Publication :
octobre 2006
Mise
à jour : Juillet 2024
Prologue
Henri DOCHE nous dit en 2006 :
« Bonjour Didier. Vous
trouverez ci joints la transcription du carnet de marche du 238ième RI tenu par
mon grand-père du 11 août au 13 septembre 1914 ainsi que deux photos du 38ième RI.
Sa narration des faits est très proche du récit du lieutenant Émile Clermont publié sous le titre ''Le
passage de l’Aisne'' et édité par l'association Soissonnais 14-18. J'aimerais
connaître les coordonnées personnelles de Laurent qui d'après ce que j'ai
découvert sur le site aurait eu un grand-père mitrailleur au 238ième RI en septembre
1914 .Ceci vous est-il possible ? J'espère que le mode d'expédition des documents
correspondra à votre attente. Je ne suis pas un Mozart de l’internet. (…) »
Contacts
avec des internautes depuis la mise en ligne (en 2006) :
De Michel GRAND ; contact en 2008 :
« Bonjour, Je
me permets de vous écrire car je viens de découvrir par hasard votre site sur
la grande guerre.
Je suis un passionné
de cette période. Je suis loin des zones de combat, je dois malheureusement me
contenter des livres et d'internet. J’ai aussi rédigé une biographie sur mon grand-père
qui a participé à la grande guerre. Il a été fait prisonnier le 27 août 1914
dans le village de Doncières dans les Vosges. Il était dans le 38 RI de Saint-Etienne
Je possède un carnet
ou mon grand-père explique sommairement sa capture. Je m’aperçois que vous avez
publié deux carnets, l’un de Paulin Bert
du 38 RI, et l’autre de Jean Lafont
du 238e RI. Pouvez-vous me mettre en contact avec les descendants de ces
soldats ou m’indiquer comment je peux me procurer le texte de ces carnets qui
j’en suis sur seront très précieux pour mes recherches (…) »
De Jean-Pierre BARRELLON ; contact en 2016
« Bonjour
Didier, Le caporal Émile Claude Aubert
du 238ème RI a été tué aussi le 20 septembre 1914 à Fontenoy comme Jean LAFONT.
Sur le mur de la
maison de l'armé à Saint-Etienne des soldats tués du 38ème en 1914 ne figure
aucun non de soldat affecté au 238ème je n'ai pas pu trouver où sont gravés
ceux du 238ème pourtant originaires de cette ville ou des alentours. Je suis
allé à Fontenoy la semaine dernière sur les lieux mais très difficile
d'identifier l'endroit exacte de son décès ; il nous a été impossible de
retrouver sa tombe sur Saint-Etienne et vers le cimetière militaire près de
Fontenoy. J'ai regardé aussi sur le site mémoire des hommes. Je serais très
intéressé par les adresses mail des personnes concernées du 38ème et 238ème. (…) »
Remerciements
Merci à Henri D. pour le
carnet de son grand-père.
Merci à Philippe S. pour
les corrections éventuelles et certaines recherches.
Nous avons ajouté du texte en bleu pour la compréhension de certains termes
et pour aller « plus loin » dans l’analyse du récit. Pour
une meilleure lecture, j’ai volontairement ajouté des chapitres, sinon le reste
est exactement conforme à l’original.
Introduction
Jean Clovis LAFONT est né en février 1880 à Andelat dans le Cantal. À son incorporation, fin 1901, il déclare être chaudronnier et est affecté pour son service militaire au 38ème régiment d’infanterie d’Aurillac. Caporal, puis sergent, il sera militaire de carrière en s’engageant plusieurs fois à la suite et ceci jusqu’à la guerre. Il a 34 ans.
Il intègre logiquement le régiment de réserve du 38ème régiment d’infanterie : Le 238ème régiment d’infanterie ; unité à l’effectif de 35 officiers, 172 sous-officiers, 274 caporaux, 1761 soldats et 135 chevaux. Il est sergent et commande une section, dont il écrit la liste de tous ses hommes en début de carnet. (Voir la liste)
Début
des écrits
Départ de Saint-Etienne à 10 heures – Saint Germain des
Fossés – Gray.
Débarquement à Genevreuil à 8
heures.
Séjour à Amblans.
De passage à Ronchamp ; le magasin du Bon Marché donne à boire à volonté.
Séjour à Champagney ; la pluie nous reçoit.
Séjour à Valdoie, séjour de Belfort.
Nous traversons la frontière à Vauthiermont
à 10 heures 30.
Bivouac à Bretten.
