Notes  de Pierre BOURGAULT

du 31e régiment d’artillerie

 

 

 

Recouvert de toile cirée noire, de la taille d'un petit smartphone [1], ce carnet tient bien en main grâce à ses bords arrondis. Glissé dans une poche de la veste d'artilleur, il accompagne Pierre durant toute sa guerre et aurait pu disparaître dans l'explosion du canon, sous les bombardements. Pierre y note au crayon de bois, à l'aniline [2] violette ou à l'encre noire le nombre d'obus envoyés, les positions, les itinéraires, ses impressions personnelles. D'un côté le journal, de l'autre des noms et affectations des amis.

Certains sont barrés suite à un déplacement, à un décès.

Aucune mention de Paris ni de la vie en permission.
Ce carnet relate le quotidien de la 24e batterie du second groupe du 31e régiment d'artillerie de campagne, du 11 février 1915 au 28 juin 1917. Les JMO corroborent les lieux, les noms ou aident à restituer telle orthographe indécise [3].

Merci à Pierrick pour l’accord de mise en ligne du carnet de son grand-père.

Description : Description : Description : Description : feather

 

 

 

Parti du Mans le jeudi 11 février (1915), arrivée à Ancemont [4] le dimanche matin 14.

De là, nous sommes partis pour Mont [5] à 15 km d'Ancemont.

Le lundi 15 sur les positions dans la Forêt Noire [6].

Mardi id. Mercredi (17 février 1915)

Grande attaque chaque pièce plus de 300 obus chacune en 93 m [7].

C'est là que les fantassins [8] ont fait des prisonniers et pris la butte des Éparges [9].

Jeudi

Toujours dans le bois.

Vendredi

Id.

Samedi

Id.

Dimanche

Id.

Toute la semaine pareil.

Dimanche 28 février

Partis pour Haudainville [10] à 7 heures du soir, on est arrivés à 10 heures [11].

Le lundi 1

Nettoyage du matériel.

Le mardi 2

Idem. Il ne fait pas chaud.

Le mercredi 3

Dans la grange on démonte.

Le jeudi 4 Dimanche 7 Mercredi 10 Jeudi

Id.

Vendredi 12 mars (1915)

Promenade sur le bord du canal [12].

Samedi 13

Pêche au collet [13].

Dimanche 14, Lundi 15, Mardi 16, Mercredi 17

Partis à 3 heures du matin dans le bois.

Jeudi 18. Vendredi 19. Samedi 20. Dimanche 21. Lundi 22 mars. Mardi 23. Mercredi 24. Jeudi 25. Vendredi 26. Samedi 27

Grande attaque sur Combres [14].

Dimanche 28

Messe dans le bois.

Lundi 29

Aux cuisines des avant-trains.

Mardi 30.Mercredi 31

Visite de GILLARD. Il nous dit que Jules LAUNAY [15] est blessé.

Jeudi 1er (avril 1915)

On fait une courte...

Vendredi 2. Samedi 3. Dimanche jour de Pâques. Lundi 5 avril

26 prisonniers boches passent sur la route.

Mercredi 7. Jeudi 8. Vendredi 9. Samedi 10. Dimanche 11. Lundi 12. Mardi 13

Tous les derniers jours il y a ravitaillement ou corvée de douilles toutes les nuits.

On trouve une ambulance de fantassins restée dans un trou d'obus. On leur aide à se tirer et ils nous payent un bon coup de rhum après.

Jeudi 16 (avril 1915).

Le soir grande représentation devant la cahute au logis [16].

Séance de lutte.

Vendredi 17. Samedi 18. Dimanche 19. Lundi 20

[17].

Les boches bombardent nos anciennes positions que le 46 [18] occupe.

Ils se sont fait repérer pour avoir étendu du linge. Heureusement pour eux que nous avions fait des abris de combat. Il n'y a aucun blessé.

Mais toutes les cahutes sont démolies. Ils sont obligés de changer de position.

