Mise
à jour : août 2014
Retour sur les
années 1914-1916
Lucienne a écrit, au jour le jour sur un cahier et deux carnets, les événements petits ou grands de sa vie sous l’occupation allemande.
Les deux premiers documents ont été recouverts de papier peint et ont été perforés de part en part, ce qui laisse à penser qu’ils ont été cloués et dissimulés sous la tapisserie pour échapper à l’interdiction qui était faite d’écrire.
Lucienne a épousé Adolphe COUROUBLE le 25 septembre 1911 à Etrœungt.
En août 1914, deux enfants étaient nés de cette union : Louise et Lucien.
Ce qui est extraordinaire, c’est qu’Adolphe COUROUBLE a, lui aussi, écrit son propre carnet de guerre. Il a été mobilisé aux 100e, puis 126e régiments d’infanterie. Il est mort pour la France à Neuville-Saint-Vaast (62) le 25 septembre 1915.
Il est donc très intéressant de suivre les 2 récits dans le même temps. C’est pour cette raison que j’ai ajouté des liens direct de l’un vers l’autre et réciproquement.
Dernière précision, le village d’Adolphe et de Lucienne est Etrœungt, dans le Nord. Une route nationale le traverse conduisant vers Reims. Lucienne y restera durant toute la guerre et verra défiler toutes les troupes militaires françaises et allemandes, avec leur cortège de misère, d’horreur et de pillage systématique…
Année 1918 dite de la
Paix ?? et de la misère
" L 'Allemagne
n'a pas le droit de voir dans le maintien de la paix le but de sa politique
(...).La guerre est un facteur indispensable de la culture, l'expression même
de la vitalité et de la force des peuples civilisés."
Général Friedrich von Bernhardi (1849-1930), théoricien militaire du pangermanisme.
Avertissement : la retranscription des noms propres et des noms de hameaux ou de villages ayant été difficile à la lecture, leurs orthographes peuvent être erronées et n’ont fait l’objet que de vérifications partielles.
La recherche des documents a été réalisée par Michel Decaux, la conception du projet et la transcription des textes par Etienne Courouble, tous deux petits-fils d’Adolphe Courouble.
Leur reproduction ou copie même partielle ainsi que la mise sur site internet sont interdites sans leur autorisation. michel.decaux-arobase-wanadoo.fr, etienne.courouble-arobase-laposte.net
Retranscrits en Juillet 2002 et complétés en octobre 2003.
Publier sur le site www.chtimiste.com en août 2014
Retour sur les années 1914-1916
Lucienne COUROUBLE
Pluvieux, triste.
Rien de particulier. Pas de canon.
Canon après-midi.
Faut déclarer tous les matelas de laine !!
Pluie toujours.
1 cas de croup au hameau. (Laryngite à fausses membranes, presque toujours d’origine diphtérique)
Pluie.
Un combat naval d’une grande importance au canal de Kiel. Nous aurions coulé 43 navires allemands avec quantité d’hommes ?.
Les évacués ayant payé pour partir en France, partent lundi. Les évacués annoncés arrivent demain de Chauny, Ham dit-on. 500 pour Etroeungt.
Canon depuis la nuit toute la journée.
Pas d’eau.
Annonce :
Ø
Les habitants
qui veulent partir en France, peuvent encore se faire inscrire jusque midi pour
48 F et 30 F pour les enfants, les hommes de 14 à 59 ans exceptés.
Les nouveaux évacués pas encore arrivés. Quelques personnes du pays partent.
Tant mieux, elles pourront donner des nouvelles !
Neige 2 à 3 centimètres. Fond.
45 personnes paient pour partir, 80 demandent gratuitement.
Pas de canon.
Couvert.
Il faut que 250 personnes partent.
On inscrit d’office les familles nombreuses des évacués. Pas de canon.
Neige la nuit. Pluie qui fond.
Canon. Il manque 1 000 personnes pour partir, on va inscrire forcément chez les évacués. Pas de nouvelles des arrivages attendus.
Arrive un troupeau de vaches blanches.
Faut conduire des briques à Avesnes. 7ème Fleu.
Couvert.
Les partants ne partent que le 18 dit-on ?
On passe demander combien de matelas ?
Occupés ou non ?
Annonce :
Ø
Les
parents qui voudraient envoyer des enfants de 6 à 14 ans en Hollande pour la
durée de la guerre peuvent les inscrire aux mairies. Pour ?.
Au ravitaillement desserts 100 g par personne pour étrennes. Les évacués annoncés n’arriveront pas, ayant été renvoyés en France ?
Les soldats et officiers de la Commandanture vont être remplacés par des civils allemands.
On parle que tous les évacués vont partir.
Pluie
Neige.
Affiche annonce :
Ø
Tous les
évacués doivent se préparer à partir sauf les hommes de moins de 60 ans et les jeunes
gens de plus de 9 ans.
Ø
Défense d’emporter aucun papier.
Ø
L’argent
français (maximum 300 Frs.) et les billets de ville, les livrets de caisse
d’épargne, les titres nominatifs, chèques, traites, comptes etc. devront être
remis aux maires sous enveloppes, portés cachetés à la Commandanture,
ils seront remis aux propriétaires à Schaffhouse.
Ø
Les
bagages (35 kilos) mis dans des sacs seront envoyés à Avesnes 48 heures
avant le départ, pour la visite aucun bagage en main.
Neige fondue
Les évacués se préparent. Demain revue des gros chevaux restants.
Pain Atroce.
Neige.
Pain tout noir. Affreux
Neige fond un peu.
Les évacués portent leurs bagages à la Mairie et vont rechercher les enveloppes cachetées contenant leur argent.
Gelée. Avant midi neige fine.
Canon. Rien de nouveau. Pain un peu meilleur.
Neige tient.
Canon gros coups sourds. Gelée.
Des évacués de Boulogne partent demain.
Gelée et neige 10 à 15 centimètres. Neige fine et canon jour et nuit.
On parle d’une victoire pour nous à Ypres ?
Neige tombe jusqu’à midi. Gelée.
Les évacués partiront dimanche matin. Cambrai serait évacuée. Les trains ont passé par Avesnes.
Canon.
Gelée sur neige.
Ordre aux évacués et aux partants volontaires (12) d’être à Sains dimanche à 8 h du matin.
Gelée.
Les bagages sont menés à Sains demain. Départ à 5 h du matin.
Canon.
Les femmes de soldats doivent dire où leur mari s’est rendu et à quel jour de mobilisation.
Gelée sur neige.
Départ des évacués, fouillés, visités à Sains, embarqués à 8 h du soir.
Canon.
Gelée sur et par neige qui tombe.
Arrive 25 dépêches, une m’est envoyée, n’arrive pas. Toujours la guigne !. Canon. On parle d’une défaite allemande à Ypres. Encore ?
Gelée, beau. Glissant.
Canon.
1 100 évacués arrivent à Wignehies, 700 à Fourmies de Ecourt-St-Quentin et St Gobain.
La Commandanture demande pourquoi les évacués restants ne sont pas partis.
Annonce : 500 chevaux à mettre à la filature. Au ravitaillement cacao.
Gelée, très froid, glissant.
Gros coups. Le pain augmente de 0 Fr. 60 les 2 livres ¾.
Froid, gelée.
Canon. Soleil.
Gelée, très froid. Soleil. Pas de canon. La grand-rue de La Capelle et une rue de Prisches doivent être évacuées, les habitants se logeront ailleurs. Pour ?
Recensement des oies et des canards.
Re gelée. Très froid. Soleil.
Calme absolu.
Gelée. Soleil.
Calme.
Gelée toujours et froid glacial.
Grosses explosions.
Gelée et froidure. Un peu de neige la nuit et toute la matinée.
Canon nuit et jour.
Il faut un cordonnier pour la Commandanture et demain fournir tous les poneys, les faire conduire par des hommes et prendre nourriture pour 2 jours.
Annonce :
Ø
Conduire
tous les sacs, même les vieux à la mairie.
Gelée à outrance. Canon soir.
Gelée toujours, froid excessif.
Canon nuit et jour fort. On annonce 100 000 hommes au Nouvion.
Gelée. Canon.
Des enfants de Liessies (3) disent avoir vu la Vierge qui aurait dit la guerre finir d’ici 3 mois.
Gelée toujours, le thermomètre marque 21 en dessous de zéro ce matin.
Tout gèle dans les maisons, les gens aussi, le chauffage est si rare et si mauvais.
Canon nuit et jour malgré cela !
Des pancartes vont être mises à chaque puits ou source déclaré potable.
La nuit a été terrible comme gelée. Le canon n’a pas cessé. Les troupes ne sont pas encore arrivées au Nouvion mais on les attend.
Thermomètre arrive à moins 24° et demi !
On gèle dans les lits.
Continuation du froid et du mauvais pain. Quelles calamités !
26 000 hommes seraient annoncés pour la Commandanture et la colonne partirait.
Canon.
Gelant.
Canon.
L’Allemagne déclare le blocus de toutes les côtes. Ayant coulé des navires américains, les relations diplomatiques sont rompues. On s’attend à une déclaration de guerre. Et le ravitaillement.
Gelée un peu moins forte mais encore trop.
Pas de canon.
Ordre de conduire les noyers abattus.
Gelée toujours.
Hier soir, arrive ordre aux 37 hommes choisis il y a 3 mois, d’être à 8 h à Avesnes.
Là, on demande 10 volontaires. Les volontaires qui se présentent sont renvoyés ici. Seize parmi les autres sont pris pour travailler à Aulnoye.
Ø
Ordre de
fermer tous les cabarets et d’y mettre une affiche " Cabaret fermé
" en allemand.
Ø
Ordre de
conduire les turbines, barattes, pots à beurre etc.
Pas de canon. Soir très froid.
Gelée.
Matin passe un aéro. Les rations de pain vont être diminuées : 4 livres par semaine. S’il était bon encore !
Gelée à outrance.
Encore un aéro. Les hommes de la colonne partent ce matin. Après-midi ordre de fermer les écoles. Pour ? (Troupes ?)
Économie de chauffage dit-on. Gros coups par moment.
Gelée moins fort.
Canon tout le jour.
Arrive 200 évacués de Ham à Floyon. Les hommes enlevés jeudi, l’ont été parce que les noyers abattus n’avaient pas été conduits à l’heure.
Un peu de dégel, brouillard soir neigette.
Arrive demain à 5 h du soir à Sains 500 évacués pour ici.
Les écoles seront chauffées et préparées pour les recevoir pour la nuit. Est-ce du recul ?
À Floyon les hommes, femmes, jeunes gens sont seulement venus. Les enfants et les jeunes filles sont restés.
Est-ce croyable ?
Gelée encore.
Les évacués arrivent à 8 h du soir de 12 villages près de Lassigny-Noyon. Rien que des hommes jeunes et des jeunes filles à 386. Les enfants de moins de 15 ans sont restés avec leurs mères et les vieillards de plus de 60 ans.
Pour ?.
On leur avait fait de la soupe, ils en ont été bien heureux.
Dégel.
On place tous les gens avec difficulté, aucune famille n’étant complète. Ils disent une préparation formidable des ouvrages fortifiés : fers, barbelés, mines, de chez eux jusque St Quentin, après plus rien.
Demain arrive des vaches.
On reçoit des cartes de ceux qui sont partis en France ; J’en ai une de Jules de Schaffhouse, toujours la même chose hélas !
Canon.
Les vaches n’arrivent pas. Tout le ravitaillement bêtes boucherie de St-Quentin est à Avesnes, les fours fonctionnent, des troupes vont et viennent.
Les habitants de la ville sont prévenus de se mettre dans les caves en cas de passage d’aéros.
Dégel.
Très gros longs coups de canon jour et nuit sur Noyon.
Des évacués arrivent partout aux environs. Serait-ce pour de bon cette fois ?
À 8 h du soir arrivent, sans être prévenu, 250 hommes de Noyon et environs, quelques femmes.
Dégel. On loge les évacués.
On en annonce encore 100 pour ce soir. Cela est pour de bon, disent-ils.
Gros coups sur Noyon.
Bon dégel.
Pas de canon.
Les vaches allemandes partent.
Annonce :
Ø
plus de
passeports.
Carnaval. Dégel.
Pas de canon. Une carte de Barbay.
Pluie.
Arrive 7 prêtres, 1 médecin, 1 pharmacien et une dizaine de dames de Noyon restés comme otages jusqu’au départ de toute la population.
Gros coups par moment.
Passe beaucoup d’autos chargées de mobiliers.
Brumeux.
Matin arrive préparation de logement pour 1 500 hommes et 60 officiers. 10 à 20 dans chaque maison. Doivent arriver demain ou vendredi.
Avons un officier et une ordonnance inscrits. (Arrive le 51e)
Gris.
En arrive une centaine, les autres demain.
Gris.
À 6 h du soir en arrive beaucoup.
Gris.
Va et vient.
Notre officier arrive le soir. Ils forment ici, pense-t-on, des écoles de recrues et de sous-officiers. Canon. 180 évacués de 18 à 52 appelés demain pour Avesnes.
Gelée, beau.
Canon fort.
Beaucoup de circulation. Tous pas encore arrivés. Notre officier paraît bien.
172 évacués ont été pris pour aller travailler.
Canon au loin.
Les soldats font de l’exercice de bombes, fusils, mitrailleuses, grenades, etc.
Une escadrille d’aéros passe au loin sur Avesnes.
Gris.
Manœuvres encore, exercices de tranchées, chants etc.
Gris.
Faisons le ravitaillement, 110 F par mois à deux.
Annonce :
Ø
Balayer
les rues tous les jours et saluer les officiers en se découvrant.
Gris.
Les Anglais ont repris 7 villages autour de Bapaume.
Obligation de fournir 2 300 œufs par semaine sous peine d’un mark d’amende et un jour de prison pour chaque œuf manquant. (On en fournissait 50 !)
