Carnet de guerre de Prosper FRÉMINET

du 156ème régiment d’infanterie, 9ème compagnie

 conducteur au train régimentaire.

1914 - 1919

 

Publication : mai 2018

Mise à jour : février 2023

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Victor nous dit en juin 2018 :

 

 « De nombreuses familles possèdent sans le savoir des souvenirs au combien importants sur leurs ancêtres. C’était mon cas il y encore quelques temps.

C’est dans les vieilles valises qui servent d’archives familiales que le carnet de mon arrière-arrière-grand-père était caché, sous les livres de comptes, les vieux bulletins de paies… D’apparence modeste et rongé par le temps, ce carnet renferme les souvenirs d’un vigneron mobilisé dans la guerre.

Même si mon aïeul n’a pas eu de meilleure idée que d’écrire au crayon de papier sur des pages aujourd’hui abîmées, l’écriture reste de toute même lisible et après avoir scanné les pages et retouché les photos, la narration peut tout de même se lire facilement.

Même si son nom n’apparaît pas dans le carnet, l’auteur est connu de ma famille, il s’agit de Prosper, Valentin FRÉMINET, né le 14 février 1880 dans le petit village de Pannes en Meurthe-et-Moselle. »

 

« Vigneron de profession, il a effectué son service militaire en 1900 et a été incorporé au 4e bataillon de Chasseurs à pied, alors stationné à St-Nicolas-de-Port. Son carnet de soldat, retrouvé avec son carnet de guerre, fait une description physique du soldat : 1,58 m, menton rond, visage ovale, sourcils châtain-clairs…

Sa fiche matriculaire du bureau de recrutement de Toul est passé nous apprend que ce dernier a été mobilisé le 2 août 1914 avec le 156e régiment d’infanterie pour lequel beaucoup de sources (JMO et historique) sont disponibles afin de comparer le trajet de Prosper FRÉMINET et du régiment.

 

« La transcription du carnet a été entièrement réalisée par mes soins et a constitué la partie la plus importante du travail.

Vous trouverez tout au long de la lecture des mots suivi d’un « ? », il s’agit de ceux qui je n’ai pas réussi à transcrire. Il s’agit le plus souvent de noms de villages qui n’existent plus ou alors qui existent toujours mais avec une orthographe différente. C’est notamment le cas lorsque Prosper FRÉMINET mentionne les noms de villages dans lesquels il est passé pendant la bataille de Belgique, où l’auteur a « francisé » l’orthographe des noms des villages qui sont toujours aujourd’hui toujours orthographiés en flamand.

 

« D’autres mots sont tout simplement des mots illisibles, des noms d’officiers dont je n’ai pas pu retrouver la trace, ou des abréviations que je n’ai pas réussi à déchiffrer. J’ai dans ce cas transcris ce que je pouvais pour être le plus fidèle possible à ce qui était écrit.

Concernant l’orthographe et la grammaire, Prosper FRÉMINET, bien que vivant à la campagne, savait écrire plus que correctement et avait un niveau de grammaire correct également. J’ai rétablis les petites fautes d’orthographes et de conjugaisons mais laissé à l’identique les tournures des phrases, même quand elles peuvent paraître hasardeuses. »

 

« La rédaction du carnet a du se faire au fur et à mesure, et cela peut déjà se prouver par le crayon de papier utilisé une grande partie du carnet, entremêlé de pages écrites à l’encre ou au crayon de papier violet. De plus, Prosper FRÉMINET avait ajouté des notes à la toute fin de son carnet avec des dates et des évènements, un moyen de retenir les évènements pour le moment où il aurait du temps pour rédiger quelques pages. »

 

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Prosper FRÉMINET est né à Dannes (54) en 1880.

A 20 ans, au moment de son incorporation, en 1900, il déclare être vigneron. Il fait son service militaire au 4ème bataillon de Chasseurs à Pied, il y est clairon. 4ème bataillon dans lequel il fait ses 2 périodes de rappel en 1907 et en 1911.

En août 1914, il intègre le 156ème régiment d’infanterie, il a 34 ans et à quelques mois près il devait être intégré dans un régiment de l’armée territoriale, beaucoup moins dangereux en cas de conflit…

 

Le chtimiste :

« Les noms de villages ont été corrigés dans le texte. J’ai ajouté du texte en bleu pour la compréhension de certains termes et pour aller « plus loin » dans l’analyse du récit. J’ai aussi ajouté quelques dates pour pouvoir mieux se repérer dans le récit.

Merci à Philippe S. pour les corrections et son travail de recherche. »

 

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Le 156ème régiment d’infanterie fait partie de la 78ème brigade d’infanterie (avec 160ème RI). La 78ème BI fait partie du la 39ème division d’infanterie, avec la 77ème BI (146ème et 153ème RI). La 39ème DI fait partie du 20ème corps d’armée.

Nous verrons que Prosper est conducteur (hippomobile) du train régimentaire.

 

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1914

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Le jour d’appel sorti de Pannes à 1h du matin, avec les camarades nous faisons la route à pied jusqu’à Ménil-la-Tour (*), nous trouvons des camarades tout le long du trajet.

A Ménil-la-Tour nous prenons le train.

En passant par Bernécourt, je dis bonjour à Marie COSTILLART dont son homme est parti de l’avril.

En arrivant à Écrouves nous sommes habillés. Nous restons deux jours.

 

Le dimanche soir, on a l’ordre de partir.

Tous les sacs et faisceaux sont dans la cour. C’est alors que la voiture de compagnie de la 9e n’a pas de conducteur. BARBELIN (Théophile) de Blénod (**) qui est comme sous-officier de liaison, me fait passer conducteur à la 9e compagnie car je suis à la 1ère. (***)

Nous sortons de Toul à 6h du soir par un orage violent.

Nous passons à Laxou à minuit où nous cantonnons jusqu’au lendemain à 4h du matin. Les habitants sont très gentils ils viennent nous chercher pour manger et boire le café pour nous réchauffer.

Départ pour Saulxures-les-Nancy. Cantonnement jusqu’au 10 août.

 

Départ à 4h du matin nous passons à Pulnoy où je donne ¼ de vin à l’Ernest FAVIER arrivé à Cercueil, arrêt à l’entrée du pays où nous entendons le Brutal (****) pour la 1ère fois, hélas ce ne devait pas être la dernière (cantonnement).

Départ le 11 août nous revenons à Pulnoy où l’on reste la journée en plein champ par un soleil de plomb.

 

(*) : 20km environ.

(**) : BARBELIN Théophile, maréchal-des-logis au 12e Dragons, sera tué le 20 août (voir plus loin dans le récit).

(***) : La 9e compagnie fait partie du 3e bataillon du 156ème régiment d’infanterie. Il est donc conducteur de la voiture de la 9ème compagnie (voiture hippomobile) du train régimentaire. A noter que Proper aurait intégrer le régiment de réserve du 156e RI, le 356e RI. Mais il était d’usage d’employer comme conducteur (ou autres fonctions subalternes) les soldats réservistes dans des unités d’actives.

(****) : Certainement le canon.

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Départ le soir à 7h pour Seichamps où l’on couche.

Départ le 12 pour Réméréville où l’on cantonne.

Là, nous apprenons la déclaration finale de la guerre. Nous ne dormons pas de la nuit car tout le monde est énervé. Une patrouille du 12e Dragons de 70 surprend une d’Uhlans de 30 et saute dessus. L’officier du 12e a l’épaule déchirée mais il passe son sabre au travers du ventre de l’officier boche, qui est enterré au cimetière du village.

Nous voyons son cheval et ses armes ramassées par les Dragons.

 

Départ le jeudi 13 à 8h du soir.

Nous revenons à Ville-en-Vermois. Nous passons la matinée sur un pont de bateaux fait par le génie à St Nicolas en face le Banc du L… ( ?).

 

Départ le lundi à 10h du soir nous marchons toute la nuit, nous arrivons à Arracourt, le canton mobilisé (par) l’armée d’avant. On s’est battu le vendredi et le samedi, nous voyons les premiers champs de bataille. Les civils en…( ?) une quarantaine de chevaux. Il y a une ambulance volante où il y a une masse de blessés.

 

Le mercredi 19, nous partons, on entend le canon tonner au petit jour mais assez loin. Nous avons couché sous nos voitures par la grande pluie. Nous passons la frontière le 19 à 2h après midi.

Nous arrivons à Vic, MoyenVic et Burthécourt. Très beau pays, beaux coteaux de vignes, nous arrivons à Château-Salins à 9h du soir.

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Nous passons la nuit sur la route entre Château-Salins et Morhange.

 

Le lendemain 20, la bataille s’organise au jour, le canon fait rage et dès 7h, les masses de blessés commencent à défiler devant nous, car c’est la route de la retraite. Nous avons tous le cœur chaviré en voyant passer ces hommes couverts de sang.

Une source coule dans le fossé près de ma voiture. Nous pressons nos ¼ de vin pour leur passer à boire. (*)

Les avions boches viennent nous repérer, nous tirons dessus sans succès. Mais le canon se rapproche, la retraite commence.

Nous mourons de faim, nous cueillons des mirabelles pour nous manger, les balles coupant les branches au-dessus de nos têtes. Les obus ne tombent plus qu’au sud de nous.

Nous trouvons drôle qu’on nous laisse là, car toutes les voitures à vivre du 20e corps sont là.

Le lieutenant est parti voir le commandant ROUYER qui est de Pagny-sur-Moselle (c’est lui le chef du convoi) pour lui demander des ordres. Mais ils ne peuvent repasser ni l’un ni l’autre.

 

Je fais les fonctions de caporal depuis St Nicolas et les camarades voudraient filer, j’ai du mal à les en empêcher et moi je ne demanderai pas mieux.

Mais le lieutenant serait mécontent de moi, c’est un vieux camarade, nous avons été bleus ensemble au 4e bataillon. (**)

Enfin il rentre il est 2h et donne l’ordre de partir, chose qui devrait être faite depuis longtemps.

 

(*) : Le 19 août 1914, à la bataille de Bellange, le régiment perd plus de 900 hommes tués, blessés et disparus

(**) : Il s’agit du 4e bataillon de Chasseurs. Prosper FREMINET y était pour son service militaire, en 1901.

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On file au plus vite, il passe des camarades de toutes armes. Je vois Maurice SALVATOR de Thiaucourt.

Les obus coupent les arbres de la route derrière nous, je ne sais comment on arrive à avancer car on est 4 voitures de large dans la route, tout le monde veut passer à la foi, quelle panique !

Le 99e régiment d’artillerie perdit 23 pièces qu’ils ne peuvent aller atteler, le général ordonne de les faire sauter.

