Carnets de guerre de Louis LECOMTE

Maréchal-des-logis à la 9ème batterie du 32ème régiment d’artillerie

 

Année 1916

 

 

 

Publication : avril 2014

Mise à jour : novembre 2022

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Merci à Louis-Sylvain LECOMTE pour l’envoi du scan de toutes les pages des 11 carnets de son grand-père en 2014.

Louis-Sylvain a décidé de me confier les carnets de son grand-père après avoir lu le carnet de Lucien TORCHEBOEUF de la même batterie du même régiment envoyé par Alain, son petit-fils, et publié sur mon site en 2013.

Louis-Sylvain et Alain se sont téléphonés puis rencontrés fin 2014…

 

 

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Sommaire (N’existe pas dans le carnet)

 

 

Vers les écrits de 1914

Vers les écrits de 1915

 

Mars 1916

Avril 1916

Mai 1916

Juin 1916 : secteur de Verdun, Avocourt

Juillet 1916

Août-décembre 1916

 

1917

1918

 

 

Parcours durant l’année 1916

 

 

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Janvier

Samedi 1er

Assez beau.

La manœuvre est aujourd’hui suspendue. Je m’ennuie toute la journée !!

Le soir, diner avec les autres s/off de la Bie.

Dimanche 2

Pluvieux.

Manœuvre. Comme hier je m’ennuie toute la journée !

Lundi 3

Assez beau.

Manœuvre.

Rien de particulier.

Mardi 4

Assez beau.

Manœuvre.

Mercredi 5

Pluvieux.

Manœuvre. De garde à la prison.

Jeudi 6

Pluvieux.

Manœuvre.

Rien de particulier.

Vendredi 7

Assez beau.

Manœuvre.

Samedi 8

Pluvieux.

Manœuvre.

Dimanche 9

Beau.

Je vais à la messe à 9 heures. Les manœuvres de batterie attelée sont terminées !

La batterie est repartie ce matin à 4h30 pour reprendre sa position ! Aménagement de ma nouvelle cabane !

 

À 6h du soir, je suis prévenu que par suite d’un changement je pars en permission demain 10 janvier ! J’en reste pétrifié ! Est-ce possible ? Ce serait deux départs plus tôt que je ne comptais ?

Quelle affaire !

Je n’ai plus le temps de prévenir personne ! Quelle surprise je vais faire !

Et je souhaite que la journée de demain n’apporte pas de nouveau changement !

À midi, avion boche, deux bombes sur une dune à 100m de nous.

Lundi 10

Assez beau.

Mardi 11

Je fais mes préparatifs pour quitter les dunes ce soir !!

 

À 20h30, rassemblement pour Adinkerque-gare ! Où nous arrivons après une bonne course pédestre de 6 à 7 km !

Nous voici bientôt en chemin de fer, et nous arrivons vers 2 heures du matin à Dunkerque. Après le visa des permissions nous en repartons à 2h20.

Les kilomètres sont longs ! Car ce train n’avance pas !!

Quelle brouette !

 

À Clermont nous changeons de train. Bientôt enfin voici Creil !

Puis Chantilly, et à 18h30 nous sommes à la gare du Nord !

Paris !

Visa des permissions et sortie en vitesse de la gare ! Je prends immédiatement une voiture pour me rendre à V. puis rue de B. et enfin rue s.D. !

Grosse surprise pour ma pauvre Alice qui ne s’attendait pas à pareil évènement !

Mercredi 12.

Paris.

Jeudi 13-Vendredi 14

Seul à Romorantin.

Samedi 15

Après-midi à la Faisanderie.

Dimanche 16 / Lundi 17 / Mardi 18

Paris.

Mercredi 19

Je quitte Paris par le train de 11h28 ayant passé une excellente permission !

Avec un magnifique temps. Nouvelle séparation toujours fort pénible !!

Le retour n’est pas bien folichon !

À St Just, changement de train, visa des permissions. Nous arrivons à Dunkerque à 3 heures du matin.

Jeudi 20

Pluvieux.

Arrivés à 3h du matin à Dunkerque, visa des permissions.

 

Après ½ heure d’attente dans les courants d’air on nous fait cantonner dans un grand hall à grains et fourrages, situé tout à côté de la gare. Un peu de paille ! Et peu tentante !

Nous mangeons pour essayer de tuer le temps ! 7 heures durant, nous allons attendre ici !!! C’est à y mourir d’ennui !! (Tiraillons à la « chasse ») !

Ayant trouvé 2 ou 3 débris de planche nous en formons un banc sur lequel nous nous asseyons à trois ! Et jusqu’à 10 heures chacun médite dans le silence la semaine de bonheur qu’il vient de passer !

 

À 9h58, le train quitte Dunkerque, nous emportant une fois de plus vers la Belgique ! Nous arrivons à Adinkerque vers midi.

Un grand vent souffle !

Je vais à pied jusqu’à La Panne, et là je trouve à monter dans un fourgon qui m’emmène jusqu’à Coxyde où j’arrive vers 13h30. Bientôt je me retrouve dans les dunes !

À mon baraquement où rien n’a changé depuis 10 jours !

Vendredi 21

Assez beau. Je n’ai pas eu une bien bonne nuit !

Samedi 22

Pluvieux.

Après-midi, bombardement de Coxyde-Bains. Il y a quelques victimes à déplorer.

Dimanche 23

Temps magnifique.

Je vais à la messe de 9h et reste tranquille tout l’après-midi.

Lundi 24

Beau.

Bombardement intense du secteur par les Allemands.

 

Vers 11h du matin, ils commencent à tirer sur les observatoires.

 

À midi feu d’artillerie de tous calibres extrêmement violent !

Sur le secteur s’étendant de Nieuport-Ville à la mer, le tir est presqu’entièrement dirigé sur les tranchées.

Le bombardement dure plus de deux heures, et l’on n’en avait pas encore vu de semblable dans notre coin ! Près de 30.000 projectiles (grenades comprises) sont déversés par l’ennemi sur ce malheureux front de 1500 mètres !

