Mise à jour :
novembre 2016
NOTE
IMPORTANTE
Ce travail a été réalisé par la 3eC, du collège A. Malraux à Romans-sur-Isère, octobre 2016, par :
BLETON Emma, BOUVIER Cyprien, COUGOUREUX Alexis, DERRAR Tijani, FERNANDEZ Pierrette, GUILLOTIN Clément, HELLER Alexis, JEAN DIT GAUTIER Mathis, KECHICHIAN Margaux, LARGILLIERE Florian, MEIER Angelina, MEUNIER MERLIOZ Océane, MOLES Sara, NOYEL Hugo, RAVEL Axel, REGACHE Simon, RENAUD Louis, RODRIGUES Maeva, RUESCH Romain, SAUZE Maëva, THOMAS Loris, VINAGRE Léna, M. FERRIERE, enseignant.
Valorisation du travail d’historien mené par la
classe :
Ø Envoi d’une version numérique aux archives départementales de la Somme (lieu où se passe l’action) et aux archives départementales du Var (commune du témoin), à l’Historial de la Grande Guerre à Péronne (80) et au mémorial de La Targette à Neuville-Saint-Vaast (62)
Ø Rencontre avec un journaliste de l’hebdomadaire « l’Impartial » à Romans/Isère- Novembre 2016
Ø Emails aux communes de Cannes, Vence, Nice, Grasse et Saint-Césaire pour qu’elles puissent, éventuellement, évoquer ces poilus lors de la cérémonie du 11 novembre.
Ø Librement téléchargeable sur le site hgec2638.fr (niveau 3e) et sur chtimiste.com
Toute reproduction partielle ou complète interdite sans l’accord
écrit de M. Ferrière, sauf dans le cadre de pratiques pédagogiques ou
éducatives, ou de publications historiques non lucratives. Toute duplication
constituerait une atteinte au code de la propriété intellectuelle selon les
articles L 122-5 et L122-4
Sommaire
1-Introduction
de M Pierre Brun
2-L’intérêt du document comme source historique
Ø Le témoignage extraordinaire d’un territorial en 1915
Ø ALBERT Pons a dicté son témoignage.
Ø Ce témoignage est extraordinaire.
7-Description pédagogique du projet : le mémoire d’ALBERT Pons
Ø Fiche 1 - séance 1- 2h- déroulement de la séance
Ø Fiche 2 - recherche en salle informatique : identifier et relever les sources de l’information
Ø 3 -Travail de recherche à la maison (internet, Cdi, encyclopédie, médiathèque)
« Pro Patria »
« J’ai
82 ans mais j’ai encore bon pied, bon œil ce qui me permet d’aller rendre
visite à des parents ou amis qui ont des difficultés à se déplacer. C’est ainsi
que je vais voir de temps en temps une cousine de 96 ans qui, si elle n’a plus
tout à-fait bon pied bon œil, a une mémoire fantastique. Elle me raconte les
histoires de famille, de son père Auguste, pêcheur, de François, mon
grand-père, de Joseph, capitaine d’artillerie, de Charles l’aîné de cette
fratrie de dix-sept (quinze garçons et deux filles !). Elle est
intarissable. »
« Il y
a deux ans, alors qu’elle reprenait son souffle, j’ai pu lui dire que je
préparais un exposé sur les vitraux (ma passion) de la guerre de 1914-1918. Il
y en a plus de 700 à travers la France. Elle a alors commencé à me parler de
son grand-père Pons ALBERT (Pons étant son prénom, souvenir d’un saint
martyrisé du côté de Nice au IVe ou Ve siècle).
Voyant mon
intérêt elle est allée dans la pièce voisine pleine comme un œuf de vieilles
choses et a sorti du tiroir d’une antique armoire, cachée au fond de la pièce,
un classeur en carton sur lequel était inscrit « Pépé Pons Souvenirs ».
Il y avait
dedans un cahier où il racontait ce qu’il avait vécu en 1915 pendant la grande
guerre. Le cahier a été rédigé par sa petite fille lorsqu'elle avait 14 ans,
soit vers 1934 sous la dictée de son grand-père. Il a dû mourir très peu de
temps après. »
« Natif
de Vidauban, village du Var, situé à 60km de Toulon, le 3 mai 1869, Pons ALBERT
fait partie de la classe 1890 inscrit au registre matricule du recrutement
d'Antibes sous le numéro 232.
Avant la
guerre il était bottier-ressemeleur à Vidauban. Il tenait boutique près de la
boulangerie de mon arrière-grand-père. Agé de 45 ans en 1914, il a fait partie
d’un régiment de territoriaux.
Au retour de
la guerre il n'exerce plus son métier, sa femme n'ayant pas pu tenir seule la
boutique. Va-t-il été blessé ou pensionné ? On ne sait.
Les
recherches de M. FERRIERE ont permis de retrouver l'extrait du livret de
pension de sa veuve.
En sortant
de chez ma cousine avec mon carton, j’ai pensé au nombre important de cartons
de ce genre qui doivent dormir au fond d’armoires. Si personne ne s’y
intéresse, ils seront jetés à la décharge publique et perdus à tout
jamais. »
« Lorsqu’on
va à Notre-Dame de Lorette, au-dessus d’Ablain-Saint-Nazaire (village cité par
mon aïeul), on est bouleversé par toutes ces tombes alignées. Il y en a 20000.
A ceux-là, aux 22700 soldats non identifiés qui reposent dans les ossuaires
voisins, à tous ceux qui dorment dans les nombreux cimetières du Nord et de
l’Est de la France toutes nationalités, toutes religions confondues, à Pons
ALBERT qui, un peu par hasard, a été sauvé de l’oubli, nous devons rester
attachés et nous devons conserver leur mémoire. »
Pierre BRUN, 8 octobre 2016.
Cette
photographie, non datée, est la seule où Pons ALBERT (ici en tenue militaire)
apparaît.
