Voir l’historique succinct 14-18
Merci à Jean Paul
Nouvelle épopée
Deux dates marquant deux faits bien différents dans l’histoire du 20e.
Le
Le
Deux dates que séparent quatre
années de fatigues, de souffrances physiques et morales mêlées de visions
hideuses de
Quatre années au cours desquelles le soldat Français a montré les belles qualités de sa race : abnégation, esprit de sacrifice, courage, restaient toujours vivaces.
Les souffrances endurées, les
actes d’héroïsme accomplis ne doivent pas rester ignorés.
L’histoire du soldat de
Cette histoire du combattant est
celle du 20e et de tous ceux qui, à des époques différentes,
servirent sous son numéro et l’illustrèrent.
Composé en majeure partie, au
début de la campagne, de Gascons et d’hommes des départements de l’ancienne
province de Guyenne, le régiment vit son recrutement d’origine modifié au cours
de la guerre par l’incorporation d’importants renforts de braves Limousins et
de soldats de
Le régiment compta aussi des
représentants de toutes les régions de
C’est ainsi que l’on vit le Flamand réservé se lier d’amitié avec l’exubérant Gascon. On vit les anciens choyer, à leur arrivée, les soldats des classes nouvelles, les initier à
tous les détails de la vie du poilu et leur donner les
conseils du guerrier averti.
On vit les jeunes, s’efforçant,
dans une noble émulation, de faire aussi bien que leurs aînés, d’être aussi
crânes sous le feu.
On entendit le gamin de Paris
lancer ses lazzis sous la rafale ; on le vit au cantonnement
distraire et amuser ses camarades.
Tous ces tempéraments divers,
tous ces caractères différents s’unissaient cependant aux heures de danger ou
dans l’action commune, montrant, dans leur ensemble, autant de résolution dans
l’attaque que de ténacité et d’opiniâtreté dans la défense.
Incluse dans les deux dates du
Sur tout le front, du
Pas-de-Calais aux Vosges, il n’est que bien peu de points où le 20e
n’ait pas été appelé à combattre.
Ardennes et
Et ce n’est pas l’une des moindres
gloires du 20e que de pouvoir dire que depuis la retraite de
Belgique d’août 1914, non seulement il ne perdit jamais un mètre de terrain
confié à sa garde, mais qu’il eut au contraire la constance de toujours
l’améliorer par de nouveaux gains, parfois même de sa propre initiative.
Sept citations, dont 3 à l’ordre
de l’Armée, 2 à l’ordre du corps d’armée et 2 à l’ordre de la brigade,
attestent désormais sa vaillance et ses succès.
Vaillance ! Oui,
certes ! et les chiffres de ses morts et de ses blessés, dans toute leur
rigueur et toute leur tristesse, pourraient aussi l’attester.
Soldats qui n’êtes plus et dont
les familles vous pleurent ; soldats qu’une blessure mutila, et vous plus
heureux que les projectiles épargnèrent, soyez assurés qu’au double point de
vue de la grandeur des sacrifices et des succès réalisés, vous avez élevé bien
haut l’honneur du régiment.
Braves poilus, chers camarades,
tombés en pleine gloire avant d’avoir connu la victoire de nos armes, vous dont
les tombes jalonnent tous les points du front où l’ennemi se heurta au 20e,
nous vous devons, nous que la chance favorisa et dont la mort ne voulut point,
d’être vos historiens.
Nous devons mettre tout notre cœur et toute notre âme au service d’une si belle tâche qui honorera les vivants, mais qui glorifiera les morts, et qui sera notre façon d’élever vers eux une prière, car
Ceux qui
pieusement sont morts pour
Ont droit qu’à
leur tombeau la foule vienne et prie.
Vous êtes trop, hélas ! et
vos gestes sont trop semblablement magnifiques pour être tous cités dans cet
historique au cadre limité. Mais les faits et les dates qu’il mentionne
rappelleront à tous, à vos familles comme à vos compagnons d’armes, des
souvenirs plus particulièrement chers ou douloureux.
A vous tous que le 20e
compta dans ses rangs, cet historique sera le souvenir d’une longue et terrible
guerre qui demeurera entre vous comme une sorte d’initiation à jamais close à
tous les autres, une sorte d’immense secret incommunicable aux humains et dont
un simple regard, une expression de visage, suffiront à révéler d’âme en âme,
l’indéfinissable présence.
Une date, un nom de hameau, l’évocation d’un certain bois ou d’un bout de chemin, des vestiges d’un moulin ou d’une ferme, suffiront pour faire revivre dans vos mémoires les plus pathétiques souvenirs.
Ces feuillets ajouteront à l’histoire du
régiment de nouvelles pages que les jeunes soldats des classes futures liront
pour se représenter la grandeur et la constance de l’effort de leurs aînés de
Gloire et honneur au 20e et à tous ses soldats !
Ayant effectué sa mobilisation
dans l’enthousiasme patriotique qui exaltait tous les cœurs révoltés par
l’agression allemande, le 20e, à l’effectif de 50 officiers et de
3.315 hommes de troupe s’embarque dans la nuit du 5 au 6 août, ses trois
bataillons se suivant à quelques heures d’intervalle.
Dans la matinée du 8 août, les bataillons débarquent aux gares de Suippes et de Cuperly et vont cantonner à Perthes, Tahure, Les Hurlus, Mesnil-les-Hurlus, jusqu’au 11, jour où commencent les marches de concentration de la 4e Armée.
Le régiment suit l’itinéraire: Maison-de-Champagne, Cernay, Bouconville, Montchetin, Senuc, au confluent de l’Aire et de l’Aisne, traverse l’Argonne au défilé de Grandpré, Beffu, Thenorgues, défile à Buzancy devant la statue du général CHANZY, poursuit sa route sur Sommauthe, Stonne qui se dresse au sommet d’une colline abrupte.
Pendant les cinq jours que dure
son stationnement à Euilly, le régiment organise une position sur
la rive sud de
Brusquement alerté le 21 à
Toute la nuit, une animation
intense emplit la petite commune d’ordinaire si paisible et quand, à
L’outil est mis au ceinturon et
chaque homme reçoit un supplément de cartouches.
Le régiment s’engage dans la
sombre Forêt d’Herbeumont, puis, par la pittoresque route qui
suit les méandres de la rivière, passe dans la vallée de
A Cugnon, la
colonne quitte
Son arrivée aux portes de la
localité est marquée par un incident d’un caractère nouveau, qui restera gravé
dans toutes les mémoires parce qu’il marqua le début de tous ces drames de
l’air, de tous ces combats aériens, toujours profondément émouvants.
Survolant la colonne à faible
attitude, un avion allemand se trouve soumis au feu de mousqueterie
soudainement déclanché tout le long de la colonne. Tout à coup, il semble
désemparé et tandis qu’il pique vers le sol, des milliers de poitrines poussent
des acclamations.
Quelques instants après, en
passant sur la route de Bouillon à Recogne, les
tireurs peuvent voir dans un champ et brisé, le taube qu’ils ont abattu.
Tandis que le régiment poursuit
sa marche, une émotion presque joyeuse parcourt toute la colonne. On vient de
percevoir des coups de fusil dans la direction de
Le contact est pris par les
éléments de pointe de l’avant-garde composée de six compagnies du 20e (le 3e bataillon et les 1re et
4e compagnies).
Dans la colonne, tous les soldats
ont la plus grande confiance dans l’issue du combat prochain. Ils devisent sur
l’effet de la première rencontre avec le Boche (l’Alboche, comme on disait au
début de la campagne) et, pour bien s’y préparer, bourrent de cartouches le
magasin du fusil.
Le colonel DETRIE s’est
porté en tête, au delà de Bertrix, avec les éléments de pointe et
donne ses ordres.
Il est
La colonne elle-même quitte la grand’route de Recogne
pour prendre à gauche un chemin qui, à travers
Ce ne sont plus des patrouilles
que les unités d’avant-garde trouvent en face d’elles, mais bien un ennemi dont
la force ne s’était toute dévoilée et qui paraît vouloir résister sur une
position où il s’est solidement installé.
La fusillade crépite de part et d’autre. Des sections de première ligne progressent par bonds tandis que celles de soutien sortent des bois dont la lisière est bientôt battue par le tir des batteries de 77 et de 105.
Les obus s’abattent dans un
vacarme assourdissant dans le court espace où les unités sont venues se tasser.
Les compagnies de tête
multiplient leurs attaques et, brusquant le mouvement, se lancent farouchement
à l’assaut de positions retranchées, mais avant de les aborder, nos factions,
emportées dans une noble furia, sont fauchées par les mitrailleuses et les
tirailleurs ennemis abrités.
Au cours de l’un de ces assauts,
le clairon DUCLA,
debout sous les rafales, sonne inlassablement la charge jusqu’au moment où un
obus lui emporte la tête.
Notre artillerie ne peut appuyer
la progression.
Imprudemment engagé dans le bois,
formé en colonne sur un unique chemin, tout un groupe de 75 cherche vainement à
prendre position.
Les 2e et 3e
compagnies opèrent par doublement le renforcement des unités qui sont en avant
du bois. A son tour, le 2e bataillon est porté en renfort sur la
ligne pour prolonger vers la gauche le 3e bataillon et couvrir sur
ce flanc le régiment maintenant engagé en entier.
Ayant ainsi renforcé par leurs
propres moyens la puissance de feux de l’attaque mais n’ayant pas davantage
l’appui de l’artillerie, les 1er et 3e bataillons tentent
désespérément de bousculer la résistance et de
se frayer un passage.
Vains efforts ! l’ennemi, terré, enraye toutes les tentatives, fauche les vagues dont la dépense d’énergie n’a pas diminué le courage. Des vides se créent. Des blessés poussent des cris déchirants, se traînent, courent ou rampent à l’abri d’un pli de terrain pour échapper aux rafales de balles qui balayent le sol..
Il y a deux heures que le combat
est engagé, les effectifs ont fondu. Des officiers sont tombés et parmi eux le
commandant GREGORY
et le commandant FIAMA,
les capitaines ROCCHESANNI,
SEGUELAS, les lieutenants et sous-lieutenants FINCK, FILLAIRE, PASCAL et CAPELLE.
D’autres sont blessés ;des fractions ne sont plus commandées ou le sont
mal.
La progression n’étant pas
soutenue ne peut être poursuivie. Certains éléments sont trop avancés et
dangereusement exposés. Ordre est donné de les faire replier et à tout le monde
de tenir et de s’établir sur la position atteinte pour parer à toute
contre-attaque de l’ennemi. C’est la seule tactique qui convienne à la situation.
Sur la ligne, la perte de
quelques chefs se répand très vite. La nouvelle de la mort du commandant du
régiment ajoute une autre émotion à celle du combat.
Ce n’est que plus tard, lorsque
des témoins purent en faire le récit, que l’on connut les circonstances de la
mort du colonel DETRIE,
qui doivent être relatées pour honorer la mémoire de ce chef aimé et respecté,
tombé en pleine gloire, face à l’ennemi, et parce qu’elles constituent le plus
bel exemple d’héroïsme et de sentiment de l’honneur.
S’étant porté dès le début de
l’engagement en lisière du bois, presque en première ligne, pour surveiller le
déroulement de l’action, le colonel DETRIE exhortait les hommes, leur
rappelant 1870, les gloires du 20e. Par sa présence, il ranimait les
courages. Vers 16 h.25, le capitaine NEGRIER, commandant la 3e compagnie, qui
venait se mettre en liaison avec son camarade commandant la 1re
compagnie, le capitaine FAUQUEUX, fut atteint d’une balle à la poitrine et tomba
inanimé.
Tandis que le combat faisait
rage, que les fusils et les mitrailleuses crépitaient, que la mitraille des
obus s’abattait sur le bois en le hachant, le colonel DETRIE se
précipita vers le capitaine NEGRIER, et, s’étant agenouillé pour le panser, fit signe
que tout secours était inutile.
Ayant l’atroce vision de la mort
décimant ses unités, sentant que tout effort était vain et que son régiment
tout entier engagé là il ne reviendrait que des débris, le colonel se releva
très calme, parfaitement maître de lui, alla s’adosser à un arbre, à la lisière
du même bois, en pleine vue. Là, les bras croisés sur la poitrine, il tomba en
héros.
Jusqu’au dernier moment, le
colonel DETRIE,
qui ne voulut sans doute pas survivre à la perte de son régiment, ne cessa
d’encourager les hommes et de leur inspirer, par son attitude héroïque, le
mépris de la mort.
Les deux autres chefs de
bataillon ayant été tués, le commandant DIZOT, du 1er bataillon, prend le
commandement du régiment.
A la gauche du 20e,
les unités voisines tiennent bon ; à droite, au contraire, la liaison fait
défaut dès le début de l’engagement avec le 12e corps d’armée :
un trou existe dans la ligne, par où l’ennemi s’infiltre.
Arrêté de front, et très en
flèche, découvert sur son flanc droit que l’ennemi attaque, le régiment est
contraint d’abandonner ses positions. Et vers la fin de l’après-midi ce fut, à
travers le bois que l’artillerie allemande arrosait de ses projectiles, le
repli de tous les éléments dont certains tombèrent aux mains de l’ennemi, qui
avait déjà contourné par le sud
La nuit tombe. Sur toute la
ligne, la fusillade cesse peu à peu. Les batteries ralentissent leur tir. Au
vacarme infernal accompagnant ce baptême du feu, qui pour beaucoup ne fut en
même temps que la première, l’épreuve dernière, succède le calme du champ de
bataille.
Tandis que ciel rougeoie à la
lueur des incendies allumés dans Bertrix, Assenois, Offagne, le
repli se transforme en retraite générale.
Sur toutes les routes, c’est un
inextricable encombrement de piétons et de convois, où il y a de tous les
régiments et de toutes les armes. Des blessés sont juchés sur toutes les
voitures, sur tous les caissons.
La retraite se poursuit pendant
toute la nuit et pendant les journées du 23 et du 24 août jusque dans la région
d’Amblimont (
26 officiers et 1.350 hommes manquent à l’appel. Ce n’est que beaucoup plus tard qu’on saura que ces chiffres comprenaient 220 tués, dont 10 officiers.
Après avoir évolué pendant toute
la journée du 25 sur les hauteurs de la rive droite de
Le régiment occupe une position
défensive sur un mouvement de terrain de la rive gauche, à l’ouest de Pourron.
Le 27 août, la 7ecompagnie,
sous le commandement du capitaine de l’ESTOILE, est envoyée à Mouzon
pour renforcer la section du sous-lieutenant NAZAT, de la même unité, qui,
seule, détachée à 4 kilomètres de nos lignes, a reçu la veille mission
d’interdire aux Allemands le franchissement de
Dans le combat qui s’engage de
part et d’autre du fleuve, la compagnie perd son chef et le lieutenant ROBINET,
tous deux tués, et une trentaine d’hommes.
Le lendemain, 28, après avoir
bivouaqué à Flaba, le 20e participe, à la droite du 17e
corps d’armée, à un retour offensif de l’armée LANGLE DE CARY. La bataille a pour pivot
le village de Raucourt, et le bois de Cogneux,
situé à l’Est, constitue l’objectif du régiment.
De Maisoncelle, 2e
bataillon en tête, les unités progressent sur le plateau de Villiers
dans un ordre parfait, bien que soumises au tir fusant des 77 et 105. Elles
traversent le ravin de Raucourt où l’artillerie ennemie a établi
un barrage très dense d’obus de gros calibre qui cause des pertes sérieuses.
Le 2e bataillon
atteint le sommet du mamelon, au sud du Bois de Cogneux,
sans pouvoir dépasser la crête que l’infanterie allemande tient sous le feu
intense de ses mitrailleuses dissimulées dans les blés.
