Mise à jour : Avril
2022
Jean BORDOZ en 1915 au 31ème régiment d’artillerie de campagne
Jean Pierre Camille BORDOZ est né à Séez, commune dépendante de Bourg-Sainte-Maurice
(Savoie) en juin 1886. Il déclare en 1906 être cartonnier et habiter Paris à
son service militaire (de deux ans) qu’il effectue à partir d’octobre 1907 au
31e régiment d’artillerie RAC) du Mans. Il est canonnier-conducteur et
brigadier en septembre 1908.
A la
mobilisation, il rejoint logiquement la réserve du 31e RAC.
Le 31e RAC
mobilise en août 1914 :
- 3 groupes
d’artillerie à 3 batteries qui constitue l’artillerie de la 8ème division
d’infanterie (DI).
- des sections
de munitions, de réparations, des batteries de territoriaux, etc…
- 1 groupe
de réservistes qui constitue le 2ème groupe de l’artillerie de la 54e
division d’infanterie (le premier groupe étant un groupe du 44e RAC, le
troisième du 31e RAC).
Pour info : Les 8e et 54e DI ne combattront
pas au même endroit, donc 2 artilleurs peuvent appartenir tous deux au 31e RAC
et combattre dans des zones complètement différentes géographiquement.
Ce groupe de
réserviste est appelé « 2ème groupe de renforcement » du 31e régiment
d’artillerie.
Chaque groupe
est composé de 3 batteries (1 batterie = 4 canons).
Jean BORDOZ est
donc à la batterie n ° 24 qui appartient au 2ème groupe de
renforcement (24, 25 et 26ème batt.). Il restera
vraisemblablement à cette batterie durant toute la guerre. Quand la guerre éclate, sa femme Juliette
est enceinte, elle accouche de leur fils le 8 déc : aucune allusion à son fils
dans le carnet.
Tous les récits
d’artilleurs, comme celui de Jean BORDOZ, utilise des termes propres à l’artillerie,
comme " batterie ", " groupe ", " échelon ",
" pièce ", " avant-train " , pour comprendre ses
termes, allez voir sur mon site ici.
Merci à Évelyne
pour les carnets de son grand-père et à Philippe S. pour la vérification du
récit et le temps passé sur certaines recherches.
Nous avons
ajouté du texte en bleu pour la compréhension de certains termes et pour aller
« plus loin » dans l’analyse du récit.
Éveline a rajouté la
ponctuation qui était inexistante et corrigé les quelques fautes.
A noter que le JMO (du début
de la guerre) du groupe a été détruit (ou perdu) durant la bataille de la
Marne. Celui qui existe est la copie scrupuleuse recopiée en janvier 1915 du
carnet de campagne du sous-lieutenant DEBAIZE qu’il avait emporté avec lui
lorsqu’il avait été blessé le 6 septembre. (Source
JMO 2 gr.)
Nota :
Ce récit peut
être mis en relation avec un autre témoignage d’un artilleur du même régiment,
même groupe et même batterie :
Les notes de
Pierre BOURGAULT au 31ème régiment d’infanterie : ici
Mobilisation 3 août : Départ gare de
Vaugirard 8h 1/2, arrivée à 3h au Mans.
Passe brigadier d’ordinaire. (*)
(*) : C’est le brigadier en charge de la nourriture servie à la
troupe : achats, organisation, etc…
IL est donc rattaché organiquement à l’état-major. L’état-major
du groupe est toujours rattaché administrativement à la première batterie du
groupe, pour ce cas donc à la 24e batterie, comme on peut le lire sur le
journal des marches et opérations (JMO) de celle-ci.
.
Préparatifs de départ à l’Abbaye de l’Épau près du Mans (formation des groupes)
La batterie embarque au Docks à 12h.
À 20h, débarquement à Consenvoye, départ à 23h. Je pars en éclaireur avec un
lieutenant et 4 hommes. On peut rencontrer une patrouille allemande. « Ne pas hésiter » dit le
lieutenant.
Émotion !
Arrivée à Bras.
Bivouac dans une prairie au
bord du canal de la Meuse.
Manœuvre sur la route de Longuyon.
Alerte à 24h. À 4h45, départ, arrivée à
Chaumont devant Damvillers à 11h
Nos officiers font une reconnaissance.
Idem
Départ à 6h, arrivée à
Châtillon-sous-les-Côtes.
Mise en batterie.
Extrait du
carnet de guerre de Jean BORDOZ du 31ème régiment d’artillerie de
campagne
Départ 6h30. Arrivée à Lanhères à 16h.
Alerte à 2h30.
Départ à 4h. Arrivée à
Vaudoncourt à 9h30. Halte dans une prairie.
Départ à 18h puis retour à 24h,
(la batterie) reste attelée. (*)
Occupe position de batterie à
la lisière du bois de la Viécourt.
Extrait du
JMO du groupe d’artillerie
Les batteries
se trouvaient au nord-est du bois de la Viécourt. Voir
sa position.
Occupe même position que la
veille plus près du bois.
À midi, le tir des obusiers
allemands réglés sur la batterie, rend la position intenable, coups percutants,
fusant explosifs. Le chef d’escadron donne l’ordre d’évacuer la position à
15h30.
Nous allons chercher le
matériel par un sentier dans le milieu du bois. Le matériel est retiré à bras à
l’aide de cordes à chevaux. C’est chacun son tour à les attacher. Pendant tout
ce temps, les obus continuent à tomber.
