Extrait des cahiers de Joseph FREMAUX (1891-1970)

Soldat au 145e régiment d'infanterie, troisième compagnie

Puis prisonnier au camp de Friedrichsfeld

 

 

Mise à jour : Janvier 2015

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Préambule :

 

« Il s'agit du carnet de campagne de mon grand père Joseph Frémaux (1891-1970) né à Haisnes-lès-La-Bassée (62).

Il a été mobilisé le 2 août 1914 à Maubeuge et fait prisonnier le 7 septembre 1914 puis envoyé en Allemagne jusqu'en 1918.

Ce document a été copié à partir de l’original en plusieurs exemplaires pour être distribué dans la famille. »

J.C.

 

Le 145e régiment d’infanterie faisait partie de la garnison de la forteresse de Maubeuge. Il est affecté à la défense de cette ville.

Il était composé de 3 bataillons, avec un effectif total d’environ 3300 hommes.

 

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Préambule

 

 

Lundi 3 août 1914

Nous avons eu des pommes de terre en robe de chambre et un bout de viande cuite à l'eau.

Mardi 4

Répartition du campement. Je prends encore la garde à l'aviation à l'heure de la soupe de même que la veille. Je me dis : est-ce les premières privations de la campagne.

On touche dix paquets de cartouches ainsi que de la graisse d'arme, du savon, de l'encaustique.

Mercredi 5

Vers 10h, départ pour Neuf-Mesnil, lieu de cantonnement.

Tout le régiment défile dans les rues principales de Maubeuge, avec drapeau et musique. La population massée sur les trottoirs nous acclame. Nous laissons le drapeau à Haumont, et nous arrivons à Neuf Mesnil bien fatigués car le sac est lourd.

Notre section est logée dans une ferme où des cuisiniers d'occasion ont vite fait de nous préparer une excellente et réconfortante soupe. . On arrange son fourbi, On fait un tour dans le village puis on se couche dans la grange.

Jeudi 6

La matinée est employée à continuer les travaux de défense de Grevaux, dans l'après-midi départ de Neuf-Mesnil pour le Sous-le-Bois où nous sommes logés aux usines de l'Espérance. Nous occupons les bureaux fraîchement construits et peints.

Nous nous couchons sur le foin en attendant mieux.

Vendredi 7

On apprend que Liège tient les allemands en échec. Surabondance de nouvelles plus ou moins fantaisistes.  Victoire belge, il pleut.

Samedi 8

Gare de Sous-le-Bois où il passe des trains.

Dimanche 9

Travaux intensifs de terrassement au fort du Bourdiau. Le génie fait sauter les maisons qui pourraient gêner les tirs de l'artillerie.

Forte chaleur.

Lundi 10

Exercice de l'après-midi puis repos et nettoyage des armes.

Mardi 11

Travail au Bourdiau, bonnes nouvelles de Belgique.

Mercredi 12

Temps très chaud toujours du travail au Bourdiau.

Jeudi 13

Terrassement à Grévaux.

Vendredi 14

À notre grande joie nous prenons le train pour aller travailler vers Nillers-sire-Nicole. Nous le surnommons le "corbillard". Nous descendons Mairieux et allons près du fort des Sarts poser des fils de fer.

Des femmes qui font de la fraude, nous offrent de vendre du tabac belge ainsi que du chocolat…

Samedi 15

Nous ne quittons pas le cantonnement.

Exercice du matin, après midi repos, Pour un jour d'assomption, c'est plutôt moche. Nous recevons toujours de bonnes nouvelles. Viendront-ils (les boches) jusqu'ici.

Dimanche 16

Travail au Bourdiau

Lundi 17

Travaux de défense à Bourdiau.

Mardi 18

Travaux de défense à Bourdiau.

Mercredi 19

L'armée anglaise fait son apparition à Maubeuge (Aéros, autos, fantassins, cavaliers, service médical, tous en kaki). Nous apprenons qu'on se bat à Diest et à Dinan. Occupation de Bruxelles.

Jeudi 20

Travaux de terrassement à la batterie de Roch.

Vendredi 21

Travaux de défense au fort d'Hautmont. Les allemands sont devant Mons et Charleroi.

Samedi 22

Travaux à la batterie du Roch.

De longs et nombreux trains de Maubeugeois émigrant passent en gare de Sous-le-Bois avec leur baluchon et un peu de mobilier.

A la pose de midi, un artilleur nous fait remarquer que l'on entend gronder le canon sur la Belgique.

Dimanche 23

On entend de plus en plus le canon gronder. Le soir nous sommes consigner et prêts à partir.

Le matin a eu lieu la concentration du régiment et la présentation du drapeau. Cérémonie simple et impressionnante, il pleut. Nous rentrons aux cantonnements harassés.

 

Le soir à 6h et demi, je suis parti de Sous-le-Bois pour aller voir mon frère Jules à Rousie tout en étant consigné. Nous sommes allés boire quelques chopes dans un estaminet près de son cantonnement avec Jean dit Céline de Douvrin, il m'a demandé si je n'avais pas besoin d'argent je lui ai répondu que je n'en avais pas besoin pour le moment.

En arrivant à l'entrée de Sous-le-Bois j'aperçois un long cortège de cavalerie passer sur la route de Hautmont. Ils reviennent de Belgique et vont prendre du repos bien gagné.

Lundi 24

Durant la matinée le canon tonne toujours au loin.

 

Vers midi le bruit semble cesser, on nous raconte un tas de fausses nouvelles.

Nous couchons tout équipés en alerte au cantonnement.

 

À minuit alerte. Des cris au feu retentissent pendant que la cloche de l'usine se fait entendre un glas d'alarme. Un incendie vient de se déclarer à la faïencerie du cantonnement des chasseurs à cheval.

Nous partons au secours et bientôt l'incendie est maîtrisé. Nous recevons le baptême du feu. 

Mardi 25

Ce matin 8h et demi, quatre aéronefs survolent le cantonnement quelques coups de canon les acculent mais aucun ne porte. Nous suivons la lutte avec intérêt mais pas trop rassurés de crainte des bombes qu'ils pourraient nous lâchées.

Aujourd'hui pas de journaux.

