Lettres et correspondance de guerre de Louis GRÈS

de la 24ème section de munitions d’artillerie (SMA) de 75 du 9ème régiment d’artillerie,

Puis à partir de janvier 1915 :

Maitre-pointeur à la 4ème batterie du 3ème groupe d’artillerie d’Afrique

 

 

 

Louis Édouard GRÈS, 9ème régiment d’artillerie de campagne

 

 

Louis Édouard GRÈS est né le 24 novembre 1887 à Decazeville (acte). Affecté au 9ème régiment d’artillerie de campagne, à 20 ans, au moment de son service militaire, il déclare être mineur et habite Aubin dans l’Aveyron.

Nous découvrirons qu’il faisait partie de la 24ème section de munitions d’artillerie (24ème SMA).

Cette 24ème SMA du 9ème régiment d’artillerie est nommée en abrégé militaire de l’époque « SMA 24/9 ». Ces sections alimentaient en munitions une ou plusieurs batteries de canons d’un ou de plusieurs régiments d’artillerie. Elles-mêmes allaient s’alimenter dans les gares. Donc va et vient entre le front et les gares. Elles étaient donc positionnées « assez » loin des tranchées, mais sous le feu éventuel des bombardements.

 

Au sein de ces sections, on y employait généralement des réservistes ; les jeunes étant directement charger d’utiliser les canons. Les SMA étaient composées en 1914 à l’effectif environ de 3 officiers, 110 hommes, environ 120 chevaux, 40 voitures hippomobiles diverses (dont 20 caissons d’artillerie et une voiture fourragère). Une SMA pouvait « embarquer » environ 2000 obus, 2400 cartouches, 1000 fusées. Ces chiffres sont approximatifs. On peut en voir un exemple pour la 24éme SMA du 5ème régiment d’artillerie de campagne ici.

Toutes les SMA auront des effectifs en diminuant dès que les chevaux seront progressivement remplacés par des camions. Certaines sections seront même dissoutes, nous le verrons.

La 24e SMA (avec la 25ème SMA) était rattachée en août 1914 à la 37ème division d’infanterie qui avait comme artillerie divisionnaire les 1er, 2ème et 3ème groupes d’artillerie d’Afrique. Ces 2 SMA ne combattaient donc pas avec le 9ème régiment d’artillerie, mais y étaient rattachées administrativement, ce n’est donc pas la peine d’essayer de suivre le parcours de Louis GRÈS à l’aide l’historique du 9ème RAC.

En parallèle de sa correspondance présentée sur cette page, Louis a écrit un carnet de guerre. Il est visible ici.

 

 

Merci à Michèle pour la correspondance et le carnet du grand-père de son mari.

Merci à Philippe S. pour la vérification du récit et le temps passé sur certaines recherches.

Nous avons ajouté du texte en bleu pour la compréhension de certains termes et pour aller « plus loin » dans l’analyse du récit.

 

Nota : Tous les récits d’artilleurs, comme celui de Louis GRÈS, utilise des termes propres à l’artillerie, comme " batterie ", " groupe ", " échelon ", " pièce ", " avant-train ", pour comprendre ses termes propres à l’artillerie, allez voir sur mon site ici.

 

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AOUT 1914

Lettre n°1 : Castres le 4 août 1914

Chère Marcelle,

« Je m’empresse de t’écrire ces quelques mots pour te donner des nouvelles de la situation.

Nous sommes partis d’Aubin à 9 h du matin. Nous étions 3, moi, Paul Bergon (*) et Cayla … qui travailler (aient) à Cérons.

Nous sommes arrivés nous avons bien déjeuné à Rodez à midi dans la salle d’attente. Sommes partis de Rodez à 1h10 pour Castres nous sommes passés par le pont de Tanus quelque chose de magnifique qui pourtant le jour d’avant on voulait le faire sauter ; parait-il que ce serait un allemand qui serait dans le pays il aurait une vingtaine d’années.

Nous sommes passés par Carmaux et juste la gare d’avant arriver j’ai trouvé le cousin de Cagnac à un croisement de train où nous avons eu un peu d’arrêt. Nous nous sommes embrassés. Il nous a dit qu’il avait écrit chez nous et pas plus que ça, nous n’avons pas eu notre temps. »

 

« Ensuite nous sommes arrivés à Albi où j’ai trouvé Mr Émeri l’adjudant de mon ancienne batterie. Nous nous sommes serré la main et nous sommes montés dans un autre wagon car le sien était plein, quitté Albi à environ 3 h. »

 

« Vers les 6 h, entre Albi et Laboutarie, nous avons traversé un ouragan, que je peux te dire de ma vie j’en ai vu de pareil, on n’y voyait pas à 2 mètres. La grêle tombait sur les wagons on aurait dit que l’ennemi nous tirait dessus avec des mitrailleuses.

Le train s’est arrêté. Nous avons vu déraciner des arbres et briser à ras de terre les poteaux télégraphiques, sur une largeur de 7 à 8 mètres, les champs de maïs dévastés complètement, les gerbiers de blé renversés, les tuiles des maisons envolées. On aurait dit qu’on jouait la … Plisique à la gare de Laboutarie. Nous avons vu une baraque en planches brisée en mille morceaux, sur la route les automobiles ne pouvaient plus avancer. Ils ont été obligés d’achever de couper les arbres qui, surement, étaient plus gros qu’un sac de blé, pour pouvoir passer. Nous n’avons pas souffert. Nous étions dans un wagon à bestiaux bien fermé.

Après, tout doucement nous sommes arrivés à Castres.

Nous nous sommes précipités vers des restaurants et ça a été inutile. Nous n’avons rien trouvé à manger. Il a fallu que nous mangions ce que nous avions.

Après nous sommes rentrés au quartier où tous les lits étaient au complet. Nous sommes allés dormir dans un magasin à fourrage où nous avons bien dormi. Maintenant nous sommes incorporés dans la même section moi et Paul (BERGON). Je crois que nous irons cantonner au séminaire de Castres. »

 

« Pas d’autres choses à te dire pour le moment. Mais je te recommande de ne pas te faire du mauvais sang car tous nous sommes contents. Nous ne savons pas encore où nous serons dirigés.

Alors ma chère Marcelle je m’en vais te dire au revoir et mille baisers à toi et au petit René (***) surtout et toute la famille. Tu donneras de mes nouvelles en bas. Je suis en bonne santé. Je souhaite bien que ça dure. Bonne santé à tous.

Gros baisers. Louis. Encore sans adresse. Je t’écrirai de nouveau sans tarder. »

 

(*) : Marcelle MAUREL, son épouse. (1890-1966).

(**) : Paul Cyprien Pierre BERGON est du même village que Louis GRÈS. Il intégrera aussi le 9ème régiment d’artillerie en août 1914. En 1916, étant travailleur aux mines de Decazeville, il sera détaché pour la construction de tours à coke à la cokerie de Decazeville. Il survivra à la guerre. Voir sa fiche.

(***) : Leur unique enfant : René Pierre Louis GRÈS (1912-1973).

Louis et Marcelle GRÈS

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Carte postale n° 1

Carte partie de Paray-le-Monial le 16 août 1914 (cachet de la poste), Saône-et-Loire

 

« Au moment où je t’écris nous avons fait 32 heures de chemin de fer nous avons fait à peu près la moitié… »

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Lettre n°2 le 16 août 1914. Seine-et-Marne, Moret-sur-Loing

Chère Marcelle

« A la gare où je t’écris, on nous fait un accueil tout à fait aimable. Les habitants nous ont donné à manger des œufs, des tartines toutes prêtes, à boire et presque à toutes les gares que nous arrêtons c’est pareil. Dans le nord ils sont plus aimables que dans le midi. …

32 heures de chemin de fer et pas doucement, très vite sur les grandes lignes si droites et pas montagneuses. Nous avons longé la méditerranée à 10 mètres sur une longueur d’au moins 30 kilomètres en passant par Cette (*). Maintenant nous filons vers Paris je ne peux pas t’en dire plus long pour le moment car nous avons moins de 10 minutes d’arrêt en gare … »

G.L. : 9eme régiment d’artillerie.

 

(*) : Cette : Ancien nom de Sète (34). C’est la voie de chemin de fer d’Agde à Sète qui longe la mer sur 30 km.

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Lettre n° 3 le 16 août 1914

Villeneuve-St-Georges

« Au moment où je trace ces mots je suis à 13 km de Paris et c’est 8 heures du soir nous avons ½ h d’arrêt pour visiter les wagons et changer les machines.

Depuis Castres nous en avons changé plusieurs fois mais nous sommes toujours dans les mêmes wagons. Malgré ce voyage si long, nous avons bon appétit. Il ne nous manque pas à manger. Nous avons toujours l’étrier-musette bien garni. Nous avons la ration du matin et du soir en plus de ce que l’on nous donne dans les gares : du pain, des chocolats, œufs, du fromage, fruits de toutes sortes, tartines et cigares.

Ceux qui font ça sont des gens riches.

Dans toutes les gares on nous acclame, on tape des mains, on nous donne des fleurs, on nous dit qu’on en revienne pas sans porter la tête de Guillaume, que pour un homme ça en fasse déranger tant de peuple. »

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Lettre n°4 le 19 août 1914

Belgique, Couvin

« ….Que nous sommes dans le beau pays de Belgique.

Pour venir ici nous avons fait un bon voyage ; Partis de Castres le vendredi à 7 heures du soir nous sommes arrivés à Rocroi le lundi (17 août) à 2 h du soir. Bien nourris.

Aujourd’hui même il est passé à Couvin au moins 30 automobiles portant des vivres à ceux qui sont sur la ligne de feux. Nous avons vu aussi voler 15 aéroplanes. Le temps est beaucoup plus froid que chez nous surtout la nuit. Nous n’avons pas couché à la belle étoile, toujours dans les granges.

Des habitants de Couvin nous ont même offert des lits mais comme il pourrait y avoir des alertes à toute heure on a refusé. Ici les gens sont très aimables, bien comme il faut, mais nous n’avons plus de vin à boire, nous n’avons que de la bière qui n’est pas chère 9 sous le litre. Je suis déjà habitué.

Je suis en parfaite santé … pourvu que ça dure …nous ferons une bonne campagne. »

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Lettre n°5 le 21 août 1914

Jamagne Belgique

« ……moment de repos …pas beaucoup de fatigue … étape de 5 km … bien tranquilles … 2 repas par jour … pas de vin depuis que nous avons quitté la France  … mais du lait à volonté … aller à la ferme ….

Ne te tracasse pas de moi, j’ai encore de l’argent surtout qu’on ne peut pas le dépenser comme dans les grandes villes… quand on prend le café on nous fait payer que la goutte 2 sous, on ne nous compte pas le café ….

Nous sommes cantonnés près d’un parc d’aviation et nous voyons lever et atterrir les aéroplanes. Il y en a une vingtaine.

Et comme tu dois le voir dans les journaux nous, les Français, nous sommes toujours vainqueurs. Nous, nous n’avons pas de nouvelles de l’Alsace mais je crois bien qu’ils sont vainqueurs nous sommes en 3ème ligne et nous sommes bien plus nombreux qu’eux.

Tu vois chère Marcelle que tu n’as pas à craindre, nous sommes bien préservés, ne te fais pas de mauvais sang, j’ai toujours eu du courage. »

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Lettre n°6 le 28 août 1914

Vervins, Aisne

« J’ai reçu la lettre que tu as fait partir le 13. Aujourd’hui nous venons de faire une étape de 25 à 30 km….je n’ai pas eu une minute de maladie ; aujourd’hui j’ai trouvé Mr. Monfrin, le docteur de chez nous il m’a dit que je n’avais pas maigri. Nous n’avons pas échangé davantage car nous avons fait chacun notre chemin.

J’ai trouvé encore un gendarme d’Aubin qui suit la colonne nous avons causé à peu près 8 minutes….

Maintenant nous ne voyageons plus sur le train, toujours sur les caissons. Nous avons traversé beaucoup de bois surtout en Belgique. Nous ne restons pas longtemps au même endroit, toujours sur les routes, ou stationnés dans les prés, près de la route, prêts à repartir.

Il arrive que nous restions toute une nuit mais souvent, comme la nuit dernière, arrivés à minuit, nous nous sommes relevés à 1 heure pour repartir. Mais nous n’avons pas à nous plaindre, on a suffisamment de repos. Ce n’est pas comme ceux qui sont sur la ligne de feux, ils ne peuvent dormir tout le temps. Encore nous ne sommes allés les ravitailler qu’une fois, la nuit alors que tout était calme. Mais on voyait au loin des villages qui brulaient où les Allemands avaient mis le feu. »

 

« Pour le moment ils avancent sur nous, mais je crois qu’ils ne feront pas toujours pareil car nous recevons des renforts tous les jours.

Au début on ne croyait pas que l’Allemagne ait transporté tant de troupes du côté de la Belgique, c’est ce qui nous a trompé mais maintenant je crois bien que nous les arrêterons et même que nous les refoulerons.

Aujourd’hui nous avons vu passer un blessé allemand qui a été ramassé par nos troupes et il nous a dit que les officiers allemands les encourageaient en leur disant que les Italiens étaient contre nous et que les Anglais ne marchaient pas. Ce qui n’est pas vrai malgré qu’ils aient porté toutes leurs forces sur la Belgique on les a bien arrêtés grâce à notre artillerie qui malgré tous les combats qu’on a eu il n’y a pas beaucoup de tués ni de blessés. C’est l’infanterie qui a le plus souffert.

Sur 9 bataillons, il en est resté à peu près un tiers. Pour les autres régiments nous ne sommes pas au courant. En lisant les journaux vous en savez plus que nous. Nous ne voyons aucun journal. Il nous faut passer dans une grande ville pour en voir et encore ils sont vite enlevés.

Ce que nous disent les soldats qui viennent du combat c’est que les Allemands auraient beaucoup de pertes car notre artillerie fait beaucoup plus d’effets que la leur. Les obus allemands parfois tombent à 1 mètre d’une personne et ne la tue pas. Il y en a un qui nous a dit que l’obus lui avait enlevé le sac de son dos sans qu’il ait de mal. Alors qu’avec les nôtres on le voyait tomber comme des mouches.

C’est parce qu’ils sont si nombreux qu’ils avancent.

Tu donneras bien le bonjour à l’oncle Paul et tante Elise »

 

L.G. 9eme d’artillerie, 24éme de M. de 75 sur Castres, Tarn. (*)

 

(*) : C’est ici que l’on connait son affectation au sein du 9ème régiment d’artillerie : 24ème section de munitions d’artillerie de 75 mm.

 

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SEPTEMBRE 1914

Carte en franchise

Le 22 septembre 1914.

Chère Marcelle

« J’ai reçu une carte à l’instant même de toi. Tu me dis que tu es resté 24 jours sans nouvelles et moi je suis resté bien davantage. Je n’ai reçu que cette carte depuis la lettre du 12 août. Alors tu le vois bien qu’il n’y a pas à compter ; Mais ça n’y fait rien pourvu qu’on soit en bonne santé c’est tout ce que l’on désire.

Pour moi toujours le même. Tu me dis que la famille de Paris est venue et que Geneviève m’a écrit mais je n’ai rien reçu. Tu les embrasseras pour moi ainsi que toute la famille. Pas autre chose pour le moment. »

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OCTOBRE 1914

Le 3 octobre 1914

« Voilà déjà 2 mois que je suis parti de Cérons et on ne sait pas encore quand je reviendrai car ça n'a pas l'air d'avoir encore fini mais ça ne fait rien pourvu que ça continue comme le passé. J’ai l'espoir de revenir surtout étant toujours été en bonne santé, pas une heure de maladie, surtout qu'à Cérons j'avais parfois des mal au ventre et ici ce n'est pas ça.

Je ne sais pas si c'est l'air ou quoi mais je me porte très bien. »

 

« Voilà déjà 4 ou 5 jours on se nourrit que de faisans ou de lapins sauvages. Il a fallu venir en guerre pour manger de cette viande. Peut-être que ça ne durera pas car nous ne resterons pas toujours au même endroit. Mais au pays où nous sommes on ne voit que du gibier il y a même des cerfs et des biches. Nous n'avons qu'à sortir une heure de la section à 100 m ou 200 m et nous ne revenons pas sans deux ou trois lapins et des faisans. Nous les attrapons avec des bâtons tellement il y en a. on les voit par centaines. C’est incompréhensible. Jamais je ne l’aurais cru.

Je te réponds que le permis de chasse serai vite gagner ici on n’aurait pas besoin deux trois mois, dans une heure, avec un fusil de chasse tu en tuerais bien une vingtaine. Je te réponds que si c'était commode pour t'en faire parvenir, je te le ferai mais c'est inutile d'en parler. »

 

« Sur les autres lettres je voulais te parler des allocations qu'on accorde aux familles des réservistes et toujours je l'oublie, car il y a des camarades qui ont reçu de leur femme qu’elle touche 25 sous pour la femme et deux sous pour chaque enfant par jour. Tu me sauras à dire si c'est réel et voyant que tu m'en parles sur ta carte je te le rappelle. Car il me tardait de savoir si tu le savais surtout que nous l'avions vu sur les journaux. »

 

« Je n’ai pas temps d'écrire à tes parents du moment que je t'écris à toi assez souvent. Tu dois leur faire part de tes lettres au moins qu'il ne sache pas mal car je pense que vous devez être tous bien comme avant que je parte. Tu me sauras dire si ton père travaille toujours et s'il y a beaucoup d'ouvriers à Cérons et si l'usine de Viviez a arrêté complètement. C’est pour le savoir car il y a des camarades à Vergon. il y a 5 minutes qu'on cause ensemble qui disent que l'usine de Viviez marche quand même et il me semble que ce n'est pas guère possible surtout en voyant qu'on appelle même la classe 1887 qui a 20 ans de plus que moi.

Tu me parleras un peu des récoltes surtout de la vigne car il y en a qui disent qu'ils ne sont pas très joli et pourtant c'est du vin qu'il nous faudrait car quand on boit du vin on n’a pas besoin de tant manger.

Enfin jusqu'ici nous avons eu tout ce qu'il a fallu pour manger surtout ces jours en ayant l'ordinaire et lapin et faisan en surplus. »

 

« Enfin je crois que je ne t'en ai assez raconté pour le moment. Tu donneras toujours bien le bonjour à tous, tu embrasseras tes parents, Roger, Marguerite et toute la famille Gieysse pour moi. Si tu vas un de ces jours à Viviez, tu feras bien des compliments de ma part à l'oncle et à la tante. Pas autre chose pour le moment j’envoie un million de baisers à toi et petit René, bien le bonjour à tes parents aussi. Tu me donneras l'adresse d’Émile (*), s'il n'a pas fallu qu'il parte aussi car j'ai vu sur un journal qu'on appelle les réformés pour leur faire passer une nouvelle visite. »

 

(*) : Très certainement son frère Émile GRÈS (1891-1951).

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Correspondance militaire le 6 octobre 1914

« Je suis toujours en bonne santé ; un million de baisers »

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Lettre Rethondes le 8 octobre 1914

« Voyant que tu ne reçois pas de nouvelles trop souvent je mets une lettre en même temps qu'une carte comme ça tu pourras voir ce qui marche le mieux. Pourtant ce n'est pas que je ne t'écris pas.

Je t'écris souvent chaque jour, au moins tous les trois jours, alors tu vois bien qu'ils doivent rester en gare car il y a quelques jours que nous recevons les correspondances régulièrement. Chaque jour il y a des lettres qu'on distribue une fois par jour maintenant. Il y a 25 jours que nous sommes au même endroit.

Nous sommes dans un endroit qu'on appelle Rethondes à peu près 9 ou 10 km de Compiègne dans le département de l'Oise à 50 m de la rivière de l'Aisne. C’est un endroit bien agréable. Nous sommes à côté de la grande forêt de Compiègne dont tu dois avoir entendu parler sur les livres. Nous sommes à côté de la grande forêt de Compiègne et il y a beaucoup de gibier et même des cerfs. »

 

« Depuis que nous sommes ici, des femmes qui restent à Paris quelles sont venus voir leur mari. N’étant pas trop loin, ça leur a fait une promenade. Beaucoup, parmi elles, nous ont trouvé pas trop malheureux ; surtout au point de vue que nous ne sommes pas trop tracassé encore. Depuis que nous sommes revenus de Belgique nous nous sommes beaucoup remis. Maintenant nous ressemblons à des troupes fraîches. »

 

«Hier, j'ai goûté avec Tellier de Combes, il est cuisinier à l'état-major nous nous voyons très souvent si par hasard tu passais à Combe tu pourrais dire à sa mère que nous sommes ensemble surtout maintenant qu'on l'a versé à la 24ème section et toujours nous mangeons des lapins, faisans et même des lièvres et nous avons mangé hier un civet.

Il y en avait un qui pesait 8 livres et l'autre une livre et toujours quelques bons repas. Le jour avant, nous avions mangé deux lapins et deux faisans alors tu peux bien voir que nous ne souffrons pas de la faim. »

 

« Je t'avais demandé l'adresse de Gervais (*) mais je vois que tu me l’as donné avant même que tu aies reçu ma lettre. J’ai reçu aussi une lettre de Geneviève en même temps que la tienne. Je vais lui faire réponse de suite maintenant nous pouvons nous procurer du papier ça fait que nous pouvons écrire.

Ici il fait beau temps mais les nuits sont très fraîches. Cette nuit je l'ai passée dehors. J’étais de garde et ce matin il y avait même de la gelée blanche. La batterie que nous devions former et que je t'en ai parlé, maintenant c'est dédit.

Ça fait que nous sommes toujours à la 24e section. Il n'y a pas de changement et nous sommes bien plus tranquilles surtout que nous sommes quelques camarades qu'on se plaignait de se quitter. Nous sommes tous de l'Aveyron. Il y en a même un de Flagnac de Decazeville qui a travaillé à Viramont et le sous-officier que nous avons est de Najac.

Pas d’autre chose intéressant à te dire pour le moment tu donneras bien le bonjour etc. »

 

(*) : Gervais ESPINASSE, 31 ans, le beau-frère de sa femme (mari de sa sœur). Il est au 206ème régiment d’infanterie. Voir sa fiche.

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Carte postale de du château de Pierrefonds environs de Villers-Cotterêts

« J’ai encore reçu des nouvelles de mon cousin Bras. Il ne m'a jamais écrit et je suis bien content que tu m'aies envoyé son adresse.

Maintenant je saurai lui écrire mais aussi celle de Louis du Gua (*) d'où tu me dis que ton père a dit qu’on n’avait pas eu des nouvelles de lui depuis le 12 : ce qui n'est pas trop étonnant car en temps de guerre on peut se trouver dans ce cas. On n’a pas à se faire du mauvais sang.

Aujourd’hui j'ai reçu des nouvelles de la tante Élise. Ils me disent aussi qu'ils ont passé leur journée avec vous tous en même temps. J’ai reçu des nouvelles de Paris de Geneviève et qui vont tous bien ils ont reçu mes…. »

 

(*) : Le Gua est une commune à l’est d’Aubin (21). 2500 habitants en 911.

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Carte postale du château de Pierrefonds 2e

« Pour me débarrasser des cartes que j'ai dans ma poche et des grandes enveloppes, je t'envoie cette carte. En plus ça me fait plaisir c'est un château que je t’ai déjà envoyé mais pas la même vue.

La prochaine fois j'en mettrai une pour René. J’étais de passage à côté de ce château le 11 octobre à conserver »

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Le 11 octobre 1914 réponse militaire

« Tu me dis que tu vas m'envoyer les tricots et 4 paires de bas pour ça c'est bon mais ne te dérange pas pour les caleçons car j'en ai surtout que je n'en veux pas pour les flanelles aussi car j'en ai cinq alors tu vois que ça n'est pas la peine. J’ai fait réponse à Geneviève deux fois le 15 octobre 1914.

Je viens de recevoir le petit paquet que tu m'as envoyé et qui contenait le tricot et un bout de saucisson ce matin. Tu vois que ça marche très bien. Tu m'enverras des chaussettes quand tu voudras mais pas autre chose car hier on nous a distribué de tout ce que nous avions besoin il y avait des flanelles des tricots des chemises des caleçons et moi j'en ai eu ma part. je te réponds que nous n'aurons pas peur de l'hiver, nous avons de quoi nous habiller.

Tu me dis que Gervais est blessé (*) ça me fait bien de la peine mais on y peut rien pourvu que ça ne soit pas trop grave il en guérira moi je suis toujours en bonne santé et souhaite de tout cœur que vous soyez de même »

 

(*) : Gervais ESPINASSE a été blessé le 29 septembre par éclats d’obus à la tête et à la main droite.

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Carte postale

Compiègne le pont de l'Oise le 12 octobre 1914

Chère Marcelle

« Tu vois bien, je suis en bonne santé »

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Carte en franchise

« C’est toujours en bonne santé que je t'écris. Je te dirai que j'ai trouvé le bout de saucisson bien bon surtout que depuis le départ de Castres je n’en avais pas goûté et c'est bien dommage qu'il ne soit pas plus gros.

Enfin il faut se contenter avec ce que l'on a. Malgré ça nous avons assez à manger. Si ce n'était pas le vin on le paye bien cher.

Bien des compliments à la famille GIeysse … »

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Correspondance militaire le 19 octobre 1914

« Toujours en bonne santé. Il y a quelques jours que nous sommes au repos. Nous étions souvent ensemble avec (Paul) Bergon mais il y a une semaine qu’on ne s’est pas vu. Mais on ne s'ennuie pas tout de même. Nous sommes beaucoup de camarades dans la section.

1000 baisers au petit René bien le bonjour au voisin. »

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Lettre du 24 octobre 1914

«Comme je te le promets sur la lettre d'hier, je t'envoie cette lettre pour parler un peu de ce que tu désires.

Nous sommes toujours au même endroit depuis quelques jours dans la ferme dont je t'ai parlé sur l'autre lettre. Là nous n'avons pas de vin. Il ne faut faire une demi-heure pour aller au village le plus près pour aller en chercher et encore parfois on n’en trouve pas.

Heureusement que demain à la ferme où nous sommes, on distribuera du cidre en payant, bien entendu, mais peu importe pourvu que l'on puisse boire. Nous sommes contents si ce n'était pas la boisson, nous avons tout ce qu'il faut pour manger. Si nous voulons des pigeons, à nous de les payer 30 centimes la pièce et les grosses pièces 29 centimes. »

 

« Chère Marcelle, tu n'as pas à te faire du mauvais sang de moi. Je me soigne mieux que tu peux le croire. Ça c'est vrai pour nous soigner pourvu qu'on ait de l'argent. Comme moi encore je n'en ai pas souffert. Mais je ne crois pas en souffrir.

Car quand j'en aurai besoin, je te l'écrirais assez souvent de peur que cela ne me parvient pas. Il y a des parents qui ont envoyé de l'argent à des soldats déjà bien souvent et ils ont constaté que le premier qu'ils ont fait partir n’est pas arrivé.

Pour que les lettres ne se perdent pas, il faut les recommander car pour les avoir il faut signer. Il y en a même qui ont reçu des papiers de banque dans des lettres mais ce n'est pas utile, car avec les mandats on a vite l'argent. Et quoi qu'il se qu'il se perde on a toujours le double du mandat.

Moi avec mon petit métier de coiffeur je m'en sors assez malgré que je n’aie pas pris le nécessaire de la maison. Il faudra en trouver à Compiègne. »

 

« Ici après avoir passé pendant 7 ou 8 jours un temps couvert hier et aujourd'hui il fait un très beau temps un beau soleil, ce que nous fait plus de plaisir que la pluie. Encore nous n'avons pas assez à nous plaindre car on peut dire que aucune fois la pluie nous et traverser la veste ou le manteau.

Maintenant si on croyait y rester encore longtemps ce serait préférable que je trouve une pèlerine imperméable, qui ne soit pas courte. Normalement je n'ai pas besoin de mettre beaucoup d'argent pourvu que je puisse achever la campagne c'est tout et ce serait bien commode. Car en cas de pluie, je serai toujours sec dessous. Si nous réussissons de passer dans une ville pas trop pillée, je tâcherai de faire cet achat. »

 

« Tu me dis de te dire si les lettres cachetées marchent aussi vite que les cartes postales. Que oui, car mes camarades à recevoir beaucoup et ils font comme moi. Ils sont obligés de dire alors femme ou parents de ne pas leur envoyer de linge car nous en avons déjà touché. De ce qui vient des dons qu'on a fait dans les villes. Nous en avons beaucoup reçu de l'Automobile Club de France de Paris. »

 

« Je suis bien content que petit René ne s'ennuie pas et qu'il te garde aussi toi de t'ennuyer. Car si ce n'était pas lui, tu penserais beaucoup plus à nous. Je suis bien content aussi de voir qu'il grandit car quand je vais revenir je ne suis pas foutu de le reconnaître et que je resterai stupéfait devant lui.

Enfin ce n'est pas tout quand nous nous sommes quittés à Cérons, tous ensemble, jamais on aurait cru de rester si longtemps sans se revoir. Et ce qui est pourtant. Nous sommes tous les mêmes nous sommes contents quand on peut recevoir des nouvelles des siens.

Voilà, un jour si tu peux te faire photographier toi et petit René, tous les deux ensemble, en carte postale, ça me ferait un grand plaisir de vous avoir sur moi. Tu m'en feras parvenir une sous enveloppe. Moi si j'étais commode, je le ferai mais nous ne trouvons pas de photographe. »

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Réponse militaire

Le 26 octobre 1914

« Je t'ai fait partir cette lettre hier 7 du 24 car nous ne sommes pas toujours commode de les faire partir quand nous voulons.

Ces jours-ci j'ai reçu trois cartes de toi dont une où tu me dis que tu n’en as reçu que deux de moi. Ça m'étonne fort. Car je te dis je ne passe jamais 3 jours sans t'écrire. Même des lettres et par intervalles quelques cartes pas longues pour te faire savoir que je suis en bonne santé. Je te dirai que les lettres cachetées ne marchent pas aussi bien que les cartes et quand on envoie de l'argent, on le reçoit recommandé. »

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Lettre du 27 octobre 1914

« Tu me dis sur ta carte que tu ne reçois pas trop de mes nouvelles mais je t'assure que ce n'est pas de ma faute car tous les deux ou trois jours au moins je t'envoie carte ou lettre par intervalles quelques-unes pas trop longues.

Car comme tu n'as tu sais que je ne suis pas extrêmement fort pour faire des lettres. Je me peux t'écrire souvent de longues lettres comme tu pouvais le faire toi-même. »

 

« Mais enfin pourvu que tu saches que je sois en bonne santé c'est le principal. J’ai reçu en même temps qu'une de tes cartes une de la tante de Combes, me parlant d’Émile et qui me dis qu’à son nouveau conseil, il a été bon et qu’il n'était pas très content et sur la tienne que j'ai reçu le même jour tu me dis qu'il a été réformé de nouveau.

Je comprends très bien comment il doit être repassé ce qu'il doit avoir dit à Combes pour ne pas faire voir qu'il a été réformé de nouveau. il doit leur avoir dit qu'il était bon de la manière que tu me dis sur la carte.

Il vaut bien mieux car s'il ne connaît pas ce que ça veut dire où le lui apprendrai qu'il ne se fasse pas du mauvais sang. Pour ça et tout de même il faut bien que vous en gardiez quelques-uns sans ça vous n'aurez plus d'hommes valides dans la région pour faire le travail qu'il y a à faire.

Car sans doute qu'ils ont dû s'éclaircir tu me sauras dire s'il est revenu de nouveau à la maison. Car je lui enverrai quelques cartes de temps en temps ou bien tu me donneras son adresse. »

 

« Ici tous les soldats reçoivent des lettres cachetées tout aussi bien que les cartes militaires. Tu me dis que tu enverras des caleçons et des flanelles. Ne le fais pas, car j'en ai plus que le nécessaire avec ce que j'ai je peux traverser tout l'hiver que je ne craindrais pas le froid.

Mon côté je peux le confirmer ne me fait mal aucune fois. Je suis et tu es toujours en parfaite santé et je souhaite que ça dure. Car quand on n’est pas malade, on peut se tirer de partout, à moins des balles de l'ennemi car ça ne regarde pas si on est bien portant ou malade.

Enfin jusque-là on s'en est tiré et je crois qu'on s'en sortira toujours. »

 

« J’ai envoyé aussi trois cartes à l'oncle de Viviez dans la dernière avant-hier et ça m'étonne qu’ils n'ont pas reçu les deux premières je les ai adressé ; « Maison ouvrière numéro 54 à Viviez Aubin Aveyron » que je crois bien que c'est son adresse.

Tu me sauras dire. »

 

« Les Parisiens sont repartis ? S’ils ne sont pas repartis, tu leur feras bien des compliments de ma part. Dans tous les cas s’ils seraient répartis je leur enverrai à Paris.

Ici il fait un beau temps pour le moment. Les propriétaires ramassent les betteraves dont on se sert pour faire le sucre. Il y en a des grands champs et nous en avons fait périr beaucoup en y passant dessus. Il est resté aussi beaucoup de blé, de l’avoine dans les champs car on n'a pas pu les ramasser faute de personnel. Mais à mesure qu'on avance de nouveau, les propriétaires qui restent labourent les champs pour semer du blé. »

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Correspondance militaire

Le 30 octobre 1914

« En réponse de ta carte du 19 octobre que j'ai reçue hier au soir dont tu me dis que tu m'envoies deux paires de bas. Je ne les ai pas encore reçus. Mais ça ne me prive pas je suis toujours beaucoup en arrière de la ligne de feu. Plus que je ne l'étais quand je t'ai dit que j'ai changé de destination alors tu n'as pas à te faire du souci de moi.

Il y a presque un mois que nous n'avons rien fait. Ici il y a 4 ou 5 jours qu'il fait quelques averses de pluie le temps est très humide. Nous sommes toujours logés dans une ferme donc nous ne sommes pas à la pluie. »

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Lettre le 1er novembre 1914 de Cuiry-Housse

« J’ai reçu la lettre hier et le petit paquet qui contenait la paire de bas et du chocolat.

Ça m'a fait bien plaisir quoi que je ne suis pas tout à fait dépourvu. J’en avais bien encore quelques paires mais il ne faut pas attendre d'en avoir plus du tout. Du chocolat j'en déjeune parfois le matin.

J’en ai toujours la réserve dans mon sac pour le moment. J’en avais deux plaquettes du Meunier que j'ai acheté à Nogent-sur-Seine et quelques boîtes de sardines. Ça fait que je ne suis jamais attrapé. Quand bien même on passerait 2 jours sans toucher l'ordinaire, je mangerai quand même ; ce qui nous est déjà arrivé en revenant de Belgique et j'ai été bien heureux d'avoir ma réserve. »

 

« Tu vois que tout en pensant à vous tous je pense à moi aussi. Je me soigne aussi bien que je peux. Je te réponds que je n'ai pas maigri. Je ne suis pas pesé mais je dois faire plus de poids que je faisais quand je suis parti.

Tu sais que nous sommes par les plus malheureux, nous marchons, nous couchons toujours dans des granges ou les écuries. Ce que ne font pas les soldats qui sont sur les lignes de feu, qui sont toujours dans les tranchées et qui n'ont pas encore couché dans une grange.

Je te dis que nous pouvons nous estimer heureux de nous savoir si bien couchés. »

 

« Aujourd’hui il fait un temps splendide un soleil même trop chaud. C’est du temps que les autres sont à la messe que je t'écris cette lettre et comme je ne suis pas des plus dévot je préférais t'écrire. Car après la messe et ils veulent se faire raser, et peut-être il m'aurait fallu attendre demain à t'écrire. Moi je ne retarde pas tes réponses tant que je peux, car je comprends que vous voudriez recevoir des nouvelles des militaires tout le temps, comme nous autres nous sommes contents quand on reçoit des nouvelles de chez les nôtres. »

 

« Au moment où je t'écris nous sommes à un petit village qu'on appelle Cuiry-Housse près de Braisne à 18 km de Soissons. C’est là que se sont livrées de grandes batailles où sont restés plus de cent mille Allemands morts ou blessés dont quelques prisonniers.

Je n'ai pas changé de section je suis toujours à la même mais nous changeons de place, nous ne sommes plus à la ferme dont je te parlais sur les dernières lettres, nous l'avons quitté pour venir où nous sommes donc nous avons avancé de 32 km. Nous sommes logés à une ferme encore plus grande que la dernière. On sème jusqu'à 55 hectares de betteraves qu'on donne aux bestiaux et dont on en fait de l'alcool.

Quand nous avons quitté Rethondes c'était le 11 octobre et nous avons changé de corps d'armée, dont notre section on a été de ce fait. Nous avons quitté la 25e section. (*)

Donc, tu me parles de Monsieur Albagnac (**), pour sûr que si je l'avais su plus tôt je l'aurai trouvé. Nous étions cantonnés à 10 mètres d'une section de l'autre, mais maintenant j'ignore où elle est. Je n'ai pas vu (Paul) Bergon depuis qu'on a quitté Rethondes. »

 

« Maintenant nous faisons partie du 6e corps (***), que tu n'as pas besoin de mettre l’adresse. Jamais nous avons ravitaillé le 16e nous l'avons même pas vu. Il était dans l'Est et nous on était dans le Nord.

 

Tu me dis que Camille de Cransac a été blessé d'une balle dans le bras ça fait toujours de la peine. Mais ça en fait davantage quand on les voit tomber mort et qu'il ne se relève plus. Nous en avons vu déjà beaucoup en avançant mais beaucoup plus de l'ennemi que des nôtres.

Enfin pour vu qu'il soit rétabli et ce ne sera rien pour cette fois. »

 

« Tu me dis que l'oncle repart pour Paris il peut y aller car les Prussiens ne sont prêts à y entrer. Nous les arrêtons et même on les fait reculer avec de grosses pertes. Tu feras bien des compliments à la tante, Geneviève, Pierre et Jean. J’enverrai quelques cartes un de ces jours, je ne savais pas comment faire car je ne savais pas s'il était encore là-bas ou reparti. Ce qui me fait plaisir que le petit René …. »

 

(*) : Les 24ème et 25ème sections de munitions d’artillerie du 9ème régiment d’artillerie de campagne (24/9 et 25/9 SMA) étaient ensemble depuis le début de la guerre. A cette date, elles ne seront plus ensembles géographiquement mais toujours ensemble administrativement.

(**) : Nous verrons plus loin de qui il s’agit.

(***) : Il s’agit du 6ème corps d’armée.

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Carte postale : armée belge installation d'une matrice d'une mitrailleuse, nouveau modèle en 1914

 Le 2 novembre 1914

« Je vous ai envoyé une lettre hier. Je suis toujours en bonne santé. Nous avons un très beau temps. J’ai reçu deux paires de chaussettes.

Aujourd’hui nous avons encore touché une chemise et une paire de chaussettes enfin nous touchons ce que nous avons besoin. »

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Lettre du 3 au 4 novembre

Javage (*)

« J’ai reçu aujourd'hui une carte et une lettre du 26 et 27. Maintenant je les reçois à peu près régulièrement.

Ce qui me fait plaisir car du moment que le petit René n'était pas fiévreux. Je suis content d'en recevoir chaque jour. Sur ta lettre tu me dis bien que le docteur te dit qu'il était à peu près guéri mais j'ai bien peur que tu ne me que tu ne me mentes.

Enfin je te crois tout de même car j'ai confiance en toi comme tu peux l'avoir en moi. Voyant il t'a griffonné sur ta lettre que tu m'as envoyé je pense bien qu'il doit aller bien mieux, ce qu'il faut souhaiter.

Tu me dis que tu vas toucher l'allocation. Sur ta prochaine lettre tu sauras me dire si tu touches pour René car probablement que tu toucheras pour lui. »

 

« Tu me dis aussi que tu m'as acheté les molletières qui ne sont pas bleu mais tendent vers le noir. Ça ne fait rien même grises. Mais tu ne me dis pas si tu as acheté l’imperméable que pourtant je t'en ai donné un peu près le modèle pèlerine ou capuchon.

Mais ne t'inquiète pas de cela car je n'en ai pas encore besoin du moment que nous restons toujours au même endroit. Mais comme l'on dit toujours probablement que nous n’y resterons pas toujours. Et si jamais il faut marcher et qu'il fasse de la pluie ça me servira. »

 

« Tu me dis que Louis du Gua se trouve pour le moment en Belgique dans les tranchées et que son beau-frère est dans les mêmes contrées que moi. Mais c'est bien dommage que tu ne me dises pas son adresse car quelquefois sans savoir on pourrait se trouver surtout s'il est dans le 9e (**) et que tu me dises son nom car je ne le sais pas.