Froid, beau.
Exercices et chants habituels. Tous les intérieurs de barattes sont conduits à Avesnes.
Déclarer les machines à vapeur pouvant fonctionner mais ne servant pas actuellement.
Chaque maison est numérotée. Les rues vont être baptisées.
Tric-trac habituel.
Allons voir tranchées à Magenta.
Rue nationale : Hurdrehburg Strass.
Rue de Fourmies : Ludendorff Strass.
Rue de la place : Dom Platze.
Rue de la filature : Hoch Strass.
Rue des Orfèvres : Mackensen Strass.
En arrive encore une centaine venant du front de Noyon, de Babeuf, qu’ils ont abandonné disent-ils.
Canon.
Pour la 3e fois on demande pompe, puits ou citerne ?
Demain tous les chevaux à Avesnes. La colonne est partie hier.
Canon.
Passe depuis samedi beaucoup d’autos de mobiliers, de civils venant de St-Quentin que l’on évacue, disent-ils.
Canon.
Vent. Baromètre plus bas que tempête.
Arrive 280 vaches. L’évacuation des villages près du front continue pour les troupes et les gens et les bêtes.
Neige.
Gros coups de canon.
Rien de neuf. Neige.
Gelée et neige.
Canon nuit et jour très fort. On assure que Noyon est repris. Leur recul d’après les journaux est stratégique ? (*)
(*) : C’est exact : Les Allemands ont effectués un
recul volontaire et stratégique très important, en appliquant la politique de
« terre brûlée »
Ils raccourcissent le front et ainsi « économise » des
divisions d’infanterie.
Notre officier et ses ordonnances fichent le camp sans dire même merci, emportant même la clef de la maison et une couverture ! Bon voyage !
Matinée repasse de tout, gros canons lourds, voitures, officiers d’artillerie méli-mélo. Stratégie toujours ?
Le canon tonne encore.
À 2 h, réunion de tous les soldats casque en tête à l’église.
Demain messe allemande à 9 h ½.
Canon toujours.
2 compagnies partent. On en attend d’autres. Notre officier est parti en permission, paraît-il.
Arrivent 2 compagnies fourbues. Ils disent Noyon évacué par les Allemands hier, St-Quentin le 15 ??.
À Liessies les phénomènes étranges continuent.
Serions délivrés le 20 avril ?
Troupes partout. Noyon évacué par les Allemands hier, sauté aussitôt.
Exercices à grenades et dynamite dans les tranchées de Magenta, Marches, etc.
Annonce des évacués pour ici !
Bagdad serait pris par les Anglais.
Revue, etc.
Pas de canon.
Hier à minuit, arrivent 107 évacués de Ham, hommes et jeunes filles. Les enfants et femmes sont encore restés là-bas. Pour ?
Disent tout rasé, brûlé de Ham à St Quentin, désert complet. Les troupes reculées à St-Quentin attendent l’offensive française et anglaise.
Serait-ce pour de bon enfin ?
Et ces femmes et enfants que leur adviendra-t-il ?
Évacués placés aux hameaux. Les vieillards, femmes et enfants sont comme dans des camps de concentration avec ravitaillement pour quelques jours, devant attendre l’arrivée des Français. Tant mieux pour eux s’ils ne tardent pas.
Bucquenoy est repris depuis mercredi dernier. Passe 2 aéros.
Passe voitures et autos. Passe 1 aéro.
Canon matinée.
Noyon annoncé repris.
En arrive 100. Prépare encore logement pour 2 000. 2 gendarmes arrivent demain à demeure. Ils disent le tsar démissionnaire, prisonnier, etc. révolution en Russie.
Quoi de vrai ?
(*) : Le tsar Nicolas II a bien abdiqué le 15 mars
D’après leurs journaux le tsar a abdiqué après une émeute à St Pétersbourg, la douma maîtresse continue la guerre.
Officiellement Bapaume et Noyon sont repris. Noyon n’a pas souffert, les vieillards femmes et enfants sont avec nos troupes. Deux régiments allemands auraient été faits prisonniers.
On refait du logement pour la cavalerie. La Commandanture de St-Quentin est attendue à Avesnes, celle de Chauny à La Capelle. Tous les évacués à partir de 15 ans (hommes) doivent se trouver demain matin à 7 heures sur la place.
Vent violent.
Gros coups.
Matin repasse équipages de toutes sortes traînés par des chevaux, baudets, mulets, soldats même, venant de La Capelle, allant sur Lusnes et la Belgique.
Toute la journée, soldats perdus repassent par groupes ou seuls. Est-ce enfin la débandade ?
Affichent à Avesnes qu’ils ont cédé volontairement aux Français : Péronne, Bapaume, Noyon, Roye et villages voisins. Les jeunes gens et hommes vont travailler dans des fermes.
(*) : C’est exact : le recul allemand était volontaire
Toute la nuit repasse encore toute espèce de choses et de troupes.
Toute la journée, idem, chariots de meubles, de tout, etc. Ham et Chauny sont français ; ils approchent de St Quentin. Enfin !
La cavalerie doit arriver demain.
Neige.
Continuation de la déroute.
Plus de 1 000 hommes repassent, autos, chariots, etc. Ceux-ci doivent partir samedi. On refait encore du logement.
Visites des caves pour savoir combien on y mettrait d’hommes en cas de bombes d’aéros. Tous espérons enfin que c’est pour de bon.
Soir, on dit St-Quentin à nous ! Ne va-t-on pas trop vite ?
Nous devons débarrasser la remise et l’écurie pour loger des chevaux.
Quand ? Combien ? Ne savons pas.
Passe encore voitures, matinée. Les Anglais seraient à Estrées et les Français près de Guise ?. Et pas un coup de canon !
C’est bien bizarre.
Le matin en part 200. Les autres font leur baluchon. On enlève les pancartes des officiers. Le nôtre ne reviendra pas. La Chine a rompu avec eux.
Froid, gelée. Rien de nouveau.
Quelques coups de canon. On dit que la Commandanture va à Namur ?
Il en part encore environ 600, les autres demain et après-demain. Il repasse encore des caissons, des mortiers qui vont sur Liessies. Passe un aéro allemand du sud au nord et repasse 10 minutes après.
On remonte le téléphone à la poste.
Matin repasse toujours pour Liessies de l’artillerie.
Vers 11 h passe un régiment venant au contraire de Sains par ici sur St-Quentin !
Après-midi encore un régiment, musique en tête, vient par ici. Il en fait toute la journée d’ici.
Pluie.
Le dépôt fait ses bagages.
La nuit passe des troupes sans arrêt allant toujours se faire tuer à St Quentin.
Avant midi en arrive pour loger, avons un lieutenant, deux ordonnances, deux chevaux.
Gelée.
Nuit et matin départ de tout le dépôt.
D’autres arrivent, le 23e, pour 3 ou 4 jours. Ordonnances sont bien. Le chef part le matin, revient, reçoit visites, boit beaucoup de cognac, part au casino, revient aéroplane, aussi faut-il laisser la porte ouverte la nuit.
Il a déjà un œil poché ; s’il rentrait sans voir clair, gare à l’autre œil, dit l’ordonnance.
Monte le téléphone de campagne.
Le journal annonce Chauny et Verquin repris le 18. Péronne brûlé. Allons-nous vers la fin ?
D’après les enfants de Liessies (beaucoup y croient) le 20 avril à 5 h moins ¾ du matin l’armée allemande rendra les armes. ? ! ?
Nuit canon.
(*) : Ces trois enfants ont vu la Vierge. Ils l’avaient déjà prédit le 2 février.
Gelée.
Hier soir aéro.
Concert 2 heures après midi. On affirme St-Quentin repris par la cavalerie.
Canon. Il arriverait vers Maubeuge évacués de Namur ?
Pluie.
Encore nouvelle (Vrai ?) Les Anglais auraient passé sur la Hollande, Liége, Gand seraient évacués par ici ?
On entend le canon par-là, loin, sans arrêt depuis quelques jours. Ils disent tenter encore un coup sur la champagne.
Orage.
L’Amérique prête de l’argent sans intérêt à la France et offre ses sous-marins. Les communiqués du 20 et 21 sont très bons. Nous sommes près de St-Quentin.
Fleu pas lumière arrive artillerie.
Pluie. Tonnerre.
Notre officier revient avec un autre à 6 h, ne sachant plus se porter, envoie chercher 2 tambours, 2 clairons et 2 fifres, se font donner aubade en haut ! Gare à la chambre demain ! Le tintamarre dure 2 heures.
Bilan : 7 bouteilles de Champagne à 12 F 25 la bouteille et 9 bouteilles de vin. Schultz ramené à 10 h à dos !
Belle armée avec de tels chefs !
Présentation de toutes les vaches, qu’on numérote. L’artillerie part grand matin pour Maubeuge.
Demain église réquisitionnée de 9 h à 13h. Messes pour nous à 7h, 8h et 13h.
Canon.
Concert à 9 h. Sa majesté Schultz malade, couché après-midi (aurions bien donné 10 sous pour qu’il y ait alerte et départ la nuit dernière).
Allons-nous avoir faim ? Depuis trois semaines plus de ravitaillement qui arrive. Rien que de la farine noire, aussi quel pain ! Heureusement qu’il y avait un stock ici encore pour 15 jours.
Après ? À la grâce de Dieu ! S’ils ne nous les volent pas nous avons bien des provisions pour 1 mois, mais combien sont volés !
Revue des chevaux, Avesnes en fourni 6.
Pluie, vent. Canon nuit et avant midi. Repasse artillerie. En loge encore dans le bas qui part demain pour Maubeuge. Vent, fleu, pas de lumière.
Arrive café au ravitaillement et beurre à 6 Frs. la livre !
Neige, gelée.
Après-midi repasse encore beaucoup de chariots venant de Vervins. Gros coups de canon le soir. Chevaux et chariots logent sur la route d’Avesnes.
Gendarmes surveillent le lait. Il est question de se cacher pour en avoir.
Canon nuit et jour.
Demain tous les baudets à Avesnes, dimanche encore les chevaux.
Neige toute la journée, re fleu. Pas de lumière.
Neige. Fleu.
Canon.
On prend du sang aux baudets. Office protestant. Réception.
Nuit canon.
Matin beau, soir pluie. L’Amérique leur a officiellement déclaré la guerre.
Matin neige.
À 4 h du matin, départ de beaucoup de soldats pour Féron : revue d’un général.
Reviennent à midi.
Faut la statistique des hommes de 14 à 60 ans. Dire leur emploi ? Depuis quand ?
Passe à plusieurs reprises et dans plusieurs quartiers une douzaine d’uhlans avec lances, des officiers à cheval d’où ? Où ? Pour ?
Hier beaucoup d’artillerie à Avesnes allant sur Maubeuge.
Pâques sans cloches encore hélas ! Les entendrons-nous l’an prochain ? Comme œufs de Pâques les enfants ont été ravis d’une paire de sabots avec quelques caramels.
Froid, beau.
Offices jusque midi, après concert. Ils partent mardi.
Canon loin.
Averses.
Canon nuit et jour jusque midi, très fort sur Cambrai, St-Quentin. Réquisition de 12 balances avec poids.
(Louise bronchite)
(*) : L’offensive en Artois entre Lens et Arras va débuter
le 9 avril 1917.
Neige, averses.
Départ retardé.
À 10 h ordre de partir, attendent ordre de l’heure. Tous les bagages en voiture.
Le soir attendent toujours l’heure.
Canon donne fort sans arrêt sur Cambrai, St-Quentin.
Demain doit arriver 150 chevaux, voitures etc.
(Visite des gendarmes chez Anna)
Gelée, froid.
Canon sans arrêt encore.
Toute la nuit et matinée troupes allant sur St-Quentin, Le reste des nôtres part à 1 h ½ pour St Quentin. Enfin une nuit sans eux !
En arrive à 6 h, des voitures annoncées logent dans le bas. On fait annoncer qu’en cas d’incendie ou de fausse alerte d’incendie, tous les habitants doivent aller faire la chaîne.
Demain à 7 heures du matin à Avesnes tous les évacués de 17 à 55 ans.
Canon sans arrêt, tout tremble.
À Arras 2 divisions allemandes démolies, 6 000 prisonniers. Repasse des chariots allant sur La Capelle, artillerie venant de Fourmies et allant sur Avesnes. Une centaine d’hommes ont été pris, les autres reviennent. Il faut encore payer l’impôt : 200 000 Frs. pour Etrœungt.
Canon encore.
Rien de neuf.
Nuit et jour roulements continus.
Toujours canon sur Soissons. Matin gros coups.
Demain départ des vaches allemandes.
À minuit avancer les horloges d’une heure (heure d’été)
16 avril : Début de
la grande offensive française du Chemin des Dames, qui devait amener la
victoire.
Après-midi repris du canon.
À Arras 11 000 prisonniers, 100 canons, 162 mitrailleuses, des canons de tranchées et 228 officiers la semaine dernière.
Aujourd’hui on annonce encore à Avesnes 6 000 prisonniers encore autour d’Arras. Attend des évacués d’Origny Ste Benoîte à La Rouillies.
Annonce départ pour la France, être âgé de 1 à 14 ans ou avoir plus de 60 ans, même les femmes.
Viande ravitaillement.
Calme. Averses de neige toujours !
Matin neige, nuit canon.
On dit que sur Reims 14 000 allemands se seraient rendus dont le 23e qui vient de nous quitter. Ils l’avaient dit en partant.
Confirmation des 14 000, pris 100 canons, beaucoup de matériel. Les chasseurs partent demain.
Nous faisons maintenant partie de la 7e armée au lieu de la 3e mais heureusement restons dans la Commandanture d’Avesnes.