Mercredi 26

L'action commence. L'affaire de Givry

Tous debout, il est 2h30.

Quelques chasseurs à cheval font le service d'éclaireurs. Nous allons à l'ennemi sur la route de Mons.

Nous approvisionnons nos armes et en avant.

Nous passons la frontière après avoir traversé Havoi nous atteignons Givry où des patrouilles ennemies sont signalées ce sont des uhlans.

 

Après une heure de recherche nous les voyons se défiler à 700 mètres. Un feu nourri les accueille.

Quelques-uns tombent et les autres s'enfuient alors nous rentrons à Givry.

À la sortie du village nous nous trouvons nez à nez avec les uhlans le temps de mettre la baïonnette au canon, ils ont tourné bride nous recevons quelques pruneaux de l'artillerie allemande.

La population Belge nous accueille au cri de "vive la France".

 

J'ai eu une tartine et du tabac à une fermière. Nous passons près d'une école de "petits frères".

Ils nous acclament frénétiquement sans doute d'anxiété. Après avoir casé la croûte nous reprenons la route de Maubeuge.

Résultat de l’engagement : Quatre uhlans tués, quelques blessés dont le prince de Saxe blessé mortellement à la tête par un chasseur à cheval. Le prince a expiré peu après. Nous avons quelques trophées (casques à pointe, lances et équipement).

C'est aujourd'hui que nous avons eu le vrai baptême du feu !

J'ai gardé bonne contenance.

Jeudi 27

Sommeil troublé par le bruit d'une violente canonnade. Je me lève, c'est la forêt de Normal qui est bombardé par de deux de nos forts.

Il pleut et dans la nuit noire on aperçoit très bien les lueurs que font les canons en tirant.

Je me recouche et me rendors.

Bientôt la matinée, nous avons repos.

 

02h30, départ pour le bois de Longueville. Notre compagnie est en avant garde, une patrouille ennemie est signalée. L'ennemi se réfugiant dans les bois, quelques coups de fusils sont échangés sans résultat.

 

Nous rentrons vers 8h30, le ventre creux et bien fatigués et trempés par la pluie. Nous touchons notre soupe que nous mangeons dans la chambre à la lueur d'une chandelle.

Vendredi 28

Nous partons dès le matin et allons-nous installer comme gros devant le fort du Bourdiau. Les forts d'Hautmont et de Boussois canonnent par-dessus nos têtes sur le bois de Longueville.

 

Nous restons couchés sur l'herbe toute l'après-midi. J'ai vu mon frère Jules et aussi Jean dit Céline de Douvrin du quarante et unième d'artillerie.

Aucun engagement nous rentrons à 7h.

Samedi 29

Certains prétendent qu’on a tiré sur notre cantonnement mais il n'en est rien.

À 6h30 du soir, départ sac à dos pour Assevent.

Nous changeons de cantonnement vers 9h nous arrivons derrière une ferme isolée. C'est que nous passons la nuit à la belle étoile.

Les canons allemands bombardent au-dessus de nos têtes toute la nuit en jetant à l'horizon de sinistres lueurs mais nous dormons quand même. Au réveil, on est glacé par le brouillard. J'ai quand même le café qui réchauffe un peu. J'ai fait du feu dans le jardin où il y avait des pommes de terre.

 

À 11h la canonnade cesse.

On nous loge chez l'habitant. J'ai préparé à manger à tous les hommes de mon escouade. J'avais même une petite cuisine et je trouve le moyen de faire une petite popote. Deux jours après notre arrivée, l'habitant où nous sommes logés a été arrêté comme espion.

La canonnade recommence et nous en avons déjà l'habitude. Nous cherchons de la paille pour installer notre fourbi.

 

Une fois installé avec mes camarades, on est allé chercher du bois pour que je puisse faire réchauffer leur manger car il n'y avait pas de charbon et au soir on était très content de ma soupe que je leur avais faite.

 

Le soir, à 9h, comme il n'y avait pas grande place je vais me coucher avec Casteignier dans la l'arrière cuisine où nous passons une bonne nuit.

Dimanche 30

Repos toute la matinée.

 

À 7h du soir alerte !

On doit se rendre à la glacerie d'Assevent pour une attaque de nuit, on n'y voit goutte !

Dans la pluie, grand silence, on a gagné la glacerie et nous longeons la Sambre, nous nous engageons dans un petit bois et on patauge dans le sable humide.

 

Pour nous commence une terrible nuit, les obus pleuvent autour de nous et nous avançons difficilement en raison de cette nuit très noire et aussi de la non-connaissance du terrain qui est jonché de débris d'arbres. On rencontre un fossé (tranchée naturelle) On s'y blotti en hâte de cinq à six cote à cote.

Les obus fusent sans discontinuer ils éclatent à trente mètres de nous.  C'est un sifflement continuel, Certains obus éclatent dans la glacerie faisant un bruit d'enfer sur la route qui se trouve non loin de nous et nous entendons passer les habitants qui s'enfuient avec les enfants et les femmes jettent des cris qui dans la nuit prennent des accents lugubres. Entre temps nous avons mis la baïonnette au canon et nous restons face aplatie sur l'herbe.

Au-dessus de nous c'est le passage continuel des chemins de fer et sur le côté de la Sambre une fusillade éclate. Nous ne savons ce qui se passe !

 

À 1h, nous recevons l'ordre de quitter le bois notre section s'égare et nous avons de la peine à nous retrouver le reste de la compagnie. Nous y réussissons enfin !

Nous nous mettons en route pour Boussois poursuivis par des obus et nous sommes obligés de nous abrités derrière des maisons. Nous arrivons sur la place Boussois.  Des marsouins sont occupés à fouiller les décombres d'une maison écroulée. Ils ont l'imprudence de faire de la lumière.

Aussitôt, une grêle d'obus et de shrapnells s'abat sur nous.

 

Nous passons une partie de la nuit, adossés à un mur. Harassés, la plupart de nous s'endorment en se moquant des obus qui éclatent encore non loin de nous.

Peu après nous rentrons nous abrités dans un estaminet où nous passons le reste de la nuit et je m'endors sur l'escalier.

