Carnet de guerre de Lucien BORIES du 59e régiment d'infanterie

Carnet de guerre de Lucien BORIES

Mitrailleur, puis sapeur, puis artilleur de tranchée au 59e régiment d’infanterie

 

 

Mise à jour : février 2021

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Titre : Carnet de guerre de Lucien BORIES - Description : Mitrailleur puis sapeur puis artilleur de tranchée au 59e régiment d’infanterie

 

Catherine nous dit fin 2020 :

« Je possède 2 carnets de mon arrière-grand-père et je souhaiterais savoir comment, tout en les conservant, on pourrait les retranscrire sur votre site. Merci d’avance.

Cordialement. »

 

 

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PRÉAMBULE

Lucien BORIES, cultivateur, est né en décembre 1889 à St Projet (Tarn-et-Garonne). Il effectue son service militaire de 1910 à 1912 au 59e régiment d’infanterie.

En août 1914, il est rappelé dans ce même régiment. Selon son carnet, on peut penser qu’il était au début de la guerre au sein de la section de mitrailleuses du 59e régiment d’infanterie. Par la suite ses écrits nous démontrent qu’il a certainement quitté cette section pour être sapeur (sans certitude), puis artilleur de tranchée, (muletier en 1918 ?).

 

Ce qui est sûr, c’est qu’il a fait partie de pendant toute la guerre de la compagnie hors rang (CHR). Cette compagnie était moins exposée que les autres hommes qui étaient en tranchée. D’ailleurs, il décrit rarement des situations en tranchées.

Le 59e régiment d’infanterie était basé sur 2 villes en Ariège : Foix et Pamiers. Il fait partie de la 34e division d’infanterie, il y restera tout au long de la guerre.

Le 59e RI a la triste particularité d’être le régiment où le plus de chefs de corps se sont succédés à sa tête. Seize colonels et lieutenants colonels prirent le commandement du 59e RI (3 furent tués, 5 blessés et 1 prisonnier).

 

 

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NOTE IMPORTANTE

 

Il existe 2 carnets :

Le premier qui commence en 1914, difficile à lire sur certaines pages et se termine tout début 1915.

Le second, celui de la photo ci-dessus, est un carnet acheté en 1917. On remarque que l’année « 1917 » a été surchargée en « 1918 ». Il contient donc toute l’année 1918 à partir de la page du 1e janvier.

 

Mais à partir sur les pages du 9 décembre (jusqu’au 31). On peut penser qu’il devait exister un (ou des) autre carnet avant cette date qui ont été perdus. Surtout que sur les 2 pages précédentes (7 et 8 décembre), il raconte sommairement son périple de 1916. Puis au 1e janvier (du carnet), il commence son récit de l’année 1918.

J’ai donc reconstitué le récit et replacé l’ensemble dans le bon ordre chronologique.

 

Merci à Émilie, Isabelle, Martine, Marlène, Bernard, Nicolas, Pierre et Raphaël pour la recopie du carnet.

Merci à Philippe pour une seconde lecture de l’ensemble pour corrections d’erreurs éventuelles et rajouts de détails.

 

L’orthographe de certains noms de villages ont été corrigés dans le texte. J’ai ajouté volontairement de la ponctuation et du texte en bleu pour la compréhension de certains termes et pour aller « plus loin » dans l’analyse du récit.

La prolixité du journal des marches et opérations (JMO) du 59e régiment d’infanterie est une chance pour les recherches, on peut y retrouver, par exemple, la nature des blessures des hommes hors de combat, ce qui est rare pour un JMO ! On peut donc retrouver pas mal de détails pour étudier les carnets de Lucien BORIES.

 

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Début des écrits

 

 

Lettre trouvée du St Sépulcre de notre Seigneur Jésus Christ. Voir ici.

 

Cette lettre a été trouvée au St Sépulcre de notre Seigneur Jésus Christ, quiconque la portera sur lui cette lettre, ne mourra point de mort subite, ne sera pas attaqué de la peste et ne périra point par le feu. Toutes les personnes qui portent sur elles cette lettre ne craindront point aucun mal.

Vierge Marie, mère de Dieu pleine de grâce fontaine des consolations des pécheurs et plus blanche que la neige, Vous, reine des anges, je recommande mon âme à l’heure de ma mort pour obtenir de votre cher fils le pardon de mes péchés ainsi soit-il. Jésus Marie Joseph aidez-moi reine des apôtres, mère de notre Seigneur Jésus Christ, des prophètes et des patriarches, mère des anges, consolatrice des pécheurs, lumière confesseurs, fontaine des miséricordes, aidez-moi à l’heure de ma mort afin que je puisse jouir de la vie éternelle,  ainsi soit-il.

 

Cette lettre a été trouvée à Rome, miraculeusement de la part de notre Seigneur Jésus Christ écrite de sa propre main, lettre d’or dans un linge en signe de croix par un enfant orphelin âgé de 7 ans qui n’avait pas jamais parlé et qui l'expliqua en ces termes. Je vous ai donné 6 jours pour travailler et le 7e jour vous reposer.

Si vous suivez cette règle vos enfants et vos maisons, bestiaux  seront remplis de bénédiction si au contraire vous ne croyez pas à la présente lettre, la malédiction sur vous et vos enfants et vos bestiaux seront aussi maudits. Vous jeûnerez 5 vendredis et direz 5 Paters et Aves en mémoire de ma passion que j’ai enduré sur l'arbre de la croix pour votre salut.

 

Vous porterez cette lettre sur vous en l’honneur de Jésus Christ en grande humilité  et dévotion donnent à tous ceux qui désirent la porter cette lettre écrite de ma propre main et prononcée de ma bouche.

Enfin, tous ceux et celles qui la tiendront dans leurs maisons sans la brûler ces personnes seront confondues devant moi quand la publiant et en donnant copie à  tous ceux et celle qui la demanderont ils seront récompensés et auraient commis autant de péchés qu’il y a de sable dans la mer, ils seront pardonnés étant bien repentants d'avoir offensé Dieu.

Tous ceux qui la garderons dans leurs maisons le malin esprit ne les surprendra pas : ni le feu  ni la tempête ne les touchera point et lorsqu'une femme sera en mal, lui mettre cette lettre sur elle par dévotion elle sera à l’instant délivrée, chose véritable éprouvée par la dite Jésus, Marie, Joseph, ayez pitié de moi, que personne ne doute de cette lettre sinon ils seront maudits et indigne de ma grâce et ceux qui la croiront seront bénis de moi. « Ainsi soit-il ».

Je mets ma confiance Vierge en votre secours, servez moi de défense,  ayez soins de mes jours et quand ma dernière heure viendra, fixez mon sort.

Oh faites que je meure de la plus sainte mort.

 

 

Les 2 pages suivantes contiennent les connaissances de Lucien BORIES. Ces noms ont donc été ont été rédigés progressivement au cours de la campagne.

 

Voir la 1ère page.

 

1e combat.

Mitrailleurs de la 1ère section

Joseph, caporal blessé, 2 balles au bras

Saurat, aide-chargeur, disparu, croit mort. (*)

GaYssot, aide chargeur, disparu, croit mort. (*)

Imbert, chargeur, disparu, croit mort. (*)

Alzieu, blessé à la main, tireur. (*)

Ginel, télémétreur, tué par un obus.

Respaut, tireur, tué par un obus.

Godiau, chargeur, tué par un obus.

Salette et Coubert, même coup.

Cauzoles, muletier blessé aux reins par un obus, on dit qu’il et mort.

 

(*) :

Louis Bernard SAURAT, de Cadarcet, disparu au combat, déclaré mort pour la France le 22 août 1914 à Bertrix (Belgique). Voir sa fiche.

Baptiste GAYSSOT, disparu au combat, mort pour la France le 22 août 1914 à Bertrix (Belgique). Voir sa fiche.

Philippe IMBERT, disparu au combat, mort pour la France le 22 août 1914 à Bertrix (Belgique). Voir sa fiche.

Noël Hippolyte ALZIEU, disparu au combat, mort pour la France le 22 août 1914 à Bertrix (Belgique). Voir sa fiche.

 

Les autres ?

 

Malades évacués Granouillac, Prevost, Laïlle

Lieutenant Calves blessé au doigt, Lacroix blessé au bras, Sens blessé au bras, Albert blessé à la cuisse, Gros tué le 21 décembre, Lacroise blessé au bras,

Souvy blessé au rein, Ramond blessé à la cuisse, Talfumière blessé au bras.

 

Gradés qui ont disparus pendant la campagne

1er Colonel Dardier commandant du 1er  bataillon et plusieurs capitaines.

Enfin dans 4 combats que nous avons fait avant de battre en retraite sur 53 gradés que comptait le régiment, il en restait 9 et 2 ont été renvoyés chez eux évacués étant malades. Régiment réformé avec les hommes des rangs.

 

4ème combat, lieutenant Bouchet disparu à l’assaut à Bulson.

Mitrailleuses commandées par le lieutenant (Plancade) puis par le lieutenant Calves.

 

26 septembre 6 gradés, un ordonnance ont été tués à Hurlus dans la maison de l’adjoint.

 

 

Voir la seconde page

 

???? du ??? combat

Doulcou, Gibergues

Salinguardes, DU…. Blessé 3ème au ???

Fauré, Roussignol

Delmur, 2 Burg Bouisy

Savignac, Cambou

blessé 7 septembre Ferrie mort, MARLY,

19 ESCaffre mort (*), Grafan

18 : blessé  Romec

19 : Delpech mort (*), Delmas 19

Dindillac évacué, Roux blessé.

Le 21 décembre Levusin Depuymarel morts.

Garibal, 11 février mort. (*)

DoUSSET, tué le 18 février. (*)

 

(*) :

Joseph Marcellin ESCAFFRE, mort pour la France le 19 septembre 1914 aux Hurlus (51). Voir sa fiche.

Jean Marie DELPECH, mort pour la France le 19 septembre 1914 aux Hurlus (51). Voir sa fiche.

Jean Marie GARIBAL, mort pour la France le 12 février 1915 à Perthes (51). Voir sa fiche.

Émile Jean DOUSSET, mort pour la France le 19 février 1915 à Perthes (51). Il semble que ce soit son meilleur ami au sein du régiment. Voir sa fiche.

 

 

Août 1914

1er août

Mobilisation. (*)

 

(*) : La mobilisation du 59e régiment d’infanterie s’effectue à Pamiers et Foix. Il comprend près de 3400 hommes.

Dimanche

Débarquation de chemin de fer.

Le 9

À Suippes. (Marne)

Lundi 10

À Hans.

Mardi 11

Hans aussi.

Mercredi

Vienne-la-Ville.

13 Jeudi

Chéhéry. (Chatel-Chéhéry)

14 Vendredi

Landreville. (Ardennes)

15 Samedi

Tailly.

16 Dimanche

Pouilly 1 jour

17 Lundi Mardi 18

19

Matin. Autréville.

Repos

21

Muno en Belgique.

Après avoir fait une grande halte à Carignan, nous partons pour traverser la frontière française.

Mais en arrivant à 5 kilomètres dans la Belgique on signale quelques cavaliers hulans. Des sentinelles sont placées.

Un jeune homme tué par une sentinelle étant en bicyclette, mort instantanée, puis un grand orage à tombé sur nous.

Quelque peu de grêle y s’était mêlé, j’étais mouillé jusqu’au os, puis nous avons cantonné à Muno, Belgique.

Monde très chics, nous ont fait sécher nos effets puis offert un café au lait le lendemain au matin.

Avoir couché dans un corridor sur une poignée de paille.

1ers combats ; perdus 4 hommes et 2 trépieds (*) et 2 ??? moi avoir ??? 2 ???

 

(*) : 2 trépieds de mitrailleuses

Samedi 22 août

Belgique.

Après avoir cantonné à Muno nous partons à 4hdu matin.

Journée dure pour nous. Plus en avant dans la Belgique, l’ennemi a été signalé à quelques kil. des environs de Offagne nous avons commencé à prendre des dispositions de combat.

A peine un kilomètre plus loin, on entend des coups de feu, nous marchons en ligne de combat dans la forêt de ???? nous avons subi des pertes énormes.

Le feu a commencé à 2 h ???? soir à la tombée de la nuit. (*)

Et nous avons battu en retraite vers la France sur Mairy après avoir fait ?? kilomètres sans se reposer. (**)

Très fatigué.

 

(*) : Le régiment a perdu plus de mille hommes (tués, blesses et disparus) durant les combats du 22 août du bois entre Sart et Auloy (près de Bertrix, Belgique). Le régiment a son colonel de tué, 3 officiers supérieurs, 2/3 d’officiers subalternes, un tiers de l’effectif total du régiment est tué, hors de combat ou disparu.

La journée du 22 août 1914 avec celle du 25 septembre 1915 furent les deux journées les plus meurtrières de la guerre pour l’armée française : plus de 20.000 morts !

(**) : Environ 40 km.

Dimanche 23

Journée de retraite vers Douzy.

Lundi 24 août

2 sections ??? 13 hommes.

La journée se commençait assez bien la 2ème section ??????

25 Mardi

Après avoir couché sur le milieu de la route, je venais de prendre la faction que je vois une torche allumée qui signalait la présence de l’ennemi.

Je réveillais la section en sursaut et tout le monde est sur pieds. au bout d'un moment nous chargeons le matériel et nous partons.

26 mercredi

Après une fausse alerte dans la nuit nous marchons sur Raucourt.

L’ennemi était signalé sur Thélonne nous arrivons et la fusillade commence.

Dans la nuit nous couchons dans un bois sous la pluie. Pendant la nuit des coups de feu de toute part

Le jour paraît et nous marchons vers l’ennemi qui nous a repoussés de nouveau avec des pertes moins graves.

Le canon a donné tout le jour.

27 août jeudi

Nous revenons sur pieds de nouveau avec une division de plus et notre artillerie aux ??? L’ennemi était repoussé le matin par 1er bataillon du 9ème. (*)

Nous avons fait la prise de Noyers. J’ai conduis des prisonniers et nous avons été refoulés ?? ???

 

(*) : C’est exact, le 9e régiment d’infanterie a repoussé momentanément les Allemands à Noyers (droite de Sedan). Le 59e régiment d’infanterie a attaqué 4 fois le village de Thélonne, les 27 et 28, sans succès.

28 vendredi

Après avoir repris combat, avons battus en retraite.

Notre artillerie tirait sur nous. Nous marchons sur Bulson. Là, l’artillerie lourde des Allemands nous a éprouvé de nouveau.

Le soir on a monté l’assaut à 10 heures et nous avons reculé de nouveau.

Marcher toute la nuit, lieutenant disparu. (*)

 

(*) : Les 27 et 28 août, le régiment perd encore environ 500 hommes (dont le lieutenant-colonel DE RESSEGNIER nommé à la tête du 59e RI depuis la veille). Le JMO indique le 29 l’effectif restant : 26 officiers sur 54 et 1900 hommes sur 3300.

Samedi 29 août

La 3ème section passe à la 1ère et nous avons bivouaqué à Montgon.

30 dimanche

On commence à se replier et nous avons fait de nouvelles tranchées.

Après nous avons couché à Chuffilly.

31 août Lundi

Ce jour là, vers 10 heures, la fusillade reprend une grande bataille d’artillerie s'engage et nous avons couché à Vaux.

Mardi 1er septembre

On part pour Mazagran, rejoindre le corps d'armée, pour aller bivouaquer à Somme-Py.

Mercredi 2 septembre 1914

On repart dans la direction de Châlons en passant par St Hilaire, traverse le camp de Châlons d'une longueur de 10 kilomètres pour cantonner à St Étienne.

Jeudi 3 septembre

On repart à 3h du matin on traverse Châlons, des gens sur notre passage nous apportaient un peu de tout, sucre, vin, eau-de-vie. On cantonne à Mairy-sur-Marne. Chaleur forte et reçu des nouvelles du pays.

Marche 6h soir.

Vendredi 4 septembre

Journée sans succès, on traverse Soudé et Notre-Dame puis on bivouaque à Lhuître.

Samedi 5

On repart à 1h du matin. On traverse le camp de Mailly, et on cantonne à Lhuître.

Dimanche 6 septembre

On repart dans la nuit vers 11 heures à travers St Ouen et on se repose de 6h du matin à 10 heures, puis on se dirige vers l’ennemi qui est signalé à quelques kilometres de là et cantonné dans une ferme à 300 m de l’ennemi.

Lundi 7 septembre

Bois de la Certine. (*)

On se réveille au bruit du fusil. Toute la journée feu d’artillerie, on ne bouge pas de place quand même.

Toute la nuit grand combat sur la gauche et n’avoir rien mangé. Nous avons eu 3 blessés et 5 chevaux morts.

Couché dans le bois.

 

(*) : Sud de Vitry-le-François

Mardi 8 septembre

La canonnade reprend au lever du jour.

Le combat s’annonce décisif renforts signalés depuis la veille mais on ne voit rien venir.  Enfin on recule encore pour reprendre position dans la soirée. Très fatigué nous avons touché ¼ de pain mais manque de l’eau.

Couché au bois.

Mercredi 9 septembre 1914

CAMBOU, SAVIGNAC.

On se reporte en avant on n’entend presque pas de coup de fusil mais le canon fait rage toute la journée une pluie d’obus avoir été touché par des éclats, mais pas de blessure. Enfin la distribution se fait vers 11 heures.

Couché au bois, pluie.

Jeudi 10 septembre

Réveil avec la pluie on avance.

Duel d’artillerie toujours les Allemands abandonnent leur position enfin le soleil se montre vers 2 heures.

Soir la poursuite commence jusqu’à la nuit. Ce soir avoir bien souper mais ne pas avoir touché de ravitaillement.

Couché dehors derrière la ferme.

Vendredi 11 septembre

Poursuite toujours puis à cause des liaisons avec la 67ème brigade on s’arrête à 2h jusqu’à 8h du soir sous une pluie battante.

Bien fatigué, un peu malade et couche dans une grange à Vitry-la-Ville.

Samedi 12

On repart après avoir touché des vivres de réserve. les routes ont été sautées par la dynamite par l’ennemi. Nous traversons Marson, village en ruines dévasté par l’ennemi et Voussiène (*) aussi. Beaucoup de prisonniers sont fait pendant notre marche mais toujours le canon s’éloigne.

Couché dans un bois et pluie forte toute la nuit.

 

(*) : Voussiène ou Vouciennes est une ancienne commune, maintenant rattaché à Vitry-la-Ville (51) bordant la Marne.

Dimanche 13 septembre

Après avoir allumé le feu, en train de faire sécher ses habits, on reçoit l’ordre de partir.

Poix village brûlé. Déjeuné avec Dousset et Roux, Gaubert ( ?) et leur avoir fourni du pain, puis nous allons sur St Julien.

On nous annonce qu’un grand engagement a eu lieu à Châlon qu’il y aurait 10 000 prussiens de tués ou blessés.

Avoir reçu une lettre, la veille 3 lettres. Toujours fatigués des pieds mais bonne santé.  Bivouaque sous bois.

Lundi 14 septembre

Départ 3h du matin avec la pluie encore, jusqu’à 12h puis les obus recommencent à tomber. Il y a quelques blessés toujours par le feu de l’artillerie. Couché dans le bois. Toujours couvert.

Mardi 15 septembre

On se réveille au bruit du canon puis nous faisons des tranchées dans un bois.

Nous nous abritons, jusqu’à la tombée de la nuit. Roux donne un pain. Bonhomme lui avait donné.

Enfin la pluie a tombé toute la nuit. Coucher sous bois.

Mercredi 16 septembre

Réveil en sursaut par ?? la nuit mais nous restons sur place à la pointe du jour on est allés ?? la distribution.

Le dépôt des réservistes de Foix est arrivé et on reforme le régiment. (*)

Et la pluie tire ? toujours sur l’artillerie donné en plein vers 4h suis été à l’eau à 3h ½  revenir ? dans la nuit avoir tué un mouton ?   couché dans le bois de Laval.

 

(*) : Plus de 1000 hommes intègrent le régiment (JMO).

Jeudi 17 septembre

Réveil à 2h du matin pour aller à l’ordinaire  s’être trompés de ???