En septembre 2016, en période de commémoration du centenaire de la première guerre mondiale, il semblait pédagogiquement intéressant d’accueillir de nouveaux élèves de 3eme par l’étude d’un document original, encore non public sur ce conflit.
Pons ALBERT était un « territorial », c'est-à-dire que lors de la mobilisation en aout 1914, il était trop âgé pour aller de suite combattre (ce sont ceux de « l’active » qui ont ce privilège). Il est convoqué et affecté au 114e régiment d’infanterie territorial pour faire des taches « autres ».
Son témoignage allait permettre de faire comprendre aux collégiens que toute la population était impliquée dans le conflit à la hauteur de ses compétences. L’humain qui se dégage dans certaines phrases rappelle à ces jeunes de 2016, qu’ils ont eu des trisaïeuls qui ont participé à ce conflit et le travail d’annotation les a initiés à la recherche de leur histoire familiale.
Localement, l’histoire du 114 régiment territorial d’infanterie permet de faire le parallèle avec celle du 275e. De nombreux « Poilus » de notre agglomération, trop âgés pour rejoindre le 75e ou le 140e sont regroupés dans un régiment de territoriaux. Ils devaient encadrer les jeunes recrues, garder les prisonniers, pensaient-ils.
Mais les combats de l’hiver 1914 sont tellement meurtriers, que face au manque de troupes « actives », les Etats-majors convoquent les territoriaux et les envoient au front. Le 275e va se couvrir de gloire mais il sera tellement décimé qu’en 1916 il est dissout…
Aujourd’hui, son souvenir passe par le nom de deux
rues : une à Bourg-de-Péage et une à Romans/Isère qui porte le nom de leur «
défunte victoire », la bataille de Flirey (Meurthe et Moselle) (*)
(*) : Histoire du 275 e RI, archives communales de
Romans, 1 FLR 1023
C’est lui qui a choisi le titre. Celui-ci est très éloquent : il n’a pas tiré, il n’a pas tué. Mais sa conclusion montre bien qu’il est mécontent. Dans la conclusion, il a compté les jours où il a risqué sa vie, où il a vu ses camarades mourir et où il a servi son pays. On a l’impression qu’il règle ses comptes avec des personnes qui lui font reproches de ne pas avoir combattu et qui ne prennent pas en compte ce qu’il a fait.
Dans les années 30, surtout en 1934 (*), il y a eu un regain de nationalisme en France, lors des tensions avec l’Allemagne ; le chauvinisme devint nationalisme et, nombreux, étaient aux comptoirs des bars ceux qui étaient prêts à repartir « comme en 14 ».
Dans ce contexte, ne pas avoir combattu, c’est presque être un « embusqué », et cela était insupportable à ALBERT Pons.
On ignore ce que ce soldat a fait entre août 1914 et décembre 1914 et de décembre 1915 à mars 1917.
Sa fiche matricule indique qu’il était sous les drapeaux, mais il ne raconte rien sur ces deux épisodes de sa vie.
Un historique est téléchargeable >>> ici <<<
(*) : A Romans/Isère, on inaugure cette année là, le second monument aux morts, place Bozambo, au message nationaliste car une partie de la population considère que le 1ere, située dans l’escalier monumental à l’intérieur de la mairie, est trop pacifiste.
En effet, nous connaissons les lettres des Poilus qui racontent les poux, le froid, les assauts, la camaraderie… à leurs familles. Mais ce texte complète la description des combats car il nous raconte ce qui se passe avant et après. Ils apportent une multitude de petites informations en filigranes. Les territoriaux de 45 ans, au temps dire « les vieux », réparent et aménagent les tranchées et les boyaux que les jeunes, ou l’active, défendent et occupent. Les munitions, les barbelés sont acheminés par eux. On prend conscience que l’eau, dans les champs de bataille, devient une chose rare. On récupère des armes et des matériaux qui appartenaient avant les combats à l’ennemi : on recycle.
On découvre aussi que les rivalités existent entre les corps d’armées, les bataillons, lorsque le médecin les chasse de l’abri qu’ils ont trouvé. On ne cohabite pas !
Mais le cœur du texte, ce sont les « Morts pour la France » ; Chaque soldat mort au combat reçoit ce titre.
Mais au-delà de l’acte de décès, la Patrie a le souci de récupérer les corps, ou ce qui en reste, pour les enterrer, les honorer et aussi, plus tard, les rendre aux familles. Plus que collecter des cadavres et des membres, la 2nde compagnie (Capitaine PAYET) du 1er bataillon (commandant BREMOND) du 114 régiment territorial dirigé par le lieutenant-colonel ANDRÉ accompagne religieusement leurs défunts camarades. Ils vont à la messe.
Ceci était très important pour la famille.
Certes, nous partageons des détails qui nous écœurent, comme les mouches, l’odeur, etc… mais cela donne des matériaux historiques pour que l’approche archéo-anthropologique des inhumations militaires puisse approfondir ses travaux.
On pourra, sur ce point, notamment lire sur internet, le texte de Mme Catherine RIGEAD (*).
Il permet d’expliquer pourquoi certains soldats sont enterrer dans des caveaux familiaux, d’autres dans des carrées militaires (comme ceux de Romans/Isère et de Bourg-de-Péage) ou bien encore dans des cimetières militaires à proximité des champs de batailles.
Enfin, ce cahier de 21 pages est l’occasion de participer à la micro histoire des familles et des villages. En le mettant à la disposition de tous, via le site chtimiste.com, en l’envoyant à de nombreuses communes citées, notre travail coopératif va peut-être permettre à quelques personnes de trouver des détails sur leurs ancêtres.
Il donne des précisions sur les mouvements, les assauts autour d’Ablain et de Mont-Saint-Éloi, qui complèteront les notes des historiens des conflits ou des associations patrimoniales locales.
