Journal de Paulin Lazare COLINET

Soldat du 106e régiment d’infanterie (9e compagnie)

Août-octobre 1914

 

Mise à jour : Octobre 2015

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« J'ai le carnet original de mon grand-oncle, Paulin COLINET, sous forme papier format classique de 13x8 cm.

La première partie contient des notes de travail (Paulin était employé dans une entreprise de pièces automobiles).

Les notes sur la guerre s'étalent des pages 12 août - 13 octobre 1914, même s'il ne suit bien sûr pas toujours les dates.

Il y a aussi sur une page un texte pour un télégramme à son épouse et à la fin les noms et adresses de 2 hommes (HACHIN et SAGOT) ; j'ai pensé qu'il s'agissait d'adresses de camarades où il aurait pu écrire aux familles en cas de décès de ceux-ci.

 

Je suis vraiment très contente que ce journal puisse être publié. Il sera mieux sur votre site qu'au fond de mon tiroir. Et si cela peut me permettre d'échanger des informations avec d'autres personnes, c'est encore mieux !

Cordialement »

Emilie.

 

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Le 106e régiment d’infanterie fait partie de la 24e brigade d’infanterie (12e division d’infanterie, 6e corps d’armée). Effectif début août : 42 officiers, 88 sous-officiers, 2073 hommes de troupes et 62 chevaux.

 

Paulin COLINET, 34 ans, a eu deux enfants, Paul et Lucienne, dont il parle dans le carnet.

Il avait aussi 2 frères : Henri et Paul.

Henri COLINET a été tué le 22 août 1914, il était au 155e RI.

Paul COLINET a aussi été tué durant la guerre, le 8 novembre 1918 ( !) à Roulers (Belgique)

 

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Mercredi 12 août

1/ jour 11e

Pris un blanc et café et casse-croûte œufs fromage avec Louis Fourny et Georges DANHEIL. __ en gare Damery = 140 km.

Pris train à 10h43 en gare de Damery.

Avons déjeuné tranquillement __. __ dans Chalons plus animé que jamais mais où les tramways sont supprimés en raison des affluences de troupes.

 

A quatre heures, nous sommes rentrés à la caserne Chanzy ou nous avons été habillés complètement à neuf.

 

Sorti le soir. Diner en ville et remis vêtements civils chez __ __.

Carte à ma femme pour la tranquilliser (au) crayon __ carte douloureuse __.

Jeudi 13 août

Nous avons couché cette nuit sur des paillasses sans aucune literie. Mais nous étions tellement rompus que le sommeil est venu tout de même comme à 20 ans.

Comme travail nous avons terminé notre équipement au petit bonheur, barbotant des __ et d’autres les objets nécessaires fusils etc.

Une aimable anarchie règne un peu partout.

Le matin corvée de nettoyage au collège de la Pelle où le 2ème échelon avait logé.

 

L’après-midi, corvée de nettoyage du casernement de la 27 C’’ pour la __ de l’effectif.

Carte à Henri qui doit être aux fers à St Cochid. André Robert est à Pont-à-Mousson.

On nous dit que Marcel LIotÉ, adjudant aux chasseurs, est tué. (*)

 

(*) : Il s’agit du sous-lieutenant LIOTÉ Marcel Octave, du 4e bataillon de chasseurs, mort pour la France à Berthecourt (Moselle), tué à l’ennemi. Il était né le 16 janvier 1878 à Boursault, Marne (le même village natal que Paulin COLINET). Il n’a pas de sépulture militaire connue.

 

 

Vendredi 14 août

Fait ce matin une petite marche militaire par route de Reims, Récy et Saint Martin. Remarqué nouveaux stands de tirs de la ville de Chalons.

Pris un bol de café à un __.

Bref les 10 km ont été absorbés sans trop de mal et c’est vrai que je n’avais ni sac ni fusil.

Je continue à saupoudrer de talc pieds et chaussettes et jusque là je ne m’en trouve pas trop mal. J’espère que cela continuera.

 

L’après-midi continuation des travaux de nettoiement des chambres.

En somme, journées longues et monotones. Aucune nouvelle officielle des faux bruits en masse. Les armées s’observent entre Liège et Belfort. Voir les journaux.

Lt Ruys / Bruy__( ?) de Boursault __ __.

Samedi 15 août

Quel 15 août !

Le dimanche on marche aussi. Passé ce matin une revue par commandant major pour composition campagnes des Gerevy. Après mouvements de marches et contremarches on y est arrivés.

Notre ami George ne peut pas marcher comme clairon. Grand désespoir.

Nous attendons notre tour de partir et passons __ __ des gardes de __.

A mon avis il faudrait un peu plus de préparation effective marches. __ en campagne travaux de campagne. Très __.

17 août

Vers 18h un biplan allemand lance 4 bombes sur la caserne où est cantonné le régiment ; plusieurs sections ripostent, aucun résultat.

 

 

Extrait du journal des marches et opérations du régiment (JMO)

Du mardi 18 au jeudi 20 août

Rien de sensationnel sinon lente préparation __ au départ qui nous est annoncé pour le 21 au soir. J’ai réussi à revoir ma chère petite femme pendant trois heures et à la persuader que nous partions à Troyes faire de la place aux jeunes soldats.

Et que d’ailleurs j’avais un poste de non combattant. Elle est partie tranquillement au moins en apparence.

 

Le soir nous avons embarqué avec un peu trop de bruit direction inconnue. Nous débarquons à 3h du matin à Chareng gare auprès de Verdun. Nous sommes en réserve pour appuyer les troupes qui se battent à Belly et Etain.

D’après les habitants les Allemands brûlent tout vif des français blessés (que nous n’avons pas ramassés) avec des gerbes de blé (au risque de paraître banal je ne puis que répéter l’étiquette de barbare). Cette guerre nous ramène à 10 siècles en arrière. Certains faits sont inouïs actuellement.

Nous campons à Norangeville où nous buvons le café. On __. Il est 6h du matin. Trois paquets de cartouches déballées.

Speech familier du Cdt du bataillon.

 

Jusqu’à 8 heures, nous restons couchés dans un pré au bout du village alors qu’on se bat à 15 km. L’armée française (12 000 h) a parait-il eu affaire sur notre front à 3 corps d’armée bavarois soit 12 000 hommes.

