HISTORIQUE du

11e REGIMENT D’INFANTERIE

Pendant 14/18

Imprimeur Edouard JULIEN ALBI (Tarn )

 

Merci à Jean Paul

« pour BOYER François Léon, soldat à la 2ème compagnie du 11ème RI ;

 originaire de Compreignac (Haute-Vienne) tué à l’ennemi le 14 juin 1915 » 

 

 

 

Etat –major.

 

Colonel APPERT, Cdt le Régiment ;

Médecin –Major de 1ère CI. TARDOS ;

Capitaine-Adjoint au Colonel LESBORDES ;

Officier d’Approvisionnements, Lt CABARRA ;

Officier des détails, Lt MAURETTE ;

Chef de Musique de 1ère CI. GESSE ;

Lt Porte-Drapeaux BRUNEL ;

1ère Section Mitrailleuses, Lt  DE LA DEVEZE ;

2ème Section de Mitrailleuses, Lt BISWANG ;

3ème Section Mitrailleuses, Lt BERNARD ;

Chef d’Equipe Téléphoniste, Lt TURIE ;

 

 

BATAILLONS ET COMPAGNIES

 

 

1er Bataillon

 

 

Commandant ROY, Chef de bataillon ;

Médecin Adjudant-Major PRUNET;

Capitaine LANUSSE, Cdt la 1ère Cie ;

Capitaine BASTIEN, Cdt la 2ère Cie ;

Capitaine GERVAISE, Cdt la 3ème Cie ;

Capitaine GAILHBAUD, Cdt la 4ème Cie ;

 

Lieutenants et Sous-Lieutenants DE MAZEMA, VERGNE, MANIERE, FRAYSSE, REYSS, BACQUE, BELLOC, CAMBORDE, CRASTES.

 

 

2ème Bataillon

 

 

Commandant FEVRE, Chef de Bataillon ;

Médecin Adjudant-Major DAYNARD;

Capitaine DE JUNCAROT, Cdt la 5ère Cie ;

Capitaine DELTEIL, Cdt la 6ère Cie ;

Capitaine TIVOLLE, Cdt la 7ème Cie ;

 

Lieutenants et Sous-Lieutenant DE FARAMONT, BONNEL, DESCOINS, HERTMAN, CAPEBAN, SAUSSINE, VALIERE, CLAIRAC.

 

 

3ème Bataillon

 

 

Commandant WILDERMUTH, Chef de bataillon ;

Médecin Adjudant-Major LAURENT ;

Capitaine BAQUEY, Cdt la 9ère Cie ;

Capitaine SABDE, Cdt la 10ère Cie ;

Capitaine FERRAN, Cdt la 11ème Cie ;

Capitaine COTTRE, Cdt la 12ème Cie ;

 

Lieutenants et Sous-Lieutenant GUIMBAIL, PERIE, MEDGE, MONDIN, PELISSIER, LUINEAUD, BEBEL, DIHARDE.

 

 

 

 

ENTREE EN CAMPAGNE

Le 5 août 1914, le 11e Régiment d’Infanterie quitte MONTAUBAN, et débarque le 7 aux abords du Camp de CHALONS où se concentre la 4e Armée. Il compte 55 officiers et 3.300 hommes de troupe, qui se préparent à combattre sous les ordres du Colonel APPERT.

Le 11 Août, la 4eArmée se dirige sur la frontière pour atteindre le flanc des colonnes allemandes qui marchent sur LIEGE. Le 11e passe successivement à CERNAY-EN-DORMOIS,GRAND’PRE, BUZANCY, MOUZON et MESSINCOURT. Le 21 août au matin, il présente les armes en passant le poteau  frontière FRANCO-BELGE, saluant ainsi l’héroïque nation qui arrête l’ennemi depuis 15 jours et au secours de laquelle il vient.

 Dans la soirée, il s’installe en position d’attente à SAINTE-CECILE.

 

 

BERTRIX.

Le 22, l’ordre général est donné d’attaquer l’ennemi partout où on le rencontrera, et l’armée entame son mouvement vers le nord, objectif de la 66e Brigade :OCHAMPS par BERTRIX. Le 20e fourni l’avant-garde; le 11e, intercalé avec de l’artillerie, fait partie du gros.

 A 10 heures, la colonne atteint BERTRIX et une halte gardée permet aux hommes de prendre quelque repos. Un biplan allemand qui survole le village est abattu par la fusillade au moment de la reprise de la marche. Toute la colonne s’engage alors dans la forêt de LUCHY ; au moment où l’avant-garde en atteint la lisière nord, elle est reçue par des feux violents d’infanterie et d’artillerie qui surprennent également l’artillerie sur la route.

L’avant-garde engage le combat et le 11e se déploie rapidement pour la renforcer et la prolonger. Ce mouvement ne s’accomplit pas sans pertes et le combat redouble de violence. L’ennemi, installé dans des tranchées bien construites, protégées par des fils de fer, fusille à coup sûr les troupes Françaises surprises. Celles-ci luttent avec un beau courage, bien qu’obligées de se déplacer dans un bois touffu et sous un feu violent. De nombreuses fractions irritées de ne pas avoir d’objectif visible essayent d’aborder  l’ennemi à la baïonnette. Il en est ainsi, par exemple, pour une section de la 7e ou pour la section du Lieutenant DE FARAMOND, de la 5e, cité pour avoir « sous un feu terrible, au combat d’OCHAMPS, le 22 août, conduit à l’assaut sa section qui a été à peu près complètement anéantie en courant à l’ennemi ; « Est tombé lui-même glorieusement à sa tête »,  ou pour cette héroïque compagnie du Capitaine LANUSSE, que celui-ci, malgré un terrible feu a conduit à l’assaut en chantant la Marseillaise, avant d’être glorieusement blessé.

Mais toutes nos attaques échouent sur les fils de fer.

 Cependant, que la canonnade et la fusillade ont redoublé, les rangs sont  bien éclaircis et  les Allemands prennent l’offensive à leur tour. Le repli est alors ordonné.

C’est alors que l’on vit les isolés courant vers l’arrière, se grouper autours de chefs énergiques, rallier les incertains et improviser la résistance le long d’un talus, à un carrefour de routes, protégeant ainsi  la retraite de l’artillerie et du gros des troupes. La 4e Compagnie reste trois quarts d’heure en arrière pour permettre à l’artillerie de gagner ACREMONT.

Puis toutes les troupes décimées battent en retraite vers le sud par BERTRIX et le 23 août au matin, quand le colonel APPERT rassemble sur la place de l’Eglise d’HERBEMONT les débris de son régiment, l’effectif total en est de 524. Il faut y ajouter pourtant une portion du 1er Bataillon , sous les ordres du Commandant ROY,que le Colonel a rencontré à CUGNON, organisant la défense du pont sur la SEINOY.

 

 

RAUCOURT :  28 Août, la Marne, la Stabilisation.

C’est la retraite et le Régiment continue sa marche vers le Sud. Le 24 août, à AMBLIMONT, il est reformé à 6 Compagnies groupées en deux Bataillons, sous les ordres des commandants ROY et WILDERMUTH. Il reste si peu d’officiers qu’une Compagnie sera commandée par un adjudant.

 

Le 25, on repasse à MOUZON. Le 28 , on est à VILLERS devant RAUCOURT. A 9 heures, l’ordre parvient d’attaquer RAUCOURT. Le bataillon du Commandant ROY part en tête, chasse l’ennemi et occupe la partie du village qui lui a été désignée comme objectif, tandis que la Compagnie de JUNCAROT et le Bataillon WILDERMUTH prennent position dans le bois à l’est du village. C’est un succès, léger sans doute, mais indiscutable et chacun en est heureux, on ne demande qu’à continuer.

 Mais à 15 heures l’ ordre de retraite est donné. Il faut repartir et ce mouvement est rendu très difficile par la suite des feux très violents de mitrailleuses, d’artillerie et d’infanterie qui balayent tout le plateau. Le Colonel APPERT blessé est remplacé au commandement du régiment par le Commandant ROY.

Et la retraite continue, angoissante et harassante sous ce soleil de plomb et au milieu des populations en fuite.

Le 1er septembre l’arrière-garde échange quelques coups de fusil avec des cavaliers allemands. Et l’on marche toujours vers le Sud, traversant  CUPERLY, SOUAIN,SUIPPES,ces villages où l’on avait passés un mois plus tôt enthousiastes et confiants.

 Le 6 septembre enfin, l’ordre parvient de s’arrêter.

Le 11e reçoit mission de défendre la Côte 130-174 à l’ouest de CHATEAU-RAOULT. Du 7 au 10 cette position est violemment bombardée.

 Une attaque prononcée le 8 par le 107e Saxon sur le front du régiment échoue. Ce n’est pas en vain que l’on a reçu la consigne « de ne pas regarder en arrière et de se faire tuer sur place plutôt que de reculer ».  Au contraire le 10 on prend l’offensive et le 11e tente avec le 100e, le 272e, le 328e et le 90e une attaque qui ne peut déboucher. Une reconnaissance conduite par  le Capitaine LESBORDES, le 10, à 20 heures pousse jusqu’aux lignes allemandes et s’assure qu’elles sont fortement gardées.

 Le 11 au matin pourtant, on constate que l’ennemi s’est enfui pendant la nuit. C’est la Victoire, la bataille de la MARNE est gagnée.

Les fatigues sont oubliées, et le Régiment part à la poursuite de l’ennemi. Il lui fait des prisonniers, ramasse du matériel et des blessés. Il passe la MARNE à SOULANGES, après s’être emparé du pont. C’est là qu’il reçoit son premier renfort qui lui permet de se reconstituer à 12 compagnies et 3 Bataillons ( Capitaine GAILHBAUD, Lieutenant LA DEVEZE, Capitaine LESBORDES ).

Il marche alors en flanc-garde droite et passe à SOMME-TOURBE et à LAVAL.Le 14 septembre, il  reçoit l’ordre de marcher sur FONTAINE-EN-DORMOIS, puis d’occuper la Côte 2 K 500 au  nord de MINAUCOURT , pour flanquer la 65e Brigade qui est très attaquée, mais la Côte 191 ainsi que les hauteurs de  MAISONS-DE-CHAMPAGNE sont fortement tenues par l’ennemi et le régiment ne peut déboucher. De nouvelles attaques menées le 15 puis le 18  par deux bataillons du Régiment appuyé par le corps colonial qui cherche à s’emparer de la MAIN-DE-MASSIGES échouent aussi.

Le Commandant ROY est blessé et  le Commandant WILDERMUTH prend le commandement du régiment.

Il devient évident que l’ennemi a choisi ces positions comme positions définitives  de repli et qu’il fera tous  ses efforts pour y rester. Les lignes commencent à se stabiliser. Enfin le régiment est relevé le 19 et il se rend  à WARGEMOULIN et à LAVAL prendre son premier un repos. Il l’a bien  gagné.

 

 

CHAMPAGNE   Septembre 1914 - Avril 1915

Ce repos ne fut pas long et le régiment ne put guère en profiter pour se réorganiser car dans la soirée du 21, il va relever le 20e au nord de MESNIL-LES-HURLUS. C’est la guerre de tranchée qui commence. La lutte d’artillerie devient très vive, les défenses s’organisent et l’on n’avance plus que pied à pied, en creusant des trous de tirailleurs que l’on relie pour en faire une tranchée.

 Pourtant les attaques se multiplient.

 Le 26 septembre pendant un bombardement violent, une attaque allemande déclenchée à 4 heures 30, aux cris de « En avant, France, ne tirez pas » réussit à percer nos lignes. Le commandant du régiment et ses officiers adjoints se dépensent en personne sur la ligne de feu pour assurer l’ordre et organiser la défense.

 Les  Français rivalisent de bravoure.

Le sergent BATAILLE qui sut maintenir dans la tranchée sa section débordée par les forces ennemies pour assurer le repli de sa compagnie ; le caporal ORIE, de la 8e Compagnie, isolé dans une tranchée à la Côte 189 avec 5 soldats de sa compagnie qui  tient tête pendant plus d’une heure à des groupes ennemis importants en organisant des feux à répétition : deux des soldats approvisionnant les armes pendant que le caporal et les 3 autres tirent.

 

 Néanmoins les allemands sont trop nombreux et le repli s’effectue jusqu'à la Voie Romaine. Mais là l’ennemi est contenu puis contre-attaqué et à 17 heures 30 les positions sont reprises.

Ce fut la dernière attaque allemande d’importance. Mais le secteur reste mauvais. Toujours des attaques et des coups de mains ( Bois-des- Moutons, 20-27 décembre), ( Tranchées Blanches janvier 1915), ( Perthes, 9 janvier ). Ce premier hiver dans les tranchées mal aménagées et boueuses augmente encore les fatigues. Enfin le régiment prend un peu de repos à BUSSY-le-CHATEAU du 31 janvier au 11 février. Le colonel APPERT ayant été tué le 26 septembre, il est actuellement sous les ordres du colonel LAMOTTE.

Ce repos fait pressentir une attaque.

Le 16 février, en effet, le régiment reçoit mission de s’emparer des TRANCHEES GRISES. Certaines fractions du  3e bataillon parviennent à les atteindre, mais sont contre-attaquées et ne peuvent se maintenir sur les positions conquises. Les autres unités ne peuvent déboucher. Une attaque prévue pour le lendemain à moins de succès encore. Les troupes prises sous un tir d’artillerie lourde dans les tranchées sont décimées avant même d’avoir essayé de déboucher.

 La fatigue et les pertes sont telles ( 800 hommes ) que la relève est ordonnée. Le régiment va au repos à SOMME-SUIPPES, où il se reconstituera à 8 compagnies et 3 bataillons.

 Au mois de mars, il reprend les lignes et prend part aux diverses attaquent sur le Bois 3, le Bois 4 et Bois CARRE.

 Enfin le 1er avril le 17ème Corps est relevé par le 16e .

 Le 2, le 11e quitte cette CHAMPAGNE qu’il a arrosée du meilleur de son sang et où trop de tombes marquent les étapes de ses victoires et de ses combats. Les familles méridionales qui espèrent sont retour glorieux peuvent songer à lui avec fierté. Jamais, il n’a failli à sa mission. Partout où il a rencontré l’Allemand, il lui à appris à le redouter.

C’est avec confiance qu’il s’en va cantonner dans la MEUSE, pour se reposer , se réorganiser et se préparer à de nouveaux combats.