Même si c’est infime, grâce aux
3e C du collège A. Malraux de Romans /Isère, l’histoire de la première guerre
mondiale a progressé, un peu. Nous sommes parties prenant dans la constitution
de la mémoire de notre pays.
(*) : https://socio-anthropologie.revues.org/1153
n°22 - 2008 surtout page 10
Souvenirs d’un « non-combattant » de la
guerre de 1914-1918.
Nous exécutons des travaux consistant en l’édification de tranchées et de abris souterrains sur le plateau entre Bray-sur-Somme et Albert, en avant de Dernancourt et Méaulte, en suivant la ligne de chemin de fer de Montdidier, Rosière-en-Santerre, Bray-sur-Somme et Albert. Temps épouvantable.
La ligne de front est à moins de 3 km. Nous trouvons sur le terrain des obus non éclatés. Les tranchées que nous faisons, reçoivent quelques obus, notamment le premier jour où nous avions commencé les travaux.
Aujourd’hui à midi 45, au moment où le bataillon arrivait à vingt mètres, troisième compagnie en tête, au moment où elle forme les faisceaux, un fusant éclate à dix mètres de haut puis un deuxième, puis un troisième.
Nous nous refugions dans les bois. Le bombardement continue jusqu’à 10 heures tant sur le plateau, que sur l’emplacement de nos travaux.
Le lendemain nous constatons des éléments de tranchées démolies, barbelés coupés et le terrain où nous devions former les faisceaux est lardé d’éclats d’obus. Les bois, les taillis et les environs d’Etinehem où travaillent deux compagnies du régiment sont aussi bombardés.
Les travaux, toujours les mêmes tranchées de Braye à Albert, vallée de la Somme et de l’Ancre se poursuivent.
Temps épouvantable, gratifié de quelques marmites. Une compagnie réfectionne la route de Proyart journellement bombardée.
Mêmes travaux.
Mêmes conditions jusqu’au 19 où notre bataillon peut se reposer.
Au repos depuis le 23 avril, nous repartons demain direction inconnue.
Notre repos a consisté à faire chaque jour des exercices en rangs serrés et en ordre dispersé. Marches, surtout marches d’épreuves, sacs complets (*), 80 mètres à la minute… puis 90…(**)
(*)
: Proche de 30
kg.
(**) : 80 mètres par minutes soit 4.8 km/h avec le sac…pendant
plusieurs heures, à 40 ans…
Schéma de
localisation dans la Somme
La compagnie a été
déplacé des champs de bataille de la Somme vers ceux, plus au nord, de
l’Artois.
Schéma de localisation dans le Pas de Calais
Nous avons débarqué ce soir en gare de Mont-Saint-Éloi (bombardée) et nous avons rejoint pédestrement Maisnil-le-Bouché, où nous cantonnons à la belle étoile.
A midi, nous partons dans les tranchées aux alentours de Carency pour enterrer sur place les corps de soldats allemands qui sont nombreux dans les tranchées et abris.
Outillage presque inexistant. Pas de brancards pour transporter ces corps qui sont là depuis plus de huit jours. Pas de désinfectant. On subit un premier bombardement.
Départ à cinq heures pour le plateau de Carency, recherche et transport de corps de soldats français.
Chaque équipe de quatre hommes, sans brancard, doit transporter trois corps à la voie du chemin de fer. Pluie battante les boyaux et tranchées sont en partis démolis.
On passe souvent à découvert. Les lignes allemandes sont très rapprochées. Les corps que nous ramassons appartenaient aux 42ème et 44eme chasseurs, tombés le 26 décembre dernier. (*)
Nous allons les prendre sur le terrain et dans le fil barbelé. Nous nous faisons repérer. Résultat : un grêle d’obus.
Carte de la
1ere bataille d’Artois - décembre 1914 (**)
(*) : Depuis 141 jours, les cadavres sont là, exposés…
(**) : Site
http://www.archivespasdecalais.fr/Activites‐culturelles/Chroniques‐de‐la‐Grande‐Guerre/La‐premiere‐bataille‐d‐Artois
Même corvée par Villers-aux-Bois bombardées et Carency toujours marmité. Il faut se garer à chaque instant, ce qui rend notre travail plus pénible.
Nous devons enterrer les Allemands sur place et retourner les nôtres (trois par équipes). Nous avons enfin des brancards.
Arrivés à la voie, on charge les corps sur une plateforme que l’on roule à la gare de Villers-aux-Bois où un cimetière vient d’être créé. En revenant, nous sommes à nouveau repérés et poursuivis par les obus jusqu’à la gare.
Recherche des corps entre Carency et Villers-aux-Bois.
Les obus nous suivent. C’est miracle qu’aucun de nous ne soit touché. Deux 77 (*) tombent à vingt mètres.
(*) : On désigne les obus par le diamètre de sa douille,
exprimé en millimètre‐ Un obus de 77
allemand pèse plus de 6kg et peut être envoyé à plus de 8 km.
Source :
site http://rosalielebel75.franceserv.com/armee-allemande-artillerie.html
Même travail que les jours précédents dans les mêmes conditions.
Le cantonnement de Maisnil-le-Bouché a été bombardé. Le caporal MIEGE, de Cannes, est tué (*); Le soldat ROUVIER de Saint-Cézaire (**) est grièvement blessé.
(*) : MIEGE Charles, caporal, mort pour la France à Maisnil-Bouché (62)
le 24 mai 1915, tué à l’ennemi. Il était né à Cannes le 18 novembre 1873. Pas
de sépulture militaire connue.
(**) : ROUVIER Paul Antoine, soldat, mort pour la France à Cambligneul
(62), le 25 mai 1915, blessures de guerre. Il était né à St Cézaire (Alpes
Maritimes) le 15 octobre 1871. Inhumé au cimetière militaire de Maroeuil (62),
tombe 85.
Mêmes corvées, mêmes conditions avec en plus la pluie et la grêle.