Mardi 20. Mercredi 21. Jeudi 22. Vendredi 23

Le petit bourg du Mesnil [19] est bombardé. Il tombe quelques obus sur Mont [20].

Avril. Samedi 24

Toute la semaine grande attaque nuit et jour on ravitaille. Et faut faire vite.

Les obus boches radinent de tous les côtés.

Dimanche 2 (mai 1915). Lundi 3. Mardi 4

Une pièce éclate et tue le chargeur [21].

Mercredi 5

2 pièces éclatent. Il y a 2 blessés.

Les boches ne font qu'attaquer toute la journée, le 37e est obligé d'abandonner des pièces.

Mais on les reprend le soir même. Il y a de la grosse pièce de prise aussi. Les boches ont tapé dessus avec des pics et ont cassé toutes les culasses.

Il y a plusieurs prisonniers.

Jusqu'au 17

Pas grand changement.

Le 18

Je tire mon premier coup de canon.

19 mai, 20 mai 21 mai, 22, 23 jour de la Pentecôte.

On assiste à la messe dite par un soldat prêtre du 44 [22].

Mardi. Mercredi 26

Revue d'habillement par le capitaine d'artillerie.

Calot... laver... un turbin pas ordinaire. Et il n'a encore pas trouvé ça bien.

Jeudi 27

Les fantassins jouent la Marseillaise en l'honneur de l'intervention de l'Italie.

Vendredi 28 jusqu'au mercredi 2 (juin 1915)

Pas de changement.

Jeudi 3

On change de position. On part à 8 h pour arriver à 6 h dans un grand champ où l'on fait le jus. Nous repartons aussitôt et le général nous passe la revue.

Enfin on arrive à Nicey [23] à 9 h du matin.

Là on boit un bon coup. Je tiens ma petite cuite le soir. Je fais la.... Le plus embêtant c'est qu'il faut repartir le soir à 10 heures prendre position.

Nous sommes tous légèrement [24]...

CORDELET tombe dessous la flèche du canon. La roue lui passe sur le corps.

Nous n'arrivons pas le matin sur les positions. On est tous esquintés. On nous fait encore ranger les pièces et les caissons dans les abris. On n'en peut plus du tout. Cela fait trois nuits que l'on passe toutes blanches car la veille de partir on était de garde. Toute la journée du vendredi on est encore debout.

On fait un tir de barrage.

Enfin le soir arrive tout de même et toute la nuit on est tranquilles.

Samedi 5 (juin 1915), dimanche 6, lundi 7, mardi 8.

Les servants de l'échelon viennent nous relever à cheval.

Mercredi 9

Un mur s'écroule et blesse notre chef de logis [25].

Jeudi 10

Promenade à la ferme de Vaux-Marie [26].

Vendredi 11. Samedi 12

On va chercher 4 canons et 6 caissons à Rambluzin [27].

On laisse les nôtres au 18e d'artillerie.

Dimanche 13

On nettoie le matériel, il est dégoûtant.

Lundi 14

À 6 heures du matin, départ de Nicey, on arrive à Nancois [28] à 11 heures du matin et on embarque pour partir à 4 heures du soir.

On est passés par Tronville [29], Vensière, Menarseaut, Forges St Gasière, Audeloncourt, Gondreaut, Dainville, Epinal.

On est débarqués à Laveline [30] à 4 heures du matin.

On est passés par Bruyères [31] et arrivés à 9 heures dans un petit patelin Brouvelieures [32] où nous sommes cantonnés.

Mercredi 16

Nettoyage du matériel.

Jeudi 17

On fait des batteries attelées.

Départ à 4 heures ½ et on est arrivés à 8 h.

De 8 à 11, nettoyage du matériel.

Vendredi 18, Samedi 19

Batteries attelées.

Dimanche 20 (juin 1915), Lundi 21, Mardi 22

On fait une mise en batterie. On met plus d'une heure à placer la pièce, à la situer, on a du mal on est obligés de mettre les chevaux sur la flèche...

