Mise à jour : octobre
2022
Eugène CASIER
est né à Tatinghem (62), né en octobre 1889. Il a donc 24 ans et intègre
logiquement le 33ème régiment d’infanterie à la 7ème compagnie
(comme indiqué sur sa fiche matriculaire). Son carnet format brut est publié ici.
J'ai quitté le foyer paternel
le 3 août à 4h30 du matin avec un peu de tristesse mais aussi avec bonne
espérance et je me suis dirigé vers la gare de Saint-Omer où je devais
embarquer à 6h du matin mon frère est venu m’accompagner jusqu’à la gare et
j’attends jusque la dernière minute pour lui faire mes adieux.
Je monte dans le wagon avec mes
camarades qui m’accompagnent jusqu’à Hazebrouck où je dois changer de
direction. Je leur sers une dernière fois poignée de main et le train repart
alors je restais avec mon camarade (Louis) BIZEUR et comme il a une heure d’arrêt
environ nous nous décidons d’aller faire un tour dans la ville et en même temps
profiter de casser la croûte.
L’heure étant écoulée, nous
montons dans le wagon et nous arrivons à Arras vers midi où on se dirige dans
un café pour dîner où nous avons fait très peu de frais parce que le patron n’a
rien voulu accepter et il nous a même remis chacun une bouteille de vin avec
une livre de fromage et une livre de beurre et après avoir fait nous
remerciements nous nous rendons au quartier.
Mais, à mon grand regret, nous
devons nous séparer, mon bataillon occupant un nouveau casernement situé un peu
plus loin. Il était alors 5h du soir où nous en donner des effets et
équipements et on s’est mis en tenue une fois prêt, j’ai serré la main aux
camarades et on a été prendre quelque chose ensemble et on rentre vers 9h pour
nous coucher nous avons logé dans le magasin de Monsieur Jacques et Robillard
nous avons dormi sur la paille.
(*) : Louis Joseph BIZEUR, lui aussi de Tatinghem, sera tué le
15 décembre 1914 dans l’Aisne à la Fère-en-Tardenois. Voir
sa fiche.
On touche les fusils les cartouches et les
vivres et on monte les sacs. Ceux-ci terminés, le capitaine passe une revue
très minutieuse pour s’assurer que tout le monde avait son nécessaire.
Nous avons le réveil à 2h du
matin long boit le café et on rassemble le bataillon. Le colonel arrive et nous
fait un petit discours pour nous donner du courage et se termine par le cri de
« Vive la France » répéter
partout le bataillon et nous partons pour la gare d’Arras, musique en tête, où
la foule se pressait pour faire les derniers adieux à leur soldat.
Il est 6h l’ordre est donné de
monter dans les wagons et le train part pour la destination d'Hirson. (*)
Nous descendons des voitures à
3h et nous allons dans la direction de Saint-Michel où nous devons cantonner.
La pluie est tombée en
abondance et nous arriva moi cantonnement tout mouillé mais nous avons été très
bien reçu le patron de la maison nous fait un bon feu et on sèche nos effets.
Nous faisons notre cuisine et nous allons nous coucher dans un grenier.
(*) : Le régiment embarque d’Arras vers Hirson dans 3
trains : départs 5h49 – 6h09 – 8h09 – Arrivées 11h51 – 12h11 – 14h21
Nous avons le réveil à 5h on
boit notre café et nous nous mettons en marche et nous faisons 35 km et nous
arrivons à Bourg-Fidèle. Le capitaine nous dit que c’est là que nous devons
cantonner alors ma section devait loger dans une fonderie où il n’y avait ni
paille ni carreaux aux fenêtres.
En voyant cela nous avons
cherché un autre cantonnement, nous avons logé dans le grenier d’une maison
voisine qui était un peu plus favorable.
Nous avons alerte à 3h et nous
partons vers la Belgique en passant près de Givet.
Nous faisons une grande halte à
la lisière du village de Treignes et peine installé à
la grande halte nous avons pu remarquer la bonté des Belges :
Il nous est arrivé une tonne de
bière par compagnie et en passant dans le village on avait tout ce qu’on
voulait en attendant crier de tout côté « Vive la France » et nous répondions par le cri de « Vive la Belgique ».
En arrivant au cantonnement
comme j’étais souffrant du rhume que j’avais contracté la première nuit que
j’avais couché à Arras je ne pouvais pas dormir tellement je toussais et j’en
empêchais ainsi mes camarades alors je vais voir le major.
Il m’exempte de sac une journée
et c’est tout ce que j’ai eu comme remède et ne plus me présenter le lendemain.
