Les carnets de guerre de Lucienne Courouble

II : Période janvier 1917 – Novembre 1918

 

Mise à jour : août 2014

Retour accueil

 

         Retour sur les années 1914-1916

 

 

Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : feather

Préambule

 

Lucienne a écrit, au jour le jour sur un cahier et deux carnets, les événements petits ou grands de sa vie sous l’occupation allemande.

Les deux premiers documents ont été recouverts de papier peint et ont été perforés de part en part, ce qui laisse à penser qu’ils ont été cloués et dissimulés sous la tapisserie pour échapper à l’interdiction qui était faite d’écrire.

 

Lucienne a épousé Adolphe COUROUBLE le 25 septembre 1911 à Etrœungt.

En août 1914, deux enfants étaient nés de cette union : Louise et Lucien.

Ce qui est extraordinaire, c’est qu’Adolphe COUROUBLE a, lui aussi, écrit son propre carnet de guerre. Il a été mobilisé aux 100e, puis 126e régiments d’infanterie. Il est mort pour la France à Neuville-Saint-Vaast (62) le 25 septembre 1915.

Il est donc très intéressant de suivre les 2 récits dans le même temps. C’est pour cette raison que j’ai ajouté des liens direct de l’un vers l’autre et réciproquement.

 

Dernière précision, le village d’Adolphe et de Lucienne est Etrœungt, dans le Nord. Une route nationale le traverse conduisant vers Reims. Lucienne y restera durant toute la guerre et verra défiler toutes les troupes militaires françaises et allemandes, avec leur cortège de misère, d’horreur et de pillage systématique…

 

 

 

Description : Description : Description : Description : Description : Description : Txt Lucienne

 

Année 1918 dite de la Paix ?? et de la misère

 

 

" L 'Allemagne n'a pas le droit de voir dans le maintien de la paix le but de sa politique (...).La guerre est un facteur indispensable de la culture, l'expression même de la vitalité et de la force des peuples civilisés."

      Général Friedrich von Bernhardi (1849-1930), théoricien militaire du pangermanisme.

 

Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : feather

 

Avertissement

 

Avertissement : la retranscription des noms propres et des noms de hameaux ou de villages ayant été difficile à la lecture, leurs orthographes peuvent être erronées et n’ont fait l’objet que de vérifications partielles.

La recherche des documents a été réalisée par Michel Decaux, la conception du projet et la transcription des textes par Etienne Courouble, tous deux petits-fils d’Adolphe Courouble.

 

Leur reproduction ou copie même partielle ainsi que la mise sur site internet sont interdites sans leur autorisation. michel.decaux-arobase-wanadoo.fr,  etienne.courouble-arobase-laposte.net

Retranscrits en Juillet 2002 et complétés en octobre 2003.

Publier sur le site www.chtimiste.com en août 2014

 

Retour sur les années 1914-1916

Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : feather

 

Lucienne COUROUBLE

Par elle-même

 

 

Description : Description : Description : Description : Description : Description : LLLLLL

 

Lucienne COUROUBLE

 

Carnets de guerre

Etrœungt (Nord)

 

 

Année 1917

Description : Description : Description : Description : Description : Description : 1917

 

Janvier 1917

Lundi 1er janvier 1917

Pluvieux, triste.

Rien de particulier. Pas de canon.

Mardi 2 janvier 1917

Canon après-midi.

Faut déclarer tous les matelas de laine !!

Mercredi 3 janvier 1917

Pluie toujours.

1 cas de croup au hameau. (Laryngite à fausses membranes, presque toujours d’origine diphtérique)

Jeudi 4 janvier 1917

Pluie.

Un combat naval d’une grande importance au canal de Kiel. Nous aurions coulé 43 navires allemands avec quantité d’hommes ?.

Les évacués ayant payé pour partir en France, partent lundi. Les évacués annoncés arrivent demain de Chauny, Ham dit-on. 500 pour Etroeungt.

Canon depuis la nuit toute la journée.

Vendredi 5 janvier 1917

Pas d’eau.

 

Annonce :

Ø  Les habitants qui veulent partir en France, peuvent encore se faire inscrire jusque midi pour 48 F et 30 F pour les enfants, les hommes de 14 à 59 ans exceptés.

 

Les nouveaux évacués pas encore arrivés. Quelques personnes du pays partent.

Tant mieux, elles pourront donner des nouvelles !

Samedi 6 janvier 1917

Neige 2 à 3 centimètres. Fond.

45 personnes paient pour partir, 80 demandent gratuitement.

Pas de canon.

Dimanche 7 janvier 1917

Couvert.

Il faut que 250 personnes partent.

On inscrit d’office les familles nombreuses des évacués. Pas de canon.

Lundi 8 janvier 1917

Neige la nuit. Pluie qui fond.

Canon. Il manque 1 000 personnes pour partir, on va inscrire forcément chez les évacués. Pas de nouvelles des arrivages attendus.

Arrive un troupeau de vaches blanches.

Faut conduire des briques à Avesnes. 7ème Fleu.

Mardi 9 janvier 1917

Couvert.

Les partants ne partent que le 18 dit-on ?

On passe demander combien de matelas ?

Occupés ou non ?

 

Annonce :

Ø  Les parents qui voudraient envoyer des enfants de 6 à 14 ans en Hollande pour la durée de la guerre peuvent les inscrire aux mairies. Pour ?.

 

Au ravitaillement desserts 100 g par personne pour étrennes. Les évacués annoncés n’arriveront pas, ayant été renvoyés en France ?

Les soldats et officiers de la Commandanture vont être remplacés par des civils allemands.

Mercredi 10 janvier 1917

On parle que tous les évacués vont partir.

Pluie

Jeudi 11 janvier 1917

Neige.

 

Affiche annonce :

Ø  Tous les évacués doivent se préparer à partir sauf les hommes de moins de 60 ans et les jeunes gens de plus de 9 ans.

Ø  Défense d’emporter aucun papier.

Ø  L’argent français (maximum 300 Frs.) et les billets de ville, les livrets de caisse d’épargne, les titres nominatifs, chèques, traites, comptes etc. devront être remis aux maires sous enveloppes, portés cachetés à la Commandanture, ils seront remis aux propriétaires à Schaffhouse.

Ø  Les bagages (35 kilos) mis dans des sacs seront envoyés à Avesnes 48 heures avant le départ, pour la visite aucun bagage en main.

Vendredi 12 janvier 1917

Neige fondue

Les évacués se préparent. Demain revue des gros chevaux restants.

Pain Atroce.

Samedi 13 janvier 1917

Neige.

Pain tout noir. Affreux 

Dimanche 14 janvier 1917

Neige fond un peu.

Les évacués portent leurs bagages à la Mairie et vont rechercher les enveloppes cachetées contenant leur argent.

Lundi 15 janvier 1917

Gelée. Avant midi neige fine.

Canon. Rien de nouveau. Pain un peu meilleur.

Mardi 16 janvier 1917

Neige tient.

Canon gros coups sourds. Gelée.

Des évacués de Boulogne partent demain.

Mercredi 17 janvier 1917

Gelée et neige 10 à 15 centimètres. Neige fine et canon jour et nuit.

On parle d’une victoire pour nous à Ypres ?

Jeudi 18 janvier 1917

Neige tombe jusqu’à midi. Gelée.

Les évacués partiront dimanche matin. Cambrai serait évacuée. Les trains ont passé par Avesnes.

Canon.

Vendredi 19 janvier 1917

 Gelée sur neige.

Ordre aux évacués et aux partants volontaires (12) d’être à Sains dimanche à 8 h du matin.

Samedi 20 janvier 1917

Gelée.

Les bagages sont menés à Sains demain. Départ à 5 h du matin.

Canon.

Les femmes de soldats doivent dire où leur mari s’est rendu et à quel jour de mobilisation.

Dimanche 21 janvier 1917

Gelée sur neige.

Départ des évacués, fouillés, visités à Sains, embarqués à 8 h du soir.

Canon.

Lundi 22 janvier 1917

Gelée sur et par neige qui tombe.

Arrive 25 dépêches, une m’est envoyée, n’arrive pas. Toujours la guigne !. Canon. On parle d’une défaite allemande à Ypres. Encore ?

Mardi 23 janvier 1917

Gelée, beau. Glissant.

Canon.

1 100 évacués arrivent à Wignehies, 700 à Fourmies de Ecourt-St-Quentin et St Gobain.

La Commandanture demande pourquoi les évacués restants ne sont pas partis.

Annonce : 500 chevaux à mettre à la filature. Au ravitaillement cacao.

Mercredi 24 janvier 1917

Gelée, très froid, glissant.

Gros coups. Le pain augmente de 0 Fr. 60 les 2 livres ¾.

Jeudi 25 janvier 1917

Froid, gelée.

Canon. Soleil.

Vendredi 26 janvier 1917

Gelée, très froid. Soleil. Pas de canon. La grand-rue de La Capelle et une rue de Prisches doivent être évacuées, les habitants se logeront ailleurs. Pour ?

Recensement des oies et des canards.

Samedi 27 janvier 1917

Re gelée. Très froid. Soleil.

Calme absolu.

Dimanche 28 janvier 1917

Gelée. Soleil.

Calme.

Lundi 29 janvier 1917

Gelée toujours et froid glacial.

Grosses explosions.

Mardi 30 janvier 1917

Gelée et froidure. Un peu de neige la nuit et toute la matinée.

Canon nuit et jour.

Il faut un cordonnier pour la Commandanture et demain fournir tous les poneys, les faire conduire par des hommes et prendre nourriture pour 2 jours.

 

Annonce :

Ø  Conduire tous les sacs, même les vieux à la mairie.

 

Mercredi 31 janvier 1917

Gelée à outrance. Canon soir.

Février 1917

Jeudi 1er février 1917

Gelée toujours, froid excessif.

Canon nuit et jour fort. On annonce 100 000 hommes au Nouvion.

Vendredi 2 février 1917

Gelée. Canon.

Des enfants de Liessies (3) disent avoir vu la Vierge qui aurait dit la guerre finir d’ici 3 mois.

Samedi 3 février 1917

Gelée toujours, le thermomètre marque 21 en dessous de zéro ce matin.

Tout gèle dans les maisons, les gens aussi, le chauffage est si rare et si mauvais.

Canon nuit et jour malgré cela !

Des pancartes vont être mises à chaque puits ou source déclaré potable.

Dimanche 4 février 1917

La nuit a été terrible comme gelée. Le canon n’a pas cessé. Les troupes ne sont pas encore arrivées au Nouvion mais on les attend.

Thermomètre arrive à moins 24° et demi !

On gèle dans les lits.

Lundi 5 février 1917

Continuation du froid et du mauvais pain. Quelles calamités !

26 000 hommes seraient annoncés pour la Commandanture et la colonne partirait.

Canon.

Mardi 6 février 1917

Gelant.

Canon.

L’Allemagne déclare le blocus de toutes les côtes. Ayant coulé des navires américains, les relations diplomatiques sont rompues. On s’attend à  une déclaration de guerre. Et le ravitaillement.

Mercredi 7 février 1917

Gelée un peu moins forte mais encore trop.

Pas de canon.

Ordre de conduire les noyers abattus.

Jeudi 8 février 1917

Gelée toujours.

Hier soir, arrive ordre aux 37 hommes choisis il y a 3 mois, d’être à 8 h à Avesnes.

Là, on demande 10 volontaires. Les volontaires qui se présentent sont renvoyés ici. Seize parmi les autres sont pris pour travailler à Aulnoye.

 

Ø  Ordre de fermer tous les cabarets et d’y mettre une affiche "  Cabaret fermé  " en allemand.

Ø  Ordre de conduire les turbines, barattes, pots à beurre etc.

Pas de canon. Soir très froid.

Vendredi 9 février 1917

Gelée.

Matin passe un aéro. Les rations de pain vont être diminuées : 4 livres par semaine. S’il était bon encore !

Samedi 10 février 1917

Gelée à outrance.

Encore un aéro. Les hommes de la colonne partent ce matin. Après-midi ordre de fermer les écoles. Pour ? (Troupes ?)

Économie de chauffage dit-on. Gros coups par moment.

Dimanche 11 février 1917

Gelée moins fort.

Canon tout le jour.

Arrive 200 évacués de Ham à Floyon. Les hommes enlevés jeudi, l’ont été parce que les noyers abattus n’avaient pas été conduits à l’heure.

Lundi 12 février 1917

Un peu de dégel, brouillard soir neigette.

Arrive demain à 5 h du soir à Sains 500 évacués pour ici.

Les écoles seront chauffées et préparées pour les recevoir pour la nuit. Est-ce du recul ?

À Floyon les hommes, femmes, jeunes gens sont seulement venus. Les enfants et les jeunes filles sont restés.

Est-ce croyable ?

Mardi 13 février 1917

Gelée encore.

Les évacués arrivent à 8 h du soir de 12 villages près de Lassigny-Noyon. Rien que des hommes jeunes et des jeunes filles à 386. Les enfants de moins de 15 ans sont restés avec leurs mères et les vieillards de plus de 60 ans.

Pour ?.

On leur avait fait de la soupe, ils en ont été bien heureux.

Dégel.

Mercredi 14 février 1917

On place tous les gens avec difficulté, aucune famille n’étant complète. Ils disent une préparation formidable des ouvrages fortifiés : fers, barbelés, mines, de chez eux jusque St Quentin, après plus rien.

Demain arrive des vaches.

On reçoit  des cartes de ceux qui sont partis en France ; J’en ai une de Jules de Schaffhouse, toujours la même chose hélas !

Jeudi 15 février 1917

Canon.

Les vaches n’arrivent pas. Tout le ravitaillement bêtes boucherie de St-Quentin est à Avesnes, les fours fonctionnent, des troupes vont et viennent.

Les habitants de la ville sont prévenus de se mettre dans les caves en cas de passage d’aéros.

Vendredi 16 février 1917

Dégel.

Très gros longs coups de canon jour et nuit sur Noyon.

Des évacués arrivent partout aux environs. Serait-ce pour de bon cette fois ?

 

À 8 h du soir arrivent, sans être prévenu, 250 hommes de Noyon et environs, quelques femmes.

Samedi 17 février 1917

Dégel. On loge les évacués.

On en annonce encore 100 pour ce soir. Cela est pour de bon, disent-ils.

Gros coups sur Noyon.

Dimanche 18 février 1917

Bon dégel.

Pas de canon.

Les vaches allemandes partent.

 

Annonce :

Ø  plus de passeports.

Lundi 19 février 1917

Carnaval. Dégel.

Pas de canon. Une carte de Barbay.

Mardi 20 février 1917

Pluie.

Arrive 7 prêtres, 1 médecin, 1 pharmacien et une dizaine de dames de Noyon restés comme otages jusqu’au départ de toute la population.

Gros coups par moment.

Passe beaucoup d’autos chargées de mobiliers.

Mercredi 21 février 1917

Brumeux.

Matin arrive préparation de logement pour 1 500 hommes et 60 officiers. 10 à 20 dans chaque maison. Doivent arriver demain ou vendredi.

Avons un officier et une ordonnance inscrits. (Arrive le 51e)

Jeudi 22 février 1917

Gris.

En arrive une centaine, les autres demain.

Vendredi 23 février 1917

Gris.

À 6 h du soir en arrive beaucoup.

Samedi 24 février 1917

Gris.

Va et vient.

Notre officier arrive le soir. Ils forment ici, pense-t-on, des écoles de recrues et de sous-officiers. Canon. 180 évacués de 18 à 52 appelés demain pour Avesnes.

Dimanche 25 février 1917

Gelée, beau.

Canon fort.

Beaucoup de circulation. Tous pas encore arrivés. Notre officier paraît bien.

172 évacués ont été pris pour aller travailler.

Lundi 26 février 1917

Canon au loin.

Les soldats font de l’exercice de bombes, fusils, mitrailleuses, grenades, etc.

Une escadrille d’aéros passe au loin sur Avesnes.

Mardi 27 février 1917

Gris.

Manœuvres encore, exercices de tranchées, chants etc.

Mercredi 28 février 1917

Gris.

Faisons le ravitaillement, 110 F par mois à deux.

 

Annonce :

Ø  Balayer les rues tous les jours et saluer les officiers en se découvrant.

 

Jeudi 1er mars 1917

Gris.

Les Anglais ont repris 7 villages autour de Bapaume.

Obligation de fournir 2 300 œufs par semaine sous peine d’un mark d’amende et un jour de prison pour chaque œuf manquant. (On en fournissait 50 !) 

Vendredi 2 mars 1917

Froid, beau.

Exercices et chants habituels. Tous les intérieurs de barattes sont conduits à Avesnes.

Déclarer les machines à vapeur pouvant fonctionner mais ne servant pas actuellement.

Chaque maison est numérotée. Les rues vont être baptisées.

Samedi 3 mars 1917

Tric-trac habituel.

