Carnet de guerre du téléphoniste Henri GOYARD

du 236e régiment d’infanterie - Année 1914

Mise à jour : novembre 2014

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Henri GOYARD en 1914

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Préambule

Michel m’écrit en octobre 2014 :

 

« Merci pour votre travail remarquable à la mémoire de nos poilus. J’ai retrouvé deux feuillets des carnets de mon grand père Henri Goyard, téléphoniste au 236e RI. Matricule 3508, classe 1907 à Versailles.

Malheureusement après le 1er novembre 1914 la suite a été perdue. Je les ai retranscrits et donne mon accord pour une mise en ligne comme la carte postale jointe.

Mon grand-père est décédé des suites de la guerre en 1925. Ma grand-mère a été déclarée veuve de guerre, mon père pupille de la Nation.

Selon la légende familiale il aurait été gazé. De fait, son livret matricule fait état d'une atteinte aux poumons. Mais je n'ai pas trouvé d'information suivant lesquelles son régiment ait été exposé aux gaz.

Il a été détaché au 29 juillet 1915 dans l'entreprise où il travaillait auparavant. Il a du être hospitalisé auparavant (?).

 

« Merci à tous les internautes pour toutes informations me permettant de compléter le parcours de mon grand père. »

 

 

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Mémoire Guerre 1914 déclarée le 4 août

Départ de Paris le 4 août.

Arrivée Caen le 5.

9 août

Départ Caen 10h. Débarquons le lendemain à Bucy-les-Pierrepont.

10 août

Chaleur torride. Cant Bosmont.

Mardi 11

Cantonnement Vervins jusqu'au jeudi 20.

Installation ligne téléphonique.

Vendredi 21

Cantonnement Haudroy.

Samedi 22

Cantonnement Avesnelles.

Dimanche 23

Cantonnement Cousobre (3 Km Belgique).

Lundi 24

Bivouac près de Colleret.

Mardi 25

Battons en retraite.

Cantonnement à St Rémi-Mal-Bâti. Passons près Maubeuge et Canmont.

Mercredi 26

Cantonnement au Petit Maubeuge au lieu dit Les Corbeaux. (Panique).

Jeudi 27

Marche forcée de 55 Km.

Cantonnement Gare de Boué.

Nous nous apercevons que le régiment est parti depuis près de 3 heures.

Vendredi 28

Hamégicourt. Cantonnement dans une ferme.

Samedi 29

Combat de Moÿ. Bivouac.

Essuyons quatre obus très près.

Dimanche 30

Attaque de Hamégicourt. Panique sous bois. Sommes repoussés.

Battons en retraite de nouveau.

Passons à La Fère et cantonnement à Bertancourt.

Lundi 31

Départ à 3 h de l'après-midi, passons à St Gobain, arrivons à 10 h du soir à Landricourt (reformation du régiment avec le dépôt).

Repartons à 11h.

Arrivons à Bresey le 1er septembre à 2 heures de l'après midi.

Repartons à 7h du soir. Tentons de traverser la Marne à Château-Thierry mais les Allemands font sauter le pont et nous reçoivent à coup de canon et de fusil.

Rebroussons chemin (fatigue extrême).

 

Passons enfin la Marne à Mont-Saint-Père le 2 septembre à 10 h du matin.

Grand … attaque des allemands. Panique dans les bois. Essuyons obus.

Bivouac à Artonges.

Repartons après 1 h de bivouac dans la nuit et arrivons jeudi 3 à Montmirail où nous faisons Gand-halte.

 

Reprenons la route jusqu'à vendredi 4 où dans la journée nous prenons les autobus pour nous chercher car nous n'en pouvions plus.

Les autobus nous emmènent à la Motte-Tilly en passant par Nogent-sur-Seine. (Bonne réception).

Samedi 5

Repos bien mérité car nous avions été quatre jours à manger que des pommes et boire de l'eau quand on pouvait en avoir.

Dimanche 6

Départ en autobus pour Bauchéry (S&M)

Grande bataille les Allemands reculent et battent en retraite laissant des munitions (Bivouac)

Lundi 7

Marche avant Cantonnement à Sancy.