Fusillade et camarade ennemi touche au pied droit  grand duel d’artillerie

??? ??? a la tempe ? pluie et nuit affreuse avoir changé de position ??? nuit pour se réchauffer ??? l’ennemie et ????? Bois ?????

Vendredi 18 septembre 1914

Grand vent ??? chargement de munition ? grande canonnade toute la journée.

Pluie fine. Avoir ??? une tranchée pour s’abriter.

Vers 8 heures avoir été couché au village et avoir fait la cuisine, nuit de pluie et de vent, un peu de malaise ? feu toute la nuit pour l’infanterie.

Samedi 19 septembre 1914

Réveil à la pointe du jour, pluie fine, canonnade de toute part. Le vent souffle et le soleil se montre par petits moments.

??? blessé au bras.

Même ??? ??? que la veille. Avons touché un quart de vin par homme.

A la tombée de la nuit le rassemblement du régiment ?   de nous

Avons marché ????? dans la  boue jusqu’à la cheville pour aller au sommet ?? ???. Delprech ? mort.

Dimanche 20 septembre

Aprés avoir ?? trouvé ??????

moment ? je suis allé ??? ??? puis nous avons déjeuné un pain avec le café et des pommes bouillies. Avons bien soupé et bien couché.

Lundi 21

Réveil à 6h. un bon déjeuner avec du café au lait puis nettoyage des effets puis à l’ordinaire.

Le soir est venu une ???   ???? que je regardais les prisonniers faire les ??? la soupe mais je suis été voir les copains et couché dans la grange.

Mardi 22 septembre 1914

Réveil à 6 heures un bon déjeuner.

Comme la veille nettoyage des ?? et trouvé ???, puis la soupe a été servie. prêt à passer une revue par le colonel.

La soupe à 6h puis suis été trouver Dousset (Émile Jean) et été vouloir payer le café au ??????? allé me coucher même ?????? sur ??? mais pas fatigué.

Mercredi 23 septembre

Même affaire que les jours précédents toucher la distribution et soupe

À 10 heures départ pour le régiment. À 1h30, même emplacement que nous avions quitté ??? ???

Couché au village.

Jeudi 24 septembre 1914

Départ de la section à 7h pour aller en 1ere ligne. L’artillerie tire toujours. Les obusiers allemands nous répondent.

A 11h, on nous apporte la soupe à la tranchée ainsi que la soupe du soir, journée assez tranquille.

Couché a la tranchée bien froid aux pieds.

Vendredi 25 septembre 1914

Après avoir bu le café je suis été avec ??? de mitrailleuses nous avons ramassé des pommes de terres puis nous avons fait la soupe.

Journée terrible pour le 59eme.  Une pluie d’obus comme la grêle nous a complètement éprouvé.

Un obus est venu tomber sur la maison ou j’étais, l’état-major a quitté ????

La maison pour aller dans une tranchée ou ils ont été tous tués.

Robert. Flaucade, CLAUET, le lieutenant porte drapeau, et l’ordonnancier. (*)

 

Les tuiles de la maison sont tombées sur les plats de pommes de terre que j’étais en train d’éplucher mais je n’ai pas bougé de place puis je suis

Été porte la soupe à la tranchée sous une pluie d’obus effrayants suis revenu au village. Grande canonnade. soupe la nuit ma prière ? a eu ?. ?

Puis nous avons été remplacés par 2 bataillons du 88e et nous sommes allez sur les hauteurs d’Hurlus ?   couché au village. Bu le café avant de partir.

 

(*) : L’obus de 150mm tombé dans la tranchée tue le commandant Jean ROBERT, les capitaines Antoine CLANET, Pierre FONDET, Antoine PLANCADE, le lieutenant Edmond DAUSONNE, le sous-lieutenant BIEUTZ.

 

Samedi 26 septembre 1917

Par un beau soleil nous avons fait une autre tranchée sur les hauteurs d’Hurlus en 2e lignes.

J’ai donné du vin  à DousseT (Émile Jean) que j’avais trouvé à la maison où je cantonnais à l’état-major.

Grand combat d’artillerie ainsi que ??? le 88 les a monté à l’assaut a la pointe du jour.

Comme de plus en plus nous revenons un peu en avant. Le 59 est commandé par un capitaine de l’artillerie. (*)

Le feu s’apaise un peu mais le soir arrive et nous couchons sur la position. Pas de distribution.

 

(*) : Le commandant THIROUX prends provisoirement le commandement du régiment et sera remplacé le 1e octobre par le colonel VELLY du 9e tirailleurs.

Dimanche 27

A minuit, on me réveille pour aller à l’ordinaire et nous avons marché tout le restant de la nuit sans rien voir, ce n’est qu’au soleil levant j’entends un roulement de voitures.

Je m’y transporte car c’est la distribution du 59. Je touche le pain pour la section puis on m’y fait revenir pour toucher le reste. Nous avons déjeuné avec ROUX que je lui ai donné la viande.

Pendant la nuit je suis monté sur un blessé allemand qui a ronchonné. Avoir vu DOUSSET (Émile Jean).

La fusillade a grondé vers 2 heures du matin puis elle s’est un peu apaisée vers 7 heures mais le canon donne toujours.

Nous avons mangé la soupe et couché dans le bois devant un feu que nous avons maintenu toute la nuit. Cabane

600 Allemands ont été mis hors de combats à Hurlus. 150 français. (*)

 

(*) : Le journal de la 34e division d’infanterie parle plutôt de 800 français et de 200 Allemands prisonniers. Français tués principalement par l’artillerie allemande.

Lundi 28

La journée s’est passée assez bien quoique la canonnade dure toujours ainsi que la fusillade mais nous sommes à l’abri.

Le soir, nous avançons vers l’ennemi et je trouve FERRIÉ, CONTE, COMBRE du 57ème d’artillerie puis j’ai couché sur la plaine.

Télémètre en charge. (*)

 

(*) : Voir en exemple une photo d’un groupe de mitrailleurs du 2e régiment de cuirassiers. Benjamin LE JEUNE est au télémètre : Ici

Mardi 29

Le soir la lutte commence acharnée et dure presque toute la nuit. Mais le matin la fusillade s’apaise et la canonnade donne toujours de tous côtés.

Nous restons sur place tout le jour et la nuit aussi qui a été calme.

Mercredi 30

Après avoir pris la faction de 4 h du matin à 6h, nous avons pris le café et je suis été à la corvée d’eau à Laval. La droite semble s’animer on entend la canonnade et la fusillade. J’ai trouvé CORTES (ou COSTES ?).

En fin d’après-midi, on se fait une cabane avec des branches pour ainsi dire le marcher pour les corvées et la ?? pour la faction ???.

On recharge. On ne bouge suis de faction.

Nuit très calme par l’ennemi.

Jeudi 1 octobre 1914

Toujours de faction.

À la pointe du jour, on vient me remplacer, et pour prendre le café, le canon s’entend de tout coté je vais à la corvée d’eau.

Dans l’après-midi, j’ai rencontré DOUSSET et je lui ai fourni du papier à lettre.

Pendant ce temps 3 obus sont tombés sur les branches où nous étions. On soupe et on marche en avant pour aller occuper les tranchées du 88ième qui s‘est porté en avant pendant le jour et a subi des pertes.

Coucher dans les branches.

Vendredi 2 octobre 1914

Avoir passé une bonne nuit, on vient d’apprendre qu’ hier 300 morts ont été tués par l’artillerie française. (*)

Matinée tranquille toujours quelques coups de fusil tirés de tous côté.

À 7 heures, on reçoit l’ordre de faire l’attaque. L’artillerie tire ainsi que l’infanterie, grandes attaques pendant la nuit. Le fusil et le canon donne toute la nuit.

 

(*) : 300 morts français.

Samedi 3 octobre 1914

A peine le jour a fait son apparition que je me suis levé pour trotter afin de me réchauffer les pieds.

J’ai trouvé MARTIN de St Eu ??? que nous avons fait connaissance. Le génie place des réseaux de fil de fer toute la nuit avec des piles électriques.

Hurlus village détruit par l’ennemi par le feu ou l’artillerie.

Une grande attaque se fait sur notre gauche et semble avancer. L’artillerie ennemie tire en face de nous mais les obus tombent assez loin et ne quittent qu’à la tombée de la nuit.

Couché sur le même emplacement temps nuageux

Dimanche 4 octobre

Matinée très calme jusqu’à 11h puis attaque générale par notre artillerie qui a duré jusqu’à la nuit puis feu de salves par l’infanterie pendant la nuit.

Couché même emplacement.

Lundi 5 octobre 1914

Matinée comme les précédentes jusqu’à 9h du soir puis un grand combat d’artillerie s’est engagé.

Je me trouvais juste au centre où les obus tombaient mais personne blessé sauf 6 mulets du 88ième dont 2 en miettes.

A la tombée de la nuit, grande attaque par l’ennemi mais nous restons sur place fusillade très forte, suivie de coups de ??

Mardi 6 octobre 1914

Le restant de la nuit a été calme toujours des coups de fusils comme d’habitude la matinée de même.

Mais la journée c’est assez bien passée.

Grande attaque de nuit sur la droite qui dure encore.

Mercredi 7 octobre

Assez bonne matinée jusqu’à 10 heures grande canonnade sur nous jusqu’à 11h, puis de 2 à 3h.

On a 1 mulet tué et 3 autres blessés ainsi que le lieutenant CALVET blessé aux doigts (*).

Soirée assez calme vers 9 ½ suis allé porter la distribution aux cuisiniers à Hurlus.

Couché sur un sommier.

 

(*) : Le lieutenant CALVET, commandant la section de mitrailleuses, a 3 doigts écrasés (JMO).

Jeudi 8

Toujours assez calme dans la matinée où un aéroplane, survolant sur nous, a laissé tombé des papiers soit disant que :

« Français, rendez-vous votre gouvernement vous trahis vous vous faites esquinter. L’Angleterre aura le bénéfice. Nos prisonniers sont très bien nourris, partez chez nous, une autre… » (*)

Soirée assez tranquille.

 

(*) : Cet épisode de lâcher de tracts et aussi relaté par un autre poilu (Jean LUPIS du 57e régiment d’artillerie de campagne), à la même date et au même endroit. Voir son carnet.

Voir le tract (2 pages).

 

 

 

 

Extrait du JMO du 59e d’infanterie du lâcher de tracts allemands

 

 

 

Vendredi 9

Matinée très calme ainsi que toute la journée des obus ont été tirés sur la crête en avant de nous pendant de courtes durées notre aile gauche parait avoir avancé dans ce que l’on dit des pans de 30kil. L’aile droite des pans de 40 kilos.

Vers 8 h du soir une grande attaque a eu lieu sur notre gauche jusqu’à 10h.

Couché même emplacement.

Samedi 10 octobre 1914

Partie de la matinée avec brouillard.

Toujours l’artillerie allemande tire en avant de nous. Le canon des alliés s’entend toujours tonner de plus en plus animé, nous passons une assez belle journée ainsi que nuit.

Grand feu sur la gauche.

Dimanche 11

Toujours même tranquillité quelques pétarades mais bientôt tir sur aéroplanes allemandes ??? d’avoir soleil. Le canon tire sur le village de Suippes, le nôtre riposte.

Ai reçu 3 lettres.

Bonne nuit de tranquillité.

Lundi 12

Passé bonne matinée des aeros passent à tout moment pour faire repérer les tranchées et l’artillerie.

Avoir vu passer pendant plusieurs reprises des groupes d’oies sauvages.

Vers 5 heures, grande canonnade sur nous pendant que j’étais allé chercher la soupe au village. Coups de canon toute la nuit.

Mardi 13

Temps brumeux puis petite canonnade pendant plusieurs fois pluie fine.

Vers 3 heures 1/2, grande canonnade d’obusiers  (pendant que j’étais hors de la tranchée). Grande attaque sur la gauche pendant la nuit.

Sommes été assez tranquilles la nuit

Mercredi 14

Pluie fine mais tranquillité devant nous.

Vers 1 heure canonnade  à 200m de nous sur la gauche. Avons été assez bien le reste de la journée grand combat.

Dans la nuit sur la gauche  toujours même ?? Avoir formé une section et DOUSSET a été placé à la 2ième.

Jeudi 15 octobre 1914

Réveillé pour manger la soupe  le temps était calme nous avons vu passer un prisonnier allemand conduit par 2 Français.

Canonnade sur la droite le reste du front semble resté calme.

Apres midi, je descends à Hurlus pour avertir les cuisiniers je me suis bien ?? allé coucher même emplacement.

Vendredi 16

Sommes été  relevés pour aller arrière.

Reposer à Somme-Suippes.

17 octobre 1914

Exercices aux environs de Suippes.

Dimanche 18

Trouvé des  camarades du pays de l’artillerie. Avoir été à la messe.

Bonne journée.

19

 Revue par le colonel et le général du 17ième corps – DUMAS.

20

Revue par le général des armées De LANGLES.

21

Repos et reparti dans la nuit sur les lignes ma section est resté en réserve à Cabanes et  Puy.

22

Même position.

23

Idem tirs sur le ballon captif par l’artillerie.

Averses

Samedi 24 octobre

Toujours même emplacement petites villas de cabanes.

Dimanche 25

Idem.

Lundi 26

Idem.

Mardi 27

Départ pour aller remplacer l’autre section en première ligne faction la nuit devant la tranchée couverte

Sommes arrivés à l’emplacement à la tombée de la nuit.

Mercredi 28

Même  répétition tir d’art. ennemie  et ainsi que la nôtre.

Jeudi

Un aviateur venant atterrir devant nous allemand on y a tiré dessus  et s’est relevé.

De nouveau un grand feu a été allumé par l’ennemi à une meule de paille.

Vendredi

Grande canonnade par les artilleurs. La nuit nous avons vu beaucoup de projecteurs sur la droite.

Feu très violent par l’art. et l’inf. ainsi que la gauche

Samedi 31 octobre

Nous avons été relevés à la pointe du jour par le 88ième et sommes allés nous reposer dans un bois.

Dimanche 1 novembre

Jour de la Toussaint, belle journée.

Avoir une  bonbonne et manger un foie d’oie que DOUSSET avait reçu.

Lundi 2

Belle matinée toujours tranquille

Mardi 3

Toujours idem

Mercredi 4

Toujours corvées et exercices. trouvé CONSTANS.

Jeudi 5 novembre

Toujours même temps.

Matinée grandes attaques de midi jusqu’au 10 et trouvé BOUSIGUE qui est à la forge.

11 novembre

Toujours au repos et aller en ballade au patelin de Suippes en temps froid jusqu’au 13 novembre

14 novembre 1914

Grande canonnade par art.  boche. Artillerie toute la journée.

15 dimanche

Toujours la pluie et gelée.

Grande canonnade par un 155 et fusillade la nuit.

16 lundi

Pluie toujours fine et ??? de feux à gauche.

Mardi 17

Temps au beau.

Nous avons relevé le 88 pendant la nuit, mêmes tranchées.

Mercredi 18

Matinée toujours tranquille.

Attaque à droite. Grandes canonnades et feu d’inf. Falloir prendre la ?? fraction et lancé de fusées par l’ennemi. Froid aux pieds.

Jeudi 19

Beau temps. Grandes canonnades par notre artillerie.

Vendredi 20

Grande gelée mais le temps est au beau. Grand froid aux pieds toute la journée.

Avoir pris la faction dans la nuit dans la colonne de ??? et les balles sifflaient par ??? moments par des patrouilles et avons ??? relever au jour.

21 samedi

Belle journée au repos devant un bon feu.

22 dimanche

Toujours beau temps.

Tirs sur les aéroplanes avec les mitrailleuses et les canons français sur les avions boches.

lundi 23

Grande attaque et artillerie de toute part.

Arrivée de jeunes recrues. (*)

 

(*) : 336 hommes dont 214 jeunes recrues de la classe 1914 (19 à 20 ans à cette date)

24 mardi

Changement de position. Sommes à Cabanes-Puits.

25 mercredi

Grand combat d’artillerie et fusillade.

26 jeudi

La neige a tombé sur nous.

Rassemblement des camarades du ??????????

 

Le JMO indique à cette date « Le corps reçoit un ravitaillement de 570 paires de chaussures »

27 vendredi

Illisible

28 samedi

Temps nuageux mais calme avec tout le ????

29

Idem

30 novembre lundi

Revenu en première ligne vers 8 heures du matin. Balles sifflent sur nos tranchées.

Falloir prendre ? la faction. Rafales de balles.

1er décembre mardi

Soupe à 5 heures du matin. Des balles sifflent.

Puis vers 9 heures ?? Tirs de mitrailleuses du 83è. Les balles sifflent à nos oreilles. Les obus tombent à 100 mètres de nous et les éclats bourdonnent à nos oreilles.

La nuit est plus calme.

2 décembre mercredi

Pluie fine. Canonnade par moments. Journée assez calme.

Nuit tranquille ???? de nos sentinelles ???

3 décembre jeudi

Changement de position. Pluie fine. CORTES (COSTES ?) vient me voir. Lui est à 50 mètres de moi.

La nuit, l’art. tire de toute part.

4 décembre vendredi

Le vent souffle, belle matinée.

Le soir, nous avons eu une fausse alerte. Le petit poste se replie. On est prêt à tirer, mais personne ne vient.

Froid toute la nuit.

5 décembre samedi

Toujours le vent souffle avec violence. L’art. ennemie tire quelques obus. La nuit a été assez calme. Pétarade à la relève.

6 dimanche

Ayant été relevés, puis départ pour la forêt de l’Argonne à Ste-Menehould. Très fatigué, pluie, marche toute la nuit.

Couché une heure aux Granges, Bois des Dames.

 

Le 1e bataillon, l’état-major, le train de combat et les mitrailleurs se trouvent à La Grange-Aux-Bois (51). Voir la position exacte des mitrailleurs sur la carte d’époque et sur la carte actuelle.

7 lundi

Départ pour aller ???? à une ferme au ?????

8 mardi

Journée tranquille puis le départ est prévu pour 6 heures du soir. ???16 km à faire.

Traversé ???? petite ville, puis la relève est faite à 2 heures du matin, bord d’un ruisseau. Grande canonnade toute la nuit.

9 mercredi

Toujours dans la boue jusqu’aux chevilles. Les balles sifflent sur nous. Une grande attaque d’art. tout le jour. La nuit, fusillade assez violente.

Bonne nuit.

10 jeudi

Sommes été en 1ère ligne à 80m de l’ennemi. Fusillade nuit et feu assez violent.

Lancement de bombes sur nous. Pas de distribution la veille. Aussi forte ceinture.

Quelques blessés, un tué.

Lancement de grenades. Fusillade violente la nuit.

11 vendredi

Même répétition que la veille. Les grenades sont lancées de toutes parts. Les balles ennemies nous démolissent ?????? tranchée. MIGUEL blessé à la ???? pendant la soupe. LACROIX est blessé au bras. (*)

La nuit fusillade. Je ne peux pas dormir. Il pleut.

 

(*) : LACROIX de la CHR (compagnie hors rang) : « blessure pénétrante bras droit et éraflure cuisse gauche par balle de fusil ». (JMO)

12 samedi

Journée calme. L’art. de ????? tire sur les tranchées ennemies. Lancement de bombes par nous la nuit. Toujours fusillade.

Pluie.

13 dimanche.

Après avoir fait une cabane que j’ai travaillée tout le jour, nous avons pu le soir allumer le feu. Belle journée le soleil se montre, mais le soir il pleut.

De nouveau, j’ai assez bien dormi.

14 lundi

Le canon tonne de bon matin. Lancement de bombes par nous. Le génie commence un souterrain dans la direction des tranchées allemandes.

Le soir, les Allemands les dénichent avec leurs bombes, puis nous changeons d’emplacement.

Journée du 15 décembre

Je n’ai pu dormir de toute la nuit.

À 4 heures, j’ai pris la faction. Changement de poste route de Varenne.

Merc. 16 décembre

Sommes été relevés à 11 heures, de la nuit qui était très noire. Il a plu.

Route que nous avions faite en venant en passant à Olseau Defontaine. J’ai trouvé CAVAILLE du 7è d’Inf. Sommes été embarqués à Ste Menehould pour revenir à Somme- Suippes. Avoir bien dormi la nuit.