 

 

L’ARTOIS.  Roclincourt 9 Mai - Beaurains, le 26 Septembre

Il reste en réserve dans la vallée de la MEUSE, derrière les EPARGES, jusqu'au 23 avril, puis il embarque, traverse tout le nord de la France et le 2 mai, il prend les tranchées du secteur ECURIE-ROCLINCOURT. Le 9 mai, il doit participer à l’attaque générale de la X Armée en direction de THELUS, à cheval sur la route d’ARRAS à LILLE.Il se trouve  lui-même à l’est de cette route. L’attaque est pour 10 heures. A 9 heures 47, trois mines Françaises explosent, mais l’une d’elles chargée à 1.400 kilos, sautant trop près de la tranchée Française, l’endommage, en ensevelit les occupants sous les amas de terre et de pierre. C’est ainsi que les 2e et 3e Compagnies sont décimées dès avant l’assaut ; elles partent néanmoins derrière le sous-lieutenant DUCRET, mais elles ne sont pas soutenues et doivent se replier.

Par ailleurs, le 3e bataillon ayant le commandant ROY à sa tête, s’élancent aussi à l’attaque des tranchées ennemies. Celles-ci sont intactes, malgré la préparation d’artillerie, les fils de fer qui les protégent. Aussi, dès l’apparition des hommes franchissant le parapet une fusillade d’une violence extrême se déclenche, fauchant les vagues d’assaut. Le commandant ROY, le capitaine CHARLES, le lieutenant  PRZEDZIECKI , le lieutenant DUTAUT sont tués.

 Une nouvelle attaque est impossible et le régiment va passer 3 jours à AGNES-LES-DUISANS.

Il remonte en ligne du 13 au 22, se livre à des attaques partielles et réorganise le secteur. Après une dure relève, il va cantonner trois jours à DAINVILLE et BERNEVILLE.Un renfort de 500 hommes fait remonter son effectif à 3.080.

 

 

Jusqu'à fin septembre, le régiment occupe au sud-est d’ARRAS, le front BLANGY- SAINT-SAUVEUR. Ses relèves régulières permettent aux bataillons d’aller à tours de rôle cantonner à DAINVILLE et BERNEVILLE.Profitant de cette période de repos relatif, sous les ordres du colonel LAGARRUE, le régiment, sans préjudice de l’amélioration du secteur, et des opérations de détail, répare des pertes et refait sa cohésion, de façon à pouvoir fournir une nouvelle série d’efforts.

L’occasion ne tarde pas. Le 25 septembre, la X Armée appuie par un ensemble d’opérations la grande offensive de CHAMPAGNE. Le Régiment marche sur BEAURAINS. A 12 heures 25, les troupes d’assaut sortent de leurs tranchées pour se porter sur les tranchées allemandes, sous un bombardement excessivement violent qui durait depuis plusieurs heures. On ne peut mieux résumer cette attaque que par la copie des citations des 2 chefs de bataillons engagés :

Chef de Bataillon NAUD, commandant le 1er bataillon. «  Le 25 septembre, sous un feu d’artillerie des plus violents s’est porté dans le parallèle de départ à l’heure de l’attaque pour commander lui même le débouché de son bataillon où  de l’attitude, de la voix et du geste il exaltait magnifiquement l’élan de tous et faisant précipiter l’allure de la seconde vague. Plein d’enthousiasme, il s’écriait : « comme il est beau mon bataillon » et prenait part lui même au corps à corps au milieu des soldats les plus avancés dans la 2e tranchée allemande en se frayant une trouée à coups de revolvers. Est tombé mortellement frappé d’une balle au cœur ».

Chef de bataillon PERROCHAT, commandant le 2e bataillon :» Le 25 septembre 1915, sous un feu très violent d’artillerie a enlevé magnifiquement son bataillon pour le porter à l’attaque de la BRIQUETTERIE. Arrêté par des réseaux de fil de fer intacts derrière un talus, a maintenu tout son monde sur place, faisant creuser des tranchées malgré le feu des mitrailleuses ennemies »

 Le 26, l’attaque se poursuit. Un tir de barrage de 50 minutes, avec obus de gros calibre et obus asphyxiants est superbement supporté par nos soldats.

 Puis le Régiment est relevé ayant atteint par endroits la deuxième ligne ennemie, et va reprendre les tranchées de BLANGY-SAINT-SAUVEUR  jusqu’au 1er mars.

 

 

L’ARTOIS       Septembre 1915 - 1er Avril 1916 

Durant cet hiver, la situation reste la même. La température est  très douce, mais les pluies fréquentes rendent difficile l’entretient des boyaux et des tranchées dont les parois s’éboulent constamment. Il faut chaque jour de nombreux travailleurs pour enlever la boue résultant de ces éboulements et maintenir ainsi la circulation possible.

Sur tout le front d’ARTOIS, les deux Armées restent sur la défensive, fortement retranchées. Le duel d’artillerie est quotidien : ARRAS est particulièrement visé par des obus de tous calibres. BLANGY et nos secondes lignes reçoivent assez fréquemment des 210. Les 77 arrosent nos premières lignes et les boyaux de communication, de préférence aux heures des corvées de soupe.

 Ces bombardement semblent être chaque jour un peu plus intenses et l’on pressant vaguement que l’ennemi à des intentions d’offensive. Sur le point d’attaquer VERDUN, il va faire en ARTOIS de violentes diversions.

Le 28 janvier, à 6 heures 20, après 48 heures de bombardement particulièrement violent, il prononce une offensive à la grenade sur les deux rives de la SCARPE. Sur la rive droite, front du 11e régiment, l’attaque est immédiatement repoussée par  la 12e Cie que commande le lieutenant MIGNUCCI.

 A 7 heures, l’attaque est terminée, l’ennemi rentre dans ses lignes. La situation n’en reste pas moins sérieuse toute la journée sur l’ensemble du front. Nos lignes continuent à être violemment bombardées. Des batteries de tous calibres croisent leur feu sur tout le secteur du régiment et sur la ville. Le faubourg BLANGY depuis longtemps en ruine est maintenant à peu près rasé.

Le 14 février, le bombardement ennemi se concentre particulièrement de nouveau sur la SCARPE. La passerelle de la BLANCHISSERIE est coupée. La TRANCHEE SUSPENDUE établie à l’entrée de cette passerelle est effondrée et incendiée. Les hommes sont alors exposés à la vue de l’ennemi qui occupe les bâtiments en face, ils ne peuvent pas creuser le sol, le niveau des eaux ne le permettant pas. La ligne de guetteur doit ainsi se reporter un peu en arrière, à l’abri des pans de murs ; on revient de nuit aux emplacements de la  TRANCHEE SUSPENDUE. Mais le 15, on constate que l’ennemi à l’abri d’un mur fait un boyau dans la direction de cette tranchée, le lendemain il a pris pieds.

 Le 17, malgré trois contre-attaques à la grenade énergiquement menées par les sous-lieutenants JOANNY et DURAND, l’ennemi reste maître de la TRANCHEE SUSPENDUE.

 Le 18, il essaie d’accentuer sa progression, mais il est repoussé après un combat à la grenade et laisse entre nos mains deux morts, 3 blessés et 4 fusils.

Le 19 mars, le 11e régiment laissait le secteur BLANGY-SAINT-SAUVEUR aux « KING’S ROYAL RIFFLES » de l’Armée Britannique. Il avait perdu au cours de ses dernières actions 112 blessés et 22 tués.

 Ce n’est pas sans regret que les Poilus du 11e quittèrent cette capitale de l’ARTOIS sous les murs de laquelle ils avaient combattu 10 mois : ils l’avaient défendue, elle avait été hospitalière pour eux et les Gars du Midi avaient aussi pris en affection ce martyre du Nord.

 

DE LA LORRAINE A LA CHAMPAGNE  Mars - Juillet 1916

Le Régiment est embarqué le 5 mars à la gare de PETIT-HOUVIN, il débarque le 6 à NANCY, station de JARVILLE.

Du 16 mars au 9 avril, il occupe les cantonnements de CERCUEIL, COURBESSEAUX, REMEREVILLE, ERBEVILLER, BUISSONCOURT, et est occupé  dans cette région à la création de secondes lignes de défense.

Du 9 au 17 avril,  il prend position au quartier ATHIENVILLE.

Cette période de travaux et ces quelques jours d’occupation d’un secteur très calme procure au Régiment un temps de repos.

Le 22 avril, le Régiment embarque à BAYON, débarque le 23 à COOLUS, au Sud de CHALONS, et va cantonner à BREUVERY et SAINT-QUENTIN-sur-COOLE.

Le 28, il prend position sur le front MAISONS-DE-CHAMPAGNE-BEAUSEJOUR où il tient le sous-secteur du BOIS ALLONGE. Le 11e Régiment avec la IV Armée se retrouve ainsi en pays de rudes souvenirs. Le front est maintenant à quelques kilomètres au Nord des MAISONS, mais si la MAIN-DE-MASSIGES est à nous, la BUTTE-DU-MESNIL est demeurée à l’ennemi, et ce redoutable observatoire, plonge ses vues dans les replis de nos positions, anciennes lignes boches, maintenant exposées à contre sens. Journellement les pistes et les boyaux de communication sont bombardés. Les corvées sont longues et pénibles. C’est la CHAMPAGNE POUILLEUSE , grise et déserte, crayeuse, avec son réseau compliqué de tranchées blanches.

 La période sans faits saillants est marquée par plusieurs attaques infructueuses de l’ennemi, précédées chaque fois d’un violent bombardement de nos lignes : ( Le 15 mai-2 juin-22 juin ).

Le 1er juillet, le 11e régiment quitte le secteur, la 33e D.I. étant relevée par la 34e . Il va prendre 10 jours de repos à CHEPY, puis par SAINT-JEAN-sur-RIVIERE, POSSESSE LAHEYCOURT, il se rend en CONDE- en- BARROIS, d’où il est enlevé le 18 juillet en camions automobiles. Le soir du même jour, il était cantonné à VERDUN.

 

 

 

THIAUMONT 1erJuillet 1916

 

VERDUN déjà célèbre, faisait alors l’étonnement du monde entier. Depuis plus de 5 mois, l’effort de l’ennemi se brisait sur ces collines dévastées qui ont nom : 304, MORT-HOMME, le POIVRE, DOUAUMONT, SOUVILLE. Mais à soutenir  cette lutte gigantesque, les régiments fondent vite dans la fournaise, les relèves se succèdent rapidement. VERDUN a besoin de tous les soldats de France.

Après la défense pied à pied, la 11e Armée va maintenant entreprendre de refouler l’ennemi. Le 11e aura l’honneur de participer aux premières reprises de terrain.

 Le 21 juillet, il occupe dans le secteur de FROIDETERRE le versant Ouest du RAVIN DES VIGNES . Il a pour mission de progresser vers la position dénommée : le DEPOT, qui jusqu’à ce jour n’a pu être enlevée et qui se trouve dans la partie supérieure du RAVIN DES VIGNES.

L’activité des deux artilleries est grande, mais la supériorité est à notre avantage. Le bataillon NEGRIE essaye de progresser vers le Sud du DEPOT.. Il avance de quelques mètres mais la distance reste trop grande pour permettre l’assaut. Le tir des mitrailleuses ennemies, le lancement des grenades, les tirs de barrage arrêtent toute progression.

 L’ennemi tient solidement les pentes de DOUAUMONT et FLEURY.De ces positions dominantes il voit et contrôle tous nos mouvements . Le duel d’artillerie est continu ; les tirs de barrage se succèdent toute la nuit et donne l’impression d’un véritable enfer déchaîné au fond du RAVIN DES VIGNES et sur les pentes environnantes. La vision de ce chaos est horrible ; à chaque pas elle est de mort.

 Le Boche n’est là qu’à 4 kilomètres de VERDUN. On sent chez lui la rage de l’assaillant qui épuise toutes ses forces sans chercher à parer les coups.

Le 22 Juillet à la nuit, il tente trois attaques, toutes repoussées par nos grenadiers. Et sous cette pluie de feu, sous laquelle semble-t-il pas un vivant n’aurait dû substituer, les corvées ravitaillent, les travailleurs améliorent les boyaux et tranchées qui sont presque inexistants,  les brancardiers procèdent à  une bien rude besogne.

«  Les tirs de barrage ont les connaît » ; dit simplement un musicien au moment de sortir du poste de secours en portant un mourant sur son brancard.

Le 24 Juillet, deux compagnies, sous les ordres du commandant NEGRIE enlèvent la batterie C, clé de la position du DEPOT; elles réalisent ainsi une avance de 300 mètres et ramènent une centaine de prisonniers avec 4 mitrailleuses. L’ennemis a été surpris, ses contre-attaques sont de faible envergure et n’ont d’autre résultat que celui de nous donner quelques nouveaux prisonniers.

Le terrain conquis est immédiatement organisé.

Mais il faut coûte que coûte s’emparer du DEPOT.

Le 28, une attaque vigoureuse des Bataillons NEGRIE (11e R.I ) et MONTAURIOL ( 20e R.I) atteint enfin cet objectif. Le terrain gagné est conservé.

Le soir le colonel LAGARRUE se rend lui-même sur le terrain du combat. Il apporte ainsi de trou d’obus en trou d’obus à ses braves soldats les paroles d’encouragement et de réconfort. Il constate  que la ligne occupée est la plus solide et qu’il n’y pas lieu de chercher à progresser pour le moment.

Le 29 juillet, le 11e Régiment est relevé par le 317e. Le Colonel reçoit pour lui et pour tout son régiment les félicitations du général MANGIN.

Le 3 août encore, le 3e bataillon, laissé à la disposition du Colonel Commandant le 96e R.I.s’illustrera en participant à l’enlèvement de la CRETE DE THIAUMONT.CeBataillon ne sera relevé que le 5 août : il y avait deux jours qu’ il n’avait touché aucun vivre.

 

Le 7août, le Régiment était réuni à TRONVILLE et TANNOIS, au Sud de BAR-LE-DUC ; dans ses rangs il manquait : 74 tués, 416 blessés et 4 disparus.

 

 

VERDUN  Août-Septembre-Octobre 1916

Le repos dura à  TRONVILLE jusqu’au 15 août, date à laquelle les automobiles déposèrent de nouveau le régiment au bivouac de BOIS-LA-VILLE.

 Le 16 août, il montait en ligne dans les quartiers d’HAUDROMONT et de BOIS NAWE. Le terrain n’est pas organisé, il faut travailler sans relâche, creuser des tranchées, des boyaux, des abris. Cependant les tirs de harcèlements de l’ennemi sont quotidiens : les ravins sont martelés, les pistes arrosées. La circulation est difficile, le ravitaillement irrégulier. Chaque jour la fatigue et les obus font des vides dans les rangs ; plusieurs renforts sont nécessaires pour maintenir l’effectif du régiment.