Dimanche 4 mars 1917

Allons voir tranchées à Magenta.

Rue nationale : Hurdrehburg Strass.

Rue de Fourmies : Ludendorff Strass.

Rue de la place : Dom Platze.

Rue de la filature : Hoch Strass.

Rue des Orfèvres : Mackensen Strass.

En arrive encore une centaine venant du front de Noyon, de Babeuf, qu’ils ont abandonné disent-ils.

Lundi 5 mars 1917

Canon.

Pour la 3e fois on demande pompe, puits ou citerne ?

Demain tous les chevaux à Avesnes. La colonne est partie hier.

Mardi 6 mars 1917

Canon.

Passe depuis samedi beaucoup d’autos de mobiliers, de civils venant de St-Quentin que l’on évacue, disent-ils.

Mercredi 7 mars 1917

Canon.

Vent. Baromètre plus bas que tempête.

Arrive 280 vaches. L’évacuation des villages près du front continue pour les troupes et les gens et les bêtes.

Neige.

Jeudi 8 mars 1917

Gros coups de canon.

Rien de neuf. Neige.

Vendredi 9 mars 1917

Gelée et neige.

Canon nuit et jour très fort. On assure que Noyon est repris. Leur recul d’après les journaux est stratégique ? (*)

 

(*) : C’est exact : Les Allemands ont effectués un recul volontaire et stratégique très important, en appliquant la politique de « terre brûlée »

Ils raccourcissent le front et ainsi « économise » des divisions d’infanterie.

Samedi 10 mars 1917

Notre officier et ses ordonnances fichent le camp sans dire même merci, emportant même la clef  de la maison et une couverture ! Bon voyage !

Matinée repasse de tout, gros canons lourds, voitures, officiers d’artillerie méli-mélo. Stratégie toujours ?

Le canon tonne encore.

 

À 2 h, réunion de tous les soldats casque en tête à l’église.

Demain messe allemande à 9 h ½.

Dimanche 11 mars 1917

Canon toujours.

2 compagnies partent. On en attend d’autres. Notre officier est parti en permission, paraît-il.

Lundi 12 mars 1917

Arrivent 2 compagnies fourbues. Ils disent Noyon évacué par les Allemands hier, St-Quentin le 15 ??.

À Liessies les phénomènes étranges continuent.

Serions délivrés le 20 avril ?

Mardi 13 mars 1917

Troupes partout. Noyon évacué par les Allemands hier, sauté aussitôt.

Mercredi 14 mars 1917

Exercices à grenades et dynamite dans les tranchées de Magenta, Marches, etc.

Annonce des évacués pour ici !

Bagdad serait pris par les Anglais.

Jeudi 15 mars 1917

Revue, etc.

Pas de canon.

Hier à minuit, arrivent 107 évacués de Ham, hommes et jeunes filles. Les enfants et femmes sont encore restés là-bas. Pour ?

Disent tout rasé, brûlé de Ham à St Quentin, désert complet. Les troupes reculées à St-Quentin attendent l’offensive française et anglaise.

Serait-ce pour de bon enfin ?

Et ces femmes et enfants que leur adviendra-t-il ?

Vendredi 16 mars 1917

 Évacués placés aux hameaux. Les vieillards, femmes et enfants sont comme dans des camps de concentration avec ravitaillement pour quelques jours, devant attendre l’arrivée des Français. Tant mieux pour eux s’ils ne tardent pas.

Bucquenoy est repris depuis mercredi dernier. Passe 2 aéros.

Samedi 17 mars 1917

Passe voitures et autos. Passe 1 aéro.

Dimanche 18 mars 1917

Canon matinée.

Noyon annoncé repris.

En arrive 100. Prépare encore logement pour 2 000. 2 gendarmes arrivent demain à demeure. Ils disent le tsar démissionnaire, prisonnier, etc. révolution en Russie.

Quoi de vrai ?

 

(*) : Le tsar Nicolas II a bien abdiqué le 15 mars

Lundi 19 mars 1917

D’après leurs journaux le tsar a abdiqué après une émeute à St Pétersbourg, la douma maîtresse continue la guerre.

Officiellement Bapaume et Noyon sont repris. Noyon n’a pas souffert, les vieillards femmes et enfants sont avec nos troupes. Deux régiments allemands auraient été faits prisonniers.

 

On refait du logement pour la cavalerie. La Commandanture de St-Quentin est attendue à Avesnes, celle de Chauny à La Capelle. Tous les évacués à partir de 15 ans (hommes) doivent se trouver demain matin à 7 heures sur la place.

Vent violent.

Gros coups.

Mardi 20 mars 1917

Matin repasse équipages de toutes sortes traînés par des chevaux, baudets, mulets, soldats même, venant de La Capelle, allant sur Lusnes et la Belgique.

Toute la journée, soldats perdus repassent par groupes ou seuls. Est-ce enfin la débandade ?

Affichent à Avesnes qu’ils ont cédé volontairement aux Français : Péronne, Bapaume, Noyon, Roye et villages voisins. Les jeunes gens et hommes vont travailler dans des fermes.

 

(*) : C’est exact : le recul allemand était volontaire

Mercredi 21 mars 1917

Toute la nuit repasse encore toute espèce de choses et de troupes.

Toute la journée, idem, chariots de meubles, de tout, etc. Ham et Chauny sont français ; ils approchent de St Quentin. Enfin !

La cavalerie doit arriver demain.

Jeudi 22 mars 1917

Neige.

Continuation de la déroute.

Plus de 1 000 hommes repassent, autos, chariots, etc. Ceux-ci doivent partir samedi. On refait encore du logement.

Visites des caves pour savoir combien on y mettrait d’hommes en cas de bombes d’aéros. Tous espérons enfin que c’est pour de bon.

 

Soir, on dit St-Quentin à nous ! Ne va-t-on pas trop vite ?

Nous devons débarrasser la remise et l’écurie pour loger des chevaux.

Quand ? Combien ? Ne savons pas.

Vendredi 23 mars 1917

Passe encore voitures, matinée. Les Anglais seraient à Estrées et les Français près de Guise ?. Et pas un coup de canon !

C’est bien bizarre.

 

Le matin en part 200. Les autres font leur baluchon. On enlève les pancartes des officiers. Le nôtre ne reviendra pas. La Chine a rompu avec eux.

Samedi 24 mars 1917

Froid, gelée. Rien de nouveau.

Quelques coups de canon. On dit que la Commandanture va à Namur ?

Il en part encore environ 600, les autres demain et après-demain. Il repasse encore des caissons, des mortiers qui vont sur Liessies. Passe un aéro allemand du sud au nord et repasse 10 minutes après.

On remonte le téléphone à la poste.

Dimanche 25 mars 1917

Matin repasse toujours pour Liessies de l’artillerie.

 

Vers 11 h passe un régiment venant au contraire de Sains par ici sur St-Quentin !

 

Après-midi encore un régiment, musique en tête, vient par ici. Il en fait toute la journée d’ici.

Lundi 26 mars 1917

Pluie.

Le dépôt fait ses bagages.

 

La nuit passe des troupes sans arrêt allant toujours se faire tuer à St Quentin.

Avant midi en arrive pour loger, avons un lieutenant, deux ordonnances, deux chevaux.

Mardi 27 mars 1917

Gelée.

Nuit et matin départ de tout le dépôt.

D’autres arrivent, le 23e, pour 3 ou 4 jours. Ordonnances sont bien. Le chef part le matin, revient, reçoit visites, boit beaucoup de cognac, part au casino, revient aéroplane, aussi faut-il laisser la porte ouverte la nuit.

Il a déjà un œil poché ; s’il rentrait sans voir clair, gare à l’autre œil, dit l’ordonnance.

Monte le téléphone de campagne.

 

Le journal annonce Chauny et Verquin repris le 18. Péronne brûlé. Allons-nous vers la fin ?

D’après les enfants de Liessies (beaucoup y croient) le 20 avril à 5 h moins ¾ du matin l’armée allemande rendra les armes. ? ! ?

 

Nuit canon.

 

(*) : Ces trois enfants ont vu la Vierge. Ils l’avaient déjà prédit le 2 février.

Mercredi 28 mars 1917

Gelée.

Hier soir aéro.

Concert 2 heures après midi. On affirme St-Quentin repris par la cavalerie.

Canon. Il arriverait vers Maubeuge évacués de Namur ?

Jeudi 29 mars 1917

Pluie.

Encore nouvelle (Vrai ?) Les Anglais auraient passé sur la Hollande, Liége, Gand seraient évacués par ici ?

On entend le canon par-là, loin, sans arrêt depuis quelques jours. Ils disent tenter encore un coup sur la champagne.

Orage.

Vendredi 30 mars 1917

L’Amérique prête de l’argent sans intérêt à la France et offre ses sous-marins. Les communiqués du 20 et 21 sont très bons. Nous sommes près de St-Quentin.

Fleu pas lumière arrive artillerie.

Samedi 31 mars 1917

Pluie. Tonnerre.

Notre officier revient avec un autre à 6 h, ne sachant plus se porter, envoie chercher 2 tambours, 2 clairons et 2 fifres, se font donner aubade en haut ! Gare à la chambre demain ! Le tintamarre dure 2 heures.

Bilan : 7 bouteilles de Champagne à 12 F 25 la bouteille et 9 bouteilles de vin. Schultz ramené à 10 h à dos !

Belle armée avec de tels chefs !

 

Présentation de toutes les vaches, qu’on numérote. L’artillerie part grand matin pour Maubeuge.

Demain église réquisitionnée de 9 h à 13h. Messes pour nous à 7h, 8h et 13h.

Avril 1917

Dimanche 1er avril 1917

Canon.

Concert à 9 h.  Sa majesté Schultz malade, couché après-midi (aurions bien donné 10 sous pour qu’il y ait alerte et départ la nuit dernière).

 

Allons-nous avoir faim ? Depuis trois semaines plus de ravitaillement qui arrive. Rien que de la farine noire, aussi quel pain ! Heureusement qu’il y avait un stock ici encore pour 15 jours.

Après ? À la grâce de Dieu ! S’ils ne nous les volent pas nous avons bien des provisions pour 1 mois, mais combien sont volés !

Revue des chevaux, Avesnes en fourni 6.

Lundi 2 avril 1917

Pluie, vent. Canon nuit et avant midi. Repasse artillerie. En loge encore dans le bas qui part demain pour Maubeuge. Vent, fleu, pas de lumière.

Arrive café au ravitaillement et beurre à 6 Frs. la livre !

Mardi 3 avril 1917

Neige, gelée.

Après-midi repasse encore beaucoup de chariots venant de Vervins. Gros coups de canon le soir. Chevaux et chariots logent sur la route d’Avesnes.

Gendarmes surveillent le lait. Il est question de se cacher pour en avoir.

Mercredi 4 avril 1917

Canon nuit et jour.

Demain tous les baudets à Avesnes, dimanche encore les chevaux.

Neige toute la journée, re fleu. Pas de lumière.

Jeudi 5 avril 1917

Neige. Fleu.

Canon.

On prend du sang aux baudets. Office protestant. Réception.

Vendredi 6 avril 1917

Nuit canon.

Matin beau, soir pluie. L’Amérique leur a officiellement déclaré la guerre.

Samedi 7 avril 1917

Matin neige.

À 4 h du matin, départ de beaucoup de soldats pour Féron : revue d’un général.

Reviennent à midi.

 

Faut la statistique des hommes de 14 à 60 ans. Dire leur emploi ? Depuis quand ?

Passe  à plusieurs reprises et dans plusieurs quartiers une douzaine d’uhlans avec lances, des officiers à cheval d’où ? Où ? Pour ?

 

Hier beaucoup d’artillerie à Avesnes allant sur Maubeuge.

Pâques sans cloches encore hélas ! Les entendrons-nous l’an prochain ? Comme œufs de Pâques les enfants ont été ravis d’une paire de sabots avec quelques caramels.

Dimanche 8 avril 1917

Froid, beau.

Offices jusque midi, après concert. Ils partent mardi.

Canon loin.

Lundi 9 avril 1917

Averses.

Canon nuit et jour jusque midi, très fort sur Cambrai, St-Quentin. Réquisition de 12 balances avec poids.

(Louise bronchite)

 

(*) : L’offensive en Artois entre Lens et Arras va débuter le 9 avril 1917.

Mardi 10 avril 1917

Neige, averses.

Départ retardé.

À 10 h ordre de partir, attendent ordre de l’heure. Tous les bagages en voiture.

 

Le soir attendent toujours l’heure.

Canon donne fort sans arrêt sur Cambrai, St-Quentin.

Demain doit arriver 150 chevaux, voitures etc.

(Visite des gendarmes chez Anna)

Mercredi 11 avril 1917

Gelée, froid.

Canon sans arrêt encore.

Toute la nuit et matinée troupes allant sur St-Quentin, Le reste des nôtres part à 1 h ½ pour St Quentin. Enfin une nuit sans eux !

 

En arrive à 6 h, des voitures annoncées logent dans le bas. On fait annoncer qu’en cas d’incendie ou de fausse alerte d’incendie, tous les habitants doivent aller faire la chaîne.

Demain à 7 heures du matin à Avesnes tous les évacués de 17 à 55 ans.

Jeudi 12 avril 1917

Canon sans arrêt, tout tremble.

À Arras 2 divisions allemandes démolies, 6 000 prisonniers. Repasse des chariots allant sur La Capelle, artillerie venant de Fourmies et allant sur Avesnes. Une centaine d’hommes ont été pris, les autres reviennent. Il faut encore payer l’impôt : 200 000 Frs. pour Etrœungt.

Vendredi 13 avril 1917

Canon encore.

Rien de neuf.

Samedi 14 avril 1917

Nuit et jour roulements continus.

Dimanche 15 avril 1917

Toujours canon sur Soissons. Matin gros coups.

Demain départ des vaches allemandes.

À minuit avancer les horloges d’une heure (heure d’été)

Lundi 16 avril 1917

16 avril : Début de  la grande offensive française du Chemin des Dames, qui devait amener la victoire.

 

Après-midi repris du canon.

À Arras 11 000 prisonniers, 100 canons, 162 mitrailleuses, des canons de tranchées et 228 officiers la semaine dernière.

Aujourd’hui on annonce encore à Avesnes 6 000 prisonniers encore autour d’Arras. Attend des évacués d’Origny Ste Benoîte à La Rouillies.

Annonce départ pour la France, être âgé de 1 à 14 ans ou avoir plus de 60 ans, même les femmes.

Viande ravitaillement.

Mardi 17 avril 1917

Calme. Averses de neige toujours !

Mercredi 18 avril 1917

Matin neige, nuit canon.

On dit que sur Reims 14 000 allemands se seraient rendus dont le 23e qui vient de nous quitter. Ils l’avaient dit en partant.

Jeudi 19 avril 1917

Confirmation des 14 000, pris 100 canons, beaucoup de matériel. Les chasseurs partent demain.

Nous faisons maintenant partie de la 7e armée au lieu de la 3e mais heureusement restons dans la Commandanture d’Avesnes.

Réquisition : 4 kilos de papier pour les WC des lazarets

Canon toute la journée, très fort de midi à 2 h. Bombardement d’aéroplanes sur Maubeuge par 3 fois on entend des escadrilles et plus de 200 coups de bombes.

Vendredi 20 avril 1917

Doit être le jour de la paix ?

Canon sans arrêt.

Beaucoup arrivent. Depuis le 1er avril 60 000 allemands hors de combat.

 

À 10 h du soir en arrive une douzaine cherchant logement. Avant garde ou fuyards ?

Samedi 21 avril 1917

Nouveau poste de police société arrive hier soir.

Plus de canon.

Froid.

Dimanche 22 avril 1917

Froid.

Pas un coup de canon. Rien de neuf.

Lundi 23 avril 1917

Parfois un coup de canon.

À dater du 1er mai nous ferons partie de la Commandanture de Sains du Nord (Commandanture nouvelle)

 

Annonce :

Ø  Tous les jardins doivent être bêchés pour le 26.

 

Mardi 24 avril 1917

Beau. On commence à labourer.

Un peu de canon.

Mercredi 25 avril 1917

Froid.

Parfois un coup.

Jeudi 26 avril 1917

Froid.

Canon reprend après-midi.

Pas de ravitaillement qui arrive. Il faut mettre, remettre à Avesnes la farine qui devait servir après le 1er mai. S’il n’en arrive pas de suite à Sains, mercredi pas de pain.

Vendredi 27 avril 1917

Encore canon.

Villers-Guislain repris depuis le 18.

Samedi 28 avril 1917

 Journaux donnent avance de Lens à Reims.

Dimanche 29 avril 1917

Enfin le printemps. Soleil et canon le soir très fort sur St Quentin. Les chasseurs partent demain matin à cause de notre changement d’armée. Aéros.

Lundi 30 avril 1917

Nuit et jour canon. Cesse le soir.