J’ai su aussi que 203e de ligne étaient bien loin de nous je serai très content si je pouvais trouver Gervais (ESPINASSE). Tu me donneras l'adresse de mon cousin de Cagnac. Tu me dis qu’il m'a écrit mais je n'ai jamais rien reçu. C’est probablement il ne doit pas bien écrire mon adresse car si on ne met pas 24e section, elle peut tarder. »

 

« Tu me dis que notre petit René ne m'oublie pas ça je le comprends bien car en parlant chaque jour de moi il ne peut guère m'oublier mais c'est quand qu'il me reverra qu'il ne me reconnaîtra plus et moi et moi je le serai pour lui comme il le sera pour moi.

Car quand je le verrai il aura beaucoup changé. Tu me dis sur la carte qu'il recommence à jouer comme s'il n'avait jamais été malade ça me fait bien plaisir … »

 

(*) : Hameau de Javage et ferme de Javage, commune de Faverolles (Aisne) près de Villers-Cotterêts

(**) : 9ème régiment d’artillerie

 

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Javage, le 4 novembre 1914

« Après 3 jours que nous sommes restés à Cuiry-House et qu'on a vidé nos caissons, on est revenu à Javage près de Villers-Cotterêts pour les remplir de nouveau.

Nous sommes toujours très bien couchés et bien nourris. Aussi à la ferme (*) d’où je t'écris nous y sommes restés 15 jours et maintenant nous ne savons pas combien de temps nous y resterons.

Moi je suis toujours en bonne santé mais je crains bien que vous ne soyez pas tous de même voyant que ce que tu me dis sur ta dernière lettre que vous étiez à peu près bien. Ce qui n'est pas tout à fait bien, au moins vous êtes quelqu'un de malade de la famille.

Écris-le-moi car je sais bien que tu ne voudrais pas que je ne te cache rien de moi. J’espère que vous êtes tous en bonne santé sauf la pauvre Manette qui ne doit pas s'être relevée. Sur ta prochaine lettre tu m'en donneras des nouvelles car depuis que je suis parti je n'en ai pas eu.

Tu me dis que Maria (**) m’écrit souvent mais je ne peux guère le croire car depuis si longtemps je n'ai reçu qu'une carte d'elle. »

 

« Nous avons toujours le beau temps mais aujourd'hui le ciel se couvre quelque peu mais je ne crois pas que nous ayons de la pluie. Nous sommes toujours bien en arrière de la ligne de feu nous n'entendons même pas le canon. Alors tu vois que nous sommes beaucoup en arrière. Quand nous étions à Rethondes, on avait déjà dit que nous allions former une batterie de tir mais on ne doit pas en avoir eu besoin. On a dédit tout ça. (***)

Enfin je suis bien content qu'on nous ait laissé comme ça car maintenant nous nous connaissons, et entre camarades que nous sommes, ça nous aurait fait de la peine de nous séparer.

J'ai su par un de nos camarades il y avait même des prisonniers allemands à Cransac. Tu me sauras dire si c'est vrai. Nous autres nous en avons vu beaucoup qui était prisonniers en arrière de nos lignes et qu'on envoie dans le Midi et qu’on fait travailler et c'est ce qui ne me fait pas de la peine à croire qu'il y en ait chez nous car là il y avait assez de travail enfin. »

 

« Même pas autre chose d'intéressant à te dire que le petit René continue à marcher à grandir et ce qui me contente très bien. Bien des compliments à tes parents aux miens à Geneviève à Pierre-Jean à Tante enfin toute la famille.

Moi je continue la campagne qui durera certainement plus qu’on le croyait tout d'abord. Mais que veux-tu tant que ça dure pourvu qu'on puisse revenir en bonne santé. C’est tout ce qu'on souhaite.

Je n'ai pas encore besoin d’argent j’en gagne toujours quelques peu en faisant le coiffeur. Je n'ai pas peur de ça quand j'en aurai besoin je te dirai. »

 

(*) : Ferme de Javage (02)

(**) : Maria Augusta GRÈS (1894-1940), sa sœur.

(***) : Une SMA peut être dissoute et transformée en batterie de tir, si elle est fournie en canons. Les hommes des SMA sont généralement d’anciens artilleurs. Leur formation ne prendra donc pas beaucoup de temps si une telle transformation a lieu.

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Lettre de Javage le 7 novembre 1914

« C’est aujourd'hui même que j'ai reçu une de tes cartes donc tu me dis que tu figures qu’en m'envoyant des cartes doubles et non des lettres tu auras davantage de nouvelles.

Je crois que pauvre Marcelle c'est bien tout le contraire. Ça ne m'empêche pas de t'envoyer des lettres et des cartes entrecallées comme tu vois que je fais et tu sais les cartes me font bien du plaisir et les lettres encore davantage.

Car lorsque je lis long et il me semble que je parle avec toi et comme tu dois être toi-même enfin chère Marcelle c'est comme moi envoie-moi de temps en temps une lettre car elle arrive comme les cartes, il n'y a pas de différence, aussi vite vos les lettres comme les cartes et maintenant j'ai les cartes et du papier à lettre pour te répondre. »

« 

« Nous sommes toujours au repos à la ferme dont je t'ai parlé, toujours très bien surtout pour coucher. Nous nous couchons dans une grange où il y a de la paille à volonté et la nuit on a très chaud. Jusqu’ici nous n'avons pas eu du tout de froid.

Et à cette ferme, chevaux et homme nous sommes dedans. Je souhaiterais que toute la compagnie réussisse pareil car c'est une belle chose de pouvoir passer la nuit dedans, surtout que les nuits commence à être beaucoup fraîche. Cependant ici nous n'avons pas à nous plaindre. Il y a quelque temps qu'il fait beau. Au moment où je t'écris c'est 7h et 30 du matin, nous avons du brouillard mais ça se disperse vers les 9h et malgré qu'on soit dans le Nord, on n’en a pas très souvent. »

 

«tu me dis sur une des cartes que j'ai reçu que tu m'enverras  après les  2 paires de bas que j'ai reçu une autre deux paires avec une paire de gants que j'accepterais mais pas autre chose plus rien. Car la nuit j'en ai assez même que l'hiver soit rude.

D’abord on ne saurait plus où le loger et comme je te l'ai déjà dit, de temps en temps on nous fait rassembler pour que si nous voulions quelque chose comme linge ou habit de dire que ce que nous voulons.

Comme cette semaine j'ai encore touché une chemise en flanelle coton et une paire de chaussettes. Je n'aurais pas besoin de chemise mais comme je me suis dit en moi même s'il venait pas faire trop de froid, j'en mettrai l'une sur l'autre.

Ce n'est plus comme du temps de l'active, nous avons tout ce qu'il faut et encore il y en a beaucoup de reste dans le fourgon qui nous suit. Tu vois donc chère Marcelle que tu n'as pas à craindre que j'ai froid. J’ai assez pour mettre et à changer dans tous les cas. J’ai réussi à toucher encore un passe-montagne qui était dans les paquets qu'on a distribué qui provenait des grandes maisons d'habillement de Paris. Ce qui pourra me servir pour une forte bise pour me préserver la tête et le cou du froid. Enfin il ne manque rien. »

 

« Aujourd’hui en même temps que ta carte j'en ai reçu une de Gervais (ESPINASSE) que je lui avais envoyé double. Il me dit qu'il est revenu à la compagnie et qu'il est complètement rétabli il me dit qu'il a changé adresse. »

 

« Chère Marcelle, voilà déjà 3 mois qu'on est séparé et quand on se verra, on ne le sait pas et c'est beaucoup plus long que ce qu’on le croyait. Enfin que veux-tu ? Pourvu que ça se passe en bonne santé comme je l'ai fait jusqu'ici et qu'on revienne à la maison ainsi ce ne sera pas moi qui ai mal et il faut l'espérer. »

 

« Je suis toujours à l'arrière de la ligne de feu. Sauf quand nous allons chercher la soupe aux cuisines qu'il nous faut approcher du feu. On y est bien. Nous avons passé une bonne journée nous avons fait un bon repas.

Quelques camarades que nous sommes, on a fait faire, par une petite maison à côté de la ferme, une bonne soupe avec une grosse poule dedans, un lapin en civet, un rôti de volaille, une salade de cresson, un dessert de pommes, un café et voilà une autre journée de passer.

Le soir dans la grange, nous faisons une partie de cartes où nous sommes. On ne croirait pas qu'on soit à la guerre. Nous sommes là bien tranquilles. Quand nous quitterons cette ferme je te le dirai.

Pas autre chose d'intéressant à te dire …. »

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Réponse militaire le 7 novembre 1914

« Immédiatement à la carte que je viens de recevoir je te fais réponse par une lettre. Je te dirai que les lettres nous parviennent aussi facilement que les cartes.

Je suis bien content que petit René s'amuse toujours bien avec la tante cousin et cousine et qu'il regrettera bien leur départ ! Enfin tu me le sauras dire, je leur écrirai à Paris. Je suis toujours en bonne santé.

J'ai reçu la carte de Geneviève en date du 30 octobre en même temps que ta lettre du 14 novembre et ta carte du 13 et une lettre de Maria que j'ai reçu ce 21 novembre.

Pour la pèlerine imperméable ou caoutchouc, tu n'as pas besoin d'y mettre grand argent avec une vingtaine de francs au plus, tu pourras trouver ça si j'avais eu tout cela j'en aurai emporté de Castres car il y en avait de 15 à 20 francs. »

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Réponse militaire du 11 novembre 1914

« Comme je t'ai écrit une lettre hier aujourd'hui, je t'envoie cette carte. Pour le moment il fait un temps brumeux et même très froid. C’est vrai que c’est toujours la 1ère fois qu’on le ressent davantage malgré que nous n’ayons pas à nous fâcher. Je suis toujours en bonne santé que ça dure malgré le temps humide que nous avons, je n'ai jamais ressenti mon côté. Je crois bien que ce sera fini qu'il ne me fera plus de mal … »

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Lettre Javage le 16 novembre 1914

« Il y a 2 jours que je ne t'ai pas écris mais il y a bien davantage que je n'ai rien reçu de toi.

Hier je suis allé à Faverolles où se trouve la 25e section, qui est à 3 km de nous et il faisait un très mauvais temps.

Dans la matinée, il a fait un peu de neige pour la première fois de cet hiver mais ça n'a pas recouvert tout le sol et il a plu toute la journée sans quitter une minute et toute la nuit de dimanche à aujourd'hui.

J’y suis allé tout exprès pour trouver monsieur Albagnac mais je ne le connaissais pas. Je me suis fait connaître par un militaire de sa section. Nous sommes allés à un café et nous avons causé un bon moment du pays. Il m'a fait voir une photographie de sa femme et de ses enfants, ils sont très bien. Moi je lui ai fait voir la carte que m'a envoyé Émile donc sur ce groupe de jeunes gens se trouve le maire de Viviez qu’il a reconnu de suite. Même quelques jeunes de la classe 1915.

Il n'est plus bourrelier, il est passé cuisinier. Quand je l'ai trouvé juste il était en train de cuisiner. Si tu trouves sa femme tu lui diras qu'il se porte bien et maintenant qu'il va faire la cuisine, il va s’engraisser davantage. (*) »

 

« J’ai trouvé aussi (Paul) Bergon il m'a dit que je vous donne bien le bonjour. Il est en bonne santé encore nous n'avons pas changé. Nous sommes toujours à la ferme de Javage, commune de Faverolles. »

 

« Hier, le capitaine nous a donné jusqu'à 2h pour aller à la messe si nous voulions et c'est comme ça que j'en ai profité pour aller voir mes camarades. Nous pouvons repartir pour Rethondes d'un moment à l'autre mais encore il n'y a rien de changé. Mais que nous soyons à Rethondes ou ici c'est à peu près pareil. Au travail que nous faisons nous pouvons tenir.

Nous allons voir toujours le berger qui reste à côté de la ferme que nous y faisons quelques petits repas ou bien nous prenons notre gamelle et nous allons boire quelques litres de vin, nous mangeons une salade et un café et nous voilà content pour une autre journée.

A cette maison il y a un petit garçon qui a 3 ans et qui est bien mignon ça me fait beaucoup rappeler petit René. Le soir, il s'amuse avec nous, il vient sur les genoux. Il commencerait déjà à parler le patois comme nous. C’est pour dire que les gosses apprennent vite les langues.

Il y a eu un mois hier que nous sommes à Javage, il nous semble que le temps passe vite mais dans le fond c'est bien long … »

 

(*) : Henri Hippolyte ALBAGNAC, 31 ans à cette date, est bien du 9ème régiment d’artillerie. Il était bourrelier. On sait maintenant qu’il faisait partie en 1914 de la 25ème section de munitions du 9ème régiment d’artillerie. En 1917, il passera au 5ème régiment d’artillerie, au service auxiliaire à cause d’une blessure au genou gauche causée par un coup de sabot de cheval. Il habite Viviez, commune très proche de celle de Louis GRÈS, Aubin. Voir sa fiche matriculaire.

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Lettre du 19 novembre 1914

« Ici pour le moment il fait très froid mais nous préférons bien ce temps à la pluie.

Puisque tu me dis que tu as acheté un caleçon tu pourras bien m'en envoyer un à laine coton car nous et qu'on donne aux bestiaux en avons bien assez mais pour le froid il vaut bien mieux cela que ce que nous avons en toile.

Avec tu ajouteras un foulard en coton pour mettre au cou, une échevette de laine ou deux une de chaque couleur que j'en ai troué une au coude et j'ai assez de temps pour faire tout ça. J’ai des aiguilles.

Hier nous avons bien soupé. Nous avons mangé notre rata de haricots et rôti et ensuite la poule que je te disais que nous avions acheté à la femme du berger qui nous a fait cuire du riz. C’était très bon. Une salade de pissenlit, un café, une partie de cartes, et on est allé se coucher.

Je suis toujours en très bonne santé et je souhaite que vous soyez de même. Il me tarde beaucoup de savoir de vos nouvelles. Tu n'as pas besoin de te faire du mauvais sang pour moi. Il faut espérer que ça finisse bientôt. Tout de même ça ne doit pas durer éternellement. Comme je te le disais, nous ne changeons pas de place. Nous sommes toujours en arrière des lignes de feu. En arrière de nous sommes il n'y a que le grand parc où on va se ravitailler et l'échelon viens chercher les munitions à nous pour les batteries de tir ce que je vous souhaite que vous ayez toujours en bonne santé … »

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Lettre de Javage le 22 novembre 1914

« Oui j'ai reçu les gants avec une paire de bas, 2 saucissons que nous avons déjeuné avec un que nous avons trouvé très bon et j'ai réservé l'autre dans mon sac qui n'est jamais sans rien.

En cas de départ pour une autre destination, j'ai toujours la réserve de chocolat de sardines et maintenant un peu de saucisson. N’adresse rien au bureau central de Paris car si tout le monde adressait au bureau militaire de Paris tu peux bien comprendre qu'il serait trop encombré si grand qu'il soit.

Et c'est peut-être pour cela que je n'avais rien reçu depuis que j'avais reçu le paquet. Je n'ai pas reçu encore la lettre où tu me parles de l’imperméable. Comme imperméable je voudrais une capote ou plutôt un genre pèlerine avec capuchon que en cas de pluie c'est très commode.

Quoiqu’en ne changeant pas plus de place, comme nous faisons, nous sommes toujours à l'abri. Mais nous n'avons pas passé un papier pour rester là il faut être toujours prévenant. »

 

« Je n'avais pas su que la Tante soit tombée malade ce qui m'a fait beaucoup de peine en l’apprenant. C’est toujours bien malheureux car Maria m'a dit sur la lettre que j'ai reçue en même temps que la tienne ce que je trouve drôle. Et je vois, sans y être, la position où ils doivent se trouver et c'est bien triste.

Heureusement que la pauvre Mamette les a quitté ce qui dans le fond est bien malheureux tout de même car il ne faudrait pas connaitre les personnes pour ne pas les plaindre.

Il me semble de voir mon père qui toujours disais qui ne manquerait que ça que la Tante tombe malade aussi et c'est ce qui est arrivé. on dirait bien que quelqu'un nous a ensorcelé dans notre famille et que mon père n'a jamais eu un moment de bon et comme tu me dis heureusement qu'il y a Maria pour les aider car je n'ai pas besoin qu'on me dise le travail qu'il y a. surtout la Tante étant malade ne pouvant se lever. »

 

Tu me dis que tu m'envoies un autre colis recommandé où il se trouve un saucisson de canard. Je recevrai ça avec plaisir car nous sommes quelques camarade que nous les aimons bien et parfois on déjeune de ce qui provient des colis. J’ai un camarade de Villeneuve à côté de Villefranche et un autre de Laval d'Almont (*)  qui s'appelle Domergue Marius.

Je te dis le nom car sa femme pourrait venir te voir en venant à Decazeville pour finir d'arriver à Cérons.  Nous sommes 7 qui marchons toujours ensemble.

C’est tous des gros propriétaires. Chaque soir nous prenons notre gamelle et allons souper à une maison à côté de la ferme où nous sommes ; parfois nous mangeons une poule et lapin. Qu’importe nous nous soignons de notre mieux. »

 

« Je continue sur une feuille de mon carnet car je vois que j'en ai pas assez, a que je n'en ai pas assez à te dire pour en remplir une autre grande feuille.

Tu me dis, que pour le moment, il ne fait pas trop beau. Mais ça doit bien être à peu près le même temps que nous avons ici. Il ne pleut pas trop tout de même il a fait 3 ou 4 jours mais pour le moment il fait assez beau. »

 

« Nous faisons toujours les écoles comme du temps de l'active. Nous faisons le simulacre comme si on tirait sur l'ennemi. Nous nous apprenons chaque jour et surtout ceux qui n'ont jamais servi dans l'artillerie de campagne comme nous sommes. Car comme moi et tant d'autres, nous sommes au courant à peu près de tout. À part les choses qu'on a modifiées depuis notre service militaire, mais peu de chose. »

 

Tu me dis que maintenant petit René s'amuse bien je suis très content car je préfère qu'il s'amuse que de voir qu'il reste au lit. Tu me dis aussi que tu vas m'envoyer la photo de toi et de René sûrement que un jour de plus ou de moins pour cela ça me fait pas grand-chose j'attendrai bien tout de même qu'elle soit prête. J’ai reçu en même temps que ta lettre une carte d’Émile et il me dit qu'il est en bonne santé et heureusement car il faut qu'il travaille dimanche et semaine et même le jour de la Sainte Barbe pour moi je suis toujours en très bonne santé … »

 

(*) : Laval est un lieu-dit 500m au sud d’Almont (maintenant Almont-les-Junies)

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Lettre du 24 novembre 1914

« Aujourd’hui je te réponds à plus d'une lettre et carte tous ensemble. J’ai reçu celle qui est passé par le bureau central de Paris et une carte 2 du 5 et du 12 par Castres. Tu vois qu'elles arrivent bien tout de même, mais c'est beaucoup plus long. Alors continue à envoyer par Castres, tu n'as pas besoin de mettre le corps d'armée ni mon gros grade, car pour le corps d'armée nous ne savons pas même à quelle nous appartenons.

 

« J’ai reçu aussi l'adresse de l'oncle Alfred d'Amérique (*) que toujours je voulais te demander et ça me fait beaucoup de plaisir voyant que tu as pensé à cela. Je vais lui écrire tout de suite sûrement que ça lui fera plaisir.

Mais je crains bien qu'elle n'arrive pas voyant tous ces mouvements. Enfin je vais toujours lui écrire puisque tu en as reçu, moi j'en recevrai bien.

Pour l'imperméable, c'est justement une pèlerine que je voulais. Sûrement quand tu recevras cette lettre tu l'auras fait partir. Nous ne l'avons pas tout le temps dessus. Ce sera quand nous serons en marche et qu'il pleuvra pour être tout le temps sec dessous. Pour cela on ne peut pas nous empêcher car ce sera pour notre santé. Jusqu’ici nous en avons pas eu besoin mais c'est ce qui peut arriver car sûrement que nous ne resterons pas tout le temps à la ferme que nous sommes.

On avancerait pas vite et maintenant tant qu'on ce ne sera pas trop tôt car il me semble maintenant qu'il y a longtemps que nous sommes là malgré que si la guerre finissait et que nous restons là, nous n'aurions rien à dire car jusqu'ici nous n’avons pas été trop malheureux. »

 

« Comme te l’a expliqué monsieur BLANC que je n'ai pas l'honneur de sa connaissance, sans cela si j'avais su qu'il vienne à Cérons j'aurais fait mon possible pour le trouver. Mais ça me contente comment il a pu te dire que nous nous ne faisons pas de bile car quand même que je te le dise, je sais que tu ne me crois pas toujours et pourtant je te dis la vérité. »

 

« Ce matin j'ai reçu en même temps que les lettres le petit paquet qui contient une paire de chaussettes et les deux petits saucissons de canard que nous avons mangé au repas de 10h avec mes camarades et qui m'ont félicité des préparatifs de ces cous de canard

Nous l'avons trouvé excellemment bon. Quand même qu’on n’ait pas faim, il faut en manger quand même tellement c'est bon. Même nous en avons gardé un peu pour ce soir car nous avons plus que cela.

Il y a un camarade qui a reçu du jambon et un saucisson et nous mangeons tous ensemble. C’est bien dommage qu’il n’ait pas 1 km de long, il durerait davantage mais enfin, il faut se contenter avec ça car tout le monde en a pas tant. »

 

« Pour l'argent tu pourras en envoyer un peu malgré que encore je ne suis pas à cours. J’en gagne un peu avec mon fourbi de coiffeur. Je t'envoie assez tôt pour ne pas me trouver attrapé car il faut un moment pour que ma lettre arrive là-bas et reviennent surtout si elles sont un peu de retard.

J’ai reçu des nouvelles de Raymond GrÈs qui est en ce moment dans la Seine-et-Oise. Il est en ce moment à la manutention militaire et me dit même qu'il a sa femme avec lui et qu'il a eu un enfant, mais qu'il n'a pas vécu n'étant pas venu au monde à terme. Il me dit de vous donner le bonjour et qu'il est en bonne santé.

J’ai trouvé son cousin Plégat de Penchot sur la route de Braine à Soissons et c'est lui qui m'a donné son adresse et je lui ai écrit ce qui lui a fait plaisir. »

 

« Maintenant j'attends ta photo de toi et petit René ensemble car tu me dis que tu t'es fait photographier. Il me tarde beaucoup de vous voir tous deux. Pour toi certainement que tu n'auras pas beaucoup de changements mais c'est petit René que je ne vais pas reconnaître.

J’écrirai plus souvent à ton père mais voyant qu'il a des nouvelles de moi par toi, bien le bonjour à mon père et la Tante et qu'elle guérisse au plus vite car c'est bien malheureux de se voir dans cette position … »

 

(*) : Alfred Ferdinand Hippolyte GRÈS (1876-1956), parti aux USA en 1906.

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Lettre Javage le 26 novembre 1914

« Aujourd’hui je réponds à deux lettres et deux cartes que je viens de recevoir à l'instant du 28 octobre et du 3 novembre adressées au bureau central. Tu vois que tout arrive bien mais avec un grand retard….

Sur une de tes lettres tu me dis que nous devons être dans des contrées que les Allemands viennent de quitter. Certainement tu ne te trompes pas.

Mais à la ferme que nous sommes, ils y arrivaient juste et n’ont pas eu le temps même de dételer qu'il a fallu qu'ils sonnent leur retraite. De ce fait ils n'ont rien enlevé à cette ferme et nous avons été heureux car il y avait à ce moment plus de 300 poules et de poulet et 2 ou 300 pigeons. Tu vois qu'ils n'auraient pas souffert de la volaille et de ce fait, c'est nous qui en mangeons quelques-unes de temps en temps mais en payant les pigeons.

En commençant ils nous les vendaient à dix sous la pièce ce qui n'était pas trop cher mais ils ne veulent plus nous en vendre. Ils nous vendent encore quelques poules en les bien priant à 4,50 et jusqu'à 1 francs.

 

Mais tout de même à 6 ou 7 camarade que nous sommes et qui marchent ensemble on peut se payer presque tout un peu chacun ça ne reviens pas bien cher. Ce n'est plus comme à Rethondes nous nous ne pouvons pas faire la chasse au lapin et faisant avec un bâton comme nous le faisions. Ici il y en a bien mais ce n'est pas aussi commode et de ce fait on ne s'amuse pas dans les villages. Il n'y a rien ni poule, ni lapin, rien. Ils ont tout pris mais ils n’ont pas pillé car les habitants n'était pas partis.

Mais les villages où nous sommes passés que les habitants étaient partis, c'était pillé et même incendié. Il ne restait plus que les quatre murs. C’était affreux. On se disait en nous-même qu'il faut être barbare de faire tout ça et après ils ont l'air de dire qu’ils font la guerre pour s'emparer des pays pour les civiliser. Mais qu’ils se civilisent avant car il en aurait plus besoin que nous. »

 

« Sur une de ces lettres tu me dis que tu m’enverrais des bas et les grands que j'ai reçus il y a longtemps et même le paquet d'une autre paire de bas et de saucisson de canard et une barre de chocolat.

Tu me parles sur cette lettre que tu as reçue des nouvelles de l'oncle d'Amérique. Je lui ai écrit hier une lettre et que l'enveloppe était toute prête et je vois sur celle-ci de nouveau l'adresse et qu’au lieu d'avoir écrit États-Unis il y a U.S. of America à ce qui ne doit pas avoir grande importance. Je l'ai toujours affranchi.

Tu me dis que les Parisiens font leurs préparatifs et petit René aussi. Je vois qu'il doit être toujours bien dégourdi ce qui me fait plaisir et surtout qu'il pense toujours à moi, ce que je trouve mieux car depuis le temps que je vous ai quitté et pour un petit si jeune, c'est vraiment bien beau.

Je leur ai envoyé à Paris déjà deux fois et j'ai écrit hier une carte à l’oncle Ernest ; une à Paul aussi ; et une à ton père une à Gervais.

 

« Aujourd’hui la neige d’hier a bien fondu. Le temps c'est beaucoup radouci il dégèle rapidement… il y a longtemps que je n'ai pas vu Tellier de Combes mais j'en ai su des nouvelles par un de ses camarades. Il est toujours à Rethondes avec son état-major….. »

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Lettre de Javage le 28 novembre 1914

« Tu me dis qu'il fait à Cérons un très vilain temps et du vent à tout casser. Nous n'avons pas eu de mauvais temps mais excepté le 25 où il a fait un peu de neige. Mais elle a bien vite disparu. Aujourd’hui nous avons un temps très beau. Tu as peur que j'ai froid. Sois tranquille.

Encore bien contents quand même que nous soyons dans des granges. Encore bien content d'en trouver. Car tout le monde n'en n'a pas. Nous avons assez de la paille et des couvertures.

Moi je vais te dire comment je fais mon lit. Sûrement que je ne suis pas aussi bien qu'avec toi mais ça peut faire tout de même en temps de guerre. Je commence par quitter mes pantalons et mes bas et la veste c'est tout ce que je quitte. Je mets les pantalons et la veste pour coussin. Et une chacle (*) pour drap de lit. Je me plie avec une couverture et je m'enfile dans deux chacles et je recouvre de paille.

Voilà mon beau lit et après tout cela tu vois que je n'ai pas à me plaindre. Et encore les couvertures des chevaux si nous en avons besoin et la capote qui nous quitte jamais enfin chaque fois que nous changeons nous voudrions être aussi bien. »

 

« J’ai reçu aujourd'hui des nouvelles de Gervais (ESPINASSE) et il me dit qu'il est dans les tranchées en bonne santé. Sûrement qu'il ne doit pas être aussi bien que moi. Mais malgré ça il me dit qu'il n'a pas eu encore trop de froid. J’espère qu'il s'en sortira tout de même car malgré qu'il soit dans les tranchées ils sont abrités. Le tout c'est que les Allemands ne leur tombe pas dessus. »

 

« J’ai reçu aussi des nouvelles de Geneviève qui me dit qu'elle m'a envoyé déjà trois cartes et qu'elle n'a rien reçu de moi. J’en ai reçu que deux et après à la première j'ai justement fait réponse à Cérons car alors je n'avais pas reçu le lettre dont tu me parlais de leur départ et de suite que je sus qu'ils étaient partis de Cérons. Je leur ai fait faire une autre pour Paris.

Mais ensuite je vais leur en envoyer une autre. Tu me dis que petit René a attrapé un rhume…. »

 

« Suite de la lettre.

Nous sommes toujours à la ferme de Javage, commune de Faverolles, et nous allons toujours voir le berger. Nous lui faisons faire toujours quelques repas de temps en temps en dehors de l'ordinaire. Nous avons encore du vin passable nous le payons 12 sous le litre.

Si nous voulons du cidre c'est trois sous le litre.

Maintenant il me tarde de recevoir la photographie de toi et René qui doit être bien mignon. En même temps, Marguerite m'envoie une photo de petit Roger et ça me fait bien plaisir.

Tu me dis aussi de te dire s'il y a beaucoup d'artilleurs de chez nous dans ma section. Oui il y en a passablement de la région. Il y en a un que je t'ai déjà dit qui est des Tuileries de Viviez, maison cabri, et qui s'appelle Mages Gustave. (**)

Il ne sait pas lire ni écrire. Il y a un camarade qui lui fait ses lettres et quand il n'est pas là c'est moi qui les lui fait malgré que je ne sache pas trop bien les faire.

Il y en a un autre d’Almont. Nous sommes de la même pièce. Nous ne mangeons rien l’un sans l'autre. Il y en a beaucoup d'autres que je te dirai le nom tu ne les connaîtrais pas. Quand même alors je vois que ce n'est pas nécessaire.

Dans ta prochaine lettre, tu me sauras dire si parmi tous ceux qui sont partis de Cérons, on a des nouvelles de tous. Car j'ai des camarades qui ont reçu de chez eux qu'il y en avait des morts et des blessés. »

 

(*) : Nom inconnu : n’était-il pas écrit Chasle, écriture parfois rencontrée de châle, souvent fait d’un grand carré de tissus plié en 2 selon la diagonale

(**) : Gustave MAGES, 34 ans, fait partie du 9ème régiment d’artillerie. Dans le civil, il est boiseur dans les mines. On sait maintenant qu’il faisait partie en 1914 de la 25ème section de munitions du 9ème régiment d’artillerie. En 1916, il réintègre les mines. Voir sa fiche.

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Lettre du 30 novembre 1914

« J’ai reçu la lettre du 21 novembre hier au soir très tard. Nous étions juste en train de souper avec mes camarades d'habitude. Nous mangeons une poule et un lapin. C’est au moment où nous prenions le café que la correspondance est arrivée et pour moi il y a eu une lettre de toi et une de Maria. C’est justement comme tu me le dis je me suis trouvé très drôle.

Quand j'ai vu qu'elle est écrite au crayon mais j'en ai vu la cause tout de suite. Tu me dis qu'il ne va pas mieux ce qui me fait un peu de peine et de voir qu'il a le côté pris et encore en plus une angine. Enfin soigne-le de ton mieux car moi je ne peux guère t'aider. Et pourtant je voudrais bien être à côté de toi et de René. »

 

« Malgré qu'on ne soit pas trop mal où je suis car il y a bien des plus malheureux. Si ce n'était pas la campagne de Belgique que nous avons faite je pourrais bien dire que je ne connaîtrai pas la guerre. Mais en Belgique je peux te dire tout de même que nous n'avons pas vu éclater les obus allemand bien loin mais nous nous sommes sauvés tout de même.

Pour le moment tu vois je t'écris c'est toujours au même endroit. Nous sommes toujours très bien. »

 

« Je me soigne bien et c'est bien ennuyant que le petit René soit malade. Mais j'espère que la prochaine lettre tu me diras qu'il est guéri….. Tu ne me dis pas ni toi ni Maria si la tante va mieux ce que je voudrais pourtant savoir. Surtout maintenant que je sais qu'elle est malade. Enfin j'espère bien qu'elle va mieux et que tout ça ce n'est pas sûr je préférerais que vous me le dites mais ce serait plutôt à Maria à me le dire car toi pour le moment tu en as assez avec René…

Pour le pour petit René des bisottes bien mignonnes. »

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DÉCEMBRE 1914

Carte postale du 1er décembre 1914

Environ de La Ferté-Milon dans l'Aisne - Faverolles - Fontaine claire

« Je suis toujours en très bonne santé et souhaite que vous soyez de même »

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Lettre de Javage le 2 décembre 1914

Ma très chère Marcelle

« Je te réponds aujourd'hui. Je fais réponse à une grande correspondance. Il m'est arrivé 9 lettres ou carte 4 lettres et une carte de toi une du 8 du 10 une carte du 22 et les autres du 23. C’est-à-dire du même jour et une lettre de Combes, une de Maria et une carte de Geneviève

Tu me dis sur la lettre du 8 que la pauvre Mamette est morte. Ce que je sais déjà c'est toujours comme nous disons il faut écrire souvent pour ne pas être sans nouvelles car ça arrive souvent que la dernière qui part passe souvent avant celle que l'on a fait partir la veille.

Pour la pauvre Mamette, c'est bien regrettable mais comme tu me le dis, nous ne viendrons pas aussi vieux et surtout dans le cas où elle se trouvait ce n'était pas une vie bien agréable. Il vaut mieux d'une manière que le bon Dieu l’ait prise. Elle ne souffrira plus ni elle ne fera pas souffrir. Surtout qu'il y en a même de trop avec la Tante. Maria se serait bien passée de ces corvées et mon père aussi qui doit se faire du mauvais sang. »

 

« Tu me dis aussi que le petit René n'était pas malade et que vous le preniez promener, mais qu'il était toujours un peu paresseux. En venant plus grand ça lui passera surtout qu'il doit être toujours gros comme il était à mon départ. Il me tarde de le voir en photographie comme cela je pourrais voir à peu près s'il a beaucoup changé et puisqu'il est si content quand je le nomme sur les lettres. Je vais le lui dire une fois de plus que le petit René est bien sage, est toujours bien mignon et que son papa l’embrasse bien fort.

Mais maintenant il ne doit pas bien t'écouter du moment qu'il est si malade. Tu me dis sur une lettre que ça lui a percé ce qui vaut mieux. Mais je n'aurais pas cru que ce soit si grave. Enfin il faut espérer qu'il sera bientôt guéri. Je suis bien content qu'il ne fasse plus pipi aux pantalons qu'il soit bien propre. Quand je reviendrai je lui porterai quelque chose pour le faire amuser mais il faut qu'il écoute la maman grand-père et grand-mère. »

 

« Maintenant je vais te causer sur une question que tu me demandes sur les servants qui passe dans l'infanterie. Pour ça, je n'en sais pas plus que toi. Mais j'ai entendu dire qu’on y faisait passer quelques servants qui restaient au dépôt mais je n'en suis pas sûr.

Pour nous, la section où nous sommes, nous formerions plutôt une batterie comme il en a été question il y aura bientôt 2 mois.

Mais pour l'instant tu vois, jamais tu n'as pas à te faire du mauvais sang pour cela. Dans tous les cas que l'on changerait qu’on formera une batterie je te le dirai. Mais nous tous on préférerait rester comme nous sommes car nous ne faisons rien qui compte sur le service que nous faisons.

C’est les corvées pour construire des baraquements pour les chevaux pour les mettre à l'abri sans cela nous avions tous les autres dedans mais on nous en a donné une vingtaine en plus de ce que nous avions pour les soigner tant que nous sommes au repos.

Je vais t'expliquer maintenant ce qu'est une section.

À une section, il n'y a aucune pièce de canon nous ne sommes armés que de notre mousqueton et baïonnette. Nous avons 20 caissons et nous sommes pour le ravitaillement et ce qui fait que nous restons tous au repos, parce qu'on fait le ravitaillement avec les autobus au lieu de les faire avec les sections (à cheval) ce qui nous soulage beaucoup.

Les derniers temps que nous allions ravitailler on n'allait jamais aux batteries de tir sur la ligne de feu. Il y avait un échelon entre nous et la batterie et quand il avait besoin de munitions, il venait en chercher à nous.

Mais maintenant, je ne peux pas rien tant dire car il y a un mois qu’on n’a pas ravitailler. Pour les grades, du moment qu'on a aucune pièce il n'y a ni premier ni deuxième servant, on est tous pareils. C’est en cas qu'on formerait une batterie de tir qu'on mettrait les grades. Moi je ne suis pas sûr mais je crois que l'on me mettra pointeur.

Car sur mon livret matricule, il y a « très bon pointeur » alors il y a pas à en douter. Mais je préfèrerais beaucoup mieux aller à une batterie que d'aller dans l'infanterie car je sais qu'il n'y a pas la vie mais passer partout. Il vaudrait mieux qu'on nous laisse comme nous sommes car on ne peut pas être mieux pour un temps de guerre vaudrait mieux encore qu'on nous renvoie plus vite à la maison ce serait encore mieux »

 

« Tu me parles de la carte que tu as reçu. Où nous sommes un grand groupe et on est à peine reconnaissable on se serait bien fait photographier en plus petit nombre mais le photographe n'avait que deux plaques et ce fait qui nous a pris nous une partie de la section et une autre les sous-officiers.

C’était un militaire de l'infanterie qui est restés 2 ou 3 jours à Faverolles, dans la commune où nous sommes, il en avait commandé d'autres. Mais elles n'étaient pas arrivées quand ils sont repartis. Cela fait cela fait qu’on n’a pas pu se faire photographier de nouveau mais à une autre occasion, je ne manquerai pas de me faire photographier en plus petit groupe ».

 

« Au moment où je t'écris je suis de garde. Nous prenons toutes les 6h 2 heures de faction chacun. Ça nous fait que sur 6h nous en avons 4 pour nous reposer ou écrire si nous voulons. Mais il ne faut pas te figurer que les gardes ici soit comme sur le front de bataille. Ce n'est pas aussi sérieux car ce n'est que pour la garde de notre section pour faire voir qu’elle est gardée autrement. On ne risque rien où nous sommes car on est trop loin de l'ennemi nous la prenons qu'une fois par semaine. »

 

« Tu me dis que tu vas m'envoyer les caleçons que je t'ai demandé mais ça ne me presse pas car j'en ai bien, mais pas en laine coton. Ils sont tous en toile et pour le froid il vaut mieux les autres.

Mais pour le moment le temps est très doux. aujourd'hui il a fait quelques averse de pluie avec ce que je te disais d'ajouter si tu en trouves et une paire de molletière en drap à bande comme celle qu'avait Gervais couleur bleu et un foulard en coton ou en fil pour mettre au cou, pas trop grand pour remplacer la cravate et qu'il soit lavable.

Tu pourras m'envoyer aussi quelques sous quand je te lis déjà dit sur d'autres lettres mais voyant qu'elle n'arrive pas à toujours directement je te le dis de nouveau. Maintenant moi, comme tous mes camarades, depuis que nous sommes à Javage, on trouve l'occasion de dépenser beaucoup plus qu'on le faisait en voyageant. »

 

« On est chez le berger de la ferme comme des pensionnaires. Les sept que nous sommes ensemble, nous prenons nos gamelles et allons manger chez lui le matin au dîner et le soir au souper et quand on ne trouve pas l'ordinaire à notre goût, ou qu'il n'y en a pas de reste, nous faisons faire cuire quelques autres choses.

Maintenant nous avons le vin que nous voulons à 12 sous le litre et tant qu'il y en a nous en buvons pour notre service car nous ne sommes aucun de bien soulard. Nous ne buvons pas un plus que l'autre mais malgré ça l'argent s'en va quand même. Nous dépensons en moyenne de 25 à 30 sous par jour et on ne le regrette pas tout de même. On voudrait être toujours ainsi jusqu'à la fin de la guerre. Je me soigne aussi bien que je peux et bien beau de pouvoir se soigner avec l'argent à la poche. Nous avons passé un temps qu'on ne pouvait pas s'en servir.

Enfin je vois que je t'en ai dit passablement pour le moment. Il m'en faut garder un autre peu pour une autre fois. Je crois que cette lettre ne mettra pas longtemps pour venir car il y a le fils du fermier qui est de passage à Javage et il conduit une automobile d'un général et va à Senlis directement.

« Je termine en t’envoyant des grosses bisottes pour René qu'il soit vite guéri et mes meilleures amitiés pour toi et toute la famille. »

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Lettre de Javage le 6 décembre 1914

Ma très chère Marcelle

« Je réponds illico à ta lettre du 28 novembre qui me fait plaisir de voir que le petit René soit presque guéri car j'en avais bien peur.