Cette situation se maintient, sans changement, jusqu’au début d’octobre. Pendant ce temps le lieutenant-colonel DE PARTOUNEAUX a remplacé le colonel LAGARRUE dans le commandement du Régiment.

Le 10 octobre, le 11equitte la 33e D.I. et est placé sous les ordres du Général DE SALIN, commandant la 38e D.I. Il est embarqué pour TRIAUCOURT-EN-ARGONNE où il aura un repos de quelques jour avant l’attaque que doit exécuter le groupement MANGIN et à laquelle il participera ( seule unité de la 33e D.I)

Il faut rejeter le Boche au nord de la CRETE DE DOUAUMONT. Le pivot d’attaque sera le saillant dHAUDROMONT coupé de grandes carrières puissamment organisées et fortement tenues par l’ennemi.

 Au 11e incombera la tâche de s’emparer d’un seul bond de ces carrières et de leur défense immédiate : La TRANCHEE BALFOURIER.

Le repos à TRIAUCOURT est occupé à des exercices d’entraînement. Un terrain est jalonné et aménagé figurant la disposition de l’objectif. D’ailleurs cet objectif est bien connu de tous les soldats et officiers. Pendant plus de deux mois, ils l’on eu sous les yeux, ils n’ignorent rien de ce que le Boche y a accumulé des moyens de défense. Néanmoins, ils ne sont pas effrayés, ces carrières dont le nom revient à chaque instant sur les lèvres semblent les fasciner peu à peu.

Ainsi après 10 jours de repos, le Régiment est complètement remis en forme. Le général GUYOT DE SALINS dans son ordre du jour dit sa confiance en ce «  11e Régiment qui a fait ses preuves à THIAUMONT … En avant , pour la France ! » » conclut-il ; on ne doute plus du succès de l’opération : le 11e sera le vainqueur d’HAUDROMONT.

 

 

HAUDROMONT.  24-28 Octobre

Le  Régiment quittait TRIAUCOURT en camions-autos ; le 21 octobre au matin. A midi, il débarquait à NIXEVILLE et à la tombée de la nuit gagnait VERDUN. Seul, le 1er bataillon qui sera en réserve de brigade stationnait un jour au camp AUGEREAU.

Dans la nuit de 23 au 24 on prend le dispositif préparatoire à l’attaque. Suivant les ordres donnés par la 38e D.I cette attaque sera exécutée face à l’Est, avec 2 bataillons accolés.

 Les 2 bataillons d’attaque, viennent ainsi occuper le quartier d’HAUDROMONT,le 3e bataillon  ( Commandant MARTEL), à gauche, a pour objectif la TRANCHEE BALFOURIER ; le 2e (Commandant NEGRIE), à droite, a pour objectif la CARRIERE proprement dite, il est en liaison avec le 8e Tirailleurs. Dans chaque bataillon, il y a deux compagnies en première ligne et une compagnie en réserve.

 Le 1er bataillon s’est porté lui aussi aux emplacements de réserve qui lui sont assignés.

Une compagnie et un peloton du 20e dans la TRANCHEE DES CAURETTES ont pour mission de dégager le 11e Régiment de toute préoccupation sur son flanc gauche.

 Dès que le monde est en place des reconnaissances partant vers les tranchées ennemies et constatent que les défenses accessoires sont insuffisamment détruites. Il est fait aussitôt un complément de préparation, par l’artillerie lourde et l’artillerie de tranchée.

D’ailleurs le 24, au point du jour, l’artillerie reprend tout son tir  de préparation sur les TRANCHEES MERCIER et NOURRISSON et sur la CARRIERE.

Mais les Boches ne se laissent pas faire et répondent par un violent bombardement, qui déjà cause des pertes sensibles au régiment rassemblé dans l’étroit espace des tranchées du départ.

 Le 2e bataillon souffre particulièrement. Au peloton de droite le sous-lieutenant MAURIN est tué et sous la violence du tir les hommes semblent hésiter un peu, le capitaine De CAUSANS faisant fonction d’adjudant major au 2e bataillon, se portent aussitôt auprès de ce peloton, il monte sur le parapet et par sa ferme attitude ranime la confiance à tous.

11 heures 40 : c’est l’heure fixée pour l’attaque.

 Comme un seul homme, les compagnies de ligne sortent des tranchées devançant de 2 minutes leurs voisins de droite. Les grenadiers et fusiliers mitrailleurs sont en tête, les voltigeurs et V.B  viennent en deuxième vagues. Tous chantent le couplet de la Marseillaise, modifié pour la circonstance.

 

« Nous entrerons dans la Carrière

« Quand les Boches n’y seront plus ».

 

Les Boches y sont encore.

Néanmoins et malgré l’intensité de la fumée qui limitent considérablement la vue, les manœuvres prescrites sont exécutées à la lettre.

A gauche la 10e compagnie trouvant la TRANCHEE MERCIER inoccupée, se dirige immédiatement vers la TRANCHEE BALFOURIER. Sur la route un fortin subsiste indemne et lui oppose une vive résistance. Peu importe, l’ouvrage est tourné par la droite et par la gauche et la Compagnie va s’établir non dans la TRANCHEE BALFOURIER que le bouleversement du terrain empêche de reconnaître, mais au-delà entre cette tranchée et la TRANCHEE DE POMERANIE.

La 11e Compagnie, enlevée par le sous-lieutenant GIACOMONI «  véritable entraîneur d’hommes » n’est pas en retard sur sa voisine de gauche. Elle trouve aussi la 1re  tranchée boche inoccupée et poursuit aussitôt sa route pour atteindre son objectif en quelques minutes.

 Dans ce mouvement, elle a suivi la CRETE NORD DE LA CARRIERE et, de là-haut, quelques hommes ont distingué au milieu de la fumée le dur combat à la grenade qu’un même instant la 5e compagnie, commandée par le Lieutenant MAESTRACCI, engage avec les boches à l’intérieur de la CARRIERE. Ils ont alors l’heureuse idées de lancer dans le font quelques grenades et de tirer quelques coups de fusil.

 Le résultat est merveilleux. Les Boches se croient tournés. Déjà ils s’apprêtent à fuir lorsque le sous-lieutenant CAREME n’ayant d’autre arme qu’une fusée éclairante l’allume et la lance sur les fuyards. Ceux –ci  épouvantés et surpris par le projectile inconnu, font aussitôt « Kamerad » !

A côté le sous-lieutenant SERGENT, a suivi de si près le tir de barrage de notre artillerie, qu’il a été légèrement blessé d’un éclat. Il n’en a pas moins conservé son commandement et poursuivi sa route nettoyant sur son passage un abri de mitrailleuses dont tous les servants sont fait prisonniers.

A ce moment la CARRIERE et toute sa garnison sont entre nos mains.

A l’extrême droite, le peloton de la 7e Compagnie, malgré les grosses pertes subies dans la matinée s’est lui aussi  portée alertement dans la TRANCHEE GUERNE où il a fait une vingtaine de prisonniers. Il a conservé sa liaison avec le 8e Tirailleurs qui a également son objectif : La contre-pente NORD DU RAVIN DE LA DAME.

Cependant, les unités de soutien et le C.M ont suivi l’avance des unités de tête, les premières ayant pour mission de relier les tranchées conquises aux tranchées de départ, les deuxièmes de battre les accès aux nouvelles positions.

La 3e Compagnie de mitrailleuses, sous les ordres du lieutenant PELISSIER, protège la TRANCHEE BALFOURIER ; la 2e sous les ordres du capitaine CHABANNE, bat le RAVIN DE LA GOULETTE et le débouché du RAVIN DE LA COULEUVRE.Le canon de 37, prend d’enfilade le RAVIN DE LA DAME et réussit à faire taire les mitrailleuses ennemies qui s’y dévoilent peu à peu.

Ainsi à Midi, tous les objectifs sont atteints et même dépassés. Notre nouvelle ligne s’organise au-devant de la TRANCHEE BALFOURIER et de la CARRIERE.

Sur le front de la 10e Compagnie le fortin résiste encore, bien que complètement investi. Il ne sera réduit qu’à 1heures 30, après un dur et long combat à la grenade.

 Pendant tout l’après-midi, l’ennemi bombarde violemment nos nouvelles et nos anciennes premières lignes. Les pertes augmentent rapidement. Le besoin de renfort se fait sentir particulièrement au 3e Bataillon, à la disposition duquel, à 16 heures, deux compagnies du 1er Bataillon ont déjà été mises.

Le combat à la grenade ne cesse pas sur le front de la 10e Compagnie, entre les TRANCHEES BALFOURIER et de POMERANIE. A 18 heures, cette compagnie a déjà repoussé plusieurs contre-attaques.  Elle a perdu 3 officiers : les sous-lieutenant ALRIC, LAURENTIES et COULON ; beaucoup de sous-officiers et d’hommes, elle est presque inexistante, la 9e Compagnie vient prendre sa place.

Pendant la nuit, aidées par le 2e peloton de la Compagnie 17/1 qui a marché avec les sections d’assaut, les compagnies commencent à organiser le terrain conquis, malgré la continuation du bombardement et les menaces de contre-attaques .Les trous d’obus sont reliés entre eux sur tout le nouveau front. Une tranchée continue est amorcée à travers le RAVIN DE LA GOULETTE.

Le 25, à 5 heures du matin deux reconnaissances, conduite par les sous-lieutenants GADAL et ACQUOISE constatent que la TRANCHEE DE POMERANIE détruite dans sa branche Nord-Sud,  reste occupée dans sa branche Ouest-Est, d’où partent des coups de fusils et de mitrailleuses. Toute progression nouvelle est provisoirement interdite.

Au jour, l’artillerie ennemie règle par avion son tir sur nos lignes qui  vont être battues sans relâche pendant deux journées et deux nuit entières.

Les Boches ne peuvent se résigner à leur défaite : ce terrain qui leur a tant coûté à conquérir leur a été vraiment trop rapidement arraché. Malgré leurs nombreux échecs de la veille et de la nuit, ils veulent encore contre-attaquer sur notre gauche. A 8 heures 50, une compagnie entière baïonnette au canon, essaie de descendre vers la TRANCHEE DU PALATINAT. Elle est aussitôt par un tir de 75 et un tir de concentration de grenades et de V.B. La même tentative recommence à 13 heures 30, elle est repoussée de la même façon.

Dans les nuits des 25 et 26, les travaux continent, mais le bombardement les détruit au fur à mesure, la pluie qui tombe maintenant augmente encore leurs difficultés.

 Il n’y a pas de ravitaillement, les cuisines roulantes ont dû être décommandées à cause du bombardement des routes et des pistes. Jusqu’à la relève on consommera les vivres de réserve des petits dépôts constitués dans le secteur.

Dans la soirée du  27, les Allemands préparent encore une puissante contre-attaque qui est enrayée comme les précédentes.

Il semble prudent cependant de leur enlever tout espoir de succès : à cet effet, le 28 au matin, l’artillerie lourde Française fait un tir de concentration sur les TRANCHEES DE POMERANIE et PALATINAT.

Le résultat est bon, car à partir  de ce moment leur artillerie, sera beaucoup plus calme.

 Mais dans tout le régiment l’usure et la fatigue sont devenues très grands. Sans doute, le 3e Bataillon épuisé a été remplacé en 1re  ligne par le 1e , mais celui-ci était déjà fatigué par les nombreuses corvées et les renforts incessants qu’il avait du fournir.

 Ainsi le commandement décide que le 11e sera relevé par le 103e dans la nuit du 28 au 29.

La relève ! c’est la vie, l’espérance.

 Mais c’est aussi la dernière fatigue imposée à ces hommes qui doivent faire à pied et par des chemins  boueux une longue étape après quatre jours passés entre la vie et la mort, jours pendant lesquels ils ont eu pour toute nourriture des biscuits et du «singe » et pour toute boisson de la « gnole » et très peu d’eau.

 Embarqué à BALEYCOURT le 30 et 31 octobre, le Régiment se trouvait groupé à LIGNY-EN-BARROIS , où il allait profiter d’un repos bien gagné.

 Son succès, en effet, lui avait coûté cher : 112 tués, 401 blessés, 41disparus.

Le 6 novembre, le Régiment avait connaissance de sa belle citation à l’Ordre de la II Armée et le  Président de la République à TRONVILLE, épinglait lui-même la Croix de Guerre à la cravate du Drapeau.

 

En venant à LIGNY, le 11e n’avait pas quitté définitivement VERDUN. 15 jours après, en effet , pour la quatrième fois depuis 4 mois, il remontait la «  Voie Sacrée » et allait rejoindre la 33e D.I. dans son rude secteur de la côte DU POIVRE, qu’elle tenait depuis 100 jours consécutifs.

Ainsi le séjour ne devait pas être long. Fin novembre, en effet, la Division allait s’installer dans le secteur plus calme de COMMERCY.

Le 26 Novembre, le 11e Régiment embarque en autos à DUGNY et est transporté dans les cantonnements de BOVEE, NAIVES-EN-BLOIS et BROUSSE-EN-BLOIS. Quatre jours après, par COMMERCY et VIGNOT, il rejoint la zône RABIER dans la forêt d’ APPREMONToù il relève le 100e R.I.

                         

CHAMPAGNE  Février-Avril 1917

L’hiver est rigoureux . Pendant près de deux mois, la neige couvre la plaine de WOEVRE et les coteaux des HAUTS DE MEUSE. Cette période n’est marquée par aucun avènement important : notre grand ennemi est le froid. Les Bataillons se relèvent entre eux dans les quartiers FRONTIL-SAINT-AGNANT, et au repos à BONCOURT ou VIGNOT. Les opérations sont limitées à des patrouilles.

  Le 24 Février, un groupe de volontaires pénètre dans les tranchées ennemies où il se heurte à des forces supérieures. Le sous-lieutenant SERGENT, commandant ce groupe, se distingue en couvrant lui-même à la grenade, malgré une blessure, la retraite de ses hommes.

Le 28 Février, un coup de main ennemi pénètre dans nos lignes au petit jour, deux hommes surpris dans un abri sont blessés et enlevés.

Le 3 Mars, la 33 D.I est relevée dans le secteur  de COMMERCY par la 8e . Après avoir fait une première étape à LEROUVILLE, le régiment va cantonner à LIGNY-EN-BARROIS où il ne restera que deux jours.

 En trois étapes successives, ( TANNOIS, CONTRISSON, VAVRAY),le Régiment va cantonner à COULVAGNY, ou il séjourne du 9 au 17 Mars.