Repasse beaucoup d’autos chargées de butin (matelas, coffres-forts, valises, malles, etc.)

Dès demain, le beurre se refait à la laiterie. Nous serons commandés par Sains du Nord. Mieux ou pire ! Pire sans doute, faisant partie de l’arrière front armée VII. Espérons que dans un mois cela ira mieux.

Aéros, bombes sur Maubeuge.

Mai 1917

Mardi 1er mai 1917

Canon sur Reims. Fournir à la nouvelle Commandanture de Sains un mobilier de luxe.

Mercredi 2 mai 1917

Faut encore cuillères, fourchettes.

Canon.

Jeudi 3 mai 1917

Aéros. Canon.

Vendredi 4 mai 1917

Aéros. Plus de canon. Perquisitions commencent tout est visité, retourné sondé dans quelques maisons.

Samedi 5 mai 1917

Aéros tirant l’un sur l’autre. Un ballonnet tombe à quatre maisons. Gendarmes arrivent. Plus rien. Dedans ?

Soir tempête. Canon.

Faut cuillères et fourchettes, rideaux etc.

Dimanche 6 mai 1917

Matin gros coups réguliers.

Canon ensuite.

Lundi 7 mai 1917

À 6 h (4h) matin, amener toutes les vaches, veaux, taureaux pour y mettre un numéro au front.

Encore un départ pour la France des habitants ou évacués de moins de 14 ou plus de 60 ans, les malades, le personnel de la Croix-Rouge française, les gens incapables de travail.

Mardi 8 mai 1917

Beau.

Canon jusque midi.

Toute la journée repasse autos, camions chargés de matériel, de bois, de tout et d’hommes qui crient au revoir.

Le soir on dit que St-Quentin est français et Laon en feu ! Tant mieux, c’est que cela marche !

1 000 vaches sont marquées pour partir demain matin, ils en reprennent encore 500 sur un ordre arrivé dans la journée.

Mercredi 9 mai 1917

Calme. Réquisition 21 lits, 100 paires de draps, bidons etc. etc.
À Floyon tous les vêtements et le linge, les chaussures, tout enlevé. On dit Craonne repris. Des prisonniers français vus à Sains ce matin ont dit « bon courage » !

Hélas nous en avons besoin !

Jeudi 10 mai 1917

Canon fort.

On amène des bêtes de Boulogne et demain on en conduit 100 à l’abattoir de Fourmies.

Chaud.

Vendredi 11 mai 1917

Les gendarmes font du logement pour 2 000 hommes d’ici 2 ou 3 jours.

Arrive à Avesnelles 1 100 évacués des environs de St Quentin, annonce 1 400 de Laon pour la Commandanture de Sains.

Pas de canon.

Samedi 12 mai 1917

Canon loin.

Demain à 5 h du matin, revue des baudets ici.

Va arriver 350 vaches et des chevaux malades à soigner.

 

Annonce :

Ø  Fournir à la laiterie 6 L lait à la vache payé 12 cts le litre.

Ø  Ceux qui en fourniront davantage, le surplus sera payé 18 cts.

Ø  Défense d’avoir ni beurre, ni fromage. Ceux qui en ont, doivent le porter à la laiterie. Aéros.

 

Dimanche 13 mai 1917

Canon sans arrêt, sec, fort.

Presque tous les baudets sont pris : Etrœungt, Sains, Boulogne, Rainsars les avaient amenés. Demain les chevaux, après demain les veaux. Les troupes devaient arriver aujourd’hui.

Rien. Aéros.

Lundi 14 mai 1917

Nuit et jour, canon violent.

Les Allemands disent St-Quentin français. Aux chevaux on passe la visite sanitaire. Les faire ferrer tous.

 

Annonce :

Ø  Déclarer toutes les pompes en cuivre. Elles seront remplacées par d’autres.

 

Mardi 15 mai 1917

Canon loin.

Le 20 à 7 heures du soir appel des hommes de 17 à 50 ans. Donner le nom des propriétaires de chaque maison, rue et n°. Réquisition de 24 matelas.

Mercredi 16 mai 1917

Plus rien. Réquisition de mobilier encore.

Jeudi 17 mai 1917

Ascension. Calme complet. St-Quentin n’est pas repris. Tous les blessés de Sains et Avesnes sont partis hier. Demain à 4 heures du soir, revue des chevaux rue du moulin.

Vendredi 18 mai 1917

Perquisitions dans quelques maisons. Revues des chevaux, pas un de pris.

Canon sans arrêt. Aéros.

Samedi 19 mai 1917

Canon nuit et jour.

Pour demain 5 heures du soir, revue de tous les hommes de 17 à 50 ans inclus. Sur 260 inscrits pour partir en France, 27 seulement admis.

Des prisonniers civils restés disent qu’on évacue Cambrai qui est bombardé par les Français.

 

Faut 2 œufs par poule. Porter les poules mortes à la mairie. 8 litres de lait à la vache.

Déclarer les fils de fer à ronce que l’on a chez soi ou dans ses propriétés.

Dimanche 20 mai 1917

Canon. Les hommes passent une revue de santé !

Déclarer les coffres-forts.

Lundi 21 mai 1917

Canon.

Passe 4 aéros. Arrive 40 télégraphistes, disent les troupes arriveront jeudi. Demain revue des taureaux et génisses.

Faut déclarer les tonneaux à vin et cidre.

Mardi 22 mai 1917

Perquisitions à Warpont.

Des coffres-forts déclarés ils prennent un échantillon du métal, le mettent sous enveloppe cachetée.

Les taureaux sont mis en groupes. Demain matin revue des génisses, après-midi revue des chevaux.

Encore canon.

Mercredi 23 mai 1917

Canon.

Pas de chevaux de pris. Toutes les génisses de l’an dernier sont prises.

Les téléphonistes montent une ligne d’Etrœungt à Sains.

Jeudi 24 mai 1917

Canon.

Réquisition au Grand Bois.

Vendredi 25 mai 1917

Canon jusqu’à midi.

Perquisition à Tatimont. Coût : 1 vélo, 100 jours de prison ou 200 marks. Recensement des habitants classés par sexe et âge de 0 à 12 ans, de 16 à 60 ans.

 

Soir un aéro allemand rase le village.

Samedi 26 mai 1917

Calme. Demain matin, amener tous les veaux de lait.

Dimanche 27 mai 1917

Presque tous les veaux pris. Défendu de faucher.

Déclarer combien de pâtures à foin.

Lundi 28 mai 1917

Plus de canon.

On s’y désespère, jamais de nouvelles de personne, ni de rien !

C’est à devenir fou ! Ils montent une baraque de bannis au bord de la rivière.

Tous les cultivateurs doivent porter à la mairie un râteau, une fourche.

Mardi 29 mai 1917

Pas de canon. Quelle vie !

Faut demain matin 25 hommes mécaniciens, charrons, menuisiers, maréchaux, etc. linge pour 15 jours, nourriture pour 2 jours. On enlève les cloches à Sains.

Mercredi 30 mai 1917

Toujours plus de canon.

Passe 200 à 300 hommes, 4 gros canons allant sur la Belgique.

Jeudi 31 mai 1917

On commence à démonter la cloche. On ne doit pas la casser. Le plafond est percé. On annonce des artilleurs pour quelques jours. Permis de faucher maintenant.

Juin 1917

Vendredi 1er juin 1917

Canon.

Des prisonniers sont revenus en permission de Busigny, disent que les obus arrivent à la gare de Busigny et qu’on se bat à la baïonnette à St Quentin.

Samedi 2 juin 1917

Canon.

400 artilleurs avec 4 batteries tout le matériel loge à la gare.

Avons un lieutenant pour une nuit. Partent demain matin. Ont très soif. Rien à boire pour eux disent-ils.

Dimanche 3 juin 1917

Canon.

Partent à 9 h ½ matin pour Sebourg. En arrive d’autres à midi pour 2 jours.

Lundi 4 juin 1917

Canon.

Bombes la nuit.

À Boulogne même logement qu’ici ! Doivent partir demain, remplacés par infanterie. Tous fatigués de la guerre. Presque pas d’officiers.

Avons sous-officiers.

Toutes les femmes doivent faner.

Toutes les écuries doivent être propres.

Voit un ballon captif sur Maubeuge.

Mardi 5 juin 1917

Canon.

Départ des soldats matin. Il faut demain 200 faneuses !

Soir arrive 14 chevaux avec 20 civils d’Equillers près St-Quentin les conduisant à Solre-le-Château. Des masses de troupes filent sur la Belgique. Journal parle d’une offensive générale sous peu.

La cloche est enlevée.

Matin passe un escadron de cuirassiers venant d’Avesnes. Des prisonniers civils sont condamnés pour 2 jours, travaillent au garage d’Etreux, vont sur la Belgique.

Mercredi 6 juin 1917

Chaud, orage.

Appel de tous les hommes et femmes de 12 à 60 ans à 1h ½.

Tous réunis, ils choisissent 50 hommes pour faucher et demain réunion des femmes à 7 h du matin.

Jeudi 7 juin 1917

Les émigrés partent faner. Appel des travailleurs deux fois par jour.

Orages.

Vendredi 8 juin 1917

Canon.

 

Annonce :

Ø  Demain 8 h matin (6 h) appel hommes et femmes de 12 à 60 ans.

Ø  Une femme seulement doit rester à la maison.

 

Perquisitions par en bas. Mes tonneaux sont inscrits (Encore une plume qui va partir !) (La brasserie possède 696 tonneaux !)

Samedi 9 juin 1917

Calme. Appel des hommes et des femmes de 12 à 60 ans.

Perquisitions de ci, de là.

On prépare encore des lits de planches pour soldats. Appel des femmes.

Dimanche 10 juin 1917

L’équipe des faneuses part faner, l’autre ira demain.

On ne fait pas la procession.

 

À 7 heures du soir appel de tous les hommes de 17 à 60 ans. Ils en prennent 67 des plus vieux pour partir demain.

Les 300 moutons qui étaient ici partent pour être tués à Ribemont.

On parle de fournir les matelas pour le 20 ?

Plus un coup de canon. Comme on s’embête et si on se fait des cheveux ! Quand ? Quand ?

Les amendes pleuvent dur pour tout ce qu’ils trouvent. Tout est motif à monnaie.

À Floyon pour 1 livre de beurre : 20 marks ; 1 litre de lait : 3 jours de prison !

Est-ce vivre ?

Lundi 11 juin 1917

Calme encore.

 

Annonce :

Ø  Pour le 18 juin il faut porter toute la laine des matelas à peser et étiqueter.

Ø  Les laines trouvées après seront confisquées et des punitions très sévères aux propriétaires.

 

Nous laisseront-ils du foin pour en refaire ?

À St Michel les bestiaux pâturent les champs. Ils fauchent les blés et coupent les arbres fruitiers, dit-on ?

Orage.

Mardi 12 juin 1917

Orage.

Perquisitions, amende 1500 Frs. pour le lait manquant depuis le 1er.

Mercredi 13 juin 1917

Orage.

Pas faner cet après-midi à cause de la pluie mais appel quand même.

Perquisitions encore. 41 des hommes partis  ///// reviennent d’Aubenton.

26 sont restés soigner des chevaux ils disent beaucoup de matériel repart et 1 coup sur Alsace ?

Journal parle d’un repli sur la Flandre. On parle encore de la Hollande avec nous ?

Jeudi 14 juin 1917

Refus de conserver un matelas pour un malade ou un vieillard.

Tout livrer ou amendes fantastiques. Passe 7 aéros français.

Vendredi 15 juin 1917

Chaleur, fanage, aéros.

Faut 100 couvertures de laine, 150 torchons. Déclarer le linge de maison, le beau mobilier etc.

Arrive des dépêches du 6 janvier ! Rien pour nous comme d’habitude !!!

Samedi 16 juin 1917

Chaleur accablante.

On fait des paillasses de toute espèce sauf laine. Pas un coup de canon malgré ce beau temps.

Demain dimanche 6 h ½ appel des faucheurs, départ 8 h ½ des faneuses, 9 h manœuvre des pompes, à 5 h du soir visite des hommes de 17 ans.

Nouvelles cartes d’identité à viser tous les 15 jours. Pour trois mois. Serait-ce les dernières ? Nous n’osons l’espérer, sommes complètement découragés.

Pas de farine arrivée, pas de pain lundi. Ceinture.

Dimanche 17 juin 1917

Chaud.

Travail. 1 aéro passe. Nous couchons pour la dernière nuit sur nos matelas.

Lundi 18 juin 1917

Orages.

Canon enfin.

Annonce du logement dans quelques jours. Les matelas sont conduits à Sains. Ils renvoient les laines de couleurs et laines mélangées de crins. Après qu’on s’est esquinté à tout découdre et conduire ! Quel dé triage pour reconnaître les siens chacun !

Pas de farine encore. 150 gr de pain aujourd’hui.

Mardi 19 juin 1917

Orages.

Canon nuit et jour. Perquisition.

 

Annonce :

Ø  Les 24 personnes acceptées pour partir en France, partiront demain par nuit à 1 h du matin.

 

Cette fois seule la petite laine mélangée avec du crin ou petite laine de couleur n’est pas prise.

Le canon donne partout. Est-ce enfin l’offensive ?

Mercredi 20 juin 1917

Chaud, averses.

Tous les fruits sont réquisitionnés. Payés ?

Déclarer tout le linge de maison et les lits de 1 personne. Les troupes arrivent demain ! ?. 20 000 à Fourmies Wignehies.

Perquisitions rue du Moulin, prennent une gouttière démontée !!

Demandent les baromètres ou thermomètres à mercure.

Canon moins fort, cesse déjà le soir.

La farine arrive enfin. Nous aurons du pain demain. (Pas trop tôt !)

Jeudi 21 juin 1917

Pluie. Canon. Pain. Charbon.

Toute la laine est conduite.

Vendredi 22 juin 1917

Canon.

Les rapatriés partis hier matin stationnent à Fourmies jusque mercredi.

Déclarer toutes les voitures à 2 roues et 4 roues.

Samedi 23 juin 1917

Pas de canon. Désolation.

12 gardes champêtres nommés devront patrouiller toutes les nuits.

Demain conduire toutes les vaches déclarées sèches (Gare aux fraudeurs !)

Dimanche 24 juin 1917

Aéros le matin. Pas un coup de canon.

Prennent 100 vaches. Faut 4 canards.

Lundi 25 juin 1917

Aéros soir canon forme garde de nuit. En cas d’incendie de foin 4 otages enlevés. Ils disent que la Russie demande la paix ?

Comme on n’a pas fourni de cerises ni fraises, 50 marks d’amendes là où on en trouve. (Puisqu’il leur faut tout, qu’ils aillent quelque part il y en a !)

Mardi 26 juin 1917

Canon après-midi.

Vont voir les cuves à la brasserie et les cuvelles pour la laiterie ou pour marmelade.

 

Soir, grand gendarme vient, visite la remise, regarde la voiture, l’écurie et c’est tout.

Les téléphonistes sont partis ce matin.

Mercredi 27 juin 1917

Matin, un pilleur de métal veut prendre les garnitures de cuivre d’une armoire et les portes-bougies du piano et une patère.

À la brasserie enlèvent la cuve guillotine pour la laiterie.

Ordre arrive d’enlever tous les métaux.

Jeudi 28 juin 1917

Viennent chercher 71 tonneaux, le reste suivra. Me promettent 1 bon.

Canon fort. On raconte qu’on va faire des lits partout, même dans l’église.

Les planches arrivent sans cesse. Pour ? Troupes ? Évacués ?

Les gendarmes trouvent et prennent 700 marks dans une maison. 13 soldats de la colonne partent demain ; le poste parti, des vieux remplacent.

Vendredi 29 juin 1917

Canon jusqu’au soir.

Arrive encore des planches, les lits se montent dans les maisons. Les écuries sont nettoyées au couteau et blanchies. Pour ?

Samedi 30 juin 1917

Pluie à verse.

Pas de canon. Ont encore enlevé 89 tonneaux hier.

Juillet 1917

Dimanche 1er juillet 1917

Calme Pluie à verse. De 3 à 4 heures, persistante, proteste pour avoir beau temps.

Lundi 2 juillet 1917

Beau.

Faut 200 aiguilles, fil, ciseaux, 100 brosses, balais, etc. etc.

Arrive une soixantaine de dépêches certaines vieilles d’un an. Beaucoup disent à leur femme de partir.

Canon toute la journée. On va monter l’électricité jusque Orniaux et partout parce que beaucoup de troupes l’hiver.

Mardi 3 juillet 1917

Pluie.

Aéros soir. Perquisitions.

Mercredi 4 juillet 1917

Pas de canon.

Réquisitions par 4 gendarmes et 2 marchands de loques qui ramassent tous les chiffons. Les gendarmes ramassent surtout les harnais, le cuir et bouteilles de vin.

Jeudi 5 juillet 1917

Calme.