Nous quittons le village de Treignes à 4h du matin par un temps pluvieux pour se
diriger vers Les Fourgs. Mais arrivés au village
avant Les Fourgs nous faisons la halte et pendant ce
temps le capitaine nous fait son discours et dit que nous avons comme mission
de résister à toute attaque.
Ceci terminé, nous
approvisionnons l’arme et nous nous mettons en marche et nous allons prendre
nos positions à la défense d’un pont de chemin de fer qui traversait la Meuse à
Les Fours.
Nous sommes restés là pendant 2
jours et nous n’avons même pas perçu l’ennemi et le 91 du dépôt est venu nous
remplacer et nous nous mettons en marche et après avoir tiré 38 km nous
arrivons à Rocroi où nous passons la nuit. (*)
(*) : Le JMO dit « Pendant
les journées du 7 et 8 août, le 33ème régiment d’infanterie a
accompli avec des réservistes non entrainés, portant pour la plupart des
souliers neufs, en 26 heures, selon les détachements, entre 56 et 70 km, sans
laisser un seul trainard »
Nous quittons la ville pour
nous rendre à Fumay où nous restons pendant 3 jours après avoir assuré le
service. (*)
(*) : Seul le 2ème bataillon cantonne à Fumay.
Nous partons de Fumay vers 2h
du matin pour nous rendre à Authée donc on arrive
vers 2h de l’après-midi.
Aussitôt sur les lieux nous
faisons notre toilette et nous allons toucher les vivres espérant de manger une
bonne soupe. Nous étions installés le long de la route à faire notre popote
quand on vient tout à coup une patrouille de hulan qui s’avançait vers nous.
On renverse aussitôt les
marmites et on met sac au dos et nous nous dirigeons vers Dinan.
Nous avons passé la nuit au
bivouac vers 2h du matin ma section est chargé d’aller reconnaître un pont de
chemin de fer sur la Meuse mais les Allemands n’étaient pas encore arrivés là
et n’apercevons rien nous avons rejoint notre compagnie après avoir gravi une
colline très fatigante.
Nous attendons donc la pointe
du jour pour commencer la fusillade et c’est vers 5h du matin après avoir passé
un nouveau le pont nous arrivons à nous abriter derrière le mur qui entourait
le château. (*)
Mais à ce moment l'artillerie
allemande qui a nous avait aperçu ou qui doutait de nous a bombardé le château,
alors nous avons quitté le château.
Ne pouvant répondre à leur feu
nous sommes revenus à notre emplacement primitif qui n'a été guère plus
favorable parce que l'ennemi nous a repéré et commencer à nouveau à nous bombarder
dont un scrapelle vient m'atteindre au pied et ne me
blesse que très légèrement et il n’a pas été de la même chose de mon camarade
qui était près de moi il a eu la jambe cassée.
Alors ne pouvant rien faire à
l’emplacement où nous étions nous battons en retraite après avoir laissé 600
hommes hors de combat tant que mort et blessé ainsi que notre commandant (**) qui a été
gravement blessé et le capitaine Vautrain
(***) a le
commandement de notre bataillon qui après avoir été hors de danger nous fait
faire une grande halte qui nous a bien réconforté et pendant ce temps le 15e et
27e d’artillerie ainsi que les régiments du premier corps d’armée vont nous
remplacer et de ce fait les Allemands ont reculé de 10 à 12 km.
Après avoir cassé la croûte on
se dirige vers les cantonnements et chemins faisant la pluie à tomber en
abondance et nous arrivons vers 11h du soir à Serville
tout mouillés où on forme les faisceaux et on attend que le 6e chasseur soit
parti pour nous pouvoir occuper les cantonnements qui n’étaient pas fort
convenables.
Il est alors minuit et on se
dirige vers les logements de section, couche dans le bois et deux autres dans
le grenier de l’école.
(*) : Très certainement le château d’Harden que la 6ème
compagnie avait reçu l’ordre d’occuper.
(**) : Commandant MOMENTEAU
(***) : Le capitaine VAUTRAIN commande la 4ème
compagnie (2ème bataillon). C’est durant une contre-attaque pour
reprendre un pont sur la Meuse que le lieutenant DE GAULLE, de la 11ème
compagnie, est blessé (JMO).
Les combats du 15 août coutent au 33ème régiment
d’infanterie : 13 officiers et 572 hommes tués, blessés et prisonniers. Le
JMO dit : « Malgré ces pertes,
le moral du régiment est excellent, les hommes fortifiés par cette première
épreuve… »
Nous partons le 16 pour aller à
un village voisin où nous avons eu un cantonnement plus grand et nous y restons
deux jours.