Tu te chagrines bien de l'imperméable donc tu me dis que tu souffriras à en trouver, mais ne te fais pas de la bile de ça.

Si je ne t'avais pas écrit de m'en envoyer, j'en aurai bien eu l'occasion d'en acheter un à Villers-Cotterêts ; une ville où nous allons souvent en corvée et pour ne pas faire la dépense de 2.

Je ne l'ai pas acheté encore je ne m'en serais pas servi quand même car nous n'avons pas eu trop de mauvais temps. Mais quand tu auras reçu cette lettre si tu n’as pas acheté ne l'achète pas car pour sûr que j'en trouverai et même comme je voudrais pour les molletières ça ira très bien.

Comme tu as l'air de me dire qu'elles sont car nous en avons qui porte des marrons. Comme tu me dis qu'elles sont tu me dis que tu m'envoies un colis de 1 kg recommandé avec deux paires de caleçon en laine. Pour le moment il ne fait pas froid 2 cravates de laine et un saucisson du pain et les autres que j'ai me suffisent.

Mais c'était en cas qu'il fasse très froid que je préfère en avoir en réserve pour me mettre car les autres que j'ai ne tiennent pas trop chaud. Mais je pense bien que cette fois-ci je n'aurais pas besoin de craindre le froid aux jambes. Si on avait beaucoup de travail on n’aurait pas peur du froid mais c'est un restant sans rien faire que le froid vous surprend et c'est pour cela que j'ai préféré te l'envoyer. »

 

« Mais à part ça tu n'as pas besoin de m'envoyer autre chose ni bas, ni rien, sans que je te le demande.

Pour les bas, j'en ai suffisamment et finalement je ne serai pas où les mettre et je t'assure que s'il nous fallait porter tout cela sur le dos, oh non ! J’ai très la moitié mais comme c'est les chevaux qui traînent tout et nous aussi ça ne nous rien fait et c'est pour cela qu'on est toujours en réserve.

pour le chandail que j'ai, ça me suffit assez car j'ai plus que ça dessus et j'en ai d'autres pour mettre et si j'ai besoin d’autres chandail on a qu'à le demander au capitaine il nous l'accorde tout de suite ces derniers temps on a distribué une vingtaine à ceux qui en avait besoin et pour sûr que si j'en avais eu besoin j'en aurais pris un mais comme ça ne fait qu'embarrasser je t'assure qu'on a assez de fourbi s'il fallait le porter. »

 

« Tu me dis que Gervais a reçu le saucisson de canards mais moi aussi il y a déjà longtemps et c'est bien étonnant que tu n'aies pas reçu la lettre dont je t'en ai parlé et qu'on était même très bon car c'était plus que du saucisson, c'était plutôt du foie ou terrine qu'il faut l'appeler.

Pour les gants, je ne les ai pas mis encore car nous ne sommes pas encore sortis. Si le temps continue il ne fait pas froid pour les mettre quand même on serait en marche alors il faut que je commence à user ceux-là pour que je t'écrive de m'en faire d'autre mais j'espère de ne pas les user et que la guerre sera finie avant. »

 

« Tu me donnes des nouvelles de Noémie et qui n'a pas reçu mes lettres ou carte je suis bien content d'en avoir des nouvelles car je ne savais pas si elle les avait reçu mais voyant qu'elle les reçoit ça ne m'empêchera pas de lui en a envoyer d'autres.

Tu me dis que mon père a écrit chez un spécialiste de Paris, je serais bien content qu'il puisse la guérir malgré que l'on fasse des dépenses et que l'on arrive à un résultat de quelque chose. On ne plaint rien et même qu'on arrive à rien, il faut essayer quand même après on n'a pas de remords.

 

Tu me dis que tu n'aurais pas dû m'écrire que le petit René a été malade, c’est au contraire comme ça que je vois que tu ne me caches rien. Peut-être bien que tu ne me dis pas le fin mot mais enfin tu m'en as donné un aperçu et comme ça je vois à peu près ce qui en est. Pas d'autre chose intéressant à te dire je finis ma lettre en vous embrassant de tout cœur et pour le petit René de grosses bisottes et bien le bonjour à tous les parents et voisins un million de baisers. »

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Lettre du 8 décembre 1914

Ma très chère Marcelle

« Hier au soir j'ai reçu cartes et lettres et le colis, la carte du 30 octobre, la lettre du 1er décembre. Le colis était intact. Il contenait deux paires de caleçons en laine ça ira très bien en cas qu'il fasse froid je les mettrai sous les autres de toile et tu peux bien comprendre que je n'aurai pas froid 2 paires de caleçon et les pantalons de drap mais avec le travail que nous faisons, il les faudra s’il fait froid avec il y avait deux cravates que j'aurais préféré qu’elles ne soient pas blanches.

Mais c'est bien mon tort, j’aurais dû te le dire. Mais ça fera de même encore trois échevettes de laine trois billes de chocolat et un saucisson que je n'ai pas encore goûté mais que sûrement sera très bon. Nous l'aurions peut-être mangé mais je vais t'expliquer pourquoi.

Le berger a tué un cochon et nous avons soupé avec et toujours notre ordinaire en même temps. Sur la lettre tu me dis que tu n'as pas trouvé de quoi t’arrangé comme imperméable à Decazeville mais je préfère car comme tu me dis que tu me le fais faire ça ira parfaitement bien même plus à bon marché et ce ne sera pas tant de luxe.

Tu me dis aussi que tu m'envoies un autre nouveau colis avec les molletières et quelques provisions pour manger. Il ne faut rien refuser car ça ne reste pas longtemps ça ne fait qu'un passage et on ne le voit plus, au lieu que le linge reste et ne m'envoie pas d'autres sans que je te le dise car je ne voudrais pas être embarrassé de tout cela maintenant.

Je ne te recevrai que l'imperméable mais pas plus pour les molletières ça fera toujours n'importe comment qu'elle soit. »

 

« Tu me dis aussi que tu m'envoies 20 francs en mandat-carte, c'est quelque chose que j'aurais dû te dire mais je ne crois pas de me recevoir si vite car il y a un maréchal-des-logis qui en a reçu un en mandat-carte et il est resté un mois sans le toucher. C’est quelque chose qui est bien long.

Une autre fois il vaudrait mieux que tu me mettes un billet dans une lettre recommandée que de faire comme ça car presque tous ceux qui en reçoivent en billet de banque ou mandat-poste mais tu n'as pas de faire de la bile pour cela car j'en ai encore pour passer quelques jours. »

 

« Tu me dis que Marguerite fait un passe-montagne pour Gervais. Mais ne te tracasse pas pour moi car je n'ai pas encore mis celui que j'ai et tu peux bien te figurer que encore il n'est pas usé. Je ne crois pas de l'user car si bien que le fasse Marguerite elle ne fera pas mieux que le mien. »

 

« Je suis toujours en bonne santé et souhaite que vous soyez de même.

Ton Louis qui t'embrasse toi et petit René bien fort »

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Lettre de Javage le 5 puisque c'est le soir du 4 que je t’écris et que ma lettre ne partira que demain.

Ma chère Marcelle

« Je profite souvent du soir pour t'écrire croyant que le jour on n’ait pas le temps d'écrire et pour te rassurer de ma santé que ne veux pas t'en priver et c'est ainsi que je fais.

Aujourd’hui, jour de la Sainte Barbe, jour de fête des artilleurs et en même temps des mineurs, cette année je ne la fais pas à côté de toi. Ce que je regrette beaucoup. Car je voudrais bien aller faire un bon souper à Aubin comme les années précédentes avec ton père et les autres camarades. Mais ce n'est pas ça. Il ne faut pas y penser car on en est bien loin.

Mais ça n'empêche pas qu'aujourd'hui on a fait un peu de fête. Le capitaine nous a offert pour souper un demi-litre de vin. Repas comme les autres jours et en plus une boîte de sardines à trois, un bout de fromage, un café avec une goutte de rhum et un gros cigare et c'est après tout ça que je t'écris cette lettre. »

 

« Je ne sais pas qu'est-ce qu’il en résultera mais hier nous sommes allés chercher 2 pièces de canon pour nous rappeler et pour nous instruire en cas qu'il fasse former une batterie de 75. Aujourd’hui on nous a fait un peu de l'instruction avec les pièces et probablement que chaque jour ce sera pareil. Enfin je te tiendrai au courant.

Sûrement que l'on ne nous laissera pas tout le temps là sans rien faire et que l'on nous fera former une batterie. Mais il faudra bien mieux ça que s'il nous avait envoyé dans l'infanterie. Mais au premier moment que l'on nous en parlera, je te le dirai car je sais que l'on a démoli beaucoup de sections et qu'on a envoyé les hommes un peu partout voyant que les automobiles faisaient notre travail.

 

« Aujourd’hui je n'ai pas reçu de tes nouvelles car notre fourgon n’est pas allé les chercher. Il arrive parfois qu’il n'y va que chaque 2 jours et probablement que demain j'en aurai.

Car je suis toujours impatient d'avoir des nouvelles de René mais qui doivent être bien bonne. Pour moi je suis toujours en très bonne santé et désire bien que vous devez être de même. Malgré que certainement vous devez vous faire plus de mauvais sang que nous car vous ne savez pas toujours où l'on peut se trouver, on nous envoie toujours en sûreté de l'ennemi.

Ce n'est pas comme ces pauvres villages du Nord car les familles ont déguerpi et les maisons ont été pillées par les Allemands. Ces maudits barbares et qui en ont même incendiées.

Bien le bonjour de ma part à tous et bien des choses.

Ton Louis qui t'aime. Un million de baisers pour toi et pour petit René »

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Lettre de Javage, le 10 décembre 1914

« Je n'ai pas eu de tes nouvelles il y a 2 jours ce n'est pas sûrement bien long. Mais tu sais comment ça marche quand on n’a pas des nouvelles le temps est beaucoup plus long que quand on en a chaque jour.

On est toujours à Javage où l'on n'est toujours très bien. Mais malheureusement que ça ne durera pas car chaque jour nous apprenons la manœuvre d'artillerie et probablement que quand nous saurons faire, nous irons sur la ligne de feu mais il n'y a pas à se faire de mauvais sang pour ça. Car nous pouvons être aussi bien que nous sommes.

Mais il ne faut pas y compter car si bien qu'on soit on ne sera jamais mieux. Encore que nous ne sommes pas prêts. Quand nous quitterons Javage, je te le dirai puisque je t'écris chaque jour je te tiendrai au courant de tout. Tu peux être tranquille. »

 

« Probablement que nous formerons une batterie de renforcement .et ce n'est pas encore sûr que l'on aille au combat de suite. Et c'est tout probable que l'on changera d'adresse. Mais écris-moi toujours à la même tant que je ne te dirai pas autre chose. Au moment que je t'écris je n'ai pas encore reçu les molletières. Mais probablement que je les recevrai dans la journée avec de tes nouvelles. »

 

« Ici nous avons un temps très doux pour la saison on ne dirait pas l'hiver. Surtout qu'à la fin de novembre il a gelé très fort mais maintenant on se croirait au printemps. Si ce n'était qu'il pleut de temps en temps mais il pleut principalement la nuit, ça fait que encore la pluie ne nous a pas touché. On n'a pas été du tout malheureux.

Quand je recevrai les 20 francs que tu m'as envoyés je te le dirai. Ne te chagrine pas de cela car je peux attendre qu'il vienne du moment que ça ne tardera pas.

je ne vois pas autre chose d'intéressant à te dire pour le moment que de t'envoyer bien le bonjour à tous nos parents voisins et mille baisers pour toi et des bises à bien mignonne pour petit René.

Votre Louis qui vous embrasse tous bien fort. »

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Lettre de Javage le 11 décembre

Ma bien chère aimée Marcelle

« Je réponds aujourd'hui à ta lettre que j'ai reçue hier soir très tard et dont je t'ai fait partir une carte au moment où j'ai vu le facteur pour que tu ne m'envoies pas d'autres molletières. Car j'ai reçu le paquet en même temps que la lettre et le mandat-carte qui n'a pas mis autant de temps que j'aurais cru.

Comme cela ça va très bien, demain je toucherai mon argent. Quoiqu’encore je ne suis pas au dépourvu. Pour les molletières elles ne peuvent pas aller mieux je les ai mises de suite que j'ai eu ouvert le paquet. Elles vont très bien comme couleur et forme enfin je te dis que tu ne pouvais pas faire mieux. Ça tient très chaud aux jambes. Si tu n'as pas fait partir celles que tu me dis que tu as acheté, tu ne me les envoie pas. Rapporte-les chez le marchand. Car si je les reçois j'en serais embarrassé car maintenant presque tous les servants en ont ou ils les ont par le chemin qui viennent et sûrement qu'il y en a qui ne vont pas mieux que les miennes. »

 

« Je suis très content de toi tu ne peux pas faire mieux. Tu exécutes bien mes commandements. Je n'ai qu'à te féliciter pour cela. Maintenant je vais te dire ce que j'ai trouvé dans le paquet car tu ne me l'avais pas dit sur ta lettre expéditrice.

J’y ai trouvé premièrement les molletières dont je t’ai assez parlé, ensuite deux boîtes de thon. Tu n'as pas besoin de m’en mettre encore sans que je te le commande. Car pour le moment on peut s'en procurer sûrement sans tant de frais. Quoi que ça doive bien être un peu près car si on veut quelque chose, on nous fait bien payer.

Une terrine de canard et un bout de saucisson dont nous avons mangé hier soir et que nous avons trouvé parfaitement bon. On s'en est servi comme dessert. Mes camarades m'ont félicité de ta bonne préparation.

Nous allons toujours manger notre repas chez le berger car on peut avoir du vin. Ce que nous trouvons bien commode. Nous souhaitons d'être aussi bien partout où nous irons en payant sûrement et bien content d'en trouver.

Dans le paquet, il y avait encore une plaquette de chocolat donc j'en aurai pour déjeuner quelques matins avec mon café. On ne peut pas se fâcher du café qu’on nous donne il est très bon. »

 

« Pour la réponse de ton père, je ne lui écris pas sûrement pour qu'il me réponde, car je sais bien que c'est toi qui fais toutes les lettres mais seulement pour leur faire plaisir et que je me souviens d’eux.  Mais vous pouvez croire que je pense à tous du plus petit au plus grand. Tu n'as pas besoin de croire que j'attends la réponse de ton père car je n'y avais jamais pensé et ça ne m'empêchera pas de lui envoyer un mot quand j'en aurai l'occasion.

1000 baisers Louis. »

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Réponse militaire le 19 décembre 1914

Chère Marcelle.

« Je n'ai pas eu de nouvelles hier ni aujourd'hui mais j'espère que demain j'en aurai. Vous devez être en bonne santé comme je l'espère. Pour moi je suis toujours le même.

Aujourd’hui nous n'avons pas eu trop beau temps et nous avons fait une sortie que si j'avais eu mon imperméable comme beaucoup d'autres qu'il avait il m'aurait servi. Mais heureusement qu'il n'a pas plu comme il en avait fait la nuit. Il a fait une averse qui nous a même pas traversé la capote. Tu vas me dire que çà n'as pas été nécessaire jusqu'ici mais dans l'avenir il pourra nous servir. Alors si tôt que tu pourras me le faire parvenir fais-le.

Ton Louis qui t'aime et qui vous aime tous pour le petit René de grosses bisottes, bien le bonjour à tous les voisins. »

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Lettre de Javage le 15 décembre 1914

Ma bien chère Marcelle

« Voilà 2 mois aujourd'hui que je suis à Javage et je peux dire que nous les avons passés très bien. Je voudrais que ça se passe ainsi jusqu'à la fin de la guerre et peut-être que ça durera mais c'est quelque chose que l'on ne sait pas. Car nous ne sommes pas maîtres, il faut aller où on nous commande et où les circonstances l'exigent. Mais je me suis sauvé jusqu'ici et j'espère de toujours me sauver. Car il faut bien croire que nous y resterons pas tous et surtout les artilleurs jusqu'ici il n'y en a pas eu beaucoup de tuer et même des blessés. Mais certainement il y en a toujours quelques-uns car il ne se fait jamais des omelettes sans croquer des œufs et c'est bien malheureux pour celui qui tombe et encore plus pour les familles car celui qui est mort ne souffre plus. »

 

« Tu me disais sur tes dernière lettre qu'il y en a beaucoup de blessés et quelques-uns de mort ce qui est bien triste. Tu me donneras des nouvelles des Monteiller, les deux frères qui sont sous les armes enfin de tous ceux que je peux connaître. Il n'y a pas longtemps que j’ai su des nouvelles de Raymond GrÈs qui restait par la côte. Il a même sa femme à côté de lui.

Combien nous serions heureux de pouvoir se parler de vive voix quand ne serait-ce que quelques instants. Mais il ne faut pas y songer. Il faut espérer que ça reviendra un jour et quel beau jour que nous passerons si jamais on a l'espoir de revenir. Car on aurait jamais cru de rester si longtemps sans se revoir. Comme je t'ai toujours dit il n'y a pas à se faire du mauvais sang pour cela. Encore je suis à l'abri de tout et il faut souhaiter que ça dure. »

 

« Maintenant que je t'ai en photo et petit René aussi je vous vois de temps en temps et tu ne dirais pas comment ça me fait plaisir. Surtout de voir le petit René si gros si tant empouse et il est vraiment rigolo. Il a toujours les yeux bien dégourdi. Mais quand tu me dis qu'il fait 35 kg, tu dois avoir fait erreur. »

 

« Aujourd’hui toujours avec mes copains nous avons mangé le saucisson que m'a envoyé ta tante de Paris tu sais comme moi nous l'avons trouvé très bon. Je peux dire que j'en ai pas mangé de plus bon enfin .je suis toujours en bonne santé et je souhaite de bon cœur que vous soyez tous de même ton Louis qui t'envoie un millier de baisers pour toi René et à toute la famille. »

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Lettre de Javage le 16 décembre

Ma bien chère Marcelle

« C'est presque toujours que je te réponds avec le papier que tu m'envoies et donc il n'y a rien à dire, il est bien commode.

Aujourd’hui j'ai reçu le petit colis que tu m'as envoyé et qui contenait les molletières que je t'avais demandé la première fois mais qui ne sont pas plus commode que les premières. Mais pourtant comme couleur elles vont mieux mais pour les mettre c'est plus difficile. Car pour mettre les dernières que tu m'as envoyées, il faut les croiser et les autres prennent le pli du mollet en tournant tout simplement.

Et comme je ne peux pas les garder tout toutes les deux et que je n'ai pas de place pour les mettre, j'en ai vendu une paire à un autre servant. J’ai gardé les dernières. »

 

« Avec ça j'ai trouvé deux saucissons, une plaque de chocolat et chaque matin j'en mange une barre après le café et du pain. Avec ça j'attends jusqu'à la soupe qui est à 10h car on se lève qu'à 7h30 du matin et au moment où je t'écris c'est 7h30 du soir et je suis à l'endroit où je me couche et après que j'aurai fini ma lettre je me coucherai.

Et tu sais que nous faisons de grandes roupillades.

Après le chocolat, une boîte de foie gras que nous avons mangé, il n'y a pas encore une heure et que mes camarades me disent de te remercier car c'est excellent. Nous l’avons mangé après souper comme dessert et nous avons gardé les saucissons pour demain afin que si ce n'est pas moi qui on reçoit, c'est les autres. Nous avons toujours des saucissons ou des boîtes de conserve à manger. Mais pour le moment nous trouvons assez de quoi manger sans cela, maintenant on trouve bien de temps en temps quelques poules ou poulets, des lapins et même un boucher qui vient de Villers-Cotterêts et on achète ce que la fantaisie nous prend. Quelquefois du mouton car il y en a de mes camarades qui l'aime aussi.

Enfin pour le moment on ne se prive de rien. »

 

« Mais aussi tu sais que nous nous ne faisons pas de mauvais sang. Je suis persuadé que les femmes qui êtes au pays vous vous en faites plus que nous. Car vraiment on ne dirait pas en guerre comme je l'ai déjà dit plusieurs fois.

Aujourd’hui j'ai reçu une carte de l’oncle et tante de Viviez et qui me disent qu'ils m'envoient aussi un petit colis de vivre pour passer le réveillon de Noël. Mais je pense que si je voulais garder tout pour la Noël j'aurai de quoi bouffer mais comme je ne peux pas tout garder, j'en mange un peu chaque jour mais je laisse toujours la provision dans mon sac en cas de départ. »

 

« Ici nous avons un temps très doux il pleut de temps en temps mais pas beaucoup le jour, c'est surtout la nuit. Ce qui nous va mieux.

Je n'ai pas encore mis les caleçons que tu m'as envoyés car il n'a pas encore fait froid depuis que je te l'avais dit de me les envoyer. Mais je préfère. Tu n'as pas besoin de m'envoyer de colis pour manger sans que je te le dise. En ce moment que nous trouvons de quoi manger et sans tant de frais.

Encore mille baisers »

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Réponse militaire le 18 décembre 1914

Chère Marcelle

« Toujours en bonne santé. Je t'écris ces 2 mots, après souper, sur la table où je mange matin et soir. Nous venons encore de manger du pâté de foie que tu m'as que m'a envoyé la tante de Viviez et que nous avons trouvé parfaitement bon et du saucisson que tu m'as envoyé toi-même mais qui n'était pas encore trop sec ni trop salé. Mais on voudrait en avoir toujours aussi quand même malgré ça il est très bien.

Nous sommes toujours très bien placés et on ne se fait pas de mauvais sang. Pas d'autres choses pour le moment qu'à t’envoyer de gros baisers pour toi et René bien des choses à tous nos parents. »

Louis GRÈS

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Lettre de Javage le 20 décembre

« Je viens de recevoir une lettre de toi et qui est datée du 12 et qu'il y avait une lettre pour te faire réponse mais voyant qu'elle était plus petite que celle que je t'envoie, je l'ai réservée pour faire après la tienne pour envoyer au cousin (Adrien Auguste) Bras (*) dont j'ai reçu des nouvelles en même temps que de toi.

Il me dit qu'il t'a envoyé à toi aussi. Il doit te faire savoir qu'il était à l'hôpital de Niort. C’est la première fois que j'ai reçu de lui et pourtant tu me dis que c'est la troisième fois qu'il m'envoie. »

 

« Tu me dis qu'il y a longtemps que je ne t'ai pas dit si nous étions bien loin des Allemands. Nous sommes toujours à peu près à la même distance puisque nous n'avançons pas beaucoup. Ça peut varier de quelques kilomètres car nous n'avons pas reculé. Mais il y a des jours que nous entendons le canon tout de même ça dépend de vent du vent qui souffle.

Tu me dis qu'il y en a beaucoup de chez nous du côté de Soissons je voudrais bien savoir le régiment car si par hasard on passait à côté de on pourrait quelquefois se trouver.

Tu me dis aussi que Monsieur Delrieu et aussi en Belgique et qui se voit souvent avec DelagneS Louis. Tu vois qu'il est bien parti bien longtemps après moi-même et il est sur le front. »

 

« On vous fait bien souffrir tout de même pour toucher ces petites allocations de ces petits. Mais j'espère qu'à faire attendre vous le toucherez. Il vaudrait mieux quand même que ça finisse bientôt et que vous ne touchiez rien. Mais en attendant ça passe et vous ne le touchez pas ce qui est vraiment pas juste. »

 

« Pour la poudre de savon que tu me dis si j'en veux que tu m'en envoies. Pour ça j'en trouve à peu près quand je veux je n'ai qu'à dire un bicycliste de m’en apporter de la ville la plus proche qui est pour le moment Villers-Cotterêts .je l'achète peut-être un peu plus cher que là-bas mais si tu me l'envoies elle reviendrait encore plus cher. Tout ce que tu pourrais m'envoyer c'est le caoutchouc pour essuyer le rasoir.

Quand tu m'enverras un autre colis mais tu n'as pas besoin de m'envoyer un colis pour ça. Car j'ai fait jusqu'ici et je ferai encore. Ni pour les bas ne m'en envoies pas car j'en ai encore de tout neuf que je n'ai pas encore mis du tout .ne m'envoie pas autre chose sans que je te le dise sauf l'imperméable que je voudrais bien avoir en cas qu'il faille marcher et qu'il pleuve ça pourrait me servir. »

 

« Tu me fais bien plaisir de me parler du petit René donc je vais lui mettre pour lui une carte de celle qu'on nous donne parfois pour vous envoyer mais si vous n'aviez que c'est carte là vous seriez vite renseigné. Tu me dis qu'il est un peu polisson mais ça lui passera mais qu'il est intelligent ce que je souhaite. Je voudrais bien qu’ils s'instruisent un peu plus que je ne le suis moi-même tu me dis qu'il parle déjà très bien ce qui me fait plaisir et quand je reviendrai que l'on puisse tous causer ensemble. »

 

« Aujourd’hui dimanche ici il fait une journée de printemps un peu un très beau jour.

Maintenant chaque dimanche, quand il fait beau comme aujourd'hui, le capitaine a offert à la section un ballon de football et nous et faisons la journée. Plus vite même quand il fait froid. C’est un jeu qu’on sent vite le froid des pieds. »

 

« Je suis toujours à Javage. Mais on attend d’un jour à l'autre de changer de cantonnement. C’est bien dommage car nous sommes très bien. Surtout pour coucher et pour manger aussi. Car depuis que nous sommes là nous allons chez le berger pour manger, nous y sommes comme des pensionnaires. Nous avons matin et soir notre place réservée. Nous sommes sept toujours les mêmes. Nous nous soignons aussi bien que l'on peut mais ça ne veut pas dire quand même que l'on change que l'on ne soit pas bien.

Peut-être mieux, mais comme je te l'ai toujours dit, de suite que nous aurons changé, je t'enverrai. Mais il faut espérer que l'on soit aussi bien enfin.

Je ne je ne vois pas autre chose à te dire pour le moment, qu'à te dire plus tôt ça sera fini mieux ça sera pour l’un et pour l'autre.

Bien des choses à tous nos parents et voisins Ton Louis qui t'embrasse toi et petit René bien fort.

 

(*) : Adrien Auguste BRAS (1890-1955) est le cousin de Louis GRÈS par sa mère. Soldat au 122ème régiment d’infanterie, il a été blessé en Belgique le 4 décembre 1914 (balle à la tête). Il sera soigné à l’hôpital de Niort, retournera au front puis à nouveau blessé en mai 1915 en Champagne à Mesnil-lès-Hurlus (éclats d’obus à la cuisse), il sera affecté en 1917 aux mines de houilles d’Albi (81) comme électricien. Il finir sa carrière à EDF.

Voir sa fiche.

 

(*) : Le seul Louis DELAGNES originaire d’Aubin (même village que Louis) est Jean Louis DELAGNES (32 ans). Est-ce-lui ? Il est mort pour la France en janvier 1916 dans la Somme.

Ce « Jean Louis » était au 129ème régiment d’infanterie, unité qui était bien en Belgique fin 1914.

Voir sa fiche.

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Lettre de Javage le 22 décembre 1914

Bien chère Marcelle

« Aujourd'hui j'ai reçu le colis qui contenait un quartier, un cou, des gâteaux, cigare et cigarette. Tout cela tu sais qu'en ce moment il n'en reste pas grand-chose.

À midi après notre ordinaire avec mes camarades d'habitude, nous avons mangé le quartier et tu sais ça sentait au pays, c'est-à-dire que c'était très bon et le cou de canard aussi. Nous l'avons mangé pour souper.

Ça nous rappelle un peu à la viande que nous mangeons chez nous. C’est bien dommage que l’on ne puisse pas les manger à la maison tous ensemble comme nous l'avons fait l'année dernière. Mais il faut espérer que ça reviendra peut-être sans tarder.

Tu peux bien dire que je ne garde pas longtemps les colis que tu m'envoies.et donc tu me disais que j'en aurai pour passer la Noël. Mais nous n'avons pas attendu au jour de la Noël .nous avons pensé de chercher un gigot de mouton pour passer ce jour-là tous les 7 ensemble.

Tu vois que l'on ne fera pas de mauvais sang tout de même. Il y en a parmi nous de ces sept qui n'ont pas reçu grand-chose comme provision et c'est eux qui veulent payer le gigot alors pour les contenter on les laisse faire. Et si on ne trouve pas de gigot nous ferons avec un lapin ou un poulet ce que nous trouverons. Car parfois il faut se contenter avec ce que l'on trouve. »

 

« Le colis que tu m'as expédié par la gare je ne sais pas quand est-ce qu'il arrivera mais tu sais qu'il n'arrive pas vite s'ils ne sont pas recommandés. Il n'y a pas y compter car ça s’égare facilement. Mais il faut espérer que maintenant ça marchera mieux et que je le recevrai bientôt. Car sûrement que ça marche bien mieux qu'au commencement.

Quelque chose que j'avais oublié de te dire des gâteaux que tu vas envoyer tu sais que le petit du berger les trouvait bons j'ai voulu lui en donner deux et tu sais qu'il les a vite mangé et il se tenait de revenir à la table pour en chercher d'autres encore. Il y a eu quelques-uns de resté et je les ai donné à sa mère pour lui. »

 

« Nous nous sommes toujours à Javage et par conséquent nous n'avons pas encore changé. Mais on ne demande pas mieux car nous sommes toujours très bien. Nous faisons toujours des manœuvres d'artillerie. Mais nous n'avons pas encore changé d'adresse. Nous sommes encore section de munitions. Il ne faudrait qu'un nouvel ordre pour que la batterie soit de nouveau tombée à l’eau. Mais il ne faut pas tout de même s’y attendre.

 

En même temps que toi j'ai écrit à l'oncle d'Amérique et donc je lui souhaiter la bonne année. je vous en souhaite de même à tous mais qu'elle soit bien meilleure que celle que nous venons de passer. Enfin tout ce qu'il faut souhaiter que la guerre soit bientôt finie et que l'on puisse se revoir sans tarder.

Ton Louis qui vous envoie pour toi et petit René ses meilleures amitiés et en plus de gros baisers et souhaite que ta mère soit vite guérie car j'espère que ça ne sera rien. »

Louis GRÈS.

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Lettre de Javage le 23 décembre 1914

Bien chère Marcelle

« Aujourd'hui j'ai reçu une lettre de toi, la photo de Marguerite et de son petit Roger, que je trouve parfaitement bien.

Ils sont un peu mieux photographiés que la tienne avec petit René. Ça ne dépend pas tout à fait de vous autres, ça dépend un peu plus un peu du photographe.

Et en même temps des nouvelles de Paris de Geneviève. Ils sont tous en bonne santé.

Sur cette lettre tu me dis que tu m'envoies l'imperméable et un tas de choses que ce n'est pas la peine que je te le répète je ne l'ai pas encore reçu. Et ce sera comme t’as dit madame ALBAGNAC qu’il y mettra un peu plus de temps que par la poste car il y en a beaucoup à la section qui en ont d'annonces par la gare et qui n'arrivent pas vite.

Mais je crois bien qu’on va s’en donner un peu plus pour aller voir à la gare s'il y a des colis pour nous .car il y en a beaucoup qui commence à se fâcher de tout ce retard. Mais les colis par la Poste arrivent aussi vite que les lettres il n'y a pas de différence même quelques fois plus tôt. Tu me dis que tu n'aurais jamais cru de passer le jour de l'an sans moi mais moi non plus si on avait dit cela quand on s'est quitté on aurait dit que ce n'est pas possible. Mais cependant il faudra le passer quand même. Et il y en aura beaucoup qui ne le passeront pas encore comme nous autres ceux qui sont restés ou blessé voudrais bien les passer encore comme nous le passerons nous-même. »

 

« Nous sommes toujours à Javage. Nous avons pris souvent l’élan pour partir et nous sommes encore là et nous ne savons pas encore quand nous partirons, mais ça ne presse pas car nous sommes très bien là.

Ah si c'était pour venir vous voir tous, ça ne serai jamais trop tôt mais comme ce n'est pas encore l'heure il ne faut pas y penser. Nous avons quelques autres choses à faire avant probablement que nous irons nous revoir.

De nous servir de ces quatre pièces de 75 que nous avons mais s'il faut nous sommes toujours prêts on nous apprend chaque jour comme je te l'ai dit sur une de mes dernières lettres. »

 

« J’ai reçu des nouvelles de mon cousin Adrien (Auguste BRAS). Tu me dis que sur ta lettre c'est bien malheureux que les pieds lui ai gelés. Mais quoi faire maintenant on le soigne. C’est tout ce qu'il demande et pour ça il en guérira toujours il y a 2 ou 3 jours que je lui ai fait réponse. Je ne t'ai pas fait réponse sur le papier que j'ai trouvé dans ta lettre car je le trouve plus commode pour garder dans ma poche et avec ses enveloppes que je t'envoie je peux y mettre une carte. Il ne se perdra jamais envoie à moi toujours comme tu fais. Comme cela en cas que je n’en ai pas je ne me trouverai jamais attrapé pour te faire réponse. »

 

« Bien des bisottes au petit René pour moi et tâchez moyen de passer un bonjour de l'an quand même que je n'y sois pas. Et il ne faut pas vous faire du mauvais sang pour cela. Il faut espérer qu'on se reverra tout de même un jour encore une fois je vous souhaite à tous et à toute la famille. »

 

« Maintenant il me semble t'avoir dit qu'on nous a donné le numéro de notre secteur c'est-à-dire la contrée où nous nous trouvons et par conséquent au lieu de passer à Castres elles viennent tout droit suivant que l'on nous a dit et même il y aurait lieu de mettre bureau central militaire Paris.

Si tu veux un jour, tu n'auras qu'à m'envoyer deux cartes, l'une rien que ‘secteur postal numéro 111 111’ et l'autre telle qu’est adressée en plus ‘bureau central militaire Paris secteur postale numéro 111’ comme cela je verrai là qu'elle vient la plus vite et si par hasard elle ne venait pas plus vite on reviendrait à l'ancienne adresse c'est-à-dire à Castres mais je peux bien essayer comme cela. »

 

« Je suis toujours en très bonne santé. Je me soigne toujours aussi bien que je peux. Si jamais je trouve l'occasion de me faire photographier, je te réponds que je le ferai car je suis bien content d'avoir la vôtre et je comprends bien que vous seriez de même si tu avais la mienne. Je t'en dis pas plus long pour le moment.

Aujourd’hui je n'ai pas eu de tes nouvelles et je suppose que demain j'en aurai et donc je te ferai réponse en attendant reçois de ton Louis les meilleures amitiés et petit René et toutes nos familles. »

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Réponse militaire le 24 décembre 1914

Chère Marcelle.

« Aujourd’hui je n'ai rien eu de toi. Ni lettre, ni le paquet que tu m'as envoyé par la gare. J’ai eu une lettre de mon camarade GrÈs Raymond et tu me dis de vous donner un bonjour à tous. Il m'a même dit que la compagnie (*) de Decazeville l'avait demandé. Sur la prochaine lettre je joindrai sa lettre à celle que je t'enverrai tu verras comme cela si je ne te mens pas je suis toujours en bonne santé je t'envoie mille et mille baisers. »

 

(*) : La compagnie des mines de Decazeville.

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Lettre de Javage le 25 décembre 1914

Bien chère Marcelle

« Aujourd'hui jour de Noël j'ai reçu une carte. Et tu me dis que tu me fais porter une lettre par le secteur et l'autre par Castres. Et bien au début ça ne marche pas mieux qu'à l'ancienne adresse. Par conséquent tu n'auras qu'à mettre tout de même le secteur mais par Castres en même temps car je n'ai pas encore reçu la lettre. Je n'ai pas reçu le paquet qui contient l’imperméable mais je ne me désole pas tout de même car nous sommes toujours à Javage et tant que nous serons là je n’en ai pas besoin. Mais c'est tous les cas que nous partions et qu'il pleuve.

Je ne sais pas le temps qu'il fait à Cérons mais ici il fait un très beau temps. Cependant il gèle très très fort mais il vaut bien mieux ce temps que la pluie et il a commencé de geler hier et aujourd'hui il continue. Surtout au moment où je t'écris. »

 

« C’est principalement le soir que je t'écris comme cela on est presque sûr de n'être pas déranger et on fait à son aise. Aujourd’hui nous avons eu un très beau jour mais certainement que pour ceux qui sont dans les tranchées il ne faudrait pas tant de froid car comme le dit mon cousin dont je viens de recevoir encore de ses nouvelles en même temps que de toi. Tu me dis que les pieds lui ont gelé et qu’encore il n'était pas le plus malheureux. Qu’il a fallu qu'on coupe les pieds à quelques-uns et pour ça c'est bien malheureux.

Pour moi je suis bien content d'être où je suis car tu peux croire qu'il y en a beaucoup de plus malheureux que nous. Cette ferme est bien située entre deux collines, bien à l'abri du vent. Pour être couché on ne peut pas être mieux et c'est une bonne chose. »

 

« Je vais te raconter comment nous avons passé notre jour de Noël :

Le soir du 24, le capitaine nous a dit que ceux qui voulaient aller à la messe de minuit étaient libres d'y aller et sur 120 que nous sommes à la section il y en a eu une vingtaine. Mes camarades y sont allés et moi comme j'avais pris la garde la veille je n'étais en avant pour le sommeil et je n'y suis pas allé. C’est tout de même un peu loin 2 ou 3 km.

À la place d'aller à la messe, je me suis couché.

Le matin à l’appel, le capitaine nous a offert un petit paquet de tabac fin et comme ordinaire nous avons eu de l'extra : la moitié d'un cochon pour un repas, un quart de vin, du ragoût de céleri, du rôti de cochon, une salade de doucette avec céleri. Et en plus pour nous sept seuls on s'est fait faire retire un gros poulet chez le berger. Comme nous faisons d'ailleurs très souvent.

Nous avons passé une bonne journée mieux que si tu peux te figurer. Certainement que vous autres vous ne l'avez pas passé mieux car je sais que vous ne cessez de penser à nous et que vous vous figurez toujours que l'on est mal placé. Ça pour sûr il y en a, mais pour moi je ne peux pas être mieux pour le moment. »

 

« Enfin je suis toujours en très bonne santé. Tu me sauras dire ce qu'a apporté le petit Jésus à petit René moi je n'ai pu rien lui envoyer. Mais quand je reviendrai, je tâcherai moyen de lui apporter quelque chose. Tu n'as pas besoin de tant te presser pour m'envoyer de l'argent j'en ai encore et comme je te l'ai dit quelquefois, j'en gagne toujours un peu avec mon petit fourbi. Tu n'as pas besoin d'avoir peur quand je verrai que je vais être à court je te le dirai.

En attendant ton Louis qui t'envoie un million de baisers. »

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Lettre de Javage le 27 décembre 1914

Bien chère Marcelle

« J’ai reçu aujourd'hui 2 cartes et une lettre de toi 14, 15 et 16 décembre. Tu vois que cela fait bien comme à toi ça n'arrive pas toujours régulièrement. Mais ça ne fait rien. On est tout de même bien content de lire.

Hier je t'ai expédié une lettre qui contenait une pièce de 10 centime belge et tu peux la garder comme souvenir jusqu'à mon retour si tu la reçois. Mais quelquefois ça pourrait bien se faire que tu ne la reçoives pas.

J’en ai encore une que j'avais gardée depuis mon retour de Belgique avec celle que je t'ai envoyé et une carte pour René.

Chère Marcelle, tu me dis que tu m'envoies et un autre colis pour faire notre Noël pour cela on reçoit toujours car pour manger ça n'embarrasse pas, on s’en débarrasse vite ensemble.

Quoique comme je te l'ai dit nous trouvons assez le manger ou le boire où nous sommes.

Nous avons du vin très bon à 12 sous. C’est notre fourgon de la section qui lui apporte de Villers-Cotterêts et qu'il achète à 10 sous le litre et nous le revend à 12 sous. Ça fait que nous depuis que nous avons cette commodité et c’est chez le berger que nous mangeons et qu’est le vin. Nous ne nous en privons pas quand nous avons quelque chose à manger, nous le mangeons chez lui, et comme tu me dis que nous pouvons fumer des cigares et manger du quartier ou le cou. Je recevrai probablement ce colis demain. »

 

« Il y a 4 jours que j'ai mis un des caleçons que tu m'as envoyé et donc je suis bien content de les avoir je l'ai mis sous les autres et même je les endure. Mais s'il fallait travailler comme nous sommes habillés certainement. On ne pourrait pas longtemps et c'est bien pour cela qu'il faut s'habiller du moment qu'on ne fait presque rien.