Faut 18 charrettes anglaises. Réquisitions continuation.

Vendredi 6 juillet 1917

Encore très peu de canon. Déclarer les tonneaux pour mettre choucroute. Perquisitions.

Samedi 7 juillet 1917

Calme (Quand cela tapera-t-il donc ? Encore parti pour passer l’hiver !)

On vient chercher les cuvelles de la brasserie. Déclarer le métal de cuivre et de bronze qu’il y a aux pompes centrifuges ou rotatives, aux machines à vapeur, moteurs, etc. . Toujours passent les marchands de chiffons.

Dimanche 8 juillet 1917

Pluie.

Canon loin.

Lundi 9 juillet 1917

Ramasse les limes, les tenailles. Faut fournir les crémones et les cliches en cuivres !!

Bombes d’aéros le matin. On dit que les Russes avancent ?

Les troupes repartent là-bas.

Mardi 10 juillet 1917

Couvert. Faut 20 paires de souliers de femmes bon état pour les infirmières. Sinon là où il y aura 2 paires confiscation et amende.

Faut 5 jeunes filles pour aller travailler à Marle. Réquisition.

Mercredi 11 juillet 1917

Beau. Encore perquisitions.

 

Annonce :

Ø  Pour le 14 juillet fournir tous les pots à confiture.

Ø  Ceux qui ont des arbres fruitiers et qui n’ont pas fourni de fruits seront punis d’amendes.

Ø  Ceux qui n’ont pas payé la taxe des chiens : 20 marks.

Jeudi 12 juillet 1917

Ils viennent ici, ramassent mes harnais de voitures, un collier de grelots, des vieilles gouttières.

Encore une fois cela part.

Pas de canon.

Vendredi 13 juillet 1917

Continuation. Passe 1 aéro français. Guillaume aurait été victime d’un attentat ?.

Soir canon fort.

Samedi 14 juillet 1917

Canon sans arrêt fort.

Une bombe aurait été jetée sur l’auto impériale, chauffeur tué, Guillaume et officiers blessés. Le Kronprinz rappelé Betmam chancelier démissionnaire, Hindenburg parti en Russie, les Russes avançant fort.

Quoi de vrai ?

L’Allemagne serait en révolte. Quand saurons-nous la vérité ?

Dimanche 15 juillet 1917

Repasse 7 bateaux sur chariots allant sur Avesnes.

Recevons dépêches de M. Fabre du 18 janvier 1917  N° 462 991. Heureux vous savoir tous bien portants. Toute la famille bonne santé.

 

Pas nouvelles d’Adolphe depuis mai. Vous embrasse bien. Ils cachent la vérité sûrement !

Est-ce vivre qu’être toujours à l’injonctive ? Quand cela finira-t-il ?

Lundi 16 juillet 1917

Canon.

 

Annonce :

Ø  Déclarer les ustensiles de ménage, les cliches de portes en cuivre, etc.

Ø  Fournir les fruits.

Mardi 17 juillet 1917

Canon.

Encore : dépêche qui dit être sans nouvelles depuis septembre, de conserver espoir ! Que croire ? Que penser ?

Mercredi 18 juillet 1917

Canon.

Le chancelier allemand démissionne.

Jeudi 19 juillet 1917

Canon.

Porter pommes et poires. Livrer des baignoires émail, des chaises longues. Déclarer les machines à coudre, les cliches de portes.

Vendredi 20 juillet 1917

Revue des vaches. 180 sont prises pour tuer. Passe 8 aéros français sur Fourmies.

Canon. Poisson au ravitaillement.

Samedi 21 juillet 1917

Canon nuit et jour. Les canons anti-avions de Fourmies tirant hier sur les aéros ont tué 3 civils à Wignehies.

Dimanche 22 juillet 1917

Plus canon aéros sur Wignehies. On tire encore du canon sur eux.

 

Annonce :

Ø  Mardi 8 h soir visite sanitaire des hommes.

 

Lundi 23 juillet 1917

Pas canon aéros au loin toute la journée.

Le nouveau chancelier aurait déjà démissionné et les ministres allemands demanderaient la paix ? Guillaume aurait rappelé ses fils ? Quoi de vrai ?

Un ballonnet marqué Deutschland tombe dans la pâture de la gare. Les Allemands vont le ramasser.

Mardi 24 juillet 1917

Pas de canon. Repasse le soir des autos conduisant 2 pièces canon monstres.

 

Soir visite des hommes. On prépare à 8 h du soir logement 100 filature.

Mercredi 25 juillet 1917

Canon très fort après-midi.

À Avesnes l’état-major. Ils reculeraient leur front sur Guise ? Gare à nous.

Demain tous les petits veaux.

Jeudi 26 juillet 1917

Pas de canon.

 

Annonce :

Ø  Médecin allemand viendra en Commandanture 2 jours par semaine.

 

Soir canon 1 heure.

Les Russes battent en retraite.

Vendredi 27 juillet 1917

Soir canon très fort.

Samedi 28 juillet 1917

Canon sans arrêt. Mauvaises nouvelles de Russie. Faut dans 4 jours 232 980 Frs.

Dimanche 29 juillet 1917

Canon nuit et jour.

On passe dans les maisons pour avoir de l’argent. Papa va à Sorbais.

Lundi 30 juillet 1917

Canon moins fort.

Faut fournir 1 000 draps, 500 nappes, 500 taies d’oreillers, 500 serviettes, etc.

Déclarer les poules et les lapins.

Mardi 31 juillet 1917

Fleu. Canon.

Faut 25 machines à coudre sous 15 jours.

La débâcle russe continue.

Août 1917

Mercredi 1er août 1917

Canon le soir.

Jeudi 2 août 1917

Pluie. Rien de neuf.

On porte les 232 980 Frs.

Vendredi 3 août 1917

Pluie.

Il paraît que sur Ypres il y a des combats comme il n’y en a encore eu. Terribles disent-ils ! (*)

On dit qu’il y a eu exagération pour la retraite russe.

Il fallait verser hier en plus des 232 000 francs, 9 000 Frs. en monnaie d’état. Si ce n’est pas versé ce soir, le maire et 4 otages seront emprisonnés.

 

(*) : Il s’agit de la bataille de la bataille de Passchendaele, appelée aussi la troisième bataille d'Ypres eut lieu entre le 31 juillet et le 6 novembre 1917. Elle opposa l'armée britannique, l'armée canadienne et des renforts de l'armée française, à l'armée allemande.

Les Britanniques comptent près de 260 000 victimes, dont plus de 15 000 soldats canadiens tués ou blessés. On pense que les Allemands en eurent autant.

Samedi 4 août 1917

Le maire, les adjoints et un autre partent demain.

Pas de canon.

Dimanche 5 août 1917

Les otages reviennent, ils devront accompagner les gendarmes dans toutes les maisons, tout visiter, fouiller pour trouver l’argent.

Lundi 6 août 1917

Faut les marchandises des magasins de nouveautés, étoffes, etc. 

Mardi 7 août 1917

Toujours pas de canon.

Beaucoup de trains de soldats, de blessés, de morts même.

2 000 Frs. seulement sont fournis, les perquisitions vont commencer. Pour le 15, nous retournerons avec la 2eme armée ?

Faut fournir les objets indispensables ou non en étain, cuivre, bronze, zinc, nickel, aluminium.

Mercredi 8 août 1917

L’impôt est à peu près trouvé.

Canon reprend soir. Orage.

Jeudi 9 août 1917

Canon.

Revue des chevaux. Re-déclaration des volailles.

Vendredi 10 août 1917

(Aujourd’hui 3 ans qu’Adolphe est parti, 1 an sans nouvelles ! Hélas ! )

Louise bien heureuse, elle a 5 ans !. Heureux âge.

Samedi 11 août 1917

Canon nuit et jour.

La Chine déclare la guerre à l’Allemagne.

Dimanche 12 août 1917

Canon nuit et jour.

Lundi 13 août 1917

Canon nuit et jour très fort et partout.

Perquisitions. Faut conduire demain tous les tonneaux de brasserie.

Mardi 14 août 1917

Canon. Le Lt major part au feu avec 11 hommes.

Mercredi 15 août 1917

Pluie, canon. Ne faut plus de tonneaux.

Jeudi 16 août 1917

Pas de canon.

Vendredi 17 août 1917

Canon reprend. On évacue les civils de Laon. On fait des fouilles à La Pairée.

Samedi 18 août 1917

Canon très fort partout.

On va démonter ce qui reste des brasseries ! Aéros tout le matin.

Dimanche 19 août 1917

Canon. Office après-midi s’il pleut. Pleut pas. Pas d’office.

On parle de 200 000 allemands tués sur Ypres, 4 000 prisonniers et également un succès pour nous à Verdun ?

Lundi 20 août 1917

Le poste part à Crécy-sur-Serre, un autre arrive. Ordre arrive défendant de vendre du lait.

Plus de canon.

Mardi 21 août 1917

Canon reprend jour et nuit.

Mercredi 22 août 1917

Canon toujours. Ordre à tous les Allemands de partir demain, leur gazette de Cologne dit Poincaré en bas ?

Appel des hommes vendredi.

Jeudi 23 août 1917

Canon.

Faut 60 vaches à lait rouges, les plus belles pour envoyer en Allemagne.

Vendredi 24 août 1917

On annonce des succès sur tous les fronts. Attendons de tout.

Canon. Visite des gendarmes aux marchands de tissus.

Samedi 25 août 1917

Canon nuit et jour.

Dimanche 26 août 1917

Canon roulant. On aurait avancé partout. Sommes incrédules. Demain soir appel des hommes de 16 à 60 ans.

Lundi 27 août 1917

Pluie à verse.

Canon.

Gendarme passe revue des souliers aux hommes. Ceux qui ont des souliers de soldats allemands, on leur confisque.

Mardi 28 août 1917

Tempête. Arbres cassés, fruits tombés.

Canon. À partir du 1er septembre, cartes de lait.

 

Annonce :

Ø  Reporter les souliers allemands.

 

Mercredi 29 août 1917

Pluie et vent. Beaucoup partent au feu. La verrerie Glagean a brûlé la nuit de samedi à dimanche, on y fabriquait des bombes.

Jeudi 30 août 1917

Gendarmes commencent à ramasser les bronzes, pendules, etc.

Les cuivres des églises sont inventoriés, enlevés en certains endroits. Un peu de canon le soir.

Vendredi 31 août 1917

Vent, pluie.

Rien de neuf.

Septembre 1917

Samedi 1er septembre 1917

On dit Erieste pris par les Italiens.

Dimanche 2 septembre 1917

Troupes à Fourmies, Wignehies, Rocquigny.

Pas de canon. Revue des chevaux jeudi.

Faut 10 000 kilos de pommes. Un prêtre allemand vient choisir des cuivres dans l’église. On devra conduire demain à Sains les lustres, les appliques, etc.

Il arrive 100 chevaux malades au Grand bois et 100 au Petit Bois demain.

Lundi 3 septembre 1917

Beau.

Enlèvement des lustres de l’église.

Distribution des cartes au lait : 1 cran encore à la ceinture.

Mardi 4 septembre 1917

Beau. Canon.

Carillonnent à Avesnes pour la prise de Riga !! Ce que les Russes nous mettent dedans !

Mercredi 5 septembre 1917

Chaud orage.

Défendu d’aller au lait après 9 h du matin, avoir sa carte (1 litre pour nous 4).

Canon et bombes sans arrêt. On fane toujours.

Jeudi 6 septembre 1917

Canon très fort, orage.

Vendredi 7 septembre 1917

Fournir les treillages des clôtures.

Samedi 8 septembre 1917

Canon soir. Annoncent succès en Russie !. Hélas ! Hélas !

Dimanche 9 septembre 1917

Canon loin par moments.

Lundi 10 septembre 1917

Calme.

Défendu avoir lumière le soir.

Mardi 11 septembre 1917

Nuit dernière et matin bombes pas bien loin. Aéros.

Canon loin hélas.

Visite des ponts. Continuation du fanage et du blanchissage des écuries. Pour ?

Mercredi 12 septembre 1917

Calme toujours. Déclarer les lampes à pétrole.

Jeudi 13 septembre 1917

Canon reprend après-midi. Annonce de l’arrivée de 4 gendarmes ! Perquisitions en perspective !. Faut fournir toutes les bouteilles.

Vendredi 14 septembre 1917

Canon.

9 aéros anglais. Un aurait atterri vers le soir, tous les Allemands y courent.

Samedi 15 septembre 1917

L’aéro a atterri par panne à la Rouge-Croix, appareil démoli, aviateur légèrement blessé prisonnier à La Capelle. Gendarmes cherchent s’ils n’étaient pas deux ?

Vont faire perquisitions rue du Moulin. Trouvent des harnais, fouillent souvent toutes les remises.

Dimanche 16 septembre 1917

Canon.

Lundi 17 septembre 1917

Canon jour et nuit.

Deux Allemands viennent fouiller dans l’église et trouvent un peu de cuivre caché.

À Floyon, ils ont trouvé 100 000 F de titres dans l’autel. L’église de Floyon est fermée, gardée militairement.

Mardi 18 septembre 1917

Canon nuit et jour.

Gendarmes viennent voir le billard.

Reçoit une carte de Jules. Toujours sans nouvelles ! Quelle vie !

On dit le canal de St-Quentin passé par les Français.

Il ne faut plus de bouteilles pour le moment.

Mercredi 19 septembre 1917

Canon nuit et jour.

St-Quentin serait cerné avec 35 000 hommes. Ne croyons pas.

Jeudi 20 septembre 1917

Canon.

Deux de la police secrète viennent visiter et fouiller les magasins de C.R.B, la mairie, etc. trouvent hélas !

Quelle séance !

Vendredi 21 septembre 1917

Canon toujours.

Déclarer les harmoniums.

Samedi 22 septembre 1917

Canon. Déclarer encore toutes les pompes en cuivre ou non, les bouteilles champenoises ou à eau minérale ou autres. Arrive un gendarme architecte pour 8 jours.

Dimanche 23 septembre 1917

Canon un peu, aéros toute la journée. Les travailleurs des environs de St-Quentin n’y retournent plus, sont à Vadencourt.

Re déclarer les voitures, les harnais même.

Lundi 24 septembre 1917

Calme. Nouvelles cartes d’identité.

Réquisitions sur la place et partout tous les jours. Faut 1 harmonium.

Mardi 25 septembre 1917

Pas de canon. Revue des hommes. On assure officiel St-Quentin repris mais n’y croyons pas.

Encore 1 anniversaire et toujours sans nouvelles ! (*)

Quand ?

 

(*) : Il s’agit une fois encore de son anniversaire de mariage, voilà maintenant deux ans qu’Adolphe est mort.

Mercredi 26 septembre 1917

Canon. Pas vrai St-Quentin. Faut encore des tapis, pics, pioches, etc.

Re déclarer les bestiaux. 40 marks d’amende.

Jeudi 27 septembre 1917

Faut tous les saloirs en grès de plus de 30 litres. Demain matin, amener les 300 poules non-pondeuses.

Vendredi 28 septembre 1917

Canon, bombes.

Samedi 29 septembre 1917

Calme, perquisitions.

Dimanche 30 septembre 1917

Office protestant.

Les foins sont finis déjà.

Octobre 1917

Lundi 1er octobre 1917

Canon, bombes.

Part une dizaine.

Mardi 2 octobre 1917

Canon, bombes.

Faut 2 gramophones. Gendarmes viennent nous visiter, fouillent, sondent, ne trouvent rien.

Mercredi 3 octobre 1917

Pas de canon.

Défendu de charrier avec les chevaux. Tous doivent faire des silos.

Jeudi 4 octobre 1917

Revue des chevaux, on en prend onze. Téléphonistes partent.

Vendredi 5 octobre 1917

Les poules d’il y a 8 jours n’étaient pas bien encaissées : 150 marks d’amende.

La colonne part pour la Russie.

 

Après-midi bombes.

Coups formidables sur le nord. Aéros au loin.

Samedi 6 octobre 1917

Matin encore forts coups sur le nord. Tout tremble.

On prend presque tous les veaux.

Dimanche 7 octobre 1917

Ducasse ! 4ème gelée. Pluie à verse.

 

Annonce :

Ø  Faire des silos car on n’aura pas de foin l’hiver.

Ø  Déclarer tous les jours la quantité de silo qu’on fait.

Ø  Conduire pour demain tous les fruits. Celui chez qui on en trouvera : 100 marks d’amende.

Ø  Nettoyer les écuries pour mercredi.

Lundi 8 octobre 1917

Arrive la nuit une centaine d’artilleurs avec caissons. Viennent de près de Laon se reposer, logent rue du moulin.

Mardi 9 octobre 1917

Tempête.

Canon.

Arrive hier un géomètre pour arpenter le village.

Mercredi 10 octobre 1917

Pluie et vent.

