Carnet de route de Léon LEBRET 1914-1918.

Sergent au 100e régiment d’infanterie

 

 

Mise à jour : Février 2018

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Préface:

« C'est en déménageant le grenier que j'ai retrouvé dans une vieille commode les carnets de campagne ainsi que des photos et objets de mon grand-père, il avait pris soin d'écrire tout au long de la guerre sur ce qu'il appelait son carnet de notes ou carnet de route, toute la campagne 1914-1918. »

Il s'appelle Léon Lebret, il est né le 28 juin 1892 et faisait parti de la classe 1912, numéro au registre matricule du recrutement n°1871, numéro de la liste matricule n°4247. Il a combattu du 2 août 1914 jusqu'à l'armistice et faisait partie du 100ème régiment d'infanterie stationné à Tulle, il a passé cinq ans, dix mois et dix neuf jours dans l'armée active. »

 

« Il est 1ère classe le 29 juillet 1914, caporal le 20 septembre 1914, sergent le 1er octobre 1915. Il a été blessé 3 fois et a été décoré de la Croix de Guerre avec citations à l'ordre du régiment le 3 août 1916 et de l'armée le 23 juin 1918, il a la Médaille Commémorative à la Grande Guerre, la Médaille Interallié et la Médaille Militaire le 26 août 1931. »

 

« J'ai retranscrit fidèlement ses notes sans modifier le texte. L’orthographe d’origine a donc été respectée. »

Guy DINTRAT

 

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Pour une meilleure lecture sur le web, et que le texte ne soit pas trop « indigeste », j’ai volontairement ajouté de la ponctuation au texte d’origine constitué de très longues phrases (certaines de plusieurs centaine de mots).

Didier

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Photo prise en 1913 (il est 1er à droite debout)

Année 1914

Août 1914

Je suis parti le 8 août 1914 de Tulle, on a fait 3 jours de chemin de fer et le troisième jour au soir, on est débarqué à Sivry-en-Argonne où on a couché une nuit et de là on est parti par étape jusqu'à Villy, un village à 15 kilomètres de la frontière Belge.

On a entendu le canon pour la première fois, on est parti le 20 août pour aller en Belgique à Izel où on est arrivé le 21 au matin à 9 heures et en arrivant on a mangé et on nous a distribué à chacun 250 cartouches  et après on a fait passé le tambour pour demander aux habitants de bien vouloir nous loger ce qui a été accordé de bon cœur.

D'ailleurs on a été bien reçu mais à une heure voilà que les sentinelles commencent à entendre des coups de fusil et à cette heure moi je vais relevé et voilà que ça continue.

 

Alors on donne avec les autres sentinelles l'alerte qui a été donnée à tous et on nous a fait déployé en tirailleur de tous cotés mais on était que trois compagnies pour commencer le feu, là on a eu le baptême du feu et entre parenthèse il y avait un sous-lieutenant de ma section, un curé qui nous dit fait l'acte de contrition que je vous donne la solution alors quelques badauds l'ont bien fait mais une grande partie de mes camarades et moi on s'est payé de sa tête et on a put le faire sans rire devant lui et encore justement moi qu'il avait choisi comme ordonnance, c'était moi qui en riais le plus car le curé est mon plus grand ennemie.

 

Enfin, il se passe un moment et tout d'un coup le canon se met à donner et on attaque mais voila qu'au bout d'un moment on voit dans le lointain des masses de troupes s'avancer vers nous et tout croyant que c'était des boches, on nous fait mettre en tirailleurs dans toutes les faces mais on a pas tardé à voir que c'était des troupes françaises qui venaient à notre secours alors on s'est senti beaucoup plus fort, on a attaqué de toute part et vers une heure les boches se sont retirés à quelques kilomètres et nous, on a repris nos même cantonnement d'avant l'alerte. (*)

 

(*) : Durant le combat d’Izel, le journal des Marches et Opérations (JMO) du régiment indique 48 tués, 146 blessés et 6 disparus.

 

Le lendemain matin, on est parti 25 kilomètres plus loin à Saint-Médart ou on a encore attaqué les villages de Straimont , de Biourges et d'Orges  et on a vu des officiers boches blessés qui ont demandé à boire alors il y a des officiers Français du 108ème qui se sont approchés pour leur donner à boire mais voilà quand approchant d'eux, au lieu de boire, ils ont pris leurs révolvers et ont tiré sur les Français et en ont tué un et blessé un autre et là cela a été la boucherie toute la journée.

 

Au village de Biourges , la nuit, on a pris les avants postes jusqu'à deux heures du matin et de là on est parti pour un autre village dont je ne me suis jamais rappelé le nom mais c'est en allant vers Neuf-Château et vers onze heures on a commencé à battre en retraite et on a traversé une grande forêt comme la veille et on est sorti de la Belgique le soir même en passant par le village la Cuisine où le 3ème bataillon devait cantonner mais on n'a pas été arrêté que les boches arrivaient eux aussi alors il a fallut repartir avec tout le régiment et on a trouvé des coloniaux et le 300ème qui faisaient des tranchées, ils ne sont que partis le lendemain matin.

 

(*) : Durant les journées du 22 et 23 août, le JMO signale, 57 blessés et 14 disparus.

 

Nous avons encore fait 30 kilomètres pour aller cantonner à Carignan où on est resté jusqu'à la pointe du jour et on est parti dans les champs et dans des bois toute la matinée et vers midi, une heure de l'après-midi, les boches nous ont attaqués à la sortie d'un bois, on les a repoussé dans le bois mais il ont remis cela et on s'est retiré un peu à l'arrière dans des champs d'avoine où il y avait l'artillerie, les 75 et là tout à coup, il vient le Général Rocque en auto et il nous dit qu'il ne faut pas reculer, la bataille est à nous et en même temps il met sabre au clair et crie en avant et marche en avant avec nous mais quelques heures plus tard, on nous donne l'ordre de battre en retraite et là on est parti pour revenir cantonner à Villy, village où on était avant de partir en Belgique.

 

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C’est exact, le JMO indique bien la présence du général.

 

Mais là, on est pas resté longtemps, de onze heures à minuit et à minuit on vient nous dire qu'il y avait des patrouilles de uhlans dans le village et qu'il fallait partir. (*)

 

(*) : Le 24 août, le JMO signale 3 tués, 153 blessés et 44 disparus.

 

On est parti à six kilomètres plus loin mais là une heure après, cela a été de même à l'autre village alors on est parti et on a marché toute la nuit pour aller au village de Pouilly (25 août) où on était passé en allant en Belgique mais avant d'arriver au village comme on était tous en débandade et de tous les régiments, les quelques officiers nous ont rassemblés dans un champ et nous ont formé par section et compagnie et on est rentré au village où on a trouvé notre premier ravitaillement depuis le premier jour de combat que l'on n'avait pas touché alors ils nous en ont donnés trois jours et on sait bien régalé.

 

Là, on a trouvé la première ambulance qui nous donnait tout ce qu'ils pouvaient nous donner et il y avait un train sanitaire qui est parti et le soir nous sommes tous partis pour aller rejoindre notre régiment dans un autre village à 12 kilomètres et on était les bienvenues puisque les autres camarades n'avaient rien à manger et là on y a couché et on est reparti le lendemain matin (26 août) pour aller à Yoncq où on a passé toute la journée comme soutien d'artillerie et on a passé la nuit et reparti le lendemain matin dans les champs où on a vu abattre le premier avion allemand et le soir on est parti en faisant un grand détour au village de Labeyzac où on a couché dans de la paille au milieu des champs et le matin (27 août) on était réveillé par le crépitement des mitrailleuses qui donnaient de toutes parts et de se fait on nous fait faire de l'école de bataillon pendant plus de quatre heures sous le feu de mitrailleuses et canons ennemie et vers onze heures du matin on nous fait passer sous bois pour en sortir en face.

Yoncq qui était occupé à ce moment par les Allemands et qui nous mitraillaient depuis de devant du clocher et par un moment on nous fait sortir du bois pour se porter en avant dans un champ d'avoine et à notre droite on avait le 328 qui débouchait dans une prairie où ils ont formé une ligne de tirailleurs ou les pauvres malheureux sont pour dire tous restés car on nous a fait tiré dessus.

 

On croyait que c'était des Allemands et en même temps ils avaient le feu ennemie mais de part ce faite à un moment donné on s'est trouvé débordé par l'ennemie à notre gauche, on les a repoussé jusqu'à la lisière du bois mais on a eu des blessés et de suite on a eu l'ordre de se retirer en arrière mais on a laissé beaucoup de camarades dont la plupart on a jamais su de leur nouvelle et pour le fait des pertes énormes. (*)

 

Les Allemands nous cernaient de plus en plus si bien que par un moment donné ils sont arrivés à 30 mètres de notre drapeau dont l'officier porte-drapeau avait déjà lâché le drapeau pour pouvoir mieux se sauver et de par le faite le Colonel a crié le 100ème à moi, au drapeau et par un geste énergique, les quelques camarades qui se trouvaient au plus près, on a pu le sauver et de suite après, on s'est replié près d'un village où on a rassemblé tout ce qui resté du régiment et on est passé soutien d'artillerie pendant un instant et moi en qualité de premier canard (1ère classe) on m'a mis garde drapeau et j'y suis resté deux jours que l'on battu en retraite en se repliant sur Vouziers.

 

Dans la nuit, on s'est arrêté dans un village où on a couché dans un hangar et on a bu du lait et le lendemain, on s'est porté à la lisière du bois comme soutien d'artillerie et vers le soir on a continué à battre en retraite et on est passé les derniers à travers le bois et on a laissé le génie pour abattre des arbres à travers la route pour barrer la cavalerie ennemie afin qu'elle ne nous rattrape pas et dans la nuit en marchant on a trouvé de l'artillerie qui passait devant nous et comme beaucoup d'entre nous ne pouvaient plus marcher on est monté dans les caissons et sur les pièces.

 

(*) : Le 28 août, le JMO du 100e RI signale 11 tués, 254 blessés et 247 disparus.

