusiliers de Magdebourg Allemands y est décrit plusieurs fois de manière différente…

Le drapeau est actuellement aux invalides à Paris.

 

 

 

Les combats vus d’un soldat du 352e RI, Thomas GASTON

Les combats décrits dans l’historique du 352e RI

Les combats décrits dans l’historique du 216e RI

Les combats décrits dans l’historique du 298e RI

Les combats décrits dans l’historique du 60e RI

 

 

 

 

 

 

 

Les combats vus d’un soldat du 352e RI, Thomas GASTON

Sergent au 352e régiment d'infanterie, 18e compagnie

D’après son carnet de guerre

 

dimanche 6 septembre

Départ de Moussy le neuf  à 1 heure du matin nous sommes en réserve, on attend des ordres puis nous quittons la route pour arriver en plein champs sous le feu de l'artillerie vers 19 heures nous arrivons à Douy la Ramée, là,  nous voyons un spectacle horrible, devant nous sont placés des batteries de 75 qui tirent soit disant sur un corps d'armée qui bat en retraite, plus au loin nous voyons des meules de pailles en feu, nous entendons les cris des blessées français qui avaient du défendre un village.

Nous sommes arrivés dans une grande ferme où nous avons recueillis les blessées, enfin on prend la garde aux issues et le reste va se coucher.

 Lundi 7 septembre

Réveil à 4 heures du matin, personne ne pensait à la terrible journée que nous allions passer : nous sortons de la ferme et on commence à entendre le canon et la mitrailleuse, s'engage alors un épouvantable duel d'artillerie, là nous sommes désignés comme soutient d'artillerie nos canon de 75 n'arrêtent pas mais les grosses pièces répondent,  nous sommes dans un bois qui bien que formant un ravin ne nous met pas à l'abri des éclats d'obus. le tir se rapproche de plus en plus, 2 chevaux sont tués, un camarade reçoit un éclat d'obus qui traverse sa marmite et vient se loger dans son morceau de  viande à l'intérieur, nous avons nos premiers blessées, nos premiers morts, beaucoup déjà gisent sur le sol,  pauvres copains, malgré tout il faut endurer car c'est la guerre, on nous fait reculer, là encore plus que jamais les percussions nous tombent dessus, nous devons rester derrière un talus coûte que coûte, nous voyons tomber les marmites allemandes à 30 où 40 mètres de nous mais personne n'est touché sauf 2 artilleurs qui servaient une batterie de 75 et sur qui est tombé un obus, nous les enterrons près de la route, malgré tout ces morts nous sommes tous très calmes, nous les recouvrons de feuilles que nous avons coupées car par la chaleur qu'il fait, ils se décomposent  vite.

 

Le spectacle qui s'offre à nos yeux est terrible, le soir arrive, avec la nuit vient le silence nous n'entendons plus  que quelques coups  de canon de temps en temps... très loin là-bas à travers champs. Nous prenons la direction de Fosse - Martin où nous devons bivouaquer, là encore il paraît que l'on se trouve devant une armée forte de quatre corps d'armée commandée par le général Von Kluck et le Komprinz mais nous ne perdons pas courage au contraire, il paraît que cette armée manque de munitions, malgré tout, les coups de canon que nous entendons  sont bien dans la direction que nous prenons: celle de Fosse Martin.

Nous arrivons à Nogeon, là encore nous ne savons par ce qui nous attend le lendemain des le réveil, nous sommes encore avec les bruits des obus dans les oreilles, nous ne pensons qu'à nous coucher, en plus de tout ça, cela fait 2 jours que nous n'avons mangé que des boîtes de singes trouvées sur les cadavres et nous avons une soif terrible. Nous arrivons enfin à Fosse Martin, il fait beau, il ne fait pas froid, nous dormons sur l’herbe.

Mardi 8 septembre

Réveil aux  bruits des canons, il est 9 heures 40, tout le monde est prêt, il y a une batterie de 75 qui tire à 20 mètres de nous : arrive un ordre :

      !!  Attaquer la ferme de Nogeon et la distillerie qui se trouve à côté, nous ne sommes que 2 régiments, nous, et le 216ème d'infanterie. Nous quittons l'emplacement où nous avons passé la nuit, après avoir traversé un petit village en ruine nous arrivons en plein champ, commence alors la fameuse bataille de la Marne dont on parlera tant de tous les côtés. Au loin sur notre droite arrive des renforts, des chasseurs alpin, et, sur la gauche arrive de l'infanterie , on ne sais pas d'où cela vient, nous qui pensions être seuls , nous avançons coûte que coûte malgré les balles qui sifflent et les obus qui tombent, il nous faut nous emparez de la ferme qui est occupée par les allemands, on place les mitrailleuses et les canons et tout ça commence à faire un pétard terrible, nous on avance toujours, vient l'ordre d'attaquer à la baïonnette on la met au canon puis les clairons sonnent de tous les côtés la charge : en avant.!!!

