« la longue marche du 114ème R.I. » par le Capitaine D. QUIVRON - Juin
1980
Atelier d'impression de Saint-Maixent
Transmis par Bertrand, merci à lui
« Peur ne
connaît mort ne craint »
La mobilisation se déroule du 3 au 5 août dans une atmosphère joyeuse. Le 114e R.I. est inclus dans la IIème armée (ou armée de lorraine) dont l’offensive a pour but d’atteindre la ligne Saarbruck, Pont-à-Mousson. Le régiment va mettre encore en pratique sa fameuse devise : « Peur ne connaît, mort ne craint ».
Le premier échelon du régiment s’embarque le 5 août à 17h30, traverse Nancy le 11, et s’installe le 21 sur la ligne : La Neuvelotte, Château de Tremblois, Velaine-sous-Amance.
Le 23 août, un poste signale la présence de l’ennemi vers Champenoux. Ce sera la première rencontre avec l’adversaire et le premier mort du 114 dans cette guerre : il s’appelait Laferchou.
Le 26, la marche en avant reprend et le 31, le 114 relève en partie le 125e RI, dans la région du bois de la Fourasse où les combats font rage.
Le 2 septembre, les assauts violents de l’ennemi sont repoussés quatre fois de suite, causant 800 morts. Accusant des pertes sévères, le régiment est dirigé vers Troyes où il débarque le 5 septembre.
Dès le lendemain, la bataille de la marne s’engage. Le 114 installe ses positions et creuse ses premières tranchées non loin de Normée.
A partir du 8, il est soumis à un matraquage incessant de l’artillerie lourde et au tir des mitrailleuses allemandes, à tel point qu’il se replie sur Connantray, la mort dans l’âme.
Le 9, le 114 est en place au sud-ouest de Gourganson.
Vers 14h30, il accueille d’un feu violent l’infanterie ennemie qui marche vers ses tranchées.
A 17 heures, faute de munitions, le colonel décide le repli sur Faux.
S’étant recomplété, le régiment participe le 10 à l’offensive générale de l’Armée.
Le 11, il marche sur Fagnières ; le 12, il entre à Cuperly et le 13, traverse Saint-Hilaire et Jonchery. C’est le vent de la victoire qui se met à souffler.
Le 14 et le 15, le 114 combat encore à l’est de Moronvilliers.
A partir du 21 le front se fixe.
Les allemands tenteront une percée le 26 septembre mais la 7e compagnie aura tôt fait de les refouler. A partir du 30 septembre, le 114 occupe les lignes de la Voie Romaine et les environs de Prosnes. Partout on creuse tranchées et boyaux de communication : la vie de secteur commence.
Les 17 et 18 octobre, le régiment est relevé et se
prépare à partir pour la Belgique. Il y a 200 ans, le premier 114 était à Fleurus…
Après sa défaite sur la Marne, l’ennemi regroupe ses forces et reprend l’initiative de la bataille. A la fin du mois de septembre, la « course à la mer » s’engage et s’ouvre la campagne de Belgique.
Le 22 octobre, le 114 débarque à Cassel et à Bailleul. Il reçoit l’ordre d’attaquer Zonnebecke. La victoire est française, avec somme toute des pertes légères. Mais il ne faut pas en rester là, il ne faut pas que l’ennemi puisse réagir. Alors il est décidé de poursuivre l’attaque vers Paschendael. Le 3e bataillon ne progresse guère à cause de la multiplicité des tranchées allemandes, et les pertes sont lourdes.
Néanmoins, l’offensive se poursuit le 25, et sous les feux des 75 l’ennemi bat en retraite. Le terrain est gagné mètre par mètre.
Après un nouvel assaut, le 29 octobre, les troupes n’ont progressé que de 150 mètres… Face à une contre-attaque toujours possible, l’ordre est de conserver intactes les positions acquises et ce, malgré des bombardements qui deviennent quotidiens et intenses.
Le 17 novembre, après avoir repoussé une attaque, le 114 se dirige vers Saint-Jean. La bataille d’Ypres est virtuellement terminée.
Entre le 23 octobre et le 5 novembre, le 114 aura eu 180 morts et 420 blessés. Il est cité à l’ordre du corps d’armée.
Le respect
et la vénération auréolent « ceux de la Belgique » Il se sont battus avec des moyens de fortune
et dans des conditions particulièrement difficiles. Les tranchées d’Ypres
n’étaient que de simples fosses sans aménagement, on y côtoie presque l’ennemi,
tant il est près. Le silence n’est rompu que par le bruit sec d’un coup de
fusil ou la canonnade d’un 75. Parfois, on passe quelques jours de détente à
l’arrière où l’on retrouve un peu de vie…
Le 114 est relevé le 2
avril 1915. sur les routes défoncées, le régiment offre un piètre
visage : les hommes sont paralysés par la boue, les vêtements usés et sans
couleur. Certains doutent de leur efficacité pour les prochaines batailles.
