Publication :
octobre 2008
Mise
à jour : Août 2024
Raymond Bossard du 4éme
Tirailleurs
Prologue
Raymond BOSSARD nous dit en juin 2008 :
« Je vous avais adressé par le passé
quelques photos. Je vous envoie cette fois le carnet de guerre d'un parent dont
je porte le même nom et prénom. Il concerne quelques mois de guerre à l'automne
de 1915 (offensive de Champagne). J'ai retranscrit les pages du carnet et j'ai
intégré un certain nombre de photos le concernant. Vous pourrez donc, si vous
le souhaitez l'intégrer parmi les autres carnets de votre merveilleux site.
Avec mes remerciements. »
Contacts
avec des internautes depuis la mise en ligne (en 2008) :
Philippe HOFFMANN : contact en avril 2014 :
« Cher Monsieur, Nous avons pu découvrir
votre excellent site et toutes les ressources qu’il contient. Je suis
professeur d’histoire-géographie au lycée français Alexandre Dumas à Alger. En
collaboration avec une collègue de Lettres, je travaille sur un projet scolaire
pour rendre hommage aux soldats algériens de la grande guerre (Zouaves,
Tirailleurs, Spahis). Nos élèves descendants de ces combattants recherchent de
la documentation bien trop rare en Algérie sur 14-18 (photos, documents, cartes
postales carnets …). Nous aimerions utiliser quelques carnets pour étoffer le
corpus documentaire mis à disposition des élèves.
Leur travail fera
alors l’objet d’une exposition au Lycée et à l’Institut Français d’Alger. Nous
espérons également pouvoir travailler avec vos documents. »
Janine HUBAUT : contact en juin 1917 :
« Bonjour, je
désire savoir si le carnet de Raymond Bossard commence en 1913. Je cherche en
effet des témoignages concernant les conditions de vie des soldats envoyés en
1913 faire leur service militaire en Afrique du Nord. Je vous remercie de
mettre à ma disposition par le biais de ce site, ces transcriptions de carnets
qui permettent d’aborder la question de la grande guerre de façon plus
personnelle, Bien cordialement. »
Remerciements
Merci à Raymond pour le
carnet.
Merci à Philippe S. pour
les corrections éventuelles et certaines recherches.
Nous avons ajouté du texte en bleu pour la compréhension de certains termes
et pour aller « plus loin » dans l’analyse du récit. Pour
une meilleure lecture, j’ai volontairement ajouté des chapitres, sinon le reste
est exactement conforme à l’original.
Introduction
Raymond Léon Joseph Marie BOSSARD est né à Paris en juin 1893. Il déclare être employé de commerce à son incorporation en 1913 et est affecté au 4éme Zouaves en Tunisie puis très vite au 4ème régiment de Tirailleurs en décembre 1913. A la mobilisation, son régiment part en France.
Son journal concerne l’automne de 1915 quand il arrive au front en Champagne où une grande offensive française doit être lancée.
Il tient un journal jusqu’en décembre 1915.
Réveillé à 6h – ai très bien dormi par terre. Sommes à travers des bois. Entendons canon. Le front est à 17 km. Parti à 12h pour préparer le cantonnement.
J'ai donc été seul avec le fourrier, sans sac mais la veste et la capote sur le dos Il faisait tellement chaud que l'on était entièrement en sueur ou plutôt en eau. Couvert 17km en longeant le front.
Arrivé à 16h, préparé et la troupe n'arrive qu'à 20h, car elles ont été bombardées. Le chef trouve le cantonnement très bien fait. Il me dit que c'est moi qui viendrai toutes les fois.
Sommes dans le camp au milieu de sapins, mais quel sale pays désertique et sans eau,….
Position au nord à 3km du bois Sabot, à l'est à 4 km de Perthes.
Ai bien dormi même malgré le fort bombardement. Nous avons depuis le 75 jusqu'au 360 sur rails en passant par tous les calibres.
C'est fou ce qu'il y a d'artillerie.
Notre chambre est magnifique car je me suis débrouillé pour 4 seulement. Sorte de lit surélevé par des traverses de bois on a tendu toile et grillage fils de fer On est très bien au chaud car c'est moitié dans la terre et juste le toit en bois par-dessus.
C'est bien fait. Je l'ai bien nettoyé et je suis content, c'est presque une chambre.
