Souvenirs de Marcel DECUGNIERE, du 21e régiment d’infanterie

puis prisonnier de guerre

 

 

 


Soldat Marcel Decugniere en tenue de revue 1916

 

 

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Prélude

 

Ces souvenirs ont été rédigés d’après des notes prises au jour le jour sur un petit carnet ramené de captivité et portant le visa du camp Langensalza.

A mon départ en janvier 1916 (appelé par ma classe 17), j’avais 18 ans et 2 mois et venais de passer mon BAC en juin 15.

Auparavant j’avais essayé de m’engager au 8e régiment de Chasseurs à Cheval d’Évreux, mais à la réception  de la lettre d’acceptation du colonel (sous réserve de fournir un certificat médical d’aptitude), mon père, par ses relations, a fait échouer ce projet.

J’ai tenté alors de m’engager dans l’aviation et ai même passé une visite médicale au Grand Palais à Paris, mais n’ai pas été accepté.

 

Finalement, le petit soldat de 1916 a fini la guerre de 40 comme médecin-Capitaine, légion d’honneur, croix de guerre avec palme, citation signée par le général GOURAUD.

 

Étant P.C.N., je connus de nombreuses péripéties militaires.

Appelé par ma classe 17 en janvier 1916, je fus incorporé au 156e R.I à Troyes, puis affecté à la 22e section d’Infirmiers Militaires à Paris, puis renvoyé au 156e R.I.

Passé ensuite au 79e R.I, je fus reversé à la 22e section d’infirmiers militaires où je suivis les cours de radiologie du professeur Béclère au Val de Grace, ce qui me valu ensuite d’être nommé manipulateur de radiologie dans un hôpital complémentaire, avenue de la République.

 

 

Soldat Marcel Decugniere 1916      

 

Je passais là des jours heureux, oublié par le dépôt de la 22e section d’I.M, qui me retrouva par hasard à l’occasion d’une permission de 10 jours que j’avais demandé.

Permission qui me couta ma vie d’hôpital pour être renvoyé dans l’infanterie au 152e R.I, d’où après des classes sommaires, je fus affecté en renfort au 21e R.I qui était au front en Champagne.

 

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Sommaire :

Ø  Juin-juillet 1918

Ø  14-15 juillet 1918

ü  Les sacrifiés

ü  Nuit du 14-15 juillet

ü  Les gaz

ü  Agent de liaison sous les bombardements : 15 juillet

ü  4 heures du matin : Course sous les bombes

ü  6 heures du matin : L’attaque allemande

ü  6h30 : Nous sommes prisonniers

Ø  16 juillet 1918

ü  La faim

Ø  17-19 juillet 1918

ü  La soif, la faim, la viande de chien

Ø  20-28 juillet 1918

Ø   Août 1918 : Vers l’Allemagne

Ø  sept-décembre 1918 : Au camp de Langensalza

 

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Juin-juillet 1918

Ainsi fin juin 18, je montais en première ligne où nous sommes arrivés de nuit par d’innombrables boyaux.

Nous ne savions pas au juste où nous étions, si ce n’est que c’était près d’un bois. Nous avons appris plus tard que c’était le bois de Cameroun, près de Souain au nord de Suippes.

 

Les premiers jours furent calmes : surveillance de la tranchée d’en face par-dessus les barbelés, quelques coups de fusil mitrailleur, passage d’avions au dessus de nous.

Mais nous sommes de plus en plus alertés car, par des coups de main dans les lignes ennemies nous avons ramené des prisonniers qui étaient d’origine alsacienne et qui nous ont appris que depuis quelques temps déjà les Allemands accumulaient dans le secteur pendant la nuit d’importants renforts en hommes, canons, munitions, et même chars d’assaut.

14 Juillet 1918

Les sacrifiés

Ainsi notre commandement s’attendait-il à une attaque prochaine et organisait la tactique dite « Tactique Gouraud », général commandant notre 4e armée.

Cette tactique consistait à faire reculer tout le gros du régiment qui tenait le secteur, à 5 km en arrière. Tout ce secteur évacué était alors occupé seulement par une compagnie répartie en petits groupes de combat (G.C) disséminés.

Ainsi, le gros du régiment était soustrait au tir intense de l’artillerie qui précédait toujours l’assaut et attendait l’ennemi de pied ferme, prêt à la contre-offensive.

 

Du reste, pendant la nuit nous avions nous-mêmes bouché tous les boyaux qui nous reliaient à l’arrière avec des barbelés et des chevaux de frise, aidés dans ce travail par une unité du génie.

Ma compagnie, la 7e du 21e R.I avait été désigné pour tenir ce secteur. C’était la compagnie dite « sacrifiée ».

14 juillet 1918 : soupe à 5h comme d’habitude.

Journée calme. Le matin, évolution de nombreux avions. Toutes les nuits nous sommes alertés. Nous dormions tout équipés dans la sape.

