Carnet de guerre du sapeur BEAUCHEMIN Camélia Auguste Constant

4e génie, compagnie 8/57

1915-1917

Début du second carnet

 

Mise à jour : mai. 2015

Vers le premier carnet

Vers le second carnet

Vers le troisième carnet

Retour accueil

 

 

Monique m’écrit fin 2014 :

« Ces trois carnets m’ont été remis après avoir été retrouvés dans une grange abandonnée.

Ce récit est émouvant, par les détails d’un vécu raconté simplement par cette jeune recrue, qui fait un entrainement ....plutôt pénible et se retrouve en pleine guerre de tranchées, d’ou il observe les mouvements d’avions, ainsi que leurs affrontements. Tout ceci au milieu des “menus” du jour et des petits cafés arrosés !

Hélas  les récits se font de plus en plus rares ....jusqu’au silence  .... en 1917.

L’émotion est totale, car simplement Humaine. »

 

 

 

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Début du second carnet

 

 

Dimanche 23 avril 1916

Aujourd’hui, jour de Pâques. Nous avons repos complet. Pluie toute la nuit jusqu’à 6h.

Plusieurs messes sont données le matin, par un aumônier. J’écris au lit à Parents, Mr Gillot et René Marquet.

Me lève à 10h pour aller souper. Soupe aux bœuf et légumes, bien servis, macaronis.

 

Après-midi allons au bois pour cuisine.

A la coupe, plus tirailleurs, de l’artillerie est à leur place. Après je vais avec GÉNERMONT chercher vin cantonnement, 7eme génie et 29eme infanterie, ne trouvons rien.

 

Musique joue le soir.

Soupe : macaronis, bifteck, harengs. ¼ vin ¼ thé, pas eau-de-vie.

Ensuite avec Maurice et Jean, grogg. Reçois journal Mr Gillot.

Menu extra. 102, voiture a été renversée, obus. Longtemps à dormir. Avions, dirigeable.

Lundi 24 avril 1916

Réveil et rassemblement comme habitude. Aéros et dirigeables évolués cette nuit. Suis terrassement tranchées.

Temps splendide Avions de tous côtés. Boches canonnés mais viennent quand même espionner.

Plusieurs coups de mitrailleuses échangées entre avions Français et Boches. On ne voit pas chasse-taubes, seulement, Farman et Caudron Soleil chaud. Soupe midi : rata bœuf.

Achète journal.

 

Après-midi même travail. Toujours 111-113 avec nous. (*)

Achète chocolat cantonnement 29eme territ. Avons toute la journée. Remarque Boche audacieux, malgré violente canonnade, passent les lignes et évoluent jusqu'à Clermont. (**)

Nombreuses saucisses ; on voit aussi celles des Boches. Pas d’avion de chasse Français, toujours Farman et Caudron, a faible hauteur.

Obus sur Clermont.

 

Soir, haricots, bifteck ¼ vin ¼ thé au rhum.

Vais voir Maurice, ¼ thé rhum. Je reçois lettre Père et Frère, toile Zeppelin.

Coucher, on éteint les lumières à 20h. Ne peut dormir, entend voler avions.

 

(*) : Certainement 111e et 113e régiment d’infanterie (on peut le vérifier plus loin dans ses écrits)

(**) : Clermont-en-Argonne (Meuse)

Mardi 25 avril 1916

Aujourd’hui réveil en fanfare à 4h, je suis réveillé en sursaut par une violente détonation a proximité du cantonnement .Tout d’abord je crois que grosses pièces Boches envoient marmites, mais bruits moteurs.

Le camp est bombardé par une escadrille d’avions Boches. Plusieurs tombées non loin du cantonnement.

Je reste au lit, car on nous défend de sortir, malgré cela, quelques-uns sortent. 50 bombes, dont beaucoup assez près de nous. Quelques avions de chasse les mitraillent et 75 les canonnent : 1 obus 75 non éclaté tombe près de la 102.

 

J’écris lettre à Frère avant me lever. Jus ensuite.

En allant travailler, je vois petit entonnoir produit par une des bombes à côté de Brabant.

Toujours saucisses et avions canonnés. On voit très peu avions Français canonnés par les Boches.

Même travail bois, suis encore équipe avec GÉNERMONT.

Soupe midi : nouilles et singe. J’ai une boite singe pour moi, DATH me donne sa part.

Achète un hareng-saur.

 

Après-midi, même travail.

Toujours avions Boches canonnés.

Sergent Vetzin, avec nous. Vais chercher eau, source. Quittons travail à 16h. Souper, riz au gras, bifteck, ¼ vin, sardines, ¼ thé au rhum.

Je vois Vincent, 88eme infanterie, cantonné dans bois à côté de nous.

D’après ce qu’on m’a dit de nos Boches ce matin, ont abimé le hangar aérodrome, heureusement tous les avions étaient sortis. 2 blessés du 88eme et quelques chevaux. Voie petite Decauville coupée. Une trentaine d’avions Français dont Chasse-Taubes vont aux lignes.

Soirée envoie lettre frère. Cherché ma pelle cuisine.

Vais voir LACROIX et François à leur nouveau gourbi. ¼ café rhum. J’écris près d’eux.

On entend avions se mitrailler.