Nous avons été tranquilles. Ai reçu un courrier (8 lettres, un paquet).
Bombardement d'artillerie, poursuite d'aéro boche. Les 105 et 155 sont gentils et ont des provisions en masse. Ça ne tardera pas à chauffer dur.
Bombardement des 2 côtés Les aéros boulonnent. Poursuite et tir contre les Allemands Mais garde tranquille.
Probablement demain nous irons aux tranchées.
Beau temps pour travailler un peu au matériel et le matin ai profité pour visiter, vu 270 sont magnifiques. Quelle masse !
220 – 155 - 120 – 105 – 90 - 75 et verrai bientôt le
reste.
(*)
Demain boulot.
(*) : Tous les calibres d’artillerie.
Parti à 7h, rentré à 16h ½.
Avons posé ligne téléphonique jusqu'en 1ère ligne. Les obus ne me font pas d'effet, car ça bombarde
Quelle promenade à travers ces mille boyaux et pour rentrer plus d'une heure de chemin.
Avons travaillé toute la journée sous les obus et marmites. Y avons échappé plusieurs fois. Une marmite de 210 nous a recouvert de terre …complètement.
Ils bombardent le bois Sabot.
De 2h à 20h sans arrêt que de travail sans s'arrêter et nous bombardons dur. Quel carnage ce sera.
A 6h quittons cantonnement et prenons nos postes. Je suis au poste le plus avancé (commandant du 4e tirailleur) avec 3 autres.
J'en suis car on sait que l'on peut compter sur moi. Bombardons terriblement ; ça vous secoue intérieurement car c'est terriblement fort sans arrêt, tous calibres.
Les Allemands ripostent avec des marmites, mais ils sont coupés ou plutôt hachés. Notre abri est trop petit aussi sommes-nous mal mais mieux qu'eux car on ne voit plus rien chez eux.
Avons à gauche 8e zouaves et à droite le 117e. Avons été bombardés de bien fort à 2 pas de notre poste.
ligne constamment coupée - ai pu rétablir par un de mes moyens de fortune – à la tombée de la nuit jusqu'à 12h ½ avons posé à 2 des lignes et puis avons cherché de l'eau et marché 2 heures pour trouver 4 litres – ai pu me reposer environ 1h ½ dormi dans un trou et ai fait du café bien chaud pour nous 4 sur mon réchaud.
Les
quatre téléphonistes dont Raymond Bossard,
Réseau
téléphonique du Bois Sabot, en 1915
…... Nous bombardons sans arrêt depuis le 38 – 58 cm avec des torpilles.
A 0h15 exactement, nos troupes sortent de nos tranchées, nous essayons de dérouler une ligne téléphonique derrière le Ct.
C'est impossible trop (de) casse. Ensuite un autre et moi avons été presque engloutis. Nous sommes d'un dégoûtant car il a plu aussi je suis couleur boue.
Ensuite notre poste s'effondre et nous essuyons les gaz asphyxiant. Ce n'est pas bon à 12h.
Rejoins ensuite le poste principal. Voyons beaucoup de prisonniers. Officiers arrogants.
Nous couchons dans une parallèle au-dessus de laquelle nous mettons des tôles.
Ai bien dormi. Nous mangeons car nous avons raflé des conserves sardines, etc en masse. C'est le pain et l'eau qui nous manquent. (*)
(*) : Les pertes du 4ème Tirailleurs pour cette attaque du 25
septembre est de 1021 hommes tués, blessés et disparus.
Les disparus (501 hommes) comprennent des ‘’ tirailleurs ensevelis dans des explosions de
mines et de fougasses du bois Sabot et aussi des tirailleurs blessés qui se
sont dirigés sur des postes de secours étrangers au corps d’armée et par
conséquent dont le sort actuel est inconnu.’’ (JMO)
Matin, reconnaissons – les tranchées allemandes n'existent plus, mais leurs abris sont presque intacts. Même en 1ère ligne avancée, ils sont grands.
Pas trop de morts, mais il faut mettre toute sa volonté pour surmonter cette vision de la guerre – il y a la volonté qui est nécessaire.
…repas et ait fait plus de 3 km pour de l'eau, nettoyé mon mousqueton qui était rempli de terre d'hier.
Vers 14h partons dans les tranchées allemandes de 3e ligne.
