HISTORIQUE

DU

336e Régiment d'Infanterie

 

 

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Merci à Yvonne (pour l’historique) et à Dominique (pour la copie)

 

 

SOMMAIRE :

 

 

 

Le 336erégiment d'infanterie de réserve, sous les ordres du lieutenant-colonel Gracy, était composé de deux bataillons, les 5e et 6e, commandés par les chefs de bataillon Boucheaux et Etchats, et comptait 36 officiers, 123 sous-officiers et 2.045 caporaux et soldats.

Il appartenait à la Ve armée, 60e division de réserve, 120e brigade.

 

Parti de Saint-Lô le 10 août 1914, il débarque, le 11, à Attigny et marche immédiatement au nord, vers la Belgique.

 

Le 23 août, il reçoit le baptême du feu.

Les premiers obus ennemis, tombent sur la colonne au moment où, vers 17 h.50, elle pénètre dans le bois de Cornimont et blessent 7 hommes.

Le lendemain, le 336e prend position pour couvrir le mouvement de repli des éléments avancés de la brigade, attaqués par des forces supérieures ; il se retire à son tour par une longue et laborieuse marche de toute la journée, puis reste engagé sur la rive gauche de la Meuse (Hamogne, Sapogne, Saint-Aignan).

 

Le 30 août, il est violemment attaqué au sud de Jonval et après avoir, pendant quelques heures, arrêté l'ennemi, il se rabat sur Tourteron.

Le village ayant été tourné par l'est, il faut se replier. Pour faciliter le mouvement, le capitaine Equilbey rallie tout ce qu'il trouve d'hommes sous la main et donne vigoureusement l'assaut, les Allemands reculent, mais Tourteron écrasé par l'artillerie lourde est intenable et la division se retire au sud de l’Aisne.

La journée a été dure : 7 officiers ont été blessés, 355 hommes sont tués ou blessés, 711 sont disparus.

 

La retraite se poursuit jusqu'au 6 septembre, par Cauroy, Beine, Aulnay-sur-Marne, Rouffy, Herbisse.

 

Le 6 septembre, une compagnie de 250 hommes, tous triés sur le volet, est envoyée, sous les ordres du capitaine Soursac, pour faire partie d'un détachement chargé de couvrir les convois et le ravitaille-ment de la IXe     armée, que dirige le général Foch et à laquelle la 60e division de réserve est rattachée.

Ce détachement livre des combats particulièrement violents aux abords de Fère-Champenoise, et subit, au cours de superbes faits d'armes, de très lourdes pertes. Son chef, le commandant Lambert, du 202e est tué.

 

Le régiment prend sa part glorieuse à la victoire de la Marne.

Pendant cette semaine tragique, où chacun a le sentiment très net qu'il ne s'agit pas seulement de gagner une bataille, mais que le sort même de la France est en jeu, où chacun est pénétré de la grandeur de son devoir et résolu à l'accomplir jusqu'au suprême sacrifice, préférant, suivant l'ordre du général en chef, se faire tuer que reculer, le 336e donne un effort magnifique, fait de bravoure et de ténacité, et qu'atteste douloureusement le chiffre de ses pertes.

 

Le 7 septembre, il occupe Sommesous et la côte 209, et manœuvre pour occuper les crêtes dominant Sommesous au nord; mais le village est incendié par les obus allemands, il faut l'abandonner.

 

Le 8, les tranchées sont violemment bombardées ; nos hommes décimés par le feu de l'infanterie et des mitrailleuses se replient d'abord. Cependant l'ordre est donné de reprendre la côte 209.

Le 6e bataillon s'élance, il est accueilli par un feu intense et arrêté dans sa marche. Les deux chefs de bataillon sont blessés et le régiment est réduit à 320 hommes. Le lendemain, il se reconstitue en un bataillon de 450 hommes sous le commandement du capitaine Equilbey et la brigade se porte de nouveau vers Sommesous.

C'est une sorte de mouvement ininterrompu de flux et de reflux, on attaque hardiment, puis on se replie un instant, on se reforme et on repart, avec l'inébranlable volonté d'arriver coûte que coûte. Les hommes déploient la même énergie dans les moments critiques où ils doivent se replier que dans ceux où ils peuvent aller de l'avant.

Une section, ou plutôt le lieutenant, le caporal et les 6 hommes qui en restent, est citée pour être restée jusqu'à la dernière limite à son poste, et s’être ensuite frayé un chemin à la baïonnette.

Ceci n'est qu'un exemple entre mille de l'opiniâtreté de nos héros.

Aussi, la partie un instant compromise continue acharnée ; la pression sur l'ennemi s'exerce énergique, on sent qu'il se fatigue, qu'il s'use, qu'il faiblit et c'est, enfin, la victoire tant désirée ! Que d'héroïsme dépensé pour la conquérir ! C'est sans doute pour le reconnaître que le général en chef supprimera, quelque temps après, l'appellation de « division de réserve » pour ces divisions qui, malgré leur nom, furent toujours en première ligne et se montrèrent aussi solides que les divisions d'active, leurs sœurs cadettes.

 

En avant! La poursuite ardente, sans répit; on harcèle l'ennemi, on le bouscule, on lui enlève prisonniers et trophées en abondance, et déjà le cauchemar de l'invasion semble s'évanouir... Illusion, hélas ! Car cette marche en avant est vite arrêtée, le 14 septembre, aux abords de Jonchery.

La longue guerre de tranchées commence avec ses longues périodes d'attente, sous le feu et dans la boue.

Elle n'est certes pas conforme aux goûts du soldat français, qui aime se battre au grand air et homme contre homme. Mais le Français sait improviser et s'adapter.

Bientôt les tranchées rudimentaires du début, à peine tracées, presque point garanties, privées d'espace et ignorantes du confort vont aller s'améliorant et finir par connaître l'aisance et l'hygiène. Isolées tout d'abord, elles se soudent et se continuent, elles s'étendent dans tous les sens, elles s'aménagent et deviennent habitables ; on fait du solide et de l'utile, et c'est à qui montrera le plus d'ingéniosité et de persévérance.

Le travail est dur et souvent dangereux, il se fait la nuit, par les pluies de l'automne et les gelées, souvent âpres, de l'hiver, sous les balles et les obus. Il faudra des mois pour arriver aux organisations de défenses complètes, bétonnées, profondes, presque invulnérables et presque confortables, à ces tranchées, abris et boyaux de communication dont l'installation perfectionnée donne à l'homme, qui doit y passer des semaines et même des mois, un sentiment de sécurité et de confiance. De bonne heure, on en a pris son parti : « Ah ! Va pour la guerre de tranchées ! », ont dit les troupiers, et ils ont fait la guerre de tranchées merveilleusement !

 

Le 21 septembre, après avoir reçu du dépôt un renfort de 500 hommes, le 336e se reconstitue en deux bataillons.

Il relève le 225e aux tranchées à l'ouest de la ferme des Wacques, sur la rive droite de l'Ain.

De petites attaques sont fréquemment tentées d'un côté ou de l'autre : tantôt, comme le 24 septembre, c'est la 60e division qui, en liaison avec les XIIe et XXIe corps, prononce une attaque sur Sainte-Marie-à-Py, Saint-Souplet, et se heurte à des tranchées depuis longtemps organisées et solidement armées de mitrailleuses qui balayent le terrain dénudé, en glacis; tantôt, comme le 26, le 27 septembre, le 1er et le 2 octobre, ce sont les Allemands qui donnent l'assaut, et sont à leur tour repoussés.

 

Le 2 octobre, le régiment va se reposer à Suippes, qui va devenir par la suite le centre de la division ; après quoi, il remonte prendre les tranchées à Souain et abords, alternant avec le 202e, le 225e et le 247e et revient encore à Suippes.

Cette alternance de tranchées et de cantonnements va durer des mois.

Le secteur est loin d'être paisible : bombardements et fusillades sont fréquents; parfois l'un des adversaires essaie, vainement d'ailleurs, une attaque par surprise, et l'opération se solde toujours par quelques tués et blessés.

Dans ces attaques partielles, les soldats du 336e font preuve d'une grande abnégation et d'un grand esprit de sacrifice. Ils n'ignorent pas le péril d'une attaque sur des positions mal ébranlées par une artillerie insuffisante.

 Cependant ils veulent aller de l'avant et s'acharnent à l'impossible.

 

Le 7 novembre, la 20e compagnie est citée pour avoir ouvert de nouvelles tranchées à 600 mètres en avant des anciennes, sans répondre aux Allemands qui, par des cris et alertes de projecteurs, cherchaient à démasquer la position.

 

Le 15, la 23e compagnie est l'objet d'une nouvelle citation collective.

 

Le 25 novembre, le 6e bataillon, renforcé par deux compagnies du 225e R. I., reçoit l'ordre d'attaquer les tranchées à l'ouest de la route de Somme-Py; à midi, la 22e et la 24e compagnie se portent en avant, l'une après l'autre.

Accueillies par un feu violent de fusils, de mitrailleuses et de canons, elles s'avancent néanmoins jusqu'aux fils de fer ennemis et s'y maintiennent jusqu'à 14 heures.

Le capitaine Gendrin est tué en entraînant bravement sa compagnie. Mais les brèches faites dans les réseaux de fils de fer sont insuffisantes, et l'on se replie en laissant sur le champ de bataille 15 tués, 50 blessés et 42 disparus.

Le colonel Gracy cite à l'Ordre, en termes élogieux, ces deux compagnies dont l'ardeur offensive a été brisée par des obstacles trop forts, mais qui ont donné un brillant exemple de la ténacité et de l'abnégation normande.

 

Au cours de décembre, janvier et février 1915, le 336e continue à occuper les tranchées de Souain et abords. Sous la pluie et la neige, pendant ses séjours en ligne, c'est un travail constant et acharné pour améliorer les organisations insuffisantes du début.

Aussi, ce fut un hiver particulièrement pénible pendant lequel les courts séjours à Suippes ne constituaient pas un repos absolu, car l'ennemi bientôt commença à bombarder, de jour ou de nuit, les cantonnements de repos.

 

Au printemps de 1915, c'est toujours la même vie, avec les mêmes alternances : tranchées d'abord à l'est, puis à l'ouest de Souain (celles-ci dites du moulin de Souain) et cantonnements à Suippes.

 

Le 7, le 9 et le 10 mars, de petites offensives sont encore tentées.

Généralement, quelques hommes arrivent à prendre pied dans la tranchée ennemie, mais le feu terrible des mitrailleuses arrête toute progression et nos hommes, malgré leur vaillance et leur ténacité, sont obligés de rentrer dans leurs lignes, après avoir arrosé de leur sang ce terrain qu'ils veulent à tout prix conquérir.

Dans ces diverses rencontres, les actes d'héroïsme individuels sont nombreux.

Des citations sont fréquemment décernées à des caporaux, des soldats, qui ont pris la place de leurs officiers tombés, et entraîné leurs camarades à l'assaut. Le lieutenant Lelong est cité pour avoir mené, pendant un mois, avec des volontaires, une série d'embuscades périlleuses à 500 mètres en avant des lignes.

Blessé dans un corps à corps extrêmement violent, il s'écrie : « Je suis blessé, mais ça ne fait rien, en avant ! »

 

Le 20 août, le régiment est mis à la disposition de la 10e D. I. coloniale, à laquelle il prête un concours empressé pour les travaux d'approche entrepris en avant de la première ligne, au nord de Souain; puis il est employé à des travaux de boyaux et de tranchées dans la région du bois Sabot.

L'ennemi s'oppose naturellement à ces projets, qui ont pour but une action offensive et il canonne nos travailleurs.

 

Peu après, le 15 septembre, le 336e quitte ce secteur où il a vécu une année et est transporté à Mourmelon-le-Petit.

 

Le lendemain, il occupe les tranchées de première ligne au bois Triangle et au bois Noir, secteur de la ferme de Moscou (nord de Prosnes).

Notre artillerie bombarde violemment l'ennemi, qui réagit avec une énergie égale, et les shrapnels et obus de 210 tombent à l'envi sur nos positions, entremêlés d'obus lacrymogènes et asphyxiants. Les patrouilles se multiplient, les alertes sont fréquentes.

Parfois les Allemands esquissent une attaque que précède l'émission des gaz asphyxiants. Il faut être constamment en éveil.

A la fin d'octobre, la 120e brigade est chargée d'organiser un secteur au sud d'Aubérive, et elle le fait d'une façon particulièrement heureuse, qui est très remarquée : les tranchées de 1e ligne, les abris pour le personnel et les mitrailleuses, les centres de résistance, tout est installé et aménagé judicieuse-ment, méthodiquement, si bien que le secteur est, comme un « secteur modèle », visité par nombre de généraux, qui adressent à la brigade de vifs éloges.

L'ennemi intervient souvent pour interrompre ou détruire ces travaux, mais ses efforts demeurent vains et les pertes qu'il nous cause sont légères.

L'hiver et le printemps s'écoulent; pendant des mois, le 336e vit ainsi, travaillant assidûment sous le feu de l'ennemi et coupant son pénible labeur de quelques repos à Mourmelon-le-Grand.

 

Le 9 juin, à 24 heures, le régiment est dissous pour raison de réorganisation : le 5e bataillon passe au 202e, le 6e bataillon au 225e.

Sous de nouveaux drapeaux, les braves du 336e poursuivent leur tâche féconde et glorieuse, et, jaloux de leurs origines, ils savent témoigner en toute occasion de la valeur du Soldat Normand.

 

 

 

LISTE DES PERTES

du

336e Régiment d'Infanterie

 

(Sur demande par mail)

 

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