caporal à la section mitrailleuses du 4e régiment
d’infanterie
5
février 1915 au 6 novembre 1915
Publication : Septembre 2006
Mise à jour : Novembre 2024
Maurice DELACROIX a fait son service militaire au sein du 113e régiment d’infanterie.
Prologue
Pierre, nous dit en 2006
« Je viens
de "récupérer" un petit journal de guerre de mon grand-père, Maurice
DELACROIX né en 1889, qui couvre la période du 5 février 1915 au 6 novembre
1915. Il était en poste en Argonne : Ravin des Meurissons,
Plateau de Bolante, Plateau de la Charbonnière et sa
base était vraisemblablement au Cléon. Il était caporal section mitrailleuses
au 4e RI.
Ce journal
m'a paru d'abord un peu "curieux" (beaucoup de journées calmes !) car
à la lecture des récits dans votre site les combats étaient à ces dates très
violents jusqu'à que je comprenne qu'il était mitrailleur donc ne participait
pas aux assauts. Mais il est néanmoins très intéressant par ses souffrances...
Mon
grand-père (père de ma mère) gazé, tuberculeux a trainé après la guerre
d'hôpitaux en hospices et est mort en 1925 »
Contacts
avec des internautes depuis la mise en ligne (en 2006) :
Contact avec Bertrand MATHIEU en mai
2016 :
« Madame
ou Monsieur, Je me présente : je suis étudiant belge en dernière année
d'histoire. Mon travail de mémoire porte sur les mitrailleuses de la première
guerre mondiale et consiste à réaliser une étude anthropologie de cette arme
c'est-à-dire de comprendre son impact auprès des soldats.
En faisant
des recherches sur internet, j'ai trouvé sur le site de chtimiste.com le carnet
de Maurice Delacroix, caporal à
la section mitrailleuse du 4e régiment d'infanterie. Il m'a semblé intéressant
à plus d'un titre car il permet de comprendre en partie le quotidien difficile
du soldat, et de montrer des aspects parfois méconnus de cette guerre comme par
exemple la nécessité d'entretenir régulièrement l'arme. Accepteriez-vous que
j'utilise les notes de ce carnet dans mon travail ? Bien entendu, je
n'oublierai pas de mentionner la source dans ma bibliographie. Je vous remercie
de votre attention. »
Contact avec François FOUQUET en novembre
2014 :
« Bonjour,
Je ne viens pas souvent sur le site, car j'achève la rédaction de l'ouvrage sur
mon grand-père. 700 pages de documents, photos cartes etc.... Plusieurs années
de travail.
J'ai
découvert par hasard le carnet de Maurice Delacroix
du 4e RI. J'ai été très intéressé, surtout par le coté météo et ambiance qui
complète au point de vue informations. Mon grand-père fut porté disparu lors de
l'attaque du 13 juillet. Je pense réunir les membres de ma famille le 13
juillet prochain à la Haute-Chevauchée. Il faut donc que je termine rapidement
mon texte. J'ai déjà distribué quelques exemplaires, mais trop rapidement. J'ai
déjà des modifications à faire .... »
Contact avec Madeleine DELAGRANGE en mai
2014 :
« Bonjour,
je voudrai rentrer en contact avec Pierre qui a fourni le carnet de Maurice Delacroix ? Car il est possible que ce
poilu soit le frère de la grand-mère d'une de mes amies..... »
Remerciements
Merci à Pierre JABIN pour les carnets.
Merci à Philippe S. pour la vérification du récit et le temps passé sur certaines recherches.
Nous avons ajouté du texte en bleu pour la compréhension de certains termes et pour aller « plus loin » dans l’analyse du récit. Pour une meilleure lecture, j’ai volontairement ajouté des chapitres, sinon le reste est exactement conforme à l’original.
Introduction
Maurice Henri Adolphe Léon DELACROIX est né en février 1889 à Paris. A ses 20 ans, il déclare être fleuriste et est mobilisé au 113ème régiment d’infanterie de Blois de 1910 à 1912. Sorti caporal, il est devient employé de la compagnie des chemins de fer PLM (Paris-Lyon-Marseille) à partir de fin 1913 jusqu’à la déclaration de guerre. Il reste comme ‘’ affectation spéciale ‘’ aux chemins de fer jusqu’en novembre 1914, date à laquelle il rejoint le 4ème régiment d’infanterie à Auxerre. En février 1915, sa formation (de mitrailleur ?) doit être terminée et il part au front rejoindre le 4ème régiment d’infanterie qui se trouve dans le secteur d’Argonne dans la Meuse.
Il s’est marié en 1913 avec Germain GILLARD et ils ont une petite fille Gisèle né début 1914.
Départ le
Arrivée le 6/2 à les Islettes.
Cantonné le 7/2 à Futeau.
Le
journal du régiment (JMO) du 4ème régiment d’infanterie précise que le renfort
du 6 février 1915 concerne bien des ‘’ mitrailleurs ‘’
Départ le 8/2 pour le ravin des Meurissons prendre les tranchées.
Arrivée aux tranchées à
2è jour de tranchée.
A
Matinée calme.
A
Nous touchons nos pièces et matériel.
Le soir, nous repartons pour la ligne avec la mitraille
Sous la pluie nous parcourons les boyaux à la recherche d’une position.
Le soir, repos dans un gourbi à
Fabrication d’un blockhaus pour ma pièce.
Finition du blockhaus.
Journée assez calme, nous attendons pour être relevés.
Mardi Gras. Journée terrible.
Attaque allemande dans nos tranchées. Toute la journée et toute la nuit en alerte.
Toujours position d’attente.
A
Matinée calme à
Journée des crapouillots, petites bêtes pas bien méchantes car on les voit arriver mais qui font beaucoup de potin.
Relève de 1ère ligne pour le 113e. Nous partons sur le plateau au-dessus de la fontaine des Meurissons.
Là, travail de bûcheron pour faire des abris aux pièces.
Plateau de la Charbonnière, l’on continue à travailler à l’abri.
Le matin, je vais à la recherche de tôles ondulées jusqu’à la brigade. Matinée de promenade.
Après-midi terrassement.
Toujours le terrassier toute la journée.
L’après-midi vers
Journée calme.
Journée plus que calme.
Journée calme.
Le matin réveil par le 75 qui bombarde les tranchées allemandes.
Déménagement, prise des 1ères lignes. Chassés par les artilleurs pour canon revolver. Retour à l’ancien emplacement de ma pièce (*).
Journée calme sauf l’après-midi quelques percutants.
(*) : Pièce = Mitrailleuse.
Matinée calme.
À
Journée calme quelques crapouillots tombent à proximité de notre gourbi.
Le matin
je vais chercher un emplacement pour ma pièce, finalement je reviens à la même
place que la veille.
Le soir je
reçois un énorme courrier.
Matinée calme
d’écriture, après-midi tranquille.
Matinée
de nettoyage.
L’après-midi
l’on nous prévient qu’une mine va sauter. A
Le soir à
Réveil à
L’après-midi
bombardement des boches sur les lignes de réserve.
Matinée
calme, graissage de mes pieds.
Après-midi
bombardement boche, les percutants n’arrivent pas très loin de nous.
L’après-midi nouveau graissage des pieds et je mets mes grosses chaussures car
l’on est prévenu que nous allons au repos.
A 4h 1/2
arrivée du 113, relève nous partons pour le Cléon.
Quelques
chutes dans les ravins car avec la boue les pieds glissent.
Arrivée au
Cléon en parfait état de boueux mais après un nettoyage tout va bien.
Repos et nettoyage
du matériel et des effets.
Repos au Claon.
Pendant ce
temps rien d’important à signaler, à part un commencement de dysenterie qui est
enrayé. Le 12 au matin étant de repos j’ai des nouvelles de mon ami Martial qui
est au 131è.
Départ à
0h 15 pour les tranchées.
Marche
toute la nuit car il fait très noir. Nous ne marchons pas vite.
Arrivée
aux tranchées à 5h 1/2. Journée calme.
Réveil à
6h par Toto pour me donner le chocolat. L’on nous annonce un semblant d’attaque
qui ne se fait pas. Temps brumeux.
Le soir
nous apprenons qu’il y a eu attaque à notre gauche et à droite.
Vers 5
heures du soir, terrible bombardement pendant 1h 1/2, semblant d’attaque ou
vive fusillade nous ne savons rien.
Matinée calme,
attaque à notre droite assez loin. A 1h 25 de l’après-midi nous faisons sauter
une mine à Bolante sur notre gauche. Soirée calme.
Matinée
calme, j’écris à ma petite Maimaine (*), à grand-mère et à ma marraine, nous entendons
dans le lointain à notre gauche la canonnade très violente.
Nous
apprenons que c’est du côté de Perthes.
(*) : Très certainement Germaine, son épouse
Toujours aussi
calme, quelques crapouillots arrivent dans notre direction sans nous approcher.
Sur Perthes et Bolante toujours de vives fusillades et canonnade ininterrompue.
Nous apprenons le soir que les Marsouins ont surpris une relève boche et en ont
profité pour prendre une tranchée sur le bord du plateau de Bolante.
Matinée
plus que calme pas un coup de fusil.
L’après-midi
trois crapouillots arrivent dans notre direction dont le dernier à la porte de
notre guitoune mais comme c’est une personne bien élevée il a frappé fort mais
n’est pas rentré.
Nous apprenons
que nous sommes relevés dans la nuit.
A 6h du
matin, nous voyons nos amis du 113 venir nous relever. Nous reprenons nos
places sur le plateau de la Charbonnière.
Après-midi
nettoyage des pièces.
Le matin
nous allons reconnaître le terrain en avant de nous, chose inutile mais
réglementaire.
Ensuite
nous procédons à notre nettoyage personnel et à celui des effets.
Ensuite
nous déménageons et allons prendre des guitounes très bien aménagées sur le
plateau de Bolante ; là c’est la pause car en arrivant il y a la 1ère section
du 4 qui vient chercher ma pièce.
Le matin,
je fais le scieur de long sur des arbres abattus pour faire du bois pour nous
chauffer.
J’attends
une lettre de ma petite Maimaine mais elle n’est pas
venue.
Le soir
l’on me ramène ma pièce. Depuis 2 jours deux avions français sillonnent les
nuages à la tombée de la nuit, les boches leur envoient des obus mais ils n’ont
pas l’air de s’en émotionner.
Le matin
réveil par les cuisiniers pour le jus, je le prends couché.
Après je
vais casser du bois pour nous chauffer et nous nous attaquons à un hêtre qui a
été abattu avant la guerre cela fait du bon feu.
Le soir,
je reçois une lettre de ma Maimaine et de Georgette.
Matinée calme et
tranquille, il a plu toute la nuit et la campagne est détrempée. Après-midi je
vais jusqu’aux cuisines pour me dégourdir les jambes. Le soir lettre de ma
chérie.
Toujours
la pluie la nuit et elle continue presque toute la journée.
Le soir,
nous apprenons que nous retournons dans les tranchées.
Vers 7h le
soir, vive fusillade devant et sur notre gauche. C’est un semblant d’attaque
française.
A 4h1/2
réveil pour aller aux tranchées.
Arrivée
à 6h, à 8h je vais prendre emplacement à la place d’un canon revolver pour
battre la route de Varennes au Four de Paris ; c’est là que je vais commencer
mon œuvre de mort car j’ai ordre de tirer sur tout ce qui passe sur cette route
qui est employée par les boches pour faire leur ravitaillement au Four de
Paris.
Tous les
jours je dois faire un rapport sur ce que j’ai vu et ce que j’ai tiré de
cartouches.
Réveil à 4h 1/2
pour aller à mon emplacement car nous sommes obligés de remonter le soir
coucher avec toute la section. Journée assez calme je vois quelques poilus
passer sur la route de Varennes et je tire un peu dessus. Après-midi fausses
nouvelles l’on nous dit que les boches se rassemblent dans le ravin des
Meurissons pour attaquer, ce n’est pas vrai.
Réveil à
5h 1/2.
Prise de
l’emplacement où j’écris à grand’mère, à ma petite Maimaine
et à René. Bombardement boche assez intense, nous apprenons que nous gardons
notre position pour la nuit.
28/3
Matinée
assez calme, comme toujours l’on entend les crapouillots mais ils ne viennent
pas sur nous. Quelques obus passent au-dessus de nos têtes et vont éclater bien
plus loin.
Pour la
première fois je vois des boches et j’ai tiré dessus.
Je reçois
lettres et colis de la Maimaine et de Mme Faivre.
Correspondance et
remerciements des colis, journée assez calme.
Toujours
journée calme.
Le soir,
je reçois un colis de ma Maimaine.
Matinée
calme, premier jour que l’on ne voit pas de boches, ils connaissent le coin
dur.
Après-midi
nous faisons sauter une mine sur Bolante. Une idée passe à notre adjudant
disant qu’il y aurait attaque dans la nuit.
La nuit se
passe, rien à signaler plus calme que d’habitude.
Matinée calme et
même toute la journée, dans la nuit l’on vient me prévenir qu’il y avait des
voitures sur la route et je tire.
A 6h 1/2
le matin, relève par le 82è, en fait de repos nous allons au plateau de la
Charbonnière.
L’après-midi
par un beau soleil je voulais m’étendre dehors mais le caporal de l’autre pièce
m’emmène au plateau de Bolante. Je fais bien d’y aller car à mon retour
j’apprends qu’il y a un 77 boche qui est tombé à l’endroit où je voulais me
coucher, 1 mort. (*)
(*) : Le seul tué à l’ennemi ce jour au 4e RI est le
soldat Louis François Marie BEAUDOUIN. Voir
sa fiche.
Réveil à
volonté nous apprenons que nous devons attaquer les lignes boches le lendemain.
Le soir
nous avons les instructions pour l’attaque qui doit être générale pour tout
l’est.
Il pleut
toute la journée.
Départ du
plateau à 6h nous arrivons dans le secteur où nous devons faire l’attaque qui
est occupé par le 313e où je rencontre pas mal d’anciens copains.
A 13h 1/2
bombardement français d’une intensité terrible. A 15h 1/2 attaque française qui
échoue. Il pleut toujours, mauvaise nuit.
Dès le
matin nous attendons que le bombardement reprenne, il a lieu plus tard que la
veille.
A 19h
attaque française qui échoue. Toujours la pluie, encore plus mauvaise nuit.
Réveil à
4h 15 et l’on doit attaquer à 4h 30 mais une heure passe et toujours pas
d’attaque.
Enfin à
8h ½, le canon français se fait entendre. Il reprend à 10h30 pour dix minutes
et nouvelle attaque française qui échoue encore.
Le temps
est redevenu meilleur, il ne pleut pas aujourd’hui. Nous recevons l’ordre de
reprendre nos emplacements à la Charbonnière.
À 14
heures nous partons pour y aller, à moitié chemin nous recevons un nouvel ordre
de remonter car nous allons essayer une contre-attaque. Vive fusillade mais
personne ne veut sortir et ils ont raison car pendant ces 3 jours nous avons eu
pas mal de morts et quelques blessés.
Enfin
nous partons à la tombée de la nuit pour la Charbonnière, nuit calme.
Mais vers
le milieu de la nuit nous sommes réveillés par la pluie qui envahit la guitoune
au point que les pieds et les jambes sont dans l’eau.
A 4h 1/2
l’on vient nous apprendre que nous partons à la maison Forestière à 6h. Nous
croyons que nous allons nous reposer, enfin nous partons et arrivons à la
maison Forestière à 9h du matin où nous nageons dans un lac de boue.
Une fois
déséquipés nous partons à la recherche de bruyère et de fougère pour mettre par
terre. Nous naviguons dans la forêt et nous apercevons la colline où est
Vauquois et le seul pan de mur qui reste du village.