Le printemps de 1915 est le printemps de l’espérance d’une victoire proche ; espérance que l’on retrouve toute entière dans la bataille d’Artois.
Le 6 mai, le 114, cantonné jusque là à Verquin et à Verquigneulles s’installe dans les tranchées au nord de la route de Lens et dans les fosses N° 3 et 7.
Le 9, sur tout le front, les canonnades deviennent plus intenses. A 10 heures l’ordre d’attaquer est donné. Le 3e bataillon s’élance farouchement. Au prix de la vie du Lieutenant-Colonel Benoist, la route de Lens est prise à l’ennemi. Mais les Allemands réagissent et à la fin de la journée, les unités françaises se trouvent isolées, par un glacis impraticable, des réserves qui pourraient les sauver.
C’est dans cette situation tragique que, le matin du 10, après une nuit mouvementée et pleine d’angoisse, se trouve le 114 aux prises avec un adversaire qui tente de l’encercler. Bombes et grenades pleuvent. L’ennemi resserre de plus en plus son étreinte.
A 17 heures, l’ordre est donné de rejoindre Mazingarbe, le 114 ayant besoin de se réorganiser.
A 21 heures, il n’y a plus un seul français dans les tranchées allemandes.
Ces journées du 9 et du 10 mai ont été effroyables. Les pertes s’élèvent à 150 morts, 460 blessés et 810 disparus.
La bataille d’Artois se poursuit durant les mois suivants.
Le 114 retrouve le front vers Neuville-Saint-Vaast et reste dans cette région jusqu’au 16 juin, date à laquelle est décidée une attaque d’ensemble. La réussite de cette offensive ne sera qu’imparfaite, le 17, le 114 remplace le 125 à la sortie de Neuville.
Le 18, un nouvel assaut est donné, les lignes s’en trouvent renforcées.
Le 20 juin, le 114 est renvoyé au repos sur la rive droite de la Scarpe.
En septembre, une seconde grande offensive se prépare. Le succès espéré est fondé sur une supériorité écrasante de l’artillerie. L’attaque est lancée le 25 à 12h25. la côte 103 est fatidique aux deux vagues successives. L’assaut est brisé et les « audacieux » qui atteignent les tranchées ennemies sont faits prisonniers.
Le régiment a perdu 600 hommes.
Le 1er octobre, le 114 relève une brigade anglaise dans la région de Loos. C’est au milieu du mouvement que l’on apprend la mort du Lieutenant-Colonel Tournier tué par un obus à retard.
Quelques mois plus tard, le 114
quitte la terre d’Artois en laissant à Loos, un diptyque funéraire où sont
gravé les noms de ses deux chefs admirables : Benoist et Tournier.
Un jour, comme beaucoup de régiments le feront, le 5 mai 1916, le 114 marche en direction de Verdun…
Après avoir passé Chaumont et le Moulin-brûlé, le régiment est à Béthelainville. Son rôle est de soutenir la position au niveau de la cote 304, où deux régiments déjà se faisaient bousculer. Au cours de la nuit, le bombardement est effroyable.
Le 6 mai au matin, le régiment atteint le rendez-vous et occupe ses positions tant bien que mal. Alors commence une « bataille d’écrasement ». L’enfer s’installe, un enfer que personne encore n’avait imaginé jusqu’e-là. Les tirs de l’artillerie allemande encerclent les positions françaises. Le martèlement devient incessant. Il n’y a plus que des trous et les hommes tiennent avec l’énergie du désespoir. Les cadavres s’entassent.
Soudain la pluie d’obus s’arrête et vers 15 heures, c’est l’assaut au grand soulagement de beaucoup. Les lignes du 114 stoppent l’attaque allemande mais les voisins cèdent. La situation devient rapidement critique. Les 1ère et 4ème compagnies arrivent à l’aide du 2ème bataillon et parviennent à redresser la situation sur le flanc gauche.
Le capitaine Gallard, à la tête d’une section de la première, rencontre des éléments qui, pris de panique, refluent vers l’arrière. Il les arrête, les exhorte et s’élance avec eux vers les Allemands. Il ne revint jamais… Le bombardement, un instant ralenti, recommence, achevant de déchiqueter cette terre qui n’a plus un centimètre carré qui n’ait été remué.
