Merci à Hubert ; pour cet historique, où combattit son Grand-père
La
Guerre de Mouvement de 1914
Les Hauts de Meuse – Attaque des Éparges
L’Attaque de Champagne (Sept. 1915)
Le Chemin des Dames (Avril-mai 1917)
Les
Vosges – La Frontière suisse
L’Avre – Montdidier – Grivesnes (Mars-avril 1918)
Le 25e régiment
d'artillerie, créé après la guerre de 1870, n'était jamais allé au feu lorsque
éclata la guerre de 1914. Mais sous la conduite éclairée des chefs d'élite qui
s'étaient succédé à sa tête, il était bien préparé au rôle important qu'il
allait jouer dès les premiers jours de la mobilisation.
Ces chefs avaient été successivement :
Colonels : Sempé . . . . .. . . 1872
Moulin . . . . . . . . . . . . . . . .
1875
Zurlinden . . . . . . . . . . . . . .
1882
Delabrousse . . . . . . . . . . . .
1885
De Cabanel de Sermet . . . 1888
Dubouays de la Bégassière. 1891
Ploix . . . . . . . . . . . . . . . .
. 1893
Durand . . . . . . . . . . . . . . . .
1895
Parizot . . . . . . . . . . . . . . . .
1899
Bertin Boussu . . . . . . . . . . 1903
Billette de Villeroche . . . .1906
Delétoille . . . . . . . . . . . . .
1906
De Laguiche . . . . . . . . . . . 1910
Targe . . . . . . . . . . . . . . .
. 1912
Godar . . . . . . . . . . . . . . . ..
1913
Le 25e régiment
d'artillerie, en garnison à Châlons-sur-Marne, devait être un des premiers à
embarquer en cas de mobilisation, comme faisant partie d'un corps de
couverture.
Dès le 25 juillet, ordre
est donné au chef de corps de rejoindre son poste ; le 26, c'est le tour des
officiers absents et le 28 celui des hommes de troupe. Le 29 : distribution des
collections de guerre et des cartouches, et le 31 à 19 h. 15, l'ordre de départ
parvient par télégramme au colonel Godar, commandant le régiment.
Le lendemain 1er août
(pendant la nuit du 1er au 2), le régiment se porte dans la plaine de Woëvre,
en position de couverture, où il restera jusqu'au 13 août. Pendant cette
période, où il couvre le rassemblement de nos armées sur la frontière, il ne
reste pas inactif.
Les batteries exécutent des
reconnaissances de position et organisent les emplacements reconnus. Tout le
monde, officiers et soldats, attend avec impatience l'heure de se porter en
avant.
« J’ai confiance, dit le
colonel Godar, dans un ordre du jour, qu’au milieu de tous les régiments
d’artillerie française, le 25e continuera à se distinguer par sa belle allure,
sa discipline, son entrain, sa haute valeur militaire. »
Le 21 août enfin, la
division se porte vers le Nord. L’ennemi n’est pas rencontré ce jour-là. C’est
le 22 août que la 12e division, continuant à se porter en avant, prend le
contact près de Villers-la-Chèvre, dans la région de Longwy. C’est au sud de ce
village que la 9e batterie, à peine installée sur son emplacement,
subit la première du régiment, le feu de l’artillerie lourde ennemie.
Le lieutenant Hua est tué à
son poste de combat avec deux servants ; le 2e groupe, à son tour, est pris
violemment à partie, il n’en continue pas moins à tirer jusqu’au moment où le
colonel donne l’ordre de se replier.
La retraite est des plus
pénibles sous le feu de l’ennemi. Elle s’effectue grâce à l’action personnelle
du lieutenant-colonel Coffec et du commandant Bastard.
La 9e batterie, serrée de
près par l’ennemi, réussit à sauver trois canons en les poussant à bras pendant
1.500 mètres.
Les jours suivants sont des
jours de combats pénibles où tout le monde rivalise d’héroïsme.
Le 23, c’est le combat de
Revémont, où la 7e batterie est privée de ses avant-trains et doit défendre la
position contre l’infanterie ennemie.
Le 24, c’est le combat de
la ferme Constantine où la 1re batterie se replie sous le feu des mitrailleuses
et où le 2e groupe prend position sous une pluie d’obus.
Le 25, c’est le combat de
Pillon et la retraite sur Mangiennes, et le 26 s’effectue le passage de la
Meuse.
Après deux jours de calme
relatif, la lutte d’artillerie s’engage à Dannevoux avec les batteries
allemandes de la rive droite de la Meuse. Pendant trois jours, l’ennemi est
maîtrisé. Il ne réussit à forcer le passage que dans la nuit du 31 août au 1er
septembre après avoir subi des pertes très lourdes. Après le combat de
Dannevoux, le 1er septembre, où le 25e fait encore d’excellent travail, et
celui de Montfaucon le 2 septembre, il faut à nouveau battre en retraite.
Le 6 septembre enfin, le
25e régiment d’artillerie est appelé à jouer son rôle dans la grande bataille
de la Marne. Sur le plateau de la Vaux-Marie, où les batteries ont pris
position, la bataille fait rage toute la journée. Le commandant Bastard, qui
commande le 2e groupe, est blessé mortellement d’un éclat d’obus.
Les fantassins ennemis arrivent jusqu’aux emplacements des 4e et 5e batteries,
qui sont contraintes à se retirer en emportant le corps de leur commandant.
Jusqu’au 12 septembre, la
bataille continue. L’ennemi ne peut percer nos lignes, malgré ses efforts désespérés.
Notre artillerie lui fait subir des pertes sanglantes autour de la ferme de la
Vaux-Marie qu’il
réussit à enlever.
Le 13, on apprend que
l’ennemi bat en retraite. Tant d’efforts sont ainsi récompensés. La marche en
avant commence aussitôt.
Le 14, on repasse la Meuse
à Charny et on va s’établir du 15 au 20 dans la région au nord du Fort de
Douaumont et le 20 dans la région sud de Verdun, près de Rupt-en-Woëvre.
C’est la fin de la guerre
de mouvement. Après le combat de Mouilly, le 23 septembre, l’infanterie fait
quelques progrès dans les bois et le calme s’établit peu à peu.