Jeudi 17

Jour de repos à Somme-Suippes. Avoir bien dormi et bien fatigué. Avoir trouvé tous les camarades.

Vendredi 18

Toujours repos et avoir fait une grande bombe avec les camarades du ???. 15 bouteilles de champagne. Grande pluie. Avoir eu froid la nuit.

Samedi 19

À 4 heures du matin, sommes été relever le 85è. Le ????? nous annonce de se tenir prêt à faire l’attaque.

20 Dimanche

Le canon français fait rage toute la journée sur tout notre front. L’attaque devait avoir lieu, mais il y a retarde au soir vers 4 heures.

L’ordre arrive de se porter en avant. La 1ère compagnie part en tirailleur. L’art. ennemie tire quelques coups.

Enfin, l’ordre arrive de revenir dans nos lignes.

21 lundi

Nuit très calme. Le matin, l’on tire à nouveau. Des patrouilles sont arrivées ?????

22 décembre

À la pointe du jour, nous allons rejoindre les 1ères lignes. 2 blessés et un mort à ma pièce. (*)

J’ai fait un pansement au caporal qui avait une balle au genou. Travaille tout le jour à me faire un abri pour me coucher la nuit ?????

 

(*) : La pièce = la mitrailleuse.

23 mercredi

Les balles ennemies démolissent ma tranchée et vers 2 heures du matin on se reporte en arrière pour reformer ma section. L’art. franc tire tout le temps.

Le soir, des attaques sont très fréquentes. La 33è brigade a progressé et a fait, dit-on, 150 prisonniers.

24 jeudi

Toujours ensemble avec COSTES nous avons allumé un bon feu. Une attaque est signalée sur notre front mais je ne bouge pas. Toujours l’art. tire avec rage, l’ennemi répond à peine. La neige est tombée dans la nuit. Grandes attaques.

25 vendredi

La nuit, il a gelé bien fort.

Nous avons passé la journée avec COSTES. Le temps est toujours beau. Toujours mêmes canonnades de toute part, avec COSTES.

26 samedi

Temps un peu nuageux, grand vent. Les obus boches tombent près de nous. La nuit, la pluie a tombé en abondance. Pas pu dormir de froid avec Costes.

27 dimanche

Le temps est comme la veille. Le soleil se montre à de courts intervalles.

Enfin, la nuit le 88 vient nous relever. La pluie tombait de nouveau. Avec COSTES.

28 lundi

Nous restons pour le repos à Cabane et Puy.

Je vais dans l’après-midi à Somme-Suippes pour provisions à cheval. Rien trouvé sinon une grande averse de pluie ???????? les pays en bonne santé.

29 mardi

La journée s’est assez bien passée.

Le soir, j’ai reçu un colis, donc les galoches en question. Avoir mangé les fritons avec DOUSSET et DAJOLS et une orange avec ma paie. Mon adjudant.

30 mercredi

Le temps est très doux. Je vois presque tous les pays et ils se portent bien.

Le soir, nous mangeons des colis avec l’adjudant, le sergent et Sorgues. Grand réveillon, mais tout le jour être resté sur le qui-vive équipé.

31 jeudi

Dans la journée, suis été à la ville. J’ai acheté 18 litres de vin que j’ai distribué à la section. Avoir bien réveillonné avec un colis qu’a reçu le sergent.

Bonne soirée de l’année 1914.

Journée sombre, le froid n’est pas trop rigoureux. Les obus allemands viennent presqu’à l’endroit où je suis au repos.

Toujours bonne santé.

1915

1er janvier 1915

À la pointe du jour, suis revenu à la ville pour chercher du vin. Je n’ai pu en trouver que 2 litres et un kilo de chocolat. Avoir ??? comme bonne année une bouteille de champagne à 4, des noix, une orange et 2 pommes. Et demi litre de vin en plus et 1 cigare à 10 centimes.

Pluie presque toute la journée.

2 samedi janvier 15

Le temps est toujours à la pluie.

Le soir on part à 10 heures pour aller relever le 88 en 1ère ligne.

J’ai reçu un colis. Grande pluie toute la nuit.

3 dimanche

Les obus tombent à quelques mètres de nous et les éclats des nôtres viennent jusque sur nous et ils tombent sur les tranchées boches. Les leurs nous ont fait des pertes. Un obus, 5 tués 12 blessés et tout le jour la même répétition.

La fusillade est moins vive le jour et la pluie tout le temps. Je me fais une tranchée.

4 lundi

A la pointe du jour, je reçois 2 colis et 3 lettres. Les obus de toutes les parties recommencent à tomber. On nous apporte le café et la distribution de la veille.

Dans l’après-midi, nous avons subi de nouvelles pertes.

La nuit, la fusillade est moins vive, mais les bombes tombent. Toujours la pluie.

5 mardi

Le vent se lève mais la pluie tombe de nouveau toujours. Le canon gronde sur tous les points. La 7è compagnie a 25 hommes dans la journée.

Toute la nuit, les fusées sont lancées par les boches. Les éclats viennent nous tomber dessus.

Enfin, grande canonnade sur tout notre front.

Pluie.

6 mercredi

Le soleil se montre le matin et la canonnade recommence.

Le jour, pas de coups de fusils.

La nuit, une pluie tombe, puis nous avons été relevés vers 5 heures du matin.

7 jeudi

On bivouaque à Cabane et Puy. Je vais voir DAJOLS à l’art.

Et le soir, nous allons manger un colis ensemble avec DOUSSET (Émile) et COSTES. On s’était perdu pour regagner nos cabanes tellement il faisait noir.

La nuit, grand vent.

8 vendredi

Le matin, je vais à la ville de S.S. (*)

J’y ai trouvé FRAYSSE et PETIT. J’ai dîné avec eux puis j’ai pris 5 bouteilles de vin à 0,80, puis le soir nous avons eu une alerte. Le 88 a pris la crête.

Nous allons coucher dans le bois de Paillote à la belle étoile.

 

(*) : Somme-Suippes

9 samedi

Tout le matin, il passe des prisonniers, nous en avons pris 65, des grands hommes en général. La nuit dernière, ils nous ont fait 3 contre attaques qui ont échoué et aujourd’hui, notre artillerie fait rage dans les tranchées que l’on a prises.

Il y en avait des morts en masse. Une nouvelle attaque de notre art. a lieu à 3 heures du soir.

Pas de mouvements en avant. Avoir froid la nuit.

10 dimanche

A la pointe du jour, je me lève de froid puis on prend le café. Je trouve COSTES, nous passons un bon moment ensemble.

Les obus boches tombent bien près de nous.

11 lundi

Nous partons pour faire la relève à 12 heures. Nous voyons à la pointe du jour des cadavres allemands en masse. 4 prisonniers se sont rendus à la pointe du jour. Grande canonnade sur nous. Nous avons 1 mort et un blessé à côté de la pièce.

La nuit assez calme. Fausse alerte dans la nuit. Pris 2 heures de faction.

12 mardi

Le cuisinier porte la soupe à la pointe du jour.

Dans la journée, les obus tombent comme la veille à côté de la pièce. 2 morts, des blessés aussi.

Enfin la nuit, la canonnade est assez violente. Nous avons fait 2 prisonniers dans Perthes.

La 33è division a attaqué le soir. Elle semble avoir avancé un peu.

Nuit assez calme. 2 heures de faction.

13 mercredi

Au petit jour, les boches nous tirent quelques coups de canon. Encore 1 mort par l’art. du 77. Les obusiers tombent un peu en arrière de nous sur la 12è comp. qui a subi des pertes. Elle canarde à plusieurs reprises pendant le jour.

La nuit semble vouloir être calme, mais les ordres passent de se tenir en éveil. 2 heures de faction.

Un cuisinier de la 3ème comp. saute dans une tranchée boche et les voit tous en train de fumer. Il s’en ressort sain et sauf.

Pluie.

14 jeudi

Enfin, la pièce qui nous tirait dessus semble avoir reculé et ne nous prend pas autant d’enfilade. Pas de blessés ni de morts à côté de nous. Un obus du 77 tombe sur la cabane du caporal PIQUEMAL, mais il n’a pas blessé personne.

Le soir, nous mangeons la soupe à la tombée de la nuit et la relève doit avoir lieu à 12 heures. J’ai pris la faction de 11 à 12 h.

15 vendredi

Enfin, le 88 arrive à 5 heures du matin pour la relève.

Je suis tombé 4 fois dans la boue. Nous allons à Cabane et Puys. Je trouve DOUSSEL et je déjeune avec lui, puis je fais quelques corvées et je vais trouver DAFALS, l’art. au 23 qui me fait boire un quart de vin.

Le soir, nous avons passé une belle soirée ensemble.

16 samedi

Enfin après avoir bien dormi, je vais avec DAFALS à Suippes à cheval pour faire des provisions pour 21.00.

Nous avons fait la bombe le soir, mais étant plus nombreux que la veille, nous n’avons pas autant parlé du pays. Save mal disposé.

 

Le JMO indique ce jour : « Les cas de congélation continuant, les médecins passent une visite des pieds de tous les hommes en présence des commandants de compagnie. Il résulte de cette visite qu’environ 5 à 6 hommes par compagnie sont atteints de congélation. Le graissage des pieds est prescrit à nouveau et cette opération étant particulièrement surveillée par les officiers. »

17 dimanche

A la pointe du jour, le café.

Puis je veux aller à Somme-Suippes pour voir les pays qui s’y trouvent, en même temps apporter du vin. Ce n’est qu’à force de chercher que le gendarme GASQUET m’en a fait trouver et m’a aussi payé la goutte.

Le soir, j’ai passé la soirée avec COSTES et DOUSSET.

18 lundi

Le lendemain à midi, j’y reviens chercher du vin à 0f80 le litre. J’ai trouvé les copains du pays, nous avons bu les bidons, puis je les ai fait remplir de nouveau.

Enfin, j’arrive pour la soupe, puis je vais me coucher.

19 mardi

Nous partons pour aller faire la relève à 1 heure du matin. Très calme, nous arrivons sur le même emplacement.

Journée tranquille, quelque peu de neige. Avoir pris 2 heures de faction.

20 mercredi

Nous sommes toujours tranquilles. Quelques petits 77 qui tombent tout près de nous mais ???????

Temps redevenu sombre et la pluie recommence à tomber. Rien de nouveau à signaler si ce n’est qu’on lance des fusées auprès de nous.

Nuit tranquille.

21 jeudi

Journée calme, la pluie tombe, nous allumons du charbon de bois.

Grande canonnade toute la journée.

22 vendredi

Tout le jour, nous avons été tracassés par l’art. ennemie.

Enfin, le soir on vient nous relever et nous partons de 1ère ligne à 1 heure du matin.

23 samedi

Nous allons prendre le repos à ?????

On trouve du vin et puis tout ce que l’on veut.

24 dimanche

À la messe, puis été voir le camp ??????

Lundi et mardi et mercredi 27, départ pour revenir en 2ème ligne.

Le café à la pointe du jour, puis je vais en corvée d’eau à Suippes.

Du 28 au 4

Aux tranchées jusqu’au 4 au matin et nous avons fait une attaque. Quelques blessés. Tranchée boche sauté par les sapes que travaille notre génie.

Du 4 au 8

Repos.

Remis en 1ère ligne. Attaque d’armée renvoyée à cause du mauvais temps.

Neige le 11.

Du 11 au 14

Repos à la Chappe.

L’attaque commence le 14 jusqu’au _______ Beaucoup de prisonniers sont faits le 15 au moins 250.

 

DOUSSET est mort le 18 février. (*)

L’attaque a duré jusqu’au 22.

 

(*) : Émile DOUSSET, soldat au 59e régiment d’infanterie, est mort pour la France le 19 février 1915 dans le secteur de Perthes-lès-Hurlus (51). Voir sa fiche.

 

Revenu sur le front le 1er mars.

 

Grandes attaques vers le 7.

 

Relevé le 9 mars.

 

Attaque générale le 16, ???, 18.

 

Pour nous en repos du 24 jusqu’au ????.

 

 

Fin 1915 : Carnet perdu ?

 

 

1916 et 1917

 

Ces pages ont été écrites en fin de second carnet, celui de 1917. Mais le «7 » de 1917 » a été surchargé par « 8 »

C’est certainement les souvenirs qu’il a retranscrit (après la perte d’un carnet ?)

 

 

Sur la page du 7 décembre du carnet, Lucien BORIES fait une rétrospective de l’année 1916 :

 

Dates d’attaque de l’offensive contre Verdun 21 février 1916

21 Bois d'Haumont

22 Bois des Caures, et de Ville et l'Herbebois,

Le 23 Bois de Wavrille

Le 24 Samogneux, Côte 344, Bois de Fosses, Bois Le Chaume, Ornes.

Le 26 Côte du Talou, Côte du Poivre.

Le 27 ils prennent Douaumont.

 

Sur les pages des 8 et 9 décembre du carnet, Lucien BORIES fait une rétrospective de l’année 1917 :

 

Le mort-Homme, cote 304, côte de l'Oie, Cumières, le bois des Corbeaux.

Attaque Française sur les noms ci-dessus le 20 août 1917.

Dans la route (voie sacrée) les autos camions y passent à 25 secondes d’intervalle.

Le 9 avril, le 24 octobre et le mois de décembre (1917) nous avons aussi pris à notre tour l’offensive.

 

Départ de Caylus par St Antonin. (*)

Nous sommes arrivés à Montauban à 8h à la gare on est venu nous prendre avec Mr ARTIS ( ?) . Nous avons causé sur la guerre et sur les environs de Verdun.

À 10 heures. On est allé se coucher. Bien reçu, bon souper.

 

(*) : Caylau et St Anthonin-Noble-Val sont dans le Tarn-et-Garonne, il rentre donc de permission à cette date.

 

 

À partir de cette date les dates du carnet correspondent avec le JMO

10 décembre 1917

Nous embarquons lundi matin à 7 heures pour le front mais à Vierzon (?), on nous fait descendre pour prendre la direction de Jessaint mais là on nous dirige sur Chaumont, nous y sommes restés 7h de temps, ville assez importante.

État-major américain puis nous avons été à St Dizier.

11 décembre

Nous sommes arrivés à St Dizier à 4h du soir là on nous a pris nos permissions et on nous a conduit à la cantine. Nous ne sommes repartis qu’à 7h pour Landrecourt. (*)

Coopérative Anglaise, soupe bouillie café  cigarettes, le tout gratis.

 

(*) : Certainement en camion par la « Voie Sacrée » car St Dizier-Landrecourt = 80 km.

12 décembre

Je suis arrivée à Landrecourt à 4h du matin, on s’est couché jusqu’à 6h du matin puis nous sommes partis à Verdun à  pied.

En arrivant je vais déposer ma perme au bureau le retard est constaté mais je ne suis pas puni.

Canonnade habituelle.

13 décembre

Ce matin je me lève à 9h après le nettoyage ordinaire nous allons chercher la soupe.

Vers 11h, quelques avions boches arrivent et attaquent avec succès notre saucisse de Verdun qui brûle de suite, les observateurs 2 sautent en parachute d'une hauteur de 1500m et atterrissent sains et saufs.

Après-midi, canonnade  assez violente. Relève des lignes.

14 décembre

Ce matin après avoir monté tout notre fourbit nous portons le sac aux autres et vers 10 heures nous partons pour aller embarquer à Dugny (*) où nous partons à 3h nous débarquons à 8h du matin à Nançois-Tronville pour aller à Culey.

 

(*) : Embarquement de l’état-major et du 2e bataillon seuls. Débarquement à Culey (Meuse). Le 1e bataillon arrivera que le 16. (JMO)

15 décembre 1917

Culey, petit village situé entre des coteaux et très petit. Nous sommes cantonnés dans une vaste grange ou nous sommes toute la CHR. Tellement j’étais esquinté je reste couché toute la journée.  Je me lève juste pour la soupe au soir.

16 décembre

Je me lève pour aller me laver à 8 heures puis je vais écrire en attendant la soupe.

Après-midi, nous allons nous promener avec les copains de la section dans les environs du patelin. Loisey.

17 décembre

Ce matin à 6 heures nous partons à Tronville pour débarquer les ballots du train afin de transporter ces paquets au régiment, nous avons été dîner dans la ville. Toute la journée nous sommes restés sans rien faire vu que les wagons en question ne sont pas arrivés.

Nous sommes rentrés au soir à la pointe de la nuit.

18 décembre

La matinée s’est très bien passée et après-midi comme l'on se disposait à partir nous avons été obligé d’aller de nouveau à la gare de Nançois-Tronville pour charger les voitures de matériel du magasin d’habillement rentré 6h du soir.

19 décembre

Ce matin, départ pour Tronville 6 heures nous allons au café de la gare au lieu d’aller charger les voitures.

Nous repartons à 9 heures tout travail était fini.

Après-midi nous allons au bistrot de l’étoile faire un vin chaud de 3 litres à 6 hommes  couché à 8 heures.

20 décembre

Tout ce matin j’ai vadrouillé pour tâcher moyen de trouver soit un poulet ou un lapin, impossible, suis rentré à la soupe puis au bistro, puis au foyer du soldat pour écrire.

21 décembre

Repos complet. Chaque jour je vadrouille.

22 décembre

Même chose que la veille. Quelques corvées à faire, c’est tout.

23 décembre

Comme église dans Culey il s'en trouve une mais on n'y dit pas la messe, elle est dissoute par le pape. 1ère  église schismatique qu’il y ait en France.  Les civ'lots s'en vont soit au village voisin ou dans une grange.

24 décembre

Repos, la neige tombe en abondance.

Le soir, nous faisons un petit réveillon.  Omelette,  saucisse, pâté,  huitres 7 douzaines,  poulet, gâteaux. Vin fins (2 graves et 3 Bordeaux) et vin ordinaire (8 litres). Le tout à 7 convives. Vin chaud.

25 décembre

Le général doit passer la revue dans les cantonnements aussi tout le monde sur pied à 8 heures, la tête me fait encore mal de la veille.

Après-midi je vais à Resson pour me promener.

Ce soir couché à bonne heure.

 

(*) : En effet, le général SABATIER commandant de la 34e division d’infanterie rend visite le jour de noël au 59e régiment d’infanterie.

26 décembre

Rien à signaler la neige tombe toujours à gros flocons.

27 décembre

Des bruits courent que nous allons être relevés. (*)

 

(*) : C’est exact, la 34e division doit repartir au front relever la 14e division.

28 décembre

Après avoir fait grâce matinée on mange la soupe mais à l’arrivée des lettres, je reçois une dépêche que mon oncle vient de mourir.

Je l’ai apporté au bureau du colon, on me répond que ce cas-là n’est pas prévu.

Toujours neige.

29 décembre

Journée sombre, la neige tombe toujours. On est toute la journée en corvée on passe la revue des masques.

Le soir, on touche des vivres pour 3 jours 3 jours et 2 jours de vivres de réserve.

On se couche très tard, corvée toute la nuit.

30 décembre

Nous partons en auto à 8 heures nous passons par Bar-le-Duc, Souilly, Lemmes. Nous laissons Verdun sur notre droite et nous allons au camp des Clairs Chênes. (*)

Il se trouve pas mal de baraquements avec deux foyers de soldats.

 

(*) : Le camp des Clairs Chênes se trouve sur la commune de Blercourt (55).

31 décembre

On se lève à 9 heures nous à la coopérative puis on va se laver, la soupe.

Après-midi, je vais écrire au foyer du soldat.

On vous donne de quoi écrire, jeux divers, livres avec des gravures de la guerre. Le capitaine d'état-major DE RODY (DE RODEY ?) est venu à notre cuisine et à renversé notre rôti soit disant que la cuisine ? était la ?

Çà s'est passé le 1er janvier.

Année 1918

Janvier 1918 : Verdun, secteur d’Avocourt - Le Mort-Homme

Lundi 1er janvier

Ce matin, je me lève pour aller à la coopérative. Elle ne voulait pas ouvrir. Enfin à force nous avons tout de même réussi à prendre ce dont nous avions besoin.

Après-midi, nous montons en ligne en passant par Jouy-Sivry, Béthelainville, Montzéville.

Enfin nous arrivons au Mort-Homme à 8 heures. Au niveau de 304 c’est assez calme.

