Publication : Mars 2009
Mise à jour : Septembre 2024
Le capitaine
Gabriel Grosdenis à la fin de
1916
Trois
chevrons de présence au front et 4 chevrons de blessures (il en aura cinq).
Prologue
Laurent MIROUZE nous dit en 2009.
« A
partir d’un carnet de campagne rédigé au jour le jour, j’ai pu reconstituer le
parcours d’un officier d’active tout juste sorti de St-Cyr, à travers les
terribles combats de 1914 qui ont coûtés si cher à notre armée.
Il est
exceptionnel de trouver des carnets écrits sur le vif notamment pendant une
guerre de mouvement telle qu’elle l’était en août et septembre 1914, a fortiori
émanant d’un officier qui survécu au sein d’une unité ayant perdu la
quasi-totalité de ses cadres en cinq semaines.
J’ai
entrepris de recouper les informations qu’il donnait afin de les replacer dans
la vérité historique et pour coller le plus près possible à ce que pouvait
ressentir un chef de section de 1914. »
Contacts
avec des internautes depuis la mise en ligne (en 2009) :
Contact avec Jean-Pierre AUGUSTE en octobre
2020 :
« Bonsoir
merci beaucoup pour avoir mis en ligne le carnet de campagne du sous-lieutenant
Gabriel Grosdenis ! J'y ai
retrouvé le parcours de mon grand-père maternel également au 19eme BCP.
Mon
grand-père Paul Fafet né le 25
janvier 1871 à Moyeuvre-Grande en Moselle....né
français mais annexé suite au traité de Francfort. Service miliaire dans la
marine allemande...son métier mineur de fer.
Engagé
volontaire le 2 août 1914 à la mairie de Briey. Blessé par balle de shrapnell
et prisonnier lors des combats de Nouillonpont. Il a
peut-être croisé le sous-lieutenant Grosdenis...même
endroit même jour.
Interné à Koenigsbruck, puis blessé accidentellement en captivité le
31 juillet 1916 par coup de mine (grisou). Les suites.... blessures aux yeux et de l'avant-bras droit !
Comme il était mosellan il lui avait été conseillé de prendre un faux nom, il a
ensuite dans ses délires à l’hôpital donné son vrai nom.
Il a été
condamné en cour martiale...mais vu son état ! Rapatrié comme grand blessé le
29 mai 1918 et hospitalisé pour amputation de l'avant-bras droit et cécité
complété jusqu'au 16 janvier 1919..
Mon
grand-père est décédé en décembre 1944...hélas je ne l'ai pas connu. »
Remerciements
Merci à Laurent pour le carnet, qui en se rendant en 2009 aux archives militaires de Vincennes et en consultant le journal des marches et opérations (JMO) du bataillon a pu reconstituer le parcours de ce 19e bataillon de chasseurs à pied.
En 2009 donc, à la première diffusion du carnet sur mon site www.chtimiste.com, toutes les archives militaires n’étaient pas en ligne sur internet, nous avons pu compléter, Philippe et le Chimiste, les écrits de Gabriel GROSDENIS et effectuer cette mise à jour de septembre 2024.
Nous avons donc ajouté (Laurent, Philippe et Didier) des commentaires en bleu pour la compréhension de certains termes et pour aller « plus loin » dans l’analyse du récit. Les archives mises en lignes sur internet ont permises de retrouver la plupart des noms cités.
Introduction
Gabriel GROSDENIS est né le 19 juin 1893 à Dieue-sur-Meuse, fils de Jean-Marie Grosdenis, sous-officier de l’état-major du génie affecté au fort de Génicourt à Dieue-sur-Meuse, et de Marie Raspado fille d’une famille d’émigrés italiens installés depuis la fin du 18e siècle dans la Meuse. Engagé volontaire en octobre 1913, il part comme ‘’élève à l’école spéciale militaire ‘’, Saint-Cyr.
Jeune St-Cyrien tout juste entré à l’école spéciale le 6 novembre 1913 (242e au concours d’entrée), il fait partie des 533 élèves de la promotion « La Croix du Drapeau » dont certains feront serment « de monter la première fois à l’assaut en Casoar et gants blancs », 323 d’entre eux seront tués au champ d’honneur. C’est un officier apprécié dans son unité et par ses supérieurs.
Il est promu au grade de sous-lieutenant le 15 août 1914 au 19ème bataillon de chasseurs.
Le matin du vendredi 31 juillet, le 19e bataillon de chasseurs (19e BCP) à pied - effectif d’un officier supérieur, 22 subalternes, 1133 sous-officiers et hommes de troupe - quitte ses quartiers de Verdun sous les ordres du commandant Mielet. Il fait partie de la 42e division d’infanterie qui reçoit l’ordre de rallier Fresnes-en Woëvre pour le 1er août. Le 4e escadron du 10e régiment de chasseurs à cheval est détaché auprès du 19e BCP.
Le bataillon fait alors partie du 3e groupe de couverture et s’installe dans la région de Sponville/Mars-la-Tour le 2 août.
Arrivée à Sponville (nota : Meurthe-et-Moselle).
Lieutenant (Marius) Lhuillier (*) nous reçoit.
Disposition du bataillon. Gentille institutrice. Dîner chez le curé, vieille bouteille.
Alerte après-midi, ruptures
téléphoniques. Joeuf, Conflans (en-Jarnisy).
Retour au bataillon, affectations et présentations.
Départ pour Suzémont.
6e compagnie, capitaine (Émile) Sallis, lieutenants Dubroquet, (Marius) Lhuillier.
Souper, couché sur paille avec ma section. Alerte de nuit.
Avait cru voir colonne ennemie se dirigeant sur le village.
(*) : Marius Lhuillier deviendra un ami intime de Gabriel Grosdenis.
Le sous-lieutenant Grosdenis est affecté à la 6e compagnie
du capitaine Émile Sallis. Le
capitaine Sallis commandera le
bataillon à la mort du commandant Miellet,
le 24 août, et sera tué à son tour le 7 septembre 1914 au soir au château de Montgivroux (51) lors des terribles journées de la bataille
de la Marne. C’est également à ce moment que le sous-lieutenant Grosdenis sera blessé au pied par un schrapnel.
Des chasseurs à cheval du 16e tuent en combat à pied 5 dragons allemands, et prennent 2 prisonniers.
Marche dans l’après-midi sur une colonne venant de Chambley. Canon tire sur cavaliers allemands dans Rupt (en-Woëvre) de M…. N’avons rien vu.
Chasseurs du 10e blessent à Mars-la-Tour un fantassin allemand. (*)
Nuit.
Départ pour Mars-la-Tour.
Doit surveiller avec 8 chasseurs et 2 cyclistes, les mouvements ennemis avec un peloton de chasseurs et un officier, les débouchés dangereux, ravin de la Cuve, etc…
Douaniers quittent le village, ont vu fortes patrouilles allemandes, moi rien.
Reviens au jour.
(*) : En réalité, une patrouille du 2e
escadron attaque et tue deux Allemands (JMO).
Rejoint compagnie sur croupe face à Chantilly, protégeant convois de réquisition.
Bruit de fusillade à Mars-la-Tour. Chasseurs français du 16e (BCP) tirent sur 10e (chasseurs à cheval), cheval tué.
Fâcheuse méprise.
Canon allemand de veille a tué un adjudant et un chasseur à pied. Un adjudant et un chasseur à cheval prisonniers.