Réquisition : 4 kilos de papier pour les WC des lazarets
Canon toute la journée, très fort de midi à 2 h. Bombardement d’aéroplanes sur Maubeuge par 3 fois on entend des escadrilles et plus de 200 coups de bombes.
Doit être le jour de la paix ?
Canon sans arrêt.
Beaucoup arrivent. Depuis le 1er avril 60 000 allemands hors de combat.
À 10 h du soir en arrive une douzaine cherchant logement. Avant garde ou fuyards ?
Nouveau poste de police société arrive hier soir.
Plus de canon.
Froid.
Froid.
Pas un coup de canon. Rien de neuf.
Parfois un coup de canon.
À dater du 1er mai nous ferons partie de la Commandanture de Sains du Nord (Commandanture nouvelle)
Annonce :
Ø
Tous les
jardins doivent être bêchés pour le 26.
Beau. On commence à labourer.
Un peu de canon.
Froid.
Parfois un coup.
Froid.
Canon reprend après-midi.
Pas de ravitaillement qui arrive. Il faut mettre, remettre à Avesnes la farine qui devait servir après le 1er mai. S’il n’en arrive pas de suite à Sains, mercredi pas de pain.
Encore canon.
Villers-Guislain repris depuis le 18.
Journaux donnent avance de Lens à Reims.
Enfin le printemps. Soleil et canon le soir très fort sur St Quentin. Les chasseurs partent demain matin à cause de notre changement d’armée. Aéros.
Nuit et jour canon. Cesse le soir.
Repasse beaucoup d’autos chargées de butin (matelas, coffres-forts, valises, malles, etc.)
Dès demain, le beurre se refait à la laiterie. Nous serons commandés par Sains du Nord. Mieux ou pire ! Pire sans doute, faisant partie de l’arrière front armée VII. Espérons que dans un mois cela ira mieux.
Aéros, bombes sur Maubeuge.
Canon sur Reims. Fournir à la nouvelle Commandanture de Sains un mobilier de luxe.
Faut encore cuillères, fourchettes.
Canon.
Aéros. Canon.
Aéros. Plus de canon. Perquisitions commencent tout est visité, retourné sondé dans quelques maisons.
Aéros tirant l’un sur l’autre. Un ballonnet tombe à quatre maisons. Gendarmes arrivent. Plus rien. Dedans ?
Soir tempête. Canon.
Faut cuillères et fourchettes, rideaux etc.
Matin gros coups réguliers.
Canon ensuite.
À 6 h (4h) matin, amener toutes les vaches, veaux, taureaux pour y mettre un numéro au front.
Encore un départ pour la France des habitants ou évacués de moins de 14 ou plus de 60 ans, les malades, le personnel de la Croix-Rouge française, les gens incapables de travail.
Beau.
Canon jusque midi.
Toute la journée repasse autos, camions chargés de matériel, de bois, de tout et d’hommes qui crient au revoir.
Le soir on dit que St-Quentin est français et Laon en feu ! Tant mieux, c’est que cela marche !
1 000 vaches sont marquées pour partir demain matin, ils en reprennent encore 500 sur un ordre arrivé dans la journée.
Calme. Réquisition 21 lits, 100 paires de draps, bidons
etc. etc.
À Floyon tous les vêtements et le linge, les
chaussures, tout enlevé. On dit Craonne repris. Des prisonniers français
vus à Sains ce matin ont dit « bon courage » !
Hélas nous en avons besoin !
Canon fort.
On amène des bêtes de Boulogne et demain on en conduit 100 à l’abattoir de Fourmies.
Chaud.
Les gendarmes font du logement pour 2 000 hommes d’ici 2 ou 3 jours.
Arrive à Avesnelles 1 100 évacués des environs de St Quentin, annonce 1 400 de Laon pour la Commandanture de Sains.
Pas de canon.
Canon loin.
Demain à 5 h du matin, revue des baudets ici.
Va arriver 350 vaches et des chevaux malades à soigner.
Annonce :
Ø
Fournir à
la laiterie 6 L lait à la vache payé 12 cts le litre.
Ø
Ceux qui
en fourniront davantage, le surplus sera payé 18 cts.
Ø
Défense
d’avoir ni beurre, ni fromage. Ceux qui en ont, doivent le porter à la
laiterie. Aéros.
Canon sans arrêt, sec, fort.
Presque tous les baudets sont pris : Etrœungt, Sains, Boulogne, Rainsars les avaient amenés. Demain les chevaux, après demain les veaux. Les troupes devaient arriver aujourd’hui.
Rien. Aéros.
Nuit et jour, canon violent.
Les Allemands disent St-Quentin français. Aux chevaux on passe la visite sanitaire. Les faire ferrer tous.
Annonce :
Ø
Déclarer
toutes les pompes en cuivre. Elles seront remplacées par d’autres.
Canon loin.
Le 20 à 7 heures du soir appel des hommes de 17 à 50 ans. Donner le nom des propriétaires de chaque maison, rue et n°. Réquisition de 24 matelas.
Plus rien. Réquisition de mobilier encore.
Ascension. Calme complet. St-Quentin n’est pas repris. Tous les blessés de Sains et Avesnes sont partis hier. Demain à 4 heures du soir, revue des chevaux rue du moulin.
Perquisitions dans quelques maisons. Revues des chevaux, pas un de pris.
Canon sans arrêt. Aéros.
Canon nuit et jour.
Pour demain 5 heures du soir, revue de tous les hommes de 17 à 50 ans inclus. Sur 260 inscrits pour partir en France, 27 seulement admis.
Des prisonniers civils restés disent qu’on évacue Cambrai qui est bombardé par les Français.
Faut 2 œufs par poule. Porter les poules mortes à la mairie. 8 litres de lait à la vache.
Déclarer les fils de fer à ronce que l’on a chez soi ou dans ses propriétés.
Canon. Les hommes passent une revue de santé !
Déclarer les coffres-forts.
Canon.
Passe 4 aéros. Arrive 40 télégraphistes, disent les troupes arriveront jeudi. Demain revue des taureaux et génisses.
Faut déclarer les tonneaux à vin et cidre.
Perquisitions à Warpont.
Des coffres-forts déclarés ils prennent un échantillon du métal, le mettent sous enveloppe cachetée.
Les taureaux sont mis en groupes. Demain matin revue des génisses, après-midi revue des chevaux.
Encore canon.
Canon.
Pas de chevaux de pris. Toutes les génisses de l’an dernier sont prises.
Les téléphonistes montent une ligne d’Etrœungt à Sains.
Canon.
Réquisition au Grand Bois.
Canon jusqu’à midi.
Perquisition à Tatimont. Coût : 1 vélo, 100 jours de prison ou 200 marks. Recensement des habitants classés par sexe et âge de 0 à 12 ans, de 16 à 60 ans.
Soir un aéro allemand rase le village.
Calme. Demain matin, amener tous les veaux de lait.
Presque tous les veaux pris. Défendu de faucher.
Déclarer combien de pâtures à foin.
Plus de canon.
On s’y désespère, jamais de nouvelles de personne, ni de rien !
C’est à devenir fou ! Ils montent une baraque de bannis au bord de la rivière.
Tous les cultivateurs doivent porter à la mairie un râteau, une fourche.
Pas de canon. Quelle vie !
Faut demain matin 25 hommes mécaniciens, charrons, menuisiers, maréchaux, etc. linge pour 15 jours, nourriture pour 2 jours. On enlève les cloches à Sains.
Toujours plus de canon.
Passe 200 à 300 hommes, 4 gros canons allant sur la Belgique.
On commence à démonter la cloche. On ne doit pas la casser. Le plafond est percé. On annonce des artilleurs pour quelques jours. Permis de faucher maintenant.
Canon.
Des prisonniers sont revenus en permission de Busigny, disent que les obus arrivent à la gare de Busigny et qu’on se bat à la baïonnette à St Quentin.
Canon.
400 artilleurs avec 4 batteries tout le matériel loge à la gare.
Avons un lieutenant pour une nuit. Partent demain matin. Ont très soif. Rien à boire pour eux disent-ils.
Canon.
Partent à 9 h ½ matin pour Sebourg. En arrive d’autres à midi pour 2 jours.
Canon.
Bombes la nuit.
À Boulogne même logement qu’ici ! Doivent partir demain, remplacés par infanterie. Tous fatigués de la guerre. Presque pas d’officiers.
Avons sous-officiers.
Toutes les femmes doivent faner.
Toutes les écuries doivent être propres.
Voit un ballon captif sur Maubeuge.
Canon.
Départ des soldats matin. Il faut demain 200 faneuses !
Soir arrive 14 chevaux avec 20 civils d’Equillers près St-Quentin les conduisant à Solre-le-Château. Des masses de troupes filent sur la Belgique. Journal parle d’une offensive générale sous peu.
La cloche est enlevée.
Matin passe un escadron de cuirassiers venant d’Avesnes. Des prisonniers civils sont condamnés pour 2 jours, travaillent au garage d’Etreux, vont sur la Belgique.
Chaud, orage.
Appel de tous les hommes et femmes de 12 à 60 ans à 1h ½.
Tous réunis, ils choisissent 50 hommes pour faucher et demain réunion des femmes à 7 h du matin.
Les émigrés partent faner. Appel des travailleurs deux fois par jour.
Orages.
Canon.
Annonce :
Ø
Demain 8 h
matin (6 h) appel hommes et femmes de 12 à 60 ans.
Ø
Une femme
seulement doit rester à la maison.
Perquisitions par en bas. Mes tonneaux sont inscrits (Encore une plume qui va partir !) (La brasserie possède 696 tonneaux !)
Calme. Appel des hommes et des femmes de 12 à 60 ans.
Perquisitions de ci, de là.
On prépare encore des lits de planches pour soldats. Appel des femmes.
L’équipe des faneuses part faner, l’autre ira demain.
On ne fait pas la procession.
À 7 heures du soir appel de tous les hommes de 17 à 60 ans. Ils en prennent 67 des plus vieux pour partir demain.
Les 300 moutons qui étaient ici partent pour être tués à Ribemont.
On parle de fournir les matelas pour le 20 ?
Plus un coup de canon. Comme on s’embête et si on se fait des cheveux ! Quand ? Quand ?
Les amendes pleuvent dur pour tout ce qu’ils trouvent. Tout est motif à monnaie.
À Floyon pour 1 livre de beurre : 20 marks ; 1 litre de lait : 3 jours de prison !
Est-ce vivre ?
Calme encore.
Annonce :
Ø
Pour le 18
juin il faut porter toute la laine des matelas à peser et étiqueter.
Ø
Les laines
trouvées après seront confisquées et des punitions très sévères aux
propriétaires.
Nous laisseront-ils du foin pour en refaire ?
À St Michel les bestiaux pâturent les champs. Ils fauchent les blés et coupent les arbres fruitiers, dit-on ?
Orage.
Orage.
Perquisitions, amende 1500 Frs. pour le lait manquant depuis le 1er.
Orage.
Pas faner cet après-midi à cause de la pluie mais appel quand même.
Perquisitions encore. 41 des hommes partis ///// reviennent d’Aubenton.
26 sont restés soigner des chevaux ils disent beaucoup de matériel repart et 1 coup sur Alsace ?
Journal parle d’un repli sur la Flandre. On parle encore de la Hollande avec nous ?
Refus de conserver un matelas pour un malade ou un vieillard.
Tout livrer ou amendes fantastiques. Passe 7 aéros français.
Chaleur, fanage, aéros.
Faut 100 couvertures de laine, 150 torchons. Déclarer le linge de maison, le beau mobilier etc.
Arrive des dépêches du 6 janvier ! Rien pour nous comme d’habitude !!!
Chaleur accablante.
On fait des paillasses de toute espèce sauf laine. Pas un coup de canon malgré ce beau temps.
Demain dimanche 6 h ½ appel des faucheurs, départ 8 h ½ des faneuses, 9 h manœuvre des pompes, à 5 h du soir visite des hommes de 17 ans.
Nouvelles cartes d’identité à viser tous les 15 jours. Pour trois mois. Serait-ce les dernières ? Nous n’osons l’espérer, sommes complètement découragés.
Pas de farine arrivée, pas de pain lundi. Ceinture.
Chaud.
Travail. 1 aéro passe. Nous couchons pour la dernière nuit sur nos matelas.
Orages.
Canon enfin.
Annonce du logement dans quelques jours. Les matelas sont conduits à Sains. Ils renvoient les laines de couleurs et laines mélangées de crins. Après qu’on s’est esquinté à tout découdre et conduire ! Quel dé triage pour reconnaître les siens chacun !
Pas de farine encore. 150 gr de pain aujourd’hui.
Orages.
Canon nuit et jour. Perquisition.
Annonce :
Ø
Les 24
personnes acceptées pour partir en France, partiront demain par nuit à 1 h du
matin.
Cette fois seule la petite laine mélangée avec du crin ou petite laine de couleur n’est pas prise.
Le canon donne partout. Est-ce enfin l’offensive ?
Chaud, averses.
Tous les fruits sont réquisitionnés. Payés ?
Déclarer tout le linge de maison et les lits de 1 personne. Les troupes arrivent demain ! ?. 20 000 à Fourmies Wignehies.
Perquisitions rue du Moulin, prennent une gouttière démontée !!
Demandent les baromètres ou thermomètres à mercure.
Canon moins fort, cesse déjà le soir.
La farine arrive enfin. Nous aurons du pain demain. (Pas trop tôt !)
Pluie. Canon. Pain. Charbon.
Toute la laine est conduite.
Canon.
Les rapatriés partis hier matin stationnent à Fourmies jusque mercredi.
Déclarer toutes les voitures à 2 roues et 4 roues.
Pas de canon. Désolation.
12 gardes champêtres nommés devront patrouiller toutes les nuits.
Demain conduire toutes les vaches déclarées sèches (Gare aux fraudeurs !)
Aéros le matin. Pas un coup de canon.