29 août

Date théorique, calculée avec le JMO

De cette façon, je suis allé jusqu'à Vouziers où j'ai fini de passer la nuit avec beaucoup d'autres camarades mais le régiment est resté un peu plus loin et dans la journée on a été le rejoindre dans un village où que l'on est pas resté, juste pour faire à manger et de là on est parti au village de Voncq pour prendre les avant-postes et dans ce même village les Allemands y étaient déjà rentrés mais avaient été repoussés par le 50ème régiment d'infanterie, et quand les Français sont rentrés dans le village, il y a une femme qui est venue au devant d'eux et leurs dit :

 

« Vous pouvez rentrer dans le village, il y a plus un Allemand »

Et cette vieille boche en avait caché dans sa cave avec des mitrailleuses.

 

 

Ce qui fait qu'elle a fait tué plusieurs français par sa trahison mais elle en a payé de sa vie, elle aussi, car elle a été fusillé de suite.

Alors là on y a passé notre nuit sous des pruniers et au petit jour (29 août), on nous a apporté à manger des .... que l'on avait trouvé la veille au soir pendant que l'on se trouvait soutien d'artillerie.

On avait détaché quatre hommes avec le caporal d'ordinaire et aussitôt fini de manger, il a fallu de nouveau battre en retraite.

 

On est passé à Vouziers vers onze heures du matin, le 30 août et le soir on est reparti en passant par Grandpré et on a été passer notre nuit à Orfeuil où l'on en est reparti au lever du jour, là on a couché dans une écurie où on a sorti les chevaux et avec nous ils avaient des femmes, des enfants et des vieillards.

 

Le matin, en partant, on a entendu le canon et on croyait que c'était le notre mais on n'a pas tardé à s'apercevoir que ce n'était pas lui, car en faisant la pose dans un bois il est passé un avion sur nous et qui nous a repéré, aussi on débouche du bois car il nous fait pleuvoir des obus et à la sortie.

Il se trouvait tout l'état major qui était entrain de consulter la carte mais ils ont eu vite fait pour replier les cartes et monter à cheval et tous à fond de train tandis que nous, nous sommes allés à travers champ de tous côtés et c'est là que musicien, clairon, tambour, on jette tous les instruments pour courir plus vite.

 

Enfin les obus nous ont poursuivi comme cela pendant plus de 3 kilomètres après ceci on nous a fait rentrés dans des bois de sapins où on s'est reposé et l'on a cassé une croute et après il nous reprenne pour aller nous faire attaquer mais il vient un contre ordre, ce qui fait que l'on est passé soutien du 2ème lourd d'artillerie et le soir on a repris notre retraite jusqu'à Jonchery où on y est resté juste le temps de manger un peu et boire un petit coup.

 

De là, il nous ramène au village que l'on avait déjà passé à Saint-Hilaire-le-Grand où on a pris les avant-postes dans un champ de betteraves  et derrière des meules de paille où on y a passé toute la nuit et comme on avait tous besoin de repos, on s'est tous endormi mais quand on s'est réveillé, on n'a plus vu personne du régiment même du corps d'armée alors on a réveillé notre capitaine qui faisait comme nous, mais il ne savait pas par quel coté nous diriger.

 

Il y a que au bout d'un moment quand on a traversé le village de Saint Hilaire que l'on a vu des troupes au loin qui battaient en retraite à trouver le camp de Chalons alors on s'est dirigé sur le même point.

Mais quand on a fini de traverser la plaine, on est rentré dans des bois de sapins à ne plus en finir et si bien que par moment, on revenait sur nos pas, heureusement que au bout de plusieurs heures, on a trouvé des officiers de l'état major qui nous ont indiqué la route à suivre et on a fini de passer notre journée à la lisière du bois et le soir à la nuit, on a été rejoindre le régiment à Saint-Hilaire-au-Temple où on en est reparti à 2 heures de la nuit pour nous diriger sur Chalons que l'on a passé à la pointe du jour et tout le monde était déjà sur pied et nous ont demandé si les Allemands étaient encore loin et en même temps donné tout ce qu'il pouvait nous donner et on a marché encore 4 kilomètres pour nous rendre à Pogny.

 

On a fait la grande halte et on a eu le temps pour la première fois à affecter les renforts que l'on avait reçu qui étaient au nombre de trois et de là on nous dirige vers un pont pour y prendre position d'attente mais on a à peine le temps d'y rester que déjà des patrouilles viennent nous rendre visite et les obus n'ont pas tardé à rappliquer alors on a été prendre position sur une hauteur dans un chemin creux et sur le bord de la route de Chalons à Vitry-le-François et sur la lisière nord d'un village où on a même détaché des patrouilles er après même on a été occupé le village et si bien que les Allemands ont commencé à le bombarder.

 

 

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J'étais sentinelle près d'une boulangerie et en face le clocher ou que l'obus est tombé et à peine une minute avant une dame  me demandait si c'était notre canon qui tirait, nous, bien franchement lui dirait que oui mais on a été vite convaincu que non et après nous nous sommes repliés plus loin et ils nous ont bombardés toute la soirée et à la tombée de la nuit.

 

On a été occupé les têtes de pont et on a formé un poste dans une maison ou on a trouvé tout ce qu'il fallait pour faire à manger et même changer de linge et je me suis mis à faire la cuisine et les autres ont été cherché à boire, j'ai fait trois omelettes, pas moins de trente œufs et je faisais le café quand il a fallu partir de nouveau et encore tous étaient partis.

 

On ne reste qu'une section, seule, mais on a rejoint les autres sur la route et on a fait dans les 25 kilomètres pour aller prendre le train à Loisy pour aller plus vite, on a embarqué à 8 heures du matin sur plate-forme et on a tout emmené avec nous employés et wagons pour aller débarquer à Chavanges dans l'Aube ceci était le 5 septembre et on est arrivé à Brienne-le-Chateau où on a eu les premiers jours de repos depuis que l'on se battait et ou on a reçu encore deux renforts (*) et on nous a amené à Huiron pour commencer la bataille de la Marne. (**)

 

(*) : Le JMO signale l’arrivée d’un renfort de 568 officiers, sous-officiers et hommes de troupe.

(**) : On constate ici que son récit a été écrit à postériori, car le nom « bataille de la Marne » a été donné que fin septembre-début octobre à cette grande bataille.

Le JMO signale 11 tués, 254 blessés et 247 disparus, pour les journées des 3, 4, 5 et 6 septembre.

 

Bataille de la Marne.

 

On a couché à Huiron et le lendemain on nous a amené à la ferme de la Petites-Perthes où on y a passé deux jours le 9 et 10 septembre et dans la nuit du 10 les Allemands commencent à battre en retraite à leur tour mais la bataille nous a coûtés bien cher surtout le 10 (*) en traversant les hauteurs et le plus est quand la 272ème a traversé que ça tombé le plus car ils ont marché en débandade et après sur la dernière hauteur où les Allemands étaient derrière et ils nous fauchaient par les mitrailleuses et les obus venus de toutes parts. (**)

 

(*) : Le JMO du 100e RI signale 41 tués, 309 blessés et 83 disparus ou prisonniers.

 

(**) : Le JMO du 272e RI ne signale aucun fait de débandade :

«..Il (le 272e RI) fut soumis à un feu d’artillerie lourde extrêmement violent qui n’arrête pas un instant l’élan des troupes : Celles-ci arrivèrent bientôt en face de compagnie de mitrailleuses et d’infanterie retranchées. Elles n’hésitèrent pas à se porter en avant malgré un ouragan de feu d’infanterie, de grosse artillerie et d’artillerie de campagne : elles restèrent sous le feu qui dura de 13h30 à 18 h, sans aucune défaillance... »

Le 272e RI signale 593 tués, blessés ou disparus...

 

 

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Annotation en bas de page du carnet.

 

(Le 10 au soir en transportant des blessés, on a trouvé au poste de secours 1 officier et 2 sous-officiers non blessé qui se sont fait évacuer, donc on avait reçu ordre de les fusiller par notre capitaine)

 

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Mais le 11 au matin, on a poussé un soupir quand on s'est aperçu qu'il n'y avait plus personne devant nous et à 9 heures on a reçu l'ordre de marcher, les allemands battaient en retraite alors quelle joie de tous malgré toutes les pertes mais on a marché que très peu et le soir on est resté aux abords d'un village que les Allemands avaient déjà mis le feu et dans une maison on a trouvé une table mise où soi-disant il y avait des officiers ennemis qui y mangeaient quand un obus à nous a traversé la maison  et ils en ont tout laissé et le lendemain 12 on a marché toute la journée avec un temps lourd, orageux si bien que le soir ou plutôt toute la nuit il a tombé de l'eau et on s'est trempé, de part et d'autre.

Ça tombé à flot et le matin on est arrivé dans un village où on a pris tout ce que l'on a put trouver pour se changer et de faire du feu pour se chauffer et le capitaine nous dit vous pouvez aller vous reposer.

 

on doit avoir repos aujourd'hui, oui mais une heure plus tard on nous disait qu'il fallait repartir et en partant on m'a mis à la garde au drapeau et en sortant du village on a trouvé deux Allemands dont un mort et l'autre blessé, c'était des uhlans qui avaient été pris par une patrouille d'éclaireur de chez nous et de là on s'est dirigé sur Somme-Py où on y a passé la journée et le soir on nous a amené dans un bois en réserve.

mais avant on voulait nous faire cantonner dans un bois de sapin où il y avait de la paille à coté mais voila que de suite il y a un autre ordre pour nous faire aller dans un petit bois de sapin et d'arbuste où on a passé deux jours, le 15 et le 16 septembre et de là on est revenu sur Somme-Py puis après à Somme-Tourbe où on a trouvé le village tout brûlé.

 

Malgré cela il y avait encore quelques paysans où on a acheté du miel et le soir même on est reparti pour aller dans le bois de sapin tout près de la ferme de Jonchery où on a allumé du feu pour nous sécher car on avait pris une bonne trempe et le lendemain ils nous ont fait mettre dans des tranchées tout près d'un autre petit bois encore plus près de la ferme où on a passé une partie de la journée et on a été finir de la passer dans un autre bois où pendant un moment on nous disait que l'on devait attaquer mais il n'en a était rien.