Nos lignes d’avant ont tenu 5 à 6 jours. Mais la force du nombre a prévalu et nous reculons sous Verdun pour faire une nouvelle concentration du VIe corps.

On dit que l’état-major fait venir les Allemands sous Vony et Verdun. On verra.

Les villageois fuient devant les hordes.

 

A 8h ½, arrive un officier d’état-major qui veut donner de nouveaux ordres. Nous allons cantonner à Coze quartier général. L’approvisionnement semble surtout __ par un afflux d’hommes dans la région. On signale une certaine négligence.

Malgré tout nous sommes arrivés à nous restaurer convenablement. Sauté - fromage – café. Bref cela va. Accident de __ tombé du haut d’un grenier. Pas trop grave.

Bivouac jusqu’à 15h.

 

Le soir pluvieux et cantonnement une fois mouillés dans les granges. C’est l’apprentissage de la guerre.

Réveil à 4 heures.

Vendredi 21 août

Remis en marche des __ de dépôt. Recherche des pM active que nous __ __ __ reprendre à __ Gacroul  __ Nous sommes renversés __ __ __. Nous __ __ avec les hommes de __ qui nous racontent leurs premiers combats.

Les résultats les ont complètement démoralisés. Bombardés par des shrapnels ou des obus percutant à 8 ou 10 km sans voir aucun ennemi. Ces braves petits gars enragent de ne pouvoir charger.

De plus, le mouvement de repli opéré depuis Longuyon jusqu’à Verdun les démoralise. Ils se croient battus.

Nous les __ un peu en leur annonçant les bonnes nouvelles.

L’artillerie lourde allemande a un effet démoralisant. __ __ __ __ surtout des blessés. Quelques blessures horribles.

Récits du tambour.

 

Nous cantinons à Cuisy dans des granges. Repas substantiels __ abondantes mais distribution trop tardive.

Dimanche 23 août – mardi 25 août

+/- Notes particulières (sténo)

Bonnes nouvelles.

21. Reprise de Lunéville

27. Reprise de Longuy

28. bataille de Monay

Recul des Allemands

8 à 10 000 prisonniers dont 1 500 envoyés à Verdun.

29. ultimatum __ à l’Allemagne.

Demandant cessation des hostilités ?

Arrivée des Russes à Berlin ?

Destruction de la flotte allemande par les alliés qui perdent 51 navires. __ __ n’est pas pour nous encourager à la veille des grands coups. Malpropreté des hommes et épidémies à __.

Jeudi 27 août

Les Allemands reprennent l’avantage grâce au silence de notre artillerie qui n’a plus de munitions !!!

L’ennemi réussi à passer la Meuse et à s’établir solidement sur nos positions.

Combat très meurtrier de part et d’autre. Insuffisance de résistance aux feux des hommes et des officiers qui se débandent sans ordre sous le feu de l’artillerie ennemie.

 

Nuit.

2 postes successifs dans deux tranchées en avant de Montfaucon. Et finalement bivouac (6ème fois) de minuit à 15 heures au bas droit de Montfaucon. Passage d’un jeune prisonnier allemand très bien vêtu et l’air décidé.

Notre recul d’hier soir se transforme d’après les rumeurs en déroute sans réserve. La marche en arrière continue. Marche en avant de la droite et recul de l’aile gauche.

Nombreux blessés du 34e et 132e. J’apprends que Paul Brion est tombé blessé le 27 au combat de Danvoux.

 

Le soir et la nuit est très calme des deux côtés.

Les Allemands s’établissent tranquillement.

Vendredi 28 août

Départ de Cuisy à Hiheraes. __ __ __ __ à Montfaucon. __ __ bataille est en retour dans une ferme au bout du village.

Nous quittons cette ferme à 11 heures et montons vers la ligne commune des tranchées.

Nous restons toute la journée sans rien faire. Le travail était fait par la guerre.

 

Nous quittons le terrain à 8 heures et arrivons au bivouac après 1 heure ¼ de marche sur la lisière du bois par une chaleur étouffante et à toute allure. Nous dînons de 3 cuillers de riz. La viande superbe mais mal cuite. Très bonne nuit sauf un peu de rosée vers le matin.

Départ à 5 heures.

Enfin retour au bivouac. Souper froid. Feux __. Bouillon doseur. __ artichauts __ sur et mal.

Samedi 29 août

Bataille __. __ __ à Montfaucon et arrivons pour continuer les tranchées face aux cales de Meuse. Le travail est presque terminé lorsque 3 avions allemands nous survolent aussitôt ordre est donné de quitter les tranchées. On remonte manger une bonne soupe à l’ombre d’un bois.

Le déjeuner se passe très bien cuisine excellent appétit parfait changement de cuisiniers.

 

Retour aux tranchées vers 2 heures.

__ __ __ et __. Commencement d’un duel des deux artilleries vers 4 heures.

Pendant le retour au bivouac nous recevons des obus dont un à 200 m. Impression moins grande que je n’aurais cru. Quelques fanfarons.

Arrêt de 10 à 15 minutes en attendant le capitaine de réserve __ __ attardé question du général du directeur sur position.

Dimanche 30 août

Départ du bivouac à 6 heures __.

Marche en famille pendant 1500 m __ __ __ __. Tout à coup les tirs d’artillerie reprennent et nous restons couchés à __ d’un __.

Bruit formidable des canons.

Impression étrange du calme et de surprise. On entend mais on ne voit rien. Et la mort nous guette sans savoir de quel côté __ seulement par un allemand. Les Allemands tirent sur un bras à 2000m de nous mais nos artilleries __ leurs canons lourds répondent vigoureusement (fumée noire et blanche).

Nous allons __ __ __ à fournir en __ __ __ entre deux bois qui les Allemands __ de __ __ __. Obus __ __ . Les bombes sifflent au-dessus de nous et tout autour __ __ __ __ __ __ __ __ couchés __ __ chaleur __ __ __ __. __ __ __ __.

Retour de l’artillerie du 2ème __ __ __ __ __ tranchées fait __ __ en __ __. __.

Retour à Montfaucon __ __ __.

Lundi 31 août

Nous sommes __ __ __ __ par __ Allemands qui nous __ de bombes.

L’armée allemande cherche à passer __ entre __ __ __.

Journée très meurtrière des deux côtés. Mitraille et artillerie démolissent et fusille

 __ __ __ __ __ . Retour à __.

 

Départ à 15h15.