Leurs abris sont confortables – avons deux appareils allemands. C'est gros mais ils sont rudement bons et pratiques – nous avons pris beaucoup de matériel, mitrailleuses, etc…
Les nôtres sont à 6 km, chose qui me semble bon.
En prenant la garde à 22h je me suis lavé correctement. Une pompe qui débite que c'est bon. Je couchais à 1h du matin dans leurs abris qui sont boisés. Ce qui m'ennuie le plus c'est qu'il n'y a personne pour que je fasse partir un petit (paquet ?) chez nous.
Le matin nous revenons à l'arrière, environ 5 km.
Nous prenons nos sacs en plus de tout le matériel. On est chargé de trop, on s’esquinte et c'est à cause de notre lieutenant. Nous repartons immédiatement et recommençons de nos anciennes lignes à 6 km, soit 11 km en tout.
Arrivons pour subir le tir de barrage des boches pendant plus d'une heure sans abri. L'état-major rien
Deux des bataillons ont trinqué.
Le soir avant de coucher il faut travailler pour s'abriter. Ai dormi.
Voilà 4 jours que nous ne touchons rien à manger.
Il faut se débrouiller. Heureusement que nous avons trouvé une réserve de sardines, cochon, nous avons pris deux caisses entières à 14, mais c'est le pain qui manque presque totalement et l'eau est rare.
Enfin on s'habitue à tout et …….la preuve car avons monté une ligne pour préparer notre attaque de ce soir.
L'attaque est passée. Résultat nous sommes restés sur place car le 6e bataillon a reculé aussi il a foutu la panique au 8e chasseur et il a fallu, revolver au poing regagner.
Notre régiment après son deuxième combat reste à 600
hommes 13 officiers. (*)
Nous, notre équipe a 2 disparus, 1 blessé légèrement au bras, le sergent jambe fracturée. C'est une perte pour moi. Nous avons été tout le temps bombardés pendant 2h 1/2 sans arrêt.
Couché dans la pluie heureusement pas trop fort.
(*) : Le JMO précise : 561 pertes (tués, blessés et disparus).
Je me suis réveillé dans la boue, tout est sale. On est beau.
Temps vilain, je crois que nous allons réattaquer. On verra le résultat. C'est pour terminer le travail de 2 divisions qui ont bien boulonné cette nuit. Réparons constamment notre ligne car nous sommes bombardés.
Rien à signaler. Bombardements mais nous n'avons rien d'extraordinaire.
Vers 15h, j'apprends que moi et quelques-uns sommes détachés à la brigade, les autres vont à 2 km arrière.
Le soir changeons. Dort bien.
Extrait
du carnet de Raymond BOSSARD du 4ème régiment de Tirailleurs
Posons une ligne à la brigade et assurons son fonctionnement mais voilà, c'est que ce soir nous partons en arrière du dit camp d'Attila.
C'est bien loin... 25 km.
Car il paraît que l'on va recommencer un bombardement en règle pour la butte de Souain ; 3 jours de bombardement car ce serait trop dur et ce serait une autre division marocaine qui nous remplacerait qui attaquerait, car notre 4e tirailleur n'est qu'une loque – 700h.
On passe une bonne nuit dans une cabine faite par les Allemands. 2 couchettes, on se dirait dans un calme bateau. Tables, chaises, étagères et il fait bon.
Avons replié la ligne et repos car nous ne partirons que ce soir à 21h. Ils bombardent toujours.
A 21h, rassemblement et gelons sous l'humidité pendant plus de 2 heures ensuite marchons à la queue du 1er bataillon passons à Souain où la tête du bataillon en en sortant reçoit un gros obus (plus de 10 restent) ce n'est pas de chance.
Continuons la marche. Mets mon sac sur la voiture du colonel. Passons à Suippes.
Arrivons à 4h du matin après 25 km. Bien fatigué mais rien pour se reposer.
Restons dehors avec l'humidité…….Chalons.
Camp de la Noblette.
A 6h trouvons nos baraques. Le fourrier n'ayant pas daigné nous chercher. Je m'allonge, dors jusqu'à 9 h, ensuite me lave, ce qui me semble bon mais en enlevant ma flanelle, trouve quantité d'insectes blancs, on dit poux et ça vous ronge.
C'est notre premier repas chaud.