A 10 heures du soir, alerte, on doit partir à 11 h.

On devait avoir une revue d'habillement le lundi matin alors on avait tous lavé nos vestes, on est obligés de les mettre toutes mouillées [33].

On passe par St Dié [34] à 9 h du matin.

Mercredi 23

On prend position sur une montagne de plus de 840 d'altitude. On a eu du mal comme tout pour monter les pièces. On finit à trois heures de l'après-midi.

Aussitôt prêts on tire un coup toutes les deux minutes.

Mais les boches nous répondent. Il tombe une marmite [35] sur la première pièce. On a de la veine il n'y a personne de blessé que le sous-lieutenant [36] qui reçoit une pierre dans les reins.

Jeudi 24

Un avant-train [37] qui nous amène notre ravitaillement tombe dans un ravin. Tombereaux et chevaux, tout est dans le même tas, par bonheur il n'y a personne de blessé...

Le cheval du caporal de la 2e pièce tombe dans un ravin et se tue.

Vendredi 25

Le soir on descend des positions et que l'on ...tous ces hauts rochers la pointe du Paradis, le Sapin Sec [38], etc...

Il y a aussi une croix au bas d'un rocher. C'est dit-on la tombe d'une jeune fille qui en se promenant sur les rochers est tombée et s'est tuée.

Le petit patelin s'appelle Dijon [39] et la montagne d'Ormont. Il y a aussi la roche des Fées.

Mardi 29

Maintenant le ravitaillement se fait avec des mulets.

Jusqu'au samedi 3 juillet (1915)

Pas de changement.

Mardi 6 (juillet 1915)

On remonte sur les positions.

Mercredi 7 Jeudi 8

À 6 heures du soir on commence l'attaque.

On envoie 110 obus, on tire une partie de la nuit.

Le soir, on voit le feu dans deux patelins, les boches bombardent St Dié.

Vendredi 9

On doit se tenir toujours auprès des pièces. On fait quelques tirs de barrage.

Pendant le tir, en ouvrant la culasse il n'y a que le bout de la douille à sortir. Alors on veut mettre un autre obus mais il ne coule pas. On le fait ressortir avec l'écouvillon, c'est l'autre bout de la douille qui était resté dedans et que l'on croyait sorti.

Prise de la Fontenelle [40].

Lundi 12

On descend les pièces à 4 h du soir et on part à 10 heures de Dijon on repasse par St Dié...

On casse la croûte tout près du col du Bonhomme vers 11 h le lendemain.

Mercredi 14

Départ à 6 h pour prendre position on passe par des chemins impraticables et il fait noir.

Enfin on arrive à 3 h le matin. Il tombe toujours de l'eau.

Le lendemain on est forcés de nous monter une tente on turbine comme des nègres. Dans la nuit le ravitaillement arrive à minuit, on met plus de deux heures à ranger les obus.

Vendredi 16

Toute la journée on porte des rondins à dos pour finir la casemate.

Tous les jours suivants jusqu'au 20, même travail.

Le 20 juillet (1915)

la journée terrible [41].

On commence l'attaque à 4 h du matin, à 9 h on apprend qu'il vient de sauter une pièce au 33e d'artillerie. Alors je m'écarte pour tirer.

Jusqu'à 11 h, rien à signaler.

Les boches se mettent à nous bombarder, il tombe des obus de toute part, il en tombe un sur le caisson de la première pièce, plusieurs obus prennent feu alors les hommes de la pièce sont effrayés et veulent sortir de l'abri.

Au même moment une marmite arrive en plein sur le sous-chef et il est mis en miettes et on ne trouve qu'une main et un pied sur le moment.

Mais le lendemain, on trouve des morceaux de tous côtés...

Veillard a l'œil arraché. Il n'est mort qu'en arrivant au poste de secours.

Harduin reçoit un éclat dans un bras, Durand dans la cuisse.

Auvray reçoit un éclat en pleine poitrine, il est mort sur le coup.