Nous prenons position à la __ __ __ mais dans un bois à __ idéale pour la saison. On attendait à chaque instant les obus allemands.

Un aéroplane ennemi nous ayant survolé et ayant été mitraillé. Notre présence a dû être signalée et les projectiles vont pleuvoir sur nous.

9 h matin. Les obus se rapprochent, le sifflement devient plus clair.

Notre artillerie répond mais est moins __ et tire à distance de 4 à 6 km au lieu de 8 à 10 km (campagne du Ch Himberle pour nous doter d’une artillerie lourde de campagne).

L’ennemi a toujours pour objectif de traverser la Meuse. __ __ __ __ nous nous approchons un jeune officier nous apprend qu’en haut une grande bataille dans le nord = sud est de Metz.

Mardi 1er septembre

On insiste beaucoup actuellement sur les vivres de réserve. Il est probable qu’une grande action est imminente.

Rien de neuf sur Russes et Belgique.

Les Russes devraient pourtant être arrivés à Berlin.

Mon opinion se confirme que la guerre actuelle sera sinon longue du moins très dure et très meurtrière notre ennemi étant supérieurement organisé, discipliné et outillé surtout canons artillerie seules armes que j’ai pu jusqu’ici juger.

Le sergent de la section Deguay nous raconte avoir vu les fantassins sans sac. Admirablement légers, souples et rampants comme des chats.

Il faut espérer que de notre côté l’enthousiasme, la rage d’avoir été attaqués aussi brutalement suppléent à nos défauts. Mais nous aurons plus d’une désillusion.

Rude moment. 20 nous quittons notre emplacement pour nous rapprocher des lignes. Les canons se tirent des deux côtés par-dessus nous. On dit que les Allemands remontent vers le nord.

Combat meurtrier. Plusieurs des nôtres dit-on abandonnent utilisant des paquets de pansements (soi-disant blessés) sont fusillés.

J’espère avoir plus de courage.

Continuation des duels d’artillerie.

Mercredi 2 septembre

Episode de l’enterrement d’un soldat français par les paysans meuniers des Septsarges. Scène d’un réalisme atroce.

Corps habillé jeté dans les fosses par les hommes.

Alors qu’un régiment cantonne dans le pays depuis deux jours. Les Allemands après avoir construit un port de bateau commencent à traverser la Meuse et sont canonnés. Ils se sauvent sur l’autre rive.

Avarice des paysans nous exploitant.

Nous prenons les petits postes toutes les nuits à 1500m de l’ennemi. Lueur rouge due à l’incendie d’un village par les obus à pétrole lancés par les Allemands.

 

Vers minuit nous nous replions.

Marche sous-bois assez pénible. Et bivouac de 2 à 5h dans un champ de luzerne abondant.

La canonnade continue de part et d’autre. Nous ne savons rien de ce qui se passe ailleurs. Après avoir à midi déjeuné nous allons occuper des tranchées devant Montfaucon.

Nous assistons sans y prendre part au combat de Danvoux (village incendié par les Allemands ces derniers très supérieurs en nombre avaient réussi à (voir page du 26 août) traverser la Meuse en forêt assez importante après avoir malmené les 54 de 67e par leurs mitrailleuses.

Profitant des désavantages l’ennemi gagnait du terrain lorsqu’une division de renfort venant de Verdun est arrivée sur le terrain et a réussi une superbe contre-attaque par la droite. L’artillerie française profite magnifiquement de l’avantage et refoule l’ennemi sur l’autre rive de la Meuse.

Le duel d’artillerie continue des deux côtés, très meurtrier de notre part.

 

En même temps l’infanterie française attaque et poursuit les Allemands qui se replient rapidement. Il semble que notre plan de les amener sous Verdun ait réussi. Nous le saurons prochainement.

Spectacle émouvant d’un régiment d’infanterie revenant de la bataille __ à un peloton garde du drapeau et à quelques ralliés tel autre ayant été mitraillés et dispersés.

Les canons des forts entrent en action à 7 heures du soir environ.

Jeudi 3 septembre

Corps d’armée allemande auraient été bousculés et battus 1200 hommes sur le terrain.

Mercredi journée très calme de part et d’autre.

Les deux troupes en présence sont épuisées. Nous faisons quelques tranchées et sommes charoilés (?) par l’artillerie allemande. Avion allemand et lutte d’un __ dans les tranchées contre 20 à 21 obus.

Marches et contremarches et cantonnement à Brabant

Nuit et souper délicieux. Le lendemain départ à 6 heures et marche très pénible par le soleil. De 6h à 2 heures.

Vendredi 4 septembre

Cantonnons à Hubécourt. Altercation chez un mercier avec le capitaine de la 8e Cie. Tête brûlée (son nom Simon, d’après lui les officiers ont tous les droits. Aucun devoir. (*)

Eux d’abord, les hommes après. Nous verrons plus tard à faire châtier l’arrogance de cette caste.

Jouisseurs.

 

On nous apprend de prétendues bonnes nouvelles.

Nous couchons assez confortablement dans une grange. Paille abondante. Nuit bienfaisante.

Nous repartons le lendemain matin vers 5h et allons cantonner vers 10h à Rembercourt. (**)

 

(*) : C’est exact, le capitaine SIMON était bien de la 8e compagnie.

(**) : Rembercourt-aux-Pots (Meuse)

Samedi 5 septembre

Cette journée de guerre se passe très bien sans l’affolement des populations indigentes qui suivent les mouvements de troupes. On se croirait à une journée de grande __. __ nous profitons de notre séjour à Rembercourt pour faire une toilette et cuisine complètes. Cotisations personnelles. Menu « Potage - jambon fumé – bœuf – légumes – confitures – miel – café – fromages – œufs ».

Couchés à 7h ½.

Revue de départ à 11h ½ nous quittons Rembercourt et après 1h½ de marche environ allons-nous établir dans un petit bois vers Jubécourt pour y attendre l’ennemi qui s’avance vers la vallée de l’Ain. Nous serons cette fois-ci parait-il à 5 contre 1.

L’action s’engage à 4 heures par quelques coups de fusils contre une patrouille infanterie. Seul des 2 côtés l’artillerie entre en action. C’est le duel habituel.

