Recueil et carnet de guerre de Gilbert BELLOC

Infirmier et musicien au 58e régiment d'artillerie, puis 258e régiment d’artillerie

 

 

 

« Je suis Philippe, petit-fils d'un "ancien de Verdun", Gilbert BELLOC, qui a laissé un petit livre relatant, jour par jour, "sa campagne 1914-1918" avec quelques photos. Cette année marquant le centenaire de la fin de cette guerre, je serai particulièrement sensible à faire connaître ces écrits qui peuvent, certainement très modestement, à apporter des renseignements précis sur les lieux, théâtres des opérations et les hommes qu'il a connus et dont certains ont perdu leur vie.

Il était brigadier-infirmier, au premier plan des lignes de tir. Ce livre est écrit à la plume, d'une belle écriture inconnue aujourd'hui. »

Je désire rendre hommage à un homme que j'ai aimé et qui m'a apporté beaucoup en rendant public ses écrits.

C'est, je crois, l'année de le faire. »

 

 

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Introduction

-Gilbert Jean BELLOC, commis des postes, est né à Bordeaux le 4 février 1891, donc 23 ans à la mobilisation. Il fait son service militaire aux 24e, 14e régiment d’artilllerie (RAC), matricule 2099. En août 1914, il passe au 58e RAC

 

-Le 58e régiment d’artillerie fait partie de la 18e brigade d’artillerie et est l’artillerie du 18e corps d’armée.

Il est composé de 4 groupes d’artillerie composés chacun de 3 batteries. Gilbert BELLOC sera infirmier au sien du 3e groupe, 7e batterie, 7e pièce.

Une partie du 58eRAC deviendra le 258e en avril 1917.

 

-Il fait de temps en temps des commentaires qui permettent d’expliquer certains faits, je les ai donc volontairement mis en italique.

Des notes en bleu ont été ajoutées pour la compréhension du texte.

 

-Pour les internautes ne « connaissant » pas grand-chose à l’artillerie et ses termes techniques (comme « échelon », « parc », « avant-train »…), il est conseillé de lire cette page avant de commencer le récit de Gilbert BELLOC.

 

- Gilbert BELLOC a aussi tiré des photos que vous pouvez trouver dans le texte et ici.

 

-Voir sa fiche matriculaire – ici – (2 pages)

 

 

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MOBILISATION GENERALE LE DIMANCHE 2 AOUT 1914

La mobilisation générale, sonnée et affichée le samedi 1er août 1914 vers 17h, me trouve à la musique d’artillerie du 18e corps, à Tarbes, quartier Soult, où je terminais ma deuxième année de service militaire.

Le capitaine commandant le P.H.R. (*) nous donne lecture de nos affectations comme brancardier dans les 3 régiments de la brigade : 58e, 24e et 14e d’artillerie. C’est ainsi que je suis affecté en cette qualité au 58e de Bordeaux, caserne Nansouty.

 

(*) : PHR : Peloton Hors-Rang : secrétariat, infirmiers, transmissions, vaguemestre, musique…

 

Le dimanche 2 août, au réveil, nous jouons pour la dernière fois la « Marseillaise », « Sambre et Meuse » et la « Marche Lorraine » dans la cour du quartier, sous la conduite du sous-chef MALLET (le chef de musique GAROT étant malade depuis l’hiver dernier.)

Je suis dirigé sur Bordeaux le soir de ce jour à 23h.

 

Arrivée à Bordeaux le lundi 3 à 18h1/2.

Durant tout ce trajet, des ovations accueillent notre train de mobilisation à toutes les gares et passages à niveau.

Je me rends aussitôt au quartier Nansoutyje suis affecté à la 7e batterie dont le dépôt de mobilisation est situé à Talence rue Rouget de l’Isle, dans la fabrique de chaussures BIZET et dans divers autres locaux avoisinants.

Je me rends ensuite à mon domicile et le lendemain matin à la première heure me présente au bureau de la batterie où l’on m’habille et m’affecte à la 7e pièce, rue Rouget de l’Isle, chez Mr CAUJAC, camionneur.

Je retrouve là quelques camarades de la musique notamment LALAURETTE (*) et SEGUIN, mais je ne profite guère de ce cantonnement car les nombreux loisirs qu’on nous laisse me permettent de me rendre chez moi pour prendre mes repas.

Le peu de service qu’on nous demande porte sur notre équipement, armement et en ce qui nous concerne spécialement sur l’organisation du service médical et la composition de la voiture médicale.

 

Le service médical, au départ de Bordeaux est ainsi constitué : (**)

-Médecin aide-major 2e classe, chef de service : COTTARD,

-Médecins auxiliaires : CHEVALIER et MAZÈRES (adjudants),

-Brigadier-infirmier : ANGLADE, brigadier,

-Brancardier : VIVES, pour le groupe de 3 batteries.

A chaque batterie sont affectés : 1 infirmier et 4 brancardiers, qui sont pour la 7e batterie : Infirmier : DUPUY, Brancardiers : LALAURETTE, SEGUIN, PORTEL, BELLOC.

 

Nous embarquons pour une destination inconnue le samedi 8 août aux quais militaires de la gare Saint-Jean.

Durant le trajet de Talence à la gare, nous sommes salués par les ovations des personnes massées sur les trottoirs et dont beaucoup nous jettent des fleurs.

 

Nous partons à 0h15 le 9 Août. Itinéraire : Bordeaux, Angoulême, Poitiers, Tours, Orléans, Montargis, Tonnerre, La Roche, Chatillon s/Seine, Chaumont, Vaucouleurs.

Avant d’arriver à Chatillon, un accident survenu à un train qui nous précédait nous immobilise durant de longues heures. Nous débarquons le 11 août, à 16h, à Vaucouleurs (M. et M.) par une chaleur torride.

Nous partons aussitôt le débarquement et arrivons à 17h à Rigny-St Martin.

 

(*) : LALAURETTE Pierre Roger, né à Bouscat le 6 mai 1890, matriculaire 1907, est aussi musicien. Dans le civil il est imprimeur-typographe. Il fera une bonne partie de la guerre avec Gilbert BELLOC. Il sera cité à la brigade d’artillerie en avril 1918. Il restera au 58e RAC toute la guerre.

 

(**) : Il s’agit du service médical de la 7e batterie

12 août.

Repartis pour Toul à 2h.

A 8h, le timon de mon caisson casse. (*)

Nous le réparons sur la route mais le reste de la colonne ayant continué la route, nous errons à sa recherche toute la journée.

Nous la rejoignons à 19h à Manoncourt, petit village à 13km de Toul, sur la route de Pont-à-Mousson.

 

(*) : Le timon est une longue pièce de bois ou de métal située à l'avant-train du caisson et à laquelle on attelle un ou plusieurs chevaux.

13.

Repos

14.

Des convois de fantassins ne cessent de passer dans la direction de Pont-à-Mousson où l’on entend une canonnade assez vive. Quelques avions.

16.

Manœuvre d’une diz. de Km.

17.

Passage du 144e et 57e d’infanterie. Le bruit court que nous allons partir pour la frontière belge.

18.

Départ à 18h pour Toul. Embarquement à 22h. Départ à 23h30.

19.

Débarquement à 13h à Avesnes (Nord).

Départ immédiat pour Felleries (Nord) nous sommes à 13km de la frontière belge. Accueil sympathique.

J’ai même la bonne fortune de faire avec quelques camarades un somptueux repas, chose dont je serai privé pour de longs jours.

20.

Départ à 8h.

Nous traversons la frontière belge. La traversée de cette partie de la Belgique est marquée par un accueil chaleureux. A chaque village, on nous bourre d’œufs, de fruits, etc…

Arrivée à 11h à Sivry (Belgique).

21.

Départ à 7h.

Même accueil que la veille sur notre passage.

Arrivée à 10h à Beaumont, très coquette petite ville où se remarque notamment sur la place le « Palais du Prince ». Le parc du régiment est formé dans le jardin public.

Dans la soirée, un avion allemand survolant la ville de très bas est accueilli par des coups de fusils et remonte rapidement. Nous apprenons plus tard qu’il a été abattu à 15km de là ( ?).

22.

Départ à 13h.

Arrivée à Thuillies à 15h.

A partir de ce moment seulement nous avons vision de la guerre.

Nous rencontrons sur notre route des groupes de familles quittant Charleroi et ses environs en emportant tout ce qu’il leur est possible et poussant devant elles leurs troupeaux.

Les batteries de tir partent à 19h prendre position, mais l’échelon passe la nuit à Thuillies dans une immense grange.

Je reste avec cet échelon, car le contact entre les batteries et le service médical n’est pas encore exactement établi.

 

(*) : Thuillies se trouve à 10km au sud de Charleroi (Belgique)

23.

Première journée de combat.

L’échelon part à 3h rejoindre la batterie de tir et se place en arrière d’elle. Il prend un premier emplacement qu’il quitte presqu’aussitôt pour un autre, à proximité des batteries du groupe.

 

(Les règlements de l’artillerie prévoient que les échelons de combat doivent prendre place en arrière des batteries en tirant parti autant que possible de la nature du terrain).

 

Le combat de Charleroi commence pour nous vers 11h.

Le groupe tira de 11h à 18h environ 800 coups de canon par batterie sur des objectifs découverts (passage de la Sambre et lisière d’un bois) ce qui dut faire de terribles ravages dans les rangs ennemis. Nous n’essuyons que quelques obus dont un grand nombre, fort heureusement, n’éclate pas.

Le personnel de l’échelon, dont nous étions, se défile derrière le talus de la route lorsque tout à coup un cri retentit : « les uhlans, les uhlans !! » en même temps que des balles passaient au-dessus de nous ; on s’aperçoit vite que ces uhlans ne sont autres que des hussards sur lesquels tire l’infanterie allemande ce qui explique les balles qui arrivent jusqu’à nous.

Arrivés en vue de la batterie qu’ils ne soupçonnaient pas être là, ils font un crochet à leur droite et disparaissent dans un bois.

 

En fin de journée les deux ailes (1er et 3e corps) s’étant repliées, nous suivons le mouvement de retraite et retournons au cantonnement de Thuillies, ayant les Allemands fort près de nous. Nous voyions les meules de paille flamber au-devant de nous, des éclairs de la canonnade qui se continuait dans la nuit.

(Il ne s’agissait que de faits isolés car au début de la guerre, les opérations ne se continuaient pas la nuit) et au loin Charleroi qui brûlait.

Néanmoins la nuit fut tranquille pour nous.

24.

C’est à partir de ce jour que commence la retraite dite « retraite de Belgique ».

Ce sera surtout une fuite la fuite devant l’ennemi qui nous déborde par son nombre et qui tente d’arriver à Paris le plus rapidement possible.

Tout fuit devant l’invasion allemande, civils et militaires et même les animaux que leurs propriétaires tentent d’emmener avec eux. On rencontre sur les routes des convois d’habitants emportant avec eux tout ce qu’ils peuvent sur des brouettes, des carrioles que, le plus souvent ils poussent à bras et que souvent aussi ils sont obligés d’abandonner. Leurs troupeaux sont poussés devant eux, encombrent souvent les routes ou se dispersent dans les terres pour être amenés à nouveau par qui peut s’en charger ; différemment ils tomberont aux mains de l’ennemi.

Nous ne pouvons donc contenir l’ennemi et la Belgique tout entière sera d’ici peu aux mains des Allemands.

 

Nous partons de Thuillies à 4h.

Repli sur Beaumont que nous avions connu si riant et qui est maintenant désert.

Course vers la frontière que nous repassons à 17h. Nous passons ainsi Sivry, Solre-le-Château, Felleries et cantonnons à Sémeries (Nord).

25.

Départ à 2h. Repli sur Avesnes où nous arrivons à 20h 1/2.

A ce moment, nous avions l’ennemi pas très loin de nous car ses avant-gardes arrivèrent dans la ville peu de temps après notre départ.

26.

Départ à 3h.

Dans la soirée, l’ennemi étant signalé, les servants se portent en avant de la colonne, mais rien n’apparaît. Nous arrivons à Leschelle (Aisne) à 17h sans autre incident.

27.

Le repli s’accentue toujours.

On nous lit une note du commandement supérieur annonçant aux troupes deux succès, l’un russe, l’autre serbe, et assurant que le mouvement de retraite que nous effectuons est l’exécution d’un plan qui a pour but d’attirer l’ennemi en un endroit favorable pour nous.

 

Arrivée à 16h à Mortefontaine (Aisne).

A l’arrivée dans les cantonnements, le soir généralement, des ordres sont donnés pour indiquer si les chevaux doivent être dételés ou non ainsi que les endroits affectés aux pour leur couchage ; ces endroits sont d’ordinaire, des granges, des meules de paille ou, lorsque les moments sont trop critiques, le voisinage immédiat de leur caisson.

C’est à partir de ce moment de ces notes que la retraite devient la plus dure. La viande pourrit sur les caissons faute de cuisson car les feux ne sont permis que rarement et lorsque les batteries sont bien défilées de l’ennemi.

A l’arrivée au cantonnement on doit généralement se contenter de viande de conserve à laquelle viennent quelquefois s’ajouter du bouillon ou du café ainsi que toutes choses bonnes à manger que nous trouvons dans les maisons abandonnées.

28.

Départ à 6h.

Arrivée à 11h à la Ferté-Chevresis.

29.

Départ à 2h.

Les batteries du groupe prennent position entre Sissy et Ribemont, à environ 10km du cantonnement.

Le combat commence à 8h. L’échelon se trouve derrière la batterie et essuie quelques obus qui ne lui font aucun mal. Il n’y aura d’ailleurs pas de pertes au groupe durant cette journée.

Avec LALAURETTE, je vais relever un Zouave blessé auprès de la batterie de tir et le transporte à l’échelon où il est soigné.

 

Nous paraissons prendre l’avance jusqu’à 16h, mais à cette heure-là, nous sommes obligés de nous replier au milieu des Zouaves et de l’infanterie. Nous traversons Ribemont sur le haut duquel tire encore de l’artillerie protégeant notre retraite. Les habitants s’enfuient effarés Nous cantonnons à 10 km du champ de bataille, à Surfontaine.

30.

Départ à 7h.

Nous prenons des positions de combat sur les hauteurs de Ribemont.

Les batteries et l’échelon essuient un feu ennemi très violent, un avion ennemi ayant notamment repéré la 7e batterie. Celle-ci avait ouvert le feu à 10h.

Un éclat de 10cm de long transperce le derrière de mon soulier sans m’atteindre, moi-même. Heureusement que les souliers régimentaires sont loin d’être ajustés !!

 

Vers midi, le lieutenant HINFRAY est blessé peu grièvement et notre capitaine, MARRAUD (*), est blessé mortellement au haut de son échelle observatoire.

On le transporte en arrière, sous une grêle d’obus, dans un champ où se trouvait la voiture médicale, puis une fois pansements faits, il est évacué plus nettement à l’arrière, où il expire peu après.

Le brigadier VIDEAU est blessé également.

Sur le désir du capitaine MARRAUD, nous partons, LALAURETTE et moi, vers la 7e batterie qui essuyant un feu trop violent, s’était repliée pour changer de position. Nous allons voir à la 9e batterie et nous attendons dans un chemin creux la fin de son tir, mais fort repérée elle aussi, elle part précipitamment et nous restons sur la ligne de feu avec deux autres brancardiers qui s’étaient joints à nous.

Les Allemands continuaient à avancer et la fusillade montait de Ribemont.

 

Nous sommes mêlés alors à la retraite des Zouaves et des Tirailleurs et transportons deux d’entre eux à une ambulance voisine qui ne voulait même pas les accepter parce qu’elle se repliait elle aussi et tellement le moment était critique.

Nous perdons alors totalement la direction qu’aurait pu prendre notre batterie et personne ne peut nous renseigner sur elle. Des batteries du 32e tiraient encore sur la droite ; je me renseigne sans succès auprès d’elles.

En désespoir de cause, nous nous mêlons au 4e groupe de notre régiment qui passait à ce moment. Un planton lui fait faire subitement demi-tour car, paraît-il, nous nous dirigions vers les lignes ennemies, celles-ci ayant contourné Ribemont.

Fort heureusement, nous arrivons au même cantonnement qu’occupait notre groupe et où se reformait d’ailleurs la division.

Arrivés vers 23h à Monceau-lès-Leups.

 

(*) : Capitaine MARRAUD Joseph Pierre Ossian, né à Agen en 1868. Voir sa fiche.

31.

Départ à 5h.

Halte dans les plaines au pied de Laon, que l’on voit se dresser sur une colline devant nous.

Départ à 17h et arrêt sur le bord de la route à 6km de Laon. A ce moment, l’ennemi n’est pas loin de nous et ordre formel est donné de ne pas allumer de feux et de lumières.

Nous passons là la nuit.

SEPTEMBRE 1914

1er.

La retraite continue à différentes allures au milieu des convois de toutes sortes. Diverses haltes dans la direction de Reims.

A 1h le 2 au matin, rupture du timon de mon caisson. (*)

Cet accident nous retarde 2 heures environ. Arrivée à Courcelles (Aisne) à 5h le mercredi 2.

 

(*) : Encore !

2.

Départ à 9h après seulement 2h. de repos.

Le pain manque depuis 2 jours ainsi que les autres vivres, les convois de ravitaillement ayant été attaqués dans la journée. On mange des volailles prises au passage dans les fermes et cuites sans graisse, des fruits, des betteraves.

On commence à ménager les chevaux dont les forces commencent à s’épuiser visiblement.

Arrivée à 20h à la Fère-en-Tardenois.

3.

Nous passons la Marne à 9h à Passy-sur-Marne, à 16km de Château-Thierry.

Cantonnés à Condé-en-Brie, 3e jour sans pain.

4.

Départ à 5h1/2.

4e jour sans pain, et la prudence et le manque de temps ne nous permettent pas de faire de cuisine car il n’est pas rare que nous arrivions aux cantonnements à 22h. ou 23h.

Combat à Montmirail où les batteries essuient un feu très violent et se trouvent même à un moment donné dans une situation fort critique au bas d’une crête dont les Allemands occupent le sommet.

Mais nous pouvons nous dégager à temps sans pertes, mais l’échelon avait perdu sa batterie et ne pourra la retrouver de la journée. Je me trouvais alors à l’échelon.

 

Arrivée dans une grande ferme à proximité de Montmirail où le propriétaire, devant l’arrivée présumée de l’ennemi, nous permit de tout prendre. C’est ainsi que nous emportons de pleins seaux de vin, des volailles, et même des veaux et des moutons. Mais l’essentiel manquait toujours, le pain.

5.

Départ à 2h. après avoir passé quelques heures dans une prairie, à proximité d’un petit village.

Nous passons dans le département de Seine-et-Marne. Nous cantonnons sur la route de Provins de 14h. jusqu’au lendemain matin, ce qui constitue une après-midi et une nuit de réel repos.

5e jour sans pain.

6.

La retraite est finie pour nous.

Depuis la veille au soir le bruit avait couru que nous prenions l’offensive.

J’ai su depuis qu’il avait été lu aux troupes une proclamation du Général JOFFRE disant qu’il était désormais impossible de reculer davantage et qu’il fallait tenir coûte que coûte. En ce qui me concerne, je n’ai jamais eu connaissance de cette note.