Heureusement le 60e arrive et se met en batterie et protège la retraite car sans lui tout le 20e corps est anéanti. Nous apercevons la cavalerie en masse qui descend la côte de Vic, mais le 60e la prend en flanc, il faut voir le carnage.

 

Nous repassons à Château-Salins où les habitants se désolent de voir la retraite. Nous avons eu tort d’entrer si vite car c’était un piège tendu. Les hauteurs de Morhange étaient fortifiées et ils étaient 2 corps d’armée contre nous.

Le pauvre BARBELIN est tué, il a la gorge ouverte en sellant son cheval pour fuir ainsi que le brigadier qui est avec lui. (*)

Nos brancardiers et infirmiers sont faits prisonniers ainsi que plusieurs docteurs qui ne veulent pas abandonner les blessés, mais on les renvoie au bout de 8 jours.

 

En passant par la Luisse nous arrivons à Ville-en-Vermois dans la même nuit. 68 km.

Nos pauvres chevaux n’ont rien dans le ventre depuis 10h du matin la veille et nous arrivons à 5h du matin, les hommes subi la même.

 

(*) : BARBELIN Théophile, maréchal-des-logis au 12e Dragons, voir sa fiche. BARBELIN apparait bien dans le liste des tués au JMO du 156e RI et était agent de liaison au 3e bataillon. Selon le JMO, le brigadier tué à ses côtés doit être Hureaux de l’état-major du 1er bataillon, seul brigadier apparaissant dans la liste des tués de ce jour. Ce doit donc être Léon Jean Nicolas HUREAUX également indiqué dans sa fiche MdH au 12e RD, mais sa fiche matriculaire indique qu’il avait été rappelé lors de la mobilisation au 156ème régiment d’infanterie (il doit probablement en être de même pour Barbelin mais je n’ai pas pu le vérifier sur sa fiche matriculaire, son n° de recrutement faisant partie d’un manque dans les archives de la Meuse).

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Nous allons leur couper de l’avoine verte. Le lieutenant nous achète un mouton, on le dévore à moitié cuit.

Je vais demander après ROUYER, mais on apprend sa mort aujourd’hui 22 août. (*)

 

Le 23, départ pour Flavigny (sur-Moselle).

 

Le 24, nous nous venons coucher à Fléville(devant-Nancy).

 

Le mardi 25, nous revenons à Lupcourt.

 

Le 25, le régiment perd environ 470 hommes, tués, blessés et disparus dans les combats de Drouville-Maix. On constate donc que Prosper n’était pas au sein des unités purement « combattantes » du régiment. Lupcourt étant à une quinzaine de km du lieu de ces combats. Cela confirme qu’étant conducteur, il était à l’arrière, prêt à ravitailler, un peu plus à l’abri des balles et obus.

 

Le 26, à Manoncourt(en-Vermois).

 

Le 28, à Ville-en-Vermois.

 

Le 30, départ à 8h du matin pour aller ravitailler au bois d’Einville où le lieutenant LUX a le pressentiment de sa mort prochaine. Il me le dit en buvant ¼ de vin que le lui donne car mon bidon est approvisionné autant que possible.

Il est tué raide le surlendemain. (**)

En revenant nous passons sous les obus boches qui bombardent Dombasle-Varangéville où plusieurs maisons brûlent. Nous passons à St-Nicolas.

 

Le lendemain 31, je suis en train de faire les distributions, on me dit qu’il passe du 42e territorial, j’y vais je vois Henri AUBRIOT de Remenoville, il me dit qu’Alfred CONTANT est passé, je pars le voir à 7 kilomètres.

A Burthecourt, je vois Achille GUÉLY et FROCHART de Bouillonville, je suis heureux il me donne des nouvelles car je n’ai pas de lettres.

 

Le 1er septembre, départ pour Ville-en-Vermois, le 5 départ pour Flavigny-sur-Moselle. (***)

 

Le 6, pour Azelot.

 

Le 7, pour Richardménil où je vais me baigner en Moselle avec les camarades.

Là, on revient à Ville-en-Vermois où nous restons jusqu’au 14.

 

 

(*) : 22 août 1914 : Il n’y a pas de tué du nom de Rouyer au 156e RI dans la période (ce n’est donc pas le commandant cité le 20 août mais qui n’apparait pas dans la composition initiale du régiment). MdH identifie 2 tués du nom de Rouyer (mais pas officiers) mais le 20 août dont Gabriel Henri Charles ROUYER du 160e RI qui marchait avec le 156e (JMO 156e). Voir sa fiche.

Sinon, au 156e, il pourrait s’agir de Lucien André ROGER (nom à vérifier sur le manuscrit original) lui aussi tué le 20 août. Voir sa fiche.

(**) : Lieutenant promu capitaine le 2 septembre (JMO), Victor Albert LUX tué le 5 septembre (et non le surlendemain du 30 août). Voir sa fiche.

(***) : Durant les premiers jours de début de septembre, le 156e RI perd plus de 500 hommes dans le secteur du bois de Crévic, région sud d’Haraucourt.

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Le lundi 14, alerte à 2h du matin pour Malzéville.

 

Le 15, départ à 5h du matin. Je vois Julien HAUCHE qui m’appelle, nous faisons un bout ensemble pour causer cependant il pleut à seau.

Nous venons à Avrainville. Nous faisons la grande halte à Villey-St-Etienne, je vois Albert ANTOINE, Paul NOËL, Adrien ROYER, Marcel CONTANT et Madame GEORGES, chéfesse de gare d’Essey qui m’apprend que Pannes est bombardée.

Je vais au café Bernard où nous couchons dans nos trumes, j’y trouve DRAPIER qui y est depuis 5 jours.

 

En arrivant à Avrainville où les habitants sont en partie saufs, je vois les mêmes maisons pillées par ceux du midi.

Il me semble voir Pannes (*) et je demande où sont les miens.

 

Le 18 départ pour Charmes-la-Côte où nous restons jusqu’au 21.

Je vois Henri LORRAIN, Henri VILHEM, Lorain MÉNÉE.

 

Départ le 21 nous embarquons à Domgermain à 10h du soir par la grande pluie (**).

 

Nous passons par Neufchâteau, Troyes, arrivons à Vendeuvre(sur-Barse) dans l’Aube, les dames de la Croix Rouge nous offrent le café.

Nous passons à Melun, Montereau où il y a eu quelques jours auparavant un déraillement en plein bois, la machine et plusieurs wagons sont en miettes dans un ravin de 8 mètres.

Il y a plus de 30 victimes dans les immigrants. (***) 

 

(*) : Son village natal.

(**) : Le 3e bataillon embarque, en effet, à 21h58 en gare de Dongermain. Le JMO précise que ce bataillon embarque avec 8 voitures (1 caisson de ravitaillement, 5 fourgons à vivre, 1 voiture médicale et 1 voiture de fers.). Prosper FRÉMINET est donc le conducteur de l’une de ces voitures hippomobiles.

(***) : Sur la Ligne de Flamboin-Gouaix à Montereau, entre Noslong-Marolles et Montereau, collision entre deux trains transportant l'un des soldats blessés et des civils évacués, l'autre des vivres. Écrasés par la machine du train tamponneur, une quinzaine de wagons s'enchevêtrent et sont détruits. L'accident fait un mort et quatre blessés graves. Voir ici.

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Nous contournons Paris.

Nous passons le château de Versailles nous allons près de Rouen, enfin nous venons débarquer à Poix(de Picardie) (Somme) le 23 après 3 nuits et 2 jours de train.

 

Le 24, nous passons à Quevauvillers, Boves, Saleux, Dury, nous venons cantonner à St Fuscien.

 

Le 25, départ pour Arvillers en passant par Cagny, Longueau, Domart-sur-la-Luce où nous couchons dans la rue, on repart le matin par Beaucourt-Mézières, Hangest(-en-Santerre) et Arvillers.

 

Le 27, départ pour Hudicourt (*), Bouchoir, Le Quesnoy, Parvillers (cantonnement), le 28 Fresnoy-en-Chaussée (cantonnement), le 29 on passe par Hangest-en-Santerre, Quesnel, Caix, Harbonnières, Morcourt, Sailly-Laurette, Cerisy, Gailly et Sailly-le-Sec où on cantonne jusqu’au 15 octobre .

 

Le 9, je vais ravitailler une tranchée avec le sous-lieutenant NASSY, où nous manquons d’être fusillés tous les deux par un 77.

 

Le 10, je vais à Corbie, jolie petite ville, belle église et belle place.

Je suis chargé d’acheter une masse de marchandises pour le 2e bataillon. Le lieutenant BOMAND me donne 1000 francs mais je n’ai pas assez car j’achète pour 1160 francs.

Je rentre à 9h du soir, je donne l’avoir, je change de chevaux et en route pour les tranchées c’est ma 2e nuit blanche. Il faut une grande précaution car les boches sont à peine à 500 mètres de là.

 

(*) : Commune non trouvée.

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Le 16 octobre départ à 7h du matin, nous passons à Ribemont-sur-Ancre, Méricourt-l’Abbé, Laviéville (cantonnement).

 

Le 18, Ribemont(-sur-Ancre), Treux, Buire-sous-Corbie, Hénencourt, Senlis-le-Sec, Hédauville, Forceville, Acheux-en-Amiénois, Bus-lès-Artois (Cantonnement).

 

Le 19, départ le matin, nous passons à Louvencourt, Vauchelle-lès-Authie et Marieux.

Cantonnement jusqu’au 26.

 

Le 21, je vais avec le lieutenant à Doullens en voiture. Belle ville, nous dinons ensemble à l’hôtel des Bons Enfants.

Le lieutenant me propose les galons de caporal mais j’en veux pas. (*)

Il me fait cadeau de sa 1ère montre en acier oxydé, ça me fait grand plaisir c’est un souvenir de lui.

 

Le 26, je réquisitionne une voiture pour le lieutenant, je le conduis à Hannescamps d’où je reviens seul le soir, chargé par lui de ramener le train. (Le train régimentaire)

 

Le 27, je me réveille à 6h, départ à 7h, nous passons par Thièvres, Pas-en-Artois et Hannescamps où nous trouvons les amis du train de combat. Le lieutenant me fait faire l’état nominatif des conducteurs, leur classe, et le nombre d’infanterie, on parle de les remplacer par des tringlots. (*)

 

Le 28, repos. Le lieutenant me charge de réquisitionner 50 brochons de 20 litres. Il faut conduire de l’eau aux tranchées car les boches ont rempli les puits de cadavres.

 

Le 29, nous enterrons un soldat du génie.

 

Le 30, nous avons alerte, nous partons à Pommier à 7 km.