Et là comme on avait encore rien touché comme ravitaillement, on nous a distribué du riz avec du sucre mélangé dedans et on a fait cuire cela avec un peu d'eau que l'on avait dans nos bidons et on l'a mangé comme cela  et à la tombée de la nuit, on nous a dit de prendre position à un endroit où que commandant et capitaine n'ont jamais pu trouver et l'on était tout près et le lendemain, au petit jour, on là trouvait de suite mais toute la nuit on la passé à attendre en plein champ et sous la pluie battante.

 

Mais dans la matinée, on a changé de place et on a été de l'autre côté de la ferme comme soutien d'artillerie et d'attaque car le 1er bataillon a attaqué et il y a eu beaucoup de pertes et le commandant était blessés et le soir même notre capitaine a été prendre le commandement et nous pour la première fois on a touché un ravitaillement et comme on était en réserve , on a été ravitaillé le 1er bataillon et nous au retour on est rentré à la ferme de Joncheryon est resté deux jours. (18 et 19 septembre)

 

Et là, on a pu se laver et se raser et la j'ai été proposé comme caporal, au même moment que je décousais mes galons de soldat de 1ère classe car je n'en voulais pas puisque l'on me les avait fait attacher par force, mais voila que le sergent qui commandait ma section vient et me dit :

 

« Il ne faut pas découdre vos galons car au lieu d'en mettre un, il faut que vous en mettiez deux. »

Alors moi, je n'ai pas voulu le croire comme on ne m'avait rien dit.

 

Mais le lendemain, il me fait voir ma nomination en date du 21 septembre et j'étais bien obligé de les prendre et le lendemain on a été à Jonchery même ou on y est resté quatre jours, on a eu de nouveaux officiers, lieutenant et capitaine et le cinquième jour on était en première ligne dans les marais en avant de St Hilaire-le-Grand mais on y a passé que la journée et la nuit et c'est le 125ème qui nous a relevé et nous on est parti à Mourmelon où on a juste passé la journée et on est parti dans les bois de sapins en avant de Mourmelon où on a changé trois ou quatre fois de place et après on s'est mis dans un bois bien fourré et le soir on allait  ravitailler les autres et au bout de quatre jours on est revenu à Mourmelon (le 1e septembre) où on est resté deux ou trois jours.

 

Le régiment avait perdu une centaine d’hommes pendant la semaine. (JMO)

 

On a couché dans le casernement et de là on nous a monté une nuit en réserve dans des sapins et la nuit d'après en première ligne mais le jour que l'on a été en réserve, le lieutenant qui nous commandait nous a perdu tout un peloton, le capitaine est venu nous trouver, il était presque jour, on dormait tous couché sur le dos avec sac au dos, alors il a dit au lieutenant que quand on était pas capable , il ne fallait pas prendre de galon et le lendemain on était en première ligne dans une plaine à moitié et l'autre moitié dans des petits bois de sapin en avant du village de Baconne.

 

Le premier jour, il y a eu une fusillade formidable : premièrement du coté allemand qui faisait cela pour fêter la prise d'Anvers et après s'ensuivi de notre côté  et en ce moment moi je faisais la relève des sentinelles qui se trouvaient dans le bled à environ cinquante mètres en avant et il y avait déjà une rangée de piquets placés et trois fils de fer et on était en avant et pour se replier.

 

On ne pouvait faire assez vite, on se butait dans les fils mais quand on a été arrivé dans le bout de tranché que l'on avait déjà fait, on a tiré à bien dire jusqu'à la dernière cartouche mais ils y en avaient qui avaient la frousse et tiraient en l'air et d'autres comme le sergent major qui commandait la section, se couchait au fond de la tranchée et disait aux autres: tirer, tirer mais lui ne faisait rien , le froussard de bon à rien, rien que bon pour crier après les autres et les faire mal voir, enfin là on y a passé deux jours et on est revenu à Mourmelon-le-Grand où on est resté encore deux jours et on a reçu le renfort du 104ème Territorial et la fois d'avant on avait reçu ceux du Nord, du 73ème, 1er et 84ème.

 

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Octobre 1914-février 1915

Le 6 octobre, le JMO indique :

«Nous avons reçu la visite du colonel MéRIE, qui est venu se rendre compte du détail de la situation avec son urbanité habituelle. Il parcourt la ligne, ayant un mot aimable pour tout le monde, et se rendant compte des besoins des combattants. Le résultat de sa visite se traduit par l’envoi immédiat d’outils de parc pour améliorer les tranchées et de 3 charrette de belle paille fraîche, qui fait nos délices » 

 

Après nos deux jours, on est revenu à la même place ou on y est resté qu'une journée et on est encore revenu à Mourmelon où on a passé la journée.

Le soir, on est parti à Thuisy où on est monté en ligne le 8 octobre au soir en face de Thuisy et à coté de la ferme des Marquises et le même soir on a eu un bon  bombardement, la 5ème compagnie a eu 7 morts et 15 blessés.

 

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Position du 100e RI le 10 octobre 1914 (JMO)

Cliquer sur la carte pour agrandissement

 

Et le lendemain, ça était sur nous, dans ma section on a eu quelques blessés et moi-même.

Il m'est tombé plusieurs éclats à coté de moi, un sur ma baïonnette et sur une épaule mais sans blessure et là on a commencé la vie de tranchées : 6 jours de ligne, 6 de réserve et 6 jours repos à Courmelois ou Thuizy.

 

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Année 1915

Mars 1915

Et cela jusqu'au 24 mars 1915 où on a été relevé pour aller passer deux jours à Villers-Marmery et le deuxième jour au soir, on est parti pour Saint Hilaire-au-Temple, toute la nuit on a fait qu'à marcher, là on y passe la journée et le même soir on repart pour Sarry ou l'on passe la journée du 27 et on repart le matin 28 à 5 heures pour Drancy, où l'on passe la journée du 28 et 29 et le soir on repart pour embarquer à Vitry-le-François pour la direction de Toul où l'on passe toute la nuit dans le train, et on débarque le matin 30 à Foug où on touche deux jours de vivre.

 

De là on part pour Pagny-sur-Meuse ce qui nous fait 9 kilomètres de marche après le débarquement, là on y passe la journée et on repart le matin 31 mars pour Avrainville où on passe la fin de la journée.

Avril-juin 1915

 Le 1er avril on repart pour Griscourt, là on y reste le 2, 3, 4 et le 5, on touche deux jours de vivre de réserve et le soir à 11 heures on part pour les tranchées où on passe six heures derrière un bois sous la pluie glaciale.

on fait un peu de bouillon de potage salé et du café pour nous réchauffer et on repart pour le gourbi où l'on y passe deux jours, le 6 et 7 et le 8 au matin, on part pour la première ligne, on passe la journée dans le village de Régneville que l'on venait de reprendre, on s'était mis dans les caves et le soir on part faire une tranchée à 200 mètres des allemands, à 2 heures du matin et on la creuse, à peu près, de cinquante centimètres et on y passe la journée ou on veut nous faire attaquer malgré les 40 mètres de barbelés qui sont devant nous et que les obus n'ont même pas touchés.

Alors il se passe ceci : que personne ne veut monter et le mot d'ordre passe de l'un à l'autre de ne pas monter ou que ce serait la mort certaine, et là on voit le 3ème bataillon qui monte ainsi que le 63ème d'infanterie mais qui se replient aussitôt car il est impossible de s'approcher et toute la journée on est bombardé par les gros canons des forts de Metz et il tombe de l'eau et de la neige toute la journée et on a eu deux morts à déplorer et on a été trois blessés, tous les trois de la même section.

 

Moi j'ai reçu une balle en pleine poitrine, par bonheur mon bouton de veste me la faite ricoché et m'a repassé au bras gauche où elle ne m'a fait qu'une égratignure au biceps et coupé ma chemise, veste et capote, cela était le 9 avril et le 10 on est descendu en réserve au village de Regniéville dans les caves.

 

La, je vais me faire panser et le commandant me fait appeler et me félicite d'être resté et me dit de garder mon bouton comme souvenir car c'est lui qui m'a sauvé la vie.

 

Le 11, on va dans une autre tranchée de soutien et on est relevé le soir à 7 heures et on va cantonner jusqu'à 11 heures du soir à Regniéville où après on part pour Tremblecourt où l'on arrive au jour et la on touche une distribution en arrivant et une autre le soir et distribution de souliers et de capote.

 

On y passe la journée du 12 et la nuit du 13, 14 et 15 et on repart à 4 heures pour les abris où on arrive à 11 heures et demi et à minuit on va apporter à toute la compagnie à chacun 7 trousses de cartouches pour la première ligne et on passe la journée du 16 aux abris.

 

Le 17,18 et 19, on repart pour 4 jours de repos à Martincourt, on y prend la garde en arrivant et on y passe la journée du 20 et on part le 21 au matin pour aller renforcer le 8ème corps, on prend les camions automobiles à 2 heures et on en descend à 9 heures à Commercy et fait 4 kilomètres à pied et on cantonne dans la caserne de Lérouville, on y reste une journée et on repart pour renforcer le 29ème d'infanterie.

 

On couche à Mécrin où on est à la disposition du colonel du 29ème, de Mécrin on part au matin, à 10 heures et demi, on passe la journée et la nuit dans les abris et tranchés de deuxième ligne.

 

Le matin du 24 avril à 7 heures, on monte à l'assaut et on prend la tranché allemande, on y passe la journée avec de grosses pertes (*) pendant toute la journée et je suis blessé de nouveau par une même balle qui en avait tué un autre et avait traversé une pelle portative par derrière moi et on m'évacue à l'infirmerie à Champville avec des copains de ma compagnie, là je reste 10 jours et je repars pour rejoindre mon régiment.

 

(*) : Le JMO signale plus de 150 pertes.

 

Le 4 mai, on nous envoie à Commercy à la  division et là la division ne sait pas ou est parti le régiment qui a embarqué le 2 mai alors on nous a mis en subsistance avec le 6ème escadron de chasseur à cheval à Commercy, là on nous met dans un vieux château et le 8 mai départ pour rejoindre le régiment, on s'embarque à Commercy et on change de train à Grandicourt où on prend la direction de Paris et on reste à Bar-le-Duc et on y cantonne et on repart le matin dans la direction de Verdun et à Verdun on prend une autre direction et on descend à Ancemont  où on part pour rejoindre le régiment mais il est déjà parti aux tranchées.

