#Chtimiste
Publication : mars 2009
Mise à jour : août 2023
Paul DUCHATELLE du 303e
régiment d’infanterie.
Marc nous dit en mars 2009
:
« Je vous prie de trouver la copie de quatre carnets de guerre (dans leur
version intégrale) de mon arrière petit cousin Paul DUCHATELLE né à Paris le 16
août 1885 et mort au combat le 21 août 1917. Je vous donne l'autorisation de
reproduire ces carnets dans leur intégralité. Il y avait sept carnets, trois
ont été perdus. Je serai intéressé d'acquérir tout document concernant le
303ème ou être en contact avec d'autres personnes ayant des documents. Bien à
vous. »
Carnet N° 1 : Perdu
Carnet N° 2 : du 3 avril
- 13 juillet 1915 – Le lire ici
Carnet N° 3 : du 14 juillet – 8 septembre 1915 – Le lire ici
Carnet N° 4 : Perdu
Carnet N° 5 : du 25 juin
– 7 décembre 1916 – Le lire ici
Carnet N° 6 : Perdu
Carnet N° 7 : du 9 juin au 16 août 1917 – Le lire ici
Paul Gustave DUCHATELLE est
né à Paris le 16 août 1885. Employé de commerce à 20 ans, il effectue son service
militaire en 1906-1908 au sein du 160e régiment d’infanterie de Toul. Caporal
en 1907. Puis il effectue ses périodes de rappel (1911 et début 1914) au 103e
régiment d’infanterie (de Paris et d’Alençon). Il est donc logiquement affecté
au 303e régiment d’infanterie en août 1914.
En août 1914, le 303e
régiment d’infanterie fait partie de la 108e brigade d’infanterie (avec les
324e et 330e régiments d’infanterie) qui, elle, fait partie de la 53e division
d’infanterie (avec la 107e brigade composée des 301e, 302e et 304e régiments
d’infanterie).
Les noms de villages ont
été corrigés dans le texte. J’ai ajouté du texte en bleu pour la
compréhension de certains termes et pour aller « plus loin » dans
l’analyse du récit.
Merci à Philippe S. pour la
vérification du récit et le temps passé sur certaines recherches.
« Ce livre se trouvait dans mon
sac le 14 avril 1915, il était placé au milieu sous une chemise et un tricot,
ce qui n’a pas empêché qu’il
soit déchiré par l’obus qui a éventré mon sac… »
Paul DUCHATELLE – 16 avril
1915.
Le premier n’existe plus
Je commence aujourd’hui le
deuxième carnet de la campagne, voici le neuvième mois de la guerre et la fin
ne semble pas proche.
La suite des évènements que
personne ne peut prévoir le dira. Il semble que nous ne retournerons pas à
Pintheville. Personne ne sait ce que nous ferons demain.
Aujourd’hui pluie,
Haudiomont est toujours aussi sale.
L’après-midi, nous allons à
la tranchée de Calonne faire des abris et sommes en alerte.
Pâques.
Au lieu de nous laisser
tranquille ce matin et ou la majorité aurait été à la messe, nous allons à la
tranchée de Calonne faire des gabions, journée pluvieuse, les routes sont
défoncées et ne forment qu’un ruisseau de boue.
Nous rentrons à 2 h30 de
l’après-midi et je vais aux vêpres, l’église est joliment décorée et remplie de
soldats. Les renforts de toutes sortes arrivent pour l’attaque de demain, tout
est prêt.
Nous avons maintenant dans
les corps d’attaque un matériel admirable canon de 105 sur affût et avant-train
automobile, autos canons, autos mitrailleuses, et l’esprit des troupes qui
arrivent est excellent.
La messe - Photo de l’auteur
Paul DUCHATELLE, 303e régiment d’infanterie.
Il a plu toute la nuit à
grands flots, nous partons de grand matin faire des abris à la tranchée de
Calonne, les routes sont couvertes d’une boue liquide, l’attaque qui devait
commencer le matin est retardé devant le mauvais temps.
Toute la journée, mauvais
temps, avec une légère accalmie vers 3 heures où le signal de l’attaque est
donné, grondement d’artillerie ininterrompue.
Quatre heures et demie,
l’ordre est donné de fabriquer 150 gabions en une heure, tout le monde se met à
l’ouvrage avec une très grande ardeur.
Au cours de la nuit, la
pluie arrive et nous rentrons à Haudiomont, toute la ligne de tranchée est
éclairée par de nombreuses fusées.
Haudiomont.
Toujours ce mauvais temps.
Toutes les routes sont
couvertes d’une épaisse couche de boue liquide.
Les renforts arrivent
toujours. Les nouvelles sont bonnes. Canonnade toute la journée.
Le soir, nuit noire.
Fusées. Pluie abondante.
Il a plu toute la nuit à
torrent, bruit de fusillade et canon extrêmement violent.
Les blessés occupent
l’église d’Haudiomont.
Une heure et demie de l’après-midi,
la canonnade recommence avec violence sur toute la ligne. Nuit noire. Fusée sur
toute la ligne.
Réveil à 3 heures, départ
pour Bonzée ou nous arrivons au petit jour.
Le pays est presque intact,
les derniers habitants viennent d’être évacués il y a deux jours.
C’est un joli village bâti
de chaque côté d’une petite rivière avec l’église fermant un des côtés. C’est
proche des Éparges.
A chaque instant passent des
blessés qui en viennent, ils sont enduits de boue des pieds à la tête comme des
hommes de bronze. Le canon tonne avec intensité une partie de la journée.
Le soir, passent une
vingtaine de prisonniers allemands qui sont extrêmement fatigués. Nuit noire,
fusées et contre-attaques.
Nous passons la nuit
tranquillement.
Bonzée.
Nous sommes toujours en
réserve, en attendant d’être dirigé sur le point faible.
Il passe toujours des
blessés entièrement enduits de boue. Il pleut toujours.
Trois heures de
l’après-midi, le canon recommence à tonner furieusement.
Nuit noire. Mitrailleuse
toute la nuit.
Pluie continuelle.
Canonnade intermittente la
matinée, les blessés des Éparges passent toujours dans la même tenue
complètement enduit de boue.
L’après-midi canonnade
violente.
Le soir, à la tombée de la
nuit, nous allons prendre service aux tranchées entre Fresnes et Trésauvaux,
nous passons par la route de Fresnes où nous sommes passés voici six
mois ; tout le terrain est couvert d’eau et de boue liquide.
Nous arrivons à la tranchée
qui est inoccupé et sans renseignements, nous sommes au pied des Éparges où se
livre une furieuse contre-attaque.
Dans la nuit les balles
nous arrivent de biais en descendant de la côte. Bruit d’explosion de torpilles
et grenades ; fusées et projecteurs toute la nuit.
Notre tranchée est très mal
construite.
Journée sans pluie, mais le
terrain est couvert de boue.
Tranquillité relative une
partie de la journée mais à la tombée de la nuit, très violente contre-attaque.
Canonnade. Torpilles, grenades, fusées sans interruption.
Nous ne sommes pas à l’abri
et nous devons rester 48 heures.
La cuisine vient apporter
un repas qui devrait être chaud, mais qui est froid ; cuisines à 6
kilomètres.
Nuit noire : fusées,
projecteurs, coup de feu continuel.
L’ennemi se trouve à 1200
mètres devant et 100 mètres sur les côtes. Une nouvelle tranchée à 300 mètres
plus en avant et en construction.
Le communiqué officiel
donne de bonnes nouvelles sur les opérations de la région.
Nous sommes relevés au bout
de 36 heures de tranchées.
La relève arrive.
Trois heures du matin.
A l’aube, nous arrivons à
la gare de Fresnes, il fait jour.
Nous cantonnons à Bonzée,
nouveau cantonnement dans la maison où le colonel Couturier faisait fonction de général de brigade, nous
prenons des repas.
Il a quelques mots pour les
hommes et recommande ses poules et leurs œufs.
Violente attaque vers
Marchéville et les Éparges. La journée se passe sans incidents et avec un beau
temps.
Le soir alerte. Le 5ème
bataillon part à notre place.
Nuit tranquille.
Le matin, très beau temps.
De temps à autre, nous
voyons des hommes couverts de boue qui descendent des Éparges et donnent de
bonnes nouvelles.
Le soir, nous partons à la
tombée de la nuit, traverser Fresnes dont la plus grande partie est en
ruine ; il n’y a plus que la statue du général Marguerite qui se dresse
sur ces ruines.
Nous partons après L’ordre
et contre l’ordre, nous prenons la route de Thiaucourt, direction Marchéville.
Sur notre route, nous
rencontrons de nombreuses voitures de blessés et le lieutenant PIERRET blessé à
la cuisse au moment où il était placé sur une voiture.
