Carnet de route de Jean Pierre Camille Bordoz

24ème batterie du 31ème régiment d’artillerie de campagne

Août 1914 – juillet 1915

 

 

Mise à jour : Avril 2022

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Jean BORDOZ en 1915 au 31ème régiment d’artillerie de campagne

 

Jean Pierre Camille BORDOZ est né à Séez, commune dépendante de Bourg-Sainte-Maurice (Savoie) en juin 1886. Il déclare en 1906 être cartonnier et habiter Paris à son service militaire (de deux ans) qu’il effectue à partir d’octobre 1907 au 31e régiment d’artillerie RAC) du Mans. Il est canonnier-conducteur et brigadier en septembre 1908.

A la mobilisation, il rejoint logiquement la réserve du 31e RAC.

Le 31e RAC mobilise en août 1914 :

- 3 groupes d’artillerie à 3 batteries qui constitue l’artillerie de la 8ème division d’infanterie (DI).

- des sections de munitions, de réparations, des batteries de territoriaux, etc…

- 1 groupe de réservistes qui constitue le 2ème groupe de l’artillerie de la 54e division d’infanterie (le premier groupe étant un groupe du 44e RAC, le troisième du 31e RAC).

Pour info : Les 8e et 54e DI ne combattront pas au même endroit, donc 2 artilleurs peuvent appartenir tous deux au 31e RAC et combattre dans des zones complètement différentes géographiquement.

 

Ce groupe de réserviste est appelé « 2ème groupe de renforcement » du 31e régiment d’artillerie.

Chaque groupe est composé de 3 batteries (1 batterie = 4 canons).

Jean BORDOZ est donc à la batterie n ° 24 qui appartient au 2ème groupe de renforcement (24, 25 et 26ème batt.). Il restera vraisemblablement à cette batterie durant toute la guerre. Quand la guerre éclate, sa femme Juliette est enceinte, elle accouche de leur fils le 8 déc : aucune allusion à son fils dans le carnet.

 

Tous les récits d’artilleurs, comme celui de Jean BORDOZ, utilise des termes propres à l’artillerie, comme " batterie ", " groupe ", " échelon ", " pièce ", " avant-train " , pour comprendre ses termes, allez voir sur mon site ici.

 

Merci à Évelyne pour les carnets de son grand-père et à Philippe S. pour la vérification du récit et le temps passé sur certaines recherches.

Nous avons ajouté du texte en bleu pour la compréhension de certains termes et pour aller « plus loin » dans l’analyse du récit.

Éveline a rajouté la ponctuation qui était inexistante et corrigé les quelques fautes.

A noter que le JMO (du début de la guerre) du groupe a été détruit (ou perdu) durant la bataille de la Marne. Celui qui existe est la copie scrupuleuse recopiée en janvier 1915 du carnet de campagne du sous-lieutenant DEBAIZE qu’il avait emporté avec lui lorsqu’il avait été blessé le 6 septembre. (Source JMO 2 gr.)

 

Nota :

Ce récit peut être mis en relation avec un autre témoignage d’un artilleur du même régiment, même groupe et même batterie :

Les notes de Pierre BOURGAULT au 31ème régiment d’infanterie : ici

 

 

 

 

 

 

Année 1914 - Août

1er et 2 août :

Mobilisation 3 août : Départ gare de Vaugirard 8h 1/2, arrivée à 3h au Mans.

4 août :

Passe brigadier d’ordinaire. (*)

 

(*) : C’est le brigadier en charge de la nourriture servie à la troupe : achats, organisation, etc…

IL est donc rattaché organiquement à l’état-major. L’état-major du groupe est toujours rattaché administrativement à la première batterie du groupe, pour ce cas donc à la 24e batterie, comme on peut le lire sur le journal des marches et opérations (JMO) de celle-ci.

.

 

5 au 9 août :

Préparatifs de départ à l’Abbaye de l’Épau près du Mans (formation des groupes)

10 août :

La batterie embarque au Docks à 12h.

11 août :

À 20h, débarquement à Consenvoye, départ à 23h. Je pars en éclaireur avec un lieutenant et 4 hommes. On peut rencontrer une patrouille allemande. « Ne pas hésiter » dit le lieutenant.

Émotion !

12 août :

Arrivée à Bras.

Bivouac dans une prairie au bord du canal de la Meuse.

13 août :

Manœuvre sur la route de Longuyon.

14 août :

Alerte à 24h. À 4h45, départ, arrivée à Chaumont devant Damvillers à 11h

15 août :

Nos officiers font une reconnaissance.

16 août :

Idem

17 août :

Départ à 6h, arrivée à Châtillon-sous-les-Côtes.

18 août-19-20 :

Mise en batterie.

 

 

Extrait du carnet de guerre de Jean BORDOZ du 31ème régiment d’artillerie de campagne

 

 

21 août :

Départ 6h30. Arrivée à Lanhères à 16h.

22 août :

Alerte à 2h30.

Départ à 4h. Arrivée à Vaudoncourt à 9h30. Halte dans une prairie.

Départ à 18h puis retour à 24h, (la batterie) reste attelée. (*)

23 août :

Occupe position de batterie à la lisière du bois de la Viécourt.

 

 

Extrait du JMO du groupe d’artillerie

Les batteries se trouvaient au nord-est du bois de la Viécourt. Voir sa position.

 

24 août :

Occupe même position que la veille plus près du bois.

À midi, le tir des obusiers allemands réglés sur la batterie, rend la position intenable, coups percutants, fusant explosifs. Le chef d’escadron donne l’ordre d’évacuer la position à 15h30.

Nous allons chercher le matériel par un sentier dans le milieu du bois. Le matériel est retiré à bras à l’aide de cordes à chevaux. C’est chacun son tour à les attacher. Pendant tout ce temps, les obus continuent à tomber.

Un canon est rendu inutilisable, le matériel est criblé d’éclats d’obus. (*)

 

Le fourrier (**) qui conduisait la dernière voiture eut son cheval tué sous lui, un autre sous-off est blessé (***), plusieurs servants aussi. Je suis éclaireur, plusieurs ordres à porter sous le feu. Je fais mon premier soleil, ma jambe me fait mal mais la journée n’est pas finie, je continue mon service.