J'ai bien besoin de me mettre en état. Car l'estomac est fatigué, le corps aussi et ai mal.
L'après-midi, répare mon pantalon et reçois 2 paquets, 6 lettres.
Raymond Bossard
et ses camarades du 4éme Tirailleurs
On peut situer cette photo après août
1915 car il possède un chevron de présence au front sur l’épaule gauche
Ai passé un sale moment à cause des poux. Ils m'ont réveillé et rongé.
Vous ai envoyé un paquet de bricoles. Ai pris une douche Ce m'a semblé bien bon. Ai changé de tout mon linge et l'ai donné à laver.
Rien de neuf, espère bien rester ici encore quelques jours.
J'ai rangé mon équipement.
A 4h ¾ réveil, rassemblement à 5h ½ départ à 5h ¾ et en marche.
Arrivons à 7h ¾, environ 6 km Avec sac sommes dans le camp pour attendre la nuit et aller à gauche de la route Souain – Somme-Py.
Partons à 19h et n'arrivons qu'à 1 h du matin pour 12 km car nous avons fait du surplace. 10km pas arrêt.
C'est fatiguant 6h sans repos avec le sac plein, tout le matériel plus une bobine de fils de 4 kg.
Je suis étonné d'avoir si bien marché.
Avons couché dans d'anciens abris boches très confortables et profonds. Craignons rien car nous sommes de réserve. Ils ont attaqué et progressent (marocains).
Le soir en revenant de la soupe, 2 marmites à 5 m.
Ai passé une bonne nuit - assez beau temps – sommes toujours en réserve. Rien de neuf.
Rien de neuf, marmites de temps à autre près de nous. Temps gris nuageux Ai pu me laver un petit peu Ce m'a semblé bon et aussi utile. On est noir. mais c'est le …..
4 jours bientôt.
Rien de neuf, sauf que nous avons quitté notre confortable abris allemand pour aller avec l'état-major du régiment à 300m avant. Sommes à côté du fils du sultan à environ 3 km de leur 1ère ligne. Sommes dans un boyau et nous nous sommes faits neuf petits abris individuels.
Temps gris sombre mais pas de pluie.
Nous avons par devant que de l'artillerie, 75, 120, etc.
Rien de neuf.
Très beau temps.
Avons travaillé dur à notre abri qui est complètement boisé, c'est du boulot. Voilà que je commence à avoir sérieusement la diarrhée, qui me vient depuis plus de 8 jours. Nos aéros volent. Il y en a tellement qu'on ne peut plus les compter.
Il y a eu aussi des rencontres en l'air.
Voilà que ma diarrhée a l'air de tourner en dysenterie.
Nous avons assisté à la destruction après un combat d'un aéro. Il est descendu en feu. C'est terrible, ce doit être un des nôtres.
Nous avons subi un marmitage en règle à cause des nombreuses pièces qui sont devant nous.. Ils ont touché des artilleurs.
J'ai pris de l'élixir parégorique que m'a donné
l’infirmier celui de la brigade qui est passé caporal ….car le médecin comme toujours, n'a rien.
Il a plu un peu cette nuit ……. J'ai bien dormi car je suis entièrement à l'abri. Temps nuageux couvert. Plus ça va, plus je vois la bêtise ?
Le sans gêne du monde, ceux de l'autre cas sont rares. J'ai pu me laver, c'est bien l'eau depuis si longtemps.
Rien de neuf, sauf que peut-être on va monter aux tranchées ce soir. On est toujours bombardés…………………………..;
Je ne sais ce que ça veut dire, toutes les nuits il part de notre grosse artillerie lourde.
Où vont-ils ? Bon temps.
Vers 16h, je pars reconnaître avec 2 autres et des officiers nos 2ème lignes pour ce soir. Subissons un marmitage terrible et près Redescendons sains et saufs et rentrons à 18h pour prendre notre poste à 5 – avons 3 lignes – bombardements de nuit mais dors bien. ?
Suis fiévreux et fatigué.
Le matin, réparons à deux une ligne boche……….mais les autres gueulent bien fort mais ont la frousse aussi ils ne voulaient pas monter hier car il en reste 5. Temps magnifique très chaud, fait le lézard et regarder les aéros évoluer ou se battre, car ils ne bombardent pas. Il paraît que le 16 nous irons au repos.