L’après-midi
je vais au cimetière sur la tombe de mon ami Adolphe que j’ai appris être
enterré au cimetière de cette maison. (*)
Ensuite
grand nettoyage personnel.
(*) : il s’agit sûrement d’Adolphe PERIGAUD du 113e RI
(l’ancien régiment de Maurice), classe 1909 (comme Maurice) et seul poilu du 4e
ou 113e RI portant ce prénom, tué avant le 7 avril et enterré au cimetière de
la Forestière. Voir
sa fiche.
Réveil à
7 heures nettoyage du matériel qui prend toute la matinée. Je reçois un colis
de grand’mère.
L’après-midi
nous apprenons que nous remontons dans les tranchées le lendemain matin, cela
ne nous fait pas trop plaisir.
Réveil à
3h 1/2, chargement des chevaux et nous voilà partis pour notre ancien secteur.
Là, je prends la place de la première pièce, endroit où l’on tire qu’en cas
d’attaque chose qui nous laisse plus tranquilles.
L’après-midi,
nous recevons l’ordre de faire une chambre souterraine pour nous abriter en cas
de bombardement, nous la commençons mais le sol est dur car ce n’est que de la
pierre.
Le soir le
puits n’est pas assez creux.
Réveil à
6h 1/2, après le jus nous continuons notre travail dans le puits.
Vers 13h
il est assez profond et l’on commence la galerie, avec la couche de terre que
nous laissons et celle que nous ajoutons cela nous fera environ 2m50 de terre
au-dessus de nos têtes. Toujours de la pierre, terrain dur. Les boches nous
laissent tranquilles, la journée est calme.
Réveil
comme la veille, l’on continue à travailler car le boulot n’avance pas vite,
enfin cela nous fait passer le temps. Vers 10h 1/2, les boches nous envoient
quelques percutants qui tombent à gauche et en arrière, nous leur répondons par
des crapouillots.
Depuis
le 9, Ernest nous fait la lecture du journal le soir pour nous endormir.
Le soir je
reçois une lettre de ma petite Maimaine me souhaitant
bon anniversaire. Il est bien drôle cet anniversaire mais enfin le moral tient
bon.
Réveil
comme les jours précédents, nous continuons notre travail souterrain.
Dans
l’après-midi nous apprenons que le bruit court que nous allons être relevés
dans la nuit, par qui l’on en sait rien. De là vient une idée que nous allons
réattaquer mais vers le soir l’on apprend que c’est le 113è qui vient. Donc
reprise des relèves ordinaires.
Dès le
petit jour le 113è arrive et il nous faut nous lever et partir pour leur céder
la place. Nous arrivons au plateau de la Charbonnière à 5 heures, nettoyage des
pièces.
Moi je
dors tout l’après-midi car je ne me sens pas bien. Je suis réveillé par le
bombardement boche dont un obus tombe pas loin.
Vie calme
des lignes de tranchées en réserve.
Vers 9h
le bombardement boche se fait mais rien ne vient nous troubler, l’on continue à
nettoyer ses effets et après la soupe je vais dans le ruisseau des Meurissons
laver un peu de linge et ma petite figure.
Restant de
la journée calme.
Matinée
de nettoyage et théorie.
L’après-midi
je m’endors un peu car cela fait plusieurs nuits que je ne peux dormir. Je suis
réveillé par le bombardement boche vers 2h et ils tirent vraiment sur nous, à
2h20 ils tirent à shrapnells et il en arrive un assez près ce qui fait qu’il y
a des amis qui sortent pour le voir.
Aussitôt
en arrive un autre qui éclate juste au-dessus de l’abri où sont nos pièces.
Après un moment d’émoi j’entends le chargeur de ma pièce qui pousse un cri et
je vois qu’il est touché au bras gauche. Vite l’on lui fait un pansement et je
vais voir dans l’autre cabane, là je rencontre un suppléant toujours de ma
pièce qui est renversé en arrière, je lui touche le genou en l’appelant et je
vois qu’il est mort.
Ensuite
j’apprends qu’il y a un autre blessé, j’arrive juste à temps pour le voir
partir sur le brancard. En résumé pour un obus : 2 blessés dont un gravement et
un mort. (*)
Je
reçois l’ordre d’aller au major pour être témoin du décès et de faire la fosse.
Arrivée
à Bolante, le major écoute, voit qu’il n’y a plus rien à faire, et donne
l’ordre de l’enterrer. Comme il y a Ernest et le tireur de la 1ère pièce qui étaient venus à nous trois, nous faisons la fosse et
enterrons notre pauvre camarade.
Une fois
ce travail fini nous revenons à notre abri où la soupe est arrivée mais je n’y
touche guère.
(*) : Le seul tué du jour est Victor Marius MAGNY, 22
ans. Voir
sa fiche.
Le blessé grièvement est très certainement Ferdinand Marcel
CHATEIGNER, 24 ans, décédé le lendemain. Voir
sa fiche.
Le matin
j’apprends que je vais à la distribution, je ne demande pas mieux car la
journée est belle et cela fait une balade. En partant avec un homme nous
passons au cimetière mettre la croix sur la tombe du camarade tué la veille. (*)
Ensuite
en partant du cimetière nous voyons un boche qui est mort et bien mutilé, nous
soulevons la toile de tente pour voir sa tête.
A la
distribution qui est à peu près 1 kilomètre ½ en arrière je reçois le portrait
de Gisèle ce qui me fait plaisir. Nous passons dans une région boisée, vraiment
si ce n’est le bruit que nous entendons, qui est un bruit de canonnade, je
croirais à une partie de promenade dans les bois.
Nous
rentrons vers 5h 1/2 le soir. La journée a été assez calme.
(*) : Sa tombe actuelle se trouve dans la nécropole des Islettes (55), tombe n° 1204
Dans la
nuit il y a eu alerte pour la compagnie qui est autour de nous mais rien de
grave.
Vers le
matin bonne séance de crapouillots qui rend notre chef de section à moitié fou
car il voit des boches et des attaques partout donc il nous fait tous prendre
nos postes pour rien. Ensuite théorie.
Tout à
coup nous entendons une mine qui saute, nouvelle alerte qui n’est rien encore.
Après-midi,
canonnade qui n’a pas l’air de venir de notre côté.
Vers 2h
1/2 l’après-midi, quelques obus arrivent à proximité de notre abri sans faire
de dégâts.
Le soir,
je reçois une longue lettre de ma petite Maimaine,
une de grand-mère et une de Georgette.
Réveil à
6 heures.
Après le
jus je réponds aux lettres de la veille.
Vers les
7 ou 8 heures un percutant tombe à 30 mètres de nous, pas de dégâts.
A 9h
théorie et j’envoie ce rapport, je continuerai sur le prochain papier.
Dernière
journée au plateau de la Charbonnière. Journée calme marquée par quelques obus
autour de nous sans dégâts. Nous apprenons que nous remontons dans les
tranchées le lendemain matin.
Réveil à
3h 1/2.
Nous
partons à 4h 1/4 pour reprendre nos emplacements, ma pièce va au canon revolver
d’où je re-tire sur la route de Varennes mais les
boches doivent connaître le coin car de toute la journée il n’est passé qu’un
homme et un cycliste.
Le soir,
je mets la pièce en batterie dans un ancien poste d’écoute sur la côte qui va
du ravin des Meurissons au plateau de Bolante en cas d’attaque boche sur
Bolante.
Journée
calme.
Réveil à
4h1/2.
Nous
assistons à la promenade d’un avion français qui est salué par beaucoup de
shrapnells boches sans l’atteindre.
A 8h
nouvel aéroplane.
A 10h
visite d’un avion boche, matinée calme.
Vers
midi une mine saute sur Bolante, une fusillade dans l’après-midi, nouveau
bombardement qui ne nous atteint pas. A part cela après-midi plutôt calme.
Ce n’est
pas de même la nuit car vers 23h une fusillade commence sur la gauche de
Bolante vers Bagatelle ou le Four de Paris. Peu après le canon se met de la
partie et en voilà jusqu’à 23h 30.
A 23h
40, fusillade qui commence à notre droite et suit en allant sur la gauche,
nouvelle alerte : cette fois ma pièce s’y met aussi car je tire sur un poste
d’écoute boche et par le feu de ma pièce j’enlève toute tentative boche de
sortir de leur trou pour nous attaquer.
Cela dure
environ 5 à 6 minutes après tout rentre dans le calme quoique l’on reste
éveillé jusqu’à minuit ½ pour parer à toute nouvelle tentative d’attaque.
Réveil à
4h 1/4 par le saut d’une mine sur notre droite, fusillade pour ne pas changer
et tout rentre dans l’ordre après 10 minutes d’alerte.
A 5h 1/2
je descends dans le ravin pour me débarbouiller. Je remonte juste pour boire le
jus. Matinée calme à part que je casse une détente de ma pièce qui est vivement
réparée après une engueulade de mon chef de section dont la folie gagne de plus
en plus.
Après-midi,
petit bombardement et comme d’habitude duel de crapouillots.
A 5h 1/4
du soir une mine saute sur Bolante, je fais marcher un peu ma musique et à 5h30
tout redevient calme.
Le matin
des avions passent au-dessus de nous.
A 8h 30
un avion boche passe au-dessus de nous et y reste assez longtemps.
A 10h 15
une mine saute toujours à Bolante, rien à signaler, duel de crapouillots,
grenades etc.
A 10h 30
bombardement journalier, notre chef de section nous annonce qu’il y a un
mouvement de troupes boches sur Bolante et la Haute Chevauchée, c’est à notre
droite et à notre gauche, c’est sans doute encore sa crise de folie qui le
travaille. Les bruits sur les mouvements de troupes boches ne sont pas
confirmés.
L’après-midi,
nouveau bombardement boche, nous n’avons rien de notre côté.
Je suis
réveillé par mon tireur qui relève de garde pour m’annoncer qu’un de mes amis,
sergent dans une compagnie, vient d’être touché en faisant une patrouille entre
les 2 lignes. Il est 2 heures.
La
matinée est assez calme quoique nous ayons toujours notre petit bombardement
mais depuis hier notre 75 lui répond.
L’après-midi,
nous apprenons que mon copain est mort à la suite de sa blessure (*). Nouveau bombardement très intense.
A 15h20,
nous faisons sauter une mine sur Bolante, rien ne bouge. Nous apprenons qu’un
percutant est tombé à la porte de la cabane de l’adjudant.
Dans la
nuit j’avais reçu l’ordre de tirer de temps en temps sur un boyau boche que ma
pièce prend en enfilade. Je suis réveillé 2 fois, la première à 21h40, la
deuxième à minuit, par suite d’enrayage de la pièce. Je les arrange tous les
deux.
(*) : Il s’agit sans aucun doute du sergent Henri Félix
ROLLOT, 23 ans. Voir
sa fiche.
Matinée
calme, vers 9h une fusillade se fait entendre à Bolante mais rien ne bouge.
A 14h,
on vient nous annoncer que nous sommes relevés dans la nuit pour aller en
réserve à la cote 263 pour une journée parait-il, ensuite nous irons au Claon pour le repos.
Le
matin, nous avons eu notre bombardement qui passe toujours au-dessus de nos
têtes, même sérénade l’après-midi. Le soir, vers 7h 30, vive fusillade à gauche
de Bolante qui dure 1/2 heure puis tout redevient calme.
(*) : Cote 263 sur les anciennes cartes, cote 259
maintenant, 800m au nord-ouest de l’étang de Cheppe.
Réveil à
3h15, nous nous préparons à partir à 4h 45. Le 113e arrive, nous partons pour
le ravin de Cheppe en réserve de la cote 263
où nous arrivons vers 7 heures et je suis bien fatigué car dans ces tranchées
l’on devient noué à rester tout le temps en place.
A peine
arrivés dans les cabanes à flanc de coteau nous entendons une mine boche qui saute
juste au-dessus de nous mais assez loin car les pierres ne reviennent pas tout
à fait à nous. Je vais visiter le cimetière qui se trouve là et j’y vois pas
mal de camarades du 113e et 3 grands carrés de boches.
Après-midi
beau temps et l’on peut admirer Vauquois.
Le soir
nous assistons à un bombardement de Vauquois par les boches et par nous et
c’est incroyable ce qui y tombe comme grosses marmites.
Réveil à
volonté.
Le matin
nettoyage du matériel, l’après-midi la même chose. Nous touchons les remplaçants
des absents parmi lesquels se trouve un musicien comique de music-hall qui
vient à ma pièce avec un violon original.
Réveil à
6h, nettoyage pour la matinée avec théorie.
Après-midi
tir sur la route du Claon à Florent, sur des cibles.
Retour vers 4h 1/2.
Le soir
petit concert par mon serveur suppléant qui nous joue des airs de violon.
Le matin
nettoyage des pièces et de toutes les bandes chargeur.
L’après-midi
on continue et on va jouer, c’est de l’exercice. Pendant tout le séjour au Claon nous avons eu des aéro français qui ont survolé la
région matin et soir.
Après
l’exercice le lieutenant qui commande la compagnie de mitrailleuses demande à
notre musicien de nous faire un petit concert, il s’exécute. Ce qui fait le
charme c’est que le violon est une boîte de cigares avec un manche à balai et
comme corde 1 seul fil d’acier et cela joue très bien.
Le soir
après la soupe il nous refait un autre concert.
Réveil à
4h pour partir à 4h 45 faire un exercice de régiment, nous allons faire une
répétition d’un nouveau plan d’attaque que la division doit faire. L’on ne sait
pas quand cela se fera en réalité.
Donc
nous remontons dans la direction des tranchées et à moitié chemin nous
exécutons la manœuvre. Retour au cantonnement après avoir très bien réussi car
les tranchées étaient supposées et les boches n’existaient pas donc pas de
pertes forcément vu qu’il n’y avait personne devant nous.
L’après-midi
nettoyage et jeux.
Le soir,
nous apprenons que nous remontons dans les tranchées.
Réveil à
minuit, départ minuit 30.
Nous
devons prendre le 3e bataillon à son cantonnement mais lorsque nous arrivons il
ne fait que se réveiller alors nous partons sans lui.
Nous
arrivons dans les tranchées à 3h 15 sans trop de fatigue car il faisait beau et
pas trop chaud en plus de cela nous avons un clair de lune épatant au point que
l’on aurait pu se croire en plein jour. Reprise de notre ancien secteur mais
dans la grande cabane donc cela va me faire, plus que probable, 6 jours à
surveiller sans tirer de cartouches.
Vers 4h
1/2 de l’après-midi, une mine saute, fusillade qui nous tient en alerte 1/4
d’heure. Après tout rentre dans le calme.
A 9h du
soir, fusillade nous croyons à une attaque, nouvelle alerte. Enfin nous nous
couchons tout de même.
Matinée
calme, nous apprenons ce qu’était cette fusillade de la veille, ce sont les
Marsouins qui ont attaqués les lignes boches, le résultat : inconnu.
Après-midi
calme.
Le soir
vers huit heures, fusillades très serrées devant nous, fusées tout ce qu’il faut
pour un feu d’artifice.
Nous
apprenons le matin le motif de la fusillade de la veille au soir, c’est tout
simplement 1 homme qui est monté sur la tranchée pour enlever des bouts de bois
qui le gênaient dans le créneau pour tirer, les boches l’ayant aperçu ont cru à
une attaque et sur un coup de sifflet ils se sont mis à tirer jusqu’à la
gauche, beaucoup de bruit pour rien.
Journée
calme, les crapouillots refont leur apparition ainsi que les souris, petit
animal qui est méchant car on ne le voit pas venir mais on l’entend.
