Carnet appartenant à Antoine Laspougeas, 103e et 265e régiment d'infanterie

Carnet d’Antoine LASPOUGEAS

103e, puis 265e Régiment d’Infanterie

 

 

 

Merci à Jean-Claude, pour le carnet de son grand-père

 

image002

Sommaire :

·        Début 1916 : Le service militaire, le départ

·        Fin 1916 : Je suis passé coiffeur

·        Aisne, 1917 : Première permission, dépôt divisionnaire

·        Avril-août 1917 : Aisne, les tranchées, le baptême du feu

·        Sept. 1917 : Région parisienne, la grève des métallurgistes

·        Oct.-déc 1917 : Aisne, Chassemy, fort de la Malmaison

·        janv.-mars 1918 : Aisne, carrières de Montparnasse, les gaz

·        Mars-juin 1918 : Aisne, secteur de Soissons, avancée des Allemands

·        juin-sept. 1918 : Oise, Vosges, secteur de Baccarat, la blessure, la permission

·        Sept-nov. 1918 : Marne, secteur de Suippes, l’armistice

·        Début 1919 : Belgique

·        Avril-juin 1919 : Paris, la grève et l’enterrement du Général

·        Le libérable

 

 

carnet de guerre 001.jpg

 

image002

 

 

Mes passages pendant la grande Guerre et pendant mon service militaire

A partir du 9 janvier 1916 au 24 Août 1917

Mon retour dans le civil

 

 

 

Début 1916 : Le service militaire, le départ 

Lorsque je suis parti pour mon service militaire le dimanche 9 janvier 1916, de Bessines-sur-Gartempe (Haute–Vienne), j’ai rejoins le 78ieme Régiment  d’Infanterie à Guéret (Creuse).

Là dès mon arrivée, on nous a habillé et quatre jours après, on nous a fait prendre le train pour aller à Limoges.

On nous a fait cantonner au Maloubier dans l’usine même.

Dès le lendemain, l’on a commencé  à nous faire faire des exercices là-haut au Masdelage et ensuite des marches vers Couzeix, Le Palais et beaucoup d’autres endroits aux environs de Limoges.

 

Puis nous sommes partis à la fin avril pour aller à Lavaufranche dans la Creuse.

Là nous étions en cantonnement ainsi qu’à Saint-Martial et aux Mines de Mont-bras (Montebras).

Là nous avons toujours continué l’exercice et les marches. Nous allions faire des marches du côté de Soument (Soumans) et de Boussac ainsi que du côté de La Nouailles (?) dans l’Allier.

 

Là nous l’avons quitté le lundi 6 octobre pour venir à Guéret nous faire habiller.

Là on y est resté quinze jours, nous ne sommes partis que le dimanche 22 octobre 1916 pour rejoindre le 63ième Régiment d’Infanterie à Saint- Sulpice -Laurière car nous venions d’être versés au 63ieme  d’Inf. pour former le bataillon de marche faisant parti du secteur 188.

 

Nous sommes venus le former dans l’Oise.

Nous sommes descendus du train à Chaumont-en-Vexin dans l’Oise le lundi 23 octobre. Mais nos cantonnements n’étaient pas là, nous avions encore quinze kilomètres à faire à pied avec nos sacs complets, alors on s’est mis en route.

Fin 1916 : Je suis passé coiffeur

Nous sommes passés à Bouconvilliers et nous sommes arrivés à notre cantonnement à Bachaumont (?).

Là nous étions toute la compagnie dans la même ferme.

Je suis passé coiffeur de la compagnie, j’étais un des plus tranquilles de la compagnie.

Mais de là nous sommes partis le mercredi 15 novembre 1916, nous sommes allés prendre les autos à Bouconvilliers puis nous avons pris la direction du front.

 

Nous sommes venus à Jaulzy dans l’Aisne.

Là on nous faisait faire des  tranchées de soutien en cas d’attaque. J’étais toujours coiffeur de la Cie et comme je n’avais rien à faire, lorsque tous les copains étaient au travail, j’allais me promener  vers les lignes de chemin de fer, voir les villages aux alentours.

 

Un jour je suis allé au plateau de Quennevières (*), les carrières Navret (?), Bitry, Attichy, Croutoie (Croutoy), La Maison Blanche.

 

 

De là nous avons repris les autos pour venir au repos à Moussy-le-Neuf dans la Seine-et-Marne où nous arrivés le mardi 5 décembre 1916.

Là nous y avons passé plusieurs jours bien tranquilles.