Pendant tout l’hiver
1914-1915, le régiment va rester en position près de Mouilly et Ranzières,
renforcé par des batteries de siège, dans une région boisée et difficile où il
exécutera fréquemment, jour et nuit, des tirs de barrage à la demande de son
infanterie.
Il participe efficacement à
l’attaque de la tranchée de Calonne le 26 décembre et à celle des Eparges les
17 et 20 février, puis les 18 et 27 mars, et enfin le 5 avril. La 12e division
obtient à cette occasion une citation à l’ordre de la 1re Armée. Pendant toute
cette période, le lieutenant Mingal, du 25e d’artillerie, un des premiers
observateurs en avion, règle fréquemment les tirs de batterie, survolant les
lignes ennemies à très faible hauteur. Le régiment a la douleur de le perdre le
1er avril, à la suite d’un accident malheureux. Il tombe avec son pilote dans
les premières lignes françaises.
Le 24 avril, le régiment va
encore vivre des heures critiques où il donnera la mesure de sa valeur. Après
une violente préparation de trois jours, l’ennemi attaque en masse, vers 10
heures, nos positions de la tranchée de Calonne et parvient rapidement
jusqu’aux batteries.
La 9e batterie voit soudain
les Allemands surgir à 200 mètres ; sans perdre son sang-froid, elle emmène ses
pièces à bras ; une pièce reste sur place pour couvrir la retraite et tire à 50
mètres. Elle se replie à son tour, et occupant une nouvelle position, elle tire
pendant vingt six heures sans arrêt, malgré le tir de 15 réglé sur elle. La 2e
pièce de la 6e batterie quitte sa position dans les mêmes conditions.
La 7e batterie
tire à 200 mètres pendant cinq heures et empêche l’ennemi d’approcher jusqu’au
moment où un renfort d’infanterie lui permet de le refouler définitivement.
Aucun canon du 25e ne reste
même un instant aux mains de l’ennemi. Le lieutenant Thuilleaux, en liaison
avec l’infanterie, amène quatre prisonniers.
Les jours suivants, on
contre-attaque et on regagne une partie du terrain perdu. L’ennemi, après une
dernière tentative, le 5 mai, renonce à nous percer.
Le calme se rétablit ; il
ne sera plus troublé jusqu’au 5 août, date à laquelle le régiment relevé va
prendre les cantonnements de repos sur l’autre rive de la Meuse.
Le 17 août, le 6e corps
d'armée, dont fait partie de 25e, est passé en revue par les généraux Kitchener
et Joffre, sur le champ de bataille de la Vaux-Marie, à l'endroit même où il
refoula victorieusement l'ennemi, lors de la bataille de la Marne.
Le régiment est dirigé
ensuite par étapes de nuit vers la région de Bussy-Lettrée ; puis, le 14
septembre et toujours de nuit, il atteint par Saint-Etienne-au-Temple les
positions entre Souain et Saint-Hilaire-le-Grand, où il doit prendre part à
l'offensive de Champagne.
Des casemates de pièces,
des abris sont rapidement construits ; les réglages sont effectués. La
préparation d'artillerie commence le 22, se poursuit jour et nuit, et le 25
septembre, à 9 heures, l'infanterie donne l'assaut.
Au soir, l'avance est de 4
kilomètres sur un front de 25 kilomètres.
18.000 prisonniers et
environ 200 canons sont tombés entre nos mains.
Dans la nuit du 25 au 26,
les batteries avaient reçu l'ordre de se porter en avant, mais à l'aube du 26,
les mitrailleuses ennemies qui tenaient la ligne de positions passant par la
Ferme de Navarin, commencent à tirer sur nos batteries sur route. Celles-ci
s'établissent donc, un peu en arrière, à l'abri d'une crète, et jusqu'au 10
octobre, les tirs pour la destruction des réseaux et l'accompagnement des
attaques d'infanterie ne cessent pas, malgré un bombardement de nos
emplacements par l'artillerie lourde ennemie.
Les postes de commandement
et les abris des hommes sont placés dans les tranchées allemandes conquises,
qui sont, d'ailleurs, complètement bouleversées par le tir de notre artillerie
et remplies d'armes, de munitions et de cadavres ennemis.
De nombreuses citations
sont accordées et le colonel adresse au régiment un Ordre lui témoignant sa
satisfaction pour la vaillance dont il a fait preuve durant les dernières
attaques.
Après cette dure période,
le 11 octobre, le régiment est envoyé au repos dans de bons cantonnements à
Saint-Germain-la-Ville, sur la Marne.
Le 24 novembre, le régiment
se rend au camp de la Noblette.
Le 28 décembre, il
s'installe en Champagne dans le secteur de Saint-Hilaire-le-Grand, à cheval sur
la route de Saint-Hilaire à Saint-Soupplet. L'état-major s'établit à Mourmelon,
près de l'E.-M. de la division.
Un travail de longue
haleine est entrepris pour créer ou perfectionner les casemates de pièces et
les abris à personnel et à munitions : utiles précautions, car dans cette
plaine nue de Champagne, les batteries sont visibles et subissent parfois des
tirs de destruction de gros calibre.
En janvier, plusieurs tirs
de destruction de 75, canons de tranchées et de 155, sont entrepris sur des
éléments de tranchées que l'ennemi avait construits dans le but de s'emparer de
nos propres tranchées en les encerclant. De nombreuses opérations du même genre
ont lieu en février et mars, ainsi que des tirs de jour et de nuit assez
nourris sur les routes et les arrières, car la grande offensive allemande sur
Verdun est commencée, et nos attaques partielles retiennent devant nous des
forces qui ne peuvent s'employer à Verdun.
C'est ainsi que des efforts
qui paraissent inutiles à leurs exécutants contribuent à permettre, vers
d'autres points du front, le cours d'une offensive ou une victorieuse défense.
Dans la nuit du 19 au 20
mai, par un temps splendide et un fort vent d'Est, l'ennemi émet sur tout le
front de la division, des gaz asphyxiants en quantité considérable.
Les lueurs des fusées
vertes annoncent l'attaque par les gaz, des barrages très nourris sont
déclenchés par le 25e jusqu'à minuit et les fantassins allemands ne peuvent
sortir de leurs tranchées.