Prennent 100 vaches. Faut 4 canards.
Aéros soir canon forme garde de nuit. En cas d’incendie de foin 4 otages enlevés. Ils disent que la Russie demande la paix ?
Comme on n’a pas fourni de cerises ni fraises, 50 marks d’amendes là où on en trouve. (Puisqu’il leur faut tout, qu’ils aillent quelque part il y en a !)
Canon après-midi.
Vont voir les cuves à la brasserie et les cuvelles pour la laiterie ou pour marmelade.
Soir, grand gendarme vient, visite la remise, regarde la voiture, l’écurie et c’est tout.
Les téléphonistes sont partis ce matin.
Matin, un pilleur de métal veut prendre les garnitures de cuivre d’une armoire et les portes-bougies du piano et une patère.
À la brasserie enlèvent la cuve guillotine pour la laiterie.
Ordre arrive d’enlever tous les métaux.
Viennent chercher 71 tonneaux, le reste suivra. Me promettent 1 bon.
Canon fort. On raconte qu’on va faire des lits partout, même dans l’église.
Les planches arrivent sans cesse. Pour ? Troupes ? Évacués ?
Les gendarmes trouvent et prennent 700 marks dans une maison. 13 soldats de la colonne partent demain ; le poste parti, des vieux remplacent.
Canon jusqu’au soir.
Arrive encore des planches, les lits se montent dans les maisons. Les écuries sont nettoyées au couteau et blanchies. Pour ?
Pluie à verse.
Pas de canon. Ont encore enlevé 89 tonneaux hier.
Calme Pluie à verse. De 3 à 4 heures, persistante, proteste pour avoir beau temps.
Beau.
Faut 200 aiguilles, fil, ciseaux, 100 brosses, balais, etc. etc.
Arrive une soixantaine de dépêches certaines vieilles d’un an. Beaucoup disent à leur femme de partir.
Canon toute la journée. On va monter l’électricité jusque Orniaux et partout parce que beaucoup de troupes l’hiver.
Pluie.
Aéros soir. Perquisitions.
Pas de canon.
Réquisitions par 4 gendarmes et 2 marchands de loques qui ramassent tous les chiffons. Les gendarmes ramassent surtout les harnais, le cuir et bouteilles de vin.
Calme.
Faut 18 charrettes anglaises. Réquisitions continuation.
Encore très peu de canon. Déclarer les tonneaux pour mettre choucroute. Perquisitions.
Calme (Quand cela tapera-t-il donc ? Encore parti pour passer l’hiver !)
On vient chercher les cuvelles de la brasserie. Déclarer le métal de cuivre et de bronze qu’il y a aux pompes centrifuges ou rotatives, aux machines à vapeur, moteurs, etc. . Toujours passent les marchands de chiffons.
Pluie.
Canon loin.
Ramasse les limes, les tenailles. Faut fournir les crémones et les cliches en cuivres !!
Bombes d’aéros le matin. On dit que les Russes avancent ?
Les troupes repartent là-bas.
Couvert. Faut 20 paires de souliers de femmes bon état pour les infirmières. Sinon là où il y aura 2 paires confiscation et amende.
Faut 5 jeunes filles pour aller travailler à Marle. Réquisition.
Beau. Encore perquisitions.
Annonce :
Ø
Pour le 14
juillet fournir tous les pots à confiture.
Ø
Ceux qui
ont des arbres fruitiers et qui n’ont pas fourni de fruits seront punis
d’amendes.
Ø
Ceux qui
n’ont pas payé la taxe des chiens : 20 marks.
Ils viennent ici, ramassent mes harnais de voitures, un collier de grelots, des vieilles gouttières.
Encore une fois cela part.
Pas de canon.
Continuation. Passe 1 aéro français. Guillaume aurait été victime d’un attentat ?.
Soir canon fort.
Canon sans arrêt fort.
Une bombe aurait été jetée sur l’auto impériale, chauffeur tué, Guillaume et officiers blessés. Le Kronprinz rappelé Betmam chancelier démissionnaire, Hindenburg parti en Russie, les Russes avançant fort.
Quoi de vrai ?
L’Allemagne serait en révolte. Quand saurons-nous la vérité ?
Repasse 7 bateaux sur chariots allant sur Avesnes.
Recevons dépêches de M. Fabre du 18 janvier 1917 N° 462 991. Heureux vous savoir tous bien portants. Toute la famille bonne santé.
Pas nouvelles d’Adolphe depuis mai. Vous embrasse bien. Ils cachent la vérité sûrement !
Est-ce vivre qu’être toujours à l’injonctive ? Quand cela finira-t-il ?
Canon.
Annonce :
Ø
Déclarer
les ustensiles de ménage, les cliches de portes en cuivre, etc.
Ø
Fournir
les fruits.
Canon.
Encore : dépêche qui dit être sans nouvelles depuis septembre, de conserver espoir ! Que croire ? Que penser ?
Canon.
Le chancelier allemand démissionne.
Canon.
Porter pommes et poires. Livrer des baignoires émail, des chaises longues. Déclarer les machines à coudre, les cliches de portes.
Revue des vaches. 180 sont prises pour tuer. Passe 8 aéros français sur Fourmies.
Canon. Poisson au ravitaillement.
Canon nuit et jour. Les canons anti-avions de Fourmies tirant hier sur les aéros ont tué 3 civils à Wignehies.
Plus canon aéros sur Wignehies. On tire encore du canon sur eux.
Annonce :
Ø
Mardi 8 h
soir visite sanitaire des hommes.
Pas canon aéros au loin toute la journée.
Le nouveau chancelier aurait déjà démissionné et les ministres allemands demanderaient la paix ? Guillaume aurait rappelé ses fils ? Quoi de vrai ?
Un ballonnet marqué Deutschland tombe dans la pâture de la gare. Les Allemands vont le ramasser.
Pas de canon. Repasse le soir des autos conduisant 2 pièces canon monstres.
Soir visite des hommes. On prépare à 8 h du soir logement 100 filature.
Canon très fort après-midi.
À Avesnes l’état-major. Ils reculeraient leur front sur Guise ? Gare à nous.
Demain tous les petits veaux.
Pas de canon.
Annonce :
Ø
Médecin
allemand viendra en Commandanture 2 jours par semaine.
Soir canon 1 heure.
Les Russes battent en retraite.
Soir canon très fort.
Canon sans arrêt. Mauvaises nouvelles de Russie. Faut dans 4 jours 232 980 Frs.
Canon nuit et jour.
On passe dans les maisons pour avoir de l’argent. Papa va à Sorbais.
Canon moins fort.
Faut fournir 1 000 draps, 500 nappes, 500 taies d’oreillers, 500 serviettes, etc.
Déclarer les poules et les lapins.
Fleu. Canon.
Faut 25 machines à coudre sous 15 jours.
La débâcle russe continue.
Canon le soir.
Pluie. Rien de neuf.
On porte les 232 980 Frs.
Pluie.
Il paraît que sur Ypres il y a des combats comme il n’y en a encore eu. Terribles disent-ils ! (*)
On dit qu’il y a eu exagération pour la retraite russe.
Il fallait verser hier en plus des 232 000 francs, 9 000 Frs. en monnaie d’état. Si ce n’est pas versé ce soir, le maire et 4 otages seront emprisonnés.
(*) : Il s’agit de la bataille de la bataille de Passchendaele, appelée aussi la troisième bataille d'Ypres
eut lieu entre le 31 juillet et le 6 novembre 1917. Elle opposa l'armée
britannique, l'armée canadienne et des renforts de l'armée française, à l'armée
allemande.
Les Britanniques comptent près de 260 000 victimes, dont plus de
15 000 soldats canadiens tués ou blessés. On pense que les Allemands en eurent
autant.
Le maire, les adjoints et un autre partent demain.
Pas de canon.
Les otages reviennent, ils devront accompagner les gendarmes dans toutes les maisons, tout visiter, fouiller pour trouver l’argent.
Faut les marchandises des magasins de nouveautés, étoffes, etc.
Toujours pas de canon.
Beaucoup de trains de soldats, de blessés, de morts même.
2 000 Frs. seulement sont fournis, les perquisitions vont commencer. Pour le 15, nous retournerons avec la 2eme armée ?
Faut fournir les objets indispensables ou non en étain, cuivre, bronze, zinc, nickel, aluminium.
L’impôt est à peu près trouvé.
Canon reprend soir. Orage.
Canon.
Revue des chevaux. Re-déclaration des volailles.
(Aujourd’hui 3 ans qu’Adolphe est parti, 1 an sans nouvelles ! Hélas ! )
Louise bien heureuse, elle a 5 ans !. Heureux âge.
Canon nuit et jour.
La Chine déclare la guerre à l’Allemagne.
Canon nuit et jour.
Canon nuit et jour très fort et partout.
Perquisitions. Faut conduire demain tous les tonneaux de brasserie.
Canon. Le Lt major part au feu avec 11 hommes.
Pluie, canon. Ne faut plus de tonneaux.
Pas de canon.
Canon reprend. On évacue les civils de Laon. On fait des fouilles à La Pairée.
Canon très fort partout.
On va démonter ce qui reste des brasseries ! Aéros tout le matin.
Canon. Office après-midi s’il pleut. Pleut pas. Pas d’office.
On parle de 200 000 allemands tués sur Ypres, 4 000 prisonniers et également un succès pour nous à Verdun ?
Le poste part à Crécy-sur-Serre, un autre arrive. Ordre arrive défendant de vendre du lait.
Plus de canon.
Canon reprend jour et nuit.
Canon toujours. Ordre à tous les Allemands de partir demain, leur gazette de Cologne dit Poincaré en bas ?
Appel des hommes vendredi.
Canon.
Faut 60 vaches à lait rouges, les plus belles pour envoyer en Allemagne.
On annonce des succès sur tous les fronts. Attendons de tout.
Canon. Visite des gendarmes aux marchands de tissus.
Canon nuit et jour.
Canon roulant. On aurait avancé partout. Sommes incrédules. Demain soir appel des hommes de 16 à 60 ans.
Pluie à verse.
Canon.
Gendarme passe revue des souliers aux hommes. Ceux qui ont des souliers de soldats allemands, on leur confisque.
Tempête. Arbres cassés, fruits tombés.
Canon. À partir du 1er septembre, cartes de lait.
Annonce :
Ø
Reporter
les souliers allemands.
Pluie et vent. Beaucoup partent au feu. La verrerie Glagean a brûlé la nuit de samedi à dimanche, on y fabriquait des bombes.
Gendarmes commencent à ramasser les bronzes, pendules, etc.
Les cuivres des églises sont inventoriés, enlevés en certains endroits. Un peu de canon le soir.
Vent, pluie.
Rien de neuf.
On dit Erieste pris par les Italiens.
Troupes à Fourmies, Wignehies, Rocquigny.
Pas de canon. Revue des chevaux jeudi.
Faut 10 000 kilos de pommes. Un prêtre allemand vient choisir des cuivres dans l’église. On devra conduire demain à Sains les lustres, les appliques, etc.
Il arrive 100 chevaux malades au Grand bois et 100 au Petit Bois demain.
Beau.
Enlèvement des lustres de l’église.
Distribution des cartes au lait : 1 cran encore à la ceinture.
Beau. Canon.
Carillonnent à Avesnes pour la prise de Riga !! Ce que les Russes nous mettent dedans !
Chaud orage.
Défendu d’aller au lait après 9 h du matin, avoir sa carte (1 litre pour nous 4).
Canon et bombes sans arrêt. On fane toujours.
Canon très fort, orage.
Fournir les treillages des clôtures.
Canon soir. Annoncent succès en Russie !. Hélas ! Hélas !
Canon loin par moments.
Calme.
Défendu avoir lumière le soir.
Nuit dernière et matin bombes pas bien loin. Aéros.
Canon loin hélas.
Visite des ponts. Continuation du fanage et du blanchissage des écuries. Pour ?
Calme toujours. Déclarer les lampes à pétrole.
Canon reprend après-midi. Annonce de l’arrivée de 4 gendarmes ! Perquisitions en perspective !. Faut fournir toutes les bouteilles.
Canon.
9 aéros anglais. Un aurait atterri vers le soir, tous les Allemands y courent.
L’aéro a atterri par panne à la Rouge-Croix, appareil démoli, aviateur légèrement blessé prisonnier à La Capelle. Gendarmes cherchent s’ils n’étaient pas deux ?
Vont faire perquisitions rue du Moulin. Trouvent des harnais, fouillent souvent toutes les remises.
Canon.
Canon jour et nuit.
Deux Allemands viennent fouiller dans l’église et trouvent un peu de cuivre caché.
À Floyon, ils ont trouvé 100 000 F de titres dans l’autel. L’église de Floyon est fermée, gardée militairement.
Canon nuit et jour.
Gendarmes viennent voir le billard.
Reçoit une carte de Jules. Toujours sans nouvelles ! Quelle vie !
On dit le canal de St-Quentin passé par les Français.
Il ne faut plus de bouteilles pour le moment.
Canon nuit et jour.
St-Quentin serait cerné avec 35 000 hommes. Ne croyons pas.
Canon.
Deux de la police secrète viennent visiter et fouiller les magasins de C.R.B, la mairie, etc. trouvent hélas !
Quelle séance !
Canon toujours.
Déclarer les harmoniums.
Canon. Déclarer encore toutes les pompes en cuivre ou non, les bouteilles champenoises ou à eau minérale ou autres. Arrive un gendarme architecte pour 8 jours.
Canon un peu, aéros toute la journée. Les travailleurs des environs de St-Quentin n’y retournent plus, sont à Vadencourt.
Re déclarer les voitures, les harnais même.
Calme. Nouvelles cartes d’identité.
Réquisitions sur la place et partout tous les jours. Faut 1 harmonium.