Il tombe un sapin devant la bouche de notre canon, alors nous sortons pour couper les branches. Au même moment il tombe un obus qui blesse Bellanger dans les reins. Je reçois un petit éclat dans le dos.

À la première pièce le pointeur est blessé à un œil. Il y a en tout avec la 25e batterie 5 morts et 15 blessés.

Toutes nos toiles de tente sont esquintées. Ma musette et ma capote sont trouées par des éclats.

 

AUVRAY Henri Vital, canonnier au 31e RAC, mort pour la France ua Lingekoft, Alsace, tué à l’ennemi, le 20 juillet 1915. Il était né à St Cormier-des-Landes (Ornes), le 31 juillet 1894.

Le 21

Les boches tirent un peu plus loin.

Le 22

On attaque encore. On tire 280 obus par pièce.

24 25 26 (juillet 1915)

On change de position dans la nuit.

Le 27

On commence à tirer à 4 h du matin, tous les abris s'écroulent sous les obus.

27 juillet, à 7 h

Il tombe 2 obus sur les cuisines. Lépinay mon copain et Bouvier sont tués sur le coup.

Il y a 23 blessés. Jusqu'à 1 h on tire 3 coups toutes les 20 minutes à 1 ¼ on commence l'attaque.

A 1 h ½, notre pièce éclate. On a une veine, on est que 2 blessés, Lyon et moi. Nous attendons jusqu'au soir pour aller voir le Major. Il nous envoie à l'échelon au Grand-Valtin [42].

28 29 30

Je suis de service.

Le 2 août

Je remonte aux positions.

Le 5

On touche une nouvelle pièce.

Le 6

On nous dit qu'il y a...

Dimanche 8 (août 1915)

On est sur la crête du Linge.

Jusqu'au 17, pas de changement.

Le 17

On fait une attaque, on a reçu l'ordre de tirer assis sur le siège.

Le 18

On recommence l'attaque. On manque d'obus, on va en chercher au 33e d'artillerie. C'est des obus qui partent une seconde après que le marteau est tombé.

Je suis bien en peine. Qu'est-ce que ça veut dire.

Le 19

On tire 3 coups toutes les 1/2 heures.

Le 20, 21

Graslaud le nouveau... va chercher des sapins, il est blessé par des éclats et évacué.

L'après-midi, il tombe une marmite à 3 mètres de notre abri.

Le 22

On attaque depuis 1 h jusqu'à 7 h on tire 200 obus par pièce.

Le 23

On recommence à 3 h jusqu'à 7 h on en tire 180 obus. Nos cuisines sont toujours bombardées.

On quitte la position et on s'en va au Grand-Valtin.

 

Le lundi matin départ, on arrive à 11 h à Corcieux [43] où on couche dans la caserne des chasseurs.

 

Le lendemain on fiche le camp, il tombe de la flotte. On arrive à notre cantonnement à Gugnécourt. On y est 4 jours et on devrait y passer un mois au repos.

 

On repart le samedi au matin et on arrive à St Bouingt [44].

 

Le lendemain, on repart 6 h et on arrive à Lunéville à 11 h.

On passe la nuit dans la caserne.

 

Le lendemain, on fiche le camp à 3 km à Deuxville.

Mardi

Les revues commencent.

Mercredi jeudi vendredi

Je prends la garde.

Le lendemain, je me sens mal dans un pied et le soir il est enflé.

Samedi dimanche lundi

Mardi

Je vais à la visite.

Le lundi 13 (septembre 1915)

RAVÉ rentre de permission.

Le 27

Départ de Deuxville pour arriver le lendemain soir à Saint-Hilaire [45] dans la Marne où l'on... .

Le soir, on couche près du camp de Chalons [46].

À 1 h on a une fausse alerte. On n'a plus que des biscuits à manger.

Le 1er octobre (1915)

On va prendre position dans la plaine.

Le soir bombardement intense.

Le 2

On change de position, les marmites tombent de tous côtés.

 

Dans la nuit du 2 au 3 les boches bombardent. Les fantassins passent près de notre tranchée pour faire la.... Il tombe une marmite à 20 m de notre tranchée.

Il y a 7 tués et au moins une vingtaine de blessés. On les entend pousser des cris de notre tranchée.

Le soir, on change encore de position. Il nous faut retirer des cadavres boches des tranchées pour faire nos abris.

Nuit et jour nous tirons [47].

Le 6

On fait une attaque. C'est le 117e d'infanterie qui est dans les tranchées devant nous.

Il y a beaucoup de blessés.

Le 7

Idem.

Le 8

Les marmites tombent tout autour de nous. Il en tombe une sur l'abri de la 3e pièce de la 25e. Il n'y a personne de blessé du 1er groupe d'active tous les jours il y a des blessés.

Le 10

Dans l'après-midi on voit un duel d'avions. Il y en a un qui est forcé d'atterrir.

Le 11

Un autre avion est en feu [48]. On le voit descendre.

Lundi 25

On quitte la position.

Mardi 26 (oct. 1915)

On est cantonnés à 6 km de Saint-Hilaire-au-Temple [49].

Mercredi 27

Au soir on embarque à 11 h pour ne débarquer que le surlendemain à 9 h le soir. On couche à Jeuxey [50].

 

Le lendemain on se rend à Bruyères. On arrive à 10 h au quartier Barbazan.

Jusqu'au 4 (nov. 1915) toujours la même chose.

Le dimanche 6

[51]

Le matin je reçois une lettre qui m'annonce la mort de Joseph Robin.

Après je vais à la Messe. Le Curé nous fait rire avec son petit discours au sujet des... Il dit aux dames et aux demoiselles de plus … d'art à prier St Antoine de Padoue pour chasser ces boutons [52].

Samedi 25

Je vais à Lépanges [53] mener du matériel en réparation.

Dimanche

Je balaie la neige sur le hec. Je pars en permission le mercredi 29 (décembre 1915).

Je reprends le train de 10 heures le samedi 8 (janvier 1916) pour n'arriver à Bruyères [54] que le lundi soir [55]. La batterie est partie, nous couchons et nous repartons le lendemain à 10 h.

Direction en... On descend à Bussang [56].

De Bussang on repart à pied pour Wesserling [57]. À 10 km de Bussang, on trouve un patelin on y couche. On arrive à Wesserling que le lendemain à 10 h.

L'état-major de la 95 nous dit que notre batterie est partie du matin à 7 h alors on revient à Bruyères et de là à Laval [58].

 

Samedi on embarque les pièces dans des tracteurs [59].

Départ de Laval à 10 h.

Le Général vient nous faire un petit discours avant que de partir.

On fait peut-être 15 km. On débarque les pièces et à 4 h c'est des chevaux qui nous emmènent, on arrive sur les positions à 8 h. Nous allons coucher dans un petit patelin au bas de la vallée à Coinelis. C'est un secteur où les boches ne sont pas méchants. Le poste d'observation est dans le jardin du curé.

Devant nous deux patelins qui sont encore habités par des civils.

Le jour de l'attaque il y a une bonne-femme qui laboure dans le champ à côté de nous. On y est quatre jours et on revient coucher à La Bolle [60].

 

Le lendemain les tracteurs nous ramènent à Laval.

Départ de Laval le 23 février (1916) on passe à Rambervilliers et de là à St Maurice.

De St Maurice [61] on revient à Blainville [62] dans la Meurthe et Moselle.

 

On y arrive le dimanche on en repart le samedi d'après.

Le dimanche, on part prendre position, on remplace la 8e d'artillerie, c'est une position tranquille une casemate où couchait toute une section. On a même 2 chats avec nous.

Le 8

Je marche au poste d'observation. On a eu 6 réseaux de fil de fer à passer, il fait noir, on se fiche dedans à chaque instant. Enfin nous arrivons tout de même au poste. Il se trouve à ... à 30 mètres de la rivière la Seille, les boches sont de l'autre côté.

Le 17 18 19 mars

à chaque fois que nous faisons un tir les marmites radinent aussitôt après. Il faut faire vite et se ramasser sous l'abri. Il en tombe tout autour des pièces. Nous sommes dans le bois de Champenoux.

Dans le 1er d'artillerie...

Dans les … je descend à Dommartin à travers la …

 

Départ de Dommartin le dimanche. Nous embarquons le lundi à Chaligny... débarqué à... de matin.

De là on s'envient à Nancoy-le-Grand.

 

Départ de … Le dimanche à 3 h du matin on fait une étape de 40 km jusqu'à Marat-la-Grande [63].

Télégraphe Morse

 

Départ de Marat-la-Grande le matin à 4 h on fait une étape jusqu'à 9 h. Il tombe toujours de l'eau.

Départ à Dix...

Je pars à 4 h du matin là on cantonne dans un camp, on commence à entendre le bombardement.

Le lendemain matin on part pour faire des positions. On y travaille pendant 5 jours et on remplace le 28e [64] qui est à côté.

Le 23 juin (1916)

Nous mangeons la soupe à la porte de la cabane il tombe une marmite à 2 mètres de nous. Il n'y a personne de blessé. Le soir violent bombardement par les gaz asphyxiants.

On leur en renvoie tout ce qu'on a sur la position.

Le 24

Au soir je vais à la soupe avec Rigault. Il n'y a pas 2 minutes que nous sommes partis des cuisines qu'il tombe un obus dans le pignon de la maison. Il y a un blessé.

Tout le long du chemin nous sommes arrosés par des fusants. Le poste est en feu.

Déret reçoit un éclat dans la lèvre.

Le 26 27 (juin 1916)

Bombardement intense.

Le 121 de chasseurs... fait prisonnier.

Le 28

Nous repartons.

Le 30 (juin 1916)

Bombardement. Nous tirons de 1 000 obus rien qu'à nos pièces. Il tombe un obus sous la 3e pièce, il n'y a qu'un blessé. La pièce est hors service.

Le matin, on voit un avion de chez nous descendre tout en flammes juste en face des pièces.

Le matin à 3 h la pièce qui a été... éclate.

On a un tué et deux blessés.

Départ des positions dans la nuit.

 

On passe un jour dans le bois près du Fort du Regret [65]. On voit le 31e d'active et le 130e d'inf.

Le lendemain départ... Dieulouard [66]… 2 mois et demi passés par Fontenoy [67], Allain [68].

 

Parti d'Allain le 19 septembre (1916), embarqué à Barisey [69] et débarqué à Crèvecoeur-le-Grand (Oise).

Le soir on cantonne à Fleury (Somme)

C'est là que je me fiche dans la fosse à purin en allant à la soupe.

On cantonne à Castes puis à la Motte-sans-Terre et de là à Cappy [70].

 

Parti en perm le 26 rentré le lundi 8 janvier (1917).

 

Parti de Cappy le 11 janvier, on cantonne 2 jours à Villers [71].

De là on embarque à Longueau [72] pour débarquer à Laveline [73] dans les Vosges et on s'en va cantonner à Granvilliers Grainvilliers.

De là à St Blaise (St Blois) et de St Blois, je passe 10 jours à St Dié et je reviens quatre ou cinq jours à l'échelon puis je monte aux positions.

Mercredi des Cendres

Petite attaque.

14 avril 1917

Un avion de chez nous descend une saucisse [74] boche juste en face de nous.

Nous allons au repos à Saint Benoît [75] et de là je pars en permission.

 

A mon retour, ils n'y sont plus, ils sont à Docelles [76] près du camp d'Arches [77]. De Docelles à Gorhey [78] on embarque à Girancourt [79] pour débarquer à la Ferté-Gaucher [80].

 

De là à St Barthélemy (77) et Armentières [81], Braine [82].

Nous prenons position le 15 juin.

Parti du Moulin Gilot près de Verneuil [83] le 21 juin.

 

Ce furent les derniers mots écrits par Pierre de sa main droite sur son carnet.

 

Noms notés à la fin du carnet :

 

François RONNÉ

 

E. Moulé

Robert Guilmard, maître ouvrier, équipe mobile de réparation

Marcel Dutertre

Albert Girault

Victor Bergue

Léon Quelier

Léon Barbot

Georges Moulé

Paul Guilmard

Gérard Guilmard

Edouard Moulé

Jules Hiron, téléphoniste

Auguste RONNÉ

Maurice Hervé

Berson Victor,

Edouard MOULE,

Léon Blanchet, infirmier

Louis Rocher

 

Puis de sa main gauche

Edouard Moulé

Jules Hiron

Paul Guilmard

Mlle Hélène H...

Louis Rocher

 

 

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Vers d’autres carnets ou témoignages de guerre 14/18

 



[1]               Ce carnet de 40 pages quadrillées mesure 66 mm x 104 mm.

[2]             Aniline : colorant indigo utilisé pour écrire. On mouillait du bout de la langue la pointe du bâtonnet pour tracer un trait bleu. Aujourd'hui interdit pour toxicité.

[3]             Sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr Le JMO du 231e RAC 26 N 1042/1 et 26 N 1042/3 (2e groupe), le JMO du 2e groupe de renforcement du 31e RAC 26 N 962/10, le JMO du 4e groupe de renforcement du 31e RAC 26 N 962/11, le JMO de la 24e batterie du 31e RAC 26 N 962/15 et 26 N 962/16.

[4]             Ancemont (55).

[5]             Mont-Sous-les-Côtes (55) commune disparue et intégrée à Bonzée-en-Woëvre.

[6]             Forêt Noire a été barré ; sans doute une erreur d'interprétation du jeune soldat désorienté.

[7]             Soit un obus toutes les 18 secondes pour un seul canon.

[8]             Dont les fantassins du 106e régiment d'infanterie. Maurice Genevoix raconte cette attaque du 17 janvier dans Les éparges : « Des vols d'obus lointains, des tonnerres lourds, et tout près, rasant nos têtes, la voûte forcenée des 75 ».

[9]             JMO : « Au cours des violents combats qui se déroulèrent du 17 au 20 février, nos troupes s'emparèrent du bastion ouest des éparges... »

[10]          Haudainville (55) à 5 km de Verdun.

[11]          Soit 3 heures pour 9 km.

[12]          Le canal latéral à la Meuse.

[13]          Avec par exemple un collet de crin. Cette pêche se pratique pour les gros poissons tel le brochet.

[14]          Combres-sous-les-Côtes (55).

[15]          Jules Launay, disparu à Perthes-lès-Hurlus, 28 février 1915, décès fixé par jugement déclaratif par le tribunal de Mayenne. Le village également disparu fut rattaché à la commune voisine.

[16]          Le Maréchal des Logis, commandant de la pièce.

[17]          Pierre note des dates erronées. Lire : Vendredi 16 (avril 1915). Samedi 17. Dimanche 18. Lundi 19.

[18]          Le 46e régiment d'artillerie.

[19]          Mesnil-sous-les-Côtes a été intégrée à la commune de Bonzée (55).

[20]          Mont-sous-les-Côtes appartient également à la commune de Bonzée (55).

[21]          Le maître-pointeur Rochelle, selon le JMO de la 24e batterie.

[22]          Mazenod y était. Les étapes du sacrifice, p. 47 : « Seule une petite clochette tinte au bord de la forêt, : c'est l'abbé Esnault qui dit sa messe... »

[23]          Nicey-sur-Aire (55).

[24]          Amis ou ivres.

[25]          Le maréchal des logis est le chef de la pièce (le canon).

[26]          Sur le site de la bataille de Vaux-Marie, du 7 au 10 septembre 1914.

[27]          Rambluzin-et-Benoite-Vaux (55).

[28]          Nançois-le-Grand ou Nançois-sur-Ornain (55).

[29]          Tronville-en-Barrois (55).

[30]          Laveline-devant-Bruyères (88).

[31]          Bruyères (88).

[32]          Brouvelieures (88).

[33]          À l'arrière, la discipline est plus stricte que dans la tranchée. Les officiers supérieurs viennent souvent inspecter les canons.

[34]          Saint-Dié-des-Vosges (88).

[35]          La marmite est un obus de gros calibre.

[36]          Il s'agit du sous-lieutenant Salmon (JMO 24e batterie).

[37]          Il s'agit de la tête du train de combat. Le train de combat est l'ensemble des moyens pour permettre au régiment un combat de quelques jours. Munitions, nourritures, véhicules médicaux... Il était hippomobile et comprenait de 30 à 40 voitures (note du Chtimiste).

[38]          La Roche du Sapin-sec, observatoire sur la montagne d'Ormont. Le Paradis est un lieu-dit.

[39]          Dijon (88).

[40]          La Fontenelle (88).

[41]          Carnet de Hubert de Richemont, transcrits par son petit-fils Guillaume de Jerphanion : « La journée a été terrible ; 6 morts pour les 3 batteries. [...] À la 24e et la 25e les cimes de sapin s'écroulent les unes après les autres. […] Houtte à la 24e a deux pièces hors service, trois morts, des blessés.  La 26e tire toujours, très arrosée bien que moins que les 24e et 25e »

[42]          Le Grand-Valtin (88).

[43]          Corcieux (88).

[44]          Saint-Boingt (54).

[45]          Saint-Hilaire-au-Temple (51).

[46]          Chalons-en-Champagne (51).

[47]          Mazenod : « Toute l'artillerie, comme une mer déchaînée, gronde depuis ce matin. »

[48]          Mazenod : « Sous l'ombre du rapace, nous nous sentons toujours une inquiétude enfiévrée de moineaux. »

[49]          Saint-Hilaire-au-Temple (51).

[50]          Jeuxey (88).

[51]          Erreur de notation : le 6 novembre 1915 fut un samedi, le 6 décembre un lundi...

[52]          Saint Antoine le Grand était réputé pour guérir les maladies de peau et les boutons.

[53]          Lépanges-sur-Vologne (88).

[54]          Bruyères (88).

[55]          Ce trajet de trois jours dure plus longtemps que les 8 h indiquées par les horaires de train de l'époque. Source : Centre d'archives historiques de la SNCF, 2 avenue de Bretagne, 72100 Le Mans.

[56]          Bussang (88).

[57]          Wesserling (68).

[58]          Laval-sur-Vologne (88).

[59]          Probablement les Caterpilar américains photographiés par Mazenod ou des autochenilles.

[60]          La Bolle (88).

[61]          Saint-Maurice-sur-Moselle (88).

[62]          Blainville-sur-l'eau (54).

[63]          Marat-la-Grande a été regroupée avec d'autres communes sous le nom de Hauts-de-Chée. Célèbre contre-attaque en 1914. Mazenod, « Nom qui sonne pour nous comme un coup de clairon. », p. 189.

[64]          Le 2e groupe du 28e d'artillerie (Mazenod, p.195).

[65]          Le Fort du Regret est une fortification près de Verdun.

[66]          Dieulouard (54).

[67]          Fontenoy-sur-Moselle (54).

[68]          Allain (54).

[69]          Barisey (54).

[70]          Cappy (80).

[71]          Villers-Bretonneux (80).

[72]          Longueau (80).

[73]          Laveline-devant-Bruyères (88).

[74]          La saucisse est un ballon dirigeable d'observation.

[75]          Saint-Benoit-La-Chipotte (88)

[76]          Docelles (88).

[77]          Arches (88), JMO du 8 mai.

[78]          Gorhey (88)

[79]          Girancourt (88).

[80]          Ferté-Gaucher (77).

[81]          Armentières-sur-Ourcq (02).

[82]          Braines (02).

[83]          Verneuil-Courtonne 02 (sur le JMO).