Matinée
tranquille que je passe à écrire un peu.
L’après-midi,
quelques crapouillots arrivent dans notre coin sans dommage et cela continue
après 8 heures du soir jusqu’à 1h du matin ce qui m’empêche de dormir, ils
tombent si près que trois fois la lampe est éteinte.
L’après-midi,
je travaille un peu dans le souterrain.
Réveil à
4h 1/2 donc pas beaucoup de sommeil.
Matinée
calme, après-midi pareil que je passe à dormir pendant 2 heures. Nous craignons
une attaque boche ce qui fait qu’à 8 heures du soir on vient m’annoncer que je
prends le quart pendant 4 heures et de faire des rondes de temps en temps. Ce
qui m’occasionne dans la nuit à faire 4 voyages dans les boyaux pour aller voir
à l’autre pièce s’il n’y a rien d’anormal.
Petite
promenade hygiénique.
Rien à
signaler, je me couche à minuit 1/2 et à 3h 1/2 je suis levé, je vais faire une
reconnaissance dans les boyaux de 1ère ligne pour reconnaître le secteur.
Matinée calme et nous apprenons que nous sommes relevés dans la nuit.
Après-midi
tranquille.
Le soir
nous savons que nous allons en réserve à la cote 263. Dans la nuit violente
fusillade de la part des boches.
Réveil à
2h 1/2, à 3h moins le quart le 113e arrive et dans la section qui nous
remplace. je rencontre 2 copains de l’active. Nous
partons porter une pierre sur la tombe du camarade tué le 15 avril et au
cimetière je rencontre un de mes anciens de la section mitrailleuse qui
cherchait lui aussi des copains tués.
Nous
rencontrons notre ami Martial qui est au 131e c’est un du PLM. Arrivons à la
263.
Tout va
bien le beau temps s’est remis avec la relève.
Réveil à
volonté, nettoyage personnel.
Après-midi
calme. Le soir bombardement sur Vauquois.
Le matin
je vais à la distribution pour toucher les colis et les lettres de la section.
Après-midi
calme.
Le soir
même bombardement.
Toujours
pareil même vie de réserve.
L’après-midi
de nouveau le filon du grand repos revient. Bruit de changement de secteur.
Le soir
comme d’habitude Vauquois est bombardé.
Toujours
pareil même vie de réserve.
L’après-midi
je vais au muguet avec 3 copains, en revenant nous entendons des éclats d’obus passer
au-dessus de nous. Vauquois est toujours bombardé. Le bruit du changement de
secteur continue de plus belle. Tout va bien, même vie que les jours
précédents.
Journée
calme.
L’après-midi
nous apprenons que nous remontons dans les tranchées le lendemain. L’après-midi
duel de crapouillots entre le 131e et les boches.
Le soir,
je monte dans les tranchées du 131e pour reprendre ma pièce. Là je demande
après mon ami Georges et je le retrouve. Joie mutuelle de part et d’autre. Je
m’attarde et avec mes servants nous n’arrivons plus à trouver notre chemin,
nous tournons pendant 2 heures dans le bois, enfin nous arrivons dans nos
cabanes à 10h du soir.
Réveil à
2h 1/2.
Départ
pour les tranchées, arrivons à 3h 45 à l’emplacement du canon de 37 sur la route
de Varennes. Matinée calme.
L’après-midi
bombardement pas loin de nous mais tout va bien. Dans la nuit les boches
doivent être énervés car ils tirent tout le temps.
Matinée
assez calme à part quelques crapouillots et des souris.
L’après-midi
bombardement boche, quelques obus tombent pas loin de
nous sans faire de mal. Vers 8 heures nous entendons une canonnade très serrée
du côté de Beauséjour qui se trouve en face de nous en remontant du Four de
Paris. Fusillade, rien ne manque à la fête, on a 2 mois d’avance pour le 14
juillet, car nous avons des fusées presque toute la nuit.
Enfin nous
nous tenons en éveil jusqu’à 11h 1/2 du soir où tout redevient à peu près
calme.
Nous
sommes réveillés par un nouveau bombardement à la même place qu’hier.
Tout
s’arrête à 7h 1/2, dans la matinée rien de nouveau à signaler.
L’après-midi
nous sommes à peu près tranquilles.
A 2 heures
on vient me chercher 3 hommes pour faire des blockhaus avec l’ordre de laisser
celui que nous avons commencé à proximité du poste du canon revolver, ces
blockhaus se trouvent en première ligne. Soirée à peu près calme.
Réveil à
4h moins le quart par le saut d’une mine avec fusillade cela se passe sur
Bolante. Après dans la matinée nous recevons des crapouillots et des souris.
A 10 h,
nouvelle mine qui saute, nouvelle fusillade. Après-midi calme.
Le soir à
8h 1/2 une nouvelle mine saute sur Bolante, au bout d’un quart d’heure tout
rentre dans calme. La soirée se passe par de petites fusillades car les boches
semblent énervés.
Matinée à
peu près calme.
Vers
10h1/4 bombardement, dans le ravin, qui se rapproche de nous. Il y en a même un
qui tombe dans le boyau qui va du ravin à la place où je suis.
Après-midi
assez calme.
Soirée nerveuse
l’on dirait que les boches ont peur car ils tiraillent tout le temps. Nous
avons eu de la pluie toute la journée.
Au réveil il pleut
encore, puis cela se calme. Journée à peu près calme, nous apprenons que nous
sommes relevés dans la nuit pour aller à 263 pour 24 heures.
Réveil à
2 heures du matin nous nous apprêtons pour partir à 3h 1/4, le 113e arrive,
nous partons et arrivons à 263 à 4h 1/2. Journée consacrée au nettoyage
personnel et des pièces. Nous allons voir un gros obus boche qui doit être un
210 ou un 217.
Nous
apprenons que la musique doit jouer pour nous faire défiler au Claon.
Réveil à
3h pour partir à 4h 1/2.
En route
rien à signaler à part que notre chef de section ne peut pas trouver l’endroit
du rassemblement ce qui fait que nous ratons le défilé à notre grande joie.
Arrivée au Claon, nettoyage du cantonnement qui est
infect.
Réveil à peu près
à volonté, nous continuons à nettoyer la grange que nous occupons jusqu’au
soir. Voilà les journées de repos. Le matin je vais laver mon linge à la
rivière, cela en musique.
Réveil à
5 heures par 2 sections qui vont faire une manœuvre.
A 7h,
nous partons au tir pour brûler 900 cartouches par pièces.
L’après-midi
nous remettons cela pour le tir, encore 900 cartouches. Nous rentrons,
nettoyage des pièces.
Réveil
comme la veille pour aller au tir mais rien que le matin, nous tirons 900
cartouches par pièce.
L’après-midi,
nettoyage de la pièce ensuite jeux en plein air.
Pour ne
pas changer nous allons au tir mais cette fois ci pour ne tirer que 300
cartouches. Nous apprenons que nous remontons dans les tranchées le soir.
L’après-midi
se passe à nettoyer les pièces et à nous préparer. Mon tireur ayant eu une
discussion doit être relevé de la mitraille, c’est pour donner une leçon aux
autres qui se croient tout permis (ceci est à part).
Nous
partons à 11h 30 du soir pour la tranchée.
Marche de
nuit à travers bois nous arrivons à 3h du matin et à 3h 20 nous sommes
installés. En route mon tireur s’est endormi et est resté en route. Matinée
calme.
L’après-midi
le crapouillotage recommence, quelques-uns arrivent
sur la cabane sans faire de dégâts.
A 3
heures un plus effronté que les autres tombe sur le talus du boyau qui mène à
la cabane et de là roule par terre et éclate juste à la porte. N’ayant pas eu
le temps de rentrer dans la sape je suis projeté par terre avec un autre homme
de ma pièce et recouvert de terre, beaucoup plus de bruit et d’émotion que de
mal.
A 6
heures mon tireur arrive, il dit s’être perdu en route.
Le matin
à la soupe nous apprenons que l’Italie est en guerre avec l’Autriche, nous
avons ordre de prévenir les boches de ce nouveau fait. Dans notre secteur 5
journaux sont envoyés dans leurs tranchées.
Soirée
calme.
Matinée calme,
à la soupe je reçois l’ordre de faire faire une sape dans le secteur de la 5e
compagnie car nous devons occuper l’emplacement du blockhaus que l’on a aménagé
dans la tranchée de 1ère ligne. Nous sommes bien contents de le savoir car la
place que nous occupons n’est plus tenable à cause des crapouillots, percutants
et même des balles qui arrivent tout le temps dans ce coin-là.
Donc
l’après-midi, je vais faire un tour de ce côté-là et j’apprends que le 1er
bataillon a annoncé la mise en route de l’Italie aux boches au moyen d’un
calicot blanc où ils l’avaient inscrit en allemand.
Dans
l’après-midi, quelques crapouillots et des percutants arrivent toujours dans
notre direction, ils ne font pas de dégâts.
Le soir,
petit bombardement mais dans la nuit grand feu d’artifice.
A 9
heures, les boches font sauter leur mine en avant d’un poste d’écoute juste en
face de nous. Vive fusillade, fusées, crapouillots et bombardement de part et
d’autre. Nous apprenons que personne n’a été blessé dans ce tumulte.
Enfin à 11h
1/2 tout rentre à peu près dans le calme.
Dès 3h du
matin nous entendons une vive canonnade sur notre gauche cela doit se passer à
Beauséjour, les boches en face de nous envoient des souris mais vers 7h nous
n’entendons plus que quelques coups espacés toujours à notre gauche
L’après-midi
nous finissons notre sape pour le nouvel emplacement et le soir nous allons
prendre position dans cette place.
Réveil à
4 heures, matinée calme.
Vers 9h
nous apprenons qu’une mine va sauter un peu plus à gauche de nous. Nous la
voyons sauter juste dans l’axe de tir de ma pièce.
L’après-midi
crapouillotage qui ne vient pas de notre côté. Je
vois l’après-midi que le lieutenant qui commande la compagnie dans laquelle
nous sommes installés est légèrement tapé car nous avons une prise de bouche
tous les deux.
Matinée
calme nous aménageons notre sape car nous y logeons. Après la soupe nouvelle
prise de bouche avec le s/lieutenant toujours de la même compagnie car je n’ai
pas voulu que le musicien de ma pièce aille jouer pour distraire ces messieurs
pendant que les autres font des corvées à monter des rails de chemin de fer
pour faire un autre blockhaus pour mitrailleuse.
Enfin le
soir, je suis remis avec les deux gars qui commandent la compagnie et le
musicien va leur faire une petite audition.
Matinée
calme, après la soupe je vais voir un copain au 313e et j’arrive là juste dans
un combat de crapouillots mais maintenant ces choses ne me font plus rien. Je
reviens à ma pièce et à 4h nous faisons sauter une mine devant le 313e
c'est-à-dire à notre droite. Rien à signaler.
Nous
apprenons que nous sommes relevés dans la nuit pour aller à Bolante.
Réveil à
2 heures nous nous préparons à partir.
A 4h 1/4
le 113e arrive et nous partons. Nous arrivons à Bolante à 5h, là il faut
nettoyer les cabanes car elles sont dégoûtantes.
L’après-midi
je vais me débarbouiller dans le ravin de la Fille Morte et je vois le travail
des Marsouins. Ce coin de forêt où ils opèrent est très bien arrangé il y a
presque les grands boulevards. Je vois le petit canon de montagne de 0,065.
Réveil à
6 heures, nettoyage des pièces.
Après la
soupe du matin je vais avec ma pièce, c'est-à-dire les hommes de la pièce,
laver notre linge dans un lavoir fait par les Marsouins qui est très bien,
beaucoup en campagne ne sont pas aussi bien faits, il y a jusqu’à des boites
avec un coussin en paille pour s’agenouiller. Journée calme.
Toujours
la vie de réserve.
L’après-midi
le plateau est bombardé à shrapnells par les boches, cela tombe à 150 mètres de
nous environ donc ça ne peut nous déranger. Toute l’après-midi nous entendons
les départs et les arrivées de crapouillots, après-midi assez mouvementée.
C’est
toujours la même chose, matinée calme.
L’après-midi
jusqu’à 4 heures pareil mais le soir cela change, nous sommes bombardés et les
obus tombent vers le cimetière. Crapouillots, minenwerfer
tout enfin y vient. Un aéroplane boche vient au-dessus de nous, c’est la
deuxième fois depuis que nous sommes sur Bolante et chaque fois l’on croit
qu’il est touché car il pique tout à coup pour remonter après. Les canons le
bombardent et les éclats arrivent à nos pieds aussi on s’empresse de renter
dans les cabanes pour être à l’abri.
Enfin vers
10h 1/2 tout redevient calme.
Réveil en
sursaut par une mine qui saute sur Bolante.
A 4h 1/4
bombardement, fusillade comme d’habitude. Tout cesse à 5h 1/2 mais à cette
heure apparaît un aéroplane boche, notre chef de section nous fait sortir la
pièce et la fait mettre en batterie mais ne tire pas, il va la laisser là toute
la journée sans doute.
Je vais à
Pierre Croisée pour toucher des képis pour les hommes de ma pièce qui n’ont pas
encore le nouveau modèle. L’après-midi quelques obus fusants arrivent à
proximité de nos cabanes aussi l’on s’empresse de rentrer. Dans la soirée
bombardement à notre gauche et fusillade presque toute la nuit dans le secteur
que nous occupons.
Dernière
journée de réserve.
Matinée
et après-midi calmes.
Le soir,
nous assistons à un raid d’aéroplanes et même il y en a un qui nous fait des
virages sur l’aile très réussis pour tromper les boches qui tirent dessus.
Dans la
nuit ça bombarde toujours à gauche.
Réveil à
3 heures nous nous apprêtons à partir et à 3h 1/2 nous partons pour remonter
dans les tranchées où nous arrivons ¼ d’heure après. Prise de position du canon
revolver avec la route de Varennes comme objectif. Matinée calme.
Après-midi
crapouillotage et bombardement, un obus tombe en
plein sur la cabane de l’adjudant qui s’effondre. Le sergent et le
"tampon" de l’adjudant n’ont rien que quelques petites contusions
quant à notre chef de section lui est projeté dans sa sape et a de plus fortes
contusions qui le font évacuer.
Le soir
nous remontons dans la grande cabane car l’on doit faire un simulacre d’attaque
pendant que la 1ère division attaque sur Vauquois. Nous apprenons que les
pompiers de Paris sont là pour mettre le feu aux tranchées boches. Nous
entendons toute la nuit le roulement du canon à notre droite et à notre gauche.
Vers 11h
le soir une vive fusillade se déchaîne mais elle s’arrête à 200m environ de
notre front. Le matin mon musicien, qui avait été à l’infirmerie pour un
commencement de surdité après le crapouillot, en revenant prendre sa place est
blessé dans le devant de la jambe.
Réveil à
4h pour aller reprendre position au canon revolver.
A 6h 1/2
nous entendons des avions passer au-dessus de nous et des mitrailleuses taper
dessus, ces avions doivent être des boches. Matinée calme à part quelques
crapouillots.
L’après-midi
petit bombardement. Nous apprenons que l’attaque de Vauquois n’a pas réussi car
justement les boches devaient attaquer aussi, il n’y a que l’incendie du
terrain entre les 2 tranchées qui a réussi.
Le soir
bombardement à notre gauche presque toute la nuit.
Réveil de
très bonne heure.
A peine
arrivés une mine saute sur Bolante, légère fusillade. Matinée calme.
L’après-midi
des avions passent au-dessus de nous.