Le 11 Mars, le lieutenant-colonel DE PARTOUNEAUX, désigné pour une mission, vient faire ses adieux au Régiment qu’il quitte en emportant l’estime et le regret de tous.

Les 18 et 19 Mars, en passant par COURTISOLS ,le Régiment gagne MOURMELON: la 33e D.I quitte alors la II Armée et passe à la IV.

Dans la nuit du 20 au 21, le Régiment monte en ligne et va prendre le secteur  au nord du  BOIS DE PROSNES.

Un mois de dur labeur est employé à préparer l’attaque projetée sur le massif de MORONVILLERS. La part du 11e dans cette grande opération qui tiendra à l’encerclement du MASSIF de NOGENT L’ABESSE, va constituer à s’emparer du TETON de MORONVILLIERS, observatoire incomparable qui permet à l’ennemi de plonger sa vue jusqu’au delà du CAMP DE CHALONS.

 Inutile de vous dire que ce nouvel objectif est devenu rapidement populaire car le refrain du Régiment est : « le Téton de ma cousine… »

Le 9 avril, à MOURMELON, les bataillons de tête ( 1er et 2e ) ont fait des exercices d’attaques sous les ordres du nouveau Commandant du Régiment, le lieutenant-colonel DOUGLAS.

«  Sur le sommet du Téton, leur dit-il, vous irez sonner votre refrain grivois et décrocher votre fourragère »

Comme à la veille d’HAUDROMONT, la confiance règne dans tout le régiment.

 

 

COMBATS DE MORONVILLIERS  17-21 Avril 1917

Dans la nuit du 16 au 17, le Régiment a pris son dispositif d’attaque qui est le suivant : 2e  bataillon (  NEGRIE ) en première ligne,1er bataillon (TURE ) en deuxième ligne. Dans chaque bataillon deux compagnies de tête, une compagnie en soutien, encadrée par les deux bataillons de mitrailleurs. Le 3e bataillon ( Commandant DELTHEIL ) est  réserve de Division. A notre gauche opère le 20e , à notre droite le 207e.

Cette nuit du 16 au 17 est froide, pluvieuse et très noire. Avec grand peine les pionniers, sous les ordres du sous-lieutenant BILLAUDET, achèvent de couper nos fils de fer et de mettre en place les passerelles de franchissements.

 A 4 heures 45, sans aucun signal, l’attaque se déclenche conformément aux dispositions du plan d’engagement.

Le Bataillon NEGRIE part le premier et s’avance dans la nuit ; il est immédiatement suivi par le Bataillon TURE.

 Les défenses de l’ennemi sont bouleversées. Les deux Bataillons atteignent sans incident le TAILLIS DES LAPINS. Mais, ce point de repaire dépassé, il devient très difficile de se maintenir en direction. Le jour tarde à se lever, la lecture de la boussole est de plus en plus difficile. Il pleut, on s’enfonce dans le sol retourné et chaotique.

La liaison est déjà perdue avec le Régiment de droite, la 6e Compagnie la cherche, mais oblique trop fortement, perd le contact avec son bataillon et va se heurter dans la zone du 207e au centre de résistance du bois 88.

Enfin, le jour se lève. On traverse le BOIS DU CHIEN sans rencontrer de résistance et l’on parvient ainsi à la TRANCHEE DU CHIEN.

 Le 1er Bataillon s’arrête pour procéder au nettoyage de la position. Il y fait environ 200 prisonniers. Nombre d’abris ont leurs entrées effondrés par le bombardement et leurs occupants y demeurent ensevelis. 

Poursuivant sa route, le 2e Bataillon arrive vers 6 heures au BOIS 302 où sa marche est arrêtée par des mitrailleuses qui placées en bordure du BOIS 320, l’atteignent de face et sur le flanc droit. Le bataillon va s’établir alors dans les éléments de tranchées qu’il creuse au-dessous des lignes de tir.

Pendant ce temps, à 6 heures, le Colonel, avait quitté son P.C des lignes de départ et était venu s’installer au dessus de la TRANCHEE DU CHIEN (ancien P.C de mitrailleurs ennemis ) le bataillon DELBREIL, suivant ce mouvement s’était établi en arrière de la CRETE DU CHIEN.

Dès lors, l’avance est terminées pour la journée du 17, qui va être maintenant employée à se retrancher et à réduire les centres de résistance, un de ces centres cependant, celui du BASTION 88, retiendra la 6e Compagnie jusqu’au lendemain matin.

A la nuit, on est toujours sans liaison, avec le Régiment de droite. Deux compagnies du Bataillon DELBREIL sont mises à la disposition du Colonel avec mission d’assurer cette liaison en atteignant le B. 88, mais toutes les tentatives faites pour déboucher dans le RAVIN sont arrêtée par le feu du centre de résistance.

 Le 18 avril, à 6 heures, une reconnaissance du 2e bataillon conduite par l’aspirant NINOUS atteint la lisière Nord du BOIS 302, sans rencontrer l’ennemi. Mais celui-ci vient seulement de se replier. Des marmites de soupe encore chaudes sont le meilleur de sa présence récente.

 Le 2e bataillons se porte aussitôt en avant, le 1e le suit, et tous les deux malgré le feu des mitrailleuses ennemies qui se sont repliées sur le TETON et sur le CASQUE réussissent à contourner le B.320 par la gauche et a atteindre aussi la lisière Nord ou il se déploient et se retranchent.

 Les pièces de 37, mises aussitôt en batterie, combattent efficacement les mitrailleuses ennemies.

 On explore le bois. L’ennemi y a abandonné une batterie de 4 obusiers de 150, dont un seulement est démoli, un canon-revolver en tourelle et d’abondantes munitions .Les emplacements de mitrailleuses sont jonchées de douilles. Près du BOYAU DE MORONVILLIERS une pièce de 88 est restée embourbée.

 Pendant ce temps, le bataillon DEBREIL a continué lui aussi sa progression et rejoint les emplacements que le bataillon NEGRIE vient de quitter.

A 11h 30, le 2e Bataillon détache une nouvelle reconnaissance qui pénètrent dans la TRANCHEE DE RENDSBURG et la trouve évacuée, mais constate que les fils de fer sont pas suffisamment détruits pour permettre la progression sous le feu des mitrailleuses du TETON. En conséquence, le tir de l’artillerie est demandé sur les défenses accessoires de RENDSBURG ainsi que sur les mitrailleuses des  BOIS K 55, K 56 et 323.

Après cette préparation ; le 20e et 11e attaqueront simultanément, le premier le CASQUE,le deuxième, le TETON à 18 heures.

Tout fait prévoir que le succès de l’attaque lorsque, à partir de 17 heures, le tir de notre artillerie devient trop court et oblige les bataillons à se replier sur la partie sud du BOIS 320 ; non sans avoir subi des pertes assez sérieuses

Une nouvelle préparation est nécessaire et l’attaque est remise à 19 heures. Les bataillons regagnent la lisière NORD du BOIS 320 . Mais de nouveau l’artillerie tire trop court, il faut se replier comme précédemment : l’attaque est impossible, elle est remise au lendemain matin, 19 avril. Pour appuyer le mouvement le Colonel disposera de la totalité du bataillon DELBREIL.

Pendant la nuit, il est décidé que l’attaque aura lieu à 5 heures 1/2 seulement précédée, selon le désir du  Commandant NEGRIE, d’un tir de barrage roulant de quelques minutes .Il faut surprendre l’ennemi.

A l’heure dite, en effet derrière le feu roulant du 10e d’artillerie étonnant de précision, le 2e  bataillon se porte tout entier en avant et grimpe alertement la côte. Sur le sommet du TETON, on voit des tirs se profiler dans l’auréole rose du soleil levant et disparaître aussitôt de l’autre cote de la crête.

 En la franchissant les clairons ont sonné le refrain du Régiment.

 Nos troupes victorieuses descendent maintenant la côte. Devant elles, à perte de vue, s’étend la plaine de la SUIPPE, PONT-FAVERGER semblent être le tout près. Comment les Boches ont du être tranquilles pendant 3 ans dans cette belle plaine, à l’abri de ces monts ? A notre tour de les dominer et de contrôler tous leurs mouvements.

Néanmoins, il ne sont pas encore en déroute. Devant nous leurs mitrailleuses ne se sont pas repliées bien loin que la lisière du BOIS L. 60. Sur la gauche ils nous dominent encore et nous prennent de flanc du haut du CASQUE, dont le 20e  n’a pu s’emparer. Si nous progression d’avantage ils nous atteindraient bientôt dans le dos. Il faut s’arrêter dans la TRANCHEE NORD DU TETON.

De cet arrêt l’ennemi profite aussitôt.

 Dès 8 heures ils commence a se remuer. Cinq fractions débouchent de MORONVILLERS et viennent se concentrer tout près de nous dans une tranchée formant angle mort avec nos positions et où, par conséquent, nous ne pouvons pas les inquiéter.

 A 10 heures, c’est un Bataillon entier, en colonne par quatre, qui sort des BOIS K 80 et K 91 et vient se masser dans la TRANCHEE DE BRUNSCHWIG, à 1 kilomètre au nord de MORONVILLERS.

 Pour arrêter ces mouvements, un tir de l’artillerie lourde est demandé sur MORONVILLERS, le camp de PETERSDORF et les cheminements voisins. Mais comme la veille, d’abord bon, devient vite trop court.

 Les pertes commencent à augmenter rapidement.

 En même temps, l’aviation ennemie, inexistante les jours précédents., entre en scène. Des avions boches viennent survoler nos lignes, à faible hauteur, ils la jalonnent de fusées blanches et rouges. Pis encore ! ils descendent plus bas, comptent nos hommes sur le terrain, les mitraillent à leur aise et semblent les narguer.

Enfin, à midi : l’artillerie allemande à son tour se met de la partie et commence un tir très efficace sur toutes nos positions.

 Malgré cela, les deux Bataillons sont décidés à rester sur le terrain conquis. Le Commandant NEGRIE ne veut pas repasser la crête, sachant combien il en coûterait pour la reprendre une deuxième fois. D’ailleurs le tir en écharpe des mitrailleuses du CASQUE rendraient le mouvement de retraite  bien difficile et bien meurtrier.

 A 15 heures, deux bataillons ennemis s’avancent sur nous, armés de fusils à baïonnette courte et du pistolet automatique. Il ont peu de mitrailleuses et pas du tout de grenades, c’est le corps à corps.

 Le commandant NEGRIE, son pistolet à la main, reste au milieu de ces hommes, qui encouragés  par la présence de leur chef, électrisés par sa vaillance ne reculent que pas à pas, en faisant de nombreuses victimes dans les rangs de ennemis. Mais ceux-ci ont le nombre pour eux et leur pression nous ramène peu à peu jusqu’au «  Blockhauss » à 200 mètres au sud du TETON.

La situation semble perdue. Quelqu’un a dit que les Boches nous tournaient par la droite.

Alors le Commandant TURE s’empare d’un fusil, la plupart de ses cadres l’imitent et tous se précipitent au secours du commandant NEGRIE, Au passage, ils apostrophent certains fuyards. La plupart, ranimés par cet exemple de bravoure, se retournent et suivent le mouvement.

Les Boches ne s’attendaient pas à ce retour offensif, ils sont surpris, bousculés, à leur tour ils tournent le dos et nous repassons la crête.

Dès lors la confiance revient  dans nos rangs.

Deux fois encore dans la soirée, les Boches contre-attaquèrent, deux fois nous perdîmes la crête, deux fois nous la reprîmes.

 Pendant ce temps le 3e  bataillon était venu au secours du 1er et 2e., tout le monde maintenant était en avant.

Les pertes effet, étaient considérables. La plupart des officiers ont été tués ou blessés. Au nombre de ces derniers était le commandant DELTHEIL , et les capitaines  A.M. DU PASSAGE et DE CAUSANS.

Puis vient la nuit, nuit terrible, nuit d’horreur, d’angoisse et de cauchemar. A chaque instant, le commandant NEGRIE voit « se glisser des ombres ». On a l’impression d’être entouré par un ennemi invisible : à chaque pas on croit le voir surgir.

Et le Boche en effet, cherche à s’infiltrer par les flancs .Il progresse peu à peu dans le bois de droite et de gauche.

 Lui aussi d’ailleurs se méfie : les échanges de barrage sont fréquents.

Le jour vient enfin, l’encerclement a été évité, les braves défenseurs du TETON boivent à cette lumière bienfaisante comme à la coupe du salut.

 La journée du 20 est plus calme. L’ennemi ne renouvelle pas ses attaques, mais continua ses bombardements. Le soir, le commandant NEGRIE, blessé au cou, quittait avec peine ce TETON qu’il avait si bien conquis et si vaillamment défendu.

Le 21 avril, le Régiment était complément épuisé. Il avait perdu 122 tués, 534 blessés et 183 disparus. Dans ce gros chiffre de pertes il y avait 28 officiers.

Les survivants étaient donc à peu près sans cadres. Toutes les unités étaient mélangées et il était impossible de remettre de l’ordre : la relève s’imposait. Elle eu lieu dans la nuit .

Le 22 au matin, après s’être rassemblés dans le bois du VALLON, les rescapés du TETON gagnaient le camp de la PYRAMIDE, à trois kilomètres nord-ouest de MOURMELON-LE-GRAND.

Le 26 avril, le Général J.B DUMAS, commandant le Corps d’Armée venait remettre la croix de la Légion d’Honneur au sous-lieutenant GAILLARD et la Médaille Militaire à l’adjudant téléphoniste COSSANNE, qui s’étaient tous deux particulièrement distingués au cours des derniers combats

Le 3 Mai, le 11equittait la PYRAMIDE et se mettait en route pour gagner ses cantonnements de repos ( VANAULT-LE-CHATEL et BRONNE ) où il arrivait le 7 Mai.

Le 11 Mai, le lieutenant-colonel DE DOUGLAS, tout joyeux, lui distribuait les premières fourragères.

 

 

FORET D’APREMONT Mai -Décembre 1917

Le 17 Mai, la 33ème R.I.rejoignait la II Armée et allait reprendre un deuxième fois le secteur de COMMERCY.

Le 11e Régiment était transporté en camions autos  de VANAULT-LE-CHATEL et MESNIL-LA-HORGUE.

Le 22 mai, le lieutenant-colonel DE DOUGLAS prenait le commandement de la zone RABIER ; nous occupions exactement les mêmes emplacements que pendant la période précédente.