Les batteries de 75, violemment
contre-battues par l’artillerie lourde ennemie, ne soutiennent pas l’attaque.
Encore une fois, nos éléments s’avancent à découvert contre un adversaire terré
qui, nullement pris à partie par l’artillerie, garde son entière liberté
d’action.
L’engagement est inégal. De
nouveau le repli est ordonné et, par une marche qui dure toute la nuit, le
régiment arrive le 29 aux premières lueurs du matin à Mongon,
près de Le Chesne-Populeux.
En cours de route, à Tannoy,
les unités perçoivent, au train régimentaire, des vivres que, depuis trois
jours, elles n’ont pas touchés.
Le mouvement de repli continue
vers le Sud-Ouest. Tandis que la 5e compagnie, formant la pointe
d’arrière-garde de la colonne de corps d’armée et laissée à Voncq,
interdit les passages sur le Canal et sur l’Aisne,
le régiment s’engage sur les hauteurs de la rive gauche, à l’ouest de Vouziers,
où il organise des centres de résistance (Plateau de Mazagran, Ferme de
Constantine, Loizy) pour permettre l’écoulement du 17e corps
d’armée vers Châlons.
Il abandonne d’ailleurs ces
positions sans les avoir occupées, l’ennemi n’étant pas intervenu, et poursuit
sur route par Bourcq, Contreuve, Semide, Somme-Py, Sainte-Marie-à-Py
(1er septembre), Ferme Navarin, Souain, Suippes,
Cuperly (2 septembre), Saint-Etienne-au-Temple, Châlons.
A Moncetz, le régiment défile devant le général J. B. DUMAS, qui
vient de prendre le commandement du corps d’armée, tandis que le général GUILLAUMAT prend
celui de la 33e division.
Vitry-la-Ville, Cheppes,
les hauteurs entre Marne et Coole, à l’ouest de Songy,
Coole, Sompuis, Humbeauville et Saint-Ouen
jalonnent, avec les précédents villages, la route suivie par le 20e
du 30 août au 6 septembre.
A cette date, la retraite de
l’Armée française est arrêtée. Ordre est donné à tous et en tous lieux de faire
front à l’ennemi qui avance triomphalement croyant à notre défaite. La bataille
reprend et tout de suite avec une extrême intensité. La 66e brigade
étant en réserve d’armée n’est pas engagée dès le début. Le régiment évolue de
positions en positions, le 6 et le 7 à l’est et au nord-est de Saint-Ouen, puis
chacun de ses bataillons est mis le 8 à la disposition des unités engagées dans
cette même région.
Le 2e bataillon, porté
en renfort du 50e, occupe
Et, de fait, les Allemands ne
purent jamais franchir les lisières sud d’Humbeauville qui marque
l’extrême limite de leur avance pendant la bataille de
Ses trois bataillons ayant été
regroupés, le 20e est mis de nouveau à la disposition du général
commandant la 67e brigade, et reçoit l’ordre de reprendre, en liant
son action à celle du 14e régiment d’infanterie,
Ce résultat atteint, le combat
est poursuivi sans arrêt. Successivement, les Fermes de
Le 10 au soir, le 2e bataillon
s’empare de la croupe au nord de
Fantassins et artilleurs ont fait
bonne besogne.
Les 75, qui ont tiré sans
relâche, ont fait des hécatombes dans les rangs saxons. La bataille qui se
livre depuis quatre jours tourne à notre avantage, et son succès est tangible.
L'avance réalisée, les cadavres ennemis, le matériel de toute nature, les
pièces d’artillerie et les caissons abandonnés attestent bien l’importance de
la victoire de l’Armée Française.
Voilà qui dédommageait de bien
des journées d’épreuve que le régiment venait de traverser et des fatigues
qu’il avait endurées, marchant jour et nuit durant la retraite, presque sans
arrêt et le plus souvent sans ravitaillement.
L’ardeur et l’entrain n’avaient pas fléchi, mais ce succès de nos armes venait les décupler.
C’est dans de telles conditions que s’entama la poursuite des armées allemandes.
Maisons-en-Champagne, Pringy (11),
Songy, Ablancourt, Aulnay-l’Aître, Coupeville (12) ,Le Fresne,
Poix, Somme-Vesle, Tilloy,
De bonne heure le 14, la
poursuite reprend. Abandonnant, dès la sortie de Saint-Jean, la
route de Minaucourt qui suit
Le 2e bataillon
constitue l’avant-garde. Il tombe une pluie fine et le sol crayeux, détrempé,
rend la marche difficile.
Après avoir franchi la route Hurlus-Le-Mesnil
et en atteignant la crête à 800 mètres au nord de ces villages, dans
lesquels une quinzaine d’Allemands ont été faits prisonniers, les éléments de
tête sont assaillis par un feu violent, parfaitement ajusté, de mitrailleuses
et d'infanterie.
Le 2e bataillon opère son déploiement et continue sa progression, mais, soumis à un feu d’enfer, sa première ligne de tirailleurs est bientôt obligée de se coucher.
L’artillerie de campagne et l’artillerie lourde allemandes entrent en action. Dès le début du combat, plusieurs officiers sont blessés : le capitaine MIRAN, commandant le bataillon, les capitaines COSTEMALLE et BAENZIGER, le sous-lieutenant MOUSSET.
Le chef de bataillon DIZOT, qui
commande le régiment, engage successivement les deux autres bataillons de part
et d’autre du bataillon de tête pour manœuvrer la résistance ennemie par les
ailes. Mais toute tentative de notre part est déjouée par l’adversaire qui a
choisi son terrain, a assisté sans se dévoiler, dans des positions déjà
organisées, à notre progression de la matinée et a attendu que nous nous
engagions sur ce glacis à bonne portée de fusil.
L'action des 75 est molle, leur aide inefficace. Les munitions sont limitées, les caissons vides pour la plupart.
Lorsque la nuit vient, quelques
unités sont maintenues sur la position ; le reste du régiment est regroupé et
dispute dans les journées suivantes, du 17 au 20, et dans des attaques
quotidiennes, la possession définitive de la crête où l'ennemi l’empêche de
s’établir.
Le 20 septembre, à
Entre temps, le 18, le 2e
bataillon va renforcer le 9e régiment d'infanterie, dans la région
de
Cantonné à Laval, le régiment, dont le lieutenant-colonel MOLLANDIN, qui vient de l’état-major de la 4e Armée, prend le commandement, profite du repos pour dénombrer ses pertes, réorganiser ses unités éprouvées par quinze jours d’opérations continues.
Certaines compagnies qui avaient
perdu 150 hommes jusqu’à la bataille de
Le lieutenant-colonel MOLLANDIN prend
le commandement du régiment le 25 septembre au soir. A la même date, le chef de
bataillon ALLEHAUT,
venu de l’état-major du 17e corps d’Armée, prend le commandement du
2e bataillon, tandis que le capitaine ESPINET cesse ses fonctions
d’officier adjoint pour être mis à la tête du 3e bataillon.
Brusquement, le 26 septembre, à 5 h.15, le régiment est alerté dans son cantonnement. On apprend avec stupeur que la position acquise si chèrement le 20 a été bousculée et enlevée au début du jour par les Allemands. Le régiment reçoit l’ordre de barrer la route à l’ennemi dont l’attaque se développe.
Débouchant à l’ouest de Wargemoulin,
le 20e régiment d’infanterie se porte à la contre-attaque menée
opiniâtrement par le 3e bataillon dans le ravin de la cote 147, et
par le 2e bataillon dans la région de ce ravin.
Les Allemands déferlent de tous
les bois en masses compactes et s’approchent jusqu’à 200 mètres des positions
de batteries qui tirent à mitraille sans arrêt.
Notre contre-attaque, survenant à point, se déclenche sur le flanc gauche ennemi. Sa violence, et plus encore l’énergie farouche dont les hommes font preuve, ébranlent l’adversaire. Non seulement notre contre-attaque enraye son avance, mais elle l’oblige immédiatement à reculer dans un inexprimable désordre, poursuivi par nos baïonnettes et par nos feux. Sur une profondeur de près de 3 kilomètres, les cadavres et les blessés de la division de landwehr saxonne qui vient d’attaquer, jonchent le terrain. Une cinquantaine de prisonniers restent entre nos mains. Les Allemands regagnent leur base de départ, notre première ligne est intégralement rétablie.
Deux mois plus tard, en citant à
l’ordre le 20e, le général SAVATIER dira que « le 26
septembre, deux bataillons eurent la gloire de faire reculer plus d'une brigade
ennemie et de transformer sa retraite en complète déroute ».
Au cours de cette action, le sous-lieutenant MALBREIL a été tué, les sous-lieutenants MUSSIGNY et CHABAL blessés.
La contre-offensive du 26
septembre marque la fin des opérations offensives dans le secteur de Perthes.
A partir de cette date, le front se stabilisera ; il y aura de chaudes alertes,
des tentatives d’attaque de la part de l’ennemi, mais dans l’ensemble, la
ligne ne bougera pas et l’on procédera à l’organisation solide des positions.
C’est à cette époque que prend
véritablement naissance ce réseau formidable de retranchements nécessités par
le caractère nouveau de la guerre. Progressivement, dans leur forme et dans
leur étendue, ces travaux seront poursuivis pendant plus de trois ans, exécutés
chaque nuit par plusieurs centaines de mille de travailleurs échelonnés de la
mer du Nord aux Vosges. Ils constitueront, par leur extrême développement, un
travail herculéen ; ils attesteront l’immensité de l’effort des armées en
présence.
L’origine en a été le trou de
tirailleur, relié ensuite aux trous voisins et par groupes. Creusés d’abord
pour tireurs couchés, ils ont été rapidement approfondis pour que le soldat
debout puisse s’y tenir à l'abri. Dès la tombée de la nuit, les occupants de
ces trous précaires laissent le fusil pour prendre la pelle et la pioche et,
inlassablement, se relayant pour mettre à profit le maximum des heures
d’obscurité, ils améliorent leur position : tranchées continues que protège un
mince réseau, boyaux étroits, abris légers, si légers que leur souvenir fait
sourire maintenant.
Aucun technicien n’a guidé le
premier travail. Le fantassin, exposé aux balles sournoises, à la mitraille des
obus, a immédiatement fait sienne cette besogne, construisant selon les
nécessités qu’il était mieux que quiconque à même de comprendre, et selon une
expérience qui grandit très vite.
Chaque nuit la masse silencieuse des travailleurs continuait l’œuvre de la nuit précédente.
Et l’obstination que les soldats du
20e mirent pendant des semaines à creuser dans le sol crayeux un
réseau aussi complet d’ouvrages judicieusement établis sous l’impulsion
méthodique du lieutenant-colonel MOLLANDIN, chef de corps dont l’énergie égalait la froide
bravoure et la tranquille assurance, fut aussi méritoire que la tenue qu’ils
montrèrent au feu.
Pour couvrir les travailleurs et
pour maintenir l’esprit offensif du régiment, d’incessantes patrouilles
parcourent chaque nuit le terrain, fouillent les bois entre nos tranchées et
celles de l’ennemi, et s’avancent au contact de ses lignes.
Le sergent HUMEAU,
qui s’est signalé au cours de la contre-attaque du 26 septembre, exécute une
patrouille hardie. Surpris au moment où il franchissait le réseau ennemi, il
est mortellement blessé. Les soldats qui l’accompagnent, et parmi eux les
soldats DUBOURG,
MEUNIER et
CHAUMONT
rapportent sous la fusillade son corps, après avoir rempli leur mission.
Dans la nuit du 3 au 4 novembre, la 7e compagnie s’installe sans coup férir à 600 mètres en avant de nos positions, dans un bois dénommé Bois des Allemands, qu’une hardie reconnaissance, exécutée par le sous-lieutenant NAZAT, qui en avait eu l’initiative, avait parcouru de jour à quelques dizaines de mètres des tranchées allemandes. Cette occupation, due à l’initiative même des exécutants, permit à toute la ligne de s’avancer au contact immédiat des ouvrages ennemis. Elle fut le point de départ des opérations offensives qui se déroulèrent pendant l’hiver 1914 -1915.
Toute l’œuvre du 20e pendant les mois d’octobre et de novembre se trouve résumée par la citation que lui décerna le colonel SAVATIER, commandant la 66e brigade.
En
modifiant aujourd’hui les conditions de relève du 2e secteur et en
apportant aux fatigues du 20e un allègement que les circonstances
n’avaient pas permis d’accorder jusqu’à ce jour, le colonel commandant la 66e
brigade tient à citer à l’ordre de ce régiment pour son héroïque garde des
tranchées de première ligne.
Depuis le 26 septembre, jour où
deux bataillons ont eut la gloire de faire reculer plus d’une brigade ennemie
et de transformer par leurs feux ajustés sa retraite en complète déroute, les 1er
et 3e bataillons ont occupé avec un effectif restreint toutes les
tranchées 10, 11, 12, 5, 6, 8, et comme aucune autre troupe n’était disponible,
ils ont demeuré stoïquement douze jours sans aucune relève, passant leurs
journées à recevoir avec la plus grande bravoure des marmites dans les
tranchées, les nuits à enterrer les nombreux cadavres allemands restés dans nos
lignes, à creuser sous le feu ennemi les retranchements et à les doubler de
fils de fer.
Le 6 octobre, la rentrée du 2e
bataillon (commandant ALLEHAUT)
dans le secteur permit enfin d’accorder aux défenseurs des deux centres de
résistance deux jours de repos à Laval pour quatre jours aux
tranchées. Mais comme chaque fois la relève dut se faire avant le jour, le
repos de la deuxième nuit était forcément écourté.
Malgré ces fatigues réelles, et qu’en bons Français les soldats du 20e ont supportées fièrement, ils surent creuser encore de nuit des kilomètres de tranchées et de boyaux ainsi que de nombreux refuges, puis, quand ils furent solidement établis sur une ligne, ils n’eurent qu’une préoccupation : refouler le service de sûreté ennemi et se rapprocher encore des tranchées allemandes que leurs patrouilles reconnaissaient sans cesse avec la plus grande activité. Ils eurent ainsi la constance de progresser jusqu’aux bois qui gênaient leur vue, puis, d’un bel élan, jusqu’au Bois des Allées (Allées NAZAT) et Bois des Allemands (Bois ASSEMAT) où ils se dressent aujourd’hui à 100 mètres des tranchées allemandes.
Le colonel commandant la brigade félicite le lieutenant-colonel MOLLANDIN de commander un si beau régiment et adresse à tous les officiers, sous-officiers et hommes qui le composent ses compliments les plus sincères. Il sait que je jour où il le demandera, les 100 mètres qui leur restent à parcourir jusqu’aux Allemands seront rapidement franchis par de tels soldats.
Côte 147, le
Le colonel Savatier, commandant la 66e
brigade.
Signé : Savatier.
Après la bataille de l’Yser,
le front s’est partout stabilisé ; la guerre de mouvement a vécu. Le haut
commandement veut sortir d’une situation indécise qui pourrait se prolonger et
songe à percer le front ennemi au centre, c’est-à-dire en Champagne.
Dans la deuxième quinzaine de décembre, la bataille se rallume dans la région
de Perthes. Elle prend une forme nouvelle : la guerre de
tranchées, terrible par les moyens qu’elle oppose, tant pour vaincre que pour
résister.
Le 20 décembre, comme le général
de brigade le prévoyait dans l’ordre précédent, les 100 mètres qui séparaient
nos positions des « Tranchées Grises » furent vite franchis. Le 1er
bataillon, sous le commandement de l’héroïque commandant HEBRARD parti en tête de son
unité au son de ses clairons dressés sous la mitraille et sonnant la charge,
vint briser l’élan de ses vagues contre les défenses laissées intactes par la
préparation d’artillerie, dans une courtine de lignes ennemies. Alignés le long
du réseau, les tirailleurs furent décimés à quelques mètres du but par le feu
croisé des mitrailleuses placées en flanquement de la courtine. Des sections
entières furent fauchées.