Nous avons le réveil à 3h et
nous nous dirigeons vers Weillen où nous restons
pendant 4 jours à faire l’exercice et le soir on couchait sous les hangars.
Nous avons alerte à minuit et
aussitôt on part pour Saint-Gérard où on arrive vers 11h du matin et on
aperçoit les Allemands dans des tranchées faites à la lisière du bois et nous
nous arrivons à prendre un emplacement derrière la voie ferrée malgré la pluie
de balle et demi qui nous arrivait.
C’est alors qu’on nous a
commandé feu à volonté et nous tirons ainsi une dizaine de paquets de
cartouches à un certain moment le feu n’étant plus tout à fait si ardent notre
capitaine et lieutenant en tête silence avec les trois sections pour charger à
la baïonnette mais malheureusement la fusillade a repris sa vitesse primitive
et j’ai pu apercevoir que notre capitaine était blessé ainsi que notre
lieutenant qui a expiré quelques heures après (*)
et 60 de mes camarades morts
ou blessés sont restés sur le champ.
Ma section faisant partie de
l’aile droite n’avait pas quitté ses positions par rapport que l’ennemi
s’avançait pour nous prendre de flan. Alors nous avons exécuté un feu très puissant
mais n'étant qu'une section nous n'avons pu résister longtemps à la masse de
soldats allemands alors on nous a commandé de battre en retraite et il était à
ce moment 3h de l'après-midi.
On marche donc dans la
direction qu'on était venu pensant de rejoindre notre régiment mais ne nous
l'avons pas revu ce jour et nous avons suivi le train de combat du génie et on
est arrivé à Anée vers 11h du soir.
Nous avons cherché un
cantonnement pour nous reposer nous avons logé dans une écurie avec des civils qui
avait quitté leur maison pays étant occupé.
(*) : Il s’agit du sous-lieutenant Adrien Marcel SAINT OUEN, 26
ans, qui avait été déclaré primitivement « disparu » et puis mort
pour la France le 23 août 1914 à Saint-Gérard (Belgique).
Pour le capitaine, il s’agit du capitaine BAGGIO. Cette journée
du 23 août a causé la perte de 7 tués, 56 blessés et 83 disparus.
Nous nous levons à 4h du matin
et nous suivons le 41ème régiment d’artillerie qui passait en ce moment en face
de notre cantonnement et chemin faisant j’ai rencontré Alfred LHOMMEL monté sur
un fourgon mais on n’a pas pu causer longtemps.
Nous avons retrouvé notre
régiment près de Romer..(?) vers 5h du soir
où nous avons installé notre cantonnement le 27 août
Nous avons alerte à minuit on
met aussitôt sac au dos et on se dirige vers la droite de Givet.
Nous allons prendre position
sur une colline pour attendre l’infanterie ennemi mais au lieu d'y voir
l'infanterie c'est l'artillerie allemande qui nous avait repéré et s'est mise à
nos bombarder mais il y a eu très peu de blessés ce jour et nous battons en
retraite mais nous rassemblons dans le village qui se trouvait en bas de la
colline et nous partons dans la direction de Rocroi et nous arrivons vers 9h du
soir pour cantonner dans un petit village tout proche.
Notre escouade est désigné pour
prendre la garde nous avons poste pendant mes 2 heures de faction je vois deux
ombres qui s’avançaient je les arrête c’était un soldat du 127e qui
revenait avec un de ses camarades blessés et 1h plus tard c’était une
patrouille allemande donc j’ai pu remarquer que c’était des hulans et j’appelle
mon camarade qui était placé un peu plus loin et nous commençons un feu à
répétition et pendant ce temps la section qui se reposait est venu à notre
secours et les hulans ont pris la fuite à travers bois tellement les balles
leur sifflaient aux oreilles malgré l’obscurité.
Nous continuons notre retraite et
nous allons loger dans un village près d’Aubenton.
Nous cantonnons au
Val-Saint-Pierre et nous marchons toute la journée dans la direction de Marle
où nous arrivons vers 5h du soir nous faisons le café que nous avons à peine le
temps de boire nous touchons des cartouches et nous continuons notre marche
jusqu’à ce que nous arrivons dans un village où il y avait plusieurs maisons en
feu vers 8h du soir. Aussitôt nous visitons toutes les maisons pour voir s’il
n’y avait plus d’Allemands. Nous avons trouvé un sous-officier qui était resté
dans une grange et qui avait été blessé.
Nous avons installé des
barrages sur les routes et après avoir terminé ses travaux nous nous mettons
sac à terre et nous attendons la pointe du jour.