Je suis malade toute la nuit et à 8h du matin on vient m’appeler par la porte je reconnais la voix de Louis HEMONET et nous parlons des pays car nous sommes sans nouvelles tous 2.

 

(*) : S’il passe caporal, il y a de fortes chances qu’il quitte sa fonction de conducteur hippomobile du train de compagnie et parte rejoindre dans les tranchées ses camarades de la 9e compagnie.

Je pense que son refus est bien calculé. Nous verrons par la suite qu’il a eu bien raison. Il sera rarement en tranchée en première ligne, ce qui lui sauvera certainement la vie.

Durant la guerre, le 156ème régiment d’infanterie a eu près de 4000 soldats tués, blessés et disparus…

(*) : Tringlots = Hommes du train des équipages militaires hippomobiles.

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Le 31, alerte à 3h du matin nous venons à Saulty, petit pays.

Ce matin les artilleurs du 9e lourd volent le cheval de Gustave JANIN. Je suis bien contrarié nous partons avec le chef et lui à cheval le réclamer. On le ramène après bien des pourparlers.

Ce matin 1er novembre nous sommes attelés à 7 heures, on parle d’embarquer de nouveau.

 

Le 2, départ à 2h nous arrivons à Doullens ou nous embarquons le 3 à 7h puis nous venons débarquer à Bailleul (Nord), nous entrons en Belgique nous arrivons à Boesinghe mais nous évacuons 1h après car les obus rappliquent durs, nous venons à Elverdinghe dans le parc d’un joli château, nous couchons dans les sous-sols.

C’est le château d’un général en chef belge.

 

Le 5, alerte à 3h du matin nous allons retrouver le régiment, nous arrivons à 7h du soir à Kemmel où nous passons la nuit près des voitures on craint une alerte.

 

Le 6, à 11h les Boches bombardent le pays. Comme j’y allais pour toucher des veines avec des camarades, les obus arrivent sur la route devant nous, tous se sauvent nous restons à 2 mais le lieutenant du train d’approvisionnement me fait rebrousser chemin.

Le fourgon du Goloin ( ?) est renversé dans la cour de l’école et le conducteur à la cuisse en feu, il meurt le lendemain.

Il faut évacuer le camp au plus vite nous revenons à 7km en arrière.

Le 7 novembre, nous partons à 8h du matin nous passons à Poperinghe, jolie petit ville comme Pont-à-Mousson. Grande Halte à St Georges et nous venons cantonner à Saint-Jan-ter-Biezen.

Nous entrons chez de braves gens qui nous font cuire notre manger.

 

Le 10, alerte à 10h nous venons à Saint-Jan-ter-Wieltje puis Poperinge où nous sommes tout le train du 20e corps dans le même parc.

 

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Nous n’avons pas touché de vin depuis 2 jours nous vivons de boites de singe.

 

Le 14, départ à 11h du matin par une pluie battante et des chemins défoncés. Nous ne pouvons suivre les routes car il y passe une masse d’infanteries.

Nous sommes 2 et le vétérinaire nous pensons ne jamais pouvoir nous en tirer, la voiture est enfoncée jusqu’aux moyeux nous arrivons à 3h à Crombèke, tout le train du corps est là.

 

Le 16, départ à 11h, nous repassons à Poperinge pour revenir à Elverdinghe que les Boches bombardent le lendemain.

Là, je revois Louis HEMONET et Raul CÉLESTINE. Nous sommes dans une ferme où le patron est à moitié Boche. Nous mettons nos chevaux sous des hangars, dans la nuit la neige tombe il fait un froid très dur.

Le lendemain, il meurt 3 chevaux et 7 que nous avons enterré la veille, laissés par les artilleurs.

 

Le 12, nous partons à cheval à 6, le chef compris, pour aller chercher des chevaux nous couchons à Oost-Cappel dans une maison à moitié démolie.

Nous revenons le lendemain les mains vides après un trajet de 25 km à cheval. Quand nous arrivons les camarades sont partis nous venons les retrouver à 5km en avant.

 

Le 25, nous revenons à Krombèke où nous restons jusqu’au 4 décembre dans un très bon parc.

 

Le 4, nous revenons à Westvleteren où le régiment est au repos pour 2 jours.

 

Le 6, nous revenons à Krombèke mais à 5km de Poperinge nous faisons parc derrière un café.

Là nous sommes très bien reçus. Des jeunes filles d’émigrés qui parlent très bien le français nous servent à boire. Nous sommes beaucoup mieux que dans le Nord.

Elles viennent manger sans façon de notre popotte faite par Louis LALLEMAND.

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On fait des frites car nous ne payons les patates que 1 sous la livre.

Tous les jours nous faisons des corvées de voitures pour Poperinge qui est à 5 km. Nous ramenons des caisses d’effets donnés par les Femmes de France.

Je fais ce compte-rendu aujourd’hui 13 décembre dans le couloir du café car la salle est comble.

Enfin on s’installe à une table et nous engageons une grande partie de mains chaudes (*) avec les 3 jeunes filles, ça fait un peu oublier les mauvais jours.

Tous les jours il me faut aller acheter du foin pour les chevaux, c’est pas facile d’en trouver ce sont tous des pâturages.

 

Aujourd’hui 14 décembre, je vais en chercher 500 kilos et 200 kilos de sous à la gare de Poperinge.

 

Aujourd’hui 15 décembre, les camarades vont rejoindre le régiment au repos mais le lieutenant me fait rester pour garder ce qui reste comme denrées au parc. Nous ne nous croyons plus en guerre car nous sommes à 28 km du feu.

 

Le lendemain, j’ai un cheval haut, le premier qui crève, je suis ennuyé car le vétérinaire est absent.

 

Le 20, les camarades rentrent mais hélas ce sont des tringlots qui en remplace la moitié, mon vieux Carême m’a quitté.

D’autres partent en se séparant on a les larmes aux yeux.

 

Aujourd’hui 22 décembre, j’écris à Paris pour les remercier d’un colis qu’ils m’ont envoyé. Je me suis enrhumé fortement en chargeant des balles de foin.

 

Le 24, nous partons à 6h du matin pour Woesten où le régiment est au repos.

Là, nous trouvons une maison avec PERRIN et les bonnes gens notre popotte. Quelle triste veille de Noël. Nous rentrons au cantonnement le 29 à 9h sur soir par une pluie battante.

 

(*) : Jeu où une personne, courbée sur les genoux d’une autre et les yeux fermés, reçoit des coups dans une de ses mains, qu’elle tend derrière elle, et doit deviner qui l’a touchée.

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Aujourd’hui 31 décembre, 7 voitures vont en corvée chercher les étrennes pour les conduire aux camarades qui sont en tranchées en avant d’Ypres.

On touche des sardines, chocolat, une orange, 2 pommes, 8 noix, ¼ de vin de supplément et une bouteille de champagne pour 4. Cependant c’est un triste jour de l’an car nous partons à 1h du matin pour rejoindre le régiment à Boezinge où nous arrivons à 5h du matin.

 

Là, impossible de trouver les compagnies du 3e bataillon, à ce moment les obus rappliquent sur les maisons et nous recevons des tuiles sur le dos. Nous décampons en vitesse enfin après bien du mal nous trouvons nos compagnons dans des fermes à 2km de là où nous entrons dans la boue jusqu’aux genoux car dans le pays c’est la mode.

1915

Nous repartons le 5 janvier, nous partons à midi pour Krombèke où nous arrivons à 4h au cantonnement.

 

Aujourd’hui 6, nous partons pour Oost-Cappel mais nous revenons à vide après avoir poussé jusqu’à Rospoëde à 44 km sans rien dans la peau. Nous rentrons au cantonnement à 9h et demi du soir.

 

Le 10 janvier, nous venons rejoindre le régiment à Woessten où nous reprenons le même cantonnement.

 

Le 14, nous rentrons à Krombèke.

 

Le 18, nous repartons pour Saint Jan près d’Ypres où nous sommes dispersés dans des fermes. L’artillerie lourde est en positions près de nous et tonne toute la nuit, on ne dort pas plus mal car on est habitué. Les boches ripostent et les obus viennent à 200 mètres de là.

Là commence les ruines de la pauvre Belgique.

Là je tombe en bas de ma voiture. Je reste comme ça pendant les 4 jours.

En rentrant à Krombèke, je me fais porter malade c’est le 21 janvier.

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Le docteur commence par me faire des reproches : pourquoi je suis resté sans me faire porter malade. Il paraît que c’est grave car il me dit de revenir à la visite de 3h afin d’avoir une consultation avec son camarade de la 11e division.

Il me trouve une broncho-pneumonie mal déclarée et des gonflements de foie. Les camarades vont retrouver le régiment et rentre le 31, moi j’ai resté au chaud.

Le docteur veut me faire évacuer mais je résiste car en rentrant, au revoir la voiture. (*)

 

Le 2 février, Louis HEMONET vient me voir. Il vient de recevoir une lettre de sa famille, là j’apprends la mort des gens de Pannes tués par les obus.

 

Le lendemain JANIN me fait parvenir une lettre de sa mère où nous voyons la mort de beaucoup de personnes d’Essey. Je vois Auguste FRANÇOIS qui me montre une lettre de Paul NOËL où il parle du pillage de Pannes.

Je ne sais toujours rien des miens.

 

Le 8, les camarades rentrent, je ne vois guère mieux.

 

Le 12, nous revenons à Elverdinghe où nous restons jusqu’au 15.

Je suis venu car le C. de comp. (**) trouvait le temps long.

 

Le 15, nous avons alerte, l’ordre est arrivé de revenir en arrière dans la direction de Dunkerque pour 15 jours de repos. Nous partons le 16 à midi nous passons à Poperinge, Sint-Jan-ter-Biezen et nous cantonnons à Houtkerque.

 

Le 17, départ à 7h nous passons à Herzeele et nous venons cantonner à Wormhout à 18 km de Dunkerque.

 

Mais le 26, ordre de revenir sur nos positions. Nous revenons cantonner à Krombèke où nous relevons des Territoriaux.

 

(*) : Toujours le même calcul : Il a peur qu’à son retour de l’hôpital, on ne le ré-intègre pas conducteur, et qu’il parte aux tranchées !

(**) : Commandant de compagnie.

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Le 2 mars nous allons remplacer une division du 9e corps.

Nous cantonnons à Vlamertinghe dans une ferme sur la droite de St Jean où nous restons 4 jours en réserve de division.

 

Le 7 nous revenons à notre parc de Vlamertinghe et tous les 4 jours nous allons rejoindre le régiment, c’est ainsi jusqu’au 1er avril.