Mardi 2 janvier

La marche d’hier au soir m’avait esquinté aussi je me lève à 8 heures. Je me rends à mon poste au matériel au ravin du Mort-Homme, même.

L’après-midi, nous donnons les demandes des compagnies en ce terrain qui a … bardé de tout le jour. Un obus est tombé juste aux environs.

Comme logement je couche dans une sape boche.

Mercredi 3 janvier

Au matin on se lève à 8 heures.

Petits travaux habituels. Je vais à la soupe à 11 heures en face le PC du colonel, toute la matinée les avions boches volent sur nos lignes. Ont-ils quelques indices sur la relève, je n’en sais rien. Matinée assez agitée.

 

Après-midi, je vais au P.C. des chefs de bataillons reconnaître l’emplacement. Nous revenons par le Mort-Homme, les trous d’obus sont les uns dans les autres et géants.

Nous trouvons l’entrée du tunnel de Bismarck où on travaille encore. On descend on voit des pièces de canon brisées et abris effondrés.

 

Le soir, grande sérénade par des obus toxiques et des 105 mêlés, direction du point de chute …

Le ravitaillement en matériel se fait à dos de mulet à bas, c’est long et les passages très étroits sont dangereux. On les fait marcher comme sur des toits.

Nuit calme mais très froide.

Jeudi 4 janvier

Je me lève à 8 heures le matin petit bricolage.

Après-midi, un avion F tombe un avion Boche entre les lignes, en avant de Béthincourt. Tirs de de l’artillerie boche sur les corvées et rassemblements. Nous aménageons le matériel pour le bataillon.

 

Le soir, nous recevons 19 mulets, on les charge et je vais les conduire au 2e bataillon. Mauvaise piste nous sommes obligés de recharger certains mulets.

Dans cet amas de terre remuée, se trouve le tunnel du kronprinz où nous avons, lors de cette offensive, chopé tant de prisonniers et un état-major de bataillon. Nos obus de 400 avaient à certains points crevés ce dit tunnel. Beaucoup y ont trouvé l’asphyxie. On y trouve encore les morts du 35e régiment boche. Profondeur 85 marches longueur 900 mètres sorties 12.

Vendredi 5 janvier

Temps nuageux le brouillard se lève. Je vais faire un tour vers la cote 304. par moments les boches tirent quelques rafales d’obus.

Le soir, je vais au 2e bataillon, un mulet tombe dans un trou, faut le recharger, secteur toujours calme, nous allons nous coucher à 12h.

Nous avons eu du travail jusqu’à cette heure.

Samedi 6 janvier

Ce matin 8h je vais au poste du PC du 3e bataillon, les pistes et les boyaux sont martelés

Dans le coup de main de hier au soir, nous avons fait 1 prisonnier mais nous avons eu 2 morts à la 11e compagnie, où ils avaient attaqué. journée sombre et la neige tombe encore rafale d’obus vers 8 heures.

Dimanche 7 janvier

Journée sombre le soir il tombe de la neige. Malgré cela suis obligé d’aller accompagner 9 mulets au P.C du 2e bataillon. Les pistes ne manquent pas, je me suis vu les pierres. Les mulets tombent dans les trous d’obus.

Le dégel a commencé cet après-midi. Les trous sont pleins d’eau la neige continue à tomber toute la nuit.

Les boches font un coup de main.

Lundi 8 janvier

Je me lève à 10 heures après avoir fait les petites bricoles. Je fais ma toilette.

Les avions boches survolent nos lignes et nous sommes obligés de rentrer dans nos sapes vu qu’ils signalisent des troupes et les rafales tombent.

Ce soir, il neige à nouveau, activité de l’artillerie sur notre gauche secteur Avocourt à rapporter au 6 janvier.

Mardi 9 janvier

La pluie succède à la neige, mais le soir la neige retombe lancée par le vent.

DUPRAT va accompagner la corvée des mulets … au PC du 2e bataillon.

Avec ce temps, il ne s’y voit pas à deux mètres. Nous avons eu tout le soir des matériaux qui sont arrivé. Le vent souffle avec rage. Secteur calme.

Rien à signaler. Une compagnie du 83 relève la 1e du 59.

Mercredi 10 janvier

Ce matin tellement la neige est tombée, on a été obligé de venir nous débloquer notre abri. Impossible d’en sortir pas une fissure n’existait.

Tout le jour rafales d’obus dans notre ravin.

Le soir, faut se mettre dans la sape. Ils tombent à proximité de notre casba.

Nuit calme.

Jeudi 11 janvier

Aujourd’hui pluie avec grand vent. Nous faisons notre petite corvée de lavage. On fait fondre la neige pour avoir l’eau, qui se trouve autrement à un kilomètre de chez nous. Nous sommes tranquilles tout le jour.

Le soir, je vais accompagner la corvée des mulets pas d’accident ce soir.

Vendredi 12 janvier

Aujourd’hui le temps est clair les avions font leur sorti toute la journée nous sommes obligés de resté cachés à cause des repérages.

Après midi, préparation du matériel, rafales d’art un peu partout.

Le soir, corvée des mulets. Nous habitons le ravin de Morval.

Temps toujours de neige.

Samedi 13 janvier

Aujourd’hui le temps est un peu plus clair.

Après midi, je vais au poste du chef de bataillon du 8e génie porter le papier pour le matériel. Rien à signaler.

Le soir, un duel d’artillerie se déclenche vers 8h1/2. On craint un coup de main de la part des boches.

Ce soir, pas de corvées.

Dimanche 14 janvier

Journée assez calme dans mon entourage. Activité de l’artillerie sur notre droite.

Après midi même fourbi que d’habitude.

Le soir, je vais accompagner les 12 mulets en ligne. Rien à signaler.

Lundi 15 janvier

Au matin la pluie tombe. Je vais faire un tour aux lacets que j’ai placés entre 304 et Mort-Homme. (*)

Ma sape est dans une tranchée de Morval. Rien de nouveau. Vive canonnade sur notre droite bois le Chaume.

 

(*) : Lacets pour attraper des lapins ?

Mardi 16 janvier

Le dégel s’accentue tous les jours aussi avons-nous de la boue jusqu’à la cheville.

Secteur calme. Même travail qu’à l’habitude.

Mercredi 17 janvier

La pluie tombe toujours.

Les sapeurs en piochent à coté de notre abri pour faire la coopérative. On a découvert 5 obus de 240 boches à 1m10 de hauteur.

Ce soir, je vais au PC du chef de bataillon. Nuit noire et je m’en suis vu de toutes les couleurs. Secteur calme

Jeudi 18 janvier

Journée assez claire le matin, les avions font leur sortie. Aussi toute la journée assez grande activité des deux artilleries.

Nous préparons le matériel pour le soir.

La coopé vient ce soir pour s’établir mais les travaux ne sont pas terminés.

Nuit assez calme.

Vendredi 19 janvier

En dehors des travaux journaliers la journée est restée calme.

Ce matin nous allons reconnaitre une piste du P.C Amiens, au-delà de la crête du Mort-Homme.

Nous passons par les tunnels Kronprinz et Bismarck. Rien d’impraticable avec des mulets faute de houseaux (*). Duel artillerie.

 

(*) : Les houseaux sont des jambières facilement attachables, employées pour labourer ou travailler, creuser ou fouir, défricher ou dessoucher, marcher ou courir dans un environnement hostile, conduire un attelage. Il s'agit de protéger la jambe.

 

 

 

 

Position du PC Amiens et du ravin Morval.

 

Samedi 20 janvier

Je me suis levé à 6 heures pour camoufler les divers matériaux trop apparents.

Combat d’avions : 4 boches contre 1 français qui a été obligé de partir, ayant été touché. Toute la journée, rafales d’artillerie un peu partout.

Le soir, je vais accompagner la corvée. Je suis obligé de transporter de là-bas une mitrailleuse boche ainsi qu’un canon de tranchée au colonel.

Nuit calme.

Dimanche 21 janvier

La matinée se passe comme à l’ordinaire. Grande activité d’artillerie sur notre gauche

Le commencement d’une offensive programmé ? Un obus tombe à 15 mètres de mon abri pendant que nous mangeons la soupe.

Dans la soirée, les Boches font sauter un de nos… ??

Rien de nouveau dans la nuit.

Lundi 22 janvier

La matinée est favorable à l’aviation, aussi, je me paye un joli coup d’œil. Un bimoteur des nôtres, monté par un capitaine et l’adjudant PAMS est attaqué par 2 Boches. Malgré ses efforts, le nôtre est obligé d’atterrir en arrière de notre première ligne : PAMS, jambe cassée, capitaine blessé, médaillés par notre colonel. L’appareil avait reçu des éclats d’obus et avait une commande coupée.

Cinq minutes après sa chute, notre appareil était mis en feu par les Boches à coups de canon. (*)

Coup de main Boche sur la relève du 272ème par le 83ème. Calme sur notre secteur.

 

(*) : C’est exact : Le pilote (capitaine DE LUBERSAC) a trainé son observateur jambe brisé (adjudant Ludovic PAMS), jusque dans la tranchée car les Allemands ont commencé à bombarder pour détruire l’avion. Ils sont presque immédiatement décorés de la croix de guerre par le colonel.

Né en 1878, Guy DE LUBERSAC était le maire de Faverolles (02), depuis 1904 quand il fut mobilisé comme sergent dans l'infanterie territoriale. Il fut ensuite versé dans l'aviation où il effectua plus de 250 missions de reconnaissances. C'est en tant que capitaine commandant l'aéronautique qu'il termina la guerre pendant laquelle il fut décoré de la Légion d'Honneur et de la Croix de Guerre avec dix citations à son actif.
Après-guerre, Guy DE LUBERSAC se consacra au relèvement de son département, l'Aisne, qui était le département le plus dévasté de France. Il créa alors, tout en la présidant, une confédération de coopératives de sinistrés qui permit de remettre en état les sols, de cultiver les terres et de reconstruire. Une tâche titanesque où fut employée une main d'œuvre étrangère provenant de Pologne, de Belgique, d'Espagne et d'Italie.
Élu sénateur en 1920, il se consacra principalement pour le rétablissement des régions sinistrées, réclamant pour elles plus de moyens et des dommages de guerre importants. Il siégea au plais du Luxembourg jusqu'à sa mort, en 1932, des séquelles de deux blessures de guerre reçues lorsqu'il était aviateur.

Lire le passage sur le JMO.

Mardi 23 janvier

Temps pluvieux. La journée est assez calme.

Vers midi, les ordres de relève arrivent mais je suis obligé de rester seul à l’ancien poste afin de surveiller le restant du matériel jusqu’à livraison complète au 83ème.

Rien de particulier à mentionner. Je me couche très tard afin de pouvoir livrer mes canons.

Mercredi 24 janvier

La journée se passe asse bien après avoir satisfait les demandes. Je reçois un papier de mise en subsistance au 83ème.

Le soir, grande sérénade autour de mon poste qui m’oblige à rentrer dans ma sape.

Nuit assez agitée dans mes alentours. Je me couche à assez bonne heure.

Jeudi 25 janvier

Je mange avec le sergent de la coopérative.

Journée très belle. Les avions volent toute la journée. Un Boche tombe 3 saucisses des nôtres puis un avion.

Le soir aussi, un avion des nôtres est touché et peut aller atterrir dans son camp. Le soir, on vient me prendre pour aller avec les autres au boyau du Mort-Homme au Bois des Corbeaux.

Vendredi 26 janvier

Journée pleine de brouillard, très calme.

Le soir, je vais accompagner la corvée des mulets en ligne. Nous passons par le Bois des Corbeaux. Nous avons vu une grande pile d’obus de 150 Boches : Les pièces avaient été retirées.

En revenant, on nous fait apporter 16 tuyaux de pompes que nos patrouilleurs avaient ramenés dans nos lignes.

Nous avons un bon abri.

Samedi 27 janvier

Je me lève à 9 heures. Je travaille à rapiécer mes effets jusqu’à l’heure de la soupe. Le brouillard y est toujours.

Le soir, rien de nouveau. On s’attendait à quelque chose, vu que chaque année pour l’anniversaire du Kaiser, dans le secteur où je me trouvais, les Boches étaient plus agités.

Dimanche 28 janvier

Journée assez calme sur notre front.

Aujourd’hui, pas d’avion à cause du brouillard : Aussi les artilleurs contre-avion qui sont logés dans le même abri que nous n’étaient pas contents. Convoi de mulets et duel d’artillerie sur notre droite (Bois Le Chaume).

Lundi 29 janvier

Ce matin, en me levant, nous arrangeons notre poêle car nous ne pouvions pas vivre dans l’abri tellement la fumée y restait.

Ce soir, je vais accompagner la corvée de 12 mulets. Je me suis perdu et suis allé tomber à la sortie du tunnel au bois des Corbeaux où se trouve le 37ème d’infanterie.

Rentré à 10 heures et j’étais parti à 8 heures…

Nuit très calme.

30 janvier

Journée très sombre, nous transportons des vivres de secteur, biscuits, conserves, chocolat, sucre d’un poste à un autre.

Le soir, nous faisons même travail mais on va les porter à 232 poste du génie.

Journée calme quelques avions voilà tout.

Couché à bonne heure.

31 janvier

Journée d’embêtements corvée à 232 et au tunnel du Kronprinz pour vivre de réserve.

J’ai visité la coopé la salle des machines qui éclairent ce dit tunnel à l’électricité. Voie de 0,60 dans ce tunnel, l’eau y tombe et est prise par des tuyaux, il se trouve une longueur de 500m de bouché et plus de 800 morts dit-on. Parmi 2 majors qui sont encore dans leur même position qu'ils avaient lors de la chute de l’obus de 400. Leur mort a dû être instantanée.

Le calme est relatif, pas un coup de canon ne s’entend. Que passe-t-il ?

Février 1918 : Verdun, secteur d’Avocourt - Le Mort-Homme

1er février

Temps brumeux.

Aujourd’hui pas trop de corvées.

Rien à signaler. Dépôt de grenades sauté par nous (pour le 37e régiment d’infanterie) tout inutilisable.

2 février

Temps toujours brumeux.

A cause de la relève, ce soir pas de corvée de mulets.

Après avoir arrangé tout notre matériel, je lave mon linge.

Je suis commandé pour aller porter à 7 heures les cantines du Cdt LOUVEAU à son poste mais nous arrivons trop tard, c’est fait, aussi regagnons-nous nos pénates.

Avant de se coucher nous buvons un bon chocolat.

3 février

Je me lève à 9 heures

Le brouillard s’est un peu dissipé on distingue le petit village de Chattancourt qui est tout en ruines, situé dans un ravin la route qui y conduit passe à 232.

Le soir, je vais au PC du chef de bataillon. Calme le soir.

Rien à signaler

4 février

Rien d’anormal. Belle journée. Nous travaillons à arranger nos couchettes.

L'accalmie règne en permanence.

5 février

Même fourbi que les jours précédents pas trop de travail.

Après-midi, nous préparons le matériel pour le soir. Journée assez claire quelques avions volent très bas de part et d’autre pas d’engagement.

Nuit calme, mais assez agité dans notre cagna entre nous tous, à cause du chargement des mulets.

6 février

En me levant, je vais au poste du colonel puis nous faisons nos toilettes.

Après midi, le sergent va reconnaître un dépôt de munitions au village d'Esnes qui est tout en ruine.

Nos pièces d’artillerie tirent sur les passerelles du ruisseau des Forges que les boches ont établies.

7 février

Aujourd’hui nous allons chercher un dépôt d’artifices que nous transportons chez nous.

J’ai trouvé DELRIEU qui est au 23ème d'artillerie.

La pluie tombe toute la journée, le soir je suis de corvée pour aller en ligne. Je me suis vu les pierres et je n’ai pu arriver avec tous mes mulets celui du cadu ??? galerie majeure.

8 février

Pluie fine le matin. Nous arrangeons le matériel arrivé hier au soir.

Après-midi, je fais des lettres et je me nettoie un peu de la boue de la veille.

Le soir, grand débat à cause de deux corvées qu'il faut faire, mais les muletiers ne veulent rien savoir.

Nuit calme.

9 février

Ce matin les boches font des tirs de repérage d’après les gradés on s’attend à quelque coup de main de la part des boches. Pluie fine le jour.

Le soir les artilleurs nous signalent les gaz par obus sur notre droite le vent nous est favorable.

Nuit calme.

10 février

La journée se passe assez bien.

Le soir après le chargement des mulets nous prenons le chocolat puis à 10 heures je vais me coucher.

Dans la journée les boches ont tiré environ 200 obus à gaz sur la batterie contre avions. (*)

Rien à signaler.

 

(*) : Le JMO dit « Léger bombardement à droite par obus toxiques ». Voir

11 février

Aujourd’hui temps clair activité de l’aviation boche et duel d'artillerie sur notre droite.

Le soir, je monte en corvée.

Pour la 1ère fois je vais tirer des obus incendiaires sur les avions de bombardement, je vais faire un deuxième voyage au ravin de Morval jusqu’au tunnel.

Rentré à 11 heures.

12 février

Temps superbe.

Rien à signaler en dehors du calme habituel et les avions qui ont une grande activité.

De grands travaux s’effectuent sur notre front à l’avant (et à l’arrière qui sont fait par des troupes italiennes à la ligne Clemenceau en prévision des événements futurs).

13 février

Aujourd’hui pluie toute la journée.

Calme habituel.

Rien à signaler si ce n’est l’activité de l’artillerie sur notre droite.

14 février

Ce matin nous arrangeons le matériel.

Cet après-midi, nous allons rechercher du vieux matériel.

Notre artillerie tire. à un moment donné nous entendons une grande explosion. C’est une pièce de 75 qui vient d’éclater. D’après des renseignements il y aurait 5 hommes morts ou blessés.

Grande activité de l’aviation.

15 février

Le temps est au beau mais il gèle très fort.

Ce soir je monte ravitailler. Je rentre à 9h 1/2 nous faisons encore une petite manille.

Rien de nouveau, bombardement sur la droite, beaucoup de fusées.

16 février

Ce matin, je me lève à 11 heures juste pour la soupe.

Après-midi, je vais arranger le matériel pour monter le soir. Activité de l’aviation depuis deux jours.

Secteur calme mais on s’attend à une attaque boche.

17 février

Rien de nouveau à signaler.

Toujours grande activité de l’aviation. Le bombardement est intense sur notre droite.

On peut voir de notre abri le fort du Bois Bourru, fort de Marre, fort de Vacherauville. Tous sur la même ligne.

18 février

Toujours pareil pour le secteur.

Le soir, on nous signale qu’un homme douteux se promène dans nos parages et se dirait adjudant de renseignement au bureau du colonel d'un régiment voisin.

Temps sec, fortes gelées.

19 février

Ce matin de bonne heure, les avions font des repérages.

Après-midi nous assistons à un combat aérien le boche tombe à côté du village des Forges.  L’appareil en flammes, 3 boches sont tombés dans nos lignes.

Dans la nuit, un coup de main à lieu sur notre droite résultat encore inconnu.

20 février

Rien de nouveau pour la journée.

Le soir nous allons faire les conducteurs des mulets à bats, nous revenons à cheval mais en sautant les trous d’obus nous faisons pas mal, tape-cul.

En rentrant nous prenons le chocolat.

Nuit calme sur notre secteur.

21 février

Ce matin nous nous levons à 8 heures. Journée assez calme.

Ce soir notre artillerie des obus toxiques.

Un tir de barrage se déclenche sur notre gauche dans le secteur d'Avocourt.

Nuit assez calme dans notre secteur.

22 février

La pluie tombe à nouveau,  c’est aujourd’hui que mon frère passe conseil de révision.

Rien de nouveau à signaler on se couche à minuit après avoir pris notre chocolat.

Nuit assez calme.

23 février

Journée sombre,  nous sommes assez tranquilles, le soir je monte en ligne avec 8 mulets, je suis de retour à 9 heures.

Dans la nuit un coup de main à lieu sur le 83-59 les prennent à revers.

Le 83 aurait 7 prisonniers. (*)

 

(*) : Cette action des Allemands sur le poste avancé « Gâteau de Miel » de la 2ème compagnie du 83e régiment d’infanterie a eu lieu le 24 février 1915 vers 1h20 du matin. 8 prisonniers sont emmenés dont le caporal CROISILLE. Dans la nuit du 26 au 27 février, 4 Allemands (dont 2 Alsaciens) se constituent prisonniers. (JMO 83eRI)

24 février

Je me lève à 9 heures.