Le travail de jour étant trop dangereux, il sera exécuté la nuit.
On enlève les corps sur un plateau entre Carency et le Cabaret Rouge. Il faut les porter à bras au cimetière de la gare de Villers. Corps tombés en novembre 1914. (*)
(*)
: Les corps sont ici depuis plus de 6 mois.
Toujours de nuit, côte 123, près de la route de Béthune, nous relevons les soldats tombés en novembre et décembre 1914. Il faut se munir de fortes toiles, pour transporter ces corps dont les membres se détachent.
Pas de désinfectant.
Nous sommes tous imprégnés de cette odeur cadavérique.
Une corvée va à l’avant de la première ligne à 50 mètres des tranchées ennemies.
Une autre a pour mission de ramener le corps d’un capitaine tombé également en avant des lignes. Deux brancardiers de l’active ont essayé de faire cette besogne. L’un est tué et l’autre grièvement blessé vient tomber dans la tranchée. Un officier de l’active s’oppose alors à ce que notre corvée se risque à nouveau.
Toujours de nuit par Carency où les obus tombent en masse, nous prenons la direction d’Ablain Saint-Nazaire. Nous sommes dans les lignes. Nos guides ne savent pas très bien où nous devons passer.
Le bombardement est intense.
Un capitaine d’infanterie nous fait rebrousser chemin. Aucune corvée ne peut opérer. Nous retournons chargés de matériel pris dans les anciennes tranchées allemandes.
Départ entre 7 et 8 heures du soir.
L’activité qui règne sur le front nous empêche de nouveau de faire notre travail. Les obus pleuvent, les balles sifflent de tous côtés.
Un homme de notre compagnie, ALBERT Pons (*) a la capote (**) déchirée à l’épaule par un éclat d’obus.
Un de la quatrième est blessé.
Pendant l’après-midi, nous allons réparer les lignes de Carency, démolies par les obus.
(*) : L’auteur de ce témoignage. Est-ce
vraiment lui qui a écrit ce récit ?
(**) : Veste du militaire qui lui sert aussi servi
de couverture.
Deux compagnies quittent Mesnil pour aller cantonner à Villers-Saint-Nazaire.
En entrant dans les villages, les obus éclatent partout. Ce pays brûle en partie. Nous sommes en plein dans l’action. C’est le moment de la relève. Les coups de fusil et de mitrailleuses ne cessent pas. Les balles sifflent sans arrêt au-dessus de nos têtes. Parfois les boyaux sont effondrés.
Il faut passer à découvert un à un avec la perspective de nous rencontrer avec une balle. Nous nous abritons un moment dans une cave pour laisser calmer un peu. Il faut repartir.
Les fusées nous montrent un tableau effrayant. Le pays entièrement démoli, des corps partout dont beaucoup très anciens et tombant en pièces. Nous ramenons les corps à Villiers en passant par le moulin Topart. Marmitage soigné toute la nuit.
Maisnil a été de nouveau bombardé. Un obus est tombé, sur le bureau du colonel.
Nous partons de nouveau ce soir pour Ablain toujours en feu.
La rue unique doit être bien en vue de quelques éléments de tranchées ennemies car les balles y sifflent constamment. Nous dépassons le pays et prenons un boyau direction Souchez ; Toujours en avant, nous voilà dans la tranchée.
Les hommes sont aux créneaux et surveillent. Nous nous demandons où nous allons et ce que l’on veut de nous. D’après ceux qui sont aux tranchées, nous sommes prêts de la sucrerie. Qu’allons-nous faire la puisque Ablain est plein de corps. Un officier de l’active est interrogé et nous donne cinq minutes pour faire notre ouvrage et retourner.
A ce moment, la fusillade se déclenche de tous côtés.
On nous refoule partie dans le boyau où nous sommes venus et partie dans un boyau en avant. La ligne ennemie est à moins de cent mètres. Notre boyau est sans issue. Bientôt un marmitage commence.
Pendant plus d’une heure, nous restons dans cette situation ne pensant plus retourner.
Cependant, on repart par les tranchées et boyaux effondrés ; n’offrant plus aucune sécurité. Le marmitage continue. A la briqueterie d’Ablain, les corvées n’ont pas de peine à se pourvoir de cadavres.
Le jour arrivant, on entre au cantonnement à huit heures du matin.
Après quelques heures de repos, il faut faire le service et partir pour aller cantonner à Mont-Saint-Éloi.
Ma section doit loger dans une grange abandonnée. Mais un médecin-major vient dire que le baraquement est réservé pour une section d’infirmiers et à peine installés, il nous faut déguerpir.
Le cantonnement que l’on nous a fait quitter le soir a été démoli cette nuit par un obus de 77.
Merci au Médecin-Major. Sans lui, toute la compagnie y passait.
Notre travail consiste à charger sur des voitures de XX des claies, du fil de fer pour les tranchées puis des munitions de toutes sortes et à les transporter en profitant de la nuit, à Neuville-Saint-Vaast dont les maisons furent incendiées par les obus ennemis. Mont-Saint-Éloi est bombardé tous les jours. (*)
Les tours de l’ancienne abbaye sont de très bons points de repères pour l’artillerie allemande.
(*) :
L’abbaye du Mont-Saint-Eloi est toujours en ruines. Mais avant la guerre 14/18,
elle était déjà démolie suite à sa fermeture en 1792, Seules restaient les
tours au début de 1914.
Même travail et même bombardement de Mont-Saint-Eloi.
De ce fait, jour et nuit nous vivons sous le bombardement.
Nouveau travail.
Départ à 3 heures du matin.
Réfection de boyaux et tranchées dans la plaine de Berthonval, près de la route de Béthune.
Les obus continuent de tomber autour de nous
Autre corvée vers le poste du général de division. Comme d’habitude, marmitage.
Corvées aux munitions. Réfection des boyaux et tranchées.