Un canon est rendu inutilisable,
le matériel est criblé d’éclats d’obus. (*)
Le fourrier (**) qui
conduisait la dernière voiture eut son cheval tué sous lui, un autre sous-off
est blessé (***), plusieurs servants aussi. Je suis éclaireur, plusieurs ordres à porter sous
le feu. Je fais mon premier soleil, ma jambe me fait mal mais la journée n’est
pas finie, je continue mon service.
La veille, nous avons fait du
bon travail, nous avons démoli tout un convoi allemand et détruit 2 compagnies
de fantassins ennemis.
Toujours pendant le
bombardement des Allemands, nous allons prendre d’autres positions à côté des
25-26 (batteries) déjà
placées.
Le soir, retraite sur Loison. Grande journée d’émotion.
(*) : Cette partie est pratiquement recopiée sur le JMO
de la 24e batterie. Il devait côtoyer l’état-major où se trouvait
l’officier en charge de la rédaction du JMO ; d’ailleurs il était
éclaireur, comme il le dit.
L’officier rédacteur rédigeait le compte-rendu de la journée et
présentait un brouillon au commandant du régiment qui approuvait ou modifiait
avant la recopie sur le JMO officiel.
(**) : Maréchal-des-logis-fourrier JANY.
(***) : Maréchal-des-logis ROYER.
À minuit, départ par Billy et arrivée à Azannes à 5h30.
À 15h départ pour Grémilly,
arrivée à Ornes à 21h30.
À 18h30 départ par Damloup,
Belrupt, Haudainville, arrivée à Dieue-sur-Meuse 5h30
Départ à 9h par Génicourt : là,
on voit passer des prisonniers allemands.
Encore une bûche, je ne peux
monter à cheval, et vais sur une voiture.
Départ de Génicourt à 15h sans
avoir de pain, ni vivres, on l’a sec.
Bivouac à Spada. Mon cheval est tué.
À 12h départ de Spada.
Arrivée à Ambly-sur-Meuse
17h30.
Belrupt 22h30.
Départ pour Verdun, arrivée à Montzéville à
18h30.
4h30 départ. Arrêt à Béthincourt. Départ à 9h.
Mise en batterie à Gercourt, tirs sur bois et sur batteries dans les peupliers
sur les bords de la Meuse.
À 16h45, les obus allemands
tombent sur la batterie (sur la 25 et la 26) : plusieurs blessés.
Je porte des notes au
commandant, et les obus tombent. Je me retrouve veinard.
Retour de nuit à Esnes à minuit 30. Bivouac.
Réveil à 4h30. On mange du
cheval.
Départ à 4h45 par Montzéville, Dombasle,
Malincourt ?(Vadelaincourt). Bivouac.
Départ à 6h30 par Esnes. Arrivée à Deuxnouds 12h.
Visite du général Herr. La 54e division est dissoute. Le
groupe passe armée de Lorraine, 2e armée.
(*) : La 54e division d’infanterie est disloquée à partir du 4
septembre 1914. Ses différentes entités sont progressivement affectées à
d’autres corps. La dissolution de la 54e DI est effective le 27 octobre 1914.
Les 3 groupes d’artillerie qui composaient l’artillerie de cette division
dissoute (un du 26e RAC, un du 44e RAC et le groupe du 31e RAC) sont rattachés
pour le groupe du 36e RAC à l’artillerie de la 65e division, pour les groupes
du 44e et 31e RAC à l’artillerie du 6e corps d’armée. Rattachement
administrativement effectif fin octobre 1914.
Le 6e corps d’armée est composé à cette date de 4 groupes
d’artillerie – 2 du 46e RAC en plus des deux précédents – et fait partie de la
3e armée.
Le général HERR commande l’artillerie du 6e corps d’armée.
Départ à 6h sur Marat-la-Grande.
Départ à 14h45.
Position de batterie près de Seraucourt. Tirs sur la gare d’Ahaye. (*)
Bivouac Courcelles-sur-Aire.
(*) : Il s’agit du bois d’Ahaye
(maintenant bois Dahaie) au NO de Deuxnouds. Le JMO artillerie
du 6e CA indiquant battre sa lisière NO, il n’y avait pas de gare (les gares du
Meusien sont Beauzée, Rignaucourt,
Mondrécourt, Heippes …
contournant donc ce bois par le sud et l’est.)
Départ à 15h30, mise en
batterie près de la ferme de Vaux-Marie. Bataille de la Marne. (*)
À 16h, la batterie reçoit
l’ordre d’aller prendre position à droite de la ferme pour soutenir
l’infanterie.
La mise en batterie a lieu,
mais à 800m, les fantassins allemands s’avancent l’arme à la main en lignes de
tirailleurs.
L’infanterie française a
disparu. La batterie quitte la position grâce à notre bon capitaine qui a su
nous tirer, car sans ça, on était tous bousillés.
Le 26e
chasseurs occupe la ferme. (*)
Bivouac sur le plateau de
Vaux-Marie. Incendies alentour.
Dure journée, la fatigue se
fait sentir, mais il faut tenir, c’est un ordre, et on ne mange pas tous les
jours.
Je pense beaucoup chez moi.
(*) : Comment savait-il que cette
bataille allait s’appeler « bataille de la Marne » ??? Il a probablement relu et
complété ses notes « sur le vif » (aussi le cas dans d’autres carnets).
(**) : C’est exact, le 26e bataillon de Chasseurs défendra
héroïquement la ferme de Vaux-Marie.
Mort du commandant Dubout, tué d’un éclat d’obus. (*)
Cette journée, j’ai failli y
passer : des gros obus sont tombés sur la colonne : 8 chevaux tués et 4 hommes,
et 2 voitures retournées. (**)
Je suis couvert de terre, mais
quitte pour une émotion.