Tous les travaux de défense sont bientôt presqu’entièrement détruits.

 

Entre 15 et 16h une attaque d’infanterie allemande est complètement arrêtée par nos tirs de barrage ! Seuls quelques groupes parviennent jusqu’à notre première tranchée pour s’y battre à la grenade, mais ils ne peuvent s’y maintenir.

L’attaque était enrayée sans grandes pertes. À ma batterie aucune.

De notre côté, la riposte ne s’est pas fait attendre ! Et nous avons rendu avec intérêts ! 7 caissons sont passés de l’échelon aux pièces !

Tous nos avions étaient de sortie ! Un de nos appareils a eu un engagement avec un boche, sans résultat apparent.

 

Le soir, nouveau tir sur les tranchées ennemies et sur la grande Dune !

Mardi 25

Beau.

Journée assez calme

Mercredi 26

Pluvieux.

Durant toute la nuit les artilleries ont été très actives !

 

15h30. Bombardement par la flotte. Tir par l’artillerie du secteur.

Jeudi 27

Pluvieux.

L’artillerie s’est encore fait entendre cette nuit.

À 6h je vais passer la journée à la Bie en remplacement d’un chef de pièce. Tout le secteur est calme.

Vendredi 28

Brumeux.

Journée tranquille

Samedi 29

Brumeux.

À 10h je suis de garde à la prison. Rien de particulier.

Dimanche 30

Doux et couvert.

Après-midi je vais à Coxyde-Bains écouter la musique militaire.

Bruits de départ !

Lundi 31

Brumeux gelée.

Quelques canonnades. Nouveaux bruits de départ.

Pour la 38 e division. Après un long séjour de 42 ou 45 jours, nous serions embarqués pour Salonique !

Voilà qui devient intéressant !! Mais comme toujours il convient d’attendre !

Mardi 1e février

Gelée, froid. Les bruits de départ circulant ces jours derniers, sembleraient une fois de plus mal fondés.

Secteur calme.

Mercredi 2 février

Gelée, froid et couvert.

Départ de permissionnaires. Rien de particulier.

Jeudi 3 février

Moins froid.

Nombreux avions. Canonnade vers Dixmude-Ypres.

Vendredi 4

Véritable tempête depuis hier soir. Vent épouvantable. Cette nuit, pluie.

Canonnade vers Ypres. Notre secteur reste calme.

Samedi

Assez beau. Rien de particulier.

Dimanche 6

Pluvieux

À 9h, je vais à la messe à Coxyde.

Même situation.

Lundi 7

Assez beau.

Avions. Rien de particulier.

Mardi 8

Froid et pluvieux.

Avions. Même situation.

Apprenons vers 14 heures que la batterie, ainsi que la 8e, ont subi ce matin un copieux arrosage boche !

 

On suppose qu’un repérage des batteries par un avion ennemi.

C’est vers 10 h que commença le bombardement qui dura un peu plus d’une heure. 151 obus de 150mm. Descendirent quelques mètres en avant ou en arrière des pièces. Plusieurs tombèrent sur les abris de pièces (1 et 4). L’abri de la première pièce fut le plus endommagé. A la 4eme, un projectile, est là, intact près de la bèche de cross. Il a traversé l’abri en diagonale, fait sauter une poignée de la flèche puis frappant la paroi du toussoire, il resta là sans éclater. Partout une quantité de trous à 1 mètre, les uns des autres !

Tout le matériel est intact, et pas un homme n’est blessé.

Quelle chance extraordinaire !

 

A la 8e batterie qui est notre voisine, quelques coups sont arrivés également, dont un fut malheureux !

Un projectile tombé sur un abri d’hommes, causa la mort de l’aspirant. (*)

Il fut retrouvé assis sur sa chaise, les mains dans ses poches, et n’ayant plus de tête !!

Un s/off qui était avec lui, n’eut aucun mal.

En résumé, le résultat fut bien prêt d’être fructueux, mais il reste à peu près nul !

 

(*) : Il s’agit de SERRET André Léon Ange, aspirant, mort pour la France le 8 février 1916 à Nieuport, tué à l’ennemi. Il était né à Donzère, le 13 mai 1895. Il n’a pas de sépulture militaire connue.

Mercredi 9

Assez beau.

Riposte au bombardement d’hier, par 200 coups de 90 allongé.

Nombreux avions.

 

À 9 heures, obsèques de l’aspirant 8e batterie à Coxyde. Aumônier et messe chantée. (J’accompagne à l’orgue).

Jeudi 10

À 10 heures, je suis de garde à la prison.

Rien de particulier.

Vendredi 11

Pluie.

Cantonnement dans le secteur. Départ de permissionnaires.

Samedi 12

Assez beau.

Canonnade vers Ypres.

Le soir, vers 17h30, avions boches dans notre région. Ils laissent tomber une trentaine de bombes vers la Panne et Avinkerke.

Dimanche 13

Beau.

Messe à 9h à Coxyde.

Après-midi, je vais faire un tour à cheval.

Lundi 14

Grand vent, rien de particulier.

Mardi 15

Vent fantastique, pluie et tourbillon de sable !

Front calme.

Mercredi 16

Même temps et même situation.

Jeudi 17

Le vent se calme un peu

Anniversaire de ma chère petite Alice (21 a.).

Vendredi 18

Pluie.

Rien de particulier.

Samedi 19

Pluvieux.

Il y a 1 mois que j’achevais ma semaine de bonheur et quittais Paris pour reprendre le chemin de la Belgique.

Front assez calme. Avions.

Dimanche 20

Gelée et très beau.

 

À 5h, réveil en fanfare par une escadrille d’avions boches. 60 à 70 bombes dégringolent sur la région. Coxyde, La Panne, Avinkerque, Furnes, le centre d’aviation !

Quelques-uns très près du dépôt de munitions et à 2 ou 300 m de chez nous.