Le 330ème dont il faisait
parti ayant donné l’assaut à Marchéville.
Nous arrivons à la première
ligne de tranchées sans incident ; après de nombreux périls causés par les
fusées qui éclairent le terrain. Le premier peloton occupe la gabionnade à 300
mètres. Plus en avant, nous arrivons donc au fil de fer avec la première
section lorsqu’une violente fusillade éclate. Nous avons juste le temps de
dégringoler le talus de la route.
Je m’empêtre dans le fil de
fer, et roule dans la boue ou je reste plus d’un quart d’heure, les balles ne
font que siffler au dessus de notre tête ; c’est un vrai miracle que
personne de notre section n’aient été touché, mais malheureusement il y a un
mort dans la compagnie : Dupont
(*) de la 2ème section et 2 blessés. Nous allons nous
reformer derrière la tranchée et nous repartons pour la gabionnade sous les
fusées qui ne cessent de nous éclairer.
Je place ma demie section
dans la gabionnade, il y a un pauvre blessé qui a le bras cassé et qui ne cesse
de se lamenter sur le bord de la route.
Pendant toute la nuit, de
nombreux morts dans la plaine dont un se trouve au bord à l’intérieur de la
tranchée.
Le lieutenant de Valmont a été tué (**),
il était passé au 330ème avec le lieutenant Pierret.
(*) : Pas
de trace dans Mémoire des Hommes du soldat DUPONT du 303e RI tué entre le 12 et
le 16 avril : un seul soldat DUPONT a été tué dans la Meuse (à
Pintheville) le 12/04 et était du 120e RI.
(**) : Fernand
Auguste Honoré BRULON DE VALMONT, sous-lieutenant au 330e régiment
d’infanterie, mort pour la France à Marchéville (55), « Mort sur le
terrain ». Il venait d’intégré le 330e régiment d’infanterie le 6 février
1915. Voir sa fiche.
Notre gabionnade se trouve
à 200 mètres de Marchéville, il fait froid ce matin, j’ai les pieds gelés
d’hier soir, quand j’ai fait des chutes dans les trous remplis d’eau.
Ce matin, calme de notre
côté mais l’artillerie donne plus à droite. Marchéville que j’aperçois d’ici
n’est que ruine, mais la tranchée ennemie paraît redoutable. En arrière et à
gauche, Riaville secteur connu.
Que d’évènements se sont
déroulés quelques minutes après avoir tracé les lignes précédentes…
L’ennemi envoi quelques
grosses marmites sur la tranchée à gauche de la route. L’ordre nous est donné
de commencer le feu sur le barrage de Marchéville, je donne l’ordre à ma demie
section, et je tire moi-même ; a peine ai-je tiré une quinzaine de coups
que je reçois un coup extrêmement violent sur le côté gauche derrière la tête
et je suis complètement étourdi.
Je me mets sous un petit
abri.
A ce moment arrivent, dans
l’abri, deux hommes qui venaient de la tranchée arrière dont un avait été
blessé pendant le parcours. Le valide panse le blessé qui, touché aux jambes et
à la tête, demandait à son camarade de lui écrire une lettre.
A ce moment, le
bombardement commençait. Arrive une marmite de 150 dans la gabionnade en face
de nous et le volatilise, me crève ma gamelle et éventre mon sac et me laisse
inerte pendant deux heures.
Les camarades Dervet et Broudin me croyait mort.
Je me relève avec un
violent mal de tête.
Pendant mon évanouissement,
l’ordre avait été donné au peloton de la compagnie qui était resté à la
tranchée arrière avec le capitaine de renforcer la gabionnade et attaque, c’est
le barrage de Marchéville, ce qui a été la cause de ce barrage d’artillerie que
nous a fait l’ennemi.
Dans ce parcours en terrain
découvert, la compagnie a eut 32 blessés et 13 morts dont la plupart gradés
caporaux ou sergents.
Dessoudin sergent, cuisse et reins brisés aura du mal à se
sauver. (*)
Legout, sergent, blessures multiples qui ont entraîné la
mort. (**)
Robinet, sergent, mort. (***)
Berrac, sergent, blessé. Bondon,
sergent, arrivé tout récemment du dépôt, blessé.
Boudignon caporal a eu la tête emportée étant à la gabionnade (****),
Nazet, caporal blessé, Aubry, Epinette, caporaux blessés et de nombreux autres camarades.
Beaucoup sont resté entre
les deux tranchées et lèvent les bras de temps à autre.
La terre sur un espace de
50 mètres en profondeur et toute la longueur de notre tranchée est labourée par
les obus ; et toute la journée, il en tombe. Nous attendons la nuit avec
impatience pour relever nos camarades qui gisent dans la plaine.
La nuit arrive, je demande
l’autorisation au capitaine d’aller me faire soigner à l’infirmerie. Je vais à
Fresnes et j’y passe la nuit…
Le régiment
perd environ 100 hommes tués, blessés et disparus, cette journée du 14 avril
1915.
(*) : DESOUDIN
Henri René, caporal au 303e régiment d’infanterie, décédé de ses blessures,
mort pour la France le 16 avril 1915 à Verdun (55). Voir sa fiche.
(**) :
Pas d’information sur le soldat LEGOUT.
(***) :
ROBINET Pierre Edmond, sergent au 303e régiment d’infanterie, mort pour la
France le 14 avril 1915 à Marchéville (55). Voir sa fiche.
(****) :
BOUDIGNON Albert Désiré, caporal au 303e régiment d’infanterie, mort pour la
France le 14 avril 1915 à Marchéville (55). Voir sa fiche.
Paul DUCHATELLE du 303e
régiment d’infanterie
De Fresnes, je vais à
Bonzée où le major m’exempte de service 4 jours et je rejoins la compagnie
au château de Murauvaux ou nous sommes installés dans
les granges. Je vais chercher un autre sac à la gare d’Haudiomont.
Le soir, départ pour
Villiers/ Beauchamps ou nous passons la nuit.
A ce moment, violent
barrage d’artillerie ennemi du côté de Marchéville.
Le régiment a
28 tués et plus de 60 blessés, dans cette journée (JMO)
Villiers/Beauchamps.
Les habitants sont très
aimables, ce qui est rare dans la Meuse.
Le matin, violent bombardement
par l’ennemi. Nous recevons du renfort du 5ème bataillon.
Beau temps. Nuit
tranquille.
Villiers/ Beauchamps.
Journée tranquille.
Le bombardement a diminué
d’intensité à côté de ces derniers jours. Il est distribué du campement étamé
qui brille comme une glace.
Neuf mois de guerre n’ont
pas encore servi d’expérience, il est pourtant reconnu qu’il devrait être
noirci par un procédé quelconque, rien ne nous sert donc de leçon.
Départ de Villiers à la
nuit pour un camp installé près de la ferme du château de Murauvaux
et tranchée de Calonne. Violente action d’artillerie et mitrailleuses côté
Éparges, cela dure toute la nuit et continue avec le matin du 18 avril.
Beau temps.
Les temps au milieu de ces
bois me rappellent les jours heureux de Bois L’Évêque et d’Auvours,
si ce n’était le canon et les camarades perdus récemment, ce serait presque
fait.
Je consulte le major pour
les maux de tête suit à mon aventure du 14.
Le major me met au repos 8
jours au parc à voiture, du train de combat (*). Réception très
cordiale de la part des hommes et gradés du train de combat.
Le régiment reprend le
secteur de Pintheville mais les deux bataillons partent ensemble.
Je passe une nuit très
tranquille dans la voiture de la compagnie.
(*) : Train de
combat : ensemble des moyens d’un régiment destinés à fournir ce qui est
nécessaire aux unités pour combattre (munitions, forge, médical, cuisines,
vivres, bagages…)
Commandé par
l'officier de détail, il comprend une vingtaine de voitures hippomobiles.
Temps magnifique.
Décidément tout le monde
connaît mon histoire et se demandent comment il se fait que j’ai pu me sortir
de ce qui m’est arrivé. Si j’ai échappé, c’est bien par la protection de Dieu.
Je vais à Haudiomont qui
vient d’être bombardé. L’église a été touché au clocher et l’obus a crevé le
toit du côté droit au dessus de l’autel St Nicolas et meurtrit les quatre
cadavres de soldats exposés dans le chœur.
Personne n’a été blessé. Le
bruit de la canonnade assez violente parvient jusqu’ici.
Je passe une nuit
tranquille dans la voiture.
(*)
(*) : Une
voiture hippomobile.
Belle et magnifique
journée.
Tout serait pour le mieux
au milieu de ces bois dans ce petit vallon si ce n’était la guerre dont l’écho du
canon parvient jusqu’ici avec même assez de violence par instant. Écho du canon
vers St Mihiel une partie de la nuit.