Il pleut. Nous travaillons dans la boue jusqu’à mi-jambe de 4 à 10 heures, gratifiés toujours de quelques obus. Aujourd’hui deux victimes : une jeune fille et un artilleur qui achetait du vin à cent mètres de notre cantonnement.
On dit que ce sont des 305 provenant d’un train blindé.
Aujourd’hui corvées de matériel et de munitions à La Targette.
Reprise de corvées aux morts. Carency et Neuville. Travail de nuit.
Nous enterrons les corps sur place par dix à douze ensembles après identification. Les mouches, en pleine nuit même, nous environnent lorsque nous touchons aux corps.
Vers 5 heures, il nous faut cesser par force : marmitage soigné et pluie de balles nous y obligent.
Après être restés une heure à cent mètres des lignes, nous partons aux pas de course poursuivis par les obus.
Une corvée continue le travail de la veille ; l’autre procède à la réfection des tranchées et boyaux.
L’ouvrage ne manque pas car les obus tombent et sitôt réparés, sitôt démolis.
Revenus hier à la corvée aux morts sous la conduite d’un major. Le bombardement est tel que le major nous renvoie à 8 heures du matin.
Ce soir, toute la compagnie est sur pieds. Corvées de munitions.
Mont-Saint-Éloi a encore reçu une vingtaine d’obus.
Travail d’emmagasinement des munitions au chemin creux à La Targette.
On a oublié de nous ravitailler jusqu’au 17, à une
heure du matin. Nous couchons sur place sur des caisses de grenades et de
cheddite.
(*)
Le marmitage est soigné. Par bonheur les obus nous dépassent, sans quoi il ferait une belle marmelade.
Aujourd’hui, nous avons eu deux tués, FERAUD de Nice et RANCHER. (**)
Il faisait partie d’une équipe de brancardiers et ramenaient un blessé. Il y avait un brancardier de l’active et Alfred, de Vence. Le blessé, le brancardier FERAUD et RANCHER sont morts. Alfred était blessé à la tête.
Pour varier un peu : gaz lacrymogène.
(*) : Explosif puissant.
(**) :
FÉRAUD Joseph Jules, soldat, mort pour la France à Berthonval (62), le 17 juin 1915, blessure
de guerre. Né à Nice le 6 septembre 1873. Cité à l’ordre du corps d’armée.
Pas de sépulture militaire connue.
RANCHER
Alexandre, soldat, mort pour la France à Berthonval (62), le 17 juin 1915,
blessures de guerre. Né à Bezaudun le 29 octobre 1872. Cité à l’ordre du
corps d’armée. Il est inhumé au cimetière militaire d’Écoivres (62)
Garde sur un point d’enseigne tranchée.
Consigne : empêcher que l’on monte sur le terrain découvert, indication du sens unique. Près de la tranchée des Turcos, une escouade du 125eme qui était à quelques mètres de nous, a 13 tués sur 15 hommes.
Nous les enterrons avec le caporal HENRY, de Cannes
et BOURGOIN de Bargemont (*).
Ce qui n’est pas difficile : il ne paraissait plus que quelques membres hors de la terre.
(*) : Ces 2
soldats ne semblent pas être du 114e territorial.
Extrait du journal des marches et opérations (JMO) du
125e RI.
Rentrés à 3 heures du matin, nous allons aux obsèques des tués du 17 juin.
Hier soir, départ à minuit.
Un combat d’artillerie formidable à 200 mètres du point où je suis. La plaine est envahie par la poussière et la fumée. Les artilleurs disent qu’ils n’ont jamais rien vu de pareil.
Rentré à 1 heure du matin. Nous faisons des corvées ici.
Les obus recommencent à tomber.
Une moitié de la compagnie est partie aux travaux de réfections. L’autre moitié est occupée au matériel. Bombardement. Plusieurs maisons sont effondrées. Un incendie se déclare vers l’église. Une maison s’abat au moment où une compagnie de zouaves passe.
Nous devons aller déblayer et relever les corps de zouaves ensevelis et morts sous les décombres.
Continuation des mêmes travaux à Berrol (?) et vers la route de Béthune. Nous sommes aussi bien au bombardement, au travail que dans le cantonnement. Car Mont-Saint-Éloi et Écurie sont bombardés tous les jours.
On nous communique au rapport les félicitations des généraux de brigade, division et corps d’armées pour les travaux utiles et conséquents que nous avons effectués, malgré le danger.
FÉRAUD et RANCHER sont cités à l’ordre du jour du corps d’armée.
Nos travaux sont sur les bords de l’Ancre (*) et vers Arras.
(*) :
Rivière affluent de la Somme
Vers six heures, nous reprenons les factions aux boyaux et parallèles de Berthonval. Les marmites tombent à volonté.
Je suis à 150 mètres au plus de la ferme qui reçoit 4 obus à la fois et les bâtiments s’écroulent.
Mêmes travaux sous le bombardement avec obus.
Aujourd’hui ce sont des 90 autrichiens qui pleuvent. Ils ont une vitesse supérieure aux marmites allemandes et nous surprennent.
On nous lit les félicitations du général commandant le 9eme corps.
Il est question de départ mais les 90 autrichiens arrivent toujours.
Je suis d’une corvée aux cimetières.
Nous avons un blessé, MICHEL de Vence, blessé au ventre par des éclats d’obus.
Travaux.
Service au poste d’eau dans un chemin creux à 150 mètres de nos tranchées de première ligne, près de la côte 129. Il faut faire 4 voyages d’eau dans la nuit, avec des petits tonneaux de 50 litres, avec la pluie sur le dos et les fusants qui nous suivent. Dans la journée, il ne faut pas se montrer car les lignes ennemies ne sont qu’à 30 mètres.
Toute la journée, ils ont envoyé des gaz asphyxiants. Il faut mettre les masques et se planquer dans les cagnas.
Toujours à notre poste d’eau.