De ce bataillon qui, en
s’élançant de nos tranchées, savait qu’il marchait à la mort, on ne comptait le
soir venu qu’un seul officier et 150 survivants. Neuf officiers avaient été
tués dont le chef de bataillon et ses quatre commandants de compagnie
(capitaine MERCHERZ, lieutenants DHERS, MOREREAU, SOUQUE,
GUILLOT, SAUJON). Les pertes en hommes de troupe se chiffraient à
718.
Remise successivement au 21, puis
au 22, par suite de retards dans la préparation d’artillerie, l’attaque fut
reprise le 23 décembre par le 2e bataillon qui avait pour objectif
l’ouvrage dénommé « Tranchées Brunes », auquel le commandement
attachait une grande importance pour le développement des opérations. Cet
ouvrage en notre possession, c’était une partie des positions voisines qu’il
flanquait qui tombait à son tour. A l’heure fixée,
Sans dévier de leur axe, malgré le
barrage d’artillerie de campagne et des minen que l’ennemi avait déclenché, les
compagnies en vagues successives déferlèrent sur la position, chassant les
défenseurs allemands des tranchées où ils essayaient encore de résister et
poussèrent au delà de l’objectif assigné. Outre une vingtaine de prisonniers,
un important matériel, 6 mitrailleuses, un canon-revolver, un canon de
5m/m sous coupole blindée, un minenwerfer
figuraient parmi les prises.
L’ennemi tenta de furieux retours
offensifs qui tous furent enrayés par notre feu. Nos pertes étaient moyennes,
mais la plupart des officiers du 2e bataillon étaient hors de combat
: sous-lieutenants MARTINI, GAUTHIER, SEILHEAN,
NAZAT; le sous-lieutenant DECHE, commandant la 8e compagnie,
était tué.
Prononcée au début sur un front de compagnie, l’attaque victorieuse s’étendait le soir à plusieurs kilomètres de tranchées.
Ces deux dernières actions du régiment lui valurent d’être cité en ces termes à l’ordre de la brigade n° 10 du 25-12-1914 ;
Le colonel commandant la 66e brigade cite à l’ordre le 20e
régiment d'infanterie. Il adresse un hommage plein d’émotion aux braves du 1er bataillon, morts dans le plus bel élan
patriotique, sous la conduite de l’héroïque commandant HEBRARD.
Le 2e bataillon s’est illustré le 23 dans un assaut
magnifique qui arrachait des cris d’admiration aux chefs qui l’observaient de
leur poste de commandement. Honneur au commandant ALLEHAUT , à ses braves officiers, sous-officiers et soldats.
Signé : SAVATIER.
Quelques jours après, le 27, une
compagnie du 3e bataillon reçoit l’ordre d’enlever le Bois
Jaune, que l’ennemi tient encore sur notre droite et d’où il gêne nos
positions avancées. L’ouvrage est emporté. En une nuit, un boyau de 200 mètres
est creusé qui relie la nouvelle position aux anciennes tranchées.
A partir de ce jour, le régiment
n’a qu’une mission : maintenir les organisations conquises contre les
entreprises de l’ennemi et il s’y emploie bravement, notamment le 29, où le 3e
bataillon repousse une violente attaque de nuit déclenchée à
Toutes les positions confiées à
la garde du régiment sont maintenues intactes au cours des relèves successives
des bataillons qui alternent jusqu’au 20 janvier, jour où l’organisation du
secteur de la 33e division d’infanterie est à modifier ; le régiment
est relevé aux Tranchées Brunes.
Le 20e est alors
affecté au sous-secteur de gauche, limité à l’est par le boyau du Moulin
de Perthes, à l’ouest par le Bois I (Côte 200, Bois Triangulaire,
Bois en Equerre, 800 mètres est de 204). Le poste de commandement du
commandant du sous-secteur est au bois côte 181.
Le 3e bataillon,
cantonné à Laval, prend dans la nuit du 21 au 22 la place des
unités de la 34e division d’infanterie et du 207e
régiment d’infanterie qui tiennent les tranchées devant Perthes
et, la nuit suivante, le 1er bataillon, dont le chef de bataillon BONNAFONT
vient de prendre le commandement, relève dans la partie ouest du sous-secteur
le 59e régiment d’infanterie.
Le régiment n’y fait qu’un court
séjour et, le 29, il est mis au repos dans la zone Cabane et Puits,
Somme-Suippes, Bussy-le-Château. Chaque nuit, il fournit les
travailleurs pour les premières lignes.
Le 11février, à Somme-Suippes,
le régiment assiste à une soirée récréative donnée par la troupe théâtrale du
corps d’armée et dont le cours est soudainement troublé par un ordre de départ.
Les compagnies rentrent au cantonnement, s’équipent et, dans la nuit, montent en ligne en vertu d’un ordre de la 4e armée qui prescrit le 12 une opération d’ensemble dont le but, pour le 17e corps d’armée, est l’enlèvement, l’occupation et l’organisation de la ligne côte 170 (est du Bois Sabot-Trou-Bricot-Bois I88).
Dans l’intervalle la neige s’est mise
à tomber et lorsque le jour est venu, les observateurs d’artillerie ne peuvent
procéder à aucun réglage. Contre-ordre est donné. Le régiment revient à Somme-Suippes
et Bussy. Dans la nuit du 15 au 16, il quitte à nouveau ses
cantonnements et à la pointe du jour les unités occupent les places d’armes
assignées.
Le commandant VAGNON, du 207e,
remplace à la tête du 2e bataillon le commandant ALLEHAUT, nommé
précédemment chef d’état-major de la 33e division d’infanterie.
Dès
Dans le même moment, le 3e
bataillon enlève le Bois Rectangulaire dont la lisière se devine
à peine, tant il est haché par nos obus. Il est encore occupé par des
tirailleurs ennemis qui ne font aucune résistance et sont capturés. Au total, 3
officiers et une centaine de prisonniers.
Le 2e bataillon, en
réserve au début de l’action, est appelé à renforcer les compagnies du 1er
bataillon que des contre-attaques ont fortement éprouvées.
Celles-ci, au nombre de trois, la
première déclenchée vers
Le sous-lieutenant MERCADIER, bien
que n’ayant plus autour de lui qu’une vingtaine d’hommes, parvient à conserver
la tranchée enlevée par la 9e compagnie.
Le capitaine DUCHE, commandant la 12e
compagnie, est grièvement blessé. Les sous-lieutenants AURICES, DONNIZEAU,
LOUPIAC, TOURRON, DE CROZEFOND et HUBERT sont tués.
Les pertes s'élèvent à 650
hommes, dont une centaine de tués.
Ce jour, c’était Carnaval. On cite ce mot d’un vieux soldat facétieux, prononcé au début de l’attaque: « Il y aura des masques ce soir. »
La continuation de l’attaque par les 2e et 3e bataillons sur les tranchées nord du Bois Rectangulaire et du Bois 3a lieu le 17 février. Les débris du 1er bataillon, fortement éprouvé la veille, ayant été ralliés pendant la nuit à la côte 181.
Les tentatives répétées restent sans
résultats. Arrêtées par des défenses intactes à l’intérieur de ces bois, les
unités subissent de très lourdes pertes.
Sans arrêt, ces attaques sont
poursuivies quatre jours durant, dans le but de purger les tranchées reliant le
Bois Rectangulaire au Bois 3 de tous les Allemands
qui s’y accrochent désespérément.
Pendant ces dures journées, les
Gascons firent preuve d’une combativité que des efforts déployés sans arrêt et
des pertes considérables n’étaient pas parvenus à amoindrir.
Après une tentative infructueuse
dans l’après-midi du 21 février, une attaque de nuit exécutée à
Toutes les unités sont très
éprouvées. Pour cette période de quatre jours, il faut ajouter aux pertes
précédentes 42 morts et 115 blessés.
Relevés dans la nuit du 22, les 2e
et 3e bataillons rejoignent à Somme-Suippes les
éléments du 1er.
Le régiment se reforme, incorpore de nouveaux renforts.
Il en est à son 4.700e
hommes depuis le début de la campagne.
Subitement alertées le 26
février, 6 compagnies (2e bataillon, 9e et 10e
compagnies) relèvent les troupes de la 14e brigade dans le
sous-secteur de Perthes, mais le quittent quatre jours après,
pour rejoindre le régiment qui va cantonner à Bussy-le-Château.
Détente jusqu’au 8 mars, date à
laquelle le 20e remonte et s’installe au bivouac à Cabane-et-Puits.
De nouvelles opérations sont en
préparation.
Le 9 mars, le 20e
relève au nord de Perthes un régiment de la 13e
brigade et prend le dispositif qui lui a été fixé : 2e bataillon,
tranchées au sud-est en vue de l’attaque du Bois Carré, 3e
bataillon, tranchées entre le chemin Perthes-Tahure et le chemin
Perthes- Ravin de
1er bataillon, en réserve
à la carrière de Perthes.
Le 10 à
Cependant, deux sections de la 7e
et de la 8e réussissent à gagner le Bois Carré, mais
ne peuvent aller plus loin.
A droite, la 12e
compagnie, entraînée par le sous-lieutenant VIAUD, s’est jetée en avant, mais ne peut
atteindre son objectif. Dans le courant de la journée du 11, notre position est
améliorée par des coups de main ou par infiltration dans les boyaux. La 4e
Armée, dans la poursuite ininterrompue des opérations, cherche maintenant moins
à percer le front allemand en direction de Tahure que de
s’emparer de la ligne de hauteurs que tient l’ennemi, pour ensuite le rejeter
dans la vallée de
Une attaque d’ensemble de l’Armée
doit avoir lieu le 12 mars. Le 17e corps d’armée y participe. Appuyé
à l’est par l’action du 16e sur
Le dispositif et les objectifs du régiment restent les mêmes que pour l’attaque du 10.
La préparation, d’artillerie
s’exécute dans la matinée.
Vers la droite, devant la 11e
compagnie, les défenses du Ravin de
L’heure de l’assaut,
primitivement fixée à
La 11e compagnie, commandée par l'adjudant SAINTOURENS, nommé depuis sous-lieutenant, déclenche le mouvement.
Les 50 hommes qui la composent, entraînés par
leur chef dont les qualités de bravoure et de présence d’esprit assurent le
succès d'une manœuvre difficile, passent par les brèches faites devant le front
de la compagnie voisine et se rabattent ensuite entre les défenses non
détruites et les tranchées ennemies. A ce même moment, la 9e
compagnie se lance à l’assaut du Bois Triangulaire que l’ennemi
vient d’évacuer et que son artillerie arrose de projectiles.
Toujours entraînés par l’adjudant
SAINTOURENS,
les éléments de ces deux compagnies se ruent à l’assaut des tranchées du Bois
Violet où les Allemands se sont retirés. Surpris par la rapidité du
mouvement et par le mordant des assaillants, l’ennemi fléchit dans sa défense.
En quelques minutes, nos braves Gascons ont fait place nette, se sont emparés
de 350 mètres de tranchées et ont capturé 150 Allemands, dont 3 officiers.
L’attaque de gauche a moins bien
réussi.
A
Un peu plus tard, la 9e
compagnie et une section de la 12e, commandées par le sergent RODES, viennent
renforcer les éléments avancés qui continuent un combat opiniâtre. Exténués par
l’effort fourni sans relâche depuis trois jours, ces groupes dissociés voyant
leurs munitions s’épuiser tiennent cependant la tranchée enlevée jusqu’à la
tombée de la nuit. A ce moment, les Allemands contre-attaquent à la grenade
avec une grande violence.
Assaillis à coups de grenades et
n’en ayant pas pour riposter, submergés de tous cotés, nos hommes doivent céder
peu à peu le terrain conquis. A
Relevé le 14 par le 103e,
retiré de la bataille, le régiment est dirigé le 15 mars sur Bussy-le-Château.
C’est ce jour-là que ceux qui descendent boueux , mais glorieux, ouvrent leurs
rangs décimés à des camarades dont la nouvelle tenue bleue semble découvrir un
horizon de jours meilleurs.
Effectivement, à la fin du mois
de mars, après un séjour en secteur, au nord de Perthes, du 20 au
26, la 33e division d'infanterie quittait définitivement la région
de Champagne.
Une des grandes phases de la campagne du 20e prenait fin. Elle était digne d'inspirer un poète soldat, et le sergent GUERRY en a marqué le souvenir dans ces vers :
Perthes ou Le Mesnil, Beauséjour, Les Hurlus
!
Ces noms, dans les journaux, qui donc ne les
a lus ?
Dans notre régiment,
hélas ! qui ne tressaille
Se rappelant d’antan l’héroïque bataille.
O Champagne pouilleuse ! As-tu compté tous
ceux
Qui sont morts bravement sur les tertres
crayeux ?
Il n’est pas un sapin, il n’est pas une pierre
Qui ne réclamera demain une prière,
Car il n’est sûrement de ton sol pas un pas
Qui ne fut le témoin de quelque obscur
trépas.
Et ce coin de Champagne, et triste, et
solitaire,
N’est plus en ce moment qu’un immense suaire.
Ce plateau devant nous, tel un Antre en
hiver,
Tant il a l’air de loin de neige recouvert,
Pourrait avec le sang qui coulait au soleil,
Au lieu d’un tertre blanc, être un tertre
vermeil !
Le 20e quitte Somme-Suippes,
le 1er avril et par Auve, Saint-Mard, Noirlieu,
Pretz-en-Argonne, gagne en six étapes Rambluzin, où il
demeure en réserve prêt à intervenir dans les opérations qui se déroulent aux Eparges
et dans les Hauts-de-Meuse.
Le régiment n’est pas engagé et
est ramené à proximité de Bar-le-Duc (Rozières et Naives).
Le 22 avril, il est embarqué en
chemin de fer à Mussey et dirigé dans la région sud d’Amiens.
Il débarque à Ailly-sur-Noye et Moreuil et, après
huit jours de repos dans les cantonnements de Mailly-Raineval (2e
bataillon), Sauvillers (3e bataillon), Louverchy
(1er bataillon), le 20e est de nouveau dirigé par
voie ferrée sur Saint-Pol et va cantonner à Grand-Bullecourt
qu’il quitte le 5 mai pour se rendre à Habarcq.
Dans ce dernier cantonnement, le
régiment procède aux opérations préparatoires de l’offensive générale de la 10e
Armée au nord d’Arras, à laquelle il doit participer.
La 66e brigade, placée
en avant de la ligne Ecurie-Roclincourt, a pour objectifs
successifs deux lignes de tranchées à cheval sur la route de Lille,
puis, si la conquête en est faite, doit poursuivre son attaque sur
Les deux régiments de la brigade
doivent s'engager successivement dans l’ordre 11e - 20e.
Ce dernier occupe, le 9 mai, à
2e bataillon à l’ouest
de la route de Lille, dans le petit collecteur.
1er bataillon à l’est
de la route de Lille, dans le grand collecteur.
3e bataillon dans l’abri du Mouton et grand collecteur ouest.
En passant à Anzin-Saint-Aubin,
les hommes ont déposé les havresacs. Ils ne portent en sautoir que la
couverture roulée dans la toile de tente.
En raison du rapprochement des
premières lignes adverses la préparation d’artillerie ne peut se faire que sur
la deuxième ligne ennemie.
A
L’ennemi alerté riposte furieusement. Les bataillons suivants ne peuvent déboucher.