Les pertes ne sont pas connues, sauf pour une péniche coulée sur le canal, et dans laquelle se trouvaient une femme en couche, son mari, quatre petits-enfants et d’autres personnes et qui furent tous victimes de l’ennemi !

 

À 9 heures, je vais à la messe.

 

Après-midi, un tour de promenade à Coxyde. Flotte en vue.

 

Le soir à partir de 9h, passage d’avions, en représailles sur la bochie !

Départ de permissionnaires.

Lundi 26

Beau temps.

Bombes sur La Panne, comme je m’y promenais à cheval, pour sortir Jacqueline.

Quatre engins descendant du ciel s’en vont éclater à 300 ou 400m de moi.

Canonnade depuis 2 jours vers Ypres. Avions. Apprenons en dinant que la nuit dernière nous avons été à deux doigts de partir pour Woesten.

Mardi 22

Froid, giboulée de neige.

Dispositions prises la nuit sur le front de mer en vue d’un débarquement boche !

Mercredi 23

Gelée, neige.

À la côte, mêmes mesures de précaution qu’hier. Le bruit tient que l’on s’attend à un débarquement ennemi !

Suspension du peloton d’élèves s/officiers. Arrêt des corvées.

Jeudi 24

Gelée asse forte. Beau temps.

Avions. Comme hier, canonnade dans toute la région. Arrivée d’un groupe du 15e d’artillerie.

Mêmes dispositions sur le front de mer.

Vendredi 25

Très froid. Rien de particulier.

Samedi 26

Gelée et neige.

Canonnade dans toute la région et principalement vers Ypres.

Nombreux avions. On parle de mouvement de troupes.

Dimanche 27

Moins froid.

Messe à 9h. Canonnade vers Ypres. Avions.

Boches et bombes dans notre région à midi.

Lundi 28

Beau temps. Rien de particulier.

Mardi 29

Beau temps.

 

Vers 11h, avions ennemis, deux bombes à moins de 10 m de nos baraquements !

Bombardement de la région habituelle. Furnes-Adinkerque.

 

Dans l’après-midi, saucisse boche à la dérive et qui s’en va tomber au large d’Oxyde.

 

Le soir, je monte à la batterie.

Mars

Mercredi 1er

Très beau.

À la batterie de tir, depuis hier soir, où je suis venu faire un stage de quelques jours. Je viens de passer ma première nuit.

La journée est calme et nous ne tirons pas. Quelques avions.

Jeudi 2

Gelée et beau.

À 7h, je vais à l’observation avec l’aspirant (villa E ou l’Éclusier).

Ceci ne manque pas de m’intéresser car j’y vais pour la première fois !

 

Vers 11h la brume s’étant dissipée, le panorama est magnifique. On voit nettement avec Lombaerzyde et Westende-Bains, Wilskerke, Westende-ville, Middelkerke, Leffinghe, etc.

On distingue très bien les tranchées et le mamelon-vert.

Toute la matinée est calme ; quelques avions.

 

Après-midi, lance-bombes boches, auxquels nous ripostons. Tirs de quelques batteries.

 

À 14 heures, le capitaine vient au poste d’observation, et me fait régler quelques tirs sur la « maison du chimiste », et le clocher de Westende.

 

À 17 heures, content de ma journée, je rentre à la batterie. Ce soir départ de permissionnaires.

Vendredi 3 mars

Pluie et vent. Temps assez mauvais toute la journée.

Je reste à la batterie ; nous ne tirons pas.

La nuit dernière restauration d’abris de pièce, étais de surveillance aux travaux de 1h à 3h ½.

 

Ce soir, je suis invité à dîner par le capitaine.

Cette nuit : travail aux abris !

Suis de surveillance de 22h ½ à 1h.

 

Vers 20h, canonnade boche sur nos tranchées.

 

À 22h, nous ripostons.

Samedi 4

Froid, gd vent et pluie.

J’ai dîné hier soir avec le capitaine. Partie de cartes jusqu’à 22 heures.

 

Ce matin à 7h, je vais au poste d’observation (Villa E) avec le lieutenant. Le temps n’est pas aussi beau qu’avant-hier, et on ne voit nettement le panorama qu’entre deux averses.

Le lieutenant me fait régler un tir sur le clocher de Westende-ville, et un autre sur un petit fortin boche (route de Lombaerzyde).

La matinée est calme.

 

À 10h ½, je quitte l’Éclusier et je rentre à la Bie.

 

14h30. Action d’artillerie dans le secteur, nous tirons près de 100 coups par pièce, ce qui fait une assez jolie canonnade !

 

De 20h à 22h30, de surveillance aux travaux de nuit.

Dimanche 5

Froid et giboulées de grésil.

Je reste toute la journée à la position de batterie.

 

Dans l’après-midi, nous effectuons un tir de soixante à soixante dix coups par pièce.

Lundi 6

Froid et giboulées de neige, quelques éclaircies.

Action d’artillerie sur les tranchées.

 

À partir de 9h, tirs intermittents avec intervalles de ½ heure ou 1 heure.

 

Vers 19h, quelques salves sur l’objectif de la journée.

Ma pièce a tiré aujourd’hui 266 coups, dont 130 environ sans interruption (Tir de précision, niveau 1889 corrections de 30 » secondes et de ½ /1000 aux appareils de pointage). Un éclatement prématuré à 200m environ de la pièce.

Avions. Secteur assez actif

Mardi 7

(Carnaval) neige.

Comme hier je reste à la batterie. Matinée calme.

 

Après-midi, de même.

 

Le soir, après dîner mangeons quelques crêpes.

Mercredi 8

Il a neigé toute la nuit. Assez beau.

Je reste aux pièces. Dans la matinée, nous tirons une vingtaine de coups.

 

Dans l’après-midi vers 16 heures je retourne à l’échelon, mon stage ici étant terminé.

Jeudi 9

La neige tombée est à peu près fondue mais il fait plus froid et il a gelé cette nuit.

Secteur assez actif.

Vendredi 10

Temps couvert et très froid.