Dimanche 6 septembre

Quelle différence avec les joyeux dimanches passés auprès de ma chère petite famille. J’ignore son sort à l’heure actuelle les Allemands étant parait-il dans toute cette région. Nouvelle __ d’artillerie mais courage. Cela ne durera pas.

Il est 11h du matin, nous sommes postés au fond d’un vallon. Les artilleries travaillent. Nous attendons le moment propice.

 

Vers 2 heures, nous nous portons en avant vers Pretz-en-Argonne.

Petits bonds en tirailleurs.

A 800m du village nous __ __ à gauche une demi section de fantassins allemands nous avançons sur 400m et nous nous couchons dans un champ de betteraves. A ce moment, mitrailleuses de shrapnels entrent en feu. Nous restons pendant 15 à 20 minutes terrés. Une balle me frôle. Ordre de se retirer __ __ feu __. Je vois 15 à 20 camarades tomber blessés ou morts. __ __ ralliement est la retraite.

Village de Rembercourt devant lequel est __.__.

Lundi 7 septembre

(Laurans Sergent passage Veslet blessé le 9-9-14.

Ecrit en haut de la page

 

 __. Les Allemands continuent leur offensive. Nous nous retirons sur une ligne en arrière de Rembercourt.

Les canons __ à 6h du matin puis c’est le déploiement habituel. Jusqu’à 8h.

La lutte continue toute la journée sur le même ton dans les mêmes positions. Nous passons notre journée à faire des tranchées avec nos baïonnettes et nos outils portatifs.

Par exception les aéroplanes français et nos canons de 120 font merveille aussi la confiance renaît dans la troupe. Le combat est meurtrier.

Les blessés défilent soit en marchant soit sur des brancards.

Hier nous avons eu de nombreux blessés dans la section. Erader. Agein. Havas.  __. __ __ __ __ viennent. 2 __ aux cuisses.

Les Allemands ont semble-t-il faibli un peu. Aussi ont-ils brulé Rembercourt.

Que devient la magnifique église. Nous couchons dans nos tranchées.

Mardi 8 septembre

La bataille continue.

Nous remontons en avant vers Rembercourt qui entre parenthèses est complètement incendié. D’après les récits des blessés qui regagnent l’arrière les Allemands ont perdu beaucoup de monde. Blessés et morts au combat.

 

Vers 12h, nous esquissons une contre-attaque qui paraît réussir à droite mais qui faiblit à gauche sous les feux terribles de l’artillerie allemande. Nous sommes gratifiés de quelques obus mais sans dommages pour nous.

La lutte entre les deux parties continue de l’autre côté des deux crêtes derrière lesquelles nous sommes groupés.

Un blessé, deux ou trois doigts enlevés, nous dit en ralliant l’ambulance et en dansant de joie que les Allemands reculent et laissent nombre de morts et de blessés sur le terrain.

L’ennemi vient d’être chassé d’une petite gare du chemin de fer local ou la lutte a été très __.

Vers __ __ et refrain __ la guerre l’efface grâce à sa supériorité d’artillerie.

Ses __ __ plus __.

Mercredi 9 septembre

Bivouac (suite 8/9 ?)

__ à 2 heures du matin. Diner à minuit.

Nous rallions notre régiment et allons nous établir tout à fait en première ligne à 7 à 800 m devant Rembercourt qui continue à brûler.

Nous nous établissons par échelons dans des tranchées que nous creusons pendant 5 à 6 heures avec nos petits outils portatifs. Nous sommes protégés au fond de ces trous assez bien __ les tirs d’artillerie ennemie.

Précaution presque inutile les feux étant assez petits. La journée est assez tranquille. Quelques fusillades entre les Allemands les postes de chasseurs à pieds.

 

Aujourd’hui notre artillerie a bien marché. Nos avions aussi. Cela rend confiance.

La Cie du bataillon de chasseurs à pieds se __ par ses hommes. On nous annonce de bonnes nouvelles vers 6 heures. Le duel d’artillerie reprend __ __ __ __ __ __.

Disparition de Georges.

Oh ! Oh ! Ma chère petite femme. Mes chers petits. Vous reverrai-je ?

Jeudi 10 septembre

La journée d’hier avait été calme.

La nuit __.

A 11h ½ attaques par les Allemands. Nous prenons position __ leur infanterie. Nous faisons quelques prisonniers. Propos insignifiants et égoïstes.

Vers 4h ½ - 5 heures, les forces ennemies arrivent en nombre devant nous. Combat de nuit des chasseurs. __ __ des chasseurs allemands. Tout cela dans la boue et sous une pluie battante. Hormis __ __ __ ravitaillement mal organisé. 

Bref la réception faste face à l’ennemi sur nos lignes a été chaude. La résistance a l’air de tenir à part quelques pointes mais bientôt grâce à leur nombre les Allemands __ un mouvement de plaine qui nous oblige à battre en retraite sous peine d’être cernés. Et alors c’est la chasse aux soldats français, les hommes même blessés ou morts.

Les balles sifflent de tous côtés.

Impossible de courir en raison de l’état du terrain. Je m’en vais au pas et réussis à en sortir et rallier à Roze (voir 10 __ou vers 10 __ ?).

Vendredi 11 septembre

Nous nous reposons le reste de la journée des feux __  nous séchant chaussures vêtements __ à la chaleur du corps. Nous couchons dans un petit bois sur de l’avoine humide.

Le matin nous nous replions légèrement en arrière pour nous organiser défensivement. D’après George qui reste __ avec la 54e l’ennemi aurait reculé et aurait abandonné l’avancée du matin.

 

9h du matin.

Marche pendant la canonnade. Nous allons peut-être pouvoir boire un peu de café et du potage. Les fameux capitaines __ rentrent au poing __ des hommes. Terminaisons des tranchées sans incident.

? aéroplanes Allemands descendus dans l’un 3 officiers carbonisés sont descendus d’un coup de fusil. Bruits de victoire.

Pris et emportant des tracteurs __.

Samedi 12 septembre

Devant Signeux.

La journée commence comme d’habitude par les canons.

Nous montons au-dessus du village de Signeux (près de Bar-le-Duc) et continuons à creuser nos tranchées. Les coups de canons ennemis se font beaucoup plus rares. On a l’impression et elle se confirme que l’ennemi commence à se replier.

Aussi nous accorde-t-on un peu de repos et couchons-nous (bonheur inespéré !) dans une grange. Nous éprouvons une impression de bien-être délicieuse. Surtout comparativement aux nuits précédentes passées sous les ondées.