Pour la flanelle que tu me parles et que tu veux m'envoyer ce n'est pas bien nécessaire car j'ai encore celle que j'ai mise de là-bas et en plus 3 de celle que j'ai touché.

Alors tu vois que c'est inutile et ne te dérange pas pour cela. C’est l'imperméable que je préférerais à tout autre chose car probablement qu'on va partir de Javage d'un jour à l'autre et si on partait sous la pluie, il pourrait me servir. Mais comme tu me dis que tu ne me l'as envoyé c'est parfait. C’est tout ce que je demande.

Pour du fromage camembert ce n'est pas bien la peine que tu m'en envoies nous n'en mangeons pas d'autre que celui-là. Alors tu vois que ce n'est pas bien la peine de se déranger. C’est pour cela que j'en trouve ici. Et du fait qu'il te faudrait payer le port en plus. »

 

« Tu me dis qu'à Castres, on en expédie dans l'infanterie. ça encore je ne l'avais pas su mais pour sûr il vaut mieux rester dans l'artillerie. Malgré qu'on aille dans une batterie, on est toujours plus loin de l'ennemi.

Tu me dis que ta mère souffre des douleurs ce qui est bien malheureux mais tu n'as qu'à la soigner de ton mieux et qu'elle se soigne aussi. Car il faut espérer que ça ne durera pas longtemps et qu'elle sera bien vite guérie.

Tu me dis que notre petit René est toujours bien polisson mais qu'il est beau tout de même et qu'il aime bien sa maman et se souvient encore de son papa.

J’ai reçu l'adresse de Louis du Gua et je vais lui envoyer une carte de suite. Ça lui fera plaisir à lui. Et ça me fera plaisir à moi de savoir de ses nouvelles. »

 

« Je vois que c'est à peu près le moment pour que ça arrive juste au premier de l'An de te souhaiter une bonne et heureuse année mais quand même, que je te la souhaite. Je sais bien que le commencement de l'année ne sera pas bien bonne pour toi surtout de voir que je suis si loin que de celle que j'aime et que j'aimerai toujours et de notre petit René aussi alors je vois que mon papier s'achève. Je ne t'en dis pas plus long pour le moment.

Ton Louis qui t'envoie comme toujours ses meilleures amitiés, de gros baisers pour toi et René, bien des choses à tous nos parents à tous nos voisins, pensionnaires aussi et ceux qui demanderons de mes nouvelles encore mille baisers.

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CARTE postale de Javage :

La guerre de 1914, Spahis traversant un pont de bateaux à Compiègne.

« À conserver je suis passé plusieurs fois sur ce pont au mois d'octobre.

1000 baisers de ton Louis.

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Le 27 décembre 1914

Chère Marcelle

« Voilà trois jours que je n'ai pas eu de tes nouvelles mais je comprends très bien que ça ne s'est pas de ta faute car il y a quelques jours que la correspondance nous arrive pas régulièrement. Je n'ai pas encore les colis que tu m'as envoyés par la gare, mais ne te tracasse pas pour cela, j'ai le temps d’attendre.

Nous n’avons pas quitté encore Javage.

Nous ne sommes pas encore prêts à le quitter car on a vacciné tous ceux qui n'ont pas eu la fièvre typhoïde et pour et le moment, il y en a beaucoup qui souffrent du vaccin et comme tu le sais, j'ai eu la fièvre du temps de l'active et on ne m'a pas vacciné et certainement je suis guéri définitivement.

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Lettre de Javage le 28 décembre 1914

Bien chère Marcelle

« Aujourd'hui j'ai reçu la lettre du 20 adressée. Rien qu’au secteur, elle a eu 3 jours de retard de plus que la carte adressée par Castres. Sur l’affiche qu'on avait placé, il y avait que l'on pouvait mettre le secteur et qu'il y aurait lieu de mettre ‘ bureau central ’ mais voyant que par le bureau central ça n’arrivait pas aussi vite, on ne l'a pas mis et encore il vaut mieux mettre le secteur et par Castres.

Tu me dis que je ne t'ai pas dit qu'il m'avait envoyé le colis dont je te parlais sur cette lettre, pourtant il me semble bien t'avoir dit que j'avais reçu une lettre et un colis de Geneviève ou plutôt de sa mère et il y avait un saucisson que je te réponds que je n'ai pas mangé de meilleur. »

 

« Tu me dis que Louis du Gua n'est pas passé bien loin de nous. C’est bien dommage que je ne l'ai pas su car on se serait été heureux de pouvoir causer un moment ensemble. Mais qu’y faire si je l'avais su, j'aurais pu aller à sa rencontre car nous sommes à peu près à 400 mètres de la route des passages des troupes et ce n'est pas le temps qui m'aurait manqué car nous n'avons rien à faire de toute la journée ; et à part deux ou trois fois par semaine que nous faisons de la manœuvre d'artillerie 2h. Cela fait 6h par semaine. »

 

Tu me dis que tu m'envoies 20 francs pour mon premier de l'an et il n'y avait rien qui presse car encore je ne suis pas dépourvu surtout en en gagnant un peu en coupant les cheveux et en rasant les barbes. Quand je viendrai je pourrais m'embaucher chez un coiffeur mais comme il y aura beaucoup d'hommes en moins on n'aura pas besoin de tant de coiffeur et ça peut se faire qu'il me faudra reprendre mon ancien métier .comme j'ai toujours cru car le métier de coiffeur c'est trop doux pour moi. Enfin il s'agit de revenir on trouvera bien quelque chose à faire nous. Voilà toujours dans la même casemate et nous y sommes toujours très bien.

Aujourd’hui il a plu toute la journée sans cesser une minute mais nous ne sommes pas sortis cela fait que nous ne sommes pas mouillés.

Mais c'est bien malheureux pour ceux qui sont dehors et dans les tranchées et qui ont de l'eau jusqu'aux genoux. Enfin tout cela c'est bien triste. Ce n'est pas trop tôt que cela finisse. »

 

« Je ne t'en dis pas davantage pour le moment. Envoyer un million de baisers pour toi et petit René bien des choses à tous nos parents et bien le bonjour à tous les voisins tu me diras sur ta prochaine lettre si les douleurs tourmentent toujours ta mère mais j'espère bien qu'elle doit être guérie. Tu leur souhaiteras une bonne et heureuse année à tes parents.

Encore mille bisous baisers de temps Louis qui t'aime et qui t'aimera toujours voilà. »

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Lettre de Javage, le 29 décembre

Bien chère Marcelle

« Aujourd'hui j'ai reçu de toi deux lettres deux cartes et le mandat. Maintenant je vois que comment que tu m'adresse les lettres ça arrive la même chose. J’ai reçu celle adressée au bureau central en même temps que la carte du même jour qui m'est adressé que par le secteur.

Mais vaut mieux tout de même mettre par Castres en même temps que le secteur. Comme cela ça ne se perd jamais. Alors comme je te le dis j'ai reçu le mandat lettre de 25 francs. Mais comme tu me le dis que j'en aurai pour me payer quelques bonnes choses pour le premier de l'an. Mais c'est tout probable que je n'aurai pas besoin de l'entamer le premier.

Certainement ça me servira toujours car pour le moment nous en dépensons pas mal et encore bien heureux de trouver quelque chose en plus de l'ordinaire pour se soigner. Encore aujourd'hui nous avons mangé une poule en plus de notre ordinaire toujours chez le berger. Mais c'est tout probable que demain je n'y mangerai pas avec mes camarades car on nous a désigné une vingtaine de servants pour aller préparer le cantonnement et je crois bien que c'est à Rethondes où on avait déjà passé plus d'un mois.

Là, nous n'étions pas encore trop mal et si c'est encore comme c'était alors ça n'ira pas trop mal.

Je crois bien que nous allons rejoindre la 25e section et c'est tout probable que nous verrons les anciens camarades comme (Paul) Bergon, (Henri) Albagnac.

Enfin quand j'y serai, je te le ferai savoir comme je l'ai toujours fait. Si on peut faire partir la correspondance et tu n'as pas besoin de te faire du mauvais sang. Quand bien même tu ne reçois pas des nouvelles de 5 ou 6 jours car il se peut se trouver des endroits où je n'aurais pas peut-être le temps d'écrire comme je l'ai fait ou je suis mais si je peux je continuerai comme je le fais. »

 

« Je suis bien content de savoir des nouvelles de Monteiller Élie mais c'est de son frère que tu m'en a pas parlé. tu me dis que il a été blessé à un pied mais pourvu que ça lui nuise pas trop. Il pourra se croire encore heureux de ne pas rester entre les mains de ces maudits Boches.

Pour son frère j'espère qu'il doit être en bonne santé et quoi que la guerre soit longue on pourra tout de même se revoir quelques-uns et si tôt que ce soit ce n'est ce ne sera jamais trop tôt. »

 

« Tu me donnes des nouvelles de la Tante ça me fait plaisir qu'elle aille un peu mieux et qu'elle puisse sortir un peu dehors car le temps doit lui paraître moins long.

Sur une de tes lettres j'ai vu l'écriture du petit René. Je crois qu'il commence à s'appliquer. ça me fait plaisir aussi de voir qu'il pense à papa et qu'il soit sage et que le petit Noël lui ai apporté un cheval.

Mais pour cela, il faut qu'il écoute la maman et grand-mère, et grand-père aussi, s'il veut qu'on lui donne du café. Tu me dis aussi que tu vas toucher l'allocation pour René mais j'espère bien, que tu l'auras bien gagné enfin pourvu que tu l’as aussi, c'est tout ce que l'on demande. »

 

« Encore je n'ai pas reçu l'imperméable c'est-à-dire le colis qui le contient et je t'assure qu'il ne faut pas languir car il y en a qui attendent depuis plus d'un mois et tous ces colis sont partis par la gare. Ceux qui sont envoyés par la poste arrivent quelquefois plutôt que les lettres et il n’en manque pas et c'est pour te dire que l'on ne comprend pas ce qui les retarde tant.

Tu me dis que tu vas écrire à l'oncle d'Amérique pour ça tu lui feras toujours plaisir. Je lui ai écrit la semaine dernière je lui souhaite la bonne année.

Ici pour le moment nous n'avons pas trop beau temps. Il pleut de temps en temps mais étant à l'abri on ne se mouille pas. »

 

« Je suis toujours en bonne santé et souhaite que vous soyez tous de même encore. J’ai oublié de te parler des sinapismes (*) que j'ai trouvé dans le colis et que j'avais oublié de te rappeler. Je les garde sur moi dans mon carnet et si par hasard j'en avais besoin je ne les aurais pas loin.

Pour la teinture d'iode il y a longtemps que j'en ai plus. Mais moi je n'en ai pas besoin. Mes camarades l’ont mais je préfère ne pas en avoir eu besoin, la section en a toujours. Mais c'est prudent d'en avoir quand-même quand tu auras l'occasion tu pourras m’en envoyer un petit flacon ça peut servir pour une petite blessure. C’est plus sûr n'importe ici quand ce soit la section en trouve pas facilement non pas notre section mais n'en bien d'autre part on se sert d'autres choses à la place de la teinture, faute de pas en avoir suivant que j'ai entendu dire.

Encore mille baisers de temps Louis de gros baisers pour René. »

 

(*) : Pour info : un sinapisme est un cataplasme à la farine de moutarde

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Réponse militaire le 26 décembre

Chère Marcelle.

« Je n'ai pas encore reçu la lettre que tu m'as envoyée par le secteur mais comme je vois que ça ne marche pas mieux en même temps sur l'adresse, tu mettras par Castres, encore c'est la meilleure adresse.

Je suis toujours en très bonne santé et c'est avec beaucoup de plaisir que je t'en souhaite de même.

Ce soir le temps semble se radoucir mais il a fait trois jours très froids.

En attendant reçois de ton Louis ses meilleures amitiés de grosses bisottes pour René et bien de choses à nos parents. »

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Lettre d’Offémont le 31 décembre 1914

Bien chère Marcelle

« C'est pour la dernière fois que je t'écris de cette année mais qui vient du cantonnement mais que veux-tu certainement, je n'aurais jamais cru de falloir que je t'écrive l'année 1914. »

 

« Comme tu le vois je ne suis plus à Javage.

La nuit dernière j'ai couché à Rethondes et comme je n'avais pas dormi la nuit d'avant car il a fallu voyager je ne t'ai pas écrit. Mais je n'attends pas longtemps tu m'excuseras si je t'ai pas écrit. Nous avons passé la soirée avec (Paul) Bergon, (Henri) Albagnac. Nous avons soupé à un restaurant avec deux de mes camarades.

Aujourd’hui nous sommes à Offémont pour faire des baraques pour nous. Nous faisons comme des galeries souterraines et je t'assure que l'on est très bien là-dedans. Ceux qui sont déjà disent qu'ils n'ont jamais été mieux. Nous avons avant de faire les nôtres visité celles qui sont déjà faites. Je t'assure que c'est bien fait.

On fait ces baraques pour cause qu’il n’y a pas de village à côté et de ce fait, je crois que nous ne serons pas trop mal. »

 

« Nous allons compter prochainement à la 4e batterie d'un groupe d’Afrique. Quand je suis arrivé à Rethondes je suis été stupéfait de trouver mon paquet que j'attendais avec impatience à cause de l'imperméable. Et c'était temps car le paquet commençait à s'ouvrir quand je l'ai reçu les deux plaques de chocolat se voyaient et l'imperméable aussi ce n'est pas la peine que je te fasse la nomenclature de tout, il ne manque rien.

Nous avons fumé un ninas avec (Paul) Bergon il m'a dit de vous donner le bonjour à tous et (Henri) Albagnac. J’en ai fumé un ce soir et demain nous avons un cigare à 10 centimes chacun, une bouteille de champagne à 4, des noix, une pomme, du fromage et un litre de vin rouge. Tout ce que je te dis, nous l'avons touché ce soir et peut-être nous toucherons quelque chose. Enfin c'est tout probable que nous ne serons pas trop mal. Pour un jour de première année.

Je te dirai que l'imperméable va très bien. 

Nous avons eu assez pour manger. Je n'ai pas goûté au camembert ni à la terrine mais ça me servira tout de même pour déjeuner car pour le repas nous en avons assez pour manger. Je n'ai pas ouvert la boîte de pastilles Valda, mais j'ai goûté aux autres quand même que je ne suis pas enrhumé. Je m'en servirai quand même. »

 

« Enfin, je suis toujours en bonne santé et souhaite que vous soyez de même. Je ne t'en dis pas davantage pour le moment bien des bisottes pour le petit René et un million de baisers pour toi et toute la famille.

Toujours ton Louis qui t'aime et qui pense toujours à vous trois à vous tous. »

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Janvier 1915

Nota : Le 1er janvier, le personnel, les chevaux et le matériel de la 24ème section de munitions d’artillerie du 9ème régiment d’artillerie vient compléter la 4ème batterie du 3ème groupe d’artillerie de campagne d’Afrique.

Cette 4ème batterie est composée de 3 officiers, 12 sous-officiers, 13 brigadiers, 15 maîtres-pointeurs et observateurs, 122 hommes. Elle est commandée par le capitaine DESPORTES. (JMO p32)

Comme matériel : 4 canons, 12 caissons, 10 fourgons et voitures hippomobiles diverses.

Louis GRÈS sera donc beaucoup plus exposé qu’au sein de la 24ème SMA…(JMO)

 

Offémont le 1er janvier 1915

Bien chère Marcelle

« Nous voilà déjà dans l'année 1915 et nous ne sommes pas encore prêts de nous revoir et pourtant demain il y aura 5 mois que nous sommes séparés.

Comme je te l'avais dit sur ma lettre, nous sommes une vingtaine de servants que nous préparons les baraquements pour nous mettre à l'abri du mauvais temps.

Hier et aujourd'hui nous y avons travaillé nous y avons travaillé et la pluie nous en a sorti hier à 3h et aujourd'hui à 4 et certainement quand il pleut nous nous mettons à l'abri du moment que nous avons un cantonnement en attendant que nos abris soit prêts.

Depuis que nous sommes à Offémont nous sommes bien mieux nourris que n'importe où nous soyons été. Nous avons du café deux fois par jour du vin chaque jour aussi. Aujourd'hui nous avons eu pour souper du jambon, des sardines, une orange pour chacun, des noix du chocolat, un cigare et encore du champagne. Nous avons été très bien et encore deux paquets de tabac.

Comme tu dois le connaître c'est sur le papier que tu m'as envoyé dans le colis que je t'écris et il n'avait pas encore trop souffert. Le chocolat était brisé. Ce matin j'ai goûté à la terrine et je t'assure que ça peut se manger c'est très bon maintenant tant que je reste là, je me sers de la petite soupière pour ma portion mais quand je changerai il me faudra la jeter. Mais je te réponds qu’on n’a pas jeté ce qu'il y avait dedans, nous avons fini le reste au dîner avec quelques camarades. Ils m'ont dit que encore il valait mieux ces terrines que les pâtés de foie en conserve quand même qu'elle soit truffée.

On semble des frères ; quand on a quelque chose on le mange pas l'un sans l'autre, c'est presque tous qu’on reçoit quelque chose. »

 

« A partir de maintenant nous ne faisons partie plus de la section.

Nous comptons à une batterie je vais te dire l'adresse 3e groupe d'artillerie de campagne d'Afrique, 4e batterie, secteur postal numéro 132, 37e division.

Ici nous sommes avec ceux qui sont ici depuis longtemps. Le soir à la veillée ils chantent, ils dansent dans leur casbah qu'ils ont fait. Comme celle que nous ferons nous. Pour le moment, je te réponds que l'on ne s'ennuie pas et il y a des comiques de toutes sortes des chanteurs. Je te dis où il n'y avait aucune maison, on dirait maintenant un village caché dans les bois et moitié dans la terre. »

 

« Je ne t'en dis pas plus long pour le moment, je t'en ai assez dit de nouveau demain toujours une carte, si ce n'est pas une lettre. Comme nous ne sommes pas avec la section, je n'attends pas de lettre de toi de quelques jours.

Je pense que la section viendra nous rejoindre dans une dizaine de jours alors maintenant tu m'écriras à la nouvelle adresse. Tu le diras aussi à Maria en cas qu'elle m’écrirait.

Je finis en vous embrassant tous de tout cœur, de grosses bisottes pour René et pour toi aussi.

Ton Louis qui pense toujours à toi .Tu ne mettras plus 9e d'artillerie Castres.»

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Lettre

Offémont le 2 janvier

« Je viens de recevoir à l'instant deux lettres de toi et une carte de Geneviève qui me souhaite la bonne année et une parfaite santé.

Sur la lettre tu me dis que tu termines parce que ton père arrive et que tu vas lui préparer son déjeuner.

A ce compte je verrai qu'il doit refaire le poste de 9h et demi du soir au matin. II aurait bien profité du poste de l'après-midi il lui faudrait bien mieux celui-là. Mais enfin il faut bien faire comme ils veulent et non comme l'on veut.

Tu me dis que ta mère va mieux. Ça me fait bien plaisir. Mais il vaudrait bien mieux qu'elle soit tout à fait guérie. Enfin il faut espérer que ça viendra.

Sur l'autre lettre du 25 que je viens de recevoir en même temps que celle du 19, tu me dis que tu es allé voir Noémie et qu'elle t'a donné le bonjour pour moi et en même temps qu’elle t'a donné des provisions pour moi.

Quand tu y reviendras, tu lui diras que je la remercie beaucoup de son attention envers moi et tu lui feras un gracieux baiser à la petite et à Noémie pour moi, ainsi qu'à l'oncle qui doit être toujours avec Noémie. »

 

« Tu me dis aussi qu'il te tarde de savoir si je suis parti de Javage. Et bien comme je te l'ai dit nous l'avons quitté le 28 à minuit et nous sommes arrivés à Rethondes le 29. Nous avons fait une partie du chemin par le train. Nous avons couché une nuit à Rethondes et le lendemain nous sommes partis pour Offémont où nous sommes.

C'est à 5 ou 6 km de Rethondes. Nous sommes toujours en train de faire des baraques qu'on appelle casbahs. On se dirait chez les Arabes. C'est à moitié dans la terre et tu ne dirais pas comment on a chaud, il fait plus bon faire que dans les planchers du grenier comme l'on a été quelquefois. »

 

« C’est bien ennuyeux que Gervais n'ai pas reçu le colis que lui a envoyé Marguerite, mais il n'y a pas à se décourager tôt ou tard on finit par le recevoir. Tu vois que moi je les ai tous reçu. Encore j'ai le camembert tout entier et beaucoup de chocolat tu vois que l'on ne souffre pas pour la nourriture et surtout que depuis que nous sommes à Offémont, nous sommes bien nourris nous avons du vin chaque jour un cochon frais tué la veille. »

 

« Tu me dis que l'oncle d'Amérique t’a écrit et il va t'envoyer la photographie. Tu me dis que tu vas lui écrire de nouveau. tu lui donneras ma nouvelle adresse car s'il ne m'a pas encore fait réponse.

Tu me dis que petit René a été bien content de trouver ses étrennes de Noël que le petit Jésus avait mis dans sa botte. Tu m'as dit que tu avais reçu mon petit souvenir mais tu ne me dis pas quoi mais je pense bien à peu près ce que c'est.

Tu me dis que ton père te recommande de me dire de bien me soigner. Tu peux croire que je le fais et je ne me prive de rien de ce que je peux avoir mais maintenant que nous sommes un peu plus près du front, on ne trouve pas tant à dépenser ni pour acheter. mais nous n'avons pas à nous plaindre on nous donne ce qu’il nous faut. »

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Lettre

Offémont le 4 janvier 1915

Bien Chère Marcelle.

« Le soir je ne te fais pas une longue lettre. Sais-tu juste pour te dire que je suis en bonne santé car vraiment étant au même endroit on ne peut pas toujours dire vous répéter les mêmes phrases.

Je te dirai cependant que ce soir nous avons touché encore 5 bouteilles de champagne à 18 et tu vois que nous en avons eu un bon peu pour chacun. Et tant que nous sommes partis de Javage sans la section, nous l'avions touché à Offémont et on avait touché à Javage pour nous et de ce fait nous en avons eu deux fois.

Ici il a plu presque toute la journée bien des choses à nos parents et mes plus beaux baisers pour toi et René. »

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Lettre d’Offémont le 5 janvier 1915.

Bien chère Marcelle

« Aujourd’hui j'ai reçu une lettre du 27 une carte du 24 et une du 26.

Tu me dis sur la lettre que tu m'envoies un autre colis. Pour cela on ne refuse jamais car une fois ou l'autre ça se mange toujours et quand on voit que le repas ne nous convient pas trop, on achève de manger avec ce que l'on a.

Comme tu me le dis ce n'est pas la peine de se souhaiter de toutes sortes de bonheur car on ne nous écoute guère. Mais comment faire, pourvu que l'on puisse s'en sortir et ce sera bien beau. Je n'en demande pas davantage que l'on puisse se revoir tous en bonne santé et comme tu me le dis les moments de bons que nous passerons quand je serai revenu nous ferons passer ces jours bien longs que nous passons pour le moment. »

 

« Chère Marcelle, tu n'as pas besoin de m'envoyer d'autre argent sans que je te le dise car depuis que je suis à Offémont je n'ai dépensé presque rien. On ne trouverait pas dehors à le dépenser et, quand même en trouverai on ne dépenserait pas beaucoup car nous avons tout ce qu'il nous faut, excepté le vin que nous n’en avons qu'un quart le soir.

Et s'il en était commode sûrement qu'on en boira un peu plus. Mais il vaut mieux tout de même avoir ce qu'il faut pour manger et après on trouve toujours pour boire. Nous avons passablement du café et nous en buvons allongé avec un peu d'eau pour manger ça fait toujours plus de bien que l'eau pure. »

 

« Tu me parles sur la lettre de Cayla du Barouilliet pour ce que tu me demandes. Je ne peux rien t’en dire car il y a très longtemps que je ne l'ai pas vu. Maintenant je ne me souviens pas depuis quand je l'ai pas vu il me semble bien que c'est depuis que je suis parti de Castres.

Chère Marcelle, tu me dis que si je peux t'envoyer ma photo ça te ferait plaisir. Mais tu sais ça m’est impossible si j'avais pu je l'aurais fait plus tôt quand j'étais à Javage et que j’allais quelquefois en corvée à Villers-Cotterêts. J’ai regardé et fais regarder s'il y avait quelque photographe mais pas possible d'en trouver et je t'assure qu'il y avait plus que moi alors ce n’est guère la peine d’en parler maintenant. Je ne suis plus près de Compiègne que de Villers-Cotterêts.

Tu dois le voir d'ailleurs sur les cartes. Nous sommes tout près de Rethondes à côté de Tracy-Le-Mont et nous pouvons guère quitter le cantonnement je ne puis t’en dire plus long.

Je vais te dire au revoir. Je t'ai envoyé un millier de baisers pour toi et René je te redis que j'ai reçu le colis qui contenait l'imperméable encore j'en ai eu assez. Je n'ai pas encore regardé si le camembert était bon. »

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Lettre Offémont le 6 janvier 1915

Bien chère Marcelle

« Ce soir j'ai reçu le colis dont tu m'avais déjà parlé. Tu pourras remercier Noémie pour moi. Avec il y avait des tablettes de beurre, la boîte de pâté, une tablette de chocolat, et le cou de canard, le caoutchouc et 5 enveloppes et le papier dedans. »

 

« C'est ce soir pour la première fois que nous couchons dans une baraque faite par nous et malgré tout on est bien mieux que dans les greniers au moins on petit faire du feu. Je te dirai que c'est moi qui dirige les servants de ces baraques et jusqu'ici c'est la mieux faite de celles qui ont été faîtes de cette contrée. On se dirait vraiment dans une chambre et c'est fait solidement.

Certainement nous sommes dans des forêts que l'on trouve le bois que l'on veut, droit et long, petit gros de toute dimension comme cela il fait beau faire des baraques. »

 

« Aujourd'hui le capitaine (*) m'a pris avec lui sur le front nous sommes partis tous les deux à cheval et il m'a fait voir où on irait se poster et où mettre la batterie. On avait déjà tiré de cet endroit et cela fait que les tranchées sont déjà prêtes. Ils n'ont besoin que de réparer un peu pour qu'il ne pleuve pas et pour être à l'abri des balles ou des éclats d'obus.

De ce fait j’ai visité les batteries de tir qu'il y a actuellement et j'ai causé avec les servants qu'il y a, mais je te réponds qu’ils ne se font pas de mauvais sang. Ce qu'il y a dans les batteries c'est qu’on reste trop de temps au même endroit sans pouvoir avancer beaucoup et certainement on ne recule pas. »

 

« Enfin tu n'as pas à te faire du mauvais sang pour cela malgré que j'aille sur le front ce ne sera guère plus dangereux qu'à la section aux batteries. Quand on voit que ça risque on s’enfile dans les tranchées et on laisse siffler. Au lieu quand allant ravitailler quelquefois on risque de se faire voir et c'est alors que c'est dangereux.

Mais encore nous n’y allons pas.

Quand nous irons sur le front je te le ferai savoir comme j'ai fait de tout car je ne te cache rien. Je ne t'en dis pas plus long pour le moment. »

 

« Je n'ai qu'à t'embrasser bien fort toi et petit René bien des choses à tous nos parents et bien le bonjour à tous nos voisins encore mille baisers. »

 

(*) : Il s’agit du capitaine Jacques Marie Raymond DESPORTES De La FOSSE, né en 1874 à Paris. Voir son dossier de la Légion d’Honneur.

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Lettre Offémont le 8 janvier 1915

Bien chère Marcelle

« Maintenant je peux dire que je t'écris de dedans une cabane faite par nous-mêmes.

Aujourd’hui nous avons travaillé à faire une cheminée et ce soir nous sommes devant un très joli feu. On se dirait à la maison.

Mais ce qui manque c'est toi petit René et toute la famille.

Nous nous étions habitués l'hiver dernier et nous sommes très heureux que nous n'avons pas un hiver si rude comme l'année dernière. S’il ne se fait pas plus rude que s'il ne l'a fait jusqu'à présent ça ira encore bien.

Hier avec quelques-uns de mes camarades nous avons mangé le cou de canard qui a été très bon et ils m'ont dit que c'était délicieux. J’en ai encore un bout pour déjeuner demain matin.

Aujourd’hui, nous avons mangé le camembert qui était bien fait aussi et jusqu'ici on n’en avait pas mangé de plus bon. C’est tout de même bien dommage d'être si loin car le transport des colis et tout de même un peu trop cher.

Ici maintenant nous avons à peu près tout ce que nous voulons. Il y a un épicier qui vient chaque matin de Rethondes et nous apporte des provisions, du fromage, du beurre, du chocolat etc…

J’ai mangé aussi un peu de beurre que t’as donné Noémie qui est excellent. Je ne l'aurais pas cru si bon mais je n'ai pas encore goûté à la boîte de conserve. »

 

« Je ne t'en dis pas davantage car en écrivant tous les jours comme je fais il faut savoir tout de même quoi dire je vais te dire au revoir chère   Marcelle bien des compliments à tous mes parents.

Ton Louis. Louis qui t'envoie un million de baisers pour toi et René. »

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Lettre Offémont le 10 janvier 1915

Bien chère Marcelle

« Aujourd’hui j'ai eu de toi 2 lettres et une carte écrite par toi, une lettre du cousin Adrien (Auguste BRAS) et une carte de Louis du Gua qui me dit qu'il est en bonne santé.

Sur une de tes lettres tu me dis que tu as touché l’allocation de toi et de René, mais encore comme je le vois on te ne te paye pas tout ce qu'il doit te revenir. Mais enfin c'est toujours un peu plus.

Tu me dis que René augmente bien sa tirelire pour ça j'en suis bien content mais je préférerais pouvoir mettre moi aussi quelque chose. Mais enfin pourvu que l'on puisse encore revenir bientôt, on pourra dire qu’on n’a pas été des plus malheureux.

Tu me dis que grand-mère lui a acheté pour son étrenne un cheval et qu'il ne le quitte pas. Il le prend même au lit je me figure bien à peu près comme il doit faire. Enfin il vaut mieux qu'il soit content et qu'il trotte que de le voir couche. »

 

« Tu me dis aussi que ta mère veut acheter un cochon. Je croyais que tu m'avais dit sur une autre lettre qu'il avait été acheté sans cela je t'en aurais cause plus tôt. Il y a quelques temps que l'armée en emploie pour notre ordinaire et c'est pour cela qu'ils doivent augmenter et je vous conseille de ne pas trop retarder car plus à ça ira et plus ils se vendront chers.

Tu me parles aussi des colis. Mais je te l'ai déjà dit sur d'autres lettre que je les avais tous reçus ceux que tu m'avais annoncé. J’ai fini le beurre de Noémie encore aujourd'hui et je peux te dire que je n’en avais pas mangé de plus bon. Je n'ai pas encore mangé la boîte de pâté de foie. »

 

« Tu me dis que ton père t’a apporté 30 francs qui étaient dus de ma prime. Pour cela je n'y pensais plus mais c'est toujours bon à prendre. Mais comme tu me le dis ne m'envoie pas l'argent sans que je te le demande. Je te l'ai déjà dit je n'en dépense pas tant comme quand j'étais à Javage. Nous sommes encore mieux nourris qu’à Javage. Nous touchons beaucoup plus de café, et nous avons du thé à l'heure à 2h de temps en temps du chocolat quelque peu de l'eau de vie que nous mettons dans le café.

Tu me dis que tu as écrit à l'oncle d'Amérique et c'est bien dommage que tu n'aies pas encore reçu la lettre où je te disais d'y mettre ma nouvelle adresse. Moi je leur ai écrit deux fois et je n'ai pas encore eu de réponse.

Tu me redis que si je peux me faire photographier mais je peux te rassurer que ça m'est impossible sans cela je l'aurais déjà fait. »

 

« Ici aujourd'hui il fait encore une belle journée, aussi nous avons vu pas mal d'aéroplanes et c'est chaque fois qu'il fait beau que nous en voyons même quelquefois que le temps est nuageux et on les voit qui passent au-dessus des nuages. Tu sais qu'on a plus besoin de payer pour les voir. Il passe plus de jours qu'on en voit que de jours où on n’en voit pas. Maintenant on en voit tellement qu'on ne fait même plus attention. »

 

« Où nous sommes pour le moment : nous sommes à 8 km des tranchées boches et ça se peut que dans quelques temps nous soyons à 2 km. Mais ça ne fait rien nous avons toujours du courage et nous en aurons toujours. Comme je te l'ai dit j'y suis allé avec mon capitaine pour voir l'installation où sera notre batterie. C’était pour voir si les tranchées que nous aurons peuvent faire mais il nous faudra les réparer un peu pour qu'il ne pleuve pas. Je suis allé voir une batterie qui est encore en avant de nous et qu'il y a un mois et demi qu'ils y sont, et j'ai causé avec les servants et ils n'ont pas eu un blessé. (*)

Ils ont leur pièce là et ils tirent quelquefois trois ou quatre jours par semaine. Ils ont leur cabane en arrière et voilà il n'y a pas à dire mais on est beaucoup mieux que l'infanterie. On n'est pas tant en danger.

Enfin que veux-tu ? »

 

« Il faut espérer que ça finira bientôt et qu'on pourra se revoir en bonne santé et qu'on pourra revivre tous ensemble. Ton Louis qui t'envoie mille et mille baisers bien le bonjour à toute la famille. »

 

(*) : Le 6 janvier, il y a eu un blessé. (JMO)

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Lettre

Offémont le 11 janvier 1915

Bien chère Marcelle

« Ce soir j'ai reçu une lettre de toi une de Maria une de Geneviève et une d’Émile.

Tu me demandes s'il y a des cas de fièvre typhoïde. Nous n’en avons pas encore vus. Mais il peut se faire que sur quelque part du front il y en ait quelques-uns et pour qu'elle ne se propage pas partout il peut se faire qu’on nous ait fait vacciner. Mais ceux qui l’ont déjà eu, on ne on ne nous a pas vacciné et même ceux qui ont été beaucoup malade.

Tu me dis que Georges est venu vous souhaiter la bonne année et que les cartes de guerre l'intéressaient.

Tu me demandes si tu portes la petite recette qu’a faite René à la Caisse d'Épargne. Pour moi il vaudrait peut-être mieux attendre que la guerre soit finie et après on verra car on ne sait pas ce qui peut arriver. »

 

« J’ai trouvé dans la lettre une feuille et une enveloppe pour l'oncle d'Amérique. Pour ça c'est très bien car nous ne sommes pas toujours commode de trouver des timbres et comme cela elle sera toute prête. Comme je te l'ai déjà dit je lui ai écrit deux fois et je n'ai pas eu de réponse mais ça n'empêche pas de lui écrire de nouveau. Je lui écrirai au moment que j'aurai le temps.

Dans la lettre que m'a envoyé Émile j'ai trouvé son mandat de 100 sous (*). Il me dit qu'il est toujours chez Monsieur Oustruy je l'ai bien remercié de son amabilité qu'il a envers moi. »

 

« J’ai trouvé un billet de cent sous dans la lettre de Maria, aussi tu vois qu'il m'en arrive de tous les côtés. Dans la lettre que m'a envoyée Geneviève j'ai trouvé un petit calendrier de poche que je trouverai bien commode.

Comme cela je ne me perdrai pas trop dans les jours car il arrive parfois que l'on ne sait pas le jour que l'on est et 2 petites cartes-lettres pour leur réponse. »

 

« Nous faisons toujours des baraques hier et aujourd'hui je fais avec deux manœuvres celle du capitaine.

Aujourd’hui il est venu nous voir, il m'a félicité mais c'est tout. Aujourd’hui pour souper comme ordinaire nous avons eu des nouilles et du bifteck deux sardines à l'huile et pour chacun une grosse barre de chocolat et un demi-litre de vin et chaque deux ou trois jour c'est comme cela.

Je ne t'en dis pas davantage pour le moment qu’à t’envoyer mes meilleures amitiés et un million de baisers.

Bien des choses à tes parents et bien le bonjour à tous nos voisins.

Ton Louis qui t'aime et pense toujours à toi. »

 

(*) : Pour info, on appelait « 1 sou » la pièce de 5 centimes lors de la création du Franc à la Révolution, et jusqu’à la seconde guerre mondiale, donc 100 sous = 5 francs

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Lettre d’Offémont le14 janvier 1915

Très chère Marcelle

« Tu me dis que tu te demandes sur la lettre que je viens de recevoir et qui était datée du 7 janvier si je suis avec un groupe d'artillerie d'Afrique ou un groupe d'infanterie. Je veux t'expliquer ce qu'est un groupe d'artillerie :

Un groupe est formé par 3 batteries et 3 batteries forment un groupe. Nous avons remplacé une batterie du 3e groupe d'artillerie d'Afrique qui se trouve pour le moment en France et qui avait servi en Afrique.

Dans les autres batteries, c'est-à-dire la première et la et la deuxième, il y a quelques Africains mais la plupart sont des Français il y en a même de notre côté et même de Decazeville.

Mais à notre batterie (qui était section il y a pas longtemps) nous sommes les mêmes que nous étions à la section à part quelques-uns qui sont venus du dépôt de Lyon pour compléter car nous sommes bien plus nombreux que si nous étions quand on était en section.

La batterie que nous allons remplacer est partie il y a quelques temps dans le Nord.

Nous on s'est formé depuis et nous croyons partir sur le front dans quelques jours. Mais comme je te l'ai déjà dit je suis allé voir la position où nous irons pour tirer, avec le capitaine et où nous irons nous serons bien cachés et bien abrités. Nous allons à côté de la deuxième batterie et il y a plus de 2 mois qu'elle y est, ils n’ont même pas eu un blessé alors tu vois que tu n'as pas à te faire du mauvais sang. »

 

« En même temps que cette lettre j'ai reçu un colis de toi de 1 kg et dont tu m'en parles que sur cette lettre que tu vas me l'envoyer au plus tôt. Tu vois que je l'ai reçu avant la lettre que tu dois m'avoir envoyé avec le paquet.

Je vais te faire la nomenclature de ce que j'y ai trouvé : une plaque de chocolat en plus deux petites barres, un saucisson, une boîte de sardines, une boîte de thon, un flacon de teinture d'iode enveloppé dans du coton et trois sinapismes avec les deux que j'ai ça me fait 5.

J’en ai pas eu besoin jusqu'à présent ni je ne souhaite pas en avoir besoin. Pour la teinture d'iode on peut avoir un avoir besoin quand même on ne soit pas malade. Mais si par hasard mon côté ou autre chose me fait mal je n'hésiterai pas à m'en passer ou à mettre un sinapisme. »

 

« Tu me demandes si Rethondes est loin d’où nous sommes, il me semble te l'avoir dit sur une autre lettre mais je te le répète c'est à 6 km et la 25e section y est toujours. Elle n'a pas changé en batterie elle est restée section de munitions, c'est à y tomber. Malgré qu'on ne soit pas bien loin on ne peut guère se communiquer et ce serait un coup de hasard qu'il nous faille aller où ils se trouvent mais on se donne le bonjour par les camarades qui y vont soit à (Henri) Albagnac soit à (Paul) Bergon. »

 

« Je te disais sur ma première lettre que j'ai fait partir d'Offémont que l'on se croirait dans un village arabe ce n'est pas comme habitants mais c'est comme cahutes ou cabanes. Tout de même il y a quelques Zouaves qui ne sont pas cantonnés loin de nous et qui parlent l'arabe. On ne comprend pas un mot. Tu me dis que ce ne doit pas être bien au sec pour cela ce n'est pas tant au sec comme si on était dans notre chambre de la maison mais encore vaut mieux ça que de coucher dehors.

Mais comme je te dis dans notre cahutte nous y faisons un bon feu jour et nuit et je te réponds que ce n'est pas humide nous n'avons pas froid on aime mieux être là que dans un grenier. »

 

« Tu me dis que tu m'enverras un colis par semaine. Tu n'aurais pas besoin pourtant de m'en envoyer tant. J’ai encore des vivres comme sardines, thons ou chocolat dans mon sac il y a 4 mois. Tu vois que si l'on avait souffert comme nourriture, je l'aurais mangé si on avait souffert comme nourriture je l'aurais mangé.

Tu me dis que tu vas m'envoyer de l'argent dans quelques jours. Ne te dérange pas pour cela car tu sais que je n'ai pas crainte de t'en demander quand j'en avais besoin. »

 

« Je suis bien content que petit René s'amuse toujours bien avec Alice et Rachel (*). Mais surtout il faut qu'il écoute la maman car s'il est sage, papa lui apportera quelque chose de joli quand il reviendra. Mais encore c'est peut-être un peu loin.