On démonte l’électricité dans les maisons ne laissant qu’une lampe par habitation. Les fils en cuivre sont remplacés par d’autres en métal.

Dimanche revue des vaches, génisses, taureaux, veaux, etc.

Jeudi 11 octobre 1917

Faut 28 000 bouteilles.

Canon.

Vendredi 12 octobre 1917

Pluie à verse.

Faut les housses, dix colliers. Permis de faire du cidre. Ne pas le vendre plus de 20 centimes. On vient démonter nos lampes et fils électriques en gardons trois.

Fleu.

Samedi 13 octobre 1917

Défendu d’abattre des arbres de plus de 6 centimètres de diamètre !

Dimanche 14 octobre 1917

Canon.

Revue des vaches.

Lundi 15 octobre 1917

Rien de nouveau.

Mardi 16 octobre 1917

Un géomètre installe sur les hauteurs des perches, deux tranchées aux pieds.

Serait-ce du sans fils ? Canon contraire ?

Mercredi 17 octobre 1917

Interdiction de faire aucun commerce. Toutes les marchandises des magasins sont saisies par l’autorité allemande.

Aéro, obus. Faut 10 000 briques.

Jeudi 18 octobre 1917

Canon.

Vendredi 19 octobre 1917

Affiche nommant les marchandises réquisitionnées. Tout y passe.

Canon par nuit.

Samedi 20 octobre 1917

Inventaire de tous les objets dans l’église, même les ciboires sont inscrits ! Saisis.

Dimanche 21 octobre 1917

Beau.

Canon depuis midi.

Lundi 22 octobre 1917

Annoncent succès allemands en Russie !

Mardi 23 octobre 1917

Gelée, froid. Canon.

Mercredi 24 octobre 1917

Canon. Vent, tempête
Canon nuit.

Jeudi 25octobre 1917

Pluie.

Canon soir arrête.

La colonne part samedi.

Vendredi 26 octobre 1917

Colonne ne part pas. Manque de chevaux.

Au chemin des Dames, défaite allemande, 2 divisions anéanties, 12 kilomètres avance des Français.

Canon.

 

(*) : Il s’agit de la bataille de la Malmaison, offensive (et victoire) française menée différemment que les précédentes.

Samedi 27 octobre 1917

Annonce : 2 régiments au repos arriveront demain. Canon sans arrêt.

Dimanche 28 octobre 1917

Des gendarmes préparent le logement. Charrettes de fibres de bois ou charbon, des poêles même arrivent.

Lundi 29 octobre 1917

Faut fournir toutes les laines à matelas restant encore, quelles qu’elles soient, les chaudières et les cuisinières non utilisées.

Faut 150 chaises, 30 bureaux, 60 fauteuils, 15 armoires, 100 descentes de lit, etc. etc. pour demain.

Arrive à Sains évacués de 64 communes aux environs de Laon, 500 arriveront ici.

Mardi 30 octobre 1917

Rien de nouveau.

Mercredi 31 octobre 1917

Nuit arrive avant garde.

Logement : avons un bureau au magasin, tout enlever !

Novembre 1917

Jeudi 1er novembre 1917

Toussaint. Toutes les voitures vont à Fourmies chercher les bagages des soldats, 600 sont arrivés. Arrive mitrailleuses, leurs bombes et matériel pour école n 30.

Ils viennent de Thiancourt et du Bois-le-Prêtre.

Vendredi 2 novembre 1917

Installations. Sommes contents des nôtres.

Très calmes.

Samedi 3 novembre 1917

De gros succès allemands en Italie.

Dimanche 4 novembre 1917

On parle de 100 000 prisonniers italiens.

Annonce : départ pour la France, plus de 60 ans et incapacité de travail. Canon.

Lundi 5 novembre 1917

Affiche de leurs succès italiens. Hélas !

 

Il s’agit de la bataille de Caporetto. Face au Autro-Hongrois-Allemands, l’armée italienne en débâcle perd environ 230 000 hommes, mais elle n’est pas détruite. Les italiens aurait perdu près de 600 000 hommes depuis le début de la guerre (pour eux, le 23 mai 1915)

Mardi 6 novembre 1917

Exercices de mitrailleuses.

Mercredi 7 novembre 1917

Le journal dit, comme c’était prévu, qu’ils reculent leur front sur Laon. Les habitants de Liesse et Marchais sont arrivés dimanche à Fourmies.

Jeudi 8 novembre 1917

Les soldats disent qu’ils reculent à Laon. Canon sur la Belgique.

Les gendarmes cherchent eux-mêmes les mobiliers. Demain les chevaux en colonne.

Vendredi 9 novembre 1917

On annonce des évacués pour ici.

Samedi 10 novembre 1917

Il en arriverait 800 !

Dimanche 11 novembre 1917

Beaucoup de difficulté pour partir pour la France, seules les femmes sans famille et avec des enfants.

Lundi 12 novembre 1917

Cette fois c’est 1 000 évacués des environs de Laon qui vont arriver. Les Allemands demandent la liste des maisons où ils devront loger et aussi le nombre pour chacune.

Plus de canon.

La Russie demanderait la paix séparée, disent-ils.

Mardi 13 novembre 1917

Rien de nouveau.

Mercredi 14 novembre 1917

Il faut encore des chaises, tables, etc.

Jeudi 15 novembre 1917

Revue des vaches.

En prennent une centaine.

Vendredi 16 novembre 1917

Va arriver des pommes de terre. 5 kilos par habitant.

On n’aurait plus de lait du tout.

Samedi 17 novembre 1917

Les évacués n’arrivent toujours pas. On les dit repris par les Français.

Dimanche 18 novembre 1917

Le dépôt va partir mercredi. D’autres viendront.

On passe la visite des inscrits pour la France. Dans la kommandantur de La Capelle les vieilles seraient envoyées à Laon, camp de concentration.

Lundi 19 novembre 1917

Embarquement du matériel. Tous les chevaux ne suffisent pas. Cinq charrettes partent menées à bras par des soldats.

Mardi 20 novembre 1917

À 8 h du matin, départ du tout.

Des logements sont préparés pour des Bavarois (On les dit pillards)

Arriveront demain après-midi.

Mercredi 21 novembre 1917

 Revue des hommes à 10 heures ½ du soir. Arrive des troupes à minuit ; bon réveil.

Jeudi 22 novembre 1917

Ste Cécile.

Avons la poste. Le sous-officier est en permission. Le soldat paraît tranquille. Presque tous n’ont pas 20 ans. Ils viennent des environs de Reims.

La nuit et avant midi canon.

Lait supprimé sauf aux vieillards de plus de 80 ans et aux enfants jusque de trois ans.

Arrive 4 presses au foin.

Vendredi 23 novembre 1917

Arrive des pommes de terre. 5 kilos par habitant.

L’offensive en Italie serait arrêtée par les Français.(*)

 

(*) : C’est exact, Les Français envoie 6 divisions d’infanterie et les britanniques 5

Samedi 24 novembre 1917

Faut dans huit jours 500 000 F d’impôt ou l’adjoint sera enlevé en otage. Arrive 1 dépêche de mars !

Dimanche 25 novembre 1917

Tempête. Averse, neige.

Avance des Anglais sur Cambrai, d’après la Gazette Marcoing français et environs. On dit des Anglais dans Cambrai. (*)

Cette nuit 600 soldats doivent arriver.

 

(*) : La bataille de Cambrai (anglo-allemande) s’est déroulé du 20 novembre au 7 décembre 1917. Ce fut la première offensive de masse d’emploi de chars (près de 500 chars anglais). Les pertes furent d’environ 45 000 hommes de chaque côté. Cambrai restât allemand.

 

Lundi 26 novembre 1917

Prépare encore du logement en bas. Neige la nuit. FLEU.

Mardi 27 novembre 1917

Faire couper les crins des chevaux. Les porter.

Porter toutes les petites laines quelle qu’elles soient.

Arrive une colonne d’autos, logent en bas, 1 canon monstre et de l’artillerie sans pièces, 35 officiers etc. venant de Laon.

Fleu.

Mercredi 28 novembre 1917

Brouhaha des autos qui vont et viennent. Arrive encore un canon le tout dans les ruelles.

Jeudi 29 novembre 1917

Canon.

Vendredi 30 novembre 1917

(Angine). En part une trentaine.

Décembre 1917

Samedi 1er décembre 1917

Canon nuit et jour sur Cambrai.

Dimanche 2 décembre 1917

Canon. En part une vingtaine.

Lundi 3 décembre 1917

Arrive toujours autos la nuit.

Mardi 4 décembre 1917

Rien de neuf.

Mercredi, jeudi 5/6 décembre 1917

Les Russes demandent la paix !

Vendredi 7 décembre 1917

Un armistice de 10 jours signé avec les Russes. Les Anglais reculés au-delà de Villers-Guislain ! Que de mauvaises nouvelles !

On apprend la mort de G. Dervillée.

Samedi 8 décembre 1917

Doit arriver lundi 1 800 hommes, 36 docteurs, des mitrailleuses, 2 lazarets !
Les évacués logés rue nationale doivent s’en aller ailleurs.

Dimanche 9 décembre 1917

Canon sur Cambrai.

On refait encore du logement. En arrive une vingtaine la nuit.

Lundi 10 décembre 1917

Chaussures au ravitaillement.

Canon.

Perquisitions à la filature. Les soldats changent de logement, se rassemblent pour faire de la place aux autres annoncés.

Mardi 11 décembre 1917

En part un peu.

Les artilleurs offrent sucre et tabac, graines.

Mercredi 12 décembre 1917

Continuent leurs succès au-delà de Cambrai.

Jeudi 13 décembre 1917

Recensement des voitures.

Perquisitions partout.

Vendredi 14 décembre 1917

Faut 2 ramoneurs de cheminées. 2 jeunes gens sont nommés, partent apprendre à Hirson. Artillerie part demain.

Notre postier part ce soir pour toujours, sa mère capout.

Samedi 15 décembre 1917

Les autos et l’artillerie partent. On refait du logement.

Apprend mort de Lucien Allaire ! (*)

 

(*) : Fausse nouvelle, il mourra vers 1975, son frère René a été tué, voir avant.

Dimanche 16 décembre 1917

Canon.

Lundi 17 décembre 1917

(Neige)

On dit que les Anglais ont repris les villages près de Cambrai.

En Russie pas de paix, dit-on.

Mardi 18 décembre 1917

Gelée sur neige.

Revue des hommes.

Sommes appelés papa et moi demain 11 heures à la Commandanture de Sains. Pour ???.

Mercredi 19 décembre 1917

Est-ce assez bête ?

Plainte portée par un évacué parce-que le sucre n’a pas été distribué la semaine dernière ! Il n’est pas arrivé à temps ! Pour répondre cela nous avons été appelés !

On parle que nous allons changer d’armée. Le directeur de la laiterie part demain.

Jeudi 20 décembre 1917

Un autre directeur arrive pour la laiterie, l’autre a tout emporté.

Notre soldat est revenu hier, rapportant provisions pour madame.

Dit peut-être partir demain.

Vendredi 21 décembre 1917

Gelée sur neige.

Allons changer d’armée.

Samedi 22 décembre 1917

Gelée.

Armistice signé Russes et Allemands pour 1 mois. Russes se battraient les uns avec les autres. Armée Mackensen reviendrait de Roumanie former à Avesnes la 9e armée dont nous ferions partie.

1 gendarme parti, les autres vont partir bientôt. Avons dépêches Madeleine et Fabre, ne donnent hélas aucune nouvelle.

Dimanche 23 décembre 1917

Neige.

Plus canon.

Lundi 24 décembre 1917

Gelée.

La paix va être signée Russie, Roumanie, Allemagne ??

Mardi 25 décembre 1917

Noël. Neige.

Rien de nouveau. Fête.

Mercredi 26 décembre 1917

Neige encore.

Gelée.

Jeudi. Vendredi 27/28 décembre 1917

Gelée, très froid.

Plus canon.

Samedi 29 décembre 1917

Idem.

Dimanche 30 décembre 1917

Distribution des cartes d’identité. Un peu dégel.

Lundi 31 décembre 1917

Avons une carte spéciale CRB. Année finit tristement dans la neige qui tombe.

Fond le soir.

 

Notre Allemand nous dit bientôt ici 1 division entière 10 000 hommes venant d’Autriche.

 

 

Année 1918

 

Description : Description : Description : Description : Description : Description : Txt Lucienne

 

Dite de la Paix ??? et de la misère.

 

Janvier 1918

Mardi 1er janvier 1918

Soûlographie des officiers.

Mercredi 2 janvier 1918

Pour demain, départ de 6 hommes d’état bouchers, boulangers, etc.

Jeudi 3 janvier 1918

Déclarer tout son mobilier. Beaucoup font comme nous, ne déclarent rien.

Gelée très fort.

Vendredi 4 janvier 1918

Canon. L’Allemagne demande encore la paix. Refus.

Un peu dégel.

Samedi 5 janvier 1918

M. Déquesne part demain otage. 2 ou 3 sont pris dans toutes les communes.

Canon fort sur Cambrai.

On attend ici des recrues. Le pain est depuis hier à 0 Fr. 75 pour 1 Kg. 150. Lard et graisse sont à 4 Frs. 50 le kilo. La vie est dure.

Dimanche 6 janvier 1918

Froid, gelée.

Canon.

Lundi 7 janvier 1918

Dégel, pluie, soir gelée.

Canon sur St Quentin.

Mardi 8 janvier 1918

Re neige.

Arrive 500 recrues jeunes.

Mercredi 9 janvier 1918

Gelée. Re neige, froid.

Plus de canon.

Jeudi 10 janvier 1918

Dégel. Pluie un peu.

Soir regel.

Vendredi 11 janvier 1918

Regel. Perquisitions.

Samedi 12 janvier 1918

Dégel. Canon fort.

Dimanche 13 janvier 1918

Canon. Distribution gâteaux aux enfants.

Lundi 14 janvier 1918

Neige encore.

Canon. Rentrer les machines agricoles en bon état. Charrier les fumiers.

Perquisitions encore. Fouille des poches et des poitrines.

Mardi 15 janvier 1918

Arrive une colonne pour Cloussy vient d’Italie. Chocolat 200 g. au ravitaillement pour étrennes.

Mercredi 16 janvier 1918

Canon. Vent, tempête.

Fleu.

Jeudi 17 janvier 1918

Pluie, fleu.

Canon fort.

Vendredi 18 janvier1918

Pluvieux. On attend une colonne d’autos. Sommes de la 18e armée maintenant, dit-on.

Samedi 19 janvier 1918

Pluie.

Autos arrivent à la filature. Canon.

Dimanche 20 janvier 1918

Canon fort.

Perquisitions et gifles.

Lundi 21 janvier 1918

Canon.

Mardi 22 janvier 1918

Revue des hommes.

Perquisitions.

Mercredi 23 janvier 1918

Doux.

Jeudi 24 janvier 1918

Beau, doux.

À partir d’aujourd’hui circulation de 6 h à 8 h. Heure allemande.

Vendredi 25 janvier 1918

Plus de canon.

Beau. Aéros.

Samedi 26 janvier 1918

Plus de canon.

Beau.

Dimanche 27 janvier 1918

Beau.

Lundi 28 janvier 1918

Beau.

64 personnes sont désignées pour partir en France. Doivent se tenir prêtes.

Mardi 29 janvier 1918

En arrive encore 60 le matin.

Aéros. Beau temps.

Mercredi 30 janvier 1918

Beau.

Plus de canon.

Jeudi 31 janvier 1918

Nuit aéros.

Départ pour la France très prochain. Conditions ordinaires.

Une grande révolte en Allemagne, dit-on.

Vendredi 1er février 1918

10 grandes villes du Rhin en pleine révolte, plus de travail. La Bosnie veut son autonomie. On dit même que les grévistes auraient fait sauter les usines Krupp.

Samedi 2 février 1918

Beau.

Rapatriés partent mercredi.

Dimanche 3 février 1918

Les soldats ont mis le feu à Avesnes à une boulangerie, idem à La Capelle, à Fourmies démoli la marmelad fabrik.

Lundi 4 février 1918

Canon.

Mardi 5 février 1918

À 6 h du matin en arrive 300, très jeunes, des gosses. Départ des évacués recrutés d’un jour.

Réunion des soldats

Mercredi 6 février 1918

Exercices.

Canon.

Jeudi 7 février 1918

Départ des rapatriés. Soir le postier nous dit qu’ils vont partir pour La Capelle dans 2 jours ?

 

Annonce :

Ø  Défendu d’ouvrir les fenêtres la nuit.

 

La colonne part.

Vendredi 8 février 1918

Ai une carte de Jules. Pas de nouvelles d’Adolphe et Géry blessé !!

Samedi 9 février 1918

Préparatifs, départ demain matin pour Clairefontaine. Canon.

Dimanche 10 février 1918

Canon.

Départ. Enfin ! Bon débarras !