Il y a quelques jours nous avons reçu un ordre du jour du général : l’offensive allemande en Champagne est imminente. Le mot d’ordre est de tenir jusqu’au bout. Résister jusqu’à la mort.

Interdit de se replier sur les lignes arrières, ce qui du reste était impossible et pour cause…

 

Le soir même le capitaine commandant notre 7e compagnie vient nous visiter et nous répète les consignes :

« Oui, nous sommes sacrifiés. Il faut résister à tout prix. Vaincre ou mourir. »

Nuit du 14-15 juillet

Ce 14 juillet, après la soupe, nous avons encore posé des barbelés jusqu’à 11h du soir. Puis nous avons eu un casse-croûte supplémentaire : singe, langouste ou crabe, vin fin, gnole…

Nous vivions alors dans des sapes très profondes – 6 à 7 mètres – qui avaient été creusées dans ce terrain crayeux par le génie lors de l’offensive de Champagne de 1916.

Je parlais BAC et philosophie avec l’aspirant CROUZET qui commandait notre petit groupe de combat, quand tout à coup débute une intense canonnade. L’aspirant monte voir ce qui se passe. Peut-être un coup de main ?

Mais peu après retentit le cri :

« Alerte aux gaz ».

Nous montons dans l’abri sous la route et apercevons  de tous côtés des signaux lumineux, des fusées vertes, cela sous un terrible bombardement d’obus de tous calibres.

Les gaz

Nous avons tous mis nos masques à gaz. Triste aspect que tous ces fantômes allant et venant, s’agitant, s’équipant, cherchant ses armes dans ce long couloir sombre, à peine éclairé par une bougie vacillante.

Quelques uns qui avaient tardé à mettre leur masque, commençaient à être incommodés et plaignaient d’être pris à la gorge et d’avoir la vue brouillée.

 

Pendant ce temps le bombardement redoublait d’intensité, les nôtres répondaient. C’était un roulement de tambour ininterrompu.

Terrible cette attente dans cette ambiance et cet accoutrement. 

A tour de rôle on quitte l’abri et on se risque dans la tranchée pour observer les fusées et les éclatements d’obus. Mais on ne peut distinguer grand chose, des obus fumigènes dégageant un épais brouillard. Feu d’enfer, odeur de poudre, lueurs incessantes d’éclatement d’obus dans toutes les directions, obus allemands et français se croisant au dessus de nos têtes.

Agent de liaison sous les bombardements : 15 juillet

Vers 2h et demi, un agent du poste de résistance de mitrailleuses placé dans le petit bois près de nous, apporte un pli à faire parvenir d’urgence au capitaine commandant de la compagnie,  et dont le PC est installé à environ 1 km.

Depuis quelques jours l’aspirant m’avait désigné comme agent de liaison entre notre PC et le PC du capitaine. Je pars avec le pli, toujours avec le masque à gaz sur la figure, masque que nous n’avions pas quitté depuis le début de l’attaque.

 

Je prends d’abord la tranchée déjà bouleversée qui suit la route.

Le bombardement est toujours aussi intense, cela éclate de tous côtés. Le passage d’obus des 2 camps provoque de violents courant d’air nettement ressentis.

Un moment très court, j’éprouve le sentiment de la peur. Découvert, mon casque à la main, je poursuis mon chemin récitant à voix basse quelques prières à l’intention de ceux vers qui toutes mes pensées allaient dans un pareil instant.

Cela me réconforte et je continue d’avancer péniblement, tenant entre mes doigts crispés le pli, prêt à le déchirer en cas de rencontre avec quelque patrouille ennemie ce qui est d’autant, ce qui était d’autant plus possible qu’il n’y a pas de troupe en ligne, mais seulement quelques groupes de combat isolés et faciles à contourner.

Puis je quitte le boyau et prends ce qui me parait être un sentier qui je pense devrait me mener vers ce bois où se tient le PC du capitaine.

Visibilité toujours très mauvaise.

Le jour n’est pas encore levé et j’ai l’impression d’avancer dans le brouillard. Les obus tombent toujours dru.

 

Plusieurs fois lorsque je les entends siffler au dessus de moi, je m’aplatis contre terre. Je passe dans des trous d’obus encore fumants.

Au bout de ce vague sentier, à une sorte de croisement, je me sens perdu. Tout est bouleversé. Impossible de s’orienter. Je ne vois plus rien parmi ces arbres déchiquetés noyés dans ce brouillard intense et ces fumées dégagées par des obus fumigènes.

J’escalade un vague tas de sable et suis dans la direction qui me parait être la bonne. Mais je me trouve bientôt complètement perdu, seul sous ce bombardement intense. Je cherche un trou d’obus pour m’abriter.

On entend que le bruit des canons, le sifflement des obus, leurs éclatements  sinistres suivis de brefs éclairs et de craquements des branches d’arbre qui se brisent.

Un, puis deux, puis trois obus éclatent juste derrière moi.

Je me jette à plat ventre.