 

Ensuite nous avons repris les autos encore une fois le vendredi 15 décembre pour aller travailler dans la forêt de L’Aigle (Laigue) à Choisy-aux-Bacs (au bac) dans l’Oise.

De là je suis allé visiter les patelins aux alentours.

 

Je suis allé à Compiègne, au château de Cheielle (?), à Cuvilly, Ressons-sur-Matz, Laneuville (La Neuville-sur-Ressons), Riquebourg (Ricquebourg).

De là nous sommes partis le lundi 25 décembre à pied pour aller au Mesnil-Amelot dans la Seine-et-Marne.

 

(*) Le plateau de Quennevières fut l’objet de nombreux combats sanglants, notamment en 1914 et 1915.

Aisne, 1917 : Première permission, dépôt divisionnaire

De là, je suis parti en perme pour dix jours.

Je suis allé prendre le train à la gare de Mitry-Clet (Mitry-Claye) pour venir chez moi à Bessines.

                        

Puis lorsque j’ai été de retour de perme, j’ai retrouvé les copains à Saint-Marc (Saint Mard), là on prenait la garde à la gare de Damartin (Dammartin-en-Goële).

De là, je suis parti le jeudi 8 février 1917 pour aller en renfort au 265ieme d’Infanterie au dépôt divisionnaire (*) qui se trouvait à Arsy dans l’Oise. On y faisait des stages en attendant son tour pour monter aux tranchées.

 

Moi j’ai fait un stage de grenadier, j’ai été reçu dans les premiers c’est à dire grenadier d’élite, me donnant droit à l’insigne dorée. Et comme tout les dimanches, on avait repos, on allait se promener dans les villages aux environs. Je suis allé à Frenoix-la-Rivière (?), au Grand-Fresnoy.

 

Puis le dépôt divisionnaire c’est déplacé pour aller à Chevincourt le lundi 9 avril 1917, puis j’ai quitté le dépôt divisionnaire le mardi 10 avril pour partir renforcer le régiment.

Nous sommes passés à Margnit (Margny- sur-Matz), Noyon. Nous avons couché à Grangru (Grandrû) dans l’Oise. Nous sommes partis le lendemain matin mercredi 11 avril et nous sommes passés à Baboeuf, Chauny, Ternier (Tergnier) et Moël (Moÿ-de l’Aisne) dans l’Aisne.

 

(*) : Il s’agit du dépôt divisionnaire de la 61e division d’infanterie, appelé DD61, dans les textes officiels

Avril-août 1917 : Aisne, les tranchées, le baptême du feu

Là nous avons reçu le baptême du feu, nous avons eu pour commencer plusieurs blessés puis nous sommes arrivés au régiment de Rémigny.

 

 

1.jpg

 

Extrait du Journal de Marches du 265e RI

 

Là nous avons été affectés chacun dans sa compagnie. Moi j’ai été versé à la 14ieme Compagnie. Alors le bataillon est monté le dimanche 15 avril en réserve à Benay.

Là nous allions travailler en première ligne tous les jours.

On est passé par le bois d’Hynacourt (Hinacourt), à Séricie (Cerizy), La Jolie (?) et on allait à la côte 116.

Et le jeudi 3 mai, nous sommes montés prendre les lignes à la côte 116 et nous ne sommes redescendus que le lundi 21 avril au petit repos au bois de Liez.

1.jpg

 

Carte du Journal de Marches du 265e RI, on y distingue la cote 116

 

Ensuite nous sommes remontés le mercredi 30 avril à Ly-Fontaine et à Moy.

De là nous sommes redescendus le mardi 26 juin au repos  à Hesmery-Hallon (Esmery-Hallon) dans la Somme.

Là on  ne faisait rien, on allait se promener à Ham.

 

Puis le mercredi 13 au soir, nous avons eu l’ordre de remonter en ligne le vendredi 14 juillet au matin.

Nous avons quitté  Hesmery-Hallon pour passer à Ham et à Douchy où nous avons deux nuits et deux jours dans des petites baraques en planche.

Alors on est reparti toujours à pied le samedi 16 au matin pour passer à Etréllier (Etrelliers) et nous sommes venus cantonner à Savy.

Le mercredi 18 juillet, nous sommes montés en ligne à l’octroi de Saint Quentin.

Le vendredi 27, nous sommes  venus en réserve à Roupir (Roupy) et le lundi 30 juillet, il a fallu remonter au bois d’Olnon (Holnon) pour renforcer le 5ieme Bataillon et nous sommes redescendus le mercredi 8 août à Vaux (Vaux-en Vermandois)  dans des baraquements en planche et nous sommes montés en réserve le samedi 18 à l’Epine d’Allons (Dallont) et à Fayet.