Alors on mange avec le 126ème à la 3ème compagnie, on cantonne au village de Sommedieue et on en repart le 10 mai pour les tranchées de première ligne, on y reste 4 jours et on en redescend le 14 au soir et on passe 5 jours à Sommedieue au repos, la on reçoit la classe 15 et des ajournés de toutes classes.

 

Le 19 au soir, on remonte dans les tranchées et on est de réserve 2 jours et 2 jours de première ligne et une journée de réserve et on part au repos à Sommedieue, on y reste 2 jours et on part pour embarquer à Verdun et on débarque à Pagny-sur-Meuse, la on part pour 15 kilomètres à faire et on arrive à deux heures de l'après-midi à Dommartin-les-Toul où on prend un repos de huit jours et on part pour Pompey et on y reste 2 jours et on part pour Dieulouard pour une journée seulement, de là on va à Pont-à-Mousson, là aussi on y reste 3 jours et on part pour Griscourt, on y passe la journée et on part au matin, à quatre heures pour Montauville soit le 13 juin, on y cantonne jusqu'au 16 et on part le soir à quatre heures pour Rosières-en-Haye.

 

On y prend un repos de huit jours et le 22 juin comme la section avait fait du bruit, alors comme discipline le capitaine nous a fait faire une marche de 12 kilomètres, rien que la section commandée par un sergent.

 

Le 23, de service et le 24, départ à 9 heures pour Villers-en-Haye.

Là on est de réserve du régiment pendant que le 1er bataillon est dans la tranchée, on y reste 7 jours et on part pour Liverdun, on y passe 2 jours et on part pour embarquer à minuit à Toul où l'on embarque à 9 heures pour Sainte-Menehould, là on y cantonne une journée et on passe une revue du général de la 3ème armée (autrement dit le général Sarrail) avec des officiers anglais à 2 heures et on part à 9 heures pour La Neuville-au-Pont.

Juillet 1915

On y passe la nuit et on repart pour le gourbi en réserve au Four-de-Paris et de  Four-de-Paris à Vienne-le-Château, là tout le régiment en première ligne, on a un peu de perte mais sans être trop considérable et on a été relevé le 7 juillet et on est parti cantonner à Moiremont-sur-Marne où on a touché une distribution d'effets et chaussures et où que les premiers permissionnaires sont partis.

 

On est reparti le 13 juillet en réserve de la division et le 14 on nous a fait mettre sacs au dos et après on les dépose dans des abris et on nous fait rouler la toile de tente sur le dos, prêt à partir pour monter à l'assaut et après contre-ordre, on reste dans les abris jusqu'au 15 et le 15 on prend la place du 1er bataillon dans les abris également et on y reste jusqu'au 20 juillet et là on fait toutes les corvées de soupe et on va faire des boyaux et couper des piquets tous les deux jours et le 20, on monte aux tranchées en première ligne.

 

 

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On y passe 4 jours et dans ces 4 jours on fait attaquer le 3ème bataillon et la 5ème compagnie de mon bataillon et on nous fait tenir les positions et en cas où les Allemands auraient eu évacués la première ligne, une patrouille devait aller reconnaître et aussitôt, s'il n'y avait plus rien, la 3ème section de ma compagnie allait l'occuper avec une du 169 qui était à notre gauche.

 

Le 24, on est relevé de la première ligne et on passe en 3ème ligne de réserve, là on fait des petits abris pour nous et on arrange la tranchée, de là on est relevé de la troisième ligne pour passer 4 jours en réserve aux abris et de la on part à la Croix, on y passe une journée et demie et on revient dans les abris à cause d'une attaque allemande et à 1 heure de la nuit, on nous fait rouler nos toiles de tente et le couvre-pied pour aller en soutien d'attaque.

 

On finit de passer la nuit à la tranchée de réserve et on descend manger la soupe aux abris  et on remonte à 4 heures faire une corvée et on mange la soupe en quatrième ligne et de la on part en troisième ligne pour monter attaquer le soir et là il y a contre-ordre et on redescend aux abris et le lendemain on va relever la 11ème compagnie, on y passe 2 jours en première ligne à Blanleuil et on passe en deuxième ligne ou on remplace la 5ème compagnie, on y passe deux jours, de là on remplace la 6ème en première ligne et on y reste 2 jours.

 

On est relevé le 10 août à 7 heures du matin et on part aux abris pour 3 jours, on va faire des corvées tous les jours et les Allemands ont attaqué à 11 ou 12 mètres plus loin où on était à gauche et le 13 au matin à 6 heures, on remonte en première ligne.

 

On y passe 3 jours et 3 de réserve et on redescend dans les abris pour 3 jours, encore avec des corvées tous les jours.

 

Le 22 au matin, on remonte en réserve de première ligne, on y passe 3 jours, on revient pour 3 jours à La Fontaine-aux-Charmes et trois jours en première ligne à la tranchée de la Marout pour Blanleuil et de là on part pour le repos.

On prend le café aux abris et on part pour Moiremont, là on prend le déjeuner et à midi on embarque en auto pour Saint André où l'on passe le repos et là on va à l'exercice tous les matins et le soir nettoyage et je prend la garde avec la première section du 5 au 6 septembre.

 

Le 7, on part pour renforcer le 7ème d'infanterie et le 11ème d'infanterie qui se sont fait prendre par les Allemands.

 

Là, on y travaille 4 jours et on fait trois jours de tranchées et avant de monter je devais aller en permission mais alerte et tout le monde a fallu remonter attaquer et là j'ai eu sept hommes de ma section de tués ou blessés par un obus de 75, après on a été relevé et on est parti à Florent où on y passe 3 jours.

 

On revient à St André et on y reste que deux jours et là encore je devais partir en permission et après avoir mis mon sac dans la voiture de compagnie, il est venu un contre-ordre que les permissions étaient suspendues et il a fallu reprendre le sac et s'embarquer en auto pour St-Thomas, on y passe quatre jours dans un ravin avec l'artillerie lourde qui bombardait les tranchées de réserve allemande afin de préparer l'attaque du 25 septembre.

 

le 25, jour de l'offensive, on est de réserve de la division qui attaque et là on nous a distribué à tous un quart de gnole avec moitié éther dedans, aussi on est presque tous moitié fous et il y en a qui se roule par terre et à 9 heures on donne l'ordre d'attaquer et là il y a toute la division plus de la cavalerie derrière qui doit poursuivre les Allemands.

Mais elle n'a pas pu sortir à cause du bombardement et elle a été toute anéantie ainsi que tous les régiments d'infanterie qui étaient en première, deux et troisième vagues et où que tous n'avaient pas pu réussir.

Notre colonel voulait nous faire monter, nous et la section orant (*) mais au même moment où il donnait l'ordre de monter, il est venu un obus qui l'a fait sauter, lui et le capitaine d'état-major qui était avec lui et son ordonnance, ce qui fait que l'on a tenu la tranchée mais on n'est pas monté à l'assaut et bien content. (*)

 

(*) : Du nom du commandant de cette section. Il s’agit certainement d’un sergent qui commandait la section.

(**) : Pour cette attaque générale, le 100e RI déplore la perte de 55 tués, 291 blessés et 115 disparus.

 

 

Page 44 du carnet. Cliquer sur l’image pour agrandissement.

 

On est resté le lendemain et une bonne partie de la nuit, on est relevé et on part en passant par Moiremont et là on rend les honneurs devant la tombe du colonel et de là on repart et mettons les sacs dans les camions et on va à Bellefontaine et après à Longeville et Broussay, Rigny-la-Salle.

 

Là, je suis nommé sergent, et part pour la première fois en permission.

 

Je reviens de permission de Paris le 24 à 2 heures de l'après-midi pour le front et le 26 au matin, je rejoins mon régiment à Liverdun, là on y reste jusqu'au 31 et tous les jours on va à l'exercice et départ de Liverdun le 31 au matin, à 6 heures pour Frolois à 32 km, on y couche.

Novembre 1915

On repart le 1er novembre à 6 heures pour Maconville, on y arrive à 2 heures de l'après-midi, après avoir fait 26 km avec l'eau et un vent fou et froid tout le long de la route et voilà comment on a passé le jour de Toussaint et le jour des morts.

 

Le 3, départ pour Giriviller qui est à 26 km et on part avec l'eau sur le dos qui tombe avec plaisir et un vent qui traverse, on ne voudrait pas foutre un chien dehors, on en aurait pleuré et quand on est arrivé à Giriviller, on se rechange de tout ce que l'on peut mais les effets étaient presque aussi mouillés dans le sac que ceux que l'on avait sur soi, on ne peut changer que de chemise et caleçon, il faut garder le pantalon et veste et tous on mange la soupe et comme on avait pas beaucoup d'argent, on se cotise pour boire un litre et le 4 départ pour Moyen à 10 km.

 

Là on prend quelques jours de repos, du 4 au 14, et on part pour Fraimbois, tous les jours exercice ou marche ou revue et à partir du 22, tous les deux jours, on va faire des tranchées à 10 km du village où on cantonne près de Séranville à 1 km au sud et la deuxième fois que l'on y a été, il tombait de la neige à ne pas voir à 10 mètres et on nous a fait travailler malgré le temps et à la fin du travail, il y avait 15 centimètres de neige et le lendemain encore de la neige gelée par moment et le soir il s'est mis à geler comme on n'a pas vue et plusieurs jours pareils, il avait gelé si fort que le pain était gelé , on était obligé à le faire dégelé au feu et la chaussure, le matin quand on voulait la mettre aux pieds, elle était raide comme du fer.

 

Le 5, départ de Fraimbois pour Bienville-la-Petite où on va faire des réseaux de fil de fer barbelé et des tranchées avec l'eau sur le dos tous les jours, ce qui nous fait travailler dans la boue jusqu'aux genoux et le 18 décembre départ de Bienville-la-Petite pour Rémenoville et Giriviller pour y prendre un repos de huit jours, on va à l'exercice quelques jours mais moi je reste comme tailleur pour mettre les poches de grenades aux capotes et là on mange un renard.

 

Le 27, départ pour prendre un secteur en face de Leintrey et de Rémabois, départ le matin de Giriviller en autos, on descend à Thiébeauménil, on y passe 4 jours et le quatrième au soir départ pour aller en réserve dans les abris au-dessus de Vého au village nègre, on y passe 6 jours avec travail tous les soirs et après, 6 jours de première ligne en face de Leintrey.