Le soir à
8 heures commence une fusillade sur Bolante qui vient à la suite d’une autre
mine qui a sauté à 6 heures. A la faveur de la nuit d’un côté ou de l’autre
l’on veut occuper l’entonnoir où ce vacarme dure jusqu’à minuit sans arrêt et
plus à gauche dans la direction de Beauséjour, tous les jours nous entendons
des canonnades sans fin.
Nous
apprenons que nous allons avoir le casque comme coiffure.
Bonjour,
réveil au jour.
Je n’ai
pas beaucoup de mal à me lever car je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. Comme les
jours précédents la matinée est calme.
L’après-midi,
quelques marmites tombent dans nos parages.
Vers 5
heures du soir, nous avons la visite d’un avion français qui est bombardé par
les boches et comme il vole au-dessus de nous les éclats et les billes de
shrapnells viennent tomber dans le boyau à la porte de la cabane mais tout va
bien personne n’est blessé.
Le soir,
nous entendons encore un bombardement à notre extrême gauche toujours dans le
même coin.
Réveil à
3h 1/4 car les servants vont continuer au blockhaus et comme c’est un mauvais
coin il faut y être de bonne heure. Les autres transportent des rails de chemin
de fer pour le couvrir.
Journée
calme, comme d’habitude nous avons notre crapouillotage
et notre séance de percutants, mais rien à signaler.
Le soir
les boches s’amusent à faire des fusillades sur toute la ligne et comme les
autres soirs à notre gauche la canonnade se fait entendre.
Nous
subissons un orage assez fort dans la soirée.
Réveil de
bonne heure car il faut aller prendre l’emplacement sur la route de
Varennes au jour. Nous ne continuons pas le blockhaus car nous avons appris que
nous changeons de secteur. C’est le 131e qui vient nous relever le lendemain et
nous irons à sa place à la cote 263. Journée calme dans notre secteur, sur
Bolante nous entendons une ou deux mines qui sautent avec la fusillade
d’habitude.
Le soir,
la canonnade à notre gauche se fait entendre. Nuit assez calme.
Réveil à
1h 1/2 car le 131e doit arriver à 2 heures. Nous
attendons jusqu’à 3h 1/2 et je profite de la relève pour aller voir Georges qui
a pris possession du secteur où se trouve l’autre pièce. Nous arrivons au ravin
des Conducteurs, nos chefs de section sont partis reconnaître nos nouveaux
emplacements. Nous arrivons au Claon à 8h 1/4. Nettoyage
personnel et des pièces.
Le soir je
vois le tireur de ma pièce qui a été relevé et qui dit ne pas trop se plaindre
de sa nouvelle place à part que les crapouillots et les mines sont très près
car les boches sont à 15 mètres et même 10 mètres de nous. Il nous dit même
qu’une mine a sauté et que personne n’a tiré.
Réveil à
5 heures car il y a prise d’armes pour remettre leurs croix de guerre à 2
hommes du régiment. Ce n’est pas fini car ce sont les premières et depuis il y
en a eu beaucoup qui ont été cités à l’ordre du jour et qui y ont droit.
L’après-midi, nous touchons des vestes de velours mais il faut coudre les
écussons dessus.
Le soir
il y a un concert. Aujourd’hui est arrivé Antonin qui avait été rappelé par la
compagnie P.L.M et qui est revenu au régiment pas de bonne volonté. (*)
(*) : Antoine Jean BITON, 26 ans, a été affecté ‘’
spécial ‘’ à la compagnie PLM (Paris–Lyon-Marseille). Il était
ajusteur-mécanicien dans le civil.
Dès le
réveil, je vais à la rivière laver mon linge et me nettoyer, cela me prend
presque toute ma matinée.
L’après-midi
nous touchons du linge neuf qu’il faut distribuer aux hommes ce qui nous prend
presque toute l’après-midi.
Le soir
nous avons revue pour le départ, nettoyage du cantonnement. Nous apprenons que
nous remontons à 1h du matin. Nous voyons dans la journée le 6e d’infanterie
coloniale et le 19e chasseurs à pied qui échangent car
ils vont s’embarquer aux Islettes, ils sont remplacés
par le 91e et le 72e d’infanterie. L’un vient du Bois le Prêtre et l’autre des
Eparges.
Le matin
je vois des amis du 113e qui me donnent quelques nouvelles. J’apprends qu’il y
a pas mal de prisonniers.
Réveil à minuit,
départ du Claon à 1h, arrivée dans les tranchées à 4 heures.
Nous prenons possession de notre nouveau secteur, je vois que nous ne sommes
pas loin des boches car mon point de repère est entre les 2 lignes et pas bien
loin de moi. Nous ne voyons pas les tranchées boches car elles sont en
contrebas. Je vais les voir en allant en première ligne, ils sont distants de 5
à 6 mètres.
Réveil à
minuit car je suis de quart jusqu’à 2 heures. Matinée calme à part que
messieurs les boches nous sonnent le réveil bien tôt car il n’est pas 3 heures
lorsqu’ils nous envoient des boites de singe. Engins dont j’avais déjà entendu
parler mais que je n’avais pas encore vus. C’est absolument une boite de
conserve à viande qui est pleine de poudre et qu’ils envoient à la main en
ayant soin d’allumer la mèche, ce qui fait que ça éclate assez fort.
L’après-midi
tout est calme quand tout à coup ils recommencent à nous envoyer crapouillots,
boites de singe et percutants. Après un bombardement assez fort ils s’amusent à
faire sauter une ou deux mines car elles sautent en même temps. C’est une
attaque mais à leur grande déconvenue ils sont reçus à coups de fusil ce qui
fait qu’ils n’osent pas sortir. Le matin ils nous avaient déjà fait sauter une
mine.
Après ce
semblant d’attaque ils recommencent à bombarder et après tout redevient calme.
Nous entendons une violente canonnade à notre droite sur Vauquois et une plus
forte encore à notre gauche du coté de Bagatelle ou de Beauséjour. Aujourd’hui
je prends le quart de 10h à minuit.
Nuit assez
calme
Réveil
par des boites de singe à 2h 1/2.
Matinée
calme l’on commence à travailler à notre sape car où nous sommes elle n’est que
commencée et il faut la finir pour se mettre à l’abri des canonnades. La veille
au soir j’apprends que mon ami Antonin a été tué d’une blessure à la tête et
une autre au défaut de l’épaule. Il n’a pas dû mourir sur le coup car d’après
ceux qui l’ont vu au cimetière son pansement avait été fait. C’est malheureux
d’être tué le lendemain de son arrivée. (*)
L’après-midi
nous recevons quelques crapouillots et quelques boites de singe. Je vois que
notre séjour sera mouvementé.
A 6h
nouveau bombardement et crapouillotage qui dure 1
heure mais tout rentre dans le calme et nous sommes toujours là. Je fais mon
quart de 8 à 10 et après je m’endors ferme.
(*) : Antoine Jean BITON, 26 ans, mort pour la France
dans la forêt d’Argonne le 16 juin 1915. Voir
sa fiche de décès -
Voir sa fiche matriculaire.
Contre
leur habitude, messieurs les boches ne nous envoient pas de boites de singe et
même ils sont très calmes.
Ce matin
à 6h 1/2 une mine saute à notre droite et une à notre gauche pas de fusillade,
cela commence à être trop couru ces sortes d’amusement.
Le
restant de la matinée est calme. L’après-midi aussi.
Nous en
profitons pour travailler ferme à consolider notre cabane et à notre caverne
abri, nouveau nom que l’on doit donner aux abris souterrains que nous faisons contre
les bombardements.
Nous
apprenons que lorsque la mine à sauter il n’y eu qu’un seul coup de fusil tiré
et il a tué un homme. C’est un peu de sa faute car il s’est montré par-dessus
la tranchée et à ce moment le boche le guettait et l’a tiré. (*)
Vers 6
heures nous avons notre petit bombardement, pas dangereux.
(*) : Le seul homme du 4ème régiment d’infanterie tué ce
jour-là est Fernand MOUSTIER, 23 ans. Voir
sa fiche.
Réveil à
3h ½, j’ai passé une mauvaise nuit car je n’ai pu dormir. J’entends une
mitrailleuse qui tire à notre droite.
A 6
heures une mine saute juste devant nous, du créneau de ma pièce j’assiste à ce
spectacle et vois une gerbe de pierres, de terre et de fumée qui s’élève assez
haut, on ne peut voir si il y avait quelqu’un dedans. Ce n’est pas rare
lorsqu’une mine saute d’avoir quelques hommes emportés avec.
A 6h 1/2
petit bombardement. Après la mine d’aujourd’hui pas un coup de fusil n’est
tiré. Le reste de la matinée est assez calme.
Vers 2
heures de l’après-midi l’on nous prévient que l’artillerie va bombarder mais à
notre grande surprise c’est les boches qui ont le dessus et cela arrive assez
près de nous. Un obus arrive sur le mur de clôture de la cabane et tout l’air
et la poussière rentrent chez nous. L’odeur est mauvaise car elle
m’endort heureusement pas trop profondément.
Nous
apprenons à 4h qu’une mine doit sauter à notre gauche. Elle saute à 4h 1/2 rien
de grave arrive.
Soirée
calme à part la canonnade à droite sur Vauquois et à gauche toujours à la même
place De la mine qui a sauté le matin je vais voir le puits dans l’après-midi
et je vois que 7h 1/2 après il sort encore des odeurs et que les hommes de
garde qui sont dans le boyau sont obligés d’être relevés toutes les 10 minutes
car ils s’endorment ou sont malades et depuis le matin c’est comme cela.
J’ai
débarrassé mes poches de toutes les lettres, j’en avais au moins 3 kilos.
Réveil en
sursaut à 2 heures car nos voisins d’en face nous envoient des boites de singe,
des crapouillots et je constate qu’ils sont plus bruyants qu’aux Meurissons car
là, au moins le dimanche, ils nous laissaient tranquilles jusqu’à 10 heures
environ, sans doute allaient-ils à la messe implorer le bon vieux Dieu boche
mais ici ils voudraient peut être que nous les accompagnons mais nous n’y
tenons pas.
Depuis
le petit jour nous entendons une formidable canonnade à notre gauche l’on ne
peut voir exactement où cela se passe car le son est indistinct. Restant de la
journée assez calme, vers le soir nous avons notre petit bombardement
quotidien. Nous savons que nous sommes relevés et que nous partons à Clermont. (*)
Nuit
assez calme, quelques crapouillots et boites de singe sont envoyés dans la
nuit.
(*) : Clermont-en-Argonne.
Réveil à
2 heures pour la relève, le 82 arrive à 3h et nous voilà partis par une route
qui n’est pas bien pratique car la route la plus directe est battue par
l’artillerie boche. Arrivée à Clermont où nous apercevons les ruines. Je suis
très fatigué vu que j’ai une ampoule de sang sous le pied droit.
Aussitôt
arrivés nous avons notre nettoyage personnel et celui du matériel
Le soir
nous voyons que Vauquois est toujours bien bombardé. Je me couche de bonne
heure car je suis fatigué.
Réveil à
5h 1/2, aussitôt l’on nous apprend que l’on va à l’exercice à 6h 1/2. Cela dure
jusqu’à 9h.
A 9h 45
revue. Repos jusqu’à 1 heure de l’après-midi, ensuite théorie et jeux jusqu’à
4h.
Le soir je
mange dans un petit bistro installé dans les ruines qui a nom " à la
gloire du Ve corps ". Journée assez calme sur la ligne car de l'endroit où
nous sommes nous voyons depuis le Four de Paris jusqu'à passer Vauquois.
Réveil
comme la veille. Journée identique sauf que le soir cela donne beaucoup plus
dur sur Vauquois. Nous nous préparons pour la marche du lendemain.
Le matin
nous avons eu prise d'armes pour remettre la croix de guerre à un lieutenant et
à un homme, puis défilé devant le général du corps.
Réveil à
3h, départ à 4h pour la marche. Le soleil tape dur mais enfin l'on arrive tout
de même. Avant d'arriver dans Clermont nous faisons la haie pour permettre au
général d'assister au défilé et nous voilà repartis pour défiler.
Le soir,
nous avons revue d'armes. Mon ami Albert Botraux
vient me voir, il est au bataillon de marche du 82e.
Après la
soupe du soir je vais au champ d'aviation qui se trouve à 200 mètres de
Clermont.
Réveil à
6h l'exercice commence 1/2 heure plus tard car le général a été content de
notre retour de la marche. Il pleut à torrents c'est de l'orage mais ça donne
dur, aussi nous avons théorie.
Après la
soupe l'on remet ça avec leur exercice.
Le soir,
je retourne à l'aviation et je vois atterrir deux appareils, l'un avait été
l'observateur l'autre avait lancé des bombes sur l'usine électrique de Varennes
qui flambe. Aussi les boches qui se servent de cette usine pour actionner un
train de ravitaillement se mettent à bombarder Aubréville
qui lui aussi se met à flamber cela fait très bien mais c’est triste de voir
ces fumées et ces lueurs qui montent dans le ciel avec l’obscurité de la nuit
qui vient.
Sur
Vauquois ça bombarde toujours.
Réveil
comme les autres jours et, dame, nous boudons un peu l’exercice mais
véritablement je préfèrerais bouder encore plus et de rester ici car la vie est
presque agréable. Il n’y a que le passage des blessés et surtout d’être loin de
chez soi qui nous fait voir que c’est la guerre.
L’après-midi
préparation à la revue de départ, à 4h revue. A 4h 1/2 soupe.
A
6heures l’on vide les cantonnements pour nous mettre dans un pré et à minuit
départ. Nous touchons nos mousquetons.
(*) : Les mousquetons sont des fusils plus petit et moins
lourds que les fusils lebel qui équipent les fantassins français. On peut
penser que les mitrailleurs sont équipés d’un mousqueton, car ils doivent
transporter en plus la mitrailleuse et tous les équipements annexes.
Départ à
minuit de Clermont par Lochère car comme nous sommes
en pleine nuit l’on ne craint pas que les boches nous voient. Arrivée aux
tranchées à 4 heures.
Aussitôt
arrivés les boches nous font sauter une mine, petite fusillade. Je m’endors car
je suis très fatigué de la marche de nuit. Je suis réveillé en sursaut vers 8
heures du matin par une autre mine boche qui saute, cette fois pas de
fusillade, tout redevient calme. Ce n’est pas comme à notre gauche où depuis le
matin ça bombarde et ça tire ferme, cela dure toute la journée et à la tombée
de la nuit nous croyons que la maladie gagne car la fusillade se rapproche mais
enfin elle s’arrête un peu à gauche.
Les boches
sont moins turbulents que la dernière fois.
Nuit
tranquille, les boches sont sages car dans la journée ils ne nous font qu’un
tout petit bombardement. Nous apprenons que la canonnade et la fusillade de la
veille était une attaque boche à Bolante mais elle a été repoussée.
Le soir le
bombardement reprend de plus belle à notre gauche.
Réveil
calme vraiment l’on ne reconnaît plus les messieurs si turbulents de la
dernière fois. Matinée tranquille.
Vers 2h
1/2 de l’après-midi nous commençons à leur envoyer des crapouillots mais les
boches se fâchent et nous répondent d’une façon terrible heureusement sans dégâts.
Le soir,
nouveau bombardement suivi de fusillades qui gagnent au point qu’à onze heures
je fais lever tout le monde croyant à une attaque.
A 11h 1/2
tout redevient à peu près calme. Comme travail dans la journée nous faisons un
boyau pour faire des cabinets à proximité de notre cabane.
Nous
sommes réveillés par une forte canonnade sur notre gauche c’est sur Bolante et
le Four de Paris.
A 8h ½,
arrêt de la canonnade pour faire place à une violente fusillade qui gagne un
peu sur la droite mais s’arrête avant d’arriver à nous.