Nouvelles extérieures (Belgique, Angleterre derrière nous).
Après-midi canon tonne. Tire sur
un aéroplane français qui passe au-dessus de nous.
Nuit. Motocyclette annoncée.
1ére compagnie, 16e chasseur (*) à Conflans sans sûreté va se heurter à un flanc-garde d’Allemands de Belgique.
Officier tué ou blessé, 40 tués.
Bataillon se replie à
Déjeuner à Sponville (Champagne, poulet, prunes, vin de pays).
(*) : Le 16e BCP, avec le 151e RI et
le 162e RI, fait partie de la 84e brigade de la 42e DI qui combat dans la même
zone, 3 sections de sa 1ère compagnie combattent les Allemands pendant 4
heures.
Emplacement aux Peupliers.
Vais encore tirer sur même aéroplane que veille. Projectiles éclatent bien au-dessous.
Dans l’après-midi, Uhlans signalé à Puxieux (*), 5 très probables. Canon tonne, projectiles éclatent très haut.
Bruit court général d’Amade à Mulhouse (**).
16e chasseurs retourné à Labry. Artilleurs du 40e ont tué 5 chasseurs à pied par erreur. Nouvelles verdunnoises.
(*) : Fusillade contre une quinzaine
de cavaliers allemands (JMO).
(**) : C’est une fausse nouvelle
qui sera corrigée quelques jours plus tard : il s’agit en effet du général
Bonneau du 7e corps d’armée.
Samedi.
Bruit d’Amade se confirme. Canon entendu hier soir à plusieurs reprises. Tirait sur une ferme où se trouvait une section du 29e.
Ferme en partie détruite, pertes sérieuses. Ce canon est la cause probable des 2 déplacements de notre bataillon les jours précédents vers Chambley. Sommes toujours aux peupliers.
Faisons partie 3e armée, général Ruffey.
10h matin, voyons un ballon allemand fixe, forme cigare, dominer Vionville puis est ramené à terre. Entend bruit éloigné à l’est de canon. Puis maintenant au sud, très rapproché. Ballon reparaît, tir jumelé de tourelle d’un fort de Metz, sans doute Gravelotte.
Marche subite et grotesque à ce canon.
Même point de direction que jours précédents. Voyons pas davantage. Coups tirés sur cavaliers français ou chasseurs de la compagnie Hennequin (*) à Chambley. 3 maisons détruites (**).
Echec allemand à Liège, groupes bavarois en couverture. Victorieux partout dans cette couverture.
Encore canon Nord dans l’après-midi. Aéroplane Taube survole le cantonnement de la 4e Cie. Expédition nocturne Philippot pour enlever batterie allemande de Tronville. Bluff.
Lieutenant DésarmÉnien vient chercher un mort à leur barbe au milieu des coups de feu (***).
8000 prisonniers, 1 général, 40 canons pris, 1 zeppelin détruit à Liège.
(*) : Le capitaine Jean Hennequin de la 3e compagnie succédera
au capitaine Émile Sallis, tué le
7 septembre alors à la tête du bataillon, et sera tué lui-même le 9 septembre à
Chapton (Marne).
(**) : Le JMO indique
six obus tombés à droite de la compagnie Jean Hennequin
sans pertes.
(***) : En patrouille avancée
avec un seul homme, cet officier du 4e escadron du 10e Chasseurs à cheval
ramène son camarade le chasseur BÉGUET, grièvement blessé, dans nos lignes. Le
JMO précise : ‘’ Le fait que
l’officier a emmené le chasseur BÉGUET seul à travers de l’ennemi montre le cas
qu’il faisait de ce chasseur, qui blessé a eu 2 chevaux tombés sous lui et a
rapporté sa lame de sabre ’’
Dimanche.
Même Taube que la veille survole Mars-la-Tours sans oser s’écarter. Vive fusillade à notre droite. Cavalier annonce Les Baraques occupées par une trentaine d’ennemis.
Lieutenant (Paul) Burthey (*) les attaque en revenant de mission nocturne. Contre batterie, et les repousse facilement. 7e corps en Alsace, colonel Dupaty de Clame, très sympa.
Aéroplanes canonnés. Nous nous appelons l’Armée de Verdun.
Aéro français atteint par balles françaises puis retourné à Mars-la-Tour.
N’ont rien vu.
(*) : Le lieutenant Paul Edmond
deviendra comme Marius Lhuillier
un ami très proche de Gabriel Grosdenis.
Officier au 19e BCP entre 1911 et 1914, il sera
blessé lors d’une contre-attaque à Nouilloupont le 24
août 1914. Il sera par la suite affecté au 106e BCP en formation. Le lieutenant
Paul Burthey poursuivra sa
carrière dans l’armée et deviendra général. Voir
sa fiche matriculaire.
Lundi.
Arrive de Mars-la-Tour aux peupliers.
Bruit de fusillade à gauche. 2 divisions de cavalerie signalées à Spincourt, avec 2 régiments d’infanterie, artillerie occupant Bouligny, Domrémy-la-Canne, Spincourt, Mangiennes.
16e bataillon a encore été attaqué et s’est replié assez loin en arrière. 2 reconnaissances envoyées pendant la nuit rendent compte (d’) Allemands retirés en deçà de la frontière.
Avons encore vu tirer sur un aéroplane.
Mardi.
Restons au cantonnement en prévision d’attaques sur la gauche.
Entendons fusillade aux Baraques. Section du bataillon embusquée est la cause de cette fusillade.
7 brigades de 7 corps ont attaqué Liège sans succès. 2 corps français en Belgique et 150 anglais entrent en ligne.
À Altenkirche, 1 brigade d’infanterie de la 41e division prennent les retranchements au pas de course. Canons et drapeaux pris, 30.000 Allemands hors de combat. Général d’Amade porté en triomphe. Bruit court Italie a déclaré la guerre à l’Autriche.
Quittons cantonnement pour nous rendre en arrière à l’emplacement habituel. Entendons canon. Dirigeable Fleurus (*) est passé rentrant à Verdun.
Embuscade des Baraques manquée (**), avons été surpris. Section BurtÉ, 1 blessé, 2 disparus. 2e cie engagée pour la sauver, 2 blessés. Expédition grotesque, sans but, démoralisante. Pourvu que nous quittions la couverture.
On annonce que la 42e division se déplace vers le Nord. Restons seuls en couverture avec le 16e. Que va t’il se passer, hélas ?
1 uhlan de tué à Mars-la-Tour (***). Troupes du Maroc débarquées à Bordeaux.
(*) : Il s’agit de l’un des six
dirigeables français en service en 1914. Le Fleurus, de fabrication
Chalais-Meudon, rentrait sans doute de sa reconnaissance entreprise dans la
nuit du 9 août en dessus de la Sarre, en direction de Trèves. Commandé par
l’adjudant Réau, il incendie la
gare de Hargarten près de Trèves.
(**) : Cette embuscade manquée
fut menée contre une section d’infanterie allemande et un peloton de cavaliers.
Les deux disparus ont probablement été faits prisonniers. Le chasseur Julien Dubuis, âgé de 22 ans, succombera à ses
blessures. C’est le premier tué du bataillon. Voir
sa fiche.
(***) : Une patrouille du 10e
Chasseurs à cheval blesse grièvement sans pouvoir le ramener un chasseur à
cheval du 3e escadron du 12e Chasseurs allemand.
Mercredi.