A gauche, l’attaque du 26e
(20e corps d'armée) a également avorté. Reprise à
Les difficultés d’attaquer de
front une position aussi formidablement organisée que
Un nouvel ordre d’attaque parvient
le 15 mai. Il rappelle que l’objectif définitif est
A l7 h. 05, au moment même où
commence le tir d’efficacité de nos batteries, l’artillerie allemande
déclenche un barrage d’une violence inouïe sur les places d’armes occupées par
le 1er bataillon qui doit déboucher quelques minutes après. Dès
l’apparition des premiers casques au sommet des échelles de franchissement, les
mitrailleuses ennemies arrosent les tranchées. L’attaque ne peut déboucher.
Un deuxième assaut, ordonné pour
Une attaque de nuit avec les mêmes éléments, en cours de préparation, est contremandée par ordre de l’Armée.
Les opérations offensives sont arrêtées le 16 mai. Les troupes s’emploient immédiatement à réparer les dégâts causés par les bombardements auxquels nos positions ont été soumises pendant une semaine.
Dans cette période, le régiment vient de
perdre 250 hommes, dont 70 tués.
.
Le 21 mai, le régiment relève au sud-est d’Arras dans le secteur Agny-Achicourt, le 25e régiment d’infanterie, du 10e corps d’armée. Ce secteur se divise en deux quartiers :
Quartier d'Achicourt, 2e bataillon ,
Quartier Ronville, 3e bataillon.
Le 1er bataillon en
réserve à Achicourt.
Le lieutenant-colonel VERLEY , nommé sous-chef d’état-major du corps d’armée, est remplacé le 25 mai par le lieutenant-colonel MARTINET.
Le capitaine MONTAURIOL prend le commandement du 1er bataillon.
Le 11 juin, sur la partie du Chemin
de Bucquoy parallèle à la voie ferrée, le colonel MARTINET remet
pour la première fois
La disposition des unités se
trouvant modifiée dans le front tenu par la 33e division
d’infanterie, le régiment appuie vers la gauche et relève, le 12 juillet, le 11e
dans les quartiers de Ronville, Saint-Sauveur, Blangy,
où les deux régiments alternent par période de huit jours.
Le 20e au repos à Arras, Dainville et Simencourt, puis ultérieurement, à Fosseux et Barly. Le bataillon stationné à Arras fournit des travailleurs. Les deux autres sont à l’instruction.
A partir du 14 septembre, le front défensif d’Arras se transforme en front offensif. Sur la partie comprise entre la route de Bapaume et le chemin de Neuville-Vitasse, deux parallèles sont creusées par le régiment à 175 mètres en avant de notre ligne avancée. L’ennemi est inquiet des travaux dont il constate les progrès chaque matin. Son artillerie réagit fortement. Malgré la gêne qui en résulte et les pertes éprouvées, les travailleurs, couverts par des patrouilles qui se glissent dans la nuit jusqu’aux lignes allemandes, font preuve d’entrain et de froide résolution.
La 10e Armée doit prendre
l’offensive, le 25 septembre, pour enlever au commandement allemand la
possibilité de retirer des troupes dans le secteur d’Artois et les amener sur
le front de Champagne, où, le même jour, l’armée française déclenche une
puissante attaque.
La zone de la division
d’infanterie est comprise entre
Le 25 à
2e bataillon face à Beaurains,
à cheval sur la route de Bapaume (5eet 8e
compagnies en première ligne, 7e et 6e compagnies en
deuxième ligne) ;
3e bataillon, à droite
du précédent ;
1er bataillon, en
réserve, à la disposition du commandant de la brigade.
L’action du régiment doit être
liée au nord à celle du 11e sur
Attaque de la 5e
Compagnie.
A
Le commandant VAGNON,
debout sur le parapet, au centre de son bataillon, canne à la main, pipe à la
bouche, électrise ses hommes par sa calme attitude.
Le peloton du sous-lieutenant ROLLAND, en deux
vagues, bondit d’un seul trait jusqu’à la première tranchée, en partie détruite
par l’explosion, mais ne peut réaliser la liaison avec le 11e dont
on n’aperçoit aucun élément. Le peloton progresse en repoussant les Allemands à
la grenade.
A droite, le peloton de
l’adjudant-chef MERLATEAU,
conduit par le capitaine PHALIP,
atteint la première tranchée, puis
Depuis un quart d’heure, des
mitrailleuses ennemies sont entrées en action vers le talus qui limite les Vergers
de Beaurains. Elles balayent la tranchée conquise et tout
le glacis qui s’étend en avant de cette tranchée.
Le capitaine PHALIP, blessé une première fois à la cuisse, maintient ses hommes sur place par son énergie et l’exemple qu’il donne ; il est blessé un nouvelle fois et tombe pour ne plus se relever. L’adjudant-chef MERLATEAU est également blessé : son peloton souffre beaucoup.
Attaque de la 8e
Compagnie.
La 8ecompagnie se
porte à l’assaut immédiatement derrière la 5ecompagnie, le capitaine
SOUBEYRAN
en tête du peloton CHASSAIGNE.
La compagnie arrive sans trop de pertes jusqu’à la hauteur de
Les sections de soutien se
portent en rampant à hauteur de la première ligne jalonnée par plus de morts
que de vivants, se relient aux unités voisines, entament avec l’ennemi un dur
combat, mais maîtrisent toutes ses contre-attaques.
Le commandant VAGNON, qui marchait en tête de la 8e compagnie, se porte à la barricade allemande de la route de Bapaume. Quelques instants après, ce chef aimé de tous y est tué.
Attaque de la 7e
Compagnie.
Traversant les réseaux aux
brèches qu’avaient empruntées les éléments de tête, la 7e compagnie
pénètre dans la première tranchée, y trouve encore 11 chasseurs saxons, mais à
peine a-t-elle essayé de progresser au delà qu’elle est prise de flanc par deux
mitrailleuses abritées dans une maison du village.
De tous les boyaux qui accèdent à
cette tranchée débouchent des grenadiers ennemis qui refoulent les nôtres sans
défense, la plupart des grenades ayant leurs allumeurs mouillés n’éclatant pas.
Le capitaine FAUVEAU,
qui a pris le commandement du bataillon, et le sous-lieutenant MERMET sont tués.
Tous les cadres sont éprouvés et les éléments désorganisés de la 7e
compagnie sont sous les ordres de l’aspirant MIRAMBEAU.
6e
compagnie
Entraînée par son chef, le lieutenant LAGRIFFE, arrive
d’un seul bond aux fils de fer ennemis qu'une déclivité de terrain masquait à
la vue de nos observateurs et dont les brèches, que l’on croyait faites,
étaient à peine amorcées.
Les assaillants doivent s’arrêter, mais cherchent aussitôt à s’infiltrer à travers le réseau. Trois nouvelles mitrailleuses se révèlent, causant de lourdes pertes. Les hommes se terrent dans les trous d’obus.
4e
compagnie
Aux ordres du capitaine LE MATELOT, est
alors dirigée en soutien des 5e et 8e avec mission d’assurer
la liaison, qui fait toujours défaut, avec le 11e, vers la gauche.
A
Tant d’efforts vont rester vains,
car les unités de droite et de gauche n’ayant pu progresser, le régiment reçoit
l’ordre, en fin de journée, de revenir sur ses positions de départ.
Le 2e bataillon a
perdu son chef et tous ses commandants de compagnie. Sur 12 officiers partis à
l'attaque, 2 seulement reviennent { lieutenants JACQUEMETet BEGARD), 6 autres ont été
tués.
Au 3e bataillon, les sous-lieutenants SIRE et DE NOE sont tombés ; 3 autres officiers blessés.
La nuit venue, tandis que tout ce qui reste du 2e bataillon et de la 4e compagnie est rassemblé au collège des Dominicains, à Arras, le 3e bataillon prend position dans les parallèles de départ qui deviennent notre première ligne.
L’offensive générale est arrêtée. Ordre est donné d’organiser défensivement les nouvelles positions et, par suite d’une modification dans la répartition des unités de la 33e division d’infanterie, le régiment occupe à partir du 27 le quartier de Ronville, du cimetière Saint-Sauveur à la route de Saint-Quentin, avec :
1 bataillon en première ligne ;
1 bataillon en soutien aux Dominicains et Rue de Bapaume et Rue de Saint-Quentin
Le 3e au repos à Berneville.
Les relèves comportent une
période de trois jours aux tranchées alternant avec des périodes de six jours
en soutien et en réserve.
Sous l’énergique impulsion du
lieutenant-colonel MARTINET,
le 20e transforme les organisations défensives d’Arras,
très précaires lors de son arrivée, en une position de tout premier ordre. De
nombreuses lignes de tranchées et de nombreux boyaux sont créés, ceux-ci pavés,
celles-là clayonnées, pourvues de banquettes de tir et garnies de caillebotis
sur toute la longueur. D’épais réseaux sont construits et de grands abris à
l’épreuve sont creusés. Le secteur atteint toute sa perfection en décembre. Le
Quand, le 1er mars, à
l’heure tragique où la ruée germanique se produit à Verdun,
l’Armée Britannique vient occuper Arras, c’est un des plus beaux
secteurs du front que le 20e régiment d’infanterie cède à la 42e
brigade de fusiliers.
Transportée aussitôt au sud de
Nancy, dans la région de Pont-Saint-Vincent (Neuves-Maisons-Chaligny
pour le 20e), la division fait désormais partie du détachement
d’armée de Lorraine.
Poussé le 12 mars dans la zone Champenoux-Herbéviller,
le régiment s’emploie, avec une ardeur qui lui vaut les félicitations du
commandement, aux travaux d’organisation défensive nécessaires pour couvrir la
grande cité lorraine contre la menace ennemie qui se dessine. Le Président de
Le 6 avril, le régiment relève
dans le secteur d’Einville, au quartier de Bénamont,
des unités de la 6e division de cavalerie. Le 3e
bataillon en première ligne occupe le centre de résistance d’Arracourt avec
les points d’appui de
Le colonel
et le 2e bataillon, en soutien, se trouvent à Valhey.
Le 1er, en réserve de
sous-secteur, est à Sommervillers.
Remplacé le 18 avril par le 335e
(59e division d’infanterie), le régiment prend quelques jours de
repos à Bayon, embarque en chemin de fer le 23, débarque à Coolus,
au sud de Châlons, et cantonne en entier à Nuisement.
En vue de la relève de la 123e
division d’infanterie, qui tient le secteur entre
Après des arrêts successifs aux Camp
des Boyaux, Camps des Pins, Du Marson, le 20e prend
possession, le 14 mai, des quartiers A et B du sous-secteur du Bois
Allongé et du quartier C du sous-secteur des Walkyries,
sur la face est du saillant allemand de
L’ennemi, qui craint le
renouvellement de nos attaques sur
Deux de ces opérations ont lieu le
15 mai et le 22 juin et, comme toutes, restent sans aucun gain pour l’ennemi.
La première est complètement repoussée avec pertes pour les Allemands grâce au
sang-froid et au courage du sous-lieutenant SAINTOURENS qui exécute avec sa section
une contre-attaque mordante et opportune.
Ces offensives de l’ennemi valent
de notre part des ripostes sous forme de coups de main exécutés notamment dans
les nuits du 29 juin et du 1er juillet par le sous-lieutenant LOUBIERES,
secondé par le sergent BOUCHAUD.
Remplacé le 2 juillet dans ce
secteur par le 88e, le régiment se porte par Auve, Poix et
Marson, sur Vesigneul et Saint-Germain-la-Ville
où il est mis au repos pendant une semaine. Il est à noter que, depuis le début
de la campagne, le 20e n’a
jamais eu de repos d’une durée supérieure à huit jours.
Le 11 juillet, il reprend son
mouvement et, par Coupeville et Possesse, se rend à
Charmont où il cantonne jusqu’au 17 juillet. Transporté en camion
de Vaubecourt au circuit de Nixéville, le régiment
bivouaque au Bois-la-Ville en vue de sa prochaine participation à
la bataille de Verdun.
De la route de Bar-le-Duc à Verdun, où règne une extraordinaire animation, monte un bourdonnement ininterrompu.
Sur
Le colonel MARTINET réunit
ses officiers et les met au courant de la situation. II n’en cache pas la
gravité, mais, en montrant la grandeur de la tâche, il exalte le moral de
chacun. Dans le lointain, on entend le bombardement comme un roulement de
tonnerre.
La bataille de Verdun fait rage.
Lançant divisions sur divisions, l’armée du Kronprinz fournit un effort
désespéré. La grosse offensive allemande du début du mois a fait encore reculer
notre front ; l’ennemi tient le village de Fleury et l’ouvrage
de Thiaumont, il est aux pentes de Souville, il a
pris pied dans le Ravin des Vignes.
Le 20 juillet, le régiment se
porte à Verdun, à la caserne d’Anthouard et dans la
rue Saint-Louis ; il y prend la tenue de secteur car là-bas, dans
la fournaise, on ne saurait emporter d'inutiles impedimenta. Il
faut au contraire se pourvoir du nécessaire pour trois ou quatre jours, car le
ravitaillement en ligne est problématique. Vivres, grenades et artifices,
panneaux de signaux sont emportés par tous les hommes qui se préparent à
prendre leur part de gloire dans les luttes titanesques qui se livrent sur la
rive droite de
Le 22 juillet, le 20e
est mis à la disposition du général commandant la division d’infanterie Marguerite (8e
D. I.).
Le 1er bataillon va au
Ravin de
Le 2e au Ravin
des Trois-Cornes à M. 6, à la disposition du colonel
commandant le 117e. Enfin, le 3e est placé en réserve à M.
F. 2 dans le Ravin du Pied-de-Gravier.
Le 24 juillet, le 1er
bataillon est chargé d’enlever les batteries C, ancien organe de flanquement de
l’ouvrage de Thiaumont, dont la possession par l’ennemi lui
procure une base indispensable pour le développement de ses attaques.
La 2e compagnie, sous
le commandement du lieutenant DEBIA, s'élance à
La 1ère compagnie se
porte en avant sous de terribles rafales de mitrailleuses et d’artillerie de
tous calibres pour soutenir la 2e, bientôt suivie par la 3e
compagnie.
Trois cents mètres de terrain ont
été gagnés, un ouvrage enlevé de haute lutte, 44 prisonniers ont été capturés
et de nombreux Allemands mis hors de combat.
Le 2e bataillon ayant
relevé le 117e et le 3e les unités du bataillon MONTAURIOL, le régiment se
trouve le 26 entièrement engagé.
La 11e compagnie, qui
cherche à améliorer la position en fermant une poche où l’ennemi s’est glissé,
entame un combat à la grenade (grenades à main et V. B. dont ce sont les
débuts) des plus meurtriers qui, en une matinée, fait fondre plus de la moitié
de son effectif.
Le soir du même jour, à
L'attaque de la 9e compagnie, précédée du groupe de grenadiers, qui
a à sa tête le sous-lieutenant RENE COURREGES, se trouve bloquée par un tir de
barrage écrasant d’obus de 150 et de 210. Le lieutenant COURREGES avec
ses hommes, dont les munitions ont été rapidement épuisées, lutte désespérément
pour défendre les 30 mètres qui viennent d’être parcourus. Il tombe blessé à
mort et jamais plus son corps ne sera retrouvé.
De part et d’autre, les compagnies VIAUD et SEVERAC (10e) ont progressé, mais faiblement. La journée a été particulièrement dure, les pertes très lourdes. Le sous-lieutenant FROMENT a été tué. Cinq officiers, dont trois de la même compagnie, sont blessés. Parmi les hommes, une quarantaine de tués et 130 blessés.
Dans la journée du 27, les Allemands
contre-attaquent furieusement pour nous reprendre le terrain dont la perte lui
est sensible, car son point d’appui de Thiaumont, menacé, c’est
pour lui le renoncement à pénétrer dans le Ravin des Vignes pour
nous rejeter sur l’ultime ligne de défense de Verdun :
Les soldats de la 3e
compagnie et du bataillon ESPINET tiennent bon. Leurs efforts surhumains assurent la
conservation intégrale de tout le terrain conquis, mais au prix de très lourds
sacrifices.