Nous sommes montés en ligne le lundi 27 août.

Sept. 1917 : Région parisienne, la grève des métallurgistes

Nous sommes descendus en réserve à Savy et nous en sommes partis le mardi 4 septembre pour aller cantonner à Marc l’église (Marqueglise)  et le mercredi 5 septembre, nous avons pris les autos pour nous conduire à Villeron (Seine et Oise) (Val d’Oise)

Nous y sommes arrivés le jeudi 6 septembre dans la journée. De là on pouvait venir se promener à Paris, l’on est allé aussi au Louvres, à Chenevrière (Chennevrières-lès-Louvre), à Saint Vémarc ( ?)

 

Le samedi 22 septembre, il a fallu partir pour Saint Denis pour la grève des métallurgistes. Nous étions logés dans la caserne du 1er Zouaves. Nous y sommes restés six jours.

Nous étions à Paris tous les soirs. (*)

Nulle part dans le journal du 265e RI, il est écrit que des soldats sont partis sur Paris pour cette grève.

Par contre, le 5 octobre on y lit : « ...Les unités détachées dans les forts de Paris sont relevées »

Oct.-déc 1917 : Chassemy, Aisne, fort de la Malmaison

Le samedi 29 septembre, nous avons eu les autos qui sont venues nous prendre à la caserne pour nous ramener à Villeron et nous sommes repartis le jeudi 25 octobre.

Nous avons pris le train à Louvres et nous sommes descendus à Lompont dans l’Aisne (Longpont)  le 26.

On est parti à Piev ( ?), à Surviller ( ?), Poterit ( ?) où nous avons passés la nuit et le 27, on est passé à Saint-Pierre ( ?), à Ponpoint (Pontpoint) où nous avons passés la nuit et le 28, on est passés à Pally ( ?), à Mortefontaine, à Pont-Sainte-Maxence et Vailly-sur-Aisne.

 

On est venu cantonner dans les carrières de Chasmy (Chassemy) dans l’Aisne.

On en est parti  le mercredi 7 novembre pour aller à Aizy (Aizy-Jouy) dans la carrière du projecteur. Là on était en pleine attaque, puis nous avons été prendre position à Chavignon le jeudi 8 et à Pargny-Filain.

 

Le samedi 10, nous sommes venus en réserve au Fort de Malmaison et le jeudi 15 novembre, on s’est déplacé pour aller en réserve du bataillon de gauche aux carrières de Montparnasse.

Le 19 nous sommes allés au petit repos à Sancy-les-Cheminots encore dans une carrière.

Le mercredi 28 novembre, on est parti pour monter aux Bruyères, le fameux village à coup de main (*).

Le mercredi 5 décembre, nous sommes allés à la carrière de la Kommandantur, et le 14, nous sommes allés au petit repos dans la carrière de L’Hirondelle et le 23, on est parti pour le bois d’Erlye (?).

 

(*) : C’est exact : Une reconnaissance (23 hommes) est envoyée, le 21 nov., dans les ruines du Port, pour nettoyer la rive sud du canal et ramener des prisonniers. Il n’y aura pas de pertes, ni de prisonniers.

Aisne, janv.-mars 1918 : carrières de Montparnasse, les gaz

Le mercredi 2 janvier 1918, on est venu en réserve à la carrière de Montparnasse et le 11, on venu à Pinon.

Le 20 janvier, le régiment est allé dans la caserne de Soissons et de là, je suis parti en perme de dix jours.

J’ai pris le train à Siry-Vermoise (?).

 

Je suis rentré de perme le lundi 4 février et j’ai retrouvé tous mes copains, toujours à Soissons.

De là, nous sommes partis le 7 pour passer à Celle-sur-Aisne et on est venu cantonner à la carrière de Sancy-les-Cheminots  et le dimanche 17 février, on est remontés aux Bruyères.

 

Le 25, on est  venu en réserve à la carrière de Montparnasse.

Le  mardi 12 Mars, on est monté en ligne au bois d’Erlye (?) et c’est ici que le dimanche 17 Mars, à six heures du soir, on a eu un bombardement par obus au gaz jusqu’à dix heures du soir. On se demandait si ce n’était une attaque que les boches voulaient nous faire.