Demain revue des vaches et des hommes de 14 à 50.

Lundi 11 février 1918

Revue des hommes.

Prend 200 vaches. Plus de lait pour personne. Faut reporter les cartes au lait.

Mardi 12 février 1918

Gras.

Arrive 3 000 soldats pour jeudi, fait des logements ! Déjà !

À Ypres, ils auraient eu 4 divisions démolies sur 11. Ils disent la paix faite avec la Russie.

Mercredi 13 février 1918

Cendres.

Arrive les télégraphes puis ils montent des fils. On fait logement.

Jeudi 14 février 1918

Nous arrive 2 officiers avec leur ordonnance.

Vendredi 15 février 1918

Le 39 et le 99 viennent de Belgique. Attendons l’offensive qui va se produire sur Cambrai et St Quentin
Concert à midi. Aéros.

Samedi 16 février 1918

On revend des bons de lait, ½ litre pour les enfants de moins de 4 ans et les vieillards de plus de 50.

Dimanche 17 février 1918

Messes allemandes suivies de concerts.

Lundi 18 février 1918

Aéros.

Vol au ravitaille la nuit

Mardi 19 février 1918

La nuit un aéro jette des bombes direction Hirson.

Gelée.

Mercredi 20 février 1918

Nuit repasse gros canons allant sur Avesnes.

Toute l’après-midi encore convois et tous les /// Avesnes viennent d’Italie !!!?

Plus de biscuits au ravitaillement.

Jeudi 21 février 1918

Beau.

À 8 heures du soir Pif Paf des aéros lancent des bombes. Les canons du Bas Lieu tirent, des obus viennent se perdre ici.

Le projecteur nous montre un aéro.

Enlève tous les papiers peints.

Vendredi 22 février 1918

Il y avait une escadrille de 20 aéros signalée.

On parle de dégâts à Aulnoye, Fourmies, Le Nouvion. Rien de précis.

Samedi 23 février 1918

Va et vient d’autos de mobiliers.

Dimanche 24 février 1918

Passe convois autos, charrettes.

Lundi 25 février 1918

Autos encore. Rendre les cartes au lait.

Mardi 26 février 1918

En arrive encore une centaine. Passe 5 aéros.

Mercredi 27 février 1918

Manœuvres de tir à Floyon.

Jeudi 28 février 1918

Faut 35 sommiers. Le village écope. On enlève les sommiers des lits, même occupés on prend ! On nous en prend un.

Coucher par terre.

Mars 1918

Vendredi 1er mars 1918

Continuation des sommiers. 1 000 hommes viennent loger à Boulogne.

Passe encore convoi.

Samedi 2 mars 1918

Revue des chevaux, en prend encore 10 petits et des baudets.

Dimanche 3 mars 1918

Convoi d’artillerie allant sur La Capelle.

Lundi 4 mars 1918

Idem.

Mardi 5 mars 1918

Disent la paix signée Allemagne et Russie pour de bon cette fois.

Toute la nuit artillerie venant sur La Capelle.

 

À midi passe 6 aéros.

 

Annonce :

Ø  Défendu de sortir quand il passe des aéros nuit ou jour.

Ø  Défendu de sortir après 8 h du soir et avoir de la lumière n’importe quand.

 

Mercredi 6 mars 1918

Nuit et jour convois.

La nuit alerte, partent au grand matin à La Capelle, revue de tous les hommes et matériel. Beau. Encore aéros.

Jeudi 7 mars 1918

Encore réveil : passe des uhlans et encore des convois.

Vendredi 8 mars 1918

Toujours troupes et convois nuit et jour.

À Avesnes des Autrichiens arrivent. Passe un aéro avancé sur une auto.

 

Soir convois de sapin et artillerie toute la nuit.

Canon.

Samedi 9 mars 1918

Toujours autos, canons et convois. Il se prépare une action formidable. Quelle issue ?

Avec tant d’hommes !

Dimanche 10 mars 1918

Aéros nombreux.

Annonce : traire les vaches de 6 à 7 h, de 12 à  13 h, de 6 à 7 h.

Lundi 11 mars 1918

Aéros encore.

 

Soir on enlève un fil de téléphone de campagne.

Mardi 12 mars 1918

Aéros. Soir arrive artillerie pour la nuit.

Mercredi 13 mars 1918

Part du matériel de bureaux, l’imprimerie, etc.

Arrive des uhlans. On dit que l’Allemagne demande encore la paix pour l’humanité ; si nous refusons après le 20 offensives.

La Chine et le Japon taperaient contre les Russes.

Jeudi 14 mars 1918

Départ de tous à minuit. Logement refait pour d’autres qui arrivent la nuit et le matin. Passe la nuit toujours troupes

Vendredi 15 mars 1918

Ceux qui viennent d’arriver partent à 6 heures du soir.

Relogement pour une division qui arrivera toute la nuit. C’est amusant.

Photographie de tous les habitants pour les cartes d’identité.

Samedi 16 mars 1918

Arrive à 1 heure du matin la ‘Garde Elisabeth’ pour 2 jours. très bambochés (*) et voleurs.

Canon.

 

(*) : Bambochés : amusés, ripailleurs, débauchés.

Dimanche 17 mars 1918

Partent ce soir à 9 h. Sera-ce tout après ?

Lundi 18 mars 1918

Enfin on respire, il n’y en a plus !

Le soir quelques-uns demandent logement dans le bas.

 

Soir aéros, au loin bombardement ½ heure environ. Le canon donne depuis samedi. Est-ce l’offensive ?

Mardi 19 mars 1918

Canon surtout la nuit.

On refait encore du logement. Route nationale un gendarme nouveau passe dans les maisons pour vérifier la déclaration des chiens.

Beaucoup sont pris.

Un peu de pluie enfin.

Mercredi 20 mars 1918

Les rapatriés de février sont encore en Belgique, les frontières étant fermées.

Jeudi 21 mars 1918

La garde partie dimanche bombardée par avions, 200 tués dit-on. On nettoie les casernes. Un officier arrive comme commandant de place.

Le matin passe Guillaume et son état-major, repassent le soir pour loger à Avesnes.

Canon la nuit.

Vendredi 22 mars 1918

Passe 2 000 bêtes allant aux abattoirs vers Guise. Demain revue des vaches et des veaux.

 

Matin appel de 287 hommes désignés pas cultivateurs de 14 à 60 ans. Ils disent l’offensive commencée depuis hier de Verdun à La Fère.

Samedi 23 mars 1918

Canon la nuit, arrive pour Guillaume le Kronprinz, Ludendorff, Hindenburg passent le matin et soir en autos, logent à Avesnes, dirigent de là les combats.

Dimanche 24 mars 1918

Beau.

Appel : les travailleurs ont une carte de travail, les autres sont à la disposition du commandant ou de la commune, tous doivent travailler aux pâtures.

Matin aéros. Canon

////////, soir encore aéros français, bombes et canonnade magnifique.

Lundi 25 mars 1918

Canon toute la journée. Ils annoncent victoires partout : Ham, Noyon, Roye, Reims repris par eux, 45 000 Anglais prisonniers !

Désolation ! Peut être est-ce une retraite stratégique ?

Mardi 26 mars 1918

Froid.

Blessés en quantité à Avesnes, Avesnelles, Sains. Faut 150 couvertures, 500 assiettes, cuillers, fourchettes pour les blessés.

Ils disent bombarder Paris. Disent Bapaume, Nesle repris. Que croire hélas ?

Mercredi 27 mars 1918

Canon au loin.

Soir aéros boum boum.

Jeudi 28 mars 1918

Chariots et chevaux qui passent.

Vendredi Saint 29 mars 1918.

Ils ont, disent-ils, un canon monstre tirant un coup tous les ¼ d’heure sur Paris.

 

(*) : Les bombardements sur Paris avec des canons à très longue portée commencent le 23 mars. De mars à août 1918, l’armée allemande prit pour objectif l’agglomération parisienne à 120km des positions de tir, avec au moins trois canons d’une taille jamais vue : 750 tonnes, tube de 34m de long, mais d’un calibre relativement modeste : 210 à 240mm. Ces pièces furent surnommées Grosse Bertha par les Parisiens.

Les Allemands désignant de leur côté, sous le même vocable, un canon différent (très gros calibre, très courte portée) ; une polémique s’est engagée dès la fin de la guerre, qui perdure aujourd’hui, renforcée par le fait que tous les matériels et tous les documents ont été détruits avant l’entrée des alliés en Allemagne.

Samedi 30 mars 1918

On dit 65% de leurs hommes hors de combat, qu’ils reculent un peu à Arras et avancent jusque Compiègne. À quand la vérité ?

Dimanche de Pâques 31 mars 1918

Défendu de pâturer les pâtures à foin.

Rien de neuf.

Lundi 1er avril 1918

Le quartier général d’Avesnes est parti. Pas vrai.

Mardi 2 avril 1918

Leurs journaux annoncent Amiens et Compiègne à eux, les habitants en fuite et le bombardement de Paris. Ils avouent 70% de pertes.

Mercredi 3 avril 1918

Amiens n’est pas pris, l’ancien front est dépassé, 5 millions d’Allemands en ligne !

Jeudi 4 avril 1918

Les blessés affluent aux environs.

Vendredi 5 avril 1918

Une affiche condamnant aux peines très sévères, les réunions, les causeries, etc. etc.

Samedi 6 avril 1918

Arrive un peu de graines ; les oignons à 86 F le kilo !

Dimanche 7 avril 1918

Rien de neuf.

Lundi 8 avril 1918

Idem.

Mardi 9 avril 1918

À quand des nouvelles ?

Mercredi 10 avril 1918

Faut 600 caleçons, 600 chemises, 600 paires de chaussettes. Les hommes se disant malades passent la visite, 7 seulement reconnus.

Les vieillards malades voulant du lait devront passer aussi la visite. On refait des lits et prépare locaux pour 600 convalescents qui doivent arriver.

Jeudi 11 avril 1918

Beau temps.

Aéros. Canon loin.

 

Soir aéros, canon anti-aérien Hirson, Fourmies.

Vendredi 12 avril 1918

Si on ne livre pas de chemises, perquisitions. Ils annoncent 6 000 Anglais prisonniers à La Bassée. L’offensive serait commencée de Ypres à Montdidier.

Samedi 13 avril 1918

Les personnes malades voulant du lait doivent se faire inscrire, payer 2 marks la visite du médecin mercredi.

Dimanche 14 avril 1918

Temps affreux.

Passe plus de 100 autos, camions. Un commandant français prisonnier mort à Sains.

Lundi 15 avril 1918

Ils annoncent la prise d’Armentières, de Messine.

Avancer l’horloge d’une heure encore, 14 h à midi.

Mardi 16 avril 1918

Continue le nettoyage des maisons des émigrés.

Mercredi 17 avril 1918

Permis de circuler jusque 10 h le soir.

Demain appel des hommes de 17 à 50 ans.

Jeudi 18 avril 1918

Appel. Rien d’autre.

Vendredi 19 avril 1918

Feuilles pour inscrire le signalement de tous ceux qui ont des cartes d’identité.

Samedi 20 avril 1918

Arrive 600 convalescents, sont groupés.

Conduire les veaux de lait, demain les autres.

Dimanche 21 avril 1918

Beau.

On dit 4 villages repris sur Armentières.

Lundi 22 avril 1918

Affiche réquisitionnant tout.

Faut tous les jours aux cuisines des malades 150 kilos d’orties et 150 kilos de pissenlits.

Mardi 23 avril 1918

Rien de nouveau.

Mercredi 24 avril 1918

Faut fournir tous les drapeaux français à la Commandanture pour faire des brassards, sinon perquisitions (Pas un n’est porté).

Orage soir.

Jeudi 25 avril 1918

Un seul enfant sur 131 à la visite, furie du docteur.

Les convalescents partent pour St Quentin.

Vendredi 26 avril 1918

Appel de 176 hommes pour le travail. Faut couper et faner toutes les feuilles d’arbres. Tous les hommes de 17 à 50 ans doivent porter un brassard rouge.

Défendu de causer aux prisonniers de guerre.

Samedi 27 avril 1918

Lundi appel des femmes de 14 à 60 ans.

Dimanche 28 avril 1918

Balayer les rues tous les jours avant 9 h, enlever les ordures.

Lundi 29 avril 1918

Appel au milieu d’orage et d’averses de 780 femmes. Presque toutes (500) prises pour aller travailler, même celles ayant des enfants.

Mardi 30 avril 1918

Pluie, orage.

Mercredi 1er mai 1918

Ils disent avancer sur Hazebrouck et dans les Flandres. Plus que 100 grs de pain noir par jour.

Jeudi 2 mai 1918

Les batteries de cuisine en cuivre ou aluminium doivent être portées à la mairie.

Vendredi 3 mai 1918

Pour le 8, déclarer les hommes qui ont été mobilisés, combien de temps, où, comment et pourquoi sont-ils ici ? On réunit des troupes pour bientôt.

(2 kilos pommes de terre)

Samedi 4 mai 1918

On fait du logement.

Dimanche 5 mai 1918

Arrive 3 000 hommes, 147e régiment Hindenburg venant de Noyon.

Lundi 6 mai 1918

Avons 2 officiers, 3 ordonnances mangent ici, les ordonnances font la cuisine.

Orage.

Mardi 7 mai 1918

Orages.

Feu de cheminée rue du Moulin. Jeudi, Hindenburg doit venir banquet de 100 couverts.

Mercredi 8 mai 1918

Préparatifs. Tout balayer.

Revue des troupes au bout du village pâture foin M. Hosselet par Hindenburg et le Kronprinz.

Jeudi 9 mai 1918

Ascension.

Gendarmes visitent les rues qui doivent être plus que propres. Troupes devancent le Général qui arrive à midi, décore les nouveaux officiers. Tous dînent chez Flament, à 2 h terminé.

Musique et chants toute l’après-midi.

Demain fête des nouveaux.

Vendredi 10 mai 1918

Visite de la CRB pour faire un cinéma.

Samedi 11 mai 1918

Matin ordre d’évacuer la salle du ravitaillement pour le soir !

Dimanche 12 mai 1918

Faut renuer (*) soi-même les pâtures à partir du 21 mai. (avec ?).

Faut 20 femmes pour échardonner. Des civils de Noyon et environs sont revenus à Sains et environs, disent vie bonne en France.

Les Allemands touchent 3 litres de bière par homme.

 

(*) : Faucher après le passage des vaches

Lundi 13 mai 1918

Beau temps.

Mardi 14 mai 1918

Va et vient, marches, concert.

Mercredi 15 mai 1918

Idem.

Jeudi 16 mai 1918

Idem.

Vendredi 17 mai 1918

Rien de neuf.

Samedi 17 mai 1918

Rien de neuf.

Dimanche 19 mai 1918

Distribution des cartes d’identité.

Cette nuit ceux de Tatimont sont passés. Ceux-ci comptent partir fin de la semaine.

Demain office protestant.

 

À 4 h du soir, ordre de partir demain à 5 h matin. On vide les cantines.

La bière plein les gamelles. La nouvelle offensive est sans doute en route ?

Lundi 20 mai 1918

Départ de tous de grand matin.

 

Soir, cinéma pour les habitants 104 Frs. quelques gosses y vont.

Mardi 21 mai 1918

Passe des chariots, des autos sur La Capelle.

Perquisitions recommencent : 500 bouteilles de vin dans une maison, un coffre fort.

Mercredi 22 mai 1918.

Encore 500 bouteilles de vin chez Dervillers. C’est désolant. Ils trouveront donc tout !

25 femmes commencent à faner.

Jeudi 23 mai 1918

On entend le canon de loin, le soir plus fort. Est-ce pour de bon ?

On ramasse du mobilier partout, lits, chaises, tables, tables de toilette, etc. Ils choisissent eux- même.

Vendredi 24 mai 1918

Encore mobilier. On le conduit à Sains.

Samedi 25 mai 1918

Le notaire de Ham est rappelé à Ham pour rétablir le ravitaillement. Les évacués de Ham devant y retourner travailler sous peu.

On commence à faner pour de bon.

Dimanche 26 mai 1918

Perquisitions.

On dit l’offensive allemande ratée encore. Nesle serait français.

Lundi 27 mai 1918.

Perquisitions ! Sérieuses et salées !

Mardi 28 mai 1918

Passe au moins 15 aéros.

Mercredi 29 mai 1918

Perquisitions. Passe plus de 200 gros camions allant sur La Capelle.

On dit affichées à Avesnes mauvaises nouvelles. Ils auraient percé le front à Soissons et avancé de 15 kilomètres !

Le vent leur est toujours propice pour les gaz, toujours souffle du nord ! Hélas !

Jeudi 30 mai 1918

Rien de précis.

Vendredi 31 mai 1918

Reims et Soissons pris par les Allemands !. 37 000 prisonniers français.

Samedi 1er juin 1918

On dit que le chemin des Dames est resté français. À quand la vérité?

