Publication : janvier 2023
Mise à jour : janvier 2023
Max nous dit :
« J'ai
trouvé votre site très intéressant et je vous en félicite.
Nous avons
trouvé tout le courrier d'un cousin de mon beau-père parti au service militaire
en 1911 et mort dans la Somme en 1916. J'ai tout transcrit sur mon ordinateur
et actuellement j'essaie de faire un "livre" sur cet homme en
l'illustrant de divers documents qui pourraient intéresser des internautes. Si
vous le désirez, je peux vous faire parvenir les fichiers bruts. »
Joseph GOUZOU, cultivateur, est né le 18 mars 1891 à Manzac-sur-Vern (Dordogne). A ses 20 ans, il déclare être cultivateur et est incorporé au 126ème régiment d’infanterie de Brives en octobre 1912.
En août 1914, il part à la guerre avec le grade de caporal (acquis en novembre 1913). Le 126ème RI est composé de 53 officiers, 3348 hommes de troupes, 174 chevaux et 55 voitures (hippomobiles)…
Mes chers parents
« Je
viens de recevoir votre lettre juste au moment où je voulais me mettre à vous
écrire afin de vous donner de mes nouvelles avant de partir, et qui sont très
bonnes. Enfin, puisqu’on a eu le malheur que cette fameuse Allemagne vienne
encore nous déranger, on va partit venger nos braves de 70. Peut-être que cette
fois, ils pourraient se tromper car malgré qu’ils aient dit que notre armée
était désorganisée, la mobilisation s’effectue dans les meilleures conditions,
et tout le monde demande à partir, jusqu’à des auxiliaires qui ont demandé à
passer la visite afin de venir.
Je pense
que là-bas, le pays doit se vider car ces jours-ci, il est rentré quelque chose
comme soldats ; vous me direz si mes oncles sont partis et où ils sont.
Enfin
puisque le jour est venu, il faut l’accepter avec courage et l’espoir que toute
la famille reviendra en bonne santé. »
« Hier
au soir, j’ai vu Léon du Trimour
; eux sont partis ce matin pour Toul afin de remplacer l'active dans le fort.
Nous autres, on part, je pense, vendredi soir ou samedi, mais je ne sais pour
quelle direction.
Pour la
correspondance, vous verrez à la mairie comment on met les adresses ; pourvu
que je puisse vous donner toujours de mes nouvelles. »
« Mesdames
PRIOLO sont venues et m’ont apporté de l’argent. J’ai pris 50F avec ce que
j’avais et ce que vous m’avez envoyé, je me trouve d’emporter 140F. Car on ne
sait pas bien si on pourra en toucher. Avec ça, j’en ai pour longtemps surtout
que peut-être on ne trouvera rien à acheter.
Enfin, je
termine avec espoir que vous saurez le supporter avec courage, et que dans
quelque temps on se reverra tous en très bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « J’ai
laissé aussi à M. PRIOLO ma montre et un petit paquet contenant ma chemise, des
mouchoirs propres, mon rasoir, ma pompe de bicyclette, plaque et clef anglaise.
Le soldat
qui a ma bicyclette ne va pas partir à la guerre, il
vient d’attraper une hernie ; alors je lui ai donné votre adresse ; au cas où
il faudrait qu’il vous l’envoie, le prix est un peu fort car je ne pensais pas
à tout ce qui arrive. Je la faisais mettre à neuf avec une enveloppe et une
chambre à la roue arrière. Le prix est 50f.
Il s’appelle
MANIÈRE. »
Mes très chers parents
« Ce
matin, je suis allé dire bonjour chez M. PRIOLO avant de partir car le moment
s’approche. On part ce soir à 10 heures, les autres bataillons sont partis ce
matin. (*)
Alors j’ai
vu que vous n’aviez encore pas reçu de leurs nouvelles, ni des miennes car ils
m’ont fait voir une lettre que vous leur aviez écrite. Au cas où la lettre se
serait perdue, je vous renouvelle que je leur emporte 50F. J’espère que vous
l’aurez eue quand même, car je vois qu’elles ont beaucoup de retard. Je n’ai
reçu la vôtre que jeudi, datée du 2.
Je termine
et viens vous embrasser une fois de plus, du cœur, avant de partir, et espère
que dans quelque temps, l’on pourra se revoir en bonne santé.
Votre fils
qui vous souhaite une bonne santé à tous. »
PS : « Vous direz bonjour de ma part à tous les voisins et à mes parents. Je
pars avec courage.
Pour
l’adresse, mettez : au 126ème,
10e compagnie, 3e bataillon. Par Brive. Vous n’avez pas besoin de
timbre. »
(*) : Le 3e bataillon partira à 23h34 de la gare de
Brive.
Mes très chers parents
« Je
profite de cette journée de repos afin de vous donner de mes nouvelles qui sont
très bonnes pour le moment ; on a très bien fait notre voyage. Ce matin,
j’ai cherché Marcel DALBAVIE (*),
mais je n’ai pu le trouver. Si vous savez le régiment et la batterie, vous me
le direz car on pourrait se trouver. (*)
Je termine
car je ne peux vous dire où l’on est, ni ce qu’on fait, mais je ne pense pas
voir l’ennemi. Il pourrait et j’en suis sûr, car on a reçu des dépêches que
tout va bien, les Allemands se font battre.
Votre fils
qui vous embrasse et vous charge de dire bonjour à tous mes parents et voisins
pour moi. »
PS :
« Je compte toujours les jours, encore 40. Tant pis si ce n’est pas fini
pourvu que je revienne. C’est toujours ce qu’il faut. »
(*) : Marcel DALBAVIE, 25 ans, maréchal-ferrant à Manzac,
est au 21ème régiment d’artillerie de campagne. En 1910, il y était second
canonnier-conducteur. Il survivra à la guerre, mais décèdera en juillet 1920. Voir sa fiche matriculaire.
Mes très chers parents
« Je
prends ce moment de plaisir afin de vous donner de mes nouvelles qui pour le
moment sont très bonnes. Et je pense en recevoir des pareilles de vous tous.
Seulement on n’a encore reçu aucune lettre. Je ne puis vous dire où je suis,
seulement on n’a encore rien eu, on n’a fait que des marches, et avec un beau
temps.
(*)
Si vous
m’écrivez, vous me direz un peu où sont mes oncles. »
« Aujourd’hui,
il paraîtrait que les Allemands refuseraient de marcher, mais malgré ça, on les
aura quand même car on a une artillerie bien meilleure que la leur. Eux ne
peuvent obtenir aucun résultat.
Je termine
avec espoir que tout sera vite fini, et que dans quelques mois, on pourra
revenir tirer quelques lièvres.
Je vous
charge de donner de mes nouvelles à tous mes parents.
Votre petit-fils et neveu qui vous embrasse sans oublier son brave Marcel. » (**)
PS : «
Le 15 août a été un peu triste, on a marché toute la journée. »
(*) : Le 3e bataillon cantonne à Martincourt
(55)
(**) : Le 15 aout, ils sont partis à 3 heures du
matin et parcourus 38 km.
Chers parents
« Ce
matin, je viens de recevoir la lettre que vous aviez faite le 9. J’ai été très
content car je commence à trouver le temps long. Ce que j’ai peur, c’est que
les miennes aient fait la même chose, et sûrement il a dû s’en perdre.
Enfin, je
suis toujours en très bonne santé. On a fait de très longues marches, mais à
présent on a un peu de repos. Je ne vous raconte pas grand-chose car je ne peux
vous dire où l’on est, ni ce que l’on fait, ce qui nous dénoncerait au cas où
l’ennemi trouverait nos lettres. (*)
Tout ce
que je pense, c’est que tout se passera bien et que dans quelques mois on
pourra se revoir en très bonne santé.
Votre fils
qui ne cesse de penser à vous. »
PS :
« J’ai écrit chez mon parrain, mais au cas où ils ne l’auraient pas reçue,
vous leur donnerez de mes nouvelles, ainsi qu’à tous mes parents à qui je
n’écris pas faute de papier. Vous excuserez pour moi.
Bonjour à
tous les voisins et à Raoul. »
(*) : Le 3e bataillon cantonne à Sailly
(Ardennes).
Mes chers parents
« Je
viens de recevoir de vos nouvelles. C’est avec plaisir que je vois que vous êtes
tous en bonne santé, seulement je comprends que vous n’avez pas reçu mes
lettres, pourtant je vous ai écrit souvent, enfin je suis toujours en bonne
santé.
J’espère
que mes lettres vont arriver et que dans quelques jours on aura le plaisir de
se revoir réunis avec tous mes oncles qui m’ont donné de leurs nouvelles. Ils
vont tous très bien.
Votre fils
qui vous embrasse, ainsi que tous mes parents. »
Nota : Entre le début de la mobilisation et le 31 août,
le régiment a perdu 237 hommes tués.
Gare de Gigny-Brandonvillers (Marne)
Mes très chers parents
« Je
viens vous apprendre une nouvelle qui ne va point vous surprendre, car comme
moi, vous devez bien vous y attendre ; mais cela ne doit pas vous
inquiéter, car je viens d’être blessé avant-hier 10 septembre. Par un éclat
d’obus qui m’a attrapé très légèrement à la jambe gauche, me faisant une plaie
très légère ; rien de cassé. » (*)
D’ailleurs
ce matin, j’ai fait 3 kilomètres à pied pour rejoindre la gare où l’on embarque
pour être dirigé sur Orléans où j’espère ne pas rester longtemps car je vais
demander à aller à Brive. Je sais que ceux qui peuvent supporter le voyage vont
où ils veulent.
Alors
comme M. PRIOLO m’avait dit d’aller me faire soigner par lui si j’étais blessé,
je croirais manquer envers eux en demandant d’aller à Périgueux (Jean) MASSOUBRO est blessé aussi à 10 minutes
d’intervalle. (**)
J’ai passé
une nuit à côté de lui, mais comme lui c’est une balle d’obus qui l’a attrapé à
la jambe, mais à l’aine droite. Souffrant un peu pour marcher, il a voulu
attendre l’ambulance. On s’est quitté comme ça, mais j’espère bien le retrouver
ce soir et finir notre campagne ensemble. Il est blessé très légèrement lui aussi. »
« Enfin,
mes très chers parents, je vous écrirai de nouveau quand je vais savoir où je
suis évacué ; tout ce que je vous demande, ne vous faites pas de mauvais sang
pour moi, je suis plus heureux où je suis que sur la ligne de feu. J’espère
être guéri au moins dans 15 jours et d’aller passer 7-8 jours de repos avec
vous ; et en attendant j’espère que les pauvres camarades auront fait de bonne
besogne pendant ce temps-là et que tout sera fini. Ils nous en ont fait voir de
cruelles, mais à présent on les repousse vite. Dans deux ou trois jours, la
France va être vidée de ces salauds et la victoire sera suivie de la paix.
Votre fils
qui ne souffre pas du tout, il faut que je voie ma blessure pour le
croire. »
« Je
vous embrasse en attendant de vous voir en bonne santé.
Bonjour à
tous mes parents et voisins. Je suis très heureux à côté d’autres. »
(*) : Blessé à la jambe droite au combat de Châtelraould
(52) durant la bataille de la Marne. Sa blessure n’est pas indiquée sur sa
fiche matriculaire.
Les combats de Châtelraould se déroulent du 9 au 10
septembre 1914.
Le JMO (journal des marches et opérations) du régiment
indique le 10 : « De nombreux
blessés et tués des jours précédents sont à évacuer. L’air de Châtelraould est empirante ; la pestilence commence. Il est urgent
d’assainir le champ de bataille ; On s’y emploie (…). »
(**) : MASSOUBRO Jean, pupille de la nation,
cultivateur aussi, né à Bordeaux, recensé au même village (Manzac) que Joseph
GOUZOU, est caporal à cette date au 126ème régiment d’infanterie. Il a 24 ans.
Sergent, puis adjudant en janvier 1916, blessé en mars 1916, il sera cité de
nombreuses fois dans la correspondance de Joseph.
Mes très chers parents
« Étant
blessé très légèrement à la jambe gauche par l’éclat d’un obus, je viens
d’arriver à Périgueux ce matin. Je vous ai écrit une lettre, mais au cas où
elle ne serait pas arrivée, je viens vous dire de ne pas vous faire de mauvais
sang pour moi car la blessure que j’ai est presque insignifiante. Je ne souffre
pas, il n’y a rien de cassé.
(Jean) MASSOUBRO
est blessé aussi à la jambe droite. (*) Ce
n’est pas grave non plus.
Je ne sais
pas où il est, on ne doit pas être venu par le même train.
Si vous
voulez me voir, venez. Je ne sais pas encore l’adresse car je fais la lettre en
attendant les voitures à la gare. Je vais la mettre à la fin.
Portez-moi
une chemise et un caleçon pour changer, ainsi que des bas.
Vous direz
bonjour à mes parents et voisins. Je vais bien écrire aujourd’hui.
Votre fils
qui vous embrasse en attendant de vous voir. »
PS : « Je
suis aux casernes d’artillerie. »
(*) : Sa blessure n’est pas non plus indiqué sur sa fiche
matriculaire.
Mes très chers parents
« Je
viens vous donner de mes nouvelles qui sont toujours très bonnes. Toujours bien
soigné, et je ne souffre pas. Seulement, je viens vous avertir que je ne
rentrerai peut-être pas en permission de cette semaine, ma blessure ne
guérissant pas très vite et me permettant de rester encore la semaine
prochaine. Je vais rester pour me faire soigner, et encore ce ne sera pas
complètement guéri dans quinze jours. Je pourrai obtenir une permission de dix
jours ; mais ne vous faites pas de mauvais sang pour ça.
Je termine
avec espoir que vous êtes tous en très bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour
à Raoul et aux voisins. J’espère être là-bas pour couler le vin. »
Mes très chers parents
« Je
prends ce moment de plaisir afin de vous donner de mes nouvelles, toujours très
bonnes ; j’ai très bien fait mon voyage. Quand je suis arrivé à Brive, (Jean) MASSOUBRO était parti à Donzenac, canton à une douzaine de kilomètres, car on ne
pouvait plus contenir là. Enfin, je lui ai envoyé son paquet. J’ai mangé mon
poulet hier au soir avec (Frédéric) CLAMENT (**) et CHAMINADE (***).
Il est sorti de l’hôpital mais n’a pas de permission.
Je suis
allé ensuite chez M. PRIOLO, il y a Mariette. Ils ont voulu que je couche. Je
leur ai donné la bouteille.
A présent,
je ne sais pas si je vais rester longtemps ici ; en tout cas, je sais
qu’il part un détachement de bleus et de blessés le 10, mais on n’a pas encore
désigné les hommes qui doivent partir. Ils vont au camp de Châlons
où ils vont rester en réserve pendant une quinzaine.
Enfin,
quand je devrai partir je vous écrirai.
Je termine
avec espoir que vous êtes toujours en bonne santé
Votre fils
qui pense à vous et vous embrasse à tous. »
(*) : Après rétablissement, il retourne logiquement à
Brive, ville de dépôt de son régiment, en attente de repartir pour le front.
(**) : Frédéric CLAMENT, 20 ans est né aussi à Manzac
(Dordogne). Soldat au 126ème régiment d’infanterie, il a été incorporé le 4
septembre 1914. Il est donc en formation à Brive et partira au front fin mars
1915, fera campagne en France et en Italie. Il survivra au conflit, décoré. Voir
sa fiche matriculaire.
(***) : Justin CHAMINADE, né en 1894 aussi à Manzac.
Soldat au 126ème régiment d’infanterie, il a été incorporé aussi le 4 septembre
1914. Il est donc en formation à Brive et partira au front début février 1915.
Nous en reparlerons plus loin dans les lettres Voir
sa fiche matriculaire.
Mes chers parents
« Je viens
de recevoir votre lettre ce soir avec beaucoup de plaisir. Je peux vous dire
que je suis en très bonne santé ; je ne sais pas quand je vais partir. Ces
jours-ci, il y a 4 détachements, le 2° part demain et le 4° samedi ; je
vous dirai que (Jean) MASSOUBRO est sergent. (*)
J’étais
proposé moi aussi, mais ce n’est pas sorti de cette fois ; ce qui me vaut
davantage, car si j’avais été nommé, je serais parti, et avec ça commence
l’instruction des réfugiés de la classe 1915. Peut-être qu’avec ça, je vais rester
quelque temps. Je suis avec un sergent réserviste qui était avec moi, dans ma
section à la guerre et qui a été blessé. C’est lui qui m’a proposé ayant été
chargé lui-même de l’instruction. On a 48 hommes à instruire par compagnie. On
est 2 caporaux et un sergent. Je peux dire que si je reste là, j’aurai de la
chance.
Enfin, mes
chers parents, n’y comptez pas de trop, car on peut être relevés d’un jour à
l’autre.
Je termine
avec espoir que vous êtes tous en bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « À
la 28ème compagnie, 26ème
d’infanterie, Brive, Corrèze. Je suis très content du prospectus. Je
vais en faire venir au cas où je partirais.
Bonjour à
Raoul et à tous les voisins.
CLAMENT (Frédéric) va partir probablement jeudi ou samedi. (Jean) MASSOUBRO n’est pas parti, il n’est pas encore apte ; moi je l’étais par le
médecin (et je ne le suis pas par le chef de ma compagnie). »
(*) : Il sera nommé sergent le 11 novembre 1914.
Mes chers parents
« Je
viens vous donner de mes nouvelles qui sont toujours très bonnes. Ce matin,
j’en ai reçu de vous tous avec plaisir dans la lettre de mon parrain.
On vient
de recevoir la barrique ce matin. On ne l’a pas goûté, mais je pense qu’ils
vont le trouver bon. Il sera toujours meilleur que celui que nous buvions.
On m’a
payé mes effets personnels. J’ai touché 22F, ce n’est pas beaucoup mais il vaut
mieux que rien. Quand on m’aura payé le vin, je vous enverrai l’argent, mais
peut-être que dans quinze jours.
Je ne vois
pas grand-chose à vous dire. Je suis toujours en bonne santé, et espère que
vous êtes tous de même.
On attend
toujours la paix et ensuite la classe.
Votre fils
qui vous embrasse à tous. »
PS : « Bonjour à Raoul et aux voisins. »
Mes très chers parents
« C’est
avec beaucoup de plaisir que je viens de recevoir votre lettre, en voyant que
vous êtes tous en très bonne santé ; seulement ce que je vois, c’est que
vous n’avez pas confiance en moi. Je vous ai toujours dit que lorsque je
partirai, je vous l’écrirai. Et je vois que vous ne le croyez pas.
Malgré que
l’on ait payé nos effets, on ne paie pas quand même. C’est justement à cause
qu’il n’y avait pas de départ, et que l’on usait nos habits que le commandant
de dépôt a donné l’ordre de nous les payer à tous.
Cette
semaine, j’ai reçu des nouvelles de tous mes oncles ; PAUL et DÉLUBRIAC ne
se font pas trop de mauvais sang ; mon oncle BOULENZOU (Pierre
FOURGEAU) (*) est
toujours en bonne santé. Pour moi, ça va aussi ; j’espère aller vous voir
à Noël ou au 1er de l’An pour 24 heures. Je ne le croyais pas il y a 2 mois.
Nos jeunes
de la classe 1915 rentrent ces jours-ci. Si c’est moi qui ai le bonheur de les
avoir, j’en ai bien pour 2 mois de plus. Peut-être qu’en attendant, il se fera
quelque chose, il faut l’espérer ; et puis d’ailleurs les froids seront
passés.
Je ne vois
pas grand-chose à vous dire. Le vin est arrivé, on le trouve très bon.
Votre fils
qui vous embrasse à tous. »
PS : « Vous
direz bonjour à tous les voisins et parents. (Justin) CHAMINADE m’a dit que la mémé était à Manzac
dimanche. J’en suis très content. Je ne pouvais le croire. »
(*) : Pierre FOURGEAU, son oncle, âgé de 36 ans à cette
époque, est soldat au 93e régiment d’infanterie territoriale. En mai 1917, il
passera au 272e régiment d’infanterie territoriale. L’oncle BOULENZOU serait,
en effet, Pierre FOURGEAU. Ce nom et prénom ont été rajoutés volontairement
dans le texte, entre parenthèses, au moment où les lettres ont été
dactylographiées dans les années 1970. Mais pourquoi ce changement de
nom ?
Plusieurs indices dans la suite des lettres donne à
penser que cela est juste : Sa tante Louise FOURGEAU (née HIVERT) et son frère
Émile FOURGEAU (FOURJOU).
Orthographié FOURGEAU, FOURGEAUD, FOUJOU et FOURGEOU….
ATTENTION : l’orthographe de cette famille Pierre
FOURGEAU-Marie BOULANGER s’écrit différemment pour tous les fils :
FOURGEOU Élie né en 1876. Voir
son acte de naissance - Voir
sa fiche matriculaire.
FOURGEAU Pierre né en 1878. Voir
son acte de naissance - Voir
sa fiche matriculaire.
FOURJOU Émile né en 1884. Voir
son acte de naissance - Voir
sa fiche matriculaire.
Chers parents
« Je
viens de recevoir votre lettre avec beaucoup de plaisir, en voyant que vous
êtes tous en très bonne santé. Je comptais aller vous voir pour deux ou trois
jours, seulement il n’y a que 24 heures. Et je ne peux même pas partir
vendredi, on est de garde de jeudi à vendredi 10 heures.
Probablement
que je partirai samedi, mais je ne puis vous dire par quel train ; si je
ne suis pas arrivé à 5 heures chez nous, vous pourriez venir à 8 heures à St
Astier. Si je ne suis pas à ce train, n’y comptez pas.
Je pense
que ma mémé est guérie. Vous leur direz bonjour ; je vais bien leur écrire
ce soir.
Vous me
direz si DAMON est toujours à Besançon.
Je ne vois
pas grand-chose à vous dire pour le moment. J’espère aller vous voir avant
longtemps, mais ne vous y fiez pas de trop, vous savez comment ça marche.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour aux voisins et à Raoul. Dimanche, j’ai dîné chez M. PRIOLO. »
Mes chers parents
« En
l’honneur du nouvel an, je viens vous offrir mes meilleurs vœux et souhaits de
bonheur. J’espère que le mauvais temps que nous traversons et qui nous empêche
d’être réunis en ce beau jour, ne durera pas et l’année que nous allons
commencer ne se passera pas sans que nous ayons le bonheur de nous réunir après
une bonne paix.
Dimanche
je suis rentré tôt. Je suis toujours en bonne santé, et espère que vous êtes
tous de même. »
Votre fils
qui vous embrasse et ne cesse de penser à vous.
PS : « Bonne
année à Raoul et à tous les voisins. »
« Voilà
ce premier jour de l’An arrivé ; j’espère que l’année que je commence ne
se terminera pas en étant dans la tranchée.
Hier, j’ai
eu les deux paquets avec le bon poulet, et les bonnes choses que vous m’avez
envoyées. Tout était en très bon état ; mais c’est trop d’affaires. Enfin
je vous remercie.
Je suis en
parfaite santé et espère que vous êtes de même. Ici, le temps n’est pas trop
mauvais. On dirait qu’il va pleuvoir.
Aujourd’hui,
on nous a bien soignés. Comme supplément, on a eu du fromage, des pommes –deux
par homme- ; une bouteille de champagne pour quatre et un cigare.
Hier, j’ai
eu des nouvelles de mon oncle BOULENZOU (Pierre
FOURGEAU). Il est en parfaite santé.
Plus grand
chose, je termine en vous désirant en bonne santé à tous. (*)
Votre fils
qui pense à vous. »
PS : « Bonjour
à mes parents, aux voisins et MICHET. Je vous envoie le calendrier 1915 pour
vous faire voir à peu près ce que je veux. »
Mes Chers parents
« Je
viens vous donner de mes nouvelles qui sont toujours très bonnes, et vous
demander des vôtres, qui j’espère sont de même. Voilà 2 ou 3 jours que
j’attends une lettre ; mais probablement que pendant ces fêtes, il doit y
avoir eu tellement de correspondance que ça doit être perdu.
Jeudi
dernier, j’ai envoyé la barrique à chez DÉLUBRIAC. (Jean) MASSOUBRO voulait l’emmener mais depuis la guerre, on ne veut plus accepter les
fûts comme avant pour 2 sous. Ils veulent gagner davantage.
Je vous
dirai que demain je reviens à ma compagnie, la 28ème. Je laisse la classe 14 et
je prends la classe 1915 qui est affectée à la 2ème compagnie. A la mienne, on
a 600 jeunes. On va avoir de quoi s’amuser. Enfin, peut-être qu’avec ça je
resterai encore quelques jours.
Je ne vois
pas grand-chose de nouveau.
Je termine
en vous désirant une bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour à Raoul et aux voisins. »
Chers parents
« Je
viens vous donner de mes nouvelles, toujours très bonnes. Je suis toujours à
l’instruction où j’espère rester encore quelques jours. Malgré que nous ayons
un peu de travail, je suis toujours mieux que là-bas. J’ai reçu des nouvelles
de mon oncle BOULENZOU (Pierre FOURGEAU), il est toujours
en bonne santé.
(Jean) MASSOUBRO m’a dit qu’il était allé manger les crépaux (?).
J’espère bien partir à la foire de Manzac, mais en ce moment, on n’a pas de
permissions à cause de la fièvre scarlatine.
Je ne vois
pas grand-chose à vous dire. Je pense que vous êtes en très bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse à tous. »
PS : « Bonjour à Raoul et aux voisins. »
Mes chers parents
« C’est
avec beaucoup de plaisir que j’ai reçu votre lettre, en voyant que vous êtes
toujours en très bonne santé. J’ai reçu le mandat. Je vous remercie. J’en avais
bien encore, enfin, ce n’est pas perdu pour ça. J’ai acheté un caoutchouc avec
des manches. C’est bien un peu cher : 30F ; mais avec ça, il peut
pleuvoir que je ne risquerai pas me mouiller. Je n’ai pas trouvé à vendre
l’autre.
Ici, il
fait un peu froid, il est tombé de la neige. J’ai reçu des nouvelles de tous
mes oncles, ils sont tous en bonne santé.
Je ne
pense pas aller vous voir de quelques jours ; pas de permissions à cause
de l’épidémie de scarlatine et rougeole ; heureusement que nous autres, les
anciens ne risquons pas grand-chose.
Je ne vois
pas grand-chose à vous dire. Je suis en très bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour à Raoul et aux voisins. »
Mes très chers parents
« Je
fais réponse à votre aimable lettre que j’ai reçue avec beaucoup de plaisir en voyant
que vous êtes tous en très bonne santé. Je suis très content de voir que vous
avez fait un peu d’argent, car je vois que si vous n’aviez recours qu’à votre
fils, vous ne seriez pas beaucoup heureux. Enfin, il faut espérer que cette vie
changera, mais je ne sais malheureusement pas quand. Enfin, que voulez-vous,
pour moi je ne suis pas trop malheureux. Surtout à côté de beaucoup d’autres
qui sont pères de famille ; et qui se trouvent dans les tranchées. Donc
prenons patience.
Il est en
train de se former une nouvelle armée ; chaque brigade forme un bataillon que
l’on appelle «bataillon de marche». Le nôtre part lundi formé des 126ème et
100ème. Ils sont 1 000 hommes, ce qui fera une petite armée de 50 000 hommes. (*)
Moi, je ne
pars encore pas de cette fois.
Cette
nuit, il est tombé beaucoup de neige. Je ne compte pas partir encore en
permission. Enfin, j’irai toujours vous voir avant de partir.
Je ne vois
pas grand-chose à vous dire. Je termine en vous désirant une bonne santé à
tous.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour à Raoul et aux voisins. »
(*) : C’est exact, le « bataillon de marche du 43e
régiment d’infanterie » (43e régiment d’infanterie dont va faire partie
Joseph GOUZOU en février), est créé début 1915. Le bataillon (composé d’environ
1000 h.) part le 13 janvier 1915 dans la Marne pour son instruction (Oiry, St Hilaire-au-Temple, etc.). 30 % de son effectif
intègre réellement le 43e RI au front mi-mars. En avril, le reste du bataillon
de marche intègre le 322e régiment d’infanterie, où il formera son 6e
bataillon.
Chers parents
« Je
viens de recevoir votre lettre avec beaucoup de plaisir en voyant que vous êtes
toujours en très bonne santé, car c’est la principale des choses. J’ai reçu
aussi le mandat, je vous remercie.
Je croyais
partir dimanche, mais je crois bien que je ne pourrai pas. Enfin, je suis
toujours en bonne santé. Je crois que (Justin) CHAMINADE part mardi (*), mais ne dites rien, chez lui le sauront bien
assez tôt, surtout si parfois il y avait un contrordre. Je crois bien moi aussi
que le moment arrivera peut-être bientôt, à présent que le beau temps va
revenir. Cette semaine, ça va faire 800 hommes qui partent. Enfin à présent,
quand ils voudront, j’ai passé une bonne partie de la mauvaise saison.
Je ne vois
pas grand-chose à vous dire. Je suis toujours en bonne santé et espère que vous
êtes tous de même.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour
à Raoul et aux voisins. »
(*) : Il partira le mardi 9 février (source : sa
fiche matriculaire)
Mes chers parents
« Je
prends ce moment afin de venir vous donner de mes nouvelles
toujours très bonnes, et espère que ma lettre vous trouvera à tous en très
bonne santé.
Dimanche,
on a très bien fait notre voyage ; nous avons été assez tôt à la gare. Je
pense que mon père et Raoul n’ont pas dû beaucoup se mouiller, car du temps que
nous soyons allés à Périgueux, je n’ai pas vu tomber d’eau.
Toute la
semaine, nous avons mangé des provisions que j’avais emportées. Il en reste
encore un peu. Tout était très bon.
Cette
semaine, il est parti 600 hommes, ce qui fait 2 000 depuis 15 jours. Je reste
encore cette fois ; mais je crois bien que si on demande toujours, ce sera
bientôt mon tour, et même peut-être passé.
Je ne vois
pas grand-chose à vous dire. Je suis toujours en bonne santé et c’est ce que je
vous désire à tous.
Votre fils qui
vous embrasse. »
Cher monsieur
« Je
viens ainsi qu’à toute la famille vous donner de mes nouvelles, toujours très
bonnes. Me voilà arrivé en arrière des tranchées depuis le 25 – à 9 heures du
soir ; mon régiment n’était pas là, il n’a été relevé que le lendemain, après
12 jours de tranchées.
Hier, j’ai
été affecté à ma compagnie, la huitième. J’ai très bien réussi car j’ai comme
commandant de compagnie un bon capitaine qui est là depuis le début de la
campagne, ce qui est rare en ce moment. Je ne crois pas rentrer dans les
tranchées de 7 à 8 jours. On est en train de vacciner les hommes du corps (*) ; avec ça on va pouvoir un peu s’habituer
à cette vie de pirate et au grondement du canon. On est à environ 6 kilomètres
des lignes de bataille, et depuis que nous sommes là, le canon n’a pas cessé de
tonner une seconde, si bien la nuit que le jour. C’est juste là que l’on veut
faire une trouée si c’est possible.
Enfin le
temps n’est pas trop mauvais, mais malgré ça, la vie n’est pas la même qu’à
Brive. On a comme logement des cabanes creusées dans le sol et recouvertes de
terre.
Je termine
avec espoir que bientôt, nous aurons pu débarrasser le territoire belge et le
nôtre, et alors revenir vous voir avec une paix éternelle.
Recevez
Monsieur l’assurance de mes sentiments les plus dévoués. »
J. GOUZOU
Au 43ème d’infanterie, 8ème compagnie, secteur 143
PS : « Bonjour
à la bonne Marie, à la femme de chambre et au chauffeur. Si vous voyez le
sergent HENNEQUIN, vous lui direz bonjour pour moi. Vive Beauséjour. » (**)
(*) : Du corps d’armée.
(**) : La 8e compagnie se trouve au fortin de
Beauséjour en Champagne.
Mes chers parents
« Nous
voilà arrivés depuis deux jours derrière les tranchées.
Le
temps……. ……. ……… …. … …. … .. .. ..matin. Je .. .. .. .. .. compagnie … .. ..
.. .. bien réussi .. .. .. capitaine
qui est le commandant de la compagnie. Il m'a l'air très prudent. Je ne crois
pas que l’on rentre dans les tranchées avant 15 jours, car on va vacciner les
hommes du corps. Il a été remplacé par le 2ème corps.
Il fait un
beau temps. On n’est pas mal, on se trouve à la droite du 12ème corps, en face
de Beauséjour.
Je termine
avec espoir que cette vie se terminera avant longtemps et que bientôt nous
pourrons nous revoir tous en bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
Au 43ème régiment d’infanterie 8ème compagnie secteur n° .. .. … … … …
Par le bureau … … … … ……… de Paris.
« Avant
de partir ……………………………. Ma montre chez ………….. laissé
mon paquet à (Jean) MASSOUBRO car il doit le remettre à M. PRIOLO.
Je n’ai
pas pris d’argent à M. PRIOLO et ne m’en envoyez pas, car on ne trouve pas
beaucoup à acheter. J’en ai même de trop, surtout qu’à présent, je dois toucher
17f 20 tous les dix jours.
Bonjour
aux voisins »
Mes très chers parents
« Je
viens vous donner de mes nouvelles toujours très bonnes. Je pense rentrer dans
les tranchées dans deux ou trois jours. Ici le temps est superbe.
Voilà déjà
8 jours que je n’ai pas reçu de vos nouvelles, ce qui
est long. Enfin, j’espère que vous êtes toujours en très bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Vous donnerez de mes nouvelles …………………………………. »
Mes chers parents
« Je
viens vous donner de mes nouvelles toujours très bonnes. Avant-hier, on est rentrés
dans les tranchées. On a été relevés hier au soir pour 24 heures. On y revient
ce soir et dans 2 jours, on va probablement revenir au repos. Pour le moment,
ce n’est pas trop terrible. Je termine avec espoir que vous êtes comme moi en
très bonne santé.
Votre fils
qui pense toujours à vous. »
Mes chers parents
« Je
fais réponse à votre lettre que je viens de recevoir hier. J’ai été très
heureux de voir que vous êtes tous en très bonne santé.
Je vais
vous dire que nous avons été relevés depuis avant-hier des tranchées, on nous a
amenés en auto en arrière de Châlons (*) où nous devons rester au repos au moins
jusqu’à la fin du mois.
Là, on est
très bien.
Tout ce
qu’il faudrait, c’est que ça puisse durer. Vous me demandez si je connais
quelqu’un. Je suis venu avec vingt sergents de Brive. On était 3 de la 28ème.
Nous sommes restés ensemble à la 8ème du 43ème. Hier, il en est encore arrivé
d’autres de Brive. Hier, je suis allé à la messe. Presque tous les soirs, on va
aller au salut. Je suis avec des gens bien plus religieux que dans notre pays.
Cela me fait beaucoup plaisir. Quant aux Pâques, je compte bien pouvoir les
faire avant de retourner aux tranchées.
Si vous
voulez, envoyez-moi un petit paquet de ce que vous voudrez, quelque chose qui
puisse au moins se conserver 4 ou 5 jours. Pas de chocolat, on trouve celui que
l’on veut. Je n’ai pas besoin non plus d’effets de corps. Je suis avec un
adjudant, chef de section, qui reçoit de temps en temps, et il me donne de tout
ce qu’il a. C’est pour ça que je vous en demande ; ce sera meilleur de
l’avoir reçu de sa famille que de l’avoir acheté.
Je ne vois
pas grand-chose à vous dire. Je termine en vous désirant une bonne santé à
tous.
Vous direz
bonjour à mes parents, aux voisins et à Raoul, le veinard d’être si jeune.
Votre fils
qui pense à vous tous et vous embrasse de loin ; toujours avec l’espoir de
venir vous retrouver avant peu. »
(*) : Ils sont à Chepy, à
quelques km au sud de Châlons-en-Champagne.
Mes chers parents
« Je
viens en cette belle journée où je termine mes 24 ans, vous donner de mes
nouvelles qui sont toujours très bonnes. Pour le moment, nous sommes au repos
pour quelques jours. Hier j’ai reçu des nouvelles de mon oncle BOULENZOU (Pierre
FOURGEAU). Il est toujours en bonne santé. Je suis très content de
savoir mon oncle en permission, car il est bien mieux que par-là, malgré qu'on
ne soit pas mal.
Le temps
est superbe. Ce soir, comme je trouve l'occasion, Je vais boire un verre en
pensant à vous pour fêter mes 24 ans.
Votre fils
qui vous embrasse. »
Mes chers parents
« Je
viens vous donner de mes nouvelles toujours très bonnes. Aujourd’hui, je
croyais aller faire mes Pâques. Il a fallu changer de cantonnement. On est
partis ce matin à 5 heures. On a 35 km à faire en deux jours, ce qui n’est pas
beaucoup. On est arrivés à côté du village où nous devons coucher ce soir à
huit heures par un superbe soleil. On doit y rentrer ce soir à 5h pour repartir
demain matin pour le nouveau cantonnement où nous resterons encore quelques
jours.
(*)
Si on fait
ça, c’est que lorsqu’on reviendra aux tranchées, nous ne reviendrons pas dans
le même secteur. Alors on se poste en face du nouveau, pour laisser la place
aux nouveaux corps. On était au sud-est de Châlons,
et on se poste au sud-ouest. Je ne sais pas bien le temps de repos, mais on ne
reviendra pas avant les premiers jours d’avril. En ce moment, on passe du bon
temps.
Vendredi
matin, j’ai pu aller à la messe. Je suis allé faire mon devoir.
Cette
semaine, j’ai reçu des nouvelles de mon oncle BOULENZOU (Pierre
FOURGEAU). Il est toujours en bonne santé.
Je termine
en vous désirant une bonne santé à tous.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour
à Raoul et aux voisins. Donnez-moi l’adresse d’Émile FOURGEAU (**). Comme je me trouve à côté du 12ème corps, je
pourrai peut-être avoir l’occasion de le voir. »
(*) : Le régiment est à Vouzy
(51)
(**) : Rappel : Émile FOURGEAU (FOURJOU)
est le frère de Pierre FOURGEAU (Joseph GOUZOU le dira dans une lettre datée du
16 janvier 1916).
Chers parents
« Je
viens vous donner de mes nouvelles qui sont toujours très bonnes. J’ai reçu le
petit paquet qui m’a bien fait plaisir. Tout était en bon état. J’ai reçu en même
temps la lettre recommandée avec les dix francs. Si j’attendais à vous écrire,
c’est que j’attendais d’avoir reçu l’autre paquet. Mais comme il va mettre plus
longtemps que le premier, peut-être que vous trouveriez le temps long.