Lundi 31

Au petit jour nous traverserons Boussois qui n'est plus qu'un amas de ruines (Maisons écroulées, et incendiées qui fument encore).

La mairie a reçu quelque obus. Dont l'un en plein dans le cadran de l'horloge et sur la place d'énorme trou d'obus. Toujours poursuivi par le feu de l'artillerie nous regagnons notre cantonnement.

 

En route nous rencontrons quelques blessés légers. Nous voyons aussi les brancardiers qui vont porter secours aux blessés les plus graves.

Plusieurs fois nous sommes obligés de nous arrêter à cause des obus qui éclatent très près de nous. Nous arrivons exténués enfin à notre cantonnement, brisés de fatigue, l'esprit hautement éprouvé par les visons d'épouvante de la nuit.

Après être rentré, je n'ai pas eu la vie si belle que mes camarades, car il fallu que je leur fasse du café et que je prépare le repas pour midi et soir.

 

Voir sur mon site la description de la bataille de Maubeuge

Mardi premier septembre 1914

L'affaire de Marpent

Ce jour-là, je n'étais pas au feu vers midi.  Alerte !

Mais moi, j'étais commandé pour faire la cuisine pour une demi section au lieu de 13 hommes c'était pour 26 !

Mes camarades sont sortis et en rentrant ils m'ont raconté ce qu'ils avaient fait et ce qu'ils avaient vus :

 

« On a été prendre l'offensive et on a taché de déloger l'ennemi pour capturer leur batterie ! »

 

La première et la deuxième compagnie sont en tête.

Nous nous déployons bientôt en tirailleurs. Nous arrivons près de l'usine Baune-Marpent, les balles sifflent et nous marchons accroupis dans un petit fossé qui longe la Sambre. Des shrapnells éclatent au-dessus de nous mais personne n'en souffre.

Nous faisons quelques bonds en avant, on entend le crépitement des mitrailleuses et ce sont les nôtres. La fusillade redouble bientôt nos batteries de 75 donnent et nous voyons non loin un château démoli en quelque instant par l'effet de leurs feux.

 

L'ennemi est fortement établi dans le village car il a installé des mitrailleuses dans les maisons. Le feu devenant insoutenable nous nous replions. Notre situation devient dangereuse, nous sommes canardés de partout, nous avons à faire à forte partie.

Bientôt la première et la deuxième compagnies se replient également et nous nous retirons finalement dans le village Boussois près d'une chapelle mais là nous assistons au défilé lugubre des blessés et les ambulanciers ont fort à faire, nous assistons aussi à de tristes spectacles.

Un moment d'hésitation, mais on retourne vers l'avant. On se décide pour l'affirmative et le capitaine envoie sa section en avant garde. Je fais une patrouille dans la direction du cimetière.

 

De Boussois, je suis l'homme de liaison.

Nous avançons prudemment nous ne remarquons rien d'anormal alors en avant et un peu après à notre gauche nous entendons une très vive fusillade : C'est un autre bataillon qui est aux prise au loin avec les Allemands. Au loin nous apercevons les mitrailleuses qui se replient et nous passons près du fort de Boussois qui est totalement démoli. Pourtant quelques batteries françaises continuent d'arriver sans discontinuer sur le fort. Nous arrivons dans un champ dont le blé n'est pas encore rentré.

Nous assistons alors à un bien triste spectacle. Derrière chaque botte il y a un blessé et des morts.

 

Nous passons derrière le cimetière et le spectacle st bien plus terrifiant encore : Des blessés sont sur les tombes, d'autres se soutiennent aux croix,

Malgré notre désir, nous ne pouvons les secourir le chef de section nous fait signe de rentrer et en repassant nous tombons nous une pluie de balles. Ce sont toujours les Allemands qui sont sur la rive de la Sambre et qui nous laisser passer mais qui nous reçoivent bien au retour.

Nous rampons en échappant au danger et nous voilà de retour à Boussois. Nous sommes abasourdis par le bruit des gros obus qui éclatent dans tout Boussois enfin nous regagnons notre cantonnement de l'avis de tous, nous sommes allés nous exposés inutilement car nous savions avoir à faire à des forces beaucoup plus supérieures aux nôtres.

Le colonel passe discuter avec le commandant Roch. Ils ont tous deux l'air soucieux.

Résultat : 200 à 300 blessés mais le nombre de mort est inconnu !

Nous espérons qu'on recommencera plus.

Mercredi 2

Ce jour-là je ne suis pas allé au feu puisque j'étais resté encore pour faire la cuisine.

Le duel d'artillerie est toujours aussi violent vers notre cantonnement et nous voyons éclater les obus sur ce qui reste de Boussois.

Aujourd'hui, on a arrêté le locataire de la maison où nous logeons, il accusé d'espionnage et également sa femme, ils sont conduits au poste de police.

Jeudi 3

Je n'ai pas encore été au feu, toujours à la cuisine.

Boussois, Elesnes, l'arsenal de Maubeuge continuent de recevoir des convois par chemins de fers. Nos artilleurs ne perdent la partie et font du mieux pour répondre efficacement au feu de l'artillerie allemande.

Les territoriaux quittent Boussois et repassent continuellement.

Ils répandent des nouvelles qui menacent de semer la panique et nous voyons revenir les habitants de notre logement ils sont reconnus innocents, par contre nous rencontrons une grande partie de civils qui sont arrêtés comme espions.

 

L'après-midi : repos.

Nettoyage du cantonnement.

Vendredi 4

Je n'ai pas encore été au feu.

Nous sommes tranquilles jusqu'à 10h30 et à cette heure on signale une troupe ennemie marchant sur Boussois. Vite sac au dos et en route pour Elesnes nous rencontrons des territoriaux en fuite ils ne peuvent pas résister dans Boussois.

Après Arvis pousse assez loin en avant sous une pluie d'obus.

Nous nous replions sur une batterie de 120 et prenions position dans une tranchée occupée partiellement par une section de la première compagnie.

 

Les derniers arrivés changement de tranchée et vont en occuper une plus à gauche, nous les artilleurs on nous recommande de bien rester couchés car les obus passent très bas.