Mercredi 26 avril 1916

Réveil 5h. Rassemblement 5h30.

Revue outils portatifs. Je suis ……-…….(?) avec GÉNERMONT, DATH, et Caporal Gauthier.

Avions boches canonnés, mitraillés par les nôtres. Moulin me rapporte ma montre ; Soupe midi, nouilles, bifteck. Achète journal.

Beau temps, chaleur.

Achète avec I…… (?) bouteille de vin bouché, 2f.55 et biscuits que l’on consomme avec Moulin. Cigarettes.

 

Après-midi, même travail. Lieutenant dit que ne travaillons pas assez.

 

À 15h, quittons travail. De 1ere à 5eme escouade, on travaille de nuit.

Soupe en rentrant, haricots, singe, café rhum, 2/4 vin.

 

À 18h, on part, 113 avec nous. 1 équipe va charger camion ligne Aubreville, et nous déchargeons voiture artillerie, fils de fer et piquets à réseaux (*).

Nuit douce et claire.

Avions volent toute la nuit, surtout « voisin » que je reconnais au bruit moteurs. Petits projecteurs avec lesquels ils éclairent le sol. Ils ont feu rouge aile droite (tribord) et feu vert aile gauche (bâbord). Se font signaux avec projecteurs.

Éclatements obus, fusées éclairantes, lueurs départs pièces. Entends plusieurs aéros (voisin) passer, en traversant les lignes, les Boches les canonnent et leur envoient fusées ressemblant à une envolée oiseaux lumineux.

Avons vu à Brabant 3eme tirailleurs 2eme Zouaves, formant 37eme division.

Projecteurs de terre du front et on vu……….. ?.... (illisible), général de division vêtu …………avec la chéchia.

 

4h retournons cantonnement. Avions volent toujours.

Me couche en rentrant. Tout bien.

Il fait doux, nuit splendide, Navarre et (R ou D)oillot, sur chasse-taubes, aérodrome près de nous .

 

(*) : Réseaux de fil barbelés

Jeudi 27 avril 1916

Repos, jus au lit.

Me lève à 8h30. Apprends par Brossard, hier un avion boche abattu sur Vauquois à coups de canon, certains entre nous l’ont vu tomber, et cette nuit en allant au ravitaillement ont vu un zeppelin aux Islettes, c’est pour cela que les projecteurs donnaient. Je vais laver avec DATH et DUFFANT.

Avions boches canonnés et mitraillés par Farman et Caudron.

 

Soupe midi, bifteck, macaronis. Ensuite nettoie et recoud capote. J’envoie lettre à frère et je reçois journal de Mr Gillot.

Achète le « journal », change de linge. Mange sardines et confitures avec DATH.

Toujours duel entre aéros et aéros et canons. 3 avions boches canonnés cependant veulent attaquer saucisse, mais celle-ci les met en fuite avec sa mitrailleuse. Soupe soir, bifteck, riz au gras, 1/4vin, jus rhum.

Toujours temps magnifique. Toute la journée, avions.

Aujourd’hui je remarque que Caudron et Farman attaquent avions éclaireurs boches. Roger me donne photos école ponts.

Vais près Maurice et Jean. Café, rhum, orange.

 

Rentrons nous coucher 23h tout le monde dort. Salut. (Voisin)

Vendredi 28 avril 1916

Réveil 4h30. On va travail tenue de campagne complète, car certains outils ont été perdus, c’est pour les rechercher. Je monte sac, je porte polochon en sac à terre contenant treillis et linge a cuisine LACROIX.

Partons à 6h.

 

Beau temps. Avions. En arrivant, faisceaux.

Avec DATH, je suis piquet retraite aux réseaux. Sommes bien tranquilles tous deux, loin des autres, avec caporal Gauthier.

 

Soupe midi, nouilles, biftecks, biscuits avec GÉNERMONT. Achète journal, apprend avion abattu Vauquois par Navarre- A 15c. Après midi même travail. A 15h20 quittons travail, revue par Lieutenant VETZTIN.

Partons ensuite, chaleur.

 

Soupe soir, haricots, biftecks, fromage 2/4vin, café, rhum, ¼ pain, rabiot.

Avions Boches venus presqu’au-dessus de nous au travail, un d’eux très bas.

Ensuite je vois LACROIX et François, écris. Canonnade très violente, ciel rouge embrasé.

1er départ permissionnaires partis avant-hier. Il part 3hommes tous les soirs par compagnie, anciens du front les premiers, le tour de la classe 16 après, on se base sur punissions, âge, et date de départ de R…..( ?)..

 

Ecris, je rentre me coucher 21h. Tout bien.

LACROIX m’a donné vin. Avions volent. Joue musique avec sergent VETZTIN.

 

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(Notes.)

 

Février 1916 – Friedrischoffen – par Karl Müller –

La forme du super zeppelin n’est plus celle du crayon, ou du cigare, mais celle du poisson .Son front est en pointe, mais il s’amincit vers l’arrière, il apparaît ainsi plus élancé, plus élégant. Ses gouvernails sont beaucoup plus grands, permettant des manœuvres et virages plus rapides. Le gouvernail de direction se trouve vers l’arrière des plans stabilisateurs verticaux. Il a au moins 3 hélices à 3 pales, 2 latérales et une autre à l’arrière.