La veille, nous avons fait du bon travail, nous avons démoli tout un convoi allemand et détruit 2 compagnies de fantassins ennemis.

Toujours pendant le bombardement des Allemands, nous allons prendre d’autres positions à côté des 25-26 (batteries) déjà placées.

Le soir, retraite sur Loison. Grande journée d’émotion.

 

(*) : Cette partie est pratiquement recopiée sur le JMO de la 24e batterie. Il devait côtoyer l’état-major où se trouvait l’officier en charge de la rédaction du JMO ; d’ailleurs il était éclaireur, comme il le dit.

L’officier rédacteur rédigeait le compte-rendu de la journée et présentait un brouillon au commandant du régiment qui approuvait ou modifiait avant la recopie sur le JMO officiel.

(**) : Maréchal-des-logis-fourrier JANY.

(***) : Maréchal-des-logis ROYER.

25 août :

À minuit, départ par Billy et arrivée à Azannes à 5h30.

25 août :

À 15h départ pour Grémilly, arrivée à Ornes à 21h30.

26 août :

À 18h30 départ par Damloup, Belrupt, Haudainville, arrivée à Dieue-sur-Meuse 5h30

27 août :

Départ à 9h par Génicourt : là, on voit passer des prisonniers allemands.

Encore une bûche, je ne peux monter à cheval, et vais sur une voiture.

Départ de Génicourt à 15h sans avoir de pain, ni vivres, on l’a sec.

28 août :

Bivouac à Spada. Mon cheval est tué.

29 août :

À 12h départ de Spada.

30 août :

Arrivée à Ambly-sur-Meuse 17h30.

Belrupt 22h30.

31 août :

Départ pour Verdun, arrivée à Montzéville à 18h30.

Septembre 1914

1er sept :

4h30 départ. Arrêt à Béthincourt. Départ à 9h.

Mise en batterie à Gercourt, tirs sur bois et sur batteries dans les peupliers sur les bords de la Meuse.

À 16h45, les obus allemands tombent sur la batterie (sur la 25 et la 26) : plusieurs blessés.

Je porte des notes au commandant, et les obus tombent. Je me retrouve veinard.

2 sept :

Retour de nuit à Esnes à minuit 30. Bivouac.

Réveil à 4h30. On mange du cheval.

3 sept :

Départ à 4h45 par Montzéville, Dombasle, Malincourt ?(Vadelaincourt). Bivouac.

4 sept :

Départ à 6h30 par Esnes. Arrivée à Deuxnouds 12h.

Visite du général Herr. La 54e division est dissoute. Le groupe passe armée de Lorraine, 2e armée.

 

(*) : La 54e division d’infanterie est disloquée à partir du 4 septembre 1914. Ses différentes entités sont progressivement affectées à d’autres corps. La dissolution de la 54e DI est effective le 27 octobre 1914. Les 3 groupes d’artillerie qui composaient l’artillerie de cette division dissoute (un du 26e RAC, un du 44e RAC et le groupe du 31e RAC) sont rattachés pour le groupe du 36e RAC à l’artillerie de la 65e division, pour les groupes du 44e et 31e RAC à l’artillerie du 6e corps d’armée. Rattachement administrativement effectif fin octobre 1914.

Le 6e corps d’armée est composé à cette date de 4 groupes d’artillerie – 2 du 46e RAC en plus des deux précédents – et fait partie de la 3e armée.

Le général HERR commande l’artillerie du 6e corps d’armée.

5 sept :

Départ à 6h sur Marat-la-Grande.

6 sept :

Départ à 14h45.

Position de batterie près de Seraucourt. Tirs sur la gare d’Ahaye. (*)

Bivouac Courcelles-sur-Aire.

 

(*) : Il s’agit du bois d’Ahaye (maintenant bois Dahaie) au NO de Deuxnouds. Le JMO artillerie du 6e CA indiquant battre sa lisière NO, il n’y avait pas de gare (les gares du Meusien sont Beauzée, Rignaucourt, Mondrécourt, Heippes … contournant donc ce bois par le sud et l’est.)

7 sept :

Départ à 15h30, mise en batterie près de la ferme de Vaux-Marie. Bataille de la Marne. (*)

À 16h, la batterie reçoit l’ordre d’aller prendre position à droite de la ferme pour soutenir l’infanterie.

La mise en batterie a lieu, mais à 800m, les fantassins allemands s’avancent l’arme à la main en lignes de tirailleurs.

L’infanterie française a disparu. La batterie quitte la position grâce à notre bon capitaine qui a su nous tirer, car sans ça, on était tous bousillés.

Le 26e chasseurs occupe la ferme. (*)

Bivouac sur le plateau de Vaux-Marie. Incendies alentour.

Dure journée, la fatigue se fait sentir, mais il faut tenir, c’est un ordre, et on ne mange pas tous les jours.

Je pense beaucoup chez moi.

 

(*) : Comment savait-il que cette bataille allait s’appeler « bataille de la Marne » ??? Il a probablement relu et complété ses notes « sur le vif » (aussi le cas dans d’autres carnets).

(**) : C’est exact, le 26e bataillon de Chasseurs défendra héroïquement la ferme de Vaux-Marie.

8 sept :

Mort du commandant Dubout, tué d’un éclat d’obus. (*)

Cette journée, j’ai failli y passer : des gros obus sont tombés sur la colonne : 8 chevaux tués et 4 hommes, et 2 voitures retournées. (**)

Je suis couvert de terre, mais quitte pour une émotion.

On transporte nos camarades sous une avalanche d’obus, jusqu’ à Érize-la-Grande où le commandant vient d’être emmené.

Journée bien terrible pour nous. Bivouac sur le plateau à hauteur d’Érize-la-Grande, à l’est de la route de Bar-le-Duc.

Pas de nouvelles.

 

(*) : Le commandant Eugène Adrien Justin DUBOUT est remplacé par le capitaine LAGARRIGUE qui commande la 25e batterie. Voir sa fiche.