Le régiment tire 9.000
coups de canon en trois heures. La nuit suivante, même émission de gaz sur tout
le front d'attaque, brisée de la même façon. Le vent, par une saute brusque,
renvoie les gaz dans les lignes ennemies.
Le 27 mai, le régiment est
relevé et va cantonner les 3 et 4 juin à Matougues et Juvigny.
Le général Girodon prend le
commandement de la division. Les 10 et 11, embarquement à Saint-Hilaire et
Cuperly, débarquement à Revigny.
Les batteries se portent
par étapes sur Verdun. Le 19, les groupes prennent position dans le secteur du
Fort de Tavannes ; le colonel Godar commande l'artillerie du secteur.
Dès le 19, la 3e batterie, soumise à un violent bombardement de 15,
perd quelques hommes et a deux canons hors de service ; la nuit du 20 au 21 est
agitée et se passe en barrages et tirs intermittents ;quelques pertes sur les
positions et dans le personnel de ravitaillement. Le 21, en réponse au
bombardement ennemi, tir de
contre-préparation sur tout
le front, en particulier aux abords du Fort de Vaux, puis dans la région de
Damloup ; les batteries sont soumises à un tir d'obus lacrymogènes. Nos barrages,
renforcés par l'artillerie lourde, deviennent plus intenses. Toutes les
communications téléphoniques sont rompues ; on en est réduit aux coureurs et on
manque de renseignements sur la situation.
Vers le soir, il semble que
la ligne d'infanterie qui avait fléchi sur certains points, s'est maintenue. Le
général prescrit des barrages continus. A 21 heures, on apprend que
l'infanterie a perdu du terrain dans le bois du Chenois. Les barrages
reprennent et tonnent toute la nuit. Le même jour, les échelons du 1er groupe perdent 47 chevaux par bombes d’avions ennemis.
Le 22, la consommation de
munitions est très forte. Les échelons doivent faire jusqu'à trois
ravitaillements au cours de la même nuit par des chemins détestables, défoncés
par la boue et les trous d'obus ; les chevaux sont à bout, le personnel qui
tire ou ravitaille sans cesse, très fatigué. Les sections de munitions
reçoivent l'ordre de ravitailler jusque sur les positions.
Il est difficile de
connaître la position de notre infanterie. Il s’est formé un trou inquiétant de
600 mètres dans nos lignes. Une contre-attaque est prévue, puis retardée parce
que les ordres ne se transmettent que par coureurs. Cette contre-attaque ne
peut progresser. Notre infanterie est pilonnée par obus de gros calibres ; des
réserves allemandes considérables, signalées par pigeons voyageurs, sont
contrebattues. L’ennemi continue à bombarder violemment nos positions : notre
infanterie souffre beaucoup, le ravitaillement des batteries en munitions
devient très difficile à cause du bombardement des chemins par obus toxiques.
Les éléments d’infanterie sont cernés dans la batterie de Vaux ; le maréchal
des logis Henneguy, de la 7e batterie, en liaison avec cette
infanterie, réussit à s’échapper et à nous renseigner sur nos tirs.
Le 23, la lutte opiniâtre
se poursuit, l’ennemi attaque toute la journée avec fureur, des tirs de
barrages et de balayages ne cessent pas.
Le 24, une offensive
française dans le bois de Vaux-Chapître est arrêtée par des feux de
mitrailleuses du Fort de Vaux.
Barrages incessants dans la
nuit du 24 au 25. Un trou s’est de nouveau formé dans le bois Chenois. En
l’absence de renseignement, on déclenche le barrage pendant quatre heures
consécutives. Le personnel des batteries est admirable d’énergie ; le ravitaillement
est énorme (46 caissons par batterie).
Le 25, à 6 heures, le calme
renaît ; nos positions sont à peu près maintenues.
Les 25 et 26, des tirs
intermittents sont exécutés ; le 27, des contre-offensives françaises ont lieu dans
le secteur de Souville : le régiment exécute toute la journée des tirs sur
Douaumont, sur les pistes et voies de communication ennemies. Le soir, les
renseignements sur notre ligne d’infanterie sont rassurants.
Le 29, on arrive enfin à
mieux connaître la position de nos lignes d’infanterie et à établir des
barrages précis. Tirs intermittents toute la journée. Les batteries du 3e groupe sont soumises à de violents bombardements.
1er juillet, l’offensive franco-anglaise sur la Somme est
commencée.
Le temps nécessaire à sa
préparation a été procuré par l’héroïsme et le sang versé de nos soldats. En
quelques jours, les gros canons ennemis disparaissent les uns après les autres,
les offensives se font plus rares et moins nourries. C’est la fin, le Boche n’a
pas eu Verdun.
Du 1er au 7, l’ennemi fait encore quelques dernières
tentatives à peu près stériles.
Le 7, le régiment est
relevé ; il a tiré 180.000 coups de canon en dix-sept jours, certaines
batteries ont tiré 1.300 coups par pièce et en vingt-quatre heures, 30 canons
sur 36 ont été plus ou moins abîmés par le tir ou le feu de l’ennemi.
Le régiment, après avoir
été passé en revue le 14 juillet par le général Girodon, s’embarque le 19 à
Blesmes et débarque le 20 près de Château-Thierry.
Après un court séjour sur
le front de Soissons, il va s’exercer, du 10 août au 2 septembre, dans le camp
d’instruction de Ville-en-Tardenois. Le 5, il s’embarque aux environs d’Epernay
pour la Somme. Débarquement à Saint-Omer-en-Chaussée, puis cantonnement aux
environs de Conteville.
Dans la nuit du 17 au 18
septembre, le régiment prend position sur le front de la Somme, en face du
village récemment conquis de Bouchavesnes.
Les routes sont défoncées
par les obus, le terrain dévasté et l'occupation des positions est rendue
pénible par le bombardement.
Le 21, se produit une
contre-attaque ennemie d'une extrême violence pour reprendre Bouchavesnes ;
elle échoue.