Pas de canon. Revue des hommes. On assure officiel St-Quentin repris mais n’y croyons pas.
Encore 1 anniversaire et toujours sans nouvelles ! (*)
Quand ?
(*) : Il s’agit une fois encore de son anniversaire de
mariage, voilà maintenant deux ans qu’Adolphe est mort.
Canon. Pas vrai St-Quentin. Faut encore des tapis, pics, pioches, etc.
Re déclarer les bestiaux. 40 marks d’amende.
Faut tous les saloirs en grès de plus de 30 litres. Demain matin, amener les 300 poules non-pondeuses.
Canon, bombes.
Calme, perquisitions.
Office protestant.
Les foins sont finis déjà.
Canon, bombes.
Part une dizaine.
Canon, bombes.
Faut 2 gramophones. Gendarmes viennent nous visiter, fouillent, sondent, ne trouvent rien.
Pas de canon.
Défendu de charrier avec les chevaux. Tous doivent faire des silos.
Revue des chevaux, on en prend onze. Téléphonistes partent.
Les poules d’il y a 8 jours n’étaient pas bien encaissées : 150 marks d’amende.
La colonne part pour la Russie.
Après-midi bombes.
Coups formidables sur le nord. Aéros au loin.
Matin encore forts coups sur le nord. Tout tremble.
On prend presque tous les veaux.
Ducasse ! 4ème gelée. Pluie à verse.
Annonce :
Ø
Faire des
silos car on n’aura pas de foin l’hiver.
Ø
Déclarer
tous les jours la quantité de silo qu’on fait.
Ø
Conduire
pour demain tous les fruits. Celui chez qui on en trouvera : 100 marks
d’amende.
Ø
Nettoyer
les écuries pour mercredi.
Arrive la nuit une centaine d’artilleurs avec caissons. Viennent de près de Laon se reposer, logent rue du moulin.
Tempête.
Canon.
Arrive hier un géomètre pour arpenter le village.
Pluie et vent.
On démonte l’électricité dans les maisons ne laissant qu’une lampe par habitation. Les fils en cuivre sont remplacés par d’autres en métal.
Dimanche revue des vaches, génisses, taureaux, veaux, etc.
Faut 28 000 bouteilles.
Canon.
Pluie à verse.
Faut les housses, dix colliers. Permis de faire du cidre. Ne pas le vendre plus de 20 centimes. On vient démonter nos lampes et fils électriques en gardons trois.
Fleu.
Défendu d’abattre des arbres de plus de 6 centimètres de diamètre !
Canon.
Revue des vaches.
Rien de nouveau.
Un géomètre installe sur les hauteurs des perches, deux tranchées aux pieds.
Serait-ce du sans fils ? Canon contraire ?
Interdiction de faire aucun commerce. Toutes les marchandises des magasins sont saisies par l’autorité allemande.
Aéro, obus. Faut 10 000 briques.
Canon.
Affiche nommant les marchandises réquisitionnées. Tout y passe.
Canon par nuit.
Inventaire de tous les objets dans l’église, même les ciboires sont inscrits ! Saisis.
Beau.
Canon depuis midi.
Annoncent succès allemands en Russie !
Gelée, froid. Canon.
Canon. Vent, tempête
Canon nuit.
Pluie.
Canon soir arrête.
La colonne part samedi.
Colonne ne part pas. Manque de chevaux.
Au chemin des Dames, défaite allemande, 2 divisions anéanties, 12 kilomètres avance des Français.
Canon.
(*) : Il
s’agit de la bataille de la Malmaison, offensive (et victoire) française
menée différemment que les précédentes.
Annonce : 2 régiments au repos arriveront demain. Canon sans arrêt.
Des gendarmes préparent le logement. Charrettes de fibres de bois ou charbon, des poêles même arrivent.
Faut fournir toutes les laines à matelas restant encore, quelles qu’elles soient, les chaudières et les cuisinières non utilisées.
Faut 150 chaises, 30 bureaux, 60 fauteuils, 15 armoires, 100 descentes de lit, etc. etc. pour demain.
Arrive à Sains évacués de 64 communes aux environs de Laon, 500 arriveront ici.
Rien de nouveau.
Nuit arrive avant garde.
Logement : avons un bureau au magasin, tout enlever !
Toussaint. Toutes les voitures vont à Fourmies chercher les bagages des soldats, 600 sont arrivés. Arrive mitrailleuses, leurs bombes et matériel pour école n 30.
Ils viennent de Thiancourt et du Bois-le-Prêtre.
Installations. Sommes contents des nôtres.
Très calmes.
De gros succès allemands en Italie.
On parle de 100 000 prisonniers italiens.
Annonce : départ pour la France, plus de 60 ans et incapacité de travail. Canon.
Affiche de leurs succès italiens. Hélas !
Il s’agit de la bataille de Caporetto. Face au Autro-Hongrois-Allemands, l’armée italienne en débâcle perd
environ 230 000 hommes, mais elle n’est pas détruite. Les italiens aurait perdu près de 600 000 hommes depuis le début de
la guerre (pour eux, le 23 mai 1915)
Exercices de mitrailleuses.
Le journal dit, comme c’était prévu, qu’ils reculent leur front sur Laon. Les habitants de Liesse et Marchais sont arrivés dimanche à Fourmies.
Les soldats disent qu’ils reculent à Laon. Canon sur la Belgique.
Les gendarmes cherchent eux-mêmes les mobiliers. Demain les chevaux en colonne.
On annonce des évacués pour ici.
Il en arriverait 800 !
Beaucoup de difficulté pour partir pour la France, seules les femmes sans famille et avec des enfants.
Cette fois c’est 1 000 évacués des environs de Laon qui vont arriver. Les Allemands demandent la liste des maisons où ils devront loger et aussi le nombre pour chacune.
Plus de canon.
La Russie demanderait la paix séparée, disent-ils.
Rien de nouveau.
Il faut encore des chaises, tables, etc.
Revue des vaches.
En prennent une centaine.
Va arriver des pommes de terre. 5 kilos par habitant.
On n’aurait plus de lait du tout.
Les évacués n’arrivent toujours pas. On les dit repris par les Français.
Le dépôt va partir mercredi. D’autres viendront.
On passe la visite des inscrits pour la France. Dans la kommandantur de La Capelle les vieilles seraient envoyées à Laon, camp de concentration.
Embarquement du matériel. Tous les chevaux ne suffisent pas. Cinq charrettes partent menées à bras par des soldats.
À 8 h du matin, départ du tout.
Des logements sont préparés pour des Bavarois (On les dit pillards)
Arriveront demain après-midi.
Revue des hommes à 10 heures ½ du soir. Arrive des troupes à minuit ; bon réveil.
Ste Cécile.
Avons la poste. Le sous-officier est en permission. Le soldat paraît tranquille. Presque tous n’ont pas 20 ans. Ils viennent des environs de Reims.
La nuit et avant midi canon.
Lait supprimé sauf aux vieillards de plus de 80 ans et aux enfants jusque de trois ans.
Arrive 4 presses au foin.
Arrive des pommes de terre. 5 kilos par habitant.
L’offensive en Italie serait arrêtée par les Français.(*)
(*) : C’est exact, Les Français envoie 6 divisions
d’infanterie et les britanniques 5
Faut dans huit jours 500 000 F d’impôt ou l’adjoint sera enlevé en otage. Arrive 1 dépêche de mars !
Tempête. Averse, neige.
Avance des Anglais sur Cambrai, d’après la Gazette
Marcoing français et environs. On dit des Anglais dans Cambrai. (*)
Cette nuit 600 soldats doivent arriver.
(*) : La bataille de Cambrai (anglo-allemande) s’est
déroulé du 20 novembre au 7 décembre 1917. Ce fut la première offensive de
masse d’emploi de chars (près de 500 chars anglais). Les pertes furent
d’environ 45 000 hommes de chaque côté. Cambrai restât allemand.
Prépare encore du logement en bas. Neige la nuit. FLEU.
Faire couper les crins des chevaux. Les porter.
Porter toutes les petites laines quelle qu’elles soient.
Arrive une colonne d’autos, logent en bas, 1 canon monstre et de l’artillerie sans pièces, 35 officiers etc. venant de Laon.
Fleu.
Brouhaha des autos qui vont et viennent. Arrive encore un canon le tout dans les ruelles.
Canon.
(Angine). En part une trentaine.
Canon nuit et jour sur Cambrai.
Canon. En part une vingtaine.
Arrive toujours autos la nuit.
Rien de neuf.
Les Russes demandent la paix !
Un armistice de 10 jours signé avec les Russes. Les Anglais reculés au-delà de Villers-Guislain ! Que de mauvaises nouvelles !
On apprend la mort de G. Dervillée.
Doit arriver lundi 1 800 hommes, 36 docteurs, des
mitrailleuses, 2 lazarets !
Les évacués logés rue nationale doivent s’en aller ailleurs.
Canon sur Cambrai.
On refait encore du logement. En arrive une vingtaine la nuit.
Chaussures au ravitaillement.
Canon.
Perquisitions à la filature. Les soldats changent de logement, se rassemblent pour faire de la place aux autres annoncés.
En part un peu.
Les artilleurs offrent sucre et tabac, graines.
Continuent leurs succès au-delà de Cambrai.
Recensement des voitures.
Perquisitions partout.
Faut 2 ramoneurs de cheminées. 2 jeunes gens sont nommés, partent apprendre à Hirson. Artillerie part demain.
Notre postier part ce soir pour toujours, sa mère capout.
Les autos et l’artillerie partent. On refait du logement.
Apprend mort de Lucien Allaire ! (*)
(*) :
Fausse nouvelle, il mourra vers 1975, son frère René a été tué, voir avant.
Canon.
(Neige)
On dit que les Anglais ont repris les villages près de Cambrai.
En Russie pas de paix, dit-on.
Gelée sur neige.
Sommes appelés papa et moi demain 11 heures à la Commandanture de Sains. Pour ???.
Est-ce assez bête ?
Plainte portée par un évacué parce-que le sucre n’a pas été distribué la semaine dernière ! Il n’est pas arrivé à temps ! Pour répondre cela nous avons été appelés !
On parle que nous allons changer d’armée. Le directeur de la laiterie part demain.
Un autre directeur arrive pour la laiterie, l’autre a tout emporté.
Notre soldat est revenu hier, rapportant provisions pour madame.
Dit peut-être partir demain.
Gelée sur neige.
Allons changer d’armée.
Gelée.
Armistice signé Russes et Allemands pour 1 mois. Russes se battraient les uns avec les autres. Armée Mackensen reviendrait de Roumanie former à Avesnes la 9e armée dont nous ferions partie.
1 gendarme parti, les autres vont partir bientôt. Avons dépêches Madeleine et Fabre, ne donnent hélas aucune nouvelle.
Neige.
Plus canon.
Gelée.
La paix va être signée Russie, Roumanie, Allemagne ??
Noël. Neige.
Rien de nouveau. Fête.
Neige encore.
Gelée.
Gelée, très froid.
Plus canon.
Idem.
Distribution des cartes d’identité. Un peu dégel.
Avons une carte spéciale CRB. Année finit tristement dans la neige qui tombe.
Fond le soir.
Notre Allemand nous dit bientôt ici 1 division entière 10 000 hommes venant d’Autriche.
Dite de la Paix ??? et de la misère.
Soûlographie des officiers.
Pour demain, départ de 6 hommes d’état bouchers, boulangers, etc.
Déclarer tout son mobilier. Beaucoup font comme nous, ne déclarent rien.
Gelée très fort.
Canon. L’Allemagne demande encore la paix. Refus.
Un peu dégel.
M. Déquesne part demain otage. 2 ou 3 sont pris dans toutes les communes.
Canon fort sur Cambrai.
On attend ici des recrues. Le pain est depuis hier à 0 Fr. 75 pour 1 Kg. 150. Lard et graisse sont à 4 Frs. 50 le kilo. La vie est dure.
Froid, gelée.
Canon.
Dégel, pluie, soir gelée.
Canon sur St Quentin.
Re neige.
Arrive 500 recrues jeunes.
Gelée. Re neige, froid.
Plus de canon.
Dégel. Pluie un peu.
Soir regel.
Regel. Perquisitions.
Dégel. Canon fort.
Canon. Distribution gâteaux aux enfants.
Neige encore.
Canon. Rentrer les machines agricoles en bon état. Charrier les fumiers.
Perquisitions encore. Fouille des poches et des poitrines.
Arrive une colonne pour Cloussy vient d’Italie. Chocolat 200 g. au ravitaillement pour étrennes.
Canon. Vent, tempête.
Fleu.
Pluie, fleu.
Canon fort.
Pluvieux. On attend une colonne d’autos. Sommes de la 18e armée maintenant, dit-on.
Pluie.
Autos arrivent à la filature. Canon.
Canon fort.
Perquisitions et gifles.
Canon.
Revue des hommes.
Perquisitions.
Doux.
Beau, doux.
À partir d’aujourd’hui circulation de 6 h à 8 h. Heure allemande.
Plus de canon.
Beau. Aéros.
Plus de canon.
Beau.
Beau.
Beau.
64 personnes sont désignées pour partir en France. Doivent se tenir prêtes.
En arrive encore 60 le matin.
Aéros. Beau temps.
Beau.
Plus de canon.
Nuit aéros.
Départ pour la France très prochain. Conditions ordinaires.
Une grande révolte en Allemagne, dit-on.
10 grandes villes du Rhin en pleine révolte, plus de travail. La Bosnie veut son autonomie. On dit même que les grévistes auraient fait sauter les usines Krupp.
Beau.
Rapatriés partent mercredi.
Les soldats ont mis le feu à Avesnes à une boulangerie, idem à La Capelle, à Fourmies démoli la marmelad fabrik.
Canon.
À 6 h du matin en arrive 300, très jeunes, des gosses. Départ des évacués recrutés d’un jour.