Je commence à être essoufflé. J’ai du mal à supporter le masque, surtout en marchant vite ou en courant.

Mes yeux pleurent.

Mon nez coule.

Et je ne puis rien faire.

 

La buée se dégage sur les carreaux du masque, je n’y vois plus grand chose et peux à peine distinguer les troncs d’arbre. Moment d’effroi.

La sueur coule sous le masque.

 

Je songe à m’abriter dans un gros trou d’obus et attendre le petit jour pour pouvoir me diriger. Mais je pense au pli que j’ai toujours dans la main dont on attend la réponse et dont peut-être dépend le sort des camarades.

Je repars donc mais dans quelle direction ?

J’avance un peu au hasard, m’arrête, repars.

A ce moment, passant devant moi en courant, une ombre que j’appelle en vain, surtout avec le masque. Je cours après et le rattrape. C’est un agent de liaison d’un autre G.C qui se rend aussi au P.C du capitaine.

Je le suis et m’aperçoit alors que j’avais contourné et dépassé le P.C.

 

Nous arrivons enfin et descendons dans la sape du capitaine.

Des officiers sont là, attendant les ordres. Tous portent le masque et l’appareil Tissot. Je remets mon pli au capitaine qui me donne une réponse et repars.

Cela tonne toujours autant et il fait toujours nuit.

Tout à coup, je me heurte à des réseaux Brandt et m’aperçois que j’en suis entouré de toute part. Pas à hésiter : je le traverse comme je peux, à demi empêtré, perdant mon deuxième masque qui s’est accroché, et mon casque que je parviens à récupérer.

Enfin je repars et suis ce qui me parait être un chemin.

 

Bientôt je m’y retrouve et poursuis ma route.

2 à 3 obus éclatent coup sur coup derrière moi, juste où je viens de passer. J’accélère le pas, craignant la suite, ce qui ne tarde pas à se produire.

 

Au bout du sentier je retrouve une tranchée (ou plutôt ce qui fut une tranchée) où je m’engage me dirigeant parfois au touché parmi toutes ces sinuosités, car je n’y vois plus grand-chose à cause de la buée qui s’est déposé sur les lunettes de mon masques.

A un détour du boyau je tombe à plat ventre sur un tas de terre qui l’obstruait. C’était une partie du parapet qui  avait été projeté dans la tranchée par des obus.

 

Enfin, je poursuis ma route et arrive fatigué et essoufflé. Je descends au fond de l’abri.

Sous les efforts de ma respiration haletante mon masque se soulève légèrement laissant s’infiltrer quelques bouffées d’ypérite, gaz lourd qui se condense au fond des abris. J’essaye en vain de changer de masque et doit remettre l’ancien en toute hâte. Les yeux me brulent et je suis quelque peu aveuglé pour un instant.

J’ai du mal à respirer.

Je tousse, la gorge me pique très fort et je me sens mal.

Je remonte comme je peux dans l’abri sous la route. Puis je l’allonge et m’assoupis un peu. De temps à autres de fortes détonations viennent nous teinter aux oreilles et on reçoit des débris de terre projetés par la force d’éclatement des obus.

 

2 h et demi, 3 h, 3 h et demi.

Toujours la même attente, le masque sur le visage.

4 heures du matin : Course sous les bombes

4 h. petit jour.

Encore un ordre qui arrive à porter de suite au capitaine. Je me lève.

L’aspirant me repousse, me disant  de me reposer et demande un volontaire. Personne ne répond. Nouvel appel.

Nouveau silence.

Je me lève alors et demande à repartir. Il fait un peu plus jour.

Cependant il est impossible de distinguer à plus de 20 mètres devant moi à cause des obus à gaz et des obus fumigènes. Le bombardement est toujours aussi intense. Le chemin que j’avais parcouru est clairsemé de trous d’obus.

En plusieurs endroits la tranchée est obstruée par des éboulements du parapet. La canonnade est encore plus nourrie à mesure que j’approche du P.C du Capitaine.

Toutefois je retrouve mon chemin et j’arrive enfin au  P.C.

Personne au dehors.

 

Tout le monde est dans l’abri. Je suis à peine descendu que des obus éclatent à l’entrée projetant violemment terre et débris de pierre contre la porte et ce qui sert de fenêtre.

Dans l’abri, je trouve le capitaine et un lieutenant, tous deux munis de l’appareil Tissot, appareil pour protection des gaz.

Encore essoufflé, je remets l’ordre au capitaine AGOSTINI.  Je suis le seul agent de liaison qui soit revenu depuis cette nuit me dit-il.

Il me reconnait, s’approche de moi, me félicite et dit :

« Tu es un brave. Sers-moi la main. D’où es-tu ? »

« De Paris, mon capitaine »

« Cela ne m’étonne plus »

 

Il lit le pli apporté, me donne une réponse et me questionne sur notre groupe de combat, sur le bombardement.