Sa propulsion est assurée par 8 moteurs de 200 HP. Comme le zeppelin du type courant, il a 2 nacelles blindées. Le super zeppelin est un monstre colossal dont le volume représente 32000m3 (pour fixer les idées par comparaison, les plus grands paquebots déplacent 32.000 tonnes)

Sa vitesse moyenne est de 100 km à l’heure, il peut même atteindre jusqu’à 120Km heure. Il s’élève à 767 m en 5 minutes. Il peut naviguer d’une façon courante entre 3600 et 4000 m, il s’élève à cette hauteur en 5 a 6 minutes, d’où supériorité de l’aéronat – Il est a peu près invisible. Il est revêtu d’une sorte de manteau gris-argent, au moyen de poudre d’aluminium qui reflète l’ambiance, de telle sorte qu’il se confond avec elle ; l’armature métallique ne s’aperçoit pas à travers l’enveloppe, en plein jour, il est très difficile de distinguer l’aéronef même a une faible hauteur.

Le super zeppelin L Z 77 détruit à Brabant-le Roi par la section auto-canon de Revigny, d’après ses débris, 180 m de L, environ 30.000 à 32.000m3 – 5 hélices, on ne peut savoir, 4 ou 5 moteurs.

 

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Samedi 29 avril 1916

Réveil. Rassemblement habituel.

Je suis réseaux, petits fils de fer pour rendre plus difficile l’accès au 1er réseau.

Avions volent. Vent comme hier, aussi ni hier, ni aujourd’hui pas de saucisses, rapport vent. Beaucoup de nos « Voisin » et « Farman » volent. Je comprends leur rôle, dès qu’ils voient avions boches ils font signaux aux artilleurs et règlent leurs tirs, quant a eux, ils se tiennent a distance et mitraillent l’ennemi.

Très peu d’avions Boches aujourd’hui, ils fuient rapidement. Quelques Chasse-Taubes.

Vol, canonnade, on voit obus éclater front, que l’on distingue très bien, exemple côte 253.

 

Soupe midi, bifteck, macaronis. Champenois me donne vin blanc. Achète 1/2l Chocolat.

 

Après-midi même travail. 155 long, tirent précipitamment pendant un moment.

 

Soir, perçois carte militaire Rochard et Courtois.

Soupe haricots, omelette 2 œufs chacun, ¼ vin 1 tablette de chocolat ¼ café rhum.

Avions volent. Vais voir LACROIX et François, grogg.

Ecris, rentre à 21h. Me couche. « Voisin » volent toute la nuit. Lettre Champenois.

Dimanche 30 avril 1916

Dès le matin avions volent. Jus au lit. Me lève 7h.

Recoud pantalon, ensuite nettoie fusil, soupe 10h. On me demande mon adresse car je dois partir en permission cette semaine.

Je suis 1ere liste départs. On se base sur l’âge et punissions.

 

Soupe midi, bifteck et haricots. Temps nuageux et assez chaud. Pas saucisse à cause du vent.

Ensuite je vais près LACROIX et François. Je vais chercher cannes avec LACROIX.

Arrivés à la coupe, je pars d’un côté, LACROIX de l’autre.

 

J’entends un chasse-Taubes s’envoler non loin de nous au champ d’aviation. J’entends ensuite un grand bruit de moteur, plusieurs aéros doivent être en l’air en même temps. J’entends canonner, l’idée me vient tout de suite que nous avons affaire a une escadrille bombardement boche.

En effet, ils se sont glissés, pour la plupart au-dessus des nuages et ont ainsi passé les lignes, de tous les côtés, ils débouchent des nuages. Ils sont à 2000m environ ; ils sont très clairs, assez transparents, et la croix de fer, fait une tache noire sous leur plan inférieur.

Les premiers me dépassent, et immédiatement un sifflement derrière moi, une explosion, assez proche, suivie de plusieurs autres semblables. Je perds LACROIX, car je me suis avancé dans une clairière pour mieux voir.

Ne le voyant plus, je retourne au cantonnement.

Plusieurs bombes sifflent près de moi, épouvantables détonations. Les boches arrivent toujours. Canonnés, mitraillés de terre et mitraillés de nos avions, chasse-Taubes et quelques Farman et Caudron.

 

J’arrive à la cuisine, près des camarades escouade. Avions Boches, 25 environ, ils vont vite, ce sont des appareils assez rapides ne pouvant pas emporter une grande charge en projectiles, accompagnés de quelques avions de chasse, il doit même y avoir Fokker, a grande vitesse.

Bombes tombent toujours et avions sortent nuages, projectiles tombent du côté champ d’aviation, malgré cela un chasse-Taubes s’élève rapidement.

Dès qu’ils le voient monter, les boches les plus proches de lui, font un demi-tour et fuient immédiatement devant lui. Un bi-moteur s’élève ensuite ; Un boche serré de trop près par un chasse-Taubes, lâche les 3 bombes en même temps pour se sauver plus rapidement. Des combats au-dessus de chaque nuage et canons et mitrailleuses tirent.

Enfin les boches sont obligés de fuir rapidement. Un rideau d’arbres nous cache la fin du combat.

 

Je retourne auprès de LACROIX et François. On fait cuire des œufs sur le plat, 2 chacun, je les paie 0f20 à LACROIX qui se les fait rapporter de Ste Menehould par ravitaillement.