(**) : C’est en effet exact. Quand il parle « tombés sur la colonne », la colonne c’était le groupe des échelons des 3 batteries qui battait en retraite après une reconnaissance d’avions ennemi au sud d’Érize-la-Grande. Les obus sont tombés sur l’échelon de la 25e batterie qui signale 3 tués (plus le commandant Eugène DUBOUT), 5 blessés et 8 chevaux tués.

9 sept :

Même situation que la veille. Notre lieutenant-colonel blessé (Larivière ?).

De plus en plus fatigué, et la soif, ce n’est pas fini.

10 sept :

Attaque de nuit par les Allemands sur Vaux-Marie.

Je ne peux parvenir à la batterie pour donner du vin. (*)

La route est barrée par les Allemands et je m’égare dans les bois et rentre à 2h du matin.

 

(*) : Il s’occupe bien de l’approvisionnement.

11 sept :

Tir sur Vaux-Marie. Depuis 3 jours, je ne mange pas.

12 sept :

La batterie part entre Érize la-Grande et la Petite. On passe sous la pluie d’obus et dans les flammes du pays. Nous avons des blessés.

Le capitaine compte que des colonnes allemandes battent en retraite sur Amblaincourt. Il donne l’ordre de tirer à volonté. Les Allemands se sauvent en colonne par 4. On fait du tir fauché. La route est pleine de cadavres allemands, ceux qui n’avaient rien se reformaient plus loin et se sauvaient. Nous étions tous joyeux malgré l’extrême fatigue, les officiers aussi.

La nuit vient. On couche sur le terrain par un orage qui ne cesse de 8 jours. On est traversé mais on dort quand même sur la terre trempée.

Toujours pas de nouvelles. (*)

 

(*) : Des nouvelles des évènements en général ? De sa femme ? De toute façon aucun courrier n’arrivera avant début octobre quand les positions des armées se figèrent.

13 sept :

À 8h départ pour Seigneulles où on doit avoir repos. Un ordre arrive la nuit.

14 sept :

Départ pour Rambluzain avec pluie.

15 sept :

Départ par Verdun pour Vaux-Devant-Damloup.

16 sept :

La batterie va prendre place au nord de Douaumont.

17-18-19 sept :

Même situation, pluie et boue.

20 sept :

Départ à midi, arrivée à Rambluzin à 15h.

21 sept :

Départ à 19h30.

Brume épaisse, nuit noire, on ne voit pas devant soi, pluie.

22 sept :

Arrivé à la Croix-sur-Meuse, mise en batterie. La batterie couche à Troyon.

Les Allemands bombardent le fort avec de grosses pièces et il y en a un peu pour tout le monde quand ça tombe un peu partout.

23-24 sept :

Idem

25 sept :

À 4h30 reconnaissance de la position. Batterie position rassemblement entre Troyon et Ranzières.

A 11h ordre est venu d’aller occuper la position de Woimbey.

Passer par Ambly, Villers dont le pont est détruit, Bouquemont. La cote 280 au nord de Marcaulieu.

La batterie couche à Bouquemont. Un tué sur la route.

26 sept :

À 4h30 départ même position.

27 sept :

Position de batterie vers Bannoncourt à l’ouest de la côte 235. Soir à Bouquemont.

28 sept :

Repos à Bouquemont. On s’y trouve très bien.

29 sept :

Continuation des tranchées contre avions allemands.

30 sept :

Même position. Ballons et mortiers allemands pris à Dompierre à 12h environ. (*)

 

(*) : Exactement le même texte depuis plusieurs jours que le JMO…ainsi que certains jours suivants.

Octobre 1914

1er oct :

Repos à Bouquemont. Beau temps.

2 oct :

Occupé position du 44e. Confection d’abris et de tranchées.

3 oct :

La batterie cherche une position à la lisière de la forêt de Marcaulieu. La batterie est bombardée, un blessé. (*)

Retour à la position de Balancourt.

 

(*) : Canonnier conducteur JUGNIN.

4 oct :

Repos à Bouquemont, très calme.

5 oct :

La batterie règle le tir sur la lisière du bois Chanot. La batterie est bombardée par 105 et 77. Le Ml-des-Logis Lhermitte est tué. (*)

Je mets plus de 2h pour faire un km. Lelandais (vient ?) au-devant de moi, me croyant blessé.

C’est encore une émotion.

 

(*) : François Léon LHERMITE, maréchal-des-logis au 31ème régiment d’artillerie de campagne, mort pour la France à Banoncourt le 5 octobre 1914. Voir sa fiche.

6 au 22 oct :

La batterie occupe les différentes positions.

Lelandais nous quitte, il est évacué assez tranquille.

23 oct :

Départ à 3h par Tilly-sur-Meuse, Villers, Ancemont, ponts de bateaux, Dieue, Génicourt, arrivée à Rupt-en-Woëvre à 8h. Parc à l’ouest du village, le pays est dégueulasse, et ça fouette.

Reconnaissance de la batterie Bois Haut.

24 oct :

Construction d’abris à chevaux. Envoi de corvée aux batteries pour travailler avec le génie.

25 oct :

Rupt : repos et revue. Travail de nuit aux batteries.

26 oct :

Même travail.

27 oct :

Construction de cabanes.

28 oct :

Réglages de tirs avec observateurs.

29 oct :

La section du lieutenant occupe n°3 Bois Haut.

 

(*) : Sous/lieutenant BOISSONET

30 oct :

La batterie occupe de jour et de nuit n°2 Bois Haut.

31 oct :

La batterie a repos.

Novembre 1914

1er nov :

Même situation. Le matin, il y a messe dans les bois au carrefour de Mouilly. Pendant cette messe, les obus tombent sur la batterie.

Rentre le soir à Rupt.

2-3-4 nov :

Brume épaisse.

5 nov :

Beau temps

6 nov :

Repos à Rupt pour une section, l’autre en position reçoit des obus de 105 dans une tranchée : pas de blessés.

7 nov :

Brume épaisse et très froid.

8-9-10-11-12 nov :

RAS.