Puis il me demande mon nom, m’assurant qu’il se souviendrait de moi et que je serai récompensé. Il me dit qu’il est complètement isolé, le téléphone qui le reliait au P.C supérieur étant coupé depuis longtemps.

Il me souhaite bonne chance, me serre la main et je repars.

 

Je rentre sain et sauf, aidé par le jour qui s’était levé mais non sans avoir été à plusieurs reprises jeté à terre par le souffle d’éclatements d’obus et non sans m’être jeté maintes fois à plat ventre contre terre.

Toujours même attente sous l’enfer.

Toujours le masque sur le nez. La respiration devient même assez pénible et quelques uns – notre sergent – se trouvent mal et on doit s’efforcer à les convaincre de conserver malgré tout leur masque.

Il fait jour. Je sors dans la tranchée vers les signaux lumineux et les fusées éclairantes. Joli feu d’artifice….

On ne peut toujours rien distinguer à travers ce brouillard dense crevé ça et là par des centaines de lueurs rouges. On sent des courants d’air violents et on entend sans cesse les sifflements d’obus. On ne peut plus maintenant douter d’une offensive imminente, et non comme on pouvait le penser au début à un bombardement de diversion ou à un feu d’artifice pour fêter le 14 juillet…

On pense aux siens, à tous ceux qui vous sont chers et que peut-être on ne verra plus.

5 h. même décor, même atmosphère.

6 heures du matin : L’attaque allemande

Vers 6 h, un guetteur nous prévient qu’il croit « les voir » s’avancer en tirailleur dans la plaine devant nous.

Le brouillard semble s’intensifier (obus à gaz) et on ne voit plus à 20 mètres devant soi. Un autre guetteur vient nous dire qu’il distingue quelque chose qui avance sur notre gauche. On entend crier « tous à vos postes ».

Nous sortons sous la mitraille et les obus. Le brouillard semble se dissiper un peu.

Je fais à peine une vingtaine de pas dans la tranchée que j’aperçois alors à une cinquantaine de mètres de nos lignes des ombres qui avancent en tirailleur protégés par un énorme tank crachant de tous ces feux et qui passe au bout du boyau, en nous contournant par la gauche.

Stupeur.

Indécision.

 

Beaucoup commencent à se diriger vers l’abri. Puis nous sommes complètement contournés par la gauche alors que nos engins M.F.M balayaient surtout notre droite, notre gauche devant être battue par un puissant barrage de notre artillerie.

Toute résistance devient rapidement inutile et impossible et nous ne pouvons même pas nous replier en arrière sur nos lignes de résistance puisque nous avions nous-mêmes bouché avec des barbelés et des chevaux de frise toutes les tranchées et boyaux nous reliant à l’arrière.

 

De plus nous savions que les nôtres devaient déclencher derrière nous de violents tirs de barrage pour enrayer l’attaque ennemi. D’où notre ordre du jour du général que nous étions les « sacrifiés ».

 

Nous : ceux de la 7e compagnie du 21e R.I. nous ne pouvions donc qu’être tués, blessés par les obus des 2 camps, ou prisonniers.

Pas d’autre issu possible.

 

Avec tous les camarades, nous descendons dans l’abri, coupons toutes les courroies récalcitrante (bidon, musettes, 2e masque à gaz) et sortons de l’abri.

Des Allemands étaient juste sur le parapet, des grenades à la main. Je fais les signes conventionnels de reddition et leur dit que j’ai des camarades dans l’abri. Je connaissais assez bien l’allemand étant allé en Allemagne pendant les 2 mois de vacances de l’année précédente.

Les Allemands nous font signe de sortir sans arme et sans musette.

Nous sommes donc tous prisonniers sauf quelques uns qui sont tués ou blessés.

6h30 : Nous sommes prisonniers

Il est 6h 30.

Alors seulement nous pouvons enlever nos masques. Quel soulagement après 6 longues heures !

Les Allemands nous font monter sur les parapets et traverser la plaine à travers boyaux et barbelés, sous le tir de nos propres obus…

Du reste nous ne pouvions utiliser les tranchées qui étaient toutes envahies par leur troupe, 2e et 3e vagues d’assaut.

 

Nous avancions péniblement et craintivement  sous les tirs d’artillerie partant des 2 côtés à la fois. Plusieurs d’entre nous sont alors tués ou blessés.

Il nous faut aider l’ennemi à faire avancer ses canons, munitions et ravitaillement par-dessus les tranchées bouchées en toute hâte, et aussi à ramasser les blessés.

Après plusieurs heures, blessés légers en tête nous sommes dirigés sur Somme-Py et nous gagnons, 3 à 4 Km plus loin, un camp de prisonniers.

 

Il est 1 h de l’après-midi.

Ce camp sommairement aménagé est un grand carré de très mauvaise herbe, entouré d’une double rangée de barbelés et situé derrière un petit bois, sans le moindre abri et à proximité d’une « saucisse » d’observation.