Réflexions sur la
cessation de la guerre :
De l’avis de tous la
cessation de la guerre paraît encore incertaine, malgré les bruits de paix qui
se font jour dans les journaux depuis plusieurs semaines.
L’ennemi occupe le sol
français qui est pour lui un gage et peut paraître un semblant de victoire
puisqu’il combat en dehors de son sol national, et tout le monde sent bien que
le victorieux sera le peuple qui aura du souffrir plus longtemps que l’autre.
Et si nous souffrons, nous
peuple français, c’est par notre faute, si au lieu d’envoyer des perroquets à
la chambre faire de la politique de clochers, nous avions envoyé des hommes qui
eussent le sentiment des intérêts du pays et préparé sa défense en artillerie
lourde et défense de la frontière, nous aurions été forts et nous aurions pu
faire hésiter nos ambitieux voisins à nous chercher chicanes.
Peut-être que cela nous
servira de leçon et que la république sera changée par un gouvernement
responsable de ses actes, chose qui n’existait pas avant cette guerre ou toute
recherche de responsabilité sombrait sous le couvert de camaraderie de divers
formes.
Actuellement les hommes du
front ont la sensation que l’Angleterre ne fait pas tout ce qu’elle devrait
faire et que son commerce tire profit de ce que nous nous fournissons chez elle
et de la suppression du commerce allemand et du notre.
Ses deux principaux
concurrents dans le monde s’épuisent et elle tire les marrons du feu.
Belle journée.
Canonnade très vive toute
la journée. L’ennemi bombarde Manheulles et la gare d’Haudiomont.
La canonnade dure toute la
nuit.
Très belle journée.
Canonnade vive.
Toute la journée, les
artilleurs installés aux environs ont très bien décoré la tombe de leurs
camarades tués dans la tranchée de Calonne en septembre, et leur cantonnement
est disposé comme un petit parc.
Toute la nuit, canonnade.
Le temps est sec mais s’est
beaucoup refroidi.
Action d’artillerie assez
vive.
L’après-midi, je rejoins le
5ème bataillon à Watronville. Le convoi de voiture va rejoindre. Les obus
tombent auprès du ballon observateur.
Nuit tranquille.
Watronville.
L’ennemi bombarde Haudiomont
et Ronvaux.
Journée pluvieuse.
Vive action d’artillerie
toute la nuit.
Watronville.
Journée pluvieuse. Les
jours de soleil de ces derniers temps ont fait se couvrir de fleurs tous les
arbres des jardins.
L’après-midi, le canon tonne
avec une extrême violence vers les Éparges ou l’ennemi a tenté une attaque dans
la journée d’hier.
Violente canonnade toute la
nuit.
Watronville.
Très belle journée.
Violente canonnade sans
interruption depuis hier vers les Éparges. Départ du 5ème bataillon et arrivée
du 6ème au petit matin.
Violente canonnade toute la
nuit.
Watronville.
Journée magnifique.
Tous les arbres sont en
fleurs. Ce matin, à peine quelques coups de canons… Calme presque complet.
Watronville.
Merveilleuse journée.
Toute la plaine se déroule
au pied des côtes de Meuse, jusqu’à celle de Moselle que l’on aperçoit à
l’horizon confondu avec le ciel. Des taches plus sombres se détachent, les
bois, à gauche l’on aperçoit Étain avec des casernes neuves et tout au fond
très vaguement les fumées des usines de Briey, le secteur face à nous est
calme.
Toute l’activité se
concentre dans le crochet que l’ennemi fait vers St Mihiel. Grande activité
d’artillerie avec quelques instants d’accalmie.
Toute la soirée et la nuit,
très vive action de grosse artillerie.
Watronville.
Belle et chaude journée, je
suis toujours exempté de service.
La canonnade continue
depuis cette nuit toujours vers les Éparges, Marchéville avec grande violence.
Je vais faire un tour aux étangs qui sont aux pieds de la côte, il y a tout un
peuple de soldats qui prend ses ébats dans l’eau.
Watronville- plage, à la
tombée du jour, il y a un instant d’accalmie, puis dans la nuit, la canonnade
reprend avec plus de violence accompagné par les
mitrailleuses.
Watronville.
Décidément nous voilà parti
vers la chaleur. Temps magnifique mais le canon ne cesse de tonner et ce sont
toujours de grosses marmites.
Départ du 6ème bataillon. Je
reste à l’infirmerie pour être examiné à Verdun.
Watronville.
Le beau temps continu et
les marmites aussi. Dans la journée, quelques périodes d’accalmie et le canon
reprend avec violence. Le feu du ciel répond à celui des hommes. Le temps se
met à l’orage.
Watronville.
Tout était calme dans la
plaine, dès 7 heures du matin, les marmites tombent avec violence sur
Haudiomont où hier il y a eu morts et blessés ainsi qu’à Manheulles.
Je vais à Verdun en
carriole pour consulter un spécialiste des maladies d’oreilles.
Verdun, la ville ne semble
pas être si près du front. Toutes les boutiques sont ouvertes. En sortant de
l’hôpital, je vais à la cathédrale, il est 11 heures du matin, la nef est
occupé par beaucoup d’officiers, un chanoine prêche sur les robes trop étroites
et l’échancrure des corsages et la légèreté des étoffes recommandant une tenue
plus décente à l’église. La messe dans la petite église de campagne remplie de
soldats plein de boue a plus de grandeur que dans la riche cathédrale.
Nos souffrances se trouvent
plus près du Christ.
Il est écœurant de voir
tant d’embusqués officiers et soldats qui traînent aux quatre coins de la
ville. Je vais déjeuner avec un camarade dans un petit restaurant et c’est la
première fois depuis la guerre que je déjeune confortablement.
Je vais à l’hôpital pour
avoir des nouvelles de DESOUDIN, le pauvre garçon est mort le 16
avril !
Je reprends la carriole qui
nous ramène à Watronville, les obus tombent dans le secteur Mezeray aux
Éparges.
En arrivant à Verdun, je
rencontre un collègue de la samaritaine Motreuil,
vendeur à la bonneterie, actuellement aux trains des équipages.
A Watronville, revue de
concert organisé par le 5ème bataillon et où défilent les sosies des officiers
avec quelques rosseries.
Exemple : le major du
5ème bataillon qui est docteur dans le 15ème arrondissement, celui qui le
représente sur la scène questionne un malade qui lui dit être électeur dans cet
arrondissement, évacué vers l’hôpital, un autre qui n’a pas cet avantage « évacués
aux tranchées ! »
Je dois dire que le
candidat Maucochin était candidat
socialiste aux dernières élections.
Sur le soir, un orage
violent se déchaîne.
Nuit noire, canon et
fusillade violente une partie de la nuit.
Watronville.
Très belle journée.
Violente canonnade par période. Les obus tombent entre Haudiomont et
Watronville.
Nuit noire et très violente
canonnade et fusillade vers 10 heures du soir, cela dure une grande partie de
la nuit.
Watronville.
Belle journée, le canon se fait
toujours entendre sur le même secteur et sur Haudiomont.
Le soir, orage formidable.
Le feu du ciel fait taire celui des hommes.
Nuit noire et canonnade
mitrailleuse.
Watronville.
Je suis toujours à
l’infirmerie.
Temps maussade et orageux,
les obus tombent tout proche entre Watronville et Ronvaux et quantité n’éclate
pas.
Pluie et orage, nuit noire.
Watronville.
Journée orageuse, pluie.
Les obus tombent très près
de Châtillon-sous-les-Côtes. Le feu est à Grimaucourt.
Nuit noire, les obus
tombent très proche.
Watronville.
Temps relativement beau.
Toute la campagne est très
jolie et les arbres sont couverts de fleurs.
Aujourd’hui calme presque
complet.
Nuit noire. 9 heures du
soir, violent barrage d’artillerie.
Watronville.
Beau temps. Calme absolu,
aucun bruit de canon.
Il est arrivé 200
hommes de renfort qui n’ont rien comme qualité physique. Nous
n’avons pas à nous moquer des Allemands à ce sujet.
A la nuit, quelques coups
de canon défait du 5ème bataillon pour les tranchées.
Arrivé du 6ème dans la nuit
4 heures du matin, la compagnie arrive extrêmement fatigué.
Watronville. Dimanche.
Très belle journée de
soleil.
Je vais à la messe qui est
dite par un prêtre infirmier au 31ème territorial qui vient d’arriver il y a
deux jours, venant du camp retranché de Paris. Je reprends le service à la
compagnie.
Au rapport, il est donné des
ordres pour que l’or qui est possédé par les hommes soit ramassé contre des
billets.
Grande activité
d’artillerie.
Nuit noire.
Watronville.
Très belle journée le
matin.
Le canon se fait entendre
et dure toute la journée avec violence.