 

La « bataille de la Marne » est donc commencée mais sans une part active de notre part. Cette non-activité de notre part durant la bataille de la Marne s’explique ainsi : nous sommes « régiment de corps » (de corps d’armée), c’est-à-dire dans la guerre en rase campagne, chargés de protéger la retraite le cas échéant, ce que nous avons fait jusque-là, les régiments divisionnaires (régiments d’artillerie d’une division d’infanterie) s’étant repliés avant nous.

En offensive, ces derniers attaquent avant nous.

 

On distribue quelque peu de pain mais à partir du lendemain les distributions se feront normalement.

Dans la soirée, nous avançons sur le terrain acquis dans la journée. Nous cantonnons à 10km de Provins, près de Villiers-St Georges.

 

(On sera peut-être étonné du peu de pertes que nous avons eu durant les précédents combats et la retraite. La batterie eut pourtant de mauvais moments dont elle échappa par miracle.

Du reste, l’extrême mobilité de notre canon de 75 offrait à l’ennemi peu d’occasions de repérage. En outre, le personnel est rarement exposé aux balles et ne comprend que 40 hommes environ sur la ligne de feu. Le reste de la batterie ou échelon est en arrière généralement moins exposé, quoique les ravitaillements de la batterie en munitions soient quelquefois dangereux. Théoriquement, les infirmiers et brancardiers doivent se trouver au « poste de secours », en arrière des batteries mais dans la pratique il n’en est pas ainsi ; ils se divisent généralement en deux groupes, l’un restant à l’échelon et l’autre près de la batterie de tir, d’où ils peuvent observer s’il y a des blessés ou non).

 

7.

Départ à 5H1/2.

La marche en avant s’accentue et la canonnade paraît lointaine. Nous cantonnons à Nantilly.

8.

Dans la nuit, une attaque française réussit à Meilleray, dernier village de S. et M. où nous passons à 8H.

Combat de Montmirail qui paraît nous avoir été favorable en fin de journée. Violent orage dans la soirée.

Cantonnement à minuit.

9.

Départ à 7h 1/2.

Nous passons dans le département de l’Aisne et traversons une partie du champ de bataille de Monceaux-lès-Provins, à gauche du village.

Dans cette partie avait eu lieu l’attaque française à la baïonnette par le 6e et le 123e. Les mitrailleuses allemandes tiraient d’une tranchée.

A cet endroit, les cadavres français sont plus nombreux que les Allemands ; on en trouve dans les positions les plus diverses, couchés, à genoux, appuyés à la baïonnette ou celle-ci plantée en terre.

Mais dans le village même, les cadavres Allemands dominent et des petites tranchées en sont quelquefois remplies.

Nombreux trous de 75 qui durent faire là un énorme travail. Nous trouvons sur la route un grand nombre de paniers Allemands remplis d’obus, matériels que nous ne connaissions pas en France, ainsi que beaucoup d’objets d’équipements.

 

Nous passons sur la grand’route de Château-Thierry où nous cantonnons à 8km de cette ville, aux Caquerets.

10.

Départ à 6h sur la route de Château-Thierry.

Nous traversons cette ville où les Allemands étaient encore la veille. On remarque plusieurs maisons endommagées par les obus ainsi qu’un grand nombre de magasins pillés. Nous cantonnons dans un champ, à gauche de la ville.

Dans la soirée, je puis me procurer du vin, de l’eau-de-vie et même du pain blanc grâce à l’obligeance d’une infirmière qui me conduisit dans une boulangerie où il me fallut néanmoins attendre 2h. !

Nous trouvons également des biscuits Allemands, beaucoup plus petits que les nôtres.

11.

La poursuite continue, toujours sans que nous prenions une part active à la bataille.

Départ à 6h. Nous cantonnons à Villiers-en-Fère, près Fère-en-Tardenois.

12.

Nous arrivons le soir presque en contact avec l’ennemi.

13.

Nous prenons contact avec l’ennemi.

Violente canonnade de notre part sans grande riposte. Nous cantonnons à Roucy (Aisne)

14.

Départ à 8h.

Les batteries prennent position aux pieds de la colline de Craonne où se sont retranchés les Allemands et d’où ils nous dominent. On ne pourra d’ailleurs de plusieurs années les déloger de cette position.

 

On a l’impression – et l’histoire fortifiera cette idée par la suite – que les munitions sont ménagées de part et d’autre.

Les Allemands durent en employer beaucoup pour briser la résistance belge. En France, également, nos réserves s’épuisent et nous dûmes tirer des obus d’instruction.

Durant la retraite et cette bataille de la Marne, le travail d’artillerie incomba presque tout entier au 75 et je n’ai souvenance de n’avoir rencontré qu’un seul groupe de Rimailho (150mm).

 

Tirs violents et précis de part et d’autre.

Nous transportons le Maréchal des logis SOUHART que nous sommes allés chercher sur la ligne de tir au milieu d’infinies précautions car les obus pleuvent.

Nous nous retirons à la fin de la journée et cantonnons à Concevreux.

 

(A partir de cette journée l’ennemi ne bougera plus durant de longs mois et fortifie ses positions. C’est à partir de ce jour que commence la guerre de tranchées et tous nos mouvements tendront à trouver des positions les plus favorables à notre tir. Quelques jours plus tard nous nous terrerons également.)

15.

Départ à 6h 1/2.

Les batteries prennent position à la sortie du village de Pontavert.

Avec trois autres brancardiers, nous établissons notre poste de secours à leurs cotés, près de la gare, mais nous en sommes bientôt délogés par les obus et nous nous replions dans le village dont le bombardement commence. Les vitres volent en éclats et les habitants effarés, se réfugient dans les caves.

Nous avions acheté un seau de vin que nous avons de grandes peines à transvaser dans nos bidons. Plusieurs obus tombent dans la rue, sur les maisons et nous recouvrent de plâtras.

Je soigne LABORDE, dans la rue principale, d’une blessure à l’omoplate qui devait devenir mortelle par la suite, puis nous le portons à une ambulance dans le village. (*)

Soigné également le lieutenant BLANCHARD, blessé au pied, puis transporté à une autre ambulance en dehors du village. Trois autres blessés sont également soignés par d’autres équipes.

 

La batterie s’étant repliée, je me retire également sur un avant-train. Cantonné à Concevreux (Aisne).

 

(*) : LABORDE Eugène (de Peyrehorade, Landes) mort pour la France le 20 septembre 1914. Sa fiche

16.

Violent duel d’artillerie et suite de la bataille pour Craonne.

17.

Suite de la même bataille. Cantonné à Concevreux.

18.

Cantonné à Meurival.

Je reste à l’échelon dans ce village mais les batteries sont en position dans les plaines de Beaurieux.

21.

Départ de Meurival pour Muscourt. Nous cantonnons à la ferme Beauregard, construction complète et qui devait être d’un réel rapport, vu son aménagement.

24.

Départ de la ferme de Beauregard à 8h pour rejoindre la batterie de tir.

Depuis ce jour jusqu’au 15 oct., je serai à l’échelon où se trouve la voiture médicale car les batteries et les échelons sont très près d’un de l’autre et sont en continuel rapport.

Nous rentrons à 11h au même cantonnement (ferme de Beauregard.)

26.

Départ à 11h pour Beaurieux où se trouve la batterie de tir.

Nous passons la nuit dans un bois, sur les positions.

27.

Cantonnés à Meurival (Aisne) avec l’échelon.

 

(Ce petit village sera pendant de longs mois le cantonnement de l’échelon où les batteries de tir viendront également prendre du repos. Il est situé à environ 12km de Fismes.

Hommes et chevaux sont installés dans une prairie que l’hiver transforme en un véritable cloaque. Les hommes couchent dans des « guitounes » qu’ils se sont construit eux-mêmes. Meurival est le siège de la 8e ambulance établie dans le château, sous la direction du chirurgien CHAVANNAZ de Bordeaux.

Cette ambulance aura à opérer de jour et de nuit, surtout de nombreuses trépanations, les blessures à la tête étant la caractéristique de cette guerre de tranchées.

Les habitants ont rares au début mais par la suite ils seront plus nombreux et on comptera même quelques réfugiés.)

OCTOBRE 1914.

15.

A 12h, avec d’autres brancardiers, je suis envoyé à la ferme de Cuissy, à 8km de Meurival et 3km des batteries.

Quand nous arrivons un anglais vient d’être tué à un carrefour voisin et ses camarades sont occupés à l’enterrer.

Nous passons la nuit dans cette ferme, aux proportions énormes ; à son entrée avait éclaté un obus qui tua 5 hommes et 15 chevaux. On voit la tombe des hommes à gauche de la ferme.

16.

A 5h, avec Mr MAZÈRES, médecin auxiliaire et LALAURETTE, je suis désigné pour aller aux positions de tir de la 8e batterie qui, la veille au soir avait essuyé un feu très violent, entre Jumigny et Vassogne.

Nous partons d’aussi bonne heure afin de profiter de la nuit car la route est excessivement repérée. Nous établissons le poste de secours dans une carrière occupée également par des tirailleurs.

Comme nous étions partis à l’improviste, nous n’avions pu emporter de vivres et nous sommes nourris par les tirailleurs pour cette journée.

 

Dans la soirée les Tirailleurs partent et nous couchons dans la carrière, dans un coin que nous aménageons de notre mieux.

 

(Cette carrière sera par la suite plus communément connue sous le nom de « grotte » (*). Elle est de vastes dimensions et possède 3 entrées face aux positions allemandes de Vauclair et du plateau de Craonne. Elle est située sur une petite collinette au pied de laquelle se trouve la position de batteries.

Le jour, il n’est pas prudent de se montrer car les Allemands doivent admirablement nous voir. Plus tard un système de boyaux permettra d’accéder à la batterie sans être vu. Le poste de commandement se trouve dans une autre grotte, indépendante de celle-ci et de dimensions moins grandes.

Depuis le départ des Tirailleurs cités plus haut, personne en dehors de nous ne l’occupera à demeure ; de temps en temps seulement, quelques fantassins viendront y passer une nuit ou deux.).

 

(*) : Ces grottes sont communément appelés dans ce pays «Creute »

18.

Relevé de matin de bonne heure, je retourne à la ferme de Cuissy où je passe la nuit.

19.

Je retourne à la grotte en compagnie de LALAURETTE lequel sera longtemps avec moi. CORTEL avait été évacué à Sivry (Belgique) et SEGUIN est employé comme cuisinier à l’échelon, à Meurival.

20.

Parti à 5h pour l’échelon.

23.

A 3h départ pour la position de tir de la 7e batterie au delà de Vassogne.

Cette position est établie derrière la dernière crête occupée par les français. Nous établissons avec LALAURETTE et DUPUY, le poste de secours dans une tranchée aux cotés de la batterie. Malheureusement on ne peut guère en sortir car les balles arrivent assez nombreuses surtout le soir ; de plus l’aviation commence à se montrer active.

La veille de notre arrivée, notre capitaine CHARRON, qui avait remplacé le capitaine MARRAUD, avait été blessé à cette position.

Les Allemands tirent sur Vassogne et Jumigny et bientôt de ces deux villages il ne restera plus que des ruines.

 

A partir de ce jour, jusqu’au 23 janv. 1915, nous alternerons avec les deux autres batteries du groupe pour occuper successivement la 1ere position (position de Jumigny), la 2e (position de Vassogne) et le cantonnement de repos de Meurival.

26.

Repos à Meurival

Les relèves et départs se font le matin vers 3h et sont particulièrement durs pendant cet hiver pluvieux.

30.

Position de Jumigny.

Nous commençons les premiers aménagements de la grotte car on nous laisse supposer qu’elle pourrait longtemps nous servir de refuge. Nous construisons une chambre à coucher en clôturant un coin avec de la paille entrelacée, et un foyer pour préparer quelque cuisine (que de rats !).

31.

A midi, un aéroplane français atterrit sur le plateau au-dessus de nous, le moteur crevé par les obus.

Le groupe qui se forme autour attire l’attention de l’ennemi qui commence à bombarder. Plusieurs obus éclatent à l’entrée de la grotte ; l’un blesse mortellement un fantassin du 218e et en blesse un autre plus légèrement. (*)

Nous les soignons.

 

(*) : Il y a eu ce jour, au 218e RI, 2 tués et 1 blessé.

NOVEMBRE 1914.

1er.

Parti à 5h à la position de Vassogne.

3.

Repos à Meurival.

7.

Position Jumigny.

9.

Position de Vassogne. Celle-ci a changé depuis deux ou trois jours : elle est maintenant située presque au sommet de la crête. Les hommes occupent des petits abris creusés dans le talus.

Le poste de secours est situé dans un de ces abris.

12.

Repos à Meurival.

16.

Position de Vassogne.

18.

A 9h, violente attaque allemande sur Hurtebise. La batterie tire quelques coups ; elle ne tire d’ailleurs qu’en cas d’attaque.

Les balles parviennent nombreuses jusqu’à nous surtout dans le bas, à côté du bois.

19.

Repos à Meurival.

21.

Position de Jumigny.

25.

Repos à Meurival.

28.

Position de Vassogne.

DECEMBRE 1914.

1er.

Position de Vassogne.

2.

Repos à Meurival.

5.

Position de Jumigny.

Nous continuons l’aménagement de la grotte ; nous avons construit un mur et doté la cuisine d’ustensiles trouvés dans la ferme de Paissy. LALAURETTE fait la cuisine, d’ailleurs fort bien.

La ferme de Paissy est une grosse construction sur le plateau au-dessus de notre grotte. Elle comporte une tour qui servit longtemps d’observatoire. Quand nous arrivons on y trouvait encore quelques ustensiles de cuisine, des chaises et même des légumes.

Par contre on y trouvait aussi beaucoup de chevaux crevés. Un boyau de communication reliait notre grotte à la ferme. Celle-ci fut par la suite entièrement démolie soit par les obus soit par la troupe qui achevait les murs pour prendre les poutres et les solives comme bois de chauffage.

Sur le plateau de Paissy on remarquait beaucoup d’emplacements de batteries anglaises qui avaient dû être éprouvées car on trouvait des objets d’équipements, des caissons démolis, etc…

8.

Repos à Meurival.

10.

Position de Vassogne.

A 19h. étant allé chercher de l’eau à une source au bas de la crête, une balle traverse mon képi sans me faire aucun mal.

 

(En allant dans le bois en bas de nos batteries chercher de l’eau à l’unique source des alentours, je me trouve pris dans un tir de mitrailleuses. Mon képi – nous n’avions pas encore le casque – fut traversé par une balle.

Comme il était défendu d’aller dans ce bois, précisément à cause du danger, je ne relatai l’incident qu’à mes proches camarades, lesquels d’ailleurs en avaient suivi les péripéties depuis leur abri. Néanmoins cela se sut et je me fis « attraper » sérieusement par l’adjudant MAUROUX !!)

12.

Un « 105 fusant » tombant sur la ferme de Cuissy, où sont nos avant-trains, tue un conducteur et en blesse 3 ; plusieurs chevaux sont également tués ou blessés.

 

Description : 1.JPG

 

Extrait du JMO de la 7e batterie du 58e régiment d’artillerie.

« (…) 4 hommes furent atteints le 2e canonnier-conducteur BARBE fût tué d’un éclat d’obus dans l’épaule gauche, le 2e canonnier-conducteur CHARRI est blessé à la tête et à l’épaule, le 2e canonnier-conducteur SERPEAU blessé à la tête et au bras, le 2e canonnier-conducteur DOMENGER à la tête et au bras (…) »

 

13.

Repos Meurival. Première vaccination antityphoïdique.

17.

Position Jumigny.

21.

Repos Meurival.

24.

Position Vassogne.

28.

Repos Meurival.

30.

Je suis nommé infirmier en remplacement de BLANCHARD qui est cassé de cet emploi à la suite d’une altercation avec le lieutenant KELLER. Blanchard avait lui-même remplacé DUPUY comme infirmier depuis les premiers jours du mois.

31.

Position Jumigny.

JANVIER 1915.

1er.

Position de Jumigny.

3.

Repos à Meurival

5.

Position de Vassogne.

8.

Repos à Meurival.

10.

Position de Jumigny.

12.

En compagnie de LALAURETTE nous faisons une excursion dans la grotte pour tâcher d’y découvrir quelque issue.

Nous y restons 1 heure en ayant soin de marquer des fiches indicatrices aux croisements des couloirs. Chaque galerie parait être circulaire et aboutir au point d’ouverture.

A noter seulement une chambre dont les murs de pierre ont un soubassement d’argile laissé par de l’eau qui a dû autrefois l’envahir ; le sol est d’ailleurs fissuré et contracté en carreaux.

Au fond de la grotte on remarque du fumier et la trace d’animaux ; nous avons appris depuis que des réfugiés étaient venus habiter là avec leurs troupeaux lors de l’invasion allemande. Plus vers l’entrée on remarque cette inscription et ce dessin sur le mur et nous avons appris depuis lors qu’un certain CAMBRE était un exploitant de cette carrière il y a environ 50 ans et avait dû être tué là, soit écrasé, soit par un éboulement.

« Mort 1847 – priez Dieu pour son âme – Joseph La Cambre. » (dessin d’une croix).

14.

Repos Meurival.

Pendant cet hiver, il est à remarquer que nous étions très bien nourris ; nous touchions en plus des viandes et légumes du ravitaillement, de la morue, du fromage, du chocolat…

Les denrées étaient d’ailleurs aux prix d’avant-guerre.

Les hommes recevaient en outre de leurs familles beaucoup de colis qui pouvaient aller jusqu’à 10kgs.

17.

Position Vassogne.

20.

Repos Meurival.

 

 

Description : 1.JPG

 

Photo prise à Meurival devant l’infirmerie.

En bas, LALAURETTE ; de gauche à droite : BELLOC, DUPUY,

PEYNAUD ; en haut : ADDA.

 

 

Le brigadier-brancardier VIVES passe médecin auxiliaire ; le brigadier infirmier ANGLADE est cassé et remplacé par RONDEAU.

Les médecins auxiliaires MAZÈRES et CHEVALIER passent dans d’autres groupes.

Le service médical du groupe est donc ainsi constitué :

-Médecin-auxiliaire-Major, chef de service : COTTARD

-Médecin auxiliaire : VIVES

-Brigadier infirmier : RONDEAU

-Brigadier brancardier : Dupuy.

 

(Ce dernier sera évacué sous peu et ne sera remplacé que plus tard par LALAURETTE).

23.

Position Jumigny.

25.

De 2 à 6h attaque allemande dans notre secteur ; canonnade d’une grande intensité des deux côtés.

On ne voit qu’éclatements et départs et la vallée se couvre bientôt de fumée. Malgré le feu violent dirigé contre elle, la batterie ne subit aucune perte bien qu’elle eût tirée tout le temps.

Mais il n’en est pas de même de la 9e batterie qui était alors à la position de Vassogne.

Elle eut 2 hommes tués et 1 blessé et dut abandonner la position qui sera depuis lors supprimée. Nous apprenons par la suite que les Allemands dans cette attaque avaient gagné quelques centaines de mètres à la Creute et à la Vallée Foulon.

27.

Un obus tombe sur la ferme de Cuissy où était alors la 9e batterie depuis son départ de Vassogne : il y eut 2 hommes tués et 7 blessés.

Depuis cette époque jusqu’au 2 avril nous resterons en position à Jumigny par suite de la suppression de la position de Vassogne. Nous continuerons l’aménagement de la grotte où petit à petit toute la batterie viendra faire la cuisine. Quant à nous nous avons formé une petite pièce où nous mangeons 7 ou 8.