On nous fouille, nous prend nos couteaux, nos canifs, nos portefeuilles. Je n’avais sur moi qu’une chemise, un mouchoir, ma veste et ma capote, heureusement pour moi. Nous passons la nuit dehors, couchés à même le sol.

Nuit très fraiche. On a même froid, surtout les camarades qui ont abandonné leur capote.

Vers 2 h je me lève et me promène de long en large, attendant que le jour se lève et que la température remonte, car nous sommes en juillet, et dans la journée il fait chaud.

16 juillet 1918

La faim

Aucun changement.

Nous n’avons reçu aucune nourriture, pas même de l’eau. La faim commence à se faire ressentir cruellement, notre dernier repas datant du 14 juillet minuit, et surtout la soif, peut-être plus pénible encore à surmonter que la faim.

Enfin des corvées sont autorisées à aller chercher près du camp, dans une baraque allemande, quelques bouteilles d’eau plus ou moins propres, dont nous ne pourrons obtenir que quelques gorgées et encore en se battant presque car dès leur retour, les porteurs d’eau ont été littéralement assiégés. De plus, pour la plupart, nous n’avons même pas de quart et devons boire dans le creux de la main.

Puis le soleil se lève et bientôt il fait chaud.

Vers midi, cela devient même pénible. Bouche pâteuse, langue blanche, on a même la fièvre, on se sent faible, on a faim…et la journée s’achève ainsi.

17-19 juillet 1918

La soif, la faim, la viande de chien

Nuit comme la précédente ; faim, soif, froid.

Puis le soleil reparait et devient aussi brûlant.

 

Vers une heure, le bruit court que nous allons enfin avoir une soupe. Mais nous n’avons dans l’ensemble ni gamelle, ni cuiller… alors nos gardiens autorisent 2 à 3 corvées à aller ramasser autour du camp des boites de conserves vides abandonnées ça et là par leurs troupes, souvent près des cadavres d’hommes ou de chevaux.

Des morceaux de bois ramassés seront taillés en cuillers plus ou moins grossières.

Qu’importe cette soupe (d’orge), même mangée dans des boites de fer de propreté plus que douteuse, rouillés, n’ayant pu être rincés faute d’eau.

Cette soupe calme un peu notre faim et notre soif.

 

A partir de ce jour nous avons le jus d’orge grillé le matin, le midi et le soir une soupe d’orge, maïs ou betterave avec parfois de petits morceaux de viande de chien, de gros chiens spéciaux élevés pour la boucherie depuis le blocus des alliés.

Nous touchons de plus 100 gr.

De pain noir dit « pain KK ».

 

Sitôt nourris, le travail commence. 2 équipes se relayent de 6 h du matin à 7 h du soir pour installer aux alentours des voies de Decauville.

Nous sommes près de Somme-Py et des obus de chez nous viennent parfois nous arroser, faisant des victimes parmi les nôtres et nos gardiens.

 

Chaque jour de nombreux malades atteints de dysenterie, de fatigue, d’angine sont évacués sur l’arrière.

Mais au bout de quelques jours le camp prend un tout autre aspect. Les hommes de corvée, pendant le parcours, ont ramené du travail : des morceaux de bois, de branche, de fer et avec des outils de fortune plus ou moins grossiers.

Avec des mottes de terre et les branchages on a fabriqué des sortes d’abri rudimentaires, genre huttes.  Personnellement je n’ai rien fait, espérant chaque jour quitter ce camp.

Et la vie continue.

Toujours du beau temps et un soleil très chaud dans la journée.

20-28 juillet 1918

Mais le 20 juillet, vers 5 h du soir, la température se rafraichit, le ciel s’obscurcit, devient gris et menaçant.

 

Et le soir vers 11 h 30, éclate brusquement l’orage attendu. Éclairs, tonnerre, foudre, pluie torrentielle.

Je me suis levé et me tiens debout, courbant l’échine et tournant le dos à la pluie, attendant la fin. Ma capote et mes jambières, déjà très effilochées, sont rapidement traversées. J’ai les pieds dans l’eau. Je suis transi et il tonne sans arrêt. On se tasse comme un troupeau.

Nous avons passé près de 5 h ainsi jusqu’à la fin de l’orage vers 4 h 30.

Le terrain était alors détrempé, gluant et rendait toute marche difficile et pénible. Des huttes se sont effondrées.

 

Une batterie d’artillerie de campagne avait été installée près du camp et des cadavres de chevaux gisaient là, donnant après cet orage une odeur pestilentielle…

Très fatigué, ayant du mal à me tenir debout, je m’assieds sur mon casque renversé pour me préserver de l’humidité, et adossé contre les barbelés je m’assoupis jusqu’au jour. Nous avons eu de la pluie pendant les 2 à 3 jours suivant.

28 juillet-8 août 1918

28 juillet : nous gagnons un autre camp, 5 km plus à l’est où s’élèvent quelques baraques, mais non finies de construire.

Toujours même travail à 800 m des premières lignes à pousser des wagonnets de munitions et de ravitaillement.