Par la
poste, les paquets d’un kilo arrivent comme les lettres, en trois jours.
Pour
l’argent, ne m’en envoyez plus. Je dépense à peu près mon prêt, par conséquent,
ce n’est pas utile que je m’en encombre. Pour les paquets, quand je partirai
aux tranchées, je vous écrirai. Comme on les reçoit tous les jours, alors vous
m’en enverrez par la poste, mais attendez que je vous l’écrive.
Nous
sommes toujours en repos. Le temps est superbe. J’ai reçu des nouvelles de mes
oncles ; ils sont en très bonne santé.
Je suis
toujours en bonne santé et espère que vous êtes de même.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour à Raoul et aux voisins. »
Chers parents
« Hier,
j’ai reçu le colis avec plaisir. Les gaufres étaient très bonnes ainsi que le
chocolat. Je vous remercie beaucoup. D’alcool de menthe, je n’en avais pas
beaucoup besoin. J’ai le flacon que j’avais acheté avant de partir et qui est à
peine entamé ; et celui que vous m’aviez envoyé, je l’avais donné à un
camarade. Enfin, celui-là, je le garde ; mais on n’en use pas beaucoup,
car on ne fait pas beaucoup de marches et il ne fait pas très chaud. Des
mouchoirs, j’en avais assez. Les chaussettes servent toujours ; mais comme
linge, ne m’envoyez rien, on en touche suffisamment.
Ce soir,
nous sommes relevés ; nous allons à 15km en arrière pour 15 jours. (*)
Le temps
n’est pas trop mauvais, ces jours-ci, il tombe quelques averses.
J’ai toujours
des bonnes nouvelles de mon oncle BOULENZOU (Pierre FOURGEAU).
Vous me
dites que CLAMENT (Frédéric) et
FRUCHOU sont en permission. Tant mieux. Moi aussi, je compte bien y aller vers
la fin du mois. Mais comme je vous ai dit déjà, n’y pensez pas trop, c’est
tellement vite changé qu’il vaut mieux ne pas s’y attendre.
Ici,
toujours la même chose : quelques coups de canon, mais front toujours
calme.
Pas
grand-chose pour le moment. Je suis toujours en bonne santé et espère que vous
êtes tous de même. En attendant le plaisir de se voir, recevez de votre fils
ses meilleurs sentiments d’amitiés. »
PS : « Bonjour
à tous mes parents, à Raoul et aux voisins. Tant mieux que vous ayez fini de
rentrer les récoltes. Il paraît que la guerre doit être finie en octobre. »
(*) : Le régiment est à Dugny (55).
(**) : Le seul FRUCHOU de Manzac est Henri FRUCHOU. Voir
sa fiche. Est-ce-lui ?
Mes très chers parents
« Vous
m’étonnez beaucoup en me disant que vous ne recevez presque pas de nouvelles
parce que je vous écris tous les 2 ou 3 jours ; mais les correspondances
ne marchent pas très bien. La lettre chargée que vous m’aviez envoyée le 25
mars est arrivée le 7 avril. Je n’ai encore pas reçu le 2ème colis.
Enfin
malgré ça, le principal est que je suis toujours en bonne santé. Je vous avais
dit que l’on rentrait dans les tranchées ; mais nous n’y sommes restés
qu’un jour, juste pour faire une attaque (*),
et nous sommes revenus en arrière. On est à 1km500 de Verdun dans une caserne (**), et depuis 2 jours. On va probablement y
rester encore une dizaine de jours. En attendant, il faut espérer que cette vie
va se terminer et que bientôt, je pourrai revenir auprès de vous.
Je termine
en vous désirant une bonne santé à tous.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour
aux voisins et à mes parents. »
(*) : L’attaque du 5 avril a coûté au régiment 511 hommes
tués ou blessés. (JMO)
(**) : À la caserne Chevert
Mes chers parents
« Hier
au soir, j’ai reçu le colis que vous m’aviez envoyé le 21 mars. Si j’avais su
que ça mette si longtemps, je n’en aurais pas demandé car il commençait à être abîmé.
La bouteille de cassis était cassée et les quartiers d’oie étaient presque
pourris, ce qui n’est pas surprenant avec le temps humide qu’il vient de faire.
Enfin, on a pu profiter des œufs, des pommes. Le vin était très bon et on a
repassé le pâté dans la graisse que tout le monde a trouvé fameux. J’ai reçu
aussi les dix francs depuis 4 jours ; mais je vous prie, ne m’en envoyez
plus. J’en gagne plus que je ne puis en dépenser, surtout lorsque je vais
revenir dans les tranchées, car depuis plus d’un mois, on a fait qu’une journée
d’attaque, le lundi de Pâques. Alors ça ne va probablement pas durer.
Depuis 5
jours, nous sommes dans des casernes à 1 500m de Verdun. Je termine avec espoir
que nous aurons la paix avant longtemps et venir vous trouver en bonne santé.
Votre fils qui vous embrasse à tous. »
PS : « La santé est très bonne. J’espère que la vôtre est de même. Bonjour à Raoul et aux voisins. Je crois que nous allons changer de secteur mais non pour l’adresse. »
Mes chers parents
« Hier,
je viens de recevoir vos lettres datées du 8 et 10 avril ainsi que le colis. Ce
qui me surprend, c’est de voir que vous me dites que vous ne recevez pas de
nouvelles ; il faut que les lettres s’égarent car j’écris souvent. Vous
dites que la dernière était datée du 15. Pourtant depuis, je vous en ai envoyé
au moins 10. C’est vrai que depuis le 29, on a été en marche et on ne recevait
même pas les vôtres. Alors, je donnais mes lettres à n’importe qui en passant
dans les villages, soit les artilleurs ou le génie qui peut-être souvent les
perdaient au lieu de les donner au vaguemestre. Enfin, malgré ça, vous devriez
en recevoir quelques-unes unes.
Le colis
parti du 21 mars est arrivé seulement 3 jours avant l’autre que vous m’aviez
envoyé le 8 avril. J’ai reçu aussi les deux lettres recommandées avec dis
francs chacune. Je vous prie, ne m’en envoyez plus car j’en ai assez, avec 34
sous que je gagne par jour.
Si je vous
ai dit que l’on change de secteur, c’est le secteur de front, mais jamais de
secteur postal, le numéro postal est toujours le même.
J’avais
avec moi deux soldats du pays : un de Grignols, VEYSSIÈRE dit « Cariolet » (*), et
un de Montanceix, NEYSSENSAS.
(**) Mais ils ont été blessés tous les deux le 5 avril.
Je vous
renouvelle aussi, si parfois la lettre est perdue, que j’ai pu faire mes Pâques
le jour des Rameaux.
En ce
moment, nous sommes au repos à 1500m de Verdun dans une caserne. J’ai un bon
lit, voilà déjà 6 jours. Je pense y rester encore quelque temps.
Le temps
est superbe, il fait un beau soleil.
Vous
donnerez de mes nouvelles chez mon parrain. Je leur ai pourtant écrit, il y a
deux jours.
Je suis
toujours en très bonne santé et espère que vous êtes tous de même.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Les
boudins, les grillons et le quartier étaient très bons. Hier, on a pu faire une
bonne collation avec. »
(*) : VEYSSIERE Ludovic de Grignols a bien été blessé le
5 avril 1915 (éclat d’obus à la tête). Il venait d’arriver au 43e RI après une
première blessure en novembre 1914 (éclat d’obus au doigt et à la jambe
gauche). Il sera blessé une troisième fois le 24 juin 1916 (éclat d’obus jambe
droite) et une quatrième en novembre 1916 (éclat d’obus épaule droite). Il survivra
à la guerre et gardera des « corps métalliques » dans le tibia droit
et la cuisse gauche.
(**) : NEYSSENSAS Adrien a bien été blessé le 5
avril 1915 (fracture de l’humérus gauche). Né à Saint-Aquilin, il habite à Montanceix, tout à côté. Il sera fait prisonnier en mars
1916 et interné en Allemagne à Dülmel. Rapatrié en
février 1919. Voir sa fiche.
Mes chers parents
« C’est
toujours en bonne santé que je vous écris. J’ai été encore surpris d’apprendre que
vous ne recevez pas de nouvelles, car je vous envoie au moins une lettre ou
carte tous les 4 ou 5 jours. Je reçois pourtant toutes les vôtres et fais
réponse à chacune. On est dans les tranchées depuis deux jours. Je pense que
nous allons être relevés ce soir ou demain et revenir en arrière.
Le temps
est superbe, ce qui fait que malgré que l’on ait de bien longues journées à
passer, on n'est pas trop malheureux.
Enfin,
j’espère que bientôt je pourrai revenir auprès de vous tous, où nous pourrons
jouir d’une vie meilleure. Je termine en vous désirant que ma lettre vous
trouve en très bonne santé comme elle me laisse.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour à mes parents et aux voisins. »
Mes chers parents
« C’est
étant toujours en bonne santé que je vous écris. Avant-hier, j’ai reçu de vos
nouvelles, ainsi que de mon oncle BOULENZOU (Pierre FOURGEAU).
Il est au repos tout près de Dunkerque.
Nous
changeons encore de place. Nous sommes dans le train depuis ce matin. Je ne
puis vous dire la direction. Je vous écrirai dans deux ou trois jours. (*)
Votre fils
qui vous embrasse. »
(*) : Le régiment s’est embarqué le 24 avril dans 3
trains en gare de Givry-en-Argonne, pour être débarqué dans 3 gares dans la
Marne (Fismes, Muizon, Jonchery).
Mes très chers parents
« Avant-hier,
je vous ai envoyé de mes nouvelles étant dans le train, mais craignant que ma
carte-lettre se perde. Je viens de nouveau vous dire que je suis toujours en
bonne santé. Nous sommes arrivés avant hier au soir à minuit au cantonnement
nouveau où nous sommes encore. Le secteur ne sera pas je pense trop
mauvais. »
« Vous
me demandez si j’ai besoin de quelque chose. Je vous demanderais de m’acheter,
si vous le trouver, une flanelle, et de me l’envoyer avec une chemise, le tout
ne fera point plus d’un kilo. Au cas contraire, faites deux paquets afin de
pouvoir l’envoyer par la poste. Alors quand je l’aurai reçu, je pourrai vous
expédier l’autre complet pour le faire laver. Avec ça, tous les dix jours, je
pourrai vous en envoyer à laver, les colis postaux ne mettant pas plus de 4
jours.
Ici, je
lave bien, mais à force ce n’est pas bien propre. Surtout que bientôt on pourra
nous appeler les pouilleux. Je n’en ai encore pas, mais ce ne sera point long
car beaucoup d’hommes en ont. Malgré que ce ne soit pas ça qui nous empêchera de
revenir au pays, et il ne faut pas croire que nous soyons malheureux. Ce qui
fait ça c’est que la paille où nous couchons quelque fois n’est pas changée
tous les jours. Où nous avons attrapé ça, c’est aux casernes Chevert tout près
de Verdun. »
« Au
cas où la lettre se serait perdue, je vous rappelle que j’ai reçu tous les
colis envoyés ainsi que les deux lettres recommandées. D’argent, je n’en ai pas
besoin. J’ai assez de bas, ne m’envoyez que ce que je vous ai demandé dans la
1ère page.
Hier, j’ai
pu aller à la messe. Dimanche dernier, j’ai été faire une prière pour mes chers
cousins qui faisaient leur 1ère communion, et dans une église démolie par les
boches à 1 kilomètre de la ligne de feu. J’espère qu’eux aussi auront pensé à
moi, que leurs prières seront exaucées et que je pourrai avant longtemps
revenir auprès de vous tous.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour
à tous mes parents, à Raoul et aux voisins. Vive notre plus belle cathédrale
bombardée. » (*)
(*) : La cathédrale de Reims.
Mes chers parents
« Un
mot pour vous dire que je suis toujours en parfaite santé. Je suis toujours
dans la tranchée par un temps superbe ; il fait très chaud. J’attends
toujours cette permission.
Ici,
toujours la même chose. Le secteur calme. Pas grand-chose à vous dire.
J’espère
que vous êtes toujours en parfaite santé. En attendant le plaisir de passer
quelques jours auprès de vous, recevez de votre fils ses meilleures
amitiés. »
PS : « Bonjour à tous mes parents, à Raoul et aux voisins. »
Mes chers parents
« C’est
étant toujours en très bonne santé que je vous écris ; hier, j’ai reçu le
colis. Rien n’était gâté ; le poulet était très bon. Sur la lettre
d’aujourd’hui, vous me demandez si j’ai du vin ; on trouve presque celui
que l’on veut à 50 centimes ne m’en envoyez pas, ce serait le payer 2 fois, car
celui que nous achetons est très bon, c’est tous des vins qui viennent du midi.
Nous sommes très bien nourris et nous trouvons à acheter presque partout. Tout
ce qui nous manque en ce moment, c’est vous le savez : la paix. Enfin,
nous ne souffrons pas, espérons que le reste viendra. En ce moment, nous sommes
dans un secteur des meilleurs à ce qu’il paraît. On vient relever un corps qui
est là depuis 5 mois.
Je termine
avec espoir que vous êtes toujours en très bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse à tous. »
PS : « Merci des belles fleurs de muguet. Je vois d’ici le bel endroit où elles ont été cueillies. J’ai reçu en même temps des nouvelles de mon parrain et d’Émile FOURGEAU (Émile FOURJOU). »
Mes chers parents
« C’est
étant en très bonne santé que je vous écris. Hier, j’ai reçu de vos nouvelles
ainsi que de mon parrain. Je vous envoie un petit colis dans lequel j’ai mis
des gants et un cache-nez. J’espère bien que vous n’aurez pas besoin de me le
renvoyer et d’être là-bas avec vous à la saison du froid. On était au repos
depuis huit jours. Demain nous allons relever le 127ème qui est dans les
tranchées. Le temps est superbe.
Je termine
avec espoir que vous êtes toujours en bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse à tous. »
Chers parents
« C’est
étant toujours en bonne santé que je vous écris. Hier, j’ai reçu le colis avec
les chemises et flanelle ainsi que le pâté et sardines. Je vous envoie une
chemise et flanelle que j’ai posées ce matin. Quand vous le recevrez, vous
pourrez faire bouillir la flanelle au cas où il y aurait quelques œufs de
grenadiers car avant-hier, j’en avais trouvé. Vous attendrez que je vous
demande avant de me renvoyer car l’autre complet que j’ai gardé, je l’ai fait
laver à l’eau bouillante par une bonne femme du village où nous sommes. Avec
ça, tout est propre ; maintenant, je vais pouvoir laver quelques jours à
l’eau froide.
Nous ne
rentrons pas dans les tranchées avant la fin de la semaine. Ici le temps est
superbe. Il fait même chaud de trop. Aujourd’hui, le temps change un peu, je
pense qu’il va pleuvoir.
Je termine
avec espoir que vous êtes tous en bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Hier, je suis allé à la messe. Tous les soirs, on va au salut. Nous sommes cantonnés à 20 mètres de l’église. » (*)
Nota : Ce lundi 3 mai, la dégradation du sergent DEMENE
suite à un conseil de guerre a eu lieu devant les 2e et 3e bataillons. Elle n’a
donné lieu à aucun incident (JMO).
(*) : Le village de Pévy
Mes chers parents
« Je
viens vous donner de mes nouvelles toujours très bonnes. Hier, je n’ai pas eu
de lettre venant de vous. J’espère que vous êtes toujours aussi en bonne santé.
Avant-hier,
j’ai eu la plaisir de trouver dans la lettre un billet de 5f. Je vous remercie.
Aujourd’hui,
je vais vous envoyer mon tricot et mes gants avec l’espoir que je n’aurai pas
besoin de vous les réclamer pour l’hiver prochain. Car il faut croire que quand
l’été sera passé, tous en aurons assez et voudrons faire une paix.
Pas
grand-chose qui puisse vous intéresser ; ici, tout est calme, il fait
assez beau temps. Recevez mes chers parents l’assurance de mes meilleures
amitiés. »
PS : « Envoyez
une flanelle. Bonjours à mes parents et voisins. »
Chers parents
« C’est
étant en très bonne santé que je vous écris. Hier, j’ai reçu votre paquet ainsi
que la lettre recommandée avec 10f. Je vous remercie beaucoup, seulement, je
vous renvoie l’argent. Je mets 30f dans la lettre, il me reste assez pour mon
service. On touche notre prêt régulièrement tous les dix jours. J’envoie aussi
mon tricot de laine ; ne m’envoyez rien jusqu’à ce que je vous le demande.
Quand vous
aurez reçu, vous me le direz. J’ai assez de bas et de mouchoirs. On en touche
assez souvent.
Vous
pourrez laver le tricot au cas où il y aurait des œufs de petites bêtes, car
c’est là principalement que ça aime être. »
« Il
y a déjà quelques jours que je n’ai pas reçu de nouvelles de BOULENZOU (Pierre FOURGEAU), mais ça ne m’étonne pas, car
lorsqu’on change de place, la correspondance est très difficile.
On n’avait
pas encore relevé le 127ème. Il avait demandé à rester 12 jours dans la
tranchée. On y va ce soir ; nous serons 4 jours en 1ère ligne, 4 jours en
2ème et 4 dans un village ; puis on revient à l’arrière. On n’avait plus
eu un secteur pareil. Depuis 12 jours, le 127ème n’a encore pas un blessé.
J’espère que ça va être calme pour nous aussi. Je vous écrirai quand je serai
dans la tranchée.
Je termine
avec espoir que vous êtes tous en bonne santé. Votre fils qui vous
embrasse. »
PS : « Bonjour
à mes parents, à Raoul et aux voisins. Je suis très content de rentrer dans la
tranchée pour pouvoir me reposer ; à l’arrière, on nous fait faire des
marches tous les jours.
Le temps
est superbe. »
Chers parents
« Voilà
3 jours que je suis dans la tranchée. Comme je vous l’avais dit, je viens vous
donner de mes nouvelles toujours très bonnes. Ici, on est très tranquilles, on
ne se croirait pas à la guerre, on ne tire pas un coup de fusil, ni on ne
reçoit d’obus. On ne reçoit pas d’obus, on a des souterrains profonds de 2 à 3m
où on peut dormir en sécurité. C’est très curieux à voir. Où je suis, on est
deux : l’adjudant et moi. On a une table, chacun son petit tabouret, et de
la paille à volonté, c’est à dire une belle petite chambre de guerre.
Ce n’est
plus le même adjudant. L’autre est blessé depuis le 5 avril. Celui-là a un an
de moins que moi, il était fourrier quand je suis arrivé ; il a été nommé
depuis un mois. »
« Vous
me direz si vous avez reçu le tricot et la lettre recommandée avec 30F.
La lettre
faite, avant la carte du … que j’ai reçue ce matin,
n’est encore pas arrivée. Vous voyez que ce n’est pas toujours régulier. J’ai
reçu un petit paquet venant de ma tante Louise (FOURGEAU).
Je termine
avec espoir que vous êtes toujours en bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Je
vous envoie une fleur cueillie à côté de la tranchée. Les vignes doivent être
bien belles. Nous sommes en 1ère ligne, nous serons relevés demain soir pour
aller en 2ème. (*)
Bonjour
aux voisins et à Raoul. »
(*) : Le 2e bataillon est au bord du canal de la Marne à
l’Aisne, secteur
du Godat.
Chers parents
« C’est
étant toujours en bonne santé que je vous écris. Hier, j’ai reçu le paquet.
Tout était en bon état, les pigeons étaient très bons. Je suis toujours dans la
tranchée, voilà le 11ème jour. Nous sommes relevés demain soir, ce qui ne nous
tarde pas beaucoup, car on ne dirait pas qu’où nous sommes, c’est la guerre.
D’hier et aujourd’hui, je n’ai pas entendu un seul coup de canon. C’est la 1ère
fois depuis que je suis sur le front que je vois des journées si calmes. Enfin,
malgré ça, nous partirons quand même, demain soir, à l’arrière pour douze
jours.
Avant-hier,
je suis allé à la décoration de mon colonel. Les compagnies qui étaient dans la
tranchée ont délégué 1 sergent, 2 caporaux et 4 hommes pour les représenter.
Alors c’est moi qui y suis allé. Ça se passait à 6km en arrière. Ça nous a fait
une permission de 24h. On est partis le soir à 6 heures et on est revenus le
lendemain à la même heure. »
« Je
viens de recevoir une lettre de mon oncle BOULENZOU (Pierre
FOURGEAU). Il me dit qu’il est dans un bon secteur et en bonne santé.
Tous ces
jours-ci, les communiqués sont bons. Les Anglais et nos troupes ont avancé
beaucoup dans le Nord. Il faut espérer que ça ira bien et qu’avant longtemps,
nous pourrons peut-être avoir le plaisir de débarrasser notre pays.
Je ne vois
pas grand-chose à vous dire. Je termine avec espoir que vous êtes tous comme
moi en très bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour
à mes parents, à Raoul et aux voisins. Je pense que l’Italie va se mettre en
guerre contre l’Autriche, ce qui nous aiderait un peu. Depuis que le 12ème corps
a attaqué dans l’Alsace, je n’ai rien reçu d’Émile CLAMENT. Serait-il blessé
? »
(*)
(*) : Émile CLAMENT est le frère de Frédéric CLAMENT précédemment cité dans les courriers.
Chers parents
« Nous
voilà relevés depuis hier au soir. Nous sommes au repos à 6km de la ligne. On
est très bien, on a tout ce qu’on veut acheter. J’ai reçu votre carte qui m’a bien
fait plaisir de voir que vous êtes toujours en très bonne santé.
J’ai écrit
chez M. PRIOLO pour ma montre. Quand je l’aurai reçue, je vous le dirai. C’est
tout ce que j’avais chez eux. Souvent, on est embêté de ne pas savoir l’heure,
surtout nous, les gradés.
Je ne vois
pas grand-chose à vous dire. Ici, c’est toujours la même chose. Il paraît que
dans le Nord, tout va bien. (**)
Je pense
que l’Italie va marcher.
Je termine
en vous désirant toujours la même santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour
à mes parents, à Raoul et aux voisins. J’ai reçu des nouvelles d’Émile CLAMENT.
Et DAMON, est-il toujours à Besançon ? Je ne connais plus son adresse, surtout
son petit nom. »
(*) : Le bataillon est au repos à Pévy
(51)
(**) : L’offensive en Artois vient de se déclencher.
Chers parents
« Je
ne laisse passer ce jour de fête sans venir vous donner de mes nouvelles qui
sont toujours très bonnes. Je n’ai pu assister à la messe. J’étais de garde au
poste de police du village. Ici, nous sommes au repos depuis trois jours. J’ai
été relevé à midi. Demain, je vais si je peux…………… que dieu qui est le……….. jusqu’à le………………… depuis le……………… que le ………………… ce matin
par téléphone que l’Italie a ordonné la mobilisation générale. Alors, elle va
être en guerre au moins avant 2 jours. Il faut espérer qu’elle va nous donner
un bon coup de main et que bientôt ces sales boches seront obligés de demander
grâce. Je termine avec espoir que vous êtes tous en bonne santé. Votre fils qui
vous embrasse. »
PS : « DAMON
doit avoir changé. Les lettres du mois de janvier me reviennent. Bonjour à tous
les voisins et Raoul. »
Mes chers parents
« Hier,
j’ai reçu votre lettre et le paquet, en même temps. Le paquet était en bon
état, et le poulet que nous avons mangé le soir même était très bon. Les
fraises aussi. Seulement, n’en envoyez pas, car les paquets sont tellement
secoués que quand ça arrive, elles sont abîmées.
Avant-hier,
j’ai reçu de FOURGEOU (Elie) de
Beaulieu.
(*) Il m’avait mis 3 boîtes de pâté et une de sardine.
J’ai reçu
des nouvelles de mon oncle BOULENZOU hier (Pierre
FOURGEAU). Il est toujours en très bonne santé, et dans un bon secteur.
Je suis très content de voir que vous pouvez faire votre travail.
Ici, le
temps est superbe aussi. Seulement pour nous, le travail ne marche pas plus
vite pour ça, et si c’était partout comme où je suis, il y en aurait pour
longtemps. On entend à peine dix coups de canon par jour, et aucune fusillade.
Ça change beaucoup des premiers jours quand je suis arrivé à Beauséjour.
Voilà le
11ème jour que nous sommes en arrière. Nous reviendrons dans la tranchée demain
soir pour 12 jours et dans le même secteur. Je ne vois pas grand-chose à vous
dire. L’Italie marche bien.
Je termine
en vous désirant toujours une bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour
à Raoul et aux voisins. »
(*) : Beaulieu en Corrèze. C’est indiqué sur sa fiche
matriculaire. FOURGEOU Élie né en 1876.
Chers parents
« C’est
toujours en bonne santé que je vous écris. J’ai reçu de vos bonnes nouvelles ainsi
que de tous mes parents, hier et ce soir. Ce qui fait grand plaisir, j’espère
que Dieu continuera à protéger notre famille comme on l’a déjà été depuis
longtemps, et qu’une fois la paix, nous aurons ce grand bonheur de pouvoir tous
nous retrouver en bonne santé.
Notre
rentrée dans la tranchée a encore été retardée. Je pense que nous irons demain
soir pour quelques jours. Comme on ne peut dépenser d’argent lorsqu’on est dans
les tranchées, et que le prêt marche quand même, je vous renvoie celui que je viens
de toucher ce soir. Ne croyez pas que je me prive, le contraire, je dépense
beaucoup, mais comme tous les dix jours, j’ai mes 17F20, et que la moitié du
temps on se trouve dans la tranchée, ça nous fait de l’argent.
Je ne vois
pas grand-chose à vous dire. J’espère que vous êtes toujours en bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour
à tous mes parents, à Raoul et aux voisins. »
« J’envoie
5F à mon oncle BOULENZOU (Pierre
FOURGEAU) pour boire un verre à la santé de mes galons que nous n’avons
pu arroser ensemble (ne dites rien).
Je viens
répondre à votre lettre du 8 juin que j’ai reçue avec plaisir en apprenant de
vos bonnes nouvelles. Moi aussi la santé va bien.
Très
content de voir que là-bas le temps n’est pas le même qu’ici car il est très
mauvais pour les récoltes. IL pleut et il fait froid.
Je crois
qu’aujourd’hui, il va faire beau.
Alors mon
oncle devra revenir aussi puisque ce n’est pas la paix. Vivement le 17 si ce
que disait ma mémé est juste. Je ne vois pas grand-chose en ce moment ……………………
tranquille pas beaucoup ………………… et pas dur de trop. Je désire ………………….
Votre
fils
…………………………… aime et vous embrasse tous. »
PS : « Bonjour
aux parents et voisins. Je pense à la …………………………………… »
(*) : Il est passé sergent en novembre 1914.
Mes chers parents
« C’est
étant en très bonne santé que je vous écris. On est dans la tranchée depuis
avant-hier au soir 23 heures. La compagnie est réserve du bataillon, car à
chaque fois, on ne met que 3 compagnies sur quatre en 1ère ligne. Nous nous
trouvons à huit cents mètres de la ligne ; on est très bien dans de bons
cagibis. Le secteur toujours bien tranquille. On travaille 5 heures par jour, 3
heures le matin et 2 heures le soir, soit pour faire des souterrains, soit pour
faire nos cabanes ou des boyaux de communication à l’arrière. En ce moment, ce
n’est pas la guerre pour nous ; je demanderais de finir la campagne à cet
endroit.
Le temps
est superbe, il fait même trop chaud.
La semaine
dernière, je me trouvais en plein dans le pays des asperges. On a pu en manger
tous les jours. On les payait 8 sous le kilo. J’ai aussi pu trouver du lait. On
est à peu près bien placés pour nous ravitailler, les civils sont encore à 4km
de la 1ère ligne.
Aujourd’hui,
je reçois des nouvelles de mon oncle BOULENZOU (Pierre
FOURGEAU). Il est très bien placé lui aussi.
Je ne vois
pas grand-chose à vous dire pour le moment. Ce matin, j’ai reçu votre carte. Ce
que je vous souhaite, c’est d’être toujours en très bonne santé. Votre fils qui
vous embrasse. »
PS : « Bonjour
à mes parents, aux voisins et à Raoul. »
Mes chers parents
« Je
viens vous donner de mes nouvelles toujours très bonnes.
Ce matin,
en relisant quelques lettres, j’ai vu que vous me demandez si j’avais reçu le
cœur que vous m’avez envoyé. J’ai pensé que peut-être, je n’avais pas répondu à
cette question. Si je ne l’ai fait, c’est de l’oubli car il m’a fait grand
plaisir. Je le porte sur ma poitrine. D’ailleurs, vous pouvez le voir sur la
photographie que je vous ai envoyée. (*)
Quand je
vous ai envoyé la carte où je suis, je venais de la recevoir et n’ai pu vous
donner de détails. C’est un groupe des sous-officiers de ma compagnie. Vous
voyez que j’ai là de bons camarades. Il n’y a là que la moitié. Ce sont ceux
avec qui je mange quand nous sommes au repos. Comme on est nombreux, on fait
deux popotes. Là, j’ai l’air un peu triste, mais ne croyez pas que je sois
malheureux pour ça. Ce qui le fait, c’est d’avoir posé mon képi. On dirait que
je suis au tribunal entre des gendarmes.
Ce matin,
j’ai reçu une lettre de mon oncle Paul et de mon parrain. Je pense que mon
oncle va partir en permission.
Je termine
en vous désirant une bonne santé. Votre fils qui vous embrasse. »
PS : « Je
suis là pour 20 jours. On est très bien. Le temps est superbe ! Il fait très
chaud mais on ne travaille pas la journée.
Bonjour à
mes parents, à Raoul et aux voisins. »
(*) : Dommage que la photo ne soit pas parvenue jusqu’à
nos jours !
Chers parents
« Je
réponds à la carte où vous me demandez si je trouve à acheter. Je vous l’ai
déjà dit, mais je le renouvelle au cas où la lettre se serait égarée. Nous
sommes très bien nourris ; on touche assez à manger ; et si on veut
acheter, on trouve à volonté, seulement comme je vous l’ai déjà dit, on est la
moitié du temps dans la tranchée où l’on ne dépense presque rien. Si ce n’est
que l’on emporte dans le sac car avant chaque départ, on fait quelques
provisions.
Pour le
linge, je n’en ai pas besoin. J’ai fait laver mes deux complets pendant les 13
jours où nous sommes restés à l’arrière. Et là on est à côté d’un canal (*) et d’un ruisseau ou on a pu laver à volonté.
Je n’ai besoin de rien. J’ai encore trois paires de bas de laine très fine. Ils
ne sont pas trop chauds. J'ai balancé mon caleçon hier. Je ne vais plus en
prendre à cause de la chaleur. J’ai assez de mouchoirs. D’ailleurs, les
correspondances marchent très bien à présent. Quand j'aurai besoin de quelque
chose, je vous l'écrirai. J'ai reçu des nouvelles de tous mes
……………………………. »
« A
suivre page n°3 (absente) »
PS : « Le
secteur est toujours bien tranquille. »
(*) : Canal de la Marne à l’Aisne
Chers parents
« Je
venais juste d’envoyer la lettre hier au soir quand j’ai reçu la vôtre avec le
paquet qui m’a fait un grand plaisir. Tout est en bon état et très bon,
seulement vous m’en envoyez trop souvent. Si l’alcool de menthe n’est pas
envoyé, ne m'en envoyez pas ; j’en ai un flacon que j’avais acheté en
partant de Brive que je n’ai encore pas débouché. L’eau-de-vie, c’est la même chose,
on en touche un petit verre par jour que je ne bois pas. J’ai le flacon que
vous m’avez envoyé dans mon sac et que je conserve au cas où j’en aurais
besoin.
Chose qui
m’a surpris, c’est de voir que mon oncle DÉLUBRIAC ne vous donne pas de ses
nouvelles. Il m’écrit pourtant souvent à moi. C’est vrai que pour écrire à tout
le monde, il faut avoir le temps ! ……
Hier, on a
eu de l’orage qui nous a donné un peu d’eau qui a fait du bien car il faisait
très chaud.
Ici,
toujours la même chose, secteur très tranquille.
Vous direz
si vous recevez beaucoup de mes lettres.
(Jean) MASSOUBRO m’a écrit hier en me demandant ce que je
deviens. Il me dit qu’il a écrit 3 fois sans réponse. Pourtant, j’ai écrit à
chacune de ses lettres.
Je vous
écris une lettre tous les 2 ou 3 jours.
Je termine
en vous désirant tous en bonne santé à tous.
Votre fils
qui vous embrasse. »
Mes chers parents
« C’est
étant toujours en très bonne santé que je vous écris. Je suis en 1ère ligne
depuis hier, pour le même nombre de jours comme à passer en 2ème.
On est
très tranquilles, les boches ne nous embêtent pas trop ; on a un très bon
‘gourbi’ : c’est le nom de notre maison souterraine. On y est à
trois : l’adjudant et le sergent qui est à la section avec moi.
Vous me
demandez si j’ai des camarades sur lesquels je puis compter. Je peux vous
répondre que oui. Jamais je n’en avais trouvé de meilleurs. Il se trouve même
beaucoup d’hommes de la contrée, des départements voisins qui ne sont pas
meilleurs que les autres ; il y en a des bons et des mauvais dans tous les
pays. J’en ai un qui est de Coursac dans ma
compagnie. Il s’appelle DUMAS. Il a un an de plus que moi. Il travaillait à la
scierie qui se trouve à côté du charron et aubergiste SIQUIER. C’est un brave
garçon. Il était avec moi déjà depuis longtemps que je n’en savais rien. Il
était venu avec les deux qui ont été blessés le 5 avril, VEYSSIÈRES (Ludovic) et NEYSSENSAS (Adrien).
Il y en a
beaucoup d’autres de Brive, Tulle, Terrasson,
Bergerac, Sarlat, St Yriex, enfin des environs. Ils viennent
des régiments de la division : 50, 108, 126, et 100.
Quant à
ceux qui sont sur la carte, il n’y en a qu’un de La Force, c’est celui qui est
à ma gauche, un engagé du mois d’août, il est tout jeune, de la classe 1916.
Les autres sont de Lille, Roubaix et Calais. Le sergent-major qui se trouve en
avant de celui de La Force est parisien. Alors, vous voyez qu’il y en a un peu
de partout. »
« Je
trouve que les récoltes sont beaucoup avancées. Il se trouve un champ de blé
entre nous et les boches qui sont à 350m. Il est tout en épis. Avant-hier, j’ai
goûté des cerises qui se trouvent à la lisière d’un bois où l’on était pendant
20 jours. Elles sont bien mûres. Le temps est magnifique. On a eu de l’orage
pendant 2 jours, ce qui ne nous a pas fait de mal, malgré que nous ne
demandions pas l’eau. A présent, il s’est remis à la chaleur.
Je termine
en vous désirant une bonne santé à tous. Pour moi, je n’ai encore pas connu la
guerre. Pour la santé, je suis aussi bien qu’avant de partir. Votre fils qui
vous embrasse »
PS : « Bonjour à mes parents, aux voisins et à Raoul. »
Mes chers parents
« Reçu
votre lettre ce matin, je viens vous faire réponse et vous dire que je suis
toujours en très bonne santé.
Hier, j’ai
reçu un petit colis envoyé par ma tante Louise. Je vois que le travail marche
très bien. Je suis très content, car au moins vous avez des récoltes, vous
aurez de quoi vivre. Pour moi si ce n’était ……………………… des idées vers le pays,
je ………………………………… ………reux.
J’ai mon
fourrier qui vient de m’apporter des cerises bien mûres ; vous voyez que nous
avons à peu près ce que nous voulons, peut-être n’en avez-vous pas encore mangé
? Et moi, c’est la 5ème fois.
Ici,
toujours la même chose, secteur tranquille.
Je termine
en vous désirant une bonne santé à tous.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « J’ai reçu une lettre de DAMON. Vous ne m’aviez pas dit que Louis était malade. Vous me …………… ce qu’il a et comment …………………… . Bonjour aux voisins ………………………. . »
Mes chers parents
« J’ai
reçu votre aimable lettre m’annonçant que vous êtes toujours en bonne santé. Ce
matin, j’ai reçu le colis annoncé dans la lettre. Je vous remercie beaucoup.
Vous m’aviez dit que c’était trop grillé, mais je viens de défaire le paquet et
j’ai vu que c’était superbe. Et ça a l’air bon parce que le parfum me le dit.
Il est dix
heures, on va manger dans demi-heure, la soupe arrive à la demie. On va faire
un bon dîner aujourd’hui. Je mange avec mon chef de section qui est l’adjudant
et l’autre sergent qui est avec moi dans la section ; car je ne sais pas
si vous le savez, on est 2 sergents dans chaque section, chacun sa demi.
Vous me
dites si j’ai besoin de caleçons ou d’autres effets. Je vous remercie. Je n’ai
besoin de rien, vous savez que j’écris assez souvent et que quand j’en aurai
besoin, je vous demanderai.
J’ai reçu des
nouvelles de mon oncle DÉLUBRIAC. Il me donne souvent de ses nouvelles.
On est
relevés dans 3 ou 4 jours pour aller au repos.
Ici, le
secteur est toujours calme.
Plus grand
chose à vous dire si ce n’est que je suis toujours en bonne santé. C’est tout ce
que je vous souhaite.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour
à Raoul et aux voisins. Je venais de me faire raser. J’ai mis de l’eau de
Cologne, me voilà propre pour mon dimanche malgré que nous ne les connaissions
pas beaucoup. Tous les jours sont les mêmes. »
Mes chers parents
« Quelle
surprise ce matin à la distribution, encore un paquet. Enfin, ici, on ne refuse
jamais. Je vous remercie. On a déjà commencé à manger les gâteaux et une orange
délicieuse.
Je pense
être relevé demain pour quelques jours de repos. Alors, comme à ce moment nous
avons tout ce que nous voulons, n’envoyez rien, on a beaucoup plus de plaisir à
recevoir lorsqu’on est dans la tranchée, surtout quand on y reste vingt jours.
Vous me
demandez aussi si j’ai besoin de caleçons. Si je voulais en avoir, on distribue
assez souvent ; mais comme il fait chaud, je n’en prends pas, surtout que nous
prenons des pantalons de velours qui sont très doux.