Envoie lettre à père Mr Andro et Mauthé. Vais à la soupe.

Vent s’apaise, saucisses s’élèvent. Soupe aux légumes, bœuf, fromage, haricots. Ensuite je retourne près LACROIX et François, mange haricots, vin et biscuits. Avions volent la nuit. Me couche ; Tout bien. Joue musique avec sergent VETZTIN.

Avions boches ont fait 40 victimes environ, morts et blessés compris.

Lundi 1er mai 1916

Nous restons pour faire tranchée abri, bombardement a proximité du cantonnement. Tranchées avec pare-éclats 1m80 de haut sur 1m. Je mesure tranchée avec asp-t Planche. Je suis avec GÉNERMONT, avons nos outils portatifs.

Beau temps. Avions volent.

J’apprends qu’hier 3 avions de l’escadrille boche furent abattus en repassant les lignes. 2 furent descendus par Navarre (c’est lui qui s’éleva quand les boches jetaient les bombes) et le 3eme le fut par l’artillerie.

Cette leçon a profité aux boches, car depuis hier on ne les voit pas.

 

Soupe midi, nouilles, bifteck.

 

Après-midi de 13h à 14h30 les boches lancent une trentaine d’obus à côté de Brabant. Quelques-uns n’éclatent pas. Soir corvée d’eau.

Aspirant Planche en permission.

 

Soupe soir, haricots, bifteck, fromage.

Mardi 2 mai 1916

Même travail qu’hier. Beau temps.

Suis encore avec GÉNERMONT.

Faisons boyau accès à la tranchée, même largeur, mais 1 m 50 profondeur.

 

Soupe midi, pommes frites et bifteck. Avions volent.

 

A 11h une escadrille de bombardement composée de plusieurs grands bi-moteurs Farman et Caudron escortés de quelques chasse- Taubes, se forment au dessus champ d’aviation et part direction lignes.

Je les vois revenir 3h après.

 

Après-midi les boches tirent sur saucisse de Clermont et celle qui est près de nous, inutilement.

Violente canonnade. Boches attaquent Mort- Homme et côte 304.

Vais boire jus avec LACROIX et François.

Pluie toute la journée.

Mercredi 3 mai 1916

Je suis malade, rhume de cerveau et diarrhée. 6eme escouade et 3 h..5e ie .

DATH, Guillaume et moi restons pour finir tranchées, abri. Charmont et Brossard, chefs de chantiers.

Achète 1/4 chocolat.

Soupe midi : macaronis hareng salé, morue.

Champenois nous fait chacun 2 quarts de jus excellent ; Vais chercher muguet. N’en trouve pas.

Toujours grand nombre d’avions en l’air, chasse-Taubes, bi-moteurs. On ne voit plus avion boche. Saucisses sont en l’air.

Je reçois lettre de Laval et carte de René.

 

Après midi, même travail. Pluie et orage ; On voit un petit ballon- sonde au loin dans les nuages. Farman tourne, 1heure environ au-dessus aérodrome et Bois le Comte et lancent des fusées.

 

Soir, ravitaillement n’arrive pas, bombardement, sans doute. On a chacun ¼ bouillon concentré, gruyère. J’ai acheté deux œufs à LACROIX et il m’a donné sel et poivre (œuf 0,20) on a pris une boite de singe pour 2 sur nos vivres de réserve.

Ensuite je vais près LACROIX et François. Je mange haricots verts. Bois ¼ vin.

Jeudi 4 mai 1916

Allons aux tranchées. Sommes réseau fil de fer avec 113 RI.

Chaleur, toujours très grand nombre d’avions en l’air. Surtout avions de chasse. Depuis leçon de dimanche, boches ne se risquent pas à passer les lignes. Par contre des Farman amusent artilleurs boches, se faisant canonner en volant très bas au-dessus des lignes.

Traçons réseau et enfonçons piquets.

 

Soupe midi, riz et bifteck. Achète journal.

Profitant d’un moment ou surveillance avions relâchée, un boche vient non loin de nous, est canonné et retourne.

 

Après-midi, même travail.

Soupe soir. Singe macaronis fromage, ¼ vin, ¼ jus.

Vais près LACROIX et François.

Pluie soir. L’après-midi on se planque sous pommier, moi je regarde lancer fusées asphyxiantes.

Besson et Bigard, sont pris par le lieutenant Bodineau, moi je manque y être !

Vendredi 5 mai 1916

Retournons au réseau.

On ne fait presque rien, ce sont fantassins qui travaillent pour nous.

Soupe, bifteck et macaronis. Je sers viande, ne mange pas les macaronis.

 

Après-midi, trace tranchées avec caporal Gauthier, Picard, Bijeard et les Lieutenants Lieutaut et Bodineau.

On part 16h.

Passons a quelques-uns par Brabant, Zouaves et tirailleurs partent pour attaque.

Depuis début de semaine, boches attaquent de notre côté tous les jours, on entend violentes canonnades et on voit marmites éclater sur ligne front, surtout derrière Bois d’Avocourt, du côté Mort-Homme et côte 304.

En ce moment, moins de discipline que jamais on part et on revient du travail comme on veut surtout nous a la 5e escouade.