Le bombardement n’a pas cessé. La pluie non plus. Nous voyons à 2 à 300 mètres l’arrivée des 75 dans les tranchées ennemies.
Quelle salve d’artillerie les Allemands nous envoient !
Ils ne nous ménagent pas. Nous nous demandons si la cagna ne va pas nous servir de tombeau. Il pleut toute la journée et la nuit pour la corvée d’eau, ce ne sont plus des boyaux mais des petites rivières qui nous servent.
Ce matin à la faveur du brouillard un avion français suivait les tranchées ennemies en face de nous, lorsqu’il fut aperçu dans une déchirure de la brume. Pas à plus de 150 mètres de hauteur, on tire sur lui. Le réservoir s’enflamme.
Nous entendons les Allemands hurler et claquer des mains.
Malgré tout, l’avion réussit à venir atterrir. Une équipe de brancardiers de l’active et une de chez nous, se portent au point de chute. Les aviateurs sont sauvés. L’avion brûle.
Dans l’après-midi, on nous fait évacuer pour caser les 11 bataillons d’infanterie.
L’artillerie prépare une attaque sur une tranchée ennemie, qui n’est pas à 50 mètres des nôtres. Nous nous trouvons là dans une situation analogue à la nuit de Souchez : les projectiles des deux artilleries passent au-dessus de nous. C’est un déluge de fer.
Nuit très dure.
Après 4 nuits de ligne, nous rentrons au cantonnement. On reprend la garde au Chemin Creux de la route des Pylônes.
Extrait
du journal des marches et opérations (JMO) du 125e RI.
On
y distingue le chemin des Pylônes
Même travail.
Un taube est passé. Il a dû repérer l’emplacement de nos batteries car c’est un bombardement intensif.
Poste d’eau. Toujours les obus.
Préparation du boyau d’évacuation qui a subi hier un marmitage en règle. Un de nos hommes est blessé à l’épaule. Neuf obus tombent tout près du poste d’eau. Il nous faut nous abriter un moment. Puis on reprend son poste.
Mais 30 minutes après, le bombardement recommence.
Continuation des mêmes corvées aux mêmes points.
Mêmes travaux, mêmes situations, mêmes bombardements.
Notre cantonnement reçoit quelques éclats. Pas de victimes.
Rien de nouveau.
Ce matin travail aux boyaux. L’après-midi de même et 6 heures poste d’eau.
Nous procédons en août au transport d’une grande quantité de matériel. Un decauville a été construit qui va presque jusqu’aux lignes. Pendant tout ce mois d’août, les obus tombent régulièrement sur le Mont-Saint-Éloi où nous cantonnons toujours.
Notre secteur s’agrandit et nous allons maintenant jusqu’aux Ouvrages Blancs, parages très dangereux où il faut avoir constamment l’œil et l’oreille aux aguets.
Les permissionnaires diminuant l’effectif et le secteur, travail s’allongeant toujours, il n’y a pour ainsi dire plus de repos pour nous. Car à toute heure du jour et de la nuit, il faut que les corvées partent.
Aux Ouvrages Blancs, ainsi dénommés à cause de l’immense quantité de craie que les obus ont retournée et sur le fond desquels tout mouvement est aperçu, l’activité est inouïe.
Et le bombardement de même.
Depuis quelques jours, nous avons le pressentiment de quelque chose d’anormale. Attaque brusquée.
Bombardements effroyables.
Le soir, en avant de la route de Béthune près de Neuville-Saint-Vaast à 700 mètres du poste d’eau où je suis depuis bientôt 24 heures, sans que rien ne nous le fasse prévoir, un bombardement s’abat sur nos lignes.
Nos batteries répondent et la terrible comédie des obus qui s’entrecroisent sur nos têtes, recommencent.
Notre corvée finie, une autre commence. Aujourd’hui, nous recevons au poste d’eau. Les artilleurs ne nous voient pas arriver avec plaisir car nous les avons faits repérer quelques fois.
Le service se complique de plus en plus ; la durée dans les postes est de 48 heures.
Je pars de nouveau à la route des Pylônes.
Remise de croix de guerre à quelques gradés et hommes du bataillon.
Bombardement très violent de part et d’autre.
Bombardement sans arrêt. C’est à devenir sourd.
Dans la nuit, c’est formidable et le jour plus terrible encore.
Nous rentrons à 8 heures du soir.
Le bombardement continue.
De nouveaux postes sont créés. L’effectif est réduit.
La nuit, nous sommes sentinelles doublées. Nous retournons ce soir au même poste qu’hier.
Nuit épouvantable.
Dans un chemin, creux, près de notre poste, un 155 éclate tuant 4 artilleurs et en blessant d’autres. Les éclats passent à 1 mètre de nous. Le bombardement continue toute la journée.
Nous rentrons à 3 heures du soir.
Aux boyaux, le matin, au X l’après-midi. Nous chargeons un train de munitions.
Nous avons quelques blessés : CRESP de Grasse, LATIL (?) de Grasse.
Un fort orage sévit. Le train que nous chargions vient de sauter. 6 hommes ont été tués.
Est-ce la foudre ? Un obus ? Le sergent MERLE et le soldat RAVEL de notre compagnie ont été toutefois électrocutés sur les rails. (*)
(*) : Il
semble qu’ils n’ont été que blessés.
Le bombardement continue.
Énorme mouvement de troupes. Les munitions s’accumulent. L’activité augmente.
Nous quittons Mont-Saint-Éloi à 5 heures du soir.
Nous sommes à Bambigout (?) avec tout le bataillon. Corvées. Pendant 4 jours.
Nous partons au repos.
Après un jour et demi de repos, nous voici de retour à Villers que la troisième (*) avait dû abandonner par suite de bombardement constant. Avec l’avance acquise, le pays est plus sûr. Nous revenons aux travaux de la 2eme quinzaine de mai (corvées aux morts).