Là commence à tomber mes camarades, malgré tout il nos faut avancer, nous arrivons à la ferme mais  pas possible d'y pénétrer les obus allemands tombent et les balles nous sifflent aux oreilles. Derrière la ferme les obus tombent à 25 ou 30 mètres de nous, commence alors un spectacle horrible les uns sont touchés légèrement les autres ont le crâne défoncé, la cervelle qui sort, les bras ou les jambes coupées.

Nous entendons des cris : maman, à boire, j'ai soif, sauve moi ...

Nous sommes là sans pouvoir rien faire.

 

Soudain un obus tombe à 2 mètres de moi et de mes camarades mais personne n'est blessé : il n'a pas explosé, nous ne recevons que des morceaux de terre, vraiment on n'en revient pas, nous sommes abrutis par les balles et les obus mais on se contente d'en  rigoler malgré le spectacle horrible qui se déroule  devant nous.

 

Demande d’envoi par mail d’une carte plus grande

 

Nous recevons l'ordre de reculer car la ferme et en feu : c'est un obus allemand qui est tombé dessus et a incendié la paille, on se repli dans les champs avec un grand calme malgré les balles qui nous sifflent aux oreilles, Quelques uns tombent, blessés, puis malgré l'ordre reçu par le général, le capitaine au lieu de ce replier nous fait avancer en plein découvert baïonnette  au canon.

Nous sommes à 100 mètres des allemands que nous voyons de l'autre côté de la route, ils nous tirent dessus, nous nous mettons derrière des gerbes de blé, là, un officier allemand qui était caché lui aussi nous tire dessus mais personne n'est touché, enfin nous arrivons  derrière les gerbes comme des abrutis  car depuis le matin le canon n'a pas arrêté une minute.

 

Tout à coup nous sommes pris entre 2 feux, l'artillerie françaises nous tire dessus ignorant notre présence puisque l'on avait reçu l'ordre de ce replier,  enfin le capitaine devient énervé et nous nous replions, là, nous avons plusieurs blessées, Les obus tombent toujours mais personne de chez nous n'est atteint, seule la 20ème compagnie qui se trouve à quelques dizaines de mètres de nous en reçoit un en plein dans une section, malgré les cris des blessées personne ne s'affole, nous voilà derrière un talus , nous avons faim et nous avons soif, nous sommes bien content de trouver des betteraves pour calmer cette faim et cette soif, nous reculons encore un peu afin de pouvoir nous reposer car depuis ce  matin 9 heures nous avons toujours été en première ligne.

 

Il y a dix minutes que nous sommes là et nous devons retourner attaquer la ferme, cette ferme qui a été prise et reprise je ne sais pas combien de fois.

 

Il est 3 heures de l'après midi, le général Dollo qui se trouvait parmi les troupes marche le premier, c'est la première fois que nous voyons un général en  première ligne, nous avançons en masse et nous nous emparons de la ferme.

 Il y a des blessés partout, certains sont là depuis le matin, nous rentrons dans la ferme entre les hurlements et les pleurs, nous trouvons du pain, des biscuits, du café, tout cela est rempli de sang, je m'empare de pain que je mets dans ma musette avec des biscuits et du singe car nous n'avons rien mangé depuis plusieurs jours. Nous sortons de la ferme, nous traversons la route, nous voyons un allemand avec ses habits déchirés et un bras en moins, nous allons dans une fosse où il y a plusieurs cadavres français appartenants au génie qui était occupé à faire des tranchées.

 Nous restons dans cette fosse et les copains s'emparent de la distillerie ; il est 18 heures, le canon s'arrête et on entend plus que quelques balles sifflées à nos oreilles mais nous sommes sourds à cause du bruit des obus que nous entendons depuis le matin. Nous reculons un peu afin de nous mettre dans des petits trous qui ont été faits par le Génie, une escouade est désignée de services aux petits postes.

 

Nous commençons à manger le pain que j'ai trouvé, nous sommes obligés de retirer la croûte pleine de sang,  je n'ai pourtant jamais fais un si bon repas avec mon copain Vuillaumé, on nous apporte également du mouton que l'on a récupéré dans la ferme, ce mouton était blessé ou tué mais quelle importance, on le fait rôtir sur les restes de flamme de l'incendie de la ferme car bien sûr il est défendu d'allumer du feu, on fait vraiment un bon dîner et on se couche sur la terre humide: nous n'en pouvons plus de fatigue, malgré tout cela notre capitaine veille sur toute la compagnie.

 Voilà  plusieurs heures que nous essayons de dormir malgré un état d'énervement mélangés à de la peur.  Nous nous réveillons avec une soif terrible, nous entendons toujours les cris des blessés qui sont encore dans la ferme et que les infirmiers ne sont pas encore venus chercher.