Dimanche 13 septembre

Nous continuons à nous reposer toute la matinée et mangeons une bonne petite cuisine. Mais impossible de trouver du vin. C’est toutefois une petite privation.

Le départ nous est annoncé pour 11 heures.

En attendant je vais à la messe dans la petite église du village qui se trouve à 2 pas de notre cantonnement. Je ne suis d’ailleurs par le seul (2 officiers). Je suis saisi d’une émotion intense en assistant à cette humble cérémonie.

Je pense à ma chère petite femme et à mes chers petits. Mon petit Polo et ma petite Lulu adorés.

Je ne puis m’empêcher de pleurer. Comme déjà cela m’est arrivé plusieurs fois.

Je pris Dieu. Il y a longtemps que cela m’est arrivé et je promets (vœu intéressé. J’espère qu’il sera exaucé) de __ ma famille de __ à bien pratiquer la religion.

 

L’après-midi nous commençons à marcher en avant.

Lundi 14 septembre

L’ennemi se replie.

Nous continuons de marcher à sa poursuite.

On dit que l’offensive prise par lui dans la nuit de mercredi à jeudi lui a coûté très cher (assauts meurtriers des chasseurs à pied, mitrailleuses hors service) était destinée à masquer son mouvement de retraite ( ?). Nous traversons un bout du champ de betterave des jours précédents.

Nous prenons des routes jalonnées de cadavres Français et Allemands dans les fossés. Ces cadavres à moitié décomposés répandent une odeur terrible.

Nous passons à Érize-la-Grande_ bombardée et __.

Nous longeons une ferme brûlant encore auprès de laquelle git un amas de 50 cadavres Allemands. Le combat a du être acharné. Nombreuses dépouilles et équipement ennemis.

 

Nous arrivons vers 10h du soir à Deuxnouds-devant-Beauzée. Je me couche éreinté de fatigue après avoir bu un café délicieux.

Le lendemain marche de 30 à 35 mn sous la pluie et la boue.

Nous couchons à Ignerelle mais dans les bois sans abri.

Mardi 15 septembre

Après une nuit éreintante au lieu de nous reposer comme promis nous allons parait-il continuer à Haumont de l’autre côté de Verdun soit 20 à 25 km.

Ce qui nous fera 60 à 70 km en deux jours et sans manger.

Aussi la marche est-elle terriblement dure. D’autant plus que depuis hier j’ai une douleur dans la cheville et le genou droit. Je suis obligé de m’arrêter un peu avant Charny où nous avons débarqué. Nous nous restaurons à peu près avec un ami de George.

Nous rencontrons George Gilbert puis Emile Danos.

Accolades.

 

Nous trouvons à force de chercher un demi-litre de vieille eau de vie que nous vidons à pleine gorge. Nous nous promettons de nous revoir après la guerre. Puis nous reprenons le chemin du cantonnement.

A peine arrivés nous sommes salués par quelques obus allemands qui nous font craindre un déménagement.

Nous y passons néanmoins la nuit dans une grange où il pleut vers le matin.

Mercredi 16 septembre

Russes arrivés à Berlin le 18/9.

Nous quittons Haumont de fort bon matin et redescendons sur Verdun. Nous nous __ après une ½ heure de marche. On nous explique que nous passons en réserve du IVe corps. __ __ formant avec le VIe nos armées.

Commandés par la __ R. et ayant pour mission de déblayer le terrain vers l’Est. D’après les journaux la retraite allemande s’accentuant mais attendons tout l’après midi nous avançons en direction de Longuyon 30 km où nous prenons position. Nous cantonnons le soir à Hautemont.

Rien de sensationnel.

 

Bruits de pourparlers __ médiateur des états Worel. Mais les combats continuent.

Jeudi 17 septembre

(__ __ sont toujours __ bornes. Les __ __ les canots ( ?) s’y __ __ nous aider à __ les Allemands.)

 

Suite d’une page précédente mais laquelle ??

 

Nous reformons nos positions de la veille devant Hautmont où nous restons toute la journée.

Occupés à faire la cuisine. Excellent et bienfaisant repos.

 

La fin de la journée nous amène notre second échelon de réserve et une pluie torrentielle sous la quelle nous allons prendre les avant postes à 3 km en avant sous bois et par des chemins de __.

A peine installés et réunis autour des feux pour sécher nos vêtements arrive un ordre de départ en avant.

Rassemblement dans la nuit noire et nous retraversons les bois. Chemins épouvantables. Notre gros part en avant et deux sections et demi sont égarées. Après consultation nous devons coucher dans un village.

Je suis assez heureux pour trouver une place convenable beaucoup de paille et harassé m’endort d’une profonde __ les chaussures remplies d’eau.

Vendredi 18 septembre

Réveil à 4 heures.

Les pieds sont lourds comme des lingots de plomb. La capote est toute humide. Bref le départ est un peu dur.

Mais la machine __ vite. Nous partons à la recherche du bataillon qui __ enfin après maintes contremarches nous allons rejoindre la Cie __ __ quelques coups de canons.

 

Vers 2 heures, nous voyons quelques fantassins allemands déboucher du village __ de Chaumont M. ou __ __ les fusils de combat. Puis un peu de calme à part quelques coups de fusils __ des tranchées ennemies sur nos positions.

 

4 heures. Rien de nouveau.

Un jeune soldat Maute de Courlobes est blessé dans son sommeil par une balle de son fusil. Impression de __ dans douleur atroces. Je le conduis aux brancardiers.

La nuit se passe sous la pluie battante mais sans incidents.

Je suis à un petit poste nuit __ à environ 200m de __.

Samedi 19 septembre

Nous gardons la position sans incident que quelques fusillades jusque 4 h soir.

Nous voyons les Allemands se __ à Velle de Chaumont __ __ __ des mitrailleuses sur les __ les 67ème Inf° les attaquera probablement.

Nous __ et cantonnons à Coraimont.

Dimanche 20 septembre

Départ à 3h du matin pour Polanze où nous allons nous reposer qq jours. Marche de 30 km dans la boue.

Je finis par m’endormir. Seule la douleur de ma jambe droite me fait souffrir. Nous arrivons ayant du temps et des ustensiles à nous restaurer fort convenablement. Nous trouvons même du lait. Nous logeons dans une ferme où les officiers sont bien reçus par la femme mais fort mal par le mari.