On transporte nos camarades
sous une avalanche d’obus, jusqu’ à Érize-la-Grande où le commandant vient
d’être emmené.
Journée bien terrible pour
nous. Bivouac sur le plateau à hauteur d’Érize-la-Grande, à l’est de la route
de Bar-le-Duc.
Pas de nouvelles.
(*) : Le commandant Eugène Adrien Justin DUBOUT est remplacé par
le capitaine LAGARRIGUE qui commande la 25e batterie. Voir
sa fiche.
(**) : C’est en effet exact. Quand il parle « tombés sur la
colonne », la colonne c’était le groupe des échelons des 3 batteries qui battait en
retraite après une reconnaissance d’avions ennemi au sud d’Érize-la-Grande. Les
obus sont tombés sur l’échelon de la 25e batterie qui signale 3
tués (plus le commandant Eugène DUBOUT), 5 blessés et 8 chevaux tués.
Même situation que la veille.
Notre lieutenant-colonel blessé (Larivière
?).
De plus en plus fatigué, et la
soif, ce n’est pas fini.
Attaque de nuit par les
Allemands sur Vaux-Marie.
Je ne peux parvenir à la
batterie pour donner du vin. (*)
La route est barrée par les
Allemands et je m’égare dans les bois et rentre à 2h du matin.
(*) : Il s’occupe bien de l’approvisionnement.
Tir sur Vaux-Marie. Depuis 3 jours, je ne
mange pas.
La batterie part entre Érize la-Grande
et la Petite. On passe sous la pluie d’obus et dans les flammes du pays. Nous
avons des blessés.
Le capitaine compte que des
colonnes allemandes battent en retraite sur Amblaincourt. Il donne l’ordre de
tirer à volonté. Les Allemands se sauvent en colonne par 4. On fait du tir
fauché. La route est pleine de cadavres allemands, ceux qui n’avaient rien se
reformaient plus loin et se sauvaient. Nous étions tous joyeux malgré l’extrême
fatigue, les officiers aussi.
La nuit vient. On couche sur le
terrain par un orage qui ne cesse de 8 jours. On est traversé mais on dort
quand même sur la terre trempée.
Toujours pas de nouvelles. (*)
(*) : Des nouvelles des évènements en général ? De sa femme
? De toute façon aucun courrier n’arrivera avant début octobre quand les
positions des armées se figèrent.
À 8h départ pour Seigneulles où on doit
avoir repos. Un ordre arrive la nuit.
Départ pour Rambluzain avec pluie.
Départ par Verdun pour Vaux-Devant-Damloup.
La batterie va prendre place au nord de
Douaumont.
Même situation, pluie et boue.
Départ à midi, arrivée à Rambluzin à 15h.
Départ à 19h30.
Brume épaisse, nuit noire, on
ne voit pas devant soi, pluie.
Arrivé à la Croix-sur-Meuse,
mise en batterie. La batterie couche à Troyon.
Les Allemands bombardent le
fort avec de grosses pièces et il y en a un peu pour tout le monde quand ça
tombe un peu partout.
Idem
À 4h30 reconnaissance de la
position. Batterie position rassemblement entre Troyon et Ranzières.
A 11h ordre est venu d’aller
occuper la position de Woimbey.
Passer par Ambly, Villers dont
le pont est détruit, Bouquemont. La cote 280 au nord
de Marcaulieu.
La batterie couche à
Bouquemont. Un tué sur la route.
À 4h30 départ même position.
Position de batterie vers Bannoncourt à
l’ouest de la côte 235. Soir à Bouquemont.
Repos à Bouquemont. On s’y trouve très
bien.
Continuation des tranchées contre avions
allemands.
Même position. Ballons et
mortiers allemands pris à Dompierre à 12h environ. (*)
(*) : Exactement le même texte depuis plusieurs jours que le
JMO…ainsi que certains jours suivants.
Repos à Bouquemont. Beau temps.
Occupé position du 44e. Confection d’abris
et de tranchées.
La batterie cherche une
position à la lisière de la forêt de Marcaulieu. La batterie est bombardée, un
blessé. (*)
Retour à la position de
Balancourt.
(*) : Canonnier conducteur JUGNIN.
Repos à Bouquemont, très calme.
La batterie règle le tir sur la
lisière du bois Chanot. La batterie est bombardée par 105 et 77. Le
Ml-des-Logis Lhermitte est tué. (*)
Je mets plus de 2h pour faire
un km. Lelandais (vient ?) au-devant de moi, me croyant blessé.
C’est encore une émotion.
(*) : François Léon LHERMITE, maréchal-des-logis au 31ème
régiment d’artillerie de campagne, mort pour la France à Banoncourt
le 5 octobre 1914. Voir
sa fiche.
La batterie occupe les
différentes positions.
Lelandais nous quitte, il est évacué assez
tranquille.
Départ à 3h par
Tilly-sur-Meuse, Villers, Ancemont, ponts de bateaux, Dieue, Génicourt, arrivée
à Rupt-en-Woëvre à 8h. Parc à l’ouest du village, le pays est dégueulasse, et
ça fouette.
Reconnaissance de la batterie
Bois Haut.
Construction d’abris à chevaux. Envoi de
corvée aux batteries pour travailler avec le génie.
Rupt : repos et revue. Travail de nuit aux
batteries.
Même travail.
Construction de cabanes.
Réglages de tirs avec observateurs.
La section du lieutenant occupe
n°3 Bois Haut.
(*) : Sous/lieutenant BOISSONET
La batterie occupe de jour et de nuit n°2
Bois Haut.
La batterie a repos.