 

(*) : Voir le JMO de la 9e pièce concernant cette funeste journée.

Du 28 janv. au 24 fév.

Position de Jumigny sans aucun incident.

 

Description : 1.JPG

 

Photo prise le 25 janvier 1915 devant une des entrées de la grotte.

A : vers la batterie ; B : vers le plateau et la ferme de Paissy.

De gauche à droite : LALAURETTE, SEGUIN, BELLOC, VIVES (médecin auxiliaire).

FEVRIER 1915.

25.

Position de Jumigny.

La batterie fait tirer quelques coups par les jeunes nouvellement arrivés. Les Allemands répondent avec une précision remarquable, tout autour des pièces.

Personne n’est atteint, le personnel s’étant réfugié dans la grotte.

MARS 1915.

21.

Les Allemands ont repéré la route passant aux côtés de la batterie et le soir à 5h 1/2 y tirent 6 obus sur une voiture de ravitaillement. personne n’est atteint.

22.

Les Allemands tirent encore au même endroit toujours sans atteindre personne.

23.

Vers 3h, la batterie ayant tiré quelques coups, les Allemands ripostent avec une précision remarquable avec du 150.

Ils tirent 19 coups : l’un tombe sur un caisson qu’il renverse et tord les boucliers du canon (2e pièce), un autre sur l’abri de la 3e pièce ; les autres coups autour des pièces.

Après le 1er coup, tout le monde était monté dans la grotte et personne n’est atteint.

24.

Visite du général MARCHAND commandant la brigade d’artillerie.

27.

FOURTANIÉ reçoit à la tête un éclat d’un obus tiré contre avion. Peu grave.

 

Description : 1.JPG

 

Photo prise en mars 1915 à la position de Jumigny.

A gauche : aspirant DUVERGIER.

A droite : brigadier LACOMBE

 

AVRIL 1915.

2.

A 8h départ au repos pour le cantonnement de Meurival. La position que nous venons de quitter est abandonnée et se trouvera désormais dans une prairie à droite de la route Jumigny-Vassogne, à la sortie du premier.

Nous trouvons quelques améliorations dans le cantonnement de Meurival. Des guitounes assez confortables se sont édifiées et il y a moins de boue. La vie y est toujours aussi monotone.

De temps à autre on peut aller à Fismes pour les besoins du service.

L’infirmerie est toujours installée chez Mme COTTEAU ; on peut voir la maison page 30.

 

Nous prenons à Meurival 16 jours de repos eu égard à la longue période que nous venions de faire sans être relevés. Avec LALAURETTE et SEGUIN nous nous aménageons une « guitoune » déjà commencée et enfouie à demi dans la terre. (voir photo)

 

Description : 1.JPG

 

Photo prise en avril 1915 devant notre « cabane » recouverte de terre et enfoncée dans le sol.         

De droite à gauche : SEGUIN, LALAURETTE, BELLOC.

 

 

 

Description : 1.JPG

 

Photo prise en avril 1915. La 7e pièce de la 7e batterie devant une cabane que l’on voit se dessiner à gauche,

au cantonnement de Meurival (Aisne)

 

 

 

Description : 1.JPG

 

Le brancardier SEGUIN.

Photo prise en avril 1915 dans les bois du château de Meurival où est installée l’ambulance 8 (Chavannaz).

 

 

 

 

13.

Revue du Colonel commandant le 58e en tenue de départ.

19.

A 7h du soir départ pour la nouvelle position de Jumigny avec les brancardiers GRAVEREAU et ANATOL qui ont remplacé LALAURETTE et SEGUIN restés à l’échelon.

Comme nous n’étions pas avec la colonne et vu l’heure tardive, je couche à la ferme de Cuissy avec les 2 brancardiers.

20.

Nous nous mettons en route à 6h pour la position de Jumigny.

Cette position est située à environ 400m. de l’ancienne à la sortie du village de Jumigny. Les hommes couchent dans des caves de maisons et c’est dans l’une d’elles que j’établis le poste de secours.

Mr le major COTTARD demeure à la ferme-château de Bellevue, à proximité de la ferme de Cuissy. Le Poste de commandement de la batterie et les téléphonistes sont restés dans la grotte de la position précédente. Nous aménageons petit à petit notre poste de secours grâce aux quelques meubles et ustensiles que nous réussissons à trouver dans Jumigny.

 

Ce village de Jumigny est à moitié démoli, mais durant notre séjour il ne reçoit presque pas d’obus. Quelques civils y demeurent encore, plutôt dans les caves que dans les maisons.

Les musiques du 18e et du 12e d’infanterie y ont alternativement leur cantonnement et c’était une grande distraction pour nous d’aller écouter leurs répétitions.

 

Jusqu’au 10 juin, nous aurons à cette position une vie calme et monotone.

Aucun incident ou accident à signaler, le parfait défilement de la batterie rendant son repérage difficile.

MAI 1915

JUIN 1915

C’est dans les premiers jours de juin qu’on changea à tous, les anciens uniformes « bleu marine » contre des « bleu horizon ».

10.

Nous sommes relevés à 20h de la position de Jumigny par la 2e batterie du 14e. Nous arrivons dans la nuit à la position de Bourg-et-Comin (Aisne).

11.

Nous passons la journée à aménager une cabane à la recherche du poste de secours pour le groupe.

La position de Bourg est située au sommet d’une crête assez rude dominant ce village, à gauche de la route de Moulins. Vue superbe sur l’Aisne, le canal et toute la plaine.

Bourg est un village assez gentil et à l’époque assez bien ravitaillé. Il sert de cantonnement de repos aux régiments d’infanterie du 18e C.A. La musique du 57e y donne des concerts.

Nos échelons quittent Meurival pour Dhuizel, puis 3 jours après s’installent définitivement à Vauxcéré. Les avant-trains sont à Oeuilly.

12.

A 2h 1/2 sur l’ordre du médecin VIVES, je pars avec ANATOL et PELLETIER pour Oeuilly où sont nos avant-trains. Nous installons le poste de secours dans la salle à manger d’une maison. Le médecin auxiliaire VIVES demeure à Bourg et viendra tous les matins passer la visite ici.

Oeuilly est un village à 3 km de Bourg et qui sert également de cantonnement de repos.

La musique du 144e y est cantonnée et donne des concerts dans le jardin du château. Nous passons à Oeuilly un séjour assez heureux.

 

 

Description : 1.JPG

 

Photo prise en juin 1915 devant l’infirmerie à Oeuilly.

De droite à gauche : PELLETIER, SEGUIN, BLANCHARD, BELLOC.

Au milieu : Cora, chienne « berger allemand » appartenant à SEGUIN.

 

13.

Durant mon séjour à Oeuilly, les Allemands ne tireront pas sur cette localité.

20.

Je vais rendre visite à DUZAN, infirmier au 24e d’artillerie, 4e batterie à Barbonval, à 3km d’Oeuilly.

Je rentre en voiture à minuit.

27.

Je me rends à Villiers-en-Prayères chercher MAUNY et nous nous rendons ensuite à Barbonval rendre visite à DUZAN et GAUTRIAUD. Nous y rencontrons également quelques camarades de la musique.

Bonne journée gâtée néanmoins le soir par quelques averses.

JUILLET 1915

10.

Je quitte Oeuilly et me rends de nouveau aux positions de Bourg remplacer CONTANT.

Je suis remplacé moi-même à Oeuilly par LALAURETTE, (qui vient d’être nommé brigadier-brancardier en remplacement de DUPUY, évacué) DAVID et CONTANT. Je compte à la 5e pièce mais loge à la 8e batterie où se trouve un petit poste de secours avec la pharmacie.

 

Description : 1.JPG

 

Le poste de secours à la position de la « Butte de Bourg ».

De droite à gauche : GIRARD, brancardier, VIDAL, maréchal des logis, BELLOC, infirmier

(Photo prise en juillet 1915).

 

Trois jours avant mon arrivée, un obus était tombé sur la cabane de la 5e pièce où, fort heureusement, il n’y avait personne. Il n’y eut donc que des dégâts matériels.

11.

Première distribution des croix de guerre par le Colonel FEREYRA.

A la 7e batterie : Capitaine DURRIEU, Lieutenant HIMFRAY, Adjudant MAUROUX, Brigadier DANDIEU, TROMP( ?) : BRUN, LUSSEAU.

C’est également vers cette époque que nous sont distribués les casques en remplacement de nos képis.

 

 

 

Description : 1.JPG

 

 

12.

Des permissions commencent à être accordées en commençant par les hommes mariés pères de famille. Mais à cette époque, le favoritisme règne en maître et ce ne sera que plus tard que seront établies des listes justes d’après la classe de chacun.

Les Allemands tirent de temps à autre sur Bourg à nos pieds. Il y a toujours quelques tués ou blessés. Ils tirent également dans la direction de la batterie, mais jusqu’à présent sans l’atteindre.

Petit à petit, nous aménageons notre position. Des abris de pièces sont construits ainsi qu’une grande « caserne » pour le logement des hommes. Celle-ci d’ailleurs ne sera logeable que longtemps après.

14.

Les Allemands tirent sur Bourg.

15.

Nous commençons la construction d’un poste de secours dans le talus du chemin au-delà de la 8e batterie, chemin qui descend sur Bourg, mais ce travail ne donnera aucun résultat, car des éboulements se produisent fréquemment, le terrain étant très sablonneux.

17.

Nous abandonnons cet emplacement et commençons de nouveaux terrassements à quelques mètres à côté.

18.

LALAURETTE et DAVID, arrivés d’Oeuilly participent également à la construction du poste de secours.

 

 

Description : 1.JPG

 

Le pont de Bourg-et-Comin, sur l’Aisne.

19.

Les travaux doivent être abandonnés momentanément devant l’impossibilité de remuer certains blocs de pierre sans outillage spécial. En conséquence, LALAURETTE et DAVID retournent à Oeuilly dans l’après-midi.

C’est à partir de ce moment que le service médical fonctionnera surtout par groupe, c’est-à-dire que les infirmiers et brancardiers concourront à son fonctionnement quelle que soit la batterie à laquelle ils appartiennent. Ainsi les relèves auront lieu entre infirmiers ou brancardiers de batteries différentes.

20.

Un avion ennemi, nous survolant à 6h30 a dû repérer nos positions car quelques instants après, les Allemands tirent 9 coups de 150. Ces coups tombent au poste d’observation, aux feuillées de la 7e batterie, devant un abri, devant les cuisines et jusque dans la côte descendant à Bourg.

(Remarque : les trous semblent moins gros qu’au début pour ces pièces de gros calibre).

 

Personne n’est atteint.

Nous apprenons que les Allemands ont également tiré dans la journée 12 obus de 380 sur Fismes ; ces coups sont tombés un peu en dehors de la ville.

 

 

 

Description : 1.JPG

 

Une tranchée du 144e d’infanterie à Vendresse (Aisne).

 

 

22.

Depuis deux jours, le service de santé est chargé de « javelliser » l’eau de boisson à l’aide d’extrait concentré de Javel neutralisé ensuite par de l’hyposulfite de soude.

Cette mesure sera abandonnée par la suite petit à petit.

 

 

 

Description : 1.JPG

 

Tranchée du 144e d’infanterie à Vendresse (Aisne).

 

23.

Vers 17h, les Allemands tirent 5 coups à l’extrémité du village de Bourg.

24.

LALAURETTE et DAVID arrivent d’Oeuilly munis de quelques instruments pour continuer notre poste de secours. Nous parvenons dans la journée à extraire deux gros blocs de pierre.

J’apprends par mes parents que j’ai pu rentrer en possession de mes affaires laissées à Tarbes à la mobilisation, grâce à mon ancien sous-chef de musique MALLET demeuré dans cette ville.

Je descends quelquefois à Bourg pour prendre les instructions du médecin VIVES qui y demeure avec le commandant ; mais je ne puis guère m’absenter longtemps et d’ailleurs la rampe est dure à monter !

25.

Nous continuons la construction de notre poste de secours.

Malheureusement des éboulements se produisent constamment dans ce sol sablonneux, mettant à jour quelque nouveau bloc de pierre, de telle sorte que le déblaiement s’en trouve singulièrement retardé ; à 6H je descends à Bourg pour voir Mr VIVES.

Des pièces du groupe sont détachées l’une à Soupir, l’autre à Verneuil.

26.

Continuation du poste de secours.

Nous en finissons le déblaiement et attendons les rondins qui doivent nous être apportés pour continuer. Le Génie doit faire sauter à la mine quelques gros blocs qui persistent encore.

Les Allemands tirent dans l’après-midi un peu à gauche du Bourg, et dans la soirée, un peu en arrière, 3 coups chaque fois. Ils tirent également sur des tracteurs automobiles sur la route de Bourg à Verneuil.

Personne n’est atteint.

27.

De nouveaux éboulements se sont produits dans la nuit au poste de secours.

Dans la soirée, en réponse à notre tir, les Allemands répondent avec du 77 fusant et percutant. Les coups tombent un peu plus bas que nous, dans la pente. Je m’abrite dans une grotte, à proximité de la 8e batterie.

Personne n’est atteint.

28.

Dans la soirée, nous tirons et les Allemands ripostent ainsi que la veille par une dizaine de coups. Ils tirent aussi vers la même heure sur Bourg trois coups de 150.

Personne n’est atteint.

 

 

Description : 1.JPG

 

Un salon de coiffure dans une tranchée du 144e d’infanterie à Vendresse.

 

 

29.

Nous faisons sauter à la mine, avec l’aide du Génie, les blocs de pierre à notre poste de secours.

30.

Vers 6h30 les Allemands tirent 6 coups sur Bourg : 5 dans les champs voisins ; le 6e dans la cour d’une maison, à proximité du poste de police.

5 fantassins sont blessés.

31.

A 18h30, trois coups de 105 sont tirés sur la 7e batterie. L’un tombe à 2m devant un canon ; l’autre sur un rondin en arrière des pièces ; le 3e devant une guitoune.

Pas de pertes.

AOUT 1915.

1er.

Les Allemands tirent sur nous une quarantaine de coups, surtout dans le bas de la 8e batterie. Pas de pertes. Nous continuons à déblayer le poste de secours.

Vers 10h, une violente canonnade ennemie se fait entendre. La 8e batterie répond aussitôt par une dizaine de coups ; les Allemands ne ripostent pas et tout rentre dans le silence une demi-heure après.

2.

Trois coups sur Bourg dans la soirée.

4.

Trois coups sur Bourg dans l’après-midi.

Le soir vers 22h, violente canonnade de part et d’autre.

5.

Vers 12h, les Allemands tirent 12 coups sur Bourg et les environs.

6.

Trois coups sur Bourg.

7.

Dans la journée, les Allemands tirent 3 coups sur Bourg et une dizaine tout autour de nos positions mais sans atteindre personne. Mr VIVES, partant en permission, est remplacé à Bourg par Mr COTTARD.

9.

A 15h 1/2, je pars pour Oeuilly remplacer CONTANT. L’infirmerie se trouve toujours là où je l’avais installée au début.

10.

Le soir, vers 21h, violente canonnade dans la direction de Paissy-Geny qui dure environ ½ heure.

12.

Nous sommes prévenus à 14h que la 7e batterie se déplace.

Je pars seul à 20h car le reste du groupe reste là. Je passe à la Butte prendre les brancardiers BLANC et SEGUIN, puis de là, nous arrivons aux échelons à Vauxcéré, en passant par Longueval.

Nous partons de Vauxcéré avec la batterie vers 21h.

13.

Après avoir passé à Braine, nous nous arrêtons vers 1h1/2 à la ferme d’Epritel (*); nous passons le restant de la nuit sur le bord de la route.

A la pointe du jour, nous prenons cantonnement dans Epritel, vaste ferme entourée seulement de quelques maisons. La batterie de tir avait pris directement position.

Vers 8h en compagnie de SEGUIN, je me rends à cette position, puis reviens à l’échelon où je passe la nuit.

 

(*) : Le hameau d’Epritel se trouve de nos jours dans Couvrelles, tout à côté de Braine (02).

14.

Dans l’après-midi, je reçois l’ordre de me rendre à la position de tir ; je m’y rends donc avec le ravitaillement du soir.

15.

A cette position ne se trouve que la 1e section (2 pièces) ; la 2e section se trouve à Dhuizel pour tir sur avions.

La position de la 1e section, où je demeure avec les brancardiers SEGUIN et FONTAN, est située dans une carrière près du village de Vasseny et à 1.200m de Couvrelles.

Les hommes logent également dans cette même carrière où le tir des pièces produit un vacarme assourdissant. Elle est aménagée en petites chambres séparées par des planches. Au fond de la carrière on remarque un autel dressé par un prêtre, J. DELHOSTAL, du 16e d’artillerie.

Au point de vue médical j’aurai à m’adresser à Vasseny, au poste de secours du 37e Tal (territorial) dont nous dépendons, et que je vais reconnaître dans l’après-midi. Dans Vasseny, logent également le Capitaine et la 5e pièce.

16.

La batterie tire mais les Allemands ne répondent pas. Le soir, je vais au poste d’observation, à 1500m de la batterie.

17.

A 14h1/2, je descends à la visite médicale à Vasseny.

18.

Dès le matin, je vais à Couvrelles avec la corvée d’eau. C’est à ce village que l’échelon doit s’adresser au point de vue médical. Le 90 e Tal (territorial) est installé dans ce village et sa musique y donne des concerts.

20.

La vie est monotone à cette position ; l’endroit n’est pas gai car un bois devant notre grotte nous cache toute la vue. Mais en revanche, l’endroit est tranquille.

Il ne tombe durant notre séjour que quelques obus sur la route du poste d’observation.

 

Description : 1.JPG

 

Au premier plan, l’adjudant MOUROUX.

Photo prise en août 1915 devant l’entrée de la carrière à Vasseny (Aisne)

 

 

30.

Les Allemands tirent quelques coups entre la batterie et le poste d’observation ainsi que sur un plateau derrière nous où travaillaient des fantassins.

Personne n’est atteint.

31.

Même tir que la veille. Pas de pertes.

SEPTEMBRE 1915

2.

Dans l’après-midi, je vais à Couvrelles.

4.

Les Allemands tirent quelques coups sur une batterie postiche entre nous et le poste d’observation.

6.

Nous apprenons dans la matinée que la batterie doit être relevée et rejoindre le groupe.

A 15h je pars sur un avant-train à la ferme d’Epritel en compagnie de SEGUIN et FONTAN.

7.

A 1h départ de la ferme d’Epritel.

Itinéraire : Couvrelles, Courcelles, Fismes. La 2e section nous rejoint en cours de route.

Nous arrivons aux portes de Fismes à 6h. Nous cantonnons dans un terrain vague, près des abattoirs militaires.

 

Vers 7h1/2, trois avions ennemis survolant la ville lancent 3 bombes qui tombent en dehors.

Je déjeune en ville en compagnie de quelques camarades après être allé à l’hôpital d’évacuation conduire 4 malades à la visite. Je couche sur un brancard, sous un fourgon.

8.

Départ à 9h.

Les 2 autres batteries du groupe nous rejoignent. Nous formons le parc (*) pour déjeuner dans une petit bois de genévriers sur la route de Reims.