Douaniers attaqués hier à
Mars-la-Tour par 50 uhlans et 50 fantassins (*). 2 douaniers blessés, dont
un avec une balle ayant traversé la tête sans créer de coma. Sommes à
Violente canonnade à droite puis fusillade et mitrailleuse. 2 heures et demi, partons attaquer les Baraques occupées par 400 fantassins allemands.
Artillerie probable en arrière, sûrement la tourelle. Allons au massacre.
A
Il était temps, 2 minutes de plus, on ne pouvait se décrocher.
Rentrons à 7 heures éreintés. 1ère compagnie reste en permanence à Mars-la-Tour.
(*) : Le JMO indique du régiment
allemand n° 3.
(**) : ‘’ Le général commandant la 42e brigade défend de la manière la plus formelle
au commandant du 19e de ne se livrer à aucune offensive contre le détachement
ennemi dont il signale la présence aux Baraques ‘’
Jeudi.
Restons au cantonnement. Délicieuse journée. Bain dans l’Yron.
Turcos en Alsace.
Couardise des uhlans qui surnomment nos chasseurs à cheval les diables rouges.
Vendredi.
Chambley. Alerte cette nuit, sentinelles affolées et hallucinées ont tiré.
Violente canonnade vers Mars-la-Tour. Canon de siège.
Le grand jour est arrivé. On m’annonce qu’il y a alerte. Des bavarois (*) descendent vers Chambley. Nous partons.
A un moment nous recevons des balles d’un petit bois (**) à l’ouest de Chambley. Je reçois l’ordre de déborder ce bois en traversant la voie ferrée.
En arrivant à la crête au nord de
Chambley brusquement un feu épouvantable nous
accueille. Six mitrailleuses à
En rampant j’amène ma section à la crête. Quelques salves ajustées font taire les mitrailleuses qui se retirent dans le petit bois. Je le fais cribler de balles et j’aperçois rapidement des attelages affolés sans conducteurs qui s’enfuient dans la direction de la frontière.
Chaque fois que je lève la tête des balles me sifflent aux oreilles ou tombent à mes pieds. On vise les chefs de section. Nos mitrailleuses entrent en action.
Mes chasseurs en blaguant froidement tirent sur tout ce qui se profile à la crête. Des bavarois passent en courant affolés jusqu’à un kilomètre, pendant que des balles les environnent de poussière.
Beaucoup tombent comme dans un jeu de massacre ou font les morts. S’ils se lèvent, ils ne vont pas loin. La crête semble couverte de cadavres.
Notre mouvement a réussi. Pris dans l’angle de feu par les autres sections, tous s’enfuient ou tombent jetant ses armes. 30 bavarois se rendent. J’ai un homme tué à ma section.
Au bataillon une dizaine de tués et environ 30 blessés. 4 officiers sont blessés dont un, Compagnon, assez grièvement (***).
Nous rentrons triomphalement avec des trophées. Nous mangeons à quatre heures.
Nouvelle alerte. Ils reviennent. Ce n’est rien.
6 prisonniers en plus. Ils venaient chercher leurs morts. Ils ont environ 400 hommes hors de combat (****). Au retour, on tire sur deux aéroplanes français. Le canon nous avait poursuivi à Chambley sans nous gêner d’ailleurs.
On s’attend à une dure attaque pour demain. Avons senti le manque d’artillerie.
15 nouveaux prisonniers le soir.
(*) : Il s’agit de 3 compagnies de landwehriens, soit des réservistes, du régiment
d’infanterie de landwehr n°65. Le sous-lieutenant Grosdenis indique par erreur des bavarois, car il s’agit en
fait de rhénans originaires de Strasbourg et Cologne. Ce qui est confirmé par
les prisonniers faits ce jour-là (JMO).
Le compte-rendu de la journée adressé
au QG de la 42e division précise :
« Le
19e BCP a refoulé ce matin un bataillon du 65e régiment de Landwehr qui était
descendu des Baraques, appuyé par 6 mitrailleuses. L’ennemi a subit des pertes importantes et laissé 30 prisonniers (…)
».
D’autres sources précisent qu’il
s’agissait du 3e bataillon de ce régiment. Il semble que les soldats allemands
qui participèrent à ces différentes escarmouches de frontière provenaient
d’unités de réserve et de Landwehr, les unités d’active se préparant à
l’offensive générale toute proche.
(**) : Bois du Chapelet. Voir
la situation.
(***) : C’est une erreur, Compagnon n’est que légèrement blessé,
les 3 autres sont LECOAUET, ÉTUR et Henri Pierre Varlet (très grièvement).
(****) : Le combat du bois du Chapelet
aurait coûté aux Allemands au moins 100 tués et 30 prisonniers dont 18 valides
et parmi eux 7 sous-officiers ; le 19e a perdu 4 officiers blessés dont le
lieutenant de réserve Henri Varlet
qui va succomber à ses blessures le lendemain à l’hôpital temporaire de
Fresnes-en-Woëvre, 8 tués et 17 blessés
dont une dizaine mourront de leurs blessures (hémorragies) par manque de moyen
d’évacuation rapide.
Pour sa conduite ce jour-là, le
sous-lieutenant Grosdenis sera
cité à l’ordre du bataillon (n° 71 du 14 août 1914,) son action a été
déterminante pour le succès de l’opération : « A montré de grandes qualités d’allant, de sang-froid et de présence
d’esprit, qui ont permis d’infliger à l’ennemi des pertes sérieuses et
contribué à faire déposer les armes à plusieurs Allemands ».
Sommes attaqués vers Xonville (*), envoyés en repli à Sponville.
Ennemi fortement repoussé.
Avons ordre de ne pas nous laisser accrocher, Allemands ont mis le feu dans un village, à Champs. Devons nous replier sur Jonville (en-Woëvre). Rien ne vient.
Le sous-lieutenant de réserve WarlÉ (**) meurt à Fresnes.
Retournons le soir à Hanonville-Suzémont.
(*) : ‘’ Attaqué par deux compagnies d’infanterie et une compagnie de
mitrailleuses qui semblent s’être retirées dans le bois de la Dame et de la
Rousselle.’’. Compte-rendu du jour auprès de la division, signé du
commandant MiÉllet.
(**) : Il s’agit bien sûr du
lieutenant de réserve Henri Pierre Varlet,
22 ans, blessé la veille. Voir
sa fiche.
Nuit calme. Restons momentanément à Suzémont.
J’ai fait un repas très copieux dans la matinée. La vie de campagne a du bon. Je vais me décider à aller me promener à Mars-la-Tour, mais brusquement, le canon tonne.
Les Allemands bombardent sauvagement la petite ville pour commémorer leurs morts qu’ils ne respectent même pas.
Des gens affolés arrivent. La douane a sauté pour commencer. Monument intact. Deux personnes tuées par le bombardement.
A 18h, un parti allemand entre à Mars-la-Tour, en tirant sur tout ce qui se présente comme population (*).
(*) : Composé d’une quarantaine de
cavaliers et autant de fantassins qui ont réquisitionnés notamment 250
bouteilles de vin.
Mars-la-Tour évacué par les Allemands.
Deux escadrons du 12e (*) y vont. Des gens à Mars-la-Tour passent à chaque instant, on a bombardé Jarny ce matin.
Ce soir nous tirons sur un aéroplane allemand qui s’est porté assez audacieusement en arrière (**).
(*) : 12e chasseurs à cheval.