Le 8 mai, une nouvelle attaque ennemie est repoussée et le bombardement reprend inlassablement.
Le 114 est enfin relevé, le 10 au soir.
Le bilan apparaît tragique : 130 morts, 510 blessés
et 83 disparus, et ceci en 72 heures seulement. Après cet enfer de Verdun le
régiment est cité à l’ordre de l’armée et entre dans la légende.
Retiré de Verdun le 114 est rapidement reformé. Durant la deuxième quinzaine de juillet 1916, il est envoyé dans le secteur est de Perthes, une région qui ressemble à un désert. Toutes les maisons sont rasées et il ne reste pas un arbre debout. Tout est calme et même serein à côté de ce que vient de vivre le régiment.
Le 25, tout change. Après un bombardement important, l’ennemi attaque les premières lignes. Il est rapidement refoulé par une contre-attaque vive et efficace, et la situation est rétablie. Pendant ce temps les combats font rage sur la Somme.
Tous les régiments prennent part à leur tour à la grande offensive. Vient le tour du 114.
Il quitte fin septembre, la Champagne et vient cantonner quelques temps dans la région d’Amiens avant d’être envoyé, le 8 octobre à Villers et Morlancourt.
Là, il entend le grondement de la bataille.
Dans un froid très vif, le 19 octobre, le 114 relève des éléments du 77ème et du 135ème, face à Sailly-Saillisel. C’est le 3ème bataillon qui attaque le premier le 20 octobre, mais le coup de main de la 11ème compagnie est un échec.
Le 21, nouvelle attaque, nouvel échec , le terrain trop boueux se prête mal aux attaques de tranchées.
Le 22, l’assaut aboutit enfin.
Jusqu’au 30 octobre, les différentes unités vont progresser peu à peu, de boyaux en tranchées, à la faveur de coups de mains souvent très meurtriers.
Le 1er novembre, à la suite d’une attaque du 125ème R.I., le 3ème bataillon s’avance jusqu’à la cote 93.
Le lendemain, il participe à la prise du point 98.
Après le retrait du bataillon, le 3 novembre, la bataille de la Somme s’achève pour le 114.
Dans cette région, il aura combattu un nouvel
ennemi : le mauvais temps. Au milieu de la boue de la Somme, le 114 aura vécu une existence sans nom.
Le 16 avril 1917, le 114 quitte Ville-en-Tardenois pour se diriger vers Jonchery-sur-Vesle.
Aux environs de Reims, une nouvelle offensive française est déclenchée.
Le 18, le régiment arrive à Cormicy où il passe en première ligne, remplaçant le 150ème et le 161ème R.I.
Rarement, une relève fut plus difficile que celle de Sapigneul. Les chefs de bataillon qui demandent des guides au Colonel commandant le 161ème se voient répondre :
« je vous
donnerai tout ce que je pourrai mais
quant à relever quelqu'un n'y comptez guère; il ne reste rien ou presque rien ».
La relève se fait dans une nuit noire et un peu au hasard.
Le 18 au petit jour, la situation, malheureusement s'éclaire. Le sol a l'air d'être cousu de fil de fer, les tranchées se distinguent à peine et le 114 doit enlever le jour même les lignes allemandes à l'est du mont de Sapigneul.
A cause du mauvais temps, l'attaque est remise au lendemain alors qu'un violent bombardement commence à causer des pertes importantes.
Le 19, l'attaque est prévue pour 15 heures et sera appuyée par le 5e régiment russe; Malgré une préparation d'artillerie insuffisante l'heure est maintenue. Contrairement aux ordres le régiment russe charge 3 minutes avant 15 heures sous un feu d'enfer. Le 114, à son tour s'élance mais la marche devient très vite impossible. Seules les 10 et 7ème compagnies parviennent à atteindre la tranchée de Sapigneul. Les autres sont bloquées entre les deux lignes sous le feu continue des mitrailleuses allemandes. A la faveur de la nuit elles regagneront leurs positions de départ. Le grand sacrifice s'est avéré inutile...
Le 114 est relevé après avoir laissé 115 morts et 345 blessés.
Vingt-quatre heures de répit et le régiment s’en va occuper le secteur de Loivre près de Brimont.
Pendant tout le mois de mai, il est en contact permanent avec l’ennemi. Un jour, enfin, il est acheminé vers l’arrière. Exténués, ces hommes, partis un matin d’avril pour forcer la victoire, viennent de connaître la plus grande désillusion depuis le début de la guerre.
Le champ de bataille de Lorraine se situe entre Lunéville et Nancy. Le terrain est moins marqué par les combats que la Somme ou Verdun, car la lutte fut moins âpre.