Mais malgré cela, nous avons eu assez de mal, on a évacué environ cinquante par compagnie. (*)

 

Le 20 au matin, nous avons eu un coup de main des boches et un bombardement bien nourri qui a duré plus d’une heure. Mais malgré tout ça,

Ils ne sont pas arrivés à nos tranchées mais nous avons eu plusieurs blessés.

Le 21, les boches étaient en colère de ne pas avoir ramené de prisonnier. Ils nous ont fait un violent bombardement toute la journée et toute la nuit.

 

Le 22, la même chose mais beaucoup d’obus au gaz. (**)

Le soir à onze heures à la relève, ils nous ont bombardé tout le long du chemin des lignes jusqu’à la carrière Montparnasse. Il a fallu marcher avec les masques et nous sommes allés au petit repos à la carrière de Sancy.

 

Le samedi 23 mars au matin jusqu’au dimanche 31 mars. Nous sommes partis pour changer de secteur pour aller plus à gauche dans les carrières de Sorny car on avait peur d’une attaque.

(*) : Le journal de régiment indique que l’artillerie allemande « ...bombarde du 16 mars 18h18 au 17 mars à 1h25, par obus toxiques. Odeur du gaz : ail, oignon brûlé, moutarde. Accidents provoqués : conjonctivites très douloureuse, vomissements alimentaires et bileux. Evacués 94 hommes... »

(**) : Le journal de régiment indique que l’artillerie allemande tire environ 1000 obus toxiques à la cadence de 30-40 obus à la minute.

Mars-juin 1918 : Aisne, secteur de Soissons, Avancée des Allemands

Puis le jeudi 7 mars, à onze heures du soir, on vient nous avertir qu’on partait pour aller prendre position sur la route de Vauxaillon à Neuville-sur-Margival. Là nous sommes restés deux jours jusqu’au 9, puis le 9 au soir, nous avons été alertés pour prendre position devant une pièce de 155 au dépôt du Génie et le 12 au soir, nous sommes partis pour monter en 1ère ligne sur le canal de l’Oise à l’Aisne, en face de Anizy-le-Château.

 

Dans la nuit du 24 au 25, nous avons fait la relève pour aller au petit repos dans les carrières de Neuville.

 

Dans la nuit du 3 au 4 avril, nous sommes remontés en ligne en avant de la ferme de la Turée (?) et le 9, nous sommes venus en réserve à la ferme Antioche.

Le 12, nous sommes remontés en ligne à la carrière 129.

De là, le lundi 22,  nous sommes redescendus au petit repos à la carrière de Neuville/Margival.

Le jeudi 2 Mai, nous sommes montés en ligne au Mont des Singes.

Le 15 au soir, on est venu en réserve à Vauxaillon.

Le 21 nous sommes revenus dans les carrières de Neuville/Margival au petit repos.

 

Le dimanche 26 mai au soir, on reçoit l’ordre que les boches devaient attaquer le lendemain matin à cinq heures sur tout le secteur. Alors il a fallu que nous allions renforcer le 93ieme d’Infanterie qui se trouvait sur notre droite.

Nous sommes allés à la carrière de Sancy où nous avons passé la nuit, un peu tranquille malgré le fort bombardement que les boches nous faisaient.

Le matin, dès la pointe du jour, le bombardement a relâché un peu car les boches avançaient et à huit heures du matin, ils nous avaient ramassé presque toutes les pièces d’artillerie.

Alors là, nous avons reçus le premier choc ; ça a été un corps à corps terrible et le combat à la grenade car c’est tout ce que l’on avait. Les boches étaient en plus grand nombre que nous, on comptait dix boches pour un français ; d’ailleurs on ne pouvait pas résister. (*)

A neuf heures, c’est-à-dire une heure plus tard, nous étions arrivés à Celle-sur-Aisne et malgré toutes nos demandes de renfort, on a pu apercevoir quelques poilus du 79e Chasseur à pied.

Ils nous ont relevés le 28 au soir, on était content de s’être sorti de la fournaise.

On se croyait sauvé, mais pas du tout, il nous a fallu  aller renforcer la division qui se trouvait à Neuville/Margival et nous avons pris position le 29 à quatre heures du matin.

Aussitôt arrivé, les boches nous tombent dessus et nous avons été obligés de reculer jusqu’à Crouy.

Là nous avons tenu jusqu’au 29 et ils ont remis ça.

On a  encore été obligé de reculer jusqu’à nos anciennes positions en avant de Soissons. On a pris position à Pommiers sur les bords de l’Aisne car on ne pouvait pas aller plus loin car tous les ponts avaient sauté.

(*) : Le régiment perdit près de 300 hommes dans cette affaire.