J’ai été
très heureux de voir que mon oncle a pu venir en permission. Il va pouvoir
aider à faucher, surtout qu’il doit avoir 15 jours d’après ce que j’ai vu sur
les journaux.
Je ne vois
pas grand-chose à vous dire. Je suis toujours en bonne santé et j’espère que
vous êtes tous de même.
Recevez de
votre fils ses meilleurs sentiments d’amitié. »
PS : « Bonjour
à Raoul et aux voisins.
On va
pouvoir faire la bombe pendant les dix jours de repos. Je viens de toucher l’argent
des 2 prêts : du 1er au 20, ce qui fait 34F40 sur lesquels je n’ai pas un sou
de dépense, et l’autre dû va être échoué avant de revenir du 20 au 30.
Juste je
vois que c’est jeudi la fête de St Jean. Je viens offrir à mon père mes vœux
d’heureuse fête. Je serai au repos, je pourrai la fêter aussi. Espérons que
l’année prochaine, on la passera ensemble. »
Mes chers parents
« Voilà
le 3ème jour que nous sommes relevés des tranchées pour 10 jours. Nous sommes
très bien à 12km de la ligne. On peut acheter tout ce qu’on veut. On a bien
réussi, juste lorsqu’on est arrivés, il s’est mis à pleuvoir, et tous les jours
depuis. Plus d’un mois que nous n’avions pas eu d’eau.
Ici, les
récoltes sont superbes. Je pense que là-bas c’est la même chose. Nous sommes
dans un très beau pays. (*)
Je ne vois
pas grand-chose si ce n’est que ça commence à être long, ce que je n’ai pas
besoin de vous dire.
La santé
est toujours très bonne, j’espère que vous êtes tous de même.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour
à Raoul et aux voisins. »
(*) : Toujours au repos à Pévy
(51)
Chers parents
« Je
viens vous donner de mes nouvelles toujours très bonnes. Suis toujours au
repos, encore 5 ou 6 jours ; et on revient aux tranchées, toujours dans le
même secteur. Ici, rien de nouveau, toujours calme.
C’est jour-ci,
il est tombé un peu d’eau, sans presque faire d’orage. Les récoltes sont
superbes ; à ce que je vois, il pleut davantage là-bas.
A ce que
vous me dites, mon oncle doit probablement repartir demain. Quand n’aurons-nous
pas besoin de penser à repartir ?
Si LÉODY
marche à peu près, il va bien repartir, car on nous en envoie qui sont bien mal
arrangés. Malgré que lui, ce soit dans les jambes, ce qui est le plus mauvais.
Ce serait
pourtant malheureux après avoir tant souffert.
Ici, on ne
se dirait pas à la guerre ; pourvu que ça dure ! Ce qui se pourrait
car mon corps d’armée est l’un de ceux qui ont été les plus éprouvés pendant
les 8 premiers mois. Quand je suis arrivé, mon régiment était très mal placé et
décimé complètement. Aussi j’ai bien réussi à rentrer là-dedans, car à cette
heure je profite de bon repos.
Le 126ème
qui n’avait rien fait du mois de septembre jusqu’en février, a été très éprouvé
ces derniers temps. Je le sais par MAGNE qui y est encore depuis le début et
m’écrit souvent.
Je ne vois
pas grand-chose à vous dire. Je suis toujours en bonne santé et j’espère que
vous êtes tous de même.
Votre fils qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour à Raoul et aux voisins. J’ai reçu des nouvelles de DAMON, (Jean) MASSOUBRO et Émile CLAMENT. Tous sont comme moi en très bonne santé, et bientôt ne refuseraient pas la paix. »
Mes chers parents
« J’ai
reçu votre colis avant-hier ; nous avons mangé les œufs à trois : mon
adjudant et le sergent qui est avec moi dans la section. Ils étaient
excellents. J’ai reçu la carte qui me les annonçait hier. Je suis toujours au
repos et en très bonne santé. (*)
Il fait un
temps superbe ; je ne sais pas quand nous rentrerons dans les tranchées.
J’espère
que vous êtes tous en bonne santé ainsi que tous mes parents.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « bonjour
à Raoul et aux voisins. »
(*) : La 8e compagnie est à Long Voisin, hameau à côté de
Ventelay (51)
Mes très chers parents
« Je
vais vous donner de mes nouvelles qui sont excellentes pour le moment. Mais ce
qu’il faudrait, c’est qu’après un an de cette triste vie, on veuille bien faire
la paix ; ce qui malheureusement n’est encore pas. Qui aurait dit l’année
dernière qu’on ne passerait pas la frairie ensemble, et pourtant nous voilà
bien éloignés. Et encore, nous n’avons pas beaucoup à nous plaindre car parmi
toute la France, combien de familles sont bien plus malheureuses.
Hier, j’ai
passé une journée à peu près bonne. Je suis allé manger le poulet que vous
m’aviez envoyé. Avec un camarade, on avait acheté de quoi faire un bon repas.
On avait du bon vin, des confitures, quelques boîtes de sardines, du fromage et
des gâteaux. Mais malgré tout ça, quelque chose manquait, c’était votre
compagnie. Enfin, il ne faut pas y penser. Espérant que bientôt ça viendra et
que nous vivrons heureux, car je pense, la vie sera bien bonne. Quand même, je
ne suis pas malheureux.
Pas
grand-chose à vous dire, je termine car je suis de jour et le vaguemestre est
là pour me donner les lettres de la compagnie.
Votre fils
qui vous souhaite une bonne santé et vous embrasse. »
PS : « Bonjour à Raoul et aux voisins sans oublier tous mes parents. »
Mes chers parents
« Deux
mots pour vous dire ce qui se passe. La santé excellente, je suis toujours au repos,
avec un temps superbe. En face de nous, le secteur est toujours tranquille.
J’ai reçu des nouvelles de mon oncle BOULENZOU (Pierre
FOURGEAU). Il est en bonne santé.
Je termine
en vous désirant une bonne santé à tous.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour à Raoul et aux voisins. »
Chers parents
« Me
voilà revenu dans les tranchées depuis hier au soir. Il était minuit quand nous
sommes arrivés. On se trouve au repos 12 kilomètres en arrière. On est là pour
une période de 10 à 12 jours. Le secteur toujours ……………… calme, on ne se croirait pas à la guerre si
on ne pensait pas que l’on est éloigné des siens. Enfin, ça c’est un détail à
part pour le moment, il ne faut pas y penser ; surtout que l’on doit commencer
à s’y habituer, voilà déjà longtemps que ça dure. Attendons le jour de
délivrance avec patience, courage et confiance qu’il viendra avant longtemps.
Pour cette
période, je me trouve chef de section, mon adjudant est resté à l’arrière pour
une instruction de 15 jours afin de passer sous-lieutenant, ce qui ne me donne
pas davantage de travail.
J’ai eu
des nouvelles de LÉODY. Il me dit qu’il a 15 jours en plus. Tant mieux, on est
bien assez ici.
Vous me
dites qu’il pleut tous les jours. Ici, on n’a pas d’eau. Le temps est superbe.
Pas
grand-chose de plus. Je termine en vous désirant toujours une bonne santé.
Votre fils qui vous embrasse ainsi qu’à tous ses parents. »
PS : « Bonjour à Raoul et aux voisins. »
Mes chers parents
« Ce
matin, je viens de recevoir le paquet que vous m’avez envoyé. On a mangé un
morceau de poulet pour notre dîner. Il était très bon ainsi que les noix. Ca
été une petite fête. Le sergent qui est avec moi dans le cagibi avait reçu un
petit colis de sa mère aussi, dans lequel il y avait quelques gâteaux. On a
mangé tout ça ensemble. Il en reste pour ce soir et demain matin.
Votre
lettre est arrivée hier au soir. J’ai eu en même temps des nouvelles de mon
oncle BOULENZOU (Pierre
FOURGEAU). Il est en bonne santé.
Ici, tout
va bien, le temps est superbe et la santé bonne. Je termine en vous désirant de
même. Votre fils vous embrasse. »
Mes chers parents
« Ce
matin, je viens de recevoir le paquet que vous m’avez envoyé. On a mangé un
morceau de poulet pour notre dîner. Il était très bon ainsi que les noix. Ca
été une petite fête. Le sergent qui est avec moi dans le cagibi avait reçu un
petit colis de sa mère aussi, dans lequel il y avait quelques gâteaux. On a
mangé tout ça ensemble. Il en reste pour ce soir et demain matin.
Votre lettre
est arrivée hier au soir. J’ai eu en même temps des nouvelles de mon oncle
BOULENZOU (Pierre FOURGEAU). Il est
en bonne santé.
Ici, tout
va bien, le temps est superbe et la santé bonne. Je termine en vous désirant de
même. Votre fils vous embrasse. »
Mes très chers parents
« C’est
avec plaisir que je vais répondre à votre lettre, laquelle m’annonce que vous êtes
tous en bonne santé. Je vois que vous êtes toujours en avant pour le travail.
C’est bien malheureux de voir si éloigné à ne rien faire, et dire que là-bas,
il y a tant de travail. Enfin, c’est une chose secondaire, lorsqu’on sera
rentré, on travaillera. Je vais vous dire que je suis toujours en bonne santé,
et dans un très bon secteur.
Vous
m’étonnez en me disant qu’Émile n’a eu que 2 jours. Chez nous, il en est parti
depuis deux jours, mais ils ont 8 jours, plus les 2 jours de voyage au-delà de
400km.
Si j’avais
eu 6 mois de présence au front, j’aurais pu partir ; mais comme vous
dites, 8 jours sont si vite passés que je préfère rester, car on doit être plus
embêté après qu’avant. Vous dites aussi que le pauvre DUPUY est bien malade.
C’est bien malheureux et juste au moment du travail. Enfin, j’espère qu’il va
aller mieux.
Je ne vois
pas grand-chose. J’ai reçu des nouvelles de mes oncles. Ils vont tous bien. Je
termine en vous désirant une bonne santé. Votre fils qui vous embrasse ainsi
que tous ses parents. »
PS : « Bonjour à Raoul et aux voisins. »
Mes chers parents
« Enfin,
voilà cette journée que l’on croyait si terrible à passer qui est encore plus
calme que les autres. On prétendait que les boches pour nous la souhaiter
allaient nous bombarder. Et je crois d’après ce qui s’est passé depuis hier
soir, que c’est eux qui avaient peur d’une attaque générale. Car ils n’ont pas
dormi beaucoup toutes les 5 minutes, ils lançaient des fusées éclairantes afin
de voir en avant de leurs tranchées si on n’allait pas les embêter.
Je pense
que nous sommes relevés ce soir. Je vous le dirai quand on va l’être !
Tant mieux
que le temps soit beau. Cette nuit, il est tombé de l’eau sans faire orage.
C’est un temps superbe pour les récoltes.
Je suis
toujours en bonne santé et espère que vous êtes tous de même.
Votre fils
qui vous embrasse ainsi que tous ses parents. »
PS : « Bonjour à Raoul et aux voisins. Vous donnerez de mes nouvelles à Louis DUPUY. »
Mes très chers parents
« Nous
voilà relevés des tranchées depuis hier au soir. Il était 1h 1/2 ce matin,
quand nous sommes arrivés au cantonnement. Il est 11h ½. Je viens juste de me
lever pour déjeuner. Nous sommes ici au repos au moins pour 15 jours, tout le
régiment a été relevé. La journée d’hier s’est très bien passée ; malgré
qu’on se soit trouvé dans la tranchée, on nous a payé un bon repas. On a eu 1
litre de vin par homme, des gâteaux, 1 cigare, ce qui nous fait oublier pendant
un instant que nous sommes à la guerre.
Pas
grand-chose à vous dire, j’espère que vous êtes tous comme moi en très bonne
santé.
Votre fils
qui vous embrasse ainsi que tous ses parents. »
Mes chers parents
« Hier
au soir, j’ai reçu une lettre et le colis avec les pêches qui m’ont fait
beaucoup plaisir malgré que toujours secouées quoiqu’elles aient été bien
emballées, elles se trouvaient presque cuites. Ce matin, j’ai mangé le quartier
d’oie qui était fameux. Mon camarade le sergent a trouvé ça à son goût, ainsi
que les grillons de l’avant-dernier paquet. Vous direz merci à Maria de ses
bonnes pêches.
C’est avec
beaucoup de chagrin que j’ai appris la mort du pauvre DUPUY ; c’est bien
malheureux surtout que DAMON n’a pu être là. Enfin, je vois que la vie est bien
dure. Que vont faire ces pauvres femmes ?
Tant mieux
que vous ayez presque fini de rentrer les blés. Vous devez avoir beaucoup de
travail pour aider les autres. Je suis au repos depuis hier matin. Je termine
avec espoir que vous êtes tous comme moi en très bonne santé. Votre fils qui
vous embrasse. »
PS : « Bonjour à Raoul et aux voisins ainsi qu’à tous mes parents. »
« Mon
cher oncle (Jean HIVERT au 9ème Hussard, 3ème peloton, 12ème escadron,
Chambéry Savoie)
Je vais te
donner de mes nouvelles qui sont toujours bonnes. Je suis à l’arrière pour
quelques jours ; on n’est pas mieux que dans les tranchées, il faut travailler
toute la nuit à construire des tranchées. Ce qu’il y a, c’est qu’on peut se
ravitailler un peu mieux. Tu dois savoir que le pauvre DUPUY est mort.
J’ai reçu
des nouvelles de GENEBRIÉRAS, tout le monde est en bonne santé. Il paraît que
si on peut revenir, on va pouvoir nettoyer les fusils, car on ne voit que du
gibier. C’est vrai qu’on ne trouve point de poudre ; depuis si longtemps
qu’on tire sur les boches.
Pas
grand-chose à te dire. J’espère que tu es comme moi en très bonne santé.
Ton neveu qui
t’embrasse. »
Mes chers parents
« Très
heureux d’avoir reçu de vos bonnes nouvelles, je réponds à votre lettre avec
plaisir, car c’est les meilleurs moments que l’on puisse passer. Je suis en
très bonne santé, toujours en arrière. Nous resterons au moins 15 jours pour
faire des tranchées de 2ème ligne, et je pense qu’après nous aurons quelques
jours de repos. J’ai eu tout de même la chance d’avoir ce bout de galon qui
m’évite bien des corvées. Avec ça, je suis à peu près heureux, malgré qu’ici
personne ne soit malheureux.
C’est tout
de même bien malheureux qu’il pleuve toujours ; il doit rester bien du foin à
couper. Et les vignes sont-elles belles ? Ici, le vin a diminué de 5
centimes, on le paye 0F55 le litre.
J’ai reçu
des nouvelles de mon oncle DÉLUBRIAC. Il va bien. Je n’ai rien reçu de Paul
depuis qu’il est en train de travailler ; peut-être que la correspondance ne
marche pas très bien.
Tant mieux
que mon oncle BOULENZOU (Pierre
FOURGEAU) vienne en permission. Je crois que DÉLUBRIAC va partir aussi.
Si dans un mois, il y en a encore, je pourrai partir aussi, 8 jours c’est bon à
prendre. Pour 2 ou 3 jours je ne m’en irai pas, car c’est trop long (court ?) et on n’a pas le temps de se voir bien que
je sois bien content d’aller faire un tour. C’est vrai que si c’est comme dit
CHERY, on aura fini. Peut-être ce sera vrai ? Quel bonheur si on voit
arriver ce beau jour. Je pense que la vie sera bonne après ! Malgré que
depuis trois mois, on ne soit pas mal.
Je termine
avec espoir que vous êtes en bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse ainsi que tous ses parents. »
PS : « Bonjour à Raoul et aux voisins. »
« C’est
avec plaisir que je vais vous donner de mes nouvelles qui sont très bonnes. Je
suis toujours à l’arrière, on a du travail pour 15 jours pour construire des
tranchées. Après on doit aller quelques jours au repos, je crois vous l’avoir
déjà dit, mais je pense que ça doit être souvent la même chose que je vous
répète. On est très bien, on est dans un bois, on y travaille 8 heures par
jour.
J’ai été
très content de voir que vous avez fini de serrer vos récoltes. C’est
malheureux que les vignes ne soient pas belles. Bientôt un an que cette vie
dure. Vivement que l’on ait plus d’argent en Europe, car c’est la seule chose
qui terminera la guerre, ou du moins c’est mon idée.
Pas
grand-chose à vous dire pour le moment. Ce que je vous désire, c’est d’être
tous en bonne santé comme moi.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour à Raoul et aux voisins. »
Mes chers parents
« Hier,
j’ai reçu le paquet qui m’a fait bien plaisir. Les pigeons étaient très bons
ainsi que les noix. J’ai été bien content de recevoir la belle photographie : vous
êtes très bien réussis, mais vous n’avez pas l’air gai. Espérons que bientôt
cette terrible vie finira et que nous pourrons revenir ensemble afin de passer
des jours meilleurs.
Ici,
toujours la même chose. Je suis encore à l’arrière et en bonne santé. J’ai reçu
des nouvelles de mon oncle BOULENZOU (Pierre
FOURGEAU). Il est en très bonne santé.
Pas
grand-chose de nouveau, je vous désire à tous une bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour à Raoul et aux voisins ainsi qu’à tous mes parents. »
Mes chers parents
« Hier
soir, j’ai reçu votre lettre qui naturellement m’a beaucoup fait plaisir malgré
que nous ne soyons pas ensemble. On est quand même bien heureux que les
correspondances marchent si bien. J’ai vos lettres en trois jours. Je crois que
les miennes pour vous parvenir mettent un jour de plus. J’ai été bien content
de recevoir une lettre de mon oncle faite à Manzac. Au moins, lui a quelques
permissions.
Vous me
dites que (Jean) MASSOUBRO vous a écrit et qu’il raconte qu’il se
soigne bien. Et bien, moi aussi. A chaque fois que
nous allons à l’arrière, nous en profitons, et ne croyez pas que je voudrais me
priver de quelque chose. Mais quant à l’argent, j’en gagne suffisamment. Vous
me demandez si j’en ai besoin. Je vous remercie, vous devez savoir que j’ai 34
sous par jour. Je ne vous cause pas de la permission de mon oncle car il
m’avait dit qu’il ne compatit pas partir. C’est tout de même
malheureux……………………. »
« Je
viens vous remercier d’avoir eu la bonté de m’envoyer un bon poulet que j’ai reçu
hier au soir. J’en ai mangé ce matin : il est excellent. J’aurais bien
préféré le manger avec vous, mais puisqu’en ce moment ça nous est impossible,
il ne faut pas y penser et être content de notre sort, qui n’est pas des plus
malheureux, tant que nous pourrons correspondre et être en bonne santé.
Espérons que bientôt viendra ce beau jour où nous pourrons nous réunir. Alors,
le temps passé ne sera rien et sera vite oublié.
Mes chers
parents, voilà l’anniversaire de cette terrible journée. Je suis heureux de
pouvoir dire un an de guerre ; car avec les dépenses énormes qu’ont faites
les puissances en état de guerre, ça ne peut plus durer longtemps. Ayons
confiance et espérons que bientôt, nous verrons nos ennemis ne plus trouver
d’argent et être obligés de céder. (Pour moi, c’est le seul moyen d’avoir la
paix).
J’ai reçu
aussi votre lettre avec les 5f. Je vous remercie mais je vais vous dire encore
une fois que c’est inutile de m’envoyer de l’argent, vu que j’en ai davantage
que je n’en dépense. Vous savez que lorsqu’on reste vingt jours dans la
tranchée, on ne dépense presque rien, alors quand je sors mon prêt ça marche
quand même.
Je suis
bien content de voir que mon oncle Paul est en permission. Et que vous avez
fini de couper les foins.
J’ai eu
des nouvelles de mon oncle BOULENZOU (Pierre
FOURGEAU) hier au soir. Il est en bonne santé. Je me trouve depuis 15
jours à 7km environ de lui, mais impossible de se voir. Et dans 4 jours, je
vais repartir, nous allons pour 15 jours au repos, ce qui sera bien mérité car
on travaille tous les jours à faire des tranchées. On part les matins à 1h1/2
et nous rentrons à 11h.
J’ai eu
des nouvelles de DAMON ; il me dit qu’il compte partir en permission dans
un mois. Pour moi, je ne peux rien vous dire. Il vaut mieux en avoir une et ne
pas s’y attendre, que de trop y croire et ne pas partir.
Hier, j’ai
eu des nouvelles de MAGNE. J’ai eu la chance de ne pas revenir au 126ème. En ce
moment, il se trouve à côté d’Arras.
Pas
grand-chose à vous dire. Je suis toujours en parfaite santé et espère que c’est
de même pour vous tous.
Votre fils
qui vous embrasse sans oublier tous ses parents.
Bonjour à
Raoul et aux voisins. »
Mes très chers parents
« C’est
avec plaisir que je vais faire réponse à la lettre que j’ai reçue hier en soir.
Je vois avec joie que vous êtes toujours tous en bonne santé, c’est pour moi un
grand bonheur. Très content aussi que mon oncle ait obtenu 10 jours de plus.
Vous dites
que mon oncle BOULENZOU (Pierre
FOURGEAU) va venir en permission. Tant mieux, surtout que nous pourrions
nous rencontrer. Moi, je compte bien partit dans une quinzaine. Huit jours, ce
n’est pas grand-chose, mais on aura le plaisir de se voir et de causer
ensemble. En attendant, peut-être que viendra la paix.
Nous
sommes au repos depuis 2 jours. On est très bien. Je pense que nous allons y rester
une quinzaine ; on va pouvoir se soigner. Nous sommes à 20km du front. (Réserve
d’armée)
Et LÉODY,
est-il reparti ? Il m’a écrit quand il repartait pour 15 jours. Je ne lui
ai pas fait réponse et à présent je ne connais pas l’adresse.
Pas
grand-chose de nouveau. Ici, toujours la même chose. La paix avec impatience
est attendue par nous tous.
Toujours
en bonne santé, espère que vous êtes de même.
Votre fils
qui vous embrasse et qui avant longtemps viendra auprès de ceux qu’il
aime. »
PS : « Bonjour à tous mes parents, à Raoul et aux voisins. »
Mes chers parents
« Hier
j’ai reçu le bon colis que vous m’avez envoyé. Tout était en très bon état. Les
gâteaux ainsi que le fromage étaient délicieux. L’eau de Cologne et la boîte de
pâté y étaient aussi. La veille, j’avais reçu de ma tante Louise (Fourgeau) des pêches qui étaient très bonnes. Je lui
ai écrit en même temps qu’à vous pour la remercier.
Quant aux
fruits, ne m’en envoyez pas, on est dans un pays où il y en a beaucoup ;
on peut avoir ce qu’on veut, et pas cher. Je suis bien content que tous mes
oncles aillent en permission, moi aussi, je compte toujours partir.
Hier, j’ai
par hasard rencontré le fils CHASTANET Joseph. On a pu passer la journée
ensemble. Nous, on se trouvait de faire une halte dans un bois où l’on est
restés de 10h du matin à 8h du soir. Vers midi, j’étais en train de dormir à
l’ombre d’un chêne quand il est venu me réveiller. Il avait demandé juste à des
hommes qu’il a entendu parler le patois, s’il y en avait beaucoup de la
Dordogne. Le premier qu’il a trouvé était de ma section et lui a donné mon nom.
Voilà comment on se trouve à la guerre. On a été bien contents ; on a pu
boire un litre de vin blanc ensemble.
Lui est
bien heureux, il est dans les aérostiers. Ce sont des ballons captifs qui se
trouvent à une dizaine de kilomètres de la ligne, et qui servent étant dans
l’air de postes d’observation. Au moyen de jumelles, ils aperçoivent tout ce
qui se passe jusqu’à 20 km. (*)
Je vais
samedi dans le village où il se trouve. A l’instruction du tir où tous les
hommes passent, on y reste 4 jours chacun.
Si vous
voyez ses parents, vous pouvez dire qu’il est en très bonne santé.
Pas grand-chose
à vous dire, je suis toujours en bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour
à Raoul et aux voisins. »
(*) : CHASTANET Jean-Marie Joseph né en 1890, était bien
au 3e groupe d’aérostiers au début août 1914. À ses 20 ans, il était Zouave et
a fait son service militaire au Maroc de 1911 à 1913. Voir sa fiche
Mes chers parents
« Je
vais vous donner de mes nouvelles qui sont très bonnes pour le moment. Je n’ai
pas eu des vôtres depuis 6 jours; mais probablement que je dois avoir des
lettres arrivées, que j’aurai dans 3 jours. Comme je vous ai dit, je suis à
l’instruction du tir où tous les hommes doivent passer 4 jours. Je suis là
depuis vendredi soir avec CHASTANET. Aujourd’hui, nous avons eu tir jusqu’à 9h,
et après repos. J’ai pu assister à la messe de dix heures dans une ambulance
qui se trouve dans le village où nous sommes.
Les
censures sont supprimées. On peut envoyer à nouveau les lettres fermées. Ça a
duré 4 jours. Pas grand-chose. J’espère que vous êtes tous en parfaite
santé ; votre fils qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour à Raoul et aux voisins. »
Mes biens chers parents
« Me voilà depuis hier au soir 10h
rentré dans ma compagnie que j’avais quittée 4 jours pour les tirs. Juste elle
venait de rentrer dans la tranchée, dans le secteur que nous avons quitté le 14
juillet, toujours le même très calme.
Pendant que je n’étais pas là, une nouvelle
liste de permissionnaire a été faite de 30 hommes que l’on envoie chaque fois
au bureau du commandant. Cette fois, je suis inscrit et compte partit dans une
quinzaine au plus. Nous n’avons plus que 6 jours, mais on a les délais de route
en surplus.
Le jour du 15 août, je suis allé à la messe
avec CHASTANET. On a passé 4 jours ensemble.
Pas grand-chose de nouveau. J’étais
bien content en arrivant car j’ai trouvé 2 de vos lettres.
Quand vous
le saurez, vous me direz où est mon oncle Paul (HYVERT).
J’ai reçu
que DÉLUBRIAC était en permission par Raoul.
Je termine
avec espoir que vous êtes tous en très bonne santé. Votre fils qui vous
embrasse. »
PS : « A bientôt. »
Mes chers parents
« C’est
avec beaucoup de plaisir que je vais vous donner de mes nouvelles qui sont
toujours très bonnes.
Ici
toujours la même chose. Le secteur toujours calme.
Hier, j’ai
reçu votre lettre avec l’adresse de mon oncle. J’ai écrit en même temps qu’à
vous.
Je termine
avec espoir que vous êtes tous comme moi en parfaite santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour à Raoul et aux voisins. »
Mes chers parents
« En
attendant de pourvoir partir aller vous dire bonjour et vous embrasser, je vais
vous donner quelques nouvelles toujours très bonnes. Nous sommes toujours dans
la tranchée et bien tranquilles ; je ne sais pas quand je vais pouvoir
partir, j’attends chaque jour ; mais comme la liste était du 25, et 6
seulement de partis. Peut-être qu’il y en a encore pour quelques jours. Enfin
s’il n’arrive rien. J’y serai toujours dans 20 jours au plus tard.
Hier, j’ai
reçu des nouvelles des nouvelles de mon oncle BOULENZOU (Pierre FOURGEAU). Il est en parfaite santé.
Pas
grand-chose de nouveau.
Je suis en
parfaite santé et bien tranquille.
En
attendant le plaisir de vous trouver à tous en parfaite santé, recevez mes
meilleures amitiés.
Votre
fils. »
PS : « Bonjour à tous mes parents, à Raoul et aux voisins. »
Mes chers parents
« Je
vais vous donner de mes nouvelles qui sont toujours bonnes. J’espère que vous
c’est de même.
Je suis
toujours dans la tranchée où l’on est très bien. Le temps est superbe, il fait
même un peu chaud.
La section
se trouve de réserve de compagnie. On est tranquilles. On n’a que quelques
corvées.
J’ai reçu
des nouvelles de mon oncle BOULENZOU (Pierre
FOURGEAU). Il est en bonne santé. Pas grand-chose à vous dire. Je
termine en vous désirant une bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour à tous mes parents, à Raoul et aux voisins. »
Mes très chers parents
« Enfin,
je suis content car je viens d’apprendre par Angèle (BARTELOME) que cette fois vous avez reçu de mes
nouvelles. Ce qui m’ennuyait beaucoup car j’avais peur que vous ne puissiez les
recevoir. Enfin, je suis toujours en bonne santé et espère que vous êtes tous
de même. J’ai reçu des nouvelles de mes oncles, mais je ne leur ai pas fait
réponse faute de papier car on vient de prendre la provision que j’avais dans
mon sac. Il me reste ce bout que j’ai détaché d’une lettre que j’avais dans ma
poche.
Si vous
m’écrivez, mettez chaque fois une moitié de feuille et une enveloppe dans la
lettre au cas où je ne pourrais pas en trouver. Vous donnerez de mes nouvelles
à tous mes parents et voisins. Votre fils qui vous embrasse. »
PS : « Je
viens de laver ma chemise que j’avais depuis 3 semaines. J’espère que dans peu de
temps je pourrai changer plus souvent. Je ne vous donne pas de nouvelles, vous
devez les savoir mieux que moi. »
Mes chers parents
« Me
voilà arrivé depuis 5 heures ce matin à la gare. J’ai passé la journée dans le
village où j’avais déposé mes affaires. Ce soir, on repart à 9h pour rejoindre
les compagnies ; mon bataillon se trouve au repos ce qui ne me fait pas de
peine, car avec ça je vais pouvoir dormir. Pas grand-chose de nouveau ;
ici toujours même chose, toujours calme.
Je termine
en vous embrassant.
Votre
fils. »
Mes chers parents
« Je vais
répondre à votre lettre que j’ai reçue avec beaucoup de plaisir. Je vous
remercie de la belle médaille que vous avez bien voulu m’envoyer. J’en ai une
aussi de ma tante Louise (FOURGEAU).
J’ai reçu
des nouvelles de mon oncle Paul (HYVERT) et
BOULENZOU (Pierre FOURGEAU). Ils
sont toujours en bonne santé.
Nous
sommes relevés ce soir des tranchées. Le temps est superbe et le secteur
toujours calme.
Pas
grand-chose à vous dire ; je suis en parfaite santé et espère que vous
êtes tous de même.
Votre fils
qui vous embrasse à tous. »
PS : « Bonjour
à tous mes parents et voisins. »
(*) : C’est exact, Le 2e bataillon est relevé des
tranchées de 1e lignes.
Mes chers parents
« C’est
avec plaisir que ce matin j’ai reçu votre carte m’annonçant votre bonne santé.
Moi aussi, je vais bien. Je me trouve en repos. Nous faisons des travaux et
sommes relevés tous les deux jours ; nous sommes dans un bois où par un
temps superbe comme nous avons, on est très bien.
L’autre
jour, j’ai très bien fait mon voyage. J’étais avec NADAL de la Tabate et le beau-frère de Lacueille
qui demeure à Montanceix. En passant à La Cave, j’ai
pu voir Marie VIDAL. A Périgueux, j’ai été voir Léody,
on a bu un verre ensemble.
Après
avoir acheté mes guêtres aux Nouvelles Galeries, je lui ai repris mes
molletières. J’ai pris ma montre chez LESTRADE. Mon bras est complètement
guéri. Il ne m’en est pas poussé d’autres.
Ici,
toujours la même chose, le secteur est calme. Pas grand-chose à vous dire si ça
n’est que je vous désire une excellente santé à tous.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour
à mes parents et aux voisins. J’attends toujours cette paix avec impatience.
Envoyez-moi une chemise, celle que j’avais a été mangée par les rats pendant
que j’étais en permission. »
Mes chers parents
« Je viens
de recevoir de vos nouvelles, ainsi que votre paquet avec les bonnes choses.
Tout était très bon ; il n’y avait que les raisins qui avaient un peu
souffert.
Ici,
toujours même chose. Rien de nouveau, on rentre ce soir dans la tranchée pour 3
ou 4 jours. Je vous donnerai de mes nouvelles avant de sortir. Ce matin, j’ai
assisté à une messe qui a été pour notre bataillon. J’ai été avec beaucoup de
mes camarades faire la communion que je n’avais pas renouvelée depuis Pâques.
Pas
grand-chose à vous dire, je suis en parfaite santé et espère que vous êtes tous
de même.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour
à mes parents et aux voisins. »
Chers parents
« Étant
dans la tranchée, je viens vous accorder de mes nouvelles toujours très bonnes.
Ici, rien
de nouveau. Toujours calme.
Nous avons
un temps merveilleux.
Je termine
avec espoir que vous êtes comme moi en parfaite santé.
Votre fils
qui ne cesse de penser à vous tous. »
Mes chers parents
« Je
vais vous donner de mes nouvelles, toujours bonnes. Depuis hier matin, je me
trouve relevé des tranchées. A présent, on est relevés tous les 2 ou 3 jours.
On fait des travaux.
Ici, rien
de nouveau. Le temps est toujours beau. Pas grand-chose, je termine en vous
désirant une bonne santé à tous.
Votre fils
qui vous embrasse à tous. »
PS : « Bonjour
à tous mes parents et voisins. »
Mes chers parents
« C’est
avec plaisir que je vous accorde de mes nouvelles ; toujours bonnes.
Le temps
n’est pas mauvais.
Je termine
en vous désirant une bonne santé à tous.
Votre fils
qui vous embrasse. »
Mes chers parents
« Je
réponds à vos lettres que j’ai reçues hier avec plaisir, rien de plus consolant
et de plus gai que le moment où l’on peut lire les bonnes nouvelles de ceux que
l’on aime.
J’ai reçu
aussi les deux colis. Tout était en bon état. Le quartier d’oie, les noix et le
chocolat très bon.
J’ai vu
avec plaisir que vous avez un peu de blé, car l’année est très mauvaise.
J’espère
que vous pourrez faire un peu de vin aussi. Le temps va pour mûrir les raisins.
Ne m’envoyez pas encore mon tricot, il ne fait pas froid. Quand j’en aurai
besoin, je vous le demanderai. Je suis bien content que vous m’annonciez que
peut-être mon oncle va pouvoir partir en permission.
Ici, rien
de nouveau. Je me trouve dans la tranchée en ce moment.
On vient
de nous annoncer hier une victoire. 18 000 prisonniers et 30 canons. Il faut
espérer que tout marchera bien et que bientôt notre pays délivrer, je pourrai
revenir auprès de vous.
Toujours
en parfaite santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour
à tous mes parents et aux voisins. »
Chers parents
« Je
vais vous donner quelques nouvelles toujours bonnes. Après avoir passé 2 jours
dans la tranchée, nous revenons ce soir au repos pur deux jours aussi. Ici, ce n’est
pas trop dur, on ne se trouve pas où ça barde, un peu plus d’activité
d’artillerie, les opérations marchent toujours bien, et nous attendons le jour
où une trouée sera faite afin de pouvoir marcher en avant nous aussi, car c’est
le moment d’en finir.
Je suis
très content de voir que vous avez un peu de vendange. Quand nous allons
pouvoir revenir, nous aurons pour boire.
Ici, il
est tombé un peu d’eau pendant 2 jours. Hier et aujourd’hui, le temps est
superbe.
J’ai reçu
des nouvelles de mon oncle BOULENZOU (Pierre
FOURGEAU). Il va très bien ainsi que DÉLUBRIAC. Donnez-moi l’adresse de
Paul (Hyvert). Je ne reçois plus de ses nouvelles et ne puis lui écrire l’ayant
perdue en permission.
Je suis en
parfaite santé et espère que vous êtes tous de même.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour à mes parents et aux voisins. »
Chers parents
« C’est
avec plaisir que je viens de recevoir votre aimable lettre m’apprenant de vos
bonnes nouvelles.
Ici, rien
de nouveau. Secteur calme. Le temps est superbe, je suis toujours en arrière.
Toujours
en bonne santé, j’espère que vous êtes tous de même.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour aux voisins. »
Mes chers parents.
« Je
réponds à votre lettre que j’ai reçue hier au soir, datée du 29.
Ce n’est
pas avec plaisir que j’ai vu que les nouvelles n’arrivent pas, car vous devez
vous faire de mauvaises idées. Vous devez savoir qu’à chaque mouvement, les
correspondances sont arrêtées. Enfin, je suis toujours en parfaite santé et
espère que depuis le 29, vous devez en avoir reçu.
Ici où je
me trouve, pas de mouvement, rien que des bombardements ; et en ce moment
tout est calme.
Au cas où
quelques-unes unes de mes lettres seraient perdues, je vous renouvelle que j’ai
reçu les deux colis, tout était en bon état. Pour le tricot et l’imperméable,
je n’en ai encore pas besoin. Je vous dirai quand je pourrai le prendre.
Surtout, n’achetez rien avant que je ne vous le dise. »
« Je
crois que nous avons fait du bon travail en Champagne et dans le Nord (*), mais en ce moment c’est stationnaire.
Espérons que bientôt nous reprendrons et que la victoire sera complète, et nous
amènera cette paix tant demandée.
Nous avons
eu de l’eau pendant deux ou trois jours, mais en ce moment le temps est
magnifique. Je me trouve sorti de la tranchée.
Je termine
avec espoir que vous êtes comme moi en parfaite santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
(*) : Les offensives de Champagne et d’Artois ont été des
échecs.
Mes chers parents
« Très
heureux d’avoir reçu de vos nouvelles et de voir que vous avez pu recevoir des miennes
; deux de vos lettres sont arrivées hier, une du 30 et l’autre du 1er. Je me
trouve toujours en arrière. Cette fois on a 6 jours. A présent, on va être
relevés tous les 4 jours. Où je me trouve, rien de nouveau ; on vient de
reprendre nos sacs que nous avions déposés il y a huit jours. Mais en
Champagne, ça barde plus que jamais et j’espère que cette fois, ce sera la
déroute pour l’ennemi.
Le temps
n’est encore pas trop mauvais.
Pour le
gilet de laine, je n’en ai pas besoin. Je vais en avoir un demain. Plus tard,
quand il fera bien froid, je vous le demanderai peut-être.
L’argent,
je n’en ai pas besoin, je dépense juste mon prêt. Malgré que nous soyons dans
les bois, nous allons tous les jours nous ravitailler dans un village voisin.
Donnez-moi
l’adresse de mon oncle Paul (Hivert).
Hier, j’ai
été voir CHASTANET (Jean-Marie Joseph), nous sommes à 1 500 m l’un de l’autre. (Jean) MASSOUBRO se trouve à 4 ou 5 km. Je ne l’ai encore pas vu.