Réunion des soldats
Exercices.
Canon.
Départ des rapatriés. Soir le postier nous dit qu’ils vont partir pour La Capelle dans 2 jours ?
Annonce :
Ø
Défendu
d’ouvrir les fenêtres la nuit.
La colonne part.
Ai une carte de Jules. Pas de nouvelles d’Adolphe et Géry blessé !!
Préparatifs, départ demain matin pour Clairefontaine. Canon.
Canon.
Départ. Enfin ! Bon débarras !
Demain revue des vaches et des hommes de 14 à 50.
Revue des hommes.
Prend 200 vaches. Plus de lait pour personne. Faut reporter les cartes au lait.
Gras.
Arrive 3 000 soldats pour jeudi, fait des logements ! Déjà !
À Ypres, ils auraient eu 4 divisions démolies sur 11. Ils disent la paix faite avec la Russie.
Cendres.
Arrive les télégraphes puis ils montent des fils. On fait logement.
Nous arrive 2 officiers avec leur ordonnance.
Le 39 et le 99 viennent de Belgique. Attendons l’offensive
qui va se produire sur Cambrai et St Quentin
Concert à midi. Aéros.
On revend des bons de lait, ½ litre pour les enfants de moins de 4 ans et les vieillards de plus de 50.
Messes allemandes suivies de concerts.
Aéros.
Vol au ravitaille la nuit
La nuit un aéro jette des bombes direction Hirson.
Gelée.
Nuit repasse gros canons allant sur Avesnes.
Toute l’après-midi encore convois et tous les /// Avesnes viennent d’Italie !!!?
Plus de biscuits au ravitaillement.
Beau.
À 8 heures du soir Pif Paf des aéros lancent des bombes. Les canons du Bas Lieu tirent, des obus viennent se perdre ici.
Le projecteur nous montre un aéro.
Enlève tous les papiers peints.
Il y avait une escadrille de 20 aéros signalée.
On parle de dégâts à Aulnoye, Fourmies, Le Nouvion. Rien de précis.
Va et vient d’autos de mobiliers.
Passe convois autos, charrettes.
Autos encore. Rendre les cartes au lait.
En arrive encore une centaine. Passe 5 aéros.
Manœuvres de tir à Floyon.
Faut 35 sommiers. Le village écope. On enlève les sommiers des lits, même occupés on prend ! On nous en prend un.
Coucher par terre.
Continuation des sommiers. 1 000 hommes viennent loger à Boulogne.
Passe encore convoi.
Revue des chevaux, en prend encore 10 petits et des baudets.
Convoi d’artillerie allant sur La Capelle.
Idem.
Disent la paix signée Allemagne et Russie pour de bon cette fois.
Toute la nuit artillerie venant sur La Capelle.
À midi passe 6 aéros.
Annonce :
Ø
Défendu de
sortir quand il passe des aéros nuit ou jour.
Ø
Défendu de
sortir après 8 h du soir et avoir de la lumière n’importe quand.
Nuit et jour convois.
La nuit alerte, partent au grand matin à La Capelle, revue de tous les hommes et matériel. Beau. Encore aéros.
Encore réveil : passe des uhlans et encore des convois.
Toujours troupes et convois nuit et jour.
À Avesnes des Autrichiens arrivent. Passe un aéro avancé sur une auto.
Soir convois de sapin et artillerie toute la nuit.
Canon.
Toujours autos, canons et convois. Il se prépare une action formidable. Quelle issue ?
Avec tant d’hommes !
Aéros nombreux.
Annonce : traire les vaches de 6 à 7 h, de 12 à 13 h, de 6 à 7 h.
Aéros encore.
Soir on enlève un fil de téléphone de campagne.
Aéros. Soir arrive artillerie pour la nuit.
Part du matériel de bureaux, l’imprimerie, etc.
Arrive des uhlans. On dit que l’Allemagne demande encore la paix pour l’humanité ; si nous refusons après le 20 offensives.
La Chine et le Japon taperaient contre les Russes.
Départ de tous à minuit. Logement refait pour d’autres qui arrivent la nuit et le matin. Passe la nuit toujours troupes
Ceux qui viennent d’arriver partent à 6 heures du soir.
Relogement pour une division qui arrivera toute la nuit. C’est amusant.
Photographie de tous les habitants pour les cartes d’identité.
Arrive à 1 heure du matin la ‘Garde Elisabeth’ pour 2 jours. très bambochés (*) et voleurs.
Canon.
(*) : Bambochés : amusés, ripailleurs, débauchés.
Partent ce soir à 9 h. Sera-ce tout après ?
Enfin on respire, il n’y en a plus !
Le soir quelques-uns demandent logement dans le bas.
Soir aéros, au loin bombardement ½ heure environ. Le canon donne depuis samedi. Est-ce l’offensive ?
Canon surtout la nuit.
On refait encore du logement. Route nationale un gendarme nouveau passe dans les maisons pour vérifier la déclaration des chiens.
Beaucoup sont pris.
Un peu de pluie enfin.
Les rapatriés de février sont encore en Belgique, les frontières étant fermées.
La garde partie dimanche bombardée par avions, 200 tués dit-on. On nettoie les casernes. Un officier arrive comme commandant de place.
Le matin passe Guillaume et son état-major, repassent le soir pour loger à Avesnes.
Canon la nuit.
Passe 2 000 bêtes allant aux abattoirs vers Guise. Demain revue des vaches et des veaux.
Matin appel de 287 hommes désignés pas cultivateurs de 14 à 60 ans. Ils disent l’offensive commencée depuis hier de Verdun à La Fère.
Canon la nuit, arrive pour Guillaume le Kronprinz, Ludendorff, Hindenburg passent le matin et soir en autos, logent à Avesnes, dirigent de là les combats.
Beau.
Appel : les travailleurs ont une carte de travail, les autres sont à la disposition du commandant ou de la commune, tous doivent travailler aux pâtures.
Matin aéros. Canon
////////, soir encore aéros français, bombes et canonnade magnifique.
Canon toute la journée. Ils annoncent victoires partout : Ham, Noyon, Roye, Reims repris par eux, 45 000 Anglais prisonniers !
Désolation ! Peut être est-ce une retraite stratégique ?
Froid.
Blessés en quantité à Avesnes, Avesnelles, Sains. Faut 150 couvertures, 500 assiettes, cuillers, fourchettes pour les blessés.
Ils disent bombarder Paris. Disent Bapaume, Nesle repris. Que croire hélas ?
Canon au loin.
Soir aéros boum boum.
Chariots et chevaux qui passent.
Ils ont, disent-ils, un canon monstre tirant un coup tous les ¼ d’heure sur Paris.
(*) : Les bombardements sur Paris avec des canons à très longue
portée commencent le 23 mars. De mars à août 1918, l’armée allemande prit pour objectif
l’agglomération parisienne à 120km des positions de tir, avec au moins trois
canons d’une taille jamais vue : 750 tonnes, tube de 34m de long, mais d’un
calibre relativement modeste : 210 à 240mm. Ces pièces furent surnommées Grosse
Bertha par les Parisiens.
Les Allemands désignant de leur côté, sous le même vocable, un
canon différent (très gros calibre, très courte portée) ; une polémique s’est
engagée dès la fin de la guerre, qui perdure aujourd’hui, renforcée par le fait
que tous les matériels et tous les documents ont été détruits avant l’entrée
des alliés en Allemagne.
On dit 65% de leurs hommes hors de combat, qu’ils reculent un peu à Arras et avancent jusque Compiègne. À quand la vérité ?
Défendu de pâturer les pâtures à foin.
Rien de neuf.
Le quartier général d’Avesnes est parti. Pas vrai.
Leurs journaux annoncent Amiens et Compiègne à eux, les habitants en fuite et le bombardement de Paris. Ils avouent 70% de pertes.
Amiens n’est pas pris, l’ancien front est dépassé, 5 millions d’Allemands en ligne !
Les blessés affluent aux environs.
Une affiche condamnant aux peines très sévères, les réunions, les causeries, etc. etc.
Arrive un peu de graines ; les oignons à 86 F le kilo !
Rien de neuf.
Idem.
À quand des nouvelles ?
Faut 600 caleçons, 600 chemises, 600 paires de chaussettes. Les hommes se disant malades passent la visite, 7 seulement reconnus.
Les vieillards malades voulant du lait devront passer aussi la visite. On refait des lits et prépare locaux pour 600 convalescents qui doivent arriver.
Beau temps.
Aéros. Canon loin.
Soir aéros, canon anti-aérien Hirson, Fourmies.
Si on ne livre pas de chemises, perquisitions. Ils annoncent 6 000 Anglais prisonniers à La Bassée. L’offensive serait commencée de Ypres à Montdidier.
Les personnes malades voulant du lait doivent se faire inscrire, payer 2 marks la visite du médecin mercredi.
Temps affreux.
Passe plus de 100 autos, camions. Un commandant français prisonnier mort à Sains.
Ils annoncent la prise d’Armentières, de Messine.
Avancer l’horloge d’une heure encore, 14 h à midi.
Continue le nettoyage des maisons des émigrés.
Permis de circuler jusque 10 h le soir.
Demain appel des hommes de 17 à 50 ans.
Appel. Rien d’autre.
Feuilles pour inscrire le signalement de tous ceux qui ont des cartes d’identité.
Arrive 600 convalescents, sont groupés.
Conduire les veaux de lait, demain les autres.
Beau.
On dit 4 villages repris sur Armentières.
Affiche réquisitionnant tout.
Faut tous les jours aux cuisines des malades 150 kilos d’orties et 150 kilos de pissenlits.
Rien de nouveau.
Faut fournir tous les drapeaux français à la Commandanture pour faire des brassards, sinon perquisitions (Pas un n’est porté).
Orage soir.
Un seul enfant sur 131 à la visite, furie du docteur.
Les convalescents partent pour St Quentin.
Appel de 176 hommes pour le travail. Faut couper et faner toutes les feuilles d’arbres. Tous les hommes de 17 à 50 ans doivent porter un brassard rouge.
Défendu de causer aux prisonniers de guerre.
Lundi appel des femmes de 14 à 60 ans.
Balayer les rues tous les jours avant 9 h, enlever les ordures.
Appel au milieu d’orage et d’averses de 780 femmes. Presque toutes (500) prises pour aller travailler, même celles ayant des enfants.
Pluie, orage.
Ils disent avancer sur Hazebrouck et dans les Flandres. Plus que 100 grs de pain noir par jour.
Les batteries de cuisine en cuivre ou aluminium doivent être portées à la mairie.
Pour le 8, déclarer les hommes qui ont été mobilisés, combien de temps, où, comment et pourquoi sont-ils ici ? On réunit des troupes pour bientôt.
(2 kilos pommes de terre)
On fait du logement.
Arrive 3 000 hommes, 147e régiment Hindenburg venant de Noyon.
Avons 2 officiers, 3 ordonnances mangent ici, les ordonnances font la cuisine.
Orage.
Orages.
Feu de cheminée rue du Moulin. Jeudi, Hindenburg doit venir banquet de 100 couverts.
Préparatifs. Tout balayer.
Revue des troupes au bout du village pâture foin M. Hosselet par Hindenburg et le Kronprinz.
Ascension.
Gendarmes visitent les rues qui doivent être plus que propres. Troupes devancent le Général qui arrive à midi, décore les nouveaux officiers. Tous dînent chez Flament, à 2 h terminé.
Musique et chants toute l’après-midi.
Demain fête des nouveaux.
Visite de la CRB pour faire un cinéma.
Matin ordre d’évacuer la salle du ravitaillement pour le soir !
Faut renuer (*) soi-même les pâtures à partir du 21 mai. (avec ?).
Faut 20 femmes pour échardonner. Des civils de Noyon et environs sont revenus à Sains et environs, disent vie bonne en France.
Les Allemands touchent 3 litres de bière par homme.
(*) : Faucher après le passage des vaches
Beau temps.
Va et vient, marches, concert.
Idem.
Idem.
Rien de neuf.
Rien de neuf.
Distribution des cartes d’identité.
Cette nuit ceux de Tatimont sont passés. Ceux-ci comptent partir fin de la semaine.
Demain office protestant.
À 4 h du soir, ordre de partir demain à 5 h matin. On vide les cantines.
La bière plein les gamelles. La nouvelle offensive est sans doute en route ?
Départ de tous de grand matin.
Soir, cinéma pour les habitants 104 Frs. quelques gosses y vont.
Passe des chariots, des autos sur La Capelle.
Perquisitions recommencent : 500 bouteilles de vin dans une maison, un coffre fort.
Encore 500 bouteilles de vin chez Dervillers. C’est désolant. Ils trouveront donc tout !
25 femmes commencent à faner.
On entend le canon de loin, le soir plus fort. Est-ce pour de bon ?
On ramasse du mobilier partout, lits, chaises, tables, tables de toilette, etc. Ils choisissent eux- même.
Encore mobilier. On le conduit à Sains.
Le notaire de Ham est rappelé à Ham pour rétablir le ravitaillement. Les évacués de Ham devant y retourner travailler sous peu.
On commence à faner pour de bon.
Perquisitions.
On dit l’offensive allemande ratée encore. Nesle serait français.
Perquisitions ! Sérieuses et salées !
Passe au moins 15 aéros.
Perquisitions. Passe plus de 200 gros camions allant sur La Capelle.
On dit affichées à Avesnes mauvaises nouvelles. Ils auraient percé le front à Soissons et avancé de 15 kilomètres !
Le vent leur est toujours propice pour les gaz, toujours souffle du nord ! Hélas !
Rien de précis.
Reims et Soissons pris par les Allemands !. 37 000 prisonniers français.
On dit que le chemin des Dames est resté français. À quand la vérité?