Quelques canonnades.

Samedi 11

Pluvieux.

10h de garde à la prison. Le groupe du 15e artillerie en position au front de mer est relevé par des batteries de 90, la 45e division embarquant.

Dimanche 12

Il a plu toute la nuit.

Assez beau. (Déjeuner cagnotte bridge). Départ de permissionnaires.

Lundi 13

Très beau.

Canonnade vers Ypres.

Mardi 14.

Beau canonnade dans toute la région

Mercredi 15.

Pluvieux.

Après-midi canonnade française. Nombreux avions alliés (10 à 12) s’entrecroisant dans les cieux à différentes hauteurs, au-dessus de la ligne de feu.

 

Vers 18h canonnade française, renouvelée vers 22 heures.

Jeudi 16

Très beau rien de particulier

Vendredi 17

Doux et couvert.

Avions. Canonnades

Samedi 18

Beau temps.

Canonnade dans toute la région.

Dimanche 19

Très beau.

À 9h, je vais à la messe. Belle journée de printemps ! Il fait presque chaud. Déjà tous les jardins sont retournés et l’on commence à les ensemencer.

Nombreux avions alliés.

Canonnades dans toute la région. Quelques avions boches.

 

Le soir vers 20h, à la côte vers Dunkerque, nombreux projecteurs sur la mer, tirs d’artillerie, obus éclairants, etc. à travers les nuages, deux masses grises glissent vers l’Angleterre !

Il semble bien que ce sont des zeppelins ?

Lundi 20

Très beau.

Presque toute la nuit nous avons entendu le bruit des moteurs révélant le passage de nombreux avions ! Tirs de mitrailleuses, que s’est-il donc passé ?

Aujourd’hui, bombardement de la Bie, tir semblant plutôt viser la 8e. Trois projectiles sur abri, hommes 3e pièce, sans l’endommager.

Environ 150 projectiles ont été tirés (du 150 allongé). Personne n’a été blessé. Dégâts matériels insignifiants.

Mardi 21.

Pluvieux

Rien de particulier. Secteur bien calme.

Mercredi 22.

Pluie.

Les engins aperçus le 19 au soir, au-dessus de la mer n’étaient pas des zeppelins, mais seulement des avions.

Jeudi 23.

Assez froid.

Les avions entendus dans la nuit du 19 au 20 étaient des nôtres, et rentraient d’un gros bombardement effectué sur Zeebrugge.

Vendredi 24

Petite surprise de trouver ce matin au réveil une couche de neige ! Elle a du reste fondu dans la journée, et il a fait assez beau.

Secteur assez calme.

Samedi 25

Assez beau.

Rien de particulier.

Dimanche 26

Vent.

Je vais à la messe à 9 heures.

Même situation.

Lundi 27

Giboulées rien à noter.

Mardi 28

Gd vent froid et giboulées.

Secteur assez calme.

Mercredi 29

Gd vent.

À 10h je suis de garde à la prison. Rien de particulier.

Jeudi 30

Gelée.

Avions boches.

Vendredi 31

Beau rien de particulier.

Avril

Samedi 1er avril

Temps magnifique.

Artillerie assez active.

Dimanche 2

Temps splendide, soleil !

Je vais à la messe à 9 heures. Avions. Canonnades dans toute la région.

Le soir, départ de permissionnaires.

Lundi 3

Beau et chaud.

Artillerie assez active. Quantité d’avions

Mardi 4

Beau et couvert.

Actions d’artillerie.

Mercredi 5

Frais.

Rien de particulier.

Jeudi 6

Frais et couvert

Canonnades

Vendredi 7

Il a plu toute la nuit. Assez belle journée.

Samedi 8

Beau.

Rien de particulier.

Dimanche 9

Beau temps.

Je vais à la messe à 9 h. Aujourd’hui 1ère communion des enfants.

Lundi 10

Beau.

L’artillerie allemande se montre active toute la journée. Bombardement de la batterie sur les cuisines. Personne n’est blessé.

 

Le soir, départ de permissionnaires.

Mardi 11

Pluvieux.

Rien de particulier.

Mercredi 12

Pluie secteur calme.

Jeudi 13

Vent pluvieux et froid.

Même situation.

Vendredi 14

Assez beau.

Quelques avions.

Le soir à 6h30, je vais à une petite retraite pascale, comme hier déjà.

Samedi 15

Affreux temps, froid, giboulées de grêle.

Calme complet.

Dimanche 16

Beau.

Les Rameaux.

Je vais à la messe à 9h. Visite au cimetière.

Lundi 17

Vent et pluie.

Bruits de départ !

Mardi 18

Froid et pluvieux.

Il est maintenant officiel que nous quittons la région dans quelques jours !

Secteur très calme.

Mercredi 19

Pluie.

Le régiment quitte les positions par batterie, nous serons remplacés demain et partirons dans la nuit de jeudi à vendredi.

Il parait que nous allons au repos entre Bergues et Dunkerque.

Jeudi 20

Il a plu toute la nuit.

À 7h, je vais faire mes Pâques à Coxyde. Petite visite d’adieu aux tombes. Nous partons demain matin à 3 heures.

La batterie qui nous relève vient d’arriver. C’est la 9e du 55.

Ce régiment revient du Mort-Homme et cote 304.

Vendredi saint

Pluie. Temps épouvantable !

Nous quittons Coxyde à 4h30 et la pluie nous accompagne une partie de la matinée.

 

À 10 heures halte-repas.

Le temps se lève un peu nous traversons Bergues, puis Grand-Mille-Mugget arrivons à Steene vers 13h30.

Nous cantonnons dans des fermes où nous sommes assez bien, quoique l’humidité ne manque pas d’un temps pareil !!

Le reste de la journée s’achève sans pluie et nous pouvons nous installer un peu.

Samedi 22

Pluie ininterrompue de toute la journée ! Les fossés débordent sur les routes.

Préparation d’une revue de détail que le capitaine doit passer demain matin 8h.