13 nov :

La batterie au bois tire sur les Éparges.

14-15 nov :

RAS.

16 nov :

Pluie très froide. Tirs sur les Éparges.

17-18 nov :

RAS

19 nov :

À 16h30 la batterie est relevée et rentre à Rupt.

20 nov :

Repos et revue d’armes. Très froid.

21 nov -22 nov :

La batterie occupe une position à la tranchée de Calonne pour tirer.

Grand froid, rentré à Rupt.

23 nov :

Repos à Rupt. Très froid et neige.

24 nov-25 nov :

À 5h30 départ pour le bois haut. Neige.

Retour le soir sans tirer.

26-27 nov :

Le JMO dit « Brouillard intense, dégel, boues immonde »

28 nov :

Repos boue.

Visite à Verdun et dans les villages sur le front du Président (de la république). Quelques obus tombent sur Rupt.

29 nov :

Repos.

Le village est évacué à 8h30, mais n’ayant pas reçu d’obus, est réoccupé à 17h.

30 nov :

Repos.

A 10h, arrivée d’obus allemand : le parc doit être évacué.

Décembre 1914

1er déc :

La batterie occupe le Bois haut.

2 au 10 déc :

Rien noté.

 

(*) : Sa femme Juliette a accouché de leur fils le 8 décembre.

11 déc :

Grande pluie et très froid.

12 au 19 déc :

Rien noté.

20 déc :

Départ pour Haudainville à 6h.

Arrivée 9h30. Grande pluie.

21 déc :

Repos à Haudainville.

La batterie doit aller en position à l’ouest de Mesnil.

22 déc :

À 3h départ de Haudainville, route gelée.

Arrivée à 6h30 à la position de Mesnil. Brouillard, très froid.

Chaque voiture doit être attelée à 10 chevaux pour prendre position.

L’échelon reste à Murauvaux. Comme étrennes, on reçoit des obus allemands. Un blessé à 18h30 (*). Tir sur les ouvrages de Combres.

 

(*) : Il s’agit, peut-être, de François VALLÉE canonnier-conducteur à la 25e batterie du 31ème régiment d’artillerie de campagne, en sachant que très souvent que les échelons d’un même groupe d’artillerie était groupés ensemble quand les batteries de tirs étaient en position non loin l’une de l’autre.

23 déc :

Même position, mauvais temps.

24 déc-25 déc :

À 4h départ pour le Bois haut, route gelée, froid. On doit tirer sur St Rémy.

Là, on couche avec Bouju (*) dans la neige. A mesure qu’on l’enlève, à mesure le terrain est recouvert.

Photo. (**)

 

(*) : Le seul BOUJU trouvé dans les AD de la Sarthe et du 31e régiment d’artillerie du Mans est Eugène Ernest BOUJU. Il était trompette, donc très certainement aussi à l’état-major et réserviste du 31e RAC comme Pierre BORDOZ.

Voir sa fiche matriculaire.

(**) : Photo non retrouvée.

26 déc :

Tirs de 7h30 à 8h.

Attaque de fantassins sans résultats.

Nouvelle attaque vers 15h. Tirs toute la journée sur batteries ennemies.

27 déc – 28 déc :

Pluie

29 déc :

À 17h30 départ pour Haudainville.

30 déc :

Repos à Haudainville.

31 déc :

On enterre la fin de l’année : on boit du champagne, cuite phénoménale.

Couché sur un sac de pommes de terre.

Janvier 1915

1er janv :

Vaseux et mal aux cheveux.

2 janv :

Départ 12h45, position Mesnil-sous-les-Côtes.

3 janv :

Arrivée à 5h. La position est en plein bourbier. 10 chevaux ont de la peine à y arriver. Les avant-trains sont à 300m à l’est de l’échelon près de Murauvaux.

4 janv – 5 janv :

Je couche à Monts-sous-les-Côtes.

6-7-8 janv :

Les avions survolent nos lignes. Les batteries boches tirent en direction de Monts-sous-les-Côtes.

9 janv :

Départ pour la position Ménil Haut.

Arrivée à Haudainville à 10h30. On se met à l’ abri dans les granges, où on peut. (*)

On est complètement traversé et accablé de fatigue.

 

(*) : Le JMO dit « pluies continuelles depuis le 1er janvier- chevaux dénutris, manque de foin. »

10 janv :

Repos.

11 janv :

Repos à Haudainville.

Le lieutenant-colonel (Larivière) commande le cantonnement.

12 janv :

9h, Inspection arme du personnel du Bois Haut.

10h5 : revue par le commandant (arme et habillement).

13 janv :

14h, Haudainville (revue des écuries).

14 janv :

Départ de Haudainville dans les mêmes conditions que le 3 janv. Le chemin est de plus en plus impraticable : les chevaux restent embourbés sur place. (*)

 

(*) : Un cheval embourbé doit être abattu sur place.

15 janv- 16 janv :

Temps froid.

17 janv :

Il neige toute la journée.

18 janv :

Le capitaine va reconnaitre une position aux Hures.

19 janv :

Temps très froid mais sec.

20-21 janv :

5h départ pour Haudainville. Repos, arrivée à 8h1/2.

Dégel et pluie.

22 janv :

repos-beau temps.

23 janv :

Froid sec.

A 4h départ de la batterie pour occuper E2-Bois Haut. Les servants seulement.

24 janv :

Rentrés le soir à Haudainville.

25 – 26 janv :

Départ à 10h30, très froid. Arrive au Trois Jurés. (*)

13h45. Marche très pénible, verglas. Halte au Trois jurés.

Le capitaine part en reconnaissance à 17h de la batterie pour occuper Mesnil/s les Côtes.

A 19h retour occasionné par le verglas. Les officiers couchent sur la position.

Temps très froid.

 

(*) : Bois à 1.5km à l’ouest de Mesnil-sous-les-côtes

27 janv :

Même situation. Tirs de réglage à 10h entre les Éparges et la crête de Combres à 15h.

Temps froid.

28 – 29 janv :

Changement de position pour Mesnil Haut. Une section doit aller à la cote 319. Préparatifs d’installation, froid, neige.