Oise, Vosges, secteur de Baccarat, juin-sept. 1918 : la blessure, la permission

Nous avons été relevés le samedi 1er juin à onze heures du soir par le 10ieme Chasseur à pied et là, le génie nous a construit un pont dans la nuit et nous sommes parti vers l’arrière. On nous a fait cantonner dans une ferme à Soucy et le mardi 4 juin  au matin, nous sommes partis à côté de Villers-Cotterêts. On était là en réserve des troupes qui attaquaient à Faverolles et le 6, on est parti pour cantonner à Betz dans l’Oise.

Nous y sommes restés qu’un jour et le 7, nous sommes partis pour Brégy où sommes restés quatre jours.

 

Le mardi onze juin, dans la journée, nous sommes repartis à Betz pour embarquer pour aller dans une direction inconnue. Nous sommes venus débarquer à Ainvin dans les Vosges ( ?) le  14 juin à six heures du matin pour nous faire faire 25 Km à pied jusqu’à Fontenoy-la-Joûte dans la Meurthe-et-Moselle où nous sommes restés deux jours. Comme le lendemain de notre arrivée, on avait repos, avec deux autres copains, nous sommes allés visiter Baccarat où j’ai retrouvé Paul Trompillon.

 

Le 17 au matin, nous sommes partis à La Chapelle et le 18, nous sommes partis pour Pexonne.

Le 19, les boches nous ont bombardés toute la journée et le soir à huit heures, j’ai été blessé par un obus de 105, j’étais devant une porte de maison avec un sergent et nous avons été blessé tout les deux. On nous a ramassés,  on nous a fait un pansement et les brancardiers nous ont emmenés au poste de secours. Une auto est venue nous chercher et nous a conduit à Baccarat à l’hôpital.

Le 20 à 10 heures du matin, on m’a opéré et le samedi 6 juillet, je suis parti en convalescence pour vingt jours chez moi à Bessines. Je suis reparti de chez moi le jeudi 1er août et le 2 au soir, j’arrivais à Paris, à la gare d’Orléans.

 

Alors on m’a fait faire demi-tour et on m’a dirigé vers Juvisy-sur-Orge et de là à Noisy-le-Sec. Je me suis endormi dans le train et je me suis réveillé à Vesoul. De là, j’ai pris la direction de Langres et j’ai changé pour aller à Neuchâteau.

J’y suis resté deux jours pour me faire équiper à neuf et ensuite, je suis parti en direction de Nancy où j’ai passé quelques heures et j’ai repris le train pour aller à Lunéville où j’y ai passé une demi-journée.

Je suis arrivé à Ménil-Flin dans la Meurthe-et-Moselle, j’y ai passé une nuit et le 8 au matin, on s’est rendu à Flin où se trouvait le centre d’instruction divisionnaire.

 J’y suis resté jusqu’au jeudi 29 août 1918. Nous avons quitté Flin le 29 au soir pour aller à pied à Xaffévillers où nous avons dormi et le 30 dans la journée, on est allé à Sainte-Hélène.

De là nous sommes partis en auto le jeudi 5 septembre en auto et le 6, dans la nuit, nous avons débarqué à Pars-lès-Chavanges dans l’Aube et le 11, j’ai pris le train à Chavanges pour partir en perme à Bessines.

Le 27, je suis rentré de perme et comme le régiment était parti lorsque je suis arrivé,  je me suis rendu au centre de ralliement qui se trouvait à Chavanges. J’en suis parti le 30 et j’ai pris la direction de Vitry-le-François où j’ai passé la journée.

Le soir reparti pour aller coucher à Arcis-sur-Aube et le mardi 1er Octobre,

Marne, secteur de Suippes, l’armistice : sept-nov. 1918

Je suis reparti pour me rendre au camp de Sainte Tanche près de Lhuître dans la Marne. (Lhuître se trouve réellement dans l’Aube, limite Marne)

Le 6, j’ai quitté le dépôt divisionnaire pour partir en renfort au 264ieme d’infanterie. J’y suis resté que deux jours et on n’a plus voulu de moi et ils m’ont fait revenir au 265ieme où j’ai été versé à la 17ieme Compagnie.

Le 9, je suis monté les rejoindre à Saint-Pierre-à-Arnes dans les Ardennes.

Là je suis bien arrivé, les boches ne voulaient pas abandonner leurs positions et il fallait que l’on avance.

Alors tous les jours, deux ou trois attaques et il était impossible d’avancer. On est resté comme ça jusqu’au 12 et dans la journée, nous avons pu avancer. On a fait une avance de sept kilomètres en profondeur, alors on a fait un bon travail.