Tout à coup nous entendons des cris déchirant c'est un obus de 120 qui à la sortie du canon est allé accrocher une branche et l'obus éclate et blesse nos camarades de la première compagnie et après renseignement nous apprenons qu'il y a 4 ou 5 tués et une dizaine de blessés avec d'affreuses blessures et au moment de ce malheur, j'arrive à leur apporter une soupe qu'ils ont mangé sans goût sans doute d'avoir vu un de nos obus tués et blessés nos camarades.

Le temps de manger la soupe, alerte, nous recevons l'ordre de nous replier sur Maubeuge.

 

Que se passe t- il ?

Au cantonnement j'ai pris tout ce que je pouvais, sac, couverture…

C'est la retraite en vitesse, la grêle d'obus continue violemment nous arrivons essoufflés près de la TSF nous nous arrêtons quelques heures nous partons et nous suivons la route d'Assevent. Quel spectacle !

Dans un champ une pièce de 75 du 41 régiment complètement démolie, A l'affût un artilleur tué est accroupi un obus à la main et dans le fossé un autre cadavre en décomposition. Partout des cadavres d'animaux, du linge sanglant des vêtements éparpillés, c'est triste et ça me serre le cœur.

 

A notre grand étonnement, nous repartons réoccuper les tranchées que nous avions abandonnées.

C'est au milieu d'un calme relatif que nous y arrivons, nous retournons la casserole contenant la poule qu'on avait oubliée avant de se sauver, cette fois nous la dévorons à pleines dents.

Nous passons une partie de la nuit dans la tranchée puis nous appuyons à gauche, nous nous déployons, en tirailleur, nous mettons la baïonnette au canon, au-devant de nous, Boussois, nous entendons les nôtres qui montent à la charge à la baïonnette.

Vaincu par la fatigue je m'endors sur mon fusil.

Dimanche 6

Je me suis réveillé à 2h30, c'est une compagnie de marsouins (*) qui vient nous relever toujours sous le feu et nous gagnons Pont Allant, nous entrons dans une école, on se tasse, on dort un peu, vers 4h, je fais le jus dans une maison voisine à peine le temps de le faire à 5h, sac au dos pour mes camarades et moi, mais je n'y ai pas été au feu je suis resté pour la cuisine, mon camarade Casteignier en rentrant m'a raconté ce qu'il savait, ce qu'il s'était passé.

Nous allons dans une prairie voisine et nous nous dissimulons derrière une haie.

 

Passe un aéronef, nous le suivons des yeux et en voyant qu'en passant au-dessus du champ d’aviation il laisse tomber une flèche de papier, c'est un aéronef allemand, aussitôt nous causons de la reddition de la place mais pour finir nous ne savons pas ce que signifie cette dépêche qu'il a laissée tomber.

 

Peu après nous allons occuper une autre tranchée, une ligne de marsouin et d'infanterie sont devant nous, les Allemands nous attaquent en combat d'artilleurs, les balles sifflent, une violente fusillade éclate, un obus éclate à 5 mètres de la tranchée, nous restons deux minutes abasourdis au milieu d'un épais nuage de fumée et de poussière.

On regarde et tout va bien, pas blessés. Un shrapnell arrive et un éclat blesse notre capitaine Marche.

La fusillade éclate devant nous les marsouins se replient en annonçant que l'ennemi est très nombreux, c'est au tour de l'infanterie de se replier.

 

Pendant une demi-heure c'est un défilé d'hommes ne sachant pas où aller.

Nous restons pour protéger leur retraite, depuis un moment, nous nous inquiétons de voir sur notre gauche à 800 mètres un troupeau de mouton, cela semble louche.

Le sergent regarde au moyen d'une jumelle, rien d'anormal pourtant, tout à coup une bale, puis 10, puis 100 nous arrivent dessus sur la gauche, c'est le fameux troupeau qui cache l'infanterie ennemie et sur ordre du capitaine nous battons en retraite et je me retrouve mélangé avec ceux de la première compagnie.

 

Nous n'en pouvons plus, je me suis replié aussi avec de la popote de mes camarades que j'avais préparé le matin, on était au moins une dizaine de cuisiniers nous nous dirigeons vers le poste de police du ballon, nous longeons la Sambre, nous la traversons sur un pont de fortune, et enfin nous arrivons dans Maubeuge près de la gare les obus nous poursuivent (ont-ils des yeux ?).

Quelques camardes vont chercher un peu d’eau, on se désaltère, cela fait du bien, nous nous dirigeons sur la route de Mons, nous apprenons que notre bataillon se reforme derrière le cimetière de Maubeuge.

Je rencontre des blessés parmi lesquels Murez, nous rejoignons la compagnie sur Leveau.

 

L'ordre arrive de faire demi-tour pour aller vers les Sarts. On est à proximité de la route Valenciennes et certains espèrent qu'on va s'esquiver par-là franchement parler on est las d'aller à la boucherie sans tirer un coup de fusil et on voudrait risquer sa peau au moins pour quelque chose.

Nous errons dans la nuit et notre lugubre promenade est éclairée par les incendies allumés autour de nous.

Soudain un bruit formidable c'est la poudrière de Falize qui saute étendant au-dessus de nous un épais nuage de fumée noirâtre.

Dans le lointain le bruit d'une fusillade on s'arrête enfin dans une grande prairie où nous bivouaquons tant bien que mal, nous trouvons alors un peu de paille.

On cause un peu avant de s'endormir certains d'entre nous parlent de capitulation, on a brûlé ce matin à la caserne les deux drapeaux des régiments de la garnison de Maubeuge et on s'endort enfin !

 

(*) : Infanterie coloniale

Lundi 7

On se réveille vers cinq heures par un épais brouillard et depuis hier rien à se mettre sous la dent notre voiture d'ordinaire contenant des vivres s'est égarée, sac au dos nous nous formons en ordre de marche nous nous déployons bientôt en tirailleur d'abord derrière une haie près d'un champ de betterave ensuite sur le talus de la route de Leveau.

Les obus éclatent près de nous l'ordre est donné de résister jusqu'au bout la baïonnette au canon, cela nous donne un petit frisson dans le dos l'ennemi est près de nous car on entend distinctement les mitrailleuses et derrière nous une batterie de 75 lance quelques pruneaux sur Assevent.