Il faut toujours attendre avec patience que ça se terminera bientôt et qu'on pourra revivre tous ensemble.

Bien des grosses bises pour petit René.

Ton Louis qui t'aime et qui ne cesse de penser à toi. Mille baisers bien des choses à tous mes parents.

 

(*) : Alice Alphonsine (5 ans) et Rachel Émilie GRÈS, 10 ans, sont les demi-sœurs de Louis GRÈS (Son père s’étant re-marié après la mort de sa première femme en 1903)

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Lettre Offémont le 13 janvier 1915

Bien chère Marcelle

« Voilà deux jours que je n'ai pas eu de tes nouvelles et j'ai reçu aujourd'hui une lettre de Maria adressée à ma nouvelle adresse.

Aujourd’hui nous avons eu le retour de notre batterie c'est pour cela que je t'ai écrit à l'encre. Ils m'ont apporté l'encrier que j'avais oublié à Javage. Je suppose bien que tu m'as écrit en même temps que Maria et pourtant les lettres se retardent quand même qu'elle parte le même jour. »

 

« Pour le moment nous couchons dans les cabanes que nous avons fait nous-mêmes. Nous ne sommes pas trop mal mais comme c'est couvert avec de la terre il y a quelques gouttières. La nuit quand on se couche, je mets mon imperméable dessus et quand même qu'il y aurait une gouttière l'eau irait par côté. Sûrement que pour nous il vaudrait mieux un peu de froid que de la pluie.

Demain on va nous distribuer des toiles de tente une à chacun.

Maintenant c'est presque probable que nous ne tarderons pas à aller mettre en batterie (*), mais comme je te l'ai déjà dit plusieurs fois il y en a pas pour se faire du mauvais sang car nous on n'est pas tant au danger que ça.

D’ailleurs tu sais bien que l'artillerie est plus à l'abri que tout autre régiment.

Je vais te dire au revoir chère Marcelle. Au plaisir de nous revoir sans tarder car maintenant ça commence à être long et bien plus long que si vous ne croyez. À bientôt de tes nouvelles.

Toujours ton Louis qui vous embrasse tous bien fort des grosses bises à tous petit René bien des choses à tous nos parents et bien le bonjour à tous mes camarades.

1000 baisers. Louis. »

 

(*) : Les 4 pièces (canons) de la 4ème batterie vont se « mettre en batterie », donc en position de tir pour bombarder.

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Lettre Offémont le 15 janvier 1915

Ma chère Marcelle

« J’ai reçu la lettre du 7, hier et donc je t'ai fait réponse hier au soir comme je le fais d'habitude et aujourd'hui j'en ai reçu trois et une carte une du 3 du 4 du 6 et du 9 et donc je te fais réponse malgré que chaque soir il y a quelqu'un qui chante et qui fait le comique on se dirait chaque soir au concert.

Il faut que je sois devenu écrivain car en commençant je n'aurais pas pu écrire et entendre chanter comme en ce moment. On chante la bourrée et la bourra et tout le monde rigole et moi je suis en train de faire ma lettre et de penser à vous tous.

Car malgré qu'on ne se fasse pas du mauvais sang tout le monde préférerais que ça finisse bientôt. Et il ne faut pas y penser car je ne crois pas que ce soit encore fini. Enfin pour pourvu que l'on puisse revenir c'est tout ce que l'on désire. »

 

« Tu me demandes sur une carte si à notre batterie il y a pas un nommé Malibat du Gua pour cela c'est une chose que j'aurais pu te dire plutôt. Mais on ne pense pas toujours à tout. Mais comme il n'est pas à ma pièce, je ne me rappelais pas de te le dire.

Oui il est à notre batterie et nous avons fait un an ensemble à Castres. Nous sommes bien d'accord et nous causons souvent du pays.

Pour le moment on l’a mis à la 5e pièce et moi je suis à la première pièce. Je crois qu'il sera employé au téléphone. Moi je suis nommé pointeur à la première pièce. Il y a 4 pièces de canon la 5e pièce c'est pour les ravitaillements. »

 

« Pour les crayons que j'ai trouvés dans le colis, je ne t’en ai pas parlé plus tôt. Le bois été décollé, il ne tenait que un peu au fond. Tu sais ça va tout juste pour faire une adresse mais pour écrire une longue lettre ça ne va pas du tout. Il vaut bien mieux un crayon ordinaire.

Le crayon à l'encre ? Tu mouilles un peu et il te fait une tache et c'est sec tout de suite. il faudrait avoir toujours de l'eau à côté et pour faire une lettre il faudrait un journal pour faire une longue lettre. Alors je préfère écrire avec un porte-plume ou un crayon ordinaire. »

 

« Tu me dis qu'il te tarde chaque jour de voir passer le facteur pour cela je me le pense bien car je sais qu'il vous tarde de savoir des nouvelles de nous. Aussi je ne passe pas un jour sans écrire ou si je passe un jour ce n'est pas souvent.

Tu me dis que tu ne faisais pas du mauvais sang tant que tu savais que j'étais à Javage mais tu as l'air de me faire comprendre que si je le quitte tu t'en feras davantage. Mais ce n'est pas ça que tu devrais faire car si je savais que tu t'en fasses je ne te dirai pas tout comme je le fais car tu peux croire que je te dis toute la vérité.

C’est comme aujourd'hui, on est allé amener nos pièces sur le front avec tous les servants. et moi je suis resté à Offémont pour continuer la cahutte du capitaine et y faire un lit un peu élevé de terre et une cheminée pour pouvoir y faire du feu comme dans la nôtre.

Et les servants sont redescendus pour coucher à Offémont et demain ils repartiront pour y rester quelques temps. Moi je ne partirai pas demain encore car le capitaine me laisse avec les conducteurs pour achever les baraquements. Comme j'y suis pour les diriger, il trouve que comme j'ai fait faire c'est parfait et très solide.

Comme les servants sont revenus ils m'ont raconté comment ça se passe sur le front. ils m'ont dit que l'on couche à 100 mètres en arrière des canons et c'est tout dans le rocher. Il paraît que l'on sera très bien et que les obus ne risquent rien de traverser. Le capitaine m’a dit que nous commencerons de tirer le 17 et ce n'est que ce jour-là que j'irai. »

 

« Tu me dis sur une lettre que Gervais, son côté lui a fait quelque peu mal et qu'il a essayé de se faire évacuer et c'est bien malheureux d'être malade. Moi je ne crains que ça mais jusqu'ici je peux te dire que je suis et je suis été toujours en parfaite santé ce qui m'étonne bien car c'est bien rare de passer tant de temps sans avoir quelque sorte de grippe.

Mais je t'assure que je n'ai pas eu ni mal à la gorge, ni enrhumé du cerveau, rien. Mais pour cela je peux te garantir que je me soigne bien je ne me prive de rien du tout.

Ce que j'ai besoin comme nourriture et que je peux trouver et comme habits non plus. Je ne sais pas si c'est comme je suis bien habillé que je ne suis jamais été malade je n'en sais rien. C’est le tout que je me porte bien et j'ai bon appétit. Je porte sur moi deux flanelles la chemise le chandail une ceinture de laine de 4 mètres de longueur sur le chandail le gilet et la veste oui je te réponds que le vent ne me traverse pas. »

 

« Tu me dis par une lettre que tu m'envoies un colis de 1 kg. Je l'ai bien reçu hier et il y avait tout ce que tu me dis sur la lettre je n'ai encore rien goûté du moment que nous avons assez chaque jour.

Tu dis qu'il fait mauvais temps à Cérons et en même temps qu'il fait froid ici il pleut de temps en temps mais il ne fait pas froid ce qu'il est encore bien bon malgré que l'on soit plus dans le Nord que chez nous. La nuit nous sommes bien au chaud maintenant que nous avons une toile de tente en plus. »

 

« Tu me dis que si je veux du beurre pour cela je l'ai trouvé bien bon car il était bien dur et c'était bien conservé mais tu n'as pas besoin pour cela de m’en envoyer. Pour le moment les provisions des civils arrivent jusqu'au front et on a à peu près de ce que l'on veut.

Tu me demandes si nous sommes à une batterie de renforcement. Pour ça oui, mais ça n'empêche que nous irons au front tout de même. Au groupe où nous sommes nous avons formé la quatrième batterie au lieu d'être à la troisième mais la troisième batterie du 3e groupe d'Afrique est restée à Constantine en Algérie.

C’est pour cela que nous sommes la quatrième batterie. »

 

« Tu me dis que ces jours si vous avez eu des mauvaises nouvelles et que Broka avait été blessé et Édouard Debons (*) et que la gangrène s'était mise à ses blessures et qu'il est mort, c'est bien tout de même malheureux de se voir dans ces peines-là. Mais comment faire il faut espérer que ce ne sera pas de même pour tous.

J’ai raconté à Bergon ce que tu m'avais dit des autres blessés et mort que nous avions à Cérons et il a été très content de le savoir mais sûrement qu'il aurait préféré que ce ne soit pas arrivé. Tu me dis que Camille t'a causé un peu du groupe (**) que je suis. Tu sais donc que ce n'est pas à l'infanterie. »

 

« Tu me fais plaisir de me causer un peu de René car quand je reviendrai, je lui apporterai un canon et une machine comme il le désire mais il faut qu'il soit sage. Je ne t'en dis guère plus long pour le moment et il est 9h du soir et je vais me coucher sur place. Je n’ai qu’à m’étirer c’est tout.

Reçois de ton Louis toujours ses plus doux baisers pour toi et René bien des choses à nos parents à Marguerite à son petit René et toute la famille 1000 baisers. »

 

(*) : Édouard DEBONS, 122ème régiment d’infanterie, est mort pour la France le 5 janvier 1915 par blessures de guerre et tétanos. Voir sa fiche.

(**) : Du 3ème groupe d’artillerie.

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Lettre Tracy-le-Mont le 16 janvier

Bien chère Marcelle

« Me voilà maintenant sur le front.

Je ne croyais pas y aller aujourd'hui comme avait dit le capitaine. Mais il nous a fallu placer les pièces pour tirer demain matin à 8h30 pour régler notre tir.

Ce matin comme je ne croyais pas partir, je suis allé à la cahute du capitaine. Je lui ai demandé ce qu'il y avait à faire. Il m'a dit que tant pis que je monte avec les autres servants à la batterie de tir. Qu’il nous fallait placer les pièces pour demain matin.

Alors pour me remercier de la bonne volonté que j'avais eu pour diriger tout pour les cahuttes que nous avons fait, il m'a glissé un billet de cent sous dans ma main. Ce qui ne qui n'est pas dans leurs habitudes.

Mais j'aurais préféré 15 jours de permission pour venir vous voir tous et surtout toi et petit René. Mais enfin il faut toujours prendre ce que l'on vous donne. Ça fait tout de même plaisir de voir que les officiers font cas de vous. »

 

« Où nous sommes, tu peux avoir vu ce nom sur les journaux c'est à 200 m de Tracy-Le-Mont et 2000 m de Tracy-le-Val. (*)

Tu sais que nous sommes bien abrités. Nous sommes en plein dans le rocher. Les Allemands peuvent nous tirer dessus qu'ils ne feront rien. Nous sommes dans des carrières où on a sorti de la pierre blanche que l'on scie pour faire les portes ou les fenêtres de chez nous. Mais ici ce sont toutes les maisons qui sont bâties avec ces pierres carrées. C’est bien peut-être pour cela que la guerre dure tant.

Si nous on est à l'abri les Boches doivent l'être aussi car si on s'était battu en rase campagne, il y a longtemps qu'on aurait dispersé ces maudits Boches car avec nos 75 ça rase tout. Mais quand c'est trop fortifié, il n'y a rien à faire. »

 

« Le capitaine m'a dit aujourd'hui qu'il me ferait redescendre à Offémont pour en construire d’autres pour les lieutenants. Ici où nous avons les pièces de canon, nous ne sommes que les servants. Les conducteurs et les chevaux sont à Offémont à 5 km de nous. Ca fait que dans quelques jours j’irai voir les camarades que j'ai laissés là-bas.

Enfin j'espère que tu ne te feras pas de mauvais sang. Pour cela car je te dis tout ce qui se passe. Demain je te dirai ce qu'a fait à peu près notre tir. Maintenant tes lettres me parviendront un jour plus tard car elles arrivent le soir à la dernière heure et nous on nous les monte le matin à la batterie. Ça n’y fait rien. Je vois que je pourrais t'écrire tous les jours comme j'ai fait jusqu'à présent car nous aurons encore tant de temps comme nous avons eu jusqu'à présent.

Ici nous serons bien tranquilles car nous ne sommes pas comme les fantassins nous ne sommes pas si près que l'on dort bien. Je finis ma lettre en t’envoyant un million de baisers pour toi un petit René. »

 

(*) : Extrait du journal du 3ème groupe d’artillerie d’Afrique.

 

 

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Correspondance des armées de la République carte franchise

Le 20 janvier 1915

Chère Marcelle

« Le vaguemestre vient de passer et m'a apporté le colis que tu m'as fait partir le 15 et je te réponds de suite. Je ne l'ai pas encore ouvert. Ce soir je t'écrirai de nouveau pour voir ce qu'il y a. pas d'autres choses pour le moment que ma carte pars de suite avec la lettre que j'ai faite hier au soir.

1000 baisers pour toi et le petit. »

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Carte postale

Le 21 janvier 1915

Très chère Marcelle.

« Aujourd’hui j'ai goûté au pâté de foie qui est très bon et même je crois qu'il est truffé.

Nous avons un temps pluvieux aujourd'hui. Il n'a pas cessé de pleuvoir. Nous avons un bien vilain temps pour le moment encore. Heureusement qu'il ne fait pas froid. L’imperméable me sert bien pour le moment il y a pas à dire mais c'est bien utile. Je suis toujours en bonne santé. Aujourd’hui je n'ai pas eu de tes nouvelles.

J’ai reçu une lettre du cousin (Adrien Auguste) Bras qui me dit qu'il va en permission de 8 jours à Paris mais ne m'a pas donné sa nouvelle adresse.

Je vous quitte en vous embrassant tous bien de grosses bisottes à René. »

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Lettre de Tracy-le-Mont le 22 janvier 1915

Bien chère Marcelle.

« Aujourd’hui j'ai reçu ta lettre du 16 et tu me dis que la Tante est à peu près la même mais qu’elle ne va pas mieux. Tout cela c'est bien embêtant car on n’aurait pas besoin de toutes ces maladies. On en a bien assez avec cette maudite guerre. Mais que veux-tu ? Il faut le prendre comme ça vient car on y peut rien.

Tu me dis que Noémie est toujours à peu près aussi. Elle n'aurait pas besoin d'être malade elle non plus car, comme on a toujours dit, ça tombe toujours sur ceux qui auraient besoin de gagner leur vie.

Enfin il faut espérer que tout cela guérira et qu'on pourra se revoir tous en bonne santé. »

 

« Ce matin nous avons tiré quelques coups et l'après-midi on s’est reposé malgré que l'on ne soit pas fatigué car le travail que l'on fait on peut y tenir. On ne se lève presque jamais avant 7h du matin et on peut se coucher de bonne heure.

Comme je te l'ai déjà dit nous avons 4 canons dans une batterie et nous prenons la garde chaque 4 jours cela fait que c'est la pièce de garde qui tire. C’est sans déranger toutes les pièces.

Tu me demandes si je suis pointeur ou servant. Pour cela c'est pareil le pointeur c'est un servant de la pièce.

À la pièce de canon, il y a le pointeur, le tireur et le chargeur.

Au caisson, il y a le premier pourvoyeur, le déboucheur, et le deuxième pourvoyeur.

Ça fait 6 servants en tout pour servir une pièce. Moi je suis le pointeur de la première pièce. Et n'importe quel poste c'est pareil pour le danger. Encore nous n'avons pas vu beaucoup de danger.

On est là comme ailleurs on ne se croirait pas à 3 km des Boches comme nous sommes car nous sommes bien tranquilles. Ce n'est plus comme la retraite que nous fîmes en Belgique on n'était pas plutôt coucher qu'il fallait se relever là il n'y avait pas la vie. Mais maintenant on peut se croire heureux en comparaison de l'infanterie. »

 

« Je vois que petit René m'as envoyé deux grosses bisottes. Tu me dis qu'il est bien sage. Pour cela j'en suis bien content et de voir qu'il aime bien papa. Moi je l'aime bien aussi et il me tarde bien de pouvoir vous embrasser pour de bon et non vous les envoyer par lettre comme il faut faire. Encore bien heureux de pouvoir t'écrire et d'être en bonne santé. Pas autre chose d'intéressant à te dire pour le moment. Je vous embrasse tous de tout cœur, de grosses bises pour petit René et Bonjour à toute la famille, bien des choses pour Marguerite et petit Roger et tous nos parents.

Toujours ton Louis qui t'aime pour la vie. »

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Lettre

Le 24 janvier 1915 Tracy-le-Mont

Bien chère Marcelle

« Aujourd’hui j'ai reçu une lettre de toi et donc il y avait pour te faire réponse trois fois ce que je trouverai bien commode car j'en avais pour écrire à d'autres aussi.

J’ai reçu en même temps des nouvelles de Geneviève qui m’a mis une carte aussi pour lui faire réponse mais je vais lui faire réponse avec une de tes petites enveloppes. J’en aurai pour en mettre un peu plus.

Tu me demandes si je suis bien près de notre groupe qui a repassé l’Aisne. Pour ça, j'en suis bien loin car je ne l'ai vu que comme toi par les journaux. Où nous sommes ça ne bavarde pas tant que ça.

Nous sommes en surveillance sur un point et nous tirons de temps en temps pour faire voir au Boches que nous sommes là et en même temps nous en écrabouillons quelques-uns. C’est comme aujourd'hui nous avons tiré sur une route où il est passé une troupe de Boches et je te réponds que suivant ce que nous a dit le capitaine, on a dû en descendre quelques-uns.

Nous on est tellement caché que c'est impossible qu’ils nous découvrent pas même les aéros aussi. Encore nous n'avons pas vu tomber les obus ennemis proches de nous. Mais ne nous plaignons pas. On aime mieux qu'ils restent où ils sont. »

 

« Tu me demandes aussi si nous avons du mauvais temps. Pour le moment nous avons du beau temps il y a quelques peu de brouillard et il gèle quelque peu dans la nuit. Mais nous préférons ça à la pluie. Quoi que nous ne sommes pas comme l'infanterie. Nous ne restons pas beaucoup dehors nous ne sortons que pour tirer. Encore nous n'avons pas tiré avec la pluie. Mais quand même il faille tirer qu'il pleuve, j’ai mon imperméable qui me servira et qui m'as déjà servi une nuit que j'étais de garde et qu'il pleuvait. Ça préserve beaucoup mieux que notre capote. Il y en avait beaucoup qui l'avait de mouillée et moi je l'avais sec comme ceux qui en avait comme moi. »

 

« Tu me dis de ne pas négliger de t'écrire mais je pense bien que je ne le fais pas. Il y a très longtemps que je n'ai pas passé un jour sans envoyer une lettre ou une carte.

Tu me dis que Henri OustrI a laissé sa femme sans nouvelles pendant un mois ce n'est pas certainement bien de sa part. Tu peux croire que moi je ne le ferai pas ou alors il faudrait qu'on ne puisse pas écrire ou que les correspondances ne marche pas.

Tu me dis que Camille est au 4e zouaves. Je suis bien content de le savoir. Car ici nous c'est presque tous les soirs que nous avons des zouaves dans les tranchées qui sont à 2 ou 3 km devant nous mais je ne crois pas que ce soit son régiment parce que je n'ai pas entendu parler du 4e. »

 

« Tu me dis aussi que tu ne t'aperçois pas que ce soit dimanche mais moi non plus et pourtant aujourd'hui c’est dimanche tout de même sûrement que si ce n’était pas le calendrier que m'a envoyé Geneviève il arriverait parfois que je ne le saurai pas. Quand nous étions à Javage, on le savait davantage car chaque dimanche le capitaine nous donnait la permission d'aller à Faverolles pour aller à la messe si nous voulions.

Enfin il faut attendre, que ça ne durera pas, et qu'on pourra refaire comme nous faisions avant, car pour sûr, ça ne peut pas durer, surtout pour les Allemands étant enfermes comme ils sont. Mais pour nous ce n'est pas ça.

Nous sommes encore mieux nourris qu’au commencement. Nous avons 1 demi-litre de vin par jour et presque chaque jour nous touchons du fromage, de la confiture, du chocolat, des sardines, en plus de l'ordinaire que l'on a touché avant.

Aussi tu sais que j’ai la réserve. Il ne risque rien que je souffre de la faim. J’ai toujours eu bonne santé que je suis et souhaite que vous soyez tous de même. »

 

« En attendant toujours d'autres nouvelles de toi, reçois de celui qui t'aime et qui ne t'oubliera jamais ses plus grandes amitiés et sans oublier le petit René qui pense toujours à son papa son papa pense à lui.

Bien des choses à tous les nôtres de ma part. Reçois encore de ton Louis un million de baisers. »

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Lettre

Tracy-le-Mont le 25 janvier 1915

Bien chère Marcelle

« Ce n’est pas possible, aujourd'hui j'ai reçu deux lettres et une carte de 18, 19 et 20 et une carte de Louis du Gua qui est en bonne santé et tu me dis que Noémie lui donne de ses nouvelles tous les jours. Tu n'as pas besoin d'avoir peur que je lui parle de rien de ce qui se passe chez lui.

Tu me dis qu’à Cérons il fait très froid. Ici, il ne fait pas trop froid, il ne pleut pas, le ciel est cependant couvert.

Tu me demande si la section nous a rejoint mais sur l'autre lettre je vois que tu l'as eu alors je ne t'en dis pas davantage sur cette question.

Tu me demandes si les colis que tu m'envoies arrivent en bon état. Pour cela tu n'as pas à craindre. Il y a eu que celui que tu m'as envoyé par la gare et qui était un peu dérangé. Il y avait une orange écrasée on voyait le chocolat .mais ceux que tu m'as envoyé par la poste ne peuvent pas aller mieux. Il s'agit que le petit paquet que tu fais soit plein comme cela çà ne se crève pas. Pour cela jamais le papier extérieur n'a pas été graissé comme tu me le dis.

Je sais que c'est défendu de mettre quelque chose qui coule ou qui fond. J’ai vu ça sur les journaux. Mais pourvu que tu les arranges comme tu fais ça peut marcher. »

 

« Tu me dis que tu as vu quelque part qu'on allait mettre hors de France ces maudits Allemands. Mais ce n'est pas chose facile. Ils tiennent encore bon. Mais je crois malgré tout qu'on finira par le faire car ce n'est pas une vie de rester toujours ainsi. Peut-être qu'on prépare quelque chose mais on n'en sait rien.

Aujourd’hui nous avons tiré une trentaine de coups et c'est presque chaque jour que nous tirons ainsi. Tu n'as pas à te faire du mauvais sang quand même que je sois sur la ligne de feu. Car comme je te l'ai dit plusieurs fois nous sommes beaucoup plus en arrière que les fantassins ceux qui nous protègent en cas d'attaque et nous on les protège aussi mais de plus loin car nous sommes juste pointés sur les tranchées allemandes et s'ils veulent bouger on leur cogne dessus en leur envoyant des pruneaux.

Pour le chocolat que j'avais oublié de te le dire tu n'as pas besoin de te déranger car j'en ai beaucoup de réserve et on n'en touche passablement à l'ordinaire.»

 

« Tu me dis que Petit René pense toujours à papa et qu'il lit souvent les lettres et il me fait même des colis puisque il est bien mignon je vais lui envoyer une carte pour lui ce n'est pas grand-chose mais ça lui fera passer un autre petit moment on n'en peut rien faire quand même car c'est peu de chose. »

 

« Comme tu me le dis les nouvelles ne changent guère et pourtant il y a déjà longtemps que l'on ne s'est pas vu et quel beau jour que l'on passera quand on pourra se revoir. Mais encore ce n'est pas près. Enfin il faut toujours vivre dans l'espoir de se revoir en bonne santé c’est surtout cela qu'il faut souhaiter. Ça ne me fera rien de passer quelques jours de plus pourvu que l'on puisse se revoir comme on l'a toujours dit.

Je suis content que vous soyez tous en bonne santé et c'est bien malheureux que la Tante soit toujours malade mais comment faire. Pourtant il faut se résigner à tout. Pour moi je suis toujours en bonne santé et je souhaite que vous soyez toujours de même.

Des grosses bisottes pour le petit René, Roger et tous les petits et petites qui s'amusent ensemble. Tu me dis qu'on a passé le conseil de révision à Aubin de la classe 1915, à Paris aussi et M. Pierre a été ajourné.

Ton Louis qui te quitte en t'embrassant de tout cœur toi et notre petit René. Bien des choses à nos parents.

Louis. »

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Lettre

Tracy-le-Mont le 27 janvier 1915

Ma très chère Marcelle

« C’est toujours du même endroit maintenant que je t'écris.

Aujourd’hui j'ai reçu une lettre de toi et une carte d’Émile. Tu me parles un peu des employés de Cérons ça m'a bien fait plaisir de savoir de leurs nouvelles, de Begard et d’Astorg que je croyais bien qu'ils étaient partis. Aussi tu diras à ton père qu'il leur en souhaite autant de ma part. À la mine de Cérons, il ne doit pas y avoir grand monde qu'il y avait il y a quelques temps. Tu me diras cela sur une autre lettre. »

 

« Tu me demande si quand nous sommes au repos nous allons à Offémont. Ça non, nous restons tout le temps à la batterie. Nous avons nos cahutes à 100 mètres en arrière des pièces de canon. Il ne faut pas confondre avec l’infanterie nous ne sommes pas là tout le temps à veiller. Nous avons le téléphone relié avec l'infanterie qui est dans les tranchées et quand ça menace on nous appelle et l'on va aux pièces pour tirer s'il y a lieu. Ça fait que nous sommes presque tout le temps au repos.

Dans la journée on tire à peu près 10 ou 20 minutes et voilà. Car tu sais que si l'on tire tout le temps on dépenserait beaucoup de munitions car sans se presser on tire facilement 15 coups à la minute et tu vois que si on tire toute la journée il faudrait toujours un train pour nous tenir les munitions.

Nous avons nos cahuttes par un penchant d'une vallée, tout dans la terre où rocher. Celle où moi je suis c'est-à-dire toute la pièce nous l'avons dans les rochers. À une pièce nous sommes 6 servants et un chef de pièce. On compte une pièce, le canon et le caisson tous ensemble. »

 

« Pour la nourriture nous n'avons pas à nous plaindre jamais nous n'avons été mieux nourris que maintenant nous avons 1 demi-litre de vin chaque jour, nous avons chocolat, sardines, fromage. Aujourd’hui nous avons eu encore en plus des figues qu'il y avait longtemps que j'en avais pas mangé. »

 

« Tu me dis que Gervais a écrit qu'il lui fallait un peigne pour faire la chasse aux poux. Mais moi j'en ai pas besoin nous avons certainement beaucoup plus de temps qu’eux pour ça on se tient propre je laisse toujours poussé mon bouc à deux pointes.

J’ai bien regardé si on pouvait se faire photographier mais c'est inutile de penser. On ne peut pas en trouver un. Quand je reviendrai je penserai au canon et à la machine de petit René puisqu'il est si content de ça.

Je vais te dire encore au revoir une autre fois.

Toujours la grosse Bisottes pour petit René et toute la famille. Je te quitte en t'embrassant de tout cœur en attendant toujours de vos nouvelles toujours des choses à nos parents et toujours bien embêtant que la tante soit bien malade encore de ton Louis, mille et mille baisers. »

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Lettre Tracy-le-Mont le 28 janvier 1915

Bien chère Marcelle

« Aujourd’hui je n'ai pas eu de lettre de toi mais j'ai eu le colis et une lettre de Baux Albert qui me raconte qu'il est prêt à repartir au front tout équipé. (*)

Dans le colis j'y ai trouvé un morceau de saucisson le pâté de foie et la tablette de chocolat et une barre brisé. je me doute que c'est toi qui l'a brisé pour la faire rentrer dans le colis. Je te dirai que le pâté de foie a commencé de graisser un coin du colis mais encore il aurait pu voyager sans rien risquer tout est intacte. »

 

« Ce soir je suis de garde et de ce fait, je gouterai la saucisse pour réveillonner avec un de mes camarades et pour déjeuner je gouterai le pâté de foie. S’il est comme l'autre que tu m'as envoyé, je l'ai trouvé bien bon. On le mange sans appétit et plus forte raison quand on a faim. Bien que nous ne souffrions pas de cela comme je te le dis, nous sommes très bien nourris. Aujourd’hui on nous a donné de la confiture qui est épatante, nous la trouvons tous bien bonne et encore des sardines en plus de l'ordinaire. »

 

« Maintenant je vais te raconter un peu ce que nous faisons.

Nous restons presque tout le temps dans nos cahutes. Nous allons chercher du bois pour faire notre cuisine ou pour nous chauffer. Aujourd’hui j'ai rasé un de mes lieutenants que jamais je l'avais encore fait. Il m'a félicité de ma main que j'ai très douce pour un qui n'est pas du métier.

Hier ou aujourd'hui nous avons tiré une cinquantaine de coups toujours sur ces fameux Boches et sans pouvoir les anéantir. Pourtant c'est ce qu'il faudrait. Enfin avec ça nous restons toujours là sans pouvoir avancer beaucoup. Il faut pourtant attendre que ça finira bientôt quand même surtout si l'Italie nous venait en aide je crois que ce serait vite fait. »

 

« Pour le moment nous avons un temps superbe. Il gèle quelque peu et le ciel est très clair il y a quelques temps que nous n'avons pas eu pas eu la pluie mais ça ne presse pas. J’ai vu qu’à côté de nous il y en avait quelques-uns du 4e zouave. Si tu me disais la compagnie qu'il est je pourrais quelquefois le demander et en même temps le nom je sais bien qu'il s'appelle Camille mais je n'ai pas l'autre nom je m'en rappelle plus. Je ne t'en dis pas plus long.

Pour le moment à t'envoyer mes plus tendres amitiés pour toi le petit René. Toujours bien des choses à nos parents Marguerite et petit Roger. Louis. »

 

(*) : Albert BAUX, 21 ans, originaire du même village, est au 35ème régiment d’infanterie. Il a été blessé fin 1914 et il repartira au front au sein du 124ème régiment d’infanterie en mars 1915. Blessé une seconde fois, en 1916, il survivra à la guerre.

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Lettre Tracy-le-Mont le 29 janvier 1915

Bien chère Marcelle

« Aujourd'hui j'ai reçu de toi une lettre du 23 et une carte du 24 et une lettre de ma sœur Maria. Ça me fait toujours bien plaisir de recevoir de vos nouvelles.

Je vois qu’à Cérons, il ne fait pas trop beau et qu'il fait beaucoup de neige. Nous, on en a pas encore, vu depuis que nous sommes ici. Sauf à Javage un jour. Ici il y a quelques jours qu'il fait un temps splendide et il gèle quelque peu la nuit et le jour il fait très beau. Ça se passe bien. Que sur tout le front il fasse pareil car il m'a été dit que du côté de l'Alsace, il y avait de la neige aussi. »

 

« Presque chaque jour nous tirons quelques coup ça dépend un peu de ce que font les Boches. S’ils veulent sortir de leurs tranchées pour attaquer ou n'importe, on leur renvoie quelques pruneaux pour les contenter et si ça ne les contente pas ça contente bien nos fantassins. Ils nous le disent quand ils passent devant nos batteries pour aller au repos .ils nous disent qu'ils se régalent quand ils voient pleuvoir les obus de 75 sur les tranchées Boches.

En revanche, ils nous envoient eux aussi quelques marmites mais ils nous manquent de beaucoup. Ils vont éclater beaucoup plus par côté. Dans tous les cas qui se dirigerait sur nous on se mettrait dans les abris et là on ne risque rien. »

 

« Tu me dis que tu as touché le report de l'allocation que tu n'avais pas encore touché.

Pour ça j'en conviens mais tu devrais toucher chaque mois plus de 49 francs. La loi accorde 1franc 25 pour la femme et 50 centimes pour l'enfant et je vois qu’au total ça fait un peu plus. Enfin c'est tout de même bien beau d'avoir ça. Tu me dis que depuis la mobilisation vous ne payez pas de frais de médicaments. Ça c'est encore une autre affaire. »

 

« Hier au soir, j'ai goûté la saucisse que tu m'as envoyé et qui est très bonne et aujourd'hui pour déjeuner j'ai goûté au pâté de foie qui est très bon aussi. J’en ai mangé. J’ai un peu aussi pour achever de souper. On a bien assez de choses mais ce qui viens de la maison, c'est encore meilleur.

Maria me le dit aussi sur sa lettre qu'elle m'envoie un colis. Aussi je pense que j'aurai de quoi manger, avec tout ça je ne me trouverai pas au dépourvu. Tu diras à Maria que je lui répondrai de suite que j'aurai reçu le colis quelle envoie et que je la remercie beaucoup de son attention.

Tu me dis que petit René est content de voir la neige et qu'il la trouve jolie. Je ne t'en dis pas plus long pour le moment qu’à envoyer mes plus douces caresses pour notre petit René et mets plus grande amitié pour toi et bien des choses pour nos parents. C’est toujours bien embêtant que la Tante soit toujours pareille. Enfin il faut prendre cela avec patience et espérer que ça reviendra. Ton Louis pour la vie qui t'embrasse bien fort. »

 

« Dans la lettre de Maria j'y ai trouvé un billet de 100 sous. Tu pourras lui dire qu’ils me sont parvenus et que je la remercie infiniment sans le faire savoir à ses parents puisque elle ne veut pas que je lui en parle sur la réponse, de peur que mon père dise quelque chose. Mais tu peux lui dire qu'elle n'a pas besoin de tant se déranger pour moi car je ne pense pas à tout ça.

Encore pour tous René, Roger, Alice, Rachel et toute la famille de gros bisous. »

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Lettre Tracy-le-Mont le 30 janvier 1915

Bien chère Marcelle

« Justement où j'allais prendre une carte pour t'envoyer, il m'arrive une lettre de toi du 25 je ne l'aurais vue que demain matin mais comme les officiers couchent à côté de nous depuis hier, ils font monter les correspondances le soir.

Et j'ai même su que j'avais un autre colis par celui qui nous les apporter d’Offémont. Je me disais d'où il pouvait venir mais quand j'ai lu la lettre j'ai vu que c'était toi qui me l'envoyait. Aujourd’hui j'ai reçu celui que m'a envoyé mon père. Je pense que j'ai de quoi bouffer. Je ne souffrirai pas de quelques jours. »

 

« Aujourd’hui notre pièce n'a pas tiré. Le capitaine m’a occupé à lui arranger sa cahute, mettre une porte, des bancs, un porte-manteau et bien d’autres choses.

Nous avons toujours un très beau temps. Aujourd’hui il a fait une journée de printemps. Tu me dis sur ta lettre que tu m'envoies un petit flacon de cette eau que je t'avais demandé. Avec ça je verrai si elle vaut celle qu'on nous donne parfois qui est faite avec de la betterave. J’aurais le colis demain matin. Il est encore à Offémont.

Tu me dis que Monsieur Reynes m'a écrit et que je ne lui ai pas répondu. Tu pourras lui faire dire si tu en trouves l'occasion que je n'ai jamais eue de lettres de lui. J’ai attendu pendant longtemps à cause que tu m'avais dit qu'il voulait m'écrire mais maintenant je n'y croyais plus je n'y songeais plus.

Si par hasard tu trouvais GrÈs Raymond tu pourras lui dire que je lui ai écrit à Saint-Germain-en-Laye où il était la lettre est passé là et même aller à Decazeville et elle m'est revenue ce que j'ai trouvé drôle. Il a tout de même bien de la chance d'être revenu au pays. Je serais heureux de pouvoir en faire de même. Mais il ne faut pas y penser encore.

Je ne vois pas autre chose à te dire pour le moment. Demain je saurais te dire si l'eau de vie est bonne.

Je vais te dire au revoir donc en t’envoyant mes meilleurs baisers pour toi et notre petit René. Bien des choses à tes parents Marguerite et petit Roger.

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février 1915

Lettre télégramme Tracy-le-Mont le 2 février 1915

Bien chère Marcelle

« Je viens de recevoir la lettre du 28 avec le nouveau modèle de papier. J’en ai reçu une autre date et du 28. Il y a 2 jours mais j'ai compris qu'elle était du 27. Je viens de recevoir aussi des nouvelles de Geneviève.

Comme je te l'ai dit hier sur la carte, je commençais à être enrhumé mais ça n'a été rien. J’ai passé une couche de teinture d'iode et ce soir je ce n'est rien. Tu me demandes si où nous couchons c'est couvert. Pour cela oui, c'est couvert même on y fait un bon feu. Pour te faire voir qu’il n'y fait pas froid, je t'envoie une petite feuille de lierre qui a poussé depuis que nos cahutes sont faites. Mais elle n'est pas bien verte du moment que ça pousse dedans elle est plutôt blanche. »

 

« Tu me dis que tu as acheté une cinquantaine de lettres comme celle-là. Tu feras comme tu voudras mais en faisant comme tu fais tu m’en tiens passablement. C’est peut-être pour l'anglais ou l'allemand que ça pourra m'intéresser un peu comme tu me dis.

Aujourd’hui nous n'avons pas beaucoup tiré pour le moment. C’est un peu calme. On entend que quelques coups de fusil que les zouaves ou fantassins tirent pour faire voir qu’ils sont à leur poste.

Tu me dis que petit René fais de temps en temps la bourrée avec grand-père. Je serais bien content de pouvoir y être pour lui jouer un peu comme je faisais avant de partir.

Mais c'est inutile d'en parler. Je me suis bien penser en moi-même que si tu pouvais voyager comme l'a fait cette lettre…. elle est bien partie de Cérons  et elle est revenue puisque tu l'as dit je sais bien que tu n'aurais pas attendu à aujourd'hui mais que faire ?  On n’y peut rien. »

 

« Aujourd’hui j'ai reçu des nouvelles de Maria en même temps que sa photo qui me fait bien plaisir.

Bonjour dans l'espoir de se revoir sans tarder je t'envoie mes plus tendres caresses et mes plus doux baisers pour toi et petit René et toute la famille.

Louis GrÈs. »

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Lettre Tracy-le-Mont le 3 février 1915

Bien chère Marcelle

« Aujourd’hui je n'ai pas eu de tes nouvelles mais pour cela je sais que les correspondances ne se suivent pas toujours. Il arrive qu’on en reçoit deux ou trois à la fois. Enfin il s'agit de bien se porter ou d'être en bonne santé c'est le principal. »

 

« Ce matin tu sais que nous avons envoyé quelque chose au Boches dans un quart d'heure nous avons tiré près de 200 coups sur les tranchées Boches et après ça nous avons tiré plus lentement. Je ne sais pas si par hasard les Boches aurait voulu se montrer mais s’ils voulaient se faire voir ils doivent avoir eu le goût de se retirer.

Ici nous avons beau temps pour le moment. Hier le temps était un peu brumeux mais aujourd'hui le beau temps est revenu. »

 

« J’ai écrit deux fois à l'oncle d'Amérique Alfred et je n'en ai pas eu de réponse je ne sais pas si je lui ai écrit à nouveau mais j'ai bien peur que la troisième fasse comme les deux premières. J’ai encore l'enveloppe que tu m'as envoyée toute timbrée. Si tu lui écris tu pourras lui en parler. Quand je lui ai écrit c'était au commencement que j'étais à Javage et la deuxième fois une quinzaine de jours avant d'en partir alors tu vois que j'aurais dû avoir la réponse.

Aujourd’hui j'ai mangé du saucisson que m'a envoyé mon père. Il est très bon. J’en ai fait part à quelques-uns de mes camarades qui me font part de ce qu'ils reçoivent aussi. Ils le trouvent bien bon aussi. Enfin je ne vois pas grand-chose pour le moment à te dire de plus intéressant. »

 

« Je suis toujours en parfaite santé et je désire que vous soyez tous de même. Toujours mes plus douces caresses pour petit René qui doit être toujours bien sage mais un peu un peu polisson suivant ce que dit sa maman. Je vais lui envoyer une carte pour le faire amuser avec ce que lui envoie son papa car je ne peux guère lui envoyer que ça.

En attendant toujours de tes bonnes nouvelles reçoit de ton cher Louis mes plus tendre amitié et bien de choses à tes parents Marguerite et petit Roger. »

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Lettre Tracy-le-Mont le 5 février 1915

Bien chère Marcelle.