Le soir, nous avons été relevés pour aller nous reposer dans un bois à Sainte-Marie-à-Py dans la Champagne.

Le 13, nous avons pris la direction de l’arrière et nous sommes venus cantonner  dans les tranchés à Souain-Perthes-lès-Hurlus.

Le lundi 14, on est parti dans les casernes de Mourmelon-le-Grand. On était au repos et le 18 au soir, on a quitté Mourmelon pour cantonner à Saint-Pierre-à-Arnes dans les Ardennes.

Le 19 au matin, on est reparti pour cantonner à Saint-Clément-à-Arnes dans un bois et le 20 au matin, nous sommes partis pour coucher à Mont-Saint-Rémy dans un bois. Le soir, on est parti et passé à Pauvres, à Attigny et à Fleury (Ambly-Fleury) où nous sommes arrivés en face des boches sur le bord du canal de L’Aisne, les boches étaient de l’autre côté.

 

Le 22, nous avons été relevé pour nous amener dans un bois entre Pauvres et Attigny.

Le mercredi 6 novembre, nous avons passé le canal de l’Aisne dans une petite barque pour attaquer les boches et ça a très bien réussi.

 

On a avancé sur Amagne et le 7 au matin, on a remis ça et on pris les villages de Sausseuil, d’Ecordal, du Petit Ban et de La Cour-des-Rois et nous sommes arrêtés à Mazerny.

 

Le 8 au matin, on est reparti pour Poix, Yvernaumont où nous avons passé la nuit.

Le 9 au matin, on est reparti pour Guignicourt-sur-Vence, Boulzicourt et Villers -sur-Meuse (Villers-Semeuse) dans la Meuse.

Là nous avons pris position sur les bords de la Meuse derrière le talus de la voie ferrée.

 

Le 11 novembre à trois heures du matin, on a été relevé par le 12 ieme Cuirassier à pied et nous avons pris la direction du fort des Ayvelles,

A Saint-Marceau, à Boulzicourt et à Yvernaumont.

 

Là on nous a dit que l’armistice serait signé à onze heures, personne ne voulait le croire.

On est venu cantonner à Villers-Semeuse sur le mont et là on attendait onze heures avec impatience pour voir si les canons allaient finir de tonner. Lorsque l’on a plus rien entendu, tout le monde était en fête.

Je crois que s’il y avait eu du pinard, chacun en aurait cassé une vieille bouteille, mais nous n’avions que de l’eau.

 

Le 13 nous sommes parti pour venir occuper les bords de la Meuse et nous sommes repassés à Yvernaumont, à Boulzicourt et on est venu cantonner à

Flize et à Dom-le-Mesnil, on prenait la gade sur la rive gauche de la Meuse et les boches de l’autre côté, on ne se cachait plus, c’était déjà plus agréable car on entendait plus les canons.

Le 17 au matin, nous sommes partis pour suivre les boches dans leur retraite.

Nous sommes passés à Donchery, à Sedan et là, c’est le 1er Régiment qui défilait dans la ville.

Nous sommes passés à Balan, à Bazeilles à  côté de la dernière cartoucherie de 1870, à Douzy, à Poru-Saint-Rémy, à Sachy et nous avons couché à Carignan dans les Ardennes.

 Fin 1918 : Entrée en Belgique  et au Luxembourg, départ en permission

Le 18 au matin, on est passé à Pure, à Messenpré et à 9 heures, nous avons quitté la France pour rentrer en Belgique.

Nous sommes passés à Fontenoille où nous avons fait une grande halte pour manger la soupe et ensuite nous sommes repartis pour Florenville, Lacuisine et nous avons couché à Straimont.

Nous sommes partis de là le 20 novembre pour passer à Osnoy (Assenois)

Là à l’entrée du village, nous avons été reçus par le curé et toutes les jeunes filles  du village. Ils nous ont arrêté, puis ils nous ont distribué des vieilles bouteilles de vin blanc et après, les jeunes filles se sont mises à chanter la Marseillaise et la Brabançonne.

Nous aussi nous avons chanté et ensuite on est reparti avec le curé dans sa voiture en tête du Régiment et les jeunes filles nous aidaient à porter notre fourbi. Ils nous ont accompagné comme ça sur six kilomètres jusqu’à Léglise où nous avons fait une grande halte pour manger la soupe.