Mardi 8

Passons à Monceaux-les-Provins. Grand combat.

Cantonnement à Villeneuve-la-Lionne.

Nous changeons trois fois de cantonnement pour MM du 148e.

Mercredi 9

Bivouac à Artonges (Aisne).

Sommes trempés comme des soupes.

Jeudi 10

Traversons la Marne à Château-Thierry et en longeant la Marne nous allons cantonner à Mont-Saint-Père.

Vendredi 11

Cantonnement à la ferme de la Longueville.

Samedi 12

Cantonnement à Brancourt (Marne).

Temps horrible beaucoup trop d'eau.

Dimanche 13

Cantonnement à Juvincourt

Lundi 14

Grande bataille. Traversons l'Aisne à Berry-au-Bac. Mais nous sommes pris de face et de flanc par l'artillerie allemande.

Panique, nombreux blessés, téléphonistes blessés : Marie, P Testard, Bectarte, Robillard, Goyard (très légèrement, je reprends deux jours après).

Les Allemands bombardent la Croix-Rouge où j'étais, nous nous replions et restons sur nos positions à Berry-au-Bac.

Mardi 15, mercredi 16

Ambulance.

16 au soir reprise du service.

Jeudi 17, vendredi 18, samedi 19, dimanche 20, lundi 21, mardi 22

Aucun changement dans les positions. Recevons nombre …tables et obus au point que nous ne pouvons plus les compter, les Allemands bombardent les villages de Berry-au-Bac et Carmoy (Marne). Installation d'une ligne téléphonique

Mercredi 23 septembre

3 h du matin.

Relevage de la ligne jusqu'au Sapigneul. Revenons à notre meule de paille et partons dans Berry-au-Bac. Subissons un sérieux bombardement.

Attaque de la cote 91. Les Allemands restent sur leurs positions.

Jeudi 24

Toujours Berry.

Nous subissons toujours un sérieux bombardement. Restons coincés dans Berry même où nous couchons dans une maison qu'un obus a traversé.

Vendredi 25

Journée très calme, trop calme, car la nuit arrive et nous sommes bombardés comme il faut.

Entendons sonner la charge. Nous avons couché dans une cave à Berry.

Samedi 26

Septembre le canon tonne toujours. Rien de nouveau dans nos positions.

Les Allemands prennent le brassard d'infirmier pour venir espionner en disant rechercher des blessés. Ils viennent aussi habillés en Français et tirent dessus nous.

Nuit tranquille.

Dimanche 27 septembre

Rien de nouveau au matin.

Journée tranquille auprès de celles que nous avons passées. Rien de saillant.

Lundi 28 septembre

Nous quittons Berry pour Bouffignereux un peu à l'arrière de Berry. Nous faisons de cahutes de branchages dans les bois.

Sommes remplacés par le 205e de Berry.

Canonnade toute la nuit

Mardi 29 septembre

Rien de nouveau au matin.

Rien le soir non plus. Canonnade toute la nuit.

Mercredi 30 septembre

Départ de nos cahutes à 6 h du matin. Direction La Cavelle.

Faisons 500 m et retour à Bouffignereux à 5 h su soir.

Jeudi 1er octobre

La division passe au 1er corps à la date du 1er septembre.

Journée très calme jusqu'à 5 h du soir. Or à ce moment les obus tombent nous pendant une demi-heure. Nous l'avons risqué belle.

Avons resté près du drapeau à quatre téléphonistes et quatre sapeurs. Avons reçu félicitations pour notre conduite (Les officiers avaient quitté le drapeau en le laissant seul, colonel et piston).

Vendredi 2 octobre

Contre nos prévisions avons passé une nuit tranquille. Journée tranquille.

Samedi 3 octobre

Nuit splendide comme clair de lune. Canonnade presque toute la nuit.

À 11 h du soir, partons pour Jonchery où nous prenons les camions automobiles pour Compiègne.

Dimanche 4 octobre

Arrivée à Compiègne à 5 h du soir.

Couchons caserne Jeanne d'Arc.

Lundi 5 octobre

Départ de Compiègne par voie ferrée à 3 h de l'après-midi direction de Amiens, descendons après Montdidier à Faverolles, cantonnons à Laboissière.