Seul les cantonnements de repos étaient changés. Au lieu de BONCOURTet VIGNOT , ces cantonnements étaient maintenant LIOUVILLE, SAINT-JULIEN, GIRAUVOISIN, village presque déserts, situés au pied des côtes DE MEUSE en bordure de la WOEVRE.

Tout le secteur d’ailleurs, a changé d’aspect, la neige a fait place à la verdure. Avec le beau temps et la chaleur une assez grande agitation a remplacé le calme de l’hiver.

Retranché derrière le « HARICOT » d’APREMONT, l’ennemi tient sous son tir la « TROUEE DE MARBOTTE » où il gêne souvent nos convois.

 En avant, il a fait une forte concentration d’artillerie de tranchée, grâce à laquelle, pendant tout l’été, il pourra préparer et exécuter de gros coups de main.

Un de ces coups de mains ne peut être passé sous silence. Le 10 juin, après une nuit agitée au cours de laquelle deux de leurs patrouilles avaient été dispersées, les allemands déclenchent à 2 heures 30, sur tout notre front, un tir d’une extrême violence par obus et minenn de tous calibres, bombes à ailettes et mitrailleuses.

 Après une heure de ce bombardement, une fraction de (environ 40 hommes) pénètre dans nos lignes et attaque cinq de nos petits postes. Trois d’entre eux se dégagent à la grenade et peuvent se replier en combattant mais les deux autres demeurent encerclés par le tir ennemi.

Au jour, le tir cesse ; l’ennemi a abandonné tous nos petits postes, sauf un cependant, le Petit Poste Olivier, qu’il faut reprendre par une contre-attaque à la grenade.

Nos défenses accessoires et nos premières lignes sont entièrement bouleversées. Nos pertes sont de 10 tués, 19 blessés dont 2 officiers et 14 disparus. Parmi ceux-ci ,les recherches poursuivies pendant les trois nuits suivantes permettront de dégager deux cadavres et de constater sous les décombres la présence de quatre autres corps. Le déploiement est tel qu’il est impossible de pousser le déblayement plus en avant. Le Corps d’Armée, donnent l’ordre de reporter les postes en arrière.

De notre côté, le 12 Novembre, le sous-lieutenant MAIZIERES, était cité à l’Ordre de l’Armée pour « avoir, le 18 Octobre 1917, parfaitement préparé et dirigé un coup de main dans les organisations ennemies, soutenu un violent combat à la grenade et assuré en combattant personnellement , l’enlèvement de tous les blessés ».

Le 27 Octobre ,le lieutenant-colonel DE DOUGLAS, affecté à l’Etat-Major de la 4e D.I., faisait ses adieux au Régiment au commandement duquel il était remplacé, quatre jours après, par le lieutenant-colonel ANGELI.

 Le 14 Novembre, la 33e  D.I. était relevée par la 10e Division Coloniale et le 16, le Régiment est transporté par camions-autos de LEROUVILLE à TRONVILLE où il allait passer 35 jours de repos.

 

 

VERDUN  Décembre 1917- Février 1918

Embarqué à la gare de NANCOIS-TROUVILLE, les 10,11 et 12 Décembre, le 11e suit l’itinéraire bien connu : DUGNY, FAUBOURG PAVE, RAVIN DES VIGNES. C’était l’arrière maintenant. VERDUN ne recevait plus que rarement des obus. BELLEVILLE et SAINT-MICHEL semblaient dormir et se reposer encore de la longue faction montée pendant huit mois. SOUVILLE, FLEURY, même et DOUAUMONT avaient trouvé du calme dans leur désolation. Une route maintenant montait des pentes désertes et dévastées descendait dans le RAVIN DE LA DAME,et arrivait aux carrières d’HAUBREMONT où était installé un P.C. de division. Les pentes de la  DAME et de la COULEUVRE abritaient nos artilleurs et leurs 75.

La route continuait par le fond de la goulette et du HELLY jusqu’au fameux abri, autrefois souricières des Boches.

Ceux-ci, dominés maintenant par DOUAUMONT, s’accrochaient désespérément aux CRETES DU CHAUME et d’HERBEBOIS. Derrière, c’étaient ORNE et BEZONVAUX, rasés, et tout la –bas, la grande plaine de WOEVRE avec à l’horizon ETAIN et SPINCOURT aux hautes cheminées fumantes: combien de temps les Boches allaient-ils conserver ainsi nos richesses minières et industrielles ?.

 Le 11e occupe successivement, du 14 Décembre au 20 Janvier, les sous-secteurs CHAUME et HERBEBOIS.

 L’hiver est très dur et nos soldats ne savent plus , de ce dernier ou des Boches, quel est le plus grand ennemi.

La neige et la pluie tombent bientôt suivies par la gelée. Les pistes aujourd’hui boueuses deviennent le lendemain glissantes comme la glace:on ne peut plus se tenir debout là où la veille il fallait prendre mille précautions pour ne pas s’enliser.  Heureux ceux qui n’ont pas connu la boue des CHAMBRETTES !

Passé le P.C du Colonel, les tranchées et boyaux sont inexistants : on travaille sans doute, mais la pluie  où le Boche détruisent le lendemain le travail de la veille. Il faut veiller sans cesse.  Le boche nous guette, il voudrait nous chasser de la crête. Il tente de nombreux coups de mains, toujours précédés d’un violent bombardement.

Dès le 15 décembre, au lendemain même de notre arrivée, il avait réussi à aborder un de nos petits postes et pour le chasser, il fallut toute la vaillance et l’énergie de la 11e Compagnie. Les 11 et 17 Janvier, des tentatives analogues échouèrent pareillement. Ces tentatives sont aussi nombreuses dans le secteur  de droite et de gauche et chaque fois nous valent notre part de bombardement.

D’ailleurs, l’artillerie ennemie nous harcèle constamment. A l’arrière comme à l’avant, pistes et boyaux sont battu sans répit, avec plus de violence encore la nuit. Aux explosifs se mêlent les toxiques, imprudent celui qui n’a pas constamment son masque avec lui. Le ravitaillement se faisait alors à l’ESTACADE DU HELLY, que de tristes et horribles souvenirs cette place a laissé dans toutes nos mémoires. Les avions ennemis, par la vue de nombreuses pistes frayées, toutes convergeant vers ce point, s’étaient rendus compte de l’importance du mouvement et de la circulation.

Ainsi les rafales de 105 arrivaient à chaque instant, brutales et irrégulières, impossible à prévoir.

Que de fois la voiture partie à la nuit à VERDUN ne rentrait pas au matin, soit qu’elle ait été brisée par un obus, soit que le cheval ou le conducteur aient été tués ou blessés !

Que de fois la corvée partie des premières lignes y retournait les mains presque vides : les  toxiques avaient empoisonné toute la nourriture ou un malencontreux éclat était venu trouer le bidon de « pinard  » !

Et la journée recommençait, triste comme la veille quelquefois pire : pour le sommeil, il n’y avait point de place :

 Il y a des abris, mais la plupart inondés, l’eau coule comme à travers une passoire.

 La liaison se fait  par coureur, de relais à relais et c’est là un rude métier :dans la nuit, dans la boue, sous les tirs de barrage, on se perd facilement.

Le téléphone est un moyen bien précaire et on ne peut l’utiliser que vers l’arrière. En revanche, la T.P.S. et la T.S.F. rendent de grands services.

Après 35 jours de ligne ; la 33e D.I. fut relevée dans le secteur des CHAMBRETTES par la 153 D.I.

On a dit des Régiments de VERDUN qu’ils étaient une « boue vivante ». C’est bien le qualificatif qui convenait au 11e lorsque, le 20 Janvier, ayant cédé la place au 9e Zouaves, ils descendait des lignes vers le FAUBOURG PAVE. 

 

 

TROYON et les       LES EPARGES. Février - Mai 1918

2e séjour aux CHAMBRETTES

 

 

Après 9 jours de repos passés dans les cantonnements de SAINT-LUMIER, en CHAMPAGNE et SAINT-QUENTIN-LES-MARAIS, le 11e qui avait débarqué le 24 janvier à BIRSME était embarqué de nouveau à cette même gare et transporté à DUGNY d’où il faisait étape jusqu’à GENICOURT.

Répartis ensuite dans les camps des REUNIS, ROMBLIN, MARQUETTERRE, MASSA et dans les villages de TROYON, AMBLY, TILLY, GENICOURT et RUPT-en-WOEVRE, il participe à des travaux de 2e position qui durent jusqu’au 28 février.

A cette date la 33.D.I. relève le 20e en ligne, au 11e Régiment échoit le secteur des EPARGES qu’il occupera pendant un mois.

Cette période est marquée par l’arrivée de Divisions Américaines dont les troupes viennent s’insérer entre nos bataillons, sous la direction tactique du Colonel Français, se préparent ainsi à l’occupation d’un front qui va leur être dévolu.

Le séjour aux EPARGES fut calme.

Parfois, cependant l’artillerie ennemie se montra assez active. Les 29 mai et 7 avril nous eûmes même a repousser deux attaques sur nos petits postes de la crête des EPARGES.

Les 12, 13,14 mai par SOMMEDIEU et SENONCOURT nous nous rendions à YPECOURT où nous passâmes une semaine.

De là, une fois encore nous remontâmes au Nord de VERDUN et le 22 mai nous reprenions aux CHAMBRETTES nos positions de l’hiver dernier.

Avec le beau temps le secteur s’était organisé, et, si l’aspect des choses et désolation était resté le même le séjour y était moins pénible. D’ailleurs l’artillerie ennemie était beaucoup calmée.

Néanmoins, le 27 mai, le 2e Bataillon eut à subir une violente attaque. Après une très forte préparation d’artillerie par obus de gros calibre, mines et obus toxiques, l’ennemi réussit à pénétrer dans nos positions avancées. Un prompt retour offensif de nos troupes l’en chassa immédiatement et l’obligea à regagner ses lignes non sans avoir laissé cependant de nombreux cadavres sur le terrain. La quantité de munitions et vivres de réserve trouvées sur ces cadavres semblait indiquer que les allemands avaient eu en vue une sérieuse action offensive.

 Au cours du combat nous avons perdu 5 tués, 20 blessés, 243 intoxiqués et 40 disparus.

Dans les premier jours de juin, le 11e disait définitivement adieu à VERDUN et était embarqué à LANDRECOURT, le danger était ailleurs.

C’était l’époque où tous les Français suivaient avec anxiété sur leur carte la nouvelle avance boche que chaque communiqué annonçait. Après MONTDIDIER, CHATEAU-THIERRY et DORMES étaient aux mains de l’ennemi. Celui-ci maintenant portait tous ses efforts sur l’OISE et l’AISNE et cherchait à tourner les forêts de COMPIEGNE et de VILLERS-COTTERETS.

Heureusement l’armée MANGIN lui opposait la plus vive résistance.      

 

BOIS BUCHET  Juin- Juillet 1918

La 33e D.I. fut vite regroupée dans la zone de NETTANCOURT.

Le 10 juin, le 11e après quelques jours passées dans les cantonnements de NEUVILLE-SUR-ORNE, LAIMONT et LOUPPY-LE-CHATEAU, fut embarqué à MUSSEY, le lendemain, il débarquait à LONGUEIL-SAINT-MARIE. Déjà on disait que le train  ne pouvait aller plus loin. Sur tout le parcours, depuis CREIL, à chaque gare, nous avions vu le troupeau lamentable des évacués, épuisés, fuyant comme aux sombres jours de 1914 et attendant qu’un train sauveur veuille bien les prendre. Mais celui-ci se faisait longtemps attendre.

En sortant de LONGUEIL, nous prîmes la direction de COMPIEGNE : un régiment d’artillerie nous croisa au galop. Et tout le long de la route, le convoi était interminable de ces habitants qui avaient déjà vu les Boches en 1914 et ne voulaient pas rester sous leur domination. Il fuyaient, les uns emportant un simple petit paquet, les autres emmenant leurs troupeaux et leurs charrettes chargées de meubles.

Les nouvelles étaient mauvaises.

On disait que les Boches avançaient toujours. Il étaient à quelques kilomètres de COMPIEGNE seulement. Demain peut-être, ils seraient ici, demain ce serait sans doute à notre tour d’essayer de les arrêter.

Nos cantonnements pour la nuit n’étaient pas loin, nous y étions avant la fin du jour. Ils avaient nom ARMANCOURT, JAUX, JONQUIERES et LES TARTRES. Tout près devant nous était COMPIEGNE. Toute la nuit, des avions Boches vinrent y jeter leurs bombes qui s’écrasaient avec un fracas horrible, allumant des incendies, faisant gronder un tonnerre dans toute la vallée de l’OISE.

A notre grande surprise, le lendemain, nous n’eûmes aucun ordre de marcher en avant. Puis nous apprîmes que les Boches n’avançaient plus, qu’ils étaient arrêtés. Dès lors, nous étions destines à aller relever quelqu’une de ces belles divisions qui avaient enrayé l’avance.

 En effet, le 17 juin, nous traversons la forêt de VILLERS-COTTERETS et allions bivouaquer dans le bois de MONTROLE, non loin de RETZ. Deux jours après,  la Division prenait le secteur s’étendant de TROESNES à FAVEROLLES, sur les coteaux de la rive droite de l’OURCQ.

Le 11e, au centre s’installait au BOIS BUCHET.

Ce n’est plus la guerre de tranchées.

Ce ne sont plus les coteaux de VERDUN brûlés et défoncés. Ici, nous sommes à découvert. Les bois sont verts et feuillés jusqu’en première ligne , les habitants ont fui, mais les oiseaux sont restés : peut être ont-ils compris, eux, que les Boches n’étaient pas là pour longtemps.

Notre artillerie mène la danse, harcèle l’ennemi jour et nuit. Celui-ci répond faiblement. N’est-il occupé maintenant à attaquer en vain REIMS ?

Le 25, le sous-lieutenant PETITOUT conduit une patrouille de reconnaissance, traverse deux ruisseaux qui séparent les lignes et va cueillir deux boches qui revenaient tranquillement de leur corvée de soupe. On se réjouit à la vue de leur maigre pitance composée seulement de harengs fumés, d’un peu de morue  et du pain noir.

La physionomie du secteur ne changea pas pendant tout le temps que nous l’occupâmes. L’artillerie boche s’acharnait surtout sur les villages de SILLY-LA-POTERIE et à droite sur la FERME HITON.Les pistes dans les bois et au fond des ravins étaient également bombardées avec des toxiques, surtout la nuit. On prenait les repas à AUTHEUIL.