On mange en rentrant, lentilles et bifteck, ¼ vin ¼ jus.

 

Soudain, orage, une violente bourrasque s’élève courbant les cimes des arbres. Les aérostiers cherchent à descendre les saucisses, mais malgré leurs efforts, les 2 saucisses les plus proches de nous, cassent leur câble et s’échappent. C’est la proche de nous qui rompt son câble la première. La secousse est si violente qu’elle fait trois fois la boucle, elle monte assez lentement, par 2 fois l’aéronaute jette des objets assez volumineux par-dessus bord, ensuite un autre objet qui semble assez volumineux par-dessus bord, et ensuite un autre objet qui semble immobiliser la saucisse un moment.

Bientôt un énorme paquet quitte la nacelle, tombe 50m environ et le parachute se déploie, l’aéronaute vient de quitter la saucisse désemparée qui d’un bond disparaît dans les nuages. Le parachute terriblement ballotté descend dans les lignes.

A peu près au même moment la seconde saucisse s’échappait, la même scène se passait mais, malheureusement le parachute ne s’ouvrait pas et le malheureux aéronaute était tué.

Quant au 1er j’appris par la suite qu’il était atterri un peu à l’arrière des lignes, blessé par un éclat d’obus que les boches lui avaient envoyé pendant sa descente. C’était un caporal qui montait pour la 1ere fois dans la saucisse. Nous avons perdu environ 6 saucisses et les boches autant.

La moitié des pilotes furent tués.

 

Ensuite j’allais près LACROIX ; vin et biscuit. J’envoie lettre parents.

Avant orage, remarque dans l’air, ondes ressemblant fumée et arc-en-ciel, près soleil. Je reçois lettre frère.

Samedi 6 mai 1916

Réveil à 5h.

5eme escouade avec caporal Liutingue (?) pour tranchée.

Beau temps jusqu'à 8h. Ensuite pluie. Avions jusqu'à 8h.

Faisons petit fil de fer premier intervalle réseau. Je fais bobine avec Picard.

Soupe, riz au lait, bifteck. On va manger cantonnement, 29e territorial, cause pluie.

 

Après-midi, même travail, matin. On s’en va 16h. Soupe en rentrant : haricots, fromage, bifteck, ¼ vin ¼ jus. Je vais ensuite près LACROIX et François. Par moment 115 long, lancent bordées pendant ½ heure.

Dimanche 7 mai 1916

Me suis levé cette nuit, diarrhée, suis malade. Je reçois lettre parents.

Je bois jus. Reste au lit toute la journée. Ne mange presque rien, un peu de riz au lait midi.

 

Après-midi, Garnier m’apporte thé que je rends ……(?)

 

Soir ¼ jus et gâteau donné par caporal.

Beau temps. Avions volent. Il n’y a que 2 saucisses en l’air, les autres pas remplacées. Soir vais un peu mieux.

DATH et Garnier se sont occupés de moi. Ils m’ont apporté manger et boire. Tout bien.

Apprends pars en permission, mardi 9 courant.

Lundi 8 mai 1916

Pluie toute la journée.

On prend travail par relèves à partir aujourd’hui. Ce soir on commence à 17h30. 4, 5, 6e escouades, puis relève 1, 2, 3e qui ont commencé à 7h30.

Soupe midi.

Repos, on s’est levé à 10h pour soupe. On ne fait rien.

Je vais voir LACROIX et François.

 

Soupe soir. Travail nuit, on commence tranchée.

Suis avec Biette.

Mardi 9 mai 1916

Reste au lit toute la matinée. Soupe.

 

Après-midi, prépare affaires a emporter, me fais raser et couper cheveux. Je pars avec Durant, Anen. Quitte cantonnement à 20h. Passage à travers bois.

Traversons Clermont.

Arrivons gare, ou plutôt quai en plaine, sans couverture à 23h30 entre Clermont et les Ilettes, appelé « la Thibaudette ».

Attente pluie. Train à 1h30.

À 6h Revigny, ai dormi. Faisons timbrer permission. Continue avec Anen qui va à Bar-sur-Aube. Jessain.

Troyes, attente. Romilly, 19h30.

Arrivée maison, JOIE.

 

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Jours de permission, aucune note

 

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Vendredi 19 mai 1916

Lettre père, mère, frère.

A 5h environ m’éveille. Passons à Suippes, canon, vois pays détruit en partie. Avions canonnés.

Cantonnement arrière tout long voie.

 

Enfin 6h30 arrive à Sainte-Menehould, canon. Une marchandise part dans 1h à Clermont. Je le prends avec quelques autres permissionnaires. Partons 8h 30 environ.

Ilette, arrêt, gare abimée par obus. Avions boches canonnés. Quelques obus passent en sifflant au-dessus de nous. Apprends un avion boche descendu près de la voie ce matin ; pilote, une balle mâchoire, éclat obus épaule. Je le vois en passant, c’est un biplan en très bon état, atterri normalement, aviateurs prisonniers.

 

Enfin, 9h30, arrivée Clermont. On ne me timbre pas ma permission. (*)

Je prends la route Clermont, passe Vraincourt. Une marmite 210 non éclatée, bord de la route. Je me mets à l’ombre bosquet et mange.

Canonnade, comme jamais entendue !