Reprise
de la canonnade vers 10h qui dure jusqu’à 4h, suivie d’une fusillade puis vers
6 heures les artilleurs remettent cela, ça dure une bonne partie de la nuit.
Vers 9
heures devant nous une mitrailleuse boche se met à tirer quelques coups mais ce
n’est pas suivi. Toute la nuit nous entendons les canons et les fusils cracher.
Réveil en
sursaut à 4 heures car une mine vient de sauter un peu à gauche mais pas bien
loin, quelques coups de fusil sont seule réponse. Cette mine était boche.
A 6h,
une nouvelle mine me surprend en train d’écrire, c’est encore le voisin d’en
face qui fait des siennes mais cette fois pas un coup de fusil ne lui répond. Nous
entendons toujours la canonnade à notre gauche depuis près de 2 jours ça
n’arrête pas de la journée.
Dans
l’après-midi nous avons deux séances de crapouillotage
et de bombardement. Dans le milieu de la nuit quelques coups de fusil ont lieu
légèrement à gauche, c’est une patrouille qui a été surprise.
Matinée à
peu près calme. Nous apprenons que nous sommes relevés dans la nuit. Tout à
fait à gauche la canonnade continue toujours.
L’après-midi
nous avons notre petit bombardement journalier.
le soir nous
apprenons que le 82e qui devait nous remplacer quitte l’un des emplacements
qu’un de leur bataillon occupait en réserve au ravin de Cheppe
pour aller à la Croix de Pierre rejoindre les autres bataillons en renfort où
cela tape depuis 8 jours. C’est un bataillon du 113e qui vient dans le ravin de
Cheppe.
Vers le
soir l’on vient me prévenir qu’une mine boche doit sauter car le génie les a entendu "beurrer" leur mine.
Dans la
nuit mon chef de section fait une ronde et m’annonce qu’il y a 6 ou 7 mines qui
doivent sauter.
Réveil à
4 heures par une mine boche qui saute mais ce n’est pas celle que l’on m’avait
averti la veille. Je me recouche et à 6 heures une autre mine saute mais c’est
à notre gauche. Nous n’entendons plus le bombardement tout à fait à notre
gauche sans doute les attaques sont terminées. Pendant la soupe les boches nous
envoient quelques obus.
Après-midi
calme mais à 6h 1/4 du soir nous commençons à leur envoyer des bombes, cette
fois nous avons la parole car les boches se sont arrêtés avant nous.
A 9h ½,
nous apprenons que nous sommes relevés dans la nuit, joie générale chez nous
tous.
Réveil à 2h 1/2
préparatifs de départ, départ à 4h 1/4 pour Clermont Arrivée à 9h1/4. Nettoyage
des pièces, du matériel et personnel. Je passe la nuit dans un pré où l’on est
très bien.
Réveil à
5h ½.
A 6h 1/2
exercice jusqu’à 9h 1/2, ensuite re-nettoyage du
matériel et revue à 2h.
L’après-midi
court le bruit que l’on doit monter dans les tranchées
La soirée
se passe sans changement donc nous restons.
Après le
jus nous allons à l’exercice, après nouvelle revue d’armes.
Après-midi
théorie, jeux lorsque tout à coup l’on apprend que l’on remonte dans les
tranchées relever le 82e. Préparatifs de départ, nous apprenons que le 82e est
relevé pour aller attaquer aux Meurissons avec 2 compagnies de chasseurs à pied
du 66e qui reviennent d’Arras et sont venus là pour renforcer notre région.
Le soir,
je couche dehors lorsque tout à coup je suis réveillé par des coups de tonnerre
et quelques gouttes de pluie, vivement je rentre car un orage s’abat aussitôt
et qu’est-ce qu’il tombe !
A 10h
1/2 réveil, chargement et en route.
A 11h, en
partant nous entendons des canonnades partout devant nous. Il ne pleut plus
mais la route est mauvaise et glissante, en plus de cela la pluie a fait
ressortir la chaleur de la terre et l’on se figurerait marcher dans une
fournaise.
Arrivée
aux tranchées à 3h 1/2, nous reprenons nos emplacements et le 82 nous dit qu’il
va attaquer le lendemain aux Meurissons.
A 8h ½,
une mine française saute, rien d’anormal.
A 1h de
l’après-midi, commencement d’un petit crapouillotage.
Sur la gauche depuis le matin nous entendons taper le canon mais beaucoup moins
serré que la semaine dernière.
A 6 heures
du soir, combat de crapouillots et de canons pendant une 1/2 heure. Nuit à peu
près calme, l’on entend la canonnade et la fusillade à notre gauche mais rien
devant nous.
Réveil en
sursaut à 4h 1/4 par une mine qui saute, pas un coup de fusil. Matinée assez
calme l’on attend toujours l’attaque que le 82e doit faire mais la journée se
passe sans qu’elle se produise.
A 2h ½,
nous avons notre bombardement quotidien. Le soir l’on est prévenu de veiller
ferme toute la nuit.
Vers 8h
½, nous entendons une forte canonnade et une fusillade tout de suite à notre
gauche. L’on croit que c’est l’attaque qui se produit. Par trois fois la
canonnade et la fusillade s’arrêtent et reprennent après, cela dure jusqu’à
minuit mais nous avons du mal à croire que c’est l’attaque qui se déclenche.
Rien ne
vient troubler notre secteur.
Par un
effet du hasard nous ne sommes pas réveillés par le saut d’une mine c’est assez
rare. La matinée est assez calme il n’y a qu’à l’heure de la soupe que nous
essuyons quelques coups de canon boche.
L’après-midi
à 3h ¼, nous avons notre petit bombardement, c’est régulier, vers 2h nous
avions eu notre mine journalière car cela semblait drôles de ne pas l’avoir eue
aujourd’hui.
Dans la
nuit les boches sont énervés car ils tirent souvent mais rien d’anormal ne
vient nous déranger. Nous allons toucher des casques au prochain repos. Il y a
des permissions pour les hommes ayant au moins 6 mois de front et la proportion
n’étant pas énorme je ne sais quand viendra mon tour.
Réveil en
sursaut à 3h 1/2 par une mine qui saute, pas un coup de fusil ne répond à cet
exploit.
Matinée
à peu près calme à part à l’heure de la soupe quelques percutants arrivent
au-dessus de nous. L'après-midi est assez tranquille.
A 6h, nous
avons notre petit bombardement journalier, cela dure jusqu'à 7h, après nous
entendons une canonnade assez fournie et une fusillade sur notre gauche.
A 4h ½,
une forte détonation se fait entendre chez les boches, nous croyons que c'est
une boite à poudre pour crapouillots qui vient de sauter.
Tout à
fait au matin c'est assez calme mais vers 10 heures nous commençons à être
bombardés par des petites pièces, il y a même un 77 qui tombe sur mon blockhaus
mais ne fait qu'écarter un peu de pierres car ce sont les obus les moins
dangereux.
Mais
vers midi les grosses marmites se mettent à pleuvoir et cela dure tout
l'après-midi, c'est au point que nous croyons avoir une attaque.
A 5
heures, nous commençons un combat de crapouillots et autres ustensiles tels que
pétards, boites de singe et percutants.
A 8h,
les boches envoient 2 fusées, plus ça va plus nous croyons à l'attaque aussi
l'on fait prendre le service double dans le blockhaus et nous prenons le quart
à 6 pour que le service soit plus vigilant.
A 9h, l'on
m'envoie ordres sur ordres car plus ça va plus l'on craint l'attaque. Enfin la
nuit est complète et rien ne se dessine. Dans les compagnies qui nous entourent
l'on fait faire des alertes pour voir le temps qu'il faudrait pour que tout le
monde soit à son poste.
A 3 heures
du matin, le sergent de la 4e section vient me chercher pour prendre ma
faction, j'ai la chance de prendre au petit jour. Je prends jusqu'à 4h 1/2, là
je me fais remplacer par mon suivant. Je me recouche mais je suis réveillé par
le cuisinier qui apporte le jus que je bois couché.
Ensuite
c'est une mine boche qui saute mais l'on est habitué maintenant à leurs façons
et cela ne vaut pas la peine de brûler une cartouche. Aussi dégoûté de ne
pouvoir dormir je prends le parti le plus sage de rester debout et je me mets à
écrire.
A 7h ¼,
du matin le marmitage de la veille au soir à l'air de reprendre car nous
entendons les éclatements en arrière de nous. C'est un véritable bombardement
car tout à coup les minenwerfer font leur entrée en
action, c'est la première fois que j'ai l'occasion d'en voir. C'est tout ce que
l'on peut imaginer de terrible car cela fait des trous
de 1m80 à 2m de profondeur.
Dans la
tranchée à gauche de mon abri, il y a 2 ou 3 hommes qui sont enterrés dessous,
l'on ne peut les dégager qu'à la nuit car l'endroit où ils sont est bombardé
par un canon revolver.
L'après-midi
nouveau bombardement un peu moins intense que la veille et que dans la matinée.
Je prends le quart de 9h à 11h 1/2 du soir
La nuit est assez calme, à part à gauche cela
mitraille.
Dès 3h
1/2 du matin, un violent bombardement commence et l’on sent tout de suite
l’attaque, cela dure 4h c'est-à-dire jusqu’à 7h 1/2.
50.000 obus seront tirés…
A cette
heure la fusillade se déclenche dure. La compagnie qui est devant moi tient bon
mais les compagnies de gauche lâchent pied et tout à coup l’on croit bien être prisonniers. L’on n’a pas de nouvelles de la première pièce
et on la compte comme disparue.
Enfin
vers midi, l’on a un peu de renseignements: les boches
ont percé à notre gauche et sont venus jusqu’à la cabane du colonel, ils ont
fait prisonnier le service médical. Ce qui fait que nous en avons devant nous,
à gauche et derrière nous, ce sont des chasseurs.
Vers
deux heures, l’on vient me chercher pour prendre le commandement d’une pièce
qui a pu se sauver, elle est placée très à droite de ma position, pour y aller
il faut passer à découvert car toutes les tranchées sont éboulées.
Vers 4h
½, je reçois l’ordre de retourner à ma pièce. Je refais le chemin en sens
inverse avec notre cuisinier qui était parti le matin à 3h pour faire le café.
J’apprends alors qu’il y a une section de boches avec deux pièces de
mitrailleuse qui est venue dans la cabane où les hommes du génie ont l’habitude
de se reposer en sortant de travailler dans les mines. Le 82 venu en renfort va
3 fois à l’attaque mais ne peut parvenir à les faire se rendre. Un peu plus bas
dans le boyau central de sortie il y a 2 sections boches qui sont cernées,
elles aussi ne veulent pas se rendre car elles sont à la bonne place, juste à
l’endroit où elles se trouvent il y a le dépôt de munitions du bataillon.
Enfin la
nuit vient, par instant nous avons des fusillades terribles ce qui nous tient
en éveil toute la nuit.
Le matin à
10h, environ il y a un boche qui est arrivé à l’entrée de mon blockhaus, il est
touché par un coup de fusil, il se sauve en vitesse. Un peu après un autre
voulant sans doute trop s’approcher est tué à 4m de l’entrée de ma cabane. Nous
avons à la section 1 blessé. Nous n’avons rien mangé de la journée.
Après une
nuit assez agitée, le matin au lever du jour nous respirons car là on voit ce
que l’on fait.
Nous
recevons l’ordre de chercher un emplacement face à l’arrière car l’on craint
que les boches essaient par les endroits où ils ont percé de nous attaquer par
l’arrière.
A 4h,
nous voyons que le caporal de notre première pièce est revenu, il a passé avec
ses hommes toute la journée enterrés dans une sape et le soir à 7h 1/2 on les a
déterrés, parmi ces hommes il y en a 4 d’évacués: 3 blessés et Paulin sourd comme un pot car un boche
en passant à côté de leur sape a jeté une grenade qui a touché l’un à la face
et les deux autres aux jambes. Quant à Paulin,
c’est la détonation qui l’a rendu sourd. L’on apprend à 4h1/2 que l’on va faire
un bombardement à 7h et l’on dit même qu’il y a une division qui est arrivée
pour faire la contre-attaque.
A 7h le canon gronde pas longtemps et aussitôt une vive fusillade
retentit. C’est une contre-attaque sur notre gauche car par
là les boches sont arrivés assez loin. Nous commençons à être au courant
de la situation qui est assez critique pour nous.
A midi
l’on nous monte du café et à 1h un peu de pain, 1 boite de singe et 1/2 quart
de vin, nous reprenons confiance car l’on peut se ravitailler en faisant un
grand détour. Un cuisinier est allé vers les conducteurs pour avoir quelque chose
à manger et au moment où il était avec eux une marmite boche arrive dans leur
cabane qui s’écroule blessant 3 hommes.
Nous
apprenons que les boches pour empêcher le renfort de venir ont envoyé des gaz
asphyxiants très loin car le vent était contre eux.
Vers 6h
½, le chef de notre section nous dit d’évacuer car les boches qui sont derrière
nous que l’on croyait coupés ne le sont pas et l’on craint une attaque et l’on
a peur d’être prisonniers. Dans l’après-midi 1 homme de la première section
revient, il a pu s’échapper en se sauvant. Ils ne sont pas nombreux car sur la
1ère et 2e section on compte 5 hommes de revenus sur 44, c’est peu, les autres
doivent être prisonniers. A la 4e section il y a eu, pendant le bombardement de
la veille, 1 mort et 1 blessé.
Lorsque
nous quittons notre emplacement nous nous replions sur la droite vers la 4e
section et nous passons la nuit dehors sous la pluie avec des fusillades
terribles derrière nous a même pas 50 mètres. C’est
sur les boches qui sont dans le boyau
Triste fête
nationale. Vers 5 heures il nous arrive de la viande, du vin c’est déjà quelque
chose. Nous avons touché nos lettres du 13 et du 14 cela nous remonte tout à
fait.
Après
avoir été mouillés toute la nuit nous recevons l’ordre d’aller au poste de commandement
pour nous installer face à l’arrière. Nous construisons de suite une place pour
nous mettre en batterie
Le 75 fait du tir de repérage pour bombarder
les boches qui sont toujours dans le boyau et en faisant leur tir il y a un
obus qui est un peu long et vient blesser un homme du 82e qui était dans la
tranchée.
Vers 2
heures l’on nous amène à manger cette fois ce n’est pas trop tôt. L’on nous
envoie du vin et de l’eau de vie, c’est à profusion que l’on peut en avoir, pas
du vin mais de l’eau de vie.
Vers 3
heures, après avoir reçu des crapouillots, des boites de singe, des boches,
l’on croit qu’ils veulent sortir mais ce n’est rien. Le 75 se met à taper dessus et ils arrivent des éclats dans notre
tranchée qui blessent 4 ou 5 hommes de chez nous, aussi on fait téléphoner tout
de suite de cesser le tir. Peu après les boches d’en face nous envoient cette
fois des minenwerfer, nous demandons au commandant ce
que l’on doit faire, il nous dit que l’on peut se replier car les compagnies
évacueront les tranchées à la petite nuit donc nous redescendons vers la 4e
section.
Le matin
j’étais allé avec ma pièce prendre position dans le bas du ravin de Cheppe et à peine arrivé je reçois l’ordre de remonter là
où j’ai fait mon blockhaus.
Vers 5h
1/2, les compagnies commencent à se retirer et nous recevons l’ordre de partir
avec la dernière compagnie ce que l’on fait avec joie car l’on a assez de cette
vie. L’on doit aller occuper des tranchées dans la plaine de Boureuille. Dans tout cela ce n’est pas le filon. Donc nous
voilà partis et après une bonne heure de marche l’on reçoit l’ordre de revenir
prendre les positions et de tenir pendant 24 heures encore car l’on attend un
corps d’armée de renfort. Donc la nuit étant venue nous voilà repartis en sens
inverse, par une nuit noire, à remonter dans les tranchées.