Les 16 et 17 Juillet, nous étions brusquement relevé par un bataillon du 39e Régiment d’Infanterie Américaine et allions prendre immédiatement le secteur à l’Est de MOSLOY sur les coteaux situés de l’autre coté de l’OURCQ. Que se passait-il ?

Nous n’allions pas tarder à le savoir.

 

BATAILLE DE L’OURCQ 18-30 Juillet

Le 17 juillet, à 23 heures, le Commandant DE JAUSIONDY, Commandant le Régiment en l’absence du colonel ANGELI, permissionnaire, avait établi son P.C. à MOSLOY et y donnait à ses trois Chefs de Bataillon  les ordres d’attaque pour le matin même.

Les Boches, dépensant inutilement leurs force dans de vaines attaques en CHAMPAGNE allaient être pris de flanc par les armées MANGIN et DEGOUTTE.Leur aile droite, que nous attaquions étaient complètement dégarnie, nous prenions par surprise, à notre tour maintenant d’aller de l’avant, le succès nous était assuré. L’attaque sera menée par colonne de Division, les 9 Bataillons passant tour à tour à l’avant-garde, au gros et à l’arrière-garde. Elle remonterait la rive gauche de l’OURCQ et commencerait à 4 heures 35. Il n’y avait donc pas une minute à perdre, nous avions juste le temps de nous mettre en place.

En tête et accolées marchaient les 2e et 3e Bataillons, le 1e à gauche sous les ordres du Commandant GOUTINES, le 2e à droite sous les ordres du Capitaine MORELIERAS. Dans chaque bataillon, les Compagnies venaient en profondeur. Le 1er Bataillon ( commandant TURE) restait en soutien dans les boqueteaux au sud de SAINT-VAAST.

Pendant la nuit, il était arrivé beaucoup de canons à tracteurs dont le feu devait s’ajouter à celui de l’artillerie divisionnaire. Ainsi, est-ce sous la protection d’un admirable barrage roulant que l’attaque se déclencha le 18, à l’heure fixée : le jour venait à peine de se lever.

 Le Boche surpris, lâchent pied et nos soldats, accompagnés par nos avions, dont le ronflement les rassure et les encourage commencent leur progression. Celle-ci est normale.

Cependant la première stupeur passée, l’ennemi se ressaisit vite : déjà  il ne fuit plus, mais il bat méthodiquement en retraite.

 A notre gauche, le 20e est arrêté par le Bois I et notre 2e Bataillon est gêné  par les feux de flanc venant de ce même bois. Mais cela ne sera pas un long arrêt :le bois est rapidement débordé et nous atteignons notre premier objectif ; MARIZY-SAINT-GENEVIEVE.

 Le village, attaqué au sud et de front par la 11e Compagnie, au nord par la 7e est enlevé de haute lutte. Six mitrailleuses et 30 prisonniers restent entre nos mains. Il est seulement 5 heures 05.

La marche est reprise à 6 h50, mais le débouché du village est pénible. Les mitrailleuses et l’artillerie ennemies postées devant nous sur la croupe de MARIZY-SAINT-MARD battent violemment les pentes descendant vers le ruisseau  du GRIL, situé entre les deux villages. Une préparation est demandée à notre artillerie et la progression continue sous la protection de notre barrage roulant.

 A 10 heures 30, la 10e Compagnie réussit à déborder MARIZY-SAINT-MARD par le Sud pendant que la 11e l’attaque de front : la manœuvre réussit, à 11heures 15 le village est à nous et la 10e  Compagnie s’établit sur la lisière Est.

Dans cette position elle est fortement en flèche car la progression du 2e Bataillon a été arrêtée sur les pentes Est du GRILL par les tirs violents des mitrailleuses de la rive droite de l’OURCQ encore au pouvoir de l’ennemi.

Ce n’est qu’à la tombée de la nuit que la 10e Compagnie peut effectuer une nouvelle progression jusque sur la crête à l’Est de MARIZY-SAINT-MARD. A ce moment la droite et la gauche ont également avancées et la liaison est solidement établie.

La prise du 2e Objectif nous avait rapporté 20 prisonniers, une batterie de 105, 2 canons de 77 contre avions, 2 mortiers de tranchée, 4 chevaux.

La nuit est calme, les cuisines roulantes viennent ravitailler sans incident.

Le Chef de Corps a transporté son P.C. à MARIZY-SAINT-GENEVIEVE. Le lendemain matin à 4 heures l’attaque est reprise. Le 1e dépasse le 3e qui devient ainsi bataillon de soutien.

A peine le mouvement est-il commencé  le Commandant TURE est blessé ; le Capitaine BELOT le remplace dans son commandement.

 La progression est plus dure que la veille. L’ennemi fait un violent tir de barrage sur le plateau à l’Est de MARIZY-SAINT-MARD. Les avions, qui n’étaient pas sortis pendant toute la journée du 18, nous survolent en nous mitraillant et en nous lançant des grenades.

Néanmoins le 1er bataillon atteint son objectif : le moulin HOTEL DIEU, à 7heures 30. Le 2e bataillon toujours gêné par les mitrailleuses de la rive Nord de l’OURCQ arrive seulement à 9 heures à la « SUCRERIE » et au « MOULIN NEUF ». On se repose. Le chef de Corps s’installe à MARIZY-SAINT-MARD et la progression est reprise à midi.

 Le 1er bataillon atteint rapidement les côtes 124 et 127, débordant ainsi entièrement le village de NEUILLY-SAINT-FRONT que l’ennemi abandonne et où la Division voisine pénètre sans coup férir.

  Le 2e Bataillon, malgré le retard du Régiment de gauche dépasse lui aussi la route de NANTEUIL à la station Sud du château PRINZY.

Ainsi les objectifs de la 2e journée sont atteints. Pendant la nuit, l’ennemi bombarde fréquemment les bords de l’OURCQ mais il cède toujours du terrain.

Le village de VICHEL évacué est occupé par les patrouilles du 1e bataillon du 9e R.I., qui a remplacé notre 2e bataillon devenu maintenant réserve de l’I.D. Le colonel ANGELI, rentré de permission, reprend le commandement du Régiment et de l’avant-garde.

Le mouvement en avant reprend à 3 heures 40. Rapidement, notre bataillon atteint la côte 122 pendant que le Bataillon du 9e occupe la côte 98.

L’ennemi s’est accroché alors à la côte 159, que nous n’emportons qu’à 7 heures 30 de haute lutte.

Maintenant les Boches semblent s’être vraiment ressaisis. Ils ont ramené de l’artillerie et font de violents  tirs de barrage. Ils amènent même des troupes qui, débouchant du ravin du WADON, tentent une contre-attaque sur la côte 159. Nos 2e et 3e Cies les repoussent, non sans subir des pertes sérieuses.

 Cet échec semble décourager un peu les Allemands et à 13 heures 15, nous pouvons nous emparer du bois au nord de la côte 159, pendant que le 9e réussit à enlever le village de NANTEUIL-SUR-OURCQ.

A la nuit, un nouveau bond porte notre ligne sur le ruisseau : le WADON dont nous occupons le passage.

La 3e  journée de bataille avait été plus dure que les précédentes et l’ennemi était revenu de sa surprise du début. Néanmoins en fin de journée nous avions progressé normalement. Entre nos mains étaient restés de nombreux prisonniers , un énorme matériel et plus de 20 mitrailleuses.

Le 21 Juillet, le 9e R.I. devient Régiment d’avant-garde sous les ordres de son colonel. Le Colonel du 11e qui veille, avait transporté son P.C. à la station Sud-Ouest du château PRINZY prend le commandement de réserve de l’I.D.

 Dès lors, les 3 bataillons du 11e R.I. se trouvent ramenés un peu en arrière. Pendant les journées des 21 et 22 ils ne seront pas engagés. Ils suivront la progression générale, car le Régiment d’avant-garde s’emparera de MONTGRU, BRENY et ARMENTIERES.

Le P.C du Colonel se transportera d’abord à VICHEL-NANTEUIL puis à NANTEUIL-SUR-OURCQ.

Les T.C et T.R feront mouvement eux aussi et s’installeront respectivement : le 1er à la « SUCRERIE » le 2e à MARIZY-SAINT-MARD.

 Le 23 juillet le 3e Bataillon du 11e R.I.relève un bataillon du 20e en 1re ligne aux lisières du village d’ARMENTIERES. Les deux autres bataillons montent en soutien et réserve d’I.D.

Le 24, le colonel ANGELI reprend le commandement de l’avant-garde qu’il conservera jusqu’à la fin de la bataille. Il a son P.C à BRENY.En ce moment la 1re ligne est composée du 3e bataillon du 11e à droite et du 3e bataillon à gauche.

Cette journée du 24 devrait très dure pour nous.

En effet, le 2e D.I. à notre droite devant effectuer une importante progression, nous avons pour mission de couvrir son flanc gauche.

A ce moment, l’ennemi est fortement retranché sur les crêtes dOULCHY-LE-CHATEAU, il ne veulent pas lâcher cette position, sans répit son artillerie fait un tir très meurtrier sur tout le secteur, entre BRENY et ARMENTIERES.

Néanmoins, notre 3e Bataillon enlevé par le commandant DE JAUSIONDY se porte en avant sur la croupe à l’Est dARMENTIERES. Mais la rive Nord de l’OURCQ est fortement tenue par l’ennemi. Ses mitrailleuses fauchent nos compagnie de tête qui parviennent quand même à réaliser une progression de 600 mètres environ à l’Est du village. Il est complètement impossible d’aller plus avant. Sur la gauche d’ailleurs, le bataillon du 20e.est complètement en retrait.

A la nuit, on pourra progresser jusqu’en bordure de la voie ferrée, à l’Ouest de NANTEUIL-NOTRE-DAME.

Toute la nuit du 24 au 25 restera mouvementée. L’ennemi à la rage au cœur. Ses batteries de tous calibres ne cessent de bombarder nos nouvelles positions ainsi que les routes et les carrefours. Le village de BRENY est particulièrement visé. Le colonel BERAUD-REYNAUD, commandant l’I.D. y a transporté son P.C. qu’il a imprudemment installé dans une cave dont l’entrée fait face a l’ennemi. Quelques heures après, un obus passant par cette entrée vient éclater au milieu de la cave : Le colonel BERAUD-REYNAUD, le commandant COUTINES, alors en réserve d’ I.D. qui étaient venu prendre ses ordres et la plupart des officiers de l’E.M. sont tués. 

Le 23, à 3 heures, malgré la fatigue de la veille, le 3e Bataillon enlève le village de NANTEUIL-NOTRE-DAME et s’établit à l’Est sur la côte 123, en liaison à droite le 8e R.I.

A 9 heures, les Allemands lancent  une violente contre-attaque sur cette nouvelle position. La 10e Compagnie tient magnifiquement, mais le Régiment de droite doit céder du terrain

Dès lors, la gauche n’ayant pas progressé, notre 3e Bataillon reste en flèche sur la côte 123 et pendant toute la journée, la situation sera stationnaire.

Les journées des 24 et 25 Juillet, extrêmement pénibles pour nos troupes, nous avaient coûté 19 tués, 91 blessés et 4 disparus.

Le 26 Juillet, le 1er Bataillon du 11e Régiment d’Infanterie avait relevé en ligne le 3e Bataillon du 20e R.I, entre le château d’ARMENTIERES et la station à l’Ouest  de NANTEUIL, mais, par la suite de la stabilisation des D.I. voisines, aucune progression ne fut effectuée.

 Dans la nuit du 26 au 27, le secteur de la 33e D.I. est étendu  vers le sud jusqu’à la ligne POIRIER-DU-MESNIL, en liaison à droit avec la 63ème D.I.

En conséquence, le 1er bataillon du 11e relève sur les pentes Ouest de la côte 120 un bataillon du 208e. La division a donc dès ce moment trois bataillons en ligne, mais elle n’a plus qu’une progression à effectuer pour être éliminée à son tour du front d’attaque.

Au cours de la journée, la D.I. de droite progresse vers la côte 174. Aussi le soir, vers 17 heures, notre 1er Bataillon envoie une patrouille vers le village de BRUYERES. Cette patrouille essuie des coups de feu et des rafales de mitrailleuses, mais réussit à s’installer aux abords du village et envoie des renseignements qui font supposer un repli de l’ennemi.

 Ordre est alors donné de pousser de l’avant. Poursuivi par nos éléments légers, les Allemands ripostent, mais se replient dans les bois  à l’Est du village. A 18 heures, BRUYERES est enlevé et complètement occupé par la 1re Compagnie sous les ordres de Lieutenant BILLOUDET.

A ARMENTIERES et NANTEUIL-NOTRE-DAME , nous avions déjà trouvé quelques civils réfugiés au fond des caves ou dans les grottes; à BRUYERES nous en délivrions 21 : c’était une véritable population qui nous acclamait. Décrire la joie de ces braves gens est impossible. Pendant leur captivité, ils avaient été victimes de toutes les exactions boches, obligés à travailler pour de maigres salaires, « chichement ravitaillés, pillés dans leurs maisons et dans leurs récoltes »

« Nous avons bien souffert, dit une femme, dans son dur langage, nous n’avons plus rien, mais maintenant que nous sommes quittes de ces brigands-là, c’est tant mieux »

Dans la matinée du 28 Juillet, malgré les violentes rafales des mitrailleuses de la rive nord de l’OURCQ, nos éléments procèdent par infiltration atteignent les villages de TRUGNY et du VAL CHRETIEN. La rive sud de l’OURCQ est nettoyée, nous faisons face au nord.

Dans la nuit, le Colonel qui, depuis le26 avait son P.C. à ARMENTIERES, le transporte près de l’auberge du « Coq Hardi », au sud-est de BRUYERES.

Le 29 sera notre dernier jour de combat. Notre mission est d’appuyer et de relever les attaques des D. I. voisines dont les ailes doivent se rencontrer vers SAPONAY. Dès lors, nous sommes éliminés du front d’attaque. Mais les progressions de droite et de gauche sont très lentes. Après la ligne de l’OURCQ, c’est maintenant celle de la VESLE que l’ennemi commence à défendre avec acharnement : son artillerie et son aviation surtout sont très actives.

 Dans l’après-midi, nous réussissons à pousser une Compagnie sur la rive nord de l’OURCQ et, à la nuit, le régiment de droite (305e) qui avait été arrêté toute la journée sur l’OURCQ peut reprendre son mouvement en avant et opérer sa jonction avec la 41e D.I. à droite.

 Notre mission était terminée et nous recevions l’ordre de rejoindre, le 30 Juillet, la zône de rassemblement de la D.I., dans les bois de BONNES,à 1 kilomètre au sud-ouest de GRISOLLES.