Le 114 prend possession de son nouveau secteur à la fin du mois d’août 1917. le secteur est nouveau du fait de l’absence de tranchées, d’abris renforcés et la rareté des bombardements.
Bref, c’est par excellence un terrain favorable aux coups de main. Une série de centre de résistance, assez éloignés les uns des autres, forme l’ossature du système de défense. Les hommes n’y trouvent plus la même assurance que dans les tranchées. Les embuscades se font rares et ne donnent jamais de grands résultats.
Ainsi la vie dans ce secteur se caractérise par une tranquillité inhabituelle que seule une rafale d’obus, à des heures régulières vient rompre de temps en temps.
Après un séjour de cinq mois, le 114
quitte la forêt de Parroy, le 11 janvier 1918. s’ouvrait l’année que
chacun sentait devoir être l’année décisive.
Fin mars, le 114 est enlevé pour une « destination inconnue »
Le jour de Pâques, il débarque à Gannes, dans la région de Montdidier. Le secteur ressemble étrangement à la Belgique de 1914…
Jusqu’au 20 avril les bataillons n’occupent pas de secteur précis.
Puis le 114 se voit chargé de tenir la position de Grivesnes. Huit semaine s’y écoulent dans l’attente et l’observation.
Le 9 mai, à la suite de l’avance du 125ème R.I., Grivesnes devient l’objectif de l’artillerie ennemie. Le bombardement est violent et serré. Les jours succèdent aux jours sans faits bien marquants.
Le 26 mai, à droite du 114, les Américains enlèvent Cantigny.
Le 30 et le 31, la relève du régiment par les U.S.A. se fait sans incident.
Le 114 descend alors vers
Lequennoy et Folleville, il marche calme vers son nouveau destin, sans imaginer
qu’il le trouvera, dix jours plus tard, non loin de là.
Le 10 juin, de même que cinq divisions françaises, le 114 est mis en alerte et se prépare à progresser vers Courcelles, Resson-sur-Matz et Méry avec l’appui de 140 chars.
Le 11 à 10 heures, les bataillons franchissent la voie ferrée Estrées-Saint Denis, Montdidier. L’ordre d’opération N° 747 mentionne la reprise de Méry. Les deux bataillons de tête du régiment s’avancent alors résolument à travers les champs de blé, déferlent de Montgerain, coiffent la côte 113 et se préparent à submerger Méry.
C’est alors que, parti des lisières, un épouvantable feu accueille les compagnies d’assaut.
D’abord surpris, le 2ème bataillon s’arrête, puis, furieusement se lance dans le village. D’impitoyables combats de rue s’engagent. La résistance sera finalement brisée et se soldera par la prise de 200 prisonniers allemands. Du côté du 3ème bataillon, toute progression semble périlleuse tant que le village de Belloy, n’est pas enlevé. Il est alors demandé un tir d’écrasement sur les lisières de Belloy. Les chars sont en partie hors de combat. Le tir des mitrailleuses ennemies est d’une précision telle que toute progression est désormais impossible. Les lignes de tirailleurs se redressent et malgré les balles s’élancent dans Belloy en flammes.
La nuit tombe, les allemands se replient vers le bois de Lataule.
Des chars brûlent, éventrés. Un même cri s’exhale des chemins creux : « Brancardier ! Brancardiers ! ». La mort passe dans les blés.
Le 12 à 3h30, les 1er et 3ème bataillons reprennent leur avance vers Lataule. La résistance est importante et les hommes progressent avec peine. L’attaque du bois du Merlier est alors décidée pour le lendemain.
Le 13, en un quart d’heure, le bois est aux mains du 114, mais aussitôt les arbres sont déchiquetés sous un bombardement si intense que la position doit être évacuée. A 13 heures , la réaction de l’ennemi est encore plus vive, le bombardement s’arrête et l’infanterie allemande sonne la charge. Elle chargera six fois de suite et échouera autant de fois.
Dans la nuit le 114 est relevé, il a perdu 650 hommes dont 24 officiers dans ces assauts mémorables.
A quelques temps de là, le Général Mangin citait en ces termes le 114 à l’ordre de la X Armée :
« Le 114ème
régiment d’infanterie, sous les ordres du Colonel Bertrand, s’est porté à
l’assaut des positions ennemies avec un élan admirable : trouvant devant
lui un village presque entièrement occupé par l’ennemi, il l’a pris à la suite
de combats opiniâtres… ». Aussi la fourragère si simple et si modeste que
le régiment porte depuis cette bataille a pour ces soldats une valeur dont ils
sont seuls à connaître le prix :
« Le vert est le vert inoubliable des blés du 11 juin,
Méry marque la première contre-attaque sérieuse pour les troupes alliées.