Tout à
coup l’on s’arrête car la canonnade donne dur et la fusillade aussi, l’on
entend les marmites arrivées au-dessus de notre tête mais l’on n’y fait guère
attention, car depuis 5 jours l’on est maintenant habitué à ces sortes de
musiques. On se perd plusieurs fois et l’on arrive tout de même à reprendre le
boyau que l’on avait quitté le soir à 1h 1/4 du matin. Je prends position dans
le bas de ce boyau et là on y passe la nuit. Je suis la pièce la plus à droite.
Tout le
restant de la nuit il ne fait que passer des hommes qui remontent dans ce boyau
pour reprendre leurs emplacements, c’est une marche fatigante que celle que
nous venons de faire et les hommes sont fourbus.
Au petit
jour les hommes des compagnies passent toujours et après c’est le matériel que
l’on avait déménagé la veille qui repasse de mains en mains jusqu’à la cabane
du commandant. A 5 heures, deux rescapés des 1ère et
2e sections nous apportent le jus.
A 5h ½,
je reçois l’ordre de remonter pour prendre position dans le terre-plein
au-dessus du boyau d’où je prends le boyau des boches en enfilade. Je fais
préparer un chemin pour aller à la place où je fais mettre la pièce car juste à
cet endroit une mitrailleuse boche tape dur chaque fois que quelqu’un se
montre.
A 8
heures, en sortant des cabinets, je reçois un éclat de 75 dans le genou mais
pas assez fort car il ne me fait rien, sans cela c’était une bonne blessure.
J’ai juste reçu le coup mais cela n’est pas rentré même pas dans le pantalon.
Je préfère cela encore car j’espère que notre calvaire tire à sa fin.
Dans ce
boyau c’est un encombrement terrible car l’on voit au moins 6 régiments qui
sont mélangés, il y en a qui montent d’autres qui descendent et ainsi de suite.
L’on passe les blessés et les morts par ce boyau.
Après-midi
à peu près calme j’en profite pour dormir un peu car j’en ai vraiment besoin.
Vers 5h je me réveille et là je revois le défilé d’hommes et de matériel hors
d’usage, il y a des fusils boches et des baïonnettes.
Dans la
nuit, il passe un cadavre boche, il est un peu plus malmené que les nôtres car
l’on ne prend aucune précaution pour les transporter.
Vers 9h
une vive fusillade s’entend dans le boyau occupé par les boches.
Vers 2h
du matin le 17 une attaque boche contre une compagnie est vivement enrayée.
Le JMO du régiment note les pertes de 41 tués, 200
blessés et 1100 disparus…
Journée
comme la veille.
J’apprends
que le lendemain j’irai passer deux jours à mon ancien blockhaus. Les attaques
contre le grand boyau sont sans cesse renouvelées mais l’on n’avance pas vite.
Le soir,
nous entendons au-dessus de nos têtes une attaque dont on ne connaît pas le
résultat. Le soir je fais un autre emplacement par-dessus un parapet.
Le matin
à 3 heures, nouvelles attaques françaises contre le boyau de derrière.
A 9h ½,
je remonte avec mes hommes à mon ancien domicile relever la 1ère pièce de chez
nous. La position est toujours la même, je refais faire un emplacement derrière
la cabane pour si les boches voulaient percer par la gauche. La position n’est
pas enviable car l’on n’est même pas à 10 mètres d’eux.
Dans la
nuit combat de grenades et de pétards de part et d’autre.
Nuit très
mauvaise car il ne faut pas songer à dormir, loin de là, il faut veiller
constamment. Au petit jour nous entendons le canon français qui en met un coup
et à 7h trois compagnies attaquent dans le boyau, ils réussissent à reprendre
30 mètres, c’est incroyable le nombre de blessés et de morts qu’il y a. Le
restant de la journée est à peu près calme auprès des autres jours et nous
regardons souvent l’heure car l’on sait que la première pièce de chez nous
vient nous relever le lendemain à 9h 1/2.
Après
avoir passé 48 heures dans ce coin là l’on est à moitié fou. Dans la nuit
combat d’artillerie et de grenades.
Vers 3
heures du soir, notre chef de section est tué par une branche de hêtre coupée
par un obus et qui est tombée juste sur lui. (*)
La mort a
été instantanée.
(*) : Il s’agit du sous-lieutenant Philippe Louis ANDRÉ,
27 ans. Voir
sa fiche.
Aussitôt que
le jour parait nous respirons car l’on sait que notre calvaire va bientôt
prendre fin, aussi c’est avec joie que nous voyons la première pièce nous
relever à 7h 1/2.
Nous
redescendons dans le bas nous installer dans le blockhaus en plein air. Je suis
tellement fatigué que j’ai envie de me faire porter malade mais le lieutenant
qui commande le peloton me dit de tenir encore un peu car nous sommes relevés
dans l’après-midi, 2 pièces à 2h et 2 à 4h. Je fais partie de la 2è fournée.
Vers
onze heures, les boches font des tirs de repérage et il y a un petit montagnard
qui éclate juste devant mes yeux à 3 mètres de moi, je ne suis pas touché c’est
une veine.
A 2h ½,
une section du 82 arrive mais n’a pas l’air d’être empressée de monter à ces
emplacements car les minenwerfer commencent à tomber
ferme, enfin tout de même ils se décident. Alors commencent les minutes
d’impatience de notre part et l’on regarde souvent la montre pour voir 4h
arriver.
Enfin
nous poussons un soupir car voici l’heure mais nous avons été trop vite, le
bombardement boche reprend de plus bel et nous voyons l’attaque inévitable
aussi l’on en prend son parti mais l’on se demande si l’on en sortira vivant.
Tout à
coup un obus éclate sur le parapet de la tranchée en face de la sape ce qui
obstrue un peu l’entrée. Le moment d’émoi passé nous entendons toujours le
bombardement. La tranchée devant nous est comblée et prise en enfilade par une
pièce boche, aussi c’est inimaginable le nombre d’hommes touchés dans ce
coin-là.
A 6h,
les boches attaquent à gauche et la canonnade continue sur nous pour empêcher
le renfort d’arriver.
A 6h ½,
nous voyons le moment d’évacuer la position et la pièce, aux prises de pas mal
de balles nous réussissons à l’amener dans ce qui reste de boyau et nous
essayons de nous replier mais ce n’est pas un petit travail car les obus, les
balles sifflent ferme et je crois bien que notre dernière heure est arrivée.
Après
avoir fait 100 mètres il nous est impossible d’aller plus loin, nous décidons
de remonter et c’est encore plus dur que de descendre car nous sommes obligés
de marcher sur les genoux, c’est encore un miracle que nous y arrivions.
Nous
attendons la nuit pour redescendre, chose que nous faisons à 8h 1/2 et là on ne
fait plus attention à se cacher car depuis 4h 1/2 que nous en voyons de toutes
sortes que vraiment l’on est sûr d’en échapper. Nous passons par-dessus les
parapets, nous marchons sur des cadavres, des blessés, des hommes enterrés,
nous sommes complètement fous. Au premier essai de sortie j’ai eu mon chargeur
qui passe par-dessus le parapet et s’enfuit, nous le comptons pour mort. Mon
aide-chargeur revient vers 7h 1/2 enfin c’est une véritable pagaille. Après
avoir réussi au milieu de la nuit à sortir du boyau nous parcourons les bois et
nous ne savons pas trop où nous allons. Finalement je rencontre un caporal de
l’échelon de chez nous, il charge mon matériel et nous arrivons à 2h aux
conducteurs, là j’apprends que mon chargeur que je croyais tué
est arrivé sain et sauf avec son trépied.
Je mange un
peu et je tombe écrasé par la fatigue. Je dors aux conducteurs.
A 6h les agents de
liaison viennent voir si nous sommes arrivés, ils ont ordre de nous retrouver
et de nous ramener au commandant de compagnie qui se trouve au ravin de Cheppe, tout en renaudant nous y allons et là nous
apprenons que nous devons retourner d’où nous venons car nous allons un peu en
arrière pour nous reposer. J’en profite pour me reposer car je tombe de
fatigue. Toute la journée je dors après avoir écrit quelques lettres. Dans la
nuit nous entendons une fusillade et l’on reçoit l’ordre de se tenir prêt,
heureusement il n’y a pas de suite.
Depuis
quelques jours je suis pris de fièvre et c’est à un point que j’hésite à me
faire porter malade.
Dans la
journée je n’ai guère la force de faire quoique ce soit. Ici nous sommes à peu
près tranquilles.
Nous
voyons le soir tout l’état-major du régiment qui vient nous retrouver, nous
respirons car c’est le signe que nous ne remontons pas dans les tranchées. Un
détachement qui devait nous rejoindre est décommandé, il nous attend au repos.
Nuit
meilleure que la veille mais je suis quand même malade aussi je n’hésite pas je
vais à la visite et sur la réponse du major qui me fait entendre que j’ai une
place assez bonne que je ne pousse pas trop pour me faire évacuer mais il me
dit que si le lendemain cela ne va pas mieux il m’enverrait à l’infirmerie.
Ce n’est
pas le rêve et en plus de cela je cours le risque de perdre ma place de
mitrailleur aussi je me dis bien que le lendemain je n’irai pas. En plus de
cela nous apprenons que nous partons un peu plus loin pour aller au repos.
Après toute la journée je reste couché.
Le midi il
pleut à seaux, le soir cela remet ça.
Réveil à
4h moins le quart, nous partons pour la Maison Forestière à 4h 1/2. Il y a
exactement 1/2 h de chemin, nous voyons en passant à la Maison Forestière le
passage de l’obus que les boches lui ont envoyé. Nous remarquons que le
cimetière est rempli, c’est vrai qu’il y a des boches et des français.
Le soir
nous apprenons que nous partons pour Clermont le lendemain matin.
Départ à
4h 1/2 pour Clermont, arrivée à 8h car c’est une marche de tortue que nous
faisons. Pour l’arrivée: défilé en musique. Les chefs
avaient sans doute honte de ramener un régiment aussi démoli car ils ont fait
venir du renfort à la Maison Forestière, de cette façon le régiment est un peu
remonté. Repos toute la journée.
Le soir
nous voyons un hangar, où il y a des chevaux, flamber, c’est dû à la
malveillance des hommes.
Le matin,
nous passons une revue en tenue de campagne pour notre capitaine qui est revenu
après une blessure à l’œil. L’après-midi arrive du matériel pour remplacer
celui que l’on a perdu.
Dans la
soirée 1 bataillon du 29e territorial arrive du camp retranché de Paris pour
rejoindre les 2 autres de leur régiment qui sont dans nos parages.
Dès le
matin échange d’effets, je touche un pantalon de velours que je suis obligé de
rendre car il n’y en a pas assez pour la compagnie. Après nous devons faire la
réception du matériel car on donne à la section des mitrailleuses sur
voiturettes.
L’après-midi
même travail, en plus nous versons nos pièces à la 2e section car les sections
manquantes ont été remplacées et par un effet du hasard il n’y a pas eu
d’avancement chez nous, pour remplacer les sous-officiers et caporaux
manquants. On prend des gradés venus du dépôt qui ne sont pas venus ou presque
pas au feu, enfin c’est militaire.
Le soir le
29e territorial s’en va autre part.
Le matin,
nous allons à l’exercice avec nos voiturettes, nous avons l’air de faire la
manœuvre de la pompe. L’après-midi, théorie.
Le soir
le 30e territorial débarque à Clermont et nous voyons une ferme de Neuvilly flamber, c’est un obus boche qui y a mis le feu.
On installe à 800m de la tuilerie une saucisse, sorte de ballon captif, pour
observer.
Tout le
soir violente canonnade sur tout le front qui est devant nous.
Prise
d’armes, présentation du drapeau aux nouveaux arrivés car nous avons reçu 400
hommes du 329 pour nous renforcer (*), remises de croix de guerre, allocution du général.
A midi
repas amélioré à cause de la prise d’armes. Nous touchons des casques, avec ça
c’est tout à fait le pompier.
Après-midi,
théorie.
Nous
apprenons le soir que les permissionnaires partent dans la nuit, c’est le
premier départ.
(*) : Il s’agit du 329e RI dont le JMO indique fournir le
22 juillet un détachement de 400h.
Le matin
exercice un peu à la ‘’ je m’en foutisme ’’ car
l’officier qui nous commande est le rescapé qui était avec nous pendant les
attaques. Nous apprenons que nous remontons en ligne le soir.
L’après-midi
préparatif de départ.
Départ à
minuit. Nous sommes derrière le 3e bataillon, nous ne marchons pas vite car
après une demi-heure de marche nous faisons la pause. Ensuite nous faisons
l’étape réglementaire et après être repartis, nous arrivons devant les cuisines
roulantes.
Le
capitaine de la compagnie qui est devant nous fait faire une pause pour que ses
hommes prennent le jus. Nous restons là près d’une demi-heure, les compagnies
qui sont derrière resautent car nous préfèrerions être arrivés que de rester
là.
Nous
arrivons à 4h 1/2 au carrefour de Rochamp. Là
j’apprends qu’il n’y a que 2 sections et la première pièce de la mienne qui
vont en ligne. Je me mets en compagnie du lieutenant à la recherche de cabanes
pour nous abriter. Nous retrouvons nos cabanes que l’on avait occupées les 21,
22 et 23 juillet, nous nous y installons.
Le soir,
j’apprends que le lendemain matin je dois aller avec mes hommes à la première
pièce pour leur faire un blockhaus. Dans la soirée attaque sur notre gauche
assez loin.
Réveil à
5h.
À 5h ½,
nous partons à l’autre pièce et là nous apprenons que la place doit être
abandonnée, notre journée se passe à rien faire. Aussi vers 3h de l’après-midi
je prends le parti de retourner en arrière avec mes hommes.
Vers 7h
du soir, j’apprends que le lendemain nous allons en ligne au Bois des Merliers où nous devons nous installer. Dans la nuit même
chose que la veille.
(*) : bois en bordure sud-est de
l’étang de Cheppe, face à Boureuilles.
Réveil à
4h, préparatifs de départ et à 5h moins le ¼ nous nous mettons en route et
arrivons sans nous presser à 7h 1/2 à nos nouveaux emplacements. Nous trouvons
des cabanes assez bien faites en lisière du bois ce qui nous permet de nous
promener en toute sécurité. Dehors il n’y a rien à craindre, que quelques
shrapnells que les boches tirent sur le devant du bois et dont les éclats
arrivent jusqu’à nous. Je vais placer ma pièce dans un ouvrage avancé à 500
mètres de nous environ, le boyau qui y conduit est très sale.
Journée
très calme à part quelques obus tombant pas très loin de nous. Pour la nuit
c’est toujours la même chose.
Dès le
matin je fais relever les hommes qui ont fait la journée d’hier à la pièce car
l’on doit prendre à 3 le jour et à 4 la nuit, le soir je suis donc obligé
d’aller faire mon tour de garde car en ce moment nous ne sommes que sept avec
moi de disponibles à ma pièce.
Dans la
nuit nous entendons encore une attaque plus à gauche. Les territoriaux qui sont
avec nous, car nous sommes dans les lignes tenues par le 91e territorial, ne
sont pas rassurés cela nous donne presque envie de rire car les boches les plus
près sont à 650 mètres de la pièce et ils ont toute la plaine à traverser pour
venir à nous.
Je quitte
le blockhaus à 4h 1/4 et reviens à la cabane. Je fais faire un autre blockhaus
plus à droite et plus loin des boches.