Brigades d’artillerie __ nous passons une nuit tranquille.

Lundi 21 septembre

Continuation du repos et compilement des vivres de réserve.

Nous rentrons vers 2h au cantonnement pour y déguster une soupe délicieuse. Malheureusement il y a alerte et nous partons sinon à 5h du matin du moins à minuit.

Marche de 25 km.

Nous arrivons à Rupt-en-Woëvre vers 8h du matin.

Nous apprenons que les troupes du midi ayant encore fléchi sans tuer (3ème fois) les Allemands ont occupé __ 2 __ __ __ sur 12 km. __ les __ __ __ jours __ __ __. Nous sommes en réserve derrière le village. __ __ canonnades et fusillades __ puis accalmie.

Nous passons une demi-journée tranquille puis nous partons sur le front en passant par Mouilly.

 

Le soir, dans les bois __ des blessés __ __ __ __ __.

Mardi 22 septembre

Ces pauvres diables sont __ ils sont ramassés par des français qui les soignent. Nous rencontrons 8 prisonniers dont un officier __ __ à __.

Puis nous nous établissons à nuit __ en avant-poste.

Rien de sensationnel. Quelques fusillades. L’ennemi en voyant __ __ __ tente un mouvement à droite que nous maintenons.

Nous restons en contact toute la nuit.

Pas de ravitaillement.

Mercredi 23 septembre – jeudi 24 septembre

La matinée se passe calme.

Le combat continue __ __ __ nous nous replions vers __ faire la grande halte.

Nous nous restaurons puis traversons les plaines de la Woëvre que nous tenons. Nous allons faire une attaque sur les bois occupés par l’ennemi.

Duel d’artillerie de 3h à 5h.

Nous __ l’ordre de marche puis nous marchons à l’attaque dans un ordre qq peu confus. Manque de liaison entre les différents éléments.

Le 3e bataillon est soutenu par les 301e et 302e Cie.

Nous avançons beaucoup trop vite et trop loin sur un terrain inconnu __.

 

Une patrouille tombe sur les tranchées allemandes d’où porte sur nous un feu nourri.

Nous nous jetons à plat ventre et ripostons par des feux à répétition. Nous sommes entre-temps fusillés par les régiments français restés en arrière (sergent __ Laerne __) alors c’est la débandade. Nous nous réfugions dans un bois de sapins et crions pour faire cesser le feu des lignes françaises. (*)

Sifflements par les Allemands aussi.

Enfin je me retrouve dans l’obscurité au milieu des tranchées du 302e où je passe la nuit.

 

Je rallie mon bataillon le lendemain matin.

L’attaque a échoué parce que mal préparée et mal conduite. Nous la renouvelons le lendemain, mais elle est conduite par notre Cdt de campagnie, lieutenant Adam (**), ancien adjudant, et un de ses collègues sous-officier connaissait très bien son métier.

Nous avançons beaucoup plus prudemment, ne nous engageant qu’à coup sûr. Bien nous en prend car en observation dans une petite tranchée nous découvrons les positions fortifiées de l’ennemi grâce à l’imprudence de deux officiers allemands qui se découvrent à la __.

Les tranchées échelonnées sur plusieurs rangs communiquent par des galeries souterraines.

Après cet intéressant contact __ nous sommes __ et canonnés par les Allemands à 800 m. nous nous terrons et sommes retirés vers côte et village des Éparges-St-Rémy.

 

(*) : Le JMO parle d’un « combat corps à corps très confus dans un bois épais »

(**) : Le sous-lieutenant ADAM commande la 9e compagnie (3e bataillon). Nous apprenons ici que Paulin COLINET faisait partie de la 9e compagnie.

 

 

Cet extrait du JMO du régiment confirme les écrits de Paulin

 

Vendredi 25 septembre – samedi 26 septembre

10h du soir.

Par une autre campagne nous allons sur une crête en arrière orienter des tranchées toute la nuit.

Dès 5h du matin jusque midi, nous y sommes bombardés.

Sur ordre du général nous allons nous reposer quelques heures avant l’attaque.

Les obus pleuvent mais nous y sommes habitués.

Un coup adroit de l’ennemi démolit dans un __ le coup __ (2 morts et 4 blessés) __ __ notre égoïsme ou notre philosophie de résignés est telle que la chose passe presque inaperçue au milieu du soleil et de la campagne ravissante de fin de septembre.

 

Vers 4h après ordres et contre-ordres nous sommes autorisés à nous retirer.

Mouvement très bien exécuté à l’insu de l’ennemi. Nous traversons une zone dangereuse à __ les côtés au pas de gymnastique. Nous partons pour cantonner à Mouilly.

Mais aux portes du village nous apprenons qu’il a été bombardé.

Arrêt demi-heure.

 

Puis décision d’y coucher quand même mais d’en déguerpir à 4h du matin. Je touche les vivres et passe la nuit à faire la cuisine : café – potage salé – rosbifs et poulet.

Nous avons allumé un grand feu dans une cheminée de campagne. Il fait très bon de reprendre des habitudes __ __ confortables pour continuer.

Je couche sur un lit __ __ je dors environ 1h ½.

Réveil, puis départ en haut du village où nous attendons dans un bois les ordres. La journée se passe très calme. Sous les obus. Quelques blessés par les éclats dont un assez sérieusement à la cuisse.

 

Nous partons vers 5h pour les __ nuit excellentes. __ __ jusqu’à 6h soir.

Dimanche 27 septembre

Au-dessus de Mouilly. Carte départementale __.

Après cette nuit bienfaisante sous la __ je profite d’un peu de repos pour écrire chez moi. Instants délicieux.

Je nettoie un peu mes vêtements. Je me fais avec un ami un délicieux potage. J’ai bien fait de me dégrouiller car les fumées des feux nous attirant les obus on les fait éteindre.

Puis c’est l’éternelle et simple attente de la mort qui recommence.

11h. rien de neuf.

 

Vers 2h, nous allons travailler à des tranchées de retraite en bordure de la route de Mouilly à 20 km de Verdun.

 

Vers 4h, nous allons creuser de nouvelles tranchées dans un petit bois de sapin. Nous y passons la nuit dans la paille et abrités par des feuillages __ la fut une heureuse idée ainsi que nous pouvons le constater en quittant notre chambre à coucher pour diner. Riz excellent. Potage __ __ nous commençons à nous rassasier.