À 4 h du matin, 12 aéros passent sur Féron où les canons aériens blessent 17 personnes, reviennent à gauche d’Etrœungt. Plus de 50 obus tirés sur eux sans résultat.
Après-midi on dit qu’ils sont à Château-Thierry (*). Un banquet à Avesnes pour fêter.
Le soir on entend le canon sur la Somme.
(*) : Les Allemands s’en emparent le 31 mai.
Ils se disent à Meaux-Compiègne ! Où s’arrêteront-ils ?
Cependant on entend le canon sur la Somme et sur Lille !
Soir passe, allant sur La Capelle, 3 locomobiles remorquant des charrues automobiles. Que vont-ils labourer ? Les blés français ? Quand ? Quand la vérité ?
Le Commandant est ici, dit la guerre finie dans 3 semaines ! Comment ?
Vent du nord toujours.
(*) : Moteur monté sur un châssis à roues que l’on déplace
d’un lieu à l’autre pour entraîner des machines, batteuses notamment
Une contre-offensive d’Arras à Ypres les aurait refoulés.
Le soir ils disent avoir reculé jusque Soissons devant un ennemi considérable en nombre. Il passe un auto-camion de soldats français acclamés.
À Fourmies les blessés regorgent jour et nuit. La nuit du 2 au 3, on jette des bombes à Avesnes sur la maison voisine d’Hindenburg.
Ils seraient à Château-Thierry ? Prisonniers français.
Plus de communiqués.
Demain revue des hommes et manœuvres des pompes.
Encore autos de prisonniers alliés venant de Laon.
Disent encore 3 mois de guerre mais les Allemands pas à Paris, jamais. Puissent-ils dire vrai !
Les évacués de Ham, Noyon et environs vont retourner chez eux pour travailler !
Perquisitions.
Les policiers ont un fusil pour faire patrouille. Rappel de plus circuler après 10 heures.
Enfin un peu de pluie.
Canon sur l’Est.
On dit Soissons, Noyon, Chauny repris ?
Rien de neuf. Perquisitions toujours.
Appel des hommes de 14 à 60 ans pour les cartes de travail.
Le ravitaillement diminue de plus en plus : 100 gr de riz pour 15 jours ! Le pain noir à partir de mercredi et 25 gr de moins !!
Inscrire pour le 20 aux fenêtres combien d’habitants, âge, emploi avant et pendant la guerre.
Faner à partir de 8 h du matin (6).
On raconte que près de Noyon 30 000 Allemands, un général, prisonniers des Français et Anglais. Quoi de vrai ?
Canon sur St Quentin, Cambrai.
Ceux qui ont des coqs bons à manger doivent les déclarer.
Défendu de porter des vêtements anglais. Canon.
Une offensive allemande sur Noyon se serait heurtée à une française en préparation ; échec complet des Allemands avec énormément de pertes. En Italie pertes autrichiennes aussi. Passe une colonne logeant pour une nuit, allant à St Hilaire.
En arrive une pour Tatimont pour hâter les foins ?
Canon.
Réquisitions.
Passe uhlans toute la journée.
Perquisitions nouveau genre.
La police ou la Commandanture arrive chez vous, culbute lits, armoires, tiroirs, cherche et ramasse cuivre, papiers, or, argent, crayons, plumes et même gomme, tout quoi.
Canon.
Arrive 150 hussards à Touvent pour les foins, au village des officiers.
Canon.
Plus canon.
1ère dent de Louise tombe. Les gendarmes vont partir, les jeunes au feu.
On ne fane plus le dimanche.
Perquisitions. Canon.
Offensive sur Ornières.
Idem.
Idem. Faut les groseilles (il n’y en a plus), tout sécher les haricots, les pommes de terre, tout est cuit, jamais d’eau !. Quel hiver passerons-nous !
Perquisitions de la police toujours.
Canon nuit et jour. Les Russes remarcheraient avec les Japonais, les Autrichiens reculent.
À 5 h du matin, sonnette train pour la France inscriptions jusque midi.
À 4 h du matin, sonne tous les inscrits sur la place à 7 h ½.
Liste dressée 80 d’inscrits doivent se préparer.
Canon.
Enfin orage. Un peu d’eau.
Défendu d’arracher pommes de terre nouvelles !!
Orages. Pluie.
Perquisitions.
Pluie.
Canon fort.
Une offensive franco-anglo-américaine se produirait de suite. Les amendes pleuvent pour les objets trouvés en perquisitions.
Avons 2 dépêches : toujours même nouvelles hélas !
On demande des volontaires pour Ham et Chauny.
Pluie.
Canon.
Pluie.
Canon.
Les Autrichiens en déroute en Italie. Recul des Allemands sur tout le front dit-on. Le canon donne nuit et jour.
Ceux qui travaillaient et qui sont inscrits pour partir doivent reprendre leur travail.
Canon et orages.
Canon de St-Quentin à Cambrai et orages sans arrêt nuit et jour.
Les enfants de 9 à 14 ans doivent fournir 5 kilos d’orties par jour et par enfants.
Canon.
On dit les Anglais à Cambrai et les Allemands s’enfonceraient encore sur Château-Thierry.
Canon sans arrêt nuit et jour
Canon.
Sur Reims recul français au-delà de la Marne, aéros français font sauter les ponts, les Allemands noyés ou prisonniers (65 000 !).
Hindenburg démissionnerait. Est-ce vrai ?
Les otages partis en janvier vont rentrer.
Canon.
Les uhlans partent le matin.
Canon.
À 10 h, les uhlans reviennent de Landrecies.
Pluie.
Canon reprend vers le soir. Visite des voitures.
Uhlans partent faire la moisson ?
À Ham. Le gendarme part pour 15 jours à Sains, deux gendarmes restent seulement pour la Commandanture. Perquisitions quand même.
Orage, pluie.
Soir canon roulant.
Journal annonce 20 villages repris entre Soissons et Reims.
M. Déquesne revient d’Allemagne, à l’avis d’officiers prisonniers encore jusqu’au printemps prochain la guerre !
20 jeunes filles doivent partir demain pour un mois à Ham.
Beau.
Rien de neuf.
Commandant part demain. Commandant reste, arrive 4 batteries artillerie de Warpont Cauterets village pour une nuit, vont à Laon disent-ils.
Artillerie encore venant de Soissons partent demain 4 h du matin pour Maubeuge et la Belgique.
Convois toute la journée de part et d’autre. Les volontaires pour Ham partent.
Départ à 4 h du matin. Faut tous les pots de grès.
On attend école de recrues.
Faut faucher les tranchées pour lundi.
Ils disent reculer méthodiquement sur la Marne !
Faut 11 lapins.
Pluie et fanage quand même.
2 incendies de meules aux environs, faut des gardes civiques pour empêcher de faner, de brûler.
Soissons serait repris. Arrive des troupes, il y en a partout aux environs le soir.
En arrive et en passe toute la journée, de toutes espèces. Logeons un capitaine et un pasteur.
Artillerie à Warpont. Une division entière en reformation dans la région ; disent la guerre encore 2 mois, Allemands reculent, Soissons, Nesle, Montdidier français. Serait-ce pour de bon ?
N’y croyons pas encore.
On refait encore du logement pour aujourd’hui mais n’en arrivent plus. Ils disent être ici pour un mois.
Officiers supérieurs viennent à midi ; deux bataillons partent demain pour La Capelle se refondre avec la garde. Aéros français papiers.
Revue des chevaux allemands, officiers choisissent.
Deux bataillons partent. Aéros.
Convois venant de La Capelle, en arrive encore. Kaiser à Avesnes encore.
Un convoi repart. Repasse chariots traînés par des hommes.
Annonce :
Ø
Défense de
garder les papiers des aéros, tout porter à la Commandanture.
On refait toujours de nouveaux logements.
Demain revue chevaux et baudets.
Toute la nuit repassage troupes cyclistes, journée encore.
Affiche à Avesnes : nos troupes en débandade ont abandonné du matériel et se replient méthodiquement.
Encore repassage. Est-ce pour de bon ?
On n’ose l’espérer. Noyon, le Chemin des Dames français ?
Des pancartes aux maisons indiquent combien d’hommes peuvent s’y réfugier contre les aéros. Notre officier déménage. Bon voyage.
Repasse artillerie la nuit.
Repasse un peu.
La reculade continuerait.
Rien de neuf.
On dit qu’ils vont partir.
Perquisitions. Pluie de papiers d’aéros.
Canon Cambrai St-Quentin.
Idem.
La nuit à 1 heure logement, troupes de la garde arrivent toute la nuit et le jour pour se reformer, viennent de Ham.
Encore arrivage par petits paquets. Les aéros les ont suivis la nuit jusque La Rouillies avec des bombes !!. Ils reculeraient encore !.
Le garage (employés) de Guise repasse.
Concert. //// offices etc.
À 10 heures du matin, ordre de partir immédiatement ; tout préparer pour le front, à 1 heure plus partir. Dans 2 jours, dans 2 heures ?
Ne savent pas.
Canon sur Arras.
Les Français sont revenus à l’Arlette et sur Bapaume. Se préparent à partir la nuit prochaine à 9 heures pour La Capelle, Cambrai, disent-ils.
Départ.
On reste après le départ avec de nombreux fusils retrouvés partout.
Annonce :
Ø
Tous les
sacs en toile doivent être fournis.
Perquisitions et amendes si on en trouve.
Canon. Repasse quelques canons.
Temps froid.
Canon vers le soir.
Un état major et l’intendance arrivés à Sains, faut pour demain matin 2 chambres à coucher complètes, 3 armoires à glace, 1 mobilier salon, choisis par la Commandanture ici.
Défense de loger des soldats sans ordre de la Commandanture.
La nuit arrivent 50 télégraphistes pour monter une ligne.
Toute la journée autos, camions d’artillerie allant sur La Capelle et autre artillerie venant de La Capelle retourne sur Avesnes ??
Ham et Noyon repris.
Offensive nouvelle sur Coucy-le-Château. 600 chevaux arrivent à Tatimont. Les ouvriers seraient des prisonniers italiens. Après midi canon à outrance.
Canon.
Arrive des chevaux à Tatimont, sont conduits par des prisonniers italiens. Ceux qui sont pris à leur donner à manger, cravache. Repasse convois.
Canon nuit et jour.
Repasse encore des convois, plus de 400 autos camions reviennent à toute vitesse, allant sur La Capelle.
Réquisition de mobilier. Il en repasse des voitures entières.
Plus de canon.
Canon sans arrêt.
Toutes les clôtures en fer qui ne sont pas absolument nécessaires sont réquisitionnées.
Soir illumination, embrasement de l’ouest au sud.
Canon.
Le journal annonce un recul de Hazebrouck à l’Aisne.
Le soir, on dit se battre à la grenade à St Quentin. Serait-ce enfin la fin ?
Hier soir, 150 porcs de La Férie-la-Vieille sont arrivés pour partir plus loin.
Quelques coups de canon.
On dit que Cambrai est repris.
Soir canon reprend.
Les jeunes filles parties faire la moisson près de Ham rentrent, disent que les Allemands ont brûlé les meules là-bas à l’arrivée des Français !
Repasse et loge pour une nuit une batterie de grosse artillerie, deux grosses pièces et matériel, va sur Avesnes. D’autres petites pièces viennent au contraire sur La Capelle, encore convois.
Les femmes travaillant au garage de Guise repassent, disent tout noir de troupes là-bas.
Arrive des officiers de la Commandanture de St-Quentin avec des bureaux, s’installent pour quelques jours ou quelques semaines.
Canon.
Avons 1 à loger.
Arrive de toutes les sortes, peu nombreux. Passe 677 chevaux conduits par des Italiens prisonniers.
Canon.
Arrive des gens de Cambrai. Tout Cambrai évacué, les Anglais à 8 kilomètres toujours.
Repasse des bateaux. Ensuite 200 prisonniers italiens et anglais repassent traînant des chariots à bras. Les chevaux de la garde repassent aussi.
Le canon donne sans arrêt. Nous espérons cette fois.
Pourvu qu’on ne nous évacue pas ! On continue à vider armoires, tables de toilette, etc. Faut aussi 200 chaises, fournissons rideaux.
Faut du logement pour demain.
Canon à outrance.
Arrive état major bavarois, une division doit arriver. Mélanges de toutes espèces.
Temps détestable.
Canon cesse à midi. Repasse encore un convoi et beaucoup de prisonniers français. Les inscrits pour être rapatriés sont appelés sur la place le matin. Train partira peut-être vers le 20.
Logement dans logements. Certains civils déménagent. Une division entière à loger, autos, chariots, soldats, quel bazar !
Une division bavaroise 23e, viennent de Crécy-sur-Serre, disent que St-Quentin ne peut plus tenir et Cambrai français ?
Le canon s’entend peu. Pas de nouvelles positives, rien.
Pour demain à midi faut 100 lits et 100 sommiers, sinon évacuation du village.
Faut pas de lits à sommiers mais des lits de soldats.
Canon reprend avec le beau temps.
Demain à 9 h du matin, appel des hommes de 16 à 55 ans.
Tous les hommes et jeunes gens (236) sinon les malades doivent se tenir prêts à partir. Où ? Quand ? Comment ?
Canon redouble. Rien de précis, aucune nouvelles de St Quentin, Cambrai, ni Douai. Les vaches d’Etreux sont arrivées ici et à Boulogne (Bon signe).
Toute la matinée repasse des convois d’artillerie.
Aéros toute la nuit et le jour.
La nuit arrive la Commandanture de St-Quentin qui loge à Cantraine, part la nuit prochaine pour Rang, Belgique.
La division loge ici et la Commandanture de St-Quentin partent.
Demain le commandant de place et la police idem. Le commandant parti, un autre le remplace, part déjà aujourd’hui, un autre revenu sur minuit.
Encore recul allemand 130 000 prisonniers. Avance d’une heure les horloges.