30-31 janv :

RAS

Février 1915

1er fév :

Neige toute la journée. 2 fév -3 fév.

4 fév :

La batterie part à Haudainville.

Beau temps.

5 au 9 fév :

RAS.

10 fév :

La batterie fait une manoeuvre de 7 à 9h ½.

11 fév :

Repos

12 fév :

Départ de Haudainville, arrivée à la cote 319 à 17h45.

Pluie et neige.

13 fév :

La batterie quitte la position 15h30, pour venir occuper la position de Mesnil Haut.

Grande pluie. Photo. (*)

 

(*) : Photo non retrouvée.

 

14 fév :

Tir de réglage sur la côte des Éparges et le bois de Combres.

Grand vent. Confection d’abris de combats.

15 fév :

L’échelon part pour Belrupt où j’attrape 4 jours de prison pour avoir distribué des sardines sans ordre.

16 fév :

Même travail que le 14.

17 fév :

14h10 à 15h bombardement violent de la crête des Éparges. 260 explosifs par pièce de 15h à 18h. Tirs sur Combres.

Un canon hors d’usage. (*)

 

(*) : Fissures dans l’âme du canon. (JMO)

18 fév :

Le matin, tir au Bois Carré de Combres.

A 14h45 tir avec une pièce sur la crête des Éparges.

De 16h à 16h15 tir sur la crête ouest des Éparges et sur le Bois Carré de Combres et continu lentement.

De 16h à 17h tir sur les Éparges.

Pluie le matin. L’attaque faite le 17 février a presque réussi. Nous avons les félicitations du Général Herr au 31 d’artillerie. C’est grâce à nous que l’infanterie a pu s’emparer du terrain convoité.

19 fév :

Même position. Tir sur les Éparges et sur les tranchées allemandes.

20 fév :

Bombardement au bois de Combres 7h15 et à 15h45. Beau temps.

Le commandant fait ses compliments du tir de l’après-midi. Nous avons tiré dans les fils de fer avec de bons résultats.

21 fév :

Jean a copié le JMO.

 

Même position que la veille. Calme complet. Neige et grande pluie.

Dans la région de Verdun, notre attaque sur les Éparges a pleinement réussi. La préparation d’artillerie très intense et très bien réglée a détruit les défenses accessoires et maitrisé rapidement les batteries allemandes.

A 15h l’artillerie ayant allongé le tir, l’infanterie est montée à l’assaut, occupe les entonnoirs et s’est emparée de la tranchée la plus au sud du bastion ouest.

22 fév :

Même situation à Mesnil. Calme.

23 fév :

Pluie et neige.

24-25-26 :

RAS.

27 fév :

 

Jean a copié dans le JMO une partie de l’ordre du général Herr qui félicite sur l’ensemble des opérations du 17 au 21 février.

 

« La 24e batterie enlève de bonne lutte une partie importante de la position de Éparges. L’ ennemi avait accumulé des travaux considérables depuis 4 mois avec une science avisée. Le jour de l’attaque, après une quadruple explosion de nos fourneaux de mine et une remarquable préparation d’artillerie, au même moment le 132e aborda crânement la partie ouest des Éparges et s’y installa.

Le 19 février :

L’attaque fut poursuivie sur tous les fronts. Au cours de cette bataille de 4 jours que l’ennemi nous disputa avec la dernière âpreté, nous fûmes soumis à un bombardement formidable et journalier.

L’infanterie conserve ses positions. Elle repousse 11 contre-attaques furieuses font de grandes pertes à l’ ennemi et font 175 prisonniers. Le général félicite la 12e division et salue ceux qui sont tombés. »

28 fév :

La batterie va au repos à Haudainville. Arrivée 6h1/2, très froid.

Mars 1915

1er mars au 6 mars :

Repos.

J’ai pris une bonne cuite avec Bouju. A la sortie de la maison, on allait se changer après avoir tombé dans la cave. Rien à signaler que le genou un peu bosselé. Il fallait ça pour nous remettre des émotions.

7 mars :

À 3h départ de Haudainville, arrivée à Mesnil Haut 5h30.

La batterie en position à 6h30.

Après-midi, tir sur les Éparges.

8 mars :

Même position. Tir sur Combres – 9 et 10 mars-

11 mars :

On tire une trentaine d’obus à balles.

12 mars :

Toujours mauvais temps.

13 mars :

6h départ pour Haudainville, arrivée 9h.

14 mars :

Idem.

Là, on a été manger une bonne omelette au jambon avec Bouju. Moyen cuite le soir.

15- 16 mars :

RAS.

17 mars :

À 4h départ, arrivée à Mesnil Haut 6h30. On tire sur les Éparges à 17h30, arrivée de 105 allemands à volonté la danse va rebiffer.

Un avion allemand survole nos lignes.

18 mars :

Position de Mesnil Haut. Bombardement des Éparges à raison de 100 coups par pièce de 15h15 à 16h15.

Barrage sur Combres-Bois Carré.

19 mars :

Même position.

A 9h30, grande arrivée de marmites et d’explosifs de 105 allemands.

A 16h30 bombardement des Éparges jusqu’à 17h30.

20 au 25 mars :

On est toujours dans les bois et les boches s’amusent à nous canarder.

Leurs avions survolent les lignes, mais se font faire la chasse par les nôtres.

26 mars :

Même position. Arrivage de marmites allemandes, avion.

Beau temps.

27 mars :

De 15h30 à 16h bombardement des Éparges à raison de 50 explosifs par pièce.

A 16h, tir sur tranchée de Calonne à raison de 30 obus à balles par pièce.

Assez beau, mais froid. Avion survole les lignes.

28-29-30 mars :

Même situation. Les boches répondent coup pour coup.

Nous, on a encore une chiée de boîtes de conserve à leur envoyer…

31 mars :

Tir sur l’infanterie allemande sur la route d’ Herbeuville à Combres.

Temps médiocre.

Avril 1915

1er avril :

Même position.

De 14h45 à 15h15 bombardement par des 105 et 130 allemands. Un blessé.