Je termine
avec espoir que vous êtes tous comme moi en parfaite santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour
à tous mes parents et voisins. »
Mes chers parents
« Je
réponds à votre lettre du 2 que j’ai reçue avec plaisir en apprenant de vos
bonnes nouvelles. Moi, je suis en parfaite santé. Nous allons ce soir aux
tranchées, nous sommes en réserve, à 800m de la 1ère ligne ; on doit y
rester 6 jours. A présent, on fait les relèves tous les 6 jours. En Champagne,
l’action continue, on entend depuis 2 jours une canonnade terrible.
J’ai
encore de la chance, ici, tout est calme.
Pas
grand-chose, j’espère que vous êtes tous en parfaite santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour
à mes parents et aux voisins.
Tant mieux
que vous ayez reçu mes lettres ! Je crois que c’est encore une fois
arrêté ; quand vous en recevrez, dites-le-moi. »
Mes chers parents
« Je réponds
à votre lettre du 5 que je viens de recevoir à l’instant. J’ai été très heureux
de voir que vous recevez de mes nouvelles.
Depuis
avant-hier, je me trouve dans la tranchée où je suis très bien. La compagnie se
trouve de réserve ; on est à proximité d’un village où on peut se
ravitailler. Le temps est superbe ; couvert, mais il n’est pas froid.
Je crois
que vous êtes en avant dans vos travaux. C’est malheureux de se voir ici à ne
rien faire et vous savoir avec tant d’ouvrage. Enfin, j’espère que ça ne durera
pas toute la vie, et que bientôt on se retrouvera tous ensemble.
Pas
grand-chose, je suis en parfaite santé et vous désire de même à tous.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Ici, rien de nouveau. Je ne sais pas quand nous arriverons à Berlin ! Probablement que nous aurons la paix avant. »
« C’est
avec plaisir que j’ai reçu de vos bonnes nouvelles. Je m’empresse de vous
donner des miennes très bonnes aussi.
Troisième
jour de tranchées. Ici secteur très calme.
Recevez de
votre fils ses meilleurs sentiments d’amitié.
Je vous
embrasse à tous. »
PS : « Bonjour à tous mes parents et voisins. »
Mes très chers parents
« C’est
avec plaisir qu’hier au soir, j’ai reçu votre paquet. Tout était en bon état. J’ai
mangé des noix, très bonnes. Je suis toujours dans la tranchée. Depuis 2 jours,
on est en 1ère ligne.
Le service
vient d’être rétabli : on fait sur 12 jours : 4 jours de repos, 4 de
réserve et 4 de 1ère ligne. Le secteur est très bon, tout est calme. Cette
fois-ci, nous n’irons encore pas à Berlin ! ….
Nous avons
un temps magnifique, on se croirait au printemps. J’espère que là-bas c’est
pareil pour faire vos semailles.
Je termine
avec espoir que vous êtes comme moi en parfaite santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Je n’ai besoin de rien. J’ai reçu des nouvelles de mon oncle Paul (HIVERT). »
Mes chers parents
« Quelques
nouvelles. Ma santé est toujours bonne.
Je suis
toujours dans la tranchée ; au lieu d’être relevés ce soir, on reste
encore 2 jours, ce qui fera 6 jours. Le secteur est toujours calme et le temps
splendide.
Avant-hier,
j’ai eu 2 de vos lettres ainsi que des nouvelles de mes oncles. Ils vont bien.
Je termine
avec espoir que vos êtes en parfaite santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour à tous mes parents et voisins. »
Mon cher oncle
« Je
profite de ce moment de tranquillité en étant dans ma sape, à 3 mètres sous la
terre, pour te donner quelques nouvelles toujours bonnes.
Je suis
dans la tranchée depuis déjà 8 jours. Ici tout est calme et on n'est pas trop
mal car le temps est superbe ; mais ce n’est pas avec plaisir que je vois
arriver l’hiver.
Enfin
espérons que tout se passera bien, et que nous serons là-bas pour faire le vin
de 1916. Cette année, j’aime tout autant rester là, il n’y en a presque pas,
alors ça fait des économies !
Depuis ce
matin, on entend ce canon qui gronde sur notre droite ; Quand est-ce que
je pourrai dormir tranquille ?
Hier, j’ai
reçu des nouvelles de mes parents ; tout le monde est en bonne santé.
Je termine
en te désirant que tu sois comme moi en parfaite santé.
En
attendant de tes nouvelles, reçois de ton neveu ses meilleures amitiés. »
PS : « Vive la classe. Le moral est très élevé. »
Mes très chers parents
« Hier,
encore une lettre, c’est un peu de travail, mais on est bien heureux lorsqu’on
peut recevoir une lettre de ceux que l’on aime. Je n’ai encore pas reçu le
paquet signalé depuis avant-hier ; probablement, je l’aurai ce soir.
Voyant
l’hiver arriver, malgré qu’encore il ne fasse pas froid, je viens de vous
demander de m’envoyer mon gilet de l’année dernière, les gants et une paire de
bas. A pareille époque l’an passé, j’étais là-bas, enfin ces jours heureux
reviendront.
Ici, rien de
nouveau, le secteur très calme, le temps et superbe, un peu de brouillard
jusqu’à 8h du matin. Ce soir, nous sommes relevés, on est restés 6 jours. Je ne
sais pas pour combien on s’en va.
Je termine
en vous désirant une bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Si
le paquet était trop lourd, laissez les bas. A ma mère, merci pour la petite
commission, toujours du travail ! »
Mes très chers parents
« Hier,
je viens de recevoir une de vos lettres ainsi que le bon paquet.
La poire
n’était pas gâtée, le beurre est excellent aussi. Quand j’aurai goûté le
poisson, je vous dirai s’il est bon.
Je suis
bien content que le temps est beau et que vous pouvez travailler.
Nous voilà
relevés depuis hier ; nous sommes en arrière dans un bois (*) pour une huitaine de jours. Rien de nouveau,
toujours calme ; le temps est superbe.
Toujours
en bonne santé et j’espère que vous êtes tous de même.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « bonjour
à mes parents et aux voisins. »
(*) : La 8e compagnie se situe en seconde ligne, secteur
des « Tuileries », au nord de Reims.
Chers parents
« C’est
avec plaisir que je viens vous accorder de mes nouvelles, toujours bonnes.
Ici,
toujours même chose, secteur calme.
Je termine
en vous désirant une bonne santé à tous.
Votre fils
qui vous embrasse. »
Chers parents
« Je
viens à l’instant de recevoir 2 de vos lettres, une du 15 et l’autre du 17.
Très heureux de vous savoir en bonne santé.
C’est avec
plaisir que j’apprends que le temps est beau et que vous pouvez faire votre
travail ; mais quant à croire que c’est en vous amusant, je n’y crois
point. Je sais bien le travail que vous avez.
Je pense
que le fameux Louis (FOURGEAU)
doit faire un grand écolier. Si mon oncle (Pierre
FOURGEAU) a le bonheur de pouvoir revenir en permission, je pense qu’il
sera bien content.
Ici rien
de nouveau. Le secteur est calme. Je suis pour encore 4 ou 5 jours en arrière.
Toujours
en bonne santé, j’espère que vous êtes tous de même.
Votre fils
qui ne cesse de penser à vous. »
PS : « Damon
m’a écrit avant hier. Il m’a dit qu’il pense partir en novembre.
Bonjour à
mes parents et aux voisins. Avez-vous reçu mes molletières ? Je les avais
données à Léody.
Je n’ai
pas besoin de chemise : j’en ai 3. »
Mes chers parents
Je prends ce moment de plaisir afin de vous donner quelques nouvelles toujours bonnes.
Toujours en parfaite santé. Secteur continue à être calme.
Votre fils qui vous embrasse.
Mes chers parents
« Je
vais vous donner quelques nouvelles toujours très bonnes. J’espère que ma présente
carte vous trouvera tous en bonne santé.
Toujours
au repos, dans le bois. Je ne sais pas quand nous allons aux tranchées ;
le secteur est toujours calme. Nous avons un temps superbe, les matins il
commence à geler blanc. Nous ne sommes pas mal couchés, on a une couverture et
de la paille. Les abris sont très bons.
Pas
grand-chose toujours en bonne santé et c’est ce que je vous désire.
Votre fils
qui vous embrasse tous. »
PS : « Bonjour à mes parents et aux voisins. »
Mes chers parents
« Hier,
j’ai reçu les 2 paquets, un avec le gilet et une bonne pomme, et l’autre avec
les gants et le fromage qui est excellent. Je l’ai eu assez tôt, le temps n’est
encore pas beaucoup froid. On a eu de la gelée pendant 3 ou 4 jours, hier il
avait gelé un peu …………………………………temps se remet ……………………… Les gants sont assez
bons, ne m’en achetez pas, car je ne les porterai pas encore. Pour
l’imperméable, attendez encore quelques jours. Vous me direz comment sont ceux
de Chantefoin, et le prix si vous le savez. J’ai
suffisamment de bas en ce moment. Quand j’aurai besoin de quelque chose, je
vous le demanderai assez tôt. Vous voyez qu’il ne faut pas longtemps pour que
ça vienne. »
« Voilà
le 9ème jour que nous sommes en arrière dans ce bois. On est pas mal, nous
sommes à 3km des lignes. On fait de l’exercice (sous bois)
tous les jours. Je ne sais pas quand nous revenons aux tranchées. Je pense que
le service d’hiver va être bien organisé et ne sera pas trop dur.
La brigade
qui fait division avec nous est en grand repos pour 25 jours depuis le 21 au
soir. Probablement qu’une fois revenue, ce sera notre tour. Pas grand-chose de
nouveau, ici toujours très calme.
Les
permissions marchent très bien. Si la guerre n’est pas finie, je pourrai
peut-être revenir en janvier. Je vous dis ça sous toutes réserves.
Je termine
en vous désirant une bonne santé à tous.
Votre fils
qui vous embrasse à tous. »
Chers parents
« C’est
étant toujours en parfaite santé que je prends le plaisir de vous donner
quelques nouvelles.
Toujours
en deuxième ligne, secteur toujours calme. Le temps est superbe.
Ce matin,
j’ai vu Henri LACOSTE qui se trouve au 127ème. Je n’ai pu lui causer
longuement.
Je termine
avec espoir que vous êtes tous en bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
(*) : Henri LACOSTE, né en 1894, originaire du même village
(Manzac) que Joseph GOUZON, est au 127e régiment d’infanterie depuis mars 1915.
Il survivra à la guerre après être blessé 4 fois (en août
1916, en octobre 1916, en août 1917 et en août 1918). Il sera re-mobilisé en septembre 1939. Lire sa fiche matriculaire.
Mes chers parents.
« Je
réponds à votre lettre du 25 que j’ai reçue hier, très heureux de vous savoir
en bonne santé. Vous me parlez de la fête de la Toussaint, de prier pour nos
chers morts. J’y pense bien souvent ! Ce jour-là, je me trouverai dans la
tranchée, mais ce ne sera pas ça qui nous empêchera de prier pour nos chers
parents, et pour tant de camarades tombés depuis un an.
Nous
sommes rentrés hier dans la tranchée. Nous avons changé de secteur. On se
trouve à trois km de l’ancien, mais encore meilleur. Nous avons relevé des
territoriaux. Jamais je n’avais vu une nuit aussi calme, pas un seul coup de
canon ni coup de fusil. On est là pour au moins 10 jours.
Je suis
très bien, j’ai un cagibi à moi seul (belle petite chambre de campagne). 4
mètres de profondeur où ils peuvent envoyer des 150. J’ai une table pour
écrire, un banc, un lit en treillis avec de la bonne paille. Heureusement que
je n’ai pas peur des rats, on en a des gros comme des lapins.
Le temps
n’est pas froid. Ce matin, un peu de brouillard, l’après-midi, on va avoir le
soleil. »
« Je
suis bien content de savoir mon oncle DÉLUBRIAC en permission. Ce sera bientôt
le tour de BOULENZOU (Pierre
FOURGEAU) je pense.
Je termine
avec espoir que vous êtes toujours tous en bonne santé. Votre fils qui vous
aime et vous embrasse. »
PS : « Bonjour
à mes parents et voisins. »
(*) : La 8e compagnie du 43e régiment d’infanterie a
relevé la 12e compagnie du 35e régiment d’infanterie territoriale (JMO). Elle
part aux tranchées du Luxembourg.
Chers parents
« Toujours
en parfaite santé. Ici, rien de nouveau. Le temps n’est pas mauvais, mais un peu
humide.
J’espère
que vous êtes tous en parfaite santé. Votre fils qui vous embrasse. »
Très chers parents
« Hier
au soir, j’ai reçu deux de vos cartes avec beaucoup de plaisir.
Très
heureux de vous savoir en bonne santé. Je vois avec plaisir que vous avez pu
semer. J’espère qu’à la prochaine moisson, je serai là.
Je suis
toujours en parfaite santé. Le secteur où nous sommes est très calme. Le temps
est superbe, le peu d’eau qui est tombée avant hier l’a radouci.
Je suis
bien content de savoir mon oncle DÉLUBRIAC en permission. Je voudrai bientôt
entendre dire que BOULENZOU (Pierre
FOURGEAU) est venu aussi ; il ne va point attendre longtemps, en ce
moment, ça va très bien.
Voici la
fête de la Toussaint après-demain. Malgré que je sois dans la tranchée, je
n’oublierai pas nos chers parents.
Pas
grand-chose à vous dire. Je vous désire être tous comme moi en parfaite santé.
Chers
parents, recevez de votre fils ses meilleures amitiés.
Je vous
embrasse. »
PS : « Bonjour à mes parents et aux voisins. DAMON m’a écrit qu’il pensait partir dans les premiers jours de novembre. Merci pour les belles cartes. »
5ème armée-1er corps d’armée-1ère division-1ère brigade-43ème régiment d’infanterie-8ème compagnie
Mes chers parents
« Hier
au soir, j’ai reçu votre lettre du 27.
Je vois
avec plaisir que vous êtes toujours en parfaite santé.
Vous
m’annoncez un colis. Je ne l’ai pas encore eu. Je vous écrirai quand je vais
l’avoir.
Aujourd’hui
dimanche ; voilà demain cette grande fête de la Toussaint. Comme
d’habitude, le temps est brumeux, pas froid encore de trop ; enfin, c’est
la saison qui arrive.
Je vois
que vous avez appris qu’une division du 1er corps était partie en Serbie. C’est
vrai, mais c’est une division volante qu’on a formée au printemps dans laquelle
se trouve en effet un régiment de notre corps avec son régiment de
réserve ; mais depuis ce temps-là, ils ne dépendent plus du corps. (*)
Ne vous
faites pas de mauvais sang sur ça. On ne prendra jamais les anciens corps, ce
ne sera que des divisions nouvellement formées.
Le secteur
est toujours bien calme.
Je termine
avec espoir que vous êtes tous comme moi en parfaite santé.
Celui qui
ne cesse de penser à vous.
Votre fils
qui vous embrasse. »
(*) : Le 1e corps d’armée comprend à cette date les 1e,
2e et 122e divisions d’infanterie (DI). La 122e DI (créée en juin 1915) a été
désignée pour faire partie de l’armée d’Orient en octobre 1915. Pour info, le
43e régiment d’infanterie fait partie de la 1e DI.
Joseph GOUZON appelle la 122e DI « division
volante », car elle ne faisait pas partie de la formation originelle du 1e
corps d’armée
Mes chers parents
« Voilà
midi. J’arrive de manger, comme tous les jours car on est à quatre qui mangent
au bureau qui se trouve à 200m de la ligne de tir. Alors je prends ce moment
afin de vous donner de mes nouvelles. Ce matin étant tranquille et suis dans
mon abri. J’en ai profité pour lire quelques prières en l’honneur de la fête de
nos chers morts.
Cette
journée est bien calme, jusqu’à présent. Le temps n’est pas froid, il est même
un peu lourd et il tombe par instant quelques gouttes d’eau.
Hier j’ai
reçu une lettre de mon oncle Paul. Très longtemps que je n’avais pas de ses
nouvelles. Il est toujours en bonne santé..
Je termine
avec espoir que vous êtes tous en parfaite santé.
J’oubliais
de vous dire que ce matin j’ai reçu votre bon paquet en arrivant de prendre le
service à 6h. J’ai mangé un morceau de quartier d’oie avec appétit. Et il est
très bon. Ainsi que les biscuits et les noix. Le chocolat y était aussi.
Quand vous
aurez l’occasion d’aller à St Astier, achetez-moi une boîte de cette poudre que
j’ai apportée en venant de permission. Depuis je n’ai pas eu de poux. Rien ne
presse, j’en ai encore la moitié de la boîte.
Votre fils
qui ne cesse de penser à vous et vous embrasse. »
Mes chers parents
« Etant
de service de minuit à 6 heures, je viens dans mon abri m’asseoir un moment, et
en profiter pour faire réponse à deux de vos lettres que j’ai reçues hier au
soir, une du 28 et l’autre du 29.
Je suis
bien heureux de voir que vous êtes toujours en parfaite santé. Tant mieux que
vous ayez fini de semer.
Vous dites
que vous avez des gants, mais ne les envoyez pas. Je n’ai encore pas pris les
autres, ils sont dans mon sac et j’attends qu’il fasse plus froid. Ils seront
assez bons pour l’hiver ; et quand ils seront usés, je vous écrirai. Le
passe-montagne va très bien, mais il ne fait pas encore assez froid ;
ainsi que les caleçons. J’en ai une paire que je n’ai pas encore prise. Ils
sont en toile, mais ils seront assez chauds pour mettre le temps de vous les
demander. N’envoyez jamais d’effets sans que je vous le demande, on serait
encombré.
Pour le
caoutchouc, envoyez quand vous voudrez, rien ne presse. Pour la couleur, ça
m’est égal, noir serait préférable, mais il n’y a aucune importance. Faites à
votre idée. Ce qui est important, c’est le poids, le plus léger possible ;
(il ne faudrait pas non plus avoir la légèreté, qu’il soit trop fragile). Tout
ça, c’est pour vous donner une idée ; mais c’est vous qui achetez, faites, ce
sera toujours bien.
Pas
grand-chose. Je termine en vous désirant être tous comme moi en parfaite santé
; votre fils qui ne cesse de penser à vous.
Je vous
embrasse. »
Chers parents
« La santé
est toujours bonne. Espère que vous êtes tous de même.
Votre fils
qui vous embrasse. »
Mes chers parents
« C’est
étant toujours en parfaite santé que je vous écris.
Toujours
dans la tranchée : secteur très calme ; le temps est magnifique.
Pour le
caoutchouc (*), la longueur est
1m20.
Plus grand
chose. J’espère que vous êtes tous en parfaite santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
(*) : Un imperméable.
Mes chers parents
« Je
vais vous donner quelques nouvelles toujours bonnes. Voilà midi et demie.
J’attends la relève pour 2 heures. Nous allons en deuxième ligne pour une
dizaine de jours. Le petit village où on sera se trouve à 3 kilomètres de la
ligne.
Le temps
est superbe, les nuits sont un peu fraîches, mais dans le jour, c’est un temps
magnifique.
Très
probablement que nous ne reviendrons pas aux tranchées au moins d’un mois. La
1ère brigade qui fait division avec nous est au repos pour 25 jours. Elle va
rentrer le 15. Si c’est comme l’on dit, nous, on va y aller pour la même
période à son retour, mais ce n’est pas officiel, on ne sait jamais rien, car
les ordres sont vite donnés et vite changés.
Je ne vois
pas grand-chose de nouveau. Je suis toujours en parfaite santé et espère que
vous êtes tous de même.
Recevez de
votre fils qui ne cesse de penser à vous ses plus doux baisers. »
PS : « Ma
chère mère, avant de m’envoyer mon imperméable, tu seras bien aimable de bien
vouloir coudre les boutons ; car quand on achète quelque chose, ce n’est
jamais solide. Et puis pendant ce temps, ton fils se reposera.
Bonjour
aux voisins et naturellement à mes chers parents. »
Mes très chers parents
« Me
voilà arrivé au repos depuis hier au soir dans ce petit village. On est très bien.
La première fois que je couche dans un lit depuis que je suis là.
Naturellement, je n’ai pas de draps, mais un bon sommier et un matelas ;
avec notre couverture, on est à deux, on va être bien couchés pendant 10 jours.
Ce matin,
j’ai vu LACOSTE Henri ; il m’a dit qu’il partait ce soir en permission.
Vous allez très probablement le voir. Il m’a dit que PLAZANET (*) qui est de ma classe est au 127ème aussi, à la
12ème compagnie. Je pourrai le voir très probablement avant longtemps. En ce
moment, il se trouve aux tranchées.
Tant mieux
que DAMON se porte bien. Je voudrais que bientôt vous puissiez m’en dire autant
de mon oncle. Enfin, il faut espérer que ce sera avant longtemps.
Le temps est
superbe. Rien de nouveau. Je suis en parfaite santé et espère que vous êtes de
même.
Votre fils
qui ne cesse de penser à vous et vous embrasse bien fort à tous. »
PS : « Bonjour à tous mes parents et voisins. »
(*) : PLAZANET Joachim, originaire du même village
(Manzac) que Joseph GOUZON, est au 127e régiment d’infanterie depuis mars 1915.
Blessé grièvement le 4 octobre à Lihu (Somme) à la
région temporale, il décède à Creil le 16 octobre 1916. Voir sa fiche matriculaire.
Chers parents
« Toujours
en parfaite santé. J’espère que vous êtes tous de même.
Je vous
remercie du bon paquet que j’ai reçu hier.
Votre fils
qui vous embrasse. »
Mes chers parents
« C’est
avec plaisir que je fais réponse à votre lettre du 6 que je viens de recevoir à
l’instant.
Très
heureux de vous savoir tous en parfaite santé.
Moi, je
suis toujours au même endroit, on est très bien, on se trouve dans une maison
abandonnée. On fait un bon feu, malgré qu’il ne fasse encore pas froid. Le temps
est brumeux, couvert depuis 2 jours.
Tant mieux
que vous ayez fini de semer.
Plus grand
chose, je termine en vous désirant toujours la même santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour à tous mes parents et aux voisins. »
Mes chers parents
« Avant
de manger, je viens vous donner quelques nouvelles toujours très bonnes. Le
temps n’est encore pas froid, un peu humide.
Toujours
en repos et en bonne santé. D’après ce que je viens d’apprendre aujourd’hui, je
pense que nous n’irons pas comme j’avais dit, en repos pour 21 jours ;
nous allons très probablement faire brigade avec des territoriaux (*), et on resterait dans ce secteur. J’en suis
bien content.
J’espère
que vous êtes en parfaite santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
(*) : Le 14 novembre, le 25e régiment d’infanterie
territoriale passe sous les ordres du général commandant la 1e brigade
d’infanterie (dont fait partie le 43e régiment d’infanterie).
Mes très chers parents
« C’est
étant en parfaite santé que je vous écris. Je suis toujours au même endroit.
Rien de nouveau. Tout est calme. Le temps est beau, un peu brumeux.
J’espère
que vous êtes tous en bonne santé.
Recevez
d’un cœur qui vous aime ses meilleurs baisers. »
Mes chers parents
« Je
viens à l’instant de recevoir votre aimable lettre qui m’a beaucoup fait
plaisir, en voyant que vous êtes toujours comme moi en santé parfaite.
Vous
m’annoncez le colis, mais il n’arrivera que ce soir 9 heures et les lettres
seront parties. Demain, je vous dirai si je l’ai.
Plus grand
chose, toujours au repos. Le temps est humide, mais pas beaucoup froid.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour à tous mes parents et voisins. »
Mes chers parents
« J’ai
reçu hier au soir l’imperméable. J’en suis très content, il va très bien. Je
suis très content de la couleur et du poids ; ça doit coûter de l’argent.
Dans la prochaine lettre, si ça ne vous fait rien, dites-moi le prix.
Nous
sommes toujours au repos. Aujourd’hui, il tombe de l’eau, mais il ne fait pas
froid. Enfin, en ce moment, nous sommes très bien.
Je tiens à
vous avertir au cas où vous auriez l’idée de m’envoyer quelque chose de ne pas
me faire parvenir de chemises, flanelles et caleçons ; pour le moment,
j’ai assez de tout ça ; ce qui me faudrait, c’est des bas ; on m’en a
pris une paire qui séchait. Des flanelles, j’en ai trois. Un de mes hommes qui
n’en porte pas avait reçu un paquet de Paris dans lequel il en a trouvé une.
Alors il m’en a fait cadeau, que je lui ai bien payé, mais je n’ai pu refuser.
Les chemises et caleçons, j’en ai à la compagnie.
Toujours
en bonne santé, espère que vous êtes tous de même. Votre fils qui vous
embrasse. »
PS : « Bonjour à tous mes parents et voisins. »
Chers parents
« La
santé est toujours bonne ; j’espère que pour vous c’est même chose.
Celui qui
pense à vous et vous embrasse.
Votre
fils. »
Mes chers parents
« Je
viens vous donner des nouvelles toujours bonnes. Toujours au repos. Le temps
veut se mettre au froid, ce qui vaudrait mieux que l’humidité qu’il fait.
J’ai eu
votre bon paquet ce matin. Tout était en bon état.
Rien de
nouveau. J’espère que vous êtes toujours en bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
Mes chers parents
« On
vient ce soir de reprendre les tranchées pour 6 jours. Je suis installé depuis les
3 heures à la même place que la dernière fois. J’ai le même gourbi. Je suis
très bien. Comme je suis de service jusqu’à minuit, je prends ce moment à
répondre à votre lettre que j’ai reçue ce soir.
Vous dites
que MAGNE de St Astier va venir. Ne lui
donnez rien, car en ce moment on ne se voit pas souvent. Nous, on est deux
compagnies détachées à droite du secteur du régiment. On se trouve comme si
nous étions à Manzac et les autres à Bruc.
J’ai eu
aujourd’hui une lettre de mon oncle BOULENZOU (Pierre
FOURGEAU) avec plaisir. Il me dit qu’il pense partir avant peu. Tant
mieux, c’est bien son tour.
Le temps
est superbe. On a un beau clair de lune. La semaine passée, il est tombé de
l’eau. Mais je crois que nous allons réussir pour nos six jours, il gèle un
peu, mais il ne fait pas froid de trop. »
« Ce
soir, nous avons mangé le poulet, il était excellent, ainsi que les poires.
Plus grand chose. Je suis en parfaite santé et espère que vous êtes tous de
même. Dieu veuille que l’on reste là pour l’hiver, ce n’est pas la guerre.
Recevez de
votre fils qui vous aime ses plus doux baisers. »
Mes très chers parents
« Puisqu’on
n’a pas le bonheur de vivre ensemble, je vais, ce qui est un plaisir pour moi,
vous donner de mes nouvelles. Elles sont toujours bonnes. Je suis dans la
tranchée pour 6 jours, déjà 2 de faits et lundi soir on revient pour 6 jours au
repos.
Le temps
est beau mais un peu froid. Je préfère bien ça que la pluie. Dans les
tranchées, on n’a pas froid, le vent ne peut nous trouver. Enfin ça commence
bien un peu à être long. Je crois qu’on joue en ce moment aux petits soldats.
Enfin du courage et de la patience, nous aurons la victoire (après on sera bien
plus heureux).
Plus grand
chose. Je pense que bientôt vous pourrez voir arriver mon oncle BOULENZOU.
Je termine
avec espoir que vous êtes tous comme moi en parfaite santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour
à tous mes parents et voisins. »
Mes chers parents
« Ce
matin, je viens de recevoir une lettre et le paquet que vous m’avez envoyé.
Tout était en très bon état et bon. Vous me demandez si j’ai assez de
bas ; pour le moment cela suffit.
Je suis
bien content que mon oncle puisse partir. Moi, je suis encore dans la tranchée.
Demain soir, très probablement que nous irons pour 6 jours au repos. Le temps
n’est pas trop mauvais, rien qu’un peu de froid auquel on est déjà habitués.
Pas
grand-chose, tout est calme.
Je suis en
très bonne santé et espère que ma lettre vous trouvera de même à tous.
Recevez de
votre fils qui vous aime ses meilleurs baisers.
PS : « Bonjour à tous mes parents et voisins. J’espère que quand ma lettre va arriver, mon oncle sera là. »
Mes chers parents
« En
attendant l’heure de la relève, je viens vous donner de mes nouvelles qui sont
toujours très bonnes. Alors on s’en va ce soir au repos pour 6 jours. Nous
avons un temps magnifique. La nuit, il fait un beau clair de lune et gèle même
fort ; aujourd’hui nous avons un beau soleil.
Plus grand
chose. J’espère que vous êtes tous en parfaite santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour
à mes parents et voisins. »
Mes chers parents
« Je réponds à votre lettre d’hier que j’ai reçue avec plaisir en voyant que vous êtes tous en bonne santé.
Depuis avant-hier, je me trouve au repos. Je suis dans le même cantonnement. Le temps n’est pas mauvais, toujours un peu froid ; nous sommes là jusqu’à dimanche au soir.
Pas grand-chose. J’espère que vous êtes tous comme moi en parfaite santé.
Recevez de votre fils qui ne cesse de penser à vous ses meilleures amitiés. »
PS : « J’ai eu des nouvelles de mon oncle Paul (HIVERT), il est en bonne santé. Bonjour à tous mes parents et voisins. »
Mes chers parents
« C’est
étant toujours en parfaite santé que je vous écris. J’espère que vous êtes tous
de même.
Ici, rien
de nouveau, secteur toujours calme. Le temps n’est pas froid de trop.
C’est avec
plaisir que j’ai appris que mon oncle était en permission.
En
attendant le plaisir de lire de vos bonnes nouvelles, recevez de votre fils ses
meilleurs baisers. »
Mes chers parents
« Je
suis toujours en parfaite santé et espère que vous êtes tous de même.
Toujours
au repos, nous revenons dimanche soir aux tranchées. Le temps n’est pas froid
de trop. Et puis, on s’habitue petit à petit.
Je pense
que mon oncle BOULENZOU (Pierre
FOURGEAU) devait être bien content de revoir sa famille d’abord comme
tous.
J’ai eu
une lettre du tailleur. Il me disait qu’il pensait aller le voir.
Ici, rien
de nouveau. On attend ce beau jour de la paix avec impatience.
J’espère
que vous êtes tous comme moi en parfaite santé.
Votre fils
qui vous aime et vous embrasse. »
PS : « J’ai entendu dire qu’André SEYRAT était mort. Est-il vrai ? »
Mes chers parents
« Me
voilà revenu dans la tranchée, installé déjà depuis 2 heures ; même
endroit que la fois dernière. Le secteur toujours calme.
Je suis en
parfaite santé. La température n’est pas très chaude, il gèle fort mais on est
bien vêtus. On n’a pas froid, et dans les tranchées le vent ne sait nous
trouver.
Je n’ai
pas besoin de chemises ni de flanelles. J’avais un caleçon bien chaud que j’ai
touché à la compagnie. Je viens de le mettre ce matin. C’est le premier ;
dans une dizaine de jours, vous pourriez m’en envoyer un autre afin de pouvoir
changer.
Nous avons
touché des galoches et des chaussons. J’ai un deuxième tricot dans mon sac que
j’ai eu aussi à la compagnie. Vous voyez que nous ne sommes pas si malheureux
que l’on pense.
Plus grand
chose. J’espère que vous êtes tous comme moi en bonne santé.
Recevez de
votre fils qui ne cesse de penser à vous ses meilleurs sentiments
d’amitié. »
PS : « J’espère
que ma marraine est toujours en bonne santé.
Et
Mariette de Périgueux, comment va-t-elle ?
Bonjour à
tous mes parents et voisins. »
« Santé
bonne
Bons baisers
de votre fils. »
Mes chers parents
« Je réponds
à votre lettre d’hier que j’ai eue avec plaisir en apprenant de vos bonnes
nouvelles. Moi, je me trouve en parfaite santé aussi. Aujourd’hui, nous avons
un temps magnifique. La nuit, il est tombé de l’eau.
Je n’ai
pas eu le paquet, il va arriver ce soir.
Plus grand
chose. Je vous désire une bonne santé à tous.
Votre fils
qui ne cesse de penser à vous. Je vous embrasse. »
Mes chers parents
« C’est
étant en très bonne santé que je vous écris. J’espère que vous êtes tous de
même.
Ici, rien
de nouveau. Secteur calme, le temps n’est pas froid de trop.
Recevez de
votre fils ses meilleurs baisers. »
PS : « Bonjour à tous mes parents et voisins. »
Mes très chers parents
« C’est
avec plaisir qu’hier j’ai encore reçu de vos bonnes nouvelles. Vous dites que mon
oncle n’était pas trop chagrin de falloir repartir. Tant mieux.
Ce matin,
j’ai eu le colis avec le réchaud et les pastilles qui m’ont fait beaucoup
plaisir. Je viens d’essayer l’appareil, il brûle très bien. La nuit prochaine,
je vais faire du chocolat.
Ici,
depuis 2 ou 3 jours, le temps n’est pas très beau, il pleut beaucoup, mais ne
fait pas froid. Ne m’envoyez pas mon passe-montagne.
Enfin
demain soir, nous allons au repos pour 6 jours. Toujours même endroit. (*)
Dimanche,
je vais encore pouvoir assister à la messe. J’y étais dimanche dernier
aussi ; et si on ne se trouve pas là, le dimanche, nous l’avons dans la
semaine. De manière qu’à chaque repos, on puisse y assister.
Je n’ai
pas eu le 2ème colis. Sitôt que je vais l’avoir, je vais l’annoncer.
Plus grand
chose, je suis toujours en parfaite santé et espère que vous êtes tous de même.
Depuis que
j’ai des sabots et des chaussons, je ne prends plus mes souliers.
En
attendant ce beau jour qui doit nous remettre ensemble, recevez de votre fils
qui vous aime ses meilleurs baisers. »
PS : « Ma
chère mère, dis-moi si ma grand-mère de Genebriéras a
eu une bague. Je pense que c’est la même grosseur que pour toi.
Bonjour à
tous les voisins et parents. »
(*) : Le régiment se trouve toujours secteur La Neuville
– Maison Bleue. Voir
la carte.
Mes très chers parents
« C’est
avec plaisir qu’hier j’ai eu votre lettre m’apprenant des bonnes nouvelles.
Moi, la santé est bonne aussi. Depuis hier, je suis au repos pour 6 jours,
encore mieux que les autres fois. Je couche avec mon fourrier, dans un bon lit.
J’ai eu
aussi les deux paquets dans lesquels j’ai trouvé de bien bonnes choses. Ce
matin, on a mangé les boudins qui étaient excellents. Les pommes et poires
aussi. Demain, je mangerai le quartier d’oie.
Vous me
causez du prêt. On n’est pas diminués de beaucoup : 1 sous par jour
seulement. Vous voyez que ce n’est rien. Je n’ai pas besoin d’argent.
Je viens à
l’instant de recevoir la carte du 2 sur laquelle vous me demandez si j’ai
besoin de gants. Je n’en ai pas besoin, ni d’alcool, merci !
Je suis
bien content de la photo. J’espère que bientôt, nous n’aurons plus besoin de
tout ça. »
« Plus
grand chose. Je vous désire une bonne santé à tous.
Votre fils
qui ne cesse de penser à vous tous.
Je vous
embrasse »
PS : « Bonjour
à tous mes parents et voisins.
Quand vous
m’enverrez encore un paquet, mettez mon rasoir et blaireau. Je me raserai moi-même,
ce sera plus propre que de se faire raser après tous les hommes de la
compagnie. »
Mes chers parents
« La
santé est toujours bonne. J’espère que vous êtes tous de même.
Recevez de
votre fils ses meilleurs baisers. »
Mes chers parents
« Un
moment de plaisir afin de venir vous accorder de mes nouvelles toujours bonnes.
J’espère
que vous êtes tous de même.
Ici, le
temps n’est pas froid, encore un peu d’eau, mais en ce moment je me trouve au
repos. On n’a pas à se mouiller. Et il ne faut pas croire qu’on soit exposés
tout le temps au mauvais temps. Tout ce qui est le plus grave, c’est de se voir
éloigné de ceux que l’on aime. Sans ça, pas malheureux du tout.
Enfin,
espérons que cette vie se finira avant longtemps.
Plus grand
chose. Je vous désire une bonne santé à tous.
Votre fils
qui vous aime et ne cesse d’y penser. »
PS : « Chère
mère, envoie-moi le cantique de Minuit chrétien.
Bonjour à
tous mes parents et voisins. »
« Mes
biens chers parents
Un moment
de plaisir afin de venir vous donner de mes nouvelles toujours très bonnes.
J’espère
que vous êtes tous de même.
Ici, le
temps est toujours pluvieux. Demain nous revenons aux tranchées. Lundi, je vais
très probablement aller passer 15 jours à un cours de sous-officiers qui se
fait en arrière. On y va deux à chaque fois et c’est mon tour pour lundi. On y
est très bien, ce sera toujours 15 jours de passés.
Je vous
envoie un bout de papier sur lequel vous verrez un coin du village où nous
habitons. J’espère que vous reconnaîtrez ce soldat. Je ne mets pas son nom. En
ce moment il n’est pas malheureux de trop.
Plus grand
chose. J’espère que vous êtes tous en bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour à tous mes parents et voisins. »
Mes très chers parents
« C’est
avec beaucoup de plaisir que je viens de recevoir de vos bonnes nouvelles. Je
me trouve en très bonne santé aussi. Me voilà installé depuis les 4 heures du
soir dans la tranchée. Le secteur toujours calme. Le temps n’est pas mauvais,
un peu de boue car tous ces jours-ci, il est tombé de l’eau. Mais j’espère
qu’il va s’arranger à mesure que la lune va prendre sa force.
Je pense
rester que deux jours. Très probablement que lundi comme je vous l’ai dit, je
vais m’en aller pour 15 jours. Je n’ai encore pas d’ordre.
Vous
m’annoncez un paquet, ça va bien ; pour les caleçons que j’ai, c’est de la
laine, ils sont très chauds. Sitôt que je vais l’avoir reçu, je vous écrirai.
Je n’ai
pas besoin d’alcool. Je vous le demanderai assez tôt, n’en achetez pas d’autant
qu’on en vend ici.
Vous me
causez aussi de la prochaine permission, ce n’est pas encore venu. De la façon
dont ça marche, je ne repartirai pas avant le mois de mars.
Enfin,
j’espère que d’ici là on aura du nouveau.
Je viens
d’avoir des nouvelles de mon oncle BOULENZO ; il est en parfaite santé.