Le 31 juillet, nous recevions les félicitations du Général TANNANT, commandant la 33e D.I.

La Victoire était belle. Le Boche avait commencé sa retraite et ne devait plus s’arrêter.

  La part qu’avait pris le 11e. dans cette première victoire était magnifiquement résumée quelques jours plus tard dans sa troisième citation à l’Ordre de l’Armée.

 

«  Sous les ordres du commandant DE JAUSIONDY puis du colonel ANGELI, a mené sans arrêt la lutte du 18 au 30 juillet 1918, dans l’offensive entre AISNE et MARNE. A attaqué presque constamment en flèche et, malgré sa situation désavantageuse, atteignant toujours ses objectifs, enlevant de haute lutte plusieurs villages et positions fortement défendues, capturant de nombreux prisonniers, plusieurs canons, de très nombreuses mitrailleuses et un énorme matériel de guerre »

 

Du BOIS de BONNES, le 11e R.I. suit l’itinéraire BUSSIERESJOUARRE pour gagner ses cantonnements de repos à FARMOUTIERS, POMMEUSE et CELLE-SUR- MORIN.

Ce repos dura trois semaines et fut employé à toutes sortes d’exercices d’offensive : il ne fallait plus laisser à l’ennemi un moment de répit.

 

BATAILLE DE l’AILETTE Août -Septembre 1918

Dans la nuit du 23 au 24 Août, le 11e quittait FARMOUTIERS en camion-auto et était transporté  à PUISEUX.

 Le 25 au matin, il embarquait de nouveau dans les mêmes camions qui le conduisaient à NAMPCEL, à peu près rasé, lamentable dans ses ruines, comme tant de ces villages de l’ AISNE depuis la bataille de 1917.

Il fallait maintenant enlever à l’ennemi la formidable position de SAINT-GOBAIN, une des charnières les plus importantes de son organisation défensive. La tâche était d’autant plus dure que nous avions devant nous deux obstacles naturels : L’AILETTE et le CANAL.

La bataille, commença le 29 est menée au début par les 9e et 20e, le 11e restant en réserve à proximité du village de SELENS.

 Mais les régiments de tête eurent grand mal à passer l’AILETTE et le CANAL.

Ils eurent vite besoin de renforts et, le 1er Septembre à 8 heures 25, le 2e Bataillon du 11eattaquait sous les ordres du colonel du 9e la lisière nord-ouest du BOIS DES LAIES.

L’attaque fut brillamment menée par les 5eet 6e Compagnies sous le feu violent des mitrailleuses, des mortiers d’accompagnement et malgré les réseaux de fils de fer, elles réussirent à franchir les 300 mètres d’espace dénudé qui les séparaient du bois.

 Le sous-lieutenant MARTIN, à la tête d’un peloton de la 6eCompagnie, tomba sur un centre de résistance ennemi, tua deux allemands et contraignit les autres à se rendre : il y avait un aspirant et 18 hommes.

En même temps la 5e Compagnie s’emparait de 4 mitrailleuses, 5 mitraillettes et d’un canon d’accompagnement que le sous-lieutenant LAFON retourna immédiatement sur l’ennemi en fuite.

Vingt-cinq minutes avaient suffi pour réaliser cet exploit.

 Dans l’après-midi, une violente contre-attaque fut repoussée et nous portâmes même notre ligne jusqu’aux abords de la grande allée transversale.

Le 2 Septembre, la progression va reprendre, semble-il, déjà les éléments avancés de l’ennemi se replient, mais soudain de multiples mitrailleuses se dévoilent, et nous infligent des pertes sérieuses. Il faut s’arrêter.

Dans la nuit, notre1er Bataillon relève à gauche du 2e un bataillon du 9e R.I.

Pendant toute la journée du 3, nos deux bataillons tentent vainement de s’infiltrer dans le bois sans préparation d’artillerie. Le feu intense des mitrailleuses rend toute progression impossible.

Il en sera de même pendant la journée du 4. L’attaque est impossible sans préparation d’artillerie. Celle-ci aura lieu le lendemain matin.

Entre temps, le colonel ANGELI a relevé à CUNY le commandant du 9e R.I.

 Le 5 Septembre, à 8 heures, après une forte préparation d’artillerie, l’attaque se déclenche sur tout le front de la Division.

Derrière le barrage roulant, nos troupes progressent sans rencontrer de résistance, capturant de nombreuses mitrailleuses et un important matériel abandonné par l’ennemi.

Celui-ci a déjà battu en retraite, à 10 heures 05, l’objectif final la voie ferrée, est atteint et aussitôt les patrouillent chargées d’assurer le contact continuent la marche en avant, sur les pentes de COUCY-LA-VILLE, s’emparant successivement de la ferme LONGUEVAL, de VERNEUIL-SOUS-COUCY et de la ferme PIGNON.

 Le 3e Bataillon, en réserve d’I.D.a suivi cette progression et, dans la nuit du 5 au 6, il relève en première ligne les éléments des 1er et 2e Bataillons.

Le 6, à 3 heures du matin, une reconnaissance sous la conduite du lieutenant DOREAU, a battu le plateau au nord-est de VERNUEIL jusqu’à la route le BUIN-RAZIERES et n’a rencontré aucun ennemi.

Ainsi dès le jour, tout le Bataillon se porte en avant. Il progresse sur le plateau de NORMEZIERES et descend sur le ruisseau du même nom en utilisant les anciens boyaux dont la plupart sont recouvert d’herbes, mais à ce moment il est arrêté par des mitrailleuses qui entrent en action au nord de la CROTTOIR. Ce n’est qu’à 16 heures que la 10e Compagnie, après un combat à la grenade, pourra continuer la marche.

Le lendemain matin, nous occupons nos anciennes tranchées en face de la ligne HINDENBURG, où l’ennemi est solidement retranché. Le front est de nouveau stabilisé dans une situation identique à celle de 1917.

Boyaux et tranchées sont en très mauvais état. Nos unités s’emploient de leur mieux à réorganiser le secteur.

Le 17 Septembre, le 11e est relevé par le 20e et va passer 7 jours dans les villages de CROCOS,ORGIVAL et SAINT-PAUL-AU-BOIS.

Le 24, il relève le 9e R.I. dans le secteur de BARISIS où, après trois jours, il est lui-même remplacé par le 143e..

 Le 28, il gagne BLERANCOURDELLE et le lendemain JAULZY ou il restera 12 jours.

 Le 8 octobre, il assiste à la revue des troupes de la 33e D.I par le Général FAYOLLE, commandant le G.A.R.

Le 10 octobre, il a connaissance du brillant ordre du jour que le général DEBENEY adressait aux soldats de la 1re Armée au lendemain de la bataille de SAINT-QUENTIN.

« Vous avez supporté de dures fatigues pendant ces deux mois de combat et de stationnement dans une région méthodiquement dévastées, mais le spectacle de nos pauvres villages en ruines, de nos arbres mutilés, de nos maisons ruinées et pillées, en soulevant votre indignation à découplé vos forces. L’heure de la Justice va enfin sonner »

 

Après la ligne HINDENBURG, les Allemands défendent avec la dernière énergie celle de l’OISE. Une nouvelle bataille va commencer, le 11e y prendra une part glorieuse.

 

 

ORIGNY  Octobre 1918

Parti de JAULZY le 11 Octobre, le 11e stationne successivement à BESME, BOURGUIGNON, FRESNE et CORNELIN,dans la partie Est du BOIS DE GENLIS, à ESSIGNY et CONTESCOURT, dans le bois au nord d’ HOMBLIERES ( Est-de-SAINT-QUENTIN )

Dans la nuit du 15 au 16, il gagne REGNY ou s’établit le P.C.du Colonel.

 Le 3e bataillon ( Capitaine BOCHUT ) relève à THENELLE un bataillon du 225e R.I. Il doit attaquer le 17 au matin le gros village d’ORIGNY-SAINT-BENOITE, doublement protégé par l’OISE et son canal.

L’attaque se déclenche à 3 heures 35, deux compagnies réussissent à franchir l’OISE malgré le tir violent de l’ennemi, mais tombent aussitôt sur un réseau intact flanqué de nombreuses mitrailleuses, dont le feu très nourri rend toute progression impossible. Deux hommes qui ont essayé de s’approcher du réseau pour faire une brèche ont été blessés presque aussitôt. Afin d’éviter des pertes, les Compagnies se retirent, non sans peine, en laissant deux sections sur la rive droite pour maintenir le fruit de leur avance.

 A 10 heures, le 1er bataillon ( commandant DE JAUSIONDY )est mis, à la disposition du Colonel commandant le 8ème Tirailleurs qui opère sur la rive gauche de l’OISE et attaque MONT d’ORIGNY.

Dans la matinée les Tirailleurs avaient réussi à s’emparer de presque tout ce dernier village qui n’est que le prolongement vers le Nord d’ ORIGNY-SAINTE-BENOITE, mais une contre-attaque les avait rejetés dans la partie Nord, de l’autre coté de l’Eglise.

Dès lors, l’action du Régiment se trouve très distinctement partagée. Nos deux bataillons de ligne opéreront presque toujours séparément, d’ailleurs, la liaison entre eux sera difficilement établie.

Pendant toute la journée et la nuit suivante, les bataillons restent sur leurs emplacements.

 Cette nuit du 17 au 18, cependant, nous sera très préjudiciable, à la suite d’un violent bombardement par explosifs et toxiques sur le village de REGNY et les alentours immédiats.

Le P.C. du Colonel souffre particulièrement, une grosse partie du matériel est détruite, le Colonel ANGELI est intoxiqué par les gaz et évacué ainsi que la plupart des officiers de son entourage. Le Chef de Bataillon GILLET, adjoint au Chef de Corps prend le commandement du Régiment.

Le 18 à 5heures 30, le 1er Bataillon attaque MONT d’ORIGNY en liaison avec les Tirailleurs. Il a pour mission de nettoyer la rue centrale du village jusqu'à la PATTE d’OIE  et de marcher ensuite du Sud au Nord pour occuper ORIGNY-SAINT-BENOITE et les côtes 120, 117 et 119.

Mais le défense ennemie est très serrée ; les mitrailleuses sont nombreuses, bien servies, bien approvisionnées. Cachés dans les maisons, derrière les murs et les clôtures les allemands se sentent en sécurité et balayent toutes les voies d’accès.

 Le sous-lieutenant  BUSCON, commandant la section de tête, réussit une progression de 500 mètres environ, mais les Boches contre-attaque immédiatement et ce jeune officier tombe, mortellement frappé d’une balle au front.

 Le terrain gagné n’en n’est pas moins conservé et la 2e Compagnie, qui procède au nettoyage, s’empare d’une mitraillette, de deux mitrailleuses que les servants viennent d’abandonner précipitamment : 5 boches sont cernés et capturés dans une cave. Le soldat POZZIOLI se distingue particulièrement en sautant sur deux mitrailleurs qui s’enfuient laissant leur pièces entre les mains du vainqueur.

La progression cependant ne peut être poursuivie davantage. Les Tirailleurs sont en retraite et notre flanc gauche est ainsi découvert. Le tir ennemi se fait de plus en plus meurtrier. Le bataillon s’arrête et s’organise pour parer, le cas échéant, à un retour offensif.

Dans l’après-midi, après une courte préparation d’artillerie, le 3e bataillon qui n’avait toujours pas pu progresser sur la rive gauche de l’OISE attaquait l’écluse d’ORIGNY et s’en emparait malgré les difficultés du passage sur le pont  détruit par l’ennemi.

L’adjudant MARTRES se signale par son courage au cours de cette opération particulièrement délicate.

Du 19 au 25 la situation restera stationnaire. Nos nombreuses tentatives d’attaques autant du coté du 3e bataillon que celui du 1er seront toutes enrayées.

L’ennemi est toujours en éveil. Perchés dans les greniers, ses mitrailleurs surveillent tous nos mouvements. On ne peut pas bouger sans attendre aussitôt une balle siffler à ses oreilles. Pendant la nuit les passerelles de fortune établies sur l’OISE et sur le canal sont constamment bombardées ainsi que les pistes qui y aboutissent. Le ravitaillement est très long et très pénible à faire. Comme au BOIS BUCHET comme à l’AILETTE, il n’y a pas de bombardement sans toxique et les gaz se concentrent comme à plaisir dans toute la vallée de l’OISE.Plusieurs fois par jour, on est obligés de mettre les masques.

Durant les journées des 21,22 et 24 ,l’artillerie ennemie s’acharne plus particulièrement sur la partie de MONT d’ORIGNY que nous occupons. Sous l’action d’obus de gros calibre les maison s’écroulent, les caves s’effondrent. Il est presque miraculeux que nos hommes ne soient pas tous engloutis sous les décombres.

Ce rendant compte de l’impossibilité de tout succès sans préparation d’artillerie le Commandant fait battre les deux villages par notre artillerie lourde pendant tout l’après-midi du 25.

Dès 6 heures , le, matin, le 3e bataillon essaie de tourner par l’écluse la position qui ne peut être prise de front.

Les unités faisant face à l’objectif, avec leurs mitrailleuses, canon de 37 et J.D. aveuglent les mitrailleuses.

La 9e Compagnie parvient à gagner du terrain sur la gauche, elle prend l’adversaire à revers et jette la panique dans ses rangs. Pendant que les mitrailleuses ainsi surprises sur leur flanc essaient de faire face à la nouvelle attaque, le capitaine HONESTE porte au pas de course son unité en avant et  permet pas à l’ennemi de se ressaisir. Le sergent CONVERT, commandant la section de tête, tue lui-même un aspirant au moment où il allait déclencher le tir, s’empare de 4 mitrailleuses et fait 30 prisonniers.

Profitant de ce succès du 3e bataillon, le 1er  se porte à son tour en avant dans le village de MONT-d’ORIGNY, en liaison à gauche avec le 20e R.I. qui a remplacé le 8e Tirailleurs.

 La lutte est chaude et acharnée. Les corps à corps sont nombreux.

Chaque maison est une petite forteresse qu’il faut réduire. Dans toutes, il y a des Boches qui nous mitraillent par les soupiraux des caves, par les fenêtres ou même du haut des greniers. Plusieurs ne tomberont que grâce à l’emploi de lance-flammes.

A 11 heures 45, la 1e Compagnie qui est en tête, se trouve après ce rude combat dans les rues, fortement en flèche, elle doit s’arrêter et rester sur ces positions.