C'est horrible à entendre mais nous ne pouvons rien faire, nous décidons d'aller à la ferme chercher de l'eau puisqu'il y a un puit. Nous constatons que cette eau a une odeur épouvantable, mais nous avons tellement soif que nous la buvons quand même : il doit sûrement y avoir des cadavres au fond du puits. Nous sommes alors témoin d'une scène incroyable : un camarade se lève pour donner à boire à un sergent grièvement blessée, à l'instant où ce sergent approche le quart de sa bouche il reçoit une balle en pleine tête.

 Jamais nous n'avons réussi à savoir par qui cette balle avait été tirée.

 Mercredi 9 septembre

Après avoir passé une nuit très agitée nous prenons du café que les cuisiniers nous ont préparé durant la nuit, on nous sert encore du mouton tué au milieu des cadavres français mais nous sommes bien content de l’avoir, depuis 2 jours que nous ne mangeons que des betteraves ça nous change un peu.

 Le jour se lève, nous sommes couchés à plat ventre dans une petite tranchée, nous devons y rester toute la journée, recommence alors la fusillade mais nous n'y répondons pas.

Les obus tombent de tous les côtés, devant, derrières, nous sommes tellement fatigués que nous avons tendance à nous endormir. Il fait une chaleur terrible, l'artillerie ennemie ralentie son tir et...... le soir arrive, on entend plus qu'une batterie tirer, la nuit c'est installée, on parle tous ensemble de cette journée d'hier, de ce soldat du 216ème portant un drapeau décoré de la croix de fer, de ces allemands, prisonniers, que nous avons vu passer couvert de tant de blessures, et le train train quotidien reprend peu à peu, nous passons une nuit tranquille.

jeudi 10 septembre

On se réveille de bon matin : aujourd'hui doit être le dernier jour de la bataille de la Marne, nous restons dans nos tranchées, nous   n'entendons plus, ni le canon, ni les fusils, nous envoyons des patrouilles.

Nous sortons de nos trous, nous allons voir en avant les cadavres, petit à petit tout le monde sort ,nous constatons que les allemands ont battu en retraite pendant la nuit, nous retournons à la ferme, là, nous découvrons l'horreur dans sa totalité,  cinq chevaux sont morts, tués par les mitrailleuses ,à moitié calcinés ,dans l'angle d'un mur le corps d'un allemand sans tête est en train de se consumer dans les restes de l'incendie, à quelques mètres de là nous apercevons sa tête qu'un chat est en train de ronger, nous entrons dans ce qui devait être  une chambre, sur des matelas, des soldats sont là, morts,  tout est brisé, certains d'entre nous prennes soi - disant des souvenirs : en fait ils  ne font que piller la ferme.

 Dans le jardin toujours des cadavres, c'est horrible nous ne pouvons même pas intervenir, à côté de ces pauvres garçons il y a des moutons ils ont pratiquement tous une balle dans la tête et pourtant certains ne sont pas mort: quel spectacle vraiment!!!

Nous sortons de la ferme pour aller voir dans le champ voisin, là nous voyons tous ces malheureux du Génie qui ont tous été tués par les obus, en regardant leurs positions on peut presque deviner ce qu'ils étaient entrain de faire au moment de mourir, un caporal tient dans sa main une photographie, probablement celle de sa femme et de ses deux enfants c'est horrible, il est là, souriant devant cette photo, à côté de lui, un autre tient son fusil prêt à bondir hors du trou, en regardant tout au tour nous ne voyons que des morts , presque tous des allemands, nous les fouillons pour prendre tout ce que nous n'avons plus, des quarts, des bidons et surtout des vivres car ils ont tous dans leurs musettes de très bons paquets de potage, fatigués nous rentrons pour manger la soupe.

    L’après - midi je vais faire un tour au village voisin pour tacher de trouver à boire, je parts avec une corvée, sur la route il n'y a que des cadavres je continu de prendre leurs potages et aussi des mouchoirs.

Nous rencontrons un soldat avec les yeux grands ouverts, il donne l'impression de se reposer, mais nous nous rendons compte qu'il a une balle dans la tempe. Nous rejoignions la route où les allemands nous attendaient la veille : toujours des cadavres, certains sont encore dans la position de charge, tous baïonnettes au canon, les yeux grands ouverts, nous constatons pour la première fois les ravages du fameux canon de 75.

Derrière une meule de paille nous découvrons entasser les uns sur les autres une trentaine d'allemands morts, un obus a dû tomber juste derrière pour les soulever de cette façon, c'est une vraie boucherie et pourtant ça ne nous fait plus rien du tout.

 Lorsque je reviens à la compagnie j'ai avec moi un tonneau de vin, mes copains sont si heureux d'avoir du pinard que c'est une vraie joie. 

Arrive l'ordre d'aller cantonner à Bouillancy, nous enterrons tous les morts qui sont là dans la ferme et, de chaque côté ont fait un faisceau de fusils nous ramassons des fleurs un peu partout et nous faisons une jolie croix, un dernier adieu à tous ces pauvres garçons et nous partons. 