Au rapport, lecture de la
citation à l’ordre du jour du docteur Mocochin
Théophile pour sa soi-disant belle tenue à soigner les blessés sous le feu de
l’ennemi « jouissant de l’ordre ». Mais finalement c’est son seul
titre.
Belle journée chaude, le matin
bombardement assez violent vers les Éparges.
Match de football entre le
303ème et le 166ème. Le 303ème gagne par 3 à 2.
Nuit couverte, violente
canonnade.
Watronville.
Très belle journée, presque
calme. A peine quelques coups de canon vers Pintheville.
Nuit obscure.
Watronville.
Jour de l’Ascension.
Très beau et chaud soleil.
Je vais à la messe.
Calme complet, pas un coup
de canon. LEBRUN est plus que gai et me rappelle les souvenirs d’Auvours dont voici déjà une année de passée. Il organise un
petit bal que les gendarmes font cesser car il est 9 heures du soir.
Nuit sombre, les
projecteurs des forts fouillent l’horizon.
Watronville, journée
pluvieuse.
Je suis de garde de police.
Le général de Morlaincourt
rouspète après le 303ème.
Le canon se fait entendre
très rarement.
Nuit froide.
Watronville.
Belle journée, le canon se
fait entendre faiblement coté Éparges et avec beaucoup plus d’activité dans la
nuit. Avec le beau temps, les aéros sortent tous les jours
et la chasse aux aéros ennemies est plus active.
Le soir, je vais à la
prière.
L’église est trop petite
pour contenir tout le monde, touche capote bleu horizon.
Watronville, beau temps
mais froid.
Dimanche, je vais à la
messe.
Quelques coups de canon se
font entendre dans la journée.
A la chute du jour, départ
pour Pintheville et les tranchées.
Nous traversons les bois,
la nuit est venue, et sur la crête, les fusées partent de tous les points de
l’horizon.
La route de Metz entre
Manheulles et Pintheville où je ne suis plus passé depuis avril est entièrement
dans la verdure avec des arbres qui sont de chaque côté et les bois qui sont à
l’entour.
Les grenouilles des étangs
d’Aulnois couvrent les environs de leurs
croassements.
Pintheville est encore plus
démoli et la fusillade s’est fait entendre avec fureur vers Riaville où le
166ème fait la relève en même temps que nous.
Nous prenons les tranchées
dans le ravin entre la route de Metz et Hennemont à hauteur des peupliers de Bressières.
Le lieutenant VALLÉE qui ne
connaît pas l’emplacement nous y mène non sans difficulté !!
Nous arrivons aux tranchées
à minuit et demi.
Tranchée de Pintheville
assez mal faite : simple levée de terre.
L’ennemi est à 700 mètres
et paraît tranquille. Il n’y a pas d’abri, quelques trous dans la
tranchée. Je me coule dans une espèce de terrier où la moitié des jambes
restent dehors.
La nuit s’achève bien. 10
heures du matin, une pluie fine commence à tomber et cela dure la journée.
Quelques coups de canon,
mais notre tranchée est calme, rien : ni obus, ni balles.
Nos voisins d’en face sont
tranquille.
Nuit noire, fusée.
La soupe arrive à minuit.
Ce pauvre Gradois patauge dans
une espèce de mare infecte et lui, si pacifique, se met en colère.
La nuit se passe bien de
notre côté, mais sur le secteur de la route de Metz, c’est comme
d’habitude : fusillade.
Tranchée.
La pluie continue. Coup de
canon et mitrailleuses, route de Metz.
Notre coin est absolument
calme.
L’après midi, le beau temps
revient. Canonnade à partir de 4 heures, un dépôt de munitions saute à Mezeray.
Nuit noire. Nous sommes
relevés par le 31ème territorial qui vient aux tranchées de combat pour la
première fois, ils ne paraissent pas très rassurés, venant de Paris où ils étaient
depuis le commencement.
Nous allons cantonner dans
les bois où comme d’habitude on ne sait pas trop où est l’emplacement, cette
cavalcade dure ¾ d’heure, et naturellement tout le monde rouspète et avec
raison.
Nous sommes logés dans des
huttes, on tient une escouade.
Bois communaux.
Nous sommes tout simplement
aux bois communaux face à Pintheville dans des abris voisins de ceux où nous
allions cet hiver et ou habitaient les territoriaux. L’abri que j’habite a pour
nom « Marie-Jeanne ». Les bois sont magnifiques mais il fait un peu
frais.
L’après-midi, action
d’artillerie assez vive. Un obus de 150 est tombée sur un abri d’officier tout
proche avant-hier.
Nuit noire. Fusées
nombreuses.
Bois communaux.
Fusillade assez intense dans
la nuit.
Ce matin, silence complet,
température indécise. Quelques obus passent au dessus de nous cet après-midi.
Tous nos abris de cet hiver sont remplis d’eau. Départ à la nuit pour les
tranchées. J’occupe une tranchée de liaison avec la première escouade.
Tout est tranquille.
Une discussion de M. ALBERT
avec son caporal nous amène une volée de balles.
Le cuisinier nous apporte
la nourriture non sans difficulté pour trouver la tranchée qui est isolé de 400
mètres à droite et gauche. Fusillade et bombardement violent vers St Mihiel et
Étain.
Tranchée.
Temps orageux. Calme
complet tout le matin.
3 heures de l’après midi,
grande activité d’artillerie jusqu’au soir. L’ennemi a déposé un paquet de
journaux et photo au fil de fer pendant la nuit. L’ennemi bombarde les
tranchées route Pareid mais notre côté est absolument tranquille.
Nuit assez éclairée.
Des territoriaux du 31ème
s’égarent devant notre tranchée. Quelques coups de feu dans la nuit. Notre
cuisinier nous apporte le repas pour 24 heures.
La cuisine roulante est
supprimée, elle nous faisait jeûner par trop souvent.
Tranchée.
Au matin, un brouillard
opaque nous enveloppe.
Un magnifique et chaud
soleil toute la journée.
Ce matin, le canon se fait
entendre avec violence vers St Mihiel. Assez vivement de notre côté dans
l’après midi, mouvements d’avions au dessus de nous toute l’après midi.
Vers la fin du jour, ayant
sorti la tête un peu trop au dessus de la tranchée, je reçois une volée de
balles pendant 10 minutes, et ils m’avaient bien ajusté les balles, elles
m’effleuraient presque.
La nuit vient, barrage
d’artillerie, fusées. Nous sommes relevés assez tard et nous allons couchés aux
bois communaux dans nos gourbis.
Souper, il est minuit.
Bois communaux.
Vive action de notre
artillerie la plus grande partie de la journée.
Chaud soleil. On nous
laisse à peu près tranquille.
10 heures du soir. Départ
pour les bois de la Noire Haye où nous allons cantonner à l’avenir.
Cet après midi, une marmite
est tombée sur la place de l’église de Watronville sur une voiture de
ravitaillement. Résultat : 8 tués et 23 blessés
de ce coup.
La division évacue
Watronville et nous également.
Nous passons à Ville-en-Woëvre
où le clocher de l’église ne forme plus qu’un seul morceau de pierre. Arrivons
au bois au petit jour et nous remplaçons le 31e territorial dans des baraques
de bois.
Bois de la Noire Haye.
Belle et chaude journée.
Je dors une partie de la
matinée et à midi, je vais à Watronville chercher quelques objets avec une
corvée. Je suis très bien et cordialement reçu dans la maison où je cantonnais,
cette pauvre femme pleurait en nous quittant à Watronville. Ici, il y a encore
quelques territoriaux.
Deux obus sont tombés hier
et aujourd’hui. Châtillon-sous-les-Côtes a été bombardé.
Hier, un obus est tombé à
Ronvaux sur l’établissement de douches : tués et blessés.
La journée se passe
tranquille.
Nous apprenons que l’Italie
a mobilisé.
Bois de la Noire Haye.
Journée sans histoire, par
conséquent heureuse.
On entend le bruit du canon
comme d’habitude.
Bois de la Noire Haye.
Allons faire des tranchées
qui j’espère n’auront jamais l’occasion de servir. Évolution et chasse d’avions.
Chaude journée.
Bois de la Noire Haye.
Même travaux qu’hier et
toute la journée. Chasse d’avions. Canonnade vers Étain. Chaude journée
orageuse.
Canonnade lointaine toute
la nuit et très violente.
Bois de la Noire Haye.
Très belle journée,
canonnade lointaine.
Nous faisons des tranchées
qui seront des modèles du genre.
Nuit calme.
Bois de la Noire Haye.
Très belle journée mais les
hommes sont constamment ennuyés par les corvées du camp.
Vers 9 heures du soir, écho
d’une vive action d’artillerie et fusillade vers St Mihiel.
Paul DUCHATELLE du 303e
régiment d’infanterie
Bois de la Noire Haye.
Temps indécis.