J’espère
que vous êtes tous de même et le désire de tout cœur ;
Recevez de
votre fils ses plus doux baisers. »
PS : « Le phénomène de Bitou a de la chance. Bonjour à mes parents et voisins. »
Joseph GOUZOU part en formation
Mes très chers parents
« Me
voilà arrivé depuis hier au soir à ce cours de sous-officiers. Je suis toujours
en parfaite santé. Après avoir tombé de l’eau pendant quelques jours et hier
même de la neige, voilà le temps qui se remet au froid, ce qui sera bien mieux
que la boue.
Ici, je
pense passer quinze jours tranquilles. On est très bien couchés. Je crois que ça
ne va pas être dur.
Hier, j’ai
eu le bon colis. Je suis très content des caleçons et bas ; la paire que
j’ai est en laine aussi. Le morceau d’enchaut était
excellent.
J’ai eu
hier des nouvelles de DAMON. Il va très bien. Plus grand chose à vous dire. J’espère
que vous êtes toujours en parfaite santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour à mes parents et amis. »
Mes très chers parents
« C’est
avec plaisir que ce soir je viens de recevoir le colis avec un bon poulet, le
rasoir, les lacets et le savon. En même temps, j’ai eu deux de vos lettres.
Quel bonheur lorsqu’on reçoit des bonnes nouvelles de ceux à qui l’on ne cesse
de penser. Vous me demandez si j’ai besoin de quelque chose. Vous voyez que je
ne me gêne point, et vous m’envoyez même beaucoup trop de caleçons. Je n’en
aurai pas besoin de longtemps. En ce moment, j’ai tout ce qui me fait besoin.
Je suis bien content d’avoir mon rasoir, car quelques hommes ont des eczémas à
la figure, ce que je ne tiendrais pas à attraper.
Voilà les
16 heures. On vient de rentrer au cantonnement où nous sommes très bien logés.
Ce cours n’est pas dur de trop, ça va faire quelques jours de repos.
Je ne vois
pas grand-chose, j’espère que vous êtes tous en bonne santé.
Votre fils
qui ne cesse de penser à vous.
Je vous
embrasse. »
PS : « Bonjour à tous mes parents et voisins. »
Mes très chers parents
« J’arrive
juste de l’exercice et les lettres vont partir. Mais avant je vais vous donner
de mes nouvelles qui sont très bonnes. J’espère que vous êtes tous de même.
Ici, on
n’est pas embêtés du tout. J’ai des officiers très instruits et intéressants.
Je
termine, demain, je vous écrirai plus longuement.
Votre fils
qui vous aime et vous embrasse. »
PS : « Bonjour à tous mes parents et voisins. Le temps n’est pas mauvais. »
Mes chers parents
« Hier
au soir, j’ai été voir ma compagnie qui était rentrée des tranchées depuis
avant-hier, et j’ai eu le plaisir de recevoir deux de vos lettres qui
m’annoncent vos bonnes nouvelles.
A présent,
je les reçois où je suis. Je suis en bonne santé et bien tranquille.
Pour Noël,
n’envoyez rien, plutôt pour le 1er janvier si je dois recevoir quelque chose.
Ne faites pas la bêtise d’envoyer par la gare.
Pas
grand-chose, le temps est toujours humide.
J’espère
que vous êtes tous en parfaite santé. Votre fils qui vous embrasse. Bonjour à
mes parents et voisins. »
PS : « Ce soir, je vais manger avec les sous-officiers de ma compagnie. Je me trouve à 3km d’eux. Comme ils se trouveront dans la tranchée le jour de Noël, on fait le réveillon avant. J’ai eu des nouvelles de mon oncle BOULENZOU. »
Mes chers parents
« Aujourd’hui
dimanche, nous avons repos et j’en profite afin de vous donner de mes nouvelles
qui sont très bonnes.
J’espère
que vous êtes tous de même. Il est midi, je viens de la messe qui a eu lieu
comme d’habitude en plein bois et en plein air.
Aujourd’hui,
nous avons un temps superbe, un beau soleil avec un vent froid.
Je suis
très content de savoir que vous faites un peu d’argent et que vous n’êtes pas
malheureux de trop. Je suis bien content aussi que (Jean) MASSOUBRO a été mangé avec vous. Il m’a écrit de là-bas.
Tant mieux
que mon oncle Paul (HIVERT) ait
espoir de partir en janvier. Pour moi, je ne pense pas partir de trois mois. Il
faut espérer qu’à ce moment-là, on aura peut-être cette paix que l’on demande
depuis si longtemps. Enfin, en ce moment, nous ne sommes pas malheureux.
Pendant que nous serons dans ce secteur, on n'est pas à plaindre.
Je ne vois
pas grand-chose à vous dire. J’espère que vous êtes toujours en parfaite santé.
Recevez de
votre fils qui vous aime ses meilleurs baisers. »
PS : « Bonjour à tous mes parents et voisins. »
Mes chers parents
« Voilà
ce Noël qui arrive et on se trouve encore dans une situation plus mauvaise que
l’an dernier, car le Noël 1914, on a eu le plaisir de le passer ensemble. Et
cette année, on va être bien éloignés, mais non du cœur. J’espère que Jésus
aura pitié de tant de pauvres malheureux qui souffrent et attendent ce beau
jour de délivrance. Ayons toujours du courage et prions dieu.
Ici, il
pleut toujours. J’espère que vous êtes tous comme moi en parfaite santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
Mes très chers parents
« Je réponds à votre lettre que j’ai eue hier avec plaisir. Je vois que vous êtes toujours en bonne santé.
Malgré les mauvais passages que nous traversons, on est tout de même protégés jusqu’à présent. Moi de mon côté, jamais je n’avais été en si bonne santé. J’espère que ça continuera jusqu’à la fin de cette triste vie, et que bientôt nous serons tous réunis.
Tant mieux que Chéri soit venu en permission. Vous dites que l’année dernière on ne pensait pas être si éloigné. Moi, je ne pensais pas être dans la Marne à cette époque. Enfin, il faut se soumettre à beaucoup de choses. Vous dites qu’Henri le facteur va partir ; à mon avis, il est français comme tout le monde.
Toujours en cours et à peu près tranquille. Le temps est toujours humide.
J’ai trouvé dans votre lettre 5F qui m’ont fait beaucoup plaisir. Merci, mais je tiens à vous avertir que j’ai suffisamment de mon prêt.
Plus grand chose. J’espère que vous êtes toujours en parfaite santé.
Votre fils qui ne cesse de penser à vous tous et vous embrasse. »
PS : « Bonjour
à tous mes parents et voisins.
Quand vous
aurez l’occasion de m’envoyer un petit colis, ayez soin de mettre une boîte de
pâte pectorale comme celle que j’ai reçue il y a quelques jours. C’est très bon
pour le rhume.
Tant mieux
que mon cousin Louis soit guéri. (Louis FOURGEAU) »
(*) : Fils de Pierre.
Mes chers parents
« Voilà
Noël qui arrive. Ce soir, je vais à ma compagnie qui se trouve sortie des
tranchées depuis 2 jours. Nous devons faire un petit réveillon et chanter
Minuit chrétien ensemble. J’aimerais bien mieux être auprès de vous tous.
Enfin, c’est ainsi. Espérons que ce beau jour viendra ; malgré la guerre,
je ne suis pas malheureux de trop.
Ce soir,
j’ai vu l’aumônier. Demain matin, je dois aller à la messe de 6h ½. Unissons
nos prières et dieu nous protégera.
Pas grand-chose,
je suis en parfaite santé et espère que vous êtes tous de même. Votre fils qui
pense à vous. »
PS : « Aux cours, on a repos 48h. Pour remplacer la journée de Noël, on reste un jour en plus. Je rentre à ma compagnie mercredi soir. Bonjour à tous mes parents et voisins. De votre fils ses meilleurs baisers. »
Mes chers parents
« Je vais
vous donner quelques nouvelles toujours bonnes. J’espère que vous êtes aussi
tous en bonne santé.
Ici,
toujours même chose, le temps humide.
Quand vous
aurez l’occasion d’avoir un petit calendrier, envoyez-le-moi, car ici, ça sert
beaucoup. Souvent, on ne connaîtrait pas les dimanches des autres jours.
Je termine
en vous désirant une bonne santé à tous.
Votre fils
qui vous embrasse. »
Mes très chers parents
« A
l’approche de ce nouvel an, je viens vous offrir mes meilleurs vœux de bonne
année et de bonheur. J’espère que la nouvelle année va permettre d’avoir la
paix et de nous réunir pour une vie heureuse.
Je suis en
parfaite santé et espère que vous êtes tous de même.
Recevez
mes meilleurs baisers.
Votre
fils »
Mes très chers parents
« C’est
étant toujours en parfaite santé que je vous écris. J’espère que vous êtes tous
de même.
C’est avec
plaisir qu’hier au soir, j’ai reçu votre bon colis. Les boudins sont très bons.
Je n’ai encore pas mangé le pigeon ; il est bien beau.
Je suis sûr
qu’il sera excellent aussi. Mais tout ça serait bien meilleur mangé avec ses
parents. Je vous remercie aussi du bon rouge et du bonbon.
Ce cours
finit aujourd’hui. Demain, je rejoins ma compagnie qui est à la tranchée depuis
hier au soir.
Nous avons
eu beaucoup de boue ; mais depuis deux jours, le temps est superbe, il ne
gèle pas, on se croirait au printemps.
Plus grand
chose. J’espère que vous êtes toujours en santé parfaite, c’est tout ce que je
vous désire.
Recevez de
votre fils qui ne cesse de penser à vous ses meilleures amitiés. »
PS : « Bonjour
et bons souhaits de bonheur à tous les voisins ainsi qu’à Michet, de qui
j’espère faire la connaissance. »
Mes très chers parents
« Voilà
mes quinze jours terminés, j’ai même fait deux jours de plus pour remplacer les
fêtes de Noël.
Je suis
rentré à ma compagnie depuis ce matin qui est aux tranchées depuis avant-hier.
Il était 10h du matin quand j’ai rejoint (Je suis bien perfectionné).
Ici, c’est
toujours assez calme. Le temps est superbe. Je suis en parfaite santé, espère
que vous êtes tous de même.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour
à tous mes parents, voisins et Michet »
Mes chers parents
« En
ce dernier Jour de l’An, je viens vous donner quelques nouvelles qui sont très
bonnes. J’espère que l’année 16 que nous allons commencer demain sera meilleure
et plus gaie que celle que nous terminons aujourd’hui.
Ce qu’il
faut demander à dieu, c’est qu’il nous donne cette paix attendue depuis si
longtemps et qu'il nous protège comme on l'a déjà été.
Ici, rien
de nouveau, le secteur est calme ; le temps superbe pour la saison.
Je suis en
parfaite santé et espère que vous êtes de même.
Votre fils
pour la vie. »
PS : « Bonjour à mes parents, aux voisins et Michet. »
Mes bien chers parents
« Je
vais vous donner de mes nouvelles qui sont toujours bonnes. J’espère que vous
êtes aussi tous en bonne santé.
C’est
aujourd’hui la relève, nous allons au repos pour 6 jours. Nous avons un temps
très beau, nous n’avons pas de froid ; ce qui est embêtant, c’est qu’il
pleut un peu de trop ; mais voilà la lune qui va être nouvelle, peut-être
que le temps va se mettre au froid, ce qui tout de même serait meilleur que la
pluie. Le secteur est très calme. Si on peut passer là l’hiver, on est bien
tranquilles.
Hier, nous
avons fini le poulet ; il était très bon ; on était à quatre, car
dans ma section, on est 3 sergents depuis 3 semaines et l’adjudant. Ils ont
trouvé très bon et m’ont chargé de vous remercier pour eux.
Pour les
pastilles, ne vous faites pas de mauvais sang ; je ne suis pas enrhumé, ce
n’est que pour la nuit quand je suis de service, ça fait passer le temps. J’ai
reçu celles que vous m’aviez envoyées et je n’avais encore pas fini la 1ère
boîte.
Toujours
des bonnes nouvelles de mes oncles. Je pense que Paul doit arriver
bientôt ; mais ça ne marche pas vite. Je ne pourrai jamais venir avant 3
mois, et encore il faut que ça aille bien.
Enfin les
permissions, c’est bien beau, mais il vaudrait encore mieux la paix.
Je termine
en vous désirant une bonne santé à tous.
Votre fils
qui ne cesse de penser à vous tous, et vous embrasse. »
PS : « Bonjour
à mes parents, les voisins, et le brave MICHET qui j’espère saura bien me
remplacer en vous soulageant dans vos travaux.
Ma chère
mère, tu voudras bien me dire si la bague d’Elia irait à ma marraine. Je pense
qu’il faudrait plus grand.
Nous avons
demain soir un beau lièvre à manger. La veille du premier janvier, j’en ai fait
tirer deux à mon lieutenant. Ils étaient à côté de mon gourbi le soir à la
tombée de la nuit. Il a bien voulu nous en donner un. Ici, on ne voit que du
gibier. »
Mes chers parents
« En
faisant réponse à votre aimable lettre d’hier et datée du dernier janvier, sur
laquelle j’ai trouvé toujours de bonnes nouvelles. Je viens vous donner des
miennes qui sont pareilles.
Toujours
en 1ère ligne ; nous avons un temps merveilleux. Rien de nouveau, tout est
calme.
Tant mieux
que le Luno aime bien à suivre les lièvres, car
j’espère bien qu’à la fin de l’été, je serai rentré pour en tirer quelques-uns
uns car ils doivent vous dévorer depuis 2 ans que personne n’en tue.
Je pense
bien être là aussi pour manger les pois que vous venez de semer. Si le temps
est le même là-bas, ça doit bien aller pour pouvoir les mettre en terre.
Vous
demandez encore une fois si j’ai besoin d’effets ! Merci, j’ai tout ce
qu’il me faut en ce moment. Quand j’en voudrais, je vous l’écrirai.
J’ai des
bonnes nouvelles de mes oncles. Je pense que DÉLUBRIAC va revenir en
permission ; tant mieux.
Plus grand
chose. Je désire à tous une santé parfaite. Votre fils qui pense à vous. »
PS : « Bonjour
aux parents et voisins.
Merci de
la feuille de géranium, elle sent très bon. J’aurais bien voulu pouvoir
l’arracher moi-même ! Je vois chère mémé avec plaisir que tu penses toujours
à tes beaux bouquets. Vivement que tu puisses me commander pour que je les
arrose. »
Mes très chers parents
« Je
viens vous remercier du bon colis que j’ai encore reçu ; vous m’envoyez
beaucoup trop de choses ; surtout d’argent, je n’en ai pas besoin.
Je n’ai
pas goûté le pâté, il a l’ait fameux ; mais je le conserve pour la
tranchée où je reviens dans 4 jours. Je pense qu’il va se conserver. Je vous
remercie aussi du bon fromage et des pastilles.
Depuis 2
jours, nous sommes en repos, toujours même village. Le secteur est très calme ;
le temps n’est pas mauvais de trop. Très content de savoir que mon oncle vient
en permission.
Plus grand
chose, j’espère que vous êtes tous en bonne santé.
Recevez de
votre fils ses meilleurs sentiments d’amitié. »
PS : « Bonjour
à mes parents et voisins, ainsi qu’à Michet. »
Mes chers parents
« C’est
étant en parfaite santé que je vous écris. J’espère que vous êtes tous de même.
Après 3
jours de repos, nous revenons ce soir à la tranchée ; nous changeons de
secteur, nous rejoignons notre régiment qui se trouve à trois km de nous. Le
secteur est celui que nous avons occupé pendant l’été ; il est aussi
tranquille que celui que nous quittons.
Je termine
en vous désirant une bonne santé à tous. Recevez mes meilleures amitiés.
Votre
fils. »
PS : « Bonjour à mes parents, les voisins et MICHET. »
Mes très chers parents
« Me
voilà depuis hier au soir 8 heures dans un nouveau secteur à la droite du
régiment. (*)
Nous avons
pris la place de compagnies du 127° qui, lui, appuie à droite. Le secteur est
encore bien meilleur qu’où j’étais. Il est plus propre, les tranchées sont
pavées avec de briques. L’eau se trouve à proximité de mon abri, une belle
source. Je voudrais bien que nous puissions y passer l’hiver.
J’ai mangé
ce matin du bon pâté ; mes camarades l’ont trouvé excellent ainsi que le
bon fromage.
Le temps
est toujours à la pluie ; chaque jour, il tombe quelques averses.
Je ne vois
rien de nouveau. Je suis en parfaite santé et vous désire de même à tous.
Votre fils
qui vous aime. »
PS : « Bonjour
à mes parents, aux voisins et MICHET.
Je suis
très content que ce brave homme soit un bon aide pour ma marraine, qui, elle,
travaille beaucoup trop ; si c’est ainsi, vous ne saurez assez le
récompenser.
Bonne fête
pour les 45 ans de ma bonne mère. Dimanche je penserais particulièrement à toi
avec espoir passer une partie de la 46ème avec vous.
Pendant
que je fais ma lettre, j’ai mon camarade qui fait un bon brûlot. Chaque jour,
on a à l’ordinaire de l’eau-de-vie très forte ; alors pour pouvoir
l’avaler, on y met le feu. Ca nous donne un peu de nerf et nous réchauffe.
Malgré
qu’on soit bien, une fois la paix, je ne me rengagerai pas ! ! ! »
(*) : Secteur du Godat (51)
Mes chers parents
« C’est
étant en très bonne santé que je vous écris. J’espère que vous êtes tous de
même. Ici rien de nouveau, nous avons un temps superbe.
J’ai eu
des bonnes nouvelles de mes oncles.
Je termine
en vous désirant une bonne santé à tous.
Votre fils
qui ne cesse de penser à vous.
Je vous
embrasse. »
Mes chers parents
« C’est
étant toujours en santé parfaite que je vous écris. J’espère que vous êtes tous
de même.
Ici, rien
de nouveau, secteur calme. Le temps est superbe, on dirait qu’il va faire
froid.
Plus grand
chose. Je termine et vous envoie mes meilleures amitiés. »
PS : « Bonjour
aux voisins et parents. »
Mes chers parents
« Je
viens vous donner de mes bonnes nouvelles. J’espère que vous aussi, vous êtes
tous en bonne santé.
Toujours
en 2ème ligne et par un temps superbe.
Ici, rien
de nouveau.
Je termine
en vous désirant une bonne santé à tous.
Votre fils
qui vous embrasse. »
Mes très chers parents,
« Je
ne laisse passer cette journée de dimanche sans venir vous donner quelques
nouvelles, toujours très bonnes. Je vais en même temps vous remercier de la
bonne pintade que j’ai reçue hier au soir. Ce matin, nous en avons mangé, elle
est excellente. Ce soir, j’ai ramassé des pissenlits pour faire une salade pour
manger avec ; nous en avons des superbes dans cette terre remuée.
Justement, c’était une luzernière. Je suis très content de mon carnet, je
pourrai le garnir en mettant mon travail de chaque jour.
Merci
aussi de ce que vous avez mis dans la lettre.
Je n’ai
pas besoin de bas. Je pensais vous avoir parlé de vin. On a chaque jour un bon
quart. Et on trouve à acheter celui que l’on veut, mais pas bon marché. A
présent, dans chaque régiment, on a une coopérative, une espèce de cantine où
on peut l’avoir à 0,75f le litre.
En cette
journée d’anniversaire de ma mère, j’aurais bien voulu être auprès de vous.
Certainement la pintade aurait été mangée avec plus de goût. Enfin, il faut se
soumettre à beaucoup de choses.
Espérons
que l’année prochaine, nous pourrons être réunis.
Ici, rien
de nouveau. Le temps est superbe, on a un peu de lune.
Je termine
en vous désirant une bonne santé à tous.
Votre fils
qui vous embrasse de cœur. »
PS : « Bonjour
aux parents, voisins, ainsi que MICHET que je voudrais bien connaître. »
Mes chers parents
« Je
réponds à votre aimable lettre que j’ai eue hier. Je suis très content quand je
peux lire de vos bonnes nouvelles ; chaque soir, c’est pour moi une distraction
et un bonheur quand j’écris mes lettres. Mais en revanche les ……………… en ai pas,
sont bien …………. Je vous remercie de m’écrire ………………………………………… se passe sans la
………………………………
Je n’ai
pas les pieds dans l’eau. J’ai mes galoches et mes chaussons aux pieds tout le
temps, et où nous sommes, on n’a pas de boue.
Si ce
n’était si long, en n’est pas malheureux, moi encore moins que les hommes, mon
service n’est pas si dur, n’étant pas oblige de rester immobile comme le font
les sentinelles.
Je suis
bien content de savoir que mon oncle est en permission.
Le pauvre
Henri est au même point que les autres en ce moment, mais ………………… assez fort.
Et ils……………………………………………………………
pièce…………………… même en vous désirant une bonne santé à tous.
Recevez de
votre fils qui ne cesse de penser à vous ses meilleurs sentiments
d’amitié. »
PS : « Bonjour
à mes parents, aux voisins et à MICHET. »
Mes bien chers parents
« C’est
étant toujours en santé parfaite que je vous écris. J’espère que ma présente
lettre vous trouvera de même à tous. C’est avec plaisir qu’hier au soir j’ai eu
de vos bonnes nouvelles.
Très
content de savoir que mon oncle a été manger chez vous, et que vous avez pu
passer un moment ensemble.
J’espère
qu’avant peu on se trouvera tous réunis.
Ici, le
temps est beau ; ce matin, on a eu un peu de gelée.
Ce soir,
nous sommes relevés des tranchées, nous allons en 2èmè ligne pour six jours. (*)
Je ne vois
plus grand chose. Je désire à tous une santé parfaite.
Votre fils
qui vous aime et ne cesse de penser à vous tous. »
PS : « Bonjour
aux parents, aux voisins et à MICHET. Que font chez Mr le facteur de Gravardie ? Voilà 2 fois que je leur écris, et réponse
jamais. Ne dites rien ! Ils n’ont peut-être pas le temps ! »
(*) : Le JMO indique précisément où part la 8e compagnie
Mes chers parents
« Me
voilà en 2ème ligne, depuis hier au soir. On est bien et tranquilles ;
nous sommes là pour 6 jours.
Je suis en
santé parfaite. J’espère que vous êtes tous de même.
Aujourd’hui,
le temps n’est pas mauvais, mais un peu plus froid que d’habitude. Je pense
qu’il va tomber de la neige.
Plus grand
chose, j’espère et désire que vous êtes tous en bonne
santé.
Votre fils
qui vous aime et vous embrasse. »
Mes chers parents
« C’est
étant en très bonne santé que je vous écris.
J’espère
que vous êtes tous de même.
Recevez de
votre fils ses meilleures amitiés. »
Mes chers parents
« C’est
étant toujours en bonne santé que je vous écris, espère que vous êtes de même.
C’est avec
plaisir que j’ai eu hier au soir votre bon paquet ; mais je vois que vous
m’envoyez beaucoup de choses. Vous auriez bien pu manger la boîte de dattes.
Les grattons étaient bons, mes félicitations à la bonne cuisinière.
Nous
sommes en arrière depuis 3 jours. On n’est pas mal ; le temps n’est pas
mauvais, s’il continue, nous n’allons pas souffrir beaucoup de l’hiver.
Malgré
qu’il y a eu des secteurs ……………………………………………………… boue. Mais moi je me suis
trouvé dans un secteur où le terrain est très bon, c’est du calcaire.
Vous dites
que vous avez vendu les cochons ; c’est bien cher, on aurait bien besoin
que cette guerre finisse.
Je ne vois
plus grand chose à vous dire.
Je désire
à tous une bonne santé. Votre fils qui ne cesse de penser à vous. »
PS : « Bonjour aux parents, aux voisins et à MICHET. »
Mes très chers parents
« Voilà
5 heures du soir, et je n’ai encore pas arrêté ; mais je ne puis laisser
ce dimanche se passer sans vous donner de mes nouvelles. Quand nous sommes en
arrière, nous sommes deux fois plus tracassés qu’en 1ère ligne, malgré que ce
ne soit pas dur, nulle part.
Je suis
toujours en santé parfaite ; et espère que ma présente vous trouvera de
même à tous. Hier, j’ai eu des nouvelles d’Henri. Il me dit qu’il est bien
habillé ! !
Recevez de
votre fils ses meilleurs baisers. »
PS : « Bonjour aux parents, les voisins et MICHET. »
Mes très chers parents
« Quelques
nouvelles toujours très bonnes. J’ai reçu des vôtres hier au soir, avec
plaisir. J’espère que lorsque ma lettre vous rejoindra, elles seront de même.
Je suis
toujours en deuxième ligne, nous revenons à la 1ère demain soir, mais c’est
tellement propre et tranquille que je préfère. On est bien moins embêtés.
Vous me
demandez si on trouve de l’huile et du vinaigre ; ici, on a, à peu près,
ce que l’on veut.
Je suis
très heureux de voir que vous avez bien réussi comme domestique ; au moins
vous serez un peu moins fatigués. Tant mieux qu’il ait bon caractère, ça, c’est
presque le principal.
Raoul doit
commencer à savoir ce que c’est qu’un patron.
Je termine
en vous désirant toujours en bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour aux voisins, à mes parents et Michet. »
Mes chers parents
« Avant
de partir en 1ère ligne, je viens vous donner de mes nouvelles qui sont
toujours bonnes.
Nous
repartons ce soir à 18 heures. On en a, à peu près, pour une demi-heure.
Hier au
soir, j’ai eu une de vos lettres. Tant mieux que le temps soit beau pour
tailler la vigne. J’espère bien être là-bas pour faire le vin. Ici, il ne fait
pas du tout froid. Aujourd’hui, on a un peu de brouillard, mais un temps de
printemps.
Je vois
que vous avez toujours des permissionnaires. Je ne pense pas pouvoir partir
avant avril.
Je ne vois
pas grand-chose. Ici, toujours même chose, secteur calme.
J’espère
que vous êtes en santé parfaite.
Recevez de
votre fils qui ne cesse de penser à vous ses meilleurs sentiments
d’amitié. »
PS : « Bonjour à mes parents, aux voisins et à MICHET. »
Mes bien chers parents
« Me
voilà depuis hier au soir revenu dans la tranchée ; il était sept heures
quand nous sommes arrivés. Nous avons un temps superbe ; on a la lune
toute la nuit, ce qui est bien plus gai que les nuits noires.
Je suis en
parfaite santé, j’ai eu hier au soir de vos bonnes nouvelles. Je suis bien
content de vous voir à tous biens portants.
On est
bien heureux d’avoir cette correspondance qui marche si bien. La lettre d’hier
au soir est datée du 16.
Tant mieux
que vous ne soyez pas en peine pour trouver des ouvriers.
Ici, c’est
toujours la même vie. On attend que l’on veuille bien nous faire cette paix.
Enfin, en l’attendant, on n’est pas malheureux de trop.
(En ce
moment, je voudrais bien être Monténégrin.)
Je ne vois
pas grand-chose à vous dire. Je désire que vous jouissiez toujours d’une santé
parfaite.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : « Bonjour aux voisins et Michet. »
Mes chers parents
« C’est
étant en très bonne santé que je vous écris, espère que vous êtes de même.
Aujourd’hui,
le temps est superbe, il fait un beau soleil. Dans la nuit, il était tombé un
peu d’eau.
Je ne vois
pas grand-chose. Ici, tout est calme. Hier au soir, j’ai eu des nouvelles de
mon oncle BOULENZOU. Il m’a dit que son frère était en permission, tant mieux (Emile
Fourgeou).
Recevez de
votre fils qui ne cesse de penser à vous ses meilleurs baisers. »
Mes chers parents
« Je
réponds à la lettre que j’ai reçue hier au soir avec plaisir en voyant que vous
êtes tous en bonne santé. Moi ça va aussi.
Je suis
toujours en première ligne avec un temps merveilleux.
Vous
m’annoncez un colis que je n’ai encore pas, probablement qu’il arrivera ce
soir. Merci.
Je ne vois
pas grand-chose. Je n’ai pas besoin d’effets. Je le dis au cas où je l’aurais
oublié quand vous me l’avez demandé.
Depuis
deux jours, notre ration de vin est augmentée : nous touchons 0 litre, 50
centilitres. C’est suffisant.
Je ne vois
plus grand chose. Je vous désire en bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse à tous. »
PS : « Bonjour à mes parents, aux voisins et MICHET. »
Mes chers parents
« C’est
avec plaisir qu’hier au soir j’ai reçu votre bon colis. Ce matin, nous avons
mangé un morceau de cou d’oie. On a trouvé ça excellent. Tout y était et en bon
état. Je suis en santé parfaite, espère que vous êtes de même. Nous avons toujours
un temps merveilleux, on se croirait au printemps. Vous …………………………………………………
beau temps pour les vignes………………………………… bien, car j’espère être là-bas aux
vendanges. Depuis si longtemps que nous attendons cette paix, il faudrait bien
que ça vienne.
Je termine
et vous envoie mes meilleurs baisers. Votre fils pour la vie. »
Carte postale militaire envoyée
par Jean MASSOUBRO adjudant au 412° 6° compagnie Secteur
174. (Un camarade de Joseph Gouzou)
Mes chers amis.
« C’est
avec plaisir que je viens d’apprendre que je suis nommé adjudant, aussi vous
pouvez penser si je suis content.
Je suis
toujours au repos et toujours en bonne santé.
Votre tout
dévoué.
Jean
PS :
Je suis à la 8° compagnie. »
(*) : MASSOUBRO Jean, pupille de la
nation, cultivateur aussi, né à Bordeaux, recensé au même village (Manzac) que
Joseph GOUZOU, blessé en mars 1916, il mourra de ses blessures. Voir
sa fiche matriculaire.
Mes très chers parents
C’est avec
plaisir que j’ai eu de vos bonnes nouvelles. Moi, la santé continue à être
bonne.
Je vois
que vous avez vendu vos cochons ; ça fait un peu d’argent, tant mieux,
mais c’est bien trop ……………………… de même. Je crois qu’il sera……………. Temps que
cette vie s’arrange.
Aujourd’hui,
nous avons un beau soleil de printemps ; les nuits ne sont pas trop
froides non plus, no ne voit pas de gelées.
Aujourd’hui,
les aviateurs sont à leur affaire.
Je termine
en vous désirant toujours une santé parfaite. Votre fils qui vous embrasse.
Mes très chers parents
« Me
voilà relevé des tranchées depuis hier au soir. En arrivant, il était 8 heures,
j’ai reçu votre aimable lettre me donnant de vos bonnes nouvelles, ainsi que le
paquet qui est arrivé à point. Nous avions un peu chaud car le temps est très
lourd.
J’avais
été au bureau avec mon adjudant et l’autre sergent pour faire une partie de cartes
avec le fourrier, un ancien camarade de Beauséjour. Nous sommes arrivés en même
temps au 43ème, et comme étant les plus anciens, nous sommes restés bons amis.
Et en dépit du peu de fatigue, on a joué jusqu’à deux heures du matin ; ce
qui nous arrive quelquefois, souvent nous buvons quelques bouteilles de bon
vin, mais on ne faisait qu’arriver ; nous n’étions pas ravitaillés. Nous
avons mangé les deux oranges avec plaisir.
Vous me
dites que vous trouvez que nous allons souvent à la tranchée. Et bien, ici, nous sommes bien heureux, dans ce secteur ce
n’est pas la guerre. Je voudrais que ça puisse durer jusqu’à la fin. On parlait
de nous relever pour du repos, mais je pense que nous allons rester encore
quelques jours ; tant mieux.
C’est avec
regret que je vois le décès de Javerzac ;
c’est une maison qui n’a tout de même pas de chance, que vont faire ces pauvres
gens ?
Je termine
en vous désirant une bonne santé ; nous avons toujours un bien beau temps.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS :
Je ne sais pas si je vous ai dit que j’avais reçu le billet. Merci.
Mais je
vous prie de ne plus en envoyer. J’en ai suffisamment.
Mes chers parents
« J’ai
reçu hier vos bonnes nouvelles du 23 courant. Merci.
Moi, la santé
continue à être bonne. Suis en deuxième ligne, le temps est superbe.
Je termine
en vous désirant à tous une santé parfaite.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS :
Bonjour aux parents et voisins.
« C’est
étant en santé parfaite que je vous écris. J’espère que vous êtes de même.
Ici, nous
avons un temps superbe ; le secteur est toujours calme.
Je viens
de recevoir une carte ce matin de (Jean) MASSOUBRO ; il m’annonce
son nouveau galon d’adjudant. J’en suis très content pour lui, car si la guerre
pouvait se finir, il aurait une situation. (*)
Je ne vois
plus grand chose à vous dire.
Je termine
en vous désirant une santé parfaite.
Votre fils
qui pense à vous.
Je vous
embrasse. »
PS :
Bonjour à mes parents et aux voisins.
(*) : Il est passé adjudant le 21 janvier 1916.
Mes très chers parents
« C’est
avec plaisir qu’hier au soir j’ai eu de vos bonnes nouvelles.
J’ai reçu
aussi le bon colis qui ne m’était pas encore annoncé. Il aura marché plus vite
que la lettre.
Nous avons
mangé ce matin du poulet et des gaufres. Tout était très bon. Les bas y étaient
aussi.
Hier au
soir, nous avons mangé un lièvre qu’un de mes camarades a trouvé ; un soldat
l’avait tiré et lui l’a achevé avec un bâton. Il
pesait au moins huit livres.
Je suis
toujours en 2ème ligne, avec un temps merveilleux. Le secteur est calme.
Je suis
très heureux d’apprendre que vous êtes tous biens portants, surtout ma
marraine. Vivement la paix.
Votre fils
qui vous embrasse. »
Mes chers parents
« C’est
avec plaisir que j’ai reçu votre lettre du 24 me donnant de vos bonnes
nouvelles. Moi, la santé continue à être bonne.
Sur la
lettre d’hier, j’ai oublié de vous dire que partait en permission un nommé Dumas de Coursac.
Il se trouve avec moi et m’a dit qu’il irait vous voir. C’est un très brave
garçon. Peut-être sera-t-il venu avant ma lettre.
J’ai
oublié de vous dire de ne rien m’envoyer sans que je demande. Je suis déjà
assez chargé.
Je termine
en vous désirant une santé parfaite. Votre fils qui vous aime.
PS :
Aujourd’hui ça doit être la foire ? »
Mes chers parents
« C’est
étant en très bonne santé que je vous écris. J’espère que vous êtes tous de
même.
Ici, rien
de nouveau ; nous avons un temps merveilleux.
J’espère
que vous avez eu une bonne foire. Je pense que ça devait être hier ?
Plus grand
chose, je désire à tous une bonne santé.
Recevez de
votre fils qui pensa à vous ses meilleurs baisers. »
PS :
Bonjour à mes parents et aux voisins ainsi qu’à Michet.
Mes très chers parents
« Je
réponds à votre lettre que j’ai reçue hier au soir, laquelle me donne toujours
de bonnes nouvelles. Moi, la santé continue à être bonne. Depuis hier au soir,
je suis revenu en 1ère ligne, pour 6 jours ; toujours même secteur calme.
Nous avons un temps merveilleux : il ne pleut ni ne fait froid.
Vous dites
de faire attention à moi. Vous devez savoir que si j’ai eu des galons, je les
ai acceptés ; mais jamais je n’ai exposé ma vie pour si peu ; car à
mon point de vue, ce n’est rien du tout. Je suis ici pour faire mon devoir
jusqu’au bout ; mais non pour faire des bêtises, et avoir la folie d’une
citation ou d’un bout de galon. Prenons le temps comme il vient.
C’est avec
plaisir que je vois que vous m’annoncez un colis. Je vous remercie, mais vous
m’envoyez beaucoup.
Espérons
que bientôt nous verrons arriver cette paix.
Recevez de
votre fils ses meilleures amitiés. »
PS :
Bonjour à mes parents et aux voisins.
(*) : C’est exact, la 8ème compagnie monte en 1ère ligne
à la Maison Bleue.
Mes chers parents
« Je
vais vous donner de mes nouvelles toujours bonnes ; j’espère que vous êtes
de même en très bonne santé.
Il est 5h
du soir. Voilà une journée en plus de passée. Combien en avons-nous passé déjà
de ces journées tristes, et encore si l’on voyait une paix prochaine.
Enfin espérons
que ce sera bientôt. Peut-être si les zeppelins revenaient de temps en temps
faire leur visite, nos embusqués de Paris, au lieu de se ficher de nous,
comprendraient ce que c’est la guerre. Malheureusement, c’est toujours de
pauvres innocents qui vont attraper.
Je termine
en vous désirant une bonne santé. Votre fils qui vous embrasse. »
PS :
C’est l’heure de la soupe, bonsoir.
Le temps
est un peu refroidi, mais pas de trop.
Mes chers parents
« C’est
étant toujours en santé parfaite que je vous écris. Hier, j’ai eu une carte me
donnant des vôtres ; j’ai eu aussi le bon paquet avec les boudins et l’enchaud que j’aime beaucoup. Tout est excellent.
Nous avons
toujours un temps superbe, il est un peu plus froid que d’habitude, mais pas de
trop. Voilà le 12ème mois de mon départ pour la 2ème fois qui est en
marche ; on ne se le figurerait pas. Enfin, espérons que ça ne durera
encore autant, et que nous pourrons de nouveau nous réunir pour vivre heureux.
Recevez de
votre fils les meilleurs baisers. »
Mes chers parents
« Quelques
nouvelles, toujours bonnes. J’espère que vous aussi êtes tous en santé
parfaite.
Ici, un
temps superbe, le secteur toujours calme. Plus grand chose.
Recevez
chers parents les doux baisers d’un fils qui pense à vous. »
PS Bonjour aux parents et voisins.
Mes chers parents
« Quelques
nouvelles, toujours très bonnes. J’espère que vous êtes tous en bonne santé.
Depuis
hier soir, nous sommes en 2ème ligne. Le temps est beau.
Recevez de
votre fils qui pense à vous ses meilleurs baisers. »
Mes chers amis
« C’est
avec un très grand plaisir que j’ai reçu de vos bonnes nouvelles. Moi aussi, je
suis en très bonne santé. Je suis en 1ère ligne depuis 4 jours, amis le secteur
est beaucoup plus calme que la dernière fois. Ce n’est pas de trop. Ce qu’il y
a de pas amusant, c’est que nous avons toujours de l’eau et de la boue.
Aujourd’hui, il neige. J’ai reçu une lettre de Joseph avant-hier. Il fait comme
moi, il attend la fin avec impatience.