 

Nous restons peu avant midi derrière le talus, quelques camarades vont à la ferme voisine et reviennent chargés de fruits, prunes et poires. Nous avons vite fait de les croquer mais cela nous remplit pas l'estomac nous avons faim !

Nous sentons que nous ne tiendrons plus longtemps, allons-nous capituler ?

 

On entend au loin sonner le clairon c'est le "cessez le feu" et un autre clairon sonne sans discontinuer. Un à un nos camarades se taisent sauf les canons ennemis qui donnent toujours.

Bientôt nous voyons flotter des drapeaux blancs aux fenêtres des maisons les plus proches, je pars en patrouille et ce sera la dernière. Nous n'avons rien à signaler un cycliste passe à toute allure et nous crie :

 

" C’est fini. Nous allons à Berlin mais pas en train de plaisir ".

 

Un général de réserve passe en auto mais nous n'apprenons rien. Le capitaine qui au fort Leveau en revient. C'est officiel nous rendons les armes !

Cette nouvelle nous cause quelque émotion, on nous donne l'ordre de former des faisceaux et de nous tenir derrière ne bon ordre. Un peu de pomme de terre et du pain nous sont distribués et nous attendons.

Un "garde à vous" retentit et un officier allemand arrive à cheval. Quelques fantassins le suivent baïonnette au canon. L'officier fait comprendre qu'il est parlementaire et après quelques mots échangés avec nos chefs nous recevons l'ordre de rendre nos munitions.

Encadrés par nos ennemis devenus nos maîtres nous gagnons un grand champ près de Leveau. Les Allemands sont affables et ils sourient et n'ont pas l'air de bien comprendre. Certains nous donnent du tabac et nous allons passer la nuit à la belle étoile avec le ventre creux. Les allemands font leur prière du soir et ça nous jette un froid !

On se serre le plus possible afin d'avoir chaud, un cordon de sentinelle allemandes nous encadrent et je crois toujours entendre le bruit infernal des canons.

 

Dois-je le dire : on est presque soulager d'être prisonnier !

Mardi 8

Je m'éveille gelé et engourdi ; mon estomac crie famine. De ci-de-là on lance un morceau de pain mais toute la journée on attend la soupe qui hélas ne vient pas et nous passons la nuit à la même place.

Mercredi 9 

Je crois que l'on songe enfin à nous nourrir car les Allemands abattent une vache à coup de fusil. On nous distribue ensuite la viande encore fumante et la passe sur un feu de fortune.

Aussitôt cuite on la dévore à pleine dents. On nous apprend que nous allons partir mais où allons-nous ?

 

Au milieu de la curiosité de la population, nous passons par le Sarts, Mairieux, Elesmes; Marpent, nous voyons tous ces villages plus ou moins ravagés ils portent encore les traces des récents combats sur le bord de la route quelques tombes de soldats élevées en hâte.

L'église d'Elesmes est complètement détruite.

Vers Boussois une odeur pestilentielle se dégage produite par la putréfaction des animaux tués pas les obus. Les courageux villageois sont occupés à déblayer les bêtes mortes. Un vieux prêtre se promène sur les ruines de l’église et nombreux sont ceux qui s'arrêtent en cours de route.

 

Nous passons Jeumont.

Rien de remarquable à signaler, Esquelinnes a été mis à sac. Les soldats allemands qui nous gardent entrent dans les cafés abandonnés et se gorgent de vin. La gare d'Esquelinnes est transformée en dépôt de pain.

Là nous touchons un demi-pain gris par homme, nous arrivons à Peissant où tout y est calme. On nous parque dans un champ pendant la nuit. Un peu de paille et ma couverture que j'ai pris à Pont Allant elle me rend bien service on se couche en plein air dans un épais brouillard.

Jeudi 10

Nous nous réveillons le froid est vif.

Vers 16h, nous quittons Peissant direction Estinnes-au-Mont. Nos officiers nous quittent.

Nous arrivons dans une espèce de camp où sont déjà installés des soldats allemands et nous passons la nuit en leur compagnie.

Vendredi 11

Réveillés au milieu d'un épais brouillard nous nous levons tout engourdis et humides.

 

Vers 7h, sac au dos nous apprenons que nous allons embarquer pour l'Allemagne.

Près de la gare d'Estinnes nous sommes arrêts par le passage d'un long convoi d'artillerie allemande nous remarquons surtout d'énormes canon, puis des voitures du génie et enfin une quantité d'attelage de toutes provenances, quelques autos suivent les soldats allemands et en passant ils crient qu'ils vont à Paris.

Nous pénétrons sur le quai de la gare et de gros wagons à bestiaux puis nous montons et chacun cherche une place car on se doute que le voyage sera long.

 

Le train part à 9h30. Deux sentinelles sont avec nous ce sont des réservistes allemands ils sont bon enfant.

Nous passons Binche, Bessaix, Leval, Maine-St Pierre, Mariemont, Marlenvely, Carnières, Monceau, Charleroy, Couillet, Montigny, Chatelineau, Auvelais, Namur, Marche-les-Dames, Château de Seille.

On admire le splendide panorama de la vallée de la Meuse, nous voyons un grand pont, de fer détruit sans doute par les belges ! Des ponts artificiels ont été construits.

En route nous croisons de longs trains emmenant des soldats allemands. Ils nous crient encore qu'ils vont à Paris.

 

La nuit arrive et on dort plus ou moins recroquevillés dans le wagon.     

Samedi 12

À 3h, nous passons la première gare allemande à Aix-la-Chapelle nous recevons un morceau de pain noir très dur.

 

À 7h, Durien puis Cologne où nous nous arrêtons quelque instant.

Nous admirons la gare qui est immense. Sur le quai des dames de la Croix Rouge sont occupées à installer une infirmerie.

À la sortie de la gare nous apercevons les deux flèches élancées de la cathédrale de Cologne.

Nous Traversons et nous arrivons en gare de Friedrichsfeld nous passons sur le Rhin, sur un pont remarquable. Nous passons Düsseldorf qui est une ville industrielle.