 

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Année 1916

Le 12 au soir, on est relevé pour aller prendre 6 jours de repos où on va travailler tous les jours de six heures du matin jusqu'à cinq heures du soir, on emporte un repas froid les six jours de repos sans passer au village de Manonviller et le 17 départ pour la réserve à Vého, dans les caves où il y a presque pas de rats que le matin j'en trouve deux dans ma jambe de culotte et là on fait le même travail jour et nuit mais là, je ne reste qu'une journée et je part à l'infirmerie pour cause de névralgie aux gencives.

 

J’y passe 5 jours et le 23, départ pour rejoindre la compagnie avec 2 jours de repos aux cuisines route d'Amberménil et le troisième jour départ pour la première ligne, j'y passe une journée et je part au dépôt de matériel à la côte 302, j'y passe trois jours et je rejoint ma compagnie au repos pour 6 jours à Thiébeauménil et en arrivant je suis de jour.

 

Là on va travailler quatre jours sur six et le 4 février, départ pour six jours de réserve aux abris qui sont à l'entrée du boyau de Leintrey où un avion allemand nous lance une bombe et là le travail de nuit habituel et le 10 départ pour la première ligne à droite avec la neige et le 11 au matin, les Allemands commencent à nous bombarder et comme cela sans arrêt jusqu'au 13 au soir et ils viennent en reconnaissance jusqu'à nos tranchées à environ 4 mètres mais sont obligés de se replier sous notre feu et ont du avoir des blessés car on a entendu des plaintes et ils sont revenus chercher les blessés mais ils nous avaient fait du travail pour plusieurs jours car il n'y avait plus de tranchée, tout était sens dessus-dessous et par miracle, il n'y avait eu qu'un blessé léger au fond d'un abri mais le colonel croyait qu'il y avait eu plus de mal car il avait fait monter ceux de repos et la réserve avait formé une ligne derrière nous car il nous croyait tous pris puisqu'on avait pas pu aller se ravitailler pendant tout ce temps.

 

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Front en janvier 1916 (Source Mémoire des hommes/JMO 100ème RI)

Cliquer sur la carte pour agrandir

 

Le 16, départ pour 6 jours de repos à Thiébeauménil, le 1er jour: repos, le lendemain de garde, le 3ème jour: repos, le 4ème: revue, le 5ème : travail, le 6ème : repos et départ le soir 22 février en réserve aux abris au colonel pour six jours avec travail tous les soirs.

 

Le 28, départ pour la première ligne, on y passe six jours très calme et par contre on entend un violent bombardement sur notre gauche vers La Woëvre et Verdun.

 

Le 4 mars, départ pour 6 jours de repos à Domjevin, on va travailler au-dessous de Veho à faire des tranchées et des réseaux de fils de fer barbelés de nuit et dans la journée on va faire quelques tours à Thiébeauménil pour se ravitailler un peu où à Manonviller mais cela déplait un peu au capitaine qui nous menace de punition.

 

Le 10, départ pour la première ligne, on y passe nos 6 jours calmes et le 16 on passe en réserve à Vého dans les caves où on va travailler au boyau de Lintrey et le 22 au soir départ pour Thiébeauménil pour six beaux jours de tranquillité mais on va travailler au-dessus de Manonviller.

 

 Le 28, départ pour la réserve au colonel pour 12 jours, tout le soir travail au boyau de l'ouest et le 10 avril, départ pour Domjevin pour six jours, le premier jour douche à Thiébeauménil, 2ème jour : revue de détail et le soir travail jusqu'à que l'on remonte, le 16 avril, pour 6 jours en première ligne et pendant les 6 jours, il ne fait qu'à tomber de l'eau et on travaille à mettre des barbelés devant la première ligne et là j'ai eu le caporal Couty blessé auprès de moi à une jambe.

On l'a aussitôt rentré dans le gourbi et fait son pansement  avec le lieutenant commandant la section et aussitôt on l'a fait conduire au poste de secours où il a été évacué et le lendemain on apprenait qu'on lui avait déjà coupé la jambe car la gangrène s'y était mise tout de suite.

 

Le 20, le capitaine passe pour chercher des volontaires pour aller faire une reconnaissance et comme il n'y en avait pas assez, il me prit pour y aller et commander une partie.

 

Le soir on part et on arrive jusqu'aux tranchées ennemis mais on est reçu par une fusillade, aussi tous se replient en grande vitesse, je ne reste que seul avec un homme et nous ne sommes rentrés 20 minutes après les autres aussi ils nous croyaient fait prisonnier et pour ceci il a fallu donner le mot d'ordre pour rentrer mais on était trempé comme des rats et le 22 au soir, on part en réserve au poste PA 10 pour six jours de travail habituel toutes les nuits.

 

Le 28, départ pour Thiébeauménil pour six jours dont trois de travail et deux jours de garde, là on fait des propositions de citations.

Donc je suis préposé pour la reconnaissance que j'avais fait en étant en première ligne et le 4 départ pour la première ligne pour huit jours et le 8 mai départ pour la permission de six jours.

 

Retour de la deuxième permission le 19 mai 1916, je rejoins, à Thiébeauménil, le lendemain la compagnie pour six jours de repos, on en profite pour faire une bonne bombe pendant les trois jours, ce qui noie le chagrin de la perm.

 

Le 22 mai on remonte à Domjevin pour six jours et on va travailler à un réseau de fil de fer par derrière le village, on se trempe  et le 28 mai on remonte en première ligne pour la dernière fois dans le secteur aux emplacements habituels, dans le secteur de droite, on y passe huit jours et le 8 juin, on est relevé pour aller au Poste PA 16, ancien poste de commandement, on va arranger des abris et mettre des caillebotis dans les boyaux.

 

le 9, on est relevé pour aller à Veho en attendant la relève de l'autre régiment qui s'est faite le 11 au soir, c'est le 162ème d'infanterie qui nous relève et nous on part pour le village de Fraimbois.

On passe à Thiébeauménil avant de partir et là on pose les sacs, il commence à faire jour, on ne fait pas une grande pause, on ne peut même pas aller dans le village.

 

Alors en route pour Fraimbois, on y arrive vers midi et on y reste du 12 au 21 juin et tous les jours on va à l'exercice, on fait des manœuvres tous les matins et le 21 on part pour Chenevières où on va à l'exercice tous les jours et le 28 juin départ pour embarquer à Saint-Clément, on se dirige sur Révigny, on passe la nuit et la moitié de la journée dans le train.

 

On débarque à Révigny le 29 à 11 heures pour aller cantonner à Alliancelles.

Le village est à 27 km de Vitry-le-François, on va encore une journée à l'exercice et le 2 juillet au matin on part pour un autre village avec un sac au complet et trois jours de vivres supplémentaires ce qui nous fait une charge épouvantable.

Ce qui fait qu'ils en restent la moitié dans les fossés et moi parmi le nombre pour la première foi depuis que je suis au régiment, après avoir fait toute le retraite de Belgique, sans jamais resté à l'arrière.

enfin on finit par arriver dans le village qui est Condé-en-Barrois, on y reste du 2 au 6 juillet et le 7 au matin (où on s'est révolté au sujet de la marche) on embarque en autos pour aller dans un village à 4 km 500 de Verdun, au village de Belleray.

 

On y reste jusqu'au 11 et le 11 au soir, on part pour les tranchées à 9 heures et demi en face la poudrière et le village de Fleury et de la tranchée des mitrailleuses de position, on nous fait mettre baïonnette au canon et en avant dans la pleine mais la progression n'est pas grande et à 1 heure on nous donne l'ordre de nous replier un peu plus à l'arrière, à la voie de chemin de fer et là on se perd et on va tomber au 14ème et 7ème d'infanterie qui étaient à notre droite.

 

Le lendemain, on prend notre orientation pour rejoindre notre secteur et c'est un capitaine de la 2ème compagnie qui nous indique la direction que l'on doit prendre et on s'engage tout de suite à regagner nos lignes, en plein jour, en traversant des cadavres, des caissons, des chevaux et de l’eau, enfin on arrive à atteindre nos lignes c'est-à-dire la carrière et on y passe encore la deuxième nuit.

 

Le lendemain, à 9 heures on remonte à l'assaut en plein jour et à terrain découvert et on fait avancer toute la compagnie pour se parer des tirs de barrage.

Il y a plusieurs camarades qui sont blessés et quelqu'un tué et le lieutenant de la section qui commandait la compagnie a été blessé alors qu'il ne restait que des sergents pour commander la compagnie.

 

Enfin deux jours après, il vient un sous-lieutenant de la 10ème pour prendre le commandement de la compagnie.

Enfin on commence à toucher des vivres, un quart de pain et une boîte de conserve et du chocolat et on passe nos neuf jours comme cela et sans avoir trop de mal et le 20 au soir, on est relevé par la 9ème d'infanterie et on se presse à sortir de la fournaise car il y en avait marre.

 

Le lendemain, on le passe à Belleray.

 

Le 22, on part reprendre les autos qui nous avaient amenés mais cette fois elles nous amènent dans une autre meilleure direction que la première fois, elles nous ramènent au repos à Stainville, on se nettoie et après tous les jours à partir du troisième jour jusqu'au jour ou l'on repart.

On va à l'exercice tous les matins et pendant ce temps, il est parti 21 permissionnaires et il y a des propositions de citation et deux jours plus tard, il y en a un de ma section, un nommé Morange qui se tue avec son fusil, il se met la balle en plein cœur.

 

le 29 juillet, on repart de Stainville en autos pour Euville en Lorraine pour prendre un secteur, là on y reste quatre jours et le 2 août, on part passé la journée à Boncourt et le soir on va relever le 154ème d'infanterie, la compagnie est de soutien de gauche, on y passe les douze jours bien tranquille avec corvée tous les jours et alerte tous les matins et le 14 au soir on est relevé pour aller en réserve au colonel pour six jours.

 

Là, il y a du service c'est du camp des prisonniers de la route, pour les corvées aux vivres de réserve et la corvée de soupe enfin le 20 août on va relever en première ligne pour douze jours et là c'est du service par dessus les oreilles et du travail enfin on a pas deux heures de tranquillité pour soi et encore quelques bombes et autres engins de temps en temps sur la gueule.