Nous traversons Jonchery où se trouve l’État-major de la 5e armée et à 10 km. de Reims obliquons à gauche et arrivons à Châlons s/Vesle petite bourgade où nous ne devons nous arrêter qu’un jour.

Nous établissons l’infirmerie dans une maison du Bourg, le groupe étant cantonné dans un bois de pins, à proximité.

Je couche, avec LALAURETTE à l’infirmerie.

 

(*) : Le parc d'artillerie assure l'approvisionnement et le complément de munitions (infanterie, artillerie) et les petites réparations. Les réparations d'un certain niveau car très peu d'opérations de réparations sont effectuées au niveau des unités compte-tenu de la complexité des matériels d'artillerie.

9.

La batterie de tir part 19h 1/2. Je suis désigné pour la suivre avec les brancardiers BLANC et GRAVEREAU, mais faute de place sur les voitures, je couche encore à Châlons s/Vesle.

10.

L’échelon part à 7h et s’installe à proximité de la ferme de Maco dans un épais bois de pins. Il occupe des petites « guitounes » tout installées. L’infirmerie s’installe dans l’une d’elles.

Du bord du bois, on aperçoit les hautes cheminées de Reims ainsi que la cathédrale.

 

A 19h, je pars avec le ravitaillement en compagnie de BLANC et GRAVEREAU pour me rendre aux positions de tir, près du village de St Thierry que l’on traverse.

Un boyau de communication part du village de St Thierry et suit les 2 batteries situées côte à côte. La position est toute faite : abris pour les pièces et pour les hommes.

J’ai comme poste de secours une chambre en arrière de la batterie creusée dans un talus et ayant appartenu autrefois à un lieutenant. Cela veut dire qu’elle est confortable, munie d’une cheminée et tapissée ; jardin devant la porte. Ce sera le poste de secours de la batterie que je voudrais habiter longtemps au point de vue sécurité et confort.

Le poste de secours du groupe, où se tient Mr COTTARD, est situé dans une maison de St Thierry (environ 400m.) C’est là que j’aurai à aller tous les jours passer la visite.

13.

Je vais à St Thierry, au poste de secours de la 8e batterie, où je dois me rendre tous les jours.

Le soir, violente fusillade et canonnade dans la direction de Berry-au-Bac.

14.

Visite à St Thierry.

Répondant à nos coups, les Allemands nous envoient 6 obus qui par un miracle inouï n’atteignent personne ; le premier tombe à 30m. du poste de secours, le 2e à côté de la source ; les autres tout alentour.

La canonnade se fait toujours entendre dans le lointain. On chuchote pour le lendemain des évènements extraordinaires….On nous distribue des compresses contre les gaz asphyxiants.

17.

Dans l’après-midi, je vais au poste d’observation, en avant d’un km. de la batterie, à côté du village de Thil.

19.

Dans la soirée, en réponse à nos coups, les Allemands tirent mais sans atteindre personne, néanmoins tout autour de nous. Je vais dîner et passer la soirée à St Thierry, avec RONDEAU, DAVID et CASTAING.

20.

Les Allemands tirent encore quelques coups dont un surtout fort près de nous.

Nous recevons des cagoules contre les gaz asphyxiants, lesquelles doivent être cousues dans nos musettes.

21.

Sans attaque cette fois de notre part, nous recevons 5 fusants juste au-dessus de nous. Pas de victime.

Vers 17h, après un tir de la 8e batterie à côté de nous, les Allemands tirent du 150, mais encore une fois, personne n’est atteint.

23.

Dans la matinée, violente canonnade de notre part, mais la réponse ne tarde pas : 12 obus de 130 ou 150 sont dirigés contre nous ; 2 tombent sur la 1e pièce, un 3e à côté d’un abri dont il brise seulement les « vitres » ; tous les autres autour de nous.

 

Dans l’après-midi, nous renouvelons notre tir, cette fois sans riposte. Chasse d’un avion allemand par deux des nôtres qui l’abattent près de Reims. A noter également qu’un certain matin, allant de la batterie à Épritel en passant par un sentier défendu devant deux pièces de 120, ces dernières se mirent à tirer avant que j’aie pu me rendre compte de la manœuvre.

Je fus renversé, roulai deux ou trois fois sur moi-même et restai un moment étourdi.

Et les canonniers du 120 riaient !!

24.

A partir de 12h, la batterie tire près de 300 coups, ainsi que la 8e batterie.

Les Allemands répondent sur cette dernière par quelques coups dont un tombe sur le poste téléphonique en ne causant que des dégâts matériels.

25.

La batterie tire 150 coups environ. Les Allemands ripostent par quelques 150. L’un deux tombe sur le poste téléphonique, où se trouvaient un lieutenant et 2 hommes, perce la toiture, renverse la table et les appareils et s’enfoncent dans le sol sans éclater ni toucher personne !

Le médecin auxiliaire VIVES est venu à la 7e batterie en prévision d’une attaque. Nous recevons des appareils respiratoires.

26.

Tir de la batterie comme les jours précédents. Les Allemands ripostent avec du 150 avec une précision remarquable. Un coup pénètre dans l’abri du lieutenant COURT, éclate et culbute tout à l’intérieur ; un autre sur l’abri de la 1e pièce sur les obus spéciaux rangés là. Décidément, la batterie joue de bonheur !

Nous apprenons dans la soirée un avantage de nos troupes en Champagne et dans le Nord. (*)

 

(*) : La bataille de Champagne a débuté le 25 septembre et celle d’Artois le même jour. Toutes deux feront de nombreuses victimes pour peu de terrains conquis.

27.

La batterie tire moins que les jours précédents et n’essuie pas de feu allemand ; quelques coups seulement sur la 8e batterie. Par contre la canonnade est intense du côté de Berry-au-Bac.

Confirmation de nos succès en Champagne et en Artois.

29.

Mr VIVES retourne à l’échelon car l’offensive est arrêtée pour le 5e armée. La batterie ne tire en effet que 6 coups dans la journée.

30.

Je pars le soir avec GRAVEREAU pour l’échelon. CONTANT assurera le service à la 7e batterie comme infirmier.

OCTOBRE 1915

1er.

Le soir promenade en compagnie de SEGUIN et GRAVEREAU vers le moulin de Maco sur la Vesle.

Promenade en canot.

2.

Le matin, je vais au village de St Thierry, et je déjeune au poste de secours de la 8e batterie.

 

Jusqu’au 23, rien à signaler pas plus aux batteries que dans ce monotone bois de Maco. Les seules distractions sont les descentes au moulin où l’on peut trouver quelques bouteilles de mousseux.

23.

Départ à 5h pour Vauxcéré.

Arrivée à 12h de tout le groupe. Nous occupions les mêmes cantonnements que lors du premier séjour dans ce village. L’infirmerie est installée dans une maison du cantonnement de la 8e batterie.

24.

Je pars le soir reconnaître la position où le soir doit se rendre la batterie.

Position de « la Butte » au-dessus de Bourg-et-Comin comme en juillet et août. A notre gauche, est installée une section de 95.

J’occupe avec Mr VIVES le poste de secours que nous avions construit, creusé dans une grotte. Brancardiers : BLANC et GRAVEREAU. L’échelon de la 7e batterie est à Oeuilly et le reste du groupe demeure à Vauxcéré.

29.

Mr VIVES, ayant un panaris au doigt, part à Vauxcéré, puis à l’ambulance de Glennes. Je conduis les malades au 2e groupe du 24e, ferme de Comin, au médecin auxiliaire ALLANIC.

NOVEMBRE 1915

9.

La 9e batterie vient prendre position à côté de nous. La section du 1er lourd quitte la position.

Monsieur VIVES, guéri, regagne la position.

14.

De temps à autre, quelques coups tombent sur Bourg ou ses alentours. La batterie est tranquille et n’a encore reçu aucun obus à ce jour.

18-28.

Je pars le 18 pour ma première permission.

Embarquement à Fismes.

28.

A 9h arrivée à Vauxcéré, de retour de permission. Je couche à l’infirmerie avec RONDEAU et LALAURETTE.

Je passe à Vauxcéré jusqu’au 25 décembre, très tranquille, n’assurant que le service de l’infirmerie avec RONDEAU et LALAURETTE.

Tranquillité également à la batterie de tir où PELLAIN assure le service.

DECEMBRE 1915

25.

A 5h je pars à la position de la Butte rejoindre la batterie de tir après un copieux réveillon.

30.

Bombardement de la Butte en réponse à notre tir. Les coups (130 et 150) tombent surtout aux positions du 24e et au-devant de nos pièces.

JANVIER 1916

6.

Visite à Seguin, à Oeuilly, où je déjeune.

7.

Les Allemands tirent dans notre direction, au pied de la Butte.

27.

Fête du Kaiser.

La batterie tire vers 11h une centaine de coups auxquels les Allemands répondent aussitôt. Les coups tombent tout autour et même sur les abris des hommes, dont les « vitres » sont brisées et sur la route du poste d’observation.

Ils recommencent à 15h. Pas de pertes.

28.

Les Allemands tirent dans l’après-midi et la soirée.

29.

Vaccination antityphoïdique.

FEVRIER 1916

2.

Retour à Vauxcéré où je dois passer un mois, étant remplacé à la Butte par PELLAIN.

Je reprends mon service à l’infirmerie avec RONDEAU et LALAURETTE.

Pendant un congé de 4 jours de Mr VIVES, la visite sera passée par Mr MARCASSUS, d’une formation voisine.

20.

Vers 20h, un avion allemand nous survole et va lancer des bombes sur Fismes et sur Bourg au niveau des ponts ; quelques victimes dans l’une et l’autre localité.

22.

Décidément, le front s’aménage ! Un cinéma vient donner une représentation dans une grange du village.

Ce qui est moins gai ; c’est la neige qui tombe en abondance.

MARS 1916

1er.

Je pars le soir avec le ravitaillement, comme convenu, remplacer PELLAIN à la Butte.

Une heure avant mon arrivée, elle avait subi un bombardement des plus violents : un obus tombe sur notre cuisine, l’a détruite en partie mais personne n’est atteint.

Dans la soirée, et la nuit nous tirons assez vigoureusement.

Pas de grands changements aux positions sinon qu’un réseau de boyaux a été construit des pièces aux abris et que notre poste de secours a été amélioré.

4.

Dans l’après-midi, je vais au poste de secours du 24e à la ferme de Comin. Je retrouve là plusieurs camarades de l’heureux temps de la musique à Tarbes.

Malgré la fréquence de nos tirs, les Allemands n’ont pas répondu depuis l’autre jour.

10.

Violente canonnade dans la direction de Berry-au-Bac. En ce qui nous concerne, les Allemands nous laissent toujours tranquilles : quelques coups de temps à autre mais qui n’atteignent personne. Ces jours-là la neige tombe assez abondamment. A ce jour, l’offensive allemande sur Verdun paraît avoir échoué.

20.

Mr VIVES quitte le 3e groupe et est affecté à une section du génie. Il est remplacé par Mr DUBOS, de la 36e division qui prend son service à Vauxcéré.

Deux jours auparavant Mr COTTARD a été affecté à l’ambulance de Meurival (direction Chavannaz) et est remplacé par Mr BOURGUIGNON, d’allures beaucoup plus sympathiques. Mr BOURGUIGNON vient de la même ambulance où est désormais affecté Mr COTTARD.

Mr BOURGUIGNON prend son service à la Butte.

A signaler que Mr COTTARD, dont l’amour du service était d’ailleurs très discutable, et discuté, est parti sournoisement, peut-on dire, sans avertir qui que ce soit dans son service. Mais est-il sûr que quelqu’un l’ait regretté ?...

En tous cas, la nouvelle figure de Mr BOURGUIGNON nous apparaît dès les premiers jours empreinte de beaucoup plus de bonté, d’amour du métier qui le rendent sympathiques à tous.

AVRIL 1916

1er.

Je vais à la position de la 2e section de la 8e batterie en position à Mont-Charmant (petite localité accrochée aux flancs de la Butte) accompagner le Docteur pour la vaccination. Dans l’après-midi, 3 coups sont tirés sur la 9e batterie.

10.

Je rejoins l’échelon étant remplacé par PELLAIN. De là je pars de Fismes pour ma seconde permission.

C’est à cette date que se termine mon séjour à la Butte et à Vauxcéré. En sommes, bonne période à ces deux endroits.

Le ravitaillement était assez bon et pouvait être complété à Fismes ou à Bourg.

Au moment de mon départ en permission, le bruit s’accrédite du départ de notre régiment pour le front de Verdun où les Allemands multiplient leurs attaques en subissant de lourdes pertes.

Mais les nôtres sont-elles moindres ?

Et ne doit-on pas voir un signe de leur énormité dans ce bruit qui circule « que tous les régiments devront aller à Verdun et n’y séjourneront que peu de temps ».

En ce qui nous concerne, ces bruits devaient se réaliser car à mon retour de permission je trouverai le régiment en route pour Verdun et notre histoire dans ce secteur confirmera la seconde partie de ces suppositions.

28.

Ce n’est qu’à Fismes que nous apprenons officiellement que le 18e corps s’est déplacé.

Nous passons donc une nuit à Fismes et le matin prenons pour Dormans une petite ligne départementale.

Après de nouveaux renseignements à Dormans, je prends la ligne d’Épernay et débarque à Port-à-Binson, sur la Marne.

 

J’arrive le soir du 28 à Chatillon s/Marne où se trouve mon régiment.

Chatillon s/Marne est une petite ville sur un coteau, sur lequel se détache la statue du pape Urbain II. Le régiment a passé là un agréable séjour que je ne connaîtrai pas car nous partons le lendemain.

29.

Départ de Chatillon à 6h. Embarquement à Mézy.

30.

Débarquement à Villers-Deaucourt à 4h. Cantonnement à St Mard s/le Mont (Marne)

MAI 1916

3.

Départ à 6h.

Arrivée à Laheycourt (Meuse) à 10h après avoir traversé plusieurs villages démolis, entre autres Sommeilles.

6.

Départ à 7h.

Arrivée à 10h à Chaumont-s/Aire, sur la route de Bar-le-Duc à Verdun, à une trentaine de km. de cette dernière.

Nous faisons là un assez long séjour. Mauvais cantonnement, mauvaise nourriture. Faute de place, l’infirmerie est installée avec celle d’un groupe de Territoriaux.

Presque tous les jours, manœuvres sans tirs.

25.

Départ du groupe à 6h.

Arrivée à 1h1/2 à Senoncourt à une quinzaine de km. sud de Verdun, de la direction duquel on entend une canonnade formant un roulement ininterrompu.

Nous campons au-dessus du village, contre un bois. Nous nous établissons sous les toiles de tente par une pluie torrentielle.

26.

Partis à 18h 1/2 pour prendre position, nous revenons à notre campement après avoir fait 4 km.

27.

Départ à 20h pour nos positions.

Arrivée vers minuit à Haudainville (Meuse) où s’établit l’échelon. Nous continuons par la droite de Verdun et prenons position un peu à gauche du fort de Tavannes, dans le bois des Hospices.

Les positions que nous occupons sont celles du 24e qui est relevé sans y avoir eu de grandes pertes ; je retrouve d’ailleurs là DUZAN qui me cède le poste de secours situé non loin des batteries à leur droite.

Ordres des batteries de gauche à droite : 7e, 8e. La 9e batterie est à environ 500m. de nous dont nous n’aurons pas d’ailleurs à nous occuper au point de vue du service médical.

Le boyau d’Altkirch, qui est la seule relation entre la route d’Étain et le fort de Tavannes passe tout à côté de notre poste de secours, qui y aboutit par un autre petit boyau.

Les évacuations des blessés seront des plus difficiles : amener les blessés à la ferme Bellevue (au croisement du boyau d’Altkirch et de la route d’Étain) et téléphoner au fort de Tavannes de réserver des places dans les voitures sanitaires se rendant à l’arrière.

 

Ce programme ne sera d’ailleurs presque jamais suivi et il faudra user de moyens de fortune : ravitaillement, évacuation par leurs simples moyens des blessés légers, dépôt des blessés dans les caves de la ferme Bellevue aux bons soins du Génie en attendant qu’une voiture puisse les prendre.

Ce carrefour de Bellevue est d’ailleurs très redouté car il y tombe des obus presque continuellement. Cette difficulté d’évacuation, ou ce manque d’organisation, sera un gros point noir pour nous.

On cherchera vainement dans le bois des Hospices un arbre encore debout : tout y est comme haché et sent le ravage et la désolation et il n’est pas rare d’y trouver quelques débris d’animaux ou même humains. Devant notre batterie se trouve une ancienne position où l’on voit encore des pièces et abris détruits. Elle avait dû être sérieusement repérée. Les canons sont sous de simples tôles et les hommes ont de vagues abris incapables de résistance à un choc sérieux, comme on le verra plus loin.

Le poste de secours est peut-être un des plus solides ; nous occuperons d’ailleurs les quelques loisirs que nous aurons à le renforcer.

Le médecin BOURGUIGNON l’habite avec moi. Mr DUBOSC est à la 9e batterie.

29.

DUTHEIL (*) (7e batterie) est blessé mortellement du côté de Tavannes et SABARROTS (7e) est blessé légèrement à la position.

 

(*) : DUTHEIL Jean (natif du Fayet, Puy-de-Dôme) était détaché comme coureur auprès du commandant du 3e groupe d’artillerie du 58e RAC (JMO) : Voir sa fiche

(**) : Par un éclat d’obus au bras droit.

30.

Violent bombardement de nos positions dans la matinée : 2 obus tombent sur le poste téléphonique où je me trouvais pour manger (c’est là en effet que je dois aller prendre mes repas mais le plus souvent, je ne pourrai quitter le poste de secours).

Le maréchal des logis CLAVIÈRES (8e) est blessé d’un éclat d’obus dans le dos.

 

Vers 20h, la 3e pièce de la 7e batterie éclate : LECUILLIER (7e) est atteint assez profondément au nez et à la lèvre.

 

Description : 1.JPG

 

La 3e pièce de la 7e batterie éclatée

 

31.

Bombardement intense de 11h au soir.

Deux tués à la 8e, LUNEAU (*) et MOREAU (**), et un blessé : PROUTEAU (***). Les deux cadavres partent le soir par le ravitaillement pour être inhumés à Belleray.

 

(*) : Canonnier-2e pourvoyeur LUNEAU Célestin Gaston (natif de Saujon, Charente Maritime) : Voir sa fiche

(**) : Canonnier-chargeur MOREAU Daniel Eugène (natif de Ste Ramée, Charente Maritime) : Voir sa fiche

(***) : Maitre pointeur PROUTEAU.

JUIN 1916

1er.

Bombardement durant la majeure partie de la journée. (*)

Écroulement du boyau conduisant du poste de secours aux batteries.

Un blessé à la 8e, le maréchal des logis HUGOUNENC.

 

(*) : Le JMO stipule que « la batterie est violemment bombardée, plus de 800 obus ce jour »

2.

Le bombardement continue. (*)

Le sous-lieutenant ST MARTIN (7e) est blessé à la jambe et le maréchal des logis SANVITI au-dessous de l’omoplate.

LARANG, brigadier du ravitaillement, se casse l’avant-bras en tombant du fourgon. (La vérité m’oblige à dire qu’il était saoul au point de ne plus tenir debout et de déraisonner !! Et tout cela avec la « gnole » de la batterie !!).

Le boyau de communication est encore obstrué, quatre obus étant tombés dedans.