 

Le 31 mars, j’ai la permission pour venir à Krombèke dire bonjour aux demoiselles et venir chercher 2 faisans pour les officiers de la compagnie chez un braconnier que nous connaissons.

Je suis à cheval sur un cheval Boche que nos cuistots ont ramené de Saint Julien.

 

Le 13 avril au matin, nous partons à 4h du matin nous revenons à Herzeele où nous couchons.

 

Le 14, réveil à 3h, nous venons dans les environs de St Omer où on parle de nouveau d’embarquer. Les Anglais nous remplacent en Belgique.

Nous sommes aujourd’hui à Rubrouck à 10 km de St Omer. Je m’adresse au bureau du comité des Émigrés de Meurthe-et-Moselle pour obtenir un petit secours, je reçois ça quelques jours après ça me fait grand plaisir.

C’est Isidore BERNARD de Pont-à-Mousson qui est le président.

 

Le 15 départ à 6h nous traversons St Omer où nous faisons la halte sur la place ; jolie ville, très belle cathédrale, tour carrée. Nous faisons la pose près du camp d’aviation anglais où nous regardons un avion descendre en spirale d’une hauteur énorme, c’est chic à voir.

Nous venons cantonner à Bientques. En cours de route le Lieutenant MOURIAUX me donne la consigne du cheval car sa femme vient d’arriver et l’ordonnance reste avec eux à St Omer.

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Le 16, départ à 6h, nous passons à Cléty, Avroult, Fauquembergues, Wandonne et Mencas où nous cantonnons 1 jour.

 

Le 17, départ à 6h nous passons à Fruges, joli bourg situé au flanc d’un coteau rapide, passons à 7h du matin samedi jour de marché qui se fait sur place où nous sommes arrêtés.

Un groupe de 99 passe devant nous, je vois CALME, MONGINOT et GUILMAIN de Ville-au-Val. Nous passons à Crépy et nous venons cantonner à Heuchin, pays d’environ 900 hectares.

Village d’une seule rue très large et plate.

 

Le 21, départ 5 heures du soir nous faisons 15 km nous venons cantonner à Valhuon, petit pays de 200 hectares environs. Depuis 6 jours pas de lettre car on change trop de pays.

 

Le 22, départ 7h du soir, nous venons cantonner à Aubigny-en-Artois à 17 km d’Arras, nous arrivons à 1h du matin. Nous sommes logés dans une ferme de carrière à chaux.

Le pays, chef-lieu de canton, compte environs 2500 habitants.

 

Le 28, réveil à 1h, nous passons à Frévin-Capelle, à Acq, pays composé de villas en majeure partie, nous venons cantonner à Écoivres.

Nous sommes en réserve, la compagnie va travailler toutes les 2 nuits. J’ai reçu hier une lettre de ma sœur, quelle joie car depuis 18 mois je suis sans nouvelles d’eux.

Ils sortent d’être rapatriés et sont dans la Haute-Garonne.

 

Le 7 mai, nous montons aux tranchées avec Vincent l’ordonnance du lieutenant, nous leurs portons les vivres qui sont dans la voiture car c’est demain l’attaque. Je dis au revoir aux amis et au lieutenant qui ne doit plus revenir, ni beaucoup de camarades. Ce sera une chose mémorable.

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Le 8, nous reculons à 7 km en arrière à Frévin-Capelle.

 

Le 9 à 6h du matin, le bombardement commence, quel enfer. Les Boches prennent la purge mais nous perdons trop de monde pour prendre si peu de terrain.

Le 156 est réduit au ¼ de son effectif car il est parti le premier à l’attaque.

Ma compagnie se compose de 38 hommes sur 220.

Le lieutenant, commandant la compagnie, tué (*), le sous-lieutenant VALLANCE blessé, le sous-lieutenant WUYAM blessé.

 

(*) : Le 11 mai, le général NOURISSON de la 78e brigade d’infanterie dit : « il faut attaquer et enlever la cotre 140 et la Folie, au prix de n’importe quel sacrifice »….(JMO). Le régiment comptera environ 1340 tués, blessés et disparu entre le 9 et 20 mai.

Le lieutenant tué doit être le sous-lieutenant Ferdinand Léon BAGARD qui commandait la 10e compagnie (JMO p 116/290). Voir sa fiche. les autres officiers tués sont le capitaine Frey -7e Cie – et le commandant Lillemann – 2e bataillon - qui ne commandaient pas de compagnie.

 

Le 11, nous sommes à Agnières à 6 km de la ligne de feu.

Je reçois aujourd’hui une lettre de Julien CASSIN qui me fait plaisir.

 

Le 25, nous revenons à Tilloy-les-Hermaville.

 

Le 26, le régiment est relevé après 25 jours de tranchées et nous venons à Sus-Saint-Léger à 25 km. Je suis très bien logé dans la cour d’un bistro.

 

Aujourd’hui 28, je vais avec les officiers à Doullens chercher des provisions pour la compagnie. Je reconnais très bien en ville, je vois l’hôtel des bons enfants où j’ai diné avec le lieutenant BOMAND. Je ne pensais jamais y revenir au mois de mai prochain.

 

Aujourd’hui 1er juin, je vais avec mon vieux copain MUNIER, caporal-fourrier, à Avesnes-le-Comte toujours aux provisions.

 

Le 9, nous revenons à Tilloy.

 

Le 13, nous revenons à Écoivres que les Boches bombardent, un obus tombe juste en pleine rue derrière nous qui revenons de l’abreuvoir. Personne de touché comme conducteur mais le tambour-major à la jambe cassée.

 

Le 27 juin, départ à 5h du matin nous revenons à Beaufort, assez beau pays mais eaux rare ; abreuvoir à 3 kilomètres du pays. Là j’apprends la mort de notre MÉDÉ par Julien CASSIN (COSSIN ?)

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Le 29, départ 5 heures du matin, nous venons à Noyelles jusqu’au 5.

Départ 5 à 4h et demi du matin, nous revenons sur Doullens en passant à Warluzel, Sombrin et nous cantonnons à Grouches.

 

Le 6, départ 5h du matin, nous passons à Haute-Visée, Bouquemaison pour venir cantonner à Occoches, je suis dans la cour du Maire, M. ETZNER dont le fils est à la tranchée de Calonne, artilleur.

 

Le 8, je vais 6h du soir conduire une cantine du lieutenant GALLIEN à 12 km, pays qui s’appelle Ivergny.

 

Le 10, je vais lier du foin de trèfle avec le GATO, car on lie tout le temps le fourrage en petites bottes de 5 livres environs après l’avoir fauché à la moissonneuse. Je bois du cidre à volonté.

Là, les 1ères permissions partent et JANIN est du nombre. J’en ai demandé une, j’y compte.

 

Le 13 juillet, départ à 8h du soir, nous venons camper à la Revanchel à 5 km de là.

 

Le 14, départ à 3h du matin nous faisons 25 km en passant à Bernaville (chef-lieu de canton), Ribeaucourt, Fransu, Gorenflos, Ailly-le-haut-Clocher, Longuet, Long, et Condé-Folie où nous sommes dans la prairie pour faire la grande halte.

A 1h, et demi alerte nous allons embarquer mais personnes ne sait pour où.

Il pleut à seau, enfin à 5h nous sommes dans le wagon en gare de Longpré-les-Corps-Saints.

Nous passons 96 heures en chemin-de-fer et à 2h du matin on débarque à Bayon.

 

Là, je me sens chez moi.

Je reconnais le pays car j’y ai passé bien des fois en étant de l’actif, qui m’aurait dit que j’y reviendrai faire la guerre.

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Nous couchons dans un lit avec NABOLT.

Le 26, je pars en permission. Mais quel fourbi.

Nous restons de 9h du soir à 9h du matin le lendemain en gare d’Aillevillers (Vosges).

Nous passons à Gray à 9h du soir, on signe les permissions. Nous prenons la direction de Paris à 6h du soir, il pleut à sceau. J’arrive à Paris à 6h du matin.

Je prends le métro ensuite le tram comme si je n’avais jamais fait que cela. Du reste impossible de se tromper car tout est très bien indiqué.

 

Le 30, je vais voir Marraine et l’Oncle BOIREAU.

Quelle rigolade avec Nelly car nous sommes obligés de nous boucher le nez, ça cocotte, Nelly en attrape mal au cœur de dans la nuit elle vomit, alors nous nous moquons d’elle.

 

Le 1er août, nous allons à La Varenne St Hilaire voir Albert LUTZ.

Nous devons nous retrouver dimanche à diner chez Mathilde. Mais pas de BOIREAU.

Le soir, il faut se quitter de reprendre la capote. Émile PERNY me ramène en gare en auto.

Là, on me dit que le train n’est qu’à 4h du matin le lendemain.

Le lendemain nous couchons à Gray, nous sommes à 2 jours pour revenir à Bayon, on est vanné.

Je viens de recevoir une carte de Julien LATUCHE, il est aux tranchées près de Xivray-Marvoisin. J’en ai aussi une de Martine ROYER nous le 18 août.

 

Aujourd’hui 23 août, je viens de permission à Barisey-la-Côte avec NABOLT mais j’ai la gueule de bois.

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Le 26, nous embarquons à 4h et demi du soir.

Ça nous fait tous de la peine de quitter Bayon surtout notre bon lit. Nous passons par Neufchâteau, Bar-le-Duc, Vitry-le-François, Gondrecourt-le-Château, Fains où nous voyons l’asile des fous, nous voyons aussi SERMY, nous venons débarquer après 18h de wagon à Vitry-la-Ville.

 

Le 28, nous passons 6h de pose dans les prés et à 8h du soir en route pour 18 km, nous venons camper à Moivre, département de la Marne.

Là, nous attendons l’arrivée des 2 autres bataillons.

Il fait une chaleur terrible et beaucoup d’hommes sont restés en arrière.

Nous restons 2 jours.

 

Le 28 à 7h du soir, nous partons par une pluie diluvienne, nous faisons 18 km pour camper au milieu des champs près d’Herpont.

Le soir on part à 7h. Nous passons à Auve qui devait être un beau village mais il n’en reste que quelques maisons isolées. Nous arrivons à 3h du matin dans un bois de sapins d’une grande forêt. Partout aux alentours les boqueteaux sont occupés par les trains de combat.

Nous sommes à 15 km de la ligne de feu juste en face de Beauséjour. (*)

Voilà 6 jours que les lettres ne partent ni n’arrivent. Nous n’avons même pas d’eau car tous les jours une voiture va en chercher pour faire la soupe.

Nous faisons 6 km matin et soir pour aller à l’abreuvoir et les boches nous tirent sur la gueule.

 

Aujourd’hui 3 septembre, nous revenons au camp de Somme-Bionne dans des baraques en planches. Tout le 39e d’artillerie est à 500m d’ici.