Affectueux
bonjour à tous. »
Mes chers parents
« C’est
étant toujours en bonne santé que je vous écris. J’espère que quand ma présente
lettre vous rejoindra, elle vous trouvera de même à tous.
Je suis
toujours en deuxième ligne ; le secteur est calme.
Ce matin,
en me levant j’ai trouvé le terrain tout blanc. C’était de la neige qui a été
vite fondue par un magnifique soleil. C’est la première fois de l’année que
j’en vois. C’est l’hiver, mais malgré ça, pas dur de trop.
Ce matin,
je me suis levé à 5h 30, et avec mon adjudant, nous avons été faire un petit
tour ; nous sommes rentrés avec 2 perdreaux. Ici, on ne voit que ça; nous
avons vu 3 lièvres mais n’avons pu les tirer. Je termine en vous désirant
toujours une bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse à tous. »
PS Bonjour aux parents, aux voisins et Michet.
Mes chers parents
« C’est
avec plaisir que j’ai eu le bon paquet envoyé par vous. Tout était en bon
état ; j’ai goûté les grattons, ils sont très bons.
Depuis
hier au soir, je suis en 1ère ligne ; toujours en bonne santé ; après
être tombé pendant deux jours de la neige et de l’eau, le temps est revenu au
beau. Le secteur est toujours aussi calme.
J’ai eu
des nouvelles de mes oncles ; ils sont en très bonne santé. Mon oncle Paul
(Délubriac) est à Vaucouleurs.
Damon m’a écrit aussi ; il va bien.
Je termine
avec espoir que vous êtes tous comme moi en santé parfaite.
Recevez de
votre fils ses meilleurs sentiments d’amitié. Je vous embrasse. »
PS :
Dumas m’a dit que ce n’était pas facile de se ravitailler. C’est vrai, on est
un peu loin, mais en se débrouillant, on a ce qu’on veut.
Mes chers parents
« C’est
toujours en santé parfaite que je vous écris. J’espère que vous êtes tous de
même. Hier au soir, j’ai eu votre lettre du 10.
Ici, c’est
presque toujours calme ; si ce n’est que ce matin, de 4h30 à 6h nous avons
lancé des gaz asphyxiants aux Boches. Je ne sais le résultat, car la patrouille
qui devait aller reconnaître les tranchées ennemies n’est pas sortie, les
Boches tirant à la mitrailleuse ; (je pense qu’ils n’ont pas eu beaucoup
de mal)
(*).
Aujourd’hui
le calme règne ; nous avons un peu de pluie mais il ne fait pas froid.
Je crois
que nous allons aller au repos pour quelques jours vers la fin de la semaine.
Recevez de
votre fils ses meilleurs baisers. »
(*) : L’émission des gaz asphyxiants par bouteille a eu
lieu dans la nuit du 13 au 14 février. Elle est très bien expliquée dans le
JMO. Des officiers de l’état-major s’étaient déplacés pour assister à cet
évènement.
Mes chers parents
« Je
vais vous donner de mes nouvelles, toujours bonnes. J’espère que ma présente
carte vous trouvera de même à tous.
Aujourd’hui,
nous avons un temps superbe ; la nuit dernière, nous avons eu de la pluie;
le secteur continue à être calme; rien de nouveau.
Recevez de
votre fils ses meilleurs baisers.
PS :
Bonjour aux voisins et mes parents, sans oublier le brave Michet. »
Mes chers parents
« C’est
avec plaisir que je viens de recevoir deux de vos bonnes lettres. Je suis très
heureux de vous savoir en bonne santé. Moi, je suis très bien aussi, depuis
hier au soir, nous sommes relevés des tranchées. On est arrivés ce matin à 1h
au cantonnement qui se trouve à 12km du front ; nous repartons demain pour
aller où nous devons passer notre repos. Je crois que nous avons encore deux
étapes. Je ne sais pour combien nous y allons. Nous avons toujours un temps
superbe, il gèle un peu.
Je
voudrais bientôt voir cette vie se terminer. Enfin, du courage et de la
patience, et ayons recours à dieu qui nous a préservés jusqu’à ce jour.
Plus grand
chose, j’ai eu des nouvelles de chez mon parrain et de mes oncles.
Recevez de
votre fils ses meilleurs baisers »
PS :
Bonjour aux voisins et parents.
Aujourd’hui,
j’ai vu COLINET de Jaures, le fils de Palitou qui était à Courbebaisse.
Il est dans mon régiment.
(*) : IL s’agit de Joseph COLINET, 20 ans, le seul
COLINET de Jaures, petit village au nord de
Périgueux. Il est arrivé au 43ème régiment d’infanterie en mars 1915. Il survivra
à la guerre. Voir
sa fiche.
Mes chers parents
« Voilà
4h du soir, nous sommes arrivés au cantonnement, on est partis ce matin à 6h
par une belle journée. Cette nuit, il était tombé quelques rafales de neige.
Mais aujourd’hui, on a un beau soleil.
En ce
moment, on n’entend plus le canon, mais malheureusement, ce n’est pas toujours,
et il n’en est pas ainsi pour tout le monde.
Je ne vois
plus grand chose. J’espère que vous êtes tous en bonne santé comme je suis.
Recevez de
votre fils ses meilleurs baisers. »
PS :
Bonjour aux voisins et à Michet.
Mes chers parents
« Il
est midi, nous voilà embarqués sur des autos. Je ne sais pas la destination. (*)
Je vous
écrirai plus longuement en arrivant au repos, si repos il y a.
Je suis en
parfaite santé, j’espère que vous êtes tous de même.
Plus grand
chose, je termine, on va démarrer.
Recevez
mes meilleurs baisers ainsi que tous mes parents. J’ai eu des nouvelles de mon
parrain. Je répondrai sitôt arrivé.
Votre
fils »
PS :
Bonjour aux voisins et à Michet. Anniversaire de mon départ de Brive.
(*) : Le régiment part pour Verdun où la bataille vient
de commencer.
Mes chers parents
« Etant
encore au cantonnement d’où je vous ai donné de mes nouvelles hier, je viens
vous dire que je suis en très bonne santé, et espère que vous êtes tous de
même.
Je pense
que nous partons ce soir à 7h en auto, toujours même direction.
Le temps
est beau, il fait un peu froid.
Nous
sommes bien couchés, on a assez de paille et on trouve à se ravitailler, cher,
mais pendant nos tranchées, on avait fait des économies.
Je viens
de recevoir la lettre dans laquelle vous avez eu la bonté de me mettre un
billet. Je vous remercie. Je vous prie de ne pas en envoyer de quelques jours,
car j’ai environ 100F, c’est suffisant.
Hier, j’ai
eu une lettre de mon oncle Paul (Délubriac)
ainsi que de Damon.
Je ne vois
plus grand chose de nouveau ; ce que j’ai peur, c’est que peut-être vous
ne recevez pas mes lettres. Dans tous ces changements, les lettres ne partent
pas.
Toujours
en bonne santé, espère que vous êtes tous de même. Vivement la paix. Les Boches
attaquent autour de Verdun, mais reçoivent la purge.
Recevez de
votre fils qui pense à vous ses meilleurs baisers. Bonjour aux voisins et
parents. »
Mes très chers parents
« Je
crois que nous rentrons aux tranchées ce soir. Je suis toujours en bonne santé,
j’espère que vous êtes tous de même; je ne connais pas le nouveau secteur. Je
vous écrirai plus longuement demain.
Votre fils
qui vous aime et vous embrasse à tous. »
PS :
Embrassez tous mes parents pour moi. Bonjour aux voisins et Michet.
Trois jours
que je n’ai pas de lettre.
Mes chers parents
« Je
viens vous donner de mes nouvelles qui sont très bonnes. J’espère que vous êtes
tous de même. Nous ne sommes pas aux tranchées, nous faisons des travaux de
terrassement. Plus grand chose pour le moment. (*)
Recevez de
votre fils ses meilleurs baisers. »
PS Bonjour aux parents, voisins et Michet.
(*) : Il oublie de mentionner que la bataille fait rage à
quelques km du lieu où il se trouve. Le bombardement est continuel, nuits et
jours.
Mes chers parents
« C’est
étant à la tranchée depuis hier au soir que je viens vous donner de mes nouvelles,
toujours très bonnes. Le secteur est un peu mouvementé; pas mauvais de trop. (*)
J’espère
que vous êtes tous en bonne santé aussi. Le temps n’est pas mauvais.
Recevez
chers parents les meilleures amitiés de votre fils. »
(*) : Il ment sciemment. Le régiment se trouve dans le
secteur de Bras-sur-Meuse. Le JMO dit : « bombardement violent de Bras toute la journée et la nuit »
Mes chers parents
« Voilà
que ce matin, je viens de recevoir deux de vos lettres, une du 20 et l’autre du
23. Déjà 7 jours que je n’avais pas reçu de lettres, c’est long ! Enfin, je vois avec plaisir que vous êtes en
bonne santé ; ce qui m’ennuie, c’est que probablement vous ne recevez pas
les miennes, car comme je vous ai dit le corps a été déplacé et à chaque fois,
je sais qu’il y a du retard. En plus, vous avez dû voir sur les journaux que
les Boches ont attaqué une de nos places fortes, et au lieu d’aller au repos,
nous avons dû partir là.
Heureusement
que l’avance a été arrêtée. En ce moment, je me trouve dans la tranchée de
deuxième ligne, nous n’avons pas encore été en 1ère. C’est de plus en plus
calme. Les Boches ont pris la purge, c’est tout ce qu’il leur fallait.
Nous avons
un temps pas mauvais de trop.
Vous
m’annoncez un colis ; je vais probablement l’avoir ce soir.
C’est avec
plaisir que je vois que mon oncle Délubriac
(Paul) a été en permission.
Plus grand
chose. Je suis toujours en très bonne santé, et espère que vous êtes tous de
même. Recevez de votre fils qui vous aime ses meilleurs baisers. »
PS Je remercie ma future filleule de sa belle
carte.
Mes chers parents
« Ce
matin, j’ai reçu une lettre datée du 24. Je suis très heureux de vous savoir en
bonne santé à tous. Moi, la santé continue aussi à être bonne.
Je suis
toujours dans la tranchée. On n’est pas mal, nous avons un temps superbe, il
gèle un peu la nuit, mais le jour, il fait un beau soleil.
Je vois
avec plaisir que vous faites un peu d’argent. Je ne vois pas grand-chose pour
le moment. Ici, le secteur prend un peu d’accalmie.
Recevez
mes meilleurs sentiments d’amitié.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : Bonjour à tous mes parents et aux voisins.
Mes chers parents
« Je
viens vous donner de mes nouvelles toujours très bonnes. J’espère que vous êtes
tous de même.
Depuis
hier au soir, je me trouve en 2ème ligne ; nous sommes très bien, on est
dans les bois, et par cette saison, c’est très gai. Il fait un temps
merveilleux.
Vous me
demandez si j’ai besoin de quelque chose. Je vous remercie ; j’ai pour le
moment presque tout ce qui m’est nécessaire ; vous pourriez m’envoyer une
flanelle. Je désire que votre santé continue comme par
le passé.
Votre fils
qui ne cesse de penser à vous. »
PS Bonjour aux parents et voisins.
Mes chers parents
« Quelques
nouvelles toujours très bonnes, espère que vous êtes de même. Je suis toujours dans
la tranchée. Ce matin, il tombe un peu de brouillard, mais in fait pas froid de
trop.
Les Boches
se calment un peu, mais nous bombardent toujours, sans résultat car nous avons
de très bons abris.
J’ai eu
une carte de mon oncle Délubriac,
il me dit qu’il a été à Manzac, mais ne vous a pas vus.
Je viens
en ce moment de manger un morceau du pâté que j’ai reçu ; il est très bon.
Voilà le
mardi-gras qui arrive ; combien se passent de journées où nous serions
heureux ensemble ; et nous devons les passer bien loin les uns des autres.
Enfin, ce qui est le principal, c’est de se savoir en bonne santé à tous ;
espérons qu’un jour viendra où nous pourrons nous voir réunis de nouveau pour
une vie meilleure. Pas grand-chose à vous dire. Je vous désire une bonne santé
à tous.
Votre fils
qui vous aime et vous embrasse. »
Mes très chers parents
« Je réponds
à votre belle carte que j’ai reçue hier au soir, m’apportant toujours de bonnes
nouvelles ; et dans laquelle j’ai trouvé un billet de 5F. Je vous
remercie. En ce moment, nous ne pouvons-nous en servir beaucoup. On ne trouve
rien à acheter. Tous les civils sont partis. La ville de V. (*) est complètement déserte. Je suis dans la
tranchée de réserve ; le secteur est très mouvementé.
Aujourd’hui,
Dimanche gras, le temps est superbe ; ce matin, j’ai encore mangé un
morceau du bon pâté reçu de vous. J’aurais bien préféré que l’on puisse le
partager ensemble. Enfin, c’est la guerre, il ne faut pas se faire des ennuis
qui ne servent à rien. J’ai toujours une bonne confiance de revenir bientôt
vous retrouver à tous.
Je termine
en vous désirant une bonne santé à tous. Recevez de celui qui vous aime ses
meilleurs baisers. »
Votre fils
PS Prions
toujours dieu, et ayons confiance, c’est le seul moyen d’être protégé.
Je dois
vous avoir dit que j’avais suffisamment d’argent ? En ce moment, ce qui
ferait besoin ? Ce serait quelque petit colis (à manger), soient des
conserves ou ce que vous voudrez. Si je vous dis ça, ce n’est pas que l’on
meure de faim.
Bonjour
aux parents et voisins.
(*) : Vacherauville ?
Mes chers parents
« Je
réponds à votre lettre du 28 que j’ai reçu hier avec plaisir en apprenant que
vous êtes tous en bonne santé. Moi, ça va très bien aussi, toujours dans la
tranchée de 2ème ligne. Nous ne sommes pas trop mal, depuis hier, il fait
froid ; mais les Boches sont plus calmes qu’hier. Je crois qu’ils ne
dorment pas toujours tranquilles car on leur envoie quelque chose comme obus.
C’est avec
plaisir que je viens d’apprendre que mon filleul va recevoir le sacrement de
confirmation. Si ça avait bien marché, j’aurais pu être là ; mais depuis le 20
février, les permissions sont arrêtées
pour notre régiment.
Enfin,
malgré ça, je penserai à vous tous ; J’espère que de votre côté, je ne
serai pas oublié.
Plus grand
chose. Je désire à tous une bonne santé.
Votre fils
qui vous aime. »
PS :
Bonsoir aux parents et voisins.
Mes chers parents
« Voilà
2 jours que je n’ai pas de vos nouvelles. J’espère que vous êtes tous comme moi
en santé bonne. Probablement que les correspondances sont arrêtées encore une
fois. Pourtant, ici, il n’y a rien de nouveau ; toujours ce bruit du canon
du matin au soir. Je suis dans la tranchée de réserve pour encore 4 ou 5 jours
et on parle de nous envoyer en arrière pour une quinzaine de jours, à moins que
les Boches ne recommencent. Nous ne sommes pas mal, il fait un peu froid, mais
on a de bons abris souterrains. Et étant à proximité d’un village abandonné et
démoli par les obus, on a apporté tous les matelas ; je couche sur un.
Si vous
m’envoyez un colis, mettez s’il vous plaît du papier à lettre, car je n’en ai
plus, et si vous trouvez, de l’alcool solidifié.
Plus grand
chose. Recevez de votre fils ses meilleurs baisers. »
PS : Bonjour à mes parents et voisins.
Mes chers parents
« C’est
étant toujours en santé parfaite que je vous écris. J’espère que vous êtes tous
de même. Hier, je n’ai pas eu de lettre. J’ai envoyé une carte sur laquelle je
vous ai dit que j’avais reçu la lettre recommandée avec les deux billets.
Quand vous
pourrez, envoyez un caleçon dans un colis, c’est tout ce qu’il me faut en ce
moment comme effets.
Je suis
toujours dans la tranchée, nous n’avons pas encore été en 1ère ligne (ma
compagnie); je pense que nous allons être relevés pour quelques jours; mais à
présent, je ne crois plus à rien, car la fois dernière, ça a été loin d’être du
repos.
Plus grand
chose, je termine en vous désirant une bonne santé à tous.
Recevez de
votre fils ses meilleures amitiés. »
PS :
Bonjour aux parents et voisins.
Mes chers parents
« C’est
avec plaisir que je viens de recevoir votre lettre me donnant de vos bonnes
nouvelles ; moi aussi, je suis en santé parfaite. En ce moment, je suis
dans la tranchée, en réserve ; le secteur est toujours mouvementé.
Dans la
lettre, j’ai trouvé les deux billets ; merci. Plus grand chose. Je vous désire une bonne
santé à tous.
Recevez
ainsi que tous mes parents, mes meilleures amitiés.
Votre
fils. »
PS :
Bonjour aux voisins.
Mes chers parents
« Je
réponds à votre aimable lettre datée du 4 que j’ai reçue hier au soir. Vous me
dites que vous avez reçu de mes nouvelles du 27. Je vois que ça a beaucoup de
retard, enfin si ça continue. Je vous ai donné un mot chaque jour.
Toujours au
même endroit. Aujourd’hui, il fait un beau temps, hier, on avait de la neige,
mais tout est fondu.
Hier au
soir, les Boches ont voulu sortir de leurs tranchées, mais malheureusement pour
eux que nos mitrailleurs ne dormaient pas. Ils ont dû se replier dans leurs
trous en laissant grand nombre de cadavres.
Aujourd’hui,
c’est assez calme. Je vois chaque jour le petit COLINET de Jaures.
Il va bien.
Je vous
remercie de la belle gravure sainte que j’ai reçue hier, je la conserverai
précieusement, ayant confiance en la sainte famille qui m’a préservé jusqu’à ce
jour.
Toujours
en santé parfaite, j’espère que vous êtes de même.
Recevez de
votre fils qui pense à vous ses meilleurs baisers. »
PS :
Bonjour aux parents et voisins. Je dois vous avoir dit déjà que j’avais reçu le
colis en très bon état ; et si vous pouvez, envoyez-en quelques-uns
jusqu’au jour où nous serons sortis d’ici. Mettez ce que vous voudrez, des
sardines ou du pâté.
Vivement la
paix !
Mes chers parents
« C’est
avec plaisir qu’hier au soir, j’ai eu 2 cartes et une lettre datées des 5-6 et
_. J’ai pu voir que vous restez toujours en bonne santé. Pendant que ça durera
ainsi, nous ne serons pas malheureux de trop.
Moi, la
santé continue aussi à être bonne ; toujours au même endroit, le temps n’est
pas mauvais, aujourd’hui, on a un beau soleil de printemps.
Vous
m’annoncez un colis qui me fait plaisir. Je vais probablement l’avoir demain.
……………… que je vous ai demandé…………………… il ne faut pas croire que ………………… meurt
de faim…………………………………ordinaire. Mais comme on était habitué à acheter pour
améliorer, on trouve un peu de changement. Si ma lettre est arrivée, quand vous
aurez à en envoyer, mettez un savon pour me débarbouiller.
Plus grand
chose, j’espère que vous resterez comme moi en bonne santé.
Recevez de
celui qui vous aime ses meilleurs baisers ainsi que tous mes parents.
Votre
fils. »
PS :
Bonjour aux voisins.
J. Verdun
Mes bien chers parents
« C’est
étant en santé bonne que je vous écris. J’espère que vous êtes tous de même.
Toujours
dans la tranchée, le secteur toujours le même, mouvementé. Nous avons un temps
merveilleux.
Plus grand
chose. Je termine en vous désirant toujours en santé parfaite. Recevez de votre
fils ses meilleurs baisers.
PS Bonjour aux parents et voisins. »
Mes chers parents
« Je
réponds à votre lettre du 9 que j’ai eue hier avec plaisir. Je suis heureux de
vous savoir à tous en très bonne santé. Mais je vois que malheureusement mes
nouvelles n’arrivent pas vite ; pourtant depuis 15 jours, j’ai donné un
mot chaque jour. Enfin, je suis toujours en parfaite santé.
Nous
sommes toujours dans la tranchée, mais ma compagnie n’a pas été encore en 1ère
ligne. On parle d’une relève dans les 3 ou 4 jours.
Le temps
est merveilleux et les Boches toujours turbulents.
C’est avec
plaisir que ce matin, j’ai eu à manger le bon poulet envoyé par vous ;
nous avons fait un bon repas ; mais ces jours-ci, nous ne sommes pas
malheureux de trop; au village voisin, nous avons trouvé beaucoup de pommes de
terre et de la graisse; Alors chaque jour, on fait des frites pour améliorer
l’ordinaire. Ensuite, le commandant de compagnie en fait prendra avec
lesquelles on fait du bon rata, bien meilleur que le riz.
Je suis très
content de voir que mon filleul prend mon père comme parrain. Je penserai à
vous et j’espère ne pas être oublié. Recevez chers parents de votre fils qui
vous aime ses meilleurs baisers. »
Mes chers parents
« Un
moment de plaisir à vous donner de mes nouvelles qui sont très bonnes. J’espère
que ma carte vous trouvera de même à tous.
Toujours
dans la tranchée, le temps est superbe.
Recevez
chers parents les meilleures amitiés d’un fils qui pense à vous. »
PS :
Bonjour aux parents et voisins
Mes chers parents
« Je
réponds à la correspondance que j’ai eue hier au soir me donnant de vos bonnes
nouvelles. J’ai trouvé une belle carte pour l’anniversaire de mes 25 ans qui
m’a fait beaucoup plaisir ; mais je vois que ce sera une fête triste en
étant si éloignés les uns des autres. Il faut espérer comme vous dites que la
majeure partie de la vingt-sixième se passera, étant ensemble.
En ce
moment, je suis encore dans la tranchée, toujours en réserve. La santé est
bonne, le temps est superbe ; mais ces Boches toujours tracassiers malgré
qu’ils se sont bien calmés.
J’ai vu
que vous m’avez envoyé un colis. Je vais probablement l’avoir ce soir. A
présent, ça commence à aller mieux, on est bien ravitaillés.
J’ai toujours
mon imperméable. J’ai assez de bas ; ce que je vous demanderais, ce serait
une chemise, ainsi que le caleçon demandé déjà.
Plus grand
chose, je termine en vous désirant toujours une santé parfaite.
Votre fils
qui pense à vous et vous embrasse. »
PS :
Bonjour à tous mes parents et voisins.
C’est les
lettres du 9 et 10 que j’ai eues hier.
Mes chers parents
« C’est
avec plaisir que je viens vous donner de mes nouvelles, toujours très
bonnes ; hier, j’ai eu des vôtres, une lettre datée du 15, ainsi que les
deux colis où j’ai trouvé beaucoup de bonnes choses. Je vous remercie. J’ai eu
en même temps une lettre de ma tante Louise m’annonçant aussi un colis. Je
crois que vous allez me nourrir.
En ce
moment, que nous sommes relevés, nous trouvons à nous ravitailler ; alors
n’insistez pas sur les colis. (*)
J’ai été
bien content de voir que mes lettres vous parviennent. Si toutes arrivent, vous
devez en avoir une chaque jour depuis le 27 février ; car à partir de
cette date, je crois vous avoir donné de mes nouvelles chaque jour. Cette
fois-ci, vous allez en recevoir deux de la même date, hier dimanche, je croyais
être le 20.
Comme je
n’avais pu assister à la messe, et ce matin ayant une messe pour nos morts du
bataillon, j’ai été faire mon devoir, d’abord pour eux, et en l’honneur de la
fête St Joseph. Pas besoin de vous dire que j’ai pensé à ma famille, ces idées
ne s’effacent pas un instant. Vous devez me connaître ; si parfois, j’ai
eu l’air froid de caractère, je n’en ai pas moins d’amour pour vous tous, Mes
chers parents, que je respecterai toute ma vie.
Je ne vois
pas grand-chose. Ici, nous sommes très bien. Je suis couché dans un hôpital
civil transformé en caserne. J’ai un bon lit; le temps est superbe. Si nous
pouvons rester là quelques jours, nous allons engraisser ! ! !
Je termine
en vous désirant une santé parfaite ; comme je suis en ce moment.
Recevez de
votre fils ses meilleurs baisers. »
PS :
Je n’ai pas besoin de bas. Je dois déjà vous avoir demandé une chemise, caleçon
et flanelle qui ne pressent pas beaucoup non plus.
Bonjour à
mes parents et voisins.
(*) : Le régiment cantonne à Belleville-sur-Meuse.
Mes chers parents
« Je
réponds à votre carte du 16 laquelle m’annonce de vos bonnes nouvelles ;
moi aussi, suis en bonne santé ; nous avons un temps superbe.
Hier, j’ai
encore eu un paquet venant de chez ma tante Louise ; je crois que je ne
vais mourir de faim.
Pas
grand-chose de nouveau, nous sommes toujours bien tranquilles ; pour le
moment, on n’a rien à faire. J’espère que ça va durer quelques jours.
Je désire
à tous une santé parfaite, attendant de voir la paix ; recevez de votre
fils ses meilleures amitiés. »
Mes chers parents
« C’est
en réponse à vos deux lettres reçues hier, que je viens auprès de vous, au
moyen toujours de ce papier qui rend en ce moment de grands services ;
elles étaient datées une du 16 et l’autre du 17, et c’est avec plaisir que j’ai
vu que vous êtes toujours en santé parfaite.
Moi la
santé continue à être bonne et superbe ; ce soir, nous commençons à aller
faire des travaux ; on a eu 3 journées de bon repos; ce ne sera pas dur:
6h de travail de nuit.
Hier, j’ai
vu la liste des prisonniers, tués et blessés ; alors j’ai vu comme vous me
l’annoncez, que le cousin à Auzan est prisonnier. Je
le connaissais et lui avais causé de son cousin ; il était à la 9ème
compagnie. Ici, je crois que les Boches vont renoncer à leur entreprise.
Vous
m’annoncez un paquet qui arrivera probablement ce soir. Merci.
Je ne vois
pas grand-chose. Je désire que vous restiez tous en santé parfaite.
Recevez de
votre fils qui pense à vous ses meilleurs sentiments d’amitié. »
PS :
Bonjour à mes parents et voisins.
Encore une
fois rescapé ! J’espère que dieu continuera à protéger notre famille.
Mes chers parents
« Un
moment de plaisir à vous donner de mes nouvelles qui sont toujours bonnes.
Toujours au repos ; hier au soir, on a été travailler,
de 6h à minuit. Sur les quatre compagnies du bataillon, 2 y vont pendant 3
jours de suite, et les autres nous remplacerons ensuite pour trois jours. Le
temps n’est pas mauvais de trop. Hier ça a été orageux, nous avons entendu le
tonnerre pour la 1ère fois.
J’espère
que vous êtes toujours tous en très bonne santé.
Pas
grand-chose. Je termine avec l’espoir que bientôt cette vie se terminera et que
nous pourrons vivre ensemble et heureux, ce qu’on attend depuis si longtemps.
Votre fils
qui vous embrasse. »
Mes chers parents
« Je
viens faire réponse à la lettre reçue hier au soir et datée du 18 m’annonçant
toujours votre bonne santé ; j’ai reçu aussi le paquet envoyé de St
Astier. Je vous remercie.
Moi, la
santé continue à être bonne ; ici, il pleut un peu, mais le temps n’est
pas mauvais de trop; toujours au repos. Je vois que vous commencez les travaux
du printemps auxquels je voudrais bien pouvoir prendre part. Enfin, espérons
que je serai là pour ramasser ce que vous pourrez semer. Je suis très content
que vous ayez un bon travailleur pour vous soulager un peu.
Pas
grand-chose de nouveau. Je désire de grand cœur que votre santé continue à être
bonne.
Votre fils
qui pense à vous et vous embrasse. »
PS :
Bonjour à mes parents et voisins.
Mes chers parents
« Je
réponds à votre lettre du 20 que j’ai eue hier au soir avec plaisir en voyant
que vous êtes toujours en bonne santé. Moi aussi, je vais bien, toujours au
repos ; demain, nous aurons une messe à 9h où je pourrai assister. Malgré
qu’il tombe toujours des obus dans la ville où nous sommes, on a un bon repos
car on est très bien couchés ; ce qui est beaucoup; depuis très longtemps,
je ne m’étais pas déshabillé pour dormir. Plus grand chose. Je désire que vous
soyez toujours en bonne santé.
Je vous
embrasse. »
PS :
Hier, j’ai eu le colis avec les gésiers et l’enchaud.
Merci.
Sitôt que
vous connaîtrez le sort de ce brave (Jean) MASSOUBRO, donnez-moi des renseignements ; d’après ce que je sais,
je crains fort que ce soit grave. Je le regrette beaucoup. (*)
(*) : Jean MASSOUBRO mourra de ses blessures le 17 mars
1916 à Minaucourt (Marne), il était adjudant depuis
janvier 1916. Voir
sa fiche.
Mes chers parents
« C’est
étant toujours en santé parfaite que je vous écris; j’espère que ma présente
carte vous trouvera de même à tous. Hier, j’ai eu deux des vôtres avec plaisir,
une du 22 et l’autre du 23. J’ai eu aussi un bon paquet dans lequel j’ai trouvé
beaucoup de bonnes choses. Je ne sais si je vous ai dit que j’avais reçu ma
chemise et flanelle dans lequel paquet j’ai eu une bonne pomme et orange qui
m’ont fait beaucoup plaisir.
En ce
moment, je suis toujours en repos ; ne forcez pas trop pour les colis car
on trouve un peu à acheter.
Plus grand
chose. Je désire que santé continue comme par le passé
avec espoir que bientôt nous nous retrouverons tous avec une bonne paix.
Recevez de
votre fils qui ne cesse de penser à vous tous ses meilleures amitiés.
Je vous
embrasse. »
PS :
Bonjour à tous mes parents et voisins.
Je suis
depuis le repos cantonné avec COLINET de Jaures. Il
est pionnier et se trouve en ce moment en subsistance à la compagnie.
Mes chers parents
« C’est
étant toujours en santé parfaite que je vous écris ; j’espère que vous
êtes tous de même. Ici, le temps est variable. Hier, il pleuvait un peu, et ce matin,
il fait beau mais froid un peu. Nous sommes encore au repos, c’est à dire en
réserve car autour du cantonnement toujours quelques obus, mais on est bien. Je
ne sais si nous allons revenir à la tranchée. En tout cas, je ne pense pas que
nous resterons encore longtemps là………………………..au plus….. le
reste de la semaine ; déjà 11 jours qu’on est bien.
Hier, je
n’ai pas eu de lettre de vous. Elles arrivent presque toujours deux à la fois.
Plus grand
chose. Je désire que votre santé continue à être
bonne.
Recevez Mes
chers parents les bons baisers de votre fils. »
PS Bonjour à tous mes parents et voisins.
Mes chers parents
« Je
réponds à la lettre que j’ai reçue hier au soir venant de vous et datée du 24,
laquelle m’a donné de vos bonnes nouvelles. Moi, la santé est toujours bonne
aussi.
Toujours
au repos, nous avons un temps merveilleux ce matin, il y avait un peu de gelée.
Aujourd’hui, on a un magnifique soleil.
Je vois
sur votre lettre que vous me dites de me soigner si je trouve l’occasion. Ici,
on trouve presque ce que nous voulons et pas cher de trop ; car les civils
étant partis, l’armée a réquisitionné dans les magasins et livre à bon marché ;
par exemple, on trouve du vin de Bourgogne à 2F; on a du très bon vin ordinaire
à 0,50F le litre.
Je me
demande quand cette vie va se terminer. Si on avait le bonheur comme vous dites
que ça finisse dans 2 mois, ce serait vite passé.
Je termine
en vous désirant toujours une santé pareille. Votre fils qui vous
embrasse. »
PS :
Bonjour aux voisins et parents.
Mes chers parents
« C’est
avec plaisir que je prends un moment à venir répondre à l’aimable lettre reçue
hier de vous, et vous donner de mes nouvelles toujours bonnes. J’espère que
vous êtes tous ainsi.
Ici, il
fait un temps superbe, même trop chaud.
Je pense
que nous allons bientôt quitter ce secteur, et sans regret. On sera partis au
moins dans 3 ou 4 jours; à moins d’ordre nouveau.
Depuis que
nous sommes au cantonnement, jamais nous n’avions été si bien ; mais ce
qui est gênant, c’est que la ville est bombardée ; aujourd’hui, ils ont
encore incendié une caserne.
Je ne peux
vous donner des nouvelles de PLAZANET, son régiment est dans la même ville et
relevé en même temps que le nôtre ; mais on ne se voit pas.
Recevez de
votre fils ses meilleurs sentiments d’amitié. »
Mes chers parents
« Je
réponds à deux de vos lettres reçues hier au soir avec plaisir. Très heureux de
vous savoir à tous en très bonne santé. Moi, ça va aussi. Je suis encore au
cantonnement. Je ne sais quand nous allons embarquer. En tout cas, nous sommes
bien, et à 60km du front. Le temps n’est pas mauvais, on trouve du
ravitaillement. Très heureux de savoir que mon parrain va mieux.
Je n’ai
pas besoin d’alcool à brûler. Je ne demande en ce moment que ma montre ;
si elle n’est pas partie et que vous trouviez un boîtier, achetez-le.
Plus grand
chose. Je crois que nous reviendrons dans notre ancien secteur. J’en serais
très heureux ; mais sous toutes réserves.
Je désire
que vous soyez toujours en santé bonne.
Votre fils
qui vous embrasse à tous. »
PS :
Bonjour à tous mes parents et voisins.
Mes chers parents
« Nous
arrivons de l’exercice, il est 10h; en attendant la soupe qui est à 11h, je
viens vous donner de mes nouvelles qui sont toujours bonnes et espère que vous
êtes de même. Je ne sais quand nous partirons d’ici. Nous y sommes très bien;
on fait un peu d’exercice pour se distraire. La carte que je vous ai envoyée
représente des tombes de soldats tombés pendant la bataille de la Marne. Vous
voyez si c’est bien tenu. On en voit un peu partout dans les champs. Hier, j’ai
été les visiter.
Ce matin,
j’ai assisté à la messe de 7h dite en l’honneur des camarades restés à Verdun.
Je ne vois
plus grand chose. J’espère que vous êtes toujours tous en santé parfaite.
Votre fils
qui vous embrasse. Je me trouve tout près de l’endroit où j’ai été
blessé. »
Mes chers parents (*)
« C’est
avec beaucoup de plaisir qu’hier au soir j’ai eu 2 de vos lettres datées, une
du 4 et l’autre du 5. C’est des biens doux moments que lorsque je vois arriver
vos lettres et puis lire de vos bonnes nouvelles. J’ai eu aussi le bon paquet.
Ce matin, j’ai mangé du cou d’oie : il est excellent. Tout y était ;
pommes, noix et savon.
Nous
sommes encore au même endroit.
Hier, j’ai
vu Henri Lacoste. Il est toujours
en bonne santé. Il m’a donné des nouvelles de PLAZANET que je n’ai pu encore
voir. Il m’a dit qu’il est en très bonne santé.
Je ne vois
plus grand chose. Nous avons un temps superbe. Je désire
que votre santé continue comme par le passé.
Votre fils
qui ne cesse de penser à vous et vous embrasse à tous. »
PS :
Bonjour à mes parents et voisins. Je suis très content de savoir mon oncle en
permission.
(*) : Le régiment se trouve dans le secteur de Blesmes (02).
Mes chers parents
« Je
viens vous donner de mes nouvelles toujours à peu près bonnes. Nous sommes
partis hier matin 7h du village où…………… nous sommes venus………..presque en face
de notre ancien secteur; en débarquant…………… marche de 15km pour arriver à notre
cantonnement où on était très bien. (*)
J’ai couché
dans un lit avec un camarade. Nous sommes partis ce matin à midi, on fait 10km
pour un nouveau cantonnement où nous devons arriver à 4h. Je pense que nous
allons rester là une dizaine de jours. Nous sommes bien cantonnés; ………….reste
que nous aurons ………chance de revenir dans notre …… secteur où nous sommes …… 2
mois de l’année dernière……………. Parents, vous pouvez m’envoyer ma montre quand
vous voudrez. Pour l’adresse, c’est toujours le même, elle ne peut changer que
si on sortait le régiment de la division, ce qui est rare ; qu’on soit à
l’est ou à l’ouest, ça ne change rien.
Dumas,
lequel vous me demandez des nouvelles est toujours là et en bonne santé.
Bordas de Coursac
m’a dit qu’il avait vu Bordas le
cordonnier ; il est cycliste avec………
Je ne vois
pas grand-chose. J’ai appris par Dumas la mort de son voisin, le neveu de la
femme à l’adjoint …… qui était dragon.
Plus grand
chose. Je désire que vous soyez toujours en bonne santé comme par le passé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS :
Bonjour à mes parents et aux voisins.
(*) : Le régiment se trouve dans le secteur de Cierges
(02).
« Quelques
nouvelles toujours très bonnes ; j’espère que votre santé est la même que
la mienne.
Je pense
que nous sommes ici pour 10 jours ; on est à une trentaine de kilomètres
du front. Aujourd’hui, le temps n’est pas mauvais. J’ai trouvé un lit pour
coucher avec mon camarade. Je termine en vous embrassant de tout cœur.
Votre
fils. »
PS :
J’oubliais de vous dire que les permissions recommencent demain.
Mes chers parents
« J’ai
reçu une lettre du 11 m’annonçant que vous n’avez pas eu de mes nouvelles
depuis le 7. Je suis surpris, enfin, j’espère qu’à l’heure actuelle vous aurez
eu de mes lettres. J’ai pourtant écrit chaque jour. Dites-moi si c’est la
lettre timbrée que vous avez eue le 7.
Toujours
au repos ; le temps est superbe. Je vois que chez vous, ce n’est pas la
même chose. Vous devez vous ennuyer pour faire votre travail.
Je désire
que votre santé soit la même que la mienne. Votre fils qui vous aime. »
Mes chers parents
« C’est
avec plaisir que ce soir j’ai eu votre lettre du 12 m’annonçant que vous avez
eu mes lettres et c’est avec joie que je vois que vous êtes toujours en bonne
santé. Moi, c’est toujours de même; on est toujours au repos. Le temps n’est
pas mauvais de trop mais il tombe quelques averses.
Très
content que vous m’ayez envoyé ma montre, car je trouve que c’est ennuyeux.
Je
termine, il est 5h. Je vais aller à confesse car demain c’est les Rameaux et de
peur d’être partis dimanche, nous allons faire nos Pâques.