Nous arrivons le soir à Bouillancy où nous découvrons le village en ruine, des français, surpris dans la nuit ont été tués avant d'avoir eu le temps de s'habiller, ils ont été massacrés…..

 

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Les combats décrits dans l’historique du 352e RI

Extrait de l’historique

 

Les 4 et 5 septembre, la VIe Armée rectifie ses positions au nord de Paris en vue de l'attaque qui se prépare contre le flanc droit de l'armée de VON KLÜCK en marche sur Meaux par la vallée de l'Ourcq.

Le 352e R.I. constitue, avec les 45e et 55e B.C.P., la réserve d’infanterie du 7e C.A. (lequel comprend lui-même les 14e et 63e D.I.).

Il se porte le 4 septembre à Épiais- lès-Louvres et le 5 septembre à Moussy-le-Neuf.

 

La bataille s'engage le 6 septembre.

Nos attaques déterminent tout d'abord un mouvement de recul très sensible de l'ennemi complètement surpris. Ce jour- là le 352e, en queue de colonne du 7e C.A., n'est pas engagé.

Les deux bataillons gagnent Dammartin, Brégy, puis occupent Douy-la-Ramée où ils passent la nuit.

 

Le 7 septembre, l'ennemi, qui veut à tout prix dégager son flanc droit, réagit violemment et contre-attaque avec vigueur.

Dès le matin, le 352e R.I. est poussé en ligne à l'est de Douy-la-Ramée.

Les 19e et 20e compagnies, appuyées par la C.M. du 5e bataillon, viennent couronner les crêtes qui dominent Puisieux. Elles y sont soumises à un feu assez vif d'artillerie.

Plus tard le régiment est rappelé en arrière pour constituer les réserves de la 63e D.I.

Le gros des deux bataillons se porte entre Brégy et Fosse-Martin, les 18e et 20e Cies restent avec le chef de bataillon FLEURY sur le chemin de Fosse-Martin à Douy-la-Ramée, et y demeurent, sous un feu très vif d'artillerie ennemie qui cause des pertes.

Dans la soirée, la 63e D.I. qui vient d’enlever la ferme Nogeon et la Râperie (à l'est de Fosse-Martin) est violemment contre-attaquée. Le 5e bataillon est porté vers ces deux point, en vue d'enrayer une progression éventuelle de l'ennemi. Mais la 63e D.I. tient bon et le bataillon revient à Fosse-Martin, sans avoir eu à intervenir.

Tout le régiment bivouaque à l'ouest de Fosse-Martin. La bataille reprend avec la même intensité le 8 au point du jour. L'ennemi concentre sur Nogeon et la Râperie un feu d artillerie lourde d'une extrême violence qui détermine un mouvement de repli des défenseurs de la ferme.

Le 5e bataillon est aussitôt porté en ayant pour maintenir l'occupation de ce point important. Malgré la violence du feu ennemi, la 20e compagnie occupe les bâtiments de la ferme et s'y maintient sans faiblir. Les bâtiments ne sont évacués qu'au moment où les projectiles allemands les incendient.

 

Tout le 5e bataillon est alors rassemblé contre Nogeon. Peu après l’ordre arrive de se porter en avant, en direction de Vincy.

 

Les 18e et 20e compagnies partent en tête et progressent brillamment jusqu'à 800 mètres au delà de la Râperie. Au moment où elles vont atteindre la crête qui domine Vingré, un mouvement de reflux se produit dans les unités de première ligne qui, en se repliant, traversent le 352e. Les deux compagnies sont obligées de s'arrêter ; elles se maintiennent sur place jusqu'à ce qu'un ordre formel du commandement les ramène en arrière. Dans la soirée, le 5e bataillon, alors engagé à hauteur de la Râperie, reçoit la mission d'occuper Nogeon et la Râperie et de s'y organiser en vue d’une défense à outrance. La situation est en effet quelque peu critique sur ce point du champ de bataille.

Le commandement a dû, en raison de la fatigue des troupes et des pertes subies, retirer du combat la plupart des unités engagées. Le 5e bataillon reste seul pour tenir la position importante de Nogeon. La nuit est employée à organiser le terrain autour de la ferme, en même temps que des patrouilles vont prendre le contact avec l'ennemi sur les pentes d'Acy-en-Multien ; des corvées vont relever les blessés français, très nombreux, restés sur le terrain depuis quarante huit heures.

 

Le 9, au point du jour, la bataille reprend, violente ; Nogeon est en butte à un tir intense d'artillerie lourde, que le 5e bataillon supporte sans faiblir. Par ailleurs, les Allemands, épuisés aussi, demeurent dan leurs tranchées et ne prononcent aucune attaque. Toute la journée est marquée par de violentes actions d'artillerie. Le 10 au matin, coup de théâtre : des patrouilles de la 20e compagnie pénètrent sans difficultés dans Acy-en-Multien, où elles font une vingtaine de prisonniers. Dans la nuit, VON KLÜCK, menacé d'être enveloppé à l'est par l'armée anglaise et la Ve Armée, avait rapidement battu en retraite.