La nourriture semble s’améliorer. Soupe plus grasse avec des morceaux de poissons ou de viande ? Marmelade… mais pas d’eau pour se laver.

Nous sommes de plus en plus sales et remplis de vermine. Nos déplacements dépendant des besoins des premières lignes. Nous sommes parqués dans un grand carré en plein champ, entourés d’une double rangée de barbelés entre lesquels circulent des sentinelles.

Aux 4 coins, des mitrailleuses en batterie.

Ce camp très vaste est déjà occupé par des centaines d’autres prisonniers. Nourriture franchement mauvaise et réduite.

Même conditions de travail.

Même manque d’eau.

On ne peut guère se reposer la nuit car on passe son temps à se gratter parfois jusqu’au sang.

 

On a demandé des prisonniers connaissant l’allemand. Je me suis fait inscrire et suis employé à dresser la liste des prisonniers.

Je suis toujours à l’abri dans la journée et je coupe aux corvées. Le capitaine (la quarantaine environ) est correct et parait sympa. Il parle avec nous (nous sommes 4 au bureau). Il est surpris qu’étant étudiant en médecine, je sois simple soldat dans l’infanterie.

 

Un après midi, il me fait appeler par son ordonnance et dans un petit réduit, me fait apporter une tranche de pain avec de la saucisse et une tasse de café, me disant qu’il ne peut pas faire cela pour tous ceux qui travaillent au bureau car eux-mêmes sont rationnés.

 

Un soir, alors que nous allions quitter le bureau nous entendons le tic-tac du treuil qui descendait à toute vitesse la saucisse d’observation qui se trouvait à quelques 100 m de notre camp (ce qui est interdit par la convention de Genève).

Alors que nous assistons à la manœuvre, nous avons vu l’occupant de la saucisse sauter en parachute tandis qu’un avion de chez nous fonçait à toute vitesse, mitraillant la saucisse qui explosa tout à coup, et l’avion disparut.

 

Le lendemain au bureau le capitaine m’a dit :

« C’est votre as MADON qui a fait cela et ce n’est pas la première fois ».

48 h après, une nouvelle saucisse reprenait ses observations.

 

Au camp, de plus en plus de malades par affaiblissement, grippe, bronchite, diarrhée.

Quelques uns cherchent même à s’évader pendant les nuits.

Repris ils sont attachés pendant plusieurs heures à un poteau au milieu du camp et sans nourriture.

9-18 août 1918 : Sedan

Enfin le 9 août, après une fouille minutieuse nous quittons le camp escortés d’Uhlans.

Nous parcourons une dizaine de Km et sommes embarqués dans des wagons à bestiaux pour Sedan où nous sommes logés dans une ancienne caserne de Dragons.

Toujours interprète, je suis occupé à faire de la paperasse, listes sur listes. Mais je suis logé avec les adjudants.

Nous avons traversés Sedan pour aller aux douches.

On passe le temps à lire quelques journaux français ou allemands plus ou moins vieux.

Les habitants sont très gentils pour nous. Lorsqu’on sort pour une corvée quelconque, on revient avec un peu de linge, mouchoirs, serviettes, quelques fois même avec un peu de savon ou de pain.

19 août 1918 : Sedan

Dans la cour du quartier, je parle avec un sous-officier allemand qui me dit être Autrichien et me donne un rabiot de soupe, un peu de pain et des cigarettes.

Dans l’après-midi nous avons touché de la Croix Rouge des serviettes et des mouchoirs.

Bonne journée.

20-21 août 1918 : Sedan

Des habitants de Sedan nous ont fait parvenir des choux, quelques poireaux, carottes, pommes de terre et nous avons pu faire une bonne soupe.

22-25 août 1918 : Vers l’Allemagne

Nous quittons Sedan vers 2 h, mais seulement à une centaine environ. Adjudants, sous-officiers et spécialistes.

J’ai du mal à me faire admettre dans ce convoi, le lieutenant voulant me garder comme interprète. Nous avons voyagé en 2e classe comme sous-officiers.

Vallée de la Moselle, Rhin, Coblence.

Arrivons le 23 vers 6 h du soir au camp de Giessen, camp bien aménagé. Touchons biscuits, pâté.

Quittons Giessen le 24 à midi pour Langensalza où nous arrivons le 25.

Désinfection, douche, coupe de cheveux…

26 août 1918

Le 26 j’envoie ma première carte de prisonnier, carte tout imprimée, puis nous subissons toutes les piqures de rigueur : variole, typhoïde, typhus.

 

Carte envoyé du camp de Lagensalza par le soldat Marcel Decugniere

« Ma première carte de prisonnier, toute imprimée, envoyée à mes parents »

Septembre- 1918

Enfin on peut faire de la lessive, eau froide et sans savon.

Mais on ne peut guère frotter vu le mauvais état du linge qui se déchire trop facilement. Nous sommes logés dans de grandes baraques en bois comprenant de nombreuses rangées à 3 étages de couchettes superposées avec de la paille dans le fond.