Même situation. Le matin, il y a
messe dans les bois au carrefour de Mouilly. Pendant cette messe, les obus
tombent sur la batterie.
Rentre le soir à Rupt.
Brume épaisse.
Beau temps
Repos à Rupt pour une section, l’autre en
position reçoit des obus de 105 dans une tranchée : pas de blessés.
Brume épaisse et très froid.
RAS.
La batterie au bois tire sur les Éparges.
RAS.
Pluie très froide. Tirs sur les Éparges.
RAS
À 16h30 la batterie est relevée et rentre à
Rupt.
Repos et revue d’armes. Très froid.
La batterie occupe une position
à la tranchée de Calonne pour tirer.
Grand froid, rentré à Rupt.
Repos à Rupt. Très froid et neige.
À 5h30 départ pour le bois
haut. Neige.
Retour le soir sans tirer.
Le JMO dit « Brouillard intense, dégel, boues
immonde »
Repos boue.
Visite à Verdun et dans les
villages sur le front du Président (de la république). Quelques obus tombent sur Rupt.
Repos.
Le village est évacué à 8h30,
mais n’ayant pas reçu d’obus, est réoccupé à 17h.
Repos.
A 10h, arrivée d’obus allemand
: le parc doit être évacué.
La batterie occupe le Bois haut.
Rien noté.
(*) : Sa femme Juliette a accouché de leur fils le 8 décembre.
Grande pluie et très froid.
Rien noté.
Départ pour Haudainville à 6h.
Arrivée 9h30. Grande pluie.
Repos à Haudainville.
La batterie doit aller en
position à l’ouest de Mesnil.
À 3h départ de Haudainville,
route gelée.
Arrivée à 6h30 à la position de
Mesnil. Brouillard, très froid.
Chaque voiture doit être
attelée à 10 chevaux pour prendre position.
L’échelon reste à Murauvaux. Comme étrennes, on reçoit des obus allemands. Un
blessé à 18h30 (*). Tir sur les ouvrages de Combres.
(*) : Il s’agit, peut-être, de François VALLÉE
canonnier-conducteur à la 25e batterie du 31ème régiment d’artillerie de
campagne, en sachant que très souvent que les échelons d’un même groupe
d’artillerie était groupés ensemble quand les batteries de tirs étaient en
position non loin l’une de l’autre.
Même position, mauvais temps.
À 4h départ pour le Bois haut,
route gelée, froid. On doit tirer sur St Rémy.
Là, on couche avec Bouju (*) dans la neige. A mesure qu’on l’enlève, à
mesure le terrain est recouvert.
Photo. (**)
(*) : Le seul BOUJU trouvé dans les AD de la Sarthe et du 31e
régiment d’artillerie du Mans est Eugène Ernest BOUJU. Il était trompette, donc
très certainement aussi à l’état-major et réserviste du 31e RAC comme Pierre
BORDOZ.
Voir sa
fiche matriculaire.
(**) : Photo non retrouvée.
Tirs de 7h30 à 8h.
Attaque de fantassins sans
résultats.
Nouvelle attaque vers 15h. Tirs
toute la journée sur batteries ennemies.
Pluie
À 17h30 départ pour Haudainville.
Repos à Haudainville.
On enterre la fin de l’année :
on boit du champagne, cuite phénoménale.
Couché sur un sac de pommes de terre.
Vaseux et mal aux cheveux.
Départ 12h45, position
Mesnil-sous-les-Côtes.
Arrivée à 5h. La position est en plein
bourbier. 10 chevaux ont de la peine à y arriver. Les avant-trains sont à 300m à l’est de
l’échelon près de Murauvaux.
Je couche à Monts-sous-les-Côtes.
Les avions survolent nos lignes. Les
batteries boches tirent en direction de Monts-sous-les-Côtes.
Départ pour la position Ménil
Haut.
Arrivée à Haudainville à 10h30.
On se met à l’ abri dans les granges, où on peut. (*)
On est complètement traversé et
accablé de fatigue.
(*) : Le JMO dit « pluies
continuelles depuis le 1er janvier- chevaux dénutris, manque de foin. »
Repos.
Repos à Haudainville.
Le lieutenant-colonel (Larivière) commande le cantonnement.
9h, Inspection arme du
personnel du Bois Haut.
10h5 : revue par le commandant
(arme et habillement).
14h, Haudainville (revue des écuries).
Départ de Haudainville dans les
mêmes conditions que le 3 janv. Le chemin est de plus en plus impraticable :
les chevaux restent embourbés sur place. (*)
(*) : Un cheval embourbé doit être abattu sur place.
Temps froid.
Il neige toute la journée.
Le capitaine va reconnaitre une position
aux Hures.
Temps très froid mais sec.
5h départ pour Haudainville.
Repos, arrivée à 8h1/2.
Dégel et pluie.
repos-beau temps.
Froid sec.
A 4h départ de la batterie pour
occuper E2-Bois Haut. Les servants seulement.
Rentrés le soir à Haudainville.
Départ à 10h30, très froid.
Arrive au Trois Jurés. (*)
13h45. Marche très pénible,
verglas. Halte au Trois jurés.
Le capitaine part en reconnaissance
à 17h de la batterie pour occuper Mesnil/s les Côtes.
A 19h retour occasionné par le
verglas. Les officiers couchent sur la position.
Temps très froid.
(*) : Bois à 1.5km à l’ouest de Mesnil-sous-les-côtes
Même situation. Tirs de réglage
à 10h entre les Éparges et la crête de Combres à 15h.
Temps froid.
Changement de position pour Mesnil Haut.