Après les journées de juin, le 114 est complété et réorganisé.
Le 23 juillet, il participe à l’attaque sur Aubvillers. L’attaque commence à 5h30 après un déchaînement formidable de l’artillerie.
A 6h25, les premiers objectifs sont atteints : la ferme Fourchon et la tranche de Hanovre.
A 7h30, la marche reprend, si bien qu’en fin de journée le succès est complet. Les deux bataillons du 114 ont enlevé successivement toutes les installations allemandes et fait 200 prisonniers. La bataille de la Somme s’annonce comme imminente.
Le 8 août, l’offensive générale sur l’Avre. Warsy est l’objectif final.
Le 9, après une progression d’abord pénible, le 2ème bataillon déborde le village de Contoire.
A la nuit tombante, la liaison est établie avec le 135ème puis le 125èmè R.I. L’artillerie allemande continue à faire des vides dans les rangs. L’avance se poursuit de petits bois occupés en nids de mitrailleuse, de tireurs isolés en résistance organisée.
Le 17 août, l’attaque se porte vers Dancourt. Après un moment de flottement, le 3èmè bataillon parvient à s’infiltrer. Les lignes du 114 se stabiliseront là jusqu’au 23. le régiment reçoit sa troisième citation.
Le combat reprend le 3 septembre pour le 114.
L’ennemi perd tous les gains de son offensive de mars.
Le 5, Ham est enlevé, le 9, les premiers bastions de la ligne Hindenbourg sont atteints. Le régiment marche sur la ligne Castres, Essigny-le-Grand.
Du 10 au 13 les attaques et contre-attaques se succèdent à un rythme tel, qu’à la suite de ses pertes sévères, le 114 ne prend plus part aux combats jusqu’au 28.
le 29, il appuie l’attaque de la 169ème D.I. sur Urvilliers. Dans les sept derniers jours de septembre, le 114 réalise une avance de 5 km.
Tenue quelque temps en réserve, il est remis en premières lignes le 17 octobre pour enlever le hameau de Grougis.
L’ennemi s’accroche an terrain, et freine l’attaque par des tirs de flanc. Au prix de sérieuses pertes, l’objectif n’est atteint qu’à 13 heures. Les bataillons s’emparent ensuite de Marchavennes et du Grand Thiollet.
Le 5 novembre, le 114 franchit la route de Valenciennes et se concentre à Hannapes ; le 6 il est à Esqueheries et le 7 il se lance à l’attaque de Larouillis. Il y fera 700 prisonniers.
Le 8 et le 9, la marche continue.
Le 11 novembre 1918 alors que le régiment est à Féron et procède à l’inhumation d’un soldat tombé dans les derniers combats, l’ennemi traqué de toutes parts demande un armistice.
Ici se termine la guerre la plus longue et la plus intense du 114 depuis la campagne d’Espagne du 1er Empire. Les lieux ne sont certes pas les mêmes mais les hommes…
Un jour après le relève de Méry, un voltigeur du 114 se présente à la visite. Il a reçu un éclat
d’obus dans l’épaule. « Il y a longtemps que tu as cette
blessure ? » interroge le Major. « C’était
la première journée vers 11 heures, mais je ne pouvais pas quitter comme ça mes
camarades. Alors j’ai attendu que ce soit fini… »
Cette terrible guerre aura coûté au 114ème régiment d’infanterie, pas moins de 3937 tués : 91 officiers, 250 sous-officiers et 3596 caporaux et soldats…
Le 31 août 1919, le régiment fait son retour triomphal à Saint-Maixent au cours de fêtes mémorables.
A 9 heures, défilé sur la place Denfert-Rochereau, suivi d’un salut au drapeau place de la mairie. A 10 heures visite au cimetière.
L’après-midi a lieu la fête de la reconnaissance nationale aux Soldats Français avec le concours des élèves des écoles de la ville et la Lyre Saint-Maixentaise. Le soir, concert et feu d’artifice, suivi, sous les halles, d’un bal populaire.
Le 114 retrouve sa vie tranquille de garnison dans les Deux-Sèvres, pendant encore quatre années.
En 1923, le régiment est dissous. Son drapeau, affreusement déchiqueté, sera alors déposé aux Invalides, où il est, encore aujourd’hui, conservé par le Musée des Armées.
Au cours de la Grande Guerre ; Ypres, Verdun, Grivesnes et Méry s’étaient inscrits dans ses plis.