 

(*) : Le 3e bataillon du 156e RI occupe un secteur entre le fortin de Beauséjour et le bois en fer de Lance.

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Nous allons voir tous les pays avec Janin.

 

Aujourd’hui 15, je vais à Sainte-Menehould avec le chef et le caporal FERRIER ; ville petite et pas très belle si ce n’est la place.

 

Le 18, départ à 7h du soir nous revenons dans les bois où nous étions le 29 août.

 

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Sur cette carte du JMO, on peut situer très exactement où se trouve Prosper FERMINET.

Dans un bois avec les trains de combats (TC) des 2 bataillons. Cliquer sur la carte pour agrandir.

De nos jours, le bois semble toujours exister, voir ici

 

Le 23, nous redescendons à Hans où l’on décharge les sacs des hommes car l’attaque doit avoir lieu dans les 3 jours. Le canon fait rage depuis 2 nuits et 2 jours. Nous sommes tout le convoi du corps d’armée dans le même camp.

Quel remue-ménage.

 

Le 27, un cheval de la cuisine roulante se trouvant boiteux, je suis désigné pour marcher avec un des miens, nous partons à 4h du soir par la grande pluie, nous faisons 40 km aller et retour, on nous conduit à 900 mètres de la 1ère ligne à 1h du matin, un gros noir tombe en plein sur un fourgon du génie qui est en miette et 20 hommes sont tués sous les balles ainsi que 8 chevaux.

Là, des escadrons du 5e hussard ont chargé. Tous les chevaux sont là alignés près du réseau de fil de fer, ainsi que de cavaliers, quel coup d’oeil tragique. (*)

 

Nous prenons la fuite en vitesse et en revenant je reconnais le lieutenant FOURGEAUD (FOURGEAND ?) qui est blessé à la cuisse, nous le portons au moins 1200 mètres avec LERY mon caporal-fourrier.

Là, dans des souterrains il y a au moins 1500 blessés qui crient. Je me sauve car ça me tourne le cœur en voyant un de ma compagnie qui a la jambe broyée. Tous les officiers sont blessés, il ne reste que le chef qui commande la compagnie pour la 2e fois car déjà à Crévic ce fut la même. (**)

 

(*) : C’est exact. Le JMO du 5e Hussards indique que la cavalerie a été lancée vers l’Ouvrage de la Défaite :

« Le 2e demi-régiment (du Hussards) se lance à l’attaque par vague successives (…). Il franchit, sans aucune perte que celles provoquées par la chute des chevaux, les tranchées françaises. Une pluie fine ininterrompue depuis le matin rend le terrain glissant, sur les ponceaux étroits placés sur les tranchées, les chevaux patinent comme sur de la glace… »

« Parcourant au galop vers le Nord (…) vers une tranchée allemande d’où partent des coups de fusil et un tir violent de mitrailleuse. Pied à terre (…) les Hussards s’élancent, courent à la tranchée, en fusillant ou assommant les défenseurs, font prisonniers les autres, qui ahuris, cloués au sol par tant d’audace, lèvent les bras et se rendent en masse »

Les pertes du 5e Hussard sont de 59 tués, blessés et disparus.

 

(**) : Le régiment perd 268 hommes le 25 septembre, 115 le 26, 417 le 27, 57 le 28, 55 le 29 et une vingtaine les jours suivants…

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Ce matin j’ai été voir mon rire ( ?) JANIN qui est blessé dans un moulin, il a le bras gauche ouvert dans le biceps, je lui donne mon demi bout de chocolat pour partir.

 

Le 11 octobre, nous quittons le camp de Somme-Bionne où nous sommes depuis le 23 septembre.

Le 27 et 28 ont eu lieu les grandes attaques où le régiment a resté à 1300 sur 2800.

Nous venons au repos à Gizaucourt près de Sainte-Menehould. Pays assez gros. Grosses fermes. Pays de culture.

Nous apprenons la mort de notre lieutenant PIAUROY à la suite de son amputation, ses dernières heures furent terribles car il est mort par le tétanos. (*)

 

Le 18 octobre, nous quittons Gizaucourt à 7h du soir, nous venons à 11 km de lignes à Wargemoulin, pays complètement abandonné et presque détruit.

 

Le lendemain, nous sommes bombardés. Le 160 ont 7 chevaux tués, le 37e 6 hommes.

 

Le 21, le 153e 6 chevaux et 2 voitures hors d’usage.

 

Le 25, nous revenons à Gizaucourt, nous quittons Wargemoulin sans regrets.

Nous revenons à Gizaucourt où ce sera paraît-il notre cantonnement d’hiver.

 

Le 1er novembre, nous passons à 5 km de Valmy dans les bois de sapins. Nous ne sommes pas mal mais nous manquons complètement d’eau, il faut aller en chercher tous les jours.

 

(*) : PIAUROY Émile, lieutenant à la 9e compagnie, blessé le 27 septembre. Voir sa fiche.

Il apparait bien dans les tables matriculaires de la Seine (classe 1913 - 1er bureau – n° 4412) mais dans les registres, sa fiche matriculaire n’est pas accessible ni par la recherche avec son nom…

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Le 6, nous revenons toujours à Gizaucourt, là touchons le 1er prêt à d’Y.

A signaler la mort de l’adjudant ISSALY et du caporal-clairon.

 

Le 12, nous venons camper au milieu de la plaine dans la boue jusqu’aux genoux, nos pauvres chevaux s’abattent.

 

Le 13, la neige fait son apparition, il fait un froid à ne pas y tenir, nous gelons sous les tentes. On parle de faire des abris pour les chevaux et nous n’avons rien. Pour avoir coupé un mauvais un mauvais sapin, une vache de lieutenant de gendarmerie nous menace du conseil de guerre, c’est terrible de voir chose pareille.

On le souhaite crevé.

Nous allons tous les jours en corvées par des chemins défoncés. La moitié des voitures reste en panne.

 

Le 15, je suis désigné pour partir au génie, avec mes chevaux, conduire du matériel aux tranchées pour construire des guitounes. On voyage que la nuit par des chemins défoncés, heureusement qu’on n’y reste que 3 jours.

Nous revenons rejoindre le 19 au soir.

 

Le 21, nous rentrons toujours à Gizaucourt, toujours dans la boue.

 

(*) : Adjudant Daniel Edouard ISSALY tué le 4 novembre. Voir sa fiche.

caporal-clairon Louis Maurice GOUSSARD. Voir sa fiche.

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Les camarades sont relevés le 25, tous sont aux classes inférieures à 1902. (*)

Le 27 novembre, nous retournons toujours dans le même camp mais la gelée passe, ça va.

 

Le 5 décembre, nous devançons d’un jour faire place à des troupes qui viennent remplacer, nous venons camper contre Valmy près du monument de Kellermann.

 

Le 25, nous quittons Valmy à 8h du matin pour venir en arrière pour embarquer.

 

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On lit sur le JMO, que seul le TR (train régimentaire) était à Valmy. Nous avons donc la certitude, maintenant, que Prosper FREMINET était bien conducteur au train régimentaire.

 

Le régiment part en une seule étape en auto, nous nous faisons la route en deux. (**)

Nous passons par Somme-Bionne, Auve, Herpont, Dommartin-sur-Yèvre, Noirlieu et nous arrivons à 6h du soir à Bussy-le-Repos où nous passons la nuit.

 

Le 26, départ à 8h du matin, nous passons à Contault, Bassu et nous venons cantonner à Doucey pour 3 jours.

 

Le 29, départ à 4h et demi du matin, nous venons embarquer à Vitry-le-François à 2h nous venons débarquer à Vézelise à 5h du matin.

Nous venons cantonner à Houdreville, pays que je connais d’il y a longtemps. Nous sommes à 6km de Sion.

 

(*) : Des soldats âgés de 34 ans et plus.

(**) : À cheval, il lui faut 2 jours.

1916

 

 

Le 8 janvier, je vais en permission de 24h à Barisey-la-Côte avec NABOLT, car sa femme est censée nous attendre en gare quand nous sommes passés.

 

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Le 29, nous recevons l’ordre de partir à 8h du matin, nous passons à Vézelise, à Haroué où on fait halte 1h. Marcel CONSTANT vient de rentrer de perme il vient me voir car il loge là.

Nous parlons de Gragnague (*), j’ai des nouvelles précises.

Nous venons cantonner à Haillainville (88). Je loge dans le campement des haras de Rozière. Les personnes qui occupent la maison sont de St Geneviève. BRAUM leurs fournissait du vin, j’ai été chez eux plusieurs fois.

 

(*) : Commune à l’est de Toulouse.

 

Le 9 février, départ à 7h, nous passons dans des pays détruits où j’ai passé dans l’actif à Damas-aux-Bois et à Fontenoy-la-Joûte où BARBAZIN de St-Baumont était garde forestier. Nous venons cantonner à Azerailles pour 15 jours parait-il, je suis chez un marchand de vin en gros, pas mal logé.

 

Le 16, je pars en permission de 6 jours pour Gragnague, départ d’Azerailles à 6h45 du matin.

Nous passons par Sevreux, Gray, Dijon, Le Creusot, Nevers, Limoges, Capdenac, St Sulpice, arrivé à Gragnague à 3h le 19.

 

Nous allons à Toulouse le 22, belle ville un peu sombre mais jolis monuments surtout le capitol.

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Le 22, retour par le même chemin, mais arrivés à Gray on nous arrête car le corps (le corps d’armée) est parti pour l’attaque des Boches sur Verdun.

Départ de Gray pour St-Dizier mais arrivés à Langres on nous arrête de nouveau. Nous passons la journée là puis le soir on nous embarque pour Neuilly-l’Evêque où nous arrivons à 6h du soir le 27.

Là, nous sommes de toutes armes et de tous régiments, on nous case par 12 hommes. Nous n’avons ni paille ni cour voitures. Ne pouvant tenir de froid je me lève à 9h du matin pour venir me chauffer près du feu.

Là, nous attendons dans l’ennui ce que l’on va faire de nous.

 

Le lendemain 28, nous sommes tous les hommes du 156e réunis en 2 escouades, nous sommes 26. Nous restons là jusqu’au 6 mars à crever de faim.

 

Enfin le 6, nous revenons embarquer à Langres et nous descendons le 7 à Longeville où nous venons pour prendre les autos-bus, mais nous ne pouvons partir que moitié. Nous venons cantonner à Resson où nous passons une nuit à nous chauffer car il n’y a pas un brin de paille pour dormir.

 

Le lendemain matin, nous prenons les autos et nous faisons 50 km en passant à 5 km de Benoîte-Vaux. Nous venons débarquer à Moulin-Brulé.