Une section doit aller à la cote 319. Préparatifs d’installation, froid, neige.
RAS
Neige toute la journée. 2 fév -3 fév.
La batterie part à
Haudainville.
Beau temps.
RAS.
La batterie fait une manoeuvre de 7 à 9h ½.
Repos
Départ de Haudainville, arrivée
à la cote 319 à 17h45.
Pluie et neige.
La batterie quitte la position 15h30,
pour venir occuper la position de Mesnil Haut.
Grande pluie. Photo. (*)
(*) : Photo non retrouvée.
Tir de réglage sur la côte des
Éparges et le bois de Combres.
Grand vent. Confection d’abris
de combats.
L’échelon part pour Belrupt où j’attrape 4
jours de prison pour avoir distribué des sardines sans ordre.
Même travail que le 14.
14h10 à 15h bombardement
violent de la crête des Éparges. 260 explosifs par pièce de 15h à 18h. Tirs sur
Combres.
Un canon hors d’usage. (*)
(*) : Fissures dans l’âme du canon. (JMO)
Le matin, tir au Bois Carré de
Combres.
A 14h45 tir avec une pièce sur
la crête des Éparges.
De 16h à 16h15 tir sur la crête
ouest des Éparges et sur le Bois Carré de Combres et continu lentement.
De 16h à 17h tir sur les
Éparges.
Pluie le matin. L’attaque faite
le 17 février a presque réussi. Nous avons les félicitations du Général Herr au 31 d’artillerie. C’est grâce à
nous que l’infanterie a pu s’emparer du terrain convoité.
Même position. Tir sur les Éparges et sur
les tranchées allemandes.
Bombardement au bois de Combres
7h15 et à 15h45. Beau temps.
Le commandant fait ses
compliments du tir de l’après-midi. Nous avons tiré dans les fils de fer avec de
bons résultats.
Jean a copié le JMO.
Même position que la veille.
Calme complet. Neige et grande pluie.
Dans la région de Verdun, notre
attaque sur les Éparges a pleinement réussi. La préparation d’artillerie très
intense et très bien réglée a détruit les défenses accessoires et maitrisé
rapidement les batteries allemandes.
A 15h l’artillerie ayant
allongé le tir, l’infanterie est montée à l’assaut, occupe les entonnoirs et
s’est emparée de la tranchée la plus au sud du bastion ouest.
Même situation à Mesnil. Calme.
Pluie et neige.
RAS.
Jean a copié dans le JMO une partie de l’ordre du général Herr qui félicite sur l’ensemble des
opérations du 17 au 21 février.
« La 24e batterie enlève de
bonne lutte une partie importante de la position de Éparges. L’
ennemi avait accumulé des travaux considérables depuis 4 mois avec une
science avisée. Le jour de l’attaque, après une quadruple explosion de nos
fourneaux de mine et une remarquable préparation d’artillerie, au même moment
le 132e aborda crânement la partie ouest des Éparges et s’y installa.
Le 19 février :
L’attaque fut poursuivie sur
tous les fronts. Au cours de cette bataille de 4 jours que l’ennemi nous
disputa avec la dernière âpreté, nous fûmes soumis à un bombardement formidable
et journalier.
L’infanterie conserve ses
positions. Elle repousse 11 contre-attaques furieuses font de grandes pertes à l’ ennemi et font 175 prisonniers. Le général félicite la
12e division et salue ceux qui sont tombés. »
La batterie va au repos à Haudainville.
Arrivée 6h1/2, très froid.
Repos.
J’ai pris une bonne cuite avec Bouju. A la sortie de la maison, on allait
se changer après avoir tombé dans la cave. Rien à signaler que le genou un peu
bosselé. Il fallait ça pour nous remettre des émotions.
À 3h départ de Haudainville,
arrivée à Mesnil Haut 5h30.
La batterie en position à 6h30.
Après-midi, tir sur les
Éparges.
Même position. Tir sur Combres – 9 et 10
mars-
On tire une trentaine d’obus à balles.
Toujours mauvais temps.
6h départ pour Haudainville, arrivée 9h.
Idem.
Là, on a été manger une bonne
omelette au jambon avec Bouju.
Moyen cuite le soir.
RAS.
À 4h départ, arrivée à Mesnil
Haut 6h30. On tire sur les Éparges à 17h30, arrivée de 105 allemands à volonté
la danse va rebiffer.
Un avion allemand survole nos
lignes.
Position de Mesnil Haut.
Bombardement des Éparges à raison de 100 coups par pièce de 15h15 à 16h15.
Barrage sur Combres-Bois Carré.
Même position.
A 9h30, grande arrivée de
marmites et d’explosifs de 105 allemands.
A 16h30 bombardement des
Éparges jusqu’à 17h30.
On est toujours dans les bois
et les boches s’amusent à nous canarder.
Leurs avions survolent les
lignes, mais se font faire la chasse par les nôtres.
Même position. Arrivage de marmites
allemandes, avion.
Beau temps.
De 15h30 à 16h bombardement des
Éparges à raison de 50 explosifs par pièce.
A 16h, tir sur tranchée de
Calonne à raison de 30 obus à balles par pièce.
Assez beau, mais froid. Avion
survole les lignes.
Même situation. Les boches
répondent coup pour coup.
Nous, on a encore une chiée de
boîtes de conserve à leur envoyer…
Tir sur l’infanterie allemande
sur la route d’ Herbeuville à Combres.
Temps médiocre.
Même position.
De 14h45 à 15h15 bombardement
par des 105 et 130 allemands. Un blessé.
À 14h, une dizaine d’obus
allemands passent au-dessus de la position dans la direction des trois Jurés.