(**) : Une note du
commandant du 16e BCP au général commandant la 84e brigade d’infanterie précise
: « J’apprends par le maire de Rixieux qu’un des aéroplanes qui a survolé les
cantonnements de la 42e Division a été atteint et est tombé un peu au-delà de
Mars-la-Tour ». Ce renseignement ne sera pas confirmé par la suite.
Nous restons dans l’inaction la plus complète.
Des gens de Mars-la-Tour continuent à passer fuyant les menaces allemandes. J’ai des nouvelles de Verdun par le docteur de l’endroit. On expédie le bétail et les chevaux du village sur Fresnes.
Rien cette nuit.
En arrière de nous on est très affolé. Les officiers couchent en travers de la route. Nous apprécions notre indépendance.
Grosse déception, je suis transféré à la 4e compagnie. Tout est à recommencer, je suis navré. Nous partons pour nous rendre à Labeuville puis sur Hennemont. Est-ce le départ pour la Belgique ?
Un de mes petits …, Collignon a été blessé et fait prisonnier au 29e.
Nous sommes arrivés à Lanhères près de Rouvres (en-Woëvre). J’ai pris contact avec ma nouvelle compagnie.
Le long de la route, nous avons croisé des régiments de Verdun. J’ai reconnu des connaissances. Me Barbier me donne une lettre en arrivant. Nous allons poursuivre, paraît-il, après la bataille. Le général de brigade m’a demandé mon nom au passage.
Je me déshabille ce soir pour la 1ére fois depuis huit jours.
Nota : A partir de ce jour, le
JMO tenu au jour le jour est interrompu pour ne reprendre qu’en 1916. Il est
probable que le sous-officier responsable de sa rédaction quotidienne ait été blessé
ou tué lors du combat du lendemain qui devait coûter si cher au 19e surtout en
sous-officiers.
Une terrible journée.
On nous avait promis à Lanhères trois jours de repos, mais à 6h du matin il a fallu partir. Je rencontre Lavignon avec le 94e.
Nous sommes flanc garde du 6e corps (*), et de suite nous prenons le contact avec des patrouilles de dragons allemands, des mitrailleuses, et des fantassins tirent sur nous, nous les délogeons facilement.
Nous passons à Norroy-le-Sec après un casse-croûte, les gens donnent œufs, vin, bière, fruits pour rien aux chasseurs.
Une crête porte des épaulements en grand nombre. La terre a été foulée par une nombreuse cavalerie. Nous atteignons Mainville occupé le matin.
Les gens pleurent, nous apportent du vin, du café, on n’a pas le temps. Je prends cependant une bouteille débouchée.
On nous annonce que pour cantonner nous devons déloger de la cavalerie de notre cantonnement. Nous nous sommes approchés d’un petit bois à environ 300m en arrière d’une crête. Brusquement les balles sifflent.
On se couche, j’essaie de me relever, cela siffle de plus belle, mes chasseurs me font coucher. Dix minutes se passent, notre mitrailleuse entre en action, je fais un bon, huit chasseurs me suivent.
On reçoit des balles de partout, devant, derrière, en flanc. Des blessés en masse. Le commandant m’expédie sur la droite baïonnette au canon.
Au bruit, alors je me redresse vers le nord. On se fusille à 30m. Enfin c’est l’assaut, la charge, tout se sauve devant nous. Des prisonniers, des morts, des blessés. Des Allemands lèvent la crosse, puis tirent, on les fusille impitoyablement. On prend des trophées.
Quelle hécatombe. 50% de l’effectif hors de combat, 2 capitaines indemnes.
Je vois le capitaine Collat à Mercy-le-bas. On cantonne avec le 94e, 151e, du génie. Le bataillon est complètement désorganisé.
Nous nous sommes battus à Mercy-le-Haut, et nous cantonnons à Xivry-Circourt.
Les Allemands nous appellent « schwarzen teufels » (vautours noirs) (**). Ma compagnie réduite à 126 hommes.
Nous restons à deux sous-lieutenants. Mon camarade est commandant de compagnie.
(*) : Précisément à la droite du 6e
corps d’armée, appuyé par la 2e compagnie du 94e RI, le 19e BCP attaque la ferme Le Chanois
(JMO).
(**) : Diables noirs.
Le 19e BCP a perdu dans cette affaire de la ferme Le Chanois
(appelé le combat d’Higny), près de 4 capitaines dont
deux tués (BOURLON, PIOT), un lieutenant (Masson,
tué), 300 chasseurs dont 130 tués.
Excellente nuit réparatrice.
Je vois passer le 94e, et (Maurice) Vivien avec. (*)
Au 162e, je reconnais pas mal de verdunnois, dont le petit de Bresis, Jean Gauvin, au 151e, Vouters. 61e, Laurent, Félicien Cuviny.
Nous allons vers le Nord.
Atrocités allemandes racontées par les habitants. Nous sommes soutien d’artillerie. Un vif combat est engagé en avant et à l’Est (**).
Nous assistons à un superbe duel d’artillerie. On tire sur nous. Les obus tombent à 500m. C’est impressionnant.
Le 151e à un km à notre droite est laborieusement employé à déloger un ennemi retranché comme toujours dans un bois. La 151e repousse, sous une grêle d’obus, se défend pied à pied. Une fumée épouvantable s’élève du bois en face de nous.
On ne voit ce qui brûle. Les 162e et 151e sont décimés (***) ; Ils partent, disent-ils, vers l’ouest.
On voit des soldats fous qui tournent en cercle (****).
(*) : Maurice VIVIEN, conducteur
d’auto, engagé volontaire en 1912 à 19 ans, est sergent au 95ème régiment
d’infanterie à cette date. Nous le retrouverons plus loin dans le texte.
(**) : Le 19e bataillon est engagé à
Pierrepont où il perd le chasseur GALOPIN.
(***) : Les historiques indiquent pour
le 151e RI 800 pertes, pour le 162e RI plus de 700 pertes dont 33 officiers,
soit près du tiers des effectifs de départ. Le journal de marche officiel de la
83e brigade indique 7 officiers tués, 5 blessés, 690 soldats, tués, blessés ou
disparus.
(****) : Il existe des images
d’actualités montrant des soldats français ou allemands rendus fous par l’effet
des bombardements intenses et tournant en rond en secouant la tête.
Nous avons passés la nuit à St-Pierrevillers.
Toute la division se replie vers Nouillonpont.
A Nouillonpont, nous sommes en avant-postes. La canonnade recommence de plus belle, on tire par-dessus nos têtes. Notre artillerie tire sur tout ce qui se présente pour permettre au 6e corps de se reformer.
Sur le soir, de longues chaînes de tirailleurs se présentent sur les crêtes et ouvrent le feu sur nous à deux kilomètres. Notre 75 en position derrière les foudroie brusquement et les oblige à se replier en désordre.
Des patrouilles ont tiré cet après-midi.
Des aéroplanes français et allemands ont sillonné les airs et ont reçu force balles et obus.
Nous avons passé la nuit aux avant-postes.
Je suis littéralement gelé. La 2e compagnie à gauche, laisse approcher à 200m sept cavaliers allemands, et les descend tous les sept.
Nous sommes relevés des avant-postes, et remplacés par d’autres compagnies de chasseurs. Je rencontre (Charles) Gibrin. (*)
Nous sommes dans les tranchées de part et d’autre de Muzeray. Les obus pleuvent. Vais-je y rester ?