« Aujourd’hui j'ai reçu ta lettre du 30 ou tu me dis qu'il a paru sur les journaux un article pour faire venir les mineurs qui faisait partie de la territoriale mais comme tu me le dis pour moi je suis trop jeune et le mieux serait qu’on signe la paix au plus vite. Enfin dans tous les cas si tu vois un autre article qui puisse valoir pour moi ne le laisse pas passer sans faire une annonce s'il y a lieu. »

 

« Tu me demandes si l’éperon 132 un rapport avec notre secteur. Pour cela je ne crois pas. Il peut se faire qu'il y en a une partie. Sur les journaux on voit souvent éperon ou côte, untel numéro, mais je ne crois pas que ça corresponde avec lui numéro de notre secteur. (*)

Mais pour te faire voir où je suis je vais te dire à peu près l'endroit où nous nous trouvons. Je vais t'indiquer les plus grandes villes du tour. Nous sommes premièrement dans l'Oise. Tracy-le-Mont est entre l'Oise et l'Aisne. Nous avons autour au nord Noyon, à l'ouest Ribécourt, au sud-ouest Compiègne, et Attichy sur l'Aisne au sud-est.

Mais pour cela je tâcherai de me procurer une carte où il y a tous ces noms. Comme cela tu pourras voir encore mieux. Mais pour le moment, je te dis à peu près où je suis. On se trouve juste entre l'Oise et l'Aisne sur la carte, sur la route de Ribécourt à Attichy, on est à 6 ou 700 m de Tracy. Nous on tire sur le bois de Saint-Mard ou les tranchées qu'il y a à côté de Quennevières dont tu peux voir les noms sur les journaux.

L’autre jour quand je t'ai dit que nous avions tiré 200 coups dans un quart d'heure, nous avons bouleversé des tranchées allemandes. Au moment où l'on tirait, nos fantassins et les zouaves qui se trouvait en face d’eux on dit depuis que c'était un plaisir de les voir faire de tant qu’ils se précipitaient pour se sauver. Ils ne suivaient pas les tranchées, ils sortaient en dehors et à mesure qu'ils sortaient les mitrailleuses les fauchaient.

Aussi il paraît que les Zouaves voyait tout sauter et aussi chaque fois qu'ils passent devant nous pour aller au repos ou rendre se rendre aux tranchées ils nous disent - ‘ allez les artilleurs, envoyez- leur l'apéritif comme l'autre jour, on se régale quand vous tirez ‘ - »

 

« Pour le moment nous avons un temps il ne peut pas faire plus beau. On se dit les uns les autres si ce temps durait jusqu'à la fin de la guerre ce ne serait pas encore trop malheureux. Mais tout de même il ne faut pas se figurer que l'on soit tout le temps dehors. Nous n'y sommes pas même un grand un quart de la journée. Nous ne sortons guère pour tirer. Sauf comme maintenant qu'il fait beau, on reste dehors pour piper le soleil ou laver notre linge. Mais quand il fait mauvais temps où qu'il fait froid, on reste dedans où on se chauffe.

Tu me dis que je te dise si nous repoussons les Boches. Pour cela nous ne le faisons pas. Je crois qu'on garde ses positions peut-être jusqu'au printemps. Et quand le beau temps sera venu pour longtemps je crois qu'on fera un effort pour les déloger d'où ils sont. »

 

« Tu me dis que le petit René fait toujours le polisson. Ah il faut pourtant qu'il écoute la maman sans cela je n’apporterai pas de canon au lieu que s'il est sage et qu'il écoute bien maman, je lui en apporterai deux.

En attendant toujours de tes nouvelles reçoit de ton Louis ses meilleurs baisers et toujours des grosses bisottes pour petit René. Bien des choses à tous nos parents frères et sœurs et bien le bonjour à tous les pensionnaires de la maison et voisins encore mille baisers.

Louis GrÈs »

 

(*) : L’éperon 132 est une colline situé près de Crouy secteur de Soissons (02). Une attaque française s’est soldée par un demi-succès. Après un succès préliminaire, de nombreuses unités ont été prises au piège par la crue de l’Aisne et capturées.

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Lettre

Tracy-le-Mont le 6 février 1915

Bien chère Marcelle.

« Aujourd’hui j'ai reçu deux lettres une du 31 et l'autre du 1er février. Tu me dis que Noémie est toujours à peu près la même c'est tout de même bien ennuyant qu’elle ne guérit pas plus vite. Mais comment faire on y peut rien. C’est comme beaucoup d'autres choses qu'il faut laisser faire son cours.

Tu dis que l'oncle et Elise viennent vous voir de temps en temps. Quand ils viennent, ou que tu y vas, dis-leur toujours bien des choses de ma part. Je leur envoie bien tout de même de temps en temps une carte pour leur donner de mes nouvelles.

J’ai écrit à Gervais le 12 décembre. C’était une carte et elle m'est revenue aujourd'hui. Et je lui ai écrit depuis et je ne sais pas à ce compte s’il les recevra et pourtant je lui écris toujours à la même adresse. La carte est revenue est passée à Granville dans la Manche.

Cela me fait bien plaisir que tu me donnes des nouvelles de Viargues et je suis bien content qu'il soit bien placé. Tu donneras bien le bonjour à sa femme de ma part quand tu en auras l'occasion. Tu me dis que vous apprenez guère que de mauvaises nouvelles et que tu crois que Monsieur Labarthe aurait été tué (*), pour ça peut bien être. Il y en a beaucoup qui sont partis qui ne reviendront pas.

Enfin il faut tout de même avoir l'espoir à ceux qui sont les plus chers. Je ne sais pas à quel régiment il était. Ni s’il était gradé. »

 

« Tu me dis que tu es allé à Decazeville pour acheter de la toile imperméable pour Louis du Gua. Ça se peut bien que ça lui soit utile pour lui, mais pour moi je n'en ai pas besoin. Maintenant que tu l'as acheté ça va bien. Mais pour faire des pantalons cette toile ne vaut pas grand-chose car où ça touche en dessous ça remouille. Ça vaut encore pour le capuchon comme le mien pour une averse ou un temps de pluie l'eau traverse par les coutures ou l'aiguille est passée.

Mais pour l'usage que j'en fais, ça me fait assez mais s'il fallait s'en servir continuellement, il ne faudrait peut-être pas être humide. Le mieux serait d'avoir toujours du beau temps, on quitterait toutes ces frusques. Mais avec ça je n'ai jamais eu la veste mouillée. La capote m'a toujours préservé et depuis que j'ai l'imperméable ça me préserve la capote. Depuis que je l'ai je m'en suis servi deux fois. »

 

« Tu me dis aussi que tu as payé ton deuxième mandat. De la poêle tu as l'air contente de la payer, sans cela ils n'ont pas le droit de se faire payer pendant la durée de la guerre.

Tu me dis que vous avez beaucoup de neige. Ici nous avons toujours du beau temps. Aujourd’hui le ciel était couvert, on aurait dit qu'il allait pleuvoir mais ça n'a rien été.

Tu remercieras bien le frère de Gervais qui me donne le bonjour. Tu pourras lui dire que je n'ai reçu aucune lettre ni carte de lui. Sans cela je lui aurais fait réponse. On a assez de temps pour écrire.

Tu me dis que petit René s'amuse bien avec un jeu de cartes. Il me tarde de revenir quand ce serait pour pouvoir faire une partie avec lui. On passerait quelques bons moments et pourtant il faut s'en passer. Enfin il faut espérer que ce jour viendra et que l'on passera quelques bon moment tous ensemble. »

 

« Nous sommes toujours au même endroit et nous continuons à démolir tant de Boches que nous pouvons. Je n'ose pas trop t'en dire sur les lettres car je sais qu’on en a eu ouvertes et qu’on leur a infligé une quinzaine de jours de prison, rien que pour avoir dit l'endroit où il se trouvait. Mais ça n'empêche que je te dise tout ce que je fais et tout ce que je puisse te dire.

Je ne vois pas autre chose pour le moment à te dire qu'à t'envoyer mais plus douces caresses et mes plus doux baisers pour toi et petit René.

Bien des choses à mes parents et frère et sœur. Louis qui t'embrasse bien fort »

 

(*) : Sur les 4 soldats morts de ce nom et originaire de l’Aveyron :

- 2 sont décédés à l’hôpital, l’un de blessure mais originaire du côté de Millau, donc loin d’Aubin, et le second de maladie. Il ne s’agit donc probablement pas d’eux.

- Benjamin LABARTHE né en 1889 à Asprières, disparu en septembre 1914 mais étant plus jeune que lui, je pense qu’il ne l’aurait pas appelé Monsieur.

- enfin Camille LABARTHE, né en 1880 à Capdenac gare (~20 km N-O de Cérons) et tué le 12 décembre 1914. Il s’agit très probablement de lui. Voir sa fiche.

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Lettre format télégramme

Tracy-le-Mont le 8 février 1915

Bien chère Marcelle.

« Aujourd’hui j'ai reçu ta lettre du 3 en même temps que le colis qui contenait le cahier de lettres télégramme dont en voici une. Le petit pâté, j'en ai mangé un peu pour déjeuner le morceau de friton dont nous en avons mangé un peu pour achever de souper avec quelques-uns de mes camarades, nous les avons trouvés assez salés.

Mais depuis que l'on n'en n’a pas mangé ça change et on le trouve bien bon. Le petit pâté aussi est bien bon. J’ai trouvé aussi la petite tablette de chocolat mais comme je te l'ai déjà dit, j'en ai passablement car nous en touchons chaque 2 jours, des boîtes de sardines, de la confiture, des figues. Hier nous avons touché même de la saucisse fraîche. Nous n'avons pas à nous fâcher pour la nourriture car nous sommes très bien. »

 

« Je suis très content que tu me renseignes comme tu le fais. Mais c'est tout de même bien triste d'apprendre que nous avons des voisins tués ou prisonniers car on ne sait pas bien ce qu'on fait des prisonniers.

Tu me dis que petit René est toujours un peu polisson et il commence à aller chercher les petites fleurs. Il doit être bien amusant. C’est bien embêtant d'être si loin. Tu me sauras dire s'il ouvre tout seul la petite barrière que j'ai fait pour qu'ils ne sortent pas ou qu'il ne roule pas dans l'escalier. »

 

« Nous avons toujours un temps superbe. Aujourd’hui il a fait un peu de vent mais le ciel est clair.

Il faut bien qu'il soit clair car la batterie que nous avons à côté de nous qui a 2 pièces de canon rien que pour les avions et je crois bien d'en avoir atteint un qui a été forcé d'atterrir mais malheureusement il a atterri dans ses lignes. On serait été content si on l'avait vu descendre tout près de nous.

Mais enfin nous tirons toujours sur ces fameux Boches avec succès. »

 

« Je ne vois pas d'autre chose à te dire pour le moment Qu’à t’envoyer mes plus doux baisers pour toi et petit René bien des choses à toute la famille.

Louis »

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Carte en franchise correspondance des armées de la République

« Je vais bien -j'ai reçu votre lettre- lettre suivra à la première occasion - le 9 février 1915 »

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Lettre

Tracy-le-Mont le 11 février 1915

Bien chère Marcelle.

« Comme ce matin je ne t'ai envoyé qu'une carte et que j'ai reçu une carte et deux lettres de toi, maintenant que je viens de souper, je te fais une longue lettre. Et ce n'est pas encore bien tard ce n'est que 6 heures moins cinq.

Hier au soir avant de t'écrire, j'ai fait une partie de manille. Ce soir j'ai prêté mes cartes à mes camarades et ils sont en train de jouer. Je ne t'avais jamais dit que j'avais un jeu et pourtant il y a déjà longtemps que je l'ai je l'avais acheté les premiers temps que j’étais à Javage et ça nous faisait passer les soirées un peu plus vite car vraiment on avait le temps de se coucher et encore c'est bien pareil nous nous couchons si nous voulons à 7h et on se lève jamais avant 7h du matin ou 7h30.

Alors tu vois qu'on a le temps de roupiller. Je te réponds que ce soir j'ai soupé avec goût et mes camarades aussi nous avons eu des gras double et depuis qu'on en avait pas mangé. On s'est régalé et puis des sardines garnies de quelques oignons et encore de la confiture et du fromage de gruyère. »

 

« Ce matin c'était plein de brouillard et en même temps il givrait. On aurait dit que les arbres étaient en fleurs. Mais vers midi les brouillards sont partis et il a fait une belle soirée.

Nous tirons toujours sur ces fameux Boches. Pour le moment la pièce de garde est en train de tirer. Nous avons beaucoup de munitions et je te réponds que quand nous ferons tant que de cracher, ils pourront venir. »

 

« Tu me dis sur ta lettre du 6 que je ne t’ai pas dit comment j'avais trouvé l'emballage qui contenait le flacon d'eau de vie. Il me semblait pourtant te l'avoir dit : c'était parfaitement bien emballé et il était en très bon état.

C’est comme sur le dernier que j'ai reçu j'y ai trouvé un crayon que j'avais oublié de te dire c'est comme le paquet de lettres télégrammes il était un bon état aussi. Il n'y avait que la couverture qui touchait aux fritons qui avait un peu noirci mais les lettres n'ont rien et je pense bien que j'en aurai pour quelques temps et dorénavant tu n'as pas besoin d'en mettre autant dans tes lettres que tu m'envoies ou quand même que j'écrive souvent je ne l'emploi pas tout.

Je ne voudrais pas tout de même en faire le marchand car j'en ai une petite provision. Pour la boîte de sardines sans arêtes dont tu me parles je ne crois pas l'avoir manger. C’est comme celle que m’as envoyée Maria je ne je ne l'ai pas ouverte non plus. Tu n'as pas besoin de te déranger pour cela car nous en touchons une boîte à deux, chaque deux jours en plus et je te réponds que nous en avons une provision. Maintenant, pour manger, on nous en donne plus que nous pouvons manger. De ce fait nous en avons toujours de reste. »

 

« Tu me dis sur ta lettre que si je ne suis pas revenu à Pâques, tu feras photographier petit René.

Bien ma chère Marcelle je voudrais bien être revenu. Mais on n’a pas besoin de compter si tôt. Enfin il faut bien tout de même croire que ça ne durera pas tant comme on en a fait car ce serait bien ennuyant ça se tireras bien tout de même. Car d'ici au 4 avril, on a le temps de faire quelque chose. Et nous aurons du beau temps à passer.

Enfin il faut attendre que ça ne durera pas tant comme on le croit mais il vaudrait bien mieux. Je vois que tu que tu as reçu la carte ou je te disais que j'avais un commencement de rhume mais ça n'a été rien. Heureusement car encore malgré tout il vaut mieux se bien porter. Mais comme tu me le dis si ça ne m'avait pas passé à la première teinture que j'ai passée j'aurais appliqué un sinapisme mais je n'en ai pas eu besoin et si j'avais cru que ce fut si court je ne l'aurais même pas dit.

J’ai entamé la boîte de pastilles Valda ce jour-là et après je ne me souvenais même pas de les prendre et de ce fait je les ai encore presque tout. Mais vaut mieux ne pas en avoir besoin. »

 

« Maintenant c'est 6h50. je vois que je ne suis pas bien long à écrire. Je n'y mets pas trop de temps pour faire une lettre .au début chaque fois qu'il me fallait écrire ça me faisait un peu de la peine. Mais maintenant ça ne me fait rien et encore tu sais qu'il en manque pas de ceux-là qui voudraient toujours avoir des lettres et ne voudraient jamais écrire. Mais moi je ne fais pas ça ce n'est pas le temps qu'il faut et pourtant ce n'est pas le temps qui nous manque.

Je vais te dire toujours au revoir ma chère Marcelle en t’envoyant mes plus douces caresses mes meilleurs baisers pour toi un petit René, bien des choses à tous mes parents et bien le bonjour à tous nos voisins. »

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Lettre

Tracy-le-Mont le 14 février 1915

« Aujourd'hui j'ai reçu ta carte du 8 et ta lettre du 10 et tu m'annonces le colis. Il paraît qu'il est arrivé mais on ne me l'a pas encore distribué. Ce sera pour demain matin. Mais je te réponds que ça ne me presse pas.

Dans ma musette j'ai encore deux tablettes de chocolat 2 saucissons. Dont il y en a un que m'a envoyé mon père et que j'ai entamé aujourd'hui.

Je ne te compte pas ce que j'ai dans le sac c'est ce que je mange tous les jours. Pourtant je ne peux pas laisser l'ordinaire pour manger rien que ce que tu m'envoies car je te réponds que nous avons de quoi bouffer. C’est dans tous les cas qu'un jour ça ne conviendrait pas je tape un peu plus sur ce que j'ai. Mais c'est bien rare car tu sais que je ne suis pas dégoûté comme je l'étais quand j'étais à Cérons. »

 

« Aujourd’hui il a fait du vent toute la journée et maintenant il pleut je vois que c'est à peu près le même temps qu'il doit faire à Cérons.

J’ai travaillé avec Malirat (*), le neveu de Monsieur Goudal du bout de la côte à la cagna de notre commandant qui menaces de s’ébouler et comme j'ai le renom de faire les cagnas solides le capitaine m’y a fait aller et qui se trouve à une centaine de mètres de la nôtre. Nous avons placées deux porteurs et six buttés. Aussi il nous a payé un bon petit verre de curaçao et de ce fait nous avons été à l'abri du vent toute la journée. »

 

« Tu me dis de te dire si ma provision de chocolat diminue. Il me semble te l'avoir dit sur ma dernière lettre. Mais je te réponds que j'en ai passablement et nous en touchons de temps en temps.

Tu me dis que tu n'as pas des nouvelles de Geneviève depuis quelques temps. Jean m'a écrit avant-hier qu'elle était malade. Maintenant je ne sais pas si c'est grave. Il y a bien longtemps que Gervais ne m'a pas écrit. Mais je lui ai écrit encore assez souvent et comme je te l'ai dit une carte m’est revenue au bout de 2 mois et depuis que cette carte m’est revenue je ne lui ai plus écrit. Maintenant j'attends les réponses.

Il a écrit aussi à Paris puisque Jean me dit qu'il leur avait écrit et qu'il était en bonne santé. Tu me dis que le gendre de Bos du château est revenu. Il faut dire qu'il a de la veine d'avoir réussi à se faire réformer. Mais ce n'est pas pour nous tous. Ainsi j'ai eu des nouvelles de l’oncle et la tante de Viviez. Tu me dis que tu vas y aller un de ces jours tu leur feras bien des compliments de ma part. »

 

« Tu me demandes si mon rhume est tout à fait guéri. Pour ça je l'ai déjà dit je l'ai eu que un jour et demi et encore à peine ce n'est pas la peine de le dire.

Tu me dis que petit René est si content de recevoir des cartes et bien puisque il est si content j'en ai 8 de jeux que j'ai trouvé dont se servent les bicots ou africains. Je vais les lui ai envoyé deux par deux je commence par un roi et un valet. Certainement elles sont un peu vieilles et c'est peu de chose mais comme tu peux te le penser on ne peut pas envoyer grand-chose.

Mais j'ai vu que tu avais trouvé la petite feuille que je t'avais mis dans la lettre. pas d'autres choses à te dire pour le moment qu’à t’envoyer de gros baisers pour toi et petit René bien des choses à tous mes parents Marguerite et petit Roger et toute la famille mille baisers Louis. »

 

(*) : Alfred Pierre MALIRAT, 29 ans et mineur, est sapeur au 9ème régiment d’artillerie. Il est aussi originaire du même canton que Louis GRÈS. Cité et décoré, il sortira indemne de la guerre. Voir sa fiche.

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Lettre format télégramme

Tracy-le-Mont le 16 février 1915

Bien Chère Marcelle

« J’ai reçu aujourd'hui une carte de toi du 18 et donc tu me dis que tu es très contente que je t'écrive chaque jour. Je te réponds que je le ferai tant que je pourrais. Mais il peut passer du temps que l'on ne peut pas. Surtout si on était en marche.

Mais tant que nous sommes comme l'on est on a toujours le temps d'écrire ce qu'il y a quand on ne peut pas en mettre long en écrivant chaque jour mais enfin il s'agit que tu aies des nouvelles et surtout qu'elles soient bonnes comme elles ont été jusqu'à présent. Quand tu m'enverras un autre colis tu pourras y mettre deux ou trois plumes pour écrire mais ça ne presse pas. Tout de même car celle que j'ai me faut bien encore aujourd'hui. »

 

« Nous avons eu une belle journée aussi j'en ai profité pour laver mon linge tu sais que j'en avais un bon peu je l'avais laissé ramasser faute de savon mais hier nous en avons touché et j'ai lavé 3 caleçons deux chemises de flanelle un plastron de laine que je mettais quand il faisait trop froid.

Ce matin pour déjeuner, j'ai mangé le morceau de quartier dont j'en ai fait goûter à un de mes camarades. il est épatant je te réponds que je l'ai pas trouvé rance et ce soir j'ai goûté au camembert qui était bien fait aussi et il est bien bon aussi. Je laisse les saucissons pour manger tout cela car ils peuvent se conserver davantage. »

 

« Enfin je suis toujours en très bonne santé et dans notre cahute nous sommes très bien surtout quand on pense à nos fantassins qui sont dans les tranchées. Nous nous sommes des rois à côté. Tu sais que tout ce que nous sommes nous ne sommes pas fâchés d'être artilleur mais comment faire. Il n’y en a pas pour tous.

Toujours ton Louis qui t'envoie ses meilleures amitiés pour toi et petit René.

Bien le bonjour à Marguerite et Roger et tes parents. »

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Bien chère Marcelle

« Aujourd’hui j'ai eu ta lettre du 13 et donc tu me dis que tu as vu sur le journal officiel que l'ennemi avait bombardé Tracy. Il ne faut pas te faire du mauvais sang pour cela car ne nous on y fait pas même attention. Et juste le jour qu'on l'avait mis sur l’officiel, on ne l'avait pas bombardé plus que les autres jours. Pour cela il le bombarde bien de temps en temps mais sans faire grand fracas.

Mais quand même qu'on le bombarde, ça ne risque rien de tomber sur nous. Nous ne sommes pas dans le village. Nous sommes à 5 ou 600 m de Tracy et où nous sommes l'ennemi ne nous a pas encore dénicher. Ce n'est plus comme en rase campagne et nous on est pour eux de même. Ce n'est pas faute d’aller dénicher car avec tant de bois comme il y a on peut se cacher. Je te parle pour l'artillerie car pour l’infanterie, on sait où elle est mais aussi on leur envoie quelque chose comme cigares de 75. »

 

« Aujourd’hui nous avons de nouveau la pluie mais pas bien fort. Ici il ne doit pas doit pas faire aussi mauvais qu’à Cérons en voyant ce que tu me dis sur ta lettre.

Tu me dis que Prosper doit venir passer 1 jours chez nous tu lui donneras bien le bonjour de ma part quand il reviendra. Tu me dis que moi je donne mon adresse à un de mes camarades. Pour ça ne t'inquiète pas il y a déjà longtemps que nous l'avons fait. Tu me dis que ce n'est guère pour m'encourager. Mais tu peux me dire n'importe quoi ça ne me décourage pas. »

 

« Je suis toujours en très bonne santé et je souhaite que ma lettre vous trouve tout de même. Tu me dis que les petits sont un peu enrhumés peut-être que ce ne sera pas grand-chose heureusement. Je ne vois pas autre chose de plus intéressant à te dire pour le moment.

Je te quitte en t’envoyant toutes mes caresses et 1000 baisers pour toi et petit René et bien le bonjour à tous nos parents Marguerite et toute la famille. »

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Lettre

Tracy-le-Mont le 21 février 1915

Bien chère Marcelle

« Je n'ai pas eu de tes nouvelles aujourd'hui non plus. Mais j'ai reçu le colis qui contenait les 2 saucissons, une boîte de thon et la boîte de pâté de foie gras. J’ai vu que ces deux petits saucissons étaient bien secs et je les ai mis dans mon sac et j'ai sorti un autre petit que j’avais mis il n'y a pas longtemps qui n'était pas trop sec. Mais comme boîte de conserve pâté ou thon et chocolat j'en ai le sac à dos plein.

Tu sais que je ne risque rien de me trouver sans vivre de quelques jours dans n'importe quel cas qui puisse se présenter.

La cousine de Combes m'a envoyé l'adresse de l'oncle de Coulobres, le frère de mon père. (*)

Il demandait à la tante de Combes souvent de mes nouvelles et ils ont fini par m'envoyer l'adresse. Ce qui m'a fait bien plaisir. J’avais souvent pensé de la demander et toujours ça passe et je leur ai écrit hier. Mais je n'ai rien reçu de l'oncle d'Amérique. »

 

« Nous envoyons de temps en temps quelques pruneaux au Boches et surtout cet après-midi nous leur avons passé quelque chose à ce qu'il paraîtrait car nous on tire bien mais on de vois pas le but. De ce fait on ne peut pas voir ce qui se passe où tombent les obus mais nous savons les résultats quand le capitaine revient de l'observatoire qui se trouve dans les tranchées à 100 mètres des Boches et c'est par le téléphone qu’il nous commande.

Aujourd’hui nous avons eu un temps superbe un temps très doux. En ce moment que je t'écris nous sommes de garde mais tu sais ça ne barde pas. Nous sommes bien tranquilles nous venons de faire une partie de dames et maintenant j'écris sur le jeu qui me sert de table sur les genoux assis sur la paille. Nous passons souvent la veillée à faire aux cartes ou au jeu de dames. »

 

Mais je n'oublie jamais de t'écrire car je ne passe jamais une heure de la journée sans penser à toi et petit René et toutes les femmes et toute la famille et je me dis toujours quand t'est-ce que viendra le jour où l'on pourra se réunir pour ne plus se séparer. Enfin il faut espérer que ça viendra peut-être plutôt que si on le croit. Mais on ne sait jamais trop. Je suis toujours en bonne santé et je désire que vous soyez tous de même en attendant de tes nouvelles reçoit de ton Louis ses meilleurs baisers et bien des bisottes pour René bien le bonjour à toute la famille. »

 

(*) : Il doit s’agir de Joseph GRÈS (1857- décédé en 1931 à Magalas à côté de Coulobres - 34)

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Lettre

Tracy-le-Mont le 22 février 1915

Bien chère Marcelle

« Je viens de recevoir ta lettre du 18 et en même temps j'ai reçu de carte de Maria dont sur l’une elle avait oublié de mettre la batterie. Il a bien fallu que celui qui fait le triage des lettres à l'arrivée à la gare destinataire me connaissent pour qu’elle m’arrive si vite. Car elle est partie de Decazeville le 20. C’est la première que je reçois si vite.

Tu me dis qu’a Cérons on a fait une quête et qu'il y a 100 sous pour chacun et que c'est tout probable qu’on va nous les envoyer au lieu de vous en faire bénéficier. Il faudrait bien mieux qu'on vous les laisse car ici, on a de l'argent et on ne peut pas s'en servir. Alors ce n'est pas la peine que tu m'en envoies sans que je te le demande puisque on veut m'envoyer 100 sous il faut toujours laisser faire. »

 

« Chère Marcelle tu me dis que ton père est allé au bois un de ces derniers jours et qu'il avait trouvé monsieur Reynes et qu'il m'avait écrit depuis 2 jours mais je n'ai encore rien reçu de lui. Je ne sais pas s’il ne me les adresses pas bien, car on n’y comprend rien.

Je suis content d'apprendre que petit René ne tousse plus car j'ai toujours bien peur que quelque chose lui arrive.

Mais je sais que tu le soignes toujours de ton mieux ce qui me console aussi. Tu me dis que tout le monde en bas se porte bien aussi sauf la Tante dont la jambe la fait toujours souffrir. Mais il faut espérer qu'avec le beau temps ça lui passera tout à fait.

 

Aujourd’hui nous avons eu presque toute la journée du brouillard ils ne se sont dispersés que vers les 3h aussi nous n'avons pas tiré. Nous avons eu le repos complet. Je suis toujours en très bonne santé et j'espère que ma lettre vous trouvera tous de même.

je ne vois pas autre chose à te dire pour le moment que vous envoyez mes meilleures amitiés et autant de bisous pour toi et René que je puisse en faire bien des choses à tes parents Marguerite petit Roger et bien le bonjour à ceux qui demande de mes nouvelles. Encore mille baisers de ton Louis. »

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Lettre Tracy-le-Mont le 24 février 1915

Bien chère Marcelle.

« Je viens de recevoir ta lettre du 20 et donc tu me dis que tu as reçu une lettre d'Adrien (Auguste BRAS) et donc il te dit qu'il viendra sans manquer. Tu lui diras que je lui aurai écris plus souvent mais de crainte qu'il reparte du dépôt comme il m'avait dit qu'il n'y resterait pas longtemps j'attends qu'il m’écrive et je lui fais réponse à l'adresse qu'il me donne.

Tu me dis que ton cousin d'Aurillac t'a dit de me dire bien des choses. Je le remercie beaucoup et tu lui enverras au-dessus de moi de ma part et de même à l'oncle et la tante de Viviez puisque ils viennent souvent. »

 

« Ce soir après avoir bien soupé car nous avons eu à manger, en plus de notre ordinaire, du lapin de garenne que notre cuisinier a très bien préparé en civet et dans nous en mangeons souvent, car tu sais qu’ils ne sont pas rares dans la région où nous sommes.

J’ai fait une partie de moulin. Un jeu qu'on appelle comme ça. Je ne sais pas si tu le connais.

Après je me suis mis à te faire la lettre. Mais je ne sais pas si après le dernier jour de ce mois on pourra écrire si facilement car j'ai entendu murmurer que le mois prochain on aurait le droit que d'envoyer des cartes postales. Mais rien de cacheter, et ainsi on ne se plaira pas tant de causer comment le faisait. (*)

Il paraît qu'on l'a déjà dit dans quelques batteries mais on ne nous a encore rien dit à nous.

Je t'écrirai toujours quelques lettres tant qu’on ne nous dira rien. Peut-être que ça sera que des blagues. Mais il faudrait bien mieux. »

 

« Peut-être un de ces jours, je t'enverrai un petit colis. Car j'ai tellement du tabac, du fin d'Algérie, je le donne presque tout à mes camarades. Mais j'en ai gardé quelques petits paquets que j'enverrai pour ton père avec quelques souvenirs de la bataille de la Marne que j'ai trouvé sur le champ de bataille, après la retraite des Boches

Parmi ça il y a une plaque de ceinturon des Allemands. Tu n'auras pas besoin de l'attendre tout de même, car je te l'enverrai si je peux.

J’ai aussi des fûts d'obus allemand qui sont bien jolies. C’est tout en cuivre. Ça me ferait bien pour remplacer les boules de notre lit du milieu mais c'est un peu lourd, ils font un kilo si ce n'est plus chacune.

Si j'étais commode, je t'en enverrai par la gare trois ou quatre. Mais encore nous sommes trop loin mais je ne pense pas bien à ça. J’aimerais mieux revenir de suite et laisser tous ces souvenirs où ils sont, mais c'est comme ça et on y peut rien. »

 

« Tu me parles un peu de René et qu'il ouvre la porte de communication de la salle à manger. Il doit avoir grandi. Je serai très content de pouvoir venir au plus tôt que ça finisse et qu'on revienne tous ensemble pour parler du temps qu'on est resté séparer et des bons moments que nous passerons, nous ferons oublié les mauvais. Il s'agit qu'on revienne c'est tout ce que je demande.

En attendant toujours de tes nouvelles reçoit de celui qui t'aime ses meilleurs baisers et pour petit René de grosses bises à tous. »

 

(*) : La décision sera effective le 15 avril (voir Une correspondance sous contrôle - Histoires de la Grande Guerre)

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Lettre

Tracy-le-Mont le 26 février 1915

« Aujourd'hui j'ai reçu ta lettre du 22 et dedans j'ai trouvé la petite commission que je t'avais demandé. C’est les plumes et de ce fait je m'en sers d'une.

Mais je n'ai pas encore reçu que tu sois allé accompagner le cousin Adrien (Auguste BRAS) comme tu me le dis sur cette lettre probablement que je l'aurais demain. Tu me dis que là-bas vous avez un très mauvais temps. Mais je peux te croire car nous avons vu sur les journaux que dans le midi il avait fait de très grande tempête et ouragan alors ça se peut qu’à Cérons ce soit le commencement de la fin de la tempête.

Ici nous n’avons pas à nous plaindre du temps il y a 3 jours qu'il fait très beau sauf le matin qu'il y a ces brouillard mais on se vivifie vers les 11h ou midi aussi chaque jour on voit des aéroplanes. »

 

« Aujourd’hui j'ai fait un petit colis que je donnerai au vaguemestre demain matin s'il n'est pas trop chargé et qu'il veuille me le prendre.

J’y ai mis une chemise qui ne faisait que m'embarrasser dans mon sac c'est juste celle que j'avais à mon départ de Cérons et que je n'ai remis que deux fois c'était au mois d'août ou septembre et depuis je l'ai je ne l'ai pas remise. La fois que je t'ai dit le nombre de chemise que j'avais je ne comptais pas celle-là ni une autre que j'ai encore qu'elle est trop courte.

Et que je n'ai jamais misé et que si ce colis je te l'expédierais aussi, j'ai mis aussi la boucle de ceinturon allemand pour qu'elle ne pèse pas trop, le chargeur vide, 5 balles allemandes que j'ai vidé aussi car elles sont pleines de plomb. Ces balles ont été tirées, je les ai trouvés sous les arbres quand on a avancé. »

 

« Croyant que le paquet c'était peut-être trop lourd je n'ai pas mis du tabac que je t'avais dit que peut-être j'y mettrais. Ce sera pour la prochaine fois. Nous en avons tellement qu'il y en a beaucoup qui fume c’est pour te dire que nous ne souffrons de rien et nous sommes mieux nourris qu’au dépôt. Nous le savons par ceux qui viennent. Il le trouve drôle d'être si bien nourri.

Ça m'étonne que Gervais ne sois pas comme nous. Car pour nous on ne peut pas se fâcher. Tu me dis que tu m'envoies une boîte de plumes. Pour cela, tu n'as pas besoin d'en mettre avec ces deux, j'en ai pour longtemps.

Et dans tous les cas une chaque mois dans une lettre, c'est assez.

Je crois que comme je l'avais dit hier sur la lettre la correspondance au mois de mars ne marchera pas aussi bien que pour le moment, mais je t'enverrai toujours des cartes découvertes. J’en ai une petite provision. Je t'en dis pas plus long pour le moment. »

 

« Je suis bien content que notre petit René soit guéri. Et petit Roger aussi et pour toi tout moyen de ne pas te mouiller trop souvent comme tu as fait le jour que tu es allée à Aubin.

Car il ne faudrait pas que tu tombes malade, mais enfin soigne-toi le mieux possible. Soigne bien petit René. Pour moi je suis toujours en très bonne santé et je désire que vous soyez de même.

Bien des choses à toute la famille en attendant toujours de tes nouvelles au soin de celui qui t'aime et qui pense toujours à toi et petit René mille et mille baisers.

Louis. »

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Lettre

Tracy-Le-Mont le 29 février le 28 février 1915 (*)

« Bien sûr Marcelle, aujourd'hui j'ai eu de toi une carte du 23 et une des lettres du 24. Mais je ne reçois pas celle que tu me dis que tu m'as causé du cousin (Adrien Auguste) Bras et que tu dois avoir fait le 21 février. Enfin peut-être qu'elle me parviendra quand même.

Mais du moment qu'à partir de demain, les correspondances ne marchent pas aussi bien comme elle en fait jusqu'à présent, peut-être qu'elle sera longue à venir.

Tu me dis sur cette lettre que tu as acquittée un autre mandat de maître Brunet mais comme je te l'ai déjà dit tu n'as pas besoin de te gêner. Si tu peux ça va bien. Mais cela mais tu n'as qu'à les refuser.

Tu me parles aussi des plumes, mais comme je te l'ai dit sur d'autres lettres, tu auras qu'à faire comme tu l'as fait une fois pour moi. Ça suffit et pour la lampe électrique, si tu n'en trouve pas, ne te dérange pas davantage.

Car si j'avais cru que tu en trouves pas, je ne t'aurais pas dit car ici on peut s'en faire porter de Compiègne à 50 ou 100 sous.

C’est pour qu'elle ne revienne pas si chère que je t'avais écrit de me l'envoyer. Car je sais quelle ne sont pas si chère parce que ici il en profite. »

 

Tu me donnes des nouvelles de Camille. Je suis bien content qu'il est écrit car je pensais souvent à lui depuis que tu m'avais dit qu'on était sans nouvelles de lui.

J’avais bien peur pour lui enfin ce n'est rien pour cette fois. Si il faut espérer qu'on s'en sortira tous ainsi et qu'on pourra revivre heureux dans la maison que j'ai toujours devant mes yeux.

Tu me dis que petit René est bien content de recevoir quelque chose de papa. C’est bien dommage qu’il ne soit pas commode d'envoyer quelque chose pour le faire amuser. Car je t'assure que je le ferai, mais c'est inutile d'en parler.

Il s'agit qu'il soit bien portant et c'est tout ce qu'il faut aujourd'hui. »

 

« Nous n'avons pas du trop mauvais temps et ça m'étonne qu'il ne fasse pas plus froid car pour être plus au nord que dans l'Aveyron il n'a presque pas gelé.

Je ne t'en dis pas davantage pour le moment. Bien des choses à toute la famille. De grosses bises pour petit René et celle que mon cœur ne cesse d'aimer.

Louis. »

 

(*) : Que signifie la deuxième date ? Peut-être qu’il n’avait pas fini ou pu envoyer sa lettre le jour même et l’a envoyée le lendemain ?

 

Manque le mois de mars 1915

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Lettre

Tracy-le-Mont, le 1er avril

Bien chère Marcelle.

« Je viens de recevoir une carte de toi écrite et deux sans être écrites. Tu me dis que tu n'as pas reçu de nouvelles de moi depuis 2 jours. Ça m'étonne bien, car je peux te le dire qu’il y a maintenant bien longtemps que je n'ai pas passé un jour sans écrire.

Des fois je ne t'écris pas bien long, mais je t’envoie toujours une carte. Car maintenant ce n'est pas le papier à lettre ou carte qui nous manque.

Tu me dis que là-bas il fait mauvais temps. Ici le beau temps est revenu et le peu de neige qu'il avait, la terre est devenue sèche comme avant.

Au moment où je t'écris, il n'y a pas un seul nuage. Voilà que les feuilles commencent à pousser. Je te réponds que je n'aurais pas cru être où je suis à ce mois-ci et quand je suis parti, j'aurais même cru d'être rentré quand les autres feuilles sont tombées. »

 

« Et encore nous ne savons pas quand est-ce que ça finira. Il faut espérer que quelque chose se décidera d'un côté ou de l'autre et que ça mettra bien vite une fin à cette terrible guerre.

Avec ça, voilà le 9e mois qui va commencer et que nous ne voyons pas grand-chose de fait. encore nous sommes toujours au même endroit et ma foi nous préférons rester où nous sommes du moment que nous sommes bien placés que d'avancer de deux ou trois kilomètres que peut-être il faudrait coucher sous les tentes, comme il font dans le Nord ou en Champagne. »

 

« Je pense toujours aux petits canons de René et tu sais que je voudrais bien le lui apporter bientôt. Que ça viendra peut-être plus tôt que l'on croit, ce qu'il y ait aurait à souhaiter pour tout le monde.

Je ne sais pas autre chose à te dire pour le moment bien des choses à toute la famille. Quand tu iras au Gua tu feras bien des compliments à Noémie de ma part et que je lui souhaite une prompte guérison car vraiment elle n'aurait pas bien besoin d'être malade.

Il n’y a pas longtemps que j'ai reçu des nouvelles de Louis. Il se porte toujours très bien. »

 

« Enfin je suis toujours en très bonne santé et désire que vous soyez tous ainsi en attendant c'est toujours sur ce fameux papier qu'il faut que je vous envoie toutes mes caresses et mes plus grandes amitiés.

Toujours des bisottes bien mignonne pour petit René et 1000 baisers de ton Louis qui ne cesse de penser à toi. »

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Lettre

Tracy-le-Mont le 3 avril

Bien chère Marcelle.

« J’ai reçu aujourd'hui ta lettre du 28 et une carte du 30. Mais celle que j'ai reçu hier et les deux aujourd'hui sont postés de la Poste le même jour et je vais t'en envoyer.

La preuve je vais te mettre les tampons dans la lettre et il est probable que tu dois les avoir donné à quelqu'un pour les mettre à la boîte et il doit les avoir oublié un moment à sa poche.