 

C'était la victoire !... Paris, la France étaient sauvés.

 

Le général MAUNOURY lançait immédiatement son ordre du jour :

« La VIe armée vient de soutenir, pendant cinq jours entiers, la lutte contre un adversaire nombreux et dont le succès avait pu jusqu’à présent exalter le moral. La lutte a été dure, les pertes par le feu, les fatigues dues à la privation de sommeil et parfois de nourriture ont dépassé tout ce que l'on pouvait imaginer. Vous avez tout supporté avec une vaillance, une fermeté et une endurance que les mots sont impuissants à glorifier comme elles le méritent. »

 

 

 

 

 

Les combats décrits dans l’historique du 216e RI

Extrait de l’historique

 

Après deux ou trois jours de chemin de fer, en passant par Paris le 216ème débarque à Saint-Just-en-Chaussée, le 29 août, gagne par étapes Breteuil, Crèvecœur.

Puis subitement, le 31 août, par marche forcée il doit redescendre vers le Sud, passant par Bresle, Moisselles, Lomperrier.

 

Ce qu’est cette marche de plusieurs jours, les fatigues surhumaines qui en résultent, rien ne peut l’exprimer. Aux arrêts, les hommes se jettent à terre, sans même déboucler leur sac. Arrivant très tard à l’étape, les escouades n’ont plus la force de faire cuire la soupe, avant de se remettre en route quelques heures plus tard. Personne ne veut rester en arrière, on sait les uhlans sur nos talons.

Pourtant la confiance est intacte. Les simple troupiers « savent » que le général en chef attire habillement les boches sous les forts de paris pour les écraser sous un déluge de feu.

Heureuse naïveté : Le 4 septembre, on cesse de reculer ; le 5 le régiment se porte en avant ; et le 6 au matin, par une belle journée ensoleillée, le 216e avance avec un élan irrésistible , attaque le boche surpris, dont il culbute les avant-gardes à Oissery, puis à Brégy. Les pertes sont légères, et dues surtout aux obus à balles.

Le régiment progresse, atteint et dépasse Fosse-Martin et la ferme de Nogeon.

 

Les journées des 7 et 8 septembre sont très dures. Les chaînes de tirailleurs qui manœuvre avec une correction admirable, sont couchées sur le sol par des rafales de mitrailleuses. Les pertes sont sévères. Presque tous les chefs sont hors de combat.

Le 216 a essayer de progresser quand même. Un ennemi invisible, retranché dans les talus d’une route nationale, l’oblige chaque fois à se coucher, avec ses terribles mitrailleuses. C’est alors que les « gros noirs » font leur apparition qui, avec leur bruit effrayant et leur entonnoir énorme, ébranlent les nerfs les mieux trempés.

Maudits champs de betteraves ! Que de braves chefs y dorment leur dernier sommeil. Cinq officiers sont tués, seize sont blessés. En outre le 75 ignorant jusqu’où à pu progresser la chaîne tire sur nos propres éléments avancés, et leur enlève toute velléité de continuer l’attaque. Heureusement la nuit vient. Ce qui reste du régiment peut se reformer à quelques centaines de mètres à l’arrière, alors que tout l’horizon est embrasé par les villages et les meules de blé qui brûlent.

La moitié de l’effectif du régiment est hors de combat.

Le Lieutenant d’approvisionnement Monneyron apporte des quartiers de viande que personne ne peut et ne songe à faire cuire. Seul le tabac est le bienvenu. Brisé par les émotions de ces trois journées de combat, le régiment s’endort d’un sommeil de plomb….

 

 

 

 

 

 

Les combats décrits dans l’historique du 298e RI

Extrait de l’historique

 

Le 4 septembre, le régiment est à Luzarches.

Dans la soirée, le Généralissime lance le fameux ordre d’attaque générale pour le 6 septembre : « l’heure n’est plus de regarder en arrière ».

 

Le 5, le régiment marche vers l’Est et vient occuper Moussy- le-Vieux.

 

Le 6, à 1 heure, le régiment reçoit l’ordre de partir immédiatement ; ordre de marche 6e bataillon, 5e bataillon.

ITINERAIRE : Longperrier, Dammartin, Marchemoret.

 

     A 6 heures, à la hauteur du bois des Barres, le 216e qui marche devant le 298e se trouve sous le feu de l’artillerie ennemie ; l’émotion étreint les cœurs : c’est la première rencontre. Il fait grand jour et le soleil dore le champ de bataille où pour la première fois le 298e régiment d’infanterie va brillamment combattre au prix de lourds sacrifices.