 

On est relevé la nuit du 1er au 2 septembre pour aller prendre six jours de repos à Boncourt, en arrivant je suis de garde et le lendemain: vaccination et tous les autres jours, exercice matin et soir et le 7 au soir, on remonte relever en première ligne pour douze jours mais au bout de huit jours, le service est changé, on ne fait plus que 10 jours de tranchées et 4 jours de repos.

 

Le 15 au jus, il y a un casque à pointe qui tombe dans la section et en tue quatre et en blesse sept.

 

le 17 au soir, on va au repos à Boncourt pour quatre jours et après on monte en réserve pour huit jours à la tranchée Frontil de là on va au colonel pour quatre jours avec toujours le vaccin, après en première ligne à gauche pour huit jours et après quatre jours à Pont-sur-Meuse et de là en première ligne à droite pour huit jours.

 

Là, je fais les fonctions de chef de section parce que l'adjudant est en perm après on va au repos à Boncourt où on fait deux jours de manœuvre sur quatre de repos et le jour où on remonte en ligne, l'adjudant revient de perm, on monte en réserve à gauche, même emplacement que la première fois et le cinquième jour, je pars en permission le jour de Toussaint et j'arrive à Paris le jour des morts et en arrivant j'apprend la mort de mon frère Michel, le plus cher de tous mes frères et le plus dévoué pour moi.

 

 

 

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Fiche de LEBRET Michel

 

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LEBRET Michel

 

 Retour de ma troisième perm, arrivée le 15 novembre à Commercy à 6 heures du matin, là on est pris et conduit en détachement à Boncourt où l'on présente les permissions à l'officier de détail, de là on prend son matériel et un sergent-major vient nous chercher pour nous amener en détachement au colonel où on nous redonne les perm et de là on rejoint les compagnies en première ligne mais ma section est en réserve tranchée à Liévain de là on va à Commercy pour cinq jours et on y passe un bon repos.

 

après on remonte en première ligne à droite au cul-de-sac, on y reste jusqu'au 1er décembre et on est relevé par le 11ème d'infanterie qui vient de Verdun et on doit aller prendre leur place mais je reste pour passer les consignes et les autres embarquent en autos à Pont-sur-Meuse et nous on descend le soir et le lendemain on embarque avec le premier bataillon à Pont-sur-Meuse aussi et on débarque à Charmontois-le-Roi , on y reste jusqu'au 11 décembre et le 11 au soir on embarque pour Verdun et moi je pars en permission à titre exceptionnel de trois jours pour frère tué à Gentilly.

 

Le troisième jour, mon frère arrive alors je demande un jour de plus et j'en prend un autre ce qui fait que je repars le 18 et le 19, je rejoins mon régiment à Verdun, aux cuisines et le lendemain, je pars rejoindre ma compagnie en deuxième ligne.

 

Je fais deux jours et on va en réserve au ravin des Trois Cornes, on y reste trois jours et on monte six jours en première ligne et on est relevé le 31 décembre, on fait le ravitaillement les nuits et en se suivant les uns des autres car si on tombe dans les trous d'obus, on ne peut plus en sortir qu'en se tendant les fusils les uns aux autres et si quelqu'un s'égare, il se noie, sans secours.

On a même sorti notre commandant d'un trou où il ne pouvait sortir.

 

C'est le 1er bataillon qui nous relève et nous on revient au ravin des Trois Cornes, on y passe la journée avec un fort bombardement et dans le ravin sur une piste, il y a une vingtaine de petits ânes qui sont restés crevés sur place avec la boue jusqu'au ventre.

 

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Année 1917

Le soir du 1er janvier, on est relevé par le 325ème d'infanterie et on se rend à Verdun, une ambulance passe, elle est garnie, rien que des pieds gelés, des régiments qui avaient gardé le secteur de la côte du Poivre et en avant du fort de Douaumont.

 

On arrive à Verdun dans la nuit, on y passe deux jours et le 3 au soir, on prend le train à Verdun, c'est la 1ère division qui prend le train à Verdun, depuis les attaques du mois de février 1916 et on débarque à Lisle-en-Barrois pour aller cantonner à Rembercourt-aux-Pots où on prend un repos jusqu'au 14 janvier et on prend les autos pour aller prendre un nouveau secteur.

 

On embarque à 7 heures et demie pour Ancemont, on y arrive à 10 heures et de là on part à pied à Sommedieue, on y passe une journée et le lendemain on part en première ligne dans le secteur du village de Bonzée, jardin des Collières, on y passe 7 jours, on prend les Petits Postes à 500 mètres en avant des 1ère lignes, le 22 au soir, on a été relevé pour aller au camp de Bonchamp dans des baraquements.

 

Là aussi on y fait 7 jours et le 29 janvier, on a été relevé dans la journée par le 169ème et on a été au repos au camp de Sommedieue, dans des baraquements également, on y est resté 8 jours et de là on a été relevé le 74ème d'infanterie aux tranchées de Calonne où j'ai été malade comme un chien et avec 10 centimètres de neige mais impossible de me faire évacuer.

Mon capitaine me disait :

« Reposez-vous mais restez avec moi »

 

Enfin on passe 9 jours de première ligne et après on va au repos à Rupt pour 8 jours.

 

Le 25 février, on remonte en ligne de réserve et le 26 au soir à 8 heures, on me fait partir en perm et on va prendre le train à Dugny à 25 kilomètres et de là retour de la 4ème permission.

 

Je rejoins mon régiment le 8 mars à Langres où il a été au repos depuis quelques jours et on en est parti le 20 mars par étape pour aller en Alsace reconquise.

en y allant on arrête la première étape à Montbouton, où on a été bien reçu par les habitants et le lendemain on a été à Joncherey et après en Alsace, pays où il a tombé de la neige à Retzviller et après aux tranchées pendant cinq jours où il y avait presque pas de boue que je ne pouvais me dégager avec mes grandes bottes dans un boyau et où que les Allemands bombardaient tous les jours et presque à la même heure que je m'y trouvais.

 

Heureusement que la relève est venue et m'ont trouvé mais il a fallu aller chercher une pioche pour me passer en dessous le pied et prendre à soulever pour me dégager, enfin on est relevé et je pars faire un stage aux grenadiers à Romagny du 1er avril au 18 et là je rejoins mon régiment à Ballersdorf où l'on passe deux jours et après on part pour Monspach où l'on reste quinze jours et là on va travailler tous les jours et de là on part huit jours à l'instruction à Grosnes.

 

Et de là on revient à travailler à Fullern où l'on reste jusqu'au 24 mai au soir.

De là on se met en route pour aller à un camp d'instruction, on fait la première étape à Véliscots où l'on passe la journée du 25 et on repart le soir pour aller cantonner à Vézelois où l'on reste le 26 et le soir on repart à 8 heures et demie pour aller à Frahier et de là on part l'après-demain matin pour Saint-Sauveur où on prend une journée de repos et l'après demain on repart pour La Vaivre et de là on fait la dernière étape où on s'est bien trempé avant d'arriver au camp à Buzegney et de là on a un jour de repos et après il y a contre-ordre, ce qui nous fait changer de village pour aller à 2 kilomètres plus loin à Hadal-la-Haute.

 

On y reste du 2 juin jusqu'au 12 à midi et de là on va embarquer à Dounoux, d'où on part à 3 heures du soir pour la Champagne  et débarquons à Mourmelon-le-Petit et de là on va cantonner dans les baraquements au camp de Chalon où on reste une journée.

 

Le 14 juin au soir, on va relever en première ligne mais avant de monter, il y a eu un petit moment de révolte mais qui a été vite dissipé après une arrange du Colonel enfin on est monté au Mont-sans-Nom. (*)

 

(*) : Non signalé dans le JMO.

Il s’agit de toute évidence des prémices d’une mutinerie. La période mai-juin 1917 a été l’apogée des grandes mutineries de l’armée française. Vous trouverez sur mon site  >>>  ici  <<<, des documents officiels évoquant ces mutineries.

 

là on y reste six jours et le 20 au soir, on est relevé pour aller au camp national où l'on passe une journée et le lendemain soir on a été alerté et on est parti au village Caseau, on y est resté deux jours et on revient finir notre repos et le 26 au soir on va relevé en réserve, on y reste 5 jours à la Pointe du Cœur et de là on prend la place du 300ème à coté du Colonel, on y reste 3 jours et de là on va au repos au Camp Berthelot où que je part par ordre du Général Pétain au dépôt divisionnaire, où que je me repose pendant trois jours et le 12 juillet au matin, je pars en perm à Gentilly où que je suis et finis ma cinquième partie de mon carnet de route.

 

Le 13 juillet 1917, je suis revenu de permission, le dimanche soir 22 juillet, je suis descendu  du train à la Veuve et rejoins mon régiment à Juvigny à 10 heures du soir, j'y ai passé deux jours et après on est parti au Camp Berthelot où je suis resté deux jours et le 26 au soir je suis parti à Chalon faire un stage de perfectionnement de grenadier pour vingt jours.

 

On fait de l'exercice tous les jours et théorie sur les grenades française, anglaise et allemandes ainsi que sur les lance-grenades de tranchées pendant quinze jours et le 10 août au soir, on passe au fusil-mitrailleur et aux mitrailleuses françaises et allemandes pendant six jours et là on passe un concours, sur 78 que nous étions, j'ai sorti le 9ème mais le temps que l'on a passé à l'instruction a été très bon et on ne s'est pas ennuyé enfin à la fin du cour, j'ai eu une permission de 48 heures pour compensation des notes et ce jour.

 

J’ai appris le mariage de Maria Roulhac avec Baudrier le samedi 11 août 1917 et en allant en permission.

Je les ai trouvé ensemble et marié le 16 août que je suis arrivé en permission, j'ai trouvé mon frère et je me suis bien promené pour la première fois avec ma futur et suis reparti le dimanche 20 août à 8 heures du matin et en arrivant à Chalon à 11 heures.