Enfin c’est peu de chose. Il y en a une qui a été mise à la boîte de la gare. Sur cette lettre tu me dis que petit René a été content d'aller à la foire et surtout quand il a fait les ouvrir le parapluie. Je comprends il est toujours très coquin et il me tarde de le revoir en photo et encore mieux si je pouvais le voir m'attendre à la gare avec sa maman.

Il faut espérer que ce jour viendra peut-être sans trop tarder, ce qu'il faudrait. »

 

« Je te dirai que nous nous sommes fait photographier de nouveau. Ceux que nous servons la pièce et aujourd'hui on nous a fait voir les épreuves et nous sommes beaucoup mieux que sur celle que je t'ai envoyé.

Je suis dans deux groupes :

Le premier : les 6 servants et le chef de pièce.

Le deuxième : les 4 maîtres-pointeurs et les quatre sous-officiers et les officiers.

Tu verras là que je suis un peu mieux qu’à la dernière et de suite qu'elles seront prêtes, je te les ferai parvenir.

Je ne suis pas encore fait photographier tout seul. J’attends que ce camarade qui précisément couche à ma place où je couchais avant de faire ma cagna.

Il n'a pas encore reçu son appareil et je lui ai promis que de suite qu’il l’aurait reçu, je me ferai photographier tout seul. Il me dit avec plaisir. »

 

« Sur cette lettre, tu annonces que tu m’envoie le colis par la poste. Ce n'est pas la peine que je te dise de nouveau ce qu'il contenait puisque je l'ai déjà dit. Mais je remercie bien Noémie pour moi de la bonté qu'elle a envers moi de me donner le beurre et surtout qu'il était épatant. Je n’en ai jamais mangé de meilleur.

Quand tu y reviendras, tu l’embrasseras ainsi que la petite Suzette pour moi. »

 

« Aujourd’hui nous avons eu du beau temps. Mais au moment où je te fais la lettre il pleut quelques peu et le temps s'est couvert vers les 4h. Aussi demain matin nous irons à la recherche des escargots et tu sais qu'ils sont gros. Un d’ici vaut au moins 4 plus des plus gros de chez nous. J’en ai une cinquantaine dans une cage et nous les mangerons demain ou après-demain. »

 

« Je ne t'en dis pas plus long pour le moment si tu reviens à Fontvergne, tu donneras également bien le bonjour à la famille Mazars et dont je plains qu'elle a été si éprouvé.

Je termine toujours en bonne santé en souhaitant que vous soyez tous de même. Je vous embrasse tous bien fort et pour petit René de grosses bisottes ainsi que pour petit Roger. »

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Carte postale en Haute-Alsace Soppes-le-Haut - 1 poste de ravitailleurs

Le 4 avril 1915

Bien chère Marcelle.

« J’ai reçu aujourd'hui ta carte du 1er avril. Tu sais que malgré que ce soit le jour de Pâques les Boches ne sont pas resté sans bombarder et ma foi il a fallu leur répondre. Ils ont bombardé quelque peu Tracy mais comme toujours sans grands dégâts.

Aujourd’hui pour un jour de Pâques il n'a pas fait beau. Il a plu presque toute la journée je suis toujours en bonne santé et désire que vous soyez tous de même.

Je vous quitte en vous embrassant de tout cœur de grosses bisottes pour petit René. »

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Lettre du 3 avril 1915

Bien chère Marcelle.

« Ce matin j'ai reçu un colis et ce soir une carte. Je vois que tu as reçu la lettre où je te dis que j'ai fait une petite maison pour moi seul. Je vais te dire pourquoi je l'ai fait à moi seul.

Depuis que nous sommes en batterie, c'est-à-dire où nous sommes et où nous couchons, nous étions très serrés pour dormir. Et dans la journée on y fait la cuisine.

Quand il venait quelqu'un pour se faire raser ou couper les cheveux, je ne pouvais pas, faute de place, à part de le faire dehors. Mais comme on est appelé à tirer à tout moment car quelquefois il arrive un ordre tout d'un coup. Il fallait bien laisser les outils en pagaille.

De ce fait il y avait quelques temps que je ne le faisais plus sauf ceux de ma pièce et nous sommes que 7 alors tu vois que je n'avais pas beaucoup de travail.

Et maintenant que j'ai une cagna à moi, je le fais de nouveau et en cas qu'on nous appelle pour tirer, je peux laisser mes outils sur une planche qui forme étagères que j'ai arrangées exprès et je ferme ma porte.

Et voilà comme cela je ne dérange personne et je n'ai pas peur que les outils s’égarent. Je t’assure que je suis bien. Je peux te dire que je suis le mieux de toute la batterie. Aussi maintenant il y en a beaucoup qui voudrais en avoir une comme la mienne. Tous ceux qui viennent me voir me disent - ‘’ c'est que mon vieux tu es bien là, les officiers ne sont pas mieux ‘‘ -  et tous les soirs jusqu'à 9h il y a deux ou trois camarades qui viennent soit pour jouer aux dames ou aux cartes et même pour écrire. »

 

« Pour le moment il y en a deux avec moi qui écrivent au moins on est tranquille. Je ne suis seul que pour dormir. Je te réponds que maintenant je ne fais qu’un sommeil, il n'y a ni ronfleurs, ni rien qui m'éveille.

On serait été deux car au début, c'est-à-dire vers la fin janvier, on en achevé une qui était commencée à deux. Comme on était en train de la finir, les officiers nous la prirent pour y faire faire la cuisine et ça nous avait découragés. Mais voyant que l'on reste toujours là et qu'on avait du temps de reste, j'ai dit à celui avec qui nous avions fait l'autre s'il voulait qu'on en ferait une autre.

Alors il m'a jeté ça loin et m'a dit ma foi tant pis peut-être nous partirons bientôt ce n'est pas la peine. Alors j'ai dit je vais la faire tout seul.

Et maintenant qu'elle est faite, il n'y en a plus d'un qui me dit c'est dommage qu'elle n'ait pas 50 centimètres de plus que ça ferait pour deux et moi je l'ai fait exprès pour ne pas être embêter pour mon fourbi de coiffeur. »

 

« Avec deux de mes camarades nous avons déjeuné avec un jambon que ta mère a eu l'amabilité de m'envoyer et ce matin avec un peu d'oignon, on s'est régalé. Nous en aurons là pour quelques matins.

Tu remercieras bien tes parents pour moi. Puisque tu me dis que c'est ta mère qui a fait le colis, ce doit être ta mère qui me l'envoie. Le colis était en très bon état et il y avait tout ce que tu m'avais annoncé. »

 

« Aujourd’hui nous avons eu de la pluie. Nous n'avons pas tiré et nous sommes restés tout aujourd'hui dedans. Je vous quitte tout on vous embrasse de tout cœur. »

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Carte postale destinée à la réponse

Le 5 avril 1915

Chère Marcelle.

« Aujourd’hui je n'ai pas eu de tes nouvelles mais ça ne m'empêche pas de t'écrire un mot tout de même.

J’ai eu une carte de Geneviève ce soir. Ils sont tous en bonne santé et elle va aussi de mieux en mieux.

Il y a 2 jours qu’il ne fait que pleuvoir mais une pluie très fine, ce qui occasionne beaucoup de boue. À nous encore ça ne nous fait pas trop bien, mais pour ceux qui sont dans les tranchées ce n'est pas agréable.

Enfin il faut attendre que ça ne dure pas et que le beau temps reviendra nous voir. »

 

« Aujourd’hui on a été bien tranquilles.

Il n'y a que la pièce de garde qui a tiré quelques coups. C’est toujours dans ma petite cagna que maintenant je t'écris et tu sais qu'elle est enviée si jamais je partais, elle ne resterait pas 2 minutes seul.

Enfin vraiment on ne dirait pas qu'on fait la guerre. Ceux qui n'ont pas de famille ne sont pas du tout malheureux. Mais ceux qui ont une petite femme et un bébé, comme moi, trouvent que le temps est long.

Enfin il faut tout de même avoir l'espoir de se revoir sous peu et en bonne santé.

Je ne vois pas d'autre chose à te dire pour le moment qu'à vous embrasser tous de tout cœur et pour petit René des bisous bien mignons. »

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Carte postale environs de Villers-Cotterêts dans l'Aisne Dampleux l'église

Le 8 avril 1915

Bien chère Marcelle.

« Je suis toujours en bonne santé et désire que ma carte vous trouve tout de même.

Aujourd’hui nous avons eu un temps assez beau. Ce soir de 18h à 21h du soir nous avons tiré à peu près 150 coups pour tenir les Boches en respect, car ils menaçaient de sortir de leurs tranchées.

Et tu sais que l'infanterie a été satisfaite de les voir rester à leur place après notre feu de notre 75. »

 

« Je vais vous dire au revoir. Beaucoup de bisottes pour le petit René en attendant toujours de tes nouvelles je t'embrasse mille et mille fois. »

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Lettre le 14 avril 1915

Bien chère Marcelle.

« J’ai aujourd'hui des nouvelles de Gervais. Il fait toujours la cuisine. Il est toujours en bonne santé tu vois.

Tu sais qu’avec Gaubert, (Alfred Pierre) Malirat et moi nous avons passé une bonne après-midi. Nous sommes allés à Ollencourt et nous avons goûté ensemble. Nous avons parlé un peu de nos familles.

La femme de Gaubert est en ce moment prête à être en famille si ce n'est déjà arrivé (**). Noémie doit bien la connaître car son mari m'a dit qu'il se servait comme épicerie à l’épargne.

Alors la prochaine fois que tu iras au Gua, tu pourras avoir l'occasion de faire connaissance. Elle est la fille d'un cousin à mon père. Je te réponds que la soirée n'a pas été longue. »

 

« Je suis toujours en bonne santé et désire toujours que vous soyez de même. En attendant que cette maudite guerre finisse et que l'on puisse se rejoindre en bonne santé bien des baisers à toute la famille. De grosses bisottes pour le petit René. »

 

(*) : Joseph Firmin GAUBERT, 35 ans, est au 2ème régiment du génie militaire. Voir sa fiche.

(**) : Noëlie GAUBERT (née GRÈS) est enceinte.

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Lettre

Tracy-le-Mont le 17 avril 1915

Bien chère Marcelle.

« J’ai reçu aujourd'hui une carte du 14 et une lettre du 15.

Tu me dis sur la carte que petit René se met en colère parce que grand-père et grand-mère ne veulent pas le prendre au jardin.

Tu me dis pas mais je comprends à peu près pourquoi. C’est que peut-être il n'est pas trop sage et qu'il arrache les fleurs. Enfin il faut l'excuser et quand papa reviendra il le prendra au jardin pour aider à semer. »

 

« Tu me dis chère Marcelle qu'il y a des artilleurs de Castres qui sont partis pour les Dardanelles et qu'il y a Justin Laquerbe. Ici on ne l'avait pas su. On savait qu'il y avait un corps expéditionnaire et qu'il y avait quelques régiments d'infanterie mais on n'avait pas su l'artillerie qui était destiné pour y aller.

Au début on avait dit que peut-être ce se serait nous. Mais c'est comme je te l'ai déjà dit ça n'a pas été et ma foi je crois qu'il vaut mieux rester où nous sommes que d'aller voir les Turcs.

Tu me dis aussi qu’on n’a pas eu des nouvelles du plus jeune des Laquerbe (*). Il ne faut pas qu'il s'en fasse trop du mauvais sang pour cela. Car il peut être prisonnier et ne pas pouvoir donner de ses nouvelles comme il veut.

Car c'est comme l'on voit sur les journaux, ils ne sont pas les plus heureux car il paraît qu'il souffre de la faim. Au début il y en avait qui disait qu'il valait mieux être prisonnier et comme cela la guerre serait fini pour eux. Mais maintenant ils ne disent pas pareil.

Comme cela tu sais qu'ils n'ont pas le pain qu'ils veulent comme nous et encore ils ont du pain très noir au lieu que nous nous en avons toujours de reste et du bon pain et comme nourriture aussi nous avons tout ce qu'il nous faut jusqu'au dessert qu'on nous donne et c'est pour cela qu'il ne faut pas tant de colis. Comme tu pourrais le croire et comme tu les envoies c’est assez puisque tu me dis de te le dire. Mes provisions sont encore grandes. »

 

« Comme chaussettes aussi, j'en ai en laine fine et autrement tu n'as pas besoin de m'en envoyer sans que je te le demande. Car tu sais je ne me gênerai pas quand il m'en faudra.

C’est comme pour l'argent aussi, quand j'en aurai besoin d'autres je te le dirai assez tôt. mais encore j'en ai suffisamment pour les bas comme tu me dis que tu me désires pas trop que je porte des bas en coton. Que tu m'enverras des bas en laine fine mais tu n'as pas besoin d'avoir souci de ça.  J’en ai pas encore besoin j'en ai pas encore mis en coton depuis que je suis parti. Et comme j'en ai pas simplement en laine car j'en ai assez grande provision. »

 

« Nous avons toujours beau temps.

Mais pour avoir des pensées il faut que tu me les envois dans les lettres. Quand elle arrive elle sent très bon. je le garde dans mon portefeuille comme souvenir de toi et de petit René.

Je suis toujours en très bonne santé et désire que vous soyez tous de même j'ai oublié de te dire que j'ai eu des nouvelles de Louis du Gua aujourd’hui. Il est toujours en bonne santé.

Et il a réussi à faire rentrer dans sa compagnie, un frère à Noémie. Cela fait qu'il ne s'ennuiera pas autant. je finis ma lettre en vous embrassant de tout cœur avec de grosses bises pour petit René en attendant toujours de bonnes nouvelles je t'envoie un million de baisers. »

 

(*) : 6 soldats de ce nom ont alors été tués dont 5 nés autour de Decazeville, impossible donc de savoir s’il s’agit de l’un d’eux (et lequel).

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Carte postale Rosoy en Brie la rue de Paris

Le 16 avril 1915

Bien chère Marcelle

« C’est toujours en bonne santé que je t'écris.

Depuis la semaine de Pâques nous avons un très beau temps. Je t'envoie cette carte que j'ai depuis longtemps et nous y sommes passés de grosses bises à tous pour petit René et un million de baisers pour toi et toute la famille… »

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Correspondance militaire

Le 18 avril 1915

Chère Marcelle.

« J’ai reçu aujourd'hui la carte du 16. Je ne te t'en dis pas long pour le moment.

Demain je t'écrirai plus long. Je suis toujours en bonne santé. De grosses bises pour René en attendant, reçoit mes meilleures amitiés. »

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Lettre

Le 19 avril 1915

Bien chère Marcelle.

« Hier je ne t'en ai pas dit bien long, mais je vais te dire pourquoi. Pourtant je croyais t'écrire comme d'habitude et j'avais juste reçu une carte du 16 et donc tu me dis qu'on rappelle de nouveau les réformés.

Hier dimanche, nous avons eu une très belle journée et nous avons invité, (Alfred Pierre) Malirat et moi, à dîner monsieur (Joseph Firmin) Gaubert et en effet nous avons passé presque toute la journée ensemble.

Et voilà qu'à 4h30, les Boches attaquent nos tranchées de Saint-Mard et voilà qu'on nous appelle pour tirer. Et tu sais les Boches ne le faisait pas pour rire, ils bombardaient plus que les tranchées. Ils nous envoyaient ces marmites à nous aussi.

Mais heureusement qu’au lieu de tomber sur la batterie, comme il croyait de le faire, ça tombait à côté. Cette fois-ci si je ne peux pas te dire que nous n'ayons pas eu de blessés. Nous en avons eu un qui a été blessé au bras gauche mais très légèrement. (*)

Je ne crois pas qu’il parte même de la batterie. Mais tu sais qu'en revanche nous leur avons passé quelque chose aussi de 4h30 nous sommes restés aux pièces jusqu'à 9h30. Et dans ce temps nous avons tiré, les 4 pièces comprises, 575 coups de canon et tu sais que nous les avons repoussés net et avec beaucoup de pertes.

Nos fantassins ont presque rien car je te dis ça que peut-être tu l'auras vu sur les journaux quand tu recevras la lettre. Et le restant de la nuit on a été assez tranquille. »

 

« C’est justement que j'avais mon petit cousin pour dire de passer la journée qu'il a fallu que ces sales Boches viennent nous troubler notre fin de journée.

Enfin ça s'est bien passé quand même et surtout qu'il y avait plus que notre batterie qui tirait, il y en avait d'autres qui faisaient comme nous. Mais ce qu'il y a aujourd'hui nous avons su qu'ils avaient été bien fauchés. »

 

« Sur ta réponse ne m'en parle pas au moins sur les cartes. Fais-moi réponse pour des affaires comme ça sous enveloppe.

Aujourd’hui nous n'avons pas beaucoup tiré ça a été passablement calme. Nous avons toujours un temps superbe on se dirait maintenant tout à fait en été.

J’ai eu aujourd'hui des nouvelles de Gervais et il est toujours bien portant. Moi aussi je suis toujours en bonne santé et désire que ma lettre vous trouve tout de même.

En attendant que cette terrible guerre finisse, je t'envoie toutes mes caresses et mes meilleures amitiés de grosses bises pour le petit René et tous les petits. Bien des choses à tous nos parents. Bien le bonjour à tous les voisins je t'en termine on t'embrasse en de tout cœur. »

 

(*) : Le JMO signale le 18 avril qu’à la 4ème batterie, le maître-pointeur RAUILHAC a été blessé pendant le bombardement. Il s’agit de Cyprien Jean Joseph RAUILHAC, 30 ans, atteint par un éclat d’obus au bras gauche. Voir sa fiche.

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Lettre au format télégramme

Le 21 avril 1915

Bien chère Marcelle.

« Aujourd’hui je n'ai pas eu de tes nouvelles. Mais j'en ai reçu de Maria. Elle me donne des nouvelles un peu de tout et de tous.

Depuis dimanche les Boches n'ont pas bougé et tout reste à peu près calme. Nous tirons cependant toujours quelques coups pour leur faire voir que nous y sommes toujours. Car où nous sommes je ne crois pas que nous on attaque.

Car nous sommes justes au centre et ce ne serait pas notre plan. Il vaut mieux qu’on les serres aux ailes. Et de ce fait nous risquons bien moins, car il vaut mieux les attendre que d'attaquer.

Nous avons toujours très beau temps et les feuilles commencent à beaucoup poussé nous avons déjà vu les hirondelles.

Je n’ai pas encore reçu le colis mais sans doute qu'il ne tardera pas à arriver. Mais une autre fois tu mettras par bureau central de Paris. Enfin je crois bien qu'il viendra tout de même mais ce n'est pas que ça me presse. Car tu sais nous avons assez de quoi manger.

Je ne vois pas grand-chose à te dire pour le moment. Qu’à embrasser petit René pour moi mille et mille fois bien des baisers pour les parents, Marguerite, petit Roger.

En attendant de se revoir, je termine en t'embrassant bien fort dans Louis qui t'aime pour la vie. »

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Lettre

Tracy-le-Mont le 22 avril 1915

Bien chère Marcelle.

« J’ai reçu aujourd'hui une lettre et une carte du 18 et du 19 et donc je vois que tu as reçu que nous avons passé quelques moments avec (Joseph Firmin) Gaubert.

Aujourd’hui nous n'étions pas de tirer et avec un téléphoniste et le lieutenant nous sommes allés aux tranchées de premières lignes. J’ai demandé un quart d'heure pour aller le voir à son travail. En effet c'était juste son poste et il était même à son chantier.

Ils ont fait un puits de 13 m de profondeur et au fond une galerie d'une quarantaine de mètres de longueur. Ils ont un petit ventilateur à bras et par le tuyau d'aération je l'ai appelé. Il m'a répondu.

Il a été content de me revoir. Je suis allé faire un tour au fond du puits et même au bout de la galerie. Ils sont même en train de faire une petite chambre pour mettre la poudre pour faire sauter les tranchées Boches.

De ce fait aujourd'hui, j'ai fait une jolie balade tout près des Boches. Et encore nous avons vu qu’ils réparaient les tranchées démoli de dimanche dernier par le bombardement de l'artillerie. »

 

« Tu me dis chère Marcelle qu’à Cérons il n'a fait guère beau temps en ce moment c'est bien dommage. Mais je t'assure qu'ici il ne peut pas faire plus beau. Mais c'est plus que toi qui le dis. Il paraît que dans le Midi il a fait un hiver affreux. Ici il fait toujours très beau et je t'assure que nous n’en sommes pas fâchés.

Puisque tu me dis que tu iras au Gua, et si tu n'y es pas encore allée, tu donneras bien le bonjour à Noémie et à la famille de Monsieur (Joseph Firmin) Gaubert, sa femme Noèlie et son beau-père et sa belle-mère que je connais depuis longtemps.

Tu sais que je n'oublie pas petit René et puisqu'il est bien sage. Je lui porterais tout ce que je lui ai promis. Il s'agirait que ça finisse bientôt pour le lui apporter sans tarder.

Je suis toujours en bonne santé et j'espère que vous êtes de même. En attendant toujours de vos nouvelles je termine en vous embrassant tous de tout cœur et pour petit René de grosses poutounes. »

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Lettre format télégramme.

Le 23 avril 1915.

Bien chère Marcelle.

« J’ai reçu aujourd'hui ta lettre du 20 où tu me dis que Noémie est retombée malade. C’est tout de même bien ennuyant. Il faut bien croire qu'elle n'a pas de veine ; enfin il faut espérer que cette grippe ne durera pas longtemps ; et qu'elle pourra reprendre son service.

Tu me dis que petit René tousse beaucoup. Mais il faut espérer que ce ne sera peut-être pas grand-chose puisque il s'amuse comme si de rien n'était. Enfin dans tous les cas il ne faudrait pas car j'aime mieux apprendre qu'il se porte bien que d'apprendre qu'il soit malade. »

 

« Aujourd’hui nous avons tiré quelques coups le matin et comment se préparer à faire un réglage à l'aide d'un avion par la TSF. Le temps s’est un peu couvert. L’avion est bien venu sur nous mais ne pouvait pas voir de loin à cause de quelques nuages qui passaient devant lui, alors il a télégraphié que le réglage est impossible pour aujourd'hui. Malgré ça le temps reste beau quand même. »

 

« Tu me dis sur ta lettre qu'il te semblait que j'avais l'air de m'ennuyer plus que d'habitude. Et bien ma chère Marcelle c’est bien toujours à peu près, je ne m'ennuie pas plus qu'au commencement. Mais enfin malgré ça il nous tarde soit à l'un soit l'autre que ça finisse bientôt. Car il commence à y avoir quelques mois que nous sommes séparés et il me tarde de revoir mon petit chéri et ma petite chérie.

Et il me semble que jamais je n'aurais passé un jour aussi heureux que celui que nous passerons le jour que l'on se reverra. Mais tu n'as pas besoin de te faire du mauvais sang. Pour cela car tu peux croire que je ne m'ennuie pas.

Dans le prochain colis tu m'enverras tu pourras nous mettre un autre vocabulaire de lettres télégrammes car il ne m'en reste que deux. Quand je n'ai pas beaucoup pas dire je les trouve bien commode.

Je suis toujours en bonne santé et désire que vous soyez tous de même en attendant je vous embrasse bien fort mon petit René de grosses bisottes. »

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Lettre le 25 avril 1915

Bien chère Marcelle.

« Comme je te le dis hier sur la carte, je n'ai pas eu des nouvelles. Mais aujourd'hui je me suis rattrapé car j'ai une lettre de toi, une de Georges, une du cousin (Adrien Auguste) Bras et une carte de Geneviève.

Pour le moment sont tous en bonne santé.

Tu me dis que tu es allé faire un tour au Gua et je suis très content que tu aies fait leur connaissance. Car maintenant que je sais que Gaubert n'est pas loin de nous, on peut se voir souvent. Il faut bien croire que monsieur Gaubert a voulu laisser à sa femme un souvenir car voilà le 9e mois qui approche et ce n'est pas encore arrivé.

Tu me dis qu'elle est un peu près comme toi tu étais. Alors c'est sûr qu'elle aura quelque chose à faire. Mais quand même que je trouve son mari, je ne lui dirai pas ce que tu me dis qu'elle est aussi grosse, car il pourrait se faire plus de mauvais sang.

Mais je t'assure que lui, moi, et d'autres, on ne s'en fait pas. Mais ça n’empêche pas que plus tôt ce sera fini mieux ce sera.

Tu me dis que la tante de Combes attend pour le mois d'octobre. Alors c'est bien comme tu me le dis, elle le fait bien savoir assez tôt. Mais d'une manière elle fait bien, car comme cela elle ne surprendra personne.

 

« Aujourd’hui dimanche les boches n'ont pas fait comme dimanche dernier. Ils n'ont pas voulu faire les malins. Avec ça ils ont laissé sur le terrain 200 morts. Et nous c'est insignifiant à peine quelques blessé.

Aussi on a été tranquille. »

 

« Tu m'as fait plaisir en me donnant des nouvelles de Figeac d'Adrien sesagrac et de Cluzel Ernest encore. Jusqu'ici je n’en ai rencontré aucun de tout près de Cérons ou de Cérons.

Tu donneras bien le bonjour à tous ceux qui demandent de mes nouvelles. Bien des baisers pour toute la famille. En attendant toujours de tes bonnes nouvelles. Je t'embrasse mille et mille fois. De grosses bises pour petit René et dont je suis content qu'il ne tousse presque plus.

Vraiment je n'ai pas de la veine pour les colis qui viennent par la gare, car je n'ai pas encore reçu celui que tu m'as expédié. Enfin heureusement que ce n'est rien qui presse sans cela il y aurait attendre encore. »

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Tracy-le-Mont le 27 avril 1915

Bien chère Marcelle

« Aujourd’hui j'ai reçu une carte et une lettre du 23 et 24.

Tu me demandes sur si je connais rien pour empêcher et se préserver des épidémies. Ma foi je ne m'en suis pas occupé. Mais pour nous tu sais qu'il n'y a pas grand-chose à craindre du moment que nous sommes encore assez loin des tranchées.

Ce serait en cas qu’il faudrait avancer alors on pourrait devenir critique. Enfin il faut espérer que l'on aurait besoin de rien de tout cela. Enfin si tu veux, tu pourras bien me mettre une petite boîte de camphre et dans tous les cas, je m'en servirai. »

 

« Tu m'as appris la mort de Léon Besse (*). C’est tout de même bien triste. Il était une classe avant moi.

Et le fils de la CALMETTES, il y en a un jeune qui était encore au service et un qui est aussi de ma classe, mais tu ne me dis pas lequel. Tu voudras bien me le dire la prochaine fois que tu m'écriras »

 

« Tu me dis que Georges nous a dit que j'aurais bien pu lui écrire plus tôt. Pour ça je sais que j'ai un peu tardé. C’est un peu de négligence. Mais j'espère bien qu'il n'est pas fâché pour cela. Il ne faut pas qu'ils disent que je préfère plutôt écrire à Augusta car je ne lui ai encore jamais écrit.

J’ai écrit à ses parents et de me faire réponse à elle, car c'est elle seule qui m'avait t'écris et j'ai tant attendu à lui écrire.

C’est que je savais qu'il avait des nouvelles de moi, puisque il venait à la maison assez souvent et que moi j'en avais de même de lui. »

 

« Je ne t'ai pas écrit hier. Je vais te dire pourquoi.

Le vaguemestre avait demandé un jour de permission et il a fait et de ce fait il a passé 1 jour sans venir chercher les lettres et du moment qu'on a su qu'il ne venait pas, on n'a pas écrit.

Mais comme j'ai l'habitude d'écrire chaque soir, hier ça me semblait drôle et surtout que je n'ai pas eu des nouvelles de toi non plus maintenant.

J’attends la photo de petit René. J’ai bien toujours la dernière que tu m'as envoyée, mais il me semble qu'il aura beaucoup changé. Tu me dis qu'il est content que je le prendrai au jardin, mais il faut qu'il écoute toujours maman »

 

« Nous avons toujours un très beau temps aussi les arbres … les feuilles.

C’est que nous que ça ne va pas vite. Enfin il faut espérer que ce temps continue. Ça ne restera pas là.

Enfin en attendant il faut toujours se confier nos caresses sur ce fameux papier. Mais nous avons tout de même l'espoir que ça viendra. Puisque nous sommes toujours en bonne santé.

En attendant toujours de tes bonnes nouvelles, je t'envoie mes meilleurs baisers et pour petit René les plus mignonne des épisodes.

Bien des choses à tous nos parents, frère, et sœur.

Dans le prochain colis, tu pourras me mettre, si tu en trouves, un quart de livre de poudre de savon. Car maintenant ici, ce n'est pas commode pour en trouver et si tu en trouves pour moi, tu m'enverras deux petites boîtes.

 

(*) : Les recherches de Philippe nous disent :

Léon Alfred BESSE a été déclaré « tué à l’ennemi » le 1er janvier 1915 en Belgique, sans que la date précise soit connue.

Sa fiche matriculaire (FM) indique donc qu’il est le fils de Jean Antoine BESSE et de Marie CALMETTES, mais son acte de naissance (seul enfant Besse né à Aubin en 1886, de plus le même jour) indique qu’il est le fils d’Augustin BESSE et de Marie Mélanie CARLES (Voir l’acte) …. Curieux La FM et l’acte ne correspondent pas !

De plus, l’arbre généalogique sur Généanet de Marie Carles (établi par Mme Michèle GRÈS) n’indique qu’un seul enfant : Émile Jules Besse né en 1895 (et qui se mariera en 1919 avec la sœur de Louis GRES !)

J’ai bien retrouvé la naissance à Aubin de deux Marie CALMETTES, en 1870 et 1871, mais n’ayant que 15 ans ou 16 ans à la naissance de Léon, il est très peu probable qu’il s’agisse de l’une d’elles.

De même, le seul Jean Antoine BESSE que j’ai retrouvé dans les naissances ou mariages (sur Firmy, Decazeville, Aubin, Cransac….) s’est marié à Firmy (maintenant Firmi) en 1857 et est né en 1924 à Flanhac (maintenant Flagnac), donc également très très peu probable.

Par ailleurs, sa fiche matriculaire mentionne que lui et sa famille habitaient Firmy. Or ils n’apparaissent ni dans les recensements de Firmy en 1901 et 1906 (proche de la date de la FM) ni dans celui d’Aubin de 1906 !  De plus en plus mystérieux … C’est à se demander s’il n’a pas fourni de fausses informations lors de sa conscription.

 

Concernant Léon Besse, j’ai retrouvé dans le recensement d’Aubin en 1891 (à Cérons page 66/154) que Léon Besse était bien déclarée le fils de Marie Carles et Augustin Besse. Et encore en 1906 (page 119/169) (son père Augustin étant alors décédé).

Et selon moi, Léon Besse a volontairement donné une fausse ascendance lors de sa conscription (pour échapper au Service National ?). D’ailleurs, il avait été déclaré insoumis, ne s’étant pas présenté à son appel en 1908… mais s’est ensuite volontairement déclaré en septembre 1914 au Canada pour revenir combattre…

D’autant plus que la seule « Calmettes » trouvée à Firmy (lieu-dit Fualdès) dans le recensement de 1911, Marie Rosalie Calmettes, mariée à François Antoine Labro, avait 2 fils Jules (18/8/1884) et Joseph (2/10/86). (années erronées dans le recensement mais actes de naissance vérifiés.)

On remarque que le prénom du père et les prénom et nom de la mère sont ceux que Louis GrÈs avait déclaré dans sa FM. Pour moi, il n’a eu qu’à changer le nom de famille du père par le sien pour s’inventer une fausse ascendance et adresse (Firmy au lieu d’Aubin).

Qu’en pensent les internautes qui liront cette recherche ? Suggérer une explication.

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Lettre Tracy-le-Mont le 27 avril le 29 avril

Bien chère Marcelle

« Il y a 2 minutes je viens de recevoir ta lettre du 28 et la carte du 26 et c'est il n'y a pas comme un quart d'heure que nous causions de toi et c'est-à-dire du pays avec monsieur Gaubert et (Alfred Pierre) Malirat.

Nous avons passé l'après-midi ensemble et nous avons goûté sur l'herbe à l'ombre d'un arbre car tu sais qu'ici il fait un temps splendide. Nous disons plus d'une fois que c'est bien dommage de passer ce beau temps à la guerre.

Enfin il vaut bien mieux tout de même qu'il fasse beau temps.

 

Monsieur Gaubert m'a dit qu'il était père d'une petite fille bien gentille à ce qu'il paraît. Elle s'appelle comme toi. Alors je n'oublierai pas son nom. Quand tu reviendras, tu ne manqueras pas d'aller les voir et tu leur donneras un gracieux bonjour de ma part.

 

Hier après-midi, on est allé à Offémont pour prendre une douche. On a monté demander une douche pour tous les militaires et ceux qui veulent-il aller. Comme on n’était pas débarbouiller partout depuis bientôt 9 mois, je n'ai pas hésité d'y aller et une fois en passant, ça se fait pas de mal.

 

J’ai trouvé Monsieur Domergue, il m'a dit de te donner bien le bonjour.

En même temps j'ai descendu un colis que j'ai fait pour le faire partir pour la gare. J’ai un camarade qui va souvent à Compiègne, Vincent, et qui se charge de me l'expédier

J’ai 3 paires de caleçon une chemise, 2 paires de chaussettes et il y a trois fléchettes que laissent tomber les aviateurs sur l'ennemi, des fusées d'obus de 150 mm, et un peu de tabac que j'ai sorti pour ton père.

Quand l'envie lui prendra d'en faire une cigarette, il sera commode.

 

Je n'ai pas encore reçu celui que tu m'as envoyé par la gare, mais ne t'en fais pas pour cela, car j'ai tout ce qu'il me faut, et ça ne nous a pas empêché de bien goûter quand même. J’ai toujours ma réserve et il faut bien que ça se change.

Tu me dis que petit René va prendre l'apéritif avec tonton Pau. Je suis bien content qu'il commence à faire un homme. Mais c'est bien comme tu me le dis, je serai encore plus content si je pouvais y être et l'amener avec moi.

Surtout qu'il doit être bien intéressant. Mais comment faire, il faut espérer que ce jour viendra peut-être plus tôt que si l'on croit, mais ce ne sera jamais trop tôt.

Enfin qu'il s'amuse bien avec ses dominos et qu'ils apprennent à faire des maisons et quand je reviendrai comme cela nous ne serons pas embarrassé pour nous loger.

Enfin on en rigole mais tu sais qu'ici il y en a beaucoup de démolies et quand les propriétaires reviendront ils trouveront drôle, il y a des maisons qu'il n'y a pas une seule tuile dessus.

 

Enfin ma chère Marcelle, il faut prendre patience tant que nous sommes en bonne santé, on a toujours l'espoir de se revoir. Il ne faut jamais se décourager.

En attendant toujours de tes bonnes nouvelles, je t'embrasse mille et mille fois et de grosses poutres tu n'as petit René bien des choses aux parents. »

 

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Carte postale environs de La Ferté-Milon, le 30 avril 1915

 

Chère Marcelle

« C’est toujours du même endroit que je t'écris. Toujours en bonne santé.

J’ai su par Vinnac de Rulhe (*), qui est à notre batterie, et qui fait le ravitaillement de vieux moulin d’Offémont qui se voyait souvent avec Monsieur Marty, le voiturier, qui reste en face de la statue cayrade et je n'ai pas pu le voir.

Mais je lui ai fait donner le bonjour.

Il fait comme Teissèdre, il répare les routes, pour cela il doit avoir une bonne place.

Nous avons toujours du beau temps.

Mille baisers de celui qui t'aime. Je joins une petite carte pour René. »

 

(*) : Rulhe à 7km au sud d’Aubin, à mi-chemin de Bournazel dont sont issus les 2 soldats tués portant le nom de Vinnac.

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mai 1915

Lettre Tracy-le-Mont le 1er mai 1915

« Hier, ni aujourd'hui, je n'ai pas eu de tes nouvelles. Ce que j'ai trouvé étonnant.

Car ce matin, j'ai reçu le petit colis que tu m'as expédié par la poste. Mais je n'ai pas encore reçu celui que tu m'as envoyé par la gare. Peut-être qu'il viendra, mais il faut avoir de la patience.

J’ai trouvé dans ce colis, qui était en très bon état, une tablette de beurre que j'ai goûté à midi, du fromage qu’on mange chaque jour car on peut se faire apporter soit du camembert ou du roquefort.

Mais je trouve ce beurre bien bon. Après ça de la saucisse, un bout de saucisson, deux barres de chocolat et un quartier que j'ai condamné pour demain matin au déjeuner.

Dans le colis que je t'ai envoyé, j'avais oublié de te dire qu'il y avait une paire de gants en velours que tu pourras en faire des sandales pour petit René. Puisque tu lui en as déjà fait. On nous avait donné ça, quand il commençait à faire froid et je ne m'en suis jamais servi.

J’ai pourtant mis quelquefois ce que tu m'as envoyé. Je crois de les avoir mis deux ou trois fois.

 

Ici nous n’avons pas eu à nous plaindre de l'hiver et il a fait très doux.

Aujourd’hui nous avons travaillé à faire un emplacement pour mettre deux pièces pour tirer sur les avions et nous avons toujours du beau temps.

Aussi tu sais que le pays a changé, il y a 5 ou 6 jours maintenant les arbres sont tous verts. Tu sais que je préférerais les voir là-bas qu'ici car sûrement que je ne croyais pas les revoir pousser à la guerre.

Enfin, il vaut mieux tout de même les revoir n'importe où que ce soit que de ne pas les voir du tout et surtout qu'il en manque pas de ce là.

Enfin on peut dire que c'est la guerre. Le bois où nous sommes est tout plein de fraisiers, aussi pour le moment, c'est tout blanc de fleurs. Dans 15 jours, nous pouvons manger des fraises.

 

Ça finira bien un jour, mais en attendant c'est bien long. Voilà le dixième mois demain. Je suis toujours en bonne santé et ce que je désire que vous soyez tous de même, et maintenant j'attends la photo de petit René qui doit être toujours bien mignon.

Bien des baisers à toute la famille. De grosses bises pour le petit René. En attendant toujours de tes bonnes nouvelles, reçois ma chérie mais plus tendre amitié. »

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Carte lettre correspondance militaire, le 2 mai 1919

Cher Louis

« Je ne t'ai pas écrit hier car je fais du nettoyage et hier soir je voulais t'écrire avant de me coucher.

Mais tu sais comment est ma mère, elle voulait que nous allions tous au lit. Alors j'ai remis ma lettre à aujourd'hui pour ne pas la faire inquiéter.

Nous sommes prêts à partir au Gua avec petit René et tu sais qu'il est content. Parce que je lui ai mis son costume. Je lui ai mis son costume bleu tout neuf.

Lorsqu’il l'a vu, il m'a dit mais je suis « bien trop beau maman ». Je t'assure il est bien mignon.

 

Demain je t'écrirai une longue bien longue lettre pour te raconter notre voyage. Nous allons voir les cousins et je dirais s'il y a du nouveau chez Madame Gobert.

 

Hier, je n'ai pas eu de tes nouvelles. Ce sera peut-être pour aujourd'hui. Le facteur n'est pas encore passé. Je ne sais si je t'ai dit que Rachel (*) fera sa première communion le 13 mai avec Raymond.

C’est qu'elles sont contentes et elles veulent prendre petit René avec je t'en dirai plus long demain mon Louis chéri.

Mais voilà le 10ème mois qui commence demain. S’il pouvait être le dernier que je serais heureux.

Encore une fois mon chéri, à demain. »

 

(*) : Il doit s’agir de Rachel Émilie Maria GRÈS née en 1905 (10 ans)

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Lettre Tracy-le-Mont le 5 mai 1915

Bien chère Marcelle

« Aujourd’hui j'ai reçu ta carte du 2. Tu me dis que tu es prête avec petit René pour aller au Gua et qu'il est content d'avoir mis le costume bleu. Tu me dis également que tu iras voir mes cousins. Tu ne dois pas avoir reçu la lettre que je t'ai envoyé et donc je t'ai dit que ma cousine Noélie avais une petite fille et qu'on lui avait donné le prénom de Marcelle et comme je te l'ai déjà dit, je ne pourrai pas l'oublier du moment que j'ai à chaque moment le nom dans ma pensée. »

 

« Ces jours-ci nous ne tirons pas beaucoup. S’il y a quelque coup à tirer c'est la pièce de garde qui les tire et nous on se balade par-ci par-là à la recherche des escargots et des champignons qu'on appelle morilles.