Très grand camp bien aménagé : terrain de football, théâtre, bibliothèque, cantine. Camp International où se mêlent Français, Anglais, Russes, Italiens.

 

C’est dans la baraque des Russes que se fait le plus grand marché, surtout marché d’échange. On peut ainsi se procurer à des prix variables selon les arrivés des colis, tabac, cigarettes, conserves, chocolat, pommes de terre…

Un paquet de tabac vaut environ 10 marks, une demi-livre de chocolat 14 marks. On échange un briquet contre 3 Kg de pommes de terre (volés par les Russes aux Allemands), un stylo pour 4 paquets de cigarettes ou du lard ou des biscuits.

C’est la grande animation…

 

C’est dans ce camp de Langensalza que j’ai trouvé la plus grosse émotion de ma vie.

Avant d’être fait prisonnier, j’avais appris par mes parents que mon plus vieil ami d’enfance, Lucien DEROUET (nous nous sommes connus dès l’âge d’un an ou deux) avait été tué lors d’une attaque de son régiment en avril du côté du Chemin des Dames.

 

Lucien Derouet & Marcel Decugniere - Prisonnier au camp de Lagensalza Allemagne 1918

Le soldat Lucien Derouet et son ami d’enfance Marcel Decugniere,

tous deux prisonniers au camp de Langensalza

 

En effet, à l’occasion d’une contre attaque de son régiment, un de ses camarades avait trouvé sur le champ de bataille son portefeuille avec tous ses papiers personnels, portefeuille qu’il avait recueilli et rendu aux parents de Lucien lors d’une permission.

 

Lucien avait été grièvement blessé, et après avoir passé plusieurs heures par une grosse chaleur entre les 2 lignes, d’où l’abandon de sa veste tachée de sang et de son portefeuille. Il avait été ramassé par les Allemands.

Remis de ses blessures, il fut envoyé à Langensalza.

A ce moment, fin juillet/début aout, il apprit par des lettres de ses parents que j’étais porté disparu depuis l’attaque du 14 juillet en Champagne, et vraisemblablement tué.

Or, quelques jours après mon arrivée au camp de Langensalza, appelé au bureau pour renseignements, je suis interrogé par un sous-officier français prisonnier depuis le début de la guerre et qui me dit à l’énoncé de mon nom :

« Decugniere ? Mais tu es bien de Versailles ? »

« Alors je connais bien ton père. Nous habitions le même quartier Saint Louis. »

« Et tu dois bien connaitre  aussi Lucien DEROUET ? »

« Oui, répondis-je, mais j’ai appris qu’il a été tué en Argonne en avril dernier. »

 

Puis il me donne quelques vivres et un peu d’argent…quelques temps après il me fait redemander au bureau et me fait aussitôt passé dans une petite pièce à côté… et je me retrouve devant Lucien, émotion mutuelle, embrassades, pleurs de joie…2 revenants !

 

Depuis nous nous retrouvions presque chaque jour dans le camp où il était avec les sous-officiers. Quant à moi j’ai été nommé interprète, contrôleur pour le linge au Lazaret du camp qui occupait 16 baraques.

Nous étions 4 responsables, chacun de 4 baraques : un sous-officier français, un sous-officier belge d’Anvers, un caporal français et moi.

Nous vivions dans une pièce avec lits. Nous vivions fraternellement, mettant en commun tous les colis que nous recevions.

 

Notre travail consistait à noter sur un registre spécial ce que les malades entrant au Lazaret touchaient (draps, couvertures, serviettes) et qu’ils devaient rendre à la sortie.

Notre rôle était souvent délicat, beaucoup de sortants emportant couverture, serviette, ce qu’il nous était difficile d’empêcher.

 

Alors nous avons trouvé un moyen (toujours le système D) pour tout arranger. Quand nous allions à la lingerie pour faire rendre les draps, couvertures, serviettes des sortants, nous avions à faire à un vieux et brave feldweber qui tenait le double de nos registres d’inventaire. Alors tous les 4 quand nous étions réunis pour cette opération d’inventaire, l’un de nous invitait le sergent à venir boire un verre de bière à la cantine.

Nous connaissant bien tous les 4, il s’absentait un court instant avec l’un de nous, instant que nous mettions rapidement à profit pour faire coïncider nos chiffres de rentrée et sortie de nos livres.

Nous étions donc toujours d’accord.

Notre vie était alors très supportable.

Nous avons même réussi à sortir du camp et voici comment : pour passer du camp lui-même  au Lazaret, nous avions un laisser passer spécial, carton bleu avec nom, prénom, numéro de matricule.

Octobre 1918

Or, vers la fin octobre, l’armée allemande, manquant d’hommes, a récupéré tous les hommes valides des vieilles classes pour les remplacer par des touts jeunes.