Enfin je vois Brabant. Les saucisses sont en l’air, toutes remplacées.

 

(*) : Les feuilles de permission étaient timbrées au départ et à l’arrivée des permissionnaires.

Samedi 20 mai 1916

N’ai pas très bien dormi.

Me lève à 7h. Jus.

Corvée de nettoyage cantonnement. Ai été chercher bois, muguet.

Ensuite écris père, mère, frère. Avions volent.

Tout bien. Soupe, nouilles, bœuf-mode. Vais voir LACROIX, ¼ jus rhum. Range affaires.

DATH part en permission.

 

Soupe soir, macaronis, bifteck, ¼ vin ¼ jus rhum.

 

A 17h, partons travail. DATH va au train. Suis abri caverne 3, avec Guillaume.

Retirons énorme pierre. Lutte avion. Je vois descendre un boche par chasse-Taubes. (fumée jaune ).

Avions toute la journée, canonnade toujours très violente. (Casse-croûte gruyère, nuit).

Nous sommes trois Guillaume …………( ?) travaille seul. Voisin volent nuit. Feux rouge/ vert. Je vais arranger la lampe. Roger et caporal Gauthier gardent magasin tous les deux. Roger me paie ¼ jus Tout bien.

 

Partons à 1h du matin. Fais lit avec Dupont, Bonne nuit.

Canonnade toujours violente.

Le matin, volontaires sont partis en renfort à leurs compagnies 1e, 2e 4e, génie. 20/101, trentaine, quelques-uns d’une Cie territoriale.

Dimanche 21 mai 1916

Je suis éveillé à 5h. Ai bien dormi.

Entends violente détonation. Une escadrille bombardement boche lance bombes de notre côté mais assez loin. 50 bombes environ.

Me rendors jusqu'à 8h. Reste au lit jusqu'à 10h.

 

Beau temps, toujours canonnade. Soupe haricots. En suite bois.

Vais avec Bresson à l’ombre. Chaleur. De nombreux avions. Allons échanges. Je touche chaussettes et bandes molletières. Soupe soir. Riz au lait et viande dans son jus. Gamelle pleine de riz. 2/4 vin, confitures,1/4 jus rhum.

Bresson me donne ¼ chocolat.

Ensuite coups mitrailleuses. C’est un chasse-Taubes et un boche, qui se mitraillent. Aussitôt le Boche pique en flamme : il est descendu et l’avion de chasse revient atterrir à son aérodrome derrière nous, il rentre très vite même, heureux de sa victoire.

 

A 20h me couche. Joue un peu musique. Il parait que le boche détruit venait de détruire un Farman, au moment ou un chasse-Taubes vient le descendre.

Girault en permission.

Lundi 22 mai 1916

Hier, repos, on ne travaille que ce soir. Ai très bien dormi. Bonne nuit. Me réveille 7h. Jus. Toujours beau temps. Me lève à 8h30, vais au bois avec Guillaume.

Sur journal, BOILLOT, sur chasse-Taubes tué samedi. (*)

Joux rentre de permission. Soupe haricots, bifteck, confitures. Envoie carte-lettre parents.

Vais voir LACROIX et François. LACROIX est en permission ce soir.

Chaleur. François m’a proposé aux ss/off pour remplacer LACROIX comme cuisinier. Combats d’avions.

Je grave bague Girault. Mange confitures et « louch tongue » à Biette. Vais distribuer avec Champenois.

Brossard, me donne ¼ rhum. Touchons pré : j’ai 6f 05.indemnité de route.

Combats avions. Beaucoup saucisses en l’air.

 

Souper soir, bifteck, nouilles, 2/4 vin, jus rhum. Vais voir LACROIX et François. LACROIX se prépare à partir, il emmène son chien.

Buvons café ensemble. Je fais jus et vaisselle avec Maurice.

 

À 20h, LACROIX part.

Me couche dans son lit. Apporte mes affaires ici. Bien installé. Tout bien. Joue musique.

 

(*) : Boillot Georges, sous-lieutenant pilote du 1e groupe d’aviation, escadrille N°65, mort pour la France à Vadelaincourt, Meuse (corps déposé dans ce lieu), tué à l’ennemi en combat aérien, le 19 mai 1916.

Il était né à Valentigney (Doubs), le 3 août 1884.

Mardi 23 mai 1916

Réveil 4h30, Bonne nuit. Bien dormi.

Maurice fait jus. Me lève, buvons café au lait condensé.

Avions sortent peu : vent. Pas de saucisse en l’air, même cause.

Je vais au bois avec Maurice. Je le casse en rentrant. Je mange saucisson. Tous embusqués sont remplacés.

Joux est nommé cyclo, a la place de Gley. Vais à l’eau.

On fait a manger, et vais servir les ss/off à table. On mange haricots, biftecks 2, vin à volonté. Sardines, café rhum ; Très bien nourris. On fait vaisselle, on range tout.

Je retourne à l’eau. En rentrant épluche pommes de terre, et on fait manger pour soir.

Vais distribution.

 

Ensuite sers sous/off.

A table. On mange avec Maurice, soupe, haricots en conserves (bouillon condensé) bifteck et P- de-Terre avec sauce viande .Vin à volonté.

Ensuite café rhum.

 

Une escadrille d’avions boches se fait canonner en cherchant franchir lignes.