Nous allons attaquer encadrés par le 94e et le 16e. On part, passés la voie ferrée les balles et les obus sifflent, on se précipite dans une ferme et on canarde vigoureusement, soutenus par notre mitrailleuse.
Des obus mettent le feu. Je tiens quand même, bien qu’on m’assure le repli. Le fermier est de connivence avec eux. Albert Lepointe (**) témoigne une frousse indigne d’un caporal.
Nous allons être tournés, ils sont à 200m. On se replie. Je reçois force balles.
Arrivés à Nouillonpont, notre artillerie s’est tue, on veut se rassembler. Brusquement on tombe dans la fourchette des obus à balles et à deux heures le commandant est tué. (**)
Je me tire de la zone au prix d’efforts inouïs.
Dans une ferme abandonnée
quelques chasseurs ralliés prennent du vin. On trouve le 26e, le 25e. Je passe
encore la nuit à la belle étoile à Billy (s/s-Mangiennes).
(*) : Charles André GIBRIN, engagé
volontaire, né 1892 est sous-lieutenant depuis le 15 août 1914 au 94ème
régiment d’infanterie. Capitaine en 1919. Voir
sa fiche matriculaire.
(**) : Albert Isidore LEPOINTE,
né 1893 à Avioth (Meuse) est étudiant et caporal au 19e
chasseurs depuis février 1914, Nous le retrouverons dans le carnet plus
loin.
(**) :
350 chasseurs sont mis hors de combat ce jour-là dont 43 tués, parmi eux le
lieutenant René PÉtel et le
commandant Victorien MiÉlet qui a
eu la cuisse fracassée par un obus. Son corps placé dans une maison de
Billy-sous-Mangiennes sera remarqué par un infirmier du 150e RI, Léon Fonder :
« Nous
transportons le sapeur Henry
blessé à la cuisse et à la poitrine sur au moins quatre kilomètres...Le poste
de secours est changé, il nous faut aller jusqu'à Billy où nous arrivons à 21
heures du soir. Nous portons notre blessé dans une maison où reposent déjà deux
morts, dont un commandant du 19ème chasseurs qui a la
cuisse complètement détachée. »
Ce détail extraordinaire, durant la journée du 24 août, réuni ce carnet de campagne avec un autre carnet d’un infirmier du 150e RI. Cet autre carnet est aussi publié sur mon site >>> ICI <<<<. Voir à la date du 24 août
On rejoint le bataillon à Billy.
Le général nous pousse encore vers les shrapnells, nous sommes exténués. On reçoit enfin l’ordre de se replier sur Azannes (et-Soumazannes).
Je rencontre mon oncle Alfred (*), je perds le bataillon. Je rencontre Me Gauthier. On me réprimande vertement pour avoir quitté le bataillon que je rejoins à Azannes.
(*) : Alfred L’Huillier, officier d’active d’infanterie, a épousé la tante
de Gabriel Grosdenis, Marie-Adelle.
Nous avons bivouaqués sur une croupe près d’Azannes où on se reconstitue.
Albert Lepointe (*) a été blessé par un éclat d’obus en revenant avant-hier. Il doit être mort. Je n’ai pas de nouvelles de Gabriel.
Il paraîtrait que l’ennemi se retire, nous aurions reçu le feu de l’artillerie de 7 corps d’armée, qui devait protéger la retraite. Trois corps de réserve les prennent en flanc. Je ne sais si ces tuyaux sont fondés. Je rencontre souvent Jean Gauvin.
(Maurice) Vivien (**) doit être mort. Il avait reçu à Bazailles, 4 balles dans le corps. Il serait succombé, j’ai son carnet de campagne.
Nous partons.
À la sortie d’Azannes
nous croisons le général de division qui acclame notre bataillon. En passant
près de moi, il me félicite chaleureusement. Ensuite c’est le défilé
ininterrompu vers Verdun. Des gens s’en vont de partout. Dans ma compagnie il
reste 70 chasseurs sur 250. 700
chasseurs arrivent en renfort du dépôt d’Epernay.
(*) :
Blessé le 24 août, le caporal Albert LEPOINTE rejoindra le bataillon le 14
septembre, passera sergent en novembre et sera de nouveau blessé le 10 décembre
1914.
(**) : Le
sergent Maurice VIVIEN a été blessé d’une seule balle au côté gauche (soins à
l’hôpital de Rodez). Il repartira au 94ème régiment d’infanterie. Adjudant en
janvier 1915, il aura les pieds gelés en février 1915 (soins à l’hôpital
d’Albi). Passé à la section automobile du 13ème régiment d’artillerie, puis au
17ème ETEM, il partira en Orient en juillet 1917 jusqu’en avril 1919, comme
chauffeur d’état-major. Civil, il finira comme directeur des transports
départementaux. Voir
sa fiche matriculaire.
J’ai couché à Charny, chez l’institutrice, j’ai vu Me Adam qui se charge d’un mot à Maman.
Me Barbier m’apporte des nouvelles,
A. Lepointe n’est pas mort.
Nous allons à Vauquois.
A Marre, je vois Mathilde, je cause quelques instants avec elle.
Nous cantonnons à Vauquois, sale patelin. Nous nous réorganisons avec les réservistes d’Épernay.
Je ne puis trouver un lit.
Bonnes nouvelles. Général de Castelnau met 5 corps allemands en désordre en Belgique.
A Vauquois c’est la vie tracassière qui reprend.
Mise au point problématique des réservistes. Nous allons probablement partir vers Sedan cette nuit.
Nous avons quitté Vauquois pour Verdun où nous sommes arrivés vers 8h.
J’ai vu Maman et Odette (*).
Nous ne nous sommes embarqués que vers 2h du matin….…..et débarqués à Guignicourt.
(*) : Odette est la jeune sœur de
Gabriel âgée de 15 ans, devenue plus tard professeur à la Sorbonne, elle décède
en 1986 sans descendance.
Nous sommes dans un patelin de l’Aisne avec un nouveau chef de bataillon (*). On se soigne bien.
Peut-être que cette vie sera plus intéressante maintenant. Je me suis baigné dans le canal. C’était délicieusement bon.
Le village s’appelle Condé-sur-Suippe.
(*) : Le commandant Payard, chef de corps du 106e RI depuis
le 25 août.
Nous partons ce matin pour nous rendre à Aire dans la direction de Rethel, jusque sous le canon de l’ennemi.
La population fuit comme dans la Woëvre. Je suis éreinté, on va peut-être se battre mais je n’attends rien de nos réservistes.
Plus de 200 sont restés en route, 2 sont morts. La chaleur était atroce. Il y a eu quelques coups de canon d’échangés.
Nous cantonnons à Blanzy.
A l’aube nous recevons l’ordre de
nous porter en arrière, à environ
Une colonne ennemie a en effet débouché de Château-Porcien, avec de l’artillerie lourde, toute la 42e division y fait face.
Un violent duel d’artillerie s’engage jusqu’à la nuit. La division se replie ensuite, le 19e sur Pomacle, après une marche fatigante jusqu’à minuit.
Je passe quelques instants agréables avec une demi-mondaine jolie, et une charmante gosse qui habite la maison où je couche.
Je dors peu et je suis bien fatigué.
Des bruits fantastiques circulent.
Nous allons à Fismes.
La 42e division se met sous les forts. Nos hommes sont à bout, surmenés.
Nous sommes en avant-postes, en avant de Fismes. On m’annonce que des cavaliers et un régiment ennemi s’avancent sur nous.