Le 23, le général Girodon,
commandant la division et qui déjà devant Verdun avait donné des preuves de son
exceptionnelle bravoure en parcourant sans cesse à découvert les lignes
avancées de notre infanterie pour mieux se rendre compte de la situation, est
tué par un obus avec son officier d'ordonnance, en se rendant aux premières
lignes.
Les ravitaillements de nuit
pendant cette période sont très pénibles, par suite de l'état du terrain, et de
l'encombrement de l'unique piste utilisable.
Les tirs de l'artillerie
ennemie font subir des pertes assez lourdes au personnel des positions et des
ravitaillements.
Le 19 octobre, le colonel
Godar quitte le commandement du régiment, profondément regretté de tous ceux
qui avaient servi sous ses ordres. Il est remplacé par le lieutenant-colonel
Dutilleul.
La fin d’octobre est
consacrée à l'organisation du terrain conquis en septembre.
Le régiment appuie, le 5
novembre, une attaque d'un corps d'armée voisin sur le bois de
Saint-Pierre-Waast.
Une autre attaque, projetée
à la fin de novembre, ne peut avoir lieu tant le terrain est rendu impraticable
par la boue. Le secteur continue à s'organiser, des abris profonds ont été
creusés sur les positions, ce qui diminue considérablement les pertes ; de
nombreux observatoires ont été organisés en première ligne et sur les crètes
plus en arrière.
Le 16 décembre, le
capitaine Tourette, règlant un tir d’un petit poste d’infanterie, placé à
quelques mètres des premières lignes allemandes, est tué d’une balle au front
pendant qu’il observait à la jumelle, dédaignant les balles qui sifflaient
autour de lui. Le 30, le 25e est relevé ; il quitte la Somme
par étapes pour la région de Fère-en-Tardenois. Comme toujours, le résultat de
ses efforts et de ses sacrifices, s'il n'a pas été immédiat, se manifestera
plus tard. Les opérations sur la Somme ont amené en mars 1917, le repli
allemand entre Arras et Soissons, qui atteint en certains points 35 kilomètres en
profondeur.
Le 1er janvier 1917, par suite de la réorganisation des
artilleries divisionnaires, le colonel Dutilleul passe le commandement du 25e au lieutenant-colonel Pétrini-Poli qui lui était
adjoint, et conserve le commandement de l'artillerie de la 12e division.
Le 25e quitte le camp de Fère-en-Tardenois le 14 janvier et
se dirige par étapes dans la région de Lizy-sur-Ourcq, où s'effectuent jusqu'au
30 des exercices d'instruction rendus très pénibles par la neige, le vent et un
froid rigoureux (-16°). Le 3 février, le régiment est dirigé par étapes vers
Braine et occupe, le 6, des positions de batteries existantes sur le front
Bourg-et-Comin-Saint-Mard (20 kilomètres est de Soissons).
Le secteur est très calme,
à peine quelques coups de canon sont échangés chaque jour. Malgré le froid et
la neige, les officiers et hommes de troupe du régiment travaillent vec une
extrême ardeur à la construction, à l'aménagement et au camouflage de
nombreuses positions de batteries, qu'eux-mêmes ou leurs camarades d'autres
régiments occuperont pour l'offensive projetée.
Pendant deux mois et demi,
un travail considérable est ainsi fourni, dont le régiment est bientôt
récompensé par l'insuccès d'un coup de main ennemi sur son front, et les pertes
très faibles qu'il subit, grâce à la perfection de son installation.
Les positions du régiment
pour l'attaque sont installées sur une longue colline, aux versants abrupts et
rocheux, surnommée « Madagascar », à cause de la ressemblance avec cette île.
Cette colline domine de quarante mètres le village de Bourg-et-Comin, encore
habité, ainsi que les ponts sur l'Aisne et sur le canal de l'Aisne à l'Oise.
Le 4 avril, l'explosion due
au tir ennemi, d'un très important dépôt de munitions d'artillerie lourde,
situé au pied de « Madagascar », provoque l'effondrement de plusieurs « creutes
» (grottes) du versant de la colline ; un sous-officier et plusieurs hommes
ensevelis sont tués ou blessés.
Les destructions à opérer
sur les lignes ennemies sont commencées le 8 avril et durent jusqu'au 15, fortement
gênées par le mauvais temps.
L'attaque a lieu le 16
avril par un temps froid et couvert avec tempêtes de neige.
Nos fantassins enlèvent
rapidement la première ligne de tranchées, mais sont arrêtés devant la seconde
par des mitrailleuses dissimulées dans les contreforts boisés du plateau du
Chemin-des-Dames.
Diverses attaques exécutées
dans l'après-midi du 16 et pendant la journée du 17 échouent encore. Le 25e, qui devait suivre la progression de l'infanterie,
reste sur ses positions. Dans la soirée du 17, le bataillon Jacquin, du 106e régiment d'infanterie, en exécutant une dernière
attaque, réussit à s'infiltrer dans les bois de la Bovette, n'y rencontre
personne, y traverse en silence de forts réseaux de fil de fer non gardés et
débouche au crépuscule sur le plateau de la Croix-sans-Tête, menaçant ainsi de prendre
à revers les positions allemandes de droite et de gauche.
L'ennemi, surpris, donne
l'ordre général de résister entre Braye-en-Laonnois et Margival, abandonnant
ainsi, sur 20 kilomètres, toute la ligne de l'Aisne pour se replier sur le
Chemin-des-Dames. Le 25e participe à ce succès par des tirs heureux sur
l'infanterie ennemie et en démolissant un certain nombre d'avant-trains
allemands qui tentaient de passer la crête pour venir enlever leurs canons. Les
batteries du régiment se portent en avant de 4 kilomètres pour venir s'établir
vers les premières contre-pentes du Chemin-des-Dames.
Le 5 mai, le 25e, après avoir effectué sur le Chemin-des-Dames proprement
dit, une puissante préparation, appuie l'attaque de cette importante position,
dite « Position Hindenburg ».
En vingt-trois minutes, nos
fantassins, précédés d'un formidable barrage de 75, enlèvent avec des pertes
infimes les deux lignes de tranchées complètement démolies et pénètrent dans le
bois au nord.
Tout le Chemin-des-Dames,
sur notre front d'attaque, reste entre nos mains.