Il paraît que c'est si bon mais je n'en ai pas encore mangé. Aujourd’hui nous avons mangé des escargots et tu sais qu'ils sont très bons. Mais il en faut pas autant pour en faire un repas comme ceux de chez nous, avec 10 tu en as assez pour une personne. On les appelle les escargots de Bourgogne. Nous les avons farcies avec du pâté de foie gras de dedans de boîte de conserve et tu sais ils étaient épatants. Nous en avons encore pour en faire deux ou trois repas. Enfin malgré tout ça, j'aimerais bien mieux venir manger de ces petits que nous avons chez nous que de manger les gros et d'être ici.

Enfin comme nous disons toujours il faut prendre patience, puisque cette paix tant désirée viendra et pourtant encore on n’entend pas parler de ce sujet. Il s'agit d'être toujours en bonne santé tant pis pour un mois ou deux de plus maintenant qu’on y est vaut mieux en finir que d'y revenir de nouveau dans quelques années.

Quand tu recevras cette lettre tu auras probablement reçu le colis que je t'ai envoyé par la gare. Car celui qui me devait le faire partir, nous a dit qu'il était parti car il y avait un camarade à moi qui en a fait partir un autre pareil malgré que je t'ai envoyé les caleçons que tu m'avais déjà envoyé. Je ne suis pas resté sans caleçon encore trois paires tout neuf ainsi que trois chemises et trois flanelle. Tu vois que je ne suis pas sans linge.

Je suis toujours en bonne santé et ce que je souhaite que ma lettre vous trouve tout de même.

Toujours de grosses bises pour petit René en attendant que je puisse lui apporter la machine et les dominos et le canon, bien des baisers pour toute la famille en attendant toujours de tes nouvelles.

Je termine en t’envoyant toutes mes caresses. »

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Lettre Tracy-le-Mont le 8 mai 1915

Bien chère Marcelle

« J’ai reçu aujourd'hui la carte du 5 et je vois que tu as reçu la lettre où je te disais que j'étais descendu à Offémont. Mais comme je te l'ai dit sur une autre lettre je vais me faire photographier tout seul sans bien tarder. J’attends que un de mes camarades ait reçu un appareil photographique qu'il a commandé.

Mais un de ces jours, je vais t'envoyer une autre photo où nous sommes bien mieux qu'à la première au moins tu pourras me reconnaître mais encore je n'ai pas tombé la barbe et maintenant sur la photo que je serai seul, je serai comme avant, puisque je l'ai tombé il y a quelques jours.

 

Il m'a fallu interrompre ma lettre cinq minutes car il y a le camarade qui doit recevoir l'appareil photo qui a reçu un colis de 5 kg par la gare qui est parti de Perpignan le 26 avril. Tu vois qu'il ne mets pas tant de temps que le mien pour arriver. Il y a trouvé une bouteille de bière et des oranges et m'a invité à en boire une goutte. Nous avons choqué et voilà il est en ce moment déjà 8h10 et demi du soir et je vais me coucher en attendant toujours ce jour heureux.

Je termine par mes meilleurs baisers et mes plus douces caresses. »

 

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Lettre Tracy le 10 mai 1915

Bien cher Marcelle

« Aujourd’hui nous avons eu un temps splendide et cet après-midi nous avons eu la visite de monsieur Gaubert et nous avons passé l'après-midi tous les trois ensemble moi Gaubert et (Alfred Pierre) Malirat. Et comme toujours, nous nous sommes entretenu de nos famille et ensuite c'est un passé de la guerre.

J’ai reçu des nouvelles de mon cousin (Adrien Auguste) Bras (*) qui est maintenant sur le front. Il me dit qu'il t’écrit à toi souvent aussi, alors je ne trouve pas de ses nouvelles.

Ici pour le moment tout est calme. On tire de temps en temps quelques coups de canon mais ça n'avance pas vite probablement qu'il il doit y avoir des endroits où ce ne doit pas être comme où je suis, sans cela ça durera 10 ans.

Mais c'est probable qu'ils vont prendre quelques décisions car vraiment ce n'est pas une vie et encore nous on n’a pas à se plaindre à côté de ceux qui sont dans les tranchées.

Nous par moment on se croirait au quartier comme on était du temps de l'active mais c'est les pensées qui ne sont plus les mêmes.

Je suis toujours en très bonne santé et je désire que ma lettre vous trouve tout de même.

En attendant de vos nouvelles, je termine en vous envoyant tous mes meilleurs baisers et pour petit René mais plus douces caresses et des bisous bien mignons.

Tu donneras bien le bonjour à ceux qui demandent souvent de mes nouvelles.

Encore mille baisers de celui qui vous aime. »

 

(*) : Louis ne le sait pas encore, mais son cousin vient d’être blessé à la cuisse gauche le 9 mai 1915.

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Lettre Tracy-le-Mont le 11 mai 1915

Bien cher Marcelle

« J’ai reçu aujourd'hui ta lettre du 8 et une lettre de Geneviève et qui sont tous en bonne santé.

Tu me dis sur cette lettre que tu me fais tout plein préparatifs de petit flacon pour me préserver des épidémies qu'il y en ait tout ça c'est bien bon d'être prévenant et de se soigner avant d'être atteint. Car quand on commence à être malade, ce n'est guère le moment.

Pour la propreté, dont tu me parles, nous ne pouvons pas être plus propres que si nous le sommes. car ce n'est pas le temps qui nous manque et nous avons un puit à 200 mètres de nos cagna et on serait rudement fainéants si on ne pouvait pas se laver.

Il y en a pourtant qui ne se lave pas chaque jour.

Je suis bien content d'être seul dans ma cagna. Je dis seul non dans la journée mais je veux dire pour coucher et j'ai toujours mon lit bien propre. Nous changeons souvent la paille. Où nous sommes, on est en pleine campagne, nous avons l'air pur et ce n'est plus comme dans les tranchées qui ont toujours quelques mauvais goût devant eux surtout maintenant avec les chaleurs, et tu sais qu'il n'y a pas à dire mais nous avons un temps superbe.

Aussi nous avons des avions qui nous survolent presque tous les jours et nous faisons même les réglages de tir au moyen des aéroplanes par la TSF.

Tu me dis que tu m'envoies un autre colis par la gare mais tu fais bien de me l'adresser au bureau central de Paris car je croyais bien que tu l'aurais fait la première fois. Enfin maintenant je n'y compte guère plus.

Tu me dis que Gervais vous a écrit de nouveau et qui compte avoir une permission quand il sera guéri. Pour moi je lui souhaite qu'il ait une longue permission au moins vous l'aurez pour vous consoler un peu.

Mais ce sera embêtant quand il faudra repartir. Ce sera comme le pire qu'avant. Enfin il s'agit que sa blessure ne soit pas trop grave. Au moins il ne faudrait pas revenir estropier ce que l'on n'a toujours peur. Je comprends qu'il sera content de venir passer quelques jours auprès de sa famille et de son petit Roger.

Tu me dis que petit René m'envoies de grosses bises à tous. Je sais qu'il est bien mignon en attendant que je les apporte le canon, la machine et les dominos je lui envoie des bisous tu es bien mignonne ainsi que pour sa maman qui est mignonne aussi bien des choses à tes parents Marguerite petit Roger et à toute la famille.

Encore mille baisers de ton Louis qui ne cesse de penser à vous tous. »

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Lettre Cérons le 12 mai 1915

Cher Louis.

« Hier l'après-midi je suis allé à Decazeville avec René le faire photographier. Il a été bien sage et je crois que nous n'aurons pas besoin de le faire poser de nouveau.

Mais pendant que nous étions chez le photographe, il s'est mis à tonner et si j'ai voulu être rentré avant la pluie, j'ai dû prendre René sur mon bras et monter la côte aussi vite que j'ai pu. Ma mère était venue justement pour se promener et tu sais qu'elle n'a pas bien rencontré. Elle avait de la fièvre de la peine à me tenir pied et nous sommes rentrés juste comme il commençait à pleuvoir.

Lorsque la plus grosse pluie a été passée, je suis parti pour Aubin expédié ton colis et j'ai demandé des renseignements sur l'autre. On m'a répondu que peut-être bien qu'il était encore au dépôt, mais que s'il y avait un mois, ce n'était pas bien sûr qu'il te parvienne. Tu pourrais donc cher Louis te renseigner, si tu peux, si par hasard il était à Rethondes, comme celui de l'imperméable.

ou écrire au chef de dépôt de Castres pour qu'il le te le fasse parvenir ou qu'il le retourne à moi. »

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Lettre le 12 mai 1915

Bien chère Marcelle

« J’ai reçu aujourd'hui ta lettre du 10 mai. Je n'ai pas reçu la carte que tu me dis que tu m'as envoyé du 9. Enfin je n'ai que la lettre et j'aurais probablement ta carte demain.

Tu me dis sur ta lettre que tu es allé à Decazeville pour faire couper un peu les cheveux à René. Pour cela si j'étais à vos côtés on n’aurait pas besoin de cela car tu sais bien que je le fais un peu. Je pense que quand je reviendrai notre petit René bien mignon n’aura pas besoin d'aller chez le coiffeur de Decazeville qui peut-être ne s'y entend pas plus que moi. Enfin il faut passer par là.

Je vois que tu m'apprends des nouvelles où me fait plaisir mais vaudrait mieux que quelques-unes ne soit pas vrai, car ceux qui sont tués c'est bien malheureux et ceux qui sont prisonniers aussi.

À ce qu'il paraît tu me dis que Georges est quelque peu malade. Il faut espérer que ce ne sera pas grand-chose et que ce sera qu'un peu de grippe. Il m'a écrit il y a pas longtemps et encore il ne l'était pas encore il est jeune et c'est vite malade mais aussi vite guéri si ce n'est pas grave.

 

Pour le moment ne sachant pas trop quoi faire dans la journée, je m'amuse à faire des bagues en aluminium et j'en fais des petites pour petit René, Rachel et Alice que je t'enverrai dans un colis. je n'ai pas reçu encore le colis de 3 kg alors je crois comme tu me le dis que tu seras obligé de revenir au magasin pour m'acheter un autre deux flanelle ce qui est bien embêtant. Mais comment faire ?

Vaut mieux que j'en ai deux de reste quand même que je les reçoivent que non que je ne jetterai pas mais comme je l'ai déjà dit s'il avait dû arriver il serait déjà venu.

Tu me dis que les frères Espinasse sont venus prendre des nouvelles de Gervais et qu'il m'envoie bien le bonjour. Quand ils reviendront tu leur en fera autant de ma part.

Tu me remercie beaucoup du muguet que je t'ai envoyé. Pour cela je sais que ça te fait plaisir de voir arriver quelque chose de ma main mais ce serait encore plus beau si cela finissait et que l'on puisse se réunir à nouveau sous le même toit avec notre cher petit René.

Enfin il faut espérer que ça viendra un jour mais il n'arrive pas vite.

Je crois que demain j'aurai les autres photos et j'en ferai parvenir une à Marguerite et à mes parents.

Encore mille baisers de toi de ton Louis qui t'aime pour la vie. »

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Lettre Tracy-le-Mont le 13 mai

Bien chère Marcelle

« J’ai reçu aujourd'hui ta carte du 9. Comme je te le disais déjà hier qu'elle était un peu en retard par rapport à la lettre.

Aujourd’hui nous avons trouvé du muguet et nous avons fait chacun un beau bouquet ; aussi je vais t'en mettre quelques autres petites branches dans la lettre.

J’ai trouvé tous mes anciens camarades et que nous allions manger chez le berger à Javage. Ils m'ont payé un bon coup à boire.

Il y a Monsieur Domergue qui m'a dit de te donner bien le bonjour.

 

Tu donneras une petite fleur au petit René puisqu'il est bien sage. Mais quand ça arrive, ça ne doit pas valoir grand-chose. mais quand ça arrive ça fait toujours plaisir.

Je suis toujours en bonne santé et je pense que ma chérie et notre petit chéri, vous en est de même, ainsi que toute la famille.

Aujourd’hui nous avons eu un beau temps et vers les 6h, il s'est mis à pleuvoir, mais ce n'est pas une pluie bien forte.

Je ne vois guère autre chose à te dire pour le moment.

En attendant de vos nouvelles je termine en vous embrasse tous de tout cœur. »

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Lettre Cérons le 15 mai 1915

Cher Louis

«Ce n'est que très tard hier soir que j'aurais pu t'écrire et comme après 5h, je ne trouve personne pour me prendre les lettres, elle n'aurait pas été plus avancée que celle-ci.

Alors j'ai attendu ce matin. Combien j'ai été heureuse de te revoir en photographie où on puisse te distinguer. Tu ne peux pas te l'imaginer.

Au moins là tes parents et les miens t’ont reconnu bien vite, mais sur les autres il avait besoin de lunettes pour te distinguer et on ne te voyait pas bien.

Assurément la barbe te change un peu. Mais tu es bien toujours à peu près, comme à ton départ.

Ta figure paraît un peu plus maigri, mais c'est la barbe que je crois nous fait un peu cet effet. Je reconnais bien mon Louis tel qu'il était quand il m'a quitté.

Combien je donnerai pour qu'il me revienne de suite et pourtant je suis obligé d'attendre que les événements amènent la paix.

Pour cela, cher Louis, tu me dis que tu feras d'autres photos, tu m'en enverras alors une autre que j'enverrai à ton oncle Alfred. Cela lui fera peut-être plaisir. Je n'ai pas eu de ses nouvelles depuis le 1er de l'an. Je lui ai pourtant écrit deux fois, mais je crois que toutes les correspondances n'arrivent pas à destination en ce moment. Aussi de temps en temps, je lui écrirai tout de même. »

 

« Rachel est un peu fatigué des préparatifs de la première communion. Aussi elle ne va pas en classe. Elle joue avec René et elle vient de me dire qu'elle te trouve plus joli avec la barbe qu’autrement et petit René t’a reconnu. Et lui aussi il a d'abord hésité un peu et quand je lui ai montré son papa, il a dit qu'il reconnaissait bien son papa et que tous les autres c'était des messieurs.

Je suis obligé de cacher la photo sans cela il pleure qu'il l'a veux. Hier j'ai eu en même temps que ta lettre celle de Louis du Gua. Avec René nous étions allés voir Suzette et il dit qu'il serait heureux lui aussi de le voir maintenant qu'elle marche et se fait intéressante. »

 

« Tu ne me dis pas, mon Louis, si tu as encore de l'argent. Tu as bien dû en dépenser pour des photos.

Aussi, je te le répète, dis-moi si tu veux que je t'en envoie un peu. La semaine prochaine, j'irai peut-être à Viviez, mais je n'irai que vers la fin car je crois qu'au commencement on payera les allocations. »

 

«Le beau temps est revenu ces jours-ci et il est vrai que c'est bien la saison. Le beau temps, pouvez-vous aider à sortir ces maudits Salma, et que vous puissiez revenir avant les grandes chaleurs ce serait encore heureux.

Je n'ai pas eu des nouvelles de Geneviève. Il y a quelques jours si elle ne tarde guère plus je vais lui écrire de nouveau.

Mes parents et les tiens se joignent à moi pour t'embrasser bien fort, petit René aussi se joint à sa maman et tous deux nous t'envoyons mille et mille baisers. »

Marcelle

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Lettre Cérons 16 mai 1915

Cher Louis

« C’est en revenant de porter le souper à mon père que je t'écris. Nous y sommes allés avec René et tu sais qu'il ne voulait pas repartir. Mais comme il a trop tardé, nous avons été obligés de repartir tout de même.

Aujourd’hui la matinée a été assez belle et à midi la pluie a commencé à tomber et tout l'après-midi il a continué à pleuvoir.

Mais aussi nous devions aller avec René et grand-mère chercher des fleurs d'aubépine, mais ce mauvais temps nous a obligés à rester dedans.

Aujourd’hui Marguerite et Roger sont allés à Saint-Julien (*) où elle avait fait vœu pour Roger. Elle est arrivée juste comme la pluie commence est j'ai reçu ta lettre du 11 en même temps.

Mon cher Louis, le cousin brasse, il me dit qu'il t'a écrit en même temps que moi et qui s'y est attelé et que fort probablement, il aura l'occasion de nous voir de nouveau après sa guérison, lorsqu'il sera rendu au dépôt. »

 

« Je croyais être obligé d'aller à Aubin demain mais ce matin mon père est allé à Aubin et on lui a dit qu'on ne payerais que mardi l'après-midi. C’est demain matin que nous devons aller voir si la photographie de René va bien. Aussitôt qu'elles seront prêtes, je t'en enverrai.

Mais à cause des premières communions, il est si occupé que je crois qu'il nous faudra attendre quelques jours. »

 

« Georges est maintenant tout à fait guéri. Aujourd’hui il est venu et Berthe m'a dit qu'il était venu pour demander à ton père s'il était content qu'il aille chez Cussac. Alors probablement qu'il ira parce que ton père lui a répondu de faire comme il voulait.

Ne lui en parle pas, car je l'ai vu et il ne m'en a rien dit alors probablement qu'il te l'écrira bien.

Nous sommes toujours en bonne santé. La tante semble se trouver mieux quoi qu'elle ne soit pas restée, il lui faut toujours sa canne mais elle semble ne pas s'ennuyer autant.

Petit René commence à descendre l'escalier tout seul. Il y a bien longtemps qu'il le montait mais il ne pouvait arriver à descendre. Aussi tu sais que si je ne le gronde pas il serait toujours en bas.

Tu vois que lorsque tu reviendras mon cher Louis, tu auras un petit homme pour te suivre partout où tu voudras bien le prendre.

Roger marche de mieux en mieux dans quelques jours il sera tout à fait solide.

Je ne vois plus à te dire mon cher Louis puis ma feuille s'achève, aussi à demain.

En attendant reçois mille et mille baisers de nous tous. »

 

(*) : St Julien est le nom de l’église de Cransac à ~ 5km de Cérons : il doit s’agir d’elle (les 19 autres de l’Aveyron sont très loin).

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Carte postale pour la correspondance des armées de la République

18 17 mai 1915

« Aujourd’hui j'ai des nouvelles de Noémie par sa mère qui en revient. Elle n’a pas eu le beau temps et est arrivée mouiller complètement. Noémie va un peu mieux mais encore ça ne va pas comme ça.

Nous, nous sommes toujours en très bonne santé et nous pensons qu’avec la fin de la semaine nous aurons la visite de Gervais. Je t'écrirai plus longuement demain et en attendant nous t'embrassons tous bien fort. »

Marcelle.

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Le 17 mai 1915

Bien chère Marcelle

« J’ai reçu aujourd'hui ta carte du 16. Tu me dis que tu as eu les visites que tu attendais. Je comprends comme cela tu ne dois pas trouver le temps s'il en est. Petit René doit être content d'aller se balader avec grand-père et Tonton Paul. Il faut lui aussi un petit homme mais c'est Madame capette, elle est à plaindre car on doit l'avoir bien vu changé et surtout de la manière qu'elle se faisait du mauvais sang avant.

Il ne faut pas tout de même que ça la rende malade car ça n'avance guère. »

 

« Tu me dis que vous avez reçu des nouvelles de Gervais et qu'il croit de venir dans une quinzaine de jours.

Là, je vois que ce ne doit pas être trop grave mais il vaut bien mieux et au moins vous avez le bonheur de vous voir et lui aussi il aura le plaisir de voir sa famille.

Ce ne sera que quand il faudra repartir que ce ne sera dur. Mais ce sera du temps de passer en attendant que quelque chose se déclenche et maintenant on voit que ça ne va pas trop mal de notre côté et surtout que l'Italie va nous aider d'un jour à l'autre et ce ne sera pas trop tôt qu'on en finisse au plus vite. »

 

« Alors comme celle Rachel a fait sa première communion, je pense bien que maintenant elle sera sage et petit René été content de la voir tout en blanc. Ils ont eu assez de veine il a fait beau temps car avec ses habits on n’a pas besoin de pluie aujourd'hui. Ici nous en avons eu aussi de la pluie. »

 

« Je ne vois pas autre chose à te dire pour le moment. Je suis toujours en parfaite santé tout ce que je tout ce que je désire que vous soyez de même. Je t'envoie une autre lettre où il y a deux ou trois mots et deux petites bagues pour Alice et René. Plus tard j'en ferai une pour Rachel, un peu plus grande.

Quand tu les auras reçus, si elles arrivent, tu me diras si elles vont bien là. Tu iras où nous passons le temps de temps en temps. C’est toujours sur du papier qu'il faut se dire.

Au revoir et vérifier toutes nos adresses mais il ne faut pas se décourager tout de même, j'ai toujours l'espoir que ça finisse bientôt. Je termine en vous envoyant tous mes plus doux baisers et pour petit René des bisottes bien mignonne. »

Louis.

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Carte postale

Le 17 mai 1915

Chère Marcelle

« Je t'envoie un petit cadeau pour petit René et Alice. Deux bagues que je crois qu’elles iront bien et si elles ne vont pas bien, tu me sauras dire si elles sont trop petites ou trop grandes. Je t'en enverrai d'autres. Je crois que ça les contentera, car malgré que ce soit pas grand-chose.

Encore je vais te dire au revoir en envoyant bien des baisers pour toute la famille oui. »

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Lettre

Cérons le 18 mai 1915

Cher Louis

« Ce matin j'ai eu de tes nouvelles de bonheur par la mère Besson qui a trouvé le facteur et nous a apporté trois lettres, 2 de Gervais une de toi.

Je vois que le muguet ne vous manquent pas et tu sais, quoique la fleur soit desséché, le papier sentais un peu bon. Mais il avait perdu de bonne odeur. Quand même ça ne fait rien.

Ça me fait tout de même plaisir, du moment que c'est mon Louis qui me l'envoie.

Nous avons ces jours-ci un temps affreux et il ne cesse de pleuvoir et c'est avec ce temps et même plus pour aller à Aubin. En partant il n'a presque pas plu mais en revenant il n'a pas cessé une minute. »

 

« Puisque ce maudit colis de 3 kg n'arrive pas, je vais t'envoyer d'autres flanelles le premier jour que je sortirai. Mais je t'assure que si je croisais le colis de Castres, je le ferai revenir. Je veux tout de même écrire au dépôt. Attends seulement la réponse à la lettre.

À mon avis mon cher Louis ce colis doit être à Rethondes comme l'autre et je t'assure que tu devrais me faire regarder par quelqu'un à Aubin.

Aujourd’hui, j'ai trouvé madame du Gua. Elle va très bien ainsi que toute la famille et petit René. Je crois t'avoir dit qu'elle était un peu fatiguée. On l'a amené chez le docteur et il a dit de ne pas l'envoyer à l'école de 15 jours. Alors tous les jours elle vient avec René. »

 

« Il court en ce moment le bruit que toutes les écoles de Decazeville vont être réquisitionné pour des hôpitaux et que le 2 juin toutes les écoles seront fermés jusqu'à la fin de la guerre.

Et si c'est ainsi, Rachel sera bien contente. Il faut croire qu'ils doivent préparer quelques grandes batailles et croire que les blessés vont être en grand nombre.

 

Gervais écrivait aujourd'hui une lettre du 15 et il disait que dans 4 ou 5 jours il croyait avoir une permission et qui fait qu'au moment où vous y penser, il arrivera peut-être.

Nous sommes toujours en bonne santé et ce que je demande que cette guerre finisse vite et que nos chers maris reviennent vite auprès de nous tous.

De plus en plus notre pays se remplit d'étrangers. Il paraît que cette semaine il est arrivé à Decazeville, 300 espagnol en train de réfugiés, pense donc un peu.

Si demain le temps n'est pas trop mauvais, j'irai probablement à Viviez, mais je t'assure que je n'aime pas sortir. J’ai pensé à l'attendre. J’ai promis à l'attendre alors il faut que je me décide. »

 

« Notre cher petit René m'a dit aujourd'hui de te dire qu'il mangeait bien la soupe et qu'il était bien mignon qu'il t'a envoyé deux grosses bises à tous. Je m'acquitte de la commission. Je vois que ma feuille est finie aussi je vais terminer en te disant toujours à toi tous mes baisers. »

Marcelle.

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Lettre Tracy-le-Mont le 18 mai 1915

Bien cher Marcelle

« J’ai reçu aujourd'hui ta lettre du 15 et je vois que tu as reçu ma fameuse photo. Tu me dis que j'ai l'air d'avoir un peu maigri pour cela je crois que c'est comme tu le dis, la barbe qui le fait paraître. Tu me dis que j'en ai d'autres que je t'en envoie pour l'oncle Alfred.

Pour ça, je te le promets je t'en enverrai une pour lui. Mais il me faut attendre encore deux ou trois jours car le photographe n'est pas libre de les faire quand il veut et il a beaucoup de travail et pour contenter tout le monde il a fait deux ou trois pour l'un et 2 ou 3 pour l'autre cela fait qu'il faut t'attendre quelquefois longtemps.

Mais sitôt que je pourrais avoir les autres, je te la ferai parvenir car je sais que ça fera plaisir à l'oncle.

Tu me dis que Rachel fait amuser René. Pour le moment puisque elle est sage et qu'elle fait amuser le petit René, je lui enverrai une petite bague en aluminium et ce sera aussi pour elle un souvenir de la guerre.

Car c'est un produit boche. C’est des fusées en aluminium. On les fait fondre et on en fait des petites bricoles comme souvenir. »

 

« Ma chère Marcel, tu me dis aussi si je dois avoir besoin d'argent.

Ne te chagrine pas de cela. Tu n'as pas besoin d'avoir peur, on en dépense pas tant que ça et j'en gagne encore quelques peu avec mon petit fourbi maintenant dans ma petite cagna.

J’ai toujours du vin à mon service avec deux de mes camarades qui font comme moi qui ne se saoulent pas et que l'on boit, mais nous buvons celui qui nous faut. Nous le payons neuf sous le litre. »

 

« Aujourd’hui monsieur Gaubert est venu nous voir et nous avons passé l'après-midi tous les trois.

Comme d'habitude nous faisons la causette dans ma cagnotte bien tranquille en goûtant et personne nous dérange où tous ceux qui viennent me voir ne peuvent s'empêcher de dire que je suis bien.

Mais je leur dis bien que ça ne m'empêchera pas de la quitter, surtout s'il fallait venir te voir.

Monsieur Gaubert m'a dit de te donner bien le bonjour. Nous avons bien goûté et bu un bon coup à côté de ma Cagna nous avons replanté des oignons qui montaient et je me dis qu'il se régale chaque fois qu'il vient quand ce serait qu'avec ça.

Je ne vois pas autre chose à te dire pour le moment et qu'à vous envoyer toutes mes caresses et mes meilleures amitiés et pour le petit de grosses bises à tous. »

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Lettre le 19 mai 1915

Bien chère Marcelle

« Comme tu le vois, j'ai traîné le paquet de lettres-télégramme et ça prouve que j'ai reçu le colis. Je l'ai reçu ce soir à 2h mais je n'ai pas eu de lettre. Tu vois que celui-ci m'a mis que 8 jours pour venir tout est en très bon état sauf la poudre de savon que le cul de la boîte s'était enlevé et tout était poudré, mais ça ce n'est rien.

Il y avait un peu prés un quart de sorti de la boîte. Il m'a fallu laver la saucisse et le saucisson. Ce sera bon tout de même, car on ne mange pas la peau.

Que ce soit la poudre que des flacons, il y avait tout ce que tu m'avais annoncé.

Mais tu sais que ce n'est pas guère commode de traîner des flacons, c'est dangereux de les briser.

Enfin pour cela, je tâcherai de les emporter tout de même mais comme eau de Cologne je pense que j'en aurai assez pour quelques jours.

J’ai parlé au capitaine au sujet de l'autre colis et il m'a dit que c'était à l'expéditeur de faire la réclamation si les colis ne parvenaient pas. Par contre, il faudra que tu t'adresses au chef de gare avec ton récépissé et il pourra peut-être toucher une indemnité ou tout au moins il te dira ce que tu as à faire. »

 

« J’ai eu aujourd'hui des nouvelles de la tente Élise. Il y avait un jour ou deux que je leur avais écrit en la renvoyant une de mes photos carte-postale où j'y suis.

Aujourd’hui nous avons eu un temps nuageux et presque froid. Ici le temps se refroidit vite à cause des grands bois qu'il y a là. Je suis en bonne santé et j’espère que vous soyez tous de même.

Je termine en vous embrasse bien fort. Mon petit René de grosses bises à Louis ».

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juin 1915

Lettre de Cérons le 1er juin 1915

Cher Louis

« Aujourd’hui petit René va un peu mieux. Mais tu sais qu'il n'a pas de veine depuis que tu es parti, ça fait la 3e angine qu'il a.

Car avec la grippe il vient d'avoir une angine et un peu de bronchite. C’est l'angine surtout qui le faisait le plus souffrir. Je n'avais pas fait monter le médecin mais comme ça n'allait pas vite, je l'ai fait venir de peur qu’autre chose se déclare. Et ce soir il est venu vers les 6 heures et il m'a dit que ça allait beaucoup mieux que dans deux ou trois jours il serait guéri et que je pourrais être tranquille et que rien de grave ne risquerait de s’y mettre.

Après j'ai été plus tranquille car tu sais qu'il n'est pas commode à soigner. Aussitôt qu'il a quelque chose il n'y a plus moyen de s'approcher de lui. Il ne veut voir personne et ne veut rien à part la goutte que lui donne le médecin. Tu sais que je parie bien que toute la semaine il n'a pas bu un litre de lait et s'il faisait souvent comme ça, il ne conserverait pas ses gros mollets.

Ce soir, il a bu de nouveau beaucoup de lait et a mangé un peu avec nous au souper. Aussi il est bien mieux. Et il m'a demandé de sortir. Mais je ne veux pas qu'il sorte de la maison avant dimanche. Comme ça il ne risquera pas de prendre froid tant qu'il est malade. »

 

« Gervais et Marguerite sont allés au Gua aujourd’hui. Ils m'ont pris ton colis pour l'expédier. Alors tu le recevras probablement dans la semaine.

En revenant ils m'ont apporté les pantoufles la paire du 42 et une du 40. Je voulais qu'elle me les porte jaunes mais il n'y a pas. Il y en a que des blanches mais c'est de la bonne qualité. Elles coûtent 38 sous la paire. Je vais te les envoyer dans quelques jours.

Nous avons un bien vilain temps cette semaine de la pluie tout le temps. Aussi ton père, qui a commencé à faucher, n'est pas content, depuis 3 jours qu'il l'a coupé il n'a pas encore rentré le foin.

Nous avons eu ces jours-ci des nouvelles du cousin du Gua et il dit qu'il n'a pas eu de tes nouvelles depuis quelques jours. Nous aujourd'hui je n'en ai pas non plus. J’ai l'espoir que demain j'en aurai peut-être. Demain pourtant nous allons commencer le 11e mois. Si ça pouvait être le dernier mois de guerre. Nous aurions ensuite plus d'espoir. »

 

« Chez tes parents la santé est assez bonne les petites vont toujours à l'école et tant bien que mal la tante se promène tous les jours un peu mais sa jambe et toujours raide.

Ici et grands et petits t'envoient 1000 baisers et souhaitent de grand cœur que tu reviennes bientôt. Encore des baisers à mon Louis bien-aimé. »

Marcelle.

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Lettre format télégramme

Le 1er juin 1915

Bien chère Marcelle

« J’ai reçu aujourd'hui ta carte du 28 et où tu m'avais mis les plumes que je t'avais demandées. Tu vois que tout ce que nous mettons dans les lettres arrive très bien.

Tu me dis que petit René va mieux, ça me fait plus de plaisir que de voir qu'il ne mange pas. Car je sais qu’a de si petits hommes, il ne leur en faut guère, enfin pourvu qu'il remange bien c'est tout ce qu'il faut.

Je t'envoie un petit colis par la poste. Je t'avais bien dit que je te l'enverrai par la gare mais en ce moment si je ne suis pas commode pour le faire partir. Et j'attendrai encore quelques temps. »

 

« En attendant, je t'envoie ce petit colis que j'y ai mis deux paquets de tabac pour ton père, un petit casque pour petit René et celui qui a une boule comme pointes et l'autre c'est pour toi.

Si je suis commode, je t'en enverrai un autre pareil dans peu de temps. Comme cela tu auras la paire.

Mais rien de sûr. Comme tu le sais on ne fait pas comme l'on veut. Et d'un moment à l'autre, il peut se passer quelque chose que peut-être nous ignorons. »

 

« Enfin comme je te l'ai déjà dit plusieurs fois tu n'as pas à te chagriner quand même tu ne recevrais plus des nouvelles de quelques jours. J’ai mis aussi dans le colis qui partira probablement demain le passe-montagne que je me suis servi quelquefois et dont maintenant nous en aurons plus besoin et les gants que tu m'avais envoyé que j'ai mis aussi quatre ou cinq fois.

Tout ça ne tient pas beaucoup de place mais ça gêne tout de même dans le sac. Alors tout ce que je n'ai pas besoin je te l'envoie.

j’ai eu aujourd'hui des nouvelles de Louis du Gua. Il me dit que pour le moment ils ne sont pas trop tracassés et il est toujours en bonne santé.

En attendant ma chérie reçoit de ton Louis mes meilleures caresses pour toi et petit René et des choses à toute la famille. »

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Lettre Tracy-le-Mont le 3 juin 1915

Bien chère Marcelle.

« J’ai reçu aujourd'hui la lettre du premier et une carte du deux.

Tu me dis que tu es resté 2 jours sans avoir de mes nouvelles. Ça m'étonne car encore je n'ai pas passé un jour sans écrire mais quand même que tu ne reçoives pas de mes nouvelles de 2 ou 3 jours et quelquefois plus tu n'as pas à te faire du mauvais sang pour cela, car tu sais il peut se faire qu'on ne soit pas libre de quelques jours et c'est surtout pour les faire partir peut-être ça n'arrivera pas, mais je tiens à te prévenir à l'avance pour que tu sois avertie.

 

Aujourd'hui ta lettre m'a fait un peu plus de plaisir qu'hier c'est de voir que notre cher petit René va un peu mieux. C’est bien ennuyeux que ça le prenne aussi souvent mais pourvu qu'il remange et boive, ça marche mieux. Enfin j'espère que ce ne sera rien pour cette fois-ci. Tu sais quand je sais qu'il est malade ça me fait beaucoup de peine.

Le colis dont tu me parles que Gervais et Marguerite m’ont expédié est arrivé hier matin et j'ai déjà goûté à la saucisse mais j'ai été épaté de voir qu'il commençait à y avoir de petit ver. Une autre fois tu ne me mettras pas de la saucisse. Je ne sais pas si c'était une mouche qui était entré mais c'était comme cela.

Et pourtant le jambon était bien joli et sans doute bien bon, mais je ne l'ai pas encore goûté car j'avais encore d'autres provisions.

Tu me dis que tu m'as envoyé les pantoufles dans quelques jours, si tu veux mais ça ne presse pas et pour la couleur ça n'a pas d'importance.

Tu me dis que vous avez un très vilain temps. Je te réponds qu'ici il fait bien le contraire et justement que nous voudrions un peu de pluie pour calmer la poussée. Car comme je t'ai déjà dit, il nous faut arroser devant les pièces.

Pas autre chose pour le moment toujours de bien meilleures nouvelles et en attendant reçois de ton Louis et meilleure amitié et pour le petit René de grosses bises à tous.

Bien le bonjour chez Noémie. Quand tu iras bien, des baisers à toute la famille encore mille baisers. »

Louis.

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Lettre Cérons Aubin le 3 juin 1915

Cher Louis.

« Aujourd’hui j'ai reçu deux lettres de toi. J’avais passé 2 jours sans recevoir et tu vois bien que je suis rattrapée.

Dans une il y avait la photographie où tu es avec vos officiers. Quoique vous soyez nombreux René a bien reconnu son papa. Il va tout à fait bien et pour dire aujourd'hui il a mangé comme à son habitude. Seulement il vient de lui sortir sous son menton des boutons qui coulent comme il avait l'autre année au mois de septembre. Un de ces jours je vais l'amener au médecin pour qu'il me donne quelque chose pour le dépurer. »

 

« Gervais est toujours content d'être ici et tous les jours il est en course et ce soir ils sont à Fontvergnes pour aller voir Mazars et demain il va voir ses sœur qui habite Saint-Michel.

En même temps que mes lettres, Maria en a reçu une de toi et ton père une autre. Je n'ai pas encore écrit à ton oncle d'Amérique à cause de René mais maintenant qu'il est à peu près guéri, je vais écrire le premier jour.

Je ne sais pas si je t'ai dit que dimanche à Decazeville on enterrait monsieur Séguy le quincaillier. Il était malade depuis plusieurs mois paraît-il et d'après ce qu'on dit il avait son argent sur des actions allemandes et il s'en faisait tellement de mauvais sang que tout cela n'a fait qu'aggraver sa maladie. »

 

« Le beau temps est enfin revenu et ce n'est pas malheureux car nous avions un content de la pluie.

Aujourd’hui à Cérons, on a affiché sur la lampisterie que tous les mineurs âgés de 40 et 45 ans, qui étaient encore dans les dépôts, allait être renvoyé dans leur foyer. Quand donc ce sera tous les mobilisés bientôt, espérons-le et ce ne sera pas trop tôt. Je ne vois pas autre chose qui puisse t'intéresser. »

 

« Tes parents et les miens sont toujours en bonne santé la tante semble remarcher un peu mieux et tous t'embrasse bien fort. Petit René me demande à qui j'écrivais et il me dit de dire à papa qu'il est sage.  Ils sont en train de se chicaner avec grand-mère et il t'envoie beaucoup de baisers je termine donc en t’envoyant toujours mes meilleurs baisers Marcelle ».

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Sa dernière lettre

Lettre en format télégramme le 6 juin 1915

Bien chère Marcelle.

« Je réponds à ta lettre du 3 et je vois que tu as tout de même reçu mes lettres. Tu sais ce dont je te causais, c’est arrivé et pour le moment nous faisons des progrès. Nos fantassins ont pris beaucoup de prisonniers et il paraîtrait qu'on a pris deux batteries ennemies. (*)

Pour cela tu sais que nous leur avons foutu une tatouille et surtout qu'il paraît qu'ils ne s'y attendaient pas.

Tu sais que nous avons fait un tir dont l’infanterie n'a pas pu faire moins que nous féliciter. Jamais jusqu'ici nous n'avions tiré autant qu'aujourd'hui. Rien que nos quatre pièces nous avons tiré 2000 coups de 6h du matin à 9h sans compter le reste de la journée. Pour le moment je suis un peu pressé.

Tu diras à Maria que j'ai reçu la lettre où elle me parle de la bague. Tu comprends que s'il faut changer de position je ne pourrai peut-être pas là lui faire. Mais malgré ça je ne crois pas qu’on change. Nous nous trouvons juste à la partie où se finit l'attaque.

Je suis bien content que petit René aille bien mieux ça me contente plus que tout le reste en attendant toujours de plus bonnes nouvelles je vous envoie de gros bises. ».

 

(*) : Il s’agit de l’attaque du saillant de Quennevières. « Le Miroir » indique (au 7 juin) 200 prisonniers et 3 canons.

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Carte postale militaire (avec réponse) - Tamponnée à Viviez (Aveyron) à 17h40 le 18-6-1915

Cérons, Aubin le 17 juin 1915

GrÈs Louis, pointeur, 3ieme groupe d’artillerie de campagne d’Afrique – 4ème batterie – 37ème division – secteur postal n°132.

 

Cher Louis.

« Ce matin nous sommes allés tous à Aubin et nous avons vu le facteur à la sortie de la poste, mais pas de nouvelles non plus. Et c'est depuis dimanche que je n'ai rien reçu et la dernière et est datée du 6.

Ça commence à être un peu long. Aussi je t'assure que le temps me dure. Nous avons vu tous les cousins et cousines et tous t'envoient bien des choses. Surtout Noémie qui elle aussi était à la messe.

Je t'écrirai plus longuement demain, car ce soir, il est un peu tard. René a été bien sage pendant que je n'étais pas là mais tu sais que lorsque j'arrive il est content de retrouver sa maman. Ses abcès vont de mieux en mieux et je crois que d'ici dimanche, il sera tout à fait guéri.

Mes parents et les tiens t'envoient leur plus affectueux souvenir René et moi nos meilleurs baisers. »

Marcelle

 

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Louis GRÈS est tué le 6 juin 1915, très certainement par l’explosion de son canon, comme l’indique le journal du régiment :

 

 

 

 

Sa femme Marcelle MAUREL (épouse GRÈS) ne se remariera pas, elle décédera en 1966. Leur fils René décèdera en 1973.

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