Dimanche 2 juin 1918

À 4 h du matin, 12 aéros passent sur Féron où les canons aériens blessent 17 personnes, reviennent à gauche d’Etrœungt. Plus de 50 obus tirés sur eux sans résultat.

 

Après-midi on dit qu’ils sont à Château-Thierry (*). Un banquet à Avesnes pour fêter.

Le soir on entend le canon sur la Somme.

 

(*) : Les Allemands s’en emparent le 31 mai.

Lundi 3 juin 1918

Ils se disent à Meaux-Compiègne ! Où s’arrêteront-ils ?

Cependant on entend le canon sur la Somme et sur Lille !

 

Soir passe, allant sur La Capelle, 3 locomobiles remorquant des charrues automobiles. Que vont-ils labourer ? Les blés français ? Quand ? Quand la vérité ?

Le Commandant est ici, dit la guerre finie dans 3 semaines ! Comment ?

Vent du nord toujours.

 

(*) : Moteur monté sur un châssis à roues que l’on déplace d’un lieu à l’autre pour entraîner des machines, batteuses notamment

Mardi 4 juin 1918

Une contre-offensive d’Arras à Ypres les aurait refoulés.

 

Le soir ils disent avoir reculé jusque Soissons devant un ennemi considérable en nombre. Il passe un auto-camion de soldats français acclamés.

À Fourmies les blessés regorgent jour et nuit. La nuit du 2 au 3, on jette des bombes à Avesnes sur la maison voisine d’Hindenburg.

Mercredi 5 juin 1918

Ils seraient à Château-Thierry ? Prisonniers français.

Jeudi 6 juin 1918

Plus de communiqués.

Demain revue des hommes et manœuvres des pompes.

Vendredi 7 juin 1918

Encore autos de prisonniers alliés venant de Laon.

Disent encore 3 mois de guerre mais les Allemands pas à Paris, jamais. Puissent-ils dire vrai !

Samedi 8 juin 1918

Les évacués de Ham, Noyon et environs vont retourner chez eux pour travailler !

Dimanche 9 juin 1918

Perquisitions.

Les policiers ont un fusil pour faire patrouille. Rappel de plus circuler après 10 heures.

Lundi 10 juin 1918

Enfin un peu de pluie.

Canon sur l’Est.

Mardi 11 juin 1918

On dit Soissons, Noyon, Chauny repris ?

Mercredi 12. Jeudi 13 juin 1918

Rien de neuf. Perquisitions toujours.

Vendredi 14 juin 1918

Appel des hommes de 14 à 60 ans pour les cartes de travail.

Samedi 15 juin 1918

Le ravitaillement diminue de plus en plus : 100 gr de riz pour 15 jours ! Le pain noir à partir de mercredi et 25 gr de moins !!

Dimanche 16 juin 1918

Inscrire pour le 20 aux fenêtres combien d’habitants, âge, emploi avant et pendant la guerre.

Lundi 17. Mardi 18 juin 1918

Faner à partir de 8 h du matin (6).

Mercredi 19 juin 1918

On raconte que près de Noyon 30 000 Allemands, un général, prisonniers des Français et Anglais. Quoi de vrai ?

Jeudi 20. Vendredi 21. Samedi 22 juin 1918

Canon sur St Quentin, Cambrai.

Ceux qui ont des coqs bons à manger doivent les déclarer.

Dimanche 23 juin 1918

Défendu de porter des vêtements anglais. Canon.

Lundi 24 juin 1918

Une offensive allemande sur Noyon se serait heurtée à une française en préparation ; échec complet des Allemands avec énormément de pertes. En Italie pertes autrichiennes aussi. Passe une colonne logeant pour une nuit, allant à St Hilaire.

En arrive une pour Tatimont pour hâter les foins ?

Mardi 25 juin 1918

Canon.

Réquisitions.

Mercredi 26 juin 1918

Passe uhlans toute la journée.

Jeudi 27 juin 1918

Perquisitions nouveau genre.

La police ou la Commandanture arrive chez vous, culbute lits, armoires, tiroirs, cherche et ramasse cuivre, papiers, or, argent, crayons, plumes et même gomme, tout quoi.

Canon.

Vendredi 28 juin 1918

Arrive 150 hussards à Touvent pour les foins, au village des officiers.

Canon.

Samedi 29 juin 1918

Plus canon.

Dimanche 30 juin 1918

1ère dent de Louise tombe. Les gendarmes vont partir, les jeunes au feu.

On ne fane plus le dimanche.

Lundi 1er juillet 1918

Perquisitions. Canon.

Offensive sur Ornières.

Mardi 2 juillet 1918

Idem.

Mercredi 3 juillet 1918

Idem. Faut les groseilles (il n’y en a plus), tout sécher les haricots, les pommes de terre, tout est cuit, jamais d’eau !. Quel hiver passerons-nous !

Jeudi 4 juillet 1918

Perquisitions de la police toujours.

Vendredi 5 juillet 1918

Canon nuit et jour. Les Russes remarcheraient avec les Japonais, les Autrichiens reculent.

Samedi 6 juillet 1918

À 5 h du matin, sonnette train pour la France inscriptions jusque midi.

Dimanche 7 juillet 1918

À 4 h du matin, sonne tous les inscrits sur la place à 7 h ½.

Liste dressée 80 d’inscrits doivent se préparer.

Lundi 8 juillet 1918

Canon.

Mardi 9. Mercredi 10 juillet 1918

Enfin orage. Un peu d’eau.

Défendu d’arracher pommes de terre nouvelles !!

Jeudi 11 juillet 1918

Orages. Pluie.

Perquisitions.

Vendredi 12 juillet 1918

Pluie.

Canon fort.

Une offensive franco-anglo-américaine se produirait de suite. Les amendes pleuvent pour les objets trouvés en perquisitions.

Avons 2 dépêches : toujours même nouvelles hélas !

On demande des volontaires pour Ham et Chauny.

Samedi 13 juillet 1918

Pluie.

Canon.

Dimanche 14 juillet 1918

Pluie.

Canon.

Les Autrichiens en déroute en Italie. Recul des Allemands sur tout le front dit-on. Le canon donne nuit et jour.

Lundi 15 juillet 1918

Ceux qui travaillaient et qui sont inscrits pour partir doivent reprendre leur travail.

Mardi 16 juillet 1918

Canon et orages.

Mercredi 17 juillet 1918

Canon de St-Quentin à Cambrai et orages sans arrêt nuit et jour.

Les enfants de 9 à 14 ans doivent fournir 5 kilos d’orties par jour et par enfants.

Jeudi 18 juillet 1918

Canon.

On dit les Anglais à Cambrai et les Allemands s’enfonceraient encore sur Château-Thierry.

Vendredi 19 juillet 1918

Canon sans arrêt nuit et jour

Samedi 20 juillet 1918

Canon.

Sur Reims recul français au-delà de la Marne, aéros français font sauter les ponts, les Allemands noyés ou prisonniers (65 000 !).

Hindenburg démissionnerait. Est-ce vrai ?

Les otages partis en janvier vont rentrer.

Dimanche 21 juillet 1918

Canon.

Les uhlans partent le matin.

Lundi 22 juillet 1918

Canon.

À 10 h, les uhlans reviennent de Landrecies.

Mardi 23 juillet 1918

Pluie.

Mercredi 24 juillet 1918

Canon reprend vers le soir. Visite des voitures.

Jeudi 25 juillet 1918

Uhlans partent faire la moisson ?

À Ham. Le gendarme part pour 15 jours à Sains, deux gendarmes restent seulement pour la Commandanture. Perquisitions quand même.

Vendredi 26 juillet 1918

Orage, pluie.

Soir canon roulant.

Samedi 27 juillet 1918

Journal annonce 20 villages repris entre Soissons et Reims.

Dimanche 28 juillet 1918

M. Déquesne revient d’Allemagne, à l’avis d’officiers prisonniers encore jusqu’au printemps prochain la guerre !

Lundi 29 juillet 1918

20 jeunes filles doivent partir demain pour un mois à Ham.

Mardi 30 juillet 1918

Beau.

Rien de neuf.

Mercredi 31 juillet 1918

Commandant part demain. Commandant reste, arrive 4 batteries artillerie de Warpont Cauterets village pour une nuit, vont à Laon disent-ils.

Août 1918

Jeudi 1er août 1918

Artillerie encore venant de Soissons partent demain 4 h du matin pour Maubeuge et la Belgique.

Convois toute la journée de part et d’autre. Les volontaires pour Ham partent.

Vendredi 2 août 1918

Départ à 4 h du matin. Faut tous les pots de grès.

Samedi 3 août 1918

On attend école de recrues.

Faut faucher les tranchées pour lundi.

Dimanche 4 août 1918

Ils disent reculer méthodiquement sur la Marne !

Faut 11 lapins.

Lundi 5 août 1918

Pluie et fanage quand même.

2 incendies de meules aux environs, faut des gardes civiques pour empêcher de faner, de brûler.

Mardi 6 août 1918

Soissons serait repris. Arrive des troupes, il y en a partout aux environs le soir.

Mercredi 7 août 1918

En arrive et en passe toute la journée, de toutes espèces. Logeons un capitaine et un pasteur.

Artillerie à Warpont. Une division entière en reformation dans la région ; disent la guerre encore 2 mois, Allemands reculent, Soissons, Nesle, Montdidier français. Serait-ce pour de bon ?

N’y croyons pas encore.

Jeudi 8 août 1918

On refait encore du logement pour aujourd’hui mais n’en arrivent plus. Ils disent être ici pour un mois.

Vendredi 9 août 1918

Officiers supérieurs viennent à midi ; deux bataillons partent demain pour La Capelle se refondre avec la garde. Aéros français papiers.

Samedi 10 août 1918

Revue des chevaux allemands, officiers choisissent.

Deux bataillons partent. Aéros.

Dimanche 11 août 1918

Convois venant de La Capelle, en arrive encore. Kaiser à Avesnes encore.

Lundi 12 août 1918

Un convoi repart. Repasse chariots traînés par des hommes.

 

Annonce :

Ø  Défense de garder les papiers des aéros, tout porter à la Commandanture.

 

On refait toujours de nouveaux logements.

Demain revue chevaux et baudets.

Mardi 13 août 1918

Toute la nuit repassage troupes cyclistes, journée encore.

Affiche à Avesnes : nos troupes en débandade ont abandonné du matériel et se replient méthodiquement.

Mercredi 14 août 1918

Encore repassage. Est-ce pour de bon ?

On n’ose l’espérer. Noyon, le Chemin des Dames français ?

Des pancartes aux maisons indiquent combien d’hommes peuvent s’y réfugier contre les aéros. Notre officier déménage. Bon voyage.

Jeudi 15 août 1918

Repasse artillerie la nuit.

Vendredi 16 août 1918

Repasse un peu.

Samedi 17 août 1918

La reculade continuerait.

Dimanche 18 août 1918

Rien de neuf.

Lundi 19 août 1918

On dit qu’ils vont partir.

Mardi 20 août 1918

Perquisitions. Pluie de papiers d’aéros.

Mercredi 21 août 1918

Canon Cambrai St-Quentin.

Jeudi 22 août 1918

Idem.

Vendredi 23 août 1918

La nuit à 1 heure logement, troupes de la garde arrivent toute la nuit et le jour pour se reformer, viennent de Ham.

Samedi 24 août 1918

Encore arrivage par petits paquets. Les aéros les ont suivis la nuit jusque La Rouillies avec des bombes !!. Ils reculeraient encore !.

Le garage (employés) de Guise repasse.

Dimanche 25 août 1918

Concert. //// offices etc.

Lundi 26 août 1918

À 10 heures du matin, ordre de partir immédiatement ; tout préparer pour le front, à 1 heure plus partir. Dans 2 jours, dans 2 heures ?

Ne savent pas.

Mardi 27 août 1918

Canon sur Arras.

Les Français sont revenus à l’Arlette et sur Bapaume. Se préparent à partir la nuit prochaine à 9 heures pour La Capelle, Cambrai, disent-ils.

Mercredi 28 août 1918

Départ.

On reste après le départ avec de nombreux fusils retrouvés partout.

 

Annonce :

Ø  Tous les sacs en toile doivent être fournis.

 

Perquisitions et amendes si on en trouve.

Jeudi 29 août 1918

Canon. Repasse quelques canons.

Temps froid.

Vendredi 30 août 1918

Canon vers le soir.

Un état major et l’intendance arrivés à Sains, faut pour demain matin 2 chambres à coucher complètes, 3 armoires à glace, 1 mobilier salon, choisis par la Commandanture ici.

Défense de loger des soldats sans ordre de la Commandanture.

Samedi 31 août 1918

La nuit arrivent 50 télégraphistes pour monter une ligne.

Toute la journée autos, camions d’artillerie allant sur La Capelle et autre artillerie venant de La Capelle  retourne sur Avesnes ??

Ham et Noyon repris.

Offensive nouvelle sur Coucy-le-Château. 600 chevaux arrivent à Tatimont. Les ouvriers seraient des prisonniers italiens. Après midi canon à outrance.

Dimanche 1er septembre 1918

Canon.

Arrive des chevaux à Tatimont, sont conduits par des prisonniers italiens. Ceux qui sont pris à leur donner à manger, cravache. Repasse convois.

Lundi 2 septembre 1918

Canon nuit et jour.

Repasse encore des convois, plus de 400 autos camions reviennent à toute vitesse, allant sur La Capelle.

Mardi 3 septembre 1918

Réquisition de mobilier. Il en repasse des voitures entières.

Plus de canon.

Mercredi 4 septembre 1918

Canon sans arrêt.

Toutes les clôtures en fer qui ne sont pas absolument nécessaires sont réquisitionnées.

 

Soir illumination, embrasement de l’ouest au sud.

Jeudi 5 septembre 1918

Canon.

Le journal annonce un recul de Hazebrouck à l’Aisne.

 

Le soir, on dit se battre à la grenade à St Quentin. Serait-ce enfin la fin ?

Vendredi 6 septembre 1918

Hier soir, 150 porcs de La Férie-la-Vieille sont arrivés pour partir plus loin.

Quelques coups de canon.

On dit que Cambrai est repris.

 

Soir canon reprend.

Les jeunes filles parties faire la moisson près de Ham rentrent, disent que les Allemands ont brûlé les meules là-bas à l’arrivée des Français !

Samedi 7 septembre 1918

Repasse et loge pour une nuit une batterie de grosse artillerie, deux grosses pièces et matériel, va sur Avesnes. D’autres petites pièces viennent au contraire sur La Capelle, encore convois.

Les femmes travaillant au garage de Guise repassent, disent tout noir de troupes là-bas.

Dimanche 8 septembre 1918

Arrive des officiers de la Commandanture de St-Quentin avec des bureaux, s’installent pour quelques jours ou quelques semaines.

Canon.

Avons 1 à loger.

Lundi 9 septembre 1918

Arrive de toutes les sortes, peu nombreux. Passe 677 chevaux conduits par des Italiens prisonniers.

Canon.

Arrive des gens de Cambrai. Tout Cambrai évacué, les Anglais à 8 kilomètres toujours.

Mardi 10 septembre 1918

Repasse des bateaux. Ensuite 200 prisonniers italiens et anglais repassent traînant des chariots à bras. Les chevaux de la garde repassent aussi.

Le canon donne sans arrêt. Nous espérons cette fois.

Pourvu qu’on ne nous évacue pas ! On continue à vider armoires, tables de toilette, etc. Faut aussi 200 chaises, fournissons rideaux.

Mercredi 11 septembre 1918

Faut du logement pour demain.

Canon à outrance.

Jeudi 12 septembre 1918

Arrive état major bavarois, une division doit arriver. Mélanges de toutes espèces.

Temps détestable.

Canon cesse à midi. Repasse  encore un convoi et beaucoup de prisonniers français. Les inscrits pour être rapatriés sont appelés sur la place le matin. Train partira peut-être vers le 20.

Vendredi 13 septembre 1918

Logement dans logements. Certains civils déménagent. Une division entière à loger, autos, chariots, soldats, quel bazar !

Une division bavaroise 23e, viennent de Crécy-sur-Serre, disent que St-Quentin ne peut plus tenir et Cambrai français ?

Le canon s’entend peu. Pas de nouvelles positives, rien.

Pour demain à midi faut 100 lits et 100 sommiers, sinon évacuation du village.

Samedi 14 septembre 1918

Faut pas de lits à sommiers mais des lits de soldats.

Canon reprend avec le beau temps.

Demain à 9 h du matin, appel des hommes de 16 à 55 ans.

Dimanche 15 septembre 1918

Tous les hommes et jeunes gens (236) sinon les malades doivent se tenir prêts à partir. Où ? Quand ? Comment ?

Canon redouble. Rien de précis, aucune nouvelles de St Quentin, Cambrai, ni Douai. Les vaches d’Etreux sont arrivées ici et à Boulogne (Bon signe).