2 avril :

À 14h, une dizaine d’obus allemands passent au-dessus de la position dans la direction des trois Jurés.

Photo avec la cabane et cuisine.

 

 

Est-ce cette photo ? La carte a été envoyée en janvier 1917, mais le cliché peut dater de 1916, voire 1915 ?

A noter que le soldat qui tient la louche est peut-être le fameux BOUJU

3 avril :

Mesnil Haut.

Vers 14h une dizaine de fusant allemand tombe en avant et arrière de la position.

Grande pluie.

4 avril :

Départ de Mesnil Haut pour Mesnil Bas.

Pluie toute la journée. (Boue immonde)

5 avril :

Mesnil Bas.

De 15h à 16h, bombardement de la crête des Éparges à raison de 100 obus par pièce.

6 avril :

Temps calme, pluie.

7 avril :

On repousse les contre-attaques allemandes.

8 avril :

Même position de Mesnil Bas.

A 9h contre-attaque repoussée sur les Éparges, attaque jusqu’ à 10h, l’après-midi, contre-attaque repoussée.

9 avril :

Tir de barrage de 15h à 15h30 sur tranchées de Combres.

10 avril :

Calme sur tout le front.

11 avril :

Canonnade allemande : des obus tombent près de la batterie.

12 avril :

Un avion, et bombardement de la veille.

13-14-15-16 avril :

Les ambulances divisionnaires sont réinstallées, ça va cracher dur. Le défilé des blessés continue. Les boches sont bien soignés, ils sont tous très jeunes.

17 avril :

L’artillerie allemande envoie des 210 sur la batterie : quelques dégâts.

18-19 avril :

Même position, toujours des 105 sur la batterie et alentours.

20 avril :

Même chose que la veille.

21-22-23 avril :

Un obus allemand éclate tout prés de nous et tue un brancardier. (*)

Même bombardement sans heure fixe.

 

(*) : Pas d’homme du 31e RAC tué ce jour-là. Par contre dans le JMO le servant-infirmier PELLETIER est signalé blessé par éclat d’obus le 25 avril.

24 avril :

L’artillerie allemande bombarde les positions et alentours de 9h à 11h. La batterie fait un tir au-delà des Éparges. L’ennemi ayant fait une poussée au nord de Mouilly - St Rémy. Dans le Bois Haut, la batterie reçoit l’ordre de se tenir prêt à partir.

A 14h, tout est prêt, les chevaux sont attelés aux voitures, mais l’ennemi est repoussé le soir même, mais pas complètement. Plusieurs pièces de 90 et d’autres sont entre les 2 lignes mais ni les uns, ni les autres ne peuvent les enlever.

Ce jour, panique au 5e d’artillerie et personne d’en dire bien long.

Le soir, ça va mieux, mais quelle émotion. Arrivée des troupes d’Afrique, bicots marocains, qui nous procurent de l’agrément. Y va sûrement y avoir une attaque.

25 avril :

Mesnil Bas : de 12h15 à 18h, la batterie fait un tir de barrage à explosifs dans la direction de Vaux-lès-Palameix et dans l’ouest de St Rémy (la-Calonne). Là on tire à volonté à explosifs. (1800 en 2 jours).

La batterie allemande nous bombarde avec des pièces de gros calibre. Elle montre une grande activité. Nos officiers ont les traits tirés et paraissent bien fatigués. On attend le repos.

26 avril :

Idem.

Tirs intenses avec 3 pièces à partir de 5h du matin.

A 7h une pièce éclate, pas de blessé heureusement.

A 18h une autre en fait autant, la batterie n’a plus qu’une pièce. (*)

 

(*) : Celle-ci n’a pas éclaté mais a eu une fuite du frein hydraulique (JMO).

27 avril :

Un seul canon reste. La batterie va au repos aux avant-trains, près de Bernatant. (*)

 

(*) : Bois sur la colline au sud-ouest d’Haudiomont.

28 avril :

Repos aux avant-trains en attendant de nouvelles pièces.

29 avril :

À 6h, tir sur cote 340 à raison de 6 coups par pièce jusqu’à 6h 3/4, à 17h tirs explosifs de barrage, à 23h tirs pour attaque.

Le temps est beau.

30 avril :

Même position. Tirs de destruction toute la journée à 12 coups par heure au pied du Bois Haut.

 

(*) : Le personnel de la 24e sans canon, alterne avec celui de la 25e pour le repos et le tir.

Mai 1915

1er mai :

Repos aux avant-trains, on a toujours qu’une pièce. La canonnade est très intense prés des avant-trains. L’artillerie allemande est active.

Là, Bouju reçoit un éclat prés de lui, j’en prends un sur les genoux, mais amorti par un arbre.

Il est nul le conducteur : il lui en passe un gros devant le blair. On le porte au capitaine qui nous dit de s’abriter. On se colle derrière un arbre, et quand ça vient à droite, je passe à gauche et en suis quitte pour une émotion, vite passée quand après on en rigole, mais pas sur le moment. Un chasseur est tué un peu en avant de nous. (*)

La veille, c’était un brancardier. Le parage devient mauvais, et on est sur le qui-vive, mais ça n’empêche de faire un bon somme quand il tire rarement la nuit.

 

(*) : Il s’agit de Joseph Louis Marie FERRI du 18e BCP, (seul chasseur tué à Haudiomont, les avant-trains étant entre Haudiomont et Mont-Villers et pas de tué à Mont-Villers). Voir sa fiche.

2 mai :

Même situation de repos, et on échange avec la 25e batterie.

3 mai :

On reprend les positions de Mesnil Haut. Tir lent et continu toute la journée et la nuit sur 340.

4 mai :

Même position, même travail.

Pendant la nuit, un canon éclate, le tireur est tué. Grande émotion sur tout le monde. - 5 mai –

 

(*) : Il s’agit du maître-pointeur Paul Ambroise Armand Pierre ROCHELLE, mort pour la France par blessure le 5 mai 1915. Voir sa fiche.

6 mai :

On est relevé à 6h, repos aux avant-trains.