Lors de changement de sentinelle, l’un de nous eut l’idée et le toupet de se présenter à ce nouveau gardien de l’entrée du camp en exhibant son laisser passer pour le Lazaret ; et il est sorti tranquillement en ville !

 

Carte de prisonnier au camp allemand de Langensalza - Marcel Decugniere 1918

« Mon laisser passer spécial »

 

Beaucoup de prisonniers travaillant au Lazaret en ont fait autant et je suis moi-même sorti 2 fois avec un camarade.

Nous faisions alors quelques menus achats, allions boire un bock dans un petit café. Mais nous nous tenions correctement en ville, saluant les officiers rencontrés comme nous le faisions chez nous.

Cela a duré un certain temps, jusqu’au jour où le nombre de prisonniers circulant en ville a trop augmenté et où certains n’ont plus salué les officiers rencontrés et où certains sont revenus un peu trop gais...

Novembre 1918

Dans notre camp de Langensalza, le 27 novembre nous avons vécu un épisode tragique qui a du reste été relaté avec photos par l’Illustration en décembre 18.

 

Voici les faits :

Depuis l’armistice du 11 novembre, la discipline s’était beaucoup relâchée et nos gardiens moins strictes dans l’application de leurs consignes envers les prisonniers.

Or si le camp de Langensalza logeait environ 2 à 3 000 prisonniers, pour la plupart des sous-officiers qui n’étaient pas obligés de travailler, il y avait inscrits et rattachés administrativement à ce camp, peut-être 10 à 16 000 prisonniers disséminés dans toute la province, et répartis soit dans des mines de sel, de charbon, des usines, des fermes etc.

 

Après le 11 novembre, la discipline s’étant relâchée partout et pensant être plus vite rapatriés, presque tous ces prisonniers disséminés refluèrent au camp qui rapidement a été saturé.

Manque de nourriture, manque de chauffage.

Or il faisait très froid.

Aussi le comité Français du camp avait-il demandé et obtenu du commandant du camp l’autorisation de disposer et de démolir les baraques en bois (pour l’utiliser comme chauffage) qui nous appartenaient et que nous avions nous-mêmes édifiées pour faire un théâtre où nous donnions des représentations.

Mais il y a eu une telle ruée qu’en 2 heures de temps, il ne restait plus le moindre morceau de bois de la baraque.

Alors les prisonniers se sont attaqués aux baraques allemandes qui furent rapidement démolies.

Malgré l’objurgation et les menaces des sentinelles, le pillage continuant et aussi les invectives vis-à-vis des gardes.

 

Ces derniers affolés, ont pris peur et tout à coup, TAC…TAC….TAC… de tous les miradors du camp les mitrailleuses se sont mises à cracher au hasard…

Je me promenais alors avec Lucien et nous nous sommes rapidement jetés à plat ventre par terre. Puis silence total.

Résultat : 16 tués, 25 blessés, plus 2 décès par la suite. Les victimes sont toutes de nationalité française, anglaise, italienne, russe.

 

Étant au Lazaret j’ai vu dans une pièce tous ces cadavres, complètement nus, entassés les uns sur les autres et portant juste un petit carton d’identité autour du poignet.

Peu de temps après il y eut une enquête de la Croix Rouge et visites d’officiels neutres.

 

Lucien a quitté le camp avant moi avec un convoi de sous-officiers. Il a traversé l’Allemagne.

Moi, je voyage de nuit seulement.

Arrêts sur les voies de garage pendant le jour.

Je suis parti le 3 janvier 1919.

Nous avons gagné le Rhin par chemin de fer, puis sur d’énormes péniches nous avons descendu ce fleuve à travers la Hollande. Nous avons débarqué à Dordrecht où les Hollandais nous ont accueillis au cri de « vive la France ».

Puis, musique en tête, et acclamés sur tout le parcours, nous avons traversé la ville pour gagner la gare où nous avons embarqué pour Flessingue.

 

Sur le quai, une fanfare a joué la Marseillaise au départ du train.

Le lendemain après avoir librement visité la ville, nous avons embarqué sur le « Nord », un vapeur français qui a longé le littoral hollandais pour nous débarquer à Dunkerque.

Dans ce port j’ai assisté à des scènes bien pénibles. Entassés dans des wagons à bestiaux dès 9 h du matin, notre train était sur une voie longeant le quai.

L’attende du départ se prolongeant, notre train n’étant parti qu’à 10 h du soir, nous sommes descendus nous promener le long des quais. C’est alors que certains d’entre nous ont repéré un wagon chargé de fûts de vin.

Rapidement le tonneau fut mis en percé…et assiégé par une ruée de prisonniers.

Certains n’ayant pas bu de vin depuis plusieurs années, furent rapidement ivres et la nuit peu avant le départ, nombreux furent les manquants qui étaient tombés dans le bassin du port.

Quel retour…

 

Courrier officiel annonçant la disparition du soldat Marcel Decugniere en Aout 1918

 

Courrier officiel annonçant ma disparition à ma mère en août 1918

 

 


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