Là, nous revenons retrouver le train à 6 km en passant dans un parc où tous les trains de la division sont réunis près de Vadelaincourt. (*)

 

(*) : Train régimentaires, train de combats, trains de bataillon de chaque régiment de la division : cela devait représenter au moins 100 voitures hippomobiles et 3 à 400 chevaux.

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Le même soir 9, nous venons conduire un fourgon de ravitaillement à Verdun.

Pauvre ville comme elle est abandonnée, tous les civils habitent les maisons dont beaucoup sont amochées.

Nous passons à l’hôpital pour ravitailler les trains, beaucoup de chevaux et d’hommes ont été tués la veille car les boches bombardent.

La nuit nous faisons un voyage de malheur car la gelée nous prend en route. Les chevaux s’abattent tout le long de la route, nous pensons ne jamais pouvoir rentrer, nous arrivons au camp à 7h du matin depuis la veille à 12h. Nous sommes à quelques mètres du camp d’aviation où nous comptons 38 avions de toutes sortes.

 

Aujourd’hui 11 mars, nous nous attendons à partir car le régiment est relevé, on parle de revenir aux environs de Saint-Dizier.

 

Le 12, départ à 1h de Vadelaincourt en passant à Ippécourt, Beauzée, et nous passons la nuit à Ablaincourt, le lendemain départ à 8h en passant par Rembercourt-aux-Pots, beau pays mais beaucoup détruit, nous venons faire grande halte près de Combles-en-Barrois où je vois beaucoup de camarades du 4e Chasseurs.

 

Nota : Pour le séjour du 26 février au 11 mars, le 156e RI a perdu environ 500 hommes.

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Nous couchons sous les voitures dans les vergers.

 

Le lendemain 14, départ à 5h du matin, nous passons à Trémont, Lisle-en-Rigault, Robert-Espagne, Baudonvilliers, Sommelonne et nous venons cantonner à Ancerville, gros bourg d’environ 700 habitants à 4 km de St-Dizier.

Je suis logé chez des réfugiés de près de Sedan. Je fais aussi connaissance d’une dame de Léoville, Madame HULI, dont le mari employé aux chemins de fer, réfugié à Ancerville et qui fut tué dans son service.

Elle connaissait Eugène de Vignot.

 

Le 22, départ à 7h du matin.

Nous revenons loger à Burey-en-Vaux, nous sommes mal logés.

 

Le 29, je vais à Bar-le-Duc avec le Chef PASQUIER acheter des légumes. Ville moche que Bar ; trop en côté et trop encaissée.

 

Le 7, départ à 7h et demi du matin, nous faisons 20 km par des pays dévastés et nous venons cantonner dans les prés à Issoncourt. Nous trouvons Raul CÉLESTIN qui est relevé de la veille, le 69e a perdu 5 compagnies entières et moitié du reste soit 1500 hommes environ.

 

Le lendemain départ à 6h du matin, nous venons camper dans le bois St-Pierre entre Dombasle(-en-Argonne) et Rampont.

La pluie pendant 8 jours dans la boue jusqu’au ventre jamais nous n’avons été si mal, même en Champagne.

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Le 23, départ à 6h du matin, il faut 6 chevaux pour arracher les voitures, nous venons passer la nuit à Beauzée, pays détruit.

 

Le lendemain, départ par la grande pluie après une nuit où tous les conducteurs sont dans la même maison, nous revenons à Burey dans le même cantonnement.

 

Le 27, départ à 10h du soir. Nous venons embarquer à Maxey, départ à 4h du matin après une nuit et 2 jours en train, nous débarquons à 8h du soir à Hargicourt. Nous faisons 8 km pour arriver à Grivesnes à 5h du matin. Nous voici encore dans la Somme.

Le pays est joli, mais comme partout l’eau est rare. Et tous les jours il faut aller chercher le ravitaillement à 1200 mètres au Plessier où le ravitaillement est dans la cour d’une ferme qui mesure 200 mètres sur chaque face au carré. Elle se compose de 300 hectares.

 

Le 9 avril, départ à 4h du matin pour 3 jours de marche. Nous sommes à Ailly-Sur-Noye, chef-lieu de canton. Très beau pays, joli châteaux modernes, tous entourés de boqueteaux.

Nous venons coucher à Berny-sous-Noye.

 

Le lendemain, départ à 5h pour les hommes. 28 km. Pour nous les voitures des compagnies, départ 7h car les chemins sont trop mauvais on nous fait prendre la grande route.

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Nous repassons à Poix-en-Artois où nous avons débarqué en septembre 1914.

Le viaduc du chemin de fer est réparé, viaduc de 150m de long sur 35 de haut, 5 arches sur 10 étaient touchées, il reste encore des morceaux de briques gros comme des maisons.

Nous venons cantonner à Gouy-l’Hôpital, village de 35 habitants, très pauvre pays très difficile à descendre. Mais le lendemain on change car impossible de loger le bataillon.

Nous venons à 3 km à Vraignes(-lès-Hormoy) où nous sommes assez bien. C’est une compagnie de mitrailleurs qui nous remplace.

 

Le 1er juin, nous partons plus vers le Nord. Départ à 3h et demi du matin, distance de 18 km, forte chaleur. Nous venons cantonner à Creuse, beau canton.

 

Le lendemain 2, départ même heure, 22 km, nous venons cantonner à Blangy-Tronville.

 

Le lendemain 3, départ 5h30 du matin, nous venons cantonner à Le Hamel où nous sommes très mal logés. Nous ne sommes qu’à 20 minutes de Sailly-le-Sec où nous sommes restés 6 semaines en 1914.

 

Le 15 juin, départ à 7h du matin, nous venons camper sur les bois du canal de la Somme dans de grands pâturages ombragés de jolis peupliers. Nous sommes à Cerisy-Gailly.

Le régiment est à Suzanne à 18 km d’ici. Nous faisons le voyage presque tous les 4 jours pour conduire des vivres que les sergents-majors viennent acheter à Villers-Bretonneux, très beau bourg d’environ 2000 habitants.

Grande fabrique de bonneterie, tricots et chandails.

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Nous allons en corvée pour le ravitaillement tous les 2 jours.

Le 3e bataillon est campé au repos dans les marais, dans des baraquements et des grandes tentes, sous de grands peupliers entre le canal et le château.

Il nous faut passer sur un pont de bois fait par le 10e génie sur les marais et qui mesure 386 mètres de long.

 

Aujourd’hui 14 juillet, amélioration de l’ordinaire ; ¾ et demi de vin, petits pois, jambon, 1 cigare, ¼ de niole pour 4 et une bouteille de champagne pour 4.

 

Le 20, nous partons à Bray(-sur-Somme), conduire les effets neufs mais nous restons là par ordre du commandant.

 

Le 23 juillet au soir, je suis désigné avec ma voiture pour conduire les sacs des fusiliers-mitrailleurs jusqu’à Maricourt. (*)

Je suis les voiturettes mais en passant dans un bois nous sommes sonnés et nous passons sur un tué, il y a 3 blessés.

On décampe au trot.

Malheureusement pour moi, en passant sur une tranchée, le pont casse et ma voiture reste engagée une roue dedans. Je suis obligé de décharger pendant que les obus tombent autour de nous, je me vois tué, enfin je continue ma route sans savoir où je vais à travers les champs.

Je saute les voies du train, j’arrive sur la grande route de Péronne à Albert, les obus tombent de tous côtés. Je gagne Maricourt où les types doivent m’y attendre mais je n’en vois pas un, je cherche pendant une heure.

 

(*) : Le JMO précise que les 3 bataillons rejoindront Maricourt par la ferme Bronfray. C’est donc là qu’il devait porter les sacs des mitrailleurs.

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Tout à coup on crie aux masques, les boches envoient des obus lacrymogènes. Par malheur j’ai oublié le mien.

Je me sens pris à la gorge, mes yeux pleurent, je me sens étouffer, que faire ?!

Je planque mes chevaux dans un coin et je vais au poste de secours de mon régiment. Il est temps je me sens mal, on me fait respirer de l’éther.

Une demi-heure après je mets du foin dans ma bouche et un mouchoir sous mon nez, j’amène ma voiture dans la cour de la brasserie, je décharge mes sacs et je file dans la direction de Suzanne mais la route est balayée par les obus car les pièces sont proches, les Boches cherchent à les atteindre.

Par miracle je passe encore et je rentre à Bray(-sur-Somme) à 4h du matin. Je garderai un bon souvenir de cette fameuse nuit du 23 au 24 (juillet).

 

Le lendemain 25, nous venons rejoindre les trains qui sont remis à la côte 27 à l’Est d’Étinehem à 3 km de Bray(-sur-Somme). Nous sommes assez bien campés dans un bois. Nous avons pour voisin les Écossais avec leurs petites jupes et leurs cornemuses.

Ils sont rigolos.

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Le 27, (juillet 1916) j’apprends que le 170e est à Cerisy.

J’y viens de bon matin pour y trouver Manuel, en arrivant on me dit qu’ils sont partis pour Étinehem, je le trouve en arrivant. On se revoit plusieurs fois.

 

Le 7 août, nous venons avec les voitures chargées à 12 km en arrière au Hamelet près de Corbie ; comme on ne peut tout charger sur les voitures on fait 2 voyages, je restai comme garde magasin.

Nous restons là jusqu’au 11 août puis nous venons embarquer pour le grand repos. Nous embarquons à Longueau à 3h du matin, nous venons débarquer le 13 à Eu dans la Seine-Inférieure, jolie petite ville d’environ 6000 habitants.

Nous venons cantonner à Ménil-Saurel près du Tréport. Nous sommes à 1500 mètres de la mer. Nous allons nous y promener tous les soirs.

 

Depuis 2 jours, il y a départ de permissions, je pense partir demain 17.

Je pars ce jour 17 août 1916 à 4h26 du matin au Tréport. J’arrive à Gragnague le 19 à 16h50.

 

Je reprends le train le 26 pour passer 1 jour aux Lilas où je vois toute la famille, je rentre le 29 à 1h du matin.

Aujourd’hui le cafard me travaille et je suis très fatigué du voyage.

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En cours de route j’apprends que Louis BOILLON est tué depuis le 8 août. (*)

 

Le 7 octobre, enfin on reçoit l’ordre à 4h et demi de soir de se tenir prêt à partir.

 

Le 8, départ à 5h du matin.

Nous faisons 15 km, nous cantonnons à Millebosc.

Le 9 octobre, départ à 5h et demi, 22 km, cantonnement à Pierrecourt.