Pluie de bombes à La Capelle.
Canon, orage, incendie d’une maison à Floyon. Partent le soir pour l’Alsace disent-ils. Arrive Commandanture d’Aymeries, gros personnel avec femmes.
Les soldats disent l’Autriche refuse de continuer la guerre.
Départ pour la France vendredi. Canon sur St Quentin.
Canon sans arrêt, l’Autriche d’accord avec la Turquie et la Roumanie, demain les conditions de paix.
L’offensive sur Metz continue avec succès dit-on.
Départ matin 24 sont refusés, reviennent.
Canon arrive dans la matinée. On dit St-Quentin cerné.
Avons à loger un caporal de la Commandanture.
Canon ; État-major du Cateau à Avesnes. Celui de Marle à Avesnelles.
Canon. Logement.
Canon.
Repasse convois. Logement artillerie une nuit.
Annonce :
Ø
Tous les
enfants de moins de 14 ans et tous les vieillards de plus de 60 ans doivent
être sur la place à 4 heures.
Après longue attente et classement, inscrivent les vieillards volontaires pour la France, les nécessiteux, les familles nombreuses de gré ou de force (721.)
Les fermiers sont prévenus qu’ils n’auront pas de foin pour l’hiver pour les vaches, devront faire des silos avec les regains. (*)
(*) : Regain : Deuxième pousse après les foins.
En arrive 4 000 à loger, le 46e bavarois.
En arrive encore, viennent de Bellenglen où 6 000 des leurs ont été prisonniers. Ils disent Metz bombardé par les Américains.
Canon un moment. Arrive encore des femmes allemandes.
Anniversaire (*)
(*) : Encore une fois de son mariage
Canon toute la journée très fort sur St Quentin, Cambrai toujours.
Nuit dernière aéros jettent des boules lumineuses éclairant tout le village. Bombes ou canon antiaérien aux environs. Beaucoup sont effrayés.
Canon sans arrêt. Les hommes ne partiront peut-être pas.
Annonce : encore menaces pour la laine à matelas.
Canon toujours.
Passe prisonniers français qui viennent remplacer les Italiens aux lazarets de chevaux. Défendu de leur parler et de leur donner à manger sous peine grave punition.
Canon toujours sans arrêt. La 1ere ligne serait percée sur Cambrai.
Le 46e part demain à la rescousse à Cambrai.
Nuit tempête et pluie.
Un peu de canon. Bohain et les environs seraient évacués. Pourvu que notre tour n’arrive pas ! Les hommes sont prévenus qu’ils doivent se tenir prêts.
Des prisonniers viennent pour faire une ligne de chemin de fer de Fourmies à Landrecies via Etrœungt.
À 9 h du soir escadrille 25 aéros jette bombes, fait sauter dépôt munitions à Marbaix.
Tout tremble.
On dit la Turquie et la Bulgarie déposent les armes. Toute la soirée aéros, bombes.
Les hommes doivent partir demain à 10 heures.
Aéros, escadrille encore.
Hommes partent pour … Boulogne logés chez l’habitant. Officiel St-Quentin français depuis hier, Cambrai depuis mardi. Arrive quelques personnes de Boussières. Ils évacuent sans destination pour personne, disent les Français ici sous peu. Pourvu qu’on nous y laisse ! Canon fort par moments. 30 femmes vont à Prisches chercher 1 500 vaches.
Ramène 200 vaches, les autres demain. Repasse encore évacués d’Avesnes les Aubers. Canon.
Arrive nuit et jour des vaches des environs du Nouvion.
Des civils de Caudry : allez où vous voulez même en pays neutre !
Commençons nos paquets.
Offensive sur Courtrai.
Chancelier démissionne, Bulgarie officiel ne se bat plus. Les hommes de Sains et environs partis pour l’Allemagne. Les nôtres sont toujours à Boulogne, doivent commencer le chemin de fer de Landrecies à Fourmies demain, leur dit-on.
Demain en Allemagne peut-être. Les vaches ici doivent être pesées mardi. On casse les métiers de la filature. Toujours on attend des troupes.
On prépare logement d’officiers sur la place pour un quartier général. Nos troupes avancent sur Courtrai. Passe prisonniers français.
Canon presque sans arrêt. Avons failli déménager.
Passe quantité de vaches, moutons, etc.
Attendons toujours. Aucune nouvelle des troupes.
Repasse civils de tous pays.
Soir disent armistice pour la paix.
Aéros la nuit alors pas vrai.
Aéros sans arrêt.
Canon reprend avec colonnes de travailleurs d’Esreux, civils de Meunevret etc. disent Bohain bombardé. Le quartier général attendu ne vient pas, dit-on.
La Commandanture part demain, ne sommes plus de la Commandanture de Sains mais d’Etrœungt. On annonce 1 700 évacués pour cette nuit. 30 jeunes filles sont parties au lavoir, 20 dames. Les moutons d’ici partent aujourd’hui. Le quartier général demain.
Canon rapproche.
Arrive évacués du Cateau, d’Origny, Sainte-Benoîte-de-Guise évacuée forcément. Avons bien peur que cela soit notre tour bientôt.
Arrive le quartier général. Avons un juge et son bureau, convenables.
Logement repasse. Toutes sortes d’équipages et d’évacués jusqu’à Guise.
Débâcle finale. Les officiers disent la paix dans quelques jours. Si c’était vrai !
Canon de plus en plus près.
La nuit arrive évacués de Guise blackboulés d’Avesnes ici, d’ici à Avesnes. Quel énervement !
Pourvu que notre tour n’arrive pas !
Depuis midi, plus un coup de canon. Si c’était l’armistice promis ?
Nos paquets sont prêts pour si on nous force à partir. 1 000 français campent la nuit.
Matin disent armistice pour proposition de paix.
Pas un coup de canon, pas un aéro. Certains disent qu’ils vont se retirer chez eux, nous laissant ici. Si c’était vrai !
Hélas ! Hélas ! À midi le canon reprend.
C’est que l’arrangement n’a pas de fait. Arrive évacués de Lagroise renvoyés de pays en pays.
Soir une de Pommereuil. Les aéros n’arrêtent pas. Le canon antiaérien non plus.
Toutes les vaches partent demain à Solre-le-Château. Tous les évacués y sont ramassés, aucun ne va en Belgique.
Une compagnie de Français, cinquantaine arrivent depuis hier à Bernoville, patrouille avancée.
Départ des vaches. Continuation d’évacués.
Evacués toute la journée, 2 000 arrivent.
On place les évacués, 2 500 au moins. Tout évacué jusque Etreux. En logeons 5 de Grungis. On dit Mark Rethel Varguis français et espère concentration ici.
Si c’était possible !
Repassent convois sans arrêt.
Encore convois d’évacués, de toutes sortes de choses.
Sans arrêt convois retournant sur Maubeuge. Ils disent l’évacuation terminée. Les hommes de 17 à 50 ans qui étaient à Boulogne sont partis aujourd’hui.
Les hommes du Nouvion et environs passent allant sur Maubeuge.
Les maires sont appelés à 5 h à la Commandanture pour la liste des hommes mobilisables, ce qui nous fait penser que nous resterons. Qu’elle chance nous aurions !
Nous sommes maintenant 5 000 personnes. Les évacués meurent sans cesse : 4 enterrements à la fois demain.
Des canons antiaériens sont mis au Calois. Quelques mitrailleuses sont placées dit-on.
Le commandant partira à Charleroi. Repasse toujours convois.
Le canon donne fort.
Canon la nuit et toute la journée très fort.
Les ballons captifs sont vers Boulogne. Les obus pleuvent à Prisches et Le Nouvion dit-on.
Toute la journée convois allant moitié sur Avesnes, d’autres sur La Capelle.
Soldats de toutes sortes sans armes ni bagages. Déroute complète mais trop lente pour nous. Tout le monde est énervé, agacé ; la grippe fait des victimes tous les jours.
La nuit roulement formidable. Beaucoup ont peur.
Cela cesse le matin. On ne sait rien de rien.
Un journal français jeté par un prisonnier français dit Lille, Roubaix, Tourcoing repris. (*)
(*) : Les alliés libèrent Lille, Douai et Ostende le 12
octobre.
Canon moins fort semble-t-il.
D’après certains le front irait de Gand, Courtrai, Tournai, Valenciennes, Etreux, Marle, Vouziers, cela se resserre. Le canal tient les Français étant mis à sec par les Allemands. il leur sort des tranchées mais ce n’est qu’une affaire de jours disent-ils.
Le canal franchi, le commando et la Commandanture doivent partir. En aurons-nous d’autres ?
Canon.
Repassage dans les deux sens. Un pont de bois est commencé à côté de l’autre.
Canon rapproche.
Demain à 8 h les hommes de 17 à 35 ans doivent se trouver avec leurs bagages à la Commandanture.
Après l’appel, les hommes partent vers Namur.
Canon semble rapprocher mais c’est bien long. On a toujours peur d’être évacué malgré la certitude qu’ils nous donnent de ne pas l’être.
Tous les ponts sont minés même celui en construction. Ils disent tous que cela va être fini. Sommes impatients. Aéros français nombreux.
Beau temps.
Canon, aéros. Certaines rues de Prisches sont évacuées.
Ludendorff serait en fuite.
Canon rapproche.
Aucune nouvelle de la guerre. Dieu que c’est long ! Toujours peur de partir. Le pont de bois s’achève, un autre est commencé un peu plus loin. On en repère encore un 3eme pour le repassage des troupes. Tous sont minés, la mèche posée.
Bombes hier à Avesnes. Contrordre pour le départ du commando.
Reste jusqu’à nouvel ordre.
À 11 h ½ du soir, Boum Boum, on nous lance 2 bombes après le pont. Tombent dans la pâture de la gare.
Pas de dégâts, carreaux cassés.
L’Autriche abandonne dit-on. Les hommes malades de 17 à 35 ans passent la visite et partent. Les partis de dimanche sont à Charleroi.
Canon sans relâche. Aucune nouvelle.
Au grand matin formidable explosion. Où ? Quoi ?
On certifie toujours ici camp de concentration mais n’y croyons pas.
Nuit assez calme, matinée idem, après midi canon sans arrêt.
Disent encore une conférence pour la paix aujourd’hui à Paris. Espèrent. Nous non. Les 2 ponts sont terminés, minés ; les arbres des grand-routes sont sciés prêts à tomber.
Nuit canon et mitrailleurs antiaériens.
Canon redouble.
Le canal de Boué est passé depuis hier. Ils affichent la Hongrie séparée de l’Autriche république à Vienne. La Turquie a un armistice. On annonce 10 000 prisonniers et 83 canons pris au Quesnoy ?
Les ballons captifs se voient sur l’horizon ouest.
La nuit ordre au commando de partir. Commence à repasser mélange sans pareil.
Cohue indescriptible. Orniaux, Basse-Boulogne, Cantraine, la route d’Avesnes doivent venir de suite au village.
Sitôt partis, troupes de passage arrivent.
Soir on est prévenu qu’Etrœungt est réellement lieu de concentration. Zones Boulogne, Hoyon doivent arriver à 7 h du soir.
À 10 h du soir arrive soldats, officiers, etc. en quantité + 4 couchent + 4 officiers.
Passons la nuit.
Gros coups la nuit et le jour. On dit les Français à La Capelle.
Hier à 10 h du soir ordre est donné de mettre le
drapeau blanc.
Concentration de civils. Fontenet et Floyon doivent arriver mais ils refusent de partir. Le commandant dit que le village sera entouré mais aucunement le centre bombardé. Puisse-t-il dire vrai !
Quelle longue journée !
Nuit et jour repasse artillerie et infanterie, 15 h soir ils repartent au front, la cuisine, le cordonnier etc. restent.
Logement retenu jusqu’à demain matin. Demain libre disent-ils.
La pluie de ces 2 derniers jours a noyé les mines des ponts, l’eau monte. Ils remettent de la nouvelle poudre, disent le pont sauter demain.
À 7 heures du soir des canons tirent d’Orniaux ou Warpont vers Boulogne.
À minuit des lances bombes tirant de sur la place pendant une heure. Après cela nuit assez tranquille.
Matin on annonce : défendu de quitter le village.
Canons au dessus du cimetière. Boum Boum toute la matinée. La cuisine est toujours là.
Le pont doit sauter vers 3 heures. Se mettre dans les caves.
À 2 heures deux compagnies se rassemblent. On dit les Français à la chaussée de la Basse-Boulogne. Si on est énervé ! Ils tirent d’un peu partout autour du village.
Serons-nous débochés ce soir ?
À 3 h les cuisines partent avec quelques traînards.
À 3 h ½ des éclaireurs français sont derrière la filature, des obus français éclatent autour de la gare ; une femme est tuée dans son lit d’éclat d’obus chez Souflet. Le canon dure un long ¼ d’heure. 4 heures mitrailleuses, coups de fusils, deux-trois soldats, par-ci par-là, circulent sans fusils.
Le soir tombe un brouillard affreux. Dieu que c’est long ! De 4 à 5 h calme.
Nuit mitrailleuses et quelques coups de canon.
À 7 heures le pont de bois saute. Pas de dégâts.
À 7 h ½ l’autre.
8h essai du pont de pierre.
Rien, on attend. Boum formidable. C’est fait.
Obus pleuvent sur la rue du moulin, sans avoir prévenu du tout, les vannes sautent. Tout le quartier est ébranlé. La maison est démolie à peu près.
Enfin nous sommes Français ! Cela continue à canarder toute la nuit de Touvent au Parc mitrailleuses et obus. La nuit est encore mouvementée.
Enfin le matin tout Etrœungt est libéré par le 23e chasseur Alpin.
Trois
vues de la brasserie d’Adolphe Courouble
après guerre.
Retour sur les années 1914-1916
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carnets de son mari, Adolphe COUROUBLE
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