 

(*) : Le JMO stipule que la batterie est bombardé par plus d’un millier obus et qu’elle a tiré plus de 1500 obus.

3.

Bombardement intense comme les jours précédents.

A 8h, le maréchal des Logis CAMBLONG (8e) est blessé grièvement à la figure. DOUBLET (8e) est blessé au bras.

Vers 22h, pendant le ravitaillement en obus, les Allemands amplifient leur tir : 3 morts : COUDIGNAC, HERVÉ et MOFFRET. 1 blessé mortellement : LABORDE et un légèrement : DUBÉE. (*)

Près de la ferme Bellevue, le ravitaillement a 2 homme tués : SALAGOÏTI et AMADÉÏ et 5 blessés, toutes ces victimes de la 7e batterie. Le maréchal des logis CASTÉRA (7 e) est atteint également d’un éclat dans le dos.

 

A noter pendant ces journées la fréquence et la violence des tirs de barrage à toute heure de jour et de nuit, déclanchés sur le vu des fusées lancées par l’infanterie. Celle-ci nous reprocha même d’avoir tiré sur elle, mais est-ce nous ou nos voisins ?

Problème délicat à résoudre, étant donné les emplacements, supposés plutôt que certains, de l’infanterie, la fréquence des tirs et surtout le mauvais état des canons qu’on fait tirer tant qu’ils peuvent donner et qui souvent éclatent.

Notre commandant de groupe, le capitaine LARTIGUE, sentira peser sur lui quelque suspicion à cet égard, dont il pourra d’ailleurs se défendre victorieusement.

 

(*) : COUDIGNAC Georges : maître-pointeur (natif de Le Seure, Charente Maritime) : Voir sa fiche.

HERVÉ Pierre Abel : 2e canonnier-servant (natif de Marcenais, Gironde), Voir sa fiche.

MOFFRET Jean Édouard : 2e canonnier-servant (natif d’Arignolle, Charente Maritime). Voir sa fiche.

LABORDE Jean Michel : 2e canonnier-servant (natif d’Arthez, Basses-Pyrénées) meurt à l’ambulance 3/18à Dugny. Voir sa fiche.

SALAGOÏTI : pas trouvé…

AMADEI Sauveur : canonnier conducteur (natif de Bastia, Corse) : Voir sa fiche.

4.

Vers midi, un obus tombe près d’un canon de la 8e batterie : 4 blessés : CASTAING, LAILHEUQUE, BENSAC et BLANC Alexis.

La veille un obus avait mis le feu dans un abri de la 7e batterie. Un lieutenant d’infanterie tombe mort dans le boyau d’Altkirch, à 300m. de notre poste de secours.

Je vais le chercher avec DAVID et son ordonnance viendra chercher ses papiers dans la nuit. Son corps avait été emporté à Belleray avec nos victimes. Aucune blessure n’apparaissait sur le corps de ce lieutenant, véritable colosse.

Nous trouvons plus de 2000f. dans son portefeuille que je remets avec ses autres papiers et objets personnels au capitaine DURIEU qui les fera parvenir à sa formation.

Un fantassin est également atteint dans le boyau d’un éclat d’obus à la tête. Ses camarades l’emportent mourant au fort de Tavannes.

Les soins que nous auront à donner aux fantassins touchés dans ce boyau seront nombreux et je ne mentionnerai ici que les principaux.

 

Les bombardements intenses de ces jours-ci sont conséquents des attaques et contre-attaques autour du fort de Vaux qui devra finalement rester aux Allemands malgré nos assauts pour le reprendre. Le boyau de communication est encore presque complètement comblé par les obus.

5.

Journée relativement calme bien que nous tirions énormément.

Dans la nuit, IMPÉRIAL (8e) est blessé en allant à Tavannes. Le boyau d’Altkirch est bien arrosé par les Allemands et les fantassins qui y passent ou y travaillent sont fréquemment touchés.

Dans cette nuit, comme dans bien d’autres, nous en soignons une quantité car les équipes de travailleurs ont leur poste de secours chez nous ainsi que leur commandant.

6.

Le calme relatif se continue et nous ne sommes pas aussi copieusement arrosés.

On peut circuler quelque peu dehors.

7.

Journée calme. Rien à signaler.

8.

Le calme se maintient malgré notre offensive, qui échoue, pour reprendre le fort de Vaux (commandant RAYNAL).

Dans la nuit, nous avions dirigé un feu intense sur cette position.

9.

Le matin à 3h. je quitte la position avec le brancardier BLANC pour prendre un peu de repos à l’échelon. Je suis remplacé par le brigadier RONDEAU. Trajet sans alarmes ; arrivée à Haudainville à 5h1/2.

L’échelon est installé sous les toiles de tente contre une petite butte. Il ne recevra pas un obus durant tout son séjour.

 

La 8e batterie reçoit un bombardement effroyable par obus de gros calibre de marine, à fusée retardée. Pièces, abris de pièces, abris des hommes, tout est détruit et l’emplacement de la batterie n’est plus qu’un effroyable chaos.

Il y a 9 victimes, la plupart ensevelies sous les abris - dont les brancardiers GIRARD (8e) et LASTEYRIE (7e) (*) et 4 blessés dont les 2 lieutenants de la 8e batterie : HINFRAY et LABORDERIE.

Les rescapés de la 8e batterie quittent cet emplacement pour aller se reconstituer à côté de la 9e qui jusqu’à présent n’a pas souffert. (**)

Monsieur BOURGUIGNON change avec Monsieur DUBOSC. Il se rend donc à la 9e batterie et Monsieur DUBOSC vient prendre sa place à la 7e.

 

(*) : GIRARD Émilien, natif de Villars-les-Bois (Charente Maritime). Voir sa fiche.

LASTEYRIE Léonard Aimé Joseph Frédéric, natif de Perpezac-le-Noir (Corrèze). Voir sa fiche.

(**) : Pour information pour ces 9 premiers jours de juin, les 3 canons de la 8e batterie ont tirés plus de dix mille obus. Le décompte journalier est effectué dans le JMO.

10.

Un tir dirigé contre la 9e batterie fait écrouler l’abri des officiers : le médecin BOURGUIGNON, le lieutenant GRANVAL et le sous-lieutenant BELLOC périssent asphyxiés sous les décombres. Le capitaine ROUHIER parvient à se dégager et peut être ramené à temps à la vie. (*)

Le maréchal des logis LANÉGRETTIE est tué par un éclat d’obus.

En raison des lourdes pertes que nous subissons, le bruit court que nous allons être relevés. (**)

 

(*) : BOURGUIGNON Louis Fernand, médecin aide-major de 1e classe, natif de Bordeaux. Voir sa fiche.

GRANVAL Bernard Marie Clément, lieutenant, natif de Bordeaux. Voir sa fiche.

BELLOC Jean, sous-lieutenant, natif de Pontenx-les-Forges (40). Voir sa fiche.

 

(**) : Le JMO de la 9e batterie n’existe pas ou plus. Peut-être a-t-il disparu lors de cette tragédie ?

11.

Le brigadier Rondeau arrive à l’échelon et je regagne la position de tir en compagnie de CONTANT (8e) et de NAULIN (9e). Je trouve au poste de secours SEGUIN et GOYHÉNEIX.

L’après-midi de la veille, un obus est tombé à l’entrée du poste de secours faisant 5 victimes, 3 tués et 2 blessés, de la 8e batterie. Le poste de secours est encombré de pansements de toutes sortes maculés de sang.

Monsieur DUBOSC, après le décès de Monsieur BOURGUIGNON, a rejoint la 9e batterie.

 

Le soir, les fantassins du 101e qui travaillaient à la réfection du boyau ont 2 tués et 1 blessé à proximité du poste de secours.

Vers 21h. DELMONT (8e) est atteint d’un éclat d’obus à la joue.

12.

Journée calme.

Le groupe est relevé dans la nuit du 12 au 13. Quelques instants avant cette relève, un bombardement sur les 8e et 9e batteries fait 1 mort et 4 blessés.

Je fais la route de la position à l’échelon en compagnie de SEGUIN et GOYHÉNEIX. D’ailleurs, tous les hommes ont regagné ainsi, par petits paquets espacés.

 

 

Description : 1.JPG

 

Notre position de batterie au Bois des Hospices, à gauche du fort de Tavannes.

 

Ce séjour à Verdun où nous avons eu dans le groupe 25 tués et 34 blessés, restera parmi les plus mauvais souvenirs de la campagne. Terribles visions de la guerre dans toute son horreur.

Nous avons dû fournir durant cette période un effort considérable, d’autant plus que le ravitaillement, qui ne pouvait venir que de l’échelon en marmites « norvégiennes », était mauvais ; la « gnole » par contre était distribuée en quantité et avait un goût très prononcé d’éther.

Le service médical a eu assez à souffrir : 1 médecin tué, 2 brancardiers tués et 1 blessé.

 

Pour ma part, je n’eus à souffrir que d’une pierre soulevée par un obus et retombant sur mon casque en me l’enfonçant jusqu’aux oreilles ! Résultat : un petit évanouissement d’une dizaine de minutes. Je ne puis dire qui m’en tira. J’étais seul dehors. Lorsque cet « accident » m’arriva et lorsque je revins à moi, je me trouvai couché sur un lit, seul encore dans le poste.

A noter que notre capitaine de batterie, DURIEUX, ne fut guère brillant par son courage : je crois bien que durant ces journées il ne sortit pas une seule fois de son abri, même pour faire ses besoins. Le sous-lieutenant GALLERAGUES ne valut guère mieux. C’est avec un grand soulagement que nous quittons cette région.

15.

Le groupe part à 10h. et arrive à 20h. à Belval (Marne) où nous cantonnons.

17.

Partis de Belval à 5h. nous traversons Ante et Sivry s/Ante (Marne) et arrivons à 10h. à notre nouveau cantonnement, la ferme de la Basse, à 1km500 de ce dernier village.

Là sont logées la 7e et la 9e batterie, la 8e étant dans une autre ferme peu éloignée (La Léchère).

Nous ferons là un bon séjour, un véritable repos moral après les fatigues de Verdun. Logement dans les granges de la ferme. Ravitaillement abondant au village voisin. Monsieur COTTARD, notre ancien médecin, revient au groupe remplacer Monsieur Bourguignon, tué.

24.

Départ à 4h.30 ; arrivée à 9h. à St Jean-devant-Posesse où nous cantonnons.

30.

Départ de ce village et retour à « La Basse » au même cantonnement que précédemment.

JUILLET 1916

6.

Départ à 18h. de « La Basse », nous traversons Ste Menehould, laissons l’échelon au camp de Souniat et allons prendre position, en passant par Vienne-la-Ville, à l’orée de Vienne-le-Château, village entièrement détruit par les Allemands.

Là se trouve la 2e section, la 1ère étant à 2km500, à proximité du village de St Thomas. Je reste à la 2e section avec SEGUIN comme brancardier et envoie GOYHÉNEIX à la 1ère.

Nous n’avons pas de docteur ; le service, le cas échéant, serait assuré par les médecins de l’infanterie voisine.

 

 

Description : 1.JPG

 

Près de la position de St Thomas,

une chose curieuse : un cheval projeté dans un arbre par l’explosion d’un obus.

 

Rien à tirer du village de Vienne-le-Château, à peine une vague coopérative, mais par Ste Menehould, l’échelon peut nous ravitailler abondamment.

Le poste de secours est creusé dans un talus de la route menant aux lignes et l’abri des hommes, contigu à l’abri des pièces, est solidement construit aussi.

Lutte de crapouillauds très active dans ce secteur.

 

Retrouve Eugène RIBETTES qui vient quelquefois dîner avec moi.

Il est dans un dépôt d’infanterie divisionnaire après avoir été blessé. Je vais quelquefois à la 1ère section à proximité de laquelle on construit un poste de secours car d’autres batteries du groupe viendraient à nos côtés. La construction de ce poste de secours devra d’ailleurs être abandonnée, l’eau étant apparue dans le terrassement.

Nous passons en somme à Vienne-le-Château un séjour assez agréable. Les Allemands ne tirent pas ou presque pas, tout comme nous d’ailleurs. Le seul incident malheureux à signaler durant cette longue période est la mort du brigadier-fourrier COURAUD, le 24 juillet : un obus fusant tiré contre avion éclate devant sa guitoune ; on trouve le brigadier, suffoqué probablement par le souffle de l’obus, étendu mort.

Aucune trace de blessure.

Le corps est envoyé à l’échelon par le ravitaillement du soir.

 

Description : 1.JPG

 

Poste de secours de la 1ère section à St Thomas.

De gauche à droite : FOURTANIÈ, un fantassin, SABATHIER, FONTAN, SEGUIN, BELLOC.

 

OCTOBRE 1916

4.

La batterie est relevée par la 27e (du X d’artillerie), mais je reste à la position avec quelques autres pour passer les consignes.

5.

Nous sommes relevés à 14h. et regagnons le camp du Souniat sur les avant-trains.

Camp de Souniat : véritable marécage à proximité de Ste Ménéhould, dans un bois. (Et que de rats encore)

6.

Départ à 5h.

Nous traversons Ste Ménéhould et cantonnons à Épense, près de Sivry s/Ante.

7.

Départ le matin.

Cantonnement à Blacy.

8.

Cantonnement à Margerie.

9.

Cantonnement à Vaupoisson (Aube).

Assez gros village à une distance d’un km d’Arcis s/Aube.

Nous passons là un temps assez long et assez loin de la guerre. Les hommes et l’infirmerie sont logés dans les maisons du village. A signaler seulement l’accident de Monsieur DUBOSC, une chute de cheval qui le tiendra longtemps au lit. Il ne sera évacué qu’au départ du régiment de Vaupoisson.

31.

Je m’embarque à Arcis s/Aube pour la troisième permission de 7 jours.

NOVEMBRE 1916

11.

Rentré de permission à Vaupoisson.

29.

Partis à 8h. Cantonnés à Droup s/Basle.

30.

Cantonnement à Conflans s/ Seine.

DECEMBRE 1916

2.

Cantonnement à L’Échelle (Seine et Marne)

3.

Partis à 7h. Cantonnement à Maisons-Rouge (Seine et Marne)

4.

Partis à 7h1/2.

Cantonnement à Gastines (Seine et Marne)

5.

Départ à 7h.

Cantonnement à Fontenay-Trésigny.

7.

Cantonnement à Neuf-Moutiers (Seine et Marne)

8.

Cantonnement à Thorigny (Seine et Marne). Tout à côté de la gare Lagny-Thorigny-Pomponne.

Je vais le soir à Lagny. Malheureusement, le séjour dans ce cantonnement est un peu court.

10.

Cantonnement à Roisy (Seine et Oise)

11.

Cantonnement à L’Isle-Adam (Seine et Oise)

12.

Cantonnement à Esches (Oise)

14.

Cantonnement à Dieudonné (Oise). L’infirmerie est installée dans un pavillon du château.

Séjour tranquille mais village triste, aucune distraction. Je suis d’ailleurs incommodé par un commencement de grippe difficile à guérir avec tous ces déplacements.

24.

Cantonnement à Berthecourt (Oise)

25.

Cantonnement à Francastel (Oise)

26.

Cantonnement à Merville-aux-Bois (Somme)

27.

Cantonnement à Proyart (Somme).

Un fait suffira à donner une idée du véritable cloaque de boue qui règne dans ce secteur. Un de nos fourgons, n’ayant pas suivi exactement le chemin de rondins, s’enfonça dans cette boue à tel point qu’il ne fut possible de retirer que l’un des deux chevaux. L’autre, ainsi que le fourgon, furent littéralement noyés.

 

(*) :

L’échelon est installé dans des baraquements à proximité de la sucrerie ; l’infirmerie à la sucrerie même.

Il fait un froid intense et ce sera l’hiver le plus rude de la guerre.

Nous avons des températures de -20° et le vin et le pain sont gelés ce qui sera souvent une cause de colique pour les hommes. Monsieur DUBOSC, guéri, regagne l’échelon.

28.

Les batteries prennent position dans la matinée à 8km entre Estrées et Deniécourt, dans un bois.

Je pars avec la 7e batterie.

Je pars donc avec la 7e batterie et à partir de Foucaucourt, village détruit qui marquait autrefois les lignes ennemies, nous traversons le terrain reconquis aux Allemands. Ce n’est qu’un bouleversement général et il est presque impossible de distinguer les anciennes tranchées.

Les 3 batteries occupent des positions à la suite les unes des autres que traverse un chemin en rondins depuis la route d’Estrées. La boue qui règne en maîtresse et la nuit venue il devient impossible de circuler parmi les trous d’obus, les arbres fracassés et cette boue.

Le poste de secours est quelque peu en arrière des batteries près du chemin en rondins ; c’est une sape creusée à 6m. où je couche avec CONTANT. Monsieur COTTARD loge au poste de secours.

Le secteur est actuellement calme. On entend cependant quelques coups tirés sur le château de Deniécourt.

30.

Grippé, je reviens à l’échelon et suis remplacé par SEGUIN.

L’échelon quitte son cantonnement pour en prendre un autre dans des baraquements sur la route de Lamothe. L’infirmerie est aussi installée dans un de ces baraquements Adrian.

JANVIER 1917

22.

Les batteries quittent leurs positions et en prendre de nouvelles dans la nuit du lendemain à gauche d’Estrées, près d’Assevillers. Je reste à l’échelon.

24.

Je quitte l’échelon avec le ravitaillement à 15h. et vais remplacer CONTANT à la batterie de tir. LALAURETTE m’avait précédé la veille.

Les batteries sont installées à droite de la route d’Assevillers à Berny-en-Santerre.

Le poste de secours à gauche. Des sapes très profondes servent d’abris. Une épaisse couche de neige couvre le sol gelé et le froid est terrible. Pendant cette période, à une position voisine, le 4e groupe a 11 hommes enterrés dans une de ces sapes effondrées par les obus, car les Allemands tirent assez souvent.

 

 

Description : 1.JPG

 

Entrée du poste de secours à la position d’Assevillers.

A gauche : LALAURETTE, DAVID, NAULIN ; à droite : LELUC et BELLOC

FEVRIER 1917

6.

Dans la matinée, je vais avec LALAURETTE à Assevillers évacuer LEMBEYE, malade.

A notre retour, les Allemands commencent un tir de 470 obus sur les batteries, le poste de secours et les batteries de 105 derrière nous. Nous avons les plus grandes peines à arriver jusqu’au poste de secours.

Depuis quelques jours, petit à petit, les Anglais sont venus nous relever dans ce secteur.

 

(*) : Les Anglais élargissent leur front dans la Somme pour permettre à 2 corps d’armée français de rejoindre l’Aisne, en préparation de l’offensive du Chemin des Dames en avril 1917.

13.

La voiture médicale vient chercher les cantines médicales. LALAURETTE part avec elle. Dans la nuit dernière, les obusiers anglais sont venus prendre position auprès de notre poste de secours ; mais il semble bien que nos alliés ne prennent pas beaucoup de précautions pour éviter d’être repérés.

A 6h. du soir, la 8e batterie est relevée.

14.

A 6h. nous sommes également relevés et, sans nous arrêter à l’échelon, nous cantonnons le soir à Lamothe-en-Santerre où en portant un ballot de couvertures, le brancardier DEGOS se foule le pied.

15.

Départ à 6h. et arrivée à 12h. à Mailly-Raineval où le brigadier infirmier RONDEAU est évacué pour grippe.