Bivouac jusqu’à 1 heure. Séjour à Ammerzwiller.
À Flaxlanden nous prenons
position sur le champ de bataille de la veille.
Le 97ième poursuit l’ennemi avec le 96ième et le 157ième ; le 281ième et le 252ième sont au repos.
Il y eut 3 attaques à la baïonnette. Français hors de
combat ou blessés : 800 à 1000 .Allemands mis hors de combat : 3 à 4000
environ.
La bataille a cessé à 21 heures. Les Allemands ont ramassé
leurs morts et leurs blessés jusqu’ 4 heures du matin. Morts français, peu
nombreux.
Le régiment évacue le champ de bataille à 17 heures.
Les Allemands pansent nos blessés et ils font prisonniers ceux qui peuvent marcher.
Le sergent Jean LAFONT en 1913 alors au 38ème régiment d’infanterie
Séjour à Bernwiller.
Séjour à Gildwiller.
Aspach-le-Bas. grand combat … (suite illisible.)
Wesserling … bien reçu.
Armes, tabac, ravitaillement. Bussang.
Le Thillot.
Le Thillot, embarquement à 15 heures.
Remiremont, Épinal, Gray, Dijon, Fontainebleau, Vivres à
discrétion. Débarquement à 3 heures à Gannes (Oise).
Arrivé à Pierrepont-sur-Arve à 21 heures… journée de fatigue.
Séjour à Pierrepont-sur-Arve (pillage, émigrants plein les
routes, enfants abandonnés, pillage.)
Séjour à Beauvais.
Séjour à Bresles.
(*) : Une erreur s’est glissée dans le calendrier : il faut lire
Lundi 31 août. Erreur rattrapée à partir du dimanche 6 septembre.
Villers Saint Sépulcre.
Belle Église.
Bivouac en plein air à Moisselles.
Luzarches ; maréchal-des-logis dragon tué. (*)
(*) : Il s’agit de Pierre Marie François Joseph SAINT GENYS,
maréchal-des-Logis du 12ème régiment de Dragons. Voir
sa fiche.
Séjour à Moussy-le-Vieux ; départ à 1 heure.
Combat meurtrier, quelques morts. Pas d’incident à la
section, bivouac sur le champ de bataille. (À Puisieux)
Le combat commence à 4 heures. À 6 heures, on se terre ; toute la journée une grêle de feu nous est tombé sur le dos ….. ? ….aux carottes dans la tranchée. Nouveau capitaine sur le champ de bataille de France 3….3 mots illisibles …
(*) : À proximité de Roissy-en-France, d’où le raccourci employé ?
4 heures, reprise du combat.
Reprise du terrain. Bivouac sur champ de bataille de Fosse-Martin.
(*) : Il passe adjudant le 9 septembre 1914.
Pluie, marche sur Coeuvres et Valsery. Bivouac avec la pluie.
Bivouac, pluie.
(*) : Le régiment durant les cinq jours précédent a perdu 17 officiers
et 760 hommes tués, blessés et disparus (30% de l’effectif).
Ambleny cantonné.
Un renfort de
200 hommes arrive de Saint-Étienne par voie ferrée et malheureusement à la
descente du train en gare de Nanteuil, environ 120 hommes ont été tués, blessés
et dispersés par un bombardement. Seul 80 hommes arrivent sains et sauf au
régiment.
Fontenoy. (*)
Panique ; couché le long de la rivière. Perdu le régiment.
3 chevaux hors de combat, 3 hommes blessés. Chevalier,
caporal mort.
Reçu de Chevalier : 60 francs, 80 - 1 mandat de 10 francs - 1 montre en argent. (**)
(*)Le combat de Fontenoy ‘’ coute ‘’
120 hommes.
(**) : Tous les effets de valeur du caporal Ignace Jean Baptiste
CHEVALIER. Voir
sa fiche.
La suite
Il a été blessé mortellement le 20 septembre 1914 à Fontenoy (02). Du 14 au 20 septembre, le 238ème régiment d’infanterie reste sur la position de Fontenay en tentant plusieurs fois de gravir le plateau qui occasionne de nouvelles pertes.
Extrait de l’historique :
Le 20 septembre, après un bombardement de sept jours, le régiment
épuisé est relevé, mais au moment où il arrivait à son cantonnement de repos,
il est rappelé pour aller repousser l’ennemi qui, dans une attaque générale sur
tout le front, a bousculé le régiment qui nous a relevés quelques heures
auparavant.
L’ennemi a déjà atteint le village de Fontenoy qui borde
l’Aisne, ses mitrailleuses établies sur le bord du plateau battent toute la
vallée.