Photo avec la cabane et
cuisine.
Est-ce cette
photo ? La carte a été envoyée en janvier 1917, mais le cliché peut dater
de 1916, voire 1915 ?
A noter
que le soldat qui tient la louche est peut-être le fameux BOUJU
Mesnil Haut.
Vers 14h une dizaine de fusant
allemand tombe en avant et arrière de la position.
Grande pluie.
Départ de Mesnil Haut pour
Mesnil Bas.
Pluie toute la journée. (Boue
immonde)
Mesnil Bas.
De 15h à 16h, bombardement de
la crête des Éparges à raison de 100 obus par pièce.
Temps calme, pluie.
On repousse les contre-attaques allemandes.
Même position de Mesnil Bas.
A 9h contre-attaque repoussée
sur les Éparges, attaque jusqu’ à 10h, l’après-midi, contre-attaque repoussée.
Tir de barrage de 15h à 15h30 sur tranchées
de Combres.
Calme sur tout le front.
Canonnade allemande : des obus tombent près
de la batterie.
Un avion, et bombardement de la veille.
Les ambulances divisionnaires sont réinstallées,
ça va cracher dur. Le défilé des blessés continue. Les boches sont bien
soignés, ils sont tous très jeunes.
L’artillerie allemande envoie des 210 sur
la batterie : quelques dégâts.
Même position, toujours des 105 sur la
batterie et alentours.
Même chose que la veille.
Un obus allemand éclate tout
prés de nous et tue un brancardier. (*)
Même bombardement sans heure
fixe.
(*) : Pas d’homme du 31e RAC tué ce jour-là. Par contre dans le
JMO le servant-infirmier PELLETIER est signalé blessé par éclat d’obus le 25
avril.
L’artillerie allemande bombarde
les positions et alentours de 9h à 11h. La batterie fait un tir au-delà des
Éparges. L’ennemi ayant fait une poussée au nord de Mouilly - St Rémy. Dans le
Bois Haut, la batterie reçoit l’ordre de se tenir prêt à partir.
A 14h, tout est prêt, les
chevaux sont attelés aux voitures, mais l’ennemi est repoussé le soir même,
mais pas complètement. Plusieurs pièces de 90 et d’autres sont entre les 2
lignes mais ni les uns, ni les autres ne peuvent les enlever.
Ce jour, panique au 5e
d’artillerie et personne d’en dire bien long.
Le soir, ça va mieux, mais
quelle émotion. Arrivée des troupes d’Afrique, bicots marocains, qui nous
procurent de l’agrément. Y va sûrement y avoir une attaque.
Mesnil Bas : de 12h15 à 18h, la
batterie fait un tir de barrage à explosifs dans la direction de Vaux-lès-Palameix et dans l’ouest de St Rémy (la-Calonne). Là on tire à volonté à explosifs. (1800 en 2 jours).
La batterie allemande nous
bombarde avec des pièces de gros calibre. Elle montre une grande activité. Nos
officiers ont les traits tirés et paraissent bien fatigués. On attend le repos.
Idem.
Tirs intenses avec 3 pièces à
partir de 5h du matin.
A 7h une pièce éclate, pas de
blessé heureusement.
A 18h une autre en fait autant,
la batterie n’a plus qu’une pièce. (*)
(*) : Celle-ci n’a pas éclaté mais a eu une fuite du frein
hydraulique (JMO).
Un seul canon reste. La
batterie va au repos aux avant-trains, près de Bernatant. (*)
(*) : Bois sur la colline au sud-ouest d’Haudiomont.
Repos aux avant-trains en attendant de
nouvelles pièces.
À 6h, tir sur cote 340 à raison
de 6 coups par pièce jusqu’à 6h 3/4, à 17h tirs explosifs de barrage, à 23h
tirs pour attaque.
Le temps est beau.
Même position. Tirs de destruction
toute la journée à 12 coups par heure au pied du Bois Haut.
(*) : Le personnel de la 24e sans canon, alterne avec celui de
la 25e pour le repos et le tir.
Repos aux avant-trains, on a
toujours qu’une pièce. La canonnade est très intense prés des avant-trains.
L’artillerie allemande est active.
Là, Bouju reçoit un éclat prés de lui, j’en prends un sur les
genoux, mais amorti par un arbre.
Il est nul le conducteur : il
lui en passe un gros devant le blair. On le porte au capitaine qui nous dit de
s’abriter. On se colle derrière un arbre, et quand ça vient à droite, je passe
à gauche et en suis quitte pour une émotion, vite passée quand après on en
rigole, mais pas sur le moment. Un chasseur est tué un peu en avant de nous. (*)
La veille, c’était un
brancardier. Le parage devient mauvais, et on est sur le qui-vive, mais ça
n’empêche de faire un bon somme quand il tire rarement la nuit.
(*) : Il s’agit de Joseph Louis Marie FERRI du 18e BCP, (seul
chasseur tué à Haudiomont, les avant-trains étant
entre Haudiomont et Mont-Villers et pas de tué à Mont-Villers).
Voir
sa fiche.
Même situation de repos, et on échange avec
la 25e batterie.
On reprend les positions de Mesnil Haut.
Tir lent et continu toute la journée et la nuit sur 340.
Même position, même travail.
Pendant la nuit, un canon
éclate, le tireur est tué. Grande émotion sur tout le monde. - 5 mai –
(*) : Il s’agit du maître-pointeur Paul Ambroise Armand Pierre
ROCHELLE, mort pour la France par blessure le 5 mai 1915. Voir
sa fiche.
On est relevé à 6h, repos aux
avant-trains.