Cinq compagnies sous les ordres du Lieutenant-Colonel Duport, se portent en avant par St-Pathus, côte 109, au sud d’Ognes dans la direction de Fosse-Martin, tandis que la 21e, 24e et une section de mitrailleuses sous les ordres du Commandant Girard, appuient le 216e régiment d’infanterie dans sa marche sur Oissery. La 19e compagnie en soutien de l’artillerie. La première fraction guidée par le Capitaine Rochard, commandant le 5e bataillon, se porte en avant les 22e et 23e compagnies sous les ordres du Capitaine Flamand restent en soutien derrière le Colonel.

 

A 7 heures 20, St-Pathus est dépassé ; à 8 heures 20, la côte 109 est atteinte ; à 8 heures 50, ordre de la brigade de prendre comme direction générale le nord de Fosse-Martin en serrant sur la route.

 

A 10 heures 15, Brégy est atteint, le régiment traverse le bivouac allemand fraîchement abandonné. Le bruit court dans les rangs que le général Von Kluck, commandant l’armée allemande qui nous est opposée est parti il y a quelques heures à peine de Brégy. Après un arrêt de quelques minutes à la sortie du village la marche en avant reprend à 10 heures 40.

 

A 11 heures 15, le Lieutenant-Colonel reçoit l’ordre d’attaquer : la 125e brigade continue son mouvement offensif, la direction générale étant Vincy-Manœuvre Mailly-en-Multien.

La 21e et la 24e compagnies avec une section de mitrailleuses continuent à appuyer le 216e régiment d’infanterie dans sa progression à notre droite. Le 298e régiment d’infanterie a pour premier objectif le plateau de Maulny (ferme) et Vincy-Manœuvre.

 

La marche en avant commence immédiatement et se poursuit sous le feu de l’artillerie jusqu’à 13heures 20 ; le 5e bataillon atteint le rebord du plateau à l’ouest de Maulny (ferme). A ce moment, le temps arrêt par suite du tir trop court de notre  artillerie. La marche en avant reprend sous le feu de plus en plus violent de l’artillerie ennemie ; elle est de nouveau interrompue vers 14 heures 40 par une communication de notre artillerie demandant des renseignements sur la position exacte de notre ligne, puis reprend vers 15 heures 30.

L’infanterie ennemie se manifeste sa présence que par des rafales de mitrailleuses et une fusillade peu nourrie.

A la côte 238 nouvel arrêt ; d’une part la crête est écrasée par l’artillerie allemande. Le Capitaine Rochard commandant le 5e bataillon est grièvement blessé en observant le terrain en avant de son bataillon ; le Lieutenant-colonel Duport légèrement  blessé au bas gauche conserve le commandement du régiment.

Le régiment déjà très éprouvé par le tir de l’artillerie allemande se reforme dans le ravin au bas de la côte 238 et avance sur Vincy-Manœuvre par la gauche, profitant pendant quelques temps du défilement que fournit ce ravin ; la marche en avant se poursuit rapidement.

Il est 17 heures 30.

 

A 18 heures sous le feu de l’infanterie et des mitrailleuses ennemies, le régiment attaque à la baïonnette ; il s’agit d’atteindre les lignes de peupliers derrière lesquelles sont les tranchées ennemies ; la nuit tombe.

A quelques mètres du but, les allemands sortent de leurs tranchées, les bras en l’air en criant : « Amis ! Anglais ! » puis profitant de l’instant d’hésitation des nôtres, démasquent leurs mitrailleuses qui fauchent les premières vagues et brisent l’élan de nos soldats. Le Lieutenant-colonel Duport est mortellement blessé ; une section du régiment le rapporte à Fosse-Martin vers minuit.

 

Pendant la nuit du 6 au 7, les 17e, 18e, 20e, 22e et 23e compagnies se reforment à Fosse-Martin. Le Commandant Girard avec les 21e et 24e compagnies qu’avaient rejointes la 19e compagnie à l’est de Douy-la-Ramée avait progressé dans la direction de l’est et atteint le ruisseau de Poligny quand l’obscurité mit fin au combat.

Le capitaine Flamand prend comme plus ancien officier le commandement de 5 compagnies rassemblées à Fosse-Martin. Il installe les 3 compagnies du 5e bataillon à la sortie est du village sous les ordres du Capitaine Pélade et les 2 compagnies du 6e bataillon à la sortie ouest, prêtes à soutenir l’attaque de la ferme Nogeon pour parvenir par l’ouest à Vincy-Manœuvre.

 

Le 7 au matin le Commandant Girard reçoit du Général de brigade l’ordre de ramener ses trois unités du ruisseau de Poligny à Fosse-Martin. Le combat reprend le 7 à 4 heures 30 du matin par un duel d’artillerie qui se prolonge jusqu’au soir.

Vers 17 heures, le 6e bataillon (22e et 23e compagnies) reçoit l’ordre d’attaquer la ferme Nogeon que notre artillerie a partiellement incendiée.

La progression commence aussitôt; vers 19 heures le but est atteint.