 

C'est notre lieu de captivité, on nous introduit dans un camp où des baraquements sont en construction. Des prisonniers français accourent et ils nous interrogent et nous nous arrêtons au milieu du camp. Notre logement n'est pas prêt encore. Plusieurs averses nous forcent à chercher un abri sous des baraquements déjà occupés.

 

Vers le soir, on nous loge provisoirement avec des artilleurs. Nous touchons un morceau de pain, et de la saucisse gros comme une noisette ! On se couche sur la dure mais sous un toit

Dimanche 13

Dès le réveil, on attend la soupe. Pas de pain de la journée et la nourriture est très irrégulière, cela tient à ce que les cuisines ne soient pas encore installées. Nous parcourons une partie du camp qui est réservé, c'est une immense cage entourée de piquets de fils de ronce.

C'est mon premier dimanche passé en Allemagne.

Ce jour, j'étais en train de faire du jus au milieu du camp pour mes camarades et voilà que passe Narcisse Potier de La Bassée puis Maurice Devaux.

Lundi 14

A ce que l'on peut juger nous ne serons pas trop malheureux quand la nourriture sera suffisante.

Mardi 15

On loge de façon plus confortable.

 

Le soir, je vais enfin dormir sur de la paille, quelle joie.

Samedi 19

Chaque jour une promenade à laquelle prennent part 50 hommes de chaque baraque.

Aujourd'hui j'y vais pour la première fois et nous sortons du camp encadrés par un cordon de sentinelles. En route !

Nous sommes à proximité du cimetière des prisonniers français mort en 1870.

C'est un petit bosquet de sapins entouré d'une palissade blanche et noire et au milieu duquel s'élève un monument simple, un socle de pierre surmonté d'une croix. On peut y lire :

 

« A la mémoire des soldats français décédés en 1870-1871 RIR, érigé par leur compatriotes »

 

Dimanche 20 et les jours suivants

On nous l'avait promis et nous l'avons eu ce matin une grand'messe en plein air célébrée par un marsouin trappiste. On évalue l'assistance à 8000 hommes et ce sont 8000 soldats qui se pressent ici la plupart guidés par leur foi, tous pour venir goûter quelques émotions qui nous rappelle la patrie lointaine.

La voix du prêtre monte suppliante au milieu du silence religieux.

La messe est finie et on se sépare bien des yeux sont mouillés.

 

" Cela fait du bien ! "

dit un territorial.

La semaine suivante

Nous sommes maintenant organisés et notre vie commence à être régulière.

Le réveil a lieu à 5h45 environ, c'est l'arrivée du jus qui en donne le signal. On s'assied sur la palliasse qui servent de matelas et on déguste un quart de ce nectar. Le sergent de jour nomme les corvées qui sont nombreuses : corvée de quartier, corvée d'eau pour la cuisine, j'ai été nommé avec deux autres camarades. Deux jours pour le peloton d'ouvriers…

 

On finit de s'étirer puis on va se laver et à 7h45, rassemblement pour ceux qui ne sont pas aux corvées vont à l'exercice de 8h à 10h. Nous paradons sur un vaste terrain et les spectateurs ne manquent pas. Ils en vient de toutes les contrées de l'Allemagne quelque soit le temps, les messieurs graves et les dames et demoiselles au sourire accueillant.

Les gosses qui vont en classe se pressent près de la grille et nous regardent avec des yeux ahuris.

L'exercice commence par un alignement correct et sérieux vérifié par un lieutenant à binocle qui annonce pendant un quart d'heure :

 

"Alignement à droite !"

Il corrige et rectifie c'est une manie je crois chez lui.

 

Puis l'exercice commence en avant demi tour et cela pendant trois heures, on va, on vient ! C'est monotone comme tout.

Enfin, il est onze heures et un dernier alignement en face des baraques et le lieutenant allemand commande :

 

« Rompez les rangs »

 

A midi, c'est la soupe.

 

Voici le menu de la semaine :

Lundi – bouillon cru

Mardi- Pomme de terre et choucroute

Mercredi- Farine, riz

Jeudi- Pomme de terre

Vendredi- riz

Samedi- pomme de terre et haricots

Comme viande souvent du porc

Et du bœuf une fois par semaine

 

Après la soupe repos jusqu'à trois heures.

 

De trois à quatre, le même manège que le matin.

 

Vers 6h, on touche un repas froid soit du fromage ou de la saucisse.

Quelquefois des harengs saurs salés !

On va faire une dernière promenade et à 9h l'appel.

 

Ainsi voilà comment se passent tous les jours de la semaine.

Le samedi après midi est employé aux travaux de propreté du casernement.

Le dimanche tranche un peu avec les autres jours grâce à l'ingéniosité des captifs.

La matinée est occupée par la grande messe chantée à 10h avec le sermon.

L'après midi quand le temps est beau l'aspect du camp est des plus gais.

Marche ou football.

Concert aux répertoires variés.

Marchands ambulants vendant des pastilles, tabacs ou cigares.

Notre gaîté gêne certains civils qui nous trouvent trop bien traités.

Nous avons même notre journal et c'est une petite feuille hebdomadaire qui s’intitule :

 

" Bulletin pour les prisonniers français en Allemagne"

 

Cela nous apprend les victoires perpétuelles de l'armée allemande !

Nous l'avons surnommé le canard du camp.

Quoiqu'on y fasse, il y a toujours un tas de travaux de terrassement à faire. Le camp après deux de pluie n'est plus qu'un vaste marais. Aussi nous avons fabriqué des patins en bois qui nous tiennent les pieds au sec.

Un peu à la fois nous touchons des ustensiles de cuisine et nous avons à peu près le nécessaire. En résumé, notre vie ici n'est pas des plus dures ce qui ne nous empêche pas de crier vivement la fuite et d'aspirer au beau jour où nous quitterons l'Allemagne.

Ce qui nous manque le plus ce sont les nouvelles de chez nous, et on se demande avec anxiété ce qui passe là-bas. Quelques veinards ont reçus des lettres et d'autres des mandats.

Fin septembre 1914

Le temps devient froid et humide, c'est toujours la même vie, nous avons une cantine et on y vend à peu près de tout : du pain blanc, des saucisses, du beurre, de la margarine, de la confiture.