Je me mets à écrire jusqu’à 11 heures.

Après avoir préparé le matériel, les boches tirent des obus sur nous. Voilà que je suis d’allumer 6 fois la lumière.

Soirée assez calme. Dans les lignes quelques petits minens ont été lancés de part et d’autre.

25 février

Ce matin après avoir déjeuné nous arrangeons le matériel, je vais chercher chez l’adjudant des appareils à R.S pour nous en cas de gaz.

Des obus tombent toute la journée dans les environs de notre cagna.

Nuit assez calme mais assez agitée sur notre droite.

26 février

La journée est très belle aussi les avions en profitent pour les réglages.

Cet après-midi, un boche descend 2 de nos saucisses, bombardement toute la journée. Des obus tombent assez près de notre casba mais principalement dans le vallon sur l’artillerie.

Vers 9 H du soir, nous avons des obus à gaz tirés toujours dans le vallon.

27 février

Inventaire de CM1 et CM5. (*)

Pluie toute la journée quelques rafales sont tombées dans nos parages.

La nuit, je suis à nouveau de corvée. Pour faire 800 mètres je suis obligé de recharger au moins 10 fois le mulet gris, je fais deux voyages toujours avec la pluie aussi suis-je mouillé jusqu’aux os, chocolat en arrivant.

 

(*) : Inventaire de la 1e compagnie de mitrailleuses (CM1) et de la 5e.

28 février

Je me lève à 11 heures pour manger la soupe.

L’après-midi, nous faisons l’inventaire de notre dépôt. Pluie et neige.

Les bruits de départ de ce secteur se réalisent.

Tirs de l'artillerie boche dans tout le secteur.

Nuit calme mais activité sur la droite des deux artilleries sur la côte 344.

Mars 1918

1er mars

Ce matin nous allons chercher les artifices qui se trouvent à l’artillerie.

Après-midi rien à faire. Je lave mon linge.

Pas de corvée ce soir.

Dans la nuit grande sérénade dans nos environs. Relève du 1er bataillon par le 344ème.

 

(*) : Le 1e bataillon, en 1ère ligne, est relevé dans la nuit du 1 au 2 et part pour Clairs Chênes. Voir JMO

2 mars

Aujourd’hui, en nous levant, nous voyons la terre couverte de neige et il en tombe toute la journée.

Quelques rafales d’obus tombent dans nos parages.

À 10 heures faut aller porter du matériel en ligne.

Nuit très noire.

3 mars

On finit d’arranger les affaires pour le passer au 344ème. Nous partons à 10 heures au soir.

Soirée noire et de temps en temps quelques coups de canons jusqu’à la cote 232.

Nous passons par les pistes et le bois Bourrus. Nous avons de la boue jusqu’au cul.

4 mars

Je reste couché toute la journée. je suis un peu souffrant de la gorge à peine si je bois un peu de bouillon à midi je me lève la neige tombe toujours.  Après souper je vais au foyer du soldat prendre un chocolat, nous sommes au camp des Clairs Chênes. (*)

Je ne puis dormir à cause du rhume que j’ai.

 

: Seul le 1er bataillon, l’état-major et la compagnie hors rang sont à Clairs Chênes. JMO

5 mars

Je me lève à 8 H je vais chercher le café, le pain et le vin après la soupe. Nous allons décharger les voitures du magasin du corps. Puis je vais écrire au foyer sur mon lit, il pleut partout. Un avion tombe la saucisse (*) du bois Bourrus.

 

(*) : Ballon d’observation en forme de saucisse

6 mars

Rien d’anormal.

Nous allons passer notre temps au foyer du soldat. Partie de manille et quelques quarts de chocolat.

Je suis enroué à ne pouvoir pas parler.

7 mars

Je vais me faire passer de la teinture d’iode à la gorge.

Le temps se met un peu au beau.

Rien de nouveau.

Revue après-midi des masques et passe à la salle de gaz.

8 mars

Mes copains vont travailler à la ligne Clemenceau, moi je reste au cantonnement.

Ce soir je vais à Rampont chercher du lait J’en ai porté 3 litres.

9 mars

Belle journée très claire aussi les avions volent toute la journée.

Toujours malade je reste couché toute la journée.

Grand bombardement sur nos anciens emplacements du Mort-Homme.

10 mars

Rien à signaler

Ce soir je vais chercher du lait à Rampont.

11 mars

Toujours beau temps le soleil est même très chaud.

Les bataillons partent pour le nouveau poste.

Moi, je me prépare pour le départ en perm.

12 mars

Aujourd’hui je prends les autos aux Clairs Chênes jusqu’ à Clermont-en-Argonne. Nous embarquons à 13 heures et nous arrivons à Revigny à 5 heures du soir.

Nous allons nous restaurer aux coopératives militaires, très bien soigné et surtout pas cher.

Nous repartons à 7 heures toujours voyage en 1ère sur les wagons.

13 mars

On peut penser que ces quelques lignes ont été rédigées dans le train qui l’amenait en permission. Il revient sur quelques souvenirs.

 

(Somme)

Depuis que j’ai débarqué à SALEUX, la Somme me produit une mauvaise impression.

Depuis deux jours mon régiment est en ligne. Tout d’abord c’est un terrain très plat avec de grandes routes. Rien n’est depuis la dernière offensive debout. À l’arrière les avions boches bombardent les camps et les colonnes de nuit principalement.

Nous avons eu trois blessés le soir que sommes partis de Caix. Toute la nuit cela n’a été qu’un va-et-vient d’avions qui tiraient sur les troupes, là même bombe aurait blessé 4 artilleurs.

Une autre lancée sur des Anglais en aurait tué plus de 20 et blessé 60.

 

La nuit du 2 au 3 septembre, une autre bombe tirée sur la 7e compagnie de mon régiment en a tué 7 (capitaine MARTY) et blessé autant de cette compagnie, il reste à nouveau 12 hommes. (*)

La journée du 17 septembre a été dure, la 6e compagnie qui a attaqué comptait 40 hommes. Nous avons fait plus de 60 prisonniers valides. Grand nombre de boches morts.

Les Anglais ont aussi attaqué à notre gauche. J’ai failli être tué à plusieurs reprises. Les gaz nous gênent beaucoup.

 

(*) : Le capitaine Antoine MARTY est mort pour la France le 5 septembre 1918 à Quesnel (Somme).

L’épisode du bombardement par avion avec toutes ses victimes est bien relaté dans le JMO de la journée du 3 septembre 1918.

17-18-19 mars

Les pages du carnet sont vides : il était en permission.

 

 

 

 

 

 

26 mars

Départ de St Projet 10h30. J’embarque le soir à la gare de Caussade à 18h30.

27 mars

Passage à la gare régulatrice de Jessains. Timbrage de permission. (*)

 

(*) : Les permissionnaires étaient obligés de timbrer leur permission dans ces gares régulatrice. Cela pouvait prouver les retards.

28 mars

Nous arrivons à Souilly à 10h je trouve les copains de l'artillerie ROUSSIGNOL, DELMAS, et ANDRIEU.

Une voiture me prend jusqu’à Ambly. J’arrive enfin au camp des Peupliers à 14h. Je monte mon sac et j’attends des ordres. Je couche avec les mitrailleurs.

29 mars

Tout le jour je reste au camp.

L’ordre de relève arrive pour le régiment. Ma section arrive à 18h et nous embarquons les sacs sur des voitures de C.V.A.D. (*)

Nous allons cantonner au camp de Gibraltar, on arrive à 2h du matin.

Nous avons traversé Thillombois. Distance du camp 2 kilomètres en tout 18 km.

 

(*) : ConVoi ADministratif

30 mars

Aujourd’hui je me lève à 9h. Je me mets à écrire, après midi on attend des ordres pour le départ mais nous repartons que le lendemain.

Le soir, on nous lit la décision de PÉTAIN, (soldats de la Marne, de l'Yser, de Verdun, la patrie est en danger faut arrêter l’envahisseur coûte que coûte). Quant au moral des hommes il est très bon.

31 mars

Départ du camp à 7h avec la pluie battante nous arrivons au village de Chaumont-sur-Aire. Distance 12 km. Nous trouvons une poule à acheter nous faisons un bon souper.

Vermicelles bouillis, poule au pot, frites, omelettes, fromage, salade, vin ordinaire café et champagne.

Coucher en musique. Mauvais jour pour une fête de Pâques.

Avril 1918 : Argonne-Somme-Belgique

1 avril

Nous avons le réveil à 5h et nous avons une longue marche à faire. 25 km toujours sac au dos. Nous allons cantonner à Charmontois (Marne) tous les bistrots sont consignés. On nous a distribué un repas froid.

J’ai traversé à nouveau le patelin de Pretz-en-Argonne où j’avais cantonné en 1915.

Temps couvert mais pas trop de pluie.

2 avril

Départ de Charmontois 7h pour aller au village de Viel-Dampierre, nous sommes arrivés à 11h, impossible de rien trouver.

Le soir, nous avons un petit concert fait par des types du 59ème du 3e bataillon.

On se couche à bonne heure.

Rien de nouveau pour l’instant.

3 avril

Aujourd’hui repos sur toute la ligne, petite bricole pour les préparatifs d’embarquement pour demain.

Le cantonnement est assez bien aménagé.

Le 23ème d’artillerie passe pour embarquer à 18 heures.

Couché de très bonne heure.

4 avril

Après avoir fait sa toilette nous mangeons la soupe.

Je suis désigné pour partir. Corvée d’embarquement des voitures de la C H R. Nous montons sur le train à 19 heures gare Dancourt.

Le 1er bataillon embarque après nous.

5 avril

Journée passée dans le train au petit jour nous sommes dans les environs de Paris, Noisy-le-Sec, Le Perreux, Pantin, Creil.

Nous débarquons à Granvilliers à 18 heures et nous allons cantonner à 7 heures plus loin à.

Nous y soupons avec une boite de singe puis on se couche à 22 heures à Brombos. (*)

 

(*) : Seul le 3e bataillon, l’état-major et la compagnie hors rang (CHR) cantonne dans ce village.

6 avril

Village très vieux, dernier style maisons recouvertes de paille. Dans cette région se trouve beaucoup d’émigres de la région de la Somme.

Tout est levé en arrivant impossible de se ravitailler je peux tout de même me procurer du veau.

Le temps est à la pluie. Pas d’ordre de la journée.

Coupe de cheveux de la compagnie. LAMBERT coupe les ?? moustaches.

7 avril

Rien de nouveau la matinée mais à 5 heures passe un bataillon d’Annamites (*). Il y est passé pendant 5 heures de temps.

Types chétifs, taille 1m 55, dents noires. Les mains.

Enfin demain matin nous devons partir aussi nous faisons nos emplettes.

Le soir on se couche à bonne heure.

 

(*) : En quatre années de guerre, la France a ainsi fait venir d'Indochine environ 43 000 tirailleurs annamites (centre de l'actuel Vietnam) et tonkinois (nord), mobilisés surtout dans des bataillons d'étape chargés de l'aménagement et du transport.

8 avril

Nous partons de Brombos à 7h.

Nous faisons une rude marche, distance 32 kilomètres, avec un œuf bouilli et un quart de jus.

Le chemin est boueux. Les civils battent en retraite, les enfants avec un petit baluchon, cela fait pitié à voir, chacun suivant ses propres moyens.

Relève d’artillerie anglaise, passé le 202e d’artillerie qui nous retarde la marche. Enfin cantonné à Quevauvilliers. (*)

Gens très chic 2k de bœuf.

 

(*) : Seul le 2e bataillon, l’état-major et la compagnie hors rang (CHR) cantonne dans ce village.

9 avril

Ce matin, je vais voir les copains puis je vais à la boucherie chercher de la viande pour la section (4e s.).

Repos tout le jour, mais il passe continuellement des troupes anglaises surtout en artillerie et des pièces lourdes (troupes italiennes).

La canonnade est violente sur le pont d’Amiens.

Beaucoup d’émigrés dans le patelin.

10 avril

Encore nous passons la journée dans le même village, on vadrouille tout le temps.

Le canon gronde de plus en plus mais nous sommes à 18 km d’Amiens.

Toujours des troupes anglaises qui passent et se dirigent comme nous vers le nord d’Amiens, le soir on va se promener. Vin à 2F, 25 le litre.

11 avril

Aujourd’hui nous partons à 8 heures pour aller au village de Camps l’Amiénois. Distance 12 km. Toujours cantonnés au milieu des troupes anglaises.

Le soir il y en passe encore de l'artillerie anglaise matériel tout neuf.

Couché à bonne heure on a peur d'une alerte pendant la nuit.

Canon toujours qui roule de plus en plus (Amiens 25 km).

12 avril

Nous partons ce matin à 8 heures marche très pénible distance 28km. Nous traversons Picquigny à 12km d’Amiens. On distingue très bien la ville et les obus qui y tombent. Tout le temps on voit passer des escadrilles d’avions l'un surtout vient saluer la colonne en marche. Nous arrivons au village de Vignancourt à 5 heures suis très vanné.

Aujourd’hui on entend moins le canon. Vin à 2F, 50 le litre bombardement par avion 15 bombes.

13 avril

A peine si nous étions couchés que nous avons eu alerte nous partons à 2h1/2 du matin trajet 24 km.

Nous allons à Doullens, gentille petite ville, nous faisons le tour et nous trouvons à bien souper le soir (civile très gentille nous avons été reçus comme jamais on n’avait été).

Les Anglais y pullulent, tout des types embusqués chauds avec les poules. Couché à 10 heures.

14 avril

A 1H du matin, nous avons alerte mais une fois prêts on ne part pas.

Tout le monde se recouche puis nous partons qu'à 8h nous faisons une petite marche toujours dans le département de la Somme.

Cantonnés à Remaisnil 12 km de Doullens. Aussitôt arrivé je me couche et je me lève que pour la soupe du soir très bien dormi la nuit.

15 avril

Aujourd’hui on nous donne repos, ce n’est pas malheureux, plusieurs de mes copains reviennent à Doullens.

Moi je me lève à midi.

Le soir à 4H nous devons avoir revue d'armes. Petit patelin très mal bâti, mais là se trouve le château de la comtesse d'Elby, très bien situé joli parc. (*)

Village en partie démoli par ???? Bâti en terre.

Concert de la musique.

 

(*) : Le château existe toujours. Le voir

16 avril

Repos tout le jour. Toujours cantonnés à Remaisnil.

Le soir le train de combat part à 8h.

Nous on recouche au même patelin.

17 avril

A 8h nous avons alerte nous allons à Frohen. Embarquement en auto. Nous passons à St Pol, à Arques, à St Omer, Cassel et nous allons débarquer à Steenvoorde. Paysage très chic nous sommes encore à 15 km des lignes.

Nous trouvons tout le temps des émigrés qui battent en retraite. Nous cantonnons à 3km de la Belgique.

Voyage vers le nord. Arques grande ville plein d'usines mais accidenté. Couche à Steenvoorde.

18 avril

A partir de 8h nous sommes en alerte. Repas sans pain.

Après midi, je vais au patelin chercher des conserves et du pain (boulangerie prise d’assaut par les troupes, les civils rouspètent).

Les belges battent en retraite et c’est plein de raccrocheuses.

Nous couchons une fois de plus dans la grange. Le canon tonne moins.

19 avril

Ce matin on se lève à 9 heures on s’attend à partir à 11 heures mais un ordre paraît de ne pas bouger.

Ce n’est qu’après la soupe du soir que des nouveaux ordres ont paru ; il faut grimper.

Nous allons à Westouter cantonner. Les maisons sont pillées mais il reste encore des poules que nous attrapons et de la bière, du sucre en pagaille.

Vendredi 20 avril

22 vaches et 13 chèvres on été conduites au ravitaillement par le 83ème.

Aujourd’hui, les fouilles se continuent, nous allons reconnaître des dépôts de munition.

La maison où je cantonne est à proximité de l’église et d’une épicerie : Sucre, 10 sacs de 40 kg, confiture, porc salé, poules, gâteaux.

Le canon gronde avec fracas. Le village n’est pas bombardé mais dans ses environs tout regorge de pièces. Les Anglais ont été les premiers à piller les maisons, mais tous ont bien continué. Les compagnons tuent des cochons à coup de hache et à coup de révolver.

La nuit, les avions ont bombardé les environs.

Samedi 21 avril

Toujours, la lutte d’artillerie se poursuit, de même pour l’aviation. J’ai vu tomber un avion Boche qui venait pour repérer l’artillerie. Il est tombé sur un arbre, les aviateurs sont prisonniers.

Actuellement, un officier Belge est venu et fait ramasser le linge qui reste dans les maisons. Au bureau de tabac, il donne l’ordre de se servir, les Anglais rouspètent.

Quelques fusants sont tirés sur ce patelin….J’ai failli être chopé !

La nuit, grand bombardement de notre artillerie.

Dimanche 22 avril

Toujours au même patelin de Westoutre.

Nous faisons toujours des plats supplémentaires, surtout des frites avec de l’huile que nous avons trouvée. Contrée très riche : de belles maisons forment le village. Pommes de terre, avoine, blé ont été transportés à l’arrière par des camions. Nous quittons le patelin Godewaersvelde à 10 heures du soir pour revenir sur l’arrière. Frontière Belge.

Le feu brûle à Bailleul.

Lundi 23 avril

Nous arrivons à 2 heures du matin. Je me lève à 11 heures.

Après la soupe, je vais chercher du vin à notre ancien village de …..

Puis le soir, je vais voir l’avion Boche tombé en tirant sur les troupes en marche. Grand bombardement sur les lignes. Les Boches attaquent et ont avancé de 1500 mètres sur les Anglais et de 500 mètres sur le 88ème et le 83ème. Deux bataillons de chez nous sont partis renforcer.

Toute la nuit, les avions viennent lancer de bombes sur le parc d’avions.

Mardi 23 avril

Nous partons le matin pour aller à Boeschepe. Notre lieutenant nous regarde d’un mauvais œil : soit disant que des types l’ont critiqué en marche. Soupe à 11 heures.

Grand bombardement sur notre division. Cela dure toute la nuit.

Je couche dans la cave d’une maison pillée.

Mercredi 25 avril

Ce matin à 8 heures, je pars en corvée pour enterrer un cheval. Les obus tombent sans discontinuer sur le village. Nous recevons l’ordre de le quitter. À ma compagnie, nous avons 7 morts.

Le soir nos montons faire la relève au Mont Noir. Nous couchons dans des trous individuels. Grand bombardement. Le 88ème et le 83ème ont arrêté 8 attaques Boches. Le ….. est en ligne.

Jeudi 26 avril

Je suis au PC du colonel.

Le poste et ses environs ont reçu en 6 heures de temps 1200 obus de 88, 105 et 150 sur une circonférence de 200 mètres. Les Boches ont attaqué mais ils ont été repoussés avec des pertes dit-on. Les blessés passent en grand nombre. Nous avons aussi des morts en quantité. La 6ème allait relever les Boches. La sentinelle a été tuée.

Le colonel cite la compagnie à l’ordre du régiment pour sa belle conduite et pour le rapport du lieutenant ….

À minuit mon abri croule.

Vendredi 27 avril

Je travaille toujours au PC du colonel à lui faire un abri. Tout le monde y met du sien. La canonnade est toujours intense.

À midi, je pars faire une corvée de cartouches à la 1D. La nuit est très agitée de part et d’autre. Nous avons un assez grand nombre de morts.

Le cycliste de la 5ème, DOUILLAC est tué : Il était de Septfonds. (*)

Le soir, au souper, nous avons 2 poules qui étaient autour de notre poste. TEIL est blessé.

 

(*) : DOUILLAC Abdon Georges a été tué le 25 avril 1918 au Mont Noir. Voir sa fiche.

28 avril

Ce matin, réveil pas bon.

Lieutenant BLAZY qui nous met en chantier. Je suis appelé par le sergent RABET pour arranger des cartouches.

Journée assez calme mais à 6 heures un grand bombardement à lieu sur notre gauche par notre artillerie. Le feu est très intense.