 

Le 10, départ à 6h et demi, 18 km, cantonnement triste de jours dans une ferme sous-bois dans un pays qui se nomme Les Landes, bien nommé.

 

Le 11, je vais en corvée à la ville d’Aumale, je vois l’ancien château du Duc.

 

Le 12, départ à 5h du matin, 22km, cantonnement à St-Thibaut.

 

Le 13 octobre, départ pour le régiment à 7h par les autos. Nous, les voitures à 5h, 36 km par des Côtes Terribles. Nous arrivons au cantonnement à 5h du soir où nous sommes bien mal reçu et bien mal logé. On parle d’y rester 8 jours, pourvu qu’il y ait contrordre.

Le pays s’appelle Rumaisnil.

 

Départ le 26 octobre à 7h du matin, 20km, cantonnement à Fricamps où il y a un incendie par le 37e d’infanterie.

 

Le 27 octobre à 7h du matin, en soignant mes chevaux je suis pris subitement de crises de coliques néphrétiques et à 10h je suis évacué sur Amiens à l’hôpital temporaire n°4.

Là, nous sommes bien soignés mais les avions boches viennent nous bombarder le 9 novembre et le pensionnat de jeunes fillettes près de nous reçoit une bombe qui heureusement ne blesse personne.

 

(*) : Il doit s’agir de Henri Louis Emmanuel BOILLON (incorporé au 82ème régiment d’infanterie, il venait de passer au 75ème régiment d’infanterie - mais comment se connaissaient-ils ? Voir sa fiche.

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Elles viennent coucher à l’hôpital.

 

Le 13, je pars en permission de 7 jours, je surprends mes parents qui ne m’attendent pas.

Je repars le 23 novembre et en passant au Plant Champigny je saute la barrière et passe un jour chez Mathilde le 20 novembre j’arrive à Creil où on me rééquipe et le 26 novembre nous débarquons à Cerisy-Gailly où les Boches ont fait sauter un dépôt d’obus et un train.

Il faut voir l’amas de décombres.

Je regagne le régiment directement aux baraquements sans passer au dépôt divisionnaire et le 29 novembre le régiment reprenant les tranchées moi je reprends la voiture et nous venons camper au sud de Bray-sur-Somme.

 

Le 3 décembre 1916, nous quittons Braye et nous venons cantonner au camp 21 près de Le Hamel et nous y restons jusqu’au 8 décembre.

 

Le 8, départ nous faisons 22 km pour venir camper dans les champs au sud de Gentelle où nous arrivons en pleine nuit je suis réduis à coucher dans la voiture et je suis troussé de froid étant mouillé, le régiment ayant parti en autos pour un cantonnement plus éloigné.

 

Le 9, départ à 7h du matin, 18 km pour venir cantonner à Namps-au-Mont par des chemins terribles, nous n’arrivons qu’à 4h et demi du soir sans avoir rien mangé depuis 6h du matin. 

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Le 15 décembre départ à 8h du matin, 7 km et nous venons embarquer à Loeuilly. En cours de route deux chevaux se renversent l’un sur l’autre et nous manquons de nous faire briser, il est minuit nous sommes en gare de Ailly-Sur-Noye après 2 jours et 2 nuits de train, nous venons débarquer à Blainville près de Lunéville.

Pas de quai, on n’a que des ponts et on manque de se faire écraser en débarquant les voitures, arrivé à minuit ce n’est fini qu’à 3h du matin.

Nous faisons 15 km et nous arrivons à 6h à Ferrières, pays très commun pour moi car j’y suis passé bien des fois en faisant mes 3 ans à St Nicolas qui n’est distant que de 5 km. Nous sommes très mal.

 

Le 30 décembre, je pars en permission pour le Plant où je passe 9 jours heureux au milieu de tous.

 

1917

 

Mais le 9 il faut revenir.

 

Le 14, nous partons pour embarquer par un temps terrible et la nuit les chevaux tombent à chaque pas, les voitures renversent les timons cassés.

Enfin après bien du mal nous arrivons à Einvaux à 7h du soir et nous démarrons à 11h et demi, après 36h de route nous venons embarquer à Dormans dans la Marne.

Nous venons cantonner à Trélou.

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Le 22 janvier, nous partons à 7h du matin, nous venons cantonner à Villers-sur-Fère à la ferme la croix blanche.

 

Le lendemain 23, départ 7h, nous venons à Tannières, pays qui est construit sous terre dans une sorte de sable très tenace.

 

Le 24, départ 9h, quelle journée ! Nous faisons à peine 6 km dans les bois où les sapeurs sont obligés de casser la glace devant nous, on met 4 chevaux sur nos voitures, nous venons cantonner à la ferme de Chéry-Chartreuse sans rien à manger. Heureusement que nous possédons des boites de conserves.

Nous couchons sous un hangar sans avoir trop froid car nous avons un gros tas de paille.

 

Le 25 janvier 1917, départ 8h du matin, 16 km, nous venons cantonner dans des souterrains sous des montagnes boisées près de 10 jours sous terre en profondeur. Nous sommes à 2km de Bourg-et-Comin. Les lignes boches ne sont qu’à 1700 mètres mais ils ne tirent pas.

 

Aujourd’hui 12 février, je vais à Fismes avec le chef. Petite ville assez coquette, mais on ne peut rien trouver car c’est bondé de troupe.

 

Le 16 février, nous sommes relevés et nous quittons le camp le matin à 6h, je suis mal depuis la veille et je ne puis faire les 6 km de l’étape en voiture.

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Le capitaine laisse un caporal avec moi et nous faisons la route tout doucement.

Mais à 2h de l’après-midi je suis évacué où on me laisse à Fismes ne pouvant aller plus loin.

 

Le 21, je suis opéré à 5h du soir, on me tire un demi-litre d’eau dans le côté gauche du dos. Ça va enfin mieux, aujourd’hui 24 je viens d’écrire à Louise aux Lilas car je m’ennui cloué au lit.

 

Aujourd’hui 5 mars 1917, je sors de l’hôpital avec 7 jours de convalescence. Je passe un jour à Paris, j’arrive à Gragnague le 9 mars après avoir couché en route car il y a moitié des trains supprimés. Je trouve ma mère encore bien malade.

 

Le 15, je repars mais cette fois par Toulouse et je descends le lendemain aux Lilas où je reste jusqu’au 19.

 

Le 17, je vais voir Mathilde avec Louise pour voir comment s’y prendre pour loger la famille car ils ne se plaisent plus là-bas. Ils ont intention de revenir dans la famille.

 

Enfin le 20, je suis réarmé à Noisy-le-Sec et j’arrive à Château-Thierry à 11h et je vais rejoindre le bataillon divisionnaire à 5 km à Étrépilly.

 

Le 22, le lieutenant SIMON me fait passer à la 4e, Conducteur à la Roulante.

 

Le 23, nous partons pour rapprocher du front, nous cantonnons à Epaux.

 

Le lendemain 24 à Vaux.

 

Le 25 mars, nous venons cantonner dans le camp de Chéry-Chartreuse.

 

Page 38

Le 8 avril, nous quittons le camp de Chéry à 8h. Nous venons cantonner à Nampteuil-sous-Muret.

 

Le 9, nous venons cantonner à Les Crouttes, pays dont les habitants sont logés dans des grottes sous roches.

 

Le dimanche 15 avril, départ 4h45. Nous venons cantonner à Hartennes-et-Taux à 7km.

 

Le 2 mai, nous recevons 40 territoriaux, classe 1897 qui viennent du 11e pour nous remplacer comme conducteurs.

 

Le dimanche 13, nous partons à 1h après-midi en renfort au régiment, nous sommes 67.

Nous pensons monter aux tranchées le soir même, mais au classement le lieutenant NÉRAND me fait mettre en arrière et me désigne pour la C-H-R (*) comme conducteur à la 2e voiture-forge en remplacement de PARISOT de Lucey qui a reçu une ruade le matin même.

 

Aujourd’hui 18 mai, je vais en corvée aux tranchées conduire du matériel. Nous passons à Soupir qui devait être un joli pays dont un joli château dont le parc a au moins 1 km au carré. Il appartenait à Calmette qui fut tué par Mme CAILLAUX, mais il n’en reste que peu de choses. (**)

 

Le 29, je pars en permission à 3h du matin, nous venons prendre le train à Bazoches-sur-Vesles. Les Boches se mettent à bombarder et les obus tombent chaque côtés de la voie, on se demande si on arrivera à se sauver.

J’arrive à Paris le 29 mai au soir.

 

(*) : CHR : Compagnie Hors Rang.

(**) : Gaston Calmette qui effectivement possédait le château de Soupir était le directeur du Figaro qui menait début 1914 une campagne contre le ministre des finances son mari.

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Je repars le 8 juin en arrivant à Crépy-en-Valois on nous fait faire demi-tour car la division est partie.

Nous revenons à Noisy-le-Sec et on nous dirige vers Is-sur-Tille. Mais en arrivant à Langres on nous arrête de nouveau et nous venons échouer à Nancy. Le régiment est à Vandeuvre, je suis bien content d’être dans mon pays.

Nous sommes le 10 juin.

 

Le 27 juin, à 4h50 du matin, nous Vandoeuvre et nous venons cantonner à Bouxières-aux-Dames.

 

Le lendemain 28 départ à 6h du matin nous venons cantonner à Millery.

Je suis chez un homme qui fut commis à Arsoncourt. Nous sommes bien.

Hier 11 juillet j’ai été à Ville-au-Val et Juste ÉMILE est en permission.

 

Le 14 juillet, départ à 10h du soir pour Serrières, mais je suis parti de la veille à 2h du matin avec PETIT pour Blainville-sur-L’eau.

Nous venons passer le dimanche chez lui et nous rentrons le 16 à 5h du soir à Serrières.

Moi je reviens coucher à Millery car les armuriers y sont restés attendant la voiture.

 

Nous venons le 18 et nous sommes très bien logés.

 

Le 14 à 2h du matin, le chef PETIT vient me réveiller, nous partons à Blainville-sur-L’eau près Lunéville, nous allons coucher et passer le dimanche 15 cher lui à Bainville-sur-Madon.

Nous rentrons le 16 à 3h et nous allons retrouver les amis qui sont à Serrières.

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Le 27, nous partons à 8h du soir pour venir cantonner à Bezaumont où je loge chez M. CHANCOUILLON où le PARISOT est régisseur, je suis heureux de voir aussi Gaston HURIER qui est en permission.

Ce soir je vais à Ville-au-Val.

 

Le 1er août, nous quittons le pays pour venir cantonner à Atton où nous restons jusqu’au 12.

 

Le 12, nous revenons à Bezaumont où nous restons jusqu’au 18.