Malheureusement les porte-monnaie se vident ! Beaucoup de prisonniers font les marchands ambulants pour gagner quelques sous.

D'autres donnent des concerts comme le Narcisse Potier avec quelques camarades. Ils vendent certains de leurs effets des yeux d'argent fonctionnent, le camp devient une petite ville et nous touchons bien régulièrement nos vivres dont la ration est bien trop minime.

Mois d'octobre 1914

Dimanche 4

Concert, messe pour les prisonniers de 1870 décédés ici durant leur captivité.

Dimanche 11

Pour nous punir d'une tentative d'évasion le général a interdit de fumer jusqu'au 18 inclus. La décision nous est communiquée à 4h.

Lundi 12

Il y a quelque temps les Allemands avaient engagé ceux d'entre nous qui possédaient plus de 10 Marks, 50 ont versé le surplus entre les mains pour mettre cette somme en sécurité; Personne ne tombe dans le panneau pour avoir notre argent par la ruse, ils font une visite de porte monnaie, à malin, malin et demi les Allemands se sont encore mis la tringle.

Mardi 13

Dans l'après midi, nouvelle visite des porte-monnaie, aussi infructueuse que la veille.

De temps en temps on passe une visite de santé et nous passons aux douches.

 

Ce matin, je me fais porté malade pour ma pointe d'hernie et dans l'après midi à 2h je suis allé à Wessel chercher un nouveau bandage. Je suis exempt de tout exercice et travail et je fais juste la corvée à la cuisine sur deux jours pour mon plaisir.

 

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Liste des villages traversés

 

Estinnes au Mont

Marchmelle

Huy

Bonne espérance

Gouille

Liège

Binche

Montignie

Frontière Bel/all

Ressoux

Chatelineau

Heberstal

Larral

Chatelet

Ostem

Crombesta

Le Coupinaire

Hergenoth

Hayettes

Farciennes

Boncherde

Haines St pierre

Aiscaux

Oâchen

Mariemont

Lamines

Stolberg

Carnières

Anvelois

Eschneiler

Picton

Jenneppes / Sambre

Nolberg

Fontaine L’Évéque

Moustier

Düren

Gotroux

Franière

Sindof

Monsaux Paisette

Flareffe

Quiberg

Mons-sur-Sambre

Bonet

Wespalie

Marchiennes au pont

Namur

Friedrichsfeld

Charleroi

Marches-les-Dames

 

 

Namèche

 

 

 

 

 

 

 

 

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Note personnelle ajoutée du cahier de chanson

 

Appel aux mineurs

 

La nation ennemie de notre beau pays s'agitent désespérément : elle vient de voir adresser un appel qui dénote à la fois son espoir de méthode et de mépris des sentiments depuis six longs mois les sujets que nous connaissons piétement le sol de notre pays ami.

Ils détruisent avec rage tout ce que les années de progrès avaient crée, ils démolissent tout ce que nous avons bâti, ils mettent le feu et à sang nos villages et nos cités, ils font pleurer nos enfants et nos femmes, ils fusillent droit devant dans le tas, nos affections si chères et cela dure encore.

 

Il y à six mois au moment de l'agression leurs chefs voulaient aller vite en besogne briser ceux qui résistaient, nous avons la force brutale la jouissance du monde.

Ils nous forcèrent à reculer quand tout à coup, avec soudaineté de l'éclair, leur route fut coupée alors qu'ils entrèrent presque dans la tour Eiffel.

Mon choc formidable se produisit en véritable dédale s'en suivit l’ardeur de nos compagnons refoula les intrus au-delà de l'Aisne, ils repoussèrent en trébuchant.

 

Depuis la bataille de la Marne solidement retrancher l'un contre l'autre l'adversaire se cache. C'est la guerre de forteresses, nos frères nos camarades de travail sont dans les tranchées pied à pied.

Ils attaquent petit à petit, ils repoussent l'ennemi, devant eux, la horde démoralisée. Quelques uns semblent crispés la rage, le front percé d'une balle prussienne, un membre fracassé par un obus allemand, les autres avancent quand même disputant chaque jour le terrain avec une énergie sans limite.

 

Un indomptable courage un ardent désir de vaincre les stimulent une grande confiance les sauvent chaque jour qui passe et c'est une victoire pour nous !  a dit Joffre.

L'ennemi s'use sur ses positions.

En effet chaque jour un nouveau fait accuse l'épuisement toujours croissant du lourd envahisseur, le colosse allemand faiblit peu à peu il use de la dernière vigueur pour mener de petites attaques, ils échouent, le ravitaillement se complique les approvisionnements diminuent, ils débattent, ils s'accrochent, ils chancèlent, l'ennemi va tomber, il crie à l'aide et c'est à vous camarades mineurs qu'il adresse un appel particulier.

 

Entendez-vous !

Cet appel se retrouvera il y a dans le camp un homme insensé pour saisir le pic, qu'il embarrasse l'ennemi et pour leur permettre d'armer un nouveau bras.

Non, ce serait un innocent, un criminel, un traite à sa patrie à 10 hommes par baraques, ces individus livreront un bataillon à l'ennemi. Ne nous laissons pas envahir par des sentiments égoïstes, il est des sentiments qui égarent les hommes, d'autres qui les appellent au devoir.

Souvenons-nous de la journée du 2 août 1914 qui fut un coup brutal pour nous qui n'avions pas le cœur à la guerre.

Rappelons-nous la tristesse de nos camarades de nos compagnons d'abandon, de nos petits qui coûte tant de voir pleurer.

Pensons aux derniers baisers de nos enfants, nous qui connaissons leur brutalité des obus.

Transportons nous là-bas où il tombe encore des choses sacrées qui compressent nos envies de chaque jour au sein de notre famille chérie.

 

A Assen, on forge encore des canons mais les machines commence à diminuer, elles réclament de la chaudière, elles s'écrient j'ai faim, la ration diminue, il n'y a plus de charbon.