Deux boches ont été pris l'un est aspirant d’artillerie et était venu en ligne pour observer son tir lorsque nous avons commencé et les boches ayant quitté leur ligne il s’est désorienté et venu chez nous.

A ??H suis obligé d’aller décharger 4 voitures de cartouches au T.C. (*)

 

(*) : TC : Train de combat. C’est l’ensemble des moyens d’un régiment destinés à fournir ce qui est nécessaire aux unités pour combattre (une vingtaine de voitures hippomobiles).

29 avril

À 3 heures du matin le bombardement recommence quelques obus tous asphyxiants. Beaucoup ont mis la cagoule, la canonnade n'a cessé qu'à 11h1/2 et on compte dans les 30.000 qui sont tombés autour de notre logement.

Les canons anglais tombent un avion et 3 autres par les avions anglais, tous des boches.

A 14 heures, une escadrille B nous survole à une faible hauteur et nous mitraille. Le colonel fait lui-même des coups de feu.

A 16h même fourbit, mais sur le 59 qui monte en plein jour, ce qui fait déclencher un tir de barrage ennemi, le secteur est très agité, le moral des types est très bas, beaucoup rouspètent pour les corvées, les officiers prennent le même poids que les hommes.

Le tir de barrage a causé des pertes assez élevées au 59, nos équipes de brancardiers font rudement leur travail. Une a fait 22 fois le voyage du PC du C aux lignes.

Soirée assez calme, la gauche un peu agité.

30 avril

Mont Noir, Chemin Creux. (*)

A la pointe du jour, le 96e régiment d’infanterie attaque et réussit à avancer de 100m. Il réattaque le soir le 59ème lui aussi à progressé, c’est le 3ème bataillon. La journée a été assez calme sur l’arrière.

L’après-midi un grand nombre de blessés du 96 passent.

Notre artillerie tire sans discontinuer et l’ébranlement des départs font écrouler toutes nos sapes qui ne sont pas coffrées le colonel est obligé de partir lui-même son abris est comblé.

L'artillerie ennemie a mis le feu à une ferme.

Le 83ème va relever va relever le 2ème bataillon du 59 ce soir.

L’activité de l’aviation n’a pas été aussi vive qu'hier. Temps assez beau mais toujours du brouillard.

A 8h, grand feu de barrage pour notre art. Attaque à minuit du 96ème et 59ème : petite progression.

Nuit calme.

 

(*) : Le Mont Noir est l’un des monts des Flandres françaises et belges, ce sont des points de vue stratégiques. Certains ont été disputés par des combats très sanglants : Mont des Cats, Mont Kemmel, Mont rouge … Voir

Mai 1918 : Belgique puis Meuse, forêt d’Apremont

1er mai

Le soir, les fusées à trois feux sont lancées par nous pour allonger le tir, « les pièces du 155 tirent un peu court » paroles dites par l'officier GUERRIN, officier observateur.

Journée assez calme. Notre aviation française fait son apparition aussi nous n’avons pas vu trop de boches.

Nous avons arrangé toutes les munitions pour les passer en consigne au 83ème.

Le soir, nous avons à débarquer 2 voitures du T.C.

A 8h, nous quittons le chemin creux du Mont Noir pour aller à proximité du chemin de Westouter. Logé dans un talus.

Notre artillerie tire sans discontinuer. Le feu de barrage est très violent, les français tirent les fusées à trois feux, toujours allonger le tir.

Du côté de Bailleul, on voit le feu à des maisons.

Sur les routes de l’arrière la pagaille y est en plein. On voit des autos en marche sans conducteur, les blessés y sont morts, les trous d’obus ont bouleversé toutes les routes.

2 mai

Je me lève à 10 heures du matin. Pour la première fois dans 6 jours je quitte mes chaussures, j’avais les pieds tout gonflés.

D’après des renseignements mon camarade GUILHEM a été fait prisonnier.

A midi, j’entends un dépôt de munitions qui saute, et le soir le feu est dans deux fermes. Nous sommes relevés par la 27e division (140e, 52e, 75e régiment d’infanterie).

Le 16e corps (d’armée) est à notre gauche. Nous partons au rassemblement camp … ???

Grand bombardement toute la journée par notre artillerie Le soir l’activité augmente encore.

3 mai

Départ 1h du matin.

Nous partons à St Sylvestre pour prendre les autos, nous embarquons et nous traversons la ville de Dunkerque, pays de grandes usines, ville fortifiée par des digues et les portes. Nous allons cantonner à St-Pol-sur-Mer.

Le bombardement par avion et par canon de terre et sur mer à lieu assez souvent. Nous allons souper chez des civils, 8 jeunes filles nous avons été nous coucher à 2 h du matin après avoir assez chanté.

Alerte dans la nuit ??? pas de ???

4 mai

Je me lève à 7 heures. Je vais porter mon linge à laver et prendre un bol de lait n°63 nous devons y aimer à nouveau.

Après midi, je vais voir la mer, j’ai vu les bateaux de guerre, etc.., le port, la ville de Dunkerque.

Le soir, je rentre pour la soupe, toujours ??? mais je crois que c’est...

Bal en musique, 7 filles et une vieille.

Couché à 1h du matin.

5 mai

Aujourd’hui dimanche, la matinée s’est passée à St Pol et après la soupe de 13h, je pars avec le train pour Dunkerque. Nous sommes allés ramasser des coquillages pour regarder la pêche et enfin repartir à St Pol - Malo-les-Bains.

Nous mangeons toujours au coin et même gâtés de plus en plus.

Le soir je me couche à bonne heure.

6 mai

Ce matin à 8h, on nous annonce que nous devons partir, nous allons faire les adieux à Albertine, Marie, Suzanne, France, Hélène, Lucie, Marthe, Julina. Nous partons à pieds jusqu’à 3km après St Pol/moul ???

Nous prenons les autos conduites par les Annamites, nous passons à nouveau par Cassel, St Omer, Abbeville, et nous revenons coucher à Quevauvillers.

Impossible de pouvoir dormir de toute la nuit.

7 mai

À la pointe du jour, notre auto va buter contre une autre auto, la lanterne cassée ce qui a produit un incendie à notre voiture. (*)

Le feu tenait partout il a fallu sauter en vitesse.

Le sergent conducteur a été brûlé et le soldat HARROT ? a eu la main brûlée aussi, nous repartons 1/2h après mais nous restons aussi.

 

(*) : L’éclairage des lanterne automobile étant une flamme d’acétylène.

 

 

Extrait du JMO du 59e régiment d’infanterie

8 mai

Nous quittons à nouveau le patelin pour aller prendre le train à Neuville-sur-Loeuilly. Nous touchons 2 jours de vivre de chemins de fer et deux jours de débarquement.

Le sergent ?? est avec nous, nous filons à 11h 1/2 nous passons sur la ligne de Beauvais, à la tombée de la nuit nous sommes dans la banlieue parisienne. Soupé se fait sur le train.

Au réveil, nous sommes dans la Meuse Mont…. ?

Assez bien roupillé mais je suis très fatigué.

9 mai

Partout dans notre parcours nous voyions des inondations principalement dans La Meuse.

Nous avons la soupe qui de fait sur le train, et nous allons débarquer à Sorcy à droite de Saint-Mihiel, nous allons cantonner dans la ville de Commercy.

Très belle ville mais elle se trouve à 10km des boches, malgré cela ils n’y tirent pas dessus, ce n’est que par des représailles que la ville aurait reçu quelques obus.

10 mai

Je couche au centre de la ville, des tirailleurs et des coloniaux s’y trouvent aussi, les Américains sont dans les environs.

Nous promenons la ville...

Après-midi, je vais faire un tour au 2ème bataillon qui est cantonné rue de l’Isle, moi rue de Capucin.

Le soir, nous allons au 37 avec les copains du pays rigoler.

Je me couche à bonne heure.

Je ne suis pas très bien.

11 mai

Je me lève à 9 heures.

Je vais prendre une douche en face de l’hôpital. Je me suis trouvé des poux. Après je rentre pour la soupe.

Le colonel est venu, le civil a réclamé soit disant qu’on lui avait dégradé un appareil, aussi faut-il que nous prenions la garde au jardin.

Nous achetons des petites bricoles pour manger…Nous allons au café du commerce choppe 0,25 fr.

Mal dormi. Moral assez bas.

12 mai

A 6 heures, on me réveille pour faire la corvée du quartier.

Nous avons fini à 8 h. je vais acheter des radis, nous mangeons la soupe et nous allons faire une partie de billard au café de l’Europe. Place est prise. Nous faisons la manille et on joue la consommation.

Le soir, café de l‘Union.

Dans le régiment il y a beaucoup de malades, 1 mort 2ième compagnie.

13 mai

La fatigue, les gaz et la nourriture ont bien contribué, à ce qu’il y est autant de malades. RABET est évacué, maladie ??

Je me lève à 10 heures ce soir douche pour la CHR (*) et revue de masques, chambres chlorées.

Le soir, je sors avec GOSTU, café de l’Union, puis nous allons faire un petit tour du côté de l’église puis nous allons dans une maison ou nous voulons commander un souper.

 

(*) : CHR : Compagnie Hors Rang

14 mai

Toujours au repos.

Je me lève à 9h pour aller faire un tour à la coopérative pour acheter du tabac. J’achète 1/2 de figues.

Nous mangeons la soupe plus fini nous faisons une manille.

Le soir je vais souper dans une maison civile avec mes camarades.

Rien à signaler.

15 mai

Nous avons un temps magnifique.

On nous a lu l’ordre du jour au clairon PARRENS, 6ème compagnie, tué le 29 avril. (*)

3ième bâtiment de Pamiers (**)  portera son nom, par son acte de courage qu’il a fait en sonnant le clairon pour faire faire un tir de barrage. La balle l’a frappé en plein cœur.

Ce soir, je vais à théâtre mais on ne peut guère y comprendre vu le monde qu’il y a.

 

(*) : Alfred PARRENS, clairon au 59e régiment d’infanterie, a été tué le 29 avril 1918 au Mont Noir (59). La frontière franco-belge traverse le Mont Noir. Voir sa fiche.

(**) : Il s’agit du 3e bâtiment de la caserne du 59e régiment d’infanterie. Le régiment est cantonné, en 1914, à Foix et à Pamiers.

16 mai

Je vais prendre une douche.

Rien de nouveau à signaler toujours le repos complet.

Après-midi, je vais faire un tour au canal pour voir les nageurs.

Le nombre des malades augmente encore chaque jour dans le régiment.

Le soir, café du Commerce.

17 mai

Temps très chaud.

Je reste couché jusqu’à midi et j’écris après.

Le soir, je vais au cinéma soirée assez agréable.

Les permissions reprennent à 8 pour 100.

18 mai

Journée très chaude

Rien à signaler si ce n’est des décorations de plusieurs types de la 94e division d’infanterie. Le 23ième d’artillerie principalement, ceux qui ont été cités à l’ordre de la D.M. (*)

Le soir orage.

La ville est très agréable mais à chaque maison…

Les coteaux entourent la ville, des  usines marchent, on y fait des fers à chevaux.

 

(*) : DM : Division marocaine

19 mai

Le repos le plus complet.

Après-midi, nous allons sur le canal voir nager les types un américain qui voulait traverser ses effets les a tous mouillé.

Le soir, je vais au cinéma on a joué le roman Nidia ??,jour ?? Claudius Claude et l’éruption du Vésuve belle pièce.

20 mai

En me levant je vais aux douches. Puis on change les effets à la compagnie.

Le soir, partie de pêche…nous en avons chopé 4 kg environ.

Après souper nous allons au café de l’Europe puis à 17h30 au cinéma où on a joué un drame, et puis Polin et sa marraine.

Couché à 10 heures.

21 mai

Rien de nouveau.

Toujours le temps est orageux.

Le soir, je vais me promener sur les allées des tilleuls. Je me suis couché à 10 heures.

22 mai

Temps très chaud.

Préparatif pour monter au secteur.

Le soir, je  suis de planton aux casernes Oudinot.

À 7 ½ départ pour le PC Ronval.  Nous passons à Lérouville, Pont-sur-Meuse, Mécrin, Marbotte.

Nous arrivons à 11 heures, distance 15  kilomètres.

23 mai

Nous occupons un abri neuf nous faisons le nettoyage et après midi repos.

Nous sommes dans un ravin, la route de Tête à Vache passe à côté ainsi que St Agnant.

Nous avons l’eau à proximité chose qui ne nous arrive pas souvent.

Secteur très calme pas un coup de canon quelques torpilles  mais très peu.

Le soir, je vais travailler en 1ere ligne, tranchée Wilson, parallèle France-Amérique.

 

 

Secteur de la Tête-à-Vache (55) – Positions du 59e régiment d’infanterie : ici

Le relief représente une tête de vache voir sur la carte actuelle : ici

24 mai

Je travaille de nuit et j’ai repos le jour. Je pars au travail à 8 heures du soir nous creusons un boyau à la mine.

Journée toujours calme mais le temps est un peu à la pluie.

Sur notre droite se trouve des tirailleurs, et des Américains. Nous sommes dans la forêt d’Apremont.

25 mai

Rien de nouveau toujours même travail. Toujours calme nous faisons sauter des blocs de pierre à la mine, 4 pétards.

Nous rentrons du travail à 11h30.

Petit réveillon comme les jours précédents.

26 mai

Aujourd’hui repos.

Temps toujours beau mais assez sombre.

Le soir, partie de manille à 11 heures.

Les boches attaquent une section de la 7ième compagnie qui les a repoussé nous avons eu quelques blessés et…..

Dans le ravin ou je suis nous avons eu les gaz.

27 mai

Toute la nuit les boches ont tiré principalement sur l’artillerie qui n’a pas pu faire de barrage lorsqu’on le lui demandait ce n’est que 20 minutes plus tard que nous avons entendu quelques coups de canons Les gaz les infectaient toute la journée. Les crapouillots ennemis ont tiré vers 5 h.

Un avion boche a été descendu par un américain, l’appareil en feu. L’accalmie se fait à 6h.

Quelques obus la nuit.

28 mai

Toute la journée le secteur a été agité le 83ème aurait perdu une section de mitrailleuses, et aurait fait un capitaine et un poilu prisonnier.

Tout le jour, nous avons un grand nombre de blessés.

Le soir après la soupe un obus tombe à côté de notre casibi et coupe un arbre.

Quelques rafales pendant la nuit.

29 mai

Beau temps.  Le secteur reste agité les obus tombent par rafales dans le vallon.

La soirée est toujours agitée un obus tombe à 4 mètres de ma cagna.

Nuit assez calme.

30 mai

Ce matin le canon tonne à nouveau. Des obus tombent sur le carrefour du PC Ronval et tuent deux bourriquots.

A 9 heures, les Américains engagent le combat avec les Boches. Les deux avions boches sont tombés.

Journée assez mouvementée.

Nuit assez calme.

31 mai

Toujours beau temps. Je travaille à un nouvel abri des mitrailleurs, nous charrions du matériel.

Quelques rafales d’obus sont tombées sur la route du PC Ronval.

Rien de nouveau.

juin 1918 : Meuse, forêt d’Apremont

1er juin

Rien d’anormal. Je travaille au même abri.  Vers 4h les obus rappliquent l'un tombe à un mètre de la porte de notre.

Soirée assez calme.  Partie de manille.

Le matin corvée à 5h pour porter du matériel à l’abri en question.

2 juin

Temps très beau. Nous avons repos toute la journée.

Soirée assez agitée les obus nous ont tué 3 chevaux qui étaient au poste de matériel et fait sauter un dépôt de fusées.

3 juin

Journée assez tranquille, je travaille au même abri que la semaine précédente.

Soirée calme dans notre camp.

4 juin

Aujourd’hui repos, je travaille de nuit à la parallèle France-Amérique.

Les boches travaillent et font sauter 8 mines vers 11h. Ils tirent des bombes le 3ème bataillon - 2 morts (*) -  et font un coup de main sur les tirailleurs qui ne leur a pas réussi.

Nuit assez calme après plusieurs morts ont été trouvés entre les lignes.

 

(*) : Les 2 tués sont : BOURREAU Hyppolite Auguste (sa fiche) et SICARD Alphonse Paul (sa fiche).

5 juin

Beau temps.

Toujours de nuit nous partons à 9h pour le travail. Par moment les boches nous tirent des rafales de bombes.

Nous quittons à minuit et demie nous faisons sauter 2 mines.

6 juin

Aujourd’hui nous avons repos.

Le soir, nous faisons une partie de bouchon.

Impossible de dormir de toute la nuit. Les copains font du chahut jusqu’à 3h du matin.

Journée calme.

7 juin

Je me lève à 10h. Toujours le beau temps.

Ce soir, je dois aller au turbin à nouveau.

Plusieurs rafales de bombes sont tombées dans nos parages. Les éclats nous arrivent. Nous rentrons après avoir fait sauter deux mines.

8 juin

Temps toujours chaud.

Ce soir, nous revenons à nouveau à cette tranchée. Nous sommes très tranquilles, nous faisons trois mines et à 11h 1/2 nous rentrons.

Dans la nuit, notre artillerie se déclenche tout à coups en ligne nous entendons les grenades.

Je ne sais pas ce qui se passe. Sûrement un coup de main.

9 juin

Aujourd’hui repos.

Les parages où nous sommes sont très boisés et accidentés. Dans le ravin où nous sommes se trouve aussi un étang.

Toujours très chaud. Soirée assez calme. Rien à signaler.

10 juin

Aujourd’hui, je vais travailler au PC du colonel, parages de l’artillerie. Cet abri a été commencé par le génie de la 33e division d’infanterie. Il est fait tout avec ciment armé. Une fois fini, on évalue le prix coûtant à 800.000. Il se trouve 18 chambres et en plus une sape à 6 sorties de 40 marches de profondeur.

Pluie un peu le matin.

11 juin

Même travail que la veille mais très fatigant. Nous allons chercher l’eau à Saint Julien pour faire le ciment.

12 juin

Rien à signaler.

Vers 9 h, on nous fait quitter le travail vu que nous changeons de secteur.

Partie de bouchon après la soupe.

13 juin

Repos tout le jour.

Ce soir, partie de manille.

14 juin

La journée repos. Nous faisons nos préparatifs pour partir dans notre nouveau secteur.

Nous passons à St Julien, Girauvoisin, Frémeréville et nous arrivons enfin à Gironville à 1h du matin. Logement très sale plein de fumier.

15 juin

Aujourd’hui repos. Nous en profitons pour faire notre toilette.

Le village est habité par des civils qui travaillent leurs champs comme avant la guerre.

Le jour de notre arrivée, les boches ont lancé 3 bombes par avion.

16 juin

Ce matin, je vais au chantier travailler au PC du colonel.

Vers 2h du jour, nous avons reçu 3 obus dont deux qui n’ont pas éclaté.

Un éclat a emporté un peu de clocher. Les civils venaient de sortir des vêpres.

Pas de victimes ni de dégâts.

Les Américains avaient pris par des ondes l’heure de l’attaque boche, sont allés se poster devant leurs fils de fer.

17 juin

Et les ont laissé passer. Une fois passés, ils ont barré la route et les ont tous chopés !

Cela a occasionné des obus sur les villages. 70 à Commercy et les parages environnants.

Toujours même travail, mais la pluie tombe en abondance.

Rien d’anormal.

18 juin

Toujours même fourbi.

Mauvais temps.

19 juin

Rien d’anormal. Pluie.

20 juin

Nous continuons de travailler au PC du colonel.

21 juin

Ce matin, travail et après-midi je suis de repos.

Le soir, nous faisons une manille.

22 juin

Depuis quelques jours, la pluie ne cesse de tomber.

Même travail.

Ce soir, je vais travailler à Frémeréville dans un hangar.

23 juin

Aujourd’hui, nous avons repos. Manille tout le jour.

Le soir, je suis commandé pour une corvée pour charger du matériel.

24 juin

Repos la matinée.

Le soir, travail au PC du colonel.

25 juin

Rien d’anormal à signaler.

26 juin

Je pars faire l’instruction du canon de 75 de tranchées.

Nous allons à Jouy-sous-les-Côtes.

27 juin

Même instructions. Nous tirons des obus inertes.

28 juin

Repos.

29 juin

Nous allons faire un tir d’obus réel dans la carrière de Vignot, nous partons à 4h et nous rentrons à 9.