Je n’ai
besoin de rien.
Attendant
toujours la paix, recevez de votre fils ses meilleures amitiés. »
PS :
Bonjour aux voisins et parents.
Mes chers parents
« Aujourd’hui
jour des Rameaux. Je viens vous donner de mes nouvelles toujours bonnes. En ce
beau jour, ce matin, j’ai été faire mes Pâques. Je me suis uni à vous par la
pensée. En ce moment, il est 3h de l’après-midi. Je suis de garde au poste de
police depuis midi pour une durée de vingt-quatre heures.
Ce matin,
j’ai reçu ma montre, elle marche très bien. J’ai mangé un pigeon avec mon
camarade. Il est très bon. Je vous remercie.
Ici, le
temps est beau ; il ne tombe plus d’eau. Pas grand-chose. Aujourd’hui, je
n’ai pas eu de lettre de vous.
J’espère
que vous êtes tous comme moi en santé parfaite.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS :
Bonjour à mes parents et aux voisins.
Mes chers parents
« Je
viens vous donner quelques nouvelles, toujours très bonnes. Aujourd’hui, il
fait très chaud, le temps est un peu orageux.
Nous
sommes toujours en 2ème ligne, dans un bois. On est bien ; on travaille 4
heures par jour pour ne pas s’ennuyer.
Je suis
très content de la belle carte. Avez-vous été à Périgueux ?
Je termine
en vous désirant une bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS :
Bonjour à mes parents et voisins.
Mes chers parents
« Quelques
nouvelles toujours bonnes. J’espère que vous êtes tous de même. Nous avons
toujours un beau temps. Ces jours-ci, nous sommes tranquilles.
Je suis
content que vous dites que vous pouvez faire vos
travaux. Hier, j’ai eu des nouvelles de mon oncle BOULENZOU ainsi que de Paul (Délubriac). Ils vont très bien tous les
deux.
Plus grand
chose. Je désire que votre santé continue comme par le
passé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS :
Bonjour à mes parents et voisins.
Mes chers parents
« Hier
au soir, j’ai reçu votre lettre du 1er mai, bien content de vous savoir
toujours en bonne santé. Moi, la santé continue à être bonne aussi.
Toujours
en réserve, nous avons un temps superbe. Aujourd’hui 7h du matin, on a eu la
messe pour la compagnie.
En ce
moment, je n’ai besoin de rien. J’attends toujours de pouvoir partir en
permission, mais je ne partirai certainement pas d’une vingtaine de jours, et
peut-être à ce moment seront-elles arrêtées de nouveau.
Enfin, il
faut espérer que bientôt ce sera la paix.
Votre fils
qui ne cesse de penser à vous tous.
Je vous embrasse. »
Mes chers parents
« Hier
au soir, j’ai eu la lettre du 2, qui a été faite à Genebriéras.
Je suis très heureux de vous voir en bonne santé à tous.
Moi aussi,
ça va toujours. Ce matin dimanche, nous avons eu repos. J’ai assisté à la messe
de 9h 30.
Hier, il y
a eu un peu de pluie qui a fait du bien. Aujourd’hui, il fait beau temps.
Quand vous
m’enverrez ma flanelle, mettez une paire d’espadrilles (pointure 42).
Plus grand
chose. Je vous désire une bonne santé à tous.
Votre fils
qui ne cesse de penser à vous. »
PS :
Bonjour à tous mes parents et voisins.
Mes chers parents
« Hier,
j’ai eu le plaisir de recevoir une lettre et une carte me donnant de vos bonnes
nouvelles. J’ai eu aussi le colis avec ma flanelle. Tout était en très bon état
et très bon. Étant venu en 1ère ligne l’après-midi, nous y avons fait un bien bon
repas, grâce aux bons soins que vous avez pour moi.
Ces
jours-ci, il fait quelques orages ; mais il ne fait pas trop mauvais. Le
secteur est toujours bien calme. En ce moment, je suis de service et comme
bureau, j’ai mes genoux. Hier, j’ai envoyé mon gilet et mes gants.
Plus grand
chose, je désire que votre santé soit la même que la mienne ; malgré que
pendant 4 ou 5 jours, j’aie un peu souffert des dents. J’ai eu une fluxion qui
hier s’est percée et m’a bien soulagé. C’est la 1ère fois depuis la guerre. Je
n’ai pas à me plaindre. Je souffrais beaucoup plus avant le régiment. Je
termine avec cet espoir de bientôt voir cette paix. Votre fils qui vous aime et
vous embrasse. »
Mes chers parents
« Suis
toujours en bonne santé et espère que vous êtes tous de même.
Hier, j’ai
eu le plaisir de recevoir le colis de chez mon parrain ; tout était en bon
état. Ici rien de nouveau, tout est calme et le temps est merveilleux.
Recevez
Mes chers parents les meilleures amitiés de votre fils. »
Mes bien chers parents
« C’est
avec plaisir qu’hier j’ai eu 2 de vos lettres avec des bonnes nouvelles. Moi
aussi, la santé est toujours bien. Vous me dites que là-bas, vous avez un beau
temps et que vous pouvez faire vos travaux. Tant mieux, nous aussi, nous avons
un temps merveilleux.
Avant-hier,
j’ai eu le colis de chez mon parrain. Les boudins étaient très bons ainsi que
l’enchaud.
Je ne vois
pas grand-chose à vous dire. Ici, tout est calme. Je ne désire que votre santé
continue comme par le passé.
Recevez de
votre fils ses meilleures amitiés. »
PS :
Bonjour aux parents et voisins.
Mes chers parents
« C’est
étant toujours en bonne santé que je vous écris. J’espère que vous êtes tous de
même.
Ici, tout
est calme ; il fait un bien beau temps.
Plus grand
chose, je désire à tous une bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS : Bonjour à tous mes parents et voisins.
Mes chers parents
« C’est
avec plaisir qu’hier j’ai eu de vos bonnes nouvelles. Moi aussi, la santé est
très bonne.
Je suis
très heureux de savoir que vous avez un beau temps. Ici, c’est même chose, il
fait chaud, mais les nuits sont froides, il fait un beau clair de lune.
Aujourd’hui, il tombe une pluie fine, qui assurément est favorable aux
récoltes.
Depuis
hier au soir, nous sommes en réserve. Car dans ce secteur, sur les huit jours
de 1ère ligne, on n’en fait que quatre de garde, deux sections seulement à la
fois. Nous sommes à 150m de la ligne. Après, on va huit jours dans le bois en
2ème ligne.
C’est un
secteur très calme, mais qui pendant les quatre jours de 1ère ligne demande une
surveillance bonne à cause du terrain qui est très accidenté ; mais on n’y
revient que tous les 32 jours.
Je vous remercie
du billet que j’ai reçu hier et n’ose plus vous dire que j’en ai suffisamment,
car c’est rien à faire, vous m’en envoyez toujours. Enfin, cet argent ne sera
pas perdu, mais quelquefois, vous me faites dépenser quelques pièces dont
certainement je pourrais me passer.
Je ne vois
plus grand chose. Je ne désire que votre santé continue comme par le passé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS Bonjour
aux voisins.
Mes chers parents
« Je
vais vous donner de mes nouvelles toujours très bonnes. Je pense que les vôtres
aussi sont de même. Hier, j’ai eu le plaisir de recevoir le colis avec mes
chaussons qui vont très bien. Vous avez bien fait d’envoyer du 43.
Nous avons
mangé le quartier d’oie qui est excellent. Nous sommes trois; on en a mangé
deux fois, hier au soir et ce matin. (*)
Aujourd’hui,
il pleut, mais comme je suis en 2ème ligne, je n’ai rien à faire. On lit ou on joue
aux cartes pour passer le temps qui est bien long.
Je ne vois
plus grand chose. Je désire que votre santé soit la même que la mienne qui est
très bonne.
Pour ma
permission, je me vois encore retardé, car vient d’arriver un sergent à la
compagnie, venant des mitrailleurs ; étant parti l’année dernière au 15
août, donc il va partir encore avant moi. Je ne compte pas avant la fin du
mois, et encore, je serais bien content.
Recevez de
votre fils qui ne cesse de penser à vous ses meilleures amitiés. »
PS Bonjour
à mes parents en voisins.
(*) : N’oublions pas qu’il est sous-officier, donc les
repas sont certainement plus « copieux » que les simples soldats…
Mes chers parents
« J’ai
reçu hier votre lettre du 12. Merci. Heureux de vous savoir toujours en bonne
santé ; moi, suis de même.
Ici, rien
de nouveau. Le temps aujourd’hui est très beau.
Recevez
d’un fils qui vous aime ses meilleurs baisers. »
PS :
Bonjour à mes parents et voisins.
Mes bien chers parents
« Je
réponds à votre lettre du 13 qui m’a fait grand plaisir en apprenant que vous
êtes toujours tous en bonne santé, et aussi que vous êtes en avant pour vos
travaux. Vous devez avoir beaucoup à faire ?
Je vois
que le jour de la foire vous avez fait un peu de commerce. Il ne devait pas y
avoir beaucoup de gens.
Nous
sommes toujours dans la tranchée ; il fait un bien beau temps.
Ici, rien
de nouveau. Tout est calme. Pas grand-chose qui puisse vous intéresser.
Recevez de
votre fils ses meilleurs sentiments d’amitié. »
PS :
Bonjour aux parents et voisins.
Je n’ai
besoin de rien. J’ai des bas en coton pour l’été que j’ai touchés à l’armée. Si
je pars en permission, je rapporterai ceux que j’ai en laine.
Mes chers parents
« Hier
au soir, j’ai reçu deux de vos lettres, une de dimanche et l’autre de lundi.
Très heureux de vous savoir toujours en parfaite santé, ainsi que tous mes
parents. Vous me dites que mon oncle Paul (Délubriac)
va venir à la fin du mois. Pour moi, je ne compte pas à présent venir avant
juin. Si à ce moment, ce n’est pas encore une fois supprimé.
Enfin, ne
vous faites pas du mauvais sang pour ça ; du moment que nous sommes tous
en bonne santé, ça va bien. Il faut espérer que puisque les vignes sont belles,
je serais là pour faire le vin et vous aider à le boire.
Je vois
que là-bas vous avez eu de la pluie ; ici aussi. Mais en ce moment, il
fait un bien beau temps. Nous sommes relevés ce soir, après 11 jours de 1ère
ligne, 3 jours de rabiot. Les compagnies qui devaient nous relever sont parties
à une prise d’armes pour décoration de généraux. Je préfère la 1ère ligne que
ça.
Tant mieux
que l’opération de Justin Chaminade
ait réussi. (*)
Je n’ai
pas reçu le colis annoncé, probablement ce soir. Plus grand chose, ici tout est
calme. Je vous désire une bonne santé comme la mienne.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS :
Bonjour aux parents et voisins.
(*) : Justin CHAMINADE, est né en 1894 aussi à
Manzac. Soldat au 126e régiment d’infanterie au début de la guerre, déjà blessé
en septembre 1914, il est blessé une seconde fois, plus sérieusement, le 5 mars
1915 à la fesse gauche par éclat d’obus au fortin de Beauséjour (Marne).
Rétabli, il passe alors au 81e régiment d’infanterie.
Puis au 176ème régiment d’infanterie, avec lequel il partira en Orient.
Mes bien chers parents
« C’est
avec plaisir qu’hier j’ai eu votre lettre du 16 faite à Genebriéras.
Je suis très heureux de vous savoir en bonne santé à tous. Moi aussi, ça va
toujours.
Depuis
hier au soir minuit, nous sommes relevés des tranchées. Nous avons passé le
reste de la nuit et la journée dans un bois, et ce soir, nous allons dans un
village à 8km de la ligne pour huit jours de repos. Contrairement à ce que je
vous avais dit, on vient de resserrer un peu, et à présent nous ferons 8 jours
en 1ère ligne, 8 en réserve et 8 au repos ; plus embêtant que la tranchée,
car il va falloir faire l’exercice. Contrairement à ce que je vous disais hier,
je ne désespère pas partir en permission.
Je ne vois
pas grand-chose de nouveau. Ici, le temps est merveilleux. En ce moment je suis
à l’ombre d’un beau chêne et comme bureau j’ai mes genoux.
Le secteur
est toujours calme. Recevez de votre fils qui vous aime ses meilleurs
baisers. »
PS :
Bonjour aux parents et voisins.
Mes chers parents
« C’est
avec plaisir qu’hier j’ai eu votre aimable lettre. Je suis très heureux que
vous ayez trouvé un homme qui puisse aider mon père, car à lui seul, il doit
avoir beaucoup trop de travail. Vous dites que quand je serai rentré, on en
aura encore besoin. C’est vrai, mais ne comptez pas sur mon travail de
longtemps ; car les mois se passent et la paix ne vient pas. Je pense partir à
la fin du mois. Mon oncle m’a dit croire partir le 27. Nous aurons peut-être la
chance de nous rencontrer. J’en serais très heureux.
A présent,
je reste le 1ier sergent de la compagnie à partir, celui qui restait avant moi
part aujourd’hui.
Je termine
en vous désirant toujours en bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
Mes chers parents
« Me
voilà rentré dans ma compagnie depuis ce matin 10h, juste pour déjeuner. Nous
avons mangé le poulet que tous ont trouvé bien bon. J’ai fait un très bon
voyage. Tout va bien!!
Le secteur
est toujours le même, bien calme. Ma section est en réserve. Nous allons en
1ère ligne dans deux jours pour huit.
Je suis
presque guéri de mon rhume. J’espère que mon oncle Paul (Délubriac) a pu venir en permission.
Ce matin,
avant d’arriver, j’ai vu Dumas et Bordas. On a cassé la croûte ensemble.
Je ne vois
pas grand-chose. J’espère que vous êtes toujours bien portants et que quand
nous nous retrouverons, ce sera pour la paix.
Votre fils
qui vous embrasse. »
Mes chers parents
« Je
viens vous donner de mes nouvelles toujours très bonnes. J’espère que vous êtes
tous de même. Ce soir, je vais en 1ère ligne pour huit jours, dans un secteur
toujours calme. Le temps est merveilleux.
Je ne vois
plus grand chose. Je désire que votre santé continue
comme par le passé.
Moi, mon
rhume est guéri.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS :
Bonjour aux parents et voisins, ainsi qu’à Julien.
Carte postale militaire
Mes chers parents
« Suis
toujours en bonne santé et espère que vous êtes tous de même. Hier, j’ai reçu
votre lettre du 3 ainsi que celle de mon oncle. Merci.
Ici, rien
de nouveau.
Je vous embrasse
à tous. Votre fils qui vous aime. »
Mes chers parents
« Je
vais vous donner de mes nouvelles qui sont toujours très bonnes. J’espère que
vous aussi êtes tous en parfaite santé. Je pense que cette fois mon oncle aura
pu venir !
Ici, nous
avons beaucoup de pluie depuis que je suis rentré. Si c’est ainsi là-bas, vous
devez avoir un bien mauvais temps pour vos foins.
Vous avez
vu la victoire russe ? C’est 40 000 aujourd’hui, certainement ce sera 50
000 ce soir ! Je plains les Russes pour nourrir tout ce monde ; car
depuis le début, ils en ont fait de ces prisonniers !!! Mais voilà !
Malgré ça, il reste encore quelques Boches.
Plus grand
chose. Je désire que vous restiez tous en santé comme par le passé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS Bonjour aux parents et voisins sans oublier
Julien.
Mes chers parents
« C’est
avec plaisir qu’hier j’ai eu deux de vos lettres, me donnant de vos bonnes
nouvelles et m’annonçant l’arrivée de mon oncle Paul (Délubriac).
Moi aussi,
la santé va et je suis complètement guéri de mon rhume. J’ai eu aussi le
coussin. Je suis très content, il va bien, et n’est pas lourd.
Ici, le
secteur est toujours le même. Il tombe un peu d’eau. Nous sommes encore en 1ère
ligne pour quatre jours.
Plus grand
chose. Je ne désire que votre santé continue comme par le passé.
Votre fils
qui ne cesse de penser à vous tous.
Je vous
embrasse. »
PS :
Bonjour aux parents et voisins.
Mes chers parents
« Voilà
ce jour de Pentecôte qui se passe étant en 1ère ligne.
Suis
toujours en santé parfaite et espère que vous êtes tous de même. Ici, le temps
n’est pas très beau, il pleut toujours par averses.
Je
termine. Votre fils qui vous embrasse à tous. »
PS :
Bonjour aux parents et voisins.
Carte postale militaire
Mes chers parents
« Je
profite d’un moment de tranquillité afin de prendre le plaisir de vous donner
de mes nouvelles qui sont toujours bonnes. Je désire que vous soyez tous de
même.
Suis
toujours en 1ère ligne, rien de nouveau. Le temps est toujours pluvieux.
Recevez de votre fils ses meilleurs sentiments d’amitié.
Je vous
embrasse. »
PS :
Bonjour à mes parents, aux voisins et Julien.
Mes chers parents
« Hier,
j’ai eu deux de vos lettres, une du 9 et l’autre du 10. Je vois avec plaisir
que vous êtes toujours bien portants, moi aussi, la santé est bonne.
Je pense
être relevé ce soir pour aller huit jours à l’arrière.
Le temps
est toujours le même. Quelques averses.
J’avais
oublié de vous dire que pendant mon arrêt à Périgueux, j’ai été chez Mme
D’ARTENSEC. Elle voulait dîner et m’a invité ; mais n’ayant pas faim, j’ai
bu un bon verre de Madère. Elle est toujours bien aimable et cause toujours
bien. Je suis resté avec elle pendant qu’elle a dîné.
Plus grand
chose. Je désire à tous une bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse à tous. »
PS :
Bonjour à mes parents, aux voisins et Julien.
Mes chers parents
« C’est
étant toujours en bonne santé que je vous écris.
Hier, j’ai
eu la carte du 11, laquelle me donne de vos bonnes nouvelles. Ici, rien de
nouveau, le temps est beau. Recevez de votre fils ses meilleurs sentiments d’amitié.
Je vous
embrasse. »
PS :
Bonjour aux parents et voisins.
Mes chers parents
« C’est
avec tristesse que j’ai appris la nouvelle de la maladie de ma mémé. J’espère
que ce ne sera pas grave, et que bientôt j’apprendrai sa guérison.
Aujourd’hui,
nous sommes relevés ; nous allons en arrière pour une période de huit
jours. Le temps s’arrange ; ici, rien de nouveau.
Donnez-moi
des nouvelles de ma mémé chaque fois que vous le pourrez. Recevez chers parents
mes bonnes amitiés. »
Mes chers parents
« Je réponds
à la lettre du 13 reçue hier. Je vois que ma mémé est toujours fatiguée.
J’espère recevoir bientôt de bonnes nouvelles.
Depuis
avant-hier, nous sommes arrivés en arrière dans un village très tranquille. Il
fait un temps superbe. S’il est le mêle là-bas, vous allez pouvoir faire les
foins.
Nous
allons travailler un jour sur deux. J’ai eu des nouvelles de mon oncle
DÉLUBRIAC ; il pense partir pour 15 jours.
Plus grand
chose. Je désire une prompte guérison à ma mémé, et à vous, que votre santé
continue à être bonne.
Votre fils
qui vous aime. »
PS :
Bonjour aux parents, voisins et Julien.
Mes chers parents
« C’est
avec un grand plaisir que je réponds à deux de vos lettres datées une du 15 et
l’autre du 16, lesquelles me disent que ma mémé va un peu mieux. J’espère que
bientôt elle va pouvoir se lever.
Je vois
aussi que vous coupez vos foins. Ici, ces jours-ci, nous avons du beau temps.
Nous
sommes très bien dans le village que nous occupons en ce moment.
Rien de
nouveau. Le secteur est très calme. Les Russes vont bien.
Recevez de
votre fils ses bonnes amitiés. »
Mes chers parents
« Hier,
j’ai reçu votre carte du 17. Je vois avec plaisir que ma mémé continue à aller
mieux.
Moi, la
santé va bien ; toujours au repos, on est bien tranquilles. On travaille
seulement 1 soir sur 2, et la journée, rien à faire.
Le temps
est superbe. Il fait chaud, mais malheureusement, je vois qu’il n’en est pas
ainsi là-bas. Rien de nouveau. Je désire à tous une bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse.
PS Je crois avoir oublié de vous dire que j’avais
reçu le paquet ; tout était très bon. Quatre jours déjà que je l’ai eu.
Merci. »
Mes chers parents
« Hier,
j’ai reçu votre lettre du 18. Très content de vous savoir en bonne santé, je
vois que ma mémé va de mieux en mieux.
Moi, la santé
va bien, nous sommes toujours au repos. Je vous écris étant au travail, nous
sommes partis ce matin à 5h. Nous avons mangé la soupe sur le terrain et ce
soir, nous rentrons à 17h ; on est très bien, nous travaillons sous bois.
Il fait un temps superbe. Je pense souvent qu’il vaudrait mieux être avec vous
à faire sécher du foin. Enfin, je pense qu’avant l’hiver, tout sera fini.
Je ne vois
plus grand chose. Je désire à tous une santé parfaite. Votre fils qui vous
embrasse. »
PS :
Bonjour aux parents et voisins.
Mes chers parents
« Depuis
hier au soir minuit, nous sommes revenus loger dans le bois où se trouvent les
compagnies de réserve. Nous n’allons pas en 1ère ligne de 4 ou 5 jours.
En ce
moment, il est 14h, depuis 13h, nous sommes au travail. Le même qu’hier. Il
fait un temps très chaud et le secteur est toujours calme.
Hier, je
n’ai pas eu de vos nouvelles. J’ai de celles de mon oncle Paul (DÉLUBRIAC).
Plus grand
chose. Je désire à tous une bonne santé. J’espère que ma mémé va toujours
mieux.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS :
Bonjour aux parents, voisins et à Julien.
Mes chers parents
« J’ai
reçu aujourd’hui votre carte du 20. Je suis très content de vous savoir en
bonne santé à tous ; mais surtout de voir que ma mémé peut se lever ;
j’espère qu’elle va vite être rétablie.
Vous me
dites que le travail marche. Je ne puis en douter. Mais ce que je pense, c’est
que vous devez avoir beaucoup d’ouvrage.
Aujourd’hui,
les nouvelles ne sont pas très bonnes pour Verdun. Enfin, c’est malheureux,
mais c’est ainsi. Rien à y faire. Espérons toujours une paix prochaine.
Ici, rien
de nouveau. Tout est calme et le temps est merveilleux.
Recevez de
votre fils qui pense à vous ses meilleures amitiés. »
Mes chers parents
« Voilà
13h. Je viens de rentrer de la messe de 11h. Aujourd’hui, fête dieu. Le matin,
j’ai été à la messe de 6h et j’ai fait la communion pour demander à dieu la
grâce d’activer la guérison de ma mémé et de pouvoir nous retrouver bientôt
tous réunis pour des jours meilleurs.
Nous avons
repos toute la journée. Je ne sais pas quand nous reviendrons en 1ère ligne.
Pour le moment, on fait des travaux de terrassement.
Ici, tout
est calme. J’espère que là-bas, vous avez le même temps que nous. Ici, il fait
chaud.
Je désire
une bonne santé à vous tous.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS :
Bonjour aux parents, voisins et Julien.
Mes chers parents
« Je
viens vous donner de mes nouvelles toujours très bonnes. Hier, j’ai eu une de
vos lettres datée du 23. Je vois avec plaisir que vous êtes tous en bonne
santé, que ma mémé est presque guérie.
Ici, rien
de nouveau. Il tombe ces jours-ci quelques averses, mais le temps n’est pas
mauvais pour ça.
Vous aurez
dû voir Lacoste qui est parti en
permission. Je l’ai rencontré le soir qu’il partait.
Je ne vois
pas grand-chose. Je désire à tous toujours une bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS Nous ne sommes encore pas en 1ère ligne et je
ne sais pas quand nous y reviendrons. On fait de travaux.
Mes chers parents
« Je
viens vous donner de mes nouvelles toujours très bonnes. J’espère que vous
aussi êtes en bonne santé. Hier, j’ai eu des nouvelles de mon oncle DÉLUBRIAC
et de Raoul. Il m’a dit que mon père a été leur aider à faucher. Quand tout ça
sera fini ?
Car je
comprends que vous avez bien des occupations.
Enfin du
courage. En ce moment, tout va bien, et si nous avons le bonheur de réussir, ce
sera la paix avant l’hiver.
Où je me
trouve, rien de nouveau.
Plus grand
chose. Je désire que vous restiez en bonne santé et que ma mémé soit vite
rétablie, mais je comprends qu’elle a été en danger.
Votre fils
qui vous embrasse. »
Mes chers parents
« J’ai
reçu votre lettre du 25, très content de vos bonnes nouvelles. La santé de mon
côté est toujours excellente. Nous sommes toujours en deuxième ligne, pour les
travaux ; pas malheureux de trop, on travaille 8h par jour : de 6h à 10 et
de 13 à 17. Ces jours-ci, nous avons eu beaucoup de pluie. Aujourd’hui le temps
va être beau. Il est 6h30. Pendant que mes hommes sont à piocher, j’en profite
pour vous écrire. Vous voyez que je ne suis pas si malheureux que vous. Ce
matin, on m’a donné à surveiller une équipe de 4 hommes pour relever des
éboulis dans un boyau.
Vous me
demandez si j’ai besoin de quelque chose. Nous sommes tout près de la
coopérative, à 300m seulement, et nous avons ce que nous voulons. Plus grand
chose. Je désire que vous restiez toujours en bonne santé, et que ma mémé
continue à aller mieux.
Votre fils
qui pense à vous.
Je vous
embrasse. »
PS :
Bonjour aux parents, voisins et Julien.
Mes chers parents
« Hier,
j’ai reçu votre lettre du 26 m’annonçant toujours de bonnes nouvelles. Je vois
qu’à présent ma mémé se lève et mange. Je pense qu’elle va vite être guérie
complètement.
J’ai eu
aussi le colis avec le poulet qui est bien beau, et a bon goût. Je pense qu’il
sera bon.
Mais vous
devez bien vous embêter pour vos foins.
Vous me
demandez si j’ai besoin de chemises. Je vous remercie. Pour le moment, j’ai
tout ce qu’il me faut.
Je ne vois
pas grand-chose. Nous, nous avons de l’eau également. Toujours en 2ème ligne,
mêmes travaux.
Le secteur
où je suis est toujours calme.
Votre fils
qui ne cesse de penser à vous et vous embrasse. »
Mes chers parents
« Aujourd’hui
dimanche, je viens vous donner quelques nouvelles, toujours très bonnes. Que
ces journées sont longues en pensant que là-bas, tout près de vous, nous
serions tous si heureux. Enfin, c'est ainsi, un triste passage qui, faut espérer,
ne tardera pas à finir. Peut-être en ce moment, 15h, vous êtes à travailler du
foin et moi me voir ici à faire un travail qui n’aboutira à rien, seulement à
ruiner le pays pour pouvoir résister et conserver le moral à peu près bon. Il
faut avoir du courage, car c’est dur d’être séparé de tous ses parents, qui me
sont si chers.
Ici
encore, rien de nouveau. Aujourd’hui, nous avions un temps superbe, mais ces
derniers jours, nous avons eu beaucoup d'eau.
Toujours
en 2ème ligne. Nous allons travailler presque tous les soirs. Aujourd’hui
dimanche, nous avons repos.
Toujours
en parfaite santé. Je vous désire de même.
Recevez de
votre fils ses plus sincères amitiés ? »
PS :
Bonjour aux parents, voisins et Julien.
Mes chers parents
« Hier,
j’ai eu votre lettre du 28, heureux de vous savoir en bonne santé à tous. Moi,
la santé va bien aussi. Aujourd’hui dimanche, il fait un temps merveilleux.
Ce matin,
j’ai été à la messe de 6h15 qui se trouve à 100m de mon abri. Nous sommes
toujours en arrière pour les travaux. Comme nous ne travaillons, ma compagnie,
que le jour, nous sommes bien tranquilles.
Je vois
malheureusement que vous avez toujours du mauvais temps et que les vignes sont
malades. Enfin, je pense que vous pourrez conserver un peu de raisins afin de
boire le jour du grand retour qui je pense sera cette année.
Les
nouvelles du côté des Anglais sont très bonnes depuis hier au soir.
Votre fils
qui ne cesse de penser à vous et vous embrasse. »
PS Mes amitiés à tous mes parents. Bonjour à
Julien.
Mes chers parents
« Je
réponds à votre lettre du 1er qui me fait bien plaisir. Vous me dites être tous
en bonne santé et que ma mémé va bien à présent : tant mieux.
Je vois
que le travail marche bien, mais je sais bien tout de même qu’il ne se fait pas
tout seul. Enfin, ne nous faisons pas de mauvais sang pour ça; du moment que
vous pouvez vivre, c’est le principal.
Après la
guerre, on fera comme on pourra.
Ici, rien
de nouveau. Je ne sais ce qui se passe, les permissions ayant été suspendues
depuis 10 jours en vue de l’offensive, sont reprises depuis hier. Je pense que
nous n’irons encore pas à Berlin de cette fois-ci.
Je suis
très bien à ma nouvelle compagnie. Elle a été relevée des 1ères lignes le soir
même de mon arrivée. (5° compagnie)
Un fils
qui ne cesse de penser à ses parents.
Je vous
embrasse. »
Mes bien chers parents
« En
réponse à votre lettre du 2, je viens vous donner de mes nouvelles toujours
bonnes. Ici, le temps est toujours pluvieux; rien de nouveau.
Hier, j’ai
eu une lettre de mon parrain. Il me dit que ma mémé va bien en ce moment.
Toujours
en réserve, et bien tranquille. Mais vienne cette paix quand même!!
Votre fils
qui ne cesse de penser à vous.
Je vous
embrasse à tous. »
PS :
Bonjour aux parents, les voisins et Julien.
Mes chers parents
« C’est
avec plaisir qu’hier au soir, je reçois votre lettre du 3, laquelle me donne de
vos bonnes nouvelles.
Je vois
que vous pensez que nous participons à l’attaque. Et bien non, de mon côté nous
ne ferons rien car les Anglais ne marchent pas assez bien. C’est une bande
d’“escroqueurs”. Ils nous ont encore bien monté le coup.
Enfin,
espérons que nous aurons la paix tout de même.
Pas
grand-chose. Il tombe toujours quelques averses.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS :
Bonjour aux parents, aux voisins et à Julien.
Mes chers parents
« En
réponse à votre lettre du 6, je viens vous donner de mes nouvelles qui sont
très bonnes.
J’espère
que vous aussi êtes toujours en bonne santé.
Hier, j’ai
eu le colis que vous avez envoyé ; j’ai mangé avec mes camarades le
quartier d’oie. il était très bon, ainsi que les
biscuits et les noix. Le pâté, je ne l’ai pas goûté. Quand je l’aurai mangé, je
vous donnerai des renseignements. Je vous remercie de toutes ces bonnes choses.
Bien content
de voir que vous avez fini de couper vos foins. Les blés doivent être
mûrs ?
Très
heureux de voir que ma mémé va toujours bien ; mais qu’elle ne fasse pas
d’imprudences.
A ma
nouvelle compagnie, j’ai de bons camarades et de bons officiers. Elle est même
meilleure que l’ancienne. Il y a un bon capitaine. (C’est la guerre partout).
Plus grand
chose. Les nouvelles ne sont pas mauvaises, surtout du côté des Russes.
Espérons
que bientôt ce sera la paix.
Votre fils
qui ne cesse de penser à vous et vous embrasse. »
Mes chers parents
« C’est
étant toujours en bonne santé que je vous écris. Hier, j’ai eu votre lettre du
8.
Me voilà
depuis hier au soir en 1ère ligne, le secteur est très bon, pas beaucoup de
service.
Très
content de voir que vous avez du beau temps et que les récoltes sont belles.
Voilà le 14 juillet qui arrive. Vous devez commencer à couper vos blés. Je
pense que quand je vais revenir, je ne saurais plus travailler, depuis si
longtemps que je vis en rentier. Enfin, c’est ainsi la vie.
Je termine
pour aujourd’hui, car m’étant couché hier au soir, ou plutôt ce matin à 1h, je
me suis levé tard. Nous venons de manger, il est 13h et l’agent de liaison
attend les lettres.
Recevez de
votre fils ses meilleurs baisers.
Celui qui
pense à vous. »
Mes chers parents
« Je viens
vous remercier du bon paquet que je viens de recevoir. Tout était très bon et
en bon état. La santé est toujours bonne. Nous allons passer notre 14 juillet
dans la tranchée. On est relevés je crois le lendemain.
Hier, j’ai
reçu des nouvelles de mon parrain. Et Léody
est-il toujours là-bas ? Il doit avoir fini sa permission. Et le pauvre Dupuy, va-t-il mieux ? Vous me
donnerez de ses nouvelles.
Je vois
que vous aurez vite moissonné. Aujourd’hui, nous avons un peu d’eau, une pluie
fine qui fait du bien aux récoltes.
Je termine
avec l’espoir d’aller vous aider à faire le vin. Votre fils qui vous embrasse
ainsi qu’à tous ses parents. »
PS :
Bonjour aux voisins et Raoul
Mes chers parents
« Suis
toujours en parfaite santé, et espère que vous êtes tous de même.
Ici, rien
de nouveau, secteur très calme. Le temps est superbe. Recevez chers parents les
meilleurs baisers d’un fils qui pense à vous. »
PS : Bonjour aux voisins et Julien.
Mes chers parents
« Voilà
ce jour du 14 juillet, jour de fête pour nous militaires. Comme fête, on n’y
connaît pas grand-chose, car étant en ligne, il faut surveiller les Boches
comme les autres jours et peut-être mieux ; mais malgré ça, nous avons
bien dîné, à la santé du gouvernement. Je n’ai pas besoin de vous dire le
merci. Vous avez dû voir dans le journal, car ils n’oublient pas de le dire.
Enfin, quoiqu’en ligne, les hommes sont gais. Ils ont un petit verre dans le
nez.
Mais
voilà, pour moi, c’est toujours la guerre, et demain, je serai encore loin de
vous tous. L’année dernière, je me rappelle avoir dit être là-bas pour cette
année, et bien espérons que ce sera la prochaine. Ne perdons pas courage, nous
la verrons cette paix.
Ici, rien
de nouveau, le secteur est toujours aussi calme.
Je désire
que ma lettre vous trouve en aussi bonne santé qu’elle me quitte.
J’espère
que ma mémé va toujours de mieux en mieux. Je viens à l’instant de recevoir
votre lettre du 9. Je vois que vous avez de la pluie.
Recevez
chers parents mes bonnes amitiés.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS Bonjour
aux voisins et Julien.
Mes chers parents
« Je
réponds à votre lettre du 11 juillet, laquelle me donne toujours de vos bonnes
nouvelles. Moi aussi, la santé est toujours bonne.
C’est avec
plaisir que je vois qu’Henri va venir pour 15 jours. Il pourra vous aider à
couper vos blés, ce qui est dur.
Quel
bonheur aussi de lire les bonnes nouvelles de ma mémé, car si vous avez parlé
des journées tristes, de mon côté je comprenais bien la vérité ; et
croyez-le bien, je n’étais pas gai.
J’ai des
bonnes nouvelles de mes oncles.
Ici, rien
de nouveau. Le temps est magnifique. A présent, il est deux heures, et comme je
suis de service de minuit à 4 heures, j’en profite pour vous écrire. Il fait un superbe clair de lune.
En
attendant le bonheur de voir cette paix, recevez mes bons souhaits de bonne
santé et mes meilleurs sentiments d’amitié.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS :
Bonjour aux voisins et Julien.
Mes chers parents
« En
réponse à votre aimable lettre du 13, je viens vous donner de mes nouvelles qui
sont très bonnes. Je suis encore pour 3 jours en 1ère ligne. On est très bien
car tout est calme, et le temps est beau.
Ces
jours-ci les nouvelles ne sont pas mauvaises. Les Anglais vont bien. Espérons
que ce sera le dernier coup et qu’à l’hiver tout sera fini.
Je vois
que malheureusement tout est bien cher. Vous dites que le sucre est hors de
prix. Si vous en trouvez, ne vous en privez pas pour ça; nous aurons bien le
temps si parfois il n’en arrivait plus; ce qui certainement n’arrivera pas;
nous serons toujours ravitailles.
Pour moi,
je n’ai pas besoin d’argent. En ce moment, nous ne sommes pas mal nourris, et
j’ai bien suffisamment de mon prêt pour m’acheter ce dont j’ai besoin.
Tant mieux
que vous ayez vu Magne ou sa femme afin d’avoir appris notre situation ; car si
ce n’est que de moi, vous ne croyez point que nous soyons tranquilles.
Pourtant, je vous ai toujours dit, rien que la vérité, à quoi servirait de dire
autrement ?
Il est
10h45. Je vous quitte pour aller à la soupe.
En
attendant le bonheur de vivre parmi vous, recevez mes meilleurs sentiments
d’amitié.
Je vous
embrasse à tous. »
PS :
Bonjour aux voisins et Julien.
Mes chers parents
« Merci
de vos bonnes nouvelles. Moi, la santé va bien aussi.
Le colis
annoncé hier n’est pas encore arrivé. Je vais l’avoir certainement ce soir. Ne
vous faites pas du mauvais sang ; si vous ne recevez pas de lettres de
quelques jours. Votre fils qui vous embrasse à tous. »
PS Bonjour
aux voisins et à Julien.
Mes chers parents
« J’ai
reçu hier votre lettre du …….. Toujours de vos bonnes nouvelles ……. Que de
celles de mémé.
Ce soir,
nous sommes relevé par le régiment (*) de Bordas le cordonnier………… de Jeanbuvant relève le régiment qui fait brigade avec nous.
Je ne sais pas la direction. J’espère que comme à l’habitude nous trouverons un
bon secteur. A défaut, j’ai espoir sur une bonne chance comme j’ai eu jusqu’à
présent.
Hier, j’ai
eu le bon poulet que nous avons mangé à 5. Tous l’ont trouvé excellent, et
beaucoup de félicitations à la cuisinière.
Plus grand
chose. J’écrirai tous les jours, mais comme vous savez, dans chaque
déplacement, les lettres sont arrêtées.
Votre fils
qui vous embrasse à tous. »
(*) : Ils sont relevés par le 108ème régiment
d’infanterie.
Mes chers parents
« Relevés
des tranchées depuis avant-hier. Suis toujours en bonne santé et dans la même
région ; nous faisons des marches.
Il fait un
temps magnifique. Je pense que ça va bien pour vos blés.