La locomotive qui emporte les cartouches et les obus destinées à tuer nos frères d'arme, les cuirassés aux œuvres de Nord ont besoin de charbon. L’Allemagne qui emploie les merveilles de la science moderne à la destruction de tout ce qui est beau ; L'Allemagne agresse sauvagement comme c'est une monstruosité de ne plus demander aux fils de France un effort pour l'aider à achever nous la noble victoire de sa lâche agression et en demandant aux hommes parmi nous qu'ils pourront fournir plus tant quand au règlement des comptes ou on les inculpera du crime d'avoir associé des prisonniers à une œuvre de guerre.

 

Aucun d'entre nous ne tombera dans ce piège grossier, personne ne voudra se placer en dehors du droit qu'elle honte pour ce malheureux qui se laissera tomber par un supplément de ration, que l'Allemagne ne pourra lui donner malgré toutes ses promesses aucune pitié pour cette insensé, il fut un temps où on fusillait sans rémission les individus de cette acabit.

 

Notre situation actuelle nous commande le plus grand calme dans l'avenir nous saurons courir à coup sur à tout excès de sensibilité, nous conspirerons comme ces traites par inconscience

 

Fait à Friedrichsfeld, le 5 mars 1915

FREMAUX Joseph     

 

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Règlement intérieur du prisonnier de guerre

 

Chaque prisonnier de guerre doit :

Ø  De l'obéissance et du respect à tous les officiers et sous-officiers appartenant à l'armée allemande.

Ø  Les ordres émanant de ces supérieurs sont strictement à suivre, de même les prisonniers doivent de l'obéissance aux soldats qui sont commandés au service de garde qui ne seraient que des supérieurs temporairement.

Ø  Le prisonnier qui manque de respect vis à vis d'une personne militaire de l'armée allemande, celui qui l'offense ou celui qui n'obéit pas aux ordres donnés sera sévèrement puni la peine de détention non en dessous de dix ans.

Ø  la peine de mort sera appliquée en cas de maque de respect en présence de plusieurs personnes militaire, en cas de refus exprès de l'obéissance, en cas de non-obéissance par parole gestes ou autres actions, en cas de non-obéissance continue, ou en cas de menace vis à vis des supérieurs, a le droit et le devoir d'employer les armes afin de rétablir l'ordre et l'obéissance.

Ø  sera puni de la peine de mort toute sommation ou excitation pour refuser en commun l'obéissance au supérieur pour se révolter contre celui –ci.

Ø  Si plusieurs personnes se consentent pour commettre une pareille action en commun il y a mutinerie qui sera également punie par la mort, le prisonnier ayant connaissance d'une mutinerie et qui n'en donne pas vis à vis de ses supérieurs immédiatement sera puni par la même peine que les mutins.

Ø  Tout essai de s'enfuir sera sévèrement puni, chaque soldat allemand commandé au service de garde et de sécurité à le devoir et le droit d'employer ses armes immédiatement.

Ø  Sera sévèrement puni le prisonnier qui tâche de mécontenter ses camarades en ce qui concerne le service de travail, il est compris par respect qui est du au prisonnier que celui ci doit saluer militairement tout officier et sous officier de l'armée allemande.

Ø  Si le prisonnier est assis ou qu'il dort et il doit se lever immédiatement à l'approche du supérieur il doit retirer de la bouche son cigare la cigarette ou la pipe il doit prendre une position militaire et correcte en fermant les jambes et les talons jusqu’à ce que le supérieur passe ou lui ai ordonné le repos.

 

Il est défendu ce qui suit et la non-obéissance sera sévèrement punie :

Ø  Le séjour le long de la clôture et la conversation avec la population civile, de fumer à l'intérieur des baraques de faire ses besoin s ailleurs que dans les latrines, de verser ou de jeter les restes des repas ailleurs que dans les fûts qui sont destinés à ce but.

Ø  Chaque prisonnier doit se lever immédiatement après le signal de rêve, il doit mettre sa couche en ordre ensuite il doit se laver, s'habiller et se rendre à l'appel la présence des prisonniers qui  sera contrôlée après l'appel les prisonniers qui reçoivent le café le commencement du service de travail qui est fixée un quart d'heure plus tard.

Ø  En se rendant et en au travail les prisonniers sont conduits en formation de marche et parfait ordre. Il leur est défendu de fumer, de chanter ou de faire du bruit pendant le travail.

Ø  La retraite a lieu à 9h du soir et au signal, tout le monde doit se coucher ou bien les prisonniers doivent attendre jusqu'à ce qu'après la lecture des noms l'ordre sera donné de se coucher.

Ø  Il est défendu de quitter les baraques pendant la nuit, excepté pour se rendre aux latrines. La non-observation de cet ordre sera sévèrement punie. 

 

FRIEDRICHSFELD, le 10 septembre 1914, le commandant général de la place.

 

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Liste des régiments faits prisonniers au camp de FRIEDRICHSFELD

 

Un régiment est composé de deux ou trois compagnies d'une centaine d'hommes

 

N° du régiment

Nom du régiment

1

Artillerie à pied

2

territorial

3

territorial

4

territorial

2

Artillerie de côte

3

Artillerie de côte

41

Artillerie montée

13

Territorial à pied

4

Train des équipages militaires

1

Train des équipages militaires

145

Infanterie

345

Infanterie

1

territorial

2

territorial

3

territorial

4

territorial

5

territorial

84

Infanterie

357

Infanterie

43

Infanterie

26

Infanterie

267

Infanterie

3

Génie

1

Territorial du génie

11

Territorial du génie

6

Chasseur à cheval

1

Chasseur à cheval

2

Belge

3

Belge

 

Tirailleurs algériens

 

Tirailleurs sénégalais

 

Zouaves

 

Gendarmes

 

Troupe anglaise

32

Dragons

19

Dragons

22

Dragons

18

Artillerie montée

32

infanterie

135

infanterie

127

infanterie

161

infanterie

5

Génie

33

infanterie

96

infanterie

78

infanterie

75

infanterie

275

infanterie

101

infanterie

1

Infanterie coloniale

32

Infanterie coloniale

16

Infanterie

70

Infanterie

 

 

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Voir des photos sur mon site du camp de Friedrichsfeld

 

Voir des photos sur mon site de groupe de soldats du 145e RI

 

Voir sur mon site la description de la bataille de Maubeuge

 

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