De 9h à 19h, canonnade allemande toujours prés des avant-trains et sur Mont/s les Côtes qu’ils vont démolir complètement. On enterre le tireur.

Les Allemands prononcent une attaque vite repoussée.

7 mai :

À 15h, on est relevé par le 17e d’artillerie. Rassemblement au Trois Jurés en attendant les ordres.

8 mai :

La batterie va occuper la cote 372 NE de Mouilly.

On n’a que 3 pièces. La position est médiocre et on l’appelle le plateau des marmites.

On reste 4 jours au bois d’Amblonville.

9 mai :

La batterie ne peut tirer sans être repérée.

Bombardement allemand sur une batterie à gauche, la 44e, il y a des blessés.

10 mai :

Position organisée.

Les avions allemands survolent. De bon matin, en revenant de la batterie en voiture, un train casse et c’est en pleine descente : le cheval saute juste au bord d’un fossé profond de 3m, quelle chance !

11 mai :

Même position

12 mai :

On change de position : Bois de l’Hôpital.

Il y fait bon, mais je m’ennuie, c’est triste, on ne voit rien.

13-14 mai :

Toujours l’ennui. Je ne peux pas manger.

15 mai-16 mai :

Je vais casser la croûte à l’échelon, et ce jour-là, il y avait du vent dans les voiles (cuite …)

Bouju écrit à ma femme sans me le dire …

17 mai :

Un de nos aéros se fait canarder par les Allemands. Il est au-dessus de nous et les éclats tombent près de nous.

18 mai :

Même chose que la veille. Avions boches.

19 au 23 mai :

Même position. Toujours des éclats boches. Je m’ennuie.

24 mai :

Déclaration de guerre à l’Autriche par l’Italie qui nous procure un peu de joie.

25 au 31 mai :

Même position, mais on doit s’en aller on ne sait pas où. Il y a plusieurs revues qui nous le fait prévoir. Le 31, un avion survole les lignes et les éclats nous tombent dessus.

Juin 1915

1er juin :

La position que l’on occupe est une position de repos. On ne fait pas grand-chose et le temps ne passe pas vite.

Reçu la photo d’Albert. (*)

 

(*) : Son beau-frère Jules ALBERT(us) MICHEL qui est au 35ème régiment d’infanterie coloniale. Photo ici.

2 juin :

Départ à 20h. Je pars à cheval au logement. Il y a longtemps que je n’ai monté.

Marche la nuit vers Pierrefitte (sur-Aire).

3 juin :

Arrivé à 4h.

Je suis esquinté et une -usi ? de sommeil. On fait le logement à Nicey. On trouve tout ce que l’on veut et il y a des cuites.

Je couche contre un mur sur une botte de paille. La batterie part en position à 20h.

4 juin :

Le matin, mal aux cheveux, le soir la situation est intéressante, je marine.

Recouche au pied de mon mur où je fais un somme réparateur.

5 juin :

La situation se maintient, mais Bouju ne tient plus.

Sur le soir, le feu prend dans une grange : nous voilà passés pompiers. Grâce à une énergique attaque, le feu est rapidement éteint, nous c’est la gorge qui est sèche. (*)

 

(*) : Il a de l’humour, le bougre !

6 juin :

Rien à signaler, la situation se maintient. Il fait beau temps.

7 et 8 juin :

Mise en batterie près des Paroches. Échelon et avant-train à Nicey.

9 juin :

Chaleur accablante.

Le soir gros orage. Je suis passé flic, quel métier !

10 juin :

Départ à 4 (h ?) pour rendre visite au champ de bataille de la Vaux Marie, bataille de la Marne.

La batterie rentre à 9h30. Chaleur et orage. On apprend que l’on s’en va.

11 au 13 juin :

À Nicey, ravitaillement de nuit, mais je suis vermoulu, ce n’est pas moi qui le fait. (*)

 

(*) : Oubli de Jean ou suite de cuites ? Il reprend le compte-rendu avec précisions du JMO depuis le 2 juin.

2 juin :

À 19h, départ de la position pour aller en position d’attente près de la ferme d’Amblonville. Temps orageux.

A 23h30, départ de la position d’attente derrière la 25e batterie pour Nicey, à l’ouest de Saint-Mihiel.

Je pars deux heures avant la batterie pour le logement. Le chemin est long et je fatigue beaucoup. Arrive le 3 à 4h.

3 juin :

La batterie marche toute la nuit. Halte le matin au nord de Pierrefitte ; revue du Général Herr.

Arrive à Nicey à 10h. Tout le monde est vanné. Le reste de la journée, repos.

Le soir à 22h, occupé comme position au Bois des Charmes. (Bois des Paroches)

4 au 12 juin :

Position de batterie au Bois des Charmes. Cantonnement à Nicey. La batterie se relaie par roulement (24e et 25e).

Du 4 au 12 :

Plusieurs cuites. Le jour du départ : photo.

 

13 juin :

Toute la batterie à Nicey. Préparatifs. Revue en tenue, c’est la –ale ?

14 juin :

Départ de la batterie à 6h.

Arrive à la gare de Nançois à 11h. (Distance minimum 25 km en 5h)

Halte pour la soupe et le café. Embarquement à 13h30 en gare de Nançois-le-Petit, terminé à 15h.

Départ du train à 16h5. Neufchâteau à 20h30. Abreuvoir des chevaux à Mirecourt à 23h.

Là, je tombe sur 4 jours de corvée pour avoir été chercher du vin. Le lieutenant qui m’a fait boucler venait d’en faire autant. C’est bien du régiment !

15 juin :

Epinal 1h15.

Débarquement à Laveline-les-Bruyères à 3h45.

Départ à 5h. La batterie va cantonner à Brouvelieures (prés de Bruyères).