 

Vers 20 heures, les Allemands s’avancent en ligne déployée contre les 22 et 23e compagnies en criant : « English ! English ! amis ». Parmi les nôtres on hésite, on discute quelques instants, mais le caporal Regeffe de la 22e compagnie se porte résolument en avant, s’empare du casque d’un ennemi qu’il a tué et revient en s’écriant : « Tenez ! regardez comme c’est des Anglais! ».

Les nôtres attaquent alors vigoureusement à la baïonnette, un corps à corps terrible s’engage. C’est alors que le soldat Guillemard, le Sergent Antoine, Le Caporal Michalet et quelques hommes des 22e et 23e compagnies s’élancent sur un groupe constituant la garde du drapeau du 36e régiment d’infanterie Allemand.

Le soldat Guillemard se précipite sur l’officier Allemand porte-drapeau, le transperce de sa baïonnette et lui arrache le drapeau. La 22e compagnie fait une trentaine de prisonniers. Le Capitaine Flamand est tué vers la fin du combat.

Au même moment la ferme Nogeon était le centre d’un furieux combat auquel prenaient part à la gauche des 22e et 23e compagnies, le 216e sous les ordres de son Colonel et un bataillon composé de 2 compagnies du 298e et de 2 compagnies du 352e sous les ordres du commandant Girard. Le 6e bataillon bivouaque sur ses positions à la ferme Nogeon.

Le 5e bataillon bivouaque à la sortie nord-est de Fosse-Martin.

 

Le lendemain, 8 septembre, l’artillerie française prépare dès l’aube l’attaque de Vincy qui commence à 4 heures.

Le Commandant Girard selon les ordres reçus porte son bataillon à l’attaque du bois au sud du ruisseau Gergogne, lui- même en tête avec son groupe de liaison. Accueillis presque aussitôt par des feux de mitrailleuses extrêmement violents, les compagnies durent immédiatement se déployer par groupes dans les champs de betteraves et s’arrêter, le Commandant Girard était tué à son poste de combat.

Le 5e bataillon avait reçu directement du Général de brigade l’ordre d’appuyer le 6e dans son attaque de Vincy. En arrivant à proximité de la ligne ennemie la 17e qui marchait en tête est reçue par les mitrailleuses qui fauchent une grande partie de son effectif.

Les 2 bataillons décimés, privés de cadres, se reforment au nord de Fosse-Martin et creusent des tranchées.

 

Le 9 au matin, le régiment est rassemblé avant l’aube à Fosse-Martin et réorganisé rapidement en raison des grosses pertes subies dans les trois journées précédentes.

Officiers tués :

6 septembre Lieutenant MICHARD, Sous-Lieutenants ICHER, REYNAUD

7 septembre Capitaine FLAMAND, Lieutenant DE LA TOUR DU PIN, Lieutenant

JOURDAN, Sous-Lieutenant MORAND.

8 septembre Commandant GIRARD, Capitaine JEAN, Sous-Lieutenant BOURILLET.

Officiers blessés :

6 septembre Lieut.-Colonel DUPORT, Capitaine ROCHARD, Sous-Lieutenants

GIGNOUX et de VERDALLE.

7 septembre Lieutenant VIAUD, S.-Lieutenant THEVENOUX.

8 septembre Capitaine PELADE, Lieutenant SOUCHIER, Sous-Lieutenants BALAY et

BOREL.

Hommes de troupe. 1 000 tués et blessés.

 

Le Capitaine Lemaître prend le commandement du régiment.

Les 17e et 21e compagnies sont supprimées.

Vers 17 heures, l’ordre est donné d’occuper et de renforcer les tranchées exécutées la veille sur la coupe est de Fosse-Martin.

Les hommes sont exténués ; mais l’ordre est formel ; il faut tenir à tout prix, ne pas reculer et se faire tuer sur place. On tient, on se cramponne ; la journée et la nuit se passent dans l’attente d’une attaque allemande qui ne se produit pas.

 

Le soleil du 10 se lève, éclairant de ses rayons la grande victoire de la Marne. L’ennemi épuisé, à bout de souffle et de munitions a pris le large pendant la nuit ; il fuit en désordre, remplissant les routes de ses traînards et de ses convois….

 

 

 

 

Les combats décrits dans l’historique du 60e RI

Extrait de l’historique

 

Le 7 au matin, le régiment revient près de Bouillancy pour être regroupé. Il passe en réserve de division et se trouve remplacé par le 35ème qui pénètre dans Acy d'où il est bientôt rejeté. L'attaque reprend sur toute la ligne.

Le 60ème est porté sur la ferme Nogeon, où il arrive vers 9 heures. La résistance ennemie est acharnée sur la ligne Acy-Étavigny. Nos fantassins tentent en vain d'escalader les pointes de la Gergogne et ils subissent des pertes énormes.

Les cadres disparaissent peu à peu. Le capitaine Guillaume, de la 10ème, est blessé et sa compagnie est commandée désormais par l'adjudant Gros jean. Le commandant de Pirey est blessé lui aussi, transmet le commandement du régiment au capitaine Peyrotte.