Dimanche 23

Pâques. La pluie a cessé. C’est le soleil qui remplace, assez belle journée.

Le capitaine passe dans le cantonnement à 9 heures.

À 10h, je vais à la gd messe à Steene, petit village de 1000 à 1100 habitants.

 

Après-midi, promenade sur la route.

Lundi 24

Assez beau.

Continuons notre petite vie tranquille.

Mardi 25

Chaud.

6h manœuvre de batterie attelée.

Mercredi 26

Temps chaud.

Exercices de signalisation.

Jeudi 27

Très chaud

En dehors de quelques petites manœuvres, nous continuons à être assez tranquilles. Le temps est superbe.

Vendredi 28

Très chaud.

Rien de particulier.

Samedi 29

Chaud.

Avions boches vers Bergues et Dunkerque.

Dimanche 30

Chaud.

À 10h, je vais à la gd messe. Beaucoup de monde.

Mai

Lundi 1er mai

Très chaud.

À 5 heures, exercice d’embarquement en gare de Dunkerque.

Retour pour midi.

Mardi 2 mai

Orageux.

Après-midi orageux, quelques averses qui font grand bien.

Mercredi 3

Beau.

Temps rien de particulier.

Jeudi 4

Chaud et orageux.

Canonnade vers le front anglais.

Vendredi 5

Beau.

Vive canonnade au front anglais.

Samedi 6

Beau.

Rien de particulier.

Dimanche 7

Frais.

À 10h messe. Journée de pluie.

Partie de cartes et promenade en fin de journée.

Lundi 8

Pluvieux.

Rien de particulier.

Mardi 9

Pluie.

Bruits de départ.

Mercredi 10

Assez beau.

Il est officiel que nous embarquons demain.

Quel sera le point d’arrêt ? On parle de l’Oise ?

Jeudi 11

Beau.

9h30 nous quittons Steene pour embarquer à Esgeulbecq.

Nous démarrons à 15 heures. Tout s’est bien passé. Nous descendons vers Arnecke et Hazebrouck pour remonter ensuite sur Calais.

Le lendemain matin nous arrêtons 1h1/2 à Fontaine-Bonneleau d’où nous repartons vers 7h pour débarquer à Crèvecœur-le-Grand.

Vendredi 12

Couvert.

Après avoir débarqué nous allons cantonner à Choqueuse-les-Bénards, petit village de 120 hab. situé au nord de Beauvais. Il ne reste pas 80 hab. dans ce triste pays aux maisons délabrées et dont une sur trois est inhabitée !

Nous sommes sur le plateau et l’eau n’est pas très abondante ! À peu près rien à acheter que du lait et quelques œufs ! Nous sommes pas mal serrés, tout le groupe étant là

Samedi 13

Pluie.

Installation et nettoyage des cantonnements.

Dimanche 14

Pluvieux.

À 9h je vais à la messe (fou-rire !) (ophycleïde).

Depuis deux jours on dit que les permissions sont reprises mais l’on ne part pas souvent.

Lundi 15

Pluie.

Manœuvre sous une pluie ininterrompue ! Bruit de changement de cantonnement, lequel devient bientôt officiel. Rien quant aux permissions

Mardi 16

Beau et chaud.

À 8 heures nous quittons Choqueuse pour aller à 6 k de là cantonner à Fontaine-Bonneleau.

Le pays est un peu plus fort et nous n’avons rien perdu de changer. Nous sommes mieux, ne serait ce que pour l’eau, étant dans la vallée.

On ne parle plus des permissions !

Mercredi 17

Chaud manœuvre et installation. Les permissionnaires partent officiellement mercredi 19 à Fontaine-Bonneleau.

Jeudi 18

Très chaud.

Manœuvre quotidienne au camp.

Vendredi 19

Chaud.

À 10h30, départ des permissionnaires à la station de Fontaine-Bonneleau.

Samedi 20

Chaud.

Rien de particulier.

Dimanche 21

Très chaud.

Gd messe à 10h que nous chantons (violon).

Lundi 22

Orageux.

Rien de particulier.

Mardi 23

Chaud et couvert.

Continuons nos manœuvres d’entraînement.

Mercredi 24

Chaud Bonne pluie.

Après-midi rien à noter.

Jeudi 25

Couvert.

Bruit d’embarquement pour demain, lequel devient bientôt officiel !

Vendredi 26

Assez beau.

À 9h, nous quittons Fontaine-Bonneleau pour embarquer à Conty (10 k).

 

À 15h, notre train démarre avec la mention sur le fourgon de tête « Rame Est ». !! Nous sommes dès lors à peu près certains d’aller dans la région de Verdun !

Rien à dire car c’est bien notre tour depuis 18 mois que nous sommes inactifs ! Nous descendons par Beauvais, et arrêtons un instant à Méric. Des dames de la Croix Rouge nous distribuent cidre, café et quelques fleurs.

 

Vers 19 heures, nous passons à Enghien-les-Bains, et à 20 heures j’aperçois la Tour Eiffel ! Puis le Sacré-Cœur !

Nous contournons Paris ! Ce sont vraiment de cruels instants ! Nous arrêtons bientôt sur le pont de Flandre, où nous restons un bon moment. Nous pouvons voir les tramways qui viennent de l’Opéra ! Et bientôt au pied du talus de la voie se forme un groupe de 250 à 300 femmes et jeunes filles !

La nuit tombe et l’on ne se voit même plus la figure ! Quelques phrases sont échangées, deux ou trois couplets de chanson, et le train quitte bientôt Pantin nous roulant vers l’inconnu !

Samedi 27

Pluvieux.

À 2 heures du matin, halte-repas à Château-Thierry. Nous faisons boire les chevaux et prenons le café.

À 8 heures, nous arrivons à Revigny, où nous débarquons.

Remarqué pas mal de tombes au milieu des champs qui bordent la voie ferrée.

 

(*) 

 

Croisé à Nettancourt le Président de la République revenant d’une inspection de la région de Verdun.