Vers 4h du matin on se met en
marche point à la lisière du village nous voyons encore des blessés et des
morts du combat qu'avait eu lieu la veille c'était un terrible spectacle de
voir c'est malheureux français, des fusils des sacs se trouvait éparpillées de
tous les côtés, et des cris de douleur et de souffrance sortait de leur
poitrine.
Pendant que les infirmiers
s’occupaient de ces hommes nous continuons notre route.
On fait environ 3 km nous
arrivons à occuper une crête mais malheureusement nous était guère profitable.
Les mitrailleuses allemandes se sont mises en batterie et étant retranché on
pouvait à peine les voir mais nous ne perdions pas courage et on répondait au
feu et demi mais nous trouvons sur un terrain découvert nous avons eu beaucoup
de pertes à tout instant on entend des cris et se plaindre des blessures
occasionnées par les balles ennemis.
À côté de moi il y avait le
camarade (Georges)
FARDOUX de Malbourg (?) qui reçut une balle en plein cœur et à ma
gauche le camarade (Alfred)
DUQUESNE qui a reçu une balle en pleine tête. (*)
Pour ma part je n’avais eu que
deux balles qui me traversèrent le sac.
(*) : Soldat Georges Amédée FARDOUX, 23 ans, mort pour la France
le 30 août 1914 à Le Sourd (02). Voir
sa fiche.
Caporal Alfred Émile Gerya DUQUESNE, 19 ans, mort pour la France
le 30 août 1914 à Sains-Richaumont (02). Voir
sa fiche.
Ils ont pourtant été tués au même endroit à la même date. Le JMO
fait état de 27 tués, 239 blessés et 332 disparus. Ces 2 hommes font donc
partie des disparus. Les fiches ont d’ailleurs été établies l’une en 1918,
l’autre en 1920.
Le régiment était arrivé le 29 août à Richaumont
(02). Le 30 août à 3 heures du matin il reçoit avait l’ordre de se porter à
l’attaque du village de Colonfay (en plein brouillard). Le 2ème
bataillon (dont fait partie Eugène) en première ligne à droite de la route.
Carte des positions des bataillons du 33ème régiment
d’infanterie pour l’attaque de Colonfay
Sans attendre quand la
fusillade a ralentir un peu, j’ai porté secours à des camarades blessés qui
m’appelaient de tout côté soit pour donner à boire ou couper les équipements ou
mettre une bonne de paille sous la tête et je conservais mon sang-froid malgré
les balles qui arrivaient de tous côtés.
Je regarde un peu en avant de
moi et je voyais les Allemands avancer alors je voulais continuer de tirer mais
mes camarades mon nom empêche peur d'être achevé alors ne voulant pas être fait
prisonnier je me sauve après avoir dit au revoir aux camarades.
Le reste du régiment c'était
retiré pendant la fusillade et le commandement n'avait pas été répété alors que
j'étais avec les blessés.
Mais en me sauvant les balles
sifflaient tout autour de moi dont une seulement est venue me traverser le pied
et comme je longeais un champ d’avoine, je suis rentré dedans et j’ai avancé à
genoux pour éviter d'en recevoir une 2ème.
J’ai marché une cinquantaine de
mètres environ et j'ai fait mon pansement au pied. J’abandonne alors mon sac et
mon équipement et ne conserve plus que mon fusil.
Je fais encore une trentaine de
mètres et j’avais le soin de relever l’avoine derrière moi pour éviter de voir
la trace de mon passage mais voilà que j'entends des voix qui se rapprochaient
de mon côté alors je reste blottis et je vois passer à 3m de moi une patrouille
baïonnette au canon mais ils ne m'ont pas aperçu tant qu'ils étaient occupés à
mon sac et équipement et à ma baïonnette.
Mais ce n'était pas tout, un
instant après j'entends le roulement des voitures et de canons que je croyais
être français alors je me lève un peu la tête et je vois aussitôt 2 cavaliers
allemands s'amener vers moi avec la carabine prêt à faire feu. Alors il me
prend mon fusil et me dit quelque chose dont je devinais qu'il disait d'avancer
jusque la route et qu'il y aurait une ambulance pour me ramasser.
Voilà mais espérant toujours de
revoir les Français, je laisse passer les voitures allemandes et j'ai marché
sur les genoux.
Vers 3h du matin, j'arrive près
d'une moissonneuse où j'ai pu reconnaître un soldat qui était blessé à la jambe
et qui s'était caché sous la moissonneuse pour dissimuler sa présence aux
Allemands. J’étais heureux d’avoir rencontré un camarade.