De 9h à 19h, canonnade
allemande toujours prés des avant-trains et sur Mont/s les Côtes qu’ils vont
démolir complètement. On enterre le tireur.
Les Allemands prononcent une
attaque vite repoussée.
À 15h, on est relevé par le 17e
d’artillerie. Rassemblement au Trois Jurés en attendant les ordres.
La batterie va occuper la cote
372 NE de Mouilly.
On n’a que 3 pièces. La
position est médiocre et on l’appelle le plateau des marmites.
On reste 4 jours au bois d’Amblonville.
La batterie ne peut tirer sans
être repérée.
Bombardement allemand sur une
batterie à gauche, la 44e, il y a des blessés.
Position organisée.
Les avions allemands survolent.
De bon matin, en revenant de la batterie en voiture, un train casse et c’est en
pleine descente : le cheval saute juste au bord d’un fossé profond de 3m,
quelle chance !
Même position
On change de position : Bois de
l’Hôpital.
Il y fait bon, mais je
m’ennuie, c’est triste, on ne voit rien.
Toujours l’ennui. Je ne peux pas manger.
Je vais casser la croûte à
l’échelon, et ce jour-là, il y avait du vent dans les voiles (cuite …)
Bouju écrit à ma femme sans me le dire …
Un de nos aéros se fait canarder par les
Allemands. Il est au-dessus de nous et les éclats tombent près de nous.
Même chose que la veille. Avions boches.
Même position. Toujours des éclats boches.
Je m’ennuie.
Déclaration de guerre à l’Autriche par
l’Italie qui nous procure un peu de joie.
Même position, mais on doit s’en aller on
ne sait pas où. Il y a plusieurs revues qui nous le fait prévoir. Le 31, un
avion survole les lignes et les éclats nous tombent dessus.
La position que l’on occupe est
une position de repos. On ne fait pas grand-chose et le temps ne passe pas
vite.
Reçu la photo d’Albert. (*)
(*) : Son beau-frère Jules ALBERT(us)
MICHEL qui est au 35ème régiment d’infanterie coloniale. Photo
ici.
Départ à 20h. Je pars à cheval
au logement. Il y a longtemps que je n’ai monté.
Marche la nuit vers Pierrefitte
(sur-Aire).
Arrivé à 4h.
Je suis esquinté et une -usi ? de sommeil. On fait le logement à Nicey.
On trouve tout ce que l’on veut et il y a des cuites.
Je couche contre un mur sur une
botte de paille. La batterie part en position à 20h.
Le matin, mal aux cheveux, le
soir la situation est intéressante, je marine.
Recouche au pied de mon mur où
je fais un somme réparateur.
La situation se maintient, mais
Bouju ne tient plus.
Sur le soir, le feu prend dans
une grange : nous voilà passés pompiers. Grâce à une énergique attaque, le feu
est rapidement éteint, nous c’est la gorge qui est sèche. (*)
(*) : Il a de l’humour, le bougre !
Rien à signaler, la situation se maintient.
Il fait beau temps.
Mise en batterie près des Paroches. Échelon
et avant-train à Nicey.
Chaleur accablante.
Le soir gros orage. Je suis passé flic, quel
métier !
Départ à 4 (h ?) pour rendre visite
au champ de bataille de la Vaux Marie, bataille de la Marne.
La batterie rentre à 9h30.
Chaleur et orage. On apprend que l’on s’en va.
À Nicey,
ravitaillement de nuit, mais je suis vermoulu, ce n’est pas moi qui le fait. (*)
(*) : Oubli de Jean ou suite de cuites ? Il reprend le
compte-rendu avec précisions du JMO depuis le 2 juin.
À 19h, départ de la position
pour aller en position d’attente près de la ferme d’Amblonville.
Temps orageux.
A 23h30, départ de la position
d’attente derrière la 25e batterie pour Nicey, à l’ouest de Saint-Mihiel.
Je pars deux heures avant la
batterie pour le logement. Le chemin est long et je fatigue beaucoup. Arrive le
3 à 4h.
La batterie marche toute la
nuit. Halte le matin au nord de Pierrefitte ; revue du Général Herr.
Arrive à Nicey
à 10h. Tout le monde est vanné. Le reste de la journée, repos.
Le soir à 22h, occupé comme
position au Bois des Charmes. (Bois des Paroches)
Position de batterie au Bois des Charmes.
Cantonnement à Nicey. La batterie se relaie par roulement (24e et 25e).
Plusieurs cuites. Le jour du
départ : photo.
Toute la batterie à Nicey. Préparatifs.
Revue en tenue, c’est la –ale ?
Départ de la batterie à 6h.
Arrive à la gare de Nançois à
11h. (Distance minimum 25 km en 5h)
Halte pour la soupe et le café.
Embarquement à 13h30 en gare de Nançois-le-Petit,
terminé à 15h.
Départ du train à 16h5.
Neufchâteau à 20h30. Abreuvoir des chevaux à Mirecourt à 23h.
Là, je tombe sur 4 jours de
corvée pour avoir été chercher du vin. Le lieutenant qui m’a fait boucler
venait d’en faire autant. C’est bien du régiment !
Epinal 1h15.
Débarquement à Laveline-les-Bruyères à 3h45.
Départ à 5h. La batterie va
cantonner à Brouvelieures (prés de Bruyères).