Le soir aux cerises.

30 juin

Repos.

Le soir, je vais au poste à matériel remplacer l’équipe qui va faire stage.

Juillet 1918 : Meuse, forêt d’Apremont

Dimanche 1er juillet

Nous travaillons de nuit et le jour repos.

Repos.

Lundi 2 juillet

Rien à signaler.

L’accalmie la plus complète règne dans notre secteur.

Le village de Gironville est situé à pente de coteaux. Le fort se trouve juste en face et donne sur la plaine de la Woëvre. Depuis le fort par un temps clair on voit Metz à la jumelle.

Mardi 3 juillet

Le temps est un peu refroidi mais presque pas de pluie.

Le matériel monte aux PC des chefs de bataillon par la voie de 60 qui est entretenue par les Américains.

Mercredi 4 juillet

Le temps revient un peu au chaud.

Vers 5 heures nous sommes alertés pour 36 heures. Les compagnies prennent les emplacements de combat. On s’attend à quelque chose.

Le soir on reçoit 8 charriots de foin pleins de munitions. On va les décharger à côté du futur poste du colonel.

Jeudi 5 juillet

Arrimage du matériel puis repos.

Le soir alerte au gaz. Nous avons gardé le masque 1 heure. Nous recevons 6 voitures de matériel à 12 heures.

La nuit est assez agitée dans le secteur. Des Américains rencontrent de patrouilles. (8 blessés légèrement) américains.

Vendredi 6 juillet

Rien à signaler. Nous rejoignons notre ancien logement.

Le soir nous allons au bistro boire avec les Américains.

Nuit calme mais beaucoup de canards circulent pour un prochain départ.

7 juillet

Je me lève à 8 heures.

Mon copain COSTES vient me réveiller pour que je lui achète un bidon de vin.

Le soir je vais manger des cerises.

8 juillet

Je travaille avec les sapeurs toujours au poste du colonel.

Rien de nouveau.

Le régiment reçoit 3 chiens qui avertissent lorsque le boche approche. Ils sont affectés un par compagnie.

9 juillet

Rien d’anormal.

Le temps est à la pluie.

Partie de manille.

10 juillet

La matinée travail.

Le soir nous avons repos. J’ai profité du repos pour faire mes écritures.

C’est vers 3h qu'on vient nous avertir que 6 bombardiers passent au canon de 37. Je suis du nombre.

Le soir nous montons à Saint Agnan. Nous arrivons à minuit et demie mauvais abri pas de couchette.

11 juillet

Nous sommes sur la pente du fort de Liouville et à 1800 mètres des boches. Une vaste plaine nous sépare.

Devant nous se trouvent des postes de CmP. (*)

Pas de troupe. Secteur toujours calme.

Le soir je vais à St Julien. Je rentre à 11 heures.

 

(*) : Compagnie de mitrailleuses de position. Ces compagnies ont réellement existées. C’étaient des postes de mitrailleuses, un peu à l’arrière, tenus par des territoriaux (les « vieux ») qui tiraient à tir courbe sur des positions ennemies, les routes, les villages, généralement la nuit, pendant le déplacement des troupes.

12 juillet

Nous avons un point de vue magnifique. Je suis à une pièce de 37. Devant nous nous avons Apremont. Quelques toits existent mais très peu. Notre pièce est pointée sur la voie ferrée et sur la blanchisserie en cas d’attaques par tanks.

Sur la droite se trouve encore le village de Loupmont à pente de coteau puis le Montsec et son village et une vaste plaine appelée Woëvre.

13 juillet

Aujourd’hui notre artillerie tire les boches répondent peu pour l’instant.

Journée très belle.

Vers 4 heures, les boches font de la contre batterie et les envoient par 4.

Après la soupe nous allons prendre une bière à Liouville.

14 juillet

Aujourd’hui nous avons une amélioration de l’ordinaire.

Soupe, ragoût, viande, pruneaux, champagne, vin, ???

Le soir soupe, viande rôti, frites, figues, café.

L’artillerie est assez active de part et d’autre.

Les moustiques nous dévorent.

15 juillet

Notre artillerie tire par rafales. Au loin et sur la gauche on entend une forte canonnade, c’est l’offensive qui se déclenche. (*)

La nuit deux patrouilles se rencontrent nous avons 3 blessés et les boches laissent 1 mort et un prisonnier.

Temps orageux.

Grande offensive boche droite et gauche de Reims 80km.

 

(*) : Il s’agit de la dernière grande offensive. Le 15 juillet, précédée par un formidable bombardement, elle était sensée crever le front secteur entre Reims et Château-Thierry. C’est la seconde bataille de la Marne.

Pour la première fois, le haut commandement de l’armée française, commandée à ce moment par PÉTAIN, avait demandé aux troupes d’abandonner les tranchées de 1ere ligne le 13 juillet, pour se réfugier en seconde ligne. Les Français contreront le 19 juillet et reprendront leur premières lignes sans trop de pertes : 5000 Français contre 40.000 Allemands, chiffres officiels (réels ?). C’est le début de la retraite générale par étapes de l’armée allemande qui conduira à l’armistice.

16 juillet

Rien de nouveau d’après l'officiel les boches ont raté leur attaque.

Toute la nuit nos avions vont bombarder l’arrière boche et y ont mis le feu au loin les boches vont sur Commercy.

Nuit assez calme.

Beaucoup de moustiques je suis gonflé comme un tambour.

17 juillet

Je me lève à 9 heures. Temps très chaud.

Activité de l’aviation de bombardement de notre part et duel des deux artilleries.

Le soir, comme d’habitude nous allons boire de la bière.

Dans la nuit, grand vent nous sommes dévorés par les insectes.

Nuit calme dans notre secteur.

18 juillet

Je me lève juste pour manger la soupe.

A la tombée de la nuit, je vais chercher mon linge chez la lessiveuse.

Rien de nouveau à signaler les permissions sont suspendues de ces 14 courants à fin.

19 juillet

A la pointe du jour le bombardement est extrêmement dur sur notre droite.

Sur l’Aisne et la Marne nous aurions avancé et fait plus de 20000 prisonniers et pris plus de 400 canons.

20 juillet

Rien à signaler

21 juillet

Aujourd’hui le temps est très chaud le soir nous avons orage.

Ralentissement des deux offensives de Champagne et de l’Aisne.

Nous allons boire de la bière à Liouville.

La prise de Château-Thierry est confirmée mais jamais les journaux n’avaient annoncé la perte.

22 juillet

Temps sombre et pluvieux.

Rien d’anormal.

23 juillet

Les boches tirent des bombes par intervalles, on parle de nous faire monter en ligne avec les canons JD, ce qui n’est de l’avis de notre colonel.

Pluie toute l’après-midi, aussi faisons-nous la manille l’après-midi.

24 juillet

Je prends la veille à 3 heures la pluie tombe toujours, je me suis mouillé comme un canard pour aller prendre le jus.

Toujours calme est notre région.

25 juillet

Rien de nouveau.

Le temps est très chaud.

26 juillet

Ce matin je vais à Gironville faire des commissions.

Je rentre pour la soupe du soir.

27 juillet

Le temps est orageux notre colonel est passé à 4h à St Agnan et pour alerter, les poilus tire à coup de révolver. Plusieurs ne sont pas en tenue, il prend des noms.

28 juillet

Je reste couché toute la journée à cause de la pluie.

Nous jouons à la manille tout le jour.

A 4 heures, on vient m’avertir que je pars au CID (*). Je prépare mon sac et je pars à Gérauvilliers à 8 nous partons pour Commercy arrivé à 12.

 

(*) : Centre d’instruction divisionnaire.

29 juillet

La théorie commence à 6h du matin nous rentrons à 10h pour la soupe étude des pièces du J-D et le canon de 37.

On repart à 2h1/2 et rentrons à 5h soupe et à 7h nous allons au cinéma.

On se couche à 10h j’étais très fatigué de la veille.

Logé à la caserne Oudinot.

30 juillet

Toujours nous faisons le montage et le démontage des pièces. Nous avons 5 canons à apprendre en 7 jours.

Rien de nouveau le soir nous allons de nouveau au cinéma couché à 10 heures.

Toujours la ville de Commercy est plein de circulations.

31 juillet

Ce matin nous rentrons de bonne heure nous avons douches.

Le soir, nous partons route des Tilleuls et on rentre à 4 heures afin d’aller au théâtre des armées, c’était très bien. C’était organisé par des acteurs parisiens et des actrices principalement Mlle Alice BONHEUR et Mme GABAROCHE, etc…

Vers 10h c’est fini.

À 11h, les avions boches lancent des bombes sur la caserne Margueritte.

Août 1918 : Forêt d’Apremont puis Somme

 

1er août

Les avions hier au soir ont tué 2 hommes et 30 chevaux et blessés 5 autres. Ils appartenaient au 23ème artillerie. Deux bombes étaient tombées dans la même écurie tous étaient presque en bouillie. (*)

A 5 heures, je vais voir DELMAS et le soir presque tous les artilleurs partaient dans les bois pour éviter les avions qui ne sont pas venus.

Nuit assez calme.

 

(*) : VIVES Émile Jean, mort pour la France à Commercy (55). Sa fiche

ABEILLE Jean-Marie, mort pour la France à Commercy (55). Sa fiche.

2 août

Rien de nouveau.

Exercice sur la route de Verdun. Temps orageux.

Le soir, nous allons au tir avec 4 pièces 37, J-D??, Archer.

Nous recevons une averse, nous sommes mouillés jusqu’aux os.

Nous rentrons à 5h pour le souper puis je vais voir un artilleur de la veille.

3 août

Ce matin nettoyage des pièces et puis on nous questionne. Je m’en sors avec la mention très apte.

Après-midi repos. Préparatifs pour le départ le soir pour Gérauvilliers en passant à Aulnois nous avons bu 20 bières.

Nous sommes rentrés à 8h et couché aussitôt.

4 août

Ce matin à 10h, on nous paye le rappel 180 F en timbres et 51 F en argent.

Après midi, nous repartons pour aller relever une équipe à St Agnant. Nous sommes au-dessus du cimetière, bon abris.

Nous allons chercher les pièces qui sont en 1ère ligne car toute notre 1ère ligne est repartie en arrière en prévision d’une attaque boche.

5 août

Je reste couché presque toute la journée après avoir arrangé tous nos obus et nos canons en batterie.

Quelques rafales d’obus tombent sur la route de St Agnant à Marbotte.

Nuit calme. Chaque matin alerte de 4h30 à 5h30. On nous prévient que l'on craint une attaque par projectors.

Nuit calme tout de même.

6 août

La pluie tombe tout le jour.

Journée assez calme. dans la nuit quelques crapouillots viennent troubler notre sommeil.

Depuis quelques jours nous sommes assez mal nourris.

7 août

Je me lève à 8h.

À midi les boches lancent quelques obus de 150 dans le village de St Agnant. Le reste de la journée est assez calme. Rien à signaler en dehors d’une grande activité de part et d’autre de patrouilles.

Les boches sont venus la nuit dernière jusqu’à Liouville et nous ont chopé un prisonnier un caporal.

8 août

Belle journée temps très chaud.

Le soir le secteur est un peu agité par les bombes mais rien de particulier ne s’est produit.

Partie de piquet tout le jour.

9 août

Comme chaque jour alerte à 4h30. Je reste de veille jusqu’à la soupe.

Après-midi l'ordre de relève. Arrive nous faisons nos préparatifs pour le départ qui a lieu à minuit.

10 août

Nous partons à 2h nous passons Saint-Agnant, Boncourt, Euville et nous arrivons à Aulnois à 7 heures.

Nous faisons nos sacs et nous les apportons au caisson. Je crois que nous restons au canon de 37.

Départ à 8 heures au soir pour aller à Naives-en-Blois.

11 août

Je me suis levé à 10 heures, j’étais fatigué de la veille.

Le patelin n'est pas très agréable aussi nous faisons la manille tout le restant de la journée.

Nous avons le 2ème bataillon avec nous.

12 août

Rien à signaler pour l’instant. Toujours au même patelin. Pas d’exercice pour l’instant. Nous allons à Bovée pour boire de la bière.

13 août

A 6 heures, je pars à l’exercice nous rentrons à 10h pour la soupe.

Le soir nous faisons une partie de manille.

14 août

A 6h 1/2 départ pour l’exercice. Je fais l'agent de liaison du PC du chef de tir au lieutenant Cl 37.

Nous rentrons à 10h.

15 août

Aujourd’hui repos à cause de la fête. Aussi nous faisons une belle partie de manille. Dans le village on ne peut rien trouver pas même un bistrot.

16 août

Toujours à l’exercice jusqu’à 10 heures.

Le soir, repos au cantonnement. Nous avons un théâtre fait par les artistes de la division. Soirée assez amusante.

17 août

Rien de nouveau. On s’attend à partir d’un jour à l’autre.

Le soir, on nous avertit que nous devons partir à la manœuvre à 1 heure du matin. On se couche de très bonne heure.

18 août

Aujourd’hui, on enterre la femme du Maire qui s’était pendue.

19 août

Ce matin, nous préparons les voitures pour le départ.

A 4 heures de l’après-midi, nous avons la soupe et nous avons le rassemblement pour aller embarquer à 7h à la gare de Sauvoy-sur-Meuse. Départ 10 heures.

20 août

Toute la journée se passe dans le train. Nous passons dans les environs de Paris, Beauvais.

Toute la nuit, on recouche aussi dans le train et ce n’est qu’au petit jour que nous débarquons à la gare de Salleux à côté d’Amiens.

21 août

Nous partons de Saleux pour aller cantonner à Rumigny. Rien à acheter ni à boire ni à manger.

Le soir, mes copains ont trouvé dans un village voisin 2 lapins 25.00 et un coq 14.00.

Couché à bonne heure.

22 août

Je me lève à 9 heures, je fais ma toilette et on m’avertit que je pars le soir avec le 1er bataillon.

Nous partons de Rumigny à 10 heures et nous arrivons à Castel à 2h du matin.

Nous couchons dans un champ qui a été il n’y avait pas longtemps été le théâtre des opérations.

Ça cocote.

23 août

A 10 heures, je vais à la soupe à Castel, village tout démoli. Aucun mur n’est debout.

J’ai trouvé une pompe, je me suis débarbouillé.

Le soir, l’on repart pour une marche de 22 kilomètres et nous passons à côté d’Ignaucourt. Nous allons bivouaquer aux environs de __________ (*) village pillé et à peu près démoli.

 

(*) : L’auteur a laissé un blanc. Mais il peut s’agir de Wiaucourt, village cité dans le JMO : « La CHR est au ravin sud de Wiaucourt... »

24 août

Je me lève à 11 heures, nous mangeons la soupe et je vais voir manœuvrer les tanks anglais. Quelques-uns reviennent de la lutte. Deux sont brûlés et sont remorqués par un autre.

C’est très mastoc et cela passe à peu près partout.

Le soir, nous partons à 9 heures. En route, nous sommes bombardés par les avions. Une bombe tombe sur la dernière section de la 2ème compagnie. 3 blessés et 4 artilleurs qui passaient à côté aussi. La panique commence. Tout le monde se sauve à travers champs.

Mauvaise relève. Temps très clair.

25 août

Lorsque nous arrivons environ 1 heure, les boches connaissent le mouvement de relève et tirent sans discontinuer des obus à gaz. Tout le 1er bataillon se trouve sous le barrage. Comme blessés presque pas, mais tous sont intoxiqués.

Vers 8 heures, ils descendent par groupes de 10 et se tiennent mutuellement car ils sont presque tous aveugles. Officiers, chefs de bataillon sont évacués.

La 1ère compagnie de mitrailleuses compte 2 hommes. Les conducteurs montent le soir pour aller rechercher les pièces.

Après-midi, plus personne en 1ère ligne. Le 2ème bataillon, moins atteint, relève à l’emplacement du 1er, et le 3ème monte le soir. Du 2ème bataillon beaucoup sont aussi évacués. (*)

Tous mes pays sont partis à 7 heures. Nous mettons en position en cas d’attaque ennemie.

A 10 heures, l’orage éclate. Du ?? tonnerre et du canon illuminent la terre. On se croit dans un feu. La pluie tombe à torrents.

 

(*) : Le JMO précise le nombre des intoxiqués : « 2 officiers et 276 hommes de troupe ». Mais quelques pages plus loin, il précise « Les pertes causées par ce bombardement s’élevait, le 25, à 20 officiers et plus de 800 hommes. Le 1e bataillon surtout, réduit à quelques hommes, avait été éprouvé par les gaz (…) »

 

26 août

Comme j’étais de garde de 5H à 6 un grand bombardement à lieu sur notre droite et notre gauche. À droite nous demandons le barrage par fusées.

Toute la matinée les hommes viennent par petits paquets à la visite à cause des gaz, la plupart aveugles. Tous partent sur l’arrière. Du 1er bataillon, il ne reste plus personne et du 2ème guère. Nous avons dans les 800 hommes évacués.

Le soir l’artillerie ennemie tire par de fréquentes rafales.

Notre ravitaillement nous fait totalement défaut. Nous couchons à nouveau dans notre casibi mais c’est plein de poux.

Notre aile gauche du côté des Anglais avance beaucoup.

Lancier brûlé par un boche. Les boches tirent des obus à gaz. (*)

 

(*) : 24 intoxiqués au régiment.

27 août

De 3h à 5h du matin, les boches tirent des obus à gaz et à 8h nous commençons notre mouvement en avant.

À midi, nous prenons nos canons et passons à découvert, nous passons à côté de Lihons, qui était à nous. Notre marche est très difficile.  Les boches tirent des obus et les mitrailleuses mais offrent une faible résistance. Nous devons rejoindre le 3ème bataillon mais impossible les obus ne peuvent  suivre, faut souvent faire la pause.

Enfin la pluie tombe et la tombée de la nuit aussi notre progression est de 7 kilomètres, Chaulnes est pris par notre division. (*)

Nous allons coucher dans un abri qui était avant occupé par les boches.

Pas de ravitaillement ce soir aussi.

 

(*) : 7 kilomètres, c’est énorme pour l’époque de la guerre des tranchée, car elle se transforme en guerre de mouvement. Chaulnes était aux mains des Allemands depuis le début de la guerre.

28 août

Les avions boches me lancent 3 bombes à 30 mètres.

À la pointe du jour nous allons rejoindre le 3ème. De là, je pars pour aller au ravitaillement.

Au retour le régiment progresse à nouveau. Je trouve mes camarades partis. Le lieutenant n’est pas content. Le village de Hyencourt-le-Grand, Pertain et Marchélepot sont tombés entre nos mains à midi.

Les boches brûlent tout sur leur départ, ils laissent des mitrailleuses pour protéger leur retraite.

 

Après-midi, toute progression est terminée, nous sommes au bord de la Somme que les boches semblent vouloir défendre.

Grande activité de l’aviation. C’est un bataillon  du 83 qui est en avant-garde, nous couchons dans une tranchée à côté de Marchélepot.

Nuit de pluie et assez agitée alerte à 11 heures, puis on ???

29 août

Nous restons tout le temps équipé prêts à partir mais nous ne pouvons sauter la Somme, les boches ont fait sauter les ponts la nuit dernière.

Grande activité de notre aviation qui mitraille les troupes de très bas. Le canon fait rage sur la gauche et l'avance de plus en plus se fait grande.

La nuit, il pleut mais les canons grondent quand même.

30 août

À la pointe du jour, deux avions se font la chasse.  Un boche poursuit l’anglais jusqu’à ce qu’il ait atterri, les anglais marchent par escadrille de 15.

Le soleil se fait voir un peu vers 8 heures. Nous restons toujours en réserve. Rien à signaler.

À midi nous partons pour traverser la Somme mais en chemin on reçoit l’ordre de faire demi-tour.

31 août

Nous passons la nuit dans la tranchée sous nos tôles, la pluie tombe, mais nous ne sommes pas mouillés.

Pas d’ordre de la journée. Bombardement sur notre droite.

Septembre 1918 : Somme puis secteur de St Quentin

1er septembre

Rien de nouveau.

Grand bombardement sur notre gauche sur les Anglais. Dans la direction de Péronne on voit des villages qui brûlent.