Je lui ai demandé s'il n'avait
pas à boire tellement j'avais soif mais il était comme moi, il en avait plus.
Alors nous avons croqué des
betteraves et nous avons démonté les pelles à la moissonneuse pour nous servir
de canne mais moi ne pouvant me tenir debout je n’ai pas pu m’en servir. Nous
partons donc dans la direction où entendait des corps chanter.
Mais quand le jour c'est
montré, on voyait des patrouilles allemandes au loin et ce n'est que vers 10h
que nous sommes arrivés près d'une meule et que nous sommes reposer à cause de
la souffrance et qu'on a vu une dizaine d'Allemand qui s’avançait vers nous,
dont un parmi eux, il y avait un infirmier qui nous a fait un pansement et nous
ont donné chacun un quart d’eau.
Un peu plus loin il y avait une
voiture qui transportait 4 cadavres et qui s’est amenée près de nous et on nous
a grimpé dans la voiture mais pendant que la voiture roulait dans la direction
de Féronval on est descendu un Allemand nous lançait le canon du fusil sur la
tempe et nous a même blessé à plusieurs reprises et en nous injuriant et
menaçant mais nous avons pu arriver tout de même à Féronval encore vivant.
On descend à 2h de l'après-midi
et on nous a laissé jusque 8h du soir dans la cour de la ferme sans nous
adresser aucune parole enfin on est venu nous trouver et on nous a transporté dans
la grange où on nous a mélangés avec les blessés allemands qui s’y trouvaient.
Le lendemain on nous a séparé des Allemands et on nous a donné 6 petits biscuits et
un quart de café et autant le soir pendant 6 jours.
Enfin le 6ème jour on nous a
fait grimper sur une plateforme de voiture et les Allemands blessés se
trouvaient dans la voiture on est parti de Féronval à 9h du matin on a failli
plusieurs fois tomber à cause des ponts qui avaient été démoli et reconstruit
provisoirement et nous arrivons tant bien que mal à Fourmies à 4h du soir avec
le cœur gros d’avoir vu les civils qui avait de la peine pour nous de nous voir
ainsi.
Avant d’embarquer une bonne
femme nous a donné une tartine et un quart de bière et nous avons eu aussi un
quart de vin on nous a fait rentrer dans la gare et on nous a mis en face de
nos wagons.
Il y avait deux wagons de
réserve pour les Français et on était 36 pour chaque et pas un brin de paille.
Nous voilà grimper dans les
wagons et le train part à notre grand regret de devoir quitter la France.
Après avoir été une journée et
deux nuits sans avoir rien à manger et à boire nous arrivons à Cologne où on
nous donne chacun une tartine avec un peu de saucisson et du café qui nous a
bien réconforté et le train se met en marche et nous arrivons à la gare de
Sieburg où sont arrivés des infirmiers allemand point ils nous ont dit de
descendre du wagon. Les soldats qui trouvaient qui pouvait marcher sont partis
en avant avec quelques infirmiers quelques camarades et moi ont été transportés
sur un brancard où nous sommes arrivés dans un hôpital.
On nous a fait de suite de
nouveaux pansements on nous a donné une tasse de bouillon et nous nous sommes
couchés et nous avons fait une bonne nuit tellement on était fatigué car il y
avait 56 heures que nous étions dans le wagon à bestiaux.
À Sieburg, on nous faisait de
nouveau pansements tous les jours. On était bien soigné et propre.
Le 5ème jour, on
nous a dirigé pour le camp de Wahn mais heureusement pour nous qu'il y avait
pas assez de docteur alors nous avons été dirigés sur Erenbrestein.
Une automobile est venu nous
chercher à la gare et nous a emmené à l'hôpital militaire où nous n'étions pas
tout à fait si bien qu'à Sieburg comme nourriture.
Mais pour tout le reste on
était bien.
Nous avons un bon lit et de
bons docteurs.
Nous sommes restés à l’hôpital
jusqu’au 28 octobre donc quelques-uns n’étaient pas bien guéris et nous avons
été dirigés sur le camp de Wahn et nous étions encore moins bien en arrivant et
on nous a lu la loi martiale et on a été chercher
trois pommes de terre et un hareng et voilà le premier repas à Wahn.
Son « séjour » de 4 ans au camp
de Wahn est raconté ici.
Voir les écrits d’un autre
soldat du 33ème régiment d’infanterie
Voir
des photos du 33ème régiment d’infanterie
Suivre sur Twitter la publication en instantané de photos de
soldats 14/18
Vers d’autres
témoignages de guerre 14/18