Hier, j’ai
vu Bordas le cordonnier. J’ai bu une bouteille avec.
Rien de
nouveau.
Votre fils
qui vous embrasse à tous. »
PS Bonjour
aux parents, voisins et Julien.
Mes bien chers parents
« Il
est 5h du soir, juste nous venons d’arriver au cantonnement et les lettres vont
partir. Mais je ne puis rester plus longtemps sans vous donner de mes nouvelles
qui sont très bonnes.
………….
Concentration est terminée. Je ne sais quand nous partirons. Je suis un peu à
droite du secteur que j’occupais avant à un kilomètre de la ville renommée pour
le champagne. Je ne sais la direction que nous allons prendre ni le temps que
nous resterons à……… nous sommes au moins à 40km du front. Il fait de fortes
chaleurs et les vignes sont belles. J’espère qu’elles sont ainsi chez nous.
Je vous
écrirai chaque fois que je le pourrai, mais il pourrait y avoir un arrêt pour
les lettres.
Votre fils
qui vous désire toujours une bonne santé et qui vous embrasse. »
PS Bonjour
à mes parents. Je pense que ma mémé va toujours de mieux en mieux.
Mes chers parents
« Je viens
à l’instant de recevoir votre aimable lettre du 20 laquelle m’a beaucoup fait
plaisir en apprenant de vos bonnes nouvelles et surtout de voir que vous pouvez
rentrer votre blé, sans trop de mauvais temps.
Je vous
remercie du billet que j’ai trouvé dans la lettre.
Il est
midi. Je viens de manger. Aujourd’hui nous avons repos. J’ai été à la messe de
10h dans un beau petit pays. On est très bien cantonné ; on ne sait
combien nous resterons là.
Il fait
toujours bien chaud. Plus grand chose. Je désire que vous restiez toujours en
bonne santé. Pour moi, ça va à merveille.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS :
Bonjour aux voisins et Julien.
Mes chers parents
« Me voilà
arrivé depuis hier dans un département où je n’étais pas encore venu. (*)
Je me
trouve à gauche de mon oncle BOULENZOU. Nous sommes encore loin du front et
bien cantonnés. Nous y resterons peut-être +une quinzaine. Nous sommes partis
en chemin de fer dimanche au soir dans la nuit, et arrivés hier au soir.
Je suis
toujours en bonne santé et espère que vous êtes tous de même. Ici, il fait beau
temps, mais moins chaud que la semaine dernière. Je vois que vos moissons
marchent bien. Vous ne devez pas avoir froid.
Je termine
ayant toujours le même courage, et l’espoir que bientôt ce sera la paix.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS :
Bonjour aux voisins et Julien.
Je vais
écrire à mes parents, mais la semaine dernière, je n’avais pas bien le temps.
Demain, repérez ma signature.
(*) : Dans L’Oise.
Mes chers parents
« C’est
étant toujours en bonne santé que je vous écris, mais je crains fort que mes
lettres ne vous arrivent, car deux jours que je n’ai rien reçu de vous. Je
pense que nous sommes là pour au moins 10 jours.
Je vous
écrirai chaque jour. Viendra bien le jour où ça arrivera.
Je désire
à tous une bonne santé. Votre fils qui vous embrasse.
Signature
: Sud Amiens »
PS Nord Beauvais.
Bien chers parents
« Toujours
en bonne santé. J’espère qu’il en est ainsi de vous tous.
Ici, rien
de nouveau. Le temps est merveilleux.
Bonnes
amitiés de votre fils.
Je vous
embrasse. »
Mes chers parents
« Hier
au soir, j’ai eu deux de vos lettres, une du 21 et l’autre du 24. Avant-hier,
j’en avais eu une du 23.
Je ne sais
comment ça marche. J’ai eu aussi le colis avec le quartier d’oie et la boîte de
pâté. Je vous remercie. Je ne sais si je vous ai dit que j’avais reçu le
billet.
Très
heureux de voir que vous avez fini de couper vos blés.
En ce
moment, nous sommes dans un camp. Nous faisons des manœuvres. Je ne sais
combien cela va durer, pour le moment nous sommes très bien. Plus grand chose.
Je désire à tous toujours une bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse à tous. »
PS Bonjour aux voisins et Julien.
Mes chers parents
« J’ai
reçu hier de vos …….. nouvelles par la lettre datée du
26. C’est avec plaisir que je vois que les moissons se terminent.
Nous, nous
sommes dans un camp à faire des manœuvres. Je ne sais combien nous resterons
encore, au moins huit jours; on y est très bien, il fait bien beau temps.
Aujourd’hui
dimanche, nous avons repos ; j’ai assisté à la messe de 9h30.
Je vais
vous envoyer quelques……….. . Je ne sais si vous y connaîtrez quelques
personnes ! C’est des souvenirs de notre ancien secteur. Sur celle de
quatre, se trouve l’aumônier et l’autre, c’est mes hommes mangeant la soupe.
J’en
envoie une à mon parrain, prise au travail.
Je termine
en vous désirant toujours une bonne santé. Votre fils qui vous embrasse. »
PS :
Bonjour à Julien.
Mes chers parents
« Hier,
j’ai eu votre lettre du 27, dans laquelle je vois que mes lettres ne vous
arrivent pas. Je ne suis pas surpris, car à chaque fois, c’est ainsi. C’est
pour ça que je vous avais prévenu assez tôt.
En ce
moment, je pense que vous en avez eu ; mais vous vous trompez dans la
direction ; la ville que vous dites était bien celle où nous avons
embarqué, mais de là, on peut aller à droite ou à gauche.
Nous
sommes toujours dans ce camp, pour un temps plus ou moins long ; on peut y
rester 15 jours seulement, mais je compte y rester peut-être 1 mois. J’ai eu
encore dans votre lettre d’hier un billet de 5F. J’ai bien reçu les trois,
ainsi que le colis. J’ai bien suffisamment d’argent.
On fait
l’exercice, mais ce n’est pas dur : nous sommes très bien.
Je vais
vous envoyer ma chemise que j’ai reçue, étant à Verdun. J’en ai touché une
moins chaude. Je mettrai en même temps une bague pour Julien.
Je termine
en vous désirant toujours une bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS :
Bonjour aux voisins et Julien.
Mes bien chers parents
« C’est
étant toujours en parfaite santé que je vous écris. J’espère qu’il en est ainsi
de vous tous.
Ici, il
fait toujours bien chaud.
Toujours
au même endroit et rien de nouveau. Je termine et vous envoie mes meilleurs
sentiments d’amitié. »
PS :
Bonjour aux parents, voisins et Julien. J’ai toujours de l’alcool de menthe.
Mes bien chers parents
« Je
viens vous remercier du colis que j’ai reçu hier, mais ne m’en envoyez plus
jusqu’au jour où je vous en redemanderai.
En ce
moment, nous trouvons tout ce que nous voulons. Nous sommes à 60 km du front.
Toujours même travail. Je pense que nous resterons encore quelque temps. Je
suis toujours en santé parfaite. J’espère que vous êtes tous ainsi. Ici, il
fait bien chaud ; mais on ne marche que le matin. Il est dix heures, et
nous venons juste de rentrer. C'est fini pour la journée. On part le matin à
…………………
…………rien
que je connaisse pouvant vous intéresser.
Je termine
et vais à la soupe.
Votre fils
qui vous embrasse à tous. »
PS :
Bonjour aux voisins et Julien. Le colis n’est pas encore parti.
Chers parents
« Toujours
en bonne santé. Je désire même chose à tous. Hier, j’ai eu deux de vos lettres.
J’écrirai plus longuement demain.
Je
m’arrête car les lettres vont partir. Je vous embrasse à tous.
Votre
fils. »
PS Toujours même chose !
Mes bien chers parents
« Aujourd’hui,
nous avons repos ; demain, nous partons faire des manœuvres de division.
Nous ne rentrerons pas au cantonnement où nous sommes.
Il fait
toujours chaud mais moins que les premiers jours de la semaine.
J’ai reçu
votre lettre datée du 3 sur laquelle je vois que vous êtes toujours en bonne
santé. Je vous quitte en vous désirant une santé pareille à la mienne. Recevez
de votre fils ses meilleurs sentiments d’amitié ;
Je vous
embrasse. »
PS :
Bonjour aux parents, les voisins et Julien.
Mes chers parents
« Je
viens répondre à votre lettre du 4, sur laquelle je vois que vous êtes tous en
santé parfaite.
Je vois
que vous n’êtes pas d’accord pour ma photo. Eh bien, c’est ma mère qui a
raison ; c’est bien moi qui suis marqué d’une croix.
Aujourd’hui
nous sommes partis depuis ce matin, 8h30 à une manœuvre de division. C’est une
journée de repos, car nous sommes réserve. Nous rentrerons demain matin au
cantonnement, contrairement à ce que je vous avais déjà dit.
Je ne sais
si nous resterons encore longtemps.
Votre fils
qui vous embrasse »
Mes chers parents
« Je
viens de recevoir à l’instant votre lettre du 6, laquelle m’a fait plaisir de
voir que vous êtes toujours en bonne santé. Mais je vois que ce jour de fête a
été comme pour moi, assez triste. Et si ce n’était que celui-là encore !
Malheureusement, ce n’est pas tout.
Pour moi,
la santé est toujours bonne ; aujourd’hui, nous avons fait un déplacement
de 18 kilomètres. Il fait toujours beau temps.
Comme je
vois mon porte-monnaie diminuer, avec tous ces déplacements, je vous
demanderais un peu d’argent. Mais ne dépassez pas 2F, c’est suffisant ;
vous voyez que quand j’en ai besoin, je vous en demande.
Plus grand
chose. Je termine en vous désirant une bonne santé à tous.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS :
Bonjour aux voisins et Julien.
Mes chers parents
« Aujourd’hui,
nous avons encore marché. Partis le matin à 2H, nous sommes arrivés au
cantonnement à 7h, ainsi nous n’avons pas eu chaud.
Je vais
remplacer ma nuit. Il est midi, et je suis dans un pré à l’ombre d’un pommier
jusqu’à la soupe du soir. Je vais faire une bonne sieste.
Aujourd’hui,
je viens de recevoir votre chemise avec le fromage et les petits pois. C’est
dommage de m’en avoir envoyé car j’en ai deux neuves ; et c’est bien
suffisant à porter. Si demain, les colis partent, je serai obligé de vous la
renvoyer. Ce n’est pas utile de me surcharger mal à propos. Nous ne marchons
pas demain. D’ici huit jours, nous aurons pris les tranchées, mais pas plus
tôt.
Comment ça
se fait que c’est ma tante qui a fait l’adresse de mon colis. Vous n’êtes pas
malades au moins ? Je n’ai pas eu de lettre aujourd’hui, probablement
qu’elle a fait le paquet chez elle.
Je termine
en vous désirant une santé parfaite.
Votre fils
qui vous embrasse à tous ainsi qu’à tous ses parents.
Je vous
écrirais demain. »
PS :
Bonjour à Julien et les voisins.
Mes bien chers parents
« Deux
jours que je n’ai pas eu de vos nouvelles. Probable que mes lettres n’arrivent
pas. Enfin, j’espère que vous êtes tous toujours en bonne santé. Moi, ça va à
merveille ; nous devons rester à ce cantonnement 4 ou 5 jours, nous sommes
au moins à 40 km du front.
Le temps
est toujours beau, mais pas si chaud qu’il y a quelques jours.
Je termine
en vous désirant une bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
Mes chers parents
« Je
viens à l’instant de recevoir une lettre datée du 9 ; très content de vous
savoir en bonne santé ainsi que tous mes parents.
Tant mieux
qu’il tombe un peu d’eau pour vos récoltes. Ici, le temps est beau aussi, il ne
pleut pas mais il ne fait pas chaud de trop.
Où nous
sommes, on fait un peu d’exercice pour nous distraire ; demain dimanche,
nous avons repos.
Ces
jours-ci, les Italiens marchent bien ; espérons que ça continuera et que
bientôt ce sera la victoire et la paix.
Pas
grand-chose. On commence à voir des Anglais. Je termine en vous désirant une
bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS Bonjour aux voisins et Julien.
Mes bien chers parents
Aujourd’hui
jour de fête, nous avons fait un déplacement en auto. On est partis à 8h30 et
nous avons été rendus à 11 h.
En ce moment,
nous ne sommes pas loin des lignes ; on est bien cantonnés. Je ne sais quand
nous irons à la tranchée.
Il fait un
bien beau temps.
Ce matin,
j’ai vu le fils PLAZANET. Il est bien portant. Hier au matin, j’ai vu COLINET
quand il partait en permission.
Plus grand
chose. Je désire que vous soyez tous de même que moi en bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse.
PS :
Bonjour aux voisins, Julien et tous mes parents.
Mes très chers parents
C’est
étant toujours en bonne santé que je vous écris. J’espère qu’il en est de même
de vous tous. Aujourd’hui, nous avons repos, nous sommes cantonnés dans un
bois, tout près d’un village et d’une rivière. Le pays est très beau. Hier au
soir, j’ai été visiter le champ d’aviation de nos
alliés.
Le secteur
où nous devons aller devient calme. Je ne sais quand nous prendrons les
tranchées. Plus grand chose, je termine et vous envoie mes meilleures amitiés.
Votre fils
qui vous embrasse.
PS CHASTANET doit être tout près de moi.
Mes chers parents
« C’est
étant toujours en bonne santé que je vous écris. J’espère qu’il en est de même
de vous tous.
Hier, j’ai
eu les deux lettres du 12 avec les 20F. Je vous remercie ; vous voyez que
quand j’ai besoin de quelque chose, je vous le demande. A présent, j’ai
suffisamment d’argent.
Comme dans
4 ou 5 jours nous serons dans la tranchée, envoyez-moi un paquet de conserves,
soit pâté ou sardines. Où je suis, on a tout ce qu’on veut ; mais où nous
allons, on ne pourra rien acheter. Je crois que nous n’y resterons pas
longtemps, et je ne sais pas juste le jour où nous irons.
Il fait
toujours du beau temps.
Plus grand
chose, je vous désire toujours une santé parfaite. Recevez d’un fils qui vous
aime ses meilleurs baisers. »
Mes chers parents
« Je
réponds à votre lettre du 16 sur laquelle je vois avec plaisir que vous êtes
tous en santé parfaite. Pour moi, il en est ainsi.
Nous ne
partons pas encore de demain pour la tranchée. Ici, on est très bien, on fait
un peu d’exercice pour se distraire.
Vous
m’annoncez un colis. Je vous remercie. Je vais le recevoir probablement ce
soir.
Plus grand
chose, je vous embrasse à tous. »
PS :
Bonjour aux voisins, les parents et Julien.
Mes très chers parents
« Toujours
en bonne santé. J’espère que vous êtes tous de même.
Ici, il
fait un temps superbe. Je ne sais quand nous partons aux tranchées. Aujourd’hui,
nous avons repos.
Je ne sais
si hier je vous ai annoncé le colis. Je l’ai reçu et le fromage était très bon.
Je n’ai pas mangé les petits pois.
Plus grand
chose. Je désire à tous une santé parfaite.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS Hier au soir, j’ai passé un moment avec
PLAZANET, il est toujours en bonne santé.
Bonjour
aux parents, les voisins et Julien.
Mes très chers parents
« C’est
étant toujours en santé parfaite que je vous écris. Je désire que vous soyez
tous de même.
Je viens
de voir CHASTANET. J’ai causé avec pendant une demi-heure. Il est en parfaite
santé. Ce soir, nous partons pour la tranchée. Je crois que le secteur ne sera
pas mauvais de trop.
Recevez
les meilleures amitiés de votre fils. »
PS Bonjour aux voisins et Julien.
Mes chers parents
« Me
voilà dans la tranchée depuis hier au soir.
Nous avons
un temps superbe. Le secteur est un peu mouvementé mais pas davantage qu’à
Verdun. Mon bataillon se trouve d’être en réserve.
Je termine
en vous désirant toujours une bonne santé.
Votre fils
qui pense à vous et vous embrasse. »
PS Mes amitiés à mes parents, aux voisins et
Julien.
Mes chers parents
« Je
viens de recevoir aujourd’hui votre lettre du 17. Merci de vos bonnes nouvelles
et du billet.
Ces
jours-ci, l’argent ne m’est pas bien utile ; mais j’espère bien pouvoir
m’en servir avant longtemps.
Nous ne
sommes pas malheureux de trop. Le temps est merveilleux ; et puis, ces
Boches n’existent pas à côté des Anglais qui toute la journée leur envoient des
marmites sur la figure. Malgré que ce soit des Boches, je les plains, car plus
jamais, je n’avais entendu pareille chose. Ils ne répondent presque pas. Ils ne
cherchent qu’à arrêter l’attaque au moment où on veut avancer. C’est bien moins
dur que Verdun.
Je termine
en vous désirant une bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS Bonjour à mes parents ; faites-leur part
de mes lettres. Je leur écrirai quand nous serons sortis d’ici.
Mes bien chers parents
« J’ai
reçu hier au soir votre lettre du 18, toujours avec de vos bonnes nouvelles.
Moi, je
suis toujours dans la tranchée. Le bataillon toujours à 800m des lignes. On n’est
pas mal pour le moment, et ce qui est bien, c’est que le temps est superbe.
Je termine
en vous désirant toujours en bonne santé. Pour moi, ça va très bien.
Merci à ma
cousine Germaine de ses amitiés.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS Tant mieux que les vignes soient belles.
J’espère être là pour couler le vin.
Mes chers parents
« Je
réponds à deux de vos lettres, une du 20 et l’autre du 21 ; sur la
dernière vous m’annoncez un colis que je recevrai probablement ce soir.
Je vois
avec plaisir que vous êtes toujours en santé parfaite. Moi, ça va à merveille.
Il est 10h ce matin, j’ai fait ma toilette. Je me suis levé de bonne heure.
J’ai été chercher un seau d’eau, me suis rasé et
débarbouillé, ce que je n’avais pas fait depuis 4 jours. Il fait un temps
splendide, nous sommes toujours en réserve.
Je vais
donner de mes nouvelles à mes oncles ; j’ai eu hier des nouvelles de Paul.
Je vous
dirais qu’hier, comme vous verrez certainement dans le journal, la brigade qui
fait division avec nous et de laquelle nous sommes la réserve, a attaqué. Ils ont très bien réussi. Ils ont
dépassé les objectifs désignés, sans trop de pertes. Je ne sais exactement le
nombre de prisonniers. J’en ai vu un groupe d’un cent. Il doit y en avoir plus
de 3 cents.
Vous me
demandez si je peux préparer les petits pois. Ici, ce n’est pas facile. Il vaut
mieux les remplacer par d’autres conserves, sardines ou pâté. Mais à présent,
n’en envoyez plus, car les colis arriveraient au repos. Je vous demanderai
assez tôt pour l’avoir à la tranchée. Comme vin, la ration est augmentée. On
touche à présent 45 centilitres.
Je ne vois
plus grand chose. Je termine en vous désirant toujours en bonne santé.
Votre fils
qui ne cesse de penser à vous vous envoie ses meilleurs sentiments d’amitié. Je
vous embrasse. »
Mes très chers parents
« Je
viens de recevoir le colis annoncé hier. Il m’a fait un grand plaisir.
Nous
sommes toujours au même endroit. Je pense que nous y resterons une période de
12 jours, ce qui ferait aujourd’hui la moitié; et pour cette période, mon
bataillon n’irait pas en 1ère ligne. Alors, pour cette fois, c’est comme si on
n’était pas à la tranchée.
Ensuite on
ira au repos pour une dizaine de jours. En attendant, peut-être que la paix
viendra.
Ce que je
vois, c’est que mon ancien corps en fait sa part aussi ; il est déjà parti
du secteur où il nous avait relevés et suit la même route que nous; donc, il va
probablement venir nous relever ici aussi; en ce moment, j’ai entendu dire
qu’il se trouvait dans le camp où nous sommes restés quelques jours.
Nous avons
toujours un temps merveilleux.
Je ne vois
plus grand chose. Je désire que votre santé soit aussi bonne que la mienne.
Votre fils
qui vous embrasse. »
Mes chers parents
« Je
réponds à votre lettre du 23 reçue hier au soir.
Je vois
avec plaisir que votre santé ainsi que celle de tous mes parents va bien.
Nous
sommes toujours au même endroit ; le temps n’est pas mauvais.
Encore une
journée de dimanche triste ; enfin, il faut avoir toujours bon espoir que
cette paix viendra mais non sans se faire attendre.
Je ne vois
rien de nouveau. Je vous désire toujours même santé.
Votre fils
qui ne cesse de penser à vous et vous embrasse. »
PS :
Bonjour aux parents, les voisins et Julien.
Mes bien chers parents
« Ce
matin, je viens de recevoir 3 de vos lettres datées du 24, 25 et 26. Je suis
bien heureux d’avoir de vos bonnes nouvelles, mais malheureusement, vous, ce
n’est pas ainsi; car deux jours que j’écris sans avoir l’occasion de faire
partir les lettres.
Enfin, je
pense que celle-là va partir ce soir.
Je suis en
1ère ligne depuis 3 jours ; nous ne sommes pas trop mal, mais j’ai été
mieux quelque fois; enfin c’est la guerre. Je pense que nous serons relevés
dans 3 jours. Alors je vous écrirai sitôt. Peut-être que d’ici là, vous n’aurez
pas de lettre, car ne n’est pas facile. Enfin, vous serez avertis.
Je suis
très content de voir que ma mémé va bien.
Merci,
j’ai trouvé le billet dans la lettre du 24. Je ne vois pas grand-chose. Je vous
désire toujours en bonne santé, et vous envoie toutes mes amitiés.
Votre fils
qui vous embrasse »
PS Mes amitiés à tous mes parents. Bonjour aux
voisins et Julien.
Mes chers parents
« Je prends
un moment afin de venir vous donner de mes nouvelles qui sont très bonnes.
J’espère que vous êtes tous de même.
C’est avec
plaisir que ce matin j’ai reçu votre lettre datée du 26, ainsi que le bon
paquet. Je vous remercie d’avoir eu la bonne idée de ma l’envoyer car ces
jours-ci, nous ne sommes pas très bien ravitaillés. Les boudins et les pâtés
sont très bons.
Mon
camarade a mangé avec moi et me charge de vous remercier. Il a trouvé
excellent.
Voilà le
4ème jour que nous sommes en 1ère ligne. Le temps n’est pas mauvais de trop.
Les Boches nous bombardent beaucoup, mais depuis que nous sommes là, ils n’ont
pas attaqué. Je crois qu’ils renoncent à la prise qu’ils avaient entreprise.
Je ne vois
plus grand chose. J’espère que mes lettres vous arrivent.
Ne me
croyez pas malheureux. D’abord, nous n’avons pas un mauvais temps, et ensuite,
le calme régnera bientôt.
Recevez
Mes chers parents les meilleurs baisers d’un fils qui ne cesse de penser à
vous. »
Mes bien chers parents
« Enfin,
me voilà relevé depuis hier au soir minuit. Après avoir mangé, nous sommes
partis en autos pour le camp où nous avions passé 5 jours avant la tranchée.
Nous y sommes arrivés à 15h.
Je vais
faire une bonne nuit, car voilà 15 jours que je n’avais pas été très bien.
Demain, je vous raconterai ma journée de dimanche. Vous avez dû voir dans le
journal que nous avons fait du bon travail. J’en ai vu des camarades !!
Aujourd’hui,
j’ai reçu 4 de vos lettres. Dans une, j’ai trouvé un billet de 5F. Je vous
remercie. Je répondrai demain à tout ça. Pour le moment, je suis content de
vous dire que ma santé est bonne, qu’encore une fois, j’ai été bien protégé.
Il est 7
heures. Je vais dormir.
Recevez
chers parents les bonnes amitiés de votre fils.
Je vous
embrasse. »
PS :
Bonjour aux parents et voisins.
Mes chers parents
« Après
avoir fait une bonne nuit, et être nettoyé, me voilà frais, ne pensant plus à
ces quinze jours de tranchées, parmi lesquelles il y en a eu de bien
dures ; soit par le mauvais temps, car il s’est passé des journées de
pluie ou le bombardement. Et encore, tout ça n’est rien à côté du moral, car su
vous souffrez de ne pas me voir, moi, j’ai passé de bien tristes moments en
songeant à vous. Enfin, tout ça est passé.
Dimanche
dernier, ma brigade a attaqué à midi. J’étais 1ère vague. Nous avons fait 800m
de progression en 15 minutes, sans pertes. Les Boches surpris dans leurs trous
se rendaient sans tirer. Nous, pour le régiment, avons fait dans les 700
prisonniers. Je suis très content de ma journée ; (même si je suis proposé
pour une récompense, mais ne causez pas jusqu’à nouvel ordre, car souvent les
propositions reviennent sans résultat. En tout cas, le commandant de la
compagnie demande une citation. (*)
Ma
division a très bien marché et chaque attaque a atteint le but désigné. Si
l’autre qui se trouve aux tranchées en ce moment fait même chose, nous
partirons de la Somme pour un secteur calme ; dans 10 jours, je le saurai.
Si vous voyez d’ici là le village de Combles pris, vous pourrez dire que nous
ne reviendrons pas à la tranchée ici.
En
attendant, nous sommes très bien cantonnés. Je termine en vous désirant une
bonne santé. Votre fils qui vous embrasse et fera toujours tout pour l’honneur
de ses parents. »
(*) : La division a perdu environs 700 hommes tués,
blessés et disparus durant cette attaque secteur
Maurepas (80).
Mes
chers parents
« Je
viens de recevoir ce matin deux lettres, une du 4 et l’autre du 5 ; très
heureux de vous savoir toujours en santé parfaite. J’ai eu aussi un colis avec
de bonnes choses. Les gâteaux sont excellents, le pâté, je ne l’ai pas encore
mangé ; si vous en envoyez encore, ne mettez pas de boîtes si grandes, car
lorsqu’on ouvre une boîte, on est obligé de manger, sans ça, ça se gâte.
A présent,
je vais vous causer des effets. Pour mon imperméable, celui que j’ai sera
bientôt usé ; mais n’en envoyez pas avant que je vous le demande.
Vous
pourrez aussi m’acheter un cache-nez. Le tricot ne me fait pas besoin encore.
Ce qui me fera plaisir, ce sera un autre petit coussin pareil à celui que
j’avais. Mais ne m’envoyez rien avant que je demande car il ne fait pas encore
froid et nous ferons encore des déplacements. Alors je suis assez chargé. Sitôt
que nous serons placés dans un secteur, qui j’espère sera de repos, je vous
demanderai ce qui me fera besoin.
Je ne
savais pas que Lacoste était
blessé.
Je termine
en vous désirant une santé parfaite.
Votre fils
qui vous embrasse à tous. »
PS :
Tant mieux que les raisins soient bientôt mûrs. Quand je reviendrai, je vous
ferai boire comme je bois bien, ce qui n’est pas une qualité.
Mes chers parents
« Je
viens vous donner de mes nouvelles, lesquelles sont toujours bonnes.
Hier, j’ai
eu votre lettre du 1er ainsi que le bon colis ; les quartiers d’oie sont
très bons. J’en ai mangé un hier au soir.
Ici,
toujours même travail. Il fait moins chaud que les autres journées. Demain
dimanche, nous avons repos.
Les
correspondances seront peut-être arrêtées de nouveau car nous ne resterons pas
longtemps ici.
Les fils
CLAMENT ne sont pas dans la Somme, mais dans l’Aisne. C’est leur corps qui a
relevé le nôtre.
Je vous
envoie ma chemise comme j’avais dit. Je ne mets pas la bague de Julien. Elle
n’est pas encore terminée.
Je ne vois
pas grand-chose pour le moment.
Votre fils
qui vous embrasse à tous. »
PS Bonjour aux parents, voisins et Julien.
Mes bien chers parents.
« Ma
santé est toujours excellente. Je désire qu’il en soit ainsi de vous tous.
Ces
jours-ci, nous n’avons presque rien à faire, rien que nettoyage des effets.
L’exercice recommence à partir du 11. Nous resterons, je pense, dans ce camp
encore quelques jours.
Je ne vois
plus grand chose. Je termine en vous envoyant mes bons sentiments d’amitié.
Je vous
embrasse. »
PS :
Bonjour aux voisins et Julien.
Chers parents
« Toujours
en santé parfaite. J’espère qu’il en est de même pour vous tous. Aujourd’hui
dimanche, repos. Rien de nouveau. Temps superbe.
Recevez
les bonnes amitiés de votre fils.
Je vous
embrasse. »
PS Mes amitiés à mes parents, les voisins et
Julien.
Mes chers parents
« Je
viens de recevoir vos deux lettres datées des 7 et 8. Je vois que vous êtes
inquiets sur mon sort. J’espère qu’à l’heure actuelle vous aurez reçu de mes
nouvelles.
J’ai eu avec
plaisir la belle image de Notre Dame des Vertus, que je conserve précieusement
avec espoir en sa protection.
Je suis
toujours en santé parfaite. Nous faisons un peu d’exercice pour nous
distraire : 2 heures par jour, ce matin, de 7 à 9 heures. Ce soir, nous
avons revue de cantonnement à 16h.
Le temps
est superbe, j’espère qu’il est pareil là-bas.
Plus grand
chose. Je désire une bonne santé à tous. Votre fils qui vous embrasse. »
Mes chers parents
« C’est
étant toujours en bonne santé que je vous écris. J’espère qu’il en est de même
de vous tous.
Ici, rien
de nouveau. Toujours même endroit, le temps est superbe.
En
attendant de recevoir de vos bonnes nouvelles, recevez mes sincères amitiés.
Je vous
embrasse à tous. »
PS Mes amitiés à tous les parents, les voisins et
Julien.
Mes chers parents
« C’est
avec plaisir que ce matin j’ai eu vos deux lettres des 9 et 10, lesquelles me
donnent de vos bonnes nouvelles, et m’accusent réception de mes lettres, étant
sorti de la tranchée. Je suis bien heureux quand je vois que vous recevez mes
lettres, surtout dans ces secteurs critiques.
Vous me
demandez des nouvelles de PLAZANET. J’espère qu’à présent, ils auront eu des
nouvelles par lui; en tout cas, je l’ai vu ce matin. Il est de même que moi en
bonne santé.
Ce matin,
j’ai trouvé les dix francs dans la lettre. Je vous remercie ; pour le
moment, n’en envoyez plus. J’en ai suffisamment, ayant fait des économies
pendant le séjour à la tranchée.
Je vois
que chez mon parrain, ils ont eu un peu de blé, tant mieux.
Toujours
au même endroit. Le temps n’est pas mauvais de trop, mais il tombe un peu d’eau
qui à nous ne nous gêne pas en ce moment. Pour beaucoup de renseignements, vous
les trouverez dans mes lettres précédentes.
Recevez de
votre fils ses meilleurs sentiments d’amitié.
Je vous embrasse. »
Mes chers parents
« C’est
étant toujours en santé parfaite que je vous écris. J’espère qu’il en est de
même de vous tous.
Ce matin,
j’ai reçu le colis qui m’était annoncé depuis hier. Je n’ai pas encore mangé
les quartiers d’oie mais ils sont certainement bien bons, car ils ont bien
bonne odeur. Le beurre y était aussi, ainsi que le bouquet. Je vois que ma mère
soigne toujours bien les géraniums.
Je ne vois
plus grand chose. Toujours même travail. Temps beau.
Votre fils
qui ne cesse de penser à vous, et vous embrasse. »
Mes bien chers parents
« Je
viens à l’instant de recevoir une lettre du 11, et c’est avec plaisir que je
vois que vous êtes tous en bonne santé. Je vous remercie beaucoup des nouvelles
que vous me donnez sur le pays. On est si heureux ici quand on sait un peu ce
qui s’y passe. Nous n’avons par le fait que ce moment de plaisir.
Je vois
que vous m’avez fait des achats d’hiver. Je viens vous renouveler de ne pas les
envoyer avant que je vous les demande.
En ce
moment, je n’en ai pas besoin, et je suis bien assez chargé, surtout que d’ici
peu, nous serons certainement relevés du secteur.
Avant-hier,
nous devions revenir aux tranchées, même une brigade de ma division y est en
réserve de l’autre division depuis deux jours; mais aujourd’hui, on dit que
nous, nous n’y reviendrons pas. D’ici une petite semaine, il y a des chances
qu’on soit sortis de cet enfer.
Nous
sommes toujours dans ce camp, très bien. Toujours même chose, un peu d’exercice
pour se distraire.
Question
de permissions, dans le régiment, elles sont supprimées depuis un mois et je ne
sais pas quand elles vont reprendre. En tout cas, je ne compte pas partir avant
décembre.
Je termine
en vous désirant toujours une bonne santé.
Recevez de
votre fils ses bonnes amitiés. Je vous embrasse. »
PS :
Bonjour aux parents, les voisins et Julien.
Mes chers parents
« Encore
nous voilà alertés depuis hier au soir. Nous devions partir dans la nuit ;
mais aujourd’hui on ne cause plus de rien. Et je pense bien que nous arriverons
au jour de relève sans y retourner ; car ça s’approche, plus que trois ou
quatre jours. Je pense que l’autre division a réussi à faire son travail.
J’ai eu
votre lettre du 12 ainsi qu’une carte de ma tante du Peyviroulen
(*) (Louise Fourgeau). Elle me dit qu’elle
va aller battre chez vous et que Louis (Fourgeau) s’y
trouve.
Vous
m’annoncez aussi la prochaine permission de mon oncle BOULENZOU (Pierre FOURGEAU). Tant mieux qu’il puisse venir,
le temps paraît moins long, mais c’est tellement dur de repartir, que tout ça
ne me fait point envie. (Vivement la paix, c’est tout ce qu’il nous faut.)
Quelques
renseignements, chaque fois que vous verrez le général G. (**), ce sera notre corps d’armée.
Tous ces
jours, on en cause dans les journaux, c’est pour ça que je vous le dis. Je
termine en vous désirant une bonne santé, pareille à la mienne.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS :
Bonjour aux voisins et Julien. Mes amitiés à tous mes parents.
(*) : Peyviroulen est un
lieu-dit de Manzac.
Louise FOURGEAUD (née HIVERT) (30 ans) est marié à Pierre
FOUGEAUX ; Louis est leur fils âgé de 6 ans.
Voir le recensement
de 1911.
(**) : Général Guillaumat.
Mes chers parents
« C’est
étant toujours en bonne santé que je vous écris. J’ai reçu votre lettre du 14 à
l’instant. Je vous écrirai plus longuement demain.
Je vous
désire toujours en bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
Bien chers parents
« Toujours
en bonne santé j’espère que vous êtes tous de même.
Ici, rien
de nouveau. Je pense que nous reviendrons aux tranchées pour quelques jours.
Plus grand
chose, je vous désire toujours une bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS Bonjour aux voisins et Julien. Bonnes amitiés à
mes parents.
Bien chers parents
« C’est
étant en 1ère ligne que je vous écris.
Je suis en
parfaite santé.
Nous ne
resterons pas longtemps, 3 ou 4 jours. Mon bataillon se trouve en relève du
régiment.
Je vous
quitte en vous désirant toujours bonne santé. Toujours du courage. Je pense
bientôt pouvoir vous dire que je quitte ce secteur.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS Bonnes amitiés à mes parents.
Bien chers parents
« Toujours
en santé parfaite. Ici, rien de nouveau. Tout va bien.
Le temps
est beau. Je vous quitte en vous désirant une bonne santé.
Votre fils
qui vous embrasse. »
PS Mes amitiés à mes parents
Chers parents
« Je
viens à l’instant de recevoir votre lettre du 18, et c’est avec plaisir que j’apprends
vos bonnes nouvelles. Pour moi, ça va toujours. Mais naturellement, la
situation pourrait être meilleure ; si j’étais à une trentaine de
kilomètres en arrière, mais c’est ainsi. Je ne pense pas que nous resterons
encore longtemps. Enfin, quand je pourrai vous annoncer que je suis sorti, ce
sera bien pour ne plus revenir dans cet enfer.
Vous
m’annoncez un colis. Je ne l’ai pas reçu mais je pense bien que quand je vais
l’avoir, ce sera encore bon.
Vous me
dites que pour ma permission, je veux attendre que le vin soit fait. Et bien
malgré que je vous aie dit qu’une permission ne faisait pas envie, ce n’est pas
que je ne partirais pas, si c’était possible. Mais il faut se faire au
mouvement et accepter la situation par force. Souvent l’on dit des choses qui
ne sortent pas du cœur.
Enfin,
espérons que cette guerre ne durera plus deux ans et que nous pourrons nous
retrouver en bonne santé ; mais c’est long. Votre fils qui vous
embrasse. »
PS :
Bonjour à Damon et à tous les voisins. Qu’il boive un bon coup à ma santé !
Bien chers parents
« C’est
avec plaisir que je viens de recevoir vos deux lettres des 19 et 20 m’annonçant
vos bonnes nouvelles. Mais je vois que vous vous faites des illusions bien trop
tôt. Vous me croyez à la tranchée depuis le 16, ce qui est faux. Je pense à
chaque fois que je fais quelque chose, ne pas vous le cacher. Je vous dis
chaque jour exactement ce que je fais. Donc, vous pouvez croire mes lettres,
elles sont vraies.
Nous
sommes toujours en réserve du régiment. Le temps est superbe. Nous sommes bien,
bien mieux que la 1ère fois. Nous ne serons plus longtemps sans être relevés.
Je vois
que Ninou a eu un peu de blé.
Vous me
dites que mon imperméable est arrivé. Quand j’en aurai besoin, je vous le
demanderai. (Je ne veux pas qu’il goûte de ce bon morceau de Somme.)
Je vois
que mon ancien corps va arriver aussi par ici. Ils font bien même chose que
nous. Ils en font leur part. Enfin, après la guerre, je ne pense pas que l’on
puisse dire qu’on a été embusqué.
Plus grand
chose. Je désire toujours même santé. Recevez de votre fils les meilleurs
sentiments d’amitié.
Je vous
embrasse. »
PS Mes amitiés à tous mes parents, voisins et
Julien.
F I N
Joseph GOUZOU a été tué le 25 septembre 1916 à la ferme du Prietz près de Frégicourt, secteur de Combles (Somme), « par un obus sur le corps ». Croix de guerre, étoile d’argent à titre posthume.
Il a été enterré sur place mais son corps n’a jamais été transféré dans la nécropole de Rancourt située à quelques kilomètres.
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des photos du 43ème régiment d’infanterie
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