Journée
calme, nuit comme les autres. Je reçois l’ordre de ne laisser que 3 hommes jour
et nuit ce qui fait que je ne monte plus à la pièce que de temps en temps.
Journée comme les
précédentes, nous sommes tellement tranquilles que nous ne demandons qu’une
chose c’est de rester là jusqu’à gauche.
Journée
relativement calme.
Vers 10h
du matin, les boches nous envoient quelques shrapnells.
Le soir
nous entendons des cris qui sortent de chez les boches. Ces cris se font
réentendre vers 10h 1/2 du soir. Sur notre gauche c’est comme les jours
précédents attaques sur attaques.
Après une
nuit assez agitée sur notre gauche, au petit jour tout redevient calme. Nous apprenons
que les cris que nous avons entendus la veille c’étaient messieurs les boches
qui étaient ivres en l’honneur de la prise de Varsovie. J'apprends aussi que
les territoriaux qui sont avec nous entendant les cris avaient quitté les
petits postes en avant craignant une attaque boche. Il est vrai que ceux-là
arrivent du camp retranché de Paris et ne sont pas habitués aux façons de nos
voisins.
Le soir
reprise de la canonnade à gauche.
Comme les
précédentes journées relativement calmes, quelques shrapnells nous arrivent. Le
soir comme les jours précédents.
Journées
identiques, il n’y a que le 11 au matin où nous sommes réveillés à 4 heures du
matin par un sergent du 91e qui nous dit qu’il y a alerte. Nous sortons
vivement et à notre grande surprise nous n’entendons rien ni n’y voyons rien
aussi je ne me presse pas pour aller à la pièce.
Vers 5h,
tous les territoriaux sont prêts et là je suis renseigné, c’est un exercice que
le général leur a fait faire. Alors je vais à ma pièce dans un boyau plein de
boue car voici 4 jours qu’il ne fait que pleuvoir, nous enfonçons dans la boue
jusqu’au-dessus des chevilles.
Nous
attendons jusqu’à 7 heures sans voir le général mais nous avons constaté que
les boches pourraient facilement venir le temps que les hommes qui tiennent les
lignes soient prêts.
Le soir,
la canonnade et la fusillade reprennent comme les jours précédents.
Après une
nuit qui a été plutôt mouvementée pour nos camarades qui sont à notre gauche
tout redevient calme au jour. Le bataillon de territoriaux est relevé par le
1er de chez eux qui lui est plus au courant vu que cela fait 2 mois qu’ils sont
là. Nous voyons vers 11 heures arriver les officiers du 270 qui viennent
reconnaître le secteur pour nous relever. Un caporal reste pour reconnaître les
positions et se faire au service.
Ils nous
arrivent quelques shrapnells comme ration journalière.
Les filons sur la
relève courent en masse. Journée calme, il n’y a que le soir que cela donne
toujours à notre gauche. Nous apprenons que nous sommes relevés le lendemain
matin.
A 4h
réveil, à 5h 1/2 le 270 arrive pour nous relever, nous
partons avec notre matériel.
Jusqu’à
9h 1/2 les hommes se promènent avec tout le matériel sur le dos, enfin on le
charge et nous voilà partis. Le capitaine nous attend avec les 3 autres
sections à la Croix de Pierre.
Là, à
peine arrivés, nous repartons c’est à peine si l’on s’est arrêté et jusqu’à
Clermont nous marcherons sans faire de pause pour rattraper le régiment pour le
défilé. Nous arrivons éreintés, heureusement l’après-midi il n’y a pas
d’exercice.
Nous nous
préparons à passer une revue par le capitaine.
Revue par le
capitaine. La vie de repos reprend de plus belle ce n’est qu’exercices et
revues.
Prise d’armes pour
remise de décorations, croix de guerre, légion d’honneur puis défilé.
Marche
militaire, départ à 4h 1/2, marche de 25 kilomètres. Tout le monde marche même
les voitures, les cuisines roulantes et les caissons.
Retour à
11 heures, repos jusqu’à 3 heures mais il faut nettoyer les armes.
A 3 heures
exercice. Nous voyons que le secteur n’est pas très tranquille car le 82e qui
était au repos monte en réserve.
A 4h départ des
permissionnaires, exercice le matin et le soir.
Nous
allons au tir à la cible qui se trouve à Lochères à 3
kilomètre de Clermont. Nous faisons l’exercice en revenant.
A 10h
1/2 rentré au cantonnement. La compagnie de mitrailleuses de brigade qui est au
repos depuis sa formation, c'est-à-dire 3 mois, va dans les tranchées. Il faut
voir la tête qu’ils font car la plupart n’ont jamais été au feu.
Après-midi
nettoyage des pièces et exercice.
Le matin
nous répétons pour la prise d’armes qui doit avoir lieu, nous croyons que
c’était aujourd’hui mais c’est pour demain donc on fait la répétition générale.
Après-midi,
préparation à la revue et nettoyage du matériel, des armes et personnel.
Le soir il
y a concert avec théâtre juste à côté d’où nous sommes logés, on n’a pas besoin
de se déranger pour y assister. Le soir arrive un détachement de renfort.
Prise
d’armes, remise de décorations, revue, défilé.
Après-midi
exercice. Le bruit commence à courir que nous remontons en lignes le 25.
Exercice matin et
soir. Le bruit court toujours.
Le matin
exercice, l’après-midi douche et préparation au départ car c’est bien vrai nous
partons à 8h du soir. En allant à la douche je rencontre un camarade du 113e
qui est tout étonné de me voir car il me croyait mort.
Le soir
nous partons et nous arrivons à minuit aux baraquements Lenhardt. (*)
(*) : a priori du nom du chef de bataillon Joseph Lenhardt du 113e RI tué le 5 avril 1915 à l’attaque de la
cote 263 (tout comme le camp Canard tout proche, du nom du capitaine du 113e
tué la veille au même combat). Le camp Lenhardt (parfois
écrit Leenhardt) était situé au carrefour précédent celui de la Croix de Pierre
en venant de Lochères (au niveau de la fontaine des Agossots).
Le matin,
nous devons confectionner des tables et des bancs pour manger.
L’après-midi :
théorie.
Matinée
laissée libre pour nous nettoyer. Nous voyons les officiers qui vont
reconnaître les emplacements ce qui veut dire que nous allons en ligne.
Après-midi
: théorie. Nous apprenons que le lendemain à 4 heures du matin 2 sections iront
relever les chasseurs à pieds à 285, comme de juste c’est ma section et la
suivante qui y allons.
Nuit coupée
par intervalles de rafales que nos canons versent sur les boches, de combats à
coups de grenade toujours à la même place. Le matin se passe assez
tranquillement.
Vers
midi tout à coup l’artillerie française se met à taper, on se demande ce qu’il
se passe, nous apprenons bientôt qu’ayant aperçu une relève boche ils avaient
canardé.
Le temps
menace toujours, quelques petites averses sont tombées dans la journée.
Le soir le
lieutenant commandant le peloton demande quelqu’un pour lui décalquer le plan
du front du régiment, je me propose et vais commencer mon travail, je l’arrête
à la nuit.
Je me
réveille tout à coup dans la nuit car il y a des camarades qui sont entrain de
nager dans la tranchée tellement il pleut. Je termine la nuit assis sur une petite
banquette de terre pour permettre à un de mes hommes de s’asseoir à côté de moi
lui évitant d’être mouillé.
Au jour,
tout le monde est debout et je vais continuer mon travail de la veille.
J’apprends que nous abandonnons la première ligne pour aller en arrière, il n’y
en a plus qu’une derrière la première ligne, une plus en arrière, la nôtre
encore plus et une au repos à Lenhardt.
Nous
quittons nos emplacements à 2 heures de l’après-midi, nous déposons notre
matériel à l’endroit où l’on commence les nouveaux blockhaus et nous allons
chercher des rondins.
Ensuite
nous partons pour notre nouvelle position qui se trouve à 10 minutes de là,
nous relevons une section de la compagnie de brigade. Là au moins, nous avons
des blockhaus solides avec assez de place pour nous coucher.
Dans la
soirée notre artillerie s’amuse à faire beaucoup de bruit.
Là, nous
n’avons qu’à nous occuper d’aménager les places. Je reste bientôt tout seul
avec 3 hommes sur toute la section les autres étant partis démolir des cabanes
pour avoir le matériel pour en construire d’autres.
L’après-midi
c’est moi qui vais avec les hommes, comme chef de chantier. Nous sommes surpris
tout à coup par un combat d’artillerie qui dure un quart d’heure mais ça arrive
de tous les côtés à la fois, les boches n’ayant pas eu le dessus nous envoient
des minen qui tombent bien loin derrière nous.
Nous
redescendons à nos emplacements et toute la nuit nous entendons les arrivées de
minen que notre artillerie fait taire de temps en
temps.
Journée comme la
précédente, toujours combat d’artillerie mais aujourd’hui les boches répondent
un plus que les autres jours sans pour cela avoir la voix.
Dès le
matin nous ne montons plus vers les autres sections car nous devons faire des
boyaux et des abris-cavernes aux nouveaux blockhaus en béton faits par le
génie, ils ont voulu imiter le ciment armé mais ils ne sont arrivés qu’à faire
du béton, manque de matériel.
Le soir
forte averse qui arrive à envahir notre maison forçant les hommes à suspendre
leurs lits au plafond.
Toujours
la même vie, de temps en temps des éclats d’obus arrivent vers nous sans nous
atteindre.
Le 5 au
soir on apprend que nous partons le lendemain matin pour les baraquements Lenhardt, c’est là que va avoir lieu notre repos.
Réveil à
5h départ à 6, nous arrivons à Lenhardt à 7h 1/2 car
ce n’est pas bien loin de là.
La journée
se passe en nettoyage personnel et du linge.
Dès le
matin nettoyage du matériel. Revue à 9h.
L’après-midi
les hommes vont travailler à la construction d’écuries et de cabanes pour les
conducteurs.
Toujours
la même vie.
Le 10 au
soir nous avons une prise d’armes pour remettre la médaille militaire à un
caporal et 2 croix de guerre. Nous avons appris que les boches avaient attaqué
à gauche de nous mais que nos contre-attaques avaient réussi à leur reprendre
ce qu’ils nous avaient pris.
Je reçois
une lettre du P.L.M demandant des renseignements.
Le matin,
même ouvrage que les jours précédents, nous apprenons que nous remontons le
lendemain matin en première ligne. Cette fois c’est pour 8 jours.
Après-midi
préparation au départ, revue. On parle beaucoup de la marche en avant mais je
ne crois pas que cela commence de notre côté, en tout cas à la revue on nous
demande si l’on a nos vivres de réserve, choses que nous n’avons pas.
Réveil à
4h départ à 4h 1/2, arrivée aux tranchées à 6h.
Nous nous
installons et l’on se met à travailler à faire des sapes pour nous abriter en
cas de bombardement. Toute la journée notre artillerie fait des tirs de
repérage avec de grosses pièces, il y en a une qui tire trop court et l’obus
tombe chez nous, grande secousse pas de mal pour moi mais pour les camarades
qui étaient en train de travailler par-là : anniversaire de l’offensive de
notre armée.
Matinée
calme.
Après la
soupe vers midi on apprend que nos pièces vont bombarder les lignes boches. Ça
commence un peu après et pendant 1 heure cela arrive sur leurs lignes tant que
ça peut. Les boches répondent bien un peu mais pas des masses. L’on ne peut se
rendre compte exactement du tir mais ça déchire très bien en enlevant des
masses de terre qui sont projetées très haut et très loin.
Aussitôt
que nous avons fini de bombarder les boches commencent et avec plus de vigueur
que coutume. Ils nous arrosent pendant près de deux heures de minenwerfer et d’obus. Enfin tout se tait dans notre
secteur mais bien au loin à gauche nous entendons un roulement ininterrompu de
grosses pièces qui tirent sans arrêt. 1 minen est
tombé derrière notre blockhaus dans les cabinets et un autre dans un boyau
conduisant aux blockhaus mais celui-là n’a pas éclaté.
Toute la
nuit la canonnade a continué à notre gauche et là les filons commencent à
courir. On nous dit que c’est le commencement de l’offensive qui est repris,
que les Anglais avancent dans le Nord et nous en Champagne. Nos grosses pièces
canonnent devant nous et l’on nous apprend qu’elles ont dû démolir le lance minen car aujourd’hui ils
ne nous en envoient pas.
La
canonnade à notre gauche continue.
Toujours
par la gauche, on entend le roulement du canon.
Journée
calme chez nous, nous ne recevons plus de minen.
Notre artillerie envoie de temps en temps des rafales pour démolir les
tranchées boches car il faut bien leur donner du travail.
Toujours
le même bruit à gauche, nous arrivons à plaindre les malheureux qui se trouvent
sous cette mitraille. Chez nous notre artillerie a envoyé toute la nuit par
intervalles de violentes rafales.
Journée
calme à part les quelques coups de canon.
A onze
heures ½, l’on nous fait faire alerte car d’après les bruits qui courent les
boches nous feraient un violent bombardement mais l’après-midi se passe sans
rien, au contraire c’est plus calme que d’habitude.
Dans la
nuit nous sommes réveillés en sursaut car une violente fusillade vient de se
déclencher, nous nous mettons à notre poste mais au bout d’un quart d’heure
tout redevient calme.
Le canon
en a mis un petit coup pour faire cesser ce bruit.
Nous
apprenons que la fusillade de la nuit c’est un sergent-major qui est tombé dans
un de nos postes d’écoute et l’homme qui était de service l’a fait prisonnier.
Toujours à gauche le roulement continue. Matinée calme coupée de temps en temps
de rafales d’artillerie.
L’après-midi,
vers 3h ½, les boches commencent un bombardement qui dure jusqu’à 5h. Mais
véritablement on a dû démolir le lance-minen car ils
ne nous en envoient pas un seul. Beaucoup de bruit pas de dégâts.
Nous
apprenons que nous sommes relevés le lendemain matin.
Réveil à
4h 1/2, préparatifs à la relève. Nous allons occuper l’emplacement de 2e ligne,
là les 2 pièces sont en batterie ensemble mais le blockhaus ne peut servir de
logement qu’à une pièce, je vais avec les hommes de ma pièce occuper une cabane
en arrière du blockhaus.
Journée
relativement calme. La canonnade continue à gauche.
Journées
assez tranquilles en proportion, de temps en temps le canon en met un coup.
Le 21 on
apprend qu’il doit y avoir un bombardement de chez nous mais c’est les boches
qui le font, enfin il n’y a pas de dégâts.
L’on me
souhaite ma fête et j’espère bien que l’année prochaine je serai au milieu de
ma petite famille pour cette occasion.
Nous
apprenons que nous devons faire des tirs de démonstration avec nos pièces sur
les tranchées allemandes. C’est le tour de la première pièce à y aller. Nous
allons reconnaître les emplacements, aussitôt trouvés la pièce monte en ligne
pour faire son tir de 900 cartouches, pendant ce temps nous prenons la place de
l’autre pièce dans le blockhaus.
Le soir
sur la décision nous apprenons que l’on prend l’offensive générale et qu’il
faut s’attendre à reprendre la marche en avant. Tout doit être prêt pour le 24
car c’est à cette date qu’en Champagne nos troupes doivent essayer de percer.
La
canonnade à gauche est de plus en plus violente.
Le matin,
nous allons passer une revue du capitaine qui se trouve à 2 kilomètres en
arrière. En revenant c’est l’heure de la soupe et nous avons à peine fini que
nous recevons l’ordre d’aller tirer sur les lignes boches donc nous voilà
partis dans les tranchées de 1ère ligne et une fois nos 600 cartouches tirées
nous redescendons.