Les obus pleuvent. Les ballons captifs allemands nous aperçoivent. Il est impossible de tenir sur le versant de la côte 123 par suite des bombardements.
Ces mêmes travaux dureront jusqu’au 5 au soir.
Le 3, nous avons un blessé, le soldat ASQUIERI. Il y a un tué et des blessés de la quatrième compagnie.
(*) :
Troisième compagnie
Départ pour Baumetz-lès-Loges.
Tout le bataillon est réuni à Baumetz-lès-Loges et exécute les mêmes travaux (construction de tranchées et d’abris souterrains). Bombardement tant au travail qu’au repos. Il y a de nombreux tués.
Le travail s’effectue à 2 km des lignes ennemis.
Ici s’arrête la relation
des souvenirs du camarade.
Conclusion
86 jours de travaux dans une région bombardée par l’ennemi à 2 km des lignes.
158 jours de travaux effectués sous des bombardements très violents, souvent dans les lignes mêmes, quelquefois en avant, augmentés de bombardements presque journaliers au cantonnement.
75 jours, de travaux effectués dans une région bombardée par l’ennemi à 2 km des premières lignes avec bombardements répétés au cantonnement.
Voilà le
lot de l’un de ceux qui ne sont pas assimilés à la qualité de combattant.
Il y a comme cela tout un bataillon.
ALBERT Pons
(Fin du témoignage manuscrit)
Ablain saint Nazaire
Albert
Arras
Béthune
Bois de Berthonval
Bray-sur-Somme
Cabaret Rouge
Carency
Dernancourt
Écurie
Montdidier
Mont-Saint-Éloi
Moulin Topart
Rosière-en-Santerre
Souchez
La Targette
Villers-au-Bois
Pour les poilus décédés, un complément
d’information a été relevé sur le site :
http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
ALBERT Pons, soldat, auteur du témoignage (06)
ALFRED, soldat, de Vence (06)
ASQUIERI, soldat, blessé le 1er octobre 1915
BOURGOIN, soldat, de Bargemont (83)
BREMOND, commandant du 1er bataillon, 114e régiment d’infanterie, janvier 1915
CRESP, soldat, de Grasse (06), blessé 23 septembre 1915
HENRY, caporal, de Cannes (06)
LATIL, soldat, de Grasse (06), blessé le 23 septembre 1915
MIEGE, caporal, de Cannes (06), mort 24 mai 1915
MERLE, sergent, électrocuté sur les rails, 23 septembre 1915
MICHEL, soldat, de Vence (06), blessé au ventre
PAYET, capitaine, 2nde compagnie, du 1er bataillon du 114e régiment d’infanterie, janvier 1915
PERAUD, soldat, de Nice (06), cité à l’ordre du corps d’armée, mort 16 juin 1915
RANCHER, soldat, cité à l’ordre du corps d’armée, mort 16 juin 1915 (Alexandre, né 29/10/1872 à Bezaudun 06)
RAVEL, soldat, électrocuté sur les rails le 23 septembre 1915
ROUVIER Paul, soldat, de Saint Cezaire (06), mort 26 mai 1915 (Paul Antoine, né 15/10/1871)
D’après les recherches des
élèves et le lexique du CRID 14‐18
Former les faisceaux : langage militaire pour désigner le regroupement des armes.
Il faut se garer : langage familier pour dire qu’il faut se mettre à l’abri.
Des boyaux sont des voies de communication entre deux lignes de tranchées.
Un brancard : sorte de planche permettant de transporter les blessés ou les cadavres.
Une cagna : Abri léger, dans la terre ou fait de boisages, où peuvent se tenir les combattants en cas de bombardements ou d’intempéries par exemple.
Des claies : boiseries montées pour soutenir une voute dans une tranchée ou une mine
Une corvée : Désignation générale de tous les travaux pénibles susceptibles d’être effectués par les combattants, au front comme au cantonnement. Les corvées peuvent être de nature très diverse : de cuisine, d’eau, de feuillées, de réparation, de barbelés.
La cheddite : explosif, fabriqué notamment à Clérieux (26) proche de Romans/Isère
Un decauville : petit wagon utilisant des rails
Une escouade : La plus petite unité de l’armée française, elle regroupe en théorie 15 soldats sous le commandement d’un caporal.
Un fusant : Obus qui explose en l’air au-dessus des troupes adverses.
Les marmites : Dans l’argot des combattants, désignation des projectiles allemands par les soldats français,
Un taube : Avion allemand monoplan dont la forme générale rappelle celle d’un oiseau en plein vol.
Une tranchée : zone creusée par les soldats, formant une ligne, face à celle des Allemands. Elle est reliée à d’autres tranchées et à l’arrière par des boyaux
Les Zouaves : unité militaire française
Le projet est de mettre les élèves en situation de mutualisation, de découvrir l’histoire nationale du XXe siècle mais aussi de les mettre en valeurs en tant qu’historiens, avec une production originale. Le projet devait se dérouler sur 5h.
En salle informatique, par binôme, les élèves saisissent le texte d’après une photocopie du manuscrit (2h). Le texte est ensuite regroupé et corrigé.
Séance de navigation sur internet 30 min à partir du texte rassemblé pour découvrir 3 sites : Géoportail pour se localiser, « sga mémoire des hommes » pour les Poilus MPF, « chtimiste.com » pour l’historique des régiments.
Cela n’a guère pu être possible pour des problèmes de codes pour certains élèves, de connections pour les autres.
Ensuite les élèves devaient faire des recherches sur internet et les mettre à la disposition de leurs camarades, sur le réseau intranet. Toutefois les élèves n’ayant pas de code d’accès pour internet, le travail a été distribué, fait au domicile et récupéré par l’enseignant. Les consignes concernant le relevé des sources, notamment sur internet étaient explicites et précisées en classe (15min).
La mise en page aurait dû être individuelle, en salle informatique ; elle l’a été par l’adulte coordinateur.