Écho du canon dès le matin.
Corvée dans le
cantonnement. Il est lu au rapport la plainte en conseil de guerre contre un
homme du 366ème pour avoir fait la chasse aux lapins !!!...
Un avion allemand est
maquillé en avion français et espionne et repère nos pièces d’artillerie.
Un espion aurait été arrêté
près des pièces d’artillerie dans B. P.
Bois de la Noire Haye.
Beau temps, mais légèrement
frais.
Au matin écho de la
fusillade et coups de canon.
A la nuit, départ pour
Pintheville.
Sur la route, des obus qui
sont destinés à Marchéville passent au dessus de nous. Pintheville n’est plus
qu’une carrière de pierres mais les rues ont été nettoyées, heureusement, car
sans cela, le cholera était certain.
Nous allons coucher dans
une cave, dans la maison où logeait le capitaine cet hiver. La cave est
confortable, il y a de la paille propre !
Nuit tranquille, la
compagnie est habillé avec la nouvelle tenue bleue horizon.
Voici dix mois de
guerre ; que nous réserve celui-ci, est-ce la fin bientôt ! Ou y
aura-t-il une nouvelle campagne d’hiver !!
C’est ce que l’avenir nous
dira.
Quant à moi, je suis dans
le doute, j’espère que mon pays sera assez sage pour ne pas faire exterminer ce
qu’il reste d’hommes vigoureux, physiquement et moralement. Car les lâches de
l’arrière qui se mettent à l’abri derrière les relations qu’ils possèdent,
auprès des gens qui nous dirigent, ne comptent pas.
Je crois qu’après la
guerre, la république aura fini de vivre, elle est vraiment trop aveulie. Il
n’y a qu’un régime responsable de ses actes : un roi système anglais qui
puisse remettre tout au point.
Ce matin, tout est calme,
pas un coup de feu.
Belle journée. 11h du
matin, le canon se fait entendre quelques minutes et reprend vers 5 heures du
soir.
A la nuit, départ pour les
tranchées P6 sud, route de Pareid. A 600 mètres du village de Pareid se trouve,
à hauteur des peupliers et à gauche, une ancienne tranchée ennemie occupée par
nous au milieu d’avril au prix de combien de pertes.
Tout autour de nous,
nombreuses croix jusque sur le parapet.
Cette tranchée est un
véritable labyrinthe et n’est qu’un simple boyau. Fusées et coups de fusils.
Tranchée. P6 sud. Temps
très chaud et à l’orage.
Je suis blotti dans un
espèce de terrier et quand je suis rentré, j’ai eu la moitié des jambes dehors
et maintenant j’ai toutes les peines du monde pour ressortir. L’ennemi envoi
quelques obus sur le petit poste et démoli le parapet, personne n’est touché.
1m3 se détache du parapet et enseveli tout le fourbi de SICOT et ROUSSEAU qui
l’empêtre.
Toute la journée, des obus
sont échangés de part et d’autre.
A peu près tranquille comme
BALLESTRAIS, ennuyé par de grosses mouches vertes très nombreuses.
Cet ensemble de tranchées
est un vrai cimetière, une centaine de morts, tous de l’attaque d’avril sont
tout autour de nous et l’abri de commandement du lieutenant est proche voisin
d’une tombe, et dans ce petit coin de plaine, entre les routes de Metz et
Pareid, il y a plus d’un millier de braves camarades du 157ème et d’autres
régiments qui sont tombés en avril. Ce n’était vraiment pas la peine de faire
tuer tant d’hommes pour un si petit résultat, surtout que cette tranchée payée
si chère va être rebouchée puisqu’il en est recreusée une
autre à 500 mètres en arrière, celle-ci ne pouvait plus être tenable avec les
chaleurs.
Belle nuit, fusées.
Distribution dans la nuit.
Rien de nouveau.
P6 sud. Belle journée.
Ce matin, notre artillerie
montre beaucoup d’activité, l’ennemi ne répond que vers 1 heure et sur nos
tranchées des morceaux tombent jusqu’à nos pieds et cela recommence plusieurs
fois dans la journée.
Le soir, vers 5 heures,
j’étais avec trois camarades à causer, voilà qu’ Hyppolite nous prend comme
cible et la balle passe à quelques centimètres de nous (Hyppolite est le
veilleur ennemi qui observe dans son créneau et, est chargé de faire du bruit à
tirailler toute la journée).
Nous sommes relevés par la
23ème qui va commencer à reboucher cette tranchée.
Arrivons à Pintheville où
nous logeons dans notre cave.
Pintheville.
Beau temps, mais les
artilleurs ennemis commencent à nous ennuyer dès le petit matin et cela pendant
toute la journée.
J’étais partie avec Decou chercher à faire un cliché, il s’en
faut de deux minutes que nous ne nous trouvions sous l’obus qui éclate devant
la maison du docteur.
Nuit tranquille.
Fusées et quelques coups de
fusils.
Pintheville.
Beau temps.
Aujourd’hui, tranquillité
absolue.
Hier, l’ennemi a bombardé Verdun
avec une pièce à longue portée.
Six heures du soir,
plusieurs de nos aéros passent et ont au soir quelque
chose d’intéressant car peu de temps après, notre artillerie donne
vigoureusement. Nous allons aux tranchées M6 ancienne 92 sud.
Les tranchées ont été
sérieusement renforcées ainsi que le boyau entre 92 et P4. Le barrage est en
place par un tunnel.
En arrivant, nous sommes
prévenus d’avoir à déboucher rapidement du tunnel. Un sergent du 166ème a été
tué hier soir (*) et un homme blessé (**) à la sortie de
ce tunnel. (*)
Je trouve le moyen d’avoir
une foulure au pied en butant dans un trou. Ma demi section placé, je vais à
l’abri de commandement du lieutenant et y reste toute la journée au lendemain.
Vive fusillade toute la nuit.
Les cuisiniers apportent le
café et à ce moment une balle me frôle de près.
Bourlier, cuisinier de la
section au front depuis le début est tué en retournant à Pintheville dans le
boyau près de P4, la balle lui touche l’artère aorte près du cœur.
Une sentinelle, un petit poste
à sa cartouchière traversée par des balles, ce qui fait exploser des
cartouches.
(*) : 5 juin
1915 : le sergent du 166e RI tué la veille n’est pas trouvé : le
JMO du 166e annonce aucun tué ces jours-là mais mémoire des Hommes identifie un
simple soldat tué au 166e le 4/07 (Eugène GUILLAUME).
(**) :
S’agit-il de BOURLIER Camille ? (annoncé tué le 7 juin).
La fusillade continue
jusqu’à 4 heures du matin.
Notre artillerie donne
vigoureusement. Les aéros français et ennemis ne
cessent d’évoluer au dessus de nous. 11h du matin, l’ennemi envoie 9 obus de
130 qui font de l’effet sur P4 sud.
Nous apprenons que le
lieutenant Saoli parti en
patrouille n’est pas rentré. Après-midi tranquille.
A la nuit, je pars pour
Pintheville faire soigner mon pied et reste au cantonnement toute la nuit.
Les balles ont balayé la
route de Metz, la 23ème y faisait une corvée de gabions.
Verdun a été bombardé une
seconde fois, ainsi que les bois de la Noire Haye. A l’angle de la tranchée et
de la route, petit cimetière, canonnade violente vers le Bois-le-Prêtre
Beau temps. Tout est
tranquille, rien ce matin.
Les patrouilles ont
recherché le lieutenant Saoli qui
n’a pas été retrouvé. (*)
Le soir, visite d’aéros et quelques coups de canon. JOLY, sergent, camarade
qui est au front depuis le début, évacué pour fièvre coloniale, il rentre de la
compagnie à 11 heures du soir.
Les balles balayent la
route de Metz. Canonnade par nos 75 une partie de la nuit.
Les balles tombent jusque
dans les jardins derrière Pintheville et les bois communaux.
(*) : Ours
Augustin SAOLI, sous-lieutenant au 303e régiment d’infanterie, sera annoncé tué (et non disparu) dès le 5 juin.
Pintheville
Belle journée mais
orageuse.
Canonnade et fusillade
modérée. Lebrun passe une partie de l’après-midi avec moi. Nous descendions
voir des cerisiers et des pruneaux passent…aussi laissons nous les cerises.
Orage l’après midi.
Le soir, rassemblement et
départ qui n’en finit pas, les rues de Pintheville deviennent dangereuses,
elles sont constamment balayées par les balles, les maisons étant toutes
éventrées. Départ pour la Noire Haye où nous arrivons presque au petit jour.
Orage formidable, je suis
inondé sous l’abri.
Je pense qu’il est heureux
que les hommes ne puissent se servir des puissances de la nature tel que le tonnerre.
La Noire Haye.
Belle journée. Chaleur
lourde.