Ils réussissent et jettent bombes loin de nous, dans les lignes, je crois même. Nos avions sont en l’air : chasse-Taubes, Bi-moteurs, etc .. . . Vaisselle. Joue musique avec sergent VETZTIN. Allons à l’eau avec Maurice.

Jus en rentrant et on se couche à 21h. Tout bien.

Mercredi 24 mai 1916

On se réveille à 4h.

Des avions boches jettent encore des bombes loin de nous. Maurice se lève, fait jus. Moi je dors jusqu'à 6h. Je bois jus au lait. Vais chercher bois.

Nombreux avions volent, on mange pain, bifteck en rentrant.

 

Faisons soupe pour midi. Je sers avec Maurice et mangeons.

Allons eau et bois. Toujours avions.

Soupe soir. Mieux nourris qu’à l’escouade. Vin, eau-de-vie, café, pain à volonté, meilleure cuisine, meilleurs parts.

 

Soir j’envoie lettre à parents.

Depuis que je suis rentrée permission, canonnade tous les jours, attaques de notre côté, Mort-Homme, Cumières, cote 304, Douaumont.

Jeudi 25 mai 1916

Habituel réveil, Maurice 4h, moi 6h. Jus, Vais au bois, ensuite à l’eau.

Chef rapporte de Ste-Menehould, œufs, conserves, choucroute et cornichons, artichauts, oranges, etc…

Soupe aux lignes soir : bifteck, nouilles, gruyère. Tout bien.

Reçois « Patriote Aube ».

Avantages d’être aux cuisines : avons tout a volonté. Plusieurs fois par jour, jus ainsi qu’eau de vie, vin à discrétion, gruyère, biftecks. Il y a toujours bons restes.

Trois repas, bonne nourriture bien faite ; biens logés, couchés, pas trop ennuyés.

Pas saucisse et pas d’avion.

 

Mauvais temps pluie, on se couche 21h. Joue musique

Mercredi 26 mai 1916

Maurice se lève à 4h moi à 6h.

Allons au bois et eau. Jus au lait. Faisons manger : bifteck, lentilles et potage.

 

Après-midi, retournons au bois pour soir : artichauts, riz au lait, rôti.

Sergent Careta, nous donne pain épices. Herbin, permission.

Reçois carte militaire Faure et carte postale DATH. Grave pipe à Maurice. Toute la journée ai travaillé pipe à Maurice.

Ni avion, ni saucisse, pluie. Inconvénients : sommes tenus toute la journée ; salis, aller eau et bois, avons à peine temps d’écrire.

Avons bien des instants pause mais ne pouvons écrire car popote a surveiller ou table encombrée et mains sales. Canonnades toute la journée : Attaque.

Samedi 27 mai 1916

Maurice se réveille à 4h il me réveille à 6, jus au lit, rhum.

Sergent Caresta va à la relève à 7h30. Allons à l’eau.

Ensuite je vais seul au bois, je le casse. Casse-croute, artichaut vinaigrette. Picard et sergent fourrier, rentrent de permission. Pluie toute la nuit. Pas avion ni saucisse.

Fini pipe à Maurice. Je lui ai sculpté écusson génie et pot de tête, 1916 et « bois le comte ».

Joux me rapporte journal tous les jours depuis qu’il est cyclo.

 

Soupe midi : bifteck. Biette, Champenois, Brabant versés 7ème escouade.

Canonnade continuelle.

Dimanche 28 mai 1916

Réveil habituel, allons à l’eau. Je fais feu qui ne veut pas brûler. Ensuite vais au bois. Casse-croute, confitures. Avions, Saucisses.

Ai été réveillé ce matin à 3h par escadrille avions boches jetant des bombes 5 à 6 km de nous environ. Me suis levé mais rien vu.

Midi, œufs sur le plat, macaronis gratin, bifteck.

Je retourne seul au bois, 2 fois. Soir je fais bonnes frites, morue.

Reçois lettre Laval et 3 cartes LACROIX. Tout bien. Fais pipe à Caresta. Toujours bien nourris, confitures, fromage, etc, vin café eau de vie, tout volonté.

Lundi 29 mai 1916

Maurice debout depuis longtemps. Jus. Fais feu.

Vais à l’eau et laver riz. Feu ne veut pas brûler, comme hier. Macaronis gratin, bifteck, choucroute en boite.

Sers à table. Joux m’apporte journal ainsi que glace et peigne, lui ai demandé ; Vais au bois après manger.

DATH rentre de permission, cigare, on lui donne 1/4 jus, car il est venu manger à la cuisine.

Après manger vais deux fois au bois. Cause avec Merbier (*) et copains de la 5ème escouade.

Je reçois lettre frère, et une carte de Maizières (**) de Mère.

Mange confitures, soir bifteck, riz au lait, choucroute.

 

Joux vient nous voir le soir. Canon gronde violemment sans arrêt.

Charpentier vient causer avec nous un moment, ensuite Varnier et Vertzin viennent me faire jouer musique. Quand sont partis, j’envoie carte-lettre parents et frère.

 

Me couche à 21h.

A peine au lit, les boches envoient une dizaine de grosses marmites non loin cantonnement, on les entend très bien siffler, ainsi que les départs.