Après, on est parti pour Habarre (Habaru), à Nivelet et on a cantonné à Bohême (Behême)

 

Le 21, on est reparti pour Rotz (?), Vlessart, Heinstert, à Post et on a cantonné à Attert.

Le 22, on devait repartir, mais on n’a pas pu car un Régiment de boches qui était devant nous, ne voulait pas rentrer chez eux. Ils avaient peur de la révolution, alors on les a fait prisonnier.

Le 23 au matin, on a continué la marche sur l’avant et nous sommes passé à La Folie ( ?) et là nous avons quitté la Belgique pour le Grand Duché du Luxembourg. Le premier village traversé est Martelange, nous sommes passés à Instenborn (Insenborn), à Kaundorf, à Orsdorf ( ?) et nous allés coucher à Buderscheid. Là on ne parlait pas un mot de Français, ça sentait déjà beaucoup aux boches, quand on passait dans les villages, on nous regardait derrière les rideaux. Le 24 au matin, nous sommes passés à Wiltz et nous sommes venus rejoindre  le Bataillon et nous sommes passés à Kautenbach et nous avons cantonné à Consthum.

 

Le 25, nous sommes revenus à Kautenbach et le  5 Décembre, nous sommes repassés à Consthum pour prendre des postes et le  15, je suis reparti pour  Wilwerwiltz.

De là je suis allé me promener à Lellingen, à Enscheringen (Encherange) et le 17, je suis revenu à Consthum.

Le 27 à sept heures et demi du matin, nous sommes partis Nochée (Nocher), à Dahl, à Géasborf ( ?) et nous sommes venus cantonner à Heidencheif.

Le 28 au matin nous sommes partis pour Escherdorf (Eschdorf), à Grosbous, à Pratz, à Berttborn (Bettborn), à Rachlange (Reichlange) et nous sommes venus cantonner à Redange.

Le 29 au matin, nous sommes passés à Ell, à Oberpallen, ce village est à moitié Luxembourgeois et à moitié Belge.

Là nous sommes rentrés en Belgique à Frassern (Frassem) et  à Arlon, nous avons cantonné à Udange et là nous avons été très bien reçus par les habitants ; Nous avons dansé toute la soirée.

Le 30 au matin, nous sommes passés à Budange (Udange), à Défert (Differt), à Messagers (Messancy, Metzig), à Audange (Aubange), le village est à moitié Belge et Français.

Nous avons cantonné à Mont-Saint-Michel dans la Meurthe et Moselle et le 31, nous sommes partis pour Piémont (Piedmont) pour prendre la garde sur la frontière.

Début 1919 : Belgique

Le jeudi 2 janvier 1919 à cinq heures du matin, on vient me dire que je pars en perme.

De suite je me suis préparé et je suis venu rejoindre les autres permissionnaires à Mont Saint Martin. Nous sommes passés à Longwy et nous avons fait 25 kilomètres à pied avec de l’eau sur le dos tout le long du chemin pour prendre le train à Longuyon.

Je suis arrivé le 4 chez moi à Bessines et  je suis reparti le dimanche 26 janvier à huit heures du soir pour descendre à Longuyon et de là, je suis revenu à pied à Mont Saint Martin.

 

J’y suis arrivé le 28 au soir et le 30 dans la journée, pour me reposer,  on m’a emmené à Piedmont pour me faire prendre la garde.

Le 1er février au soir, nous sommes partis pour faire la bombe en Belgique à Halanzy.

Le 14, nous sommes redescendus à Mont-Saint-Martin. Là on nous a dit que le Régiment était dissout et le soir pour enterrer le Régiment, nous sommes allés faire la bombe à Halanzy car ça dansait.

Le 15 à six heures du matin, on est retourné  à Mont-Saint-Martin comme des braves avec l’allure un peu fatiguée.

A neuf heures, nous voilà partis avec tout notre fourbi pour embarquer à Longwy et à 10 heures du soir, on a débarqué à Douzy dans les Ardennes.

Le 16 à sept heures du matin, on est  arrivé au 103ieme d’Infanterie ; Là nous avons été dispersé dans les Compagnies et moi, je me suis retrouvé dans la 3 ieme Compagnie qui se trouve à Francheval, alors nous sommes partis aussitôt.

Le 20 au matin, nous sommes passés à Pouru-aux-Bois, à Escombre, à Messenpré, à Pure, à Matton-et-Clémency et nous avons cantonné aux Deux-Villes et pour me reposer à mon arrivée, on m’a mis de garde.

Le 23, j’étais de repos, alors avec les copains, on est parti se promener à Tremblois-lès-Carignan et à Florenville en Belgique et nous sommes revenus par Mogues.