Nous ne voyons finalement rien. Je passe une partie de la nuit aux avant-postes.
A une heure du matin, nous reprenons notre marche rétrograde.
Je me dispute avec Philippot, je ne lui pardonnerai jamais.
Nous traversons Reims, pour aller à Germaine. Des bruits courent d’indemnité de guerre à Reims pour lui éviter le bombardement. Nous nous replions jusque Ville-en-Selve.
J’ai les pieds en compote. La moitié du bataillon est resté en route. Il est probable que nous allons continuer notre belle marche rétrograde.
Elle aurait parait-il des résultats, et un but inconnu.
(*) : Il s’agit sans doute du
lieutenant Amédée Philippeau de
la 4e compagnie à laquelle appartient GROSDENIS ; Il assurera un moment le
commandement de celle-ci puis sera blessé le 27 septembre à la ferme d’Alger
(près de Reims) et succombera à ses blessures le 6 octobre à l’hôpital civil de
Vichy.
Nous repassons la Marne en amont d’Epernay. Destination inconnue.
Nous cantonnons le soir à Gionges.
L’exode de la population continue, toujours navrant. Le bruit court d’un sanglant combat à Château-Thierry, à notre avantage. Je ne peux y croire.
Les Russes ont infligé un désastre à l’Autriche.
Le recul continue, par Villers-au-bois, Soulières, vers Vert-la-Gravelle.
Ordre ensuite d’aller cantonner à Reuves (*), mais à Broussy-le-Petit, arrêt. Reuves est probablement occupé par l’ennemi.
Les uhlans derrière nous brûlent tout. Cette ignorance des nouvelles de l’armée est énervante au possible.
Beaucoup de gens ne pourront s’échapper, nos traînards sont surpris (**). Une action est imminente pour nous (***).
Brusquement une violente canonnade s’engage entre Reuves et Broussy, vers le soir, nous franchissons les crêtes pour nous soustraire au tir de l’artillerie.
A la nuit, nous retournons coucher à Reuves. La canonnade se prolonge toute la nuit.
(*) : Situé à la lisière sud-est des
marais de St-Gond (51).
(**) : A Vert-la-Gravelle.
(***) : Ce jour, la retraite vers
l’Aube est interrompue, toute la 9e Armée fait face au Nord et gagne les
positions indiquées par le général Joffre. La 42e DI est la soudure entre la 5e
et la 9e Armée sur le plateau au Nord de Sézanne.
Nota : L’ensemble de l’action de la 42e
DI au cours du 6,7 et 8 septembre se place de part et d’autre de la route n° 51
Sézanne-Epernay, près des villages de Soizy-au-Bois, La Villeneuve-lès-Charleville, Montgivroux,
Mondement, de la ferme Chapton.
En effet le Xe corps de la IIe Armée Von Bülow va
porter toutes ses attaques afin de percer entre la 5e armée et la 9e armée
(Foch). Ces trois journées sont parmi les plus importantes mais aussi les plus
meurtrières de la bataille dite « du centre » de la 1ère bataille de la Marne.
Une grande bataille va se livrer (*).
A 4 h du matin, nous rejoignons nos emplacements. Nous sommes liaison entre le 10e et le 9e corps qui vont se porter à l’attaque.
Le 5e corps se trouve en arrière articulé en profondeur (**). Je ne sais pas si nous nous engagerons à fond, mais nous serons presque sûrement sous le feu de l’artillerie.
La division marocaine (général Humbert) attaque (***), et de suite le recul des Allemands se prononce. Un duel d’artillerie fantastique s’engage.
Nous progressons. 3 h. La gauche allemande est culbutée.
Au centre un village est pris, repris et pris encore (****). Ordre est donné de tenir jusqu’à la dernière extrémité.
En conséquence, on tirerait sur tout ce qui sortirait du village, Allemands et Français. C’est pour permettre au 10e corps à notre gauche d’arriver.
Il arrive à marches forcées. C’est très dur et très meurtrier. Les pauvres turcos ont été très éprouvés. Nous sommes à Soizy (au-Bois) où on s’est battu toute la journée.
Les turcos ont eu quelques charges heureuses, et ont fait à la baïonnette des monceaux de cadavres.
Mais que de pertes.
(*) : La 42e DI prend l’offensive vers
le nord-ouest mais le Xe corps allemand débouchant de Corfélix
et des hauteurs de Saint-Prix contre-attaque en force et l’oblige à reculer. Le
19e BCP n’est pas très engagé pendant cette journée.
(**) : Curieuse erreur car le 5e
Corps du général Micheler se
trouve à cet instant bien à l’est au sud de la forêt d’Argonne où il combat la
Ve Armée du Kronprinz.
(***) : La division marocaine se
trouve à droite de la 42e division auquel appartient le 19e BCP. En face d’eux la IIe Armée Von Bülow.
(****) : Il s’agit de La Villeneuve-lès-Charleville perdu à 8h
du matin, repris à 9h, reperdu à 12h et enfin reconquis à la tombée de la nuit.
Le fusilier-régiment n°73 et quelques éléments de l’IR78 sont les unités
allemandes du Xe corps engagés dans ce combat pour La Villeneuve.
Après avoir bivouaqué près d’un bois (*), à l’aube, une violente attaque se déclenche.
Nous devons tenir encore 2 jours pour permettre au 10e corps d’arriver, et au 5e de serrer. La mission de la division et une mission de sacrifice, je vais probablement y rester cette fois.
Je dois tenir une lisière de bois jusqu’à la dernière extrémité. Je change ensuite 5 ou 6 fois d’emplacement.
L’attaque est repoussée, ou du moins le combat prend assez bonne tournure. On annonce par avions l’arrivée rapide du 10e corps, et que l’armée allemande a son ravitaillement en munitions coupé. Je n’ose apporter créance, c’est au moins la 3e fois que ce canard circule.
Les Allemands ont réoccupé le village pris par nous hier (**) bien qu’ailleurs on les dise en retraite (***).
Les fantassins faisaient encore demi-tour mais nos cavaliers les ont sabrés. Le 19e va en avant à son tour.
Des mitrailleuses ne peuvent être délogées et nous causent un mal terrible (****). L’artillerie rentre en action et déloge les mitrailleuses. L’infanterie ne l’est pas car elle pousse une contre-attaque formidable. Deux fois nous nous lançons à l’attaque, mais pris en tête, au flanc, par derrière, nous sommes repoussés. Le combat se poursuit dans le bois, meurtrier.
Le soir la canonnade reprend.
Je suis blessé au pied (*****). Gaston Burlin (******) me ramène. Je reviens en camion automobile jusqu’à Anglure au-delà de Sézanne. Là, je suis pansé, restauré par des dames charmantes, et ma blessure n’est pas tellement grave pour qu’elle m’empêche de boire et manger. Je suis hissé dans un fourgon d’un train.
(*) : Le bois de la Branle situé à l’ouest
de Soizy-au-Bois, le 19e
BCP y ramassera des blessés allemands notamment du FR 73.
(**) : La Villeneuve ou Soizy, ces deux villages ayant été repris par les régiments
de la 19e division du Xe corps allemand.