 Les Boches profitant de cette accalmie jugent sans doute la situation désespérée, ils veulent fuir et commencent à remonter la côte Est du village. Mais ils sont vus de nos postes d’observation qui font déclencher un  feu roulant de 75 sur la route aux fuyards. La plupart de ceux-ci rebroussent alors leur chemin et reviennent s’installer dans des abris sûrs et les caves du village où le soir nous n’aurons qu’à les cueillir.

La marche en avant, reprend à 15 h 40. Elle est, cette fois bien moins pénible. Quelques Allemands cherchent encore à se défendre, mais ils sont bousculés par le 1er bataillon qui suit rapidement son itinéraire et traverse tout le village d’ORIGNY-SAINT-BENOITE.

Au 3e bataillon, le mouvement est un peu plus lent.

Les 9e et 10e Compagnies doivent encore procéder lentement par infiltration en profitant de  tous les défilements. Elles parviennent ainsi à la sortie Sud d’ORIGNY et à la voie ferrée dont les défenseurs s’enfuient en même temps que leurs camarades de la pente Ouest de la côte 120.

 Ainsi, à 18 heures, la partie Sud de MONT d’ORIGNY, est nettoyée, tout le village d’ORIGNY-SAINT-BENOITE reste entre nos mains. Les Allemands battent en retraite.

 Le Régiment avait fait dans cette journée 152 prisonniers dont 3 officiers. Il avait capturé en outre, 22 mitrailleuses et des dépôts de matériel d’une importance considérable. Nous prîmes le repas sur le terrain conquis et stationnâmes dans ORIGNY-SAINT-BENOITE jusqu’au 3 Décembre.

A cette date, la 33e D.I. qui venait de forcer le passage de l’OISE à ORIGNY, était appelé à le forcer une deuxième fois à GUISE.

 

 

LA POURSUITE

Après la chute de SAINT-GOBAIN et de LAON, après celle de LA FERE et de MONT d’ORIGNY, l’ennemi avait abandonné la partie. Il ne cherchait plus qu’à sauver la plus grande quantité possible de matériel.

Dans la nuit du 5 au 6, il évacue GUISE talonné par 9e R.I., sous les ordres duquel est placé le 2e bataillon du 11e R.I.

A  6 heures 30, tout le 11e traverse GUISE et passe l’OISE par des moyens de fortune car l’ennemi a fait sauter tous les ponts. Le 2e  bataillon ( capitaine  BELOT) est en tête. IL atteint le camp d’aviation à 9 heures 30 ayant perdu la liaison avec la droite.

La 7e  Compagnie ( lieutenant BRONNER ) est poussée en avant avec mission de fouiller les ravins sud de VILLERS-LES-GUISE et de déterminer si la côte 167, à l’est de GUISE, est occupée.

A 10 heures, les renseignements ne sont pas encore parvenus, mais on a entendu aucune fusillade.

Aussi tout le bataillon qui n’a qu’un seul souci : ne pas perde le contact, on ne tarde pas à marcher en avant.

 A VILLERS-LES-GUISE, il fait deux prisonniers et est accueilli avec enthousiasme par les 400 habitants délivrés. Déjà des drapeaux Français surgissent des cachettes et sont partout arborés.

C’est avec peine que nos soldats s’arrachent des bras de ces braves gens pour continuer leur progression.

L’ennemi déclenche alors sur le village et ses alentours un violent barrage d’artillerie de campagne et d’artillerie lourde.

Notre bataillon atteint quand même le chemin de la côte 161 où il est installé à 15 heures 30.

A 16 heures 30, le mouvement en avant est repris vers CRUPPINY, mais l’ennemi s’accroche au terrain et défend vigoureusement le plateau. Il a de nombreuses mitrailleuses et celles-ci ouvrent un feu nourri sur tous nos groupes qui se montrent.

La progression est d’autant plus difficile que la pluie qui n’a cessé de tomber tout l’après-midi a détrempé le terrain. A 17 heures 20, le brouillard est très dense et  l’obscurité est presque complète. Le Bataillon BELOT est obligé de s’arrêter et prend une position d’avant-poste sur place.

La pluie continue de tomber toute la nuit. Les hommes sont transis de froid, mouillés jusqu'à l’os, couverts de boue, ils n’ont rien ou presque rien à manger car les cuisines roulantes retardées à GUISE par le passage de l’OISE dont les ponts ne sont rétablis ne peuvent arriver assez tôt. Il faut repartir au petit jour le ventre creux.

BRANDONZY et CRUPILLY sont rapidement atteints. La population s’empresse auprès de ses hommes et témoigne sa reconnaissance en leur offrant un peu de café chaud, un peu de pain et quelques pommes de terre. Ces maigres provisions laissés par les Boches ne lui permettrent pas de faire davantage.

Réconforté par ce bon accueil, félicité par le colonel PETAIN, commandant l’I.D.. Le 2e bataillon repart enthousiaste et continue la poursuite avec acharnement.

 Il arrive à la côte188 et à la ferme LE COUFF puis s’engage dans la forêt d’EPAISSENOUX, gagne les côtes 210 et 213.

L’ennemi veille cependant, il cherche à retarder notre mouvement par ses mitrailleuses d’arrière-garde et par quelques canons qui ont mission de battre jusqu’au dernier moment les vois de communication et les carrefours, et de sauver en suite en abandonnant au besoin les munitions non employées.

 

 

 Le soir, nous avons connaissance de l’ordre du jour du Général DEBENEY.

« Les allemands sont en pleine retraite, disait-il maintenant c’est partout la Victoire »

 

Ainsi nos souffrances sont supportées avec patience, puisque ce sont les dernières. Et puis la poursuite a son charme, elle n’est point meurtrière, partout où nous arrivons, on nous dit que les Boches viennent de partir, cependant quelques retardataires restent entre nos mains.

Dans la matinée du 7, le Bataillon BELOT fait 5 prisonniers à l’ancien MOULIN et 14 avec 2 mitraillettes à la ferme, au sud-est du BOIS DE LA DAME.

A LA CAPELLE,comme aux villages précédents, l’accueil a été des plus chaleureux. Tous les habitants sont dans les rues pour offrir le café à nos soldats.

A 12 heures 30, une grosse surprise nous attend. Deux soldats allemands munis d’un drapeau blanc se présentent à nos avant-postes. Ils portent un billet indiquant qu’à partir de 13 heures 30 il y a suspension momentanée des hostilités. Le Chef de Bataillon allemand arrive peu après et donne sa parole d’officier qu’il a reçu l’ordre de cesser le feu.

En effet, cet ordre nous parvient peu après. On ne se battra pas de l’après-midi du 7.

Nous nous trouvions en effet, en bordure la route FOURMIES-LA CAPELLE-GUISE, que devait suivre les parlementaires allemands pour aller porter leur soumission au Maréchal FOCH.

Ceux-ci pénètrent assez tard dans la nuit. Le lendemain au petit jour les hostilités reprennent.

Le bataillon ROCHUT dépasse le Bataillon BELOT et devient ainsi avant-garde. L’ennemi lui oppose une vive résistance avec de nombreuses mitrailleuses.  On occupe difficilement la ferme nord-est du Bois de la DAME.

 Une de nos patrouilles, en cherchant à tourner un nid de mitrailleuses a eu un caporal tué, un sergent et deux hommes blessés.

A 18 heures, nous recevons l’ordre d’interrompre une deuxième fois les hostilités jusqu’au 9 novembre à 4 heures.

A cette heure la ligne si fortement tenue la veille est abandonnée. Le bataillon ROCHUT se met alors en route derrière l’ennemi. Il passe à CLAIREFONTAINE à 8 h. 15, aux MAILLETS à 10 h. 45, aux NOIRES TERRES à 12 h. 15. A 15 heures il est à FOURMIES où il fait un prisonnier.

A ce moment les éléments du 171e sont parvenus à sa hauteur, il est éliminé du front de poursuite et il s’arrête à VILLERS où il passera la nuit.

Pendant ce temps, le Colonel et le 2e bataillon  étaient arrivés aux NOIRES-TERRES , le 1er bataillon  à CLAIREFONTAINE.

Dans tous ces villages rapidement traversés par nos premiers éléments, la joie maintenant commençait à se manifester. Les habitants avaient mis leurs habits de fête. Ils semblaient à peine croire à cette liberté dont ils étaient privés depuis 4 ans. L’avant-veille encore, la « Kommandantur » n’avait-elle pas affiché que tout civil circulant dans les rues s’exposait a être fusillé sur place.

Aux maisons flottaient les drapeaux tricolores, parfois même toutes les couleurs alliées. Il n’y avait pas une jeunes filles dont la chevelure ne soit coquettement ornée d’un joli ruban bleu- blanc- rouge : combien précieusement ce ruban d’avant-guerre, avait été conservé.

Le 10 Novembre, le Régiment relevé allait cantonner à LA CAPELLE le lendemain tous nos espoirs étaient réalisés, car nous lisions, affiché sur tous les murs, l’ordre de cessation des hostilités signé par le Maréchal FOCH.

 

 

ORDRE GENERAL N° 4774  du 13 Novembre 1916 de la 2ème Armée :

 

 

 Sous l’habile et énergique commandement de son chef le Lieutenant-Colonel De PARTOUNEAUX, a, dans un élan magnifique, enlevé un point d’appui particulièrement important pour l’ennemi et une carrière qui, avec sa garnison constituait un danger constant pour nos positions. A fait toute entière prisonnière la garnison de cette défense allemande est a contribué grandement au succès complet de l’opération du 24 octobre.

                                                                                                                                                                                   Le Général Cdt l’Armée.

 

Signé : R.NIVELLE.

 

 

ORDRE GENERAL N° 809, du 7 mai 1917, de la 4ème Armée :

 

 

« Régiment superbe d’élan et d’audace, aussi ardent à l’attaque qu’endurant et tenace dans la défense, a , sous les ordres de son chef, le Lieutenant-Colonel DE DOUGLAS, donné une preuve nouvelle de ses solides qualités militaires pendant les journées du 17 au 21 avril. S’est emparé des tranchées successives allemandes sur 3 km 500 de profondeur et d’une hauteur importante de la deuxième position ennemie. A su conserver avec une opiniâtreté remarquable la position conquise, malgré la violence de trois contre-attaques ennemies et d’un écrasant bombardement d’artillerie lourde. A pris une batterie de 150, une pièce de 88, un canon-revolver et plusieurs mitrailleuses »

 

Le Général Cdt de la 4ème Armée,

 

Signé : ANTHOINE

 

 

 

 

ORDRE GENERAL N° 271, du 3 Mai 1917, du G.Q.G. :

 

 

«  Le Général Commandant en Chef décide que le 11ème Régiment d’Infanterie qui a obtenu deux citations à l’Ordre de l’Armée pour sa brillante conduite devant l’ennemi aura droit au port de la fourragère ».

 

Le Général Commandant en Chef,

 

Signé : R.NIVELLE

 

 

ORDRE GENERAL N° 626 du 2 septembre 1918, de la VI Armée.

 

 

«  Sous les ordres du Commandant DE JAUSIONDY puis du Colonel ANGELI, a mené sans arrêt la lutte du 18 au 30 juillet 1918, dans l’offensive entre AISNE et MARNE. A attaqué presque constamment en flèche et, malgré sa situation désavantageuse, atteint toujours ses objectifs, enlevant de haute lutte plusieurs villages et positions fortement défendues, capturant de nombreux prisonniers, plusieurs canons, de très nombreuses mitrailleuses et un énorme matériel de guerre »

 

Le Général DEGOUTTE, Commandant la  VI Armée,

 

Signé : DEGOUTTE

 

 

 

ORDRE DU CORPS D’ARMEE N° 369/P du 20 Décembre 1918 :

 

 

«  Sous le commandement du Commandant GILLET , a, le 17 Octobre, forcé le passage de l’OISE devant ORIGNY-SAINT-BENOITE. Arrêté par un réseau de fil de fer intact, s’est accroché au terrain malgré la crue de l’OISE qui menaçait ses passerelles, et après avoir dû enlever toutes les maisons du village l’une après l’autre, s’en est finalement emparé malgré une résistance acharnée de l’ennemi, y capturant un matériel de guerre très important.

 

«  Pendant le période du 5 au 10 Novembre, a forcé une deuxième fois le passage  de l’ OISE , dans la région de GUISE , capturant à nouveau un énorme matériel de guerre. Bousculant toutes les arrières gardes ennemies, a empêché l’adversaire de faire tête et , finalement, l’a rejeté sur la frontière belge, ayant contribué ainsi à libérer notre territoire sur une profondeur de plus de 60 kilomètres.

 

 

Le Général TOULORGE , Cdt le 31ème C.A.

 

Signé : TOULORGE

 

 

 

 

ENCADREMENT DU REGIMENT LE 11 NOVEMBRE 1918

 

Etat –major.

 

 

Chef de Bataillon GILLET, Cdt le Régiment ;

Lieutenant MARCILLOUX, Officier de Renseignements ;

Lieutenant LAFFONT ;

Lieutenant CHAPSAL ;

Médecin –Chef MULOT ;

Chef de Musique SIMONNET;

Lieutenant LACOSTE, Officier d’Approvisionnements ;

Lieutenant GADAL, Officier des Détails ;

Lieutenant LEONETTI, Pharmacien ;

S-Lieutenant PONS, détaché à l’I.D.

S-Lieutenant JARRY, Cdt de la section de M.E.M.

 

 

BATAILLONS ET COMPAGNIES

 

 

1e Bataillon

 

Commandant DE JAUSIONDY-DUCLOS, Chef de bataillon ;

Médecin  Adjudant-Major MORLOT;

Capitaine PELISSIER, Cdt la 1ère Cie ;

Capitaine ROUMEGOUS, Cdt la 1ère Cie M ;

 

Lieutenants , et Sous-Lieutenants BILLOUDET, LAILLET, GRANET, LAVAYSSE, PAGEAUD, DURAND, LABORDE, LAGARDE.

 

 

2e Bataillon

 

Capitaine BELOT, Chef du Bataillon ;

Lieutenant AILAUX ;

Médecin Adjudant-Major MIROUZE;

 

Lieutenants et Sous-Lieutenant VERGNAUD, MAZIERES, ANGLARES, BRONNER, CHANGEUR, CRABOL, HABERSTOK.

 

 

3e Bataillon

 

Capitaine BOCHUT, Chef du bataillon ;

Capitaine HONESTE;

 

Lieutenants et Sous- Lieutenant PHILIPPE, CONORD, DOREAU, LEFORT, LAFON, BABOIN.

 

 

 

 

 

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