EPINAL
Imprimerie
Paul KAHN
1920
Merci à Alain (pour l'historique)
SOMMAIRE :
Formation et départ. Août 1914
Le bois Le Prêtre.sept. à mars
1915
Combats d'usure. mai-juin 1915
Contre-attaque allemande. Juin-
juil. 1915
L'hiver au bois Le Prêtre. Oct.
1915- mai 1916
Le 353°
Régiment d'infanterie est formé à deux bataillons à Fontainebleau, les 3 et
Parti le 5 août dans la
matinée, en tête des trans¬ports de concentration, il gagne par Dijon, Toul,
pour être endivisionné dans la 73° division et dans La 145° brigade, et
coopérer à la défense active de cette der¬nière place.
Débarqué
au sud de l'enceinte fortifiée, il rejoint par étape (trois), la caserne de la
Justice, à Toul.
Au cours
de son séjour dans la place, continuation de l'amalgame, du perfectionnement,
de la mise en mains, jusqu'au 18 août. Puis il est envoyé à l'effectif de 40 officiers, 2029
hommes, 128 chevaux. dans la région nord-est de la place, vers Remenauville, -
en liaison avec la 51° division, - pour s'opposer à des troupes ennemies
signalées, venant de Metz
Les
Allemands faisant effort, quelques jours plus tard, sur Nomeny, la 73° division
sous le commandement du général Chatelain, fait, le 21 août, face vers l'est, dans la direction
de Pont-à-Mousson, en occupant les pentes du Haut-de-Rieupt et
Villers-sous-Preny, - voir même, Pont-à-Mousson et Atton.
Puis la
mission de la division étant de tenir le plateau de Saizerais, avec les ponts
de Dieulouard et de Marbache, le 353° est reporté en arrière sur
Villers-en-Haye, qu'il atteint le 22 août après un grand orage.
Le 25, pendant l'exécution des travaux de la vallée de l'Ache, ordre parvient
de diriger six bataillons de la 73° division, sans chevaux, sous les ordres du
colonel
Malagutti,
commandant la 146° brigade, pour être embarqués à Liverdun, à destination de
Bayon, où les Allemands sont en progrès et essayent de gagner la trouée de
Charmes.
Par un
détour assez sérieux (Toul, Pont-¬Saint-Vincent, Mirecourt, Epinal), le
régiment débarque à la gare de Bayon, le 26, et prend le soir même les
avant-postes à Einvaux (sud-ouest de Gerbéviller), en liaison avec la 74°
division.
Le 27, la brigade de marche s'embarque à nouveau à Bayon pour regagner Toul,
réclamée par le gouverneur : elle débarque à Toul le 28 à l'aube.
Après une
grand'halte aux abords de la Croix-de-Metz, le 353° gagne Royaumeix, pour
reprendre sa place sous les ordres du colonel de Nansouly. commandant la 145°
brigade.
Le régiment
procède à l'organisation défensive d'une portion de terrain au sud de I'Ache,
jusqu'au 2 septembre, lorsqu'un nouvel ordre d'embarquement lui prescrit de
gagner Toul à destination de Jarville. Les Allemands progressaient dans la
direction de Nancy, Rosières-aux-Salines (Retraite de Morhange).
Après une
nuit de bivouac, aux abords de La Mal¬grange, le 353° est placé en réserve,
derrière le 20° corps, au sud-ouest de Saint-Nicolas.
Réclamé
de nouveau par le gouverneur de Toul, il allait rejoindre Liverdun, lorsqu'à la
suite d'une nou¬velle action sur le front du 20° corps, il reçoit l'ordre de
rester sur place jusqu'au 6 septembre, (Bataille de Crévic).
Dans la
soirée, vers
Poussé le
8 vers Domèvre. il y prend les avant-postes, lorsque dans la nuit suivante, le 9 septembre, à une
heure du matin, ordre arrive de s'embarquer à nouveau à Toul à destination de
Lérouville, pour prendre part à la bataille de la Marne vers Verdun.
La 73°
division est appelée, en effet. par le général Sarrail, pour empècher que le 5°
corps allemand ne puisse forcer le passage de la Meuse vers Troyon.
Sous le
commandement de son nouveau chef, le général Lebocq, le régiment gagne Apremont
et sert de soutien à la 2° division de cavalerie ( général Varin), qui opère
dans la Woëvre.
Puis. par
Saint-Mihiel, la 73° division arrive à tcmps pour dégager le fort de Troyon.
L’ennemi, surpris par notre attaque, bat précipitamment en retraite, laissant
entre nos mains plusieurs de ses canons de 150, dont ils se servaient contre le
fort, et que notre artillerie a démontés.
Poursuivant
l'ennemi, le 14 septembre, le régiment, par Dompicrrc-aux-Bois et
Dommartin-la-Montagne, atteint la crète est des Hauts-de-Meuse jusque vers les
Eparges.
La 23°
compagnie, sous les ordres du capitaine Spelzl, est rcstée à Apremont comme
soutien de la 2° division de cavalerie : elle eut un engagement de nuit le 10 septembre, à Mézeray
et aux environs d'Essay : 4 tués. 10 blessés : elle rejoint le régiment le 16.
Relevé le
18 septembre par
des éléments du 8° corps, le régiment rejoint à nouveau le nord de Toul, par
une marche forcée, car il s'agit de gagner Seichcpray le jour même (35
kilomètres).
Le 19, par Beaumont, il atteint Bernécourt.
Le rappel
de la division sous Toul est urgent. L’en¬nemi menace le nord de Pont-à-Mousson,
et en partie la région de la Voëvre.
La
situation générale, qui s'était aggravée de ce coté, est la suivante: les
Allemands reprennent leur manoeu¬vre vers le front de la Meuse, afin d'investir
Verdun par le sud.
Ils
revenaient sur cette place forte, non plus avec un corps d'armée, mais avec une
armée de trois corps d'armée, et leur offensive sera de plus grand style. Au
lieu d'être rabougrie, elle sera élargie.
La 2°
division de cavalerie, qui, seule, lui est opposée, ne peut tenir le coup. Elle
cède donc le terrain progres¬sivement.
D'autres
troupes sont appelées. En attendant, la 73° division se porte résolument en
avant : ses trois brigades en ligne s'étendant de la forêt de Puvenclle, par
Lironville, Flirey, à Beaumont.
Ce
mouvement force le 14° corps badois à suspendre sa marche et à lui faire face,
c'est-à-dire à servir de flanc-garde au reste de l'armée.
Le
kronprinz de Bavière, amputé d'un corps d'armée, ne peut continuer sa marche
sur Pagny-sur-Meuse. Essouflé, il s'arrête sur les Hauts-de-Meuse, sans pouvoir
pousser plus loin son effort.
Il a une
épine dans le flanc ; « La bataille de Liron¬ville est ouverte ».
Dès le 20 septembre. le 6°
bataillon du 353°, sous les ordres du commandant Leroy, coopère à l'action du
168° sur Limey.
Déployé
comme sur le terrain de manœuvre, ce bataillon marche résolument à l'attaque de
la position, et malgré le feu de l'artillerie adverse, gagne la forèt de
Voisogne, pour déboucher, à la fin de la journée, à l'ouest de Limey, entre
cette localité et le bois de Mort-Mare.
Le 5°
bataillon se tient à la lisière du bois de la Voisogne, en réserve, à la
disposition du général de division.
Au cours
de la nuit, les Allemands se sont infiltrés dans le bois de Mort-Mare, y
progressent suffisamment pour nous obliger, à l'aube du 21, à céder une partie du terrain.
Disposant
d'une artillerie plus nombreuse, nous résistions en arrière de
Le
régiment est remis en réserve aux environs de Noviant-aux-Prés.
La
situation étant des plus tendues du côté de Pont-à-Mousson, le 5° bataillon,
sous les ordres du chef de bataillon Pourel, est poussé vers l'Est du
Bois-Brulé, dans la direction de l'Ache, en liaison avec le 367°.
Il prend
part à une petite action défensive et laisse quelques blessés sur te terrain.
Des
renforts du 16° corps, étant débarqués dans la journée, s’opposcnt au mouvement
en avant de l’ennemi, et la journée se passe sans gros progrès de part et
d'autre.
Néanmoins
la situation devient sérieuse au nord de Manonville. L'ennemi veut forcer notre
ténacité.
Le 22 septembre, le 6°
bataillon est mis en ligne et participe à l'attaque générale de la 145° brigade
sur Lironville, en liaison à gauche avec des éléments du 16° corps, qui
marchent sur le bois de la Voisogne.
Ces
éléments étant en retrait et en arrière, le 6° ba¬taillon qui s'élève au nord
de l'éperon qui longe à l'est
Ce
bataillon ne peut progresser, ayant subi des pertes très sévères,
principalement entre 16 et
Le 6°
bataillon, privé de son chef, blessé, reste toute la nuit sur ses positions,
face à Lironville.
Le 5°
bataillon, rappelé du Bois-Brûlé, où la situation semble s'améliorer au
détriment de celle des abords de Lironville, pénètre dans Noviant-aux-prés à
Le 23 septembre, sous
l'action de toute l'artillerie du 16° corps, mise en ligne, crache ses feux sur
Liron¬ville, l'attaque générale de la 145° brigade est renouvelée.
Le 6°
bataillon couvre cette attaque face au bois de la Voisogne.
Le 5°
bataillon reçoit, à
Malgré
tous leurs efforts répétés, ces compagnies ne peuvent dépasser un petit bois de
sapins situé à l'oucst de Lironville.
Vers la
fin de la journée, à la suite d'un reflux se produisant à droite du bataillon,
la 17° compagnie est déployée à son tour, à cheval sur la route précitée.
Mais
l'ennemi est trop fortement organisé : il est appuyé par de nombreuses
mitrailleuses, et comme les pertes du régiment sont sérieuses, il ne peut
parvenir, de haute lutte, à enlever le village à l'ennemi.
Les
pertes, pour l'ensemble du régiment au cours de ces dcux journées ont été
sévères.
273
hommes, 10 officiers, dont le colonel Esnol, commandant le régiment ; le
commandant Leroy ; 3 capitaines : Hipolite, Lorrain, Le Large.
Le
régiment a dû être relevé le soir même par un régiment de la 140° brigade.
Par ses
assauts répétés. le régiment a réussi à arrè¬ter, à refouler un ennemi très
supérieur en nombre, doté d'une artillerie puissante. Il a obtenu au cours des
journées héroiqucs des 20, 21, 22,
Des
braves du 353° sont tombés nombreux à Lironville, mais ce sacrifice a permis un
résultat d'une extréme importance : il n'était pas vain, puisque le régiment
s'y est couvert de gloire.
Le
commandement du régiment est exercé à dater de ce jour par le chef de bataillon
Pourel.
Au cours
de cette première période de guerre, il est à remarquer que ce régiment destiné
à la défense mobile de la place de Toul, est au fur et à mesure des besoins,
appelé à boucher des trous, soit à Pont-à-Mousson-Nomény, soit à Rozelieures
(retraite de Sarrebourg), soit à Saint-Nicolas (retraite de Morhange), soit à
Troyon (investissement de Verdun), pour enfin reprendre sa véritable mission à
la bataille de Liron¬ville, à la suite de laquelle le 14° corps badois n'a pu
prendre part à l'action de Saint-Mihiel, et, ou - même cruellement décimé, - il
a dû abandonner, le 23, Lironville et la Voisoigne.
A partir
du 28 septembre
commencent en réalité les actions du Bois-le-Prêtre et ses abords. Après Lironville.
ce bois va devenir à son tour célèbre et nécessi¬ter, à un moment donné,
l'intervention de forces enne¬mies très sérieuses. La garde impériale y viendra
à son tour prendre part à la défense de « ce bois de la Mort », comme ils l'ont
appelé.
Dès eette
date, c'est successivement Mamey, l'auberge Saint-Pierre, la forêt de
Puvenelle, qui récla¬ment le régiment pour l'organisation du terrain et la mise
en valeur de sa force défensive, puis enfin, Lironville, à la gauche du secteur
de la 145° brigade.
Cette
situation reste sans changement pendant prés d'un mois, 20 octobre.
Le 5°
bataillon, sous les ordres de son nouveau chef de bataillon Roquettaillaide,
coopère, le 21, à une attaque sur le bois de Mort-Mare. Pris sous un feu des
plus intenses de mitrailleuses ennemies et d'artillerie, l'attaque échoue.
Dès le 27, un ordre prescrit
une série d'opérations, ayant pour but de se rendre maitre de la forêt du
Bois-¬le-Prêtrc et de la rive gauehe de la Moselle au nord de Pont-à-Mousson.
Commencée
le 28 octobre,
cette série d'opérations est continuée dès le 30, sur le Quart-en-Réscrve : le
5° batail¬ton coopère à cette action à l'ouest du Bois-le-Prêtre, vers
I'auberge Saint-Pierre.
Le 31 octobre et le 1er novembre, la progression continue pour
dépasser à droite le Haut-de-Rieupt, au centre la tranchée du Père-Hlilarion. à
gauche le Pille¬ment et la tranchée de Fey.
Arrêté
sur tout le front devant une solide organi¬sation ennemie, le mois de novembre
a été consacré à la préparation de l'attaque de cette position et du
perfectionnement de notre nouvelle base de départ.
Période
d'attente, de mise en oeuvre de nos éléments de reconnaissance, de nos travaux
défensifs et offen¬sifs, et petites attaques partielles pour 1a possession de
divers points intéressants du terrain.
En
décembre, la position allemande est prise, et nos efforts couronnés de
brillants succès locaux.
Le 10 décembre, le 5°
bataillon appuyant à gauche le 346°, avance sa droite jusqu'à la maison de
Pille¬ment.
Le même
jour, trois compagnies du 6° bataillon prennent part à une action défensive,
venant du coté du Haut-de-Rieupt, en relation avec le 167° , puis, en fin de
journée, font face à la maison du Père-Hilarion, à cheval sur la route de
Pont-à-Mousson. (Quelques pcrtcs).
Tout le
monde organise ensuite le terrain.
Le 16 décembre, le 5°
bataillon élargit la position du côté du Mouchoir, en s'installant sur les
lisièrcs sud et est du bois du même nom.
Toute la
fin de décembre est employée à progresser, à travailler, à préparer l'attaque
d'une position alle¬mande plus forte, car l'ennemi aussi n'est pas resté
inactif.
Cest sous
ces auspices que s'ouvre l'année 1915.
Dès le 12 janvier, le colonel
Pourel est cité à l'ordre de l'armée pour ses opérations du mois de novembre et
de décembre.
Le 18, des actions séparées et de consolidation du terrain recommencent. Le
5° bataillon doit attaquer à cheval sur la tranchée de la Croix-des-Carmes :
une fraction de la 18° compagnie réussit à déboucher, mais ne peut atteindre la
ligne ennemie.
Le 6°
bataillon, sous les ordres du commandant Matter, est en réserve au sud du
Père-Hilarion, prèt a intervenir.
Néanmoins,
la position conquise est améliorée et transformée en parallèle de départ.
Après des
alternatives d'alerte, de travaux et de repos, les bataillons occupent les
tranchées de pre¬mière ligne ou le cantonnement de Montauville.
La fin du
mois de janvier se passe sans gros incident. Il y a tout de méme à signaler que
chaque jour le régiment subit des pertes. Rares sont les journées où il n'y a
point de blessés.
Chaque
mois apporte son attaque partielle.
Les
glorieuses opérations du 17 au 26 janvier nous avaient rendus maîtres de la
partie sud du quart en réserve, et pour compléter ce succès, il restait à
délo¬ger les Allemands des positions qu'ils occupaient à l'est sur la crète de
la Croix-des-Carmes, d'où ils mena¬çaient notre droite et arrétaient notre
progression.
Le 16 février, une nouvelle
attaque partielle est ordonnée.
Trois
bataillons, sous les ordres du lieutenant-coloncl Pourel, dont le 5° bataillon
avec le 6° bataillon en réserve, sont chargés d'emporter la première ligne
ennemie.
Appuyés
par des canons poussés jusqu'en prcmière ligne, qui crachent à bout portant la
mitraille sur les ouvrages et les blockaus allemands, ces fractions s'élancent
sur leurs objectifs malgré le terrain obstrué par des obstacles inextricables,
l'explosion des four¬neaux de mines, le feu des mitrailleuses qui les prend en
écharpe : elles réussissent à droite et gauchc à prendre pied dans les ouvrages
ennemis. Une section de la 19° compagnie du 353°, commandée par le
sous-lieutenant Bourgon, s'est installé dans une tranchée entre deux blockaus
défendus par des mitrailleuses.
Assaillie
de tous cotés, privée de communication avec l'arrière, accablée sous un feu
violent de mitrail¬leuses et de grenades. elle se maintient sur la position
conquise. Par trois fois elle est sommée de se rendre. Elle résiste toujours.
La nuit venue, le sous-lieutenant Bourgon évacue ses blessés, mais refuse de se
replier. A l’aube, seulement, il reçoit l'ordre de ramener dans nos lignes la
poignée de braves qui lui reste, et évacue le dernier la tranchée au moment où
les Allemands se disposaient à la faire sauter.
Le
sous-lieutenant Bourgon obtint la croix des la Légion d'honneur, et sa section
fut citée à l'ordre de l'armée à la suite de celle brillante action.
Pertes de
ce jour : 43 hommes de troupe.
La fin du
mois s'achève ainsi avec les pertes quo¬tidiennes signalées ci-dessus, car les
Allemands ne nous laissent aucun répit et ne veulent point nous voir progresser
dans cette partie de leurs lignes : ils cherchent même à nous refouler et
entreprennent une guerre de mines¬.
C’est
ainsi que le 16 mars
la 21° compagnie du 353° prend part à une action en vue de repousser l’ennemi
qui sest jeté près de nos tranchées dans un entonnoir, creusé par l’explosion
d'une de leurs mines souterraines.
L’ennemi
est obligé d’évacuer cet entonnoir.
Le 23, l'ennemi fait exploser deux nouveaux fourneaux de mines sans pouvoir
passer à l'attaque.
Pour
comprendre les attaque à venir du mois d'avrit et de mai, il faut savoir que la
73° division avait reçu pour mission de rejeter les Allemands au nord de Fey,
et d'achever la conquête du Quart-en-Réserve pour faciliter les opérations en
vue, et l'entrée en ligne du 12° corps.
La
première rupture de la hernie de Saint-Mihiel est envisagée. Pendant que cc
dernier corps d'armée devait s'élancer sur Remenauville, le bois du Four, le
1er corps devait, des Eparges. s'élancer dans la plaine, au-devant du 12° et se
rejoindre dans la direction de Thiaucourt.
La 73°
devait coopérer au mouvement général au nord de Fey, sur Viéville-en-Haye et
Fey-Norroy.
Le 1er avril, nos
tirailleurs sont au nord de
Il ne
leur reste plus qu'à enlever les tranchées Hors¬ Bois, du Bois-lc-Prêtre, au
nord du Quart-en-Réserve. Cette trâche est dévolue au 353°.
L'ennemi
s'est épuisé en contre-attaques au cours de cette période et a dù amener six
bataillons en hâte sur notre front pour pouvoir tenir le coup.
Des
travaux préparatoires sont entrepris au cours des nuits du commencement
d'avril, aussi des pertes assez importantes en découlent-elles !
Le 5°
bataillon est dirigé sur le secteur Hors-Bois, puis le 6° bataillon y est
appelé à son tour.
Du 2 au 14 avril va se
dérouler une longue lutte pour la conquète de cette position, lutte à peine
inter¬rompue, aussi ardente. sinon aussi heureuse que celles des journées
antérieures, au cours de laquelle tous les corps engagés rivalisent
d'endurance, d'abnégation et de courage.
A la
suite de flux et de reflus,
Enfin, le
14 avril, c'est un
dernier effort pour chasser les Allemands des derniers éléments de tranchées
Hors-Bois qu'ils tiennent encore.
Sans y
réussir complêtemcnt, nous enrayons une attaque allemande et tenons
ferme le
terrain conquis.
Le 5°
bataillon, sous les ordres du chef de bataillon de Roquetaillade, prend part à
l'attaque avec le 169°, dans le
secteur Hors-Bois, mais ne peut atteindre l'objectif assigné, pris sous un feu
violent d'artillerie et de mitrailleuses.
Le 6°
bataillon, sous les ordres du commandant Matter, au Quart-en-Réserve, est en
butte à plusieurs atta¬ques ennemies, qu'il repousse chaque fois : il y fait
même plusieurs prisonniers.
Les
pertes de la journée sont sévères pour le régiment : 2 officiers, 160 hommes de
troupe.
Ces
combats incessants avaient eu pour effet de bou¬leverser complètement nos tranchées.
L'attaque
générale sur Thiaucourt n'ayant pas réussi, la 73° division, portée sur
Regnéville, reprend sa mission du Bois-le-Prêtrc.
Après un
arrêt pour s'organiser, la lutte va reprendre dès le 1er mai.
Le 6°
bataillon, désigné pour étayer nos positions dans le secteur Hors-Bois,
attaque, mais pris violcm¬ment à partie par l'artillerie et la fusillade
ennemie, ne peut déboucher.
L'opération
est reprise le 12, et a lieu principale¬ment à la droite du 6° bataillon qui
l'appuie par le feu.
Le 15 mai, à la suite de
l’explosion de trois chambres de mines ennemies, enfouissant une quinzaine
d’hommes devant le secteur de la 21° compagnie (capitaine Sutils), cette compagnie
repoussait une violente atta¬que allemande, tenait la position et était l'objet
d'une citation à l'ordre de l'Armée pour son énergique fait d’armes.
Nuit et
jour, jusqu'au 17,
l'ennemi fait des tentatives désespèrées pour nous disputer le terrain conquis.
Ecrasé par des tirs de barrage énergiques, il se heurte partout à une
résistance inflexible.
Sous un
bombardement extrémement violent qui nous occasionne de très sérieuses pertes,
nous organi¬sons néanmoins la position si vaillamment conquise.
Après
quelques jours de repos, le 6° bataillon re¬prend sa place dans le secteur
Hors-Bois, et procède, 23 et le 24 à des attaques par surprise qui échouent, et
où il subit quelques pertes.
Le 27 mai, malgré de très
violents tirs nocturnes d’artillerie et d'énergiques contre-attaques ennemies,
le 6° bataillon tient toutes les tranchées conquises, malg¬ré les trés grosses
pertes subies : 2 officiers. 124 hom¬mes de troupe.
L'ennemi
ne veut pas avouer son échec, il réitère ses retours offensifs au cours de la
nuit et du lende¬main : le 6° bataillon ne lache pas le terrain.
Le 30, la situation est même
assez délicate, mais le 6° bataillon n'ayant pas laché pied, rétablit
La lutte
opiniâtre, pied à pied, ardente, a eu raison des défenses accumulées par les
Allemands au quart en réserve, et des efforts désespérés qu'ils ont tentés.
Dcux divisions ennemies ont été brisées par la 73°.
Démoralisé
par notre sucrès, l'ennemi renonce mo¬mentanément à se mesurer avec elle et
nous aban¬donne le terrain conquis.
Officiers
et hommes ont été admirables dans cette haute lutte de terrain.
Pour le
récompenser, le 6° bataillon est envoyé, le 1er juin, au repos à 15 kilomètres
en arrière, à Saize¬rais.
Le 7 juin, le Président de
la République, accompagné du général Dubail, commandant le groupe d’ar¬mées, et
le général Roques, commandant la 1ére armée. tient à honorer de sa visite les vaillantes troupes
du Bois-le-Prètre .
Le mois
de juin se passe sans gros incident. Est-ce le départ des régiments actifs de
la place de Toul qui réveille l'animosité des Allemands ? Toujours est-il que
vers le 1er juillet, ils semblent vouloir se venger de leurs échecs précédents
en profitant de la disparition de certains éléments : 167°, 168°, 169°, pour
frapper un coup.
Dès le 29 juin, l'artillerie
ennemie redouble ses feux, les pertes qui avaient été insignifiantes les jours
précedents, augmentent. Les Allemands tirent également sur les arrières : le 3
juillet, le bombardement devient plus violent sur le secteur de la tranchée des
Carmes, les organisations y sont bouleversées.
Le 4,
même bombardement, mais plus accentué à partir de
A 14 h.
45, le 6° bataillon, par son feu, arrète net une attaque allemande qui tente de
déboucher.
Les
Allemands se rendent maître d'une portion de terrain vers la gauche du 6°
bataillon, et le 5° bataillon est alerté à Blénod, puis porté sur le
Bois-le-Prêtre, et enfin dirigé sur la partie est de ce bois où l'ennemi gagne
du terrain.
Sous la
direction de son chef, le commandant de Roquetaillade, le bataillon ramène
l'ennemi jusqu'au gros Chêne.
En
présence de cette attaque allemande à assez grosse envergure, une brigade, puis
une division colo¬niale de nouvelle formation est alertée et amenée dans la
région de Dieulouard.
Le 6, une
vigoureuse attaque allemande se produit sur tout le front : elle échoue grâce
aux efforts combi¬nés de l'infanterie et de l'artillerie. L'attaque est
repoussée dans la nuit suivante.
Le 5°
bataillon, toujours au gros Chêne, soutien l'attaquc : le 6° bataillon, à la
tranchée des Carmes résiste aussi énergiquement.
Le 8 juillet, le même
bombardement violent reprend pour augmenter d'intensité et même prendre un
caractère d'une extrème violence. La première ligne du 6° bataillon est
détruite, la position devient intenable. A 16h. 45, l'ennemi sort et réussit à
gagner quelques mètres de terrain.
Grâce à
son énergie, et malgré ses grosses pertes, ce bataillon réussit à reprendre une
partie du terrain cédé, et résiste avec succès aux contrc-attaques ennemies qui
se sont multipliées dans la soirée.
De son
coté, le 5° bataillon attaque, et l'opération vigoureusement menée réussit à la
satisfaction de tous. Ce bataillon retranché sur sa position conquise, résiste
à toutes les contre-attaques ennemies.
L'infanterie
de marine signalée ci-dessus, alertée, est mise en réserve à Montauville et au
Père-Hilarion.
Pertes de
ce jour : 310 hommes environ au 6° batail¬lon.
Le 9, ce bataillon, avec l'appui du 37° colonial, livre un combat pied à
pied, résiste ainsi aux contre-attaques ennemies et continue à progresser,
prenant pied dans unc de nos précédentes lignes.
Les jours
suivants se succèdent sous un bombarde¬ment intermittent, sans que l'ennemi ait
pu progresser, c'est ainsi que le 5° bataillon supporte une nouvelle attaque le
14 juillet, mais
l'ennemi ne peut réussir à prendre pied dans notre position.
Le 18, le régiment se regroupe à l'arrière, le 6° batail¬lon doit, pour se
reconstituer, et amalgamer ses ren¬forts, se rendre à Diculouard.
C’est à
cette époque que se termine la première partir des opérations du
Bois-le-Prêtre.
Après six
mois d’efforts continus et tenaces, nous avions affirmé notre ascendant sur
l'ennemi par des progrès sensibles et une résistance vigoureuse dans cc bois,
que les Allemands étaient habitués nommer avec effroi et où ils ne venaient
point avec plaisir.
Malgré
l’acharnement des Allemands, peu de terrain fut cédé, les grenadiers de la
Garde impériale en savent quelque chose.
Le 1er septembe, en raison
de l'effort considérable et continu fourni depuis un an, dit l'ordre secret du
général commandant la 1ére armée, la division est relevée du Bois-lc-Prêtre par
la 16° division coloniale, elle vient du repos dans les environs de Toul.
Le 14 septembre, le colonel
Pourel, blessé depuis le mois de mai, et qui a tenu à conserver son
commande¬ment, est obligé de le céder.
Après un
repos de quelques jours, le régiment était sur le point d'être embarqué pour
être dirigé sur la Champagne. lorsque le contre-ordre arrive et oblige la
division a reprendre le secteur du Bois-le-Prêtre, le 20 septembre.
Au cours
de cette deuxième partie d'occupation et de défense du Bois-le-Prêtrc, la 73°
division a continué à affirmer sa ténacité, son endurance, son esprit de
sacri¬fice.
Bien que
cette période soit moins mouvementée que la précédente, il n'en reste pas moins
acquis que la défense à laquelle elle va être vouée, sera active, offen¬sive
même, et que les coups de main se répéteront presque sans interruption.
A la fin
de septembre, et au commencement d'octobre 1915, les Allemands sont également sur le qui-vive :
aucune journée ne se passe sans un bombardement assez sérieux. soit par minen,
soit par torpilles, soit par lacrymogènes.
Souvent
mêmes les troupes sont alertées puisque les desseins de l’ennemi ne peuvent
être devinés.
Les
bataillons se succèdent altcrnativement par pério¬des déterminées, dans le
secteur du Mouchoir et de la tranchée des Carmes. Par alternance avec des
batail¬lons du 346° et chaque jour amène des pertes quoti¬dicnnes.
Le
secteur Bourgon, - nom donné au secteur où eu lieu l'affaire du sous-lieutenant
Bourgon, le 16 février 1915 - , est toujours plus particulièrement agité.
Les deux
lignes sont si rapprochées que la nôtre est continuellement arrosée par le feu
de grenades à fusil, qui rendent ce secteur très pénible.
Les
bombardements prennent une très violente intensité les 8, 9, 10, et
particulièrement les 11 et
12 octobre : une attaque ennemie est à craindre dans le secteur
Carrefour-Mouchoir. Les minen ont détruit nombre d'ouvrages et même enterré
quelques hommes, à tel point que dans ces deux jours, 25 hommes sont hors de
combat.
Le 14, un camouflet ennemi fait ébouler le parapet de la première ligne du 6°
bataillon sur une longueur de 20 mètres environ.
Le 15 novembre. le Président
de la République se rend au Bois-le-Prêtre. Par un temps de neige, il le visite
et remet, à 500 mètres des lignes allemandes, la croix de la Légion d'honneur
au capitaine Speltz, sur la tranchée de Fey.
Au cours
de ce mois et du suivant, des tirs de démolition sont prescrits par le général
de division, ce qui amène chaque fois des ripostes assez sérieuses de la part
de l'ennemi. Des lance-minen ennemis, quand ils sont en action, gênent
considérablement les travaux du secteur. Le mauvais temps persistant est cause,
de son côté, de nombreux éboulements presque quotidiens.
Des
travaux de deuxième position sont entrepris au cours du mois de décembre, à
hauteur de Jezainville et du bois de Cuite.
Cette
nouvelle organisation défensive de l'arrière est poussée assez activement et
est dévolue aux bataillons qui sont au repos à Dieulouard et à Jezainville .
Avec des
alternatives de calme et de lancement de minen, le mois de décembre se passe
dans l’expectative.
L’enncmi
continue aussi concurremment avec nos sapeurs, à se livrer à une guerre de sape
et souterraine, ce qui rend les observateurs plus vigilants et plus attentifs.
L'ère des
bombardements par grosses torpilles s'ouvre avec le mois de janvier, et chaque
fois qu'un tir à démolir est prescrit par le général, il est envoyé une moyenne
de 1.800 à 2.000 grosses et petites mines.
L'artillerie
qui, de son côté en envoie autant, fait penser à l'ennemi que nous ne voulons
point le laisser s'endormir.
La
réciprocité des tirs ennemis rendent, les 26 et 27 janvier et 21 février (attaque de
Verdun), le secteur du Mouchoir-Carrefour, particulièrement pénible, car
beaucoup de travaux et de tranchées sont démolies, et il faut les reconstruire
au plus vite.
L'ennemi
envoie de son côté simulanément des minen de 245, de 170, des obus de 210, 150,
105 et 77, et ces bombardements durent souvent plusieurs jours.
En mars,
deux tentatives de coups de mains ennemis sont enrayés les 13 et 14 mars.
L'ennemi devient même plus nerveux en avril, chaque nuit il essaie de deviner
nos intentions et envoie des patrouilles sur notre front¬ .
C'est
avec ce régime que se passent les mois de février, mars, avril, mai 1916.
Malgré
tous ces ennuis, le 353° a continué à assurer 1a garde de son secteur et à le
perfectionner. Il a fourni après une fort mauvaise période d'hiver, un très
gros effort.
Ses unités
sont néanmoins restées en parfait état moral et physiquc, surtout au moment où
commençait a se déclancher, fin février, l'attaque allemande sur Verdun.
Tout le
monde attendait avec calme la suite des évènements.
Le 25 mai, la décision de
former la division à deux régiments de trois bataillons parvient au corps.
Le 353°
est dissous, au profit des autres régiments de la brigade.
Le 5°
bataillon (commandant de Roquetaillade), passe au 346° pour y former le 3°
bataillon de ce régiment.
Le 6°
bataillon (commandant Matler), passe au 356° pour y former le 3° bataillon de
ce régiment.
Le 7 juin 1916, le 353°
avait vécu, et sa disparition coïncidait presque avec le départ de la division
pour Verdun.
A la
suite de cette dissolution, le général Lebocq fait paraître l'ordre suivant :
« Au
moment où le 353° disparait, le général de division s'incline avec émotion
devant son drapeau.
Pendant
22 mois de campagne, devant Toul, sur les côtes de Meuse, en Woêvre, au
Bois-le-Prêtre, le 353° a eu sa part dans les luttes engagées par la divi¬sion.
Il a
inscrit son numéro sur toutes les pages sanglantes et glorieuses de son
histoire : à Lironville, où le 353° s'est noblement sacrifié, au Père-Hilarion,
à la Croix-des-Carmes, à l’Eperon, sur tous les champs de bataille, il a
fraternellement combattu avec les autres corps de la division.
Bien des
braves sont tombés pour l’honneur de son drapeau.
Le 353°
n'existe plus, mais son drapeau vivra dans le souvenir ému des anciens du 353°
qui a du changer son chiffre, dans le respect recueilli de l'Histoire. »
Si, au 21
février 1916, les régiments du Bois-le-Prêtre, anxieux, sont l'arme au pied,
près à intervenir, en cas d'offensive de plus grande envergure, si le canon de
Verdun apporte en Lorraine le bruit sourd de ses détonations, le 353°, - bien
que numéroté en 346° et 356°, - est prêt à supporter en juin l'effort allemand
sous Verdun.
Préparé
au Bois-le-Prêtre, il a affronté le secteur de Verdun avec courage. confiance
et sérénité.
Que ce
soit en 1916, dans le secteur de Vaux-Chapitre, que ce soit à la cote 304 en
1917, que ce soit à Château¬-Thierry, à Condé-en-Brie, dans la forêt de Ris, à
Vou¬ziers, en 1918, le 353°, survivant dans ses nouveaux numéros, a prouvé à
tous qu'il était et demeurait un régiment glorieux, sur lequel la France
pouvait compter.
Enfin, au lendemain de l'armistice, les vétérans du 353°, - post numéroté 346° et 356°. - ont eu aussi la joie de pénétrer les premiers dans les provinces reconquises, le 19 novembre 1919, par la route Lorquin, Sarrebourg, Lutzelbourg, Saverne, Hochfelden.
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