Toute la matinée repasse des convois d’artillerie.

Lundi 16 septembre 1918

Aéros toute la nuit et le jour.

La nuit arrive la Commandanture de St-Quentin qui loge à Cantraine, part la nuit prochaine pour Rang, Belgique.

La division loge ici et la Commandanture de St-Quentin partent.

Demain le commandant de place et la police idem. Le commandant parti, un autre le remplace, part déjà aujourd’hui, un autre revenu sur minuit.

Encore recul allemand 130 000 prisonniers. Avance d’une heure les horloges.

Mardi 17 septembre 1918

Pluie de bombes à La Capelle.

Canon, orage, incendie d’une maison à Floyon. Partent le soir pour l’Alsace disent-ils. Arrive Commandanture d’Aymeries, gros personnel avec femmes.

Les soldats disent l’Autriche refuse de continuer la guerre.

Mercredi 18 septembre 1918

Départ pour la France vendredi. Canon sur St Quentin.

Jeudi 19 septembre 1918

Canon sans arrêt, l’Autriche d’accord avec la Turquie et la Roumanie, demain les conditions de paix.

L’offensive sur Metz continue avec succès dit-on.

Vendredi 20 septembre 1918

Départ matin 24 sont refusés, reviennent.

Canon arrive dans la matinée. On dit St-Quentin cerné.

Avons à loger un caporal de la Commandanture.

Samedi 21 septembre 1918

Canon ; État-major du Cateau à Avesnes. Celui de Marle à Avesnelles.

Canon. Logement.

Dimanche 22 septembre 1918

Canon.

Repasse convois. Logement artillerie une nuit.

 

Annonce :

Ø  Tous les enfants de moins de 14 ans et tous les vieillards de plus de 60 ans doivent être sur la place à 4 heures.

 

Après longue attente et classement, inscrivent les vieillards volontaires pour la France, les nécessiteux, les familles nombreuses de gré ou de force (721.)

Les fermiers sont prévenus qu’ils n’auront pas de foin pour l’hiver pour les vaches, devront faire des silos avec les regains. (*)

 

(*) : Regain : Deuxième pousse après les foins.

Lundi 23 septembre 1918

En arrive 4 000 à loger, le 46e bavarois.

Mardi 24 septembre 1918

En arrive encore, viennent de Bellenglen où 6 000 des leurs ont été prisonniers. Ils disent Metz bombardé par les Américains.

Mercredi 25 septembre 1918

Canon un moment. Arrive encore des femmes allemandes.

Anniversaire (*)

 

(*) : Encore une fois de son mariage

Jeudi 26 septembre 1918

Canon toute la journée très fort sur St Quentin, Cambrai toujours.

Vendredi 27 septembre 1918

Nuit dernière aéros jettent des boules lumineuses éclairant tout le village. Bombes ou canon antiaérien aux environs. Beaucoup sont effrayés.

Canon sans arrêt. Les hommes ne partiront peut-être pas.

Annonce : encore menaces pour la laine à matelas.

Samedi 28 septembre 1918

Canon toujours.

Passe prisonniers français qui viennent remplacer les Italiens aux lazarets de chevaux. Défendu de leur parler et de leur donner à manger sous peine grave punition.

Dimanche 29 septembre 1918

Canon toujours sans arrêt. La 1ere ligne serait percée sur Cambrai.

Le 46e part demain à la rescousse à Cambrai.

Lundi 30 septembre 1918

Nuit tempête et pluie.

Un peu de canon. Bohain et les environs seraient évacués. Pourvu que notre tour n’arrive pas ! Les hommes sont prévenus qu’ils doivent se tenir prêts.

Des prisonniers viennent pour faire une ligne de chemin de fer de Fourmies à Landrecies via Etrœungt.

Mardi 1er octobre 1918

À 9 h du soir escadrille 25 aéros jette bombes, fait sauter dépôt munitions à Marbaix.

Tout tremble.

On dit la Turquie et la Bulgarie déposent les armes. Toute la soirée aéros, bombes.

Mercredi 2 octobre 1918

Les hommes doivent partir demain à 10 heures.

Aéros, escadrille encore.

Jeudi 3 octobre 1918

Hommes partent pour … Boulogne logés chez l’habitant. Officiel St-Quentin français depuis hier, Cambrai depuis mardi. Arrive quelques personnes de Boussières. Ils évacuent sans destination pour personne, disent les Français ici sous peu. Pourvu qu’on nous y laisse ! Canon fort par moments. 30 femmes vont à Prisches chercher  1 500 vaches.

Vendredi 4 octobre 1918

Ramène 200 vaches, les autres demain. Repasse encore évacués d’Avesnes les Aubers. Canon.

Samedi 5 octobre 1918

Arrive nuit et jour des vaches des environs du Nouvion.

Des civils de Caudry : allez où vous voulez même en pays neutre !

 

Commençons nos paquets.

Offensive sur Courtrai.

Chancelier démissionne, Bulgarie officiel ne se bat plus. Les hommes de Sains et environs partis pour l’Allemagne. Les nôtres sont toujours à Boulogne, doivent commencer le chemin de fer de Landrecies à Fourmies demain, leur dit-on.

Demain en Allemagne peut-être. Les vaches ici doivent être pesées mardi. On casse les métiers de la filature. Toujours on attend des troupes.

Dimanche 6 octobre 1918

On prépare logement d’officiers sur la place pour un quartier général. Nos troupes avancent sur Courtrai. Passe prisonniers français.

Lundi 7 octobre 1918

Canon presque sans arrêt. Avons failli déménager.

Passe quantité de vaches, moutons, etc.

Attendons toujours. Aucune nouvelle des troupes.

Mardi 8 octobre 1918

Repasse civils de tous pays.

Soir disent armistice pour la paix.

Aéros la nuit alors pas vrai.

Mercredi 9 octobre 1918

Aéros sans arrêt.

Canon reprend avec colonnes de travailleurs d’Esreux, civils de Meunevret etc. disent Bohain bombardé. Le quartier général attendu ne vient pas, dit-on.

La Commandanture part demain, ne sommes plus de la Commandanture de Sains mais d’Etrœungt. On annonce 1 700 évacués pour cette nuit. 30 jeunes filles sont parties au lavoir, 20 dames. Les moutons d’ici partent aujourd’hui. Le quartier général demain.

Canon rapproche.

Jeudi 10 octobre 1918

Arrive évacués du Cateau, d’Origny, Sainte-Benoîte-de-Guise évacuée forcément. Avons bien peur que cela soit notre tour bientôt.

Arrive le quartier général. Avons un juge et son bureau, convenables.

Vendredi 11 octobre 1918

Logement repasse. Toutes sortes d’équipages et d’évacués jusqu’à Guise.

Débâcle finale. Les officiers disent la paix dans quelques jours. Si c’était vrai !

Canon de plus en plus près.

Samedi 12 octobre 1918

La nuit arrive évacués de Guise blackboulés d’Avesnes ici, d’ici à Avesnes. Quel énervement !

Pourvu que notre tour n’arrive pas !

Depuis midi, plus un coup de canon. Si c’était l’armistice promis ?

Nos paquets sont prêts pour si on nous force à partir. 1 000 français campent la nuit.

Dimanche 13 octobre 1918

Matin disent armistice pour proposition de paix.

Pas un coup de canon, pas un aéro. Certains disent qu’ils vont se retirer chez eux, nous laissant ici. Si c’était vrai !

Lundi 14 octobre 1918

Hélas ! Hélas ! À midi le canon reprend.

C’est que l’arrangement n’a pas de fait. Arrive évacués de Lagroise renvoyés de pays en pays.

Soir une de Pommereuil. Les aéros n’arrêtent pas. Le canon antiaérien non plus.

Toutes les vaches partent demain à Solre-le-Château. Tous les évacués y sont ramassés, aucun ne va en Belgique.

Une compagnie de Français, cinquantaine arrivent depuis hier à Bernoville, patrouille avancée. 

Mardi 15 octobre 1918

Départ des vaches. Continuation d’évacués.

Mercredi 16 octobre 1918

Evacués toute la journée, 2 000 arrivent.

Jeudi 17 octobre 1918

On place les évacués, 2 500 au moins. Tout évacué jusque Etreux. En logeons 5 de Grungis. On dit Mark Rethel Varguis français et espère concentration ici.

Si c’était possible !

Vendredi 18 octobre 1918

Repassent convois sans arrêt.

Samedi 19 octobre 1918

Encore convois d’évacués, de toutes sortes de choses.

Dimanche 20 octobre 1918

Sans arrêt convois retournant sur Maubeuge. Ils disent l’évacuation terminée. Les hommes de 17 à 50 ans qui étaient à Boulogne sont partis aujourd’hui.

Les hommes du Nouvion et environs passent allant sur Maubeuge.

Les maires sont appelés à 5 h à la Commandanture pour la liste des hommes mobilisables, ce qui nous fait penser que nous resterons. Qu’elle chance nous aurions !

Nous sommes maintenant 5 000 personnes. Les évacués meurent sans cesse : 4 enterrements à la fois demain.

Des canons antiaériens sont mis au Calois. Quelques mitrailleuses sont placées dit-on.

Lundi 21 octobre 1918

Le commandant partira à Charleroi. Repasse toujours convois.

Le canon donne fort.

Mardi 22 octobre 1918

Canon la nuit et toute la journée très fort.

Les ballons captifs sont vers Boulogne. Les obus pleuvent à Prisches et Le Nouvion dit-on.

Toute la journée convois allant moitié sur Avesnes, d’autres sur La Capelle.

 

Soldats de toutes sortes sans armes ni bagages. Déroute complète mais trop lente pour nous. Tout le monde est énervé, agacé ; la grippe fait des victimes tous les jours.

Mercredi 23 octobre 1918

La nuit roulement formidable. Beaucoup ont peur.

Cela cesse le matin. On ne sait rien de rien.

Un journal français jeté par un prisonnier français dit Lille, Roubaix, Tourcoing repris. (*)

 

(*) : Les alliés libèrent Lille, Douai et Ostende le 12 octobre.

 Jeudi 24 octobre 1918

Canon moins fort semble-t-il.

D’après certains le front irait de Gand, Courtrai, Tournai, Valenciennes, Etreux, Marle, Vouziers, cela se resserre. Le canal tient les Français étant mis à sec par les Allemands.  il leur sort des tranchées mais ce n’est qu’une affaire de jours disent-ils.

Le canal franchi, le commando et la Commandanture doivent partir. En aurons-nous d’autres ?

Vendredi 25 octobre 1918

Canon.

Repassage dans les deux sens. Un pont de bois est commencé à côté de l’autre.

Samedi 26 octobre 1918

Canon rapproche.

Demain à 8 h les hommes de 17 à 35 ans doivent se trouver avec leurs bagages à la Commandanture.

Dimanche 27 octobre 1918

Après l’appel, les hommes partent vers Namur.

Canon semble rapprocher mais c’est bien long. On a toujours peur d’être évacué malgré la certitude qu’ils nous donnent de ne pas l’être.

Lundi 28 octobre 1918

Tous les ponts sont minés même celui en construction. Ils disent tous que cela va être fini. Sommes impatients. Aéros français nombreux.

Mardi 29 octobre 1918

Beau temps.

Canon, aéros. Certaines rues de Prisches sont évacuées.

Ludendorff serait en fuite.

Mercredi 30 octobre 1918

Canon rapproche.

Aucune nouvelle de la guerre. Dieu que c’est long ! Toujours peur de partir. Le pont de bois s’achève, un autre est commencé un peu plus loin. On en repère encore un 3eme pour le repassage des troupes. Tous sont minés, la mèche posée.

Bombes hier à Avesnes. Contrordre pour le départ du commando.

Reste jusqu’à nouvel ordre.

 

À 11 h ½ du soir, Boum Boum, on nous lance 2 bombes après le pont. Tombent dans la pâture de la gare.

Pas de dégâts, carreaux cassés.

Jeudi 31 octobre 1918

 L’Autriche abandonne dit-on. Les hommes malades de 17 à 35 ans passent la visite et partent. Les partis de dimanche sont à Charleroi.

Vendredi 1er novembre 1918

Canon sans relâche. Aucune nouvelle.

Samedi 2 novembre 1918

Au grand matin formidable explosion. Où ? Quoi ?

On certifie toujours ici camp de concentration mais n’y croyons pas.

Dimanche 3 novembre 1918

Nuit assez calme, matinée idem, après midi canon sans arrêt.

Disent encore une conférence pour la paix aujourd’hui à Paris. Espèrent. Nous non. Les 2 ponts sont terminés, minés ; les arbres des grand-routes sont sciés prêts à tomber.

Nuit canon et mitrailleurs antiaériens.

Lundi 4 novembre 1918

Canon redouble.

Le canal de Boué est passé depuis hier. Ils affichent la Hongrie séparée de l’Autriche république à Vienne. La Turquie a un armistice. On annonce 10 000 prisonniers et 83 canons pris au Quesnoy ?

Les ballons captifs se voient sur l’horizon ouest.

Mardi 5 novembre 1918

La nuit ordre au commando de partir. Commence à repasser mélange sans pareil.

Cohue indescriptible. Orniaux, Basse-Boulogne, Cantraine, la route d’Avesnes doivent venir de suite au village.

Sitôt partis, troupes de passage arrivent.

 

Soir on est prévenu qu’Etrœungt est réellement lieu de concentration. Zones Boulogne, Hoyon doivent arriver à 7 h du soir.

 

À 10 h du soir arrive soldats, officiers, etc. en quantité + 4 couchent + 4 officiers.

Passons la nuit.

Mercredi 6 novembre 1918

Gros coups la nuit et le jour. On dit les Français à La Capelle.

 

Hier à 10 h du soir ordre est donné de mettre le drapeau blanc.

 

Concentration de civils. Fontenet et Floyon doivent arriver mais ils refusent de partir. Le commandant dit que le village sera entouré mais aucunement le centre bombardé. Puisse-t-il dire vrai !

Quelle longue journée !

Nuit et jour repasse artillerie et infanterie, 15 h soir ils repartent au front, la cuisine, le cordonnier etc. restent.

Logement retenu jusqu’à demain matin. Demain libre disent-ils.

La pluie de ces 2 derniers jours a noyé les mines des ponts, l’eau monte. Ils remettent de la nouvelle poudre, disent le pont sauter demain.

 

À 7 heures du soir des canons tirent d’Orniaux ou Warpont vers Boulogne.

 

À minuit des lances bombes tirant de sur la place pendant une heure. Après cela nuit assez tranquille.

Jeudi 7 novembre 1918

Matin on annonce : défendu de quitter le village.

Canons au dessus du cimetière. Boum Boum toute la matinée. La cuisine est toujours là.

Le pont doit sauter vers 3 heures. Se mettre dans les caves.

 

À 2 heures deux compagnies se rassemblent. On dit les Français à la chaussée de la Basse-Boulogne. Si on est énervé ! Ils tirent d’un peu partout autour du village.

Serons-nous débochés ce soir ?

 

À 3 h les cuisines partent avec quelques traînards.

 

À 3 h ½ des éclaireurs français sont derrière la filature, des obus français éclatent autour de la gare ; une femme est tuée dans son lit d’éclat d’obus chez Souflet. Le canon dure un long ¼ d’heure. 4 heures mitrailleuses, coups de fusils, deux-trois soldats, par-ci par-là, circulent sans fusils.

 

Le soir tombe un brouillard affreux. Dieu que c’est long ! De 4 à 5 h calme.

Nuit mitrailleuses et quelques coups de canon.

Samedi 8 novembre 1918

À 7 heures le pont de bois saute. Pas de dégâts.

 

À 7 h ½ l’autre.

 

8h essai du pont de pierre.

Rien, on attend. Boum formidable. C’est fait.

Obus pleuvent sur la rue du moulin, sans avoir prévenu du tout, les vannes sautent. Tout le quartier est ébranlé. La maison est démolie à peu près.

Enfin nous sommes Français ! Cela continue à canarder toute la nuit de Touvent au Parc mitrailleuses et obus. La nuit est encore mouvementée.

 

Enfin le matin tout Etrœungt est libéré par le 23e chasseur Alpin.

 

 

Description : Description : Description : Description : Description : Description : 1920-05-10%20Brasserie%20d'Adolphe%201Description : Description : Description : Description : Description : Description : 1920-05-10%20Brasserie%20d'Adolphe%202

 

Description : Description : Description : Description : Description : Description : 1920-05-10%20Brasserie%20d'Adolphe%203

 

Trois vues de la brasserie d’Adolphe Courouble après guerre.

 

Description : Description : Description : Description : Description : feather

Retour sur les années 1914-1916

 

Je désire contacter le propriétaire

 

Lire les carnets de son mari, Adolphe COUROUBLE

 

Vers d’autres témoignages de guerre 14/18

 

Retour accueil