16.

Départ à 7h.

Cantonnement à Esquennoy (Oise)

17.

Départ à 7h. Cantonnement à St Omer-en-Chaussée (Oise)

La 7e batterie est installée dans le village même et la 8e batterie à Belloy, la 9e à Villepoix. L’infirmerie est installée dans le presbytère du village.

MARS 1917

1er.

Je m’embarque à St Omer-en-Chaussée pour ma 4e permission de 7 jours.

11.

J’arrive de permission à Maisoncelle, à 16km de la gare de Breteuil-embranchement, trajet que j’ai dû faire à pied.

L’infirmerie est assez grandement installée dans une maison du village.

Les batteries de tir sont parties en position pour une attaque sur Roye.

13.

Départ à 7h. Cantonnement à Esclainvillers (Somme)

14.

Départ à 8h. Cantonnement à Grivesles (Oise)

15.

Cantonnement à Rocquencourt.

17.

Traversée de Montdidier.

Nous rejoignons les batteries de tir près du village de Popincourt et nous avançons sur le terrain abandonné par les Allemands, jusqu’à 2 km. de Roye. Nous passons la nuit au bord de la route.

On entend aucune canonnade, seuls les avions sont actifs.

Les Allemands, devant nos préparatifs d’attaque, se sont repliés, pour ainsi dire sans qu’on s’en aperçoive(*).

Ils ont tout emporté de leur matériel et équipement et jusqu’à la sucrerie de Roye où je suis allé en visiteur, le terrain est absolument net et propre.

Une seule chose me frappe : les Allemands dans leur retraite ont fait de profondes petites routes aux côtés de la grande et quelque cent mètres avant la Sucrerie, une mine a fait sauter cette route, que le Génie a dérivée.

 

(*) : C’est le recul stratégique allemand de mars 1917. Ce raccourcissement du front leur fit « économiser » de nombreuses divisions d’infanterie. Le grand quartier général français a complètement été surpris par cette manœuvre particulièrement bien exécutée.

18.

Nous revenons sur nos anciennes positions, près de Popincourt.

20.

A midi, nous quittons les positions et regagnons à 21h. notre cantonnement à Maisoncelle.

23.

A midi, nous partons et cantonnons à Catillon.

24.

Cantonnement à Grand-Fresnoy.

25.

Cantonnement à Béthisy-St Pierre.

26.

Cantonnement à Dampleux.

27.

Cantonnement à Arcis-Ste Restitue.

28.

Nous partons le matin et cantonnons entre Fismes et Blanzy, dans un champ. Nous couchons sous les toiles de tente.

31.

Les batteries partent aménager les positions à proximité de Paissy. L’infirmerie s’installe dans un baraquement sur le flanc du coteau. Je vais à Fismes, mais l’aspect de cette ville a bien changé depuis 1915 ; il y a beaucoup moins d’activité commerciale.

Les avions y font d’ailleurs quelques incursions.

AVRIL 1917

 

 

A partir du mois d’avril, le 3 groupe du 58e RAC devient le 1e groupe du 258e RAC, le 4e devient 2e du 258e RAC. Les 1e et second groupes du 58e RAC passent à l’artillerie de la 123e division d’infanterie

Mais Gilbert BELLOC nous le confirmera qu’en octobre 1917 dans ces termes :

« Depuis le mois d’avril, les appellations des 7e, 8e et 9e batteries qui constituaient le 3e groupe du 58e régiment d’artillerie sont changées respectivement en 21e, 22e et 23e batteries du 258e régiment d’artillerie et constituent son 1er groupe ; le 2e est constitué par les 24e, 25e et 26e batteries.

Donc, désormais, j’appartiens à la 21e batterie du 258e régiment d’artillerie. »

3.

Deux dépôts de munitions sautent, l’un à proximité des batteries de tir à Paissy, l’autre sur la route de Bourg à Paissy. Celui-ci est de beaucoup le plus grave ; un entonnoir immense s’est creusé et, sans qu’on n’ait jamais pu avoir de certitude, une colonne entière aurait disparu.

Par le premier de ces accidents, la 9e batterie a eu 8 blessés. (*)

 

(*) : C’est exact 2 dépôts d’artillerie ont sauté. L’un d’eux le 4 avril vers 18h00. L’entonnoir serait encore visible de nos jours.

5.

Je pars aux positions à minuit avec LAMBEYE, PELLETIER, CASTAING et SABATHIER, médecin DUBOSC.

Cette position n’a rien de très agréable.

Les batteries sont sur le coteau, tout près des lignes, de l’autre côté de Paissy. Les abris des hommes sont disséminés depuis le coteau jusqu’au bas du ravin. Le poste de secours est à mi-coteau, avec le poste de commandement ; auparavant il avait été placé un peu plus haut.

La 7e batterie, où je me tiendrai le plus fréquemment, est en bas du ravin avec les réserves d’infanterie : infanterie coloniale et 5e division noire.

Les abris sont des sapes creusées dans le flanc du coteau.

6.

Nous subissons un bombardement de 150 obus vers 17h. Un mort à l’infanterie coloniale et 5 chez les Sénégalais (bien entendu, parmi ceux qui étaient avec nous et non en ligne).

9.

Monsieur DUBOSC rejoint l’échelon et est remplacé par Monsieur COTTARD. Les autres brancardiers montent également avec RONDEAU.

10.

Les Allemands tirent de plus en plus sur la position et dans le ravin, quelquefois avec assez de précision : Maréchal des logis JAURÉGUIBERRY (8e) blessé ; TRICONALD et TERREUIL (7e) blessés.

11.

Depuis deux jours, notre bombardement devient de plus en plus intense.

Les Allemands ripostent. Un blessé à l’État-major : GIN.

On attend l’attaque définitive mais dans la préparation de laquelle on sent je ne sais quelle indécision ou quelle maladresse.

La présence des Sénégalais qui ne connaissent comme armes que le coupe-coupe, jette le discrédit parmi les autres fantassins sur cette trop fameuse attaque.

12.

Le bombardement continue.

Dans la matinée, BOURBON, ESCAFFRE et MURZEAU, de l’État-major sont blessés par un obus à l’entrée de leur sape.

Dans la soirée, les Allemands bombardent violemment le ravin.

 

 

 

Description : 1.JPG

L’église de Paissy

 

13.

Dans la soirée, vers 9h. même tir de barrage que la veille.

14.

A 15h. les Allemands dirigent encore sur nous un violent tir de barrage. A 12h. Lacoussade et Cordelier (8e) sont touchés à leurs pièces, le premier mortellement.

15.

Les Allemands dirigent toujours sur nous des tirs de barrage très violents, surtout dans la soirée. Dans cette soirée, Décoène (8e) est blessé.

16.

L’attaque est déclenchée.

Les Allemands dirigent encore sur nous leurs feux de barrage. Durant la 1ère partie de la matinée, je suis immobilisé au bas du ravin à soigner des hommes du 2e Génie et des coloniaux qui avaient été pris dans les tirs en montant aux lignes.

GIRAUD (8e) blessé ; aspirant RENDU (7e) blessé.

 

Vers midi, un obus tombe sur la 3e pièce de la 7e batterie en action et tue tout le peloton de pièce : brigadier CAMBLONG, ORY, TERREUIL, DUBROCA et HARRIET.

Avec les brancardiers, je m’occupe de les transporter vers le lieu où on les inhumera, à gauche des positions à mi-côte.

Dans la soirée, CAPDEVIELLE Pierre est tué aux cuisines et BRAS blessé. (*)

BLANC D. de la 8e est blessé aux tranchées.

 

L’attaque a piteusement échoué dans notre secteur. Les Sénégalais qui n’étaient partis au combat qu’armés de leurs « coupe-coupe » ont subi des lourdes pertes, s’en reviennent dans un désordre complet. Les troupes qui devaient poursuivre l’attaque sont restées sur le flanc du coteau offrant une proie facile aux obus.

Débâcle absolue, nos chefs peuvent être fiers !!

 

(*) :

CAMBLONG Timothée, brigadier : Fiche

ORY Camille, maître-pointeur : Fiche

TERREUIL Philippe André, 2e canonnier-servant : Fiche

DUBROCA Pierre, 2e canonnier-servant : Fiche

HARRIET Gracien : Fiche

CAPDEVIELLE Pierre, 2e canonnier-servant : Fiche

 

 

 

 

Description : 1.JPG

 

Les « cuisines » de la 7e batterie dans le ravin de Paissy.

 

17-18-19.

Journées calmes bien que les Allemands tirent toujours dans notre ravin.

20.

Nous sommes relevés à 5h. non sans alertes, les Allemands tirant toujours sur le ravin.

Nous partons par petits paquets et rejoignons l’échelon entre Blanzy et Fismes, après cette brillante équipée.

24.

Une section de chaque batterie part en position dans les bois de Moulin-Rouge, après Beaurieux, à l’extrémité du « plateau triangulaire ». En face, Craonne.

25.

La 2e section des batteries part également aux mêmes positions avec le médecin COTTARD et l’infirmier SEGUIN. Le maréchal-des-logis GOUIN (8e) est tué à cette position. (*)

 

(*) : GOUIN Léopold Georges, Maréchal des Logis. Fiche

26.

Les échelons partent à 8h. et vont cantonner entre Muscourt et Meurival, au lieu-dit « les Plimonts ».

MAI 1917

5.

Nous apprenons la prise de Craonne dans notre secteur.

16.

Je pars à la batterie de tir avec les brancardiers et nous commençons aussitôt la construction d’un poste de secours lequel d’ailleurs ne sera jamais achevé.

Les positions de batterie sont situées à l’extrémité de la base du « Plateau triangulaire », dans un bois. Elles sont généralement calmes quoique les Allemands tirent parfois par surprise.

Nous disposons d’un petit poste de secours creusé au flanc d’un monticule. Les abris des hommes sont des sapes dont l’ouverture est un puits. Dans le ravin, côté Beaurieux, on voit encore des débris de pièces lourdes détruites par les Allemands.

Le poste de secours dont nous entreprenons la construction a été conçu par le docteur COTTARD qui n’est certes ni terrassier, ni charpentier. Les débuts de la construction, aussi grandiose que bizarre, font sourire tout le monde. Peut-être dans cinq ou six ans aurait-il été achevé….s’il ne s’était éboulé avant !

Comme il n’y avait pas de place dans le petit poste de secours existant, je couche au poste téléphonique de la 7e batterie. Le brigadier brancardier LALAURETTE a également rejoint les batteries.

21.

Les Allemands tirent sur nous. Les téléphonistes du groupe DE BÉTHUNE et BON sont tués en allant réparer les lignes.

 

(*) :

DE BÉTHUNE Édouard Jean, 2e canonnier-conducteur, natif de Bayonne. Fiche

BON Jean Marie Félix, 2e canonnier-conducteur, natif de Terrasson (Dordogne). Fiche

22.

A 5h.1/2 nous allons relever les corps de ces deux téléphonistes lesquels sont envoyés à l’échelon pour inhumation.

Dans la soirée, une attaque française se déclenche et nous apprenons que nous avons gagné du terrain.

23.

Tir Allemands.

Dans l’après-midi, DUPOUY, conducteur à la 8e batterie est tué en venant ravitailler sa batterie.

 

(*) : DUPOUY Jean François Domonique, brigadier, natif de Aire-sur-l’Adour (40). Fiche

JUIN 1917

1er.

Les Allemands tirent toujours de temps en temps, surtout les jours précédents, aux alentours de la batterie et sur les 8e et 9e.

2.

La 8e batterie est relevée pour aller au repos, à 5h. Les Allemands dirigent un tir intense dans tout le secteur.

A la batterie DÉSORMEAU et PRÉVOT sont blessés légèrement.

Vers 23h. , un sous-officier et un homme des sections de munitions qui venaient nous ravitailler sont gravement blessés.

Vers 17h. 2 hommes du ravitaillement de la 8e batterie sont également blessés (BIDEGAIN et BOUCHER).

3.

Bombardement du secteur.

Le maréchal des logis DUBOS (7e batterie) (*) est tué à sa pièce et GARNOUSSET blessé.

La nuit précédente, nous avions reçu des gaz suffocants et 3 hommes de la 7e batterie avaient dû être évacués ; moi-même avais été fortement incommodé et la poitrine longtemps irritée. Le bombardement se tait dans l’après-midi.

Nous apprenons que les Allemands ont prononcé cinq attaques qui ont été repoussées.

 

(*) : DUBOS Jean Marie Adrien Daniel, maréchal des Logis, natif de Bordeaux. Fiche

4.

Dans la nuit, les Allemands prononcent une attaque également repoussée. Journée relativement calme.

12.

La 8e batterie vient relever la 9e.

14.

La 8e batterie est relevée ainsi que l’État-major. LALAURETTE et DAVID quittent donc la position à 14h. Je reste à ma batterie avec LELUC.

16.

Nous sommes relevés à notre tour à 3H. et regagnons l’échelon où nous passons la journée.

C’est pendant ce séjour dans le secteur de Craonne que le Lieutenant LABORDERIE commandant la 7e batterie me remit au fond de sa sape ma 1ère citation à l’ordre du régiment relativement aux opérations de Paissy, ainsi conçue :

« Infirmier intelligent et courageux. Du 8 au 16 avril 1917 a toujours secouru les blessés avec un grand dévouement, malgré l’intensité des tirs ennemis ».

Évidemment, depuis sa création, la Croix de Guerre a bien perdu de sa valeur morale, mais il en est une qu’elle ne perdra jamais aux yeux du soldat : celle de donner droit à 2 jours supplémentaires de permission !!.

 En égard à cette considération, remercions nos chefs de les avoir si libéralement distribués, en commençant par eux naturellement.

 

Description : 1.JPG

17.

Départ à 5h. Arrivée à Serges (Aisne) à 18h. après une étape de 50km. par une journée torride.

Les 8e et 9e batteries nous avaient précédés d’une journée.

18.

Départ à 4h. et arrivée à 9h. à la Chapelle-Monthoron (Aisne).

19.

Départ à 1h.1/2.

Arrivée à 8h. à Mondant, à 1km de Montmirail.

21.

Départ à 14h.

Cantonnement aux Essarts.

22.

Départ à 20h.

Embarquement à Sézanne (Marne).

23.

Départ à 2h. Arrivée à 17h. à Vesoul (H.S.)

Itinéraire : Vitry-le-François, Jessains, Bar-sur-Aube, Chaumont, Langres, Vesoul. Cantonnement à Mailleroncourt-Charrette (H.S.) à 15km. de Vesoul.

Mailleroncourt-Charrette, village de la Haute-Saône n’aura pas d’histoire pour nous. Tranquillité absolue après la période assez tracassée que nous venons de traverser. L’infirmerie est installée dans une maison du bourg.

Le médecin-auxiliaire DUBOSC est affecté au 57e régiment d’infanterie et nous avons à sa place le médecin sous-aide-Major SARRAZIN venant de la même formation.

JUILLET 1917

1er.

Je m’embarque à Créveney (H.S.) pour ma 5e permission (9 jours).

Itinéraire : Vesoul, Besançon, Dijon, Chagny, le Creusot, Decize, Nevers, Saincaize, Bourges, Vierzon, St-Pierre-des-Corps, Poitiers, Angoulême, Bordeaux.

15.

Je rejoins la batterie à Bretagne (Terre de Belfort) tout à côté de l’ancienne frontière d’Alsace.

20.

Je pars à 14h. avec la 1ère section de ma batterie prendre position dans le bois de Carspach, près de Ballersdorf et Hagenbach et à environ 5km au-delà de Dannemarie (Haute-Alsace).

C’est un secteur très tranquille ; nous ne sommes guère ennuyés que par les combats d’avions et un obus tiré contre l’un d’eux vient même éclater près de nos cuisines. Nous tirons d’ailleurs fort peu ; les paysans fauchent même leurs prés au-devant de nos pièces.

Tout mon travail consiste à aller de temps en temps à Bassersdorf (3km.) rendre compte au médecin de secteur Monsieur RIBETON, du 4e groupe. Comme je n’ai pas de médecin avec moi, je devrais le cas échéant conduire les blessés et malades au poste de secours du 57e d’infanterie situé en avant de nous.

Ballersdorf est un assez gros village, mais trop loin de la position et pas très bien ravitaillé.

AOUT 1917

1er.

La 2e section est relevée par la 26e batterie.

2.

La 1ère section est également relevée ; nous partons à 17h. et rejoignons Montreux-Château où se sont installés les échelons.

Nous resterons à Montreux-Château (Terre de Belfort), joli village aux limites d’Alsace, à proximité de Montreux-Vieux (Haute Alsace) jusqu’au 4 septembre.

Le cantonnement y est fort bon ainsi que le ravitaillement facile ; la population y est également fort accueillante.

SEPTEMBRE 1917

4.

Nous quittons Montreux-Château et venons cantonner à Chêvremont, à 6 km. de Belfort.

9.

Nous quittons Chêvremont et allons cantonner à Chênebier (Haute-Saône).

23.

Départ à 3h.1/2 et embarquement à Belfort.

Nous partons à 9H. Itinéraire : Belfort, Lure, Vesoul, Jussey, Culmont-Chalendray, Chaumont, Bologne, Épernay, Château-Thierry, Mareuil s/Ourcq, Villers-Cotterêts, Vierzy.

Débarquement le 14 à 7h.30. Nous formons le bivouac à 1km. de Soissons où nous arrivons à 12h.

27.

Les batteries montent aux positions près du village de Sancy.

OCTOBRE 1917

2.

Un homme de la 23e batterie, DELHUMEAU, est tué à l’entrée de la sape.

 

(*) : DELHUMEAU Edmond Marcellin, 2e canonnier-conducteur. Fiche

7.

GINESTE, de la 22e batterie est blessé au bras gauche par une balle de mitrailleuse.

11.

A 2h. je pars à la batterie de tir et m’installe au poste de secours de la 21e batterie.

La position de batterie est située sur le plateau qui domine le village de Sancy et le poste de secours de la 21e batterie auquel je suis, est creusé à mi-côte. Le poste de commandement du groupe est dans la carrière du « Roitelet », plus à droite ainsi que le poste de secours du groupe, avec Monsieur COTTARD.

Au poste de secours de la 21e batterie se trouvent : médecin SARRAZIN, brancardiers DÉGOS et LELUC et moi-même comme infirmier.

Depuis le mois d’avril, les appellations des 7e, 8e et 9e batteries qui constituaient le 3e groupe du 58e régiment d’artillerie sont changées respectivement en 21e, 22e et 23e batteries du 258e régiment d’artillerie et constituent son 1er groupe ; le 2e est constitué par les 24e, 25e et 26e batteries.

Donc, désormais, j’appartiens à la 21e batterie du 258e régiment d’artillerie.

19.

Les Allemands tirent de temps en temps fusant et percutant dans le ravin, sur le village.

Dans la nuit du 19 au 20, ils envoient un grand nombre d’obus à gaz irritant surtout le nez. A la suite d’une violente préparation, nous nous sommes emparés de tranchées dans notre secteur.

Le bruit court d’une sérieuse attaque française.

23.

A 5h1/4, l’attaque française se déclenche après une fantastique préparation d’artillerie telle qu’en une seule fois je n’avais pas vu la pareille. Ce n’était qu’une illumination de tout le ravin qu’accompagnait un bruit formidable d’artillerie de tous calibres.

