Journal de campagne de Gabriel DUBOS

du 7e, puis 37e régiment colonial

 

Mise à jour : mars 2015

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Août 1914

Parti le 7 août à 10 heures du soir de Bordeaux. (*)

 

(*) : Bordeaux est la ville de garnison, en août 1914 du 7e régiment colonial

 

Nous sommes arrivés le 11 aout à 1 heure du soir à Revigny (Meuse).

J’ai pris la garde du soir même à Vernay à 8 Km de Bar-le-Duc.

 

Le 12, nous sommes partis pour Rembercourt.

 

Le 13 ; à Saint-André avec la chaleur.

 

Le 14 à Vadelaincourt à 16 heures nous avons en alerte.

 

Le 15 à Dannevoux arrives à midi du 15 au matin au 16 au soir. Nous avons fait 90 km pour traverser la Meuse à Stenay, le même jour nous sommes partis pour Baâlon.

 

Le 17 à Chauvency-Saint-Hubert nous sommes restés jusqu’au 18 au soir.

 

Le 19 nous sommes arrivés à la frontière belge. Là nous avons entendu le canon.

Le soir même nous traversons un bois qui dura toute la nuit.

 

Le 20 nous y cantonnons toute la journée et toute la nuit.

 

Le 21 nous quittons la grande forêt pour faire route sur la Belgique.

 

Et c’est le 22 à 7h15 du matin que nous saluons tous avec fierté le drapeau belge.

Aussitôt passés la frontière toujours en chantant nous avons eu grande distribution de chocolat, de café au lait par de gentilles demoiselles et de braves vieux qui nous attendaient des deux côtes de la route.

Tout à coup on a signalé une patrouille d’Uhlans. Et comme ma compagnie a trouvé à porter j’ai le bonheur de partir avec mon escouade nous fouillons un cimetière ou il y avait des mitrailleuses pour nous recevoir.

 

Puis nous rentrons à Saint-Vincent, pour y cantonner et là, Messieurs les Boches, nous sommes arrêtés, le 2eme régiment d’artillerie coloniale, nous double et en sortant du village les bandits nous avaient bien repérés.

Alors il était 10 heures du matin quand le carnage a commencé ils étaient 3 corps d’armée contre nous, pauvres marsouins. (*)

Nous étions une division. le 2eme coloniale a été détruite, des unités et puis le 1er coloniale entière son drapeau, là où la 7eme la garde difficilement enfin nous l’avons encore quand la 7eme colonial était un peu la ........

Nous commençons à battre en retraite à 5 heures du soir sous une pluie de balles et d’obus. Oui j’ai eu des camarades tués à côté de moi, c’était vraiment pas joli à voir quand on ne voyait que du sang.

 

Puis la nuit du 22 au 23, nous sommes revenus à la charge et nous avons repris Saint-Vincent et répondu 3 fois. (*)

 

(*) : Le régiment a perdu près de 1400 hommes tués, blessés et disparus dans la seule journée du 22 août.

 

Le 23, nous sommes allés en reconnaissance dans un bois quand tout à coup en entend le galop des chevaux, on se porte en tirailleur sur la lisière du bois et on attend de pied ferme. C’était une patrouille de Uhlans un feu de salve et voilà les chevaux qui se sauvent du grand galop, mais les Boches étaient à terre. (*)

Le soir, nous avons fait des tranchées à Linnes qui est la frontière française. Nous avons couches dans les tranchées.

 

(*) : Cet épisode est exact, il est raconté dans le JMO, en précisant qu’il s’agit de chasseurs à cheval, pas d’uhlans.

 

Et le 24 au matin, les Boches étaient là il a fallu lever l’ancre. Et comment nous battons en retraite jusqu’ à Chauvency.

De Chauvency nous sommes allés faire des tranchées à Fontaine pour protéger la Ferté.

Mais à 10 heures du soir, nous sommes surpris par les boches et il a fallu dégringoler la cote quatre à quatre. En arrivant là, nous mettons baïonnette au canon, nous nous massons les uns contre les autres pour recevoir une charge de cavalerie.

Et nous commençons à battre en retraite sous le feu de l’ennemi, nous traversons une forêt de sapins. Ou l’on y voyait même pas devant soi et on donne ordre de traverse la Meuse avant 3 heures du matin.

À 3 heures sonnant, tous les ponts ont sautés les pauvres retardataires ont été obligés de traverser à la nage.

Une fois-là, nous avons passé la journée dans les bois et nous sommes allé chercher de l’eau, là où les sangliers se baigne et nous étions bien content car il y avait 3 jours que nous mettons la ceinture de tout, nous étions oblige de mangé des betteraves, et des croustets ramasses dans les faussets. (fossés)

 

Du 26 au 27, nous couchons dans les bois sous la pluie et les obus qui éclairer les bois.

Le matin du 27 nous commençons un combat acharné et sous la pluie toujours le grand combat de la Meuse entre Maison Blanche et Beaumont.

Là nous sommes allés plusieurs fois à la baïonnette, et que les boches criaient « à l’assassin » puis nous avons été relevés par le 17eme corps qui a flanché.

 

Le régiment a perdu 184 hommes tués et blessés pour la journée du 27 août.

 

Dans la nuit du 27 au 28, pour leur donner la place, il a fallu se sauver par petit groupe deux hommes et sous les coups de canon qui pleuvait sur nous.