Au
blockhaus avant de partir faire nos tirs juste quand nous sortions un 150 boche
a éclaté à 5 mètres en avant de nous, heureusement qu’il a touché un arbre ou
sans cela il était en plein sur nous, pas de blessés.
Le soir
nous recevons l’ordre de relève, nous partons en 3e ligne. Pourvu que nous
puissions aller au repos avant de partir de l’avant. La canonnade fait toujours
rage.
Réveil à
4h 1/2, départ à 8h 1/4.
Nous
prenons possession de notre nouvel emplacement.
Vers 6h
nous subissons un bombardement en règle, c’est nous qui avons commencé et les
boches répondent jusqu’au soir. Nous apprenons que l’on doit attaquer au Four
de Paris, c’est le 113e qui a cet honneur. Un ordre vient du 82e qui se trouve
à notre gauche d’aller se renseigner si les tranchées boches sont toujours
occupées et au cas où elles n’auraient pas beaucoup de monde de s’en emparer.
Réveil en
sursaut par le canon français mais vers 7h 1/2 les boches répondent et cela
dure jusqu’à la soupe du matin. Vers midi nous entendons une fusillade sur
notre gauche et nous pensons que c’est le 113e qui commence son attaque. Nous
apprenons comme filon que si ça réussit demain c’est nous qui attaquerons
devant nous. La fusillade de gauche n’a pas duré longtemps.
Le soir
nous avons une canonnade terrible, nous apprenons qu’en Champagne nous avons
progressé de 5 kilomètres sur un front de 15 kilomètres.
Matinée
assez tranquille.
Nous
avons la confirmation du filon d’hier soir avec en plus 20 canons et 11000
prisonniers. On nous apprend que les russes ont arrêté l’offensive des boches
et que ceux-ci passent à la défensive.
Le soir
nous sommes encore bombardés. La canonnade à gauche continue toujours jour et
nuit.
Le matin,
quelques grosses marmites tombent à proximité de nous mais vers 9h 1/2 c’est un
bombardement très serré que nous subissons, on voit tout de suite qu’il va y
avoir attaque.
En effet
à 3h de l’après-midi la fusillade fait place au canon. Nous apprenons que les
boches n’ont pas réussi surtout dans le secteur du régiment mais un peu à
gauche ils ont réussi à s’emparer de la première ligne que nous reprenons le
soir par des contre-attaques.
Journée
terrible, à 4h1/2 il passe 3 prisonniers faits dans le secteur du régiment.
Dans la
nuit nous sommes plus d’une fois mis en alerte, ce sont nos contre-attaques qui
se poursuivent. Dans la matinée nous reprenons encore quelques obus de notre
côté sans grand mal.
Vers le
soir violente canonnade de notre côté par les nôtres. Tout redevient calme avec
la nuit.
Matinée
assez calme, on dirait que les boches sont fatigués et d’après les bruits qui
courent-ils ont éprouvé des pertes terribles. Nous apprenons qu’ils avaient
pris une tranchée au 82e et une au 91e, celle du 82 a été reprise mais celle du
91e il leur en reste un morceau.
Le soir à
5h toute notre artillerie se met en branle, on croit que c’est pour une
contre-attaque. Cela dure 1/2 heure environ, tout redevient calme.
Malgré ce
que l’on avait espéré on n’est pas relevé le matin. La journée est très calme
cela nous remet un peu des journées mouvementées que nous venons de passer.
Le soir le
filon court que nous allons être relevés le lendemain matin mais rien ne vient
le confirmer.
Nous sommes
réveillés à 5h par l’ordre de relève qui vient d’arriver, nous partons au
baraquement lenhardt à 6h 1/2. En arrivant je
rencontre un ancien camarade de l’active qui est caporal d’ordinaire au 313e.
Journées à peu
près de repos car nous avons notre linge à laver et nos affaires à réparer, en
plus de ça il y a les théories à faire et nous allons au tir.
Nous
comptons que c’est notre dernier jour de repos.
La journée
se passe, comme on ne parle pas de relève nous croyons rester encore un jour
ici lorsque vers 7h 1/2 on vient nous dire de faire nos sacs car nous remontons
le lendemain.
Réveil à
4h 1/4, départ à 6h.
Nous
revenons en 1ère ligne. Matinée calme, l’après-midi petit bombardement avec les
minen et même il y en a un qui tombe dans le boyau à
côté de l’autre pièce sans éclater. En partant de lenhardt
nous entendions une violente canonnade à gauche.
Dans la nuit le
canon se fait entendre à gauche, dans notre secteur calme complet. Le matin
viennent des officiers du génie qui trouvent que les emplacements que nous
avons ne valent rien et ils nous en font construire plus en arrière. Tout le
travail que nous avons fait depuis 1 mois 1/2 ne sert à rien et les hommes sont
obligés de faire de nouveaux abris.
Dès le
matin 2 hommes vont travailler au nouveau blockhaus. Matinée calme.
L’après-midi
on nous dit que les boches vont nous faire un violent bombardement, nous
l’attendons mais il ne vient pas. Le soir nous recevons l’ordre de travailler
toute la nuit à notre sape car le colonel et le capitaine doivent venir le
lendemain la voir. Nous travaillons jusqu’à dix heures du soir.
Avec la
soupe du soir il m’est arrivé 1 homme pour en remplacer un qui a été nommé
caporal et j’apprends que Droyer
est revenu.
Nous
reprenons le travail à 5h du matin et nous attendons la visite des patrons,
elle se fait mais ils oublient de venir nous voir. Matinée très très calme ce n’est pas souvent que l’on en a de pareilles.
A midi,
2 mines sautent mais il n’y a pas de fusillade.
Vers 2h
de l’après-midi tout petit bombardement à l’arrière.
Vers 4h ½,
il me vient une visite d’un camarade de la section de mitrailleuse de l’active
c’est le cabot qui était avec moi au 113e. Il est sergent maintenant au 313.
Nous parlons du passé et surtout de notre pauvre ami Adolphe.
Journée
relativement calme, quelques minen ne tombent pas
bien loin de nous mais sans faire de dégâts. Les hommes vont travailler toute
la journée aux nouveaux blockhaus.
Le matin,
je pars avec les hommes de corvée de rondins pour faire les nouveaux abris.
Toute la matinée cela va bien, vers 9h 1/2 nous voyons apparaître deux avions
boches, aussitôt les nôtres leur donnent la chasse et nous assistons à un
véritable combat.
Mais
vers 10h nous avons le cœur serré car un de nos avions est descendu et pas très
loin dans les lignes boches au point que l’on peut voir les deux aviateurs
quitter leur appareil à 400 mètres de hauteur, le moteur tomber et l’appareil
en morceaux. Aussitôt cet exploit fait le boche fier de son succès fait un tour
dans les airs et s’enfuit car notre petit avion de chasse arrive en vitesse
mais il ne peut passer les lignes boches car il subit un tir de barrage
terrible.
Après la
soupe je retourne avec ma corvée mais l’on ne peut rien faire tant nous
subissons le bombardement boche. le soir nous
apprenons que nous sommes relevés le lendemain.
Réveil à
5h 1/2, nous nous préparons et allons occuper les ouvrages de 2e ligne. Journée
à peu près calme.
Vers 2h1/2
on nous apprend que nous allons être bombardés, tout le monde s’équipe et se
met à son poste car de la façon que l’on nous dit ça et avec les tirs de la
veille nous croyons à une attaque. Mais le bombardement et l’attaque ne
viennent pas.
Dès le matin nous
allons travailler à la chape souterraine que nous sommes en train de faire à
proximité du blockhaus. Dans l’après-midi nous avons un petit bombardement mais
rien n’arrive à nous.
Même
chose que la veille c'est-à-dire travail et corvée, voilà toute notre journée.
Toujours
dans l’après-midi nous avons quelques obus c’est sans doute pour se faire la
main.
Le matin
est très calme mais aussitôt la soupe mangée nous faisons sauter une mine très
forte, grande secousse mais pas de fusillade. Le canon des deux côtés se fait
entendre et un combat à coups de grenade s’engage.
Dans la
soirée et toute la nuit, tout de suite à notre gauche, vive fusillade c’est sur
Bolante on ne sait pas ce qu’il s’y passe.
La
matinée est calme aussi tout le monde travaille car l’après-midi c’est bien
rare lorsqu’on n’est pas dérangé.
A 10h
les boches nous font sauter deux mines presque ensemble, combats de grenades et
c’est tout. Vers 8h canonnade et minen réciproques.
Le soir,
nous apprenons que les mines que les boches ont fait sauter leur ont détruit un
de leur petit poste et bouché 10 mètres de tranchée, c’est du mauvais travail
pour eux.
Dans la
nuit à notre gauche c’est la répétition de la veille.
Matinée
très calme, quelques avions viennent voler au-dessus de nous, nous croyons à un
bombardement violent. L’après-midi pour le dernier jour on décide de ne pas
travailler.
A 1h environ
une petite mine saute, c’est une contre-mine de chez nous, rien de particulier.
L’après-midi
se passe assez calme, il n’y a que vers 4 heures que les boches envoient
quelques obus pas loin de nous.
Réveil à
5h1/2, nous nous préparons à la relève qui se fait à 6h 1/2. Je revois mon ami
Ernest.
Nous
partons pour la 3e ligne et là nous voyons que nous avons encore du boulot sur
la planche car on est en train de faire une chambre de repos souterraine à 4m
sous terre. Elle devra avoir 12m en longueur, 2m de largeur et 2m de hauteur.
Journée
assez calme.
Dans la
nuit un peu à gauche nous entendons le canon c’est du côté de Reims. La matinée
est calme vers midi une mine saute.
Après-midi
bombardement en avant de nous.
Journées
absolument pareilles aux deux autres qui viennent de se passer, canonnades,
mines, fusillades, bombardements.
Le soir du
22 un obus éclate dans le prolongement du blockhaus, un éclat arrive sur un
homme et ne lui fait qu’un bleu.
Réveil en
sursaut par le saut d’une mine, comme il est 5h 1/2 nous restons debout.
A 7h 1/2
une autre mine saute, cette fois les canons français envoient quelques obus.
Journée relativement calme à part l’après-midi où nous subissons un petit
bombardement.
Toute la
soirée et la nuit nous entendons à notre gauche un terrible fracas de canons.
Au réveil
préparation à la relève car nous allons au repos.
Départ à
6h ½, arrivée à Lenhardt à 7h 45. La première chose
que nous faisons c’est d’aller aux douches et de changer de linge.
L’après-midi
je fais bouillir mon linge et vais le laver.
Le matin
nettoyage des pièces.
L’après-midi
je vais au Neufour acheter ce qu’il nous manque comme
vivres. Là je rencontre pas mal d’anciens camarades du 113e.
Retour à
la nuit.
Journées
de corvées.
Nous
allons au tir 2 fois pour brûler 1200 cartouches par pièce. Nettoyage du
matériel, revue de cheveux et en tenue de départ. Je vais voir aux cuisines du
313 un ancien camarade de l’active.
Réveil à
4h départ à 5h20.
Nous sommes
en retard car la relève doit être finie au jour donc nous allongeons le pas
pour rattraper le temps perdu. Arrivée aux tranchées à 6h45, nous nous
installons lorsqu’à 7h30 une mine saute suivie d’un envoi de quelques 105
boches.
Vers
9h30 les voisins nous envoient une quantité de minen qui entourent assez bien
nos blockhaus cela dure jusqu’à 11 heures environ.
Après-midi
assez calme, le soir un peu avant l’heure de la soupe ils recommencent à nous
bombarder avec des obus et des minen. Le soir nous entendons un roulement à
gauche comme au mois de septembre lors de l’offensive en Champagne.
A 6h,
nous sommes encore couchés une mine saute ce qui nous fait lever en vitesse,
c’est une à nous. Peu de temps après une autre saute cette fois elle est boche,
quelques rafales de coups de canon et c’est tout. Par-dessus ça nous buvons
notre jus.
A 9h,
petite séance de minen. La canonnade de gauche qui avait ralenti un peu reprend
de plus belle.
Vers
onze heures, on entend tout de suite à notre gauche vers le Four de Paris
quelques grosses pièces qui tonnent, cela fait un vacarme effroyable.
Vers 3
heures reprise de notre bombardement journalier pendant qu’à gauche plus ça va
plus ça tonne. le soir nous apprenons que les boches veulent tenter un coup de
main soit devant nous soit à la Fille Morte mais c’est très souvent que l’on
nous raconte des histoires pareilles comme si les boches allaient nous prévenir
de ce qu’ils veulent faire, enfin le service est très vigilant toute la nuit et
au jour l’on n’a pas vu plus d’attaque ni de coup de main que les jours
précédents.
Matinée à peu près
calme à part quelques minen qui arrivent au moment de la soupe et l’après-midi
petite canonnade alors qu’à gauche cela donne toujours.
Je ne sais pas si
les boches fêtent la fête des morts mais nous n’avons jamais eu une journée
aussi calme, à notre gauche c’est un peu plus calme aussi.
Même
journée que la veille, l’on arrive à se demander si vraiment nous sommes en
guerre.
Le soir
nous apprenons que les boches sont venus dans le nuit poser du fil de fer en
avant de nos tranchées donc ordre est donné d’envoyer beaucoup de fusées et de
tirer souvent la nuit suivante.
Vraiment on ne
reconnaît plus les boches car ils nous laissent encore une bonne journée de
tranquillité. Nous espérons être relevés le lendemain matin mais le soir vient
l’ordre que nous restons à nos positions donc en voilà encore pour 5 jours
Nous
sommes réveillés en sursaut par le saut d’une mine de chez nous et aussitôt
suit une rafale de notre artillerie, la veille au soir nos artilleurs avaient
fait des tirs de repérage et je crois bien qu’il y a eu deux coups trop courts
qui seraient tombés dans nos lignes.
A 8
heures je pars avec tous les hommes pour une corvée de rondins, nous remontons
à 9h 1/4. Après-midi à peu près calme depuis quelques jours nous n’avons pas à
nous plaindre.
Vers 4h on
vient nous dire de faire attention car on craint une attaque boche, d’après
certains il y en aurait 2 qui seraient sortis de leur tranchée et auraient fait
des signes aux autres après quoi ils seraient rentrés chez eux. Ceci se serait
passé devant nous et à notre gauche il y en aurait eu un autre. Tout cela c’est
des bruits car je ne peux le certifier ne l’ayant pas vu.
Au
réveil, je vois le sergent qui a vu la veille les boches sortirent et comme
c’est un de mes amis il me raconte la chose : c’est comme le bruit qui
avait couru, à part que tout l’après-midi les boches avaient chanté.
La
matinée est calme mais l’après-midi ce n’est pas pareil, vers 2h ils commencent
à nous envoyer des 105 et des minen mais pas trop serrés.
Vers 3h
les souris arrivent. Lorsqu’à 4h15 nous faisons sauter une mine juste en face
de mon blockhaus cela les calmer un peu car comme la veille une rafale
d’artillerie a suivi immédiatement le saut de la mine. Après les boches nous
envoient quelques 105.
FIN des écrits
Le 20 novembre 1915, il est évacué pour ‘’ entérite ‘’ (fiche matriculaire).
Il serait décédé le 5 octobre 1920 - Montfaucon, 46240, Lot, Midi-Pyrénées, FRANCE, à l'âge de 31 ans. Voir sa tombe.
Contacter le
propriétaire du carnet de Maurice DELACROIX
Voir sa fiche matriculaire (3 pages) : page 1 – page 2 – page 3
Voir des
photos du 4ème régiment d’infanterie
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