 

Une partie de Revigny est complètement détruite, incendiée par les Allemands lors de l’envahissement. Nous quittons Revigny, et par Brabant-le-Roi, Nettancourt, Sommeilles, arrivons à Le Chatelier où nous bivouaquons.

 

Sommeilles (**), petit village qui n’est plus qu’une ruine !

Pas une maison qui ait été épargnée ! tout a été incendié !! Les quelques habitants qui sont restés sont abrités dans des baraquements en planches qu’on leur a construit.

Le Chatelier (**) est encore en assez bon état, quoique les Allemands y aient fait un séjour de 9 jours, avec de nombreux et odieux attentats sur la population civile !

Les chevaux au bivouac et les hommes couchant dans des greniers. Gens très accueillants.

 

(*) : Une partie de la page est difficilement lisible car une phrase semble avoir été ajoutée de bas en haut.

(**) : Souligné dans le carnet.

Dimanche 28

Chaud.

Nous passons ici la journée, et à 10h je vais partir à la messe. (Étang à Givry-en-Argonne, 2 km où nous abreuvons nos chevaux). Tombes isolées un peu partout dans les champs.

Lundi 29

Beau.

À 8h nous quittons le Chatelier, et revenant sur nos pas, par Sommeilles, passons à Laheycourt pour bivouaquer à Villotte-devant-Louppy. C’est un petit village bien en ruines aussi. Ma pièce est cantonnée hommes et chevaux nombreuses troupes dans toute la région. Toujours quelques tombes un peu partout.

Mardi 30

Beau.

Restons à Villotte. On ne sait toujours pas où nous allons

Mercredi 31

Chaud.

À 6h30, nous démarrons pour une nouvelle étape ! Assez longue parait-il une quarantaine de km !

Passons à Vaubecourt, Èvres, Foucaucourt, Waly, Froidos, Ville-sur-Cousances où nous arrêtons à 13h pour déjeuner ; puis à Rampont entrons dans le bois St Pierre où nous bivouaquons.

Hommes et chevaux tout est quelque peu fatigué !

 

Il est 16hres. On monte les « toiles » et on couche au bivouac ! Sous bois !! Nombreuses « saucisses » et canonnade ! Avions.

Un homme blessé en cours de route par un caisson qui lui passe sur le pied.

Juin : secteur de Verdun, Avocourt

Jeudi 1er Ascension.

Beau.

J’ai passé une bonne nuit, nous en avions tous un peu besoin !

 

À 10 heures, l’aumônier du groupe célèbre une messe au milieu de notre bivouac.

Au pied d’un arbre, un derrière de fourgon sur deux piquets. Voilà l’autel improvisé ! C’est assez curieux ! Reconnaissance de la position de batterie.

Minuit.

Départ de la 1re Don (2e pièce en position avancée à 800m). On se sert du matériel en position jusqu’à usure

Vendredi 2

Couvert.

J’ai assez mal dormi, la canonnade n’a pas arrêté de la nuit ! Et ce matin

Quelques grosses pièces s’en donnent encore à cœur joie !

Le soir à 10h, le reste de la batterie et l’échelon quittent le bois St Pierre pour prendre position. L’échelon reste près de Dombasle-en-Argonne.

La batterie que nous devons remplacer n’ayant pas encore évacué nous passons le reste de la nuit debout sous la pluie ! et pas trop réchauffés !!

Samedi 3

Pluvieux.

À 6 heures, nous commençons à nous installer. Le matériel en lisière d’un bois, les chevaux dans un verger, et nous sous tentes dans un petit taillis à mi-pente sur un versant de colline.

Le terrain est tellement glaiseux et collant que c’est à ne de pas tenir debout ! Les chevaux roulent, et soi-même, on doit se ramasser assez souvent. Le cantonnement est dans un état parfait de malpropreté !

Véritable foyer d’infection ! infect !!

Le soir, je fais mon premier ravitaillement.

 

À 21h30, je pars avec 6 caissons que je conduis à la position avancée (ravin de la Houë (*), 800m environ de la 1re ligne allemande).

La position de la batterie se trouve environ à 5 ou 6 km et la pièce avancée à 8 ou 9 km. Tout se passe à peu près bien, quoique les boches arrosent fréquemment quelques points de la route.

Pour revenir je dois passer entre deux salves de 105, espacées à moins de 10 minutes ! Caisson dans un ravin d’une vingtaine de mètres ! Tout culbuté voiture et chevaux ! Les conducteurs ont eu le temps de sauter de cheval.

Fort heureusement le caisson s’est arrêté à mi-pente sens dessus dessous ! Au bout d’une heure on réussit à la remettre sur route.

 

Trois caissons ayant avancé seuls s’égarent ! Et rentrent au parc 1 heure après moi

La batterie est fortement marmitée 1 brigadier et 3 hommes ont été blessés hier, et évacués. (**)

 

Il est 4h30, lorsque je me couche.

 

(*) : Je n’ai pas trouvé ce ravin.

(**) : Cette phrase est écrite de bas en haut]

Dimanche 4

Pluie.

Je me lève assez tard. Déjeuner.

Vers 13h30, un obus ennemi passant juste au-dessus de nous s’en va tomber sur un dépôt de munitions assez important retiré en plein air, 800 à 1000m de nous.

Il y a paraît-il déjà longtemps que les boches tiraient dessus ; aujourd’hui c’est le premier obus qui a porté ! Une colonne de fusée monte aussitôt et bientôt on entend une véritable fusillade ce sont des caisses de cartouches d’infanterie.

 

Vers 15h, le feu arrive aux caisses de projectiles. Une secousse semblable à un véritable tremblement de terre ! Puis une explosion formidable ébranle l’atmosphère ! Une énorme colonne de fumée noire monte vers le ciel !

Ce sont probablement des barils de poudre ou des charges d’explosifs. Les projectiles éclatent maintenant sans interruption !

Des culots et des obus tout entiers arrivent jusqu’à nous.