Il paraît qu'hier un aéro boche nous a descendu 2 saucisses derrière nous.
Rien de neuf. la nuit ils bombardent autour de nous mais ça n'empêche pas de bien roupiller.
On est tranquille, c'est le principal.
Nuit agitée.
Bombardement des deux côtés intenses. Répare ligne de la brigade dans brouillard.
Elle est aérienne et aussi trous marmites, arbres, etc que de travail et sans ma lampe c'était impossible. Etait un peu bombardé. Enfin 1h ¼ parti, surtout qu'en revenant on s'était perdu tous les deux.
Avons été près de passer nuit blanche. Hier nous avons descendu un aéro boche avec un avion canon de notre côté Beau temps. Il paraît que c'est demain soir le repos.
Rien de neuf 20h partons, arrivons à 2h du matin 30 km, sac et tout le fourbi.
Que c'est dur !
C’est trop 30 km après les tranchées Je ne marchais plus, je me traînais. J'avais les dessous de pied esquintés Toute la nuit gros brouillard.
Raymond BOSSARD gardien du drapeau du
2ème régiment de Tirailleurs.
Couchons sous les sapins (cette nuit du 17 au 18) sans rien, dans ma couverture et toiles cirées car c'est notre campement. Aujourd'hui montons les tentes…..cette nuit il paraît que nous embarquerons.
Rien de neuf mais esquinté. Aïd el kébir fête arabe, aussi musique, feu, ….etc, beignet arabe ……pour les amadouer, car ils rouspètent dur.
Prise d'arme le matin et remise de la croix de guerre. Rien de neuf, sale temps froid humide car pas de soleil.
Embarquement demain.
Quitte le cantonnement à 11h, fait 5 km, sac bien lourd arrive à Saint-Hilaire (au-Temple) sur les quais d'embarquement militaires, mais partis qu'à 15 h. Voyage agréable.
Epernay est gentil, beaux établissements de champagne. Vu les vestiges du passage des boches – à la nuit nous nous sommes allongés et dormi car on n’était pas nombreux.
Voyage agréable dans les wagons bestiaux. Passé par Creil. 5h du matin arrivée à Béthisy-Saint-Pierre.
Débarquons et traversons à la nuit vers notre cantonnement. M'y repose un peu.
Nous sommes bouclés dans un ancien couvent de sœurs qui sont parties soigner les blessés et il ne reste que 3 sœurs, alors impossible de sortir. Enfin je me suis débrouillé pour sortir. Ai donné à une vieille dame à laver tout mon linge et ai été trouvé le lieutenant pour une permission.
Beau temps et beau pays.
Réveil à 6h, car il y a du service à cause des 3 caporaux c'est dur à voir et à endurer la bêtise du monde.
Rien de neuf. vite que j'aille chez nous. Que ce sera bon mais court !
Repos à Béthisy-Saint-Pierre.
Réveil à 3h ¾ départ 5h. 20 km sac vide heureusement.
Arrive emplacement 9h. grande revue.
Jusqu'à 13h repos de ¾ café. Le repas est maigre : 2 sardines, 1/6 de camembert et un peu de confiture, surtout qu'il y a des kilomètres et qu'il faisait un vent frais qui creuse.
14h retour, arrivée à 17h ¼, 45 Km en tout pour passer une revue du le roi d'Angleterre, Poincaré, Joffre, le prince de Galles. C'est esquintant…
Repos
Ai été à Crépy en Valois et ai vu Maman, Jeanne, Maurice. C'est trop court.
14 km pour prendre une bonne douche. Suis bien car suis entièrement propre.
Départ 7h, arrivée à Crépy 11h, départ 12h ¾ - arrivée à 16h – 26km, mais le sac vide, juste avec la capote roulée ce n'est pas trop dur.
Départ 5h ¾.
Arrivée à Neuville à 8 km arrivons à 8h ½ et restons sous la neige et sur place jusqu'à 9h ½.
Sommes gelés, il en tombe. Enfin passons la revue en marquant le pas sur place puis retour rentrés à 11h ½. Sale temps.
Permission à Paris.
Retour.
FIN des
écrits
La suite : Il passe caporal en mai 1916 comme téléphoniste. Il sera tué le 20 août 1917 dans le bois de Cumières au nord de Verdun.
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du carnet de Raymond BOSSARD
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