Mais déjà nos premières compagnies ont gagné les pentes
boisées, elles tombent sur l’ennemi le plus avancé et se livrent à un violent
combat corps à corps. Les traits d’héroïsme y sont nombreux. Les groupes qui se
reforment après le premier choc se précipitent de nouveau sur l’ennemi ; on se
tue à quelques mètres et l’on se bat à la baïonnette. Mais les secours attendus
des autres compagnies qui sont encore dans la plaine ne peuvent arriver, les mitrailleuses
allemandes au bord du plateau, leur tuent tous ceux qui tentent de passer. La
situation est des plus graves, il faut à tout prix tenir pour ne pas être
acculé à la rivière. Enfin, au moment où il ne reste plus debout qu’un petit
groupe de combattants, l’ennemi faiblit. Des secours arrivant, l’attaque est
reprise vive et ardente, précipitant la retraite des Allemands. Au pas de
course nous nous jetons sur nos anciennes tranchées que nous garderons pendant
huit jours encore.
Non seulement nous avions rétabli nos positions, mais encore nous avions fait 200 à 300 prisonniers valides, pris deux mitrailleuses et un caisson de munitions qui, dans la suite nous servit à alimenter le feu sur l’ennemi.
Le matin du 20, après notre relève, nous nous sentions exténués
de fatigue, nous nous croyions incapables de tout effort ; toute la journée
cependant, nous avions mené un combat des plus violents, sans vivres depuis le
19 au soir. Résolus à défendre, contre tout retour offensif de l’ennemi, nos
tranchées dans lesquelles gisaient les corps de ceux qui nous avaient relevés
et les morts allemands, on travailla toute la nuit.
On se compta, le dernier chef de bataillon ayant été
appelé à prendre le commandement d’un régiment voisin, il ne nous restait plus
que trois officiers, des compagnies étaient réduites à vingt-cinq hommes. Des
renforts nous parvinrent alors qu’on amalgama sous le feu de l’ennemi ; presque
tous les officiers et sous-officiers furent pris dans la troupe.
Pendant huit jours, l’ennemi harcelé sans cesse se contentait de nous canonner, nous faisant subir chaque jour de nouvelles pertes. La fatigue devenait extrême chez tous ceux qui, depuis près d’un mois, combattant ou poursuivant sans trêve l’ennemi, étaient exposés à toutes les intempéries, sans couverture, sans toiles de tente, couverts d’un seul vêtement. Mais notre consigne était : « Nul n’a le droit de se plaindre ici. » Le 29 septembre nous étions enfin relevés.
Liste de noms dont certains ont été modifiés à
la suite des pertes :
À la date du dimanche 13 septembre, dernier
jour de la tenue de ses notes :
TAILLANDIER avait été remplacé par BELIN
lui-même rayé de la liste, LAPEYRE, (Ignace) CHEVALIER, JOUVE étaient rayés sur la liste. MOULIN avait remplacé
MAISONOBE. Le nom de TRIPIER était intercalé entre RAUCHE et COGNET.
Hommes - emploi – campement -
outils
H82241 LAFONT adjudant
H82238 GOYON caporal, chef de pièce PB
H82206 TAILLANDIER tireur marmite cisaille
BELIN
H81801 BOYER chargeur plat PB
H81891 RAUCHE aide chargeur marmite Pioche
TRIPIER
H20275 COGNET télémètre seau
H81734 CHEVALIER caporal, chef de
pièce sac-lanterne
H82118 ROCHER tireur M cisaille
H81266 SIOLLI chargeur seau PB
H81656 GIRARD aide chargeur M Pioche
H81152
FREDEFOND armurier plat serpe
H82223 RAJADE cycliste seau scie
H81963 JOUVE caporal, chef d’échelon sac ; lanterne
H81913 POMEROL pourvoyeur M PB
H81143 BOUVIER -------- M hache
H81970 MAISONOBE -------- nécessaire d’assaut PB
MOULIN
H82252 MATHIEU --------- moulin PB
H82229 REYNAUD .J conducteur
H82255 RIBOULON --------- M
H81156 REYNAUD .J-B. --------- plat
H82205 LAPEYRE --------- seau
H82232 CLARISOU --------- hache
H81619 ROCHEDIX ---------
H82119 PALLADE ----------
H82237 TEYSSIER ---------- hache
H81890 GROUSSON ----------
H37491 MEGE caporal, chef lanterne
H25827 HANCK ----------
H99586 THIOLLIERE ------------
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