Notre position est cependant
précaire, car notre avance locale du 24 a créé un saillant aussi avancé
qu’étroit. Il importe de l’élargir, notamment vers l’Est, vers le Dépôt qu’en
vain, le 26, on a attaqué.
Les 1re et 2e compagnies, sous les ordres du commandant MONTAURIOL, sont chargées de l’opération le 25.
A
A gauche, la 2e compagnie a progressé pareillement et vient se souder à la première. Le succès est complet. Malgré le bombardement dirigé sur elles, malgré les retours offensifs, ces unités se maintiennent sur place.
Pendant ce temps, le 2e bataillon, en ligne à l’est du Ravin du Bois en T, est très fortement canonné. Il repousse brillamment et sans céder un pouce de terrain, une très grosse attaque dirigée sur sa droite et sur la gauche du 117e.
Toujours en ligne, épuisées par
dix jours d’efforts ininterrompus, les unités escomptent la relève. L’ordre
arrive le 3 août, mais à peine les bataillons sont-ils établis en réserve à M.
F. 3 et M. F. 4 qu’ils sont alertés et reçoivent l’ordre
de remonter en ligne.
Les Allemands, dans la nuit, ont
enfoncé nos premières positions, ont réussi à reprendre le Dépôt,
à déboucher dans le Ravin des Vignes et sont parvenus jusqu’à
l’ouvrage des Quatre-Cheminées.
Le 4 août, à
L’ennemi est ébranlé, désorienté
; il faut profiter de son désarroi pour lui reprendre encore du terrain si
âprement disputé. Le 1er bataillon s’élance de nouveau le 5 août en
liaison avec le 81e régiment d’infanterie, avec, pour objectif, la
route Thiaumont-Fleury.
L’objectif est atteint. L’ouvrage
Thiaumont est enlevé et une progression de 700 mètres a été
réalisée.
Le général commandant la 31e division d’infanterie (division Marguerite) félicite les troupes qui ont combattu sous ses ordres et ont reconquis, le 4 et le 5 août, avec l’ouvrage de Thiaumont, une grande partie du terrain pris par les Allemands lors de leur dernière offensive du 10 juillet.
La brillante conduite du 1er
bataillon lui vaut d’être cité à l’ordre de la 33e division
d’infanterie, n° 77, du
Sous
le commandement du commandant MONTAURIOL, a participé les 26 et
Bien que très éprouvé par les affaires des journées précédentes, a réussi, les 4 et 5 août, non seulement à contenir une violente contre-attaque ennemie et à rétablir la situation un moment compromise, mais encore à porter sa ligne de plusieurs centaines de mètres en avant.
Le régiment a perdu 7 officiers
tués, 17 blessés et 1.100 hommes de troupe, dont 350 tués.
Une des plus belles pages de son
histoire vient d’être écrite par le 20e régiment d’infanterie.
Sur ce sol de Thiaumont,
dont le bouleversement attestera pendant de longues années la violence des
luttes qui s’y livrèrent, au milieu de ces crêtes lunaires que forment en se
joignant, en se chevauchant, en se mordant l’un l’autre les cratères des
monstrueux éclatements d’obus, s’accomplirent d’innombrables actes d'héroïsme
et de suprêmes sacrifices dont un grand nombre resteront ignorés.
Entre tous les soldats de France,
les soldats du 20e peuvent être fiers de la part glorieuse qu’ils
ont prise dans cette bataille symbolique de Verdun.
Par les sacrifices consentis, les succès réalisés, ils ont affirmé une fois de plus les brillantes qualités de leur race.
Après une semaine de repos à Nant-le-Grand
et Nant-le-Petit, le régiment, transporté à Nixéville,
remonte à Verdun, passe un jour à
Deux bataillons tiennent la
première ligne: celui de droite, à cheval sur le Fond d’Heurias
et la route de Louvemont, en liaison avec le 11e
régiment d'infanterie au Bois Nawé ; celui de gauche, accroché
aux pentes sud de
Ce secteur est moins agité que
celui de Thiaumont.
Il possède les éléments d’une organisation défensive, mais néanmoins son occupation est des plus pénibles. Un nouvel ennemi s’y révèle : l’eau, qui jaillit en sources de toutes parts dans les tranchées et les boyaux, l’eau qui cause d’incessants dégâts que chaque nuit il faut réparer et qui rend le séjour intenable dans les abris.
De la crête d’où il nous domine,
l’ennemi règle à son gré les tirs de son artillerie dans
Chaque nuit, pendant plus de
trois mois, les hommes partent chercher le ravitaillement que les cuisines ont
préparé à Verdun et que les avant-trains apportent sur les bords
du canal, près de
Les hommes accomplissent en
silence leur rude besogne sur un terrain malaisé, sur des pistes balayées par
des balles de mitrailleuses, traversant le Village de Bras où
rares sont les accalmies dans le tir de l'artillerie ennemie.
Du 19 août au 23 novembre, nos
braves troupiers ne peuvent prendre aucun repas chaud. Pendant ces 97 jours, le
régiment ne connaît d’autre repos que la faible détente créée par l’alternance
des bataillons sur la position de soutien.
Aussi, pendant cette longue
période durant laquelle nos poilus endurèrent le froid, l’humidité, la boue,
essuyant de violents bombardements, notamment pendant l’attaque et la prise du
fort de Douaumont (24 octobre), le 20e prouve-t-il à
nouveau la constance d’un effort jamais démenti.
Après le séjour prolongé qu’il
vient de faire en avant de Verdun, le régiment est mis au repos à Void
et à Vacon où il a été transporté, partie en chemin de fer,
partie en camions.
C’est comme un renouveau de la vie pour tous ces soldats, exclus pendant un trimestre du monde civilisé et éloignés de toutes ses manifestations. Cette détente fut de courte durée et, quelques jours après, on apprend qu’en vue de la relève de la 128e division d’infanterie, dans le secteur de Commercy, le régiment doit faire étape à Lérouville.
Du 1er au 3 décembre,
le régiment relève le 169e dans la zone « Tête à Vache
», formée des quartiers Dupin et Perrin, séparés
par l’avenue de
Le bataillon réserve de secteur
est à Boncourt.
Le secteur est bien établi et
fortement organisé dans une belle forêt de hêtres. En extrême pointe de la
hernie de Saint-Mihiel, il n’est pas le siège de combats
violents, mais ses organisations présentent d’assez curieuses situations de fin
de combat datant de l’année 1915 qui en rendent l’occupation délicate. La
distance entre les lignes est très faible et disparaît même en plusieurs points
de friction dont le plus remarquable est le « Tir aux Pigeons ».
La ligne, très tourmentée,
possède une série de saillants et de rentrants dont quelques-uns, comme «
l' Ouvrage du 134e » , sont hardiment accrochés à des
mouvements de terrains abrupts .
Le régiment repousse de nombreux
coups de main, fréquents en cette région, violemment préparés et soutenus par
des quantités de minenwerfer.
Le 3 mars, le régiment exécute
une riposte sur
Deux groupes d’une vingtaine
d’hommes chacun, respectivement sous les ordres des sous-lieutenants BOUCHAUD et de MARION, ont reçu
l’ordre d’aborder la ligne ennemie en deux points différents et de la nettoyer
en allant à la rencontre l’un de l’autre.
A l’heure fixée, les deux groupes
abordent les défenses ennemies. Le sous-lieutenant BOUCHAUD saute le premier
dans la tranchée et se trouve face à face avec un Allemand qui lui brise la
crosse de son fusil sur le casque. L’officier tombe évanoui, mais ses hommes,
qui l’ont suivi, le dégagent bien vite et s’emparent du Boche.
De son côté, le sous-lieutenant
de MARION,
ne trouvant pas de passage dans les défenses accessoires ennemies se couche
résolument dans les réseaux pour les aplatir. Le passage ainsi frayé, il se
précipite dans la tranchée et y capture un gefreite.
C’est sur cette opération
remarquablement réussie que le 20e quitte la forêt d’Apremont,
relevé par le 115e régiment d’infanterie.
Le régiment fait mouvement par
voie de terre. Lérouville, Nançois-le-Petit, Bar-le-Duc, Robert-Espagne,
Heiltz-le-Naurupt, Outrepont, Saint-Lumier-en-Champagne jalonnent son
itinéraire et marquent ses étapes. Le 9 mars, le 20e, moins le 1er
bataillon, qui exécute des travaux près de Saint-Dizier, cantonne
dans la plaisante Vallée du Fion, dans le grand village de Saint-Amand,
et y reste jusqu’au 18 mars, date à laquelle la 33e division entre
dans la composition du groupement ouest de la 4e Armée.
Pour la troisième fois, le
régiment revient en Champagne. Il occupe le tranquille secteur de Prosnes
que, dès son arrivée, il est chargé d’aménager en vue d’une opération
offensive.
Tandis que nos premières lignes
sont situées dans la plaine un peu au nord de la voie romaine, l’ennemi
possède, à 3 kilomètres à l’intérieur de ses positions, le massif de Moronvilliers,
constitué de l’Est à l’Ouest par le Mont Sans Nom, le Téton,
le Casque, le Mont Perthois, le
Mont Haut, le Mont Blond, le
Mont Cornillet. Cette ligne de hauteurs, qui commande entièrement le Camp
de Châlons, forme autant de remarquables observatoires et constitue une
position presque inexpugnable.
La première quinzaine du mois
d’avril se passe dans les préparatifs de l’attaque, dans le creusement des
parallèles de départ que le régiment exécute non seulement dans sa future zone
d’attaque, mais aussi dans celle de la division marocaine, afin, comme
l’explique le commandement qui impose cette tâche supplémentaire, que l’ennemi
n’ait pas son attention éveillée par la présence nouvelle de troupes kaki.
Les réglages d’artillerie
commencent le 10 et la préparation atteint toute sa violence dans les journées
des 14, 15 et 16 avril.
Dans l’après-midi de ce dernier jour, l’aspirant BAUDISSON va reconnaître le fortin du Bois Horizontal, mais il est blessé au moment où il va pénétrer dans l’ouvrage. Le sous-lieutenant LEDUC part avec un détachement de nettoyeurs et, avec une décision et un sang-froid remarquables, il s’élance dans l’ouvrage, met l’ennemi en fuite après avoir tué 2 occupants et avoir fait prisonnier un sous-officier du 50e.
Le jour de l’attaque est fixé au 17 et l’heure
du déclenchement à
Le régiment, en position dans les
parallèles au nord de
Les bataillons, dans leur tenue
d’assaut, munis de vivres pour 4 jours, prennent dans la nuit leurs
emplacements :
1er bataillon en
première ligne ;
2e bataillon en
deuxième ligne ;
3e bataillon réserve
de brigade à Moscou.
L’heure approche et le temps
devient de plus en plus mauvais. Il fait entièrement noir. Il tombe une pluie
glaciale mélangée de neige fondue, le vent souffle en tempête, la boue crayeuse
de Champagne colle aux souliers et rend la marche très pénible.
L’émotion étreint les cœurs, mais rien ne peut cependant diminuer l’allant de
tous car chacun comprend la grandeur de l’effort que
A
La première ligne est bientôt
atteinte et enlevée sans opposer aucune résistance. La progression se poursuit
acharnée.
Arrivée à la lisière nord du Bois
Horizontal, la 3e compagnie est prise à revers par de
violents feux de mitrailleuses provenant d’un fortin qui ne se dévoile qu’après
le passage de notre première vague. Elle se trouve ainsi momentanément coupée
en deux, mais le lieutenant DAUSSONNE, commandant la 1re compagnie, a
vu le vide se former et sans un instant d’hésitation, de sa propre initiative,
il déploie son unité qu’il lance dans l’intervalle. La ligne est rétablie, la
progression continue. L’avance résolue de cette compagnie sur les pentes de la côte
188 surprend et affole l’ennemi qui, attaqué par l’équipe de
nettoyeurs de tranchées du sous-lieutenant BOUCHAUD , se rend par
groupes.
A droite, la 2e
compagnie est parvenue sans grandes difficultés au milieu du Bois du
Chien, mais la résistance commence. Quelques fractions ennemies restées
dans les éléments de tranchée se défendent énergiquement à la grenade. Un nid
de mitrailleuses, resté à la corne nord-ouest du bois, ouvre un feu violent sur
les assaillants. Tandis que trois sections de la 2e compagnie
continuent leur progression, la section du sous-lieutenant LEDUC fait
face à l’îlot de résistance et l’attaque au fusil et à la grenade V. B.
Deux actions, une de la 5e compagnie (sous-lieutenant LAGANNE) et une de la 6e compagnie (sous-lieutenant BOREL) viennent appuyer le mouvement. Toutes deux s’emploient à faire tomber ce nid de mitrailleuses. Une section de la 1re compagnie de mitrailleuses vient encore s’adjoindre à ce détachement et finit par réduire l’ennemi au silence, en n’hésitant pas à ouvrir le feu à moins de 20 mètres de l’adversaire. Ce combat a été acharné. Le sous-lieutenant LEDUC est tombé mortellement frappé d’une balle à la tête. De nombreux cadavres jonchent le terrain. Aussi les nôtres, exaspérés de cette résistance, se battent-ils comme des lions.
Tous les mitrailleurs ennemis
sont passés par les armes.
La progression reprend aussitôt et, d’un bond, le 1er bataillon atteint la tranchée du Bois du Chien qui est vivement nettoyée à la grenade. Les pertes sont déjà sévères : le commandant MONTAURIOL a été mortellement blessé ; le capitaine DUTREIX, son adjudant-major, également atteint.
Arrivé sur ces emplacements, le bataillon de tête est arrêté par les feux de nombreuses mitrailleuses provenant des Bois 304, 307 et k 51 qui interdisent toute circulation en terrain découvert et gênent considérablement la progression dans les Boyaux de Posen et du Marteau, tous deux partiellement nivelés. Les unités du 1er bataillon profitent de cet arrêt forcé pour se regrouper et se réorganiser. Le capitaine BARTHE prend le commandement du bataillon.
Bien qu’en deuxième vague, le 2e bataillon a eu, lui aussi, à vaincre une grande résistance opposée par de nombreux centres qui ne se dévoilent qu’après le passage des premières unités.
Des Allemands restés dans les profonds abris
des Tranchées sud du Bois du Chien sortent, mettent des
mitrailleuses en batterie et ouvrent le feu sur le 2e bataillon qui
débouche du Bois Horizontal. C’est ainsi que la 5e
compagnie, le lieutenant-colonel MARTINETet sa liaison, se trouvent arrêtés sur le glacis qui
sépare les deux bois. Mais tandis que des fractions font face à cet ennemi
inattendu, d’autres mitrailleuses se dévoilent à l’intérieur du Bois
Horizontal, puis c’est tout un groupe de grenadiers allemands qui
viennent attaquer la 5e compagnie par derrière. La situation devient
critique. Le sous-lieutenant BARDOT est tué d’une balle à la tête. Le sous-lieutenant CAILLOT,
n’écoutant que son courage, s’élance revolver au poing au devant des grenadiers
allemands, mais il tombe à son tour. Le sous-lieutenant BERGE qui, avec
ses pionniers, a voulu faire feu sur les mitrailleuses du Bois du Chien,
tombe aussi mortellement frappé. Puis c’est le lieutenant-colonel MARTINET dont la cuisse est traversée par une
balle. Tandis qu’on se précipite vers lui, il refuse tout secours et donne à
chacun l’ordre de le laisser et de poursuivre le combat. Et c’est étendu dans
un trou d’obus, au milieu des morts et des blessés, qu’il suit des yeux son
régiment qui monte à l’assaut de la côte 188.
Peu à peu, le 2e
bataillon se rend maître de toutes les résistances et rejoint le premier à
Le 3e arrive à son tour et
le commandant GEHIN prend le
commandement du régiment.