Nos canons tonnent la nuit et nous nous endormons à cette musique.

Réveil à 6h par le 54e.

Lundi 28 septembre

Nous nous avançons d’environ 2 km au sud vers l’ennemi qui semble se retrancher.

Nous nous blottissons en lisière d’un bois. La journée est extraordinairement calme à part quelques lointains coups de canons.

Nous passons le temps à converser et à envisager toutes sortes d’éventualités favorables naturellement. De nombreuses nouvelles circulent. La situation serait, parait-il, excellente. Nous serons en position d’attente ayant au nord l’armée de Lorraine le VIIIe corps (tout neuf __ et les régiments de Paris du 301-02.

Un régiment allemand tout entier aurait été fait prisonnier à Saint-Mihiel. Les Allemands se seraient emparés d’un fort de Saint-Mihiel.

Mais tout cela n’est que commérages. Une seule chose semble réelle : un ralentissement sensible. Pourquoi ?

 

6h du soir. Nous allons peut-être cantonner à Mouilly.

__ __ __ __ __.

Mardi 29 septembre

Nous cantonnons dans une ferme située entre Mouilly et Rupt.

Pour ma part je couche avec quelques amis dans une stalle de porcherie où je me repose assez bien. La ferme où nous habitons est absolument dévastée __ __. Elle appartenait dit-on à un espion allemand le __ qui aurait été arrêté à Montfaucon.

 

Vers 5h nous allons sur un plateau à l’Est de Mouilly où nous prenons position comme soutien des batteries d’artillerie du 25e.

La journée se passe assez calme. Quelques coups de canons.

Par contre si on n’agit pas on parle beaucoup. La 132e et 106e auraient joué la Marseillaise à Rupt pour fêter la prise de 50 000 allemands en Belgique. Sous réserve.

Nous nous retrouvons le soir dans la ferme canonnade des forts. Essais de mortiers à 400m par l’ennemi.

Mercredi 30 septembre

En réserve.

Même nuit et même journée qu’hier.

Bruit sensationnel : arrivée de l’armée d’Alsace. Ce qui permettrait de prendre les Allemands entre deux feux.

 

Promenades fréquentes d’aéros, feux des Allemands sur lesquels on tire de part et d’autre sans succès.

Distribution des bulletins officiels des 12-23 et 26/9. Rien de bien nouveau.

Le mouvement de repli des Allemands semble s’accentuer mais sans se précipiter. Ils ont installé des retranchements solides. 6 mitrailleuses des sentinelles dans les abris. Tranchées directes à créneaux. Bref germes de forteresses.

On donne des lettres. J’ai un moment d’espoir vite déçu. Toujours pas de nouvelles de chez moi.

 

Nous rentrons à la nuit à la ferme. A peine arrivés une alerte se produit par une fusillade assez vite qu’on entend dans les bois. Cela dure une heure et se calme.

Nous pouvons dormir.

Notes 3e trimestre

Conduite répugnante des soldats faits pillards à Mouilly (__ __ en farine, pommes de terre au Moulin des Éparges. Préliminaire de paix ? Action réussie en Allemagne ?

Retraite par les __ de Montfaucon __ - par les Allemands. Position très importante commandant la Meuse.

Bombardement et incendie de Reims et sa cathédrale.

Reprise régulière des correspondances ? Retraite allemande s’accentuerait. On dit que nous serons cernés et obligés de nous replier sous Verdun ?

Pour la première fois depuis le début de la campagne je me sens malade diarrhée surtout.

Jeudi 1er octobre

Nous regagnons notre position de la veille.

La température matinale commence à devenir fraîche. Nous avons la piquette aux doigts. Par toute mauvaise interprétation circulaire nous faisons école soldat.

 

Départ à 10h. Destination inconnue.

Nous allons à des tranchées dans la forêt au-dessus de Mouilly. Nous y passons quatre nuits bombardés et fusillés.

Les 2 et 3 __ /10 vont à peu près. Le dimanche est plus dramatique. Nous allons en avant des lignes d’avant poste (page du 2 octobre) avec des plaques blindées comme par balles pour essayer de faire une tranchée en avant à très peu de distance des lignes allemandes. Sur des renseignements ténus sur le danger de l’impossibilité que présente cette tentative on abandonne le projet pour le reprendre deux fois dans la soirée et finalement (page du 3 octobre) l’exécution en est faite.

 

Dans la nuit du dimanche au lundi, avec une section du génie, la tranchée est terminée au petit jour. Nous occupons cette tranchée toute la journée du lundi.

 

Le matin, je pars en patrouille à peu près 400m en avant.

Le moment est angoissant. Je rencontre 2 éléments de tranchées. __ (page du 4 octobre) nombreux morts des 285e et 288e.

 

Dès midi nous rentrons néanmoins au complet. Puis les __ à __ 3 sentinelles sont tuées.

On les remplace par des observateurs dans les tranchées. Un de ces derniers est tué derrière un gros arbre.

 

A 10h, passe un aéro ennemi.

(Page du 5 octobre) L’emplacement exact de la tranchée est relevé et signalé et les obus tombent en fauchant sur les tranchées.

Situation terrible vers 3h. Légère panique et fuite de quelques uns. Un de nos hommes est blessé par un éclat d’obus au ventre.

J’aide à le porter sur un __ __ nous descendons coucher à Rupt-en-Woëvre.

6 octobre

Journée de cantonnement et repos sans __ à Rupt. La guerre marche mais __. Je crois que le mouvement de recul allemand s’accentue. Et les Russes avancent mais la besogne sera rude surtout avec l’hiver.

Toujours diarrhées et rhume depuis 10 à 12 jours. C’est épuisant.

Toujours pas de nouvelles de ma chère petite famille.

7 octobre

Nous partons à 11h. Où ?

La journée se passe très calme en position de réserve d’avant-poste. Nous nous occupons à faire des abris pour la nuit car la température se rafraîchit singulièrement et le vent est assez vif.

 

Vers le soir, nous quittons les bois où nous étions et allons cantonner – si on peut se permettre cet euphémisme – dans un moulin situé au fond d’une vallée, ouvert à tous les vents sans paille ni foin, sur des planches vermoulues ou sur un sol plein d’ordures et très humide.