 

(*) : Orthographe incertaine

(**) : Maizières-la-Grande-Paroisse, village près de Romilly-sur-Seine (Aube), région natale de « notre » sapeur.

Mardi 30 mai 1916

Bonne nuit.

Canonnade. Me lève 7h30. Vais à l’eau avec Maurice. Ensuite, bois, fais manger pour midi.

A 9h, je casse-croute. Riz et bifteck.

 

Midi plusieurs œufs sur plat. Maurice part en permission ce soir.

Mercredi 31 mai 1916

Envoie lettre parents et lettre frère.

Me lève 3h30, fais jus.

Jeudi 1er juin 1916

(Aucune note)

Vendredi 2 juin 1916

Reçois une lettre père, arrivée hier, égarée à 7/101, et « Patriote Aube »

Samedi 3 juin 1916

Une carte de Maurice.

Dimanche 4 juin 1916

Biette part en permission, soir, prévenu à 19h en rentrant du travail, je n’ai pas le temps de lui donner une lettre. J’en écris une autre immédiatement.

Donc, envoie lettre à parents.

Lundi 5 juin 1916

Reçois 4 cartes de Maurice. Détonations, dépôt munitions saute.

Sergent Herbin, rentre de permission. Pluie.

Mardi 6 juin 1916

Pluie, envoie lettre parents.

Mercredi 7 juin 1916

Pluie.

Jeudi 7 juin 1916

Lord Kitchener. Maurice rentre permission.

Vendredi 9 juin 1916

Reçois lettre frère, carte Maurice. « Patriote Aube »

Écris à 4 demoiselles pour demander correspondance.

Samedi 10 juin 1916

Me lève à 8h, mon escouade repos.

Toute la journée suis cuisine ss/off. Mangé avec François et LACROIX midi. On ouvre boite saucisses que j’ai ramené de permission.

 

Soir, vais manger à mon escouade.

Ils vont, travail à 17h, mais je n’y vais pas.

Passe la soirée cuisine SS/off.

Dimanche 11 juin 1916

Me lève 8h. Aussitôt après avoir bu café vais près LACROIX et François. Vais soupe escouade.

Lundi 12 juin, Mardi 13 juin 1916

(Aucune note)

Mercredi 14 juin 1916

5eme escouade travaille. 7h, me lève.

Vais cuisine. LACROIX au lit. Biette et Roger rentrent de permission.

Vais au bois, Biette me rapporte coli. Tout le monde chez moi, bonne santé. Tout bien. Donnent bonjour. Mon frère pas reçu boussole, n’a pu la donner à René..

Retourne à ma cuisine. Ouvre paquet : 1 boite de jambon, 1 poulet, 1 maquereaux en conserve, 1 boite camphre, sucre Zan, 5 œufs, porc cuit (dans un torchon), saucissons teinture d’iode, moutarde, cigarettes anglaises.

Tout très bon état. ; Heureux, content.

 

Enveloppe boite à sucre. Le fond de la boite est tenu rigide par calendrier 1914. Je revois la date me faisant songer GUERRE/TM 1174

etc …..Le brûle pieusement.

 

Soir avec Maurice et Albert. Mangeons pieds-de-porc, et œufs le tout excellent.

Soir envoie carte habituelle…parents.

Bombardement voie Decauville, et Brabant. Canonnade, attaques.

Jeudi 15 juin 1916

Avance heure cette nuit : 23h = minuit. Matin me lève à 8h.

Vais eau après avoir pris café. Reçois « Patriote Aube »

Envoie lettre parents, et caricature : « nos ennemis, Boches » à mon frère.

 

(Carte militaire dessinée au dos. Jointe au carnet)

« Un Kamerad du vieux bon Dieu. Rare intermédiaire entre l’homme et la bête. Brute avinée, crâne étroit. Grande bravoure devant les femmes et les enfants, mais détalant avec une rapidité étonnante devant les poilus, (même imberbe de la classe 16).

Pousse des cris inarticulés : Och ! Ach ! Dans la plus grande frayeur, son cri se change en : Kamerad accompagné d’un geste catégorique : mains en l’air ! »

Vendredi 16, Samedi 17, Dimanche 18, Lundi 19,

(Aucune note)

Mardi 20 juin 1916

Avions, escadrille Française grands bimoteurs. 5 partent bombardement.

 

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Plus aucune note les 21-22-23-24-25-26-27-28-29-30-juin 1916.

 

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Samedi 1er juillet  1916

Lieutenant, capitaine.

Dimanche 2 juillet 1916

Beau temps. Mal dents.

Relève 2h. Lutte avions. Attaque matin. Saucisse près de nous.

Toujours abri. Tout bien. En revenant travail, cinq chasseurs se suivent.

Biftecks nouilles et 2/4 vin, celui à Picard avec Allard.

 

Après-midi me couche dehors avec DATH et Picard.

Ne puis dormir, mal dents. Front calme. Avons vu Robeline de la 102, au 6eme génie maintenant.

 

 

Ceci termine le récit du second carnet.

Suivent plusieurs pages blanches.

Certaines portent des annotations, sans aucun ordre chronologique.

 

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Vers le troisième carnet

 

Je désire contacter le propriétaire des carnets de Beauchemin

 

Vers d’autres témoignages de guerre 14/18

 

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