Enfin une mise en valeur de ce travail a été faite en proposant le document à des associations et des sites d’histoire, avec la condition qu’ils conserveraient les copyrights et les noms des auteurs. Si ces sites sont bien référencés, les élèves doivent pouvoir retrouver leur travail sur le web.
Ø En binôme, en salle informatique, saisie des fiches numérotées
Ø Aller sur harp / programme/ libreoffice /libreoffice Writer
Ø nommer le fichier (fichier puis enregistrer sous puis deuxnomsdeseleves)
Ø Demander la clé USB ; faire enregistrer sous et mettre sur la clé
Lire les 2 pages de son manuscrit en soulignant en rouge les noms des personnes, en vert les noms de lieux et en
bleu/noir les mots que tu ne connais pas.
Ø A-Aller sur « sga mémoire des hommes « c’est le site des hommes morts en 14-18 et faire des recherches sur les noms des personnes (rouge)- le poilu décédé doit être mort en 1915 et appartenir au 114 régiment d’infanterie
Ø Tu peux taper ton nom de famille pour si quelqu’un qui a ton nom est mort durant le conflit
Ø B- aller sur le site geoportail ; taper le nom des lieux (soulignés en vert) pour te situer. Note le nom de la métropole (étudiée en géo) qui est la plus proche.
Ø C- aller sur le site « chtimiste.com » et lire l’historique du 114 Régiment d’infanterie territorial- réfléchir : qui pourrait être intéressé par le manuscrit d’ALBERT Pons ?
A rendre par écrit, pour le vendredi 29 septembre 2016 - Obligatoire et évalué.
Les réponses serviront pour faire le document final collectif sur le témoignage de 14-18, après le 29 septembre. Il participe à la validation du socle de compétence. Il faut noter les références précises des sites consultés et utilisées afin qu’on puisse les retrouver. C’est le respect des copyrights.
Quand on doit rédiger une définition, ou une explication, il est interdit de copier/coller wikipedia ; Vous expliquez avec vos mots à vous ; ce sera plus clair pour tout le monde. M. FERRIERE a montré en classe avec le vidéoprojecteur comment on va annoter le document avec des informations en notant les sources. Chaque élève ou binôme a une tache précise, différente et complémentaire à faire.
Ø Combien pèse un sac complet de militaire en 14-18 ? Quel site t’informe ?
Ø Trouver une carte-format jpg sur les 2 secteurs – Pour cela vérifie que les lieux indiqués sont sur tes 2 documents (1 texte 11 pages fournies)- Avec les adresses du site, je pourrais les retrouver mais tu dois les imprimer pour que j’ai le modèle. (élève avec une imprimante ou qui av au CDI).
Ø Faire la liste, par ordre alphabétique des noms des personnes, tuées ou blessées, avec des précisions (prénom, nom, date de blessures ou décès, ville d’origine) (1 texte de 11 pages fournis).
Ø Trouver des informations et des illustrations sur les obus citées (77, 305, 90 autrichiens, 75, 155).
Ø Rechercher de l’iconographie dans l’œuvre du peintre otto dix et dire pourquoi tu les choisis. Faire une biographie de ce peintre en 5 lignes maximum.
Ø Rechercher des informations sur les batailles dans la Somme en 1915 secteur de Bray-sur-Somme, Dernoncourt, ALBERT, Rosières-en-Santerre.
Ø Rechercher des informations sur les batailles en Artois en 1915, secteur de Souchez, Carency, Ablain-Saint Nazaire.
Ø Faire un index des noms de lieux cités, avec le numéro du département entre parenthèses. Faire un petit schéma avec des noms et des flèches pour les situer les uns par rapport aux autres (1 texte de 11 pages fournis).
Ø Lexique des mots à expliquer- Il y a 15 mots ou expression en police 12 arial à expliquer. Pour chacun tu dois rédiger une explication en 2 lignes maximums (1 texte de 11 pages fournis- 2 élèves).
Ø Trouver des musées ou associations à qui nous pourrions envoyer notre texte- chercher des structures qui ne s’intéressent qu’à la guerre 14-18- Me donner les adresses postales, leur site internet et l’adresse email. (Au moins 5 références).
Ø Trouver des sites internet qui pourraient être intéressés par notre travail- relever l’adresse- vérifier qu’ils sont actifs au moins 5 adresses).
Ø Quand et où ont été inventés les gaz asphyxiants utilisés dans la guerre ? Faire un résumé de 8 lignes maximum (et pas un copier/coller de wikipedia).
Ø Recherche sur l’historique du 114 régiment d’infanterie territoriale entre 1914- et 1915 - Rédiger un texte d’environ 10 lignes.
Ø Recherche de schéma de l’organisation des tranchées, boyaux, ligne de front. Proposer différents modèles pour qu’on choisisse le mieux. Bien noter sa source.
Ø Recherche sur les combats dans la Somme et en Artois en novembre 1914-décembre 1914 -faire un texte d’environ 8 lignes.
Ø Combien de morts durant la guerre 14-18 ? Combien de blessés ? Combien de morts par pays ? Bien noter les sources car tous les livres ne donnent pas les mêmes résultats.
Ø Qui contacter pour valoriser notre travail autour de Romans, pour donner une idée positive de notre collège et de ce qu’on y fait ? Rechercher des adresses – Au moins 8 pistes précises.
Ø Faire des recherches sur le 275e régiment d’infanterie, et la bataille de Flirey ; faire un texte d’environ 8 lignes qui précisera le lien avec Romans mais aussi avec notre texte (le mot territorial t’aide).
Ø Présenter le mémorial de La Targette : Qui l’a fait ? Quand ? pourquoi ? Où est-il ? Décrire sa forme ? 8 lignes env.
Je désire
contacter le propriétaire du carnet de Pons ALBERT
Vers des photos du 114e régiment territorial
Vers
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