 

Mais le 16, on reçoit l’ordre d’aller avec l’armurerie au dépôt divisionnaire pour réparer les armes.

Page 40

Nous allons à Malleloy où nous restons jusqu’au 21.

 

Le 21 août, nous venons retrouver les camarades à Serrières.

 

Le 26, je pars en permission de 7 jours aux Lilas.

 

Le 4 septembre, je rejoins à Atton, le régiment n’y arrive que le 5 pour 12 jours.

Pour passer mon cafard, je vais faucher au Regain et arracher les patates pendant 2 jours pour Mme LOMBARD.

 

Le 15, nous revenons à Bezaumont pendant six jours, puis le 21 septembre nous partons à Serrières où nous restons jusqu’au 22 octobre.

Puis nous venons cantonner le 22 au soir à Ville-au-Val.

Nous y restons jusqu’au 2 novembre.

 

Le 2, départ à 7h pour venir cantonner à Fontenoy-sur-Moselle.

 

Le 3, départ à 8h du matin pour venir cantonner à Menillot.

 

Le 28 novembre, je pars en permission de 10 jours. Je reviens rejoindre à Maxéville après avoir été à Morey.

 

1918

 

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Le 1er janvier 1918, on nous donne chacun 1 litre de vin, une bouteille de champagne pour 4, une orange, 1 cigare.

 

Le 5 janvier à 7h et demi du matin, départ par un froid très dur, nous avons un mal affreux pour faire la route car il fait une gelée que les chevaux ne tiennent pas debout même cramponnés.

Nous revenons à Choloy pour 3 ou 4 jours avant d’embarquer à Toul à 8h du soir et nous venons débarquer à Nançois-le-Petit près de Bar-le-Duc, on fait 11 km pour venir cantonner à Resson où j’ai couché 3 jours en 1915 en venant rejoindre devant Verdun.

 

Le 17, départ 7h du matin, 20 km, cantonnement à Erize-la-Petite.

 

Le 18 départ, même chemin, cantonnement à Osches.

 

Le 19, idem nous venons à Verdun dans la caserne Bévaux où était l’artillerie en temps de paix.

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Nous passons par Regret qui est démolie.

Tous les soirs, il y a deux conducteurs qui montent le ravitaillement au poste de Commandement.

Le soir de la nuit du 10 mars, le camarade PRUILHÈRE dit Mouchome (*) est tué dans un feu de barrage et DÉVELLE pris dans les gaz est évacué.

 

Le 31, jour de Pâques on se débine pour venir au repos.

Départ du quartier Bévaux à 5h du matin, on vient cantonner à Nubécourt.

 

Le 1er avril, départ 6h, on vient cantonner à Villotte-devant-Louppy. Dans le pays une fontaine avec un bœuf sculpté de la taille d’un naturel.

 

Le 12, départ 6h du matin, on vient cantonner à Nettancourt.

 

Le 13, départ 6h trois quart on vient cantonner à Épense.

 

Le 18, départ à 10h du soir, nous venons d’embarquer à Givry-en-Argonne.

Après 48h de train nous venons débarquer à 9h du soir près de Krombèke en Belgique où nous sommes restés 6 semaines en 1914. Nous faisons 17 km pour venir cantonner à Ryveld en France.

 

Le 23 avril, départ à 6h et demi du matin, nous venons camper dans une ferme près de Steenvoorde dans le Nord, puis le 26 nous montons plus près des lignes dans une ferme près Reningelst.

 

Le 4 mai, départ à 3h du matin, nous venons cantonner près de Steenvoorde.

 

Le 5, nous faisons la pause sur la route pendant 2 heures, défense de passer.

 

(*) : PRULHIÈRE Émile, 2e classe, mort pour la France à la côte 344, le 9 mars 1918. Voir sa fiche.

Page 42

La route est couverte d’autos qui embarquent des troupes pour le repos. Nous arrivons dans un parc à 1h du matin. Nous avons traversé Cassel et monté la côte toute pavée qui mesure 3km de long.

 

Le lendemain 6, départ à 7h du matin par une pluie diluvienne.

Nous traversons Dunkerque, ville assez jolie et nous venons cantonner à 1km au Nord à Grande Synthe.

 

Le 11 mai à 10h du matin, nous venons embarquer en gare de Loon d’où on ne démarre qu’à 5h, après 26h de train nous venons débarquer à minuit en gare de Villers-Cotterêts. Nous faisons 12 km pour venir cantonner dans une immense ferme à Mortefontaine.

 

Le 27 mai, nous avons alerte à 2h du matin.

Nous démarrons à 4h en revers de route les Boches prennent les autos et en route pour les tranchées. Nous faisons 35 km et nous venons cantonner à la ferme de l’Épitaphe au-dessus de Nampteuil-sous-Muret.

 

Le 30, à 10h du matin il faut décamper et en vitesse, les Boches nous poussent, c’est la retraite en vitesse.

Nous enlevons les bouteilles de bon vin de la maison, la patronne file en vitesse sa laine de 350 beaux moutons, toute la route est couverte de gens qui fuient laissant tout.

Quelle misère pendant 4 jours nous ne faisons que fuir. Nous pillons tout, il faut voir le désastre.

Le feu serait moins triste.

Page 43

Partout le génie brûle les parcs et les dépôts.

Enfin le 2 nous restons dans le parc du Château à Ivors.

 

Le 4, départ à 7h du matin, nous venons cantonner à Ormoy. Le 6 nous venons cantonner à Largny.

 

Le 7 juin, départ à 4h et demi du matin nous venons cantonner à Ormoy-Villers.

 

Le 9, nous venons cantonner à Villeneuve.

 

Le 10, nous cantonnons à Louvres pour y passer le repos. Nous qu’à environ 30 km de Paris.

 

Le 16, Louise et Georgette viennent me voir.

 

Le 20, nous partons à 9h du matin, nous venons à 4km de là à Roissy-en-France.

 

Le 23, départ à 6h du matin, nous venons cantonner à Villeroy. Les copains sont partis en autos.

 

Le 24, départ 6h nous venons cantonner à Le Charmois.

 

Le 25 juin, jour de ma fête, départ à 3h du matin, 35 km. Nous venons cantonner à Hondevilliers.

 

Le 26, départ 7h du matin, cantonnement à Essises dans l’Aisne.

 

Le 1er juillet, je pars en permission, je prends les autos à 5h du matin à La Chapelle-sur-Chézy, nous faisons 25 km pour venir prendre le train à St-Siméon. Je rentre le 13. Le 21 nous venons cantonner à Bonneil puis Château-Thierry.

 

Le 22, Eugène CHEBILLE est tué.

 

Le 26, nous sommes relevés et nous revenons cantonner à Essises.

 

Le 5 août à 7h du matin, nous embarquons à Château-Thierry.

 

Le 7, nous venons débarquer à Void-Vacon. Nous y restons jusqu’au 12.

 

Le 12, nous venons dans les casernes de Lérouville.

 

Le 21, LUNOT meurt en cours de route sur sa voiture, en venant de nous ravitailler. (**)

 

(*) : Caporal François Eugène CHEBILLE. Voir sa fiche.

(**) : Il s’agit de Emile Lucien LUNOT décédé le 19 août de mort subite.  Voir sa fiche.

Page 44

Le 11 septembre, nous venons cantonner à Ville-Issey.

 

Le 12, je vais voir Marie et Lucie IOCI de Montsec.

 

Le 13, nous venons cantonner à Buxières-sous-les-Côtes, j’y trouve Henri HOQUET et sa femme.

 

Le 14, je saute dans un camion et je viens à Pannes. Hélas pauvre pays quel désastre. Je m’y reconnais à peine et je n’y trouve que Hanette et sa femme. Je leur apprends la mort de leur Julien.

 

Le 22, nous montons en ligne pour 21 jours. Nous sommes dans un camp à la queue de l’Étang à Heudicourt.

 

Le 15, octobre nous revenons à Buxières.

 

Le 21, je reçois une dépêche que mon père est mort, je vais aujourd’hui à Lérouville prendre le train. Mais quelle douleur en arrivant, mon père mort, ma sœur mourante et ma mère bien mal.

Le 23, nous enterrons mon père à 5h et demi et à 7h et demi ma sœur meurt. Je retourne demander une prolongation de 2 jours.

 

Le 25 en enterre ma sœur à 9h et à 11h et emmène ma mère à l’hôpital de la Pitié, je rentre le 27.

 

Le 28, je repars pour 10 jours de permission et en arrivant je retrouve ma pauvre mère morte, nous l’enterrons le 2 novembre.

 

Le 8, je reviens de permission et vais retrouver le régiment à Nancy mais peu importe car les préliminaires de paix sont engagés. Nous restons 24h à Tancues, puis le lendemain nous sommes menés à Commercy dans la caserne du 155 où nous restons 2 jours.

Page 45

Le 12, nous venons rejoindre le régiment à Nancy.

 

Le 15, départ nous venons cantonner à Loisy en route pour Metz.

 

Le 16, nous venons à Atton.

 

Le 17, départ 4h, nous devons cantonner à Lorry-Mardigny.

Le 17 nous venons dans les faubourgs de Metz, dans la caserne du 98.

Beaucoup de gens sont heureux mais il y en a qui font des sales gueules.

 

Le 24, Grande revue à 2h, défilé devant la statue du Maréchal FABERT. Des avions survolent la ville, un s’abat et tue 3 personnes. Le cheval du Général MANGIN prend peur et le désarçonne, peu blessé, il peut prendre part à la Levée.

 

Le 27, je vais à Ste Marie-aux-Chênes puis à Montois chercher un officier. Je passe à St-Privat.

 

Le 6 décembre, je vais à Corny mener du déménagement pour des civils. Je passe à Jouy-aux-Arches.

 

Le 8, la ville de Metz en fête, POINCARÉ et CLÉMENCEAU viennent voir la ville. J’oublie de signaler que le 24 en entrant au bistrot j’y trouve M. SALOMON, il m’invite à souper ainsi que Louis LALLEMAND et PETIT. Nous passons une jolie soirée.

 

Le 27 décembre, nous embarquons à 10h du soir en gare de Vantoux-Vallières près de Metz. Nous venons débarquer le 29 à 9h du matin en gare de St-Hilaire-au-Temple près de Chalons où nous restons cantonnés.

 

Le 31, je vais chercher le champagne pour le 1er de l’an en gare de Cuperly.

Page 46

Aujourd’hui 1er janvier 1919 il pleut à seau, beau commencement d’année.

 

Le 10, je tombe malade et le 11 je suis évacué à Châlons-sur-Marne, hôpital complémentaire n°19 …Février salle 3.

 

Le 28, je suis démobilisé.

 

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