 

Le vendredi 4 avril, nous avons quitté les Deux-Villes et nous sommes passés à Fromy et nous avons cantonné à Margut.

Le 5 au matin, on est passé à  La Ferté-sur-Chiers et nous avons cantonné à La Mouilly dans la Meuse.

Le 8 au matin, on est reparti pour aller à Martincourt-sur-Meuse et le 9 au soir, je suis allé me promener à Cervisy et à Stenay.

Le 12 dans la soirée, nous sommes venus coucher à la caserne de Stenay.

Le 13 au matin, on est reparti pour passer à Mouzay et nous avons pris le train à Dun-sur-Meuse. Nous sommes passés à Verdun et on a eu trois heures d’arrêt et nous avons débarqué le 15 à Pierrefitte-Stains dans la Seine où nous avons passé la nuit.

Avril-juin 1919 : Paris, la grève et l’enterrement du Général

Le 16 au matin, on est passé à Saint-Denis, à Gennevilliers, à Colombes, à Bois-Colombes et nous sommes venus cantonner à La Garenne-Colombes, nous étions dans un château au n° 21 de la rue De la Pointe.

Le jeudi 1 er mai à deux heures du matin, il a fallu partir pour Paris pour la grève.

Nous sommes passés par la Porte Champéré, la Porte des Termes et nous avons suivi le boulevard Saint Honoré jusqu’à la place de La Concorde et nous sommes venus au Palais Royal.

Là nous sommes restés toute la journée jusqu’à minuit et nous avons été alertés, on est parti pour la gare d’Orléans et ensuite pour le 14ieme au vélodrome d’hiver.

Nous l’avons quitté le 3 après-midi pour revenir à La Garenne-Colombes.

Le 4 dans l’après-midi, je suis parti en perme. J’ai pris le train à la gare d’Orléans et je suis descendu à Bessines.

Le jeudi 29 mai, j’étais de retour à la Garenne-Colombes et le 30 au soir, il a fallu partir pour aller  à Rueil dans la caserne du 63ieme d’Artillerie.

 

Le 3 juin, il a fallu aller à l’enterrement d’un général dont le corps était au Val de Grâce.

Nous sommes passés à Nanterre, à Puteaux, par l’avenue de la Grande Armée, l’avenue des Champs Elysée, l’école militaire, la gare Monparnasse et le Val de Grâce.

Le soir, on était de retour à Rueil à six heures.

Le 5 à quatre heures du matin, il a fallu repartir encore pour la grève des métallurgistes, nous sommes passés à Saint-Cloud, à Suresne, à Boulogne, et nous sommes venus à l’usine de Renault à Billancourt.

Il y avait 27000 ouvriers et ouvrières.

Le 9 nous sommes repartis pour Rueil et le 13, on est reparti pour l’arsenal de Puteaux.

Le soir, nous sommes revenus à Rueil et le 15 au matin, nous voilà encore repartis pour passer à Nanterre, à Puteaux, à Neuilly et nous sommes venus aux abattoirs de Levallois-Perret.

Le 17 au soir, on est revenu à Rueil et le 19 au matin,

Le libérable

On est parti pour Nanterre à la poudrerie et à La Folie.

Là on prenait la garde huit heures par vingt quatre heures.

Le 23 au soir, je suis parti à l’école militaire à l’infirmerie et le 25 juillet, je suis revenu à La Folie.

Le 1er août, je suis revenu à l’école militaire et le 3, nous sommes allés à la caserne de Penthièvres dans le 8ieme arrondissement.

Le 14 août, j’ai quitté la caserne pour prendre le train à la gare de Sceaux et je suis descendu à Palaiseau-Villebon et nous avons cantonné dans le fort de Palaiseau à environ deux kilomètres du pays dans la Seine et Oise.

Le vendredi 5 septembre, à 9 h30, on est venu me relever de garde au fort de Palaiseau pour me faire partir en permission libérable à Bessines.

Alors j’ai quitté le fort à onze heures et j’ai pris le train à Palaiseau-Villebon et je suis arrivé à Bessines le 6 à 4h20 du matin.

 

Le samedi 27 septembre 1919, je prenais le train à 8h15 du matin pour aller me faire démobiliser à Magnac-Laval et je suis revenu le soir au train de 6h10 et je suis rentré dans la vie civile.

 

 

image002

 

Je désire contacter le propriétaire du carnet d'Antoine LASPOUGEAS

Vers d'autres carnets ou témoignages de guerre 14/18

Retour accueil