Le soir on va reconnaître les positions pour monter en ligne, dans la nuit nous avons dû mettre notre à  masque à cause du gaz que les boches ont lancé. Rien d’anormal.

2 septembre

Nous montons à 3h du matin, nous sommes retardés en chemin par une rafale d’obus, nous arrivons sur la position. Mauvais emplacement nous sommes pris d’enfilade à midi.  Un obus me tombe à 2 mètres et me coupe ma toile de tente, mon ceinturon et ma carabine à côté de moi.

Le soir, nous changeons d’emplacement nous allons sur notre droite je fais un autre abri puis nous tirons une caisse d'obus. Je suis été sur les bords de la Somme.

En revenant on m’apprend que nous sommes relevés,  grande joie nous revenons coucher à notre ancien abri.

3 septembre

Dreslincourt PC  Colonel.

Nous partons à 3h du matin pour aller prendre un secteur sur notre droite,  nous restons au poste du Colonel toute la journée, on est allé reconnaitre la position que nous devons occuper.

À midi, pas de ravitaillement, je vais m’en faire donner à la CHR. Une corvée est organisée pour aller à la coopérative je fais porter deux litres de vin.

Départ pour le secteur 7h je prends une couverture aux tués de la 7ème compagnie par une bombe d’avion.

Nous arrivons à 9h et on reste dans la carrière de Béthencourt.

4 septembre

Je ne dors pas de toute la nuit.

Au petit jour je me lève et je vais à la recherche de bois pour me faire un abri, vers les 11h un marmitage se fait dans nos parages et de 3h à 5h le tir de barrage se fait sur la carrière où nous sommes.

Les boches y tirent des obus de 150 et de 210, ces obus tombent à côté de nous, une section de la 9ème compagnie a eu un type. Ce type avait deux autres frères de morts.

À 7 heures, je vais à la soupe et nous n’avons de vivres que pour 12 sur 19 que nous sommes, pour la journée rien à manger. Je vais trouver le  capitaine qui connaît la 2ème compagnie de mitrailleurs et me fait donner un peu de rabiot.

Sur la droite une attaque de notre part a sauté la Somme, sur la gauche aussi.

5 septembre

Je ne peux dormir de la nuit, notre artillerie lourde tire sans discontinuer.

D’après les derniers renseignements, les boches évacuent le terrain et laissent, pour protéger leur retraite, des mitrailleurs hommes d’élites qui résistent jusqu’à ce que les Français peuvent les contourner.

La matinée se passe assez bien, à peine quelques coups de canon tirés par les boches.

Le soir, nous allons mettre nos pièces en batterie sur les bords du canal, nous avons tiré 60 obus.

Ma pièce revient à la carrière pour coucher.

A 3 heures, on vient nous avertir que nous devons passer la Somme. Nous allons chercher nos munitions et on rassemble le matériel à la carrière.

Le 144 nous relève à nous et nous on revient sur notre gauche.

6 septembre

Marche accablante par la chaleur.

Nous passons par Pertain et nous allons sauter la Somme à Épénancourt, nous passons à Falvy et au village de Croix-Moligneaux, les boches brulent  tout on distingue 3 villages en feu les abris sont tous minés.

Vraiment notre artillerie avait très bien fait ses tirs, après avoir sauté la Somme tout n’était que trous et bosses, un mort boche y était et fallait passer en vitesse.

Surement que les  boches voulaient résister sur la Somme, ils avaient déjà fait des travaux de sapes.

 

Vers 6 heures, l’ordre de partir arrive, quelques obus sont tombés  devant nous à 400m, un peu de panique et puis on est revenu passer la nuit au bivouac, delà au patelin de Croix-Moligneaux.

Les hommes de soupe partent mais rentrent à minuit sans rien.

7 septembre

Le temps est très beau la matinée est très calme.

Ce n’est que l’aviation, de part et d’autre qui a de l’activité.

Grande discussion toute la matinée, nous restons la journée aux environs de Moligneaux, du côté est se trouve un cimetière boche de 534 tombes. (*)

Toujours manque de vivres pour la journée.

La nuit les avions lancent des bombes sur les carrefours.

 

(*) : Il a eu le temps de les compter ?

8 septembre

Ce matin à 6 heures notre progression continue. Nous sommes aux abords de Saint-Quentin.

Le régiment reste encore en réserve nous allons dans un chemin creux aux abords du colonel.

L’artillerie du 23ième nous passe devant avec tout son échelon.

La nuit nous restons sur place. Rien à signaler.

9 septembre

Vers 10 heures on nous donne l’ordre de nous mettre en tenue. Pour repartir ce n’est qu’à 3 heures que nous filons nous traversons Quivières, Ugny-l’Équipée, et nous allons à Beauvois (-en-Vermandois).

Je suis à la pièce du 37 et je reste en réserve avec le 1e bataillon qui compte 120 hommes. (*)

Andrieu me donne un bidon de vin un paquet de tabac et on fait souper avec lui.

 

(*) : Effectif théorique d’un bataillon = environ 1000 hommes.

(**) : Canon de tranchée de calibre 37mm.

10 septembre

Le soir, nous ne trouvons pas la relève nous nous logeons dans une cave de Beauvois et à midi notre 3ième bataillon à attaquer et nous sommes obligés de partir plus en avant

Nous prenons place dans un bois où était notre canon de 75, dans des abris individuels, grand vent avec pluie toute la  nuit. Dans la progression nous avons eu des pertes 5 morts et plusieurs intoxiqués.

11 septembre

Dans l’après-midi d’hier  une batterie de 75 qui se trouve à notre droite tire et les boches font de la contre batterie et nous déloge du bois ou nous étions nous y passons la nuit

Nuit calme

Je me lève à 10 heures pour aller à la soupe la journée reste assez calme

La pluie et le vent ne cesse pas. Les hommes sont fatigués de rester en ligne et demandent la relève.

Nous somme établis en avant de Vaux (-en-Vermandois), ce matin les boches venait faire la relève nous avons fait 6 prisonniers

12 septembre

La pluie tombe tout le temps.

Le régiment attaque à nouveau et prends Étreillers le 2e bataillon est en réserve à Vaux. Nous nous restons au petit bois notre progression est de 2 kilomètres.

Nous avons eu quelques tués, le canon de J.D est obligé de tirer sur une mitrailleuse qui empêche notre progression.

13 septembre

Journée relativement calme sur notre secteur mais la gauche barde tout le temps.

Le village de vaux n’existe plus.

La nuit, les gothas viennent bombarder les environs. Nos canons ont tout de même réussi a en tombé 3 avions en flamme.

Le restant de la nuit a été assez calme.

14 septembre

Comme toujours je me lève à 8 heures.

Les artilleurs viennent camper dans notre bois.

La journée se passe sans incidents.

Les boches dans cette région ont coupé tous les arbres fruitiers.

15 septembre

Rien à signaler. Le secteur reste assez calme. Temps très chaud. Partie de manille.

Les boches brûlent 2 saucisses. Les gars ont causé des pertes au 88e (régiment d’infanterie).

16 septembre

Je me suis pas couché de la nuit, toujours ???

Aujourd’hui, la journée est très chaude. Les boches continuent à tirer des obus à gaz.

Vers 10 heures, l’ordre de monter en ligne nous est donné. Nous allons charger des obus au village d’Étreillers. Les gaz nous gênent beaucoup.

À 10 heures, nous avons 5 évacués sur 13. Grande rafale d’artillerie boche et nous allons mettre en batterie au milieu des Anglais.

17 septembre

L’heure d’attaque du bois de Savy était à 5h30.

Nous avions battu (*) la corne du bois où étaient des mitrailleuses. Notre artillerie tire sans discontinuer, c’est formidable. Les boches font leur feu de barrage sur nous.

A 7 heures, nous allons dans le bois de Savy. La 1ère ligne boche est jalonnée de morts. Notre 75 a très bien marché.

A midi, je vais chercher notre ravitaillement. Je rentre et apporte l’ordre de relève.

Nous allons au PC du Cdt. SOULET. Les obus de 180 tombent en abondance. 3 me sont tombés à côté. J’ai failli mourir par la poudre ou les gaz.

Enfin à 2h, nous allons au ravin de Vaulx.

 

(*) : Nous avons battu = Nous avons bombardé

18 septembre

Aussitôt arrivé, je me couche. Je ne pouvais me réveiller pour la soupe. Nous sommes à côté des pièces de 155 à tir rapide qui tirent continuellement.

La nuit se passe assez bien, mais la pluie nous tombe dessus. Notre abri est mal fait. Mal dormi.

19 septembre

Je me lève à 9 heures, je déjeune et nous avons nettoyé nos pièces.

2 divisions boches sont signalées au-deçà de St Quentin. On s’attend à une contre-attaque, aussi sommes-nous en demi alerte. Le 83e a attaqué avec les chasseurs qui sont sur notre droite. Ils ont fait des prisonniers au 272e régiment d’infanterie, ceux que nous avions au début de l’offensive.

Nuit assez calme pour nous.

20 septembre.

Je me lève à 8 heures, je déjeune et je vais me débarbouiller. Rien d’anormal pour l’instant. Pas de bruits de relève. Nous restons tout le temps en réserve au ravin de Vaux.

Nuit assez calme.

21 septembre

Journée assez calme. La relève nous est signalée pour demain au soir par le 294e régiment d’infanterie et le 26ème bataillon de chasseurs alpins.

La pluie tombe la nuit.

22 septembre

La journée, le temps est très sombre. Nous quittons les emplacements à 5h du soir. La pluie tombe et nous avons une 20 de kilomètres à faire. Nous allons à Rouy-le-Grand, c’est à côté de la Somme et à côté de Béthencourt.

C’était 12 heures lorsque nous avons pu nous coucher.

23 septembre

Repos. Je profite de cette journée pour laver mon linge. Le soir, les avions viennent nous voir.

Vers 10 heures, une note vient que nous sommes en alerte à partir de 7 heures du matin.

A midi, je relave encore.

Le soir, des avions viennent nous voir.

24 septembre

Rien à signaler en dehors de l’alerte, nous ne partons pas mais nous sommes sur le qui-vive. Les boches viennent jeter des bombes sur les passerelles de la Somme.

Nuit assez calme.

 

Par ordre de la 1ère armée, la 166e DI (division d’infanterie) remplace la 34e DI, qui part au repos dans la région de Chaulnes, puis sud d’Amiens. Le 59e RI  repart donc vers l’arrière.

25 septembre

26km marche.

Nous quittons Rouy-le-Grand à 7 heures.

Nous traversons Nesle qui est en partie démolie.

Herly, Étalon, Fonches, Hattencourt, Fouquescourt, Rouvroy et nous cantonnons à Beaufort(-en-Santerre).

Les boches y avaient une ambulance et il se trouve un grand cimetière. Un baraquement boche.

26 septembre

29 kilomètres.

Nous partons à 6 heures au matin nous traversons des villages qui n’existent plus tel que Villers-Bretonneux.

La route est jonchée de chevaux morts et par encore enterrés tous boches. Moreuil tout démoli ainsi que Morisel.

L’usine il ne reste plus qu’une cheminée où nous avons fait un grand nombre de prisonniers nous allons cantonner à Cottenchy.

27 septembre

12 km

Nous partons pour aller cantonner à St Sauflieu à 2 k ½ de Rumigny où nous étions le 21 du mois dernier.

Là, le village n’a pas trop souffert les boches y ont tiré quelques obus mais c’est tout.

Nous sommes mal logés rien à acheter en dehors de la coopérative

28 septembre

Aujourd’hui nous avons nettoyage des canons et de nos armes.

Le soir rien à faire assez tranquille.

29 septembre

Aujourd’hui dimanche je vais à la messe. La pluie tombe toute la journée.

Le soir, je vais au café on y est resté jusqu’à 10 heures, il s’y trouvait beaucoup de chanteurs.

30 septembre

Rien à faire le soir nous avons à nous présenter devant la chambre à gaz et vers 4 h on nous parle de nous piquer à l’épaule pour nous préserver de la fièvre typhoïde. Moi je dis que je vais partir en permission je n’y passe pas.

Lors de notre avance dans la Somme dans le cimetière de Quivières un officier boche avait couché dans un caveau d’une jeune fille de 25 ans.

D’après certains renseignements cet officier aurait fait ses études dans le lycée de Toulouse, un certain Otto.

Octobre 1918 : Aisne (Guise)

1 octobre

Aujourd’hui  repos certains de mes camarades ne peuvent se remuer, la fièvre les brûle.

Théâtre par les hommes de la D I. Soirée passée au café rentré  11 heures.

Belle journée, nous apprenons  sur les journaux que la Bulgarie a capitulé.

2 octobre

Temps très beau aussi prenons nous des bains de lézard.

Rien de nouveau pour aujourd’hui

3 octobre

Aujourd’hui nous avons l’ordre d’aller aux caissons prendre du linge de nos sacs pour nous changer car nous montons en ligne le soir même relever le 20ième d’infanterie en face la tour de Guise, la pluie tombe toujours.

 

Ils sont en cantonnement à St Sauflieu au sud d’Amiens et ils partent à Guise à 80km de là, en camions vers Guise, trajet le 3 et 4/10. Ils sont donc partis au repos à pieds, mais partent au combat en camion…Il est à noter que tous les équipages montés (à cheval) partent par la route (JMO) et arriveront le 9 octobre..

4 octobre

Toute la nuit le canon gronde les boches répondent très peu la gauche a beaucoup avancé, notre droite a attaqué à 4 heures et a aussi progressé.

Les Allemands n’ont pas tiré de la nuit c’est signe de leur retraite.

5 octobre

À la pointe du jour nous attaquons Guise qui est à notre pouvoir à 7h30, nous y avons trouvé 75 civils, tous les ponts sont sauté le 59ième lance une passerelle sur l’Oise et nous sommes relevés nous restons au repos dans la ville même, je vais à l’hôpital me chercher un matelas pour coucher.

6 octobre

Rien de nouveau la retraite ennemie se fait toujours, mais la pluie tombe, le pont du chemin de fer est  sauté le ravitaillement se fait par auto le tunnel est aussi démoli. Guise remarquable par son château fort.

L’Oise traverse la ville qui était assez jolie mais nous y avons tiré pour déloger le boche un peu abimé.

7 octobre

Pas encore d’ordre pour le départ, le 88ème s’en va ce soir vers les lignes.

Nous avons pris comme butin 2 pièces de canons de 10, un crapouillot de 210 et beaucoup d’obus.

Dans l’hôpital tous les lits étaient intacts.

Défense aux civils de sortir de sortir dans la rue sous peine d’être fusillé.

 

Du 8 au 19 octobre, les pages du carnet sont vides d’écrits. Est-il parti en permission ?

On peut le penser car il déclare « débarqué à Ailly-sur-Noye (Somme) » le 20 octobre. C’est le seul village du secteur qui possède une gare. Le régiment livre un combat très meurtrier au Mont d’Origny le 14 octobre, puis est au repos dans la région d’Essigny-le-Grand à l’ouest de Guise (02) à 80 km d’Ailly-sur-Noye.

20 octobre

Débarqué à Ailly-sur-Noye.

 

Du 21 au 23 octobre, les pages du carnet sont vides d’écrits. Il est toujours en retour de la permission entre les gares d’Ailly et d’Essigny-le-Grand.

24 octobre

Débarqué à Essigny-le-Grand.

Jeudi 25 octobre

J’ai de nouveau rejoint mon unité à Fieulaine où se trouve le train de combat.

J’y ai couché le soir, à la tombée de la nuit on fait évacuer les hommes et les chevaux du village en cas de réponse, car on veut tirer sur Guise.

Vendredi 26 octobre

Le matin je monte à ma section et le soir nous montons relever le 83e en ligne.

Couché dans un ravin, nous avons eu les gaz toute la nuit.

Samedi 27 octobre

Le matin nous recevons l’ordre d’attaquer, je me porte au village de Noyales à côté de l’Oise.

Nous traversons l’Oise sur la passerelle et nous avançons de 6 km.

Nous passons la nuit dans des abris boches, la pluie tombe.

Très mal dormi…

Dimanche 28 octobre

Aujourd’hui nous restons sur place. Les boches tirent un peu partout.

Le 1er bataillon a eu beaucoup de pertes quoiqu’en réserve. (*)

La nuit nous couchons au même emplacement.

 

(*) : Le JMO indique des pertes pour le 27 octobre (22 hommes), pas pour le 28 octobre.

Lundi 29 octobre

Je me lève puis je vais à la soupe

Après-midi, nous montons en ligne mois comme servant au 37. (*)

Le ravin est très profond mais les obus y tombent tout de même. souvent de blessés ou morts, moi je vais me mettre là où avait commencé la sape du C.. (Commandant ? capitaine ?)

Nous y avons assez bien dormi mais beaucoup de potins par les deux (?).

 

(*) : Canon de 37mm

Mardi 30 octobre

Toute la nuit ça a été un déluge de fer, un obus a tué 17 types du 132e régiment d’infanterie.

C’était un carnage.

Nous avons eu le caporal … (?) qui a été touché à la tête évacué.

Le mardi, on nous apprend que la division est relevé le soir même, c’est avec joie qu’on se le communique.

Départ 9 heures arrivée à 12 heures.

Mercredi 31 octobre

Notre cantonnement est à Hauteville mais dans les champs, moi j’ai un trou individuel.

La pluie tombe.

Novembre 1918 : Aisne (Guise)

Jeudi 1er novembre

Même cantonnement.

Vendredi 2 novembre

Même cantonnement.

Samedi 3 novembre

Départ pour remonter en ligne le soir.

Nous allons relever le 20e régiment d’infanterie vers la tour de Guise.

Je couche à la sablière.

4 novembre

Le 4 au matin nous allons en ligne.

Pas de ravitaillement de la journée à se rapporter au mois d’octobre pour les journées du 3, 4, 5, 6, 7. (*)

 

(*) : Que veut-il dire ???

 

Du 5 au 7 novembre, les pages du carnet sont vides d’écrits.

 

 

 

Positions du 59e régiment d’infanterie en novembre 1918

8 novembre

Toujours à Guise.

9 novembre

Pas d’ordre pour la journée mais nous partons sur l’arrière demain matin.

10 novembre

Nous quittons Guise à 6 heures pour aller cantonner à Sissy, en passant par le village d'Origny où mon régiment a été démoli le 14 du mois dernier.

Mauvais cantonnement.

 

(*) : Le 14 octobre le régiment a perdu 4 officiers, 37 tués et 263 disparus dans les combats (dont certains au corps à corps) des villages de Neuvillette et des Monts d’Origny à l’est de Saint-Quentin.

11 novembre

Ce matin nous partons vers Artemps, c’est en route que nous apprenons que l’armistice a été signé à 1 heure de la nuit et à 11 heures on ne doit plus tirer.

Le soir feu de joie, fusées, canons, drapeaux, musique et chants.

Très mal couché.

12 novembre

Nous passons la journée, le soir farandole et musique.

13 novembre

Départ à 6 heures pour Fréniches nous couchons dans un baraquement anglais, nous allons chercher de la fougère dans le bois pour nous coucher.

14 novembre

Nous repartons à 7 heures pour aller à Beuvraignes. Nous couchons en plein champs dans des trous du début c’est infecte, mais les villages n’existent plus.

15 novembre

Couché à Godenvillers dans une cave.

Payé le vin 3F le litre.

16 novembre

Couché à Ansauvillers.

17 novembre

Même cantonnement nous sommes allez à la messe on a chanté le te deum.

Jolie petite ville.

18 novembre

Départ 8 heures pour aller à Breteuil canton (Oise). Jolie ville, tous les civils y sont.

19 novembre

Repos même ville.

20 novembre

Repos même cantonnement.

21 novembre

Jusqu’au 16 décembre nous restons à Breteuil.

Décembre 1918 :

 

Nous repartons le 16 pour Thieux.

 

Le 17 pour Laversines.

 

Le 22 nous partons pour Cauvigny.

 

Le 23 nous partons pour Chambly.

 

Le 29 pour Noisy-sur-Oise.

 

Le 2 à Baillet.

 

Le 2 janvier 1919, le régiment est effectivement réparti dans les villages de Baillet-en-France, Attainville et Bouffemeont (95).

 

 

Fin des écrits

 

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