Le colonel Nivelle, du 5ème d'artillerie, sauve la situation en se portant en avant avec quelques pièces qui ouvrent à 1.200 mètres un feu terrible sur les masses  ennemies qui s'avancent. Le Boche se retire en désordre et n'attaquera plus ce soir- là.

 

Dans la soirée, vers 22 heures, se produisit un épisode curieux. La ferme Nogeon, qui se trouve à l'intersection des routes de Puisicux et de Vincy, était occupée par des troupes appartenant à la 63ème D. I. et au 60ème.

La ferme et la distillerie attenante étaient en flammes dans un clair de lune splendide. Les troupes qui devaient attaquer le lendemain vers 3 heures prenaient leurs dispositions et commençaient à se ranger. Les Boches faisaient un bruit infernal à l'aide de fifres et de clairons, peut-être pour faire croire à une attaque imminente de leur part. Le lieutenant Kah, commandant la 1ère compagnie, envoie une section en reconnaissance sous le commandement du sous- lieutenant Colin. Cette troupe s'engage dans une avant ligne allemande.

Une voix s'élève dans la nuit, c'est celle d'un officier boche :

- Y a-t-il un officier français?

- En voici un, répond le lieutenant Colin.

- Rendez- vous!

- Moi ! s'écrie le lieutenant, et saisissant son revolver il s'élance.

 

Un corps à corps général s'engage. Au cours de la mêlée, le lieutenant, qui a abattu son adversaire, s'empare d'un drapeau qu'il passe à un homme placé derrière lui, croyant le donner à un soldat de son régiment.

Le drapeau était celui du régiment d'infanterie n° 38 des fusiliers de Magdebourg, décoré de la Croix de fer en 1870. L'homme qui le reçut était le soldat Guillemard, du 298ème R. I. Celui-ci emporte le drapeau et le présente à son colonel comme sa conquête personnelle.

Il fut décoré de la Médaille militaire par le général Gallieni et promu caporal, puis sergent. Il mourut frappé d'une balle le 28 septembre, à Vingré (Aisne).

Quant au sous-lieutenant Colin dépossédé de son trophée, il fit son rapport à son chef, le commandant de Pirey alors blessé, qui lui signa un papier que la famille du lieutenant, tué à Autrèches quelques jours après, doit posséder encore. Le caporal cycliste Boutrand, naguère passé dans l'aviation, reste encore comme témoin de ce fait d'armes.

 

Le 8 septembre, la bataille reprend avec violence dès le lever du jour.

Le canon tonne furieusement sur toute la ligne. Les Boches reçoivent le renfort d'un corps d'armée actif qui tente de déborder nos troupes par le nord. La division est prise de flanc. Le 60ème est reporté en avant dans la direction de Vincy-Manoeuvre sans être appuyé suffisamment par l'artillerie qu'on n'a pas attendue, il est décimé par le feu terrible des organisations allemandes.

En cinq minutes, la plupart des compagnies sont désorganisées. Les capitaines Dubost et Front sont tués, les sous-lieutenants Bidault, Engler, Vagne sont blessés. Le capitaine Peyrotte, qui commandait le régiment, est blessé lui- même.

Il dit aux hommes qui l'entouraient, au nombre de 12, de rentrer à la ferme Nogeon. Pour lui, il reste entre les lignes, recevant des balles des deux partis et réduit à la nécessité de se creuser un trou dans le sol à l'aide de son couteau de poche. Le capitaine Doillon prend le commandement. Il faut tenir coûte que coûte. Les débris du régiment se regroupent près de la ferme Nogeon où ils creusent des tranchées encore qu’exténués de fatigue et leurs vivres épuisés.

 

A la nuit ils passeront en deuxième ligne, et le régiment ne compte plus que 12 officiers et 926 hommes.

 

La journée du 9 septembre se passe dans ces conditions.

« Le 9 au soir, écrit un officier, après cinq jours et cinq nuits de lutte, décimés, harassés, affamés, cernés de tous les côtés, nous nous étions couchés sur la terre nue, n'ayant plus au fond de nos âmes que la résolution de nous faire tuer le lendemain matin afin d'accomplir l'ordre reçu : « Là où l'on ne « pourra plus avancer, on se fera tuer sur place. »

 

Le 10, à l'aube, nous avons repris nos armes et, la bouche sèche, le cœur gros, nous sommes repartis vers l'ennemi. Il n'y avait plus d'ennemi : il était en retraite. »

Au petit jour, des patrouilles sont envoyées en avant, elles ne trouvent plus d'Allemands. Ceux qui se croyaient vaincus se réveillent victorieux, tant il est vrai qu'à la guerre la victoire appartient à celui qui sait tenir le plus longtemps…

 

 

 

 

Quelques combats de la bataille de la Marne

 

L’épisode des Taxis de la Marne

Combats pour Barcy

Les combats de Puisieux du 8 septembre 1914

 

 

 

 

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