Le groupe quitte définitivement le 6e corps et passe dans la 129e division volante avec le bataillon de chasseurs à pied et deux régiments d’infanterie, tous de la classe 14-15. (*)

Soir couche en prison, mais on s’y amuse quand la fenêtre n’est pas fermée, et les bidons défilent. (**)

 

(*) : La 129e division d’infanterie (DI) est effectivement créée le 6 juin et constituée le 16 juin 1915. Elle comprend comme infanterie le 106e BCP (venu de la 152e DI) le 114e BCP (de la 155e DI), le 115e BCP (de la 153e DI), du 120e BCP (venu de la 47e DI), le 121e BCP (venu de la 154e DI), le 297e RI et le 359e RI.

Comme artillerie 1 groupe du 44e RAC et le groupe de Jean, du 31e RAC. Un troisième groupe (du 24e RAC) viendra en octobre 1916 porter l’artillerie divisionnaire à 3 groupes.

(**) : Il fait ses 4 nuits de punition.

16 juin :

Repos à Brouvelieures. Je vais au marché à Bruyères.

Soir couche à l’alcazar (prison) sans paille, on l’a fait enlever, ça fait toujours plaisir…

17-18 juin :

Rien à signaler. La petite émotion de ? serait ? en campagne.

Départ à 4h, rentré à 8h. Chaleur active

20 juin :

Même situation. Ma prison est terminée.

Je sors avec Bouju et plusieurs copains. 1ere sortie cuite.

21 juin :

Même chose que la veille.

22 juin :

Même situation. Alerte le soir à 21h30.

Départ de Brouvelieures à 23h 45 dans la direction de Saint-Dié, toujours avec une ½ cuite.

23 juin :

Nuit très noire, je fais la moitié de la route à pied.

Arrivé près de St Dié à 3h, halte. Les voitures ne passent St-Dié que deux par deux à cause du bombardement par avion. Arrivé au village de Robache. Halte jusqu’à 11h. Les voitures restent attelées à dix chevaux. Il fait un temps orageux, il tombe même de l’eau.

Mise en batterie à 12h30 sur la montagne d’Ormont, au nord de la Roche du Sapin Sec. Une douzaine de 150 tombe sur la batterie pour saluer notre arrivée.

Le sous-lieutenant (Salmon) se trouve contusionné par des pierres. Ça débute bien. L’échelon quitte Robache à 24h pour Dijon, nord de St Dié (à 2km)

24 juin :

Même situation. On voit les boches qui travaillent. (*)

Aussitôt, notre tir les dérange.

 

(*) : Ils font des tranchées (JMO).

 

25-26-27 juin :

Rien à signaler.

La petite cuite se maintient assez bien. Je me couche tard et cependant me lève tous les jours à 3h 1/2 pour toucher la viande

28 juin :

Le commandant fait faire des sorties pour les obus : préparation d’une attaque.

29 juin :

Même situation, même travail.

30 juin :

Idem.

On commence à rentrer plus vite avec Bouju on va au marché à St-Dié plusieurs fois.

Juillet 1915

1er-2-3-4 juillet :

Même situation. La petite cuite se maintient bien. Faudrait pourtant m’arrêter.

 

Du 25 juin au 7 juillet : RAS dans le JMO.

5 juillet :

Départ à 7h. Je fais la montée dans la montagne d’Ormont pour porter du ravitaillement. Le chemin est dur et parfois à pic. Mon cheval en prend une suée.

Arrivé à Dijon 11h. Soupe et repos jusqu’à 3h.

6 juillet :

Même situation, temps chaud.

7 juillet :

Préparation d’attaque.

8 juillet :

On monte le ravitaillement. Le ballon observateur est monté. On va faire une attaque.

À 15h commencement de l’attaque sur la Fontenelle. Bombardement lent mais continu jusqu’ à 19h.

À 15h30, 20 obus allemands tombent à St-Dié et font des victimes. Des aéros boches veulent passer la montagne pour observer les tirs sur St-Dié, mais sont arrêtés par nos avions avec mitrailleuses qui restent à garder le passage jusqu’à la nuit complète.

L’attaque a pleinement réussi. On a pris un état-major et plus de 1300 boches. (*)

Le soir, le village brûle.

 

(*) : Pas trouvé ce bilan dans les JMO.

9 juillet :

Même situation. L’attaque se poursuit, les aéros gardent le passage de St Dié. Violentes canonnades. Grande chaleur.

10 juillet :

Canonnade lente mais régulière de jour et de nuit. Chaleur.

11 :

Même situation.

12 juillet :

Préparatifs de départ de Dijon à 10h30 ; Fais la route à pied pour ---- s/ Merville (?). (*)

 

(*) : La 24e batterie part par St-Dié, Fraize, jusqu’ au Grand Valtin.

 

 

- Fin des écrits –

 

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On peut continuer à suivre le parcours de Jean BORDOZ au travers du JMO de la 24e batterie.

Le 1e avril les 3 groupes de la 129e division (le groupe du 44e RAC, celui du 24e RAC et celui du 31e RAC) forment un nouveau régiment d’artillerie : le 231ème régiment d’artillerie de campagne. La 24e batterie du 31e RAD devient donc à cette date la batterie N° 24 du 231e RAC.

Jean Bordoz est nommé maréchal-des-logis le 12 juillet 1917.

 

On retrouve d’ailleurs son nom dans la liste des gazés d’un JMO du 231e RAC le 27 mai 1918 dans les Monts de Flandres. Il obtient une citation à l’ordre de la brigade le 22 septembre 1918. Le colonel Renevier qui signe la citation prend le commandement de la 129e DI le 22 mai 1917.

Cette citation, ni sa blessure, ni ses jours de prison n’apparaissent sur sa fiche matriculaire. Aurait-il une seconde fiche matriculaire ? Comme cela arrive de temps en temps pour des soldats né dans un département et résidant dans un autre au moment de ses 20 ans…

Sa citation est inscrite sur son livret militaire soigneusement gardé par Éveline :

 

 

 

 

 

 

 

Jean BORDOZ parmi les décorés en 1918

 

 

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Je désire contacter le propriétaire du carnet de Jean BORDOZ

 

Voir sa fiche matriculairepage 1page 2

 

Voir des photos du 31ème régiment d’artillerie de campagne

 

Suivre sur Twitter la publication en instantané de photos de soldats 14/18

 

Vers d’autres témoignages de guerre 14/18

 

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