 

Deux hommes sont blessés légèrement, et bientôt nous évacuons les lieux emmenant les chevaux. Vers 20h, cet effrayant bombardement commence à se ralentir nous réintégrons le cantonnement.

La pièce allemande n’a pas arrêté son tir sur le dépôt, au coup toutes les cinq minutes environ. De temps à autre quelques grosses explosions se sont produites mais maintenant il y a de petites accalmies, et toute la nuit il n’éclatera plus qu’un projectile de temps en temps.

Nous avons passé un drôle de dimanche. Une quantité de gros obus sont tombés un peu partout, beaucoup sont sectionnés et non éclatés !

Nouveau ravitaillement de 4 caissons à la Bie mon collègue a aussi quelques ennuis avec une voiture !!

Lundi 5

Affreux temps, froid et pluie.

Vers le dépôt quelques projectiles éclatent encore.

Dans le courant de la journée quelques marmites sur des petits bois à quelques centaines de mètres de nous. Tir sur le dépôt.

 

Le soir, le chariot de batterie en corvée verse, vers la position avancée, dans le ravin de la Mort où mon caisson était descendu avant-hier !

Mardi 6

Pluie.

Nous sommes bien malheureux dans notre cantonnement à mi-pente ! Quelle glue ! C’est à ne pas se tenir !

Marmitage des bois qui nous environnent !

Les 7 et 8e Bies évacuent jusqu’au soir.

 

À 9h30, je fais avec des attelages pour aller chercher le chariot d’hier soir. La situation est assez calme, et au bout d’une heure la voiture est sur la route.

 

À 1h30, nous sommes rentrés.

La charrette a dû être abandonnée vers la position de batterie pour cause de marmites ! (*)

 

(*) : Cette phrase est écrite de bas en haut

Mercredi 7

Grand vent et pluie.

Quelques marmites autour de nous, comme les jours précédents. Le fourgon est pas mal démoli dans un bout de chemin rempli de trous !

Des chevaux et conducteurs partis à 18h30 pour rechercher la charrette sont obligés de faire demi-tour à moitié chemin ! Des rafales de 105 et de 150 les ayant encadrés !

Un homme est blessé (brig.) 2 chevaux tués, et 4 blessés. La santé commence à devenir moins bonne nous avons quelques malades. Beaucoup sont déjà assez fatigués.

 

Dans la nuit du 6 au 7, la batterie quitte la position, et se joint à la section avancée d’Avocourt, ravin de la Houë.

Le repérage exact et les fréquents marmitages avaient rendu la position intenable !

Jeudi 8

Pluvieux et moins froid.

Dans l’après-midi, marmitage des environs du cantonnement.

 

Vers 14h, un 150 arrive beaucoup plus près de nous, à une dizaine de mètres. Un cheval seulement est blessé gravement.

Nous évacuons aussitôt avec les chevaux et passons la journée à ½ km de là.

Le soir, la charrette laissée l’autre jour est ramenée.

Un cheval est tué par une balle.

Vendredi 9

Pluvieux.

L’eau est encore tombée toute la nuit ! Le cheval blessé hier est mort cette nuit.

Le temps est aujourd’hui un peu moins mauvais.

L’artillerie est encore beaucoup plus active que les jours précédents.

Samedi 10

Première journée sans pluie depuis que nous sommes arrivés par ici !

Avions et beaucoup de « saucisses » ! Il y en a par ici une grande quantité ; j’en compte jusqu’à 13 sur un tout petit secteur !

L’artillerie est toujours très active. Repoussé plusieurs attaques.

Dimanche 11

Il a plu cette nuit et ce matin ça tombe encore à plein ciel !

Canonnades.

Lundi 12

Journée assez bonne.

Front assez calme

Mardi 13

Il pleut depuis hier 20 heures. Le temps est froid.

Activité des deux artilleries.

Mercredi 14

Pluvieux.

Violents bombardements. Sommes toujours dans le même gadouillis !

Jeudi 15

Assez beau.

La journée se passe sans pluie. Violents bombardements

Vendredi 16

Beau. Aujourd’hui soleil ! Le beau temps semble enfin revenir !

Saucisses et avions. Front plus calme

Samedi 17

Beau et couvert.

Activité intense de l’artillerie pendant une bonne partie de la nuit. Avions boches.

Les attaques allemandes se succèdent presque tous les jours en un point quelconque de la région : Avocourt – 304 – Mort-Homme !

Dimanche 18

Beau temps !

Enfin serai-ce vrai ? La boue est déjà bien séchée ! Et l’on commence à pouvoir se nettoyer.

Avions boches. Tirs intermittents des deux artilleries.

Lundi 19

Beau et frais.

Violente canonnade toute la nuit ! Journée plus calme.

Mardi 20

Beau.

Bombardement assez violent presque toute la nuit.

Après-midi très calme

Mercredi 21

Beau.

La nuit a été relativement calme. Il semble qu’une sorte d’accalmie se produise depuis 2 ou 3 jours dans tout le secteur.

 

Ce matin à 5 heures, départ de 3 permissionnaires (2 s/o)

 

En fin de journée, la pièce qui tire tous les jours quelques salves sur Dombasle, à n’importe quel moment du jour ou de la nuit, est doublée d’une deuxième d’un calibre un peu supérieur.

À la nuit tombante, un avion vient lui régler son tir. Les deux pièces réunies lancent environ 60 à 80 projectiles

Jeudi 22

Beau et chaud.

Cette nuit canonnade. Reprise d’activité toute la journée, les tranchées semblent fortement arrosées. Bombardement de Dombasle à différents instants de la journée.

Vendredi 23

Chaud et orageux.

Activité de l’artillerie toute la nuit dernière. Avions. Il fait très chaud.

Bombardement quotidien de Dombasle.

 

Vers 20 heures, gros orage. Une première nuée passe à l’écart, avec des éclairs magnifiques !

 

Vers 22h, une nouvelle nuée beaucoup plus conséquente couvre toute la région. Le ciel n’est qu’une immense lueur ! C’est vraiment curieux ! L’activité de l’artillerie est très grande et l’on croirait qu’il y a lutte entre l’orage et les canons !

