Le Journal de marche du 82ème régiment d’infanterie

                              du 1 août au 24 septembre 1914

                                

(SHAT cote 26 N 665 - recherches effectuées par Pierre GUIBERT)         

 

1er août 1914 : par télégramme officiel reçu à 16 heures, le ministre de la Défense donne l’ordre suivant : "Ordre de mobilisation générale. Le premier jour de la mobilisation est le dimanche 2 août”.

Les opérations du premier jour de la mobilisation se passent sans incident.

 

2,3 et 4 août : idem.

 

5 août : la portion de Montargis forme deux unités de transport :

1° : le colonel, la compagnie hors-rang et le 20 bataillon avec sa section de mitrailleuses, s’embarquent à 7h40.

2° : une fraction de l’état-major et le 3ème bataillon avec sa section de mitrailleuses s’embarquent à 10h.

 

6 août : le bataillon de Troyes (1er bataillon) s’embarque à Troyes à 15h05. Ses voitures sont embarquées à Montargis à 4h.

 

Ordre de bataille :

Description détaillée de tous les éléments du régiment sous les ordres du colonel Ponsignon.

Effectif total du régiment : 52 officiers, 162 sous-officiers, 3100 caporaux et hommes de troupe, 189 chevaux et 63 voitures.

Concentration : Lérouville et Saint Mihiel ; le régiment fait partie de la 17ème brigade, 9ème division, 5ème corps d’armée, 3ème armée.

 

La première unité de transport arrive à Lérouville à 5h30, la deuxième unité de transport arrive à Lérouville à 7h40.

Une grande halte est faite à la sortie de Lérouville. Les 2ème et 3ème bataillons et la compagnie Hors-rang marchent de Lérouville à St Mihiel (11 km) où ils arrivent.

Cantonnements faits à 12 et 15 heures. Le 1er bataillon arrive à Lérouville à 5h05, après avoir pris ses voitures à Troyes. Il se porte, grande haltes faites, sur Savonnières par Sampigny, St Mihiel route de Woinville (21 km), il arrive à 16h30 à Savonnières où il cantonne.

 

Ordre n° 2 du général, de St Mihiel le 6 août : la 17ème brigade organisera et défendra s’il y a lieu le terrain compris entre la ligne Heudicourt, Nonsard (appartient au 6ème C.G.Q.), Vigneulle-les-Honchatel, liaison sur cette ligne avec le 6ème C et la ligne incluse hauteurs S.O. de Woinville, piton O. de Montsec.

Le terrain situé au dessus de la ligne précitée sera organisé et tenu par la 10ème division.

Ligne de résistance principale : Hauts de Meuse, Heudicourt, Woinville, les villages de Buxières, Bruxcerulles et Woinville seront mis en position de défense. En cas d’attaque rassemblement dans la région de Senonville, Verpillay. Cantonnement possible : Savonnières, Buxières, ferme de Bois­Gérard, Montsec, Woinville, Buxurulles.

Des tranchées progressives sont exécutées jusqu’à la tombée de la nuit.

 

8 et 9 août : continuation des travaux.

On parle de l’organisation d’unités de toutes sortes, génie et autres...

10 août : la 100 brigade occupera demain les cantonnements suivants : Sommedieu, Dieue-sur-Meuse, Ancemont. Le 82ème , la compagnie divisionnaire du génie, le groupe d’artillerie ira à Dieue où le régiment arrive à 7 heures.

 

11 août : le général commandant le 5ème corps d’armée porte à la connaissance des troupes la mort du général Peslin commandant la 9ème division, remplacé par le général Marquet et son remplacement provisoire est assuré par le colonel Ponsignon commandant le 82ème. En conséquence le chef de bataillon Duval prend le commandement du 82ème en remplacement.

 

12 août : le régiment est à Dieue-sur-Meuse. Nouvelle organisation des unités.

 

14 août : le 82ème quitte Dieue pour Ornes-Maucourt ; le 2ème bataillon cantonne à Ornes, les 1er et 3ème à Maucourt.

 

15 et 16 août : idem.

 

17 août : le régiment reçoit l’ordre de cantonner en totalité à Ornes.

Ordre général du 18 août : Le Luxembourg belge, en Lorraine et les Vosges, les forces françaises ont remporté une série de succès.

 

23 août : la nuit se passe de façon calme ; les compagnies construisent des tranchées et effectuent des reconnaissances. Vers 12 heures l’ordre arrive du régiment de se replier et défendre le passage de Flabeuville et de résister sur la rive gauche de la Chiers. L’attaque de l’ennemi se produit vers 14h30, notre artillerie prend comme objectif des masses ennemies sortant du Buré-d’Orval.

Le 3ème bataillon est soumis à une rafale d’obus allemands. Ayant accompli sa mission de couverture, il se replie. Malheureusement notre artillerie de 280 ayant aperçu des fractions allemandes se glisser au sud de la forêt de Bouillon prend le 3ème bataillon comme objectif pendant son mouvement de repli.

Le chef de bataillon commandant Eveillard est blessé à la jambe, 4 hommes sont tués, 13 blessés. Au bout de 10 minutes l’artillerie française aperçoit enfin les signaux qui lui sont faits et les cris qui les accompagnent.

Pertes de la journée : le commandant, 10 tués, 30 blessés.

 

24 août : quelques coups de fusils d’une rive à l’autre de la Chiers.

 

25 août : canonnade intense des deux parties. Les bataillons se déplacent les régiments aussi. Le 82ème se trouvant seul en avant donne l’ordre de retraite sur Delut, effectué en bon ordre au milieu de la déroute du 26ème d’artillerie. Pendant la nuit, vers minuit une prise d’armes générale est causée par une fusillade générale, fusillade provenant d’erreurs de sentinelles et de patrouilles. Pertes : un lieutenant blessé, plusieurs blessés par obus.

 

26 août : Formation d’une colonne pour traverser la Meuse. Bataillons répartis de part et d’autre, le gros du régiment arrive à Nantillois.

 

27 août : ordre d’empêcher l’ennemi de franchir la Meuse.

 

28 août : on organise la défense, on exécute des travaux ; les tranchées et ouvrages exécutés ne seront pas défendus en cas d’attaque mais serviront à tromper l’ennemi sur les véritables positions organisées sous la direction du génie. Les travailleurs sont fournis au génie pour la défense de Brieulles.

 

30 août : l’ennemi essaye de traverser la Meuse à Dun et couvre d’obus toute le rive gauche. Diverses actions des bataillons, un capitaine est tué, quelques tués et blessés.

 

31 août : les 1er et 2ème bataillons soutiennent le 4ème régiment d’infanterie engagé contre des ennemis ayant franchi la Meuse.

Ordre de contre-attaquer vers Clery-le-Petit. Pertes : 1 capitaine, des tués et blessés.

Ordre pour la journée du 4 septembre donné de Clermont-en-Argonne : marche sur une colonne de Clertmont, Froidos, Wali. Différentes unités.

 

6 septembre : Evres, Vaubécourt, Pretz en Argonne : combats.

Les allemands se glissent et prennent le 2ème bataillon à revers ; le lieutenant de Courson est tué (volatilisé). Les 2ème et 3ème bataillons sont pris par derrière ; très grosses pertes sous le feu des mitrailleuses. A 20 heures en pleine nuit se fait la reconstitution du régiment qui a perdu presque tous ses officiers et la moitié de son effectif Le régiment a rempli, et au delà, sa mission, il a tenu de 6 heures à 15 heures se faisant écharper ; il a été très efficacement soutenu par l’artillerie (à signaler quelques obus français tombés sur le 1er bataillon).

 

7 septembre : combats. 20 heures : panique de troupes du 4ème régiment d’infanterie qui fuient ; les fuyards jettent une certaine confusion dans quelques compagnies. Le colonel remet l’ordre dans quelques sections débandées. La plus grande partie du 4ème régiment a fui jusqu’à Condé. Beaucoup de pertes de part et d’autre.

 

10 septembre : le 3ème bataillon est attaqué. Pertes très nombreuses. Le colonel Ponsignon blessé.

 

14 septembre : l’ennemi se retire, les nouvelles sont bonnes. Le régiment formé, l’avant garde traverse Clermont incendié. Canonnade avant d’entre à Neuvilly. Amalgame des 750 hommes venus du dépôt. Ces hommes ont fait 45 km et dormi 2 heures ; ils sont épuisés.

 

15 septembre : l’ennemi continue de se retirer. Canonnade, quelques blessés ; des officiers blessés.

 

16 septembre : ordre d’attaquer Charpentry. Le 2ème bataillon s’est déployé et a attaqué : accueil par un feu terrible : 50 tués, 150 blessés, les nouveaux réservistes (dernier dépôt) ne tiennent pas sous le feu et fuient ; le 2ème bataillon perd 30 % dans cette fuite. Le 82ème reprend l’offensive.

 

17 septembre : journée au bivouac occupée à remettre de l’ordre.

 

22 septembre : Charpentry, Varennes. les hommes et les gradés apprennent à faire la guerre. Ils s’aguerrissent réellement. Mais le régiment n’a plus d’outils.

 

23 septembre : deuxième attaque de nuit repoussée Varennes en feu. Pertes nombreuses.

 

24 septembre : nous avons des pertes énormes (50 tués, 150 blessés) la plupart sont faits prisonniers avec des blessures graves. Le service des brancardiers se fait péniblement. Repli à gauche et à droite. Le 23ème alpins se replie à notre hauteur. Une compagnie du 23ème alpins formée de réservistes et des huiée (??) du 26ème alpins est arrivée dans la soirée, la veille à Vauquois dans le bois au sud où elle pourra se faire au bruit et aux éclats des obus allemands. Les pertes étaient énormes vu le petit effectif Les allemands semblaient être avertis de nos mouvements. Pas de distribution. Le 3ème bataillon a reçu les siennes (vivres de réserve).

 

25 septembre : cantonnement à Lochères. Occupation des tranchées construites par le génie. Enfin à 12 heures le régiment prend un peu de repos.

 

26 septembre : défensive. Le régiment doit défendre le front entre 200 mètres Ouest de Lochères et 500 mètres Est de ce village. Le génie y a établi depuis quelques jours tout un système de barrage dans la forêt et de défense (tranchées dans tous les sens). Le 3ème bataillon est à droite, le 2ème au centre, le 1er à gauche et se tiennent en dehors du village dés 6 heures près des emplacements à occuper. Quelques rares coups de canon. C’est un repos à peu près complet. Rentrée au cantonnement à 19 heures.

 

27 septembre : même mission.

 

 

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