Construction d’abris de
bombardement. Quelques coups de canon assez loin.
La nuit, le bruit de la
fusillade parvient jusqu’ici.
Orage dans la nuit.
La Noire Haye
Très forte chaleur.
Nous continuons la
construction de tranchées.
Bruit de fusillade à la
chute du jour.
Canonnade vers Manheulles
dans la journée.
La Noire Haye
Très belle journée.
Des shrapnels sont tombés sur
les travailleurs des tranchées.
Bruit de fusillade et de
canonnade dans la journée et une partie de la nuit.
La Noire Haye
Très belle journée.
Je suis sergent de jour et
suis ennuyé toute la journée par les corvées et séance de vaccination.
Visite du général Morlaincourt.
Quelques coups de canon.
Les obus tombent sur Haudiomont.
Aujourd’hui, il nous a été
distribué des tampons pour se protéger du gaz asphyxiant.
Toute la nuit, écho de la
fusillade et canonnade.
La Noire Haye.
Très belle journée. Écho
d’artillerie.
On passe à tous le crâne au
papier de verre même aux officiers.
Quant à l’issue de la
guerre, personne ne voit comment et quand cela finira. Beaucoup même envisage
une nouvelle campagne d’hiver.
Il est lu au rapport un
ordre du général commandant l’armée qu’il ne doit pas être fait de citation à
l’ordre du jour de proposition pour la croix de guerre sans que ce soit motivé
par un acte de courage ou de dévouement !!!!!!!!!
Le soir, 11 heures du soir,
violente canonnade et fusillade dans le secteur.
Cela cesse à minuit.
Noire Haye
Belle journée.
Le matin, travail à couper
des branchages aux bois jusqu’à 11 heures.
L’ennemi nous ayant aperçu
près de Ville-en-Woëvre nous envoi quelques shrapnels.
Les tranchées de luxe sont
près d’être terminées, ce sera pour les badauds après la guerre.
Les obus ne doivent pas
tomber loin de Manheulles ou Haudiomont car on les entend siffler de près.
Bois de la Noire Haye
Je vais de bonne heure à Watronville
et vais à la messe qui est dite par le lieutenant BÉGUIN et servi par le
caporal Latour.
Dans les rues, je rencontre
le colonel.
A Pintheville, pas de
danger de le rencontrer, il reste enfoui dans les caves du docteur pendant les
8 jours.
Très beau temps.
Les grosses marmites
tombent sur Manheulles et Haudiomont.
Bois de la Noire Haye.
Beau temps.
Reconnaissance d’aéroplane
ennemi.
Notre artillerie les
encadre de son feu. Nous venons de passer quelques jours tranquilles à tout
point de vue à la Noire Haye.
Nous recevons quelques
hommes de renfort dont la plupart n’ont jamais fait de service militaire.
A la nuit, départ pour
Pintheville.
Nous arrivons à 10 heures
au soir, quelques coups de feu et fusées.
Nuit tranquille. Nous
allons coucher dans notre cave.
Très belle et chaude
journée.
Dès le matin, quelques
coups de canon et silence absolument complet toute la journée.
Le soir, vers 6 heures,
notre 75 se fait quelque peu entendre.
Départ pour les tranchées, nous
prenons le boyau qui a été quelque peu approfondi. Fritz commence à se faire
remarquer, plusieurs coups de feu direction Marchéville nous frise
de près.
Nous rencontrons sur la
route une voiture tout terrain que la 19ème ramène à Pintheville, cela fait
assez de bruit.
C’est une voiture du 31ème
territorial qui s’était emballé la veille avec deux chevaux et son chargement
de gabions.
Les allemands ont tués les
deux chevaux à la hauteur du petit poste, en entendant tout ce vacarme, ils ont
dû se demander ce qu’il y avait ?
Nous arrivons à Q2 hors
bord où je remplace CHÂTEAU.
Quelques coups de feu toute
la nuit et fusées.
Projecteurs d’Hattonchâtel.
Anniversaire de
Waterloo :
1815 :
Prussiens-Anglais contre Français
1915 : Français-Anglais
contre Prussiens.
Tranchées de Pintheville
dès ce matin.
Polyte (*)
à l’air de s’être réveillé un peu énervé.
Coup de feu à chaque moment, nous lui répondons pour le faire taire un peu.
Belle journée. Silence
complet toute la journée.
5 heures du soir, notre
artillerie envoie quelques coups.
Notre tranchée possède
quelques masques et de l’hyposulfite en cas de gaz asphyxiant.
A la nuit, notre
mitrailleuse brûle quelques bandes en l’honneur des Allemands que l’on entend
travailler. Coups de feu des crapouillots toute la nuit dans le secteur voisin
166ème. Fusées. Nos cuisiniers nous apportent notre nourriture dans la nuit.
(*) : Polyte semble être un allemand
Belle journée.
Le matin, écho d’une vive
action d’artillerie vers Saint Remy-Combres.
Fritz et Polyte sont tranquilles ce matin. Une partie de la journée
est à peu près calme. Quelques obus tombent sur Pintheville.
Toute la journée, coup de
feu vers le 166ème. Cette tranchée est également environnée de tombes.
Dans la plaine, on aperçoit
quelques tumulus où reposent nos morts d’avril et la plaine est semée d’objets
d’équipements, musettes, couvertures, etc…
Relevé à 9 heures du soir.
Rentrons par le boyau. Fritz et Polyte saluent notre
départ.
Nous arrivons à notre cave
de Pintheville. A peine venons-nous de nous endormir, il est minuit.
Au feu !
La maison d’en face ou
plutôt les débris de la maison brûlent. Service de pompiers jusqu’au jour.
Faisons la chaîne avec tous les ustensiles de campement.
Au jour, le commandant est présent
avec le porte drapeau et fait installer une pompe qu’ils ont dû aller chercher
dans un tas de ferrailles et est installée avec des tuyaux de tout genre et
calibre.
C’est vaudevillesque.
Pintheville
Matossy (*)
vient me prévenir à 6 heures du matin que
dans quelques instants, un prêtre brancardier de la territoriale va dire la
messe dans la grange à moitié démolie qui est en face.
Je vais à la messe, nous
sommes une cinquantaine, que de majesté dans cette messe, la grange est à
moitié démolie. Il y a quelques instants, sa voisine flambait, le canon tonne
et quelques obus peuvent tomber au milieu de nous, les balles traversent la
rue, sans sa simplicité, elle est plus impressionnante que dans une cathédrale,
il semble que nous sommes au premier jour de l’église ou de la révolution.
Tout semble être
tranquille, la popote est installée dans ce qui reste d’une maison : 3
murs et un plafond, comme vue les ruines de la maison du docteur.
L’après-midi, 1 heure, je
fais faire une corvée de pierre, jusqu’à ce que l’ordre soit donné de rentrer
dans les caves.
Nous attaquons vers Combres
et Saint Remy et l’ennemi pourrait nous bombarder.
La journée continue à se
passer bien.
A la nuit, la compagnie travaille
au boyau, mais je n’y vais pas. Canonnade intensive vers Combres une partie de
la nuit.
(*) : Pierre
MATOSSY est un peintre, graveur et affichiste français, né le 15 avril 1891 à Bessé-sur-Braye (Sarthe), et mort le 25 août 1969 à Ploubazlanec (Côtes-d'Armor). Il a été blessé plusieurs
fois durant la guerre.
Un internaute,
Pierre TR.. nous dit :
« J'ai lu
avec grand intérêt les carnets de Paul Duchatelle car
j'y ai trouvé le nom de pierre Matossy(sergent à la 21ème
compagnie) qui fut un grand camarade de mon grand-père Louis Tranquard (caporal également à la 21ème compagnie) au cours
de cette guerre. Les deux en sont revenus vivants mais Matossy fut grièvement
blessé en juillet 1916 lors de la bataille de la Somme et s'en est sorti avec
le côté droit paralysé ce qui pour l'artiste peintre qu'il était constituait un
sérieux handicap. Ce handicap fut surmonté puisqu'il a repris les pinceaux de
la main gauche et obtint le prix de Rome au cours des années 20, participa à la
décoration du paquebot Normandie et créa plusieurs œuvres pour l'abbaye de
Saint Wandrille près d'Yvetot en Normandie. Ces
détails me sont connus car Matossy avait écrit un
court récit intitulé "histoires de guerre" et ce texte m'a été
communiqué par sa veuve hélas décédée en 2009. Dans ce récit il cite entre
autres le nom de Duchatelle comme figurant auprès de
lui sur une photo en compagnie d'un certain Lardeur.
J'ai d'autres faits à raconter et
quelques documents que je pourrais vous communiquer si vous le désirez. »
Pierre MATOSSY debout et Paul
DUCHATELLE assis
Pintheville.
J’ai passé une bonne nuit
dans la cave. Très belle journée.