Ordre est aussitôt donné à la 1re
compagnie de pénétrer dans
Le lieutenant BESSE, commandant
la 7e compagnie, voyant les difficultés du mouvement, s’élance à la
tête d’une poignée de braves en terrain découvert, bondit de trous d’obus en
trous d’obus, prend pied le premier dans
Le 1er bataillon vient
occuper cette tranchée.
Trois fois pendant le courant de
l’après-midi, la 1re compagnie, précédée de la vaillante équipe de
grenadiers du sous-lieutenant BOUCHAUD, essaie d’avancer dans le Boyau du
Marteau. Trois fois la tentative est arrêtée net par le feu des mitrailleuses.
Le sous-lieutenant MOURGUES est blessé et chacun
de ces échecs est accompagné de pertes sérieuses.
De son côté, la 2e
compagnie essaie à plusieurs reprises de progresser dans le Boyau de
Posen. Après un tir de 75 sur le Bois 304 où semblaient
être placées de nombreuses mitrailleuses, le sous-lieutenant DE MARION parvient
à enlever ce bois avec sa section à
Pendant cette première journée de
combats, le 20e s’est emparé de haute lutte d’organisations et
d’ouvrages très puissamment défendus. Il a eu à lutter contre un ennemi tenace
qui, en maintes circonstances, a préféré se faire tuer sur place que de céder.
Le régiment a réalisé une
progression de 1.800 mètres, faisant plus de 100 prisonniers, s’emparant de
minenwerfer et de nombreuses mitrailleuses.
Pendant la nuit, l’ennemi
abandonne de lui-même les Bois 305, 307 et K 51. Profitant de ce
recul, le 1er bataillon reprend son mouvement en avant, le 18 au
lever du jour. La première ligne est constituée par le Bois 307 avec
deux postes avancés, l’un dans le Boyau du Marteau, l’autre dans
le Boyau de Posen.
Le 2e bataillon occupe
A
Le 19 à
Dans l’après-midi, le commandant MALVY, du 9e
régiment d’infanterie, prend le commandement du régiment.
A la tombée de la nuit, les 9e
compagnie et 3e compagnie de mitrailleuses, mises à la disposition
du 11e, vont occuper les nouvelles positions du Téton,
où le reste du 3e bataillon viendra les rejoindre le 20.
Dans la nuit du 19 au 20, le
lieutenant DEBIA,
commandant la 2e compagnie, est tué d’une balle à la tête.
Pendant l’après-midi, la
préparation d’artillerie a repris sur le Casque ; à
Cette brillante opération nous a
coûté des pertes irréparables. Le lieutenant DAUSSONNE est tué en tête de sa
compagnie, alors que, debout pour l’entraîner à l’assaut, il venait de
prononcer ces stoïques paroles : « En avant, mes amis, vous allez voir comment
meurt un vieux territorial. »
Le lieutenant BESSE qui, depuis 24
heures, luttait désespérément dans les tranchées de Rendsburg et
de Gottingen, est tué d’une balle à la tête alors qu’il faisait
le coup de feu en avant de ses hommes. Le sous-lieutenant BOUCHAUD a été
aussi mortellement blessé en entraînant ses grenadiers à l’assaut. Son courage
légendaire ne l’abandonne pas jusqu’au dernier moment; au poste de secours où
des amis cherchent à lui cacher la gravité de sa blessure, il répond : « Vous
me dites courage et c’est vous qui pleurez. Je ne suis pas à plaindre
cependant, puisque c’est pour
La journée du 21 se passe sans opérations. L’artillerie ennemie et les engins de tranchées réagissent vigoureusement. Le sous-lieutenant LAGANNE est tué.
Dans la nuit du 21 au 22, le régiment
relève le 11e .Le 3e bataillon est depuis la veille en
première ligne sur le sommet du Téton.
Le 2e bataillon est en soutien dans
les tranchées de Rendsburg et de Gottingen ; le 1er
bataillon en réserve au Bois 320.
La réaction de l’artillerie se montre très vive pendant les journées des 22, 23 et 24.
De plus, les Allemands se sont organisés très puissamment dans la tranchée nord du Téton et y ont amené une quantité considérable de granatenwerfer avec lesquels ils arrosent de bombes meurtrières les trous d’obus occupés par nos hommes.
Des détachements de nettoyeurs,
sous les ordres du sous-lieutenant GUY et de l’adjudant LAFFITAU vont parachever les
destructions de notre artillerie. Mais l’ennemi réagit plus violemment encore.
Le 3e bataillon, pilonné à coups de 150 et de 210, souffre
terriblement sur le Téton où, dans les immenses trous qui en font
un terrain chaotique, les vivants voisinent avec les morts.
Dans la nuit du 25 au 26, le 20e,
relevé par le 207e va au
repos à Mourmelon d’où il remonte en ligne le 29 avril pour
remplacer à son tour le 207e. Au cours de la relève, les unités du
régiment sont surprises aux abords de
Le 2e bataillon va
occuper la première ligne, le 3e la position de soutien et le 1er
bataillon va en réserve au Bois 320. L’action de notre artillerie
est très vive pendant toute la matinée sur le Téton et, pour
permettre le bombardement de la première ligne ennemie, le 2e
bataillon est replié dans les tranchées de Rendsburg.
Les 9e et 10e
compagnies reçoivent l’ordre de s’adjoindre au 2e bataillon comme
première vague et viennent se placer à sa droite.
A
La 11e compagnie vient
renforcer la ligne. Le bombardement continue très violent pendant la journée du
1er mai. Il atteint une violence inouïe dans l’après-midi et les
pertes sont élevées au 2e et au 3e bataillon. Cependant
l’ordre de relève arrive et, dans la nuit, le régiment est remplacé sur le Téton
par le 115e régiment d’infanterie.
Les efforts fournis par le 20e et sa brillante conduite au cours des opérations qui se sont déroulées victorieuses devant le Massif de Moronvilliers, citadelle cependant jugée inexpugnable, lui valent sa première citation à l’ordre de l’Armée.
Le général commandant en chef cite à l’ordre de l’Armée le 20e régiment d’infanterie.
Sous le commandement du colonel MARTINET, blessé
au cours de l’action, s’est emparé, le
Signé : Pétain
Ses pertes ont été très lourdes :
13 officiers tués, 14 blessés ; 610 hommes blessés et 150 tués.
Mis au repos du 7 au 17 mai dans
la région Saint-Jean-devant-Possesse- Bussy-le-Repos, le
régiment est ensuite acheminé par Nançois-le-Grand, Chonville, Lérouville,
Pont-sur-Meuse, sur Boncourt, d’où il relève dans la zone
« Tête à Vache », qu’il a tenue pendant l’hiver précédent,
le 246e régiment d’infanterie (55e division
d’infanterie).
La physionomie du secteur a peu
changé. Relativement calme, il est extraordinairement agité de temps à autre
par la préparation et l’exécution de violents coups de main.
De notre côté, les principales
opérations sont conduites par les sous-lieutenants DE MARION, ENTREMONT,TOUCHE,CHARPAIN,
ROUSSEL,GUTTIN, l’adjudant LAFFITAU, l’aspirant BAUDISSON,
les sergents ESCATAFAL
et ESTRADE ,
avec pour objectifs les organisations ennemies des Ravins de
Mais alternant régulièrement avec
les dix jours de tranchées dans les quartiers DURIN et MONTAURIOL , des périodes de cinq
jours à Boncourt assurent largement le repos. Les séances
récréatives qui y sont organisées avec l’aimable concours féminin qui restera
dans toutes les mémoires, complètent la détente.
La petite ville de Commercy,
encore vivante et animée malgré le bombardement sauvage et intermittent que les
Boches viennent d’innover, offre des ressources et des agréments dont sont
privés la plupart des secteurs. Les cours qui fonctionnent au C. I. D. y
attirent de nombreuses séries d’officiers et d’hommes de troupe et leur assurent
une plus grande détente.
Le lieutenant-colonel NELTNER, qui
commandait le 207e, vient prendre à la dissolution de ce régiment le
commandement du 20e. Le chef de bataillon COISSAC est nommé au 1er bataillon
; le capitaine ISSALY,
du 122e, au commandement du 2e bataillon.
Le régiment quitte le 3 novembre
L’occupation de ce front prend fin le 15 du même mois par la relève par les 33e et 53e régiments d’infanterie.
Le régiment se rend alors par voie de
terre à Culey, Longeville et Tannoy,
où, le 1er décembre, le général GUILLAUMAT, commandant
Fait à noter dans l’histoire du
20e : pour la première fois depuis le début de la campagne, le
régiment bénéficie d’un repos supérieur à huit jours. Il reste en effet dans
cette zone un peu plus de trois semaines, s’embarque du 10 au 12 décembre à Nançois-Tronville
et de Dugny, où il est débarqué, va cantonner aux abords de Verdun,
au Faubourg Pavé et caserne Miribel.
Pour la troisième fois, le 20e
est appelé dans un secteur de la rive droite de
La première ligne est constituée
par une chaîne de trous d’obus, protégée çà et là par quelques éléments de
réseaux Brun. Derrière cette ligne ne subsiste plus un seul abri,
plus un seul boyau. Il n’existe pas un pouce de terrain qui n’ait été
bouleversé par le bombardement. Sur une profondeur de plusieurs kilomètres, ce
n’est qu’un désert mouvementé de trous d’obus. On dirait une mer figée au plus
fort de la tempête.
L’occupation d’un tel secteur est
particulièrement pénible, surtout pendant un hiver rigoureux comme celui de
1917-1918. Les relèves et les corvées de ravitaillement, obligées de parcourir
pendant la nuit les pistes rocailleuses et glacées, battues par les
mitrailleuses, soumises aux rafales soudaines d’obus explosifs ou toxiques,
s’exécutent au prix de mille difficultés. Par endroits, une main courante empêche
le glissement fatal dans les énormes trous d’obus où la mort par enlisement
attend le malheureux qui y tombe.
Aux pertes par le feu s’ajoutent
les pertes par le froid et les unités fondent rapidement.
Le régiment change de
sous-secteur, occupe plus à l’Est celui du Chaume, dont la
première ligne passe sur la crête au delà de l’Hermitage et qui
surplombe le Fond des Rousses. Il repousse brillamment toutes les
opérations tentées par l’ennemi, notamment celle très violente du 26 décembre,
menée par deux bataillons de
A tour de rôle, une compagnie du bataillon de réserve renforce la garnison du fort de Douaumont.
Au cours de la période de rafraîchissement que le régiment passe à Bassu et Le régiment est relevé dans le C. R. 2 Bois et Quatre-Chemins par le 418e (153e division d’infanterie) du 21 au 22 janvier.
Au cours de la période de
rafraîchissement que le régiment passe à Bassu et Bassuet ,
après avoir été transporté à Blesmes par voie ferrée, le
généralissime PETAIN
vient inspecter le 26 janvier, à Vannault-les-Dames,
le corps des officiers de la 33e division et leur exprime toute sa
satisfaction pour la brillante tenue des unités dans le secteur des Chambrettes.
Dans une allocution qui fait une
profonde sensation, tant par la gravité de ses paroles que par l’autorité qui
émane de sa prestigieuse personne, le général PETAIN annonce que le haut commandement
allemand, ne pouvant rester sur ses échecs antérieurs, va chercher, dans un
ultime mais considérable effort, dépassant en violence les précédents,
l’écrasement des armées alliées pour obtenir le triomphe que le peuple
germanique attend toujours mais ne voit jamais venir.
Le général ne cache pas la
gravité de la situation, mais il montre d’autre part, toutes les raisons
d’espérer et, dans ses grandes lignes, le plan adopté pour faire échec de
nouveau aux puissantes offensives que l’ennemi prépare.
Avec un tel chef, au grand cœur,
à la vision claire et à la raison froide, dont tout le passé de gloire répond
pour les temps futurs, l’Armée ne peut douter d’un avenir plus rayonnant. Bien
mieux, elle entrevoit derrière les nuages qui s’amoncellent l’horizon lumineux
de la victoire.
On ignore le point où le grand
état-major allemand prononcera son offensive, mais dans tous les secteurs où
celle-ci est possible, on organise activement une deuxième position.
C’est ainsi et dans ce but que le
régiment est mis à la disposition du 20e corps d’armée, placé en
avant de Verdun, à cheval sur
Le 5 février, le 20e débarque en chemin de fer à Dugny.
Le 1er bataillon se
rend au Bois bourru et travaille à l’organisation de la deuxième position entre
le Fort de Marre et
Le 2e est occupé à la
construction d’abris dans la zone, Ferme Vanneaux–Villiers-Les-Moines.
Le 3e bataillon,
stationné à la caserne Niel, est transporté chaque jour sur le
canal en péniches automobiles et organise la deuxième position, en arrière de
la route de Bras à Fleury. La 3e compagnie de
mitrailleuses est détachée à Ippecourt pour le service des
cantonnements.
Le lieutenant-colonel AMIOT remplace le
colonel NELTNER,
qui, affecté à l’Armée d’Orient, a fait ses adieux au régiment avant le départ
de BASSUET.
Le 20e, ayant terminé
la tâche qui lui était confiée, reçoit par lettre n° 255 3/B, du
Aussitôt, le 20e
change de zone et travaille désormais à la deuxième position dans les secteurs Souville-Fleury
et Fort du Rozellier-Ouvrage Déramée.
Puis, cette tâche achevée en un
minimum de temps, le régiment passe dans la partie des Hauts-de-Meuse située
au nord des Eparges et relève, à la fin de février, dans le
sous-secteur Bonchamp, le 47e régiment d’infanterie
qui occupe les C. R. de Mont-sous-les-Côtes et de
Ce secteur est tranquille. Les
premières lignes adverses, établies dans les fonds marécageux de
Entre temps, l’offensive allemande s’est déclenchée dans la région Amiens - Montdidier.
L’Armée américaine, sans attendre
une plus complète instruction de ses troupes, veut apporter son aide immédiate
et soulager l’Armée Française de ses charges.
A cet effet, à partir du 13 mars,
la 2e division d’infanterie américaine coopère dans une fraternelle
entente à la défense du secteur de la 33e division d’infanterie. Le
régiment partage le sous-secteur Bonchamps avec le 6e
régiment de marche Américain qui a pour chefs le colonel CATLIN et
le lieutenant-colonel LEE.
A la fin du mois, laissant le
sous-secteur à la garde des Américains, le régiment appuie vers le Nord pour
occuper le sous-secteur Ronvaux, qui comprend les quartiers d’Haudiomont
et de Watronville. Le bataillon de réserve s’installe aux
camps Joffre et des Réunis et aux Carrières
de Moulainville.
Le général TANANT prend le
commandement de la division.
Dans la nuit du 18 au 19 avril,
un détachement franco-américain, sous le commandement du lieutenant VIAUD, et composé
pour une partie par une section de la 1re compagnie (lieutenant CHARPAIN) exécute
un coup de main sur la route de Verdun à Etain,
devant Eix.
De nouveau, le 20e
permute avec le 6erégiment de marche Américain et va reprendre ses
anciennes positions de Mont et de
Relevé par le 9e
régiment d'infanterie Américain du 5 au 7 mai, le 20e descend vers
le Sud-Est, toujours dans les Hauts-de-Meuse, passe quelques
jours dans le sous-secteur de Ranzières (C. R. Riga et
Bizerte) où il remplace le 328e et où il est relevé le 11
mai par le 355e.
Par étapes, le régiment fait mouvement sur Nubecourt, Bulainville et Evres, où il prend un court repos ; puis, toujours par voie de terre, il revient à Verdun pour la cinquième fois.
Après des haltes successives aux
camps de
Le front présente, en mai, à peu
près le même aspect au point de vue de l’organisation défensive qu’en janvier,
à l’époque du précédent séjour du régiment. Ni tranchées ni boyaux, mais
seulement des trous d’obus reliés entre eux et presque pas de défenses. Le
ravitaillement, toujours pénible, se fait à l’Estacade du Helly
où les corvées se rendent chaque nuit.
Tout le front de Verdun,
de
Le commandement allemand a si peu
réussi dans le résultat qu’il cherchait, que notre ligne se dégarnit encore. La
33e division d’infanterie est retirée du front par extension des
divisions voisines et va se grouper dans la zone de Nettancourt.
Le 20e cantonne à Charmont
et Nettancourt pendant la première quinzaine de juin.
Le 9, le régiment, subitement
alerté dans l’après-midi, s’embarque à Sommeilles.
Les Allemands viennent de
prononcer une troisième offensive au nord-ouest de Compiègne et
ont enfoncé nos lignes sur le Matz.
Lorsque, le 11 juin, à la pointe du jour, le régiment débarque à Verberie et Longueil-Sainte-Marie, la situation est très imprécise. Bien que l’attaque ennemie ait été enrayée, une menace sérieuse subsiste pour nos lignes de l’Oise et pour y parer, la 33e division d’infanterie est établie en réserve du G. Q. G. sur la position Fayel-La Buyère-Le Meux, mais elle n’a pas à intervenir, une contre-attaque heureuse du général MANGIN sur le plateau de Méry , ayant rétabli la situation dans la journée du 11.
Le 17 juin, le régiment est
enlevé en camions de Canly, sans qu’on connaisse, au départ, sa
destination. Déposé dans l’après-midi à Ivors, à l’ouest de
Le bataillon de soutien est en
position dans la forêt à Silly-la-Poterie et Ferme
Mortefert.
Le bataillon de réserve est à Billemont.
L’organisation de ce secteur est
à peine ébauchée. C'est une situation de fin de combat.
Aussitôt, le régiment se met à la
besogne. Il avance sa première ligne au delà de la route, vers le Moulin
de Neufvivier, sur
Cette partie du front, le long de
la lisière est de la forêt, entre Aisne et Marne,
forme le fond d’une vaste poche que l’ennemi pourrait prendre comme base de sa
prochaine offensive que l’on prévoit pour le 14 juillet.
La présence de notre division inquiète cependant l’ennemi puisque, dans un document que capturera plus tard la 10e Armée, il écrit ceci à la date du 5 juillet :
« La 26e division d’infanterie a été relevée devant le front de la division par la 33e division d’infanterie Française, qui passe pour une des meilleures divisions d’attaque. Il faut s’attendre de façon certaine à une attaque de grand style dans notre secteur. »
Ne faut-il pas admirer la perspicacité de ce commandant de division allemand quand on songe que, le 17 juillet, nous ignorions encore qu’une « attaque de grand style » à laquelle nous participerions allait être livrée le lendemain.
L’ordre d’attaque pour la journée
du 18 arrive au régiment dans l’après-midi du 17.
Réduit à deux bataillons, le 1er
sous le commandement du commandant LABEYRIE et le 2e sous le commandement du
commandant ISSALY
(le 3e est mis à la disposition de la 41e division
d’infanterie, 10e Armée, qui opère au nord de l’Ourcq),
le 20e, immédiatement placé au sud de cette rivière, a pour mission
d’attaquer face à l’Est dans la direction Marigny-Saint-Mard-Moulin-le-Comte.
Le 2e bataillon est en
première ligne.
Journée du 18
juillet.
A
Les mitrailleuses allemandes
tombent une à une et, à
Pendant ce temps, une patrouille
sous les ordres du sous-lieutenant DEWEZ, chargée d’aller assurer la liaison à notre gauche au
nord de l’Ourcq , pénètre dans Noroy et s’empare de
deux canons de 75 contre avions.
La ligne atteint les pentes ouest
du ravin du Ruisseau du Gril et, à
A
Journée du
Le régiment a pour objectif le Moulin
de Saint-Mard et
A
Tandis que la chaîne progresse
résolument en tirailleurs dans les champs de blé au nord de Marisy -
Sainte-Geneviève, une batterie de 77 est vue en action sur la
rive droite du Gril, au delà de Marisy-Saint-Mard.
Immédiatement signalée à l’artillerie, cette batterie est prise sous le feu de
nos canons et ne peut s’enfuir, tous ses chevaux ayant été tués aux
avant-trains.
Le Moulin de Saint-Mard,
où se trouve un poste de commandement de colonel d’artillerie, est atteint,
nettoyé, dépassé en dépit des nombreuses mitrailleuses qui tirent depuis la
voie ferrée et peu après,
Le régiment s’arrête alors, ayant atteint tous
les objectifs qui lui étaient assignés et devient provisoirement réserve de
division d’infanterie.
Dans les deux premières journées
de combat, les 1er et 2e bataillons ont progressé de 5
kilomètres, pris 3 canons de 105, 2 canons de 75 contre avions, 20 mitrailleuses
lourdes et 60 prisonniers dénombrés. Des mitrailleuses légères, des munitions,
du matériel de toute nature sont laissés sur le terrain.
3e
bataillon
Le 3e bataillon
(commandant GEHIN)
en secteur au sud de Faverolles, où il a été relevé par le 39e
régiment d’infanterie Américaine, la nuit même de l’attaque, est mis à la
disposition de la 41e division d’infanterie et par conséquent se
trouve à l’extrême droite de l’Armée MANGIN.
Il a pour mission d’attaquer au
nord du Buisson de Cresnes, de tourner ce bois et d’assurer la
protection du flanc de la 41e division d’infanterie.
Cette mission est des plus
délicates, le bataillon ayant à longer le Buisson de Cresnes,
point d’appui redoutable, très solidement tenu par l’ennemi et propice aux
embuscades.
Journée du 18
juillet.
A
Journée du 19
juillet.
A l’aube du 19, le 3e
bataillon prend son dispositif d’assaut en avant de la route d’Ancienville
à Noroy. A
Poursuivant avec le même entrain
son avance, le 3e bataillon atteint à
Le butin fait pendant deux
journées est de :
Un
canon de 210 ;
Un canon de 77 ;
Un grand avion de bombardement ;
Cinq mitrailleuses lourdes et 75 prisonniers dont un officier.
Le 21 juillet, le colonel BERAUD-REYNAUD,
commandant l’I.D. 33, et tous les officiers de son état-major
étaient tués par un obus qui tombait sur le poste de commandement installé à Brény.
Mis en réserve de division, les
20 et 21, le régiment se porte en ligne le 22. Le 1er bataillon a
mission d’attaquer les positions allemandes à l’ouest d’Armentières et
d’atteindre la cote 122 à l’est de ce village.
Malgré un bombardement très vif,
subi pendant plusieurs heures sur sa position de départ, le bataillon se porte
vaillamment à l’attaque, ne marquant qu’un court temps d’arrêt sur le plateau à
l’ouest d’Armentières pour permettre aux 37 et à nos
mitrailleuses de réduire les îlots de résistance.
La progression reprise à
La progression du bataillon de
tête a été constamment appuyée par le 3e bataillon. Ce dernier
relève dans la soirée le 2e bataillon du 9e en première
ligne. 50 prisonniers allemands, dont 2 officiers, et 3 mitrailleuses sont au
tableau de la journée.
Soumis, le 24, durant tout le
jour, sur la position à l’est d’Armentières, à un violent
bombardement par obus de gros calibre et à des feux de mitrailleuses venant de
la rive nord de l’Ourcq, ayant subi de nombreuses pertes, le 3e
bataillon se porte en avant, le soir venu, en liant son mouvement avec celui
des unités de droite. Il atteint la voie ferrée de Château-Thierry
aux abords de Nanteuil-Notre-Dame, réalisant ainsi une nouvelle
avance de 1.700 mètres et capturant 10 prisonniers (1officier),1mitrailleuse
lourde et 1minenwerfer de 150. Le commandant GEHIN, blessé, est remplacé par le
capitaine NAZAT,
qui prend le commandement du bataillon. La veille, le 3e bataillon
avait perdu le sous-lieutenant LOCRE, tué.
Le 25 juillet, le 2e
bataillon continue la progression au nord de Nanteuil-Notre-Dame.
Il se trouve à hauteur du bataillon du 11e qui occupe le village et
assure la liaison avec la 2e division d’infanterie.
La situation très en flèche de
notre division pouvant à la longue inciter l’ennemi à nous attaquer par la
vallée de l’Ourcq, sur le flanc gauche, le 2e
bataillon opère le 27 une conversion face au nord pour venir se placer le long
de la voie ferrée de Reims. Le mouvement s’effectue sous le feu
des mitrailleuses de la rive nord de l’Ourcq. Trois officiers
sont blessés. Quelques prisonniers et 3 mitrailleuses restent entre nos mains.
Dans la soirée du 28, toujours pour
parer à la situation difficile créée par le retard de la division d’infanterie
de gauche à se porter à notre hauteur, le régiment se forme face au nord, le
long de l’Ourcq.
La convergence des attaques des divisions de droite et de gauche réduit petit à petit le front du régiment, qui est retiré du combat dans la nuit du 30 juillet.
Le colonel PETIN prend le commandement de
l’infanterie divisionnaire en remplacement du colonel BERAUD-REYNAUD,
tué à Brény.
En dix jours de combat, le
régiment a fait 200 prisonniers.
Il a capturé :
1 canon de 210 ;
1 minenwerfer de 150 ;
3 canons de 105 ;
4 canons de 77 ;
2 canons de 75 utilisés par les
Allemands pour les tirs contre avions ;
30 mitrailleuses lourdes, un
grand nombre de légères et un matériel considérable, en particulier d’énormes
dépôts de munitions accumulés par l’ennemi en vue de ses offensives futures.
Les pertes du régiment pour la
période s’élèvent à :
61 tués, dont 3 officiers, et 507 blessés, dont 15 officiers.
Le 2e bataillon est
cité à l’ordre de la division n° 254,du
2e bataillon du 20e régiment d’infanterie
Le
La brillante conduite et les succès du régiment dans les débuts heureux de la contre-offensive Française du 18 juillet lui valent sa deuxième citation à l’ordre de l’Armée n° 626 :
Le 20e régiment d’infanterie
Sous les ordres du
lieutenant-colonel AMIOT,
a, pendant l’offensive du 18 au
Au G.Q.G., le
Le général Degoutte, commandant la 6e Armée
Signé : Degoutte.
Après trois semaines de repos
passées dans la charmante région au sud de Coulommiers, à Saint-Augustin,
Paradis, Glatigny et Chailly, où le régiment a profité
d'une large détente favorisée d’ailleurs par un temps exceptionnel et durant
lesquelles il a développé dans de nombreux exercices ses aptitudes
manœuvrières, il embarque en camions, le 23 août, à
Le régiment va bivouaquer dans
les bois à proximité de cette localité ; il en repart de nouveau en camions, le
26, pour être transporté sur le plateau de Touvent, au nord de Vic-sur-Aisne,
dans la région Nampcel-Bellon-Audignicourt.
La 33e division
d’infanterie fait désormais partie de la 10e Armée, que commande le
général MANGIN.
Dans la nuit suivante, le
régiment rentre en secteur entre Guny et Pont-Saint-Mard,
sur le Canal de l’Ailette. Il relève le 289e
régiment d’infanterie et le 1er bataillon du 43e
Sénégalais. Il est en liaison à droite avec le 110e régiment
d’infanterie, à gauche avec le 9e régiment d’infanterie. Sa première
ligne (1er bataillon) est constituée par le canal de l’Oise
à l’Aisne.
Le 2e bataillon est en
soutien aux Carrières de Guny.
Le 3e bataillon en réserve aux Creutes de Selens.
Dans une opération de grande
envergure qui doit être incessamment déclenchée, le régiment a pour mission de
déborder par le sud le Bois à l’est de Coucy et de progresser
dans la direction générale de
Le génie a reçu l’ordre d’établir des
passerelles, d’abord sur le canal, puis sur l’Ailette. Dans cette
opération particulièrement périlleuse qu’il accomplit sous le feu des
tirailleurs ennemis embusqués sur les berges opposées, le génie est aidé par la
9e compagnie.
Le 29, à 0 heure, sous la
protection du barrage d’artillerie, la section du sous-lieutenant GRANDIER-VAZEILLE commence
son mouvement, suivie de la section LOMBARD et, à l’aide de sacs Hebert,
réussit à passer le canal. Mais à peine arrivées sur la rive est, elles sont
accueillies par les feux de mitrailleuses venant de trois côtés, notamment de
la droite, du Haricot qui est aux mains de l’ennemi. Les deux
sections se voient obligées, une heure après, de revenir sur leur base de départ.
A 1 h.15, deux passerelles
sommaires ont pu être établies.
Le sous-lieutenant GRANDIER reprend
le mouvement et, toujours suivi de la section LOMBARD traverse le canal en tête de sa
fraction. Des mitrailleuses ouvrent le feu, mais au lieu de se terrer, le
sous-lieutenant GRANDIER,
dans un magnifique sursaut d’énergie, entraîne ses hommes à l’attaque de la
mitrailleuse la plus proche et s’en empare de haute lutte, faisant prisonniers
les servants du 460e .
Du même élan, ces deux sections
poussent en avant et atteignent l’Ailette où elles se heurtent à
un ruisseau de 6 mètres de large. Elles doivent s’arrêter et attendre que le
génie ait construit de nouvelles passerelles. Pendant ce temps deux autres
sections de la 2e compagnie ont également passé le canal. La
progression se fait lentement, l’ennemi défendant le terrain pied à pied.
La 1re compagnie
s’empare encore de 3 mitrailleuses et de quelques prisonniers et, à
L’ennemi, qui cherche à tout prix
à nous en interdire le passage, riposte très violemment avec ses mitrailleuses
et son artillerie et empêche le génie d’établir des passerelles sur l’Ailette.
De plus, les régiments de droite et de gauche n’ont pu franchir le canal.
La progression est alors arrêtée
et la vaillance des unités qui ont fourni tous ces efforts est encore durement
mise à l’épreuve pendant toute la journée par un bombardement d’obus de tous
calibres, exécuté sur le canal, dans le but évident de détruire les trois
passerelles construites par le génie.
Cette situation difficile
subsiste en fin de journée et le 1er bataillon, pour passer la
nuit, doit se couvrir sur son front et sur ses flancs.
Au cours de la nuit, le génie
parvient à établir un passage sur l’Ailette.
Les 1re et 2e
compagnies (capitaine PAUCET)
reçoivent l’ordre de franchir la rivière et de s’emparer de
L’opération se termine au milieu
de l’après-midi et l’ennemi se retire jusqu’à la lisière du Bois de
Nogentel.
Le 110e régiment
d’infanterie, à droite, ne franchissant pas le canal et le 9e
régiment d’infanterie, à gauche, n’ayant pu dépasser le Moulin du Tempet,
le 1er bataillon se trouve dans l’obligation d’arrêter sa
progression et de rester ainsi en flèche tandis que l’ennemi procède à un
bombardement continu sur toute la zone comprise entre
Vers
Un fort parti ennemi se glisse dans
les hautes herbes en cherchant à déborder par le sud nos éléments avancés.
Profitant de la nuit très noire, l’ennemi réussit à s’avancer entre les
sections de soutien et la première ligne, menaçant cette dernière
d’encerclement. Mais le mouvement est éventé. La lutte s’engage ; nos sections
se replient légèrement pour tenir tête à l’adversaire, ce pendant que le
caporal FOURTON, intervenant
avec sa mitrailleuse, oblige les assaillants à s’arrêter, puis à battre en
retraite. Au petit jour, on constate que l’ennemi laisse sur le terrain dix
cadavres. Quelques heures plus tard, les Allemands qui étaient restés aux
abords de
Le lieutenant DE MARION,
commandant cette compagnie, que vient de renforcer la section FONPUDIE, de la 3e,
décide immédiatement d’attaquer le centre de résistance ennemi. Tandis que le
fusilier-mitrailleur CARPENTIER
s’avance résolument en faisant du tir en marchant, le reste de la section,
ayant à sa tête le sergent BERTHAULT réussit par une manœuvre audacieuse et
habile à contourner l’îlot de résistance et à s’emparer de 4 mitrailleuses et
de 15 servants. A
Le 1er septembre, à
Pendant les journées des 2 et 3
septembre, le 3e bataillon exécute une pénible progression sous le
bois Claudin, à cheval sur
Le 2e bataillon
s’empare du Bois de Nogentel tandis que le 3e poursuit
sans relâche le combat, de jour et de nuit, dans le bois de
Le sous-lieutenant de
Le sergent MARCHAND et
le soldat MONTALENT,
de la 9e compagnie, se font tuer à bout portant par une mitrailleuse
qui arrêtait la progression de leur unité et sur laquelle ils s’étaient
vaillamment élancés dans l’espoir de s’en emparer.
Les actes de bravoure et de dévouement se multiplient dans ces durs combats sous bois, mais beaucoup et des plus beaux restent ignorés.
A
Arrivées rapidement à la voie ferrée,
nos unités ne peuvent plus progresser en raison du tir de notre artillerie et
demandent, notamment de la gauche, par fusées, l’allongement du tir. Les
bataillons demandent par tous les moyens qu’on les laisse s’élancer à la
poursuite de l’ennemi que les combats opiniâtres des journées précédentes ont
contraint au repli.
La 11e compagnie, sous
les ordres du sous-lieutenant TOUCHE,
pénètre à
A
Le lieutenant POTTIER, de la 5e
compagnie, a pénétré dans le village de
Dans la nuit, cet officier
exécute une reconnaissance à
De son côté, le 2e
progresse jusqu’à
Du 28 août au 8 septembre, le 20e, après avoir brisé la résistance d’un adversaire tenace sur le canal de l’Oise à l’Aisne, sur l’Ailette et dans les bois à l’est de cette rivière, a réussi à mettre, après 9 jours de combats sans merci, l’ennemi en pleine déroute, réalisant une progression de sept kilomètres, reportant notre front jusqu’aux anciennes tranchées françaises, devant la ligne Hindenburg, et usant successivement les forces de trois régiments allemands, capturant :
Plus de 70 prisonniers ;
Un canon de 77 et un mortier de 240 ;
Une quarantaine de mitrailleuses ;
Un parc important du génie
comprenant plus de 10.000 outils et 10 kilomètres de voie de 0,60.
Mis pendant
quelques jours en réserve de division et stationné à Saint-Paul-aux-Bois
et aux Creutes des Crocos et d’Orgival , le
régiment remonte en ligne et tient, du 16 au 28 septembre, le secteur à l’ouest
de Fresnes, face à
Entre temps, un détachement de la 11e compagnie exécute en plein jour un coup de main audacieux sur une tranchée ennemie du Ravin de Normézières, en bouleverse les organisations, rapporte une mitrailleuse, du matériel, des munitions et identifie le régiment adverse.
Les brillantes qualités offensives du régiment, l'entrain qu’il a déployé et les succès qu’il vient d’obtenir lui valent une nouvelle citation à l’ordre de l’Armée, la troisième.
ordre de l’Armée n°344, du
Le 20e régiment d’infanterie :
Ayant reçu la mission, sous le commandement du lieutenant-colonel AMIOT, de forcer le passage d’un canal puis d’une rivière, a montré une fois de plus ses brillantes qualités offensives et son ardeur en triomphant d’un seul élan des obstacles accumulés par l’ennemi. Puis, au cours de durs combats de bois, a refoulé pied à pied l’adversaire pendant six jours, sous les rafales incessantes de très nombreuses mitrailleuses et sous un violent bombardement de tous calibres. A talonné l’ennemi en retraite, poussant de l’avant sans s’inquiéter des progrès des unités voisines et a, le premier, réoccupé les anciennes tranchées françaises devant la ligne Siegfried. A fait de nombreux prisonniers, pris un canon, des engins de tranchée et un grand nombre de mitrailleuses.
Au G.Q.G., le
Le général commandant la 10e Armée
Signé : Mangin.
Un événement marquant qui réjouit les cœurs prend place à la fin du repos que le régiment vient de prendre dans la région d’Attichy.
Au cours de la revue de la 33e
division d’infanterie massée sur le plateau de Croutoy, le
A partir du 11,
la division se porte tout entière dans la direction du Nord. Le régiment, par
La 33e division
d’infanterie, momentanément en réserve du 36e corps d’armée, entre
dans la composition des troupes de
Mis à la disposition de la 56e
division d’infanterie, le régiment, des bois Fernina et de
Du 19 au 26 octobre, ces deux
bataillons restent en secteur dans des conditions très dures. Une faible partie
seulement de Mont-d’Origny est entre nos mains et l’ennemi ne
cesse de la pilonner avec des obus de gros calibre. Nos unités cherchent en
outre continuellement à progresser par infiltration, mais l’ennemi se montre
vigilant et toute tentative entraîne un combat de rue.
De plus, ces bataillons, sur la rive gauche de l’Oise, ne disposent que de communications très précaires avec l’arrière. Les rares passerelles sur le canal et sur l’Oise sont battues par l’artillerie ennemie et la vallée est prise d’enfilade par les mitrailleuses d’Origny-Sainte-Benoîte, toujours aux mains de l’ennemi. Une crue soudaine et violente de l’Oise submerge les frêles passerelles et menace de les emporter.
Néanmoins, après cette période, le régiment prend part le 26 octobre à une opération d’ensemble.
1er bataillon. -- A
La section du sous-lieutenant GRANDIER-VAZEILLE,
malgré ces difficultés, atteint bien avant toutes les autres unités la route de
Guise, à l’intérieur du village, s’emparant d’une mitrailleuse
et de quatre servants.
A gauche et à droite, les
éléments voisins n’ont pu effectuer qu’une petite progression et de ce fait, la
position de la section GRANDIER est très critique. Se rendant compte du danger
couru par cette unité, le lieutenant JOANNY entraîne énergiquement une
section de renfort, arrive à la route et commence à organiser la résistance au
moment où il tombe grièvement blessé.
Son exemple est suivi par le sergent CHALAND qui, à la tête d’un groupe de grenadiers et de lance-flammes, cherche à rejoindre la section GRANDIER. Ce brave est tué d’une balle à la tête.
Le sergent GODIVEAU renouvelle cette tentative et
tombe à son tour mortellement frappé.
La 2e section de
mitrailleuses, qui a suivi le lieutenant JOANNY, est presque anéantie et la 4e
section est envoyée pour la remplacer. Son chef, le sergent OUSTRIN,
l’entraîne résolument, mais une forte contre-attaque ennemie le surprend en
plein mouvement; encerclée et recevant des grenades de toutes parts, la section
se défend désespérément. Le sergent OUSTRIN, un chef de pièce et 5 servants
tombent mortellement blessés. Les survivants et les éléments de la 1re
compagnie se défendent encore, avec rage au fusil et à la grenade, mais ils
succombent sous le nombre. Quelques hommes réussissent à se replier.
Le lieutenant BOUQUIN est blessé en se portant en renfort et sa section, qui ne peut dégager les éléments encerclés, parvient à conserver la plus grande partie du terrain conquis.
A
Cette opération permet un mouvement débordant par la gauche qui fait tomber une à une les dernières résistances ennemies dans Mont-d’Origny. De nombreux prisonniers sont faits.
La 1re compagnie
parvient, dans un retour offensif, à dégager des mains de l’ennemi le
lieutenant JOANNY
et deux soldats, tous les trois grièvement blessés.
A
L’ennemi poursuivi se replie en pleine déroute. Aussi, le deuxième objectif, situé à un kilomètre au delà, est-il atteint sans difficultés.
3e bataillon. --A
Dès que nos premiers éléments
apparaissent, de violents feux de mitrailleuses partent de cette hauteur, des
talus de la route et des dernières maisons de Mont d’Origny.
Impossible de progresser sur la pente de la côte 103 qui
constitue pour l’assaillant un redoutable glacis.
Néanmoins, à deux reprises, la
dernière à
Une nouvelle attaque est montée
pour s’emparer de la côte 103. Un tir de 75 très précis et très
nourri est exécuté de
De tous leurs abris sortent des
mitrailleurs ennemis qui sautent à leurs pièces, mais il est trop tard. Les
fractions qui ont pris pied du côté opposé de la route prennent de flanc et à
revers les défenseurs allemands.
Une section de mitrailleuses,
commandée par l’adjudant CLEMENT, qui a suivi avec la première vague, s’établit sur le talus sud
de la route qu’elle prend d’enfilade et vient vite à bout de toutes les
résistances. (64 cadavres sont dénombrés après l’opération sur la côte
103.)
L’enlèvement de cette position
amène immédiatement un repli général de l’ennemi. Quelques instants après la
prise de la côte 103, l’adversaire se retire à gauche de la route
de Guise et, à droite, il évacue le village de Mont-d’Origny.
Au cours de l’opération, le capitaine BAUDEL a trouvé une mort glorieuse et le sous-lieutenant DELMAS a été très grièvement blessé.
Les actes individuels de courage se
sont multipliés et on peut citer parmi les plus brillants celui du tambour BEN BARUCK qui,
envoyé par son commandant de compagnie au chef de bataillon pour rendre compte
que la position était enlevée, et blessé en cours de route, ayant la mâchoire
fracturée, fit comprendre par signes, tandis qu’on le pansait, qu'il désirait
de quoi écrire. Et sur une carte il griffonna ces simples mots: « Je venais
rendre compte au commandant : Objectif atteint. »
Dans cette journée, le 20e a atteint tous les objectifs qui lui étaient assignés, s’emparant de deux points d’appui de la plus haute importance, la côte 103 et Mont-d’Origny, brisant entièrement la résistance opiniâtre d’éléments de trois excellents régiments allemands (463e, 464e, 465e), le contraignant à un repli important et capturant :
166 prisonniers, dont 3 officiers ;
18 mitrailleuses lourdes ;
1 minenwerfer chargé et amorcé.
A la suite de cette brillante
opération, le 3e bataillon est cité à l’ordre de la division n° 354,
du
Le
3e Bataillon du 20e régiment d’infanterie
Le 3e bataillon, sous
le commandement du chef de bataillon NAZAT, a, le
Le régiment obtient également la citation suivante à l’ordre du corps d’Armée n° 365 ( P)
Le 20e régiment
d’infanterie
:
A puissamment contribué, au cours
de la journée du
Au G.Q.G., le
Le général commandant le 31e corps d’Armée
Signé : Toulorge.
Pendant la nuit du 26 au 27, le régiment arrête par ordre sa progression pour se laisser dépasser par les unités de droite et de gauche. Ainsi retiré du front par élimination, il passe en réserve de division d’infanterie, mais continue à suivre à distance la progression générale de la ligne.
En position vers
Le 20e reste sur ses
positions avancées jusqu’au 3 novembre, dans des conditions matérielles des
plus médiocres, sans abris, par un froid très vif et sous la pluie. Multipliant
ses patrouilles et ses reconnaissances de nuit, harcelant l’ennemi par ses
coups de sonde, le régiment subit une très vive réaction d’artillerie avec
emploi en masse d’obus toxiques.
Relevé dans la nuit du 3 au 4
novembre pour aller à Mont-d’Origny, le régiment en repart le 5
au lever du jour pour se porter sur Guise où les Français
viennent d’entrer et s’établit pour la nuit aux lisières est de la ville.
Le mouvement reprend le 6 et, le
soir venu, le 20e stationne dans la région Crupilly-Le Boujon
où de nombreux habitants viennent d’être délivrés et rendus à la mère-patrie.
A
La progression reprend jusqu’aux
abords de la route nationale de Guise
La section du sergent LAVAL réussit
pour la deuxième fois l’encerclement d’un centre de résistance, mais au prix de
grandes difficultés et grâce au courage et à la décision de son chef, qui tombe
grièvement blessé au moment où il s’empare de deux mitrailleuses.
La 5e compagnie
parvient à atteindre la route nationale de
Pour permettre le passage des
parlementaires ennemis, dont l’arrivée imminente a été annoncée le matin au
milieu de la plus profonde émotion, le feu est suspendu de
Dans la journée du 8, le 2e
bataillon continue sa progression jusqu’à la voie ferrée d’Hirson et,
à nouveau, le feu est suspendu de
Par suite de l’extension du front
de la 33e division d’infanterie, le 3e bataillon doit
opérer, dans la nuit du 8 au 9 novembre, sans reconnaissance préalable, dans un
pays inconnu, par une nuit noire et le plus mauvais temps, la relève du 14e
bataillon de chasseurs alpins. Il se trouve alors aux lisières est de Cour-de-Bray,
à droite du 2e bataillon.
Or, dès la fin de cette relève, sentant que la résistance ennemie a fléchi, le 3e bataillon s’élance sans ordres à la poursuite des Allemands en retraite, entraînant bientôt dans sa vigoureuse progression les unités voisines.
Grâce à l’ardeur et à l’allant
dont chacun fait preuve, les différents éléments du bataillon, pressant
l’ennemi, s’avancent rapidement, malgré les coupures de terrain, les obstacles
accumulés sur les routes et les agglomérations nombreuses de
Talonnant l’ennemi, emportés par
leur élan, ne sentant point la fatigue, ne voulant point prendre de repos, les
compagnies de tête du bataillon délivrent successivement de nombreux villages
au milieu de l’enthousiasme mêlé d’intense émotion des habitants qui se
précipitent au devant des premiers soldats Français qu'ils ont la joie de
revoir. Rue-Neuve, Mondrepuis, Rue-d’Hirson, Anor sont dépassés.
La marche rapide du 3e bataillon qui progresse
sans s'inquiéter de ses voisins de droite et de gauche, restés très en arrière,
a pour effet de faire rebrousser chemin à des locomotives venues pour atteler
les nombreux trains de ravitaillement qui stationnent sur la ligne d’Anor à Momignies
et dont le 3e bataillon s’empare. Ne s’attardant pas aux
résistances qui se révèlent sur ses flancs et même en arrière, notamment dans
le Bois d’Anor, repoussant les arrière-gardes de cavalerie, le
bataillon pousse droit devant lui, continuant sa progression vers la frontière
belge, qu’il franchit le premier de l’Armée, et atteint Beauwelz
et Momignies, ne s’arrêtant qu’en fin de journée et parce qu’il
en a reçu l’ordre.
En plus des trains de ravitaillement et d’habillement que l’ennemi n’a pas eu le temps d’emmener et qui représentent un butin considérable, le 3e bataillon s’empare d’un parc d’artillerie comprenant plusieurs centaines de pièces et de voitures.
De son côté, le 2e
bataillon a enlevé
Le 10 novembre, tandis que les parlementaires prennent connaissance des conditions d’un armistice que la nécessité de sauver leur armée battue leur fait demander, le 20e, à l’avant-garde de la 33e division, est installé en territoire belge.
Une citation à l’ordre du corps d’armée, la septième, termine la série des témoignages d’une brillante carrière.
Le 20e régiment d’infanterie :
Sous le commandement du
lieutenant-colonel AMIOT a, pendant tous les
combats sur l’Oise, du
Le général commandant
le 31e Corps d’Armée ;
Signé : Toulorge
Lorsque, le 11 novembre, le 20e est retiré du front, il apprend la triomphante nouvelle de l’armistice.
Une ultime et suprême récompense
était réservée au 20e, que ses sept citations classaient en tête des
régiments du 17e corps d'armée.
A
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