(***) : Le général Humbert
commandant la division marocaine précise dans son ordre du jour : « Les succès
remportés par les 5e
et 6e Armées se confirment. Les allemands sont en pleine
retraite, sauf devant la 42e division et la division du Maroc, où ils résistent
encore pour éviter l’enveloppement. »
(****) : Le 19e BCP est placé à
la gauche de la 42e DI, il combat durement à La Villeneuve et à Soizy-au-Bois. Aujourd’hui, une
cinquantaine de chasseurs du bataillon identifiés reposent dans la nécropole de
Soizy, parmi les 404 soldats reconnus sur un total de
1282 corps. Tous ont été ramassés sur le champ de bataille à La Villeneuve et à
Soizy comme l’atteste le registre de la nécropole.
Ils subissent pendant cette journée les assauts de la 19e division d’infanterie
allemande et particulièrement ceux du fusilier-regiment
73 et du JR 91 auquel s’ajoutent deux bataillons d l’IR77 et des éléments de
l’IR74 et 79.
(*****) : A la ferme Chapton par un schrapnel
qui lui fracture deux métatarsiens au pied droit.
(******) : Le sergent Gaston Burlin du 151e RI qui combat avec le
19e BCP au sein de la 42e DI décédera de maladie le 26 mars 1915 à l’hôpital
auxiliaire n°16 de Châteaudun.
A 6 h je suis toujours dans le fourgon sans être parti.
Nous partons enfin vers 7 h, passons à Romilly, Nogent-sur-Seine.
A Montereau, les dames nous restaurent, et nous y passons l’après-midi. Nous repartons vers 16 h vers Orléans.
Je suis toujours dans le train à 5 h du matin à Malesherbes.
Nous passons à Pithiviers, Ville-au-bois, Les Aubrais, Amboise, St-Pierre-des-Corps, Tours, où je m’arrête.
Partout nous avons été soignés, restaurés.
Je suis hospitalisé au couvent de l’Adoration, 3, rue Descartes. Nous avons fait un petit souper au buffet, au Vouvray, très agréable.
Nous sommes cinq officiers. (*)
(*) : Le 9 septembre, il ne reste que
quelques sous-lieutenants pour encadrer le 19e particulièrement éprouvés comme
toutes les troupes de la 42e DI et de la division du Maroc. Tous les officiers
et 400 chasseurs sont hors de combat dont 124 tués ces dernières 48 heures. Le
bataillon est rattaché au 8e BCP.
On a examiné mon pied, il faudra me radiographier pour savoir si le projectile n’est pas resté dans la plaie.
Nous sommes plusieurs officiers, lieutenants et capitaines soignés et choyés, très gais. Le sous-lieutenant d’artillerie, un polytechnicien a vu dernièrement (Albert) Lepointe en Belgique. Il est au génie. (*)
(*) : Fausse information, ce n’est pas
indiqué sur sa fiche matriculaire. Après sa blessure, il rejoint le 14
septembre le 19e Chasseurs. Il est à cette date sergent et y retrouvera Gilbert
GROSDENIS le 14 octobre.
Pas de résultat à la radiographie. On a rien trouvé. Le projectile a dû faire ricochet.
Donc je serai guéri dans huit jours, et je vais m’efforcer d’aller rejoindre mon corps. Mes camarades Ravenel et Mondron quittent le couvent pour aller loger chez Madame de Slade. Ils viendront se faire soigner ici.
Je les rejoindrai demain. Nous serons moins enfermés.
Je suis chez Mme de Slade, de vieille noblesse bretonne (*), maison somptueuse où nous sommes trop bien. A table, c’est un peu trop cérémonieux. Les filles sont charmantes, surtout la jeune Jacqueline qui est très jolie.
Bonnes nouvelles de la guerre, les Allemands sont en retraite. Je suis allé me promener au parc d’aviation, le monde tourangeau est très chic.
(…).
Mais le 10 octobre……
(*) : La famille Hay de Slade d’origine bretonne (et
auparavant irlandaise) avait une branche implantée en Touraine. Le capitaine
Henri Hay de Slade, fils de
madame de Slade, sera l’un des as
de l’aviation française de 14-18. Pendant un mois, le sous-lieutenant Grosdenis est en convalescence et
partage son temps entre mondanités avec la haute société tourangelle et les
promenades en automobile.
Vu mon commandant. Nouvelles du bataillon (…) (*)
(*) : De nombreuses tâches d’humidité
rendent illisibles certains passages.
Fait mes adieux à l’Adoration. Voit Maud.
Après-midi chez commandant, dernières recommandations.
Ensuite, nouvelles par jeune fille de Verdun (…)
Débarqué cette nuit à Ecouché. Beaucoup de mal à trouver un hôtel.
Ce matin voit le commandant du dépôt (….)
Trouve A. Lepointe, me donne nouvelles Verdun.
Nombreux blessés reviennent (…)
(*) : C’est la dernière fois qu’Albert
Isidore LEPONTE est cité dans le carnet. Il sera de nouveau blessé en décembre
1914 (pied gauche), revient et est blessé pour la troisième fois en mai 1915 (main). Nommé
sous-lieutenant, il passera à la coloniale et partira en Orient en 1917. 2 fois
cité croix de guerre, médaille militaire, il recevra la légion d’honneur en
1965. Voir
sa fiche matriculaire.
Départ de chasseurs pour le 19e. Vais déjeuner chez une dame (….) (*)
(*) : Le 19 octobre, le 19e BCP quitte
la Marne pour les Flandres au sein du 32e CA (IXe armée) nouvellement formé. Il
fait partie désormais du détachement de l’armée de Belgique et va être engagé
dans la bataille de l’Yser qui vise à arrêter les Allemands dans leur marche
vers Dunkerque et Calais. S’ensuivent les combats de Nieuport et Pervyse, l’engagement à Dixmude.
Le 8 novembre, le bataillon marche sur
Ypres. Le 10 et le 11 novembre, c’est le sanglant combat de Wytschaete
avec le 16e BCP. Le 15, le groupe 19/16e BCP est relevé par le 11e BCP et part
au repos pour deux jours, c’est à ce moment que rejoint le sous-lieutenant Grosdenis.
Passons à Creil 6h, puis Amiens, Abbeville, Calais 18h.
Partons ce matin pour B…. Ce soir cantonnons près de là.
Demain à Oostcapelle.
Oostcapelle, j’aurai encore un lit ce soir, j’en ai besoin car je suis fatigué. (*)
Nous avons très bien dîné en partie au frais des biffins, c’est une petite vengeance.
(*) : Le 19 novembre, le
sous-lieutenant GROSDENIS retrouve son bataillon dans les tranchées de 2e ligne
au moulin de Zuydschoote.
Calme relatif. Suis envoyé en reconnaissance par général de brigade, pour reconnaître un itinéraire rejoignant le canal de l’Yser.
On m’a tiré dessus mais on m’a manqué, j’ai reçu également quelques schrapnels.
Vu Chamarin près d’une batterie, il a feint de ne pas me reconnaître.
Détachement arrive d’Ecouché (*). Paquet et nouvelles de là-bas.
(*) : Le dépôt du 19e BCP a été
transféré d’Epernay, menacé par l’avancée allemande, à Ecouché en Normandie.
Une lettre de Mathilde, commande la 4e compagnie.
Part à 6h1/2 du soir relever la 2e compagnie du 162e à Lizerne (….)
Bonne nuit dans une cave, n’ai presque pas entendu canon. Soir violente fusillade, suivie de canonnade.
Ce matin à 50m de ma cave deux obus percutants tuent dans une autre cave cinq chasseurs et en blessent deux. C’était épouvantable.