Calme ce matin, à part
quelques coups de feu de Polyte.
Le soir, cinq heures,
l’ennemi envoi quelques obus vers Pintheville et les amateurs d’aluminium
s’empressent de chercher les têtes d’obus pour fabriquer leurs bagues.
L’aluminium se fait
rare ! Il y a davantage de cuivre.
Rassemblement de départ
pour la tranchée.
A ce moment, il nous est
donné connaissance que cet après midi, l’ennemi a envoyé reconnaître la
tranchée P6Sud inoculé en labyrinthe que nous avions rebouché en partie pour
nous établir à 400 mètres plus en arrière, qu’actuellement il y a des sections
ennemies déployés devant cette tranchée pour protéger les travailleurs.
Nous entendons notre
mitrailleuse qui balaie la plaine. Il est vraiment pénible d’avoir abandonné
sans nécessité cette tranchée qui avait coûté tant des nôtres et qui domine une
partie de nos tranchées et boyaux.
Passons par le boyau
plusieurs coups de feu, nous passent par-dessus la tête.
Arrivons à la tranchée Q2NN
ou M6N Nord sans incidents mais nous redoublons de surveillance. Fusées, coups
de feu.
Nuit normale avec la visite
de nos cuisiniers.
Vive fusillade par le petit
poste, route de Metz.
Tranchée Q2NN ou M6N Nord.
Le petit jour nous trouve
plein de vigilance. Grondement lointain d’artillerie vers St Remy et Combres.
Nous observons à la jumelle notre ancienne tranchée.
Rien de particulier à
signaler.
Petit orage l’après midi.
Coup de feu toute la
journée. Un lys blanc fleurit dans la tombe qui est dans la tranchée.
A la nuit, Fritz fait des
siennes. 11 heures du soir, véritable feu d’artifices.
Fusées de toutes les
couleurs : Blanches, rouges, vertes. Barrage d’artillerie, vive fusillade
et mitrailleuses, vers Marchéville, Combres et St Remy, nombreux crapouillots
puis le silence renaît coupé par quelques coups de fusils. Visite de nos
cuisiniers.
Pluie dans la nuit.
Tranchée Q2NN, avec le
jour, les coups de fusils continuent, nous nous mettons de la partie et faisons
taire Fritz.
Journée orageuse coupée de
pluie.
Toute la journée, vive
action d’artillerie et d’infanterie dans le val des Éparges. Combres. St Remy.
Tranchées de Calonne : c’est un concert assourdissant.
Dans notre secteur, échange
de quelques obus de part et d’autre, l’ennemi à réinstallé une saucisse (ballon
d’observation) sur les côtes de Meuse.
Nous sommes informé que ce
soir, il y aura attaque de l’ancienne tranchée P6S abandonnée par nous
(réoccupée par l’ennemi). La 24ème attaquera.
Nous sommes relevés très
tard, 1 heure du matin. Le lieutenant (…) s’est égaré dans la plaine et n’a pas
trouvé la tranchée ! Partie remise. 2 violentes contre-attaques se
produisent dans la tranchée de Calonne.
Nombreuses fusées, barrage
d’artillerie.
Pintheville.
Nous logeons dans notre
cave habituelle.
Belle journée de soleil.
Le canon se fait entendre
avec une extrême violence vers Combres.
Tranchée de Calonne, la
compagnie creuse des abris de bombardement qu’il eut été logique de faire dès
l’hiver dernier au lieu de creuser des abris aux bois communaux qui ont été
envahis par l’eau.
Coups de canon sur
Pintheville.
A la nuit, des ordres sont
donnés pour attaquer la tranchée P6S, chasser l’ennemi et bouleverser la
tranchée, la 21ème fournit deux patrouilles de sous-officiers TAFFORER et
BIESINI et la 22ème attaquera.
La patrouille de la 21ème à
pu s’approcher tout près de la tranchée et s’assurer qu’elle est occupée, ils
ont également rencontré deux cadavres des nôtres qui sont là depuis avril.
Il ne fait pas encore jour,
1 heure du matin, violente contre attaque aux Éparges.
Arrivée à la Noire Haye.
Pluie.
La 22ème cie qui a attaqué a été obligé de se replier : 1 mort,
5 blessés dont 1 très gravement. Attaque à la tranchée, partie remise.
Il a été installé à la
Noire Haye, un cour de tennis !!!!! Il eut été
plus utile d’occuper la main d’œuvre à d’autres travaux. Ce n’est pas le moment
de penser à s’amuser. Nous montrons notre indignation même assez haute pour que
ce soit entendu par qui de droit.
Violente lutte d’artillerie
toute la journée et voici 9 heures du soir, cela dure encore toute la nuit de
même.
Bois de la Noire Haye
La canonnade continue
toujours avec une violence sans précédent, maximum à midi, cela doit être une
débauche de munitions.
La compagnie a été occupée
à effectuer différents travaux et malgré les discours officiels et les articles
de journaux, le moral des troupes devient mauvais devant la perspective d’une
campagne d’hiver.
Noire Haye
Ce matin, il y a un moment
d’accalmie. Tranchée de Calonne.
Au moment où nous étions à
déjeuner arrive un orage formidable qui couvre le bruit du canon qui est assez
intense.
3 heures après midi,
rassemblement du 6ème bataillon et remise de croix de guerre au lieutenant Dreux…dont le seul mérite est d’être
affilié à cette société secrète.
« S’est distingué à
Marchéville par sa l…. (*) à fait sortir des hommes de
la tranchée, les a menacé de son révolver et lui-même s’est planqué, ne les a
pas suivi. »
Et à d’autres faits d’armes
de ce genre à son actif.
Le lieutenant Chauveau 22ème compagnie a mérité sa
croix, caporal Lanvor, 21ème
compagnie à mérité sa croix. Ensuite le colonel accroche la croix au
drapeau du 303ème et dit ces quelques mots : « En décorant le
drapeau, je décore moralement tous ceux qui était présent à l’attaque du 12
novembre dernier ».
Cela lui a coûté de
féliciter dans une allocution, la croix que certain n’ont pas gagné, aussi
celui là en a entendu des vertes et des pas mûres de la part des hommes, certains ont dit
assez haut leurs mécontentement.
Ce soir, les officiers se
font remarquer comme souvent par leur peu de tenue.
Le canon se fait entendre
dans le ravin des Éparges.
(*) : Par sa
lâcheté ?
Bois de la Noire Haye
Quelques coups de canon le
matin.
La compagnie exécute
quelques travaux. Nous fêtons la Saint Pierre et Saint Paul. Activité
d’artillerie vers midi.
Je vais à Haudiomont avec (Pierre) MATOSSY qui va se rendre compte de l’état de la maison
Georgin.
De là, la vue sur les
Éparges est très nette. Les Éparges apparaissent tout rouge et brûlé au milieu
de la verdure du reste des côtes. Nous allons dîner et revenons le soir à
Haudiomont chercher une médaille que (Pierre) MATOSSY avait oublié.
A ce moment, 10 heures du
soir, se déclenche une attaque formidable. Tranchée de Calonne. Les fusées font
un véritable feu d’artifice, l’on voit comme en plein jour.
Le canon part de tout côté
jusque derrière Haudiomont, mitrailleuses et fusils se font entendre, et nous
apercevons un épais nuage qui s’élève lentement, ce doit être des gaz
asphyxiant.
Nous avons le cœur serré en
pensant aux camarades qui se font tuer pendant qu’à cette heure, Paris s’amuse
et nous nous demandons si nous n’allons pas être enfoncés devant une attaque de
cette violence.
Nous rentrons à la Noire
Haye et cela dure toujours.
11 heures du soir, il y a
un peu plus de calme.
La Noire Haye
Belle journée. La compagnie
exécute quelques travaux et revues de détails. 11 heures, le canon se fait entendre
avec violence et le calme revient dans le courant de la journée.
La canonnade reprend à la
nuit.
Minuit, violente contre
attaque, fusillade et canonnade, toujours tranchée de Calonne.
Noire Haye.
Pluie abondante le matin.
Une fusillade d’une
violence extrême se fait entendre et barrage artillerie, tranchée de Calonne.
Quelques coups de canon dans le reste de l’après midi. Nuit calme.
La Noire Haye.
Beau temps. Quelques coups
de canon. Le calme paraît être revenu. La compagnie exécute différents travaux.
Il circule le bruit
d’émeutes à Paris, Alençon et Chartres.
Nuit tranquille.
Noire Haye.
Très belle journée.
Quelques coups de canon le
matin vers la Calonne.
Depuis que nous allons à la
Noire Haye, nous avons organisé une popote entre les sous-officiers et cela ne
marche pas pour le mieux, mais notre cuisinier suave aujourd’hui est dans les
vignes, il a trop fêté Bacchus. Ainsi est-il incapable de préparer le départ. Matossy, chef de popote le remplace par
YVON.