Le groupe quitte définitivement
le 6e corps et passe dans la 129e division volante avec le bataillon de
chasseurs à pied et deux régiments d’infanterie, tous de la classe 14-15. (*)
Soir couche en prison, mais on
s’y amuse quand la fenêtre n’est pas fermée, et les bidons défilent. (**)
(*) : La 129e division d’infanterie (DI) est effectivement créée
le 6 juin et constituée le 16 juin 1915. Elle comprend comme infanterie le 106e
BCP (venu de
la 152e DI) le 114e BCP (de la 155e DI), le 115e BCP (de la 153e DI), du 120e
BCP (venu de la 47e DI), le 121e BCP (venu de la 154e DI), le 297e RI et le
359e RI.
Comme artillerie 1 groupe du 44e RAC et le groupe de Jean, du
31e RAC. Un troisième groupe (du 24e RAC) viendra en octobre 1916 porter
l’artillerie divisionnaire à 3 groupes.
(**) : Il fait ses 4 nuits de punition.
Repos à Brouvelieures. Je vais
au marché à Bruyères.
Soir couche à l’alcazar (prison) sans paille, on l’a fait enlever, ça fait
toujours plaisir…
Rien à signaler. La petite
émotion de ? serait ? en
campagne.
Départ à 4h, rentré à 8h.
Chaleur active
Même situation. Ma prison est
terminée.
Je sors avec Bouju et plusieurs copains. 1ere sortie
cuite.
Même chose que la veille.
Même situation. Alerte le soir
à 21h30.
Départ de Brouvelieures
à 23h 45 dans la direction de Saint-Dié, toujours avec une ½ cuite.
Nuit très noire, je fais la
moitié de la route à pied.
Arrivé près de St Dié à 3h,
halte. Les voitures ne passent St-Dié que deux par deux à cause du bombardement
par avion. Arrivé au village de Robache. Halte jusqu’à 11h. Les voitures
restent attelées à dix chevaux. Il fait un temps orageux, il tombe même de
l’eau.
Mise en batterie à 12h30 sur la
montagne d’Ormont, au nord de la Roche du Sapin Sec. Une douzaine de 150 tombe sur la batterie pour saluer notre arrivée.
Le sous-lieutenant (Salmon) se
trouve contusionné par des pierres. Ça débute bien. L’échelon quitte Robache à 24h pour Dijon, nord de St Dié (à 2km)
Même situation. On voit les
boches qui travaillent. (*)
Aussitôt, notre tir les
dérange.
(*) : Ils font des tranchées (JMO).
Rien à signaler.
La petite cuite se maintient
assez bien. Je me couche tard et cependant me lève tous les jours à 3h 1/2 pour
toucher la viande
Le commandant fait faire des sorties pour
les obus : préparation d’une attaque.
Même situation, même travail.
Idem.
On commence à rentrer plus vite
avec Bouju on va au marché à
St-Dié plusieurs fois.
Même situation. La petite cuite
se maintient bien. Faudrait pourtant m’arrêter.
Du 25 juin au 7 juillet : RAS dans le JMO.
Départ à 7h. Je fais la montée
dans la montagne d’Ormont pour porter du ravitaillement. Le chemin est dur et
parfois à pic. Mon cheval en prend une suée.
Arrivé à Dijon 11h. Soupe et
repos jusqu’à 3h.
Même situation, temps chaud.
Préparation d’attaque.
On monte le ravitaillement. Le
ballon observateur est monté. On va faire une attaque.
À 15h commencement de l’attaque
sur la Fontenelle. Bombardement lent mais continu jusqu’ à 19h.
À 15h30, 20 obus allemands
tombent à St-Dié et font des victimes. Des aéros
boches veulent passer la montagne pour observer les tirs sur St-Dié, mais sont arrêtés par nos avions avec mitrailleuses
qui restent à garder le passage jusqu’à la nuit complète.
L’attaque a pleinement réussi.
On a pris un état-major et plus de 1300 boches. (*)
Le soir, le village brûle.
(*) : Pas trouvé ce bilan dans les JMO.
Même situation. L’attaque se poursuit, les
aéros gardent le passage de St Dié. Violentes canonnades. Grande chaleur.
Canonnade lente mais régulière de jour et
de nuit. Chaleur.
Même situation.
Préparatifs de départ de Dijon
à 10h30 ; Fais la route à pied pour ---- s/ Merville (?). (*)
(*) : La 24e batterie part par St-Dié,
Fraize, jusqu’ au Grand Valtin.
On peut continuer à suivre le
parcours de Jean BORDOZ au travers du JMO
de la 24e batterie.
Le 1e avril les 3 groupes de la
129e division (le groupe du 44e RAC, celui du 24e RAC et celui du 31e RAC)
forment un nouveau régiment d’artillerie : le 231ème régiment d’artillerie
de campagne. La 24e batterie du 31e RAD devient donc à cette date la batterie
N° 24 du 231e RAC.
Jean Bordoz est nommé maréchal-des-logis le 12 juillet 1917.
On retrouve d’ailleurs son nom
dans la liste des gazés d’un JMO
du 231e RAC le 27 mai 1918 dans les Monts de Flandres. Il
obtient une citation à l’ordre de la brigade le 22 septembre 1918. Le colonel Renevier qui signe la citation prend le
commandement de la 129e DI le 22 mai 1917.
Cette citation, ni sa blessure,
ni ses jours de prison n’apparaissent sur sa
fiche matriculaire. Aurait-il une seconde fiche matriculaire ? Comme
cela arrive de temps en temps pour des soldats né dans un département et
résidant dans un autre au moment de ses 20 ans…
Sa citation est inscrite sur
son livret militaire soigneusement gardé par Éveline :
Jean BORDOZ
parmi les décorés en 1918
Je désire
contacter le propriétaire du carnet de Jean BORDOZ
Voir sa
fiche matriculaire – page 1 – page 2
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