Ordre division : faire prisonnier, reconnaître troupes adverses (*).
Ce jour le bataillon perd 9 tués.
(*) : Le caporal François Zéphyr fait prisonnier un sous-officier
et reçoit le lendemain 5 Louis d’or promis par le général commandant la
division.
Cette nuit ont été….. tranchée de l’autre côté de l’Yser, les balles sifflent constamment. J’ai entendu à courte distance à ma gauche, la prise d’un Allemand. Rentré à 4h. On me fait cuire du cochon de lait. Bon petit dîner. Serons probablement relevés.
Bruit court 42e division part pour région de Nancy.
Carte de Mme de Slade.
Soir, part faire encore tranchées. Lettre de Tours. Passe nuit.
Reconnaissance de (Marius) Lhuillier des tranchées allemandes.
Fusillade jusqu’au soir. Relève mouvementée.
Repos, bonne nuit.
Arrivée de Lambert et de deux officiers de réserve. (*) (….)
(*) : JMO de la brigade : « Plusieurs officiers et quelques éléments de
renfort viennent remonter un peu les effectifs vraiment précaires de la
brigade. ».
Attaque dans l’air par le 19e. Relève au canal.
Pluie de marmites à huit heures.
2e jour de tranchées.
3e jour attaque à 4h par Terreau, manquée (*). Ai changé de gourbi.
(*) : JMO de la 83e brigade : « A 5h30, une compagnie du 19e BCP est désignée pour attaquer la ferme Skampot si possible. Le sous-lieutenant Terraux
va reconnaître lui-même la ferme mais se blesse à un point de résistance
inexpugnable. ».
Il pleut. Mon gourbi est plein d’eau deux jours. (*)
(*) : JMO de la 83e brigade : « Les pluies de la nuit ont suscité une crue sensible qui a occasionné un
peu d’inondation. Les boyaux de communication notamment sont envahis et
quelques isolés rebutés à clapoter dans l’eau sortent des tranchées pour se
faire ajuster par des coups de feu et se faire tuer. ».
On me laisse 3 jours de plus. Je vais dans une cave.
On se prépare à être relevé.
Relevé, partons pour le sud-ouest d’Ypres. Tranchées pleines d’eau.
Reverrons-nous la France. Il semble que nous devions tous y périr.
Suis dans un gourbi de 1ère ligne en réserve. Vais y dormir 3 jours.
Mauvaise nuit.
On m’apporte une livre de beurre. Attaque allemande nous enlève des tranchées sur la droite. Contre-attaque manquée.
Pluie toute la nuit. Calme relatif jusqu’à midi.
Y ai….. fort détestable.
Attaques allemandes sur la 84e brigade repoussées avec de grosses pertes.
75 tire sur nos lignes malgré avertissements. Chasseurs démoralisés.
Tranchées bombardées par les 105, suis trempé. (*)
(*) : « Le secteur est inondé rendant les mouvements extrêmement laborieux ;
les hommes aux tranchées sont littéralement dans l’eau (…) »
Attaque générale à….. Bombardement infernal. 9e corps, 42e division, 38e division a am…. attaquent quand deux compagnies du 19e vont tenter d’enlever les tranchées. Echec, deux compagnies anéanties sous mes yeux.
Suis dans un état épouvantable. (*)
(*) : JMO de la 83e brigade : « Attaque sur tout le front après un violent feu d’artillerie malgré le terrain
extrêmement défavorable (…) L’attaque est prononcée à l’heure indiquée à droite
par une compagnie du 19e BCP, à gauche par trois compagnies du 8e BCP. Cette
attaque progresse en subissant de grosses pertes ; elle est reprise
l’après-midi par l’autre compagnie de soutien (nota : du 19e BCP) qui après
avoir atteint le même point que la première est obligée de regagner les
tranchées sous un feu violent de canons et de mitrailleuses… ».
Les pertes du bataillon sont de 51
tués ce jour-là.
Attaque reprise par 1ère compagnie du 94e. 2e échec, bombardement des tranchées comme hier.
Bombardement des tranchées, ma compagnie fond de plus en plus.
Toujours dans les tranchées, j’ai les pieds gelés.
On ne parle pas de nous relever.
Sommes relevés à 1h1/2.
Souffre atrocement. Mes chasseurs me portent jusqu'à l’entrée d’Ypres.
Une voiture ambulance m’emmène à l’ambulance de la division puis au château de Poperinghe où je passe la nuit.
Suis embarqué dans le train à Coperinghe pour Dunkerque direction X.
Passe Dunkerque, Calais, Boulogne, Amiens etc. Creil.
Passe St-Cyr, Chartres, Le Mans, Laval, Rennes.
Suis au meilleur hôpital de Rennes, clinique Ste Anne.
Bon chirurgien Mr d’Ai….. (…..) Ce serait de la gelure du 1er
degré (….)(*)
(*) : Son dossier indique gelures au
2e degré.
La rédaction de son carnet s’interrompt définitivement ; Il est très probable que Gabriel Grosdenis ait continué à écrire sans doute sous forme de lettres à l’attention de sa mère ou de sa sœur. Cette correspondance n’a pas encore été retrouvée à ce jour, certainement perdue. Le sous-lieutenant Grosdenis reste hospitalisé pour soigner les gelures de ses pieds attrapées dans les tranchées d’Ypres. Son journal s’interrompt malheureusement le 14 janvier 1915. Y-a-t-il eu une suite, qui aurait été perdu ? Nul ne le sait.
Il est de retour au front le 3 juin 1915 où il participe à la bataille qui se déroule maintenant aux Éparges, il sera de nouveau blessé d’un éclat d’obus à la tête le 29 juin à l’attaque du ravin de Sonvaux mais ne sera pas évacué.
Le 27 septembre 1915, il est de nouveau blessé plus sérieusement par un shrapnell à la ferme de Navarin pendant la bataille de Champagne ; après sa convalescence il reste au dépôt du 19e BCP à Écouché où il fait office d’instructeur des recrues de la classe 1917. Il est nommé lieutenant le 26 décembre 1915.
Après plusieurs demandes, le lieutenant Grosdenis est affecté le 8 octobre 1916 au 25e BCP.
Le 26 octobre il est blessé par éclat d’obus à Bouchavesnes (80) et évacué. De retour au front le 30 novembre il participe à toutes les opérations. Il est cité à l’ordre du 6e corps d’armée le 2 juin 1917 :
« Chargé
de défendre un secteur particulièrement difficile, a su par son exemple,
entretenir malgré la violence des bombardements, l’ardeur de ses
chasseurs ; a infligé le 14 mai 1917, un échec sanglant à un ennemi
supérieur en nombre en brisant trois assauts successifs. »
Le lieutenant Grosdenis est nommé capitaine à titre définitif le 30 septembre 1917. Le 21 novembre il est affecté au 2e bureau de l’état-major de l’armée, et, de retour au 25e BCP, à la tête de la 5e compagnie le 10 décembre 1917. Il est tué aux Éparges le 19 mai 1918 vers 18 heures, un jour tranquille, d’une balle en pleine tête en présentant son secteur au chef de l’unité de relève, le 19e BCP, son bataillon de 1914, il allait avoir 25 ans. Il est inhumé au cimetière de Dieue-sur-Meuse (55).
Contacter
le propriétaire du carnet de Gabriel GROSDENIS
Voir des
photos du 19ème bataillon de Chasseurs à pied
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Vers d’autres témoignages
de guerre 14/18