Les Allemands ne ripostent pas ou presque pas.

Dans la soirée, nous apprenons les résultats suivants : prise d’Allemans, Pinon, Vaudesson, Chavignon, ravin des Gobineaux, carrière de Montparnasse, fort de la Malmaison.

Les prisonniers passent nombreux dans le village de Sancy ; ils ont surtout l’air abasourdis par le bombardement effroyable qu’ils ont subi, mais en somme n’ont pas l’air très déprimés.

2 jours avant l’attaque, 2 blessés à la 23e : LESBIEN et BÉGOIN.

25.

L’attaque se poursuit surtout sur la gauche : prise de la forêt de Pinon, ce qui porte notre avance en face de nous à 6km. vers la forêt de Pinon, Allemans et Chavignon et à 2km. à notre droite, c’est-à-dire à Pargny-Filin et le nombre de prisonniers à 11 500 (front d’attaque 10km, 6e A., 21e C.A., 13e division, général MAISTRE).

31.

La batterie se porte en avant, au carrefour de l’Ange Gardien, près du ravin des Gobineaux.

Dans l’après-midi je vais reconnaître les positions avec Monsieur SARRAZIN : 21e et 23e batterie ensemble et 22e batterie à 2km.

C’est pendant cette reconnaissance que j’ai pu me rendre compte de l’effroyable bombardement des lignes ennemies : on aurait dit un effondrement général et on marchait littéralement sur la crête des obus. Les cadavres, qui devaient être nombreux étaient enlevés à ce jour.

Dans la matinée, l’échelon arrive et s’installe près de Sancy.

Nous gardons notre poste de secours comme infirmerie ; mais les deux docteurs sont aux positions de tir et je suis seul avec LALAURETTE.

NOVEMBRE 1917

5.

Un accident arrive à deux hommes de l’échelon, LARRALDE et AMESTOY, de la 23e batterie qui sont tués en dévissant une fusée d’un obus non éclaté.

 

(*) : LARRALDE Pierre, 2e canonnier-conducteur. Fiche

AMESTOY Marie Joseph, 2e canonnier-conducteur. Fiche

 

7.

Départ à 5h.

Nous nous joignons à la batterie de tir à la ferme Ménejean, où passaient avant l’attaque les premières lignes allemandes. Arrêt jusqu’à 12h. à Missy, cantonnement le soir à Launoy (Aisne)

8.

Cantonnement à Ronchères.

10.

Départ à 7h.

Cantonnement à Dammerie (Marne)

11.

Départ à 7h.1/2.

Cantonnement à Athis (Marne). D’Athis je pars pour ma 6e permission.

27.

Je débarque à Bucy-Lettrée (Aube), rentrant de permission, et rejoins les batteries au village de Dommartin.-Lettrée, dans le camp de Mailly.

La veille de mon arrivée un accident était arrivé dans ma batterie. Par éclatement d’un canon aux exercices de tir, le maréchal-des-logis LAVIE-CAMBOT et les canonniers CASTAIGNÈDE et COLETTE avaient été tués. L’inhumation a lieu l’après-midi au cimetière du village. (*)

Je resterai au camp de Mailly jusqu’à ma prochaine permission. Le village n’a rien de bien intéressant et la vie est plus que monotone. Mauvais cantonnement dans des granges par un hiver très rigoureux.

Tous les 2 ou trois jours les batteries vont au tir où je les accompagne.

 

(*) : L’accident s’est passé à Soudé-Sainte-Croix (Marne) le 27 novembre 1917. L’ogive de l’obus semble avoir été défectueuse et a éclaté dans le tube. Les victimes ont été atteintes à la partie supérieure du corps, LAVIE-CAMBOT Joseph Pierre (natif d’Orion, Basses-Pyrénées) a été décapité, le maître- pointeur CASTAIGNEDE Jean Jean-Marie (natif de Parentis, Landes) a la poitrine, tête et bras arrachés, le tireur COLETTE est atteint à la poitrine. (JMO).

Le nom de « COLETTE du 258eRAC » n’existe pas sur les morts pour la France sur Mémoire des hommes, ni sur la liste des tués de l’historique des régiments 58e et 258e RAC…Pourtant orthographié aussi « COLETTE » sur le JMO.

DECEMBRE 17

JANVIER 1918

FEVRIER 1918

6.

Je pars pour ma 7e permission (13 jours à cause de mon mariage qui me donne 3 jours supplémentaires).

24.

Je rentre de permission à Cires-lès-Mello (Oise) permission pendant laquelle je me suis marié.

Cires-lès-Mello est un gros bourg contigu à Mello à 6km. de Creil, après Montataire.

Le régiment est là pour se constituer en tracteurs. (*)

Des deux groupes existants, on en forme trois et je passe brigadier-infirmier au nouveau 3e groupe avec LARBAIGT comme brigadier-brancardier et Monsieur RIBETON comme médecin.

Je prends mes fonctions à dater du 27.

Nous versons notre ancien matériel et petit à petit nous touchons notre nouveau matériel automobile. Les canons sont montés sur des tracteurs Jeffries, les voitures à munitions et du personnel sont des Saurer, les camionnettes Fiat et les gros tracteurs Renault ou Latil. Notre camionnette médicale est une Fiat.

 

(*) : Les chevaux sont remplacés par des gros camions qui tractent les canons.

MARS 1918

28.

Nous sommes alertés pour un départ immédiat, avant que l’instruction sur notre nouveau matériel soit achevée. C’est donc avec un personnel inexpérimenté, surtout en chauffeurs, que nous nous mettons en route à 21h.

29.

Arrivée à 7h. à Ailly s/Noye (Somme) où sont installées également beaucoup de troupes anglaises. C’est d’ailleurs la poussée allemande sur ces troupes qui ont fléchi, qui nous a amenés là.

Dans la nuit qui suit notre arrivée, l’installation et le recul des troupes amène un véritable pillage de ce gros bourg. les Anglais surtout paraissent maîtres dans cet art ! Les Allemands n’envoient encore que quelque fusants.

Dans la nuit, nous partons prendre position aux environs de Mailly-Raineval au milieu d’un grand encombrement de véhicules de toutes sortes.

A partir de ce moment, la guerre de tranchées et d’abris est pour ainsi dire terminée et les opérations auront parfois la figure de la guerre en rase campagne du début.

Nous nous installons dans une petite maisonnette, au bois de l’Arrière-Cour, près d’une grosse ferme.

31.

Les Allemands avancent et arrosent la contrée, notamment notre bois. 2 blessés à la 29e batterie : Lieutenant RENDU et MARÉCHAL.

Nous soignons également des fantassins blessés dans le bois. 3 autres blessés dans notre formation.

La position dans cette maisonnette devient intenable, c’est miracle qu’aucun obus ne l’ait encore atteinte. Les balles nous arrivaient également. En allant chercher un blessé dans le bois, je suis renversé par un obus, mais sans être atteint. La question de l’évacuation des blessés devenait insoluble lorsqu’une ambulance divisionnaire passant sur la route emporta ceux qui ne pouvaient marcher.

Les Allemands continuent à avancer. Nous quittons cet endroit abandonnant une partie de notre matériel médical. Quelques heures auparavant, un obus avait mis le feu à la ferme.

Ici se place un incident comique : notre conducteur de voiture médicale, SORBET, jugeant la situation désespérée dans cette maisonnette, crut devoir, étant prêtre, nous donner l’absolution après avoir récité quelques prières.

 

Nous nous installons à proximité de Louvrechy dans de petits abris naturels n’offrant aucune solidité.

Je suis nommé officiellement brigadier-infirmier à la date du 16 mars 1918.

AVRIL 1918

4.

Violente attaque allemande qui progresse au point que, obligés de partir précipitamment, nous abandonnons dans la boue les autos de l’État-major. La camionnette médicale seule, chargée de blessés et de cuirassiers qui installent leurs mitrailleuses derrière nous, parvient à se dégager.

Le moment est critique. 4 morts :

Capitaine GENNARDI faisant fonction de commandant, adjudant CAPOU, maréchal des logis DUNOYER et FOURNIAUD 1 tué et un blessé à l’échelon resté à Ailly s/Noye. (*)

Avec les premiers blessés, je vais à l’ambulance d’Ailly s/Noye, puis je reviens chercher les 4 morts.

Sur les routes encombrées je me rends à Esserteaux où j’arrive dans la nuit à 4h., parti depuis la veille à 13h. ! (pour faire 8km. environ).

Sur les indications de l’État-major je conduis les cadavres à une ambulance de Flers s/Noye qui les inhumera.

 

(*) : Capitaine GENNARDI Hugues François – Adjudant CAPOU Joseph Pierre - Maréchal-des-Logis DUNOYER Marcel – 2e canonnier-conducteur FOURNIAUD François (qui vient du 34e d’artillerie).

5.

Je rentre à 9h. de Flers s/Noye et rejoins les batteries non loin de Louvrechy. 3 blessés dont deux légèrement.

6.

Matinée relativement calme.

Dans l’après-midi, les Allemands bombardent Louvrechy, mais nos batteries, en position sur le bord de la route, ne sont pas atteintes.

7.

Dans la nuit du 6 au 7, nous couchons dans une petite tranchée creusée à la hâte, mais la pluie nous en déloge au milieu de la nuit.

Pas plus heureux dans la voiture médicale, quelques obus étant tombés autour.

 

 

Description : 1.JPG

 

Position de Louvrechy.

Notre voiture médicale avec l’emblème du régiment, le lévrier.

De gauche à droite : SORBET, conducteur - LARBAIGT, brigadier-brancardier - et moi-même.

 

Dans l’après-midi, je vais à Louvrechy reconnaître une cave pouvant servir de poste de secours.

Les obus ont déjà fait beaucoup de dégâts dans ce village : la plupart des maisons sont démolies et les mobiliers épars. D’ailleurs, plus d’habitants.

8.

Dans l’après-midi nous quittons cette position, traversons Louvrechy sous un bombardement assez fort et allons prendre position à 1km.500 en avant d’Ailly s/Noye. Les batteries sont au bord de la route et le poste de commandement et le poste de secours dans le bois.

Nous commençons la construction d’un poste de secours dans le bois.

Les obus tombent dru sur Ailly s/Noye et l’échelon, trop bombardé, quitte cette dernière localité le 11 et s’installe à Rogy, à 14km.

 

Description : 1.JPG

 

« L’équipe de construction » au bois d’Ailly.

 

18.

Au matin, attaque sur notre gauche, laquelle nous donne Castel. Dans la nuit, nombreuses contre-attaques allemandes.

 

Description : 1.JPG

 

La construction du poste de secours dans le bois d’Ailly s/Noye.

Au premier plan, LARBAIGT portant une poutre.

Moi-même, couché un peu plus loin.

 

19.

Au matin, quelques coups de gros calibre sur le poste de commandement qui change d’emplacement.

BORDES (*) est tué à la 27e batterie par éclatement de sa pièce. Le bombardement ennemi continu autour de notre position durant toute la journée.

 

(*) : 2e canonnier-servant BORDES Louis, natif de Lit-et-Mixe (Landes)

23.

Le soir, je pars à l’échelon à Rogy, passer deux jours de repos.

A Rogy se trouve également le groupe 1 au repos, en entier.

23.

Le soir, je retourne aux batteries.

27.

Les Allemands tirent dans notre voisinage quelques coups autour du Poste de commandement, et dans le bois.

29.

Nous partons à 13h. et sommes relevés par le G1. (*)

Nous allons cantonner à Rogy où se trouvent également les échelons du G2 et du G3.

 

(*) : G1 = groupe 1

30.

Le régiment devant quitter Rogy, je vais dans la matinée reconnaître le nouveau cantonnement à Essertaux.

Dans l’après-midi, je vais évacuer 3 malades à Dury, à 2km. d’Amiens. A notre retour à Rogy, le régiment a quitté le cantonnement ; nous regagnons donc Essertaux.

Les échelons du G1 et du G2 sont cantonnés à Bosquel. Notre infirmerie est installée dans une vieille maison, dans la cour de la mairie.

MAI 1918

1er.

Monsieur COTTARD est nommé médecin-chef du régiment. (Nouveau service devant rester aux échelons).

Dans les groupes, le service est assurée par un médecin aide-major ; au 3e groupe, Monsieur RIBETON ; au 2e, Monsieur BONNAMOUR ; au 1er Monsieur LONG DEPAQUIT.

5.

A 14h. départ.

Nous allons relever un groupe du 202e entre COTTANCHY et GUYAUMONT. Le poste de secours se compose d’une petite sape à proximité de la route et des batteries. L’endroit parait calme.

6.

Quelques obus à gaz aux alentours mais qui ne nous gênent guère.

 

 

Description : 1.JPG

 

Devant le poste de secours à Cottanchy.

De gauche à droite : Moi-même, PICON et LABORDE

 

 

7.

Journée calme. Quelques coups seulement aux alentours.

9.

Vers 17h. nous sommes relevés par le 45e.

Nous rejoignons directement Quévauvillers où doivent se rendre les échelons de tout le régiment.

L’infirmerie est très bien installée dans une maison de ce gros village où nous prendrons un repos agréable. Cependant quelques incursions d’avions ennemis très fréquentes la nuit ; les points visés son Conty, Poix et Granvillers.

Je vais assez souvent à ce dernier village conduire les malades aux spécialistes.

L’installation d’une infirmerie régimentaire est décidée aux échelons sous la direction de Monsieur COTTARD ; mais son fonctionnement sera par la suite plus théorique que pratique !

22.

Des équipes de travailleurs des 3 groupes montent aux positions que nous devons occuper en face de Montdidier à proximité de Rocquincourt.

Du G3 partent : Monsieur RIBETON, LARBAIGT, PELLETIER et, LACRAMPE et LABORDE. L’État-major doit se trouver à Tartigny, est de Breteuil.

La visite au G3 est passée par Monsieur BONNAMOUR, du G2.

24.

L’auto médicale vient dans l’après-midi chercher le matériel resté à l’échelon. Je pars avec elle et me rends à Tartigny où se trouve l’équipe des travailleurs du régiment.

25.

Dans la matinée, je me rends avec Monsieur RIBETON à Beauvoir où se trouvent les échelons du G3 et à Caply où cantonnent ceux du G1 et du G2 ainsi que l’État-major du régiment ; puis nous revenons à Tartigny.

L’après-midi, je me rends de nouveau à Beauvoir avec Monsieur RIBETON. J’y reste avec le matériel qui ne doit pas monter aux positions.

26.

Le matin, je me rends auprès de Monsieur COTTARD, à Caply prendre ses ordres relativement au fonctionnement du service. Il est convenu que je resterai à Beauvoir où il viendra passer la visite chaque matin.

Les batteries de tir ne peuvent s’installer aux endroits où elles avaient fait les travaux, les Allemands lançant des obus à gaz en grand nombre.

4 tués au G2 et 5 blessés dont le médecin ; quelques gazés également ; un gazé au G3, CARRÈRE (28e).

29.

Le nombre des évacués gazés s’accroît considérablement au G1 et au G2.

30.

Le matin, je vais avec l’auto médicale chercher des médicaments à Caply, à l’infirmerie régimentaire. Monsieur RIBETON, malade, quitte les batteries de tir et nous rejoint à Beauvoir. Les batteries de tir sont relevées le soir.

31.

Nous quittons Beauvoir à 13h. et nous rendons à Bonneuil-les-Eaux, au nord de Breteuil.

Le soir, nous allons occuper à Ailly-s/Noye nos anciennes positions du 28 avril.

Les travaux que nous avions commencés ont été à peine continués par nos successeurs. Nous occupons le même poste de secours dans le bois où de nombreux obus sont tombés depuis notre départ.

JUIN 1918

1er.

Les Allemands tirent dans le voisinage et lancent des gaz asphyxiants.

A 6h. le 2, nous quittons cette position et rejoignons directement Bonneuil.

2.

Départ de Bonneuil dans l’après-midi. Cantonnement à Grand-Fresnoy (Oise).

4.

Départ de Grand-Fresnoy.

Cantonnement des échelons de tout le régiment à La Neuville-Roy (Oise)

5.

Le régiment prend position en avant de Neufvy, mais je reste aux échelons.

Sur les indications de Monsieur RIBETON, devant l’avance menaçante des Allemands, je me rends à Ménerval (Seine Inférieure) conduire les meubles de l’institutrice de La Neuville-Roy, avec la voiture médicale.

Partis vers midi nous sommes de retour vers 22h. après avoir déposé ces meubles chez un fermier de Ménerval. J’étais accompagné de SORBÉ et de l’ordonnance de Monsieur RIBETON, MAYSONNAVE. Cette précaution aura d’ailleurs été inutile, car les Allemands n’iront pas à La Neuville-Roy.

7.

Je vais à Ravenel conduire des blessés du régiment et de l’infirmerie qui passe dans le village.

8.

Au soir, je me rends avec la voiture médicale aux batteries de tir qui doivent changer de positions.

En traversant le village de Merry à minuit, les Allemands déclenchent une attaque par un violent tir sur ce village. C’est un sauve-qui-peut général tant la surprise est grande et les batteries ne sachant pas où se diriger.

Resté avec le commandant FORGEOT qui cherche à rallier l’État-major et les batteries, je suis fort malmené par un obus de gros calibre, lequel, tombé près de moi, me renverse sans me faire de mal, mais à demi-suffoqué. 3 blessés à la 29e, 2 intoxiqués à la 27e.

Bref, les batteries réussissent à s’installer entre Merry et la voie ferrée. Poste de secours dans une maisonnette près de celle-ci.

9.

Je reviens aux échelons souffrant encore d’une légère intoxication et me repose de cette journée. (Gorge et nez fortement irrités ; crachement de sang venant du nez)

10.

4 blessés à la 28e et 2 intoxiqués.

Les Allemands ont légèrement progressé mais ne tirent pas sur La Neuville-Roy, fait d’autant plus curieux que, de la sortie de ce village on est en vue des lignes ennemies.

Dans la soirée le G3 change de position. L’épidémie de grippe sévit dans le régiment et l’infirmerie est encombrée de malades, mais je n’en serai pas atteint.

11.

Dans l’après-midi, je vais à Ravenel conduire des malades au médecin spécialiste.

12.

2 blessés et un tué à la 28e par l’éclatement d’une pièce. Dans Laneuville-Roy, nous évacuons un grand nombre de fantassins blessés, à défaut d’ambulance. L’infirmier CONTANT est légèrement blessé.

15.

Le G1 est relevé et des ordres arrivent dans la soirée de se tenir prêts à partir.

16.

Contrordre : le G1 remonte en position.

17.

Je vais à Ravenle évacuer des malades.

19.

Dans la matinée, je monte aux positions remplacer LARBAIGT qui descend aux échelons.

Les positions sont situées au bord de la voie ferrée, en arrière de Merry. Le poste de commandement est dans la maisonnette de la garde-barrière et le poste de secours dans une petite « cagnée » derrière.

21.

Dans la nuit du 20 au 21 quelques coups dans le voisinage.

La 28e batterie change de position et va près de Vaumont ; la 29e à Tricot.

22.

Dans l’après-midi le PC du G3 s’installe au PC Chaumeton, dans le village de Mongerain. Il y occupe une sape d’une très grande profondeur, creusée après une cave. (42 marches).

23.

Tir dans le village et sur des batteries près de l’église.