 

J’en suis reparti le soir à 4 heures pour rejoindre le dépôt divisionnaire au Camp Berthelot et de là je suis passé instructeur de grenadier-bombardier pour les sections d'instruction qui viennent faire des stages de dix jours, là je suis resté jusqu'au 19 matin, on part au repos, on fait dix kilomètres après on attend les autos jusqu'à 11 heures, on embarque pour aller débarquer à Ay où l'on passe la nuit pour repartir le lendemain matin.

Le soir, on va manger en ville puisqu'il ne reste rien à manger.

 

Le matin on est parti à 7 heures pour Vandières où l'on reste du 20 au 30 septembre 1917 et le 30 on est parti à 4 heures du soir pour Damery et là on nous fait aller à l'exercice tous les jours et le samedi 6, on a été préparé un terrain pour faire le concours de la division, le lendemain matin, on a été finir car le samedi, on s'y était trempé comme des rats ainsi que le dimanche soir, à la fin du concours.

Heureusement que le soir, en arrivant, on m'a appris que j'étais permissionnaire alors je suis parti prendre mon train, le 8 à 11 heures du soir pour partir à 2 heures à Damery et le 9 au matin, je débarquais à Paris où j'ai vu tout mon monde et croyais repartir le soir pour le Limousin et ne suis que partie le lendemain matin à 7 heures et suis arrivé à Limoges le soir à 6 heures et demi.

 

Je suis resté trois jours au pays et suis reparti le samedi après midi pour être à Paris au train de 19 heures où ma futur m'attendait pour m'amener souper chez elle, où j'ai passé un agréable moment et m'a fait essayé ma veste pour voir si elle allait et le lendemain, je suis parti déjeuner chez ma belle sœur où j'en ai profité pour aller acheter la bague de fiançailles de ma futur que je lui ai remise le soir même, le dimanche 14 octobre 1917.

Mais lui étant un peu trop grande, ce qui fait que je lui ai faite arranger le vendredi pour qu'elle ait le samedi soir.

 

On a fêté nos fiançailles le samedi 20 octobre, on a fait un bon repas en famille et la plus grande intimité et un peu de joie, moi et ma futur et le 23, il a fallu repartir mais je suis parti en deux fois puisque la première fois j'ai fait demi-tour pour cause de changement de direction car je suis revenu rejoindre mon régiment à Vrigny, je suis descendu à la gare de Muizon.

Je reprend mon service habituel d'instructeur grenadier-bombardier.

 

Le 6 novembre, je reçois ma photo et celle de Pauline que j'ai attendu pendant trois jours.

 

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Je continue l'instruction jusqu'au 25 novembre, où que tous les instructeurs ont été relevés et tous ont rejoint leur compagnie en ligne, il n'y a que moi qui suis resté au dépôt jusqu'à que j'ai fini mon repos que j'avais interrompu pendant l'instruction et le samedi j'ai eu une permission de 24 heures.

 

je suis allé à Paris pour la journée du dimanche 26 novembre et j'ai passé une bonne journée, seulement je me suis mal conduit car il y avait un peu de vent dans les voiles aussi je suis reparti le lendemain matin avec la tête un peu lourde autrement dit la gueule de bois et le soir en arrivant on m'a appris que j'allais suivre un cour de deux jours pour la grenade D.R et je suis parti que le lendemain soir à 5 heures en auto et ne suis revenu que trois jours après par le petit tacot à Pargny.

 

Mon stage n'a pas été trop mauvais seulement c'était trop sale.

 

Le dimanche, je suis été  à Tinqueux voir mon ancienne compagnie qui est au repos et aujourd'hui 3 décembre, je n'ai rien à faire et reste jusqu'au samedi 8 décembre où que je pars en permission de vingt quatre heures à Paris et reviens le lundi à 8 heures du matin, croyant partir en renfort et l'on ne part que le mardi 11 décembre et suis affecté à la 10ème compagnie qui se trouve à la verrerie de La Neuvillette et à la 4ème section et le 15 on passe en première ligne, on y reste huit jours pour être relevé le 23 au matin et la section passe en réserve auprès du capitaine et là on fait des corvées tous les jours et le 25 à 2 heures on va faire une patrouille de reconnaissance près des tranchées allemandes, dans la neige où on rapporte des pattes d'épaule du 76 Bavarois et le 29 au matin on va en faire une autre avec l'adjudant de la 2ème section et par suite de ces patrouilles je suis proposé pour une citation donc je donne ma place à un autre sergent qui lui n'avait pas de croix de guerre, le sergent Lachau.

 

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Année 1918

 

Le 30 décembre au matin, on est relevé par la 6ème compagnie et on va la remplacer en réserve dans un abri au colonel près de la gare de Bétheny-les-Reims pour 6 jours et de là on part prendre un repos de 6 jours à Bézannes  où on va travailler à faire des tranchées et le 28 janvier au matin on part en repos à Verzy jusqu'au 2 février et après c'est du travail jusqu'au 7 à faire une tranchée pour le téléphone et le 8 au matin départ pour le grand repos à Hautvillers.

 

On y reste jusqu'au 15 février et moi je pars le 11 pour aller en permission pour la 7ème fois et le 12 au matin, j'arrive à Paris et aussitôt dans le tram et à Gentilly chez les parents de ma fiancée où je passe toute ma permission pour en repartir le 25 février pour aller rejoindre mon régiment au même endroit où il était quand je suis parti au repos.

 

Là je trouve ma compagnie qui se trouve en 1ère ligne à Bétheny où l'on est relevé dans la nuit du 28 au 1er mars à 11 heures du soir et là les Allemands commencent à nous bombarder à 10 heures et demie par des obus à gaz asphyxiant  alors on a attendu environ 1 heure à Bétheny dans les abris pour attendre que ça se passe mais le bombardement ne cessant pas, on s'est remis en route et au pas de course dans les boyaux avec notre masque pendant toute la traversée du petit Bétheny et de Reims et on n'est arrivé au Mesneux à 4 heure du matin et à 6 heures on vient me dire que j'allais au dépôt divisionnaire comme instructeur.

 

Alors ça été la joie qui m'a effacé les souffrances du moment que l'on venait de passer.

Je pars à 10 heures pour me rendre au dépôt à pied alors je fais les 20 kilomètres sans être fatigués tellement j'étais content.

J'arrive à 2 heures à Romigny le 1er mars et je commence à faire l'instruction le 2 mars et continue jusqu'au 23 mars où que l'on part de Romigny pour Chamery où j'ai fait le trajet en tacot jusqu'à Sacy, en même temps que ce déplacement, les permissions ont été suspendues jusqu'au 25 avril et les permissions pour mariage n'ont repris que le 5 mai, aussi quelle bonne nouvelle pour moi qui attendais après et qui avais fait ma demande.

 

Enfin l'on me donne la mienne, le 16 mai, donc je suis parti pour me marier et suis arrivé le même jour, le 17, je les passe à faire des achats avec ma futur pour le lendemain, jour de mon mariage.

 

Le 18 à 11 heures du matin, je me mari à la Mairie de Gentilly où j'ai reçu les félicitations de Mr Gracien remplaçant le maire décédé.

Ce jour a été un des plus charmant que j'ai passé de ma vie et me sorte le cafard un petit moment avec les quelques jours que j'ai passé pendant la durée de ma permission qui me la fait trouvé bien courte.

 

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Je suis reparti le 23 au soir et suis arrivé à mon régiment le 24 au matin et le même jour j'ai repris mon travail qui a duré jusqu'au 28 et le 29 au matin.

Je suis parti comme chef de la 6ème demi de la compagnie de dépôt et on a été à l'exercice le matin mais le soir à 3 heures de l'après-midi.

On est parti comme compagnie de marche et de renfort où on a passé jusqu'au 3 juin à se porter sur un point et sur l'autre dans les tranchées de la plaine en arrière de Reims  et montait à l'assaut dans les blés tantôt on se trouvait avec les uns tantôt avec les autres, les noirs et les coloniaux, il fallait arrêter les Allemands qui débouchaient de partout, enfin on a eu quelques pertes mais les Allemands aussi et on a fait deux ou trois prisonniers dans un champ de blé en avant de nos pièces de 75 qu'ils tentaient de prendre et le 4 on a été dissout et mis dans la compagnie du régiment où j'ai été affecté à la 11ème compagnie qui se trouvait à Reims dans les caves et on montait en première ligne à 50 mètres des Allemands.

 

Le 9 au matin jusqu'au 13 juin, une période assez calme mais le 13 au matin à 3 heures 17 minutes, on a attaqué la tranchée en face le canal avec trois sections- la section Rouvery à gauche, la section Verdier au centre et la section Buisson, la mienne, sur les trois la section Rouvery et Verdier sont restés cloués au sol et n'ont pu atteindre la tranchée allemande.

 

Seule ma section et ma demi-section en particulier a pu l'atteindre mais la deuxième demi-section n'a pu tenir et a commencé à se replier pendant que moi je faisais cinq prisonniers et faisais établir par mon caporal et deux hommes, un barrage de sacs à terre dans le bout de la tranchée que l'on venait de prendre et pendant ce temps, moi je faisais un barrage complet à la grenade en avant de la tranchée et sur le coté si bien que les grenades sont arrivées à me manquer.

 

Après avoir épuisé toutes les grenades allemandes, j'ai été forcé de me replier après avoir tenu les Allemands en respect pendant 2 heures de temps avec 5 à 6 hommes qui ne faisaient que me passer les grenades mais malheureusement il y en est resté deux mais beaucoup avant mon officier et une partie des hommes s'étaient repliés ainsi que les 2 sergent mais dans ma colère, une fois rentré, j'ai traité mon officier de lâche et fainéant qui d'ailleurs ne ma pas répondu mais une fois rentré j'ai continué la bataille avec de nouvelles grenades qu'une section de ravitaillement vient d'apporter ainsi qu'avec les V.B (*) que je mettais deux par deux dans les tromblons.

Là j'ai reçu un éclat de grenade allemande au bras droit mais cela ne ma pas arrêté que quand ça été fini.

 

(*) : La grenade VB (Viven-Bessière) mise en service en 1916, fut la plus célèbre et la plus réussie des grenades à fusil françaises.

Faites d'un corps cylindrique en fonte quadrillé intérieurement, elle était traversée dans son axe par un cylindre creux du diamètre de la balle du fusil Lebel, d'un tube parallèle à cet axe, contenant le détonateur et terminé par une tête de percussion en laiton équipée d'un levier latéral et d'un bouchon de remplissage.