Mardi 6 octobre

Nuit tranquille.

Mercredi 7 octobre

Nous devions partir à deux heures et sommes encore là à 11 heures du matin nous partons pour Arvillers.

À mi-chemin nous sommes salués par des marmites, passons tout de même et nous arrivons à Arvillers à la nuit.

Fusillade intense toute la nuit.

Jeudi 8 octobre

Nous restons à 400 m  d'Arvillers. Nous couchons dans Arvillers le soir.

Vendredi 9 octobre

Nuit calme.

Les boches bombardent Arvillers avec leurs 280 mm.

À midi une maison brule. Je trouve un éclat d'obus mesurant 15 à 20 cm de long, 4 cm de large et 1 d'épaisseur.

Samedi 10 octobre

Même bombardement à part cela nous sommes à peu près tranquilles.

Les bonnes gens étant parties, nous avons acheté poules et lapins et confitures.

Dimanche 11 octobre

Toujours marmites et toujours Arvillers.

Lundi 12 octobre

Nuit tranquille.

Départ d'Arvillers vers 8 heures du matin.

Nous passons au Quesnel, Caix, Harbonnières. (Là un civil engueule le Commandant, qui lui brûle la cervelle).

Morcourt (Grand'halte), à 1h ½ traversons Etrechein (*) et arrivons à Bray-sur-Somme où nous cantonnons. Ce qui nous a fait une étape de 25 Km.

 

(*) : Lieu pas trouvé.

Mardi 13 octobre

Nous installons une ligne téléphonique de Bray à Suzanne – 5 Km.

Nous couchons chez Mr le Curé dans le presbytère.

Mercredi 14

Suzanne.

Rien de nouveau. Nous relevons la ligne et couchons à Bray dans un brai à cochons.

Jeudi 15 octobre

Nuit tranquille jusqu'à trois heures du soir où nous partons de Bray nous arrivons à Fricourt à quelques kilomètres d'Albert.

Nous installons une ligne téléphonique dans les tranchées.

Vendredi 16 octobre

Nous sommes à 600 m des Boches. Rien de sensationnel.

Samedi 17 octobre

Toujours Fricourt. Pas d'engagement de part et d'autre.

Dimanche 18 octobre

À quatre heures quarante-cinq nous sommes attaqués par les Boches.

Grosse fusillade, les Français attaquent La Boiselle, de ce fait les Allemands attaquent le 205e.

La 20e Cie du 236 fait un bond de 200 m mais subit un feu terrible la forçant à se replier laissant onze morts et quatorze blessés.

Lundi 19 octobre

Nous passons la nuit tranquille.

À deux heures quelques obus et une fusillade.

Le régiment est relevé. Mais nous restons, le régiment remplaçant n'ayant pas de téléphonistes.

Mardi 20 octobre

Nuit calme.

À 10 h, grosses marmites dont une dans une tranché. Total quatre morts un blessé au 361e.

Nous partons de Fricourt pour Bray où nous arrivons à 10 h du soir.

Mercredi 21 octobre

Nous couchons dans un wagon de chemins de fer de la Somme. Nous sommes mieux que dans les tranchées de Fricourt.

Jeudi 22 octobre

Toujours Bray.

Violente canonnade au nord de Bray.

Vendredi 23 octobre

Nous partons de Bray pour relever le 45e à Carnoy. Nous sommes à 800 m des Allemands. Le pays de Carnoy est entièrement ravagé.

Nous couchons dans une cave traversée par un obus.

Ligne téléphonique.

Samedi 24 octobre au Mercredi 28 octobre

Rien de nouveau à part les marmites.

Mercredi 28 octobre

Au matin attaque générale.

Total 93 morts ou blessés et nous restons sur nos positions

Jeudi-vendredi

Rien de neuf. Toujours marmités.

Lundi 31 octobre

En réparant la ligne je suis salué par trois balles. À part ça rien de nouveau.

Dimanche 1er novembre

Je vais chercher les lettres à Bronfay

 

La suite des carnets a été perdue… Dommage !

 

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Vers d’autres témoignages de guerre 14/18

 

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