 

 

Description : 1.JPG

 

Une rue de Montgérain

 

Je reçois ma seconde citation ainsi libellée :

« A fait preuve d’un grand courage quand, déjà commotionnée par un obus, s’est spontanément offert pour accompagner un officier dans une zone particulièrement battue. Ce rôle étant en dehors de ses fonctions a donné un bel exemple de dévouement ».

(Allusion à la nuit du 8 au 9 juin, dans Merry).

25.

Dans l’après-midi je vais avec Monsieur RIBETON à la 28e batterie dans un bois entre Vaumont et Coivrel.

28.

Monsieur RIBETON se rend à l’échelon pour la journée.

Dans la matinée, tir ennemi sur la 27e batterie d’une grande intensité. Les 4 pièces sont détruites ; pas de blessés.

La 27e batterie regagne l’échelon lequel dans la journée s’est transporté à Erquin-Villiers, sur la route de Clermont.

JUILLET 1918

1er.

Dans l’après-midi, je vais avec Monsieur RIBETON à la 28e et à la 29e batterie ; cette dernière a pris position près de Coivrel, sur la route de Tricot.

3.

Le soir, à 21h. nous quittons le PC de Montgerain lequel est occupé par de l’infanterie. L’État-major va coucher à l’échelon.

4.

L’Etat-major remonte et occupe le PC dans une carrière du côté de Vaumont. Je suis resté à l’échelon et dans l’après-midi je vais à Argenlieu où se trouve G1 et à Clermont.

5.

Nous montons aux positions dans l’après-midi. Le PC du G3 est déménagé à nouveau et occupe une maison du village de Vaumont.

6.

L’après-midi, je vais avec Monsieur RIBETON aux positions des 2e et 28e batteries.

8.

L’après-midi, je me rends à l’échelon avec Monsieur RIBETON.

9.

A l’échelon avec Monsieur RIBETON l’après-midi.

Depuis quelques jours, les travaux d’un PC ont été entrepris dans le voisinage de la 28e batterie ; à 600m. environ de Vaumont ; nous devons l’occuper incessamment.

10.

Dans l’après-midi, je vais à l’échelon avec Monsieur RIBETON.

Le soir, nous nous installons dans le bois cité plus haut. Je couche dans un petit abri qu’avaient dû construire les échelons qui occupaient primitivement ce bois.

12.

Nous entreprenons la construction d’un poste de secours.

La 29e batterie a quitté ses positions de Tricot ; la 2e section s’installe en avant et la 1ère aux environ de Mongérain.

13.

Après déjeuner, je vais à la 2e section de la 29e batterie située en arrière de Tricot à 1km. à gauche de la 27e batterie.

17.

Notre poste de secours est en voie d’achèvement. Je m’y suis installé depuis le 15.

Nous apprenons que l’offensive allemande déclenchée entre Château-Thierry et la Main de Massiges n’a pas donné de résultats appréciables.

18.

A 22h. je suis détaché à la 28e batterie qui doit prendre une position avancée en arrière de la sucrerie de Tricot, de l’autre côté de la voie, en vue d’une action locale qui doit se produire le lendemain.

Je m’installe avec les deux brancardiers de la 28e dans une petite tranchée non loin du Capitaine et à proximité de l’infanterie.

19.

L’action a lieu à 3h15. Les Allemands répondent à nos coups avec assez de justesse ; entre autres un obus tombe à 2m. de notre tranchée. Pas de victimes et nous rejoignons le bois de Vaumont à 23h.

20.

Je regagne l’échelon à Erquinvilliers et suis remplacé par LARBAIGT.

A Erquinvilliers, j’ai comme infirmerie une petite pièce dans une grande ferme occupée en grande partie par des malgaches auxquels nous passons la visite. Monsieur COTTARD vient tous les jours d’Argenlieu où se trouve l’État-major du régiment et les échelons du G1. Les échelons du G2 sont à Cunières.

23.

Dans l’après-midi je vais à Argenlieu.

25.

Le soir, après dîner, je vais à Argenlieu rendre visite à BLANCHARD et LALAURETTE.

27.

Les échelons du G2 et du G3 vont cantonner à St Just-en-Chaussée, rue Ernest Mercier, non loin de la gare.

L’infirmerie occupe le rez-de-chaussée d’une maison au 13 de la rue Mercier où Monsieur COTTARD vient chaque jour passer la visite d’Argenlieu. Les avions ennemis viennent nombreux sur la ville mais durant notre séjour, ils ne feront pas de gros dégâts.

La ville cependant a eu beaucoup à souffrir de leurs précédentes incursions.

 

 

Description : 1.JPG

 

Sur la route de Vaumont à Coivrel, près d’un camouflage d’artillerie lourde.

A gauche, Lembeye

 

31.

Je vais à Litz évacuer le maréchal des logis CARRÈRE.

AOUT 1918

6.

Le G1 vient cantonner à St Just. Nous déménageons notre infirmerie dans la maison de l’école des filles avec les deux autres groupes.

7.

Dans la nuit du 7 au 8, le G3 change de positions en vue d’une attaque.

9.

L’attaque s’est déclanchée à 16h. et la progression, prélude du recul ininterrompu des Allemands à partir de ce jour, a été de 3500m. dans notre secteur, mais beaucoup plus grand à notre gauche.

10.

Les échelons quittent St Just à 16h.

Je reçois l’ordre d’y rester avec le matériel médical, la voiture étant allée avec la batterie de tir.

Elle revient à 1h1/2, le 11, avec Monsieur RIBETON, LARBAIGT et DAVID.

11.

Après avoir chargé le matériel, nous partons à 7h.1/2 rejoindre les batteries de tir.

Itinéraire : Maignelay, Godenvilliers, Domfort, Assenvilliers. Les échelons du G3 sont dans ce dernier village ayant été repris aux Allemands. On voit que la progression s’est développée depuis le 9.

A 18h1/2, le groupe part, traverse le village de Faverolles et prend position à proximité de Fescamp.

 

Dans la nuit, les Allemands tirent tout autour de nous. Un obus tombe sur la voiture médicale dont toute la carrosserie est détruite ; le matériel et nos effets personnels sont détruits également et dispersés aux quatre vents.

Par un miracle, le moteur est intact.

12.

La voiture médicale part à l’échelon avec LARBAIGT et le peu de matériel qu’on a pu récupérer. Je reste au poste de secours avec DAVID.

13.

Une pièce par batterie part dans la soirée occuper de nouvelles positions de l’autre côté de la route de Montdidier à Roye.

15.

Dans l’après-midi, le reste du G3 et le PC se transporte aux nouvelles positions en allant vers Grévillers. Le poste de secours s’installe dans une tranchée derrière les batteries. Un blessé à la 29e batterie que nous évacuons sur Fescamp.

16.

Les Allemands reculent sans cesse. Le poste de secours s’installe dans une guitoune, dans le bois voisin, avec le PC.

Pas de tir allemand.

17.

Nous quittons ce secteur à 4h. et nous nous rendons à Maignelay en passant par Assainvilliers et Montdidier dont il ne reste plus que des ruines.

Nous repartons de Maignelay à 13h.

Itinéraire : Maignelay, St Just, Beauvais, Clermont, Liancourt, Pont Ste Maxence, Verberie.

Nous bivouaquons en pleine foret de Compiègne sur la route de Choisy-au-Bac.

18.

Je pars pour ma 8e permission (10 jours + 2 pour croix de guerre) et me rends à 13h. à Verberie ; mais comme il n’y a pas de train que le lendemain, je dîne et couche dans ce village.

19.

A 11h. départ. Gare régulatrice Survilliers.

Arrivée à Bordeaux le 20 à 8h.

SEPTEMBRE 1918

5.

Arrivée à Charentigny où se trouvent les échelons bivouaqués autour de ce village qui n’est guère qu’un groupe d’anciennes maisons démolies.

6.

A 12h. je me rends aux batteries.

Traversée de Soissons en ruines et arrivée aux positions sur un coteau au-dessus de Bucy-le-Long. Je retrouve là l’infirmier DAVID, Monsieur RIBETON étant en permission.

Pendant les opérations qui se sont déroulées durant ma permission, le groupe a eu 1 mort et 6 blessés.

Le poste de secours est situé dans des grottes attenantes à la ferme de La Montagne qui était pour les Allemands un admirable observatoire. Le G1 se trouve à côté de nous ; le G2 en avant.

A mon arrivée, l’endroit est calme.

13.

Par éclatement d’une pièce, le G1 a eu 1 mort et 2 blessés durant la période précédente.

14.

Dans la nuit du 13 au 14, nous nous portons à proximité de Vrigny. Pendant ce changement, une bombe d’avion tombe sur un tracteur Jeffries de la 27e batterie, chargé d’obus, l’incendie ainsi qu’un autre qui se trouvait à côté.

Les deux conducteurs qui s’étaient imprudemment abrités sous leurs voitures, furent carbonisés.

L’État-major et le poste de secours occupent des sapes sur un chemin de terre allant de Vrigny au Pont-Rouge. Monsieur RIBETON n’étant pas rentré de permission, je me mets en rapport avec le service médical du G2, dans Vrigny.

17.

Jusqu’à ce jour, les tirs Allemands n’ont eu lieu que dans les environs du groupe mais aujourd’hui dans l’après-midi, les obus tombent plus rapprochés.

18.

Dans la nuit du 17 au 18, tir allemand.

20.

Au matin, les G1 et G2 changent de positions. Nous installons le poste de secours dans une sape du G1.

Tirs allemands en arrière de nous.

Depuis 8 jours environ, les échelons sont déplacés à Soissons.

Dans la nuit du 20 au 21 une bombe d’avion tombe dans leurs cantonnements et blesse 3 hommes.

22.

Le groupe devant se déplacer au Pont-Rouge, Monsieur RIBETON part avec DAVID dans la matinée au nouveau PC. Je les y rejoins le soir avec le matériel du poste de secours.

Le carrefour du Pont-Rouge est situé sur la route de Maubeuge et tire son nom d’un pont de couleur rouge lequel faisait partie d’une sucrerie laquelle à l’heure actuelle n’est qu’un amas de ruines. L’endroit est copieusement arrosé.

23.

Tirs Allemands dans notre zone l’après-midi.

24.

Tirs Allemands nourris au carrefour et en avant de nous durant toute la journée.

Un blessé à la 29e batterie.

27.

Les tirs Allemands deviennent de moins en moins nourris.

28.

Au matin, nous apprenons que les Allemands ont repassé l’Ailette ce qui fait un recul de quelques km. en face de nous.

Tranquillité absolue.

OCTOBRE 1918

3.

Le groupe quitte ses positions dans l’après-midi et se rend par Vrigny, Celles s/Aisne, Condé s/Aisne, Vailly, en position sur la route d’Astel.

Le poste de secours est installé dans une sape non loin des batteries, au flanc d’une butte.

Rien à signaler durant notre séjour à cet endroit.

6.

Le groupe qui ses positions à 6h. et rejoint son échelon à Soissons, faubourg St Vast.

Le régiment est tout entier cantonné à Soissons lequel est presque complètement détruit.

7.

Le régiment quitte Soissons à 8h. et se rend à Aubigny (Aisne) sur la route de Ham à St Quentin.

Itinéraire : Noyon, Guiscard, Ham, tous villages presque complètement détruits.

Nous partons d’Aubigny le soir et allons prendre position près de St Quentin en vue de cette dernière ville que les Allemands occupaient il y a peu de temps encore.

Nous ne tirons d’ailleurs aucun coup de canon, car les Allemands se retirent précipitamment en face de nous et nous sommes hors de portée comme d’ailleurs à la position suivante.

8.

Dans la soirée, nous prenons position au faubourg St Jean dans St Quentin.

Notre poste de secours est installé dans la cave d’une maison. Pas un coup de canon mais en revanche incursions multiples d’avions ennemis qui arrosent la ville et les alentours de nombreuses bombes dont quelques une tombent autour de nos batteries sans faire de mal.

9.

Les Allemands battent toujours en retraite et nous demeurons dans l’expectative.

Une visite dans St Quentin nous fait comprendre l’esprit d’organisation des Allemands. Peu de maisons sont intactes, mais toutes sont été débarrassées de ce qu’elles contenaient en ferrailles et de toutes sortes, lesquelles sont soigneusement rangées en tas au long des trottoirs en vue sans doute de leur transfert en Allemagne interrompu par la retraite.

 

Des redoutes ont été bâties aux carrefours de routes qu’elles commandaient par des mitrailleuses.

Le spectacle le plus curieux est au cimetière.

Beaucoup de caveaux ont été ouverts et ont servi de refuge aux Allemands après qu’ils en ont eu extrait les cercueils dont on ne trouve plus trace nulle part. Dans l’un d’eux, un des plus grands et des plus solides, on y voit encore des chaises et des tables avec des arrivées de lignes téléphoniques. Le monument aux morts de 70 a également servi d’abri ; on y remarque un grand nombre de noms tant civils que militaires, sans doute des prisonniers enfermés là.

Dans le coin du monument, intérieurement, on voit un trou aux parois noircies semble-t-il par une explosion de poudre. Les Allemands ont-ils essayé de faire sauter le monument ?

11.

Le régiment, batteries et échelons, se concentre à l’autre extrémité de la ville. L’infirmerie est installée dans une cave d’une maison démolie.

12.

Le régiment, après un long circuit autour de la ville pour éviter les quartiers non encore explorés et pouvant être minés, va prendre position à Fieulaine dans la matinée en vue, parait-il, d’une action de grande envergure devant amener des résultats décisifs.

Le poste de secours s’installe avec le poste de commandement dans la dernière maison du village. Les batteries dirigent un feu nourri sur l’ennemi lequel tire sur le village et autour de nous, surtout la nuit. Mais l’action projetée semble ne pas avoir réussi.

14.

Le groupe quitte ses positions et Fieulaine aura été notre dernière opération. Les Allemands battent en retraite d’une façon continue ce qui nous amènera à l’armistice.

Quant à nous, depuis longtemps, la nécessité s’imposait de la réfection presque totale de notre matériel, lequel n’était plus que de la carcasse de matériel ! Nous allons donc à l’arrière pour cette opération et les évènements se précipitant, ne remonterons plus en ligne.

15.

Départ du régiment de St Quentin.

Itinéraire : Ham, Noyon, Carlepont, Verberie, Rhuis (Oise) où nous cantonnons.

16.

Départ de Rhuis.

Itinéraire : Raray, Rully, Baron, Meaux, Courtevrault, Villeneuve-le-Comte où cantonnons.

17.

Itinéraire : Villeneuve-le-Comte, Melun, Fontainebleau, Nemours, Branles (cantonnement).

18.

Je pars avec le logement à Pressigny où doit se trouver notre nouveau cantonnement. Mais là, le cantonnement n’étant pas suffisant, nous nous rendons à Châtillon-Coligny (Loiret).

Chatillon-Coligny, petite ville de 2500 habitants, n’avait jamais eu de militaires, même en manœuvres. Nous y sommes reçus à bras ouverts. Cantonnements confortables ; d’ailleurs qui veut a une chambre. Ville très agréable où nous passons un heureux séjour.

L’infirmerie est en premier lieu installée dans un ancien magasin Grand’rue, puis s’agrandissant ensuite, à l’ancien hôtel du Cheval Blanc dont nous occupons le 1er étage, sur la place.

 

Les G1 et G2 sont installés non moins bien à Nogent s/Vernisson, à environ 6km.

De concert avec la municipalité de la ville, nous organisons à Chatillon-Coligny deux concerts les 27 octobre et 3 novembre très réussis dans la jolie salle des fêtes de lhôtel de ville. Avec les éléments civils et militaires, nous réorganisons l’harmonie dont je fais partie et qui participe également à ces concerts.

Je vais souvent à Montargis conduire en auto (18km) les malades aux spécialistes.

Malheureusement l’épidémie de grippe fait quelques victimes parmi la population civile et nous créé beaucoup de travail car il n’y a pas de médecin dans l’endroit.

C’est à Châtillon-Coligny que nous parvient le 11 novembre 1918 à 9h. l’ordre d’armistice pour ce jour à 11h.

Inutile de dire que la joie fut délirante et se manifesta non moins bruyamment ! Ce ne fut que colloques animés, repas improvisés et plantureux et une vraie débauche de mark du pays qu’on s’offrait les uns aux autres, les commerçants et habitants donnant l’exemple…

Le soir, retraite aux flambeaux très animée bien entendu !

Le 9 décembre, je pars à Nogent s/Vernisson pour ma 9e permission.

1919.

Je rejoins le régiment à Château-Landon (Seine et Marne) le 2 janvier 1919.

Tout le matériel a été versé au parc de Nemours. Petite ville assez gaie, mais pas aussi agréable que Chatillon-Coligny. Un café de la place fait des représentations de café-concert.

L’infirmerie est installée dans un ancien couvent près de l’église, mais les visites n’y sont passées par nos médecins (Messieurs COTTARD, RIBETON, FAYOLLE, DUPASQUIER, GATINEAU, DELAFOSSE) qu’au début de notre séjour.

En effet Monsieur COTTARD est démobilisé, puis Monsieur RIBETON (28 janvier) ; nous avons encore Messieurs FAYOLLE et DUPASQUIER qui s’en va bientôt puis c’est l’infirmerie de Nemours qui assure nos visites.

(Entre temps nous avons eu également le sous-aide major DELAFOSSE).

 

Le régiment se désagrège petit à petit.

Le G1 s’en va à Nemours et des batteries des 2 autres groupes disséminés par-ci par-là.

Je verse à l’infirmerie de Nemours le matériel laissé par les 2 autres groupes.

 

Au début d’avril, le 3, je pars pour ma 10e permission au moment où le bruit court du départ de ma batterie (le 27e) dans la Sarthe. J’aurais pu rester à Château-Landon pour assurer le service de l’infirmerie de cantonnement, mais celle-ci n’étant plus du tout organisée et ne pouvant être qu’une source d’ennuis, je préfère suivre ma formation.

Je débarque à Vaas (Sarthe), ligne du Mans à Tours, le 16 avril au matin et me rends au « Camp d’Aubigné » qui s’étend sur 2km. entre Vaas et Aubigné.

C’est là où se trouve la 27e batterie affectée au service du camp qui consiste en un dépôt d’obus de tous calibres. Son titre exact est d’ailleurs « Entrepôt de Réserve Générale de Munitions » (E.R.G.M.).

Le capitaine IDOUX le dirige mais les unités détachées s’administrent séparément.

L’effectif du camp est environ 600 hommes dont 300 malgaches et cantonne dans des baraques Adrian.

Je n’ai plus de brigadier-infirmier que le nom ; je suis employé au bureau de la batterie (le matériel médical avait été versé par DAVID à Nemours au départ de la batterie).

 

Les deux villages de Vaas et d’Aubigné sont insignifiants.

On a l’impression dans ce camp que tout ce qu’on y fait est inutile ! En somme des déplacements d’obus d’un endroit à un autre.

On bénéficie de nombreuses permissions de 24h., étant soumis au régime de l’Intérieur. La seule permission de longue durée dont je jouirai sera celle du 30 mai 1919, à la naissance de ma petite Simone.

Les hommes sont libérés petit à petit, suivant leur classe et c’est ainsi que je quitte le camp d’Aubigné le 5 au soir pour être démobilisé du 58e régiment d’artillerie coloniale à Bordeaux, le 8 août 1919.

 

 

 

 

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