Elle était tirée à l'aide d'un tromblon fixé à l'extrémité du tube du fusil Lebel en utilisant une cartouche classique plutôt qu'une cartouche à blanc, ce qui évitait les accidents dus à la confusion des munitions dans l'excitation du combat.

 

Je suis allé me faire panser au poste de secours où le colonel est venu me féliciter seulement le lendemain et il me proposait pour une citation à l'ordre de l'armée et en même temps pour la médaille militaire, mais quelques jours après, on me faisait dire que je ne pourrais pas avoir la médaille militaire car il y avait trop de demande mais par contre, mon officier qui s'était replié, lui on lui donnait la légion d'honneur.

 

 

 

Citation de Léon

 

En fin je passe deux jours à l'infirmerie car ma blessure n'était pas assez grave pour me faire évacué et je demande à rejoindre ma compagnie qui était descendue car à l'infirmerie, il n'y avait rien à manger.

 Ma compagnie était au même endroit que avant de monter en ligne où que je suis venu en renfort, là on y passe cinq jours du 17 au 22 et de là on va dans Reims, rue du Barbatres où l'on reste 3 jours du 22 au 25 juin 1918 et de là on va aux caves Schick, on y passe deux jours et buvons du bon champagne cristal et le 27 on part à Rilly-la-Montagne, on y passe trois jours bien tranquille et le quatrième on a été alerté toute la journée qui était le 30 juin, un dimanche et on a été le passer dans le bled près du village de Trois-Puits et le soir on est revenu à Rilly où on est resté jusqu'au 2 juillet au soir et le soir on est parti relever le 1er bataillon au cimetière nord de Reims où on est en réserve de la compagnie.

 

Mais on travaille jour et nuit et des taches formidables, soit tranchées ou barbelés ou autres corvées du 10 juillet et jusqu'au 13 au matin où on est relevé pour aller à Trois-Puits où l'on n'y est resté jusqu'au 15 au matin, on a eu une alerte à cause de l'offensive ennemie qui s'est déclenchée sur un front de 30 kilomètres et on a été aux caves Pommerie où on est descendu au fond dans les galeries où il y a 112 marches pour y descendre, là on a bu du champagne que l'on vidait dans les seaux de campement pour le faire diffusé et c'est là que le colonel nous a assemblé à l'entrée des caves et nous a lu une circulaire du Général Pétain nous donnant ordre de battre en retraite et nous on a répondu :

 

« Non et tant qu'il y aura du champagne dans Reims, nous ne lâcherons pas Reims »

Alors le colonel a répondu au Général de nos intentions et le Général nous a répondu aussitôt :

« Puisqu’il en est ainsi de tenir coûte que coûte même si on est cerné, il nous ferait ravitailler par avions et se promettait de nous faire dégager par la suite en quarante-huit heures. »

 

Mais notre ténacité a eu raison des Allemands qui nous ont bien attaqués par les gaz et les tanks mais n'ont pu débouché dans nos tranchées et les tanks sont tous restés dans la plaine sur Béthigny et la route de Laon, enfin on est resté dans les caves Pommerie jusqu'au 18 et le soir on a été relevé le 63ème d'infanterie 1er bataillon.

 

la compagnie était en réserve à la Maison des Vieillards du petit Béthigny où on a passé 7 jours bien tranquille, à part quelques petites corvées et le 27 on a été relevé la 9ème en première ligne où quelques jours avant, on avait été faire une patrouille et coupé le réseau de fils de fer barbelés et là, moi et ma demi section, on a passé 2 jours au petit poste avancé de 300 mètres de la ligne et le 27 dans la nuit on a été relevé par le bataillon du 63ème d'infanterie et moi je suis resté pour passer les consignes et le bataillon était à Trois Puits où je suis allé le rejoindre.

 

On était le 2 août 1918, anniversaire de mobilisation, ce qui fait quatre ans de guerre, là on y reste jusqu'au 6 où l'on repart le soir de Trois Puits pour aller relever en première ligne au milieu de La Neuvillette, boyau de la plaine.

On prend un petit poste à 400 mètres de la tranchée mais que l'on a reculé de 200 mètres et dans ce poste, la nuit du 19 au 20 août, il s'est rendu trois prisonniers Français qui avaient été pris aux attaques de juillet dont deux du 415ème et un du 7ème colonial et la veille un autre s'était rendu du 142ème d'infanterie.

 

On est relevé le 27 août pour aller au repos et on le fait en deux étapes, la première on passe la journée au Cadran, dans un bois où je suis arrivé le premier avec ma section et on est reparti le même soir à 9 heures pour Moussy à 6 kilomètres d'Épernay et le 5 à 2 heures je suis parti en permission de détente de 12 jours et j'ai été en passé une partie au Limousin avec ma femme et on est revenu le 11 ou j'ai attrapé froid ainsi que ma femme dans le train, ce qui m'a fait attraper la grippe Espagnol.

 

ce qui m'a mis au lit à partir du 14 septembre jusqu'au 23, soigné chez moi mais le 23 n'étant pas guéri et ma permission finie, il a fallu aller chercher un major qui m'a fait rentré à l'hôpital militaire à Rueil où je suis arrivé le soir et on m'a passé la visite le soir et le lendemain matin mais n'ayant pour ainsi dire pas de fièvre, le major parle presque de me faire partir et j'étais bien malade.

 

je ne savais comment le prendre, il y a que le troisième jour qu'il a bien pris ma maladie en considération car le soir j'avais 40 et 5 dixièmes aussi il est venu veiller sur moi ainsi que les infirmières qui ont passé la nuit et m'ont changé au moins 4 fois de linge et de draps et m'ont même demandé si je n'avais été aux colonies vu cette fièvre enfin on m'a gardé une quinzaine de jours et après on m'a analysé mes urines et on y a trouvé des traces d'albumine alors on m'a fait suivre un traitement jusqu'au 7 novembre et là on a conclu que j'étais apte à repartir au front.

 

On m'a fait sortir le 8 au matin pour partir tout droit au front car moi je leur ai demandé à avoir une convalescence et ils m'ont répondu que je n'y avait pas droit, vu que j'étais tombé malade en permission, il aurait fallu que je sois évacué du front.

Je leur ai dit moi qui n'ai jamais été évacué du front, vous pourriez bien m'en donner une, ils m'ont répondu que je n'y avais pas droit et c'est tout, je n'avais rien qu'à rejoindre mon régiment.

 

enfin je suis parti et j'ai passé la journée du 8 chez moi à Gentilly et suis reparti le 9 à la gare de l'Est à 12 heures 50 pour aller rejoindre mon régiment tout en ayant gros sur le cœur, me voir remonter sans convalescence et que tous mes camarades qui avaient été malades, en avaient eux et moi qui avait fait toute la guerre : rien et surtout qu'au même moment, je voyais les évènements changés de jour en jour et attendais l'armistice d'un moment à l'autre.

 

Mais les combats continuaient toujours et mon régiment venait d'éprouver de grosses pertes en face de Vouziers et devait remonter, aussi j'arrivais juste pour y remonter et je me disais si j'avais eu ma convalescence, çà aurait été fini enfin je faisais route  en passant par Connantray et Châlons où que l'on m'a dit que je devais rejoindre à Saint-Hilaire-le-Petit et on m'a fait descendre à Suippes et on m'a envoyé rejoindre la compagnie de ralliement à Somme-Tourbe où je suis resté deux jours et c'est là que j'ai fini la guerre car le deuxième jour, c'est le jour que l'on a signé l'Armistice et c'est à 11 heures du matin que l'on a appris par une auto qui passait sur la route et que les occupants nous criaient l'Armistice est signé et ils avaient mis les drapeaux plein la voiture alors on est sorti de nos trous et nous nous sommes promenés en liberté depuis plus de quatre ans que l'on se terrait comme des lapins traqués.

 

Notre premier travail a été de chercher si l'on trouvait quelque chose à boire mais pour un fait bizarre, ce jour là, on a rien pu trouver à boire dans ce coin perdu même pas de l'eau de vie et dire que ce jour-là, on s'était tant promis d'en prendre une bonne cuite mais rien.

 

Et le 13 j'ai rejoint ma compagnie dans les bois de sapin entre Epoye et Ponfaverger où que l'on recommence service du temps de paix et là on a reçu de la ville de Reims pour avoir sauvé la ville du Champagne une bouteille à deux et du vin.

On en avait autant que l'on voulait et quelques jours après, il est venu des officiers de l'intérieur, des embusqués et qui voulaient se permette de nous commander et mieux qui auraient voulu que nous poilus qui avons fait la guerre, on les salue quand ils passaient devant nous mais cela n'a pas été bon, on leur a dit que s'il voulait être salué, il n'avait rien qu'à revenir à l'intérieur mais que nous on les em.... et le Colonel a su cela, il les a réexpédiés d'où il venait en leur disant de laisser ses poilus tranquilles, qu'ils avaient plus de mérite qu'eux.

Année 1919

Enfin la Ville de Reims nous fait demander que l'on revienne à Reims quelques jours, on nous a encore donné du Champagne mais là on nous faisait prendre la garde et refaire de l'exercice mais cela ne m'a pas plu aussi au rapport on demande des volontaires pour aller garder les prisonniers de guerre en remplacement des territoriaux, je demande et y part le lendemain à Romilly dans un camp d'aviation, là on y passe l'hiver et on est heureux comme des princes car on est servi comme des bourgeois par les prisonniers, bien couché, bien chauffé, bien nourri aussi la vie est devenue bien meilleure que dans les tranchées.

 

Au mois d'avril, je pars comme chef de détachement en Seine et Marne à la Houssaye-Crèvecoeur où que je passe environ deux mois et de là on va au Bourget pour deux jours et après on embarque pour Tergnier  et de là à pied on va à Marchèlepot, dans un ancien camp d'anglais entre Tergnier et Péronne et j'y reste à arranger le terrain jusqu'au 17 août où que je pars à Amiens pour me faire démobiliser et d'Amiens on me dirige sur le Fort d'Ivry au 23ème Colonial où je suis démobilisé le 19 août 1919.

 

Fini de tous les cauchemars et Vive la Liberté.

 

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