Quatre mille deux cents
prisonniers, soixante-dix-huit canons et une avance de 5 kilomètres forment
pour notre corps d'armée les trophées de ces deux beaux succès. Le 25 mai, le
25e est relevé et mis au repos jusqu'au 9 juin.
A cette date, le régiment
se rend, par étapes, vers Coulommiers où il s'embarquera le 14 juin, pour
débarquer entre Epinal et Saint-Dié, dans les Vosges et couvrir ensuite le
front de Baccarat à Saint-Dié, secteur calme, où il se repose des rudes efforts
fournis sur la Somme et sur l'Aisne.
En novembre 1917, le
lieutenant-colonel Pétrini-Poli est nommé au commandement de l'A. D./12, en
remplacement du colonel Dutilleul. Il est remplacé à la tête du régiment par le
chef d'escadron Dupont, venu du 15e régiment
d'artillerie.
Retiré du front le 20
décembre, le régiment est acheminé par étapes sur Bruyères, Remiremont,
Belfort, et va cantonner le 10 janvier dans la région de Montbéliard.
C'est le moment où l'on se
prépare à recevoir comme il convient, sur un point quelconque du front allié,
la grande offensive annoncée par l'état-major allemand.
Le 25e détache successivement des batteries dans le secteur
de Thann, pour y appuyer des reconnaissances offensives ; il exécute de nombreuses
reconnaissances le long de la frontière suisse et y participe à d'importants
travaux de constructions de batteries et d'observatoires (10 janvier-10 mars
1918).
Le régiment qui, avec toute
la division, avait quitté la région de Montbéliard, vers le 10 mars, arrivait
aux environs de Vesoul pour exécuter quelques manoeuvres au camp d'instruction
de Noroy-le-Bourg, lorsque la ruée allemande se produisit en Picardie à la date
du 21 mars, devant le front de la Ve armée
anglaise, que les Allemands voulaient séparer de l'armée française.
Alertées dès le 22 mars,
les batteries commencent à s'embarquer le 25 au matin. Le lieutenant-colonel
commandant le régiment débarque dans la soirée du 26, après un voyage de
trente-six heures, avec la batterie de tête, à Montdidier où les Allemands
devaient entrer quelques heures plus tard.
Il reçoit la mission de
défendre la ligne de l'Avre sur un front de 8 kilomètres entre Braches et
Davenescourt, avec le concours d'un bataillon d'infanterie territoriale et ses
9 batteries, au fur et à mesure de leur débarquement.
Dans la soirée du 27, tout
le 25e est en batterie, prêt à remplir sa mission. Le 28 et
le 29, ses tirs sont particulièrement efficaces sur les ravins est de l'Avre,
ils prennent en flanc les colonnes allemandes qui se dirigent vers le nord et
se préparent à attaquer de front la région Moreuil-Montdidier ; plusieurs
batteries et convois ennemis sur les routes sont ainsi pris sous le feu. Mais
l'infanterie allemande, très supérieure en nombre, continue à s'infiltrer. Elle
s'empare de Gratibus et de Maresmoutiers, rendant tout à fait précaire la situation
de l'artillerie et le 29, vers 20 heures, notre infanterie, sous la poussée de
ces masses considérables, se replie sur la ligne Parc de Grivesnes-Saint-Aignan
et Cantigny.
Les batteries continuent
leur mission jusqu'à la dernière minute ; puis, sur l'ordre du général Penet, commandant
la 12e D. I., elles se replient par échelons au pas, en
silence, et dans le plus grand calme, comme à la manoeuvre, sans laisser à
l'ennemi ni personnel, ni matériel. Cette retraite est un des plus beaux faits
d'armes accomplis par le 25e pendant la campagne. Vers
minuit, tout le régiment est rassemblé à Coullemelle.
Le 30, au petit jour, les
batteries, sans avoir pris aucun repos, sont installées sur la ligne
Coullemelle-Villers-Tournelle.
Dans la journée du 30, la
garde allemande attaque en masse le village et le château de Grivesnes,
importante position dont l'ennemi veut à tout prix s'emparer. Les attaques sont
arrêtées par nos tirs de barrage et de contre-préparation. Mais à la tombée de
la nuit, l'ennemi réussit à enlever le parc du château, la Chapelle-Saint-Aignan
et le village de Cantigny.
Le 31 mars à midi, au prix
de pertes sanglantes, il s'empare du village de Grivesnes et encercle le
château, où le colonel Lagarde, commandant le 350e R.I.,
est resté avec une poignée de braves.
Nous contre-attaquons à 15
heures ; le château est dégagé avec sa vaillante garnison et l'ennemi ne garde
plus qu'une fraction du parc.
Pendant les trois jours
suivants, l'ennemi, épuisé par ses efforts répétés et infructueux, n'avance
plus ; le 3 avril, une opération rapidement menée nous rend La
Chapelle-Saint-Aignan avec 17 prisonniers et des mitrailleuses.
Le 4, à plusieurs reprises,
tentatives désespérées et furieuses contre Grivesnes et La
Chapelle-Saint-Aignan ; l'adversaire se heurte à un mur infranchissable. Du
côté français, des troupes fraîches d'infanterie et d'artillerie commencent à
arriver : le flot allemand est définitivement endigué. C'est la guerre de
position qui commence.
Les batteries sont relevées
le 11 avril. Une citation à l'ordre du 6e corps d'armée
vient sanctionner la conduite du 25e aux combats
de Grivesnes.
Le général commandant le 6e corps d’armée cite à l'ordre du corps d’armée :
LE 25e RÉGT D'ARTILLERIE DE CAMPAGNE
« Régiment d’élite qui, sous le commandement du
lieutenant- colonel Dupont et de ses commandants de groupe, les chefs
d’escadron Keck et Desagneaux et le capitaine Capdevielle, vient de donner de
nouvelles preuves de sa valeur et de ses qualités manoeuvrières et techniques.
Après avoir effectué leur débarquement dans des conditions difficiles et s’être
portées ensuite hardiment en avant, ses batteries ont appuyé constamment
l’infanterie au plus près, de la façon la plus heureuse et la plus efficace,
contribuant ainsi au succès des contre-attaques ».
Général DUPORT.
Quelques jours plus tard,
le 25e est transporté en Lorraine par voie ferrée. Le 22
avril, toutes ses batteries sont de nouveau en position entre la forêt de
Parroy et les Vosges. Elles y resteront du 22 avril au 16 juillet et y feront
bonne garde, car à chaque jour et en chaque point du front, on s'attend à une
attaque furieuse de l'ennemi en masse et par surprise.
Les attaques allemandes du
27 mai dans l’Aisne et du 15 juillet en Champagne ont passé.
Le 18 juillet, le 25e quitte la Lorraine et va débarquer le lendemain dans
la région de Villers-Cotterêts, en arrière de l'Armée Mangin, qui vient
d'asséner un coup vigoureux dans le flanc droit de l'adversaire.
Il va, lui aussi, se jeter
à corps perdu dans la grande bataille offensive qui, en moins de quatre mois,
amènera la capitulation de l'adversaire.
Le 25 juillet, avec la 10e armée, il est aux attaques de Villemontoire ; le 31
juillet et le 1er
août, il prépare et appuie l'attaque des
positions de Tigny, d'Hartennes et Taux. Le 2 et le 3 août, il poursuit
vigoureusement l'adversaire, qui s'est replié sur les rives nord de la Vesle et
de l'Aisne, et il s'installe sur les hauteurs entre Serches et Ciry-Salsogne.
Pendant tout le mois
d'août, il use l'adversaire par des tirs nourris et meurtriers ; dans les
derniers jours d'août, avec la 12e D. I., il participe
à l’attaque générale de la 10e armée.
C'est successivement le franchissement
de l'Aisne et de la Vesle (4 septembre), la prise du Fort de Condé (6
septembre) et la progression lente, mais continue au-delà des villages de
Chivres et de Condé jusqu'à la ligne Vailly-Ferme Mennejean (6-15 septembre).
Le 25 septembre, l'infanterie de la 12e D. I. est
relevée ; le 25e
reste en place et prête son concours à la
41e puis à la 72e D. I., qui
continuent à pousser en avant.
Le 22 septembre, le 25e est relevé à son tour ; ce n'est point pour aller
prendre un repos pourtant mérité. Chacun a peiné depuis deux mois : le régiment
a perdu en tués, blessés et évacués, soit par fatigue, soit par intoxication,
10 officiers et 170 hommes.
Mais il n'est plus question
de repos au moment où l'adversaire commence à manifester des signes de
lassitude. C'est le moment de frapper des coups plus durs, et le 25e ne quitte la 10e armée et la bataille
autour du Fort de Condé, que pour aller un peu plus à l'est, préparer le
franchissement de la Vesle entre Fismes et Reims, avec la 5e armée.
Dès le 25 septembre, il
procède à des reconnaissances, s'installe, approvisionne ses positions de
batterie pour l'attaque, et le 30, il appuie l'attaque de la 45e D. I. qui aboutit à la conquête de tout le terrain
compris depuis Magneux et Courlandon sur la Vesle, jusqu'à Pontavert et
Berry-au-Bac, sur l'Aisne. Le 3 octobre, les batteries viennent de s'installer
aux abords de Coucy et de Guyencourt, quand elles reçoivent l'ordre de gagner
la région de Neuilly-Saint-Front pour s'y embarquer.
L'offensive alliée dans les
Flandres se prépare. La 12e D. I., avec son artillerie, est
désignée pour y prendre part ; le 10 octobre, elle débarque dans la zone de
Bergues.
Le 25e, en y arrivant, apprend que sa conduite sur la Vesle
et sur l'Aisne lui a valu une citation à l'ordre de la 10e Armée.
Le général commandant la 10e Armée cite à l'ordre de l'Armée :
LE 25e RÉGT D'ARTILLERIE DE CAMPAGNE
« Après avoir, au prix
de grandes fatigues, coopéré efficacement aux attaques sur un front difficile,
et à l'enlèvement d'un village particulièrement défendu, n'a cessé d'appuyer,
pendant deux mois, la progression de l'infanterie dans une avance de plus de 20
kilomètres, avec la plus grande bravoure et le plus beau dévouement. Sous le
commandement du lieutenant-colonel Dupont et des chefs d’escadron Keck, Desagneaux
et Capdevielle, a fait preuve des plus belles qualités manoeuvrières et
techniques en agissant pendant cette période, malgré des fatigues constantes et
des tirs ennemis à obus toxiques très pénibles, en liaison intime avec son
infanterie et en aidant à la prise de plusieurs villages et d'un ancien fort
puissamment organisé ».
Signé
: Général MANGIN.
Il s’achemine en traversant
la zone dévastée et pilonnée par les opérations de 1917, vers Langemarck et
Staden.
Reconnaissances,
installations.
Le 13 octobre, il est en
batterie en avant du Stadenberg, face à Hooglede, à la disposition de la 77e division (34e C. A.)
Le 14, attaque générale de
l'armée française de Belgique ; Le 25e appuie
l'infanterie de cette division qui s'empare d'Hooglede dans la soirée. Le 15,
il va prendre position sur les hauteurs d'Hooglede pour continuer sa mission
d'accompagnement, puis, laissant la 77e D. I. poursuivre
l'ennemi jusqu'à Thielt, il attend sur place l'arrivée de la 12e D. I.
Après quelques jours de
repos, le 25 octobre, il est en batterie à Gotthem, pour la bataille de la Lys,
en collaboration avec l'infanterie de la 12e D. I.
Du 25 au 30, des têtes de
pont sont établies sur la rive droite de la Lys, notamment à Machelen.
Le 31, nouvelle attaque
générale de l'armée française de Belgique : c'est un nouveau succès qui, dans
la journée du 1er
novembre, nous amène à Audenarde et à la
rive gauche de l'Escaut.
Dès le 2 novembre, les
troupes d'infanterie et du génie s'essaient à lancer sur la rive droite
quelques éléments, mais l'ennemi résiste encore énergiquement. Il faut recourir
à des actions méthodiques d'artillerie et d'infanterie, et c'est seulement le 6
novembre que des têtes de pont sont enfin amorcées sur la rive droite. Les
attaques vigoureuses, menées pendant la journée du 8 au 9, obligent l'ennemi à
un nouveau repli qu'il exécute dans la journée du 9.
Le 10, le 25e franchissant l'Escaut sur le pont de Eyne, s'installe
en batterie le long de la route d'Audenarde à Niederzwalm. Et c'est là, sur la
rive droite de l'Escaut, que le 11 au matin, il apprend qu'à partir de 11
heures, les hostilités sont suspendues entre les deux groupes de belligérants.
En même temps, il reçoit
l'ordre de rester provisoirement sur les emplacements qu'il occupe.
Le 25e d'artillerie, avec toute la 12e D. I., s'attend à suivre de près les armées
allemandes, forcées de se replier sur la ligne du Rhin et même au-delà. Mais
les difficultés de transport et de ravitaillement ne permettent pas de lui
accorder cette légitime satisfaction. Il lui faut demeurer sur la ligne de
l'Escaut. Il y reçoit, le 14 novembre, des mains du général Chabord, commandant
la 12e D. I., la croix de guerre avec palme qui lui a été
accordée à la suite des opérations sur l'Aisne (Ordre n° 345 de la Xe Armée).
Le 27 novembre 1918,
l'étendard du 25e
R. A. C., qu'une délégation (1) est allée
chercher au dépôt du corps à Carentan, est présenté au régiment par le
lieutenant-colonel Dupont, en présence du général commandant la division :
« Officiers,
sous-officiers, brigadiers et canonniers du 25e R. A. C., L'étendard du régiment est désormais confié
à notre garde. Au plus grand nombre d’entre nous, il apparaît pour la première
fois. Aux anciens du régiment, il reparaît après une absence de quatre années.
Pour tous, il représente la même France.
« Chez tous, il évoque
le souvenir de la vieille maison de France où nous sommes nés, du petit village
de France où nous avons grandi, du cimetière de France où reposent nos
ancêtres, du foyer de France où nous attendent impatiemment nos vieux parents,
nos femmes et nos enfants ».
« A tous, il rappelle
les luttes que nos frères ont soutenues à travers les siècles sous Charlemagne,
au Moyen Age, sous Louis XIV, à l’époque de la Révolution. A tous enfin, il
rappelle nos serments de fidélité à nos devoirs de soldat et notamment la
promesse que nous avons faite, plus pressante et plus solennelle dans les
journées de juillet et d’août 1914, de défendre la France, de la venger des
outrages de la précédente guerre et de la mutilation qui l’avait suivie.
« Etendard du 25e, je te le demande, avons-nous tenu notre parole ?
Tous ceux, officiers et soldats, qui, tour à tour, ont constitué le 25e d’artillerie, depuis le 2 août 1914 jusqu’à ce jour,
ont-ils été fidèles à leur engagement ?
« La réponse, je la
trouve dans cette croix de guerre accrochée à ta hampe, et à laquelle,
j’espère, s’ajoutera bientôt la fourragère des Braves.
« La réponse, elle sera
bientôt inscrite sur ta flamme. Cette flamme, encore vierge jusqu’ici, en
raison de la création récente du régiment, portera prochainement inscrits en
lettres d’or, les noms de la Marne, des Eparges, de la Champagne, de Verdun et
de la Somme, du Chemin-des-Dames, de Montdidier et de Grivesnes, de l’Aisne et
des Flandres.
« La réponse, elle se
trouve encore dans le témoignage vivant de nos glorieux blessés qui, pour
défendre leur pays, ont donné généreusement une partie de leur vie.
« La réponse, elle se trouve enfin dans la
liste, hélas ! Trop longue de nos camarades tombés au Champ d’Honneur ; ces
morts dont le nom évoquera toujours dans la grande famille du 25e l’idée du sacrifice le plus noble et de la gloire la
plus pure ; ces morts dont le sacrifice n’a pas été vain, puisque le drapeau de
la France flottera désormais sur les provinces que l’ennemi nous avait volées
en 1871 et que nous venons de lui reprendre.
« Oui, le 25e d’artillerie a vaillamment rempli son devoir, et
chacun de nous a le droit d’être fier d’appartenir à un tel régiment.
« Etendard, tu n’étais
pas au milieu de nous pendant les rudes journées de la bataille ; tu n’as
partagé ni nos privations, ni nos souffrances.
« Mais désormais, tu ne
nous quitteras plus et tu partageras notre gloire.
« C’est à ta suite que
nous traverserons en vainqueurs les villes et les villages de France et de
Belgique ; c’est à ta suite qu’en vainqueurs nous pénétrerons bientôt dans les
territoires de la région du Rhin, comme nous en brûlons d’impatience. C’est à
ta suite enfin que plus tard, fiers, joyeux et fêtés par la population, nous
rentrerons dans notre ville de garnison avant de nous séparer définitivement
pour aller rejoindre nos foyers. Jusque-là, nous constituerons ton escorte.
« Etendard, nous te
promettons solennellement que cette escorte sera digne de toi. Nous voulons que
partout où, à ta suite, il paraîtra, le 25e d’artillerie,
fidèle à son passé de guerre, fidèle aux traditions de la 12e D. I., soit réputé comme l’un des plus beaux régiments
de France ».
« A l’Etendard ! »
(1) Composition de la Délégation : Capitaine COMET, Commandant la 7e Batterie ; Adjudant PRON, de la 5e Batterie ; M. Pointeur BRANDELOT, de la 1re Batterie ; Canonnier GRARD, de la 7e Batterie.
Le 18 décembre 1918, le 25e est cité à l’ordre de la 6e Armée avec le motif suivant :
LE 25e RÉGT D'ARTILLERIE DE CAMPAGNE
« Régiment d’élite qui,
sous le commandement du lieutenant- colonel Dupont des chefs d’escadron Keck,
Desagneaux et Capdevielle, ne cesse de faire preuve d’un moral splendide et des
plus hautes qualités militaires et techniques. S’est distingué partout et
toujours, sur la Vesle, sur la Lys, sur l’Escaut. A risqué les déplacements les
plus hardis pour appuyer de près les bataillons d’attaque. En toutes circonstances,
a donné à l’infanterie l’aide la plus féconde ».
Signé
: Général DEGOUTTE.
Cette deuxième citation à
l’ordre de l’Armée entraîne pour le 25e le droit au
port de la fourragère, désirée depuis si longtemps.
Ordre
Général N° 140 “ F ”du 19 Décembre 1918
Par application des
prescriptions de la circulaire n° 2156 « D » du 22 février 1918, le maréchal de
France commandant en chef les armées françaises de l’Est a décidé que les
unités ci-dessous auront droit au port de la fourragère :
Aux Couleurs du ruban de la
CROIX de GUERRE :
LE 25e RÉGT D'ARTILLERIE DE CAMPAGNE
. . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . .
Le
maréchal de France, Commandant en chef les armées françaises de l’Est,
PÉTAIN.
(1) 67e R.
I. (Fourragère aux couleurs de la Médaille Militaire), 54e R. I. et 350e R. I.
(Fourragère aux couleurs de la Croix de guerre).
Le 25e quitte les Flandres dans les premiers jours de
décembre. Au début de janvier, il est en Alsace, dans la zone Haguenau-Niederbronn.
C'est dans cette région,
sur le champ de bataille de Freschwiller que, le 17 janvier 1919, son étendard
reçoit des mains du général Gouraud la fourragère aux couleurs de la croix de
guerre.
Cette cérémonie des plus
poignantes, au cours de laquelle les trois régiments d'infanterie de la
division reçoivent, aussi, officiellement la fourragère (1), se déroule au pied
du monument français élevé à la mémoire de nos héros tombés le 6 août 1870, en
présence des combattants alsaciens survivants de la précédente guerre et des Alsaciennes
revêtues de leur joli costume national.
Le 14 janvier, un service
funèbre pour les morts du 25e tombés pendant la campagne, est
célébré en l'église de Reischoffen.
Le général Chabord y
assiste, et tous les corps de la division y sont représentés. La population
civile a tenu à se joindre à l'élément militaire et à lui prouver que désormais
tous les coeurs d'Alsace battent pour la France. L'abbé Amann, chevalier de la
Légion d'honneur, aumônier de la 12e D. I.,
détaché au 25e R. A. C. depuis février 1918, y salue la phalange des
héros du 25e tombés pendant la campagne.
Dans les derniers jours de
janvier, le 25e d’artillerie subit une transformation profonde. Il perd son 3e
groupe qui, après avoir reçu les éléments du régiment appartenant aux plus
anciennes classes de la réserve, va faire route vers l’intérieur pour être
dissous.
Les éléments de l’armée
active et des jeunes classes de la réserve sont tous versés dans les deux
premiers groupes du 25e auxquels vient se joindre un groupe constitué par le
225e d’artillerie.
Le 225e, c’est le régiment
de campagne de la 56e division, composé d’éléments des 25e, 32e et 40e
d’artillerie ; il appartient, comme le 25e, au 6e corps d’Armée : il a couru
les mêmes dangers, il a réalisé les mêmes exploits, il a supporté les mêmes sacrifices
et il a, lui aussi, gagné brillamment la fourragère aux couleurs de la croix de
guerre pour ses faits d’armes de 1918 dans la Somme (Ordre n° 18, du 26 avril
1918 de la 1re Armée, et Ordre n° 153 du 15 octobre de la 1re
Armée).
Le nouveau régiment d’artillerie
de marche : 25e-225e, aura à cœur d’être digne des deux régiments de campagne
dont il est issu.
Il le montre dès les
premiers jours, au cours des rudes étapes qui le ramènent d’Alsace à Châlons
(1er au 26 février) et qui lui méritent les félicitations du colonel commandant
l’A. D./12 :
« Au moment où se terminent
les dures étapes qui les ramènent dans la zone du 6e corps, le colonel
commandant l’artillerie est heureux de féliciter les corps de troupe
d’artillerie sous ses ordres, des conditions d’endurance, d’énergie et de belle
discipline de marche dans lesquelles ils viennent de parcourir plus de trois
cents kilomètres, par des intempéries et les froids les plus rigoureux.
« Il aime à le dire non
seulement aux anciens artilleurs de la 12e D.I., mais surtout à ceux qui,
venant d’unités dissoutes et jetés en pleine marche au lendemain d’une
incorporation toute récente, pouvaient se sentir quelque peu désorientés dans
un milieu nouveau.
« Les artilleurs du 25e R.
A. C. et du 5e groupe du 106e R. A. L. ont appris à apprécier déjà, en bien des
circonstances, leurs camarades du 225e R. A. C. et du 6e groupe du 106e R. A.
L., à côté desquels ils ont très souvent combattu : notamment pour les attaques
brillantes de Soupir et de la Croix-sans-Tête et les défenses glorieuses de
Montdidier et de Grivesnes..... »
26 février, derrière le général Boichut,
commandant la 12e
D. I., et derrière le 106e R. I., le régiment de marche 25e-225e, représenté par son premier
groupe, fait son entrée solennelle dans sa garnison de Châlons. Toute la ville
est sur pied pour voir rentrer les deux régiments et saluer le drapeau du 106e et l’étendard du 25e. Les
acclamations, les gerbes de fleurs et les applaudissements ne sont pas ménagés
aux vainqueurs.
Sur le perron de l’Hôtel de
Ville, en présence du général Duport, commandant le 6e corps d’Armée, des discours sont échangés entre le
maire de la ville de Châlons et le général commandant la 12e D. I.
Les honneurs sont rendus
aux morts du 25e
R. A. C. et du 106e R. I. Puis, les deux régiments regagnent leurs
quartiers en défilant crânement devant les autorités civiles et militaires, le
front haut, comme il convient à des hommes qui viennent d’accomplir une oeuvre
grandiose.
Ils viennent en effet, ces
hommes, de prendre part à la guerre la plus effroyable, de gagner la plus
grande bataille de l’Histoire, d’amener l’adversaire à une capitulation sans
précédent, de libérer le sol national et de délivrer nos frères captifs
d’Alsace et de Lorraine.
Recopié par : Véronique, Hubert et Antoine TONNELLIER en
février 2006.
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