Départ pour Pintheville où
nous arrivons sans incident, tout est absolument calme.
Nous couchons dans notre
cave habituelle.
Nuit tranquille.
Pintheville.
Très belle journée qui se
serait passé absolument calme si notre artillerie n’avait pas envoyé 3 obus
dans la matinée.
A la nuit, départ pour les
tranchées par le boyau.
Quelques coups de feu vers
le 166ème. Arrivé à la tranchée Q2 Nord près de la route où M6. Fusées dans la
nuit vers les Éparges, très forte lueur comme le ferait une explosion de mine.
Crapouillots, torpilles qui
déchire l’air de toute la plaine.
De très nombreux
éclatements d’obus tirés sur aéros par l’ennemi sur
des aéros sont visible une partie de la nuit. Fusées.
La demi-section fournit le petit poste.
Tranchée de Pintheville
M6N.
Très belle et chaude
journée.
Nous fournissons petit
poste de jour, qui ce matin à reçu la visite d’une patrouille ennemi. Quelques
coups de canon. Mais pas un coup de fusil.
Est-ce le présage des
grands orages ?
L’après midi vers cinq
heures, l’ennemi nous envoie une douzaine d’obus sur les tranchées.
Le soir à la nuit, il nous
arrose avec ses mitrailleuses.
Dans la nuit, visite de nos
cuisiniers. Éclair du canon vers les familles d’Orne et la Calonne. Grondement
lointain vers le Bois Le Prêtre. Dans le secteur voisin, crapouillot, torpilles
et nombreuses fusées.
Tranchée M6Nord.
Quelques coups de fusil au
petit jour. 3 heures du matin, notre tranchée reçoit une dizaine d’obus de 105
dont un ébrèche le parapet, temps orageux.
Tout paraît être rentré
dans le calme jusqu’au soir où se déclenche une violente contre attaque vers
Calonne.
Nous sommes relevés par la
23ème.
Pas un coup de feu pendant
le trajet des tranchées à Pintheville.
Nous logeons dans la cave,
nuit tranquille.
Pintheville.
Le canon se fait entendre
toujours vers la Calonne. La compagnie fait quelques petites corvées.
Le soir, à la tombée du
jour, nous allons travailler à creuser le boyau, la nuit s’obscurcit. Une
contre-attaque d’une extrême violence à lieu vers la Calonne.
Fusées innombrables,
barrage d’artillerie et fusillade dans la nuit noire comme encre, c’est d’une
telle violence que cela fait frémir. Puis l’orage arrive et les éclairs se
succèdent éclairant la plaine de tout côté, c’est du plus haut tragique dans
notre secteur.
L’ennemi envoi quelques
obus et nous envoyons la réponse.
Dans la nuit venant des
tranchées, arrive ces cris de détresse « A moi ! ».
Devant l’impossibilité de
voir et de travailler, et l’orage qui s’abat sur nous, nous rentrons à
Pintheville dont les ruines sont éclairées par les éclairs.
C’est inexprimable, je n’ai
jamais vu un orage pareil, il semble que lorsque ce sera la fin du monde, ce
sera semblable.
Aujourd’hui, un homme à été
tué au petit poste en regardant au parapet. 1 à Pintheville dans les jardins à
eu une balle au cœur.
Pintheville.
Ce matin, il fait beau, il
ne reste plus trace de l’orage.
Nous allons travailler au boyau
sous le regard de la saucisse ennemie (*), et contrairement à
notre attente, nous pouvons travailler sans recevoir de projectiles. Quelques
obus s’abattent sur Pintheville.
Nous rentrons déjeuner. Le
beau temps continue, ainsi que la tranquillité.
A la nuit, départ pour les
tranchées par le boyau. Tout est tranquille, service Q2Sud. Violente attaque
Marchéville-Éparges.
11 h du soir de la même
violence que la veille, coup de feu une partie de la nuit.
(*) : Ballon
observateur.
Tranchée de Pintheville
Q2Sud.
Beau temps, tout est calme.
La tranchée est environnée de tombes. Jusque sur le talus de la route où repose
un rang de 9 chasseurs à pied tués en avril. Quelques coups de canon tombent
sur les Éparges. Nombreux coups de fusils pendant toute la nuit.
Deux contre-attaques sur
les Éparges. Fusées, barrage d’artillerie.
Dans la nuit, visite de nos
cuisiniers.
Tranchées de Pintheville
Q2Sud.
Très beau temps. Le matin,
nombreux coups de feu au lever du jour.
Je vais avec trois hommes
ramasser les nombreux débris de toutes sortes : sous équipements,
crapouillot, cartouches, campement, dont les tranchées P1-P2 sont remplies et
qui sont là depuis les attaques d’avril. Coups de canons sur les Éparges.
Notre tranchée a été
tranquille le reste de la journée, ni balles, ni obus, ceux qui passent sont à
Pintheville.
5 heures du soir d’épais
nuages qui semblent être asphyxiant couvrent le ravin des Éparges.
Dans la nuit, deux
contre-attaques avec barrage d’artillerie dans notre secteur. Silence complet,
ce qui semble inquiéter l’ennemi qui envoie plusieurs fusées.
Minuit, nous sommes enfin
relevés par la 17ème.
Le service est encore une
fois changée maintenant il y aura la 21ème 22ème qui iront aux tranchées et
23ème 24ème qui feront des travaux à l’arrière au dire de nos dirigeants, c’est
égal. Mais, ce n’est pas l’avis de tous.
C’est bien 303ème.
Nous arrivons à la Noire
Haye, au petit jour, le 5ème bataillon a décoré le cantonnement en l’honneur du
14 juillet, régime qui n’existe plus depuis août 1914.
Ce n’est pas cela qui fera
revivre la gueuse de république, enfin il y a l’Arc de Triomphe, bosquets,
motifs de décoration diverses qui sont de bon goût mais qui n’est pas de mise
en ce moment où tant de camarades se font tuer et peut-être ce sera notre tour
demain, surtout que nous n’obtenons pas de victoires, c’est a grand peine si
nous maintenons nos lignes.
Il serait préférable
d’occuper la main d’œuvre à des travaux plus utiles, propreté du cantonnement
par exemple ou les poux règnent en maîtres.
La Noire Haye
Très beau temps. Repos.
Rien de remarquable.
La Noire Haye
Temps nuageux. On entend le
bruit du départ de quelques pièces voisines.
Au rapport, il est lu par l’ordre
du ministre qu’il est défendu d’adresser des quolibets à certains régiments ou
d’en faire des réflexions désagréables. Le fait est que l’on ne s’en prive pas
pour le 15ème corps. Quelques coups de canon le reste de la journée.
A 7 heures du soir, attaque
extrêmement vive par les Français aux Éparges point X. D’ici, on aperçoit
sauter la mine, véritable volcan, (*)
Très vive fusillade de
canonnade qui se calme dans la nuit et reprend avec autant d’intensité au lever
du jour.
(*) : Le 11
juillet 1915, confirmé par les JMO des 328e RI, 9e et 18e BCP, ce sont en fait
4 mines françaises qui ont sauté vers 19h et ont endommagé également les
tranchées françaises créant des pertes notamment à la 1ère Cie du 18e BCP.
La Noire Haye
Très belle journée, le
canon se fait entendre vers les Éparges une partie de la journée.
A la nuit, il se fait
encore entendre avec régularité. Il y a représentation de concert sur une
estrade de poste, à ce moment se déclenche une attaque d’une violence extrême,
je n’aurai pas le cœur à aller rire quand le sang coule sur les Éparges.
Grondement lointain du
canon vers Consenvoye Jumelles d’Ornes.
La Noire Haye
Journée couverte.
Depuis fort avant dans la
nuit, le canon se fait entendre avec une activité extrême, roulement continue
au nord de Verdun, maximum au lever du jour.
Toute la journée, roulement
continu du canon dans cette direction.
Le soir, l’ennemi envoi une
douzaine de marmite dans le bois qui éclatent pas loin de nous.
Départ pour Pintheville,
pluie continue pendant le trajet. Nous arrivons traversé par l’eau. Nuit noire
éclairé par instant par les fusées. Canonnade vers les Éparges.
FIN
DU SECOND CARNET
Carnet N° 1 : Perdu
Carnet N° 2 : du 3 avril
- 13 juillet 1915 – Le lire ici
Carnet N° 3 : du 14 juillet – 8 septembre 1915 – Le lire ici
Carnet N° 4 : Perdu
Carnet N° 5 : du 25 juin
– 7 décembre 1916 – Le lire ici
Carnet N° 6 : Perdu
Carnet N° 7 : du 9 juin au 16 août 1917 – Le lire ici
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DUCHATELLE
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