Quand nous sommes sortie du champ de bataille nous sommes allés nous mettre sur le bord de la route, derrière l’artillerie, tout à coup un aéroplane boche arrive nous avons tiré dessus et nous l’avons descendu, nous avons fait les officiers prisonniers. Nous les avons mis dans une ferme.

Et le soir, on les faisait voir avec des lanternes comme des bêtes fauves.

 

Plus nous avons passé la nuit du 27 au 28 dans un champ d’avoine à côté d’une tombe d’officiers boches tues en 1870 nous sommes restes jusqu’ au jour, sous la pluie des mitrailleuses boches.

 

Nous avons passé la journée du 28 dans un champ pour attendre les manquants mais malheureusement tout le monde n’est pas revenu.

 

Nous sommes partie le 28 au soir et nous sommes arrivés dans un petit village dont je n’ai pu voir le nom car il faisait trop noir et nous sommes repartis avant le jour, car nous venions d’apprendre que le 17eme corps avait reculé, et là nous restons 600 hommes sur 3000 que nous étions, pauvres marsouins. (*)

 

(*) : Sur le JMO, à la journée du 28 août, il est inscrit que l’effectif restant est de 19 officiers et 912 hommes.

 

Le 29, nous sommes allés à Vouziers dans les Ardennes jusqu’ au 30 au soir et après il a fallu se sauve et au plus vite car nous étions cerné par les Boches de Vouziers nous sommes allés au Calvaire ou nous nous sommes battu le 30 dans la nuit et le 31 du Calvaire nous avons reculé jusqu’ a la Marne au village de Isle-sur-Marne.

Septembre 1914

 

Là, nous sommes restés nez à nez, jusqu’au 7.

 

Le 8, le colonel nous donne l’ordre de marcher en avant coute que coute au cri de « en avant les marsouins ».

C’est là que nous leur avons passés une belle branlée, nous sommes allés plusieurs fois à la baïonnette, et il fallait les déloger des tranchées à coup de baïonnettes et que les 75 cracher si bien.

 

Le 9 septembre, nous leur avions pris leurs positions sur le bord du canal de la Marne au Rhin.

 

Le 10, ont étaient à Vanneaux-les-Dames toujours à leur poursuite car ils se dépêchaient de déguerpir ils laissaient les armes et les munitions.

Le même soir nous avons eu un autre combat à Dampierre-sur-Aube et de là nous avons poursuivi avec fracas jusqu’ a Ville-sur-Tourbe ou nous sommes arrivés dans la nuit sous une pluie battante, et là nous nous sommes mis en tirailleurs tant que le génie nous faisaient les tranchées et la sous le feu de l’ennemi nous avons pris position dans les tranchées pleines d’eau que nous y sommes rester un jour et une nuit, et depuis ce jour nous avons gardé toujours la même position, c’est là, à Ville-sur-Tourbe que j’ai eu le plaisir de placer du fil de fer barbelé devant nos tranchées et de barrer la route pour arrêter les Boches et aussi chose plus pénible, de faire le fossoyeur pour enterrer des pauvres camarades tués dans les tranchées.

De là, j’ai eu le bonheur d’être évacué. (*)

 

(*) : Il semblerait qu’il ait été blessé.

 

Je suis tombé avec un brave COUBE qui était Bordelais et qui avait eu la bonté de m’envoyer de Bordeaux pour me reposer.

Novembre 1914

Là j’y suis reste jusqu’au 18 novembre, et je suis reparti au front pour renforcer le 37eme colonial qui se trouve dans les Vosges…

Voici mon itinéraire Angoulême-Périgueux-Gannat-Guéret-Montluçon-Saint Etienne-Lyon où nous avons passé 24 heures et que j’ai attrapé une belle amitié, puis Besançon - Belfort – Épinal - Bruyère –Saint-Dié- Saint Michel et Moyenmoutier (Vosges).

 

Une fois-là, c’est une vie de bohémien toujours dans les bois et pour changer toujours vie de tranchées ?

 

 

 

 

 

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SOUVENIR –DE-LA-GUERRE

1914-1915

Monologue fait sur Saint-Vincent. Belgique.

 

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La guerre a déchainé ses engins, ses colères

Rien ne résiste au flot qui tue et qui détruit,

Ils ont franchi nos cols, brisé nos barrières,

Nous vivons en alerte, en terreur jour et nuit.

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Et le bombardement sur Saint-Vincent sans défense,

A saccagé ses murs, porté partout l’effroi !

Vers nos monts on fuyait plus ou moins en démence

Et la mort a pris ceux qui perdaient leur sang-froid.

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Serrés entre deux feux, ce fut une hécatombe,

Vieillards, femmes, enfants, tombaient tels des fruits murs

Par la balle égarée ou la sinistre bombe

Qui se croisaient sur eux, et frappaient à coups surs.

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Une estafette a vu, courant sous la mitraille,

Un bébé de trois ans, debout entre deux morts

« N’implore pas, petit, ce cœur pour toi tressaille

Et son devoir l’oblige à passer sans remords ! »

Et par un clair soleil, toutes ces fleurs sanglantes,

Émaillaient notre mousse, emplissaient nos sentiers

Pendant que l’incendie aux flammes dévorantes

S’emparait des maisons, embrasait des quartiers

Et les soldats blessés défilaient par centaines

Sous la croix de Genève abritant un portail

Rempli de bras tendus et de pitiés humaines

Pour ceux dont le sang coule au dû et saint travail.

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Gabriel à l’hôpital de Vienne (Isère) en 1915. Cliquez pour agrandir.

 

 

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