Pour ma part je préfère passer la nuit auprès des feux de cuisine installés dans le fossé sur le bord d’une route. J’y passe une assez bonne nuit, cuit d’un côté, gelé de l’autre.

 

Au matin je bois un bon café. Les fossés sont tout blancs de givre.

8 octobre

Moulin bas près de Mouilly.

A 5h au petit jour, nous reprenons nos positions de la veille. Nous sommes transis mais comme on a le droit de faire des feux nous en profitons largement. Nous faisons cuire quelques pommes de terre sous la cendre. Elles nous paraissent délicieuses.

Nous partons à midi et par des raidillons sans fin dans les bois au nord de Mouilly gagnons un nouvel emplacement sur un plateau à la lisière d’un bois. Balayé par les obus. Nous avons devant nous les 67e, à droite la 10e qui parait-il s’est reposée 4 jours à Saint-Mihiel. Le bruit court que notre division serait appelée à en faire autant ??

 

Le soir et toute la nuit fusillades et canonnades très vives.

A un moment nous occupons nos tranchées de combat puis on rentre et je vais jusqu’au matin en petit poste d’écoute. Vision des brancardiers portant un blessé dans la nuit.

9 octobre

Mouilly.

Après __ jour nous allons faire des tranchées travaux que nous abandonnons à cause des obus. Nous regagnons donc nos abris. On entend de temps à autre sur les premières lignes fusils et mitrailleuses et dans le lointain les canons des forts. Modz. Verdun. 2 __ terribles.

Nous sommes sans nouvelles depuis le 30/9. La situation reste sans doute stationnaire. Le bruit a même couru que nous avions reculé légèrement dans l’Est ??

 

Vers midi, nous sommes relevés par le 54ème infanterie et passons dans d’autres tranchées à gauche et au-dessus de Mouilly. Nous travaillons à leur aménagement.

 

A 3h arrive l’ordre de suspendre les travaux et la nouvelle que nous attaquons le soir même les positions ennemies à la baïonnette. L’instant est solennel. Tout le monde sérieux et calme.

 

A 6h nous nous mettons en marche et allons occuper des abris tranchées au carrefour habituel des routes MouillyHancheter ( ?).

10 octobre

Nous attendons pendant 2h l’ordre de partir en avant.

Puis nous apprenons qu’ Étain et Conflans ayant été repris par les français on craint que l’ennemi ne cherche à foncer en avant. C’est pour cette raison que nous avions pris nos positions en réserve.

Finalement la nuit se passe très calme à part une violente canonnade de notre côté, peu de riposte du côté allemand.

 

Au matin nous subissons une très forte pluie qui nous met dans un état piteux. Cela dure toute la journée. Les duels d’artillerie reprennent. Quelques blessés en première ligne. Nous __ (il est5h), sauf contrordre __ au même endroit. Nous améliorons un peu les __ mais malgré tout l’eau s’infiltre sur la __. On se résigne et on s’endurcit. Il paraît que les communications postales sont toujours confuses chez moi.

De là ce manque de nouvelles qui m’inquiète.

Soldats blessés par nos obus.

Nouvel adjudant blessé au genou __ revenu au combat paraît connaître son métier.

11 octobre

Forêt d’Hamblenville. Vers 12h.

Nous allons faire une petite cuisine sous bois toujours au son du canon. Il a plu la veille et nous pataugeons dans la boue.

Nous allons relever la 2ème Cie de première ligne, comme nous sommes sous le feu de l’ennemi la relève ayant lieu en plein jour.

Nous gagnons nos tranchées en rampant ou en se couchant dans des boyaux de communication sortes de couloirs __ par la guerre.

 

L’opération sous bois est extrêmement fatigante et périlleuse.

Elle nous coûte 2 morts et 10 blessés. __ caporal Lanteau parisien. Michal. Ouvrier typographe assez intelligent quoiqu’un peu nonchalant et avec lequel je sympathisais. Employé chez Pigelito ( ?) habitant saint Mandé et fiancé !!!

Il m’avait raconté son passé et ses projets. Comme on le voit (nous le savions par d’autres) ces prises d’avant-postes sont plus meurtrières que des combats.

D’ailleurs la nuit fut fertile en incidents.

Un __ blessé côté gauche.

12 octobre – 13 octobre

Saut en avant ayant été décidé nous permet la formation habituelle. Chantiers des génies. Poste d’écoute et sentinelles. Nous étions à peine à 500m de l’ennemi.

Au début la construction des tranchées alla sans incident. Mais nous fûmes bientôt canonnés presque à bout portant mais on s’y habitue. Et à part quelques culbutes dans les __ et fils de fer on retrouve vite son trou. __ des obus arrivant dans la nuit en grosses gerbes de feu est vraiment terrifiante quand on songe à la mort qui guette.

Pour ma part je reçois un éclat d’obus sur le talon droit mais sans dommages.

Nous finissons par occuper les tranchées __ 100m en avant.

 

Vers 11h du soir, mais comme nous continuons à fouiller on continue à nous bombarder. On se terre. On attend le silence ou l’obus et on recommence.

Bref le point du jour arrive et nous sommes installés. Quelques obus allemands pour nous saluer et le duel d’artillerie s’engage (sur la page du 13 octobre) bref et angoissant avec interruptions __. Nous attendons les évènements.

 

Il est 9h.

Nous devons être relevés dans la journée pour prendre un peu de repos.

Voilà 6 nuits que nous passons sous bois ou plutôt sous terre. Pour ma part j’aime beaucoup ces repos qui nous font reprendre contact avec le monde civilisé et nous permettent de nous nettoyer, ce qui n’est pas un luxe. J’enregistre pour mémoire le bout __ d’après lequel Joffre aurait dit que vers le 25 la France pleurerait de joie ! Et sous réserve la nouvelle de la reprise de Montfaucon grâce aux prières ( ?) de __. Les Russes maintenant ( ?) marcheraient très bien.

Le bulletin officiel des armées allemandes très intéressant à comparer __ 6 septembre.

 

Je constate que nous allons bientôt avoir trois mois de campagne. Alors que tout le monde comptait un délai beaucoup plus court.

Heureusement nous avons bon espoir.

 

Fin du carnet, Paulin est tué le lendemain

 

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Je désire contacter le propriétaire du carnet de Paulin COLINET

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