La pluie tombe bientôt, et les canons se taisent pour recommencer peu de temps après.

Je ne m’endors pas avant 2 heures du matin ! Et je remercie Dieu de ne pas me trouver sur les routes par une nuit pareille !

Il fait beaucoup de vent, et ce n’est pas non plus très rassurant d’être sous la tente !

Samedi 24

Beau et frais.

Canonnade habituelle.

Le soir, ravitaillement malheureux qui nous coûte des pertes sensibles ! Le ravitaillement comprenant cinq caissons se trouve embouteillé et bloqué dans un ravin méthodiquement marmité par un convoi de voitures le précédant.

Fâcheuse coïncidence il y a justement cette nuit une grosse relève d’infanterie et d’artillerie. Un projectile ennemi arrivant en plein milieu de la route tombe sur un arrière-train et fait fuser les obus (explosifs).

Les deux trains de la voiture sont séparés !

Un conducteur est tué (*), et deux autres sont grièvement blessés ainsi qu’un servant. Quatre chevaux sont tués et 7 ou 8 blessés.

Le caisson doit être abandonné, et un deuxième reste là, avec son timon cassé.

 

Extrait du journal du régiment. On y constate qu’il s’agit bien de la 9e batterie (celle de Louis)

Le drame a eu lieu dans la nuit du 24 au 25, comme l’indique Louis. Il est finalement indiqué à la date du 25 juin.

 

Les blessés sont dirigés sur le poste de secours, et à 5 heures du matin on ramène le mort, ainsi qu’un caisson et un avant-train.

C’est notre deuxième épreuve depuis que nous sommes dans la région.

Le capitaine malade depuis quelque temps (fatigue et surmenage) est évacué cette nuit de la position de batterie.

 

(*) : HUSSON Georges Émile, 21 ans, 2e canonnier-conducteur, mort pour la France le 25 juin 1916 au bois de Cumières (Meuse). Il était né à Paris le 23 avril 1895.

Il est inhumé au cimetière militaire de Fleury-Douaumont, tombe 5431.

Dimanche 25

Orageux.

Violentes canonnades région Mort-Homme- cote 304 vers 22 heures.

 

À 23h, je pars effectuer un ravitaillement, la pluie nous accompagne presque jusqu’à notre rentrée. Tout se passe bien.

Lundi 26

Pluie.

Voici notre temps détraqué à nouveau.

8h, inhumation de notre malheureuse victime d’avant-hier. Région toujours très active.

Mardi 27

Pluvieux.

Canonnade habituelle

Mercredi 28

Pluvieux et froid.

Nous voici ramenés au régime d’il y a quelque temps ! La boue à loisir !

Grande activité de l’artillerie. Avions boches.

Jeudi 29

Assez beau.

Canonnade intense tout l’après-midi.

Attaque allemande région 304. Bombardement habituel de Dombasle.

Un avion boche à 200m au-dessus du parc. Il tire une bande de mitrailleuse sur deux pièces contre-avions, situées à 400m de nous !

Vendredi 30

Couvert.

Canonnade habituelle. Artillerie toujours très active. Petites attaques allemandes. Avions

Juillet

Samedi 1er juillet

Beau.

Le temps semble s’améliorer. Bombardements.

Les batteries sont toujours très actives, la nôtre qui n’a en ce moment que 2 canons en position exige chaque nuit six caissons de ravitaillement.

Dimanche 2

Très beau.

La nuit a été excessivement calme ! Dans la journée canonnade habituelle.

Un fokker vient attaquer, masqué par des nuages, une de nos « saucisses » ! Il tire dessus plusieurs bandes de mitrailleuses. Peu à peu, elle est ramenée à terre, et l’avion fait demi-tour poursuivi par les projectiles.

Un quart d’heure après la « saucisse » était de nouveau à son poste d’observation. Le coup était manqué

Lundi 3

Orage et pluie.

Le temps est une fois de plus détraqué !! C’est à nouveau la boue !

Il est question depuis 2 ou 3 jours d’un nouveau tour de permissionnaires dans lequel je serais compris ? Le pourcentage est aussi fort que la 1re fois ! Le détachement comprendrait 3 hommes ! Moi compris.

On avait parlé d’un départ pour ce matin, mais rien ne vient ! Canonnades habituelles toute la journée et temps affreux.

 

Le soir vers 22h, arrivée des titres de permissions ! Je venais de me coucher lorsque l’on vient m’apprendre la grande affaire ! Quelle tuile !!

Départ demain matin à 5h.

 

La nuit me semble longue quoiqu’il ne me reste pas beaucoup de temps pour dormir !

Le capitaine évacué l’autre jour est rentré hier soir à l’échelon où il doit se reposer 1 ou 2 jours.

Mardi 4

Pluvieux.

À 5h, je quitte l’échelon avec mes deux collègues et montés sur un avant-train avec 2 attelages, nous nous dirigeons vers Fleury-sur-Oise pour prendre le train de 10h24.

 

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Jeudi 13

Beau.

Ma troisième permission est expirée, et c’est encore une nouvelle séparation bien pénible ! Je quitte Paris par la gare de l’Est à 14h45.

 

Je suis à Revigny à 23h45. Là nous passons la nuit. Je m’assieds sur une brouette à bagages ! Beaucoup sont allongés dans la cour de la gare !

14

Le lendemain à 7h, nous quittons Revigny et à 14h seulement nous sommes à Heury. La pluie tombe à plein ciel ! Je me mets en route pour rentrer. Deux occasions à monter en voiture m’évitant 5 à 6 km mais il m’en reste encore environ une douzaine.

 

Vers 18 heures, j’arrive à Dombasle salué par des marmites ! Peu après, gros orage avec pluie diluvienne !

Peu de changement à la batterie, 1 homme seulement a été blessé peu gravement. Je trouve les figures de tous encore plus fatiguées. