Carnet de guerre de Benjamin CANAC

soldat au 140e régiment d’infanterie

puis caporal au 159e régiment d’infanterie

 

 

 

Mise à jour : novembre 2018

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PRELUDE

 

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Marc ESMENJAUD (son mail ne fonctionne plus !) nous dit en novembre 2007 :

« J'ai eu en main le carnet de guerre de Benjamin CANAC, et je l'ai saisi. Je me fais un plaisir de le mettre à la disposition des internautes à travers votre site. »

 

 L'auteur : « Je ne sais rien et je n'ai aucune parenté avec l'auteur du carnet. Ce carnet a été déniché dans une foire aux vieux papiers en Aveyron par un ami qui me l'a montré, et m'a permis de le photocopier.

Il est retranscrit à partir d’un carnet petit format de 1914. Son récit est très sec, sans états d’âme, presque désincarnés. »

 

***********

 

« Benjamin CANAC est né dans l’Aveyron à Montlaur, le 31 janvier 1891, il était boucher dans le civil.

Voir sa fiche matriculaire ici.

J'ai souligné les noms de villes citées. Les titres des paragraphes et des mots en bleu ont été rajoutés, pour la compréhension du texte. »

Didier

 

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Août 1914-Les Vosges

31 juillet

Départ de La Côte-Saint-André le 31/8 à 9 heures du soir pour se rendre à Grenoble. La mobilisation commençait à minuit le 1er août ; c’était un dimanche.

Nous sommes restés à Grenoble le 1-2-3-4 et nous sommes partis le 5 à 9 h du soir pour aller nous embarquer sur un endroit inconnu.

Nous avons quitté la gare de Grenoble à minuit.

On est passé par Chambéry-Aix-les-Bains-Dôle-Vesoul-Épinal et Bruyères.

On nous a débarqué à Bruyères, après 51 h de chemin de fer le 7/8.

En sortant de la gare l’on nous a menés dans la caserne du 158ème dite caserne Mangin pour nous faire reposer un peu.

Le 8/8

6 h réveil.

Départ à 7 h pour Lépanges à 4 kilomètres où l’on a cantonné le soir.

 

Le lendemain, 9/8, l’on a été à l’exercice 1 h on faisait une sale mine, c’était dimanche.

Le 10

Réveil à 4 h du matin.

Départ à 5 h direction Corcieux où l’on est arrivé à midi pour prendre les avant-postes.

On est tout de même sorti le soir jusqu’à 8 h ½-9 h. Alerte pour partir.

L’on est resté sur place de 9 h à 1 h du matin, on gelait !

11 août

Ensuite l’on nous a dirigé sur le bataillon qui marchait sur Fraise (le 11/8)

Une fois à Fraize il a fallu grimper sur la montagne, au col des Fourneaux pour renforcer le 75ème qui se battait déjà.

Comme l’on allait prendre position l’ennemi reculait. Ils nous font redescendre à 1 h de l’après-midi par une chaleur étouffante pour aller cantonner à Clefcy.

Les ¾ de la colonne est resté en route.

12 août

Le lendemain, 12 août, on avait rien à manger, alors voilà que l’on part à la chasse aux poules. L’on rentre dans un poulailler, on en prend deux chacun et l’on a bien dîné.

 

Voilà que vers 1 h de l’après midi l’on reçoit l’ordre de partir pour Wisembach.

Nous avons marché depuis 2 h jusqu’à 10 h du soir. Pas plus tôt arrivés l’on se couche.

 

Minuit alerte !

13 août

Et nous voilà parti pour le col de Sainte Marie

Après 2 h de montée, l’on s’arrête à 100 m du col on nous fait coucher sur le bord du talus jusqu’au jour.

 

Le jour arrive (14) l’on se lève et on se promenait d’un côté et d’autres.

 

Vers 9 h, on entend un coup de canon. C’était nos batteries de 75 qui attaquaient. Une demi-heure après l’on voit au dessus de nos têtes une fumée noirâtre, c’était les obus boches qui éclataient sur nos têtes.

L’on nous avait mis justement à l’endroit le plus dangereux. Ce n’était que des obus fusants et ils éclataient trop haut pour nous faire du mal.

Quelques éclats venaient tomber à nos pieds sans blesser personne.

J’avais une frousse terrible et je dis à mon copain :

"Notre heure est venue »

 

Et vous pouvez croire que je ne me faisais pas prier pour mettre le nez à terre et le sac sur la tête.

Au 2ème obus, un morceau vient tomber entre nous deux (CHION). (*)

 

Le feu dura ainsi jusqu’à 3 h, jusque vers midi.

 

De midi à 3 h, nous avons été tranquilles.

Ne voilà pas que vers 3 h ils recommencent jusque vers 5 h.

Cela a duré ainsi.

 

(*) : CHION Lucien Martial sera tué le 12 octobre 1914 dans la Somme. Sa fiche ici.

Le 15

Pour la même heure ils ont repris le feu. Mais c’était nos batteries qui répondaient.

A 9 h 05, un coup part sur notre tête.

Rien.

Pas de mal.

Un deuxième coup éclate à 8 m de nous.

Mon copain PETIT, de la 1912, un éclat lui partage la visière du képi, rentre au-dessus de l’œil gauche et ressort derrière l’oreille droite. Il était appuyé à un rocher. Quand on l’a relevé, il était mort.

Nous le regardons, la cervelle était collée au roc, mélangée de sang. (*)

 

Le même obus avait touché le sergent MILLET à une jambe et l’adjudant RAYNARD au milieu de la poitrine ; ils n’étaient que blessés.

Cette rafale a duré 2 heures. Quand cela eut fini, on se regardait tous pour voir s’il n’en manquait pas d’autres.

Le sergent DUTHEL, un éclat lui avait arraché un morceau de son galon, déchiré sa capote, de même que dans sa cartouchière, l’éclat lui avait fait éclater une balle et lui en avait englouties 4 autres.

Le soir, nous avons pris les avant-postes.

 

(*) : PETIT Jean Joseph, classe 1912, est déclaré «tué à l’ennemi » la veille le 14 août. Voir sa fiche.

16 août

Le lendemain à 8 h, ils ont recommencé le tir d’artillerie mais alors ils lançaient des 105, c’était des percutants. Sur le nombre il y en a un qui est tombé à 4 ou 5 m de la compagnie.

Heureusement que nous nous trouvions dans un bois de sapin à la gauche du col de Sainte Marie. Il a renversé le sous-lieutenant ROUBAUD et le caporal Grua DUNOYER. Ils ont reçu des éclats de branches sur les épaules mais point de mal et moi j’étais tout rempli de terre.

Je suis resté deux heures que je n’entendais rien d’une oreille, elle était bouchée de terre.

17 août

A midi, nous avons été relevés par le 7ème bataillon de chasseurs alpins de Draguignan.

Ils y sont restés environ 9 h et ils ont eu la nouvelle que Sainte-Marie (aux-Mines) était entre nos mains et qu’il fallait descendre de suite.

Quant à nous nous étions descendus à Wissembach pour nous reposer.

Nous avons reçu l’ordre de partir à 6 h du soir pour occuper Sainte-Marie auquel nous sommes arrivés à 10 h du soir sous la pluie tout le temps.

Nous avons cantonné dans l’usine d’apprêt.

 

De là, nous avons descendu le lendemain (17) soir à 6 h ½ pour Sainte-Croix pour occuper les avants postes.

Le 18

Au soir l’on nous fait quitter les avant-postes de sur la route pour aller occuper la crête de droite. On ne voyait rien ni aucun bruit.

On nous y a fait passer la nuit du 18 au 19.

 

Dans la journée nous avons été nous reposer derrière la crête de Sainte-Croix jusqu’à 5 h.

A 10 h du soir, alerte pour partir. On est reparti à 11 h du soir de Sainte-Croix pour remonter le col. Point de rassemblement Sainte-Marie (aux-Mines).

Ensuite descendus à Wisembach.

A 500 m du village, il y a eu une halte de 1 h pour faire le jus.

Le 20

Départ à 6 h pour Saales où nous sommes arrivés à midi.

3 h de repos, départ à 9 h pour aller en première ligne.

Nous avons cantonné à Saint-Blaise-la-Roche (Allemagne) et le lendemain matin départ à la première heure pour monter sur les hauteurs.

21 août

Arrivés à 8 h.

 

Environ ½ heure après, nous essuyons quelques coups de fusils dont nous avons riposté très énergiquement. Alors la fusillade s’est déclenchée et cela a duré jusqu’à 10 h.

Tranquilles ensuite jusqu’à 3 h.

 

A 3 h, assaut à la baïonnette, nous avons eu 4 blessés et 3 morts.

C’était le 21 août à Saulxures. Nous avons eu l’avantage, nous avons occupé la crête tout de suite.

 

A 5 h du soir, relevés par la 28ème division du général PAU. Nous sommes partis de suite pour aller occuper le col de Haute Loges et le Kiosque.

Arrivés à 3 h de la nuit.

Couchés dans les bois la nuit du 22 au 23.

Descendus le lendemain à 16 h pour Moyenmoutier.

Arrivés à 22 h.

Le 25

Montés à la scierie pour attaquer le col. Le capitaine a été tué. (*)

La première section perdue ou prisonnière. (**)

Après le combat, nous nous sommes rassemblés à la maison forestière. Couché aux alentours.

 

(*) : Capitaine VERNISY Jean Marie Marcel. Voir sa fiche ici.

(**) : 42 disparus sont déclarés dans le JMO du régiment.

Le 26

Restés dans le bois sous la pluie de même que le 27 et le 28 jusqu’à 8 h du matin.

L’ennemi nous a repoussé jusqu’à Saint Michel. (*)

On a été couché dans la maison forestière. Restés le jour dans le bois.

 

(*) : 180 disparus sont déclarés dans le JMO du régiment.

 

Le soir du 29, descendus à Sauceray pour y prendre les avant-postes.

 

Restés là le 30, 31 le 1er et le 2 septembre.

Septembre 1914-La Somme-La 1ère blessure

Le jour du 2, on s’est battu toute la journée.

A 4 h du soir, l’ordre est venu de se retirer en arrière du village parce que les mitrailleuses nous faisaient un mal terrible, surtout comme blessés.

A 8 h du soir, lutte à la lisière du bois pendant une heure. Nous avons battu en retraite jusqu’au col de la Croix-Idoux.

Couché la nuit du 2 au 3.

 

Le lendemain nous avons occupé la droite de la Croix-Idoux.

Le soir, reçu l’ordre de battre en retraite.

Descendu le col et couchés.

 

4 et 5 septembre étant de réserve.

 

La nuit du 6, nous sommes remontés au col sur la gauche.

Attaque à la pointe du jour jusque 10 h nous avons repoussé l’ennemi. On a occupé le col.

 

A 3 h du soir, attaqués par l’ennemi, soutenu le feu pendant 1 h ½, le capitaine tué (*) ; l’ordre est venu du sauve-qui-peut.

Nous avons battu en retraite jusqu’à Rouges-Eaux. (**)

 

(*) : Capitaine GIRAUD Ferdinand Joseph Jules. Voir sa fiche.

(**) : Le JMO précise que le régiment a eu 11 tues, 82 blessés et 91 disparus.

 

Remontés le soir du 6 au col.

Couchés en réserve du 2ème bataillon.

 

Le lendemain 7, relevés à 8 h du matin par le 52ème. On est descendu à Rouges-Eaux comme réserve de division.

Restés là 4 jours jusqu’au 11.

 

11 août

Le 11 au soir, les allemands ont évacué toute la ligne.

 

Le 12 au matin, je me fais porter malade parce que j’avais reçu un éclat d’obus sur le pied droit et l’on m’évacue sur Bruyères parce que le régiment allait au village de Moriviller où j’ai rejoint le bataillon le 18 au soir.

 

Le 19, nous avons été embarqué à Thaon à huit heures du matin.

 

Voyagé jusqu’au 21 débarqué à Corbeil le soir à 10 h.

Couché la nuit, parti le lendemain 22 à 7 h du matin. Marché sans sac pour aller à Lieuvillers où on a couché.

 

Repartis le lendemain, marché encore sans sac.

Halte à midi au village de ……

 

Repartis le soir à 10 h pour Rosières à 6 km.

Couchés sur la route jusqu’au matin. 7 h rentré au cantonnement à 8 h.

10 h alerte. On part pour Lihons. (Somme)

A 2 h, on était en ligne.

 

Restés le soir du 23, le 24 et 25.

J’ai été blessé le soir à 9 h le jour du 26 par un shrapnell au-dessus de l’œil gauche.

 

J’ai couché à Lihons et je suis parti le 27 au matin pour Rosières à 8 h.

 

J’ai pris l’auto à 5 h du soir pour aller prendre le train à Holgricourt ( ?)  Pierrepont.

Nous sommes descendus à Montdidier pour nous ravitailler, il était 6 h du soir.

Départ à 11 h de Montdidier pour Dreux (Eure-et-Loir).

 

Arrivés le lundi matin à Paris.

Nous avons tourné tout le jour pour arriver à Versailles le soir à 5 h.

Repartis pour Chartres.

 

Arrivés à 10 h du soir le lundi.

L’on nous a fait coucher dans les wagons.

 

Le mardi matin à 6 h, départ pour Dreux où nous sommes arrivés à 8 h du matin le 29.

C’était un hôpital complémentaire.

J’ai été pansé à 9 h et l’on m’a extrait la balle.

 

Je suis resté le 30, le 1er, le 2 et le 3, encore assez fatigué.

Ensuite quand j’ai été mieux, l’on m’a envoyé chez Mme GREGOIRE en pension jusqu’au 10 au soir.

Octobre 1914-Retour au front. La Somme-La seconde blessure

Je suis sorti de l’hôpital le 11 d’où je suis descendu à Grenoble.

J’ai passé par Paris où je me suis arrêté de 6 h à minuit.

Ensuite descendu en gare de Lyon pour prendre le train de 0 h 05 minutes.

 

Je suis arrivé à Grenoble le 13 à 3 h du soir.

Le lendemain matin à la visite l’on m’a mis exempt de service.

 

J’ai repris mon service le 18 jusqu’au 20.

Je suis reparti au convoi du 20 pour aller rejoindre le 140ème à Rosières (-en-Santerre) où je l’avais quitté.

 

Nous y sommes arrivés le 23 au soir ; à 7 h l’on nous met dans les compagnies et nous restons là jusqu’au 30 à 2 h du matin. Départ pour aller attaquer au Quesnoy-en-Santerre en avant du Bouchoir.

Sorti des tranchées à 9 h du matin ; l’attaque a échoué.

Nous sommes restés jusqu’au soir dans les betteraves.

 

La nuit du 30 au 31, nous nous sommes retranchés et le lendemain à 5 h nous sommes rentrés au Quesnoy. Au même instant je suis blessé par un shrapnell dans l’épaule gauche et soulevé par un obus dedans ma tranchée. J’attends une ½ heure et je recule d’environ 400 m.

Le sergent LASSEIGNE me fait le pansement et je lui fais le sien ensuite.

Puis nous partons par le boyau jusqu’au Bouchoir.

En arrivant au poste de secours nous descendons à la cave. Un quart d’heure après un obus traverse les deux murs de la maison et va éclater devant la partie de la cave où nous étions.

A huit heures du soir, l’on nous envoie sur le village du Quesnel où on couche à la Mairie.

 

Le 30 octobre, le matin à huit heures on nous fait prendre les autos pour Moreuil.

C’était le 31.

Le soir à 4 h on prend le train pour Creil. En arrivant on nous donne à manger, ensuite on nous embarque pour Nantes.

On est parti de Creil à 1 h du matin. C’était le 1er novembre.

 

Voyagé le dimanche, jour de la Toussaint.

Novembre-décembre 1914-Hôpital de Saint-Nazaire puis La Baule

Le lundi 2, arrivés à Saint-Nazaire à 8 heures du matin. L’on nous envoie à l’hôpital temporaire numéro 2

Le soir à 3 h l’on m’extrait la shrapnell.

 

Le mardi jeudi et dimanche l’on a la visite des dames charitables. Elles nous apportent à fumer, du chocolat, des bonbons … enfin tout ce que l’on veut. La femme du général commandant la place de Saint-Nazaire et celle du commandant.

A toutes les personnes qui venaient nous voir, il fallait que je lui fasse voir mes deux trous de balles ainsi que les projectiles.

Une personne voulait m’en acheter une 20 francs, j’ai refusé et c’est mon copain COUP qui lui a donné la sienne.

 

Je suis resté dans cet hôpital jusqu’au 11 novembre.

De là l’on m’a envoyé à La Baule-sur-Mer à 15 km de Saint-Nazaire.

Là nous étions beaucoup mieux. C’était un casino transformé en hôpital/ambulance.

Il était tenu par les dames de La Baule.

 

De temps en temps, le dimanche, on était invité à dîner en ville surtout chez des réfugiés des Vosges et comme nous avions fait campagne dans ces parages ils aimaient bien à nous faire parler.

 

J’y suis resté jusqu’au 29 décembre.

Je suis sorti le 29 au matin pour rentrer au dépôt à Grenoble mais une fois à Saint-Nazaire on nous a donné une permission de 7 jours datée du 31/12 au 7 janvier 1915.

Je suis parti de Saint Nazaire à 9 h du soir.

 

Le 29, arrivé à Nantes à minuit reparti à minuit 5 minutes après pour Narbonne. J’ai pris le rapide de Bordeaux où je suis arrivé à 6 h 55 du matin.

A 7 h, reparti pour Narbonne.

Janvier 1915-Permission-Camp de Pierrelatte

Arrivé à 3 h du soir le 31. J’y suis resté 4 jours chez mon oncle.

De là, je suis allé voir mon père au Poujol.

Arrivé à 7 h du matin, j’y suis resté jusqu’au soir 5 h.

 

Le lendemain à 9 h j’ai pris le train pour Montpellier.

Arrivé à 12 h ; dîné avec la cousine. Ensuite Henri est venu vers une heure, nous avons passé la soirée ensemble.

 

Le lendemain 7 janvier à 11 h du soir, j’ai pris le train pour rentrer à Grenoble où je suis arrivé à 8 h du matin.

 

Le 8, j’ai été dire bonjour à madame CHAMPAGNIER et ensuite je suis rentré au poste à 2 h de l’après-midi. L’on m’a affecté à la section hors rang.

 

J’ai passé la visite le 9 au soir : bon pour le camp de Pierrelatte.

Descendu à Pierrelatte le 11 janvier. En arrivant on m’affecte à la 25ème compagnie. Nous étions une dizaine de copains. Nous sommes restés huit jours ; personne ne nous connaissait à la compagnie.

Ensuite, nous passons à la trentième.

 

Le 18 au soir où je suis resté jusqu’au 7 février.

Nous sommes partis de Pierrelatte le 7 à six heures le soir pour Grenoble.

Nous y sommes arrivés à minuit. On nous a affecté à la 26ème le lendemain à 10 h du matin.

Le soir, on nous a équipé prêts à partir et nous avons attendu jusqu’au 12.

 

Le 13, départ à 5 h pour Briançon.

Février-avril-Retour au front-Artois

Arrivés le soir à 7 h. L’on nous fait coucher à la caserne Berwick.

 

Le lendemain 14, revue de départ et le 16 au matin nous sommes repartis pour le front à Arras.

 

La suite du carnet ne « colle » pas à l’historique du 140e RI, qui lui, se trouvait en Artois mais vers Hébuterne (30 km plus au sud)

Sa fiche matriculaire nous révèle qu’il est passé au 159e régiment d’infanterie le 14 février 1915, Mais lui ne l’indique pas dans ces écrits.

 

Le régiment était à Saint-Eloi (Mont-Saint-Eloi). Nous avons passé par Veynes, Livron, Valence, Lyon. Nous avons débarqué à Savy-Berlette.

Marché à pied jusqu’à Frévin-Capelle où nous avons couché.

 

Le lendemain 20 février à 10 h du matin, fait le jus et repartir à 13 h pour Écoivres, rentré à la compagnie le 21 à 4 h du soir et de suite l’on nous a emmené en première ligne à Berthonval.

 

Nous y sommes resté deux jours, jusqu’au lundi soir 23.

Relevés et descendus à Acq pour 4 jours de repos jusqu’au vendredi 27.

 

Repris les tranchées 2 jours jusqu’au 1 mars au soir.

Nous avions de la boue jusqu’aux genoux et de l’eau jusqu’aux fesses ; nous avons eu la pluie tout le temps. Nous avons été 4 jours à Acq et de là à Frévin-Capelle pour 4 jours encore les 7, 8, 9, 10.

 

Repris les tranchées le 10 à 2 h de l’après-midi.

Nous y avons passé deux jours bien tranquilles.

 

Redescendus le 12 au soir, cantonnés à Acq pour 4 jours.

 

Le lendemain, je vais avec le capitaine acheter des veaux. C’est moi qui faisais le boucher.

 

Repris les tranchées le 16 au soir jusqu’au 18.

Relevés pour aller cantonner à Ecoivres 4 jours encore. Exercice tous les jours.

 

Remontés aux tranchées le 22 il a tombé de l’eau les deux jours.

Quand nous avons été relevés le 24 nous ne pouvions plus sortir de dans la boue et pour comble de bonheur l’on nous envoie coucher à Haut-Avesne (Hautes-Avesnes). L’on nous a mis dans le cantonnement ; il pleuvait autant que dehors.

 

Repris les tranchées le 28 à 1 h de l’après-midi jusqu’au 30 au soir.

Il a fait un temps superbe.

 

Le lendemain, au repos, nous avons pris une bonne biture à l’occasion de ma fête, c’était à Ecoivres au café du moulin de Chessy.

Ensuite nous sommes remontés aux tranchées le 4 au soir.

Beau temps les deux jours.

En redescendant le 5 on a été bombardés. Nous avons cantonné à Acq.

 

Le capitaine, le lendemain achète un veau. J’ai eu l’occasion de couper à l’exercice les quatre jours. L’avant-veille de remonter aux tranchées j’ai pris une bonne cuite avec FAVAT et JOURDAN et cela nous a rien coûté.

J’allais chercher à boire chez la veuve COMPAGNON et nous y buvions chez la vieille au trois mômes.

 

Le lendemain, nous allons relever le 9 au soir vers 4 h.

La pluie tombait gros comme le bras. Dans les boyaux nous avions de l’eau jusqu’à la ceinture. Nous y sommes restés deux jours jusqu’au 11. Le quatrième bataillon qui venait du repos nous a remplacé.

 

Nous cantonnons à Acq pour 2 jours, le 12 et le 13 puis nous remontons prendre les abris le soir du 13. Il fait un temps superbe, nous y restons le 14 et le 15 en réserve.

 

Le 16 et 17, nous reprenons les tranchées. Il a fait un temps magnifique. Le jour on se couche au soleil et la nuit on élargi les boyaux. En deux jours nous avons dormi 2 h ½.

La relève est arrivée à 4 h du soir le 19. On va de nouveau cantonner à Acq.

 

Au bout des 2 jours l’on nous fait remonter. On croyait d’aller en réserve. En passant à Ecoivres l’on nous apprend que nous allions à Saint-Eloi pour deux jours.

C’était un bon endroit pour le tir de l’artillerie allemande.

 

Le 31 au soir avant de remonter aux tranchées le capitaine SENECHAL nous rassemble et nous dit que après ces deux jours de tranchées l’on nous enverrai au repos en arrière.

En effet le 23 au soir la relève est venue à 3 h de l’après midi au lieu de 5 h. Nous avons couché à Acq dans les baraquements.

 

Le 24, nous n’avons rien fait.

 

Le 25 à midi, rassemblement pour aller au repos. Itinéraire : Frévin-CapelleAsnièresAubignySavy-Berlette et nous voilà arrivés à Magnicourt-en-Comte.

Nous y avons resté le 26, 27, 28, 29 30 avril, le 1, 2, 3 et le 4 à 6 h du soir nous sommes repartis pour Saint-Eloi.

Mai 1915-Artois-l’attaque du 9 mai-3ème et 4ème blessure

Pendant nos séjours à Magnicourt, le capitaine nous emmenait à la chasse tous les jours.

Un jour avec la 2ème compagnie nous avons tué 16 lièvres ou lapins (9 lièvres et 7 lapins).

Le soir après la soupe, nous étions 5 ou 6 copains ; nous allions faire des bons petits gueuletons dans un bois. Nous invitions souvent à souper avec nous un manche de poêle, un aéroplane ou un sous-marin. Quand ce n’était pas deux ou trois. J’étais avec HEUZÉ, BERTHON, ROGNON, VALENTIN et STYLO.

Comme cuisinier c’était BERTHON, caviste ROGNON, VALENTIN épicier, chien de chasse HEUZÉ, STYLO et ma pomme.

Notre restaurant c’était Beauséjour, tant regretté au départ.

Nous sommes passés par Cambligneul, Camblain-L’Abbé. Nous sommes arrivés à Saint-Eloi à minuit et demi.

 

Le lendemain, le 6, nous n’avons rien fait.

BERTHON avait reçu un colis nous lui avons cassé les reins dans le pré à droite de la tour. Les boches marmitaient sur les tours. (*)

Un éclat d’obus est venu tomber à côté ; on ne s’est pas dérangé pour ça. Nous avons bu le vin vieux toute la soirée et nous étions gaz et nous avions toujours soif.

Alors qu’est-ce que nous faisons ?

Moi je prends une capote à mon sergent et mes copains un fusil et nous voilà partis en tournée faire des rondes dans les bistros (à suivre ) en remontant elle nous encore donné deux litres sans payer.

On les a sifflé dans le pré et ensuite nous sommes allés nous coucher.

 

(*) : Ce sont les tours de l’abbaye du Mont-Sant-Éloi

 

Le lendemain nous reprenons les tranchées. C’était le 6 au soir.

En arrivant je vais prendre le poste d’écoute 1 h.

En revenant je m’assieds pour manger un morceau de pain. Pas plus tôt assis, je reçois un éclat d’obus de 105 du côté droit de la tête.

Je suis resté environ ½ heure et ensuite je m’en vais sur Saint-Éloi.

On me fait un pansement et on me dit de me reposer un jour.

 

Le lendemain matin, le major me coupe les cheveux, me met de la teinture d’iode et me renvoie dans les tranchées.

Le soir, on nous relève à 2 h pour aller en repos la nuit car le lendemain c’était l’attaque.

Nous avons encore pris une bonne cuite.

 

Réveil à 1 h du matin le 9. Départ pour les tranchées. Arrivés à la pointe du jour, l’on nous a mis dans les tranchées de première ligne.

A 5 h, l’artillerie française a commencé à donner pour dix heures juste.

A 9 h ½, l’artillerie s’est arrêtée environ 5 minutes et a repris ensuite jusqu’à 10 h moins 1 minute.

A 10 h, exact, tout le monde est sorti des tranchées. Nous arrivons dans leurs tranchées : pas un n’est sorti de son trou.

Nous étions 5 comme nettoyeurs. Il y avait BOULANGER, DOREL, GIRAUD, PERRIN et moi. J’étais resté avec GIRAUD dans la première tranchée.

Tout à coup il disparait ; je n’ai plus su où il était passé ; enfin je continue mon boulot tout seul (à suivre).

 

Environ une heure ½ après je reçois une balle dans l’avant-bras droit.

Je cherchais à m’en aller mais en arrivant dans la première ligne des boches le capitaine DE BIZMON m’arrête et me fait rester encore une heure pour garder une sape où il y avait encore des Allemands. C’était des officiers et ils ne voulaient pas se rendre.

Enfin je finis par m’en aller au poste de secours du bois de Berthonval où l’on me fait un pansement. Avec moi j’avais emmené un prisonnier boche père de 5 enfants.

 

Ensuite je pars vers Saint-Éloi où j’arrive environ une heure ½ après.

Le deuxième poste de secours était derrière le bois de Saint-Éloi sur la gauche où étaient les pièces ainsi que les ambulances qui transportaient les plus blessés jusqu’à Cambligneul et je suis parti avec mais comme je n’étais blessé qu’au bras, je suivais à pied.

Nous y avons couché le soir.

 

Le lendemain 10 à 6 h du matin l’on prend l’auto pour nous amener à Aubigny où nous restons du matin 6 h ½ jusqu’au soir 9h sur les trottoirs de la gare.

Nous étions plus de 3000 à attendre le train sans compter tous ceux qui étaient sur les brancards.

Nous commencions à avoir la dent depuis le samedi soir que nous n’avions rien mangé.

L’on nous embarque à 9 h du soir le 10 mai.

 

Le 11, au matin nous n’étions pas arrivés encore à St Pol et c’était environ à 40 km. On a commencé à nous ravitailler à Abbeville. C’était midi.

Ensuite nous filons sur Amiens où nous arrivons à 5 h du soir. Nous soupons assez bien et l’on nous expédie ensuite sur Aubervilliers où nous arrivons à 6 h du matin le 12.

 

L’on fait descendre tout le monde. Les majors nous passent une visite pour en retirer les éclopés.

Le soir, on reprend le train pour une direction inconnue. Nous voyageons toute la nuit et le lendemain matin l’on était au jour à Tours.

Nous attendons environ 1 h et l’on repart sur Orléans-Blois. Là nous changeons de train pour la direction de Vierzon et nous débarquons à Romorantin où l’on se croyait arrivés.

Mais pas du tout ! Une fois en gare, les majors nous comptent ; on était 350 et il n’en fallait que 200. Enfin ils nous envoient à la caserne du 113ème d’infanterie.

L’on nous fait bien ciner (?) , ensuite pansements.

A 5 h la soupe. Nous avons très bien soupé.

A 6 h ½ nous repartons pour Montrichard. De là à Pont-Leroy.

C’était le 14 mai à 1 h du matin. Enfin nous arrivons à l’hôpital à 2 h.

Juin-août 1915-Hôpital de Pont-Leroy

J’y suis resté jusqu’au 9 juin.

L’on nous a laissé sortir deux fois et c’est sans regrets que j’en suis sorti.

 

Départ pour Romorantin le 10 au matin. Passé par MontrichardBouvréSaint Olignan-sur-Cher.

Changé de train à Chierres. Repartis à 11 h ¾.

Arrivés à Romorantin à 1 h, donné les noms et ensuite on a été dîné.

 

Le lendemain, le 11, on a passé la visite pour aller en permission et nous avons attendu jusqu’au dimanche.

Nous avons été au théâtre et le soir au quartier général.

 

Enfin le lundi, on nous prévient de nous tenir prêts à partir vers 2 h de l’après-midi. Nous avons pris le train à 2 h pour Saint-Affrique. J’ai passé par VierzonMontluçonTournemineSte Affrique.

 

Je suis arrivé le 15 à minuit à la maison.

J’y suis resté 5 jours.

 

Je suis parti le lundi 20 pour Narbonne ; j’y reste un jour et demi.

 

De là, je repars pour Montpellier de midi à 10 h du soir.

En montant je me suis arrêté à Pierrelatte chez ma petite Rose toute la journée du 24.

Je repars à 1 h pour La Côte Saint André où je suis resté jusqu’à 6 h du soir.

J’ai couché chez Joseph BLANCHARD et je ne me suis pas ennuyé. En arrivant, j’ai pris ma caisse individuelle que j’avais au 140.

 

Le lendemain je prends le tacot pour Grenoble à 5 h ½ du matin. J’arrive à 9 h.

Je vais chez mon ami CHAMPAGNOL lui faire payer à dîner et chercher les effets que j’y avais laissé avant la guerre et je reprends le train pour Briançon à 6 h.

J’arrive à minuit à Gap. Je vais coucher à l’hôtel.

 

Le lendemain 26, je reprends le train pour Briançon à 6 h du matin et j’arrive enfin à 10 h ½.

L’on me cueille à la gare et l’on m’emmène à Berwick avec deux jours de retard et je n’ai rien eu.

Je reste huit jours à la 27ème compagnie et l’on me renvoie à la 25ème pour m’entraîner et j’y suis resté jusqu’au 24 juillet.

 

Je passe la visite des mobilisables le samedi 25 et j’ai passé à la 28 le dimanche 26 juillet jusqu’au 11 août.

Parti pour le 359e à 6 h du matin.

5 h d’arrêt à Gap.

Repartis à 2 h arrivés à Livron à 9 h ½. 2 h d’arrêt.

Repartis pour Lyon à 11 h du soir.

 

Arrivés en gare de Perrache à 2 h ½. Je suis sorti en ville pour voir mon patron Gagneur.

Nous sommes repartis pour Dijon où nous sommes arrivés à 4 h ½ de l’après-midi. Nous avons été cantonnés en ville au théâtre sur la place Darcy.

 

Rassemblement à 2 h pour repartir sur Gray où nous sommes arrivés à 7 h.

Arrêt jusqu’à 11 h.

De là nous repartons sur Anoult, gare de débarquement ; station avant d’arriver à Fraise.

C’était le 14 août à 11 h du s….

 

 

 

Le carnet s’interrompt brutalement à cet instant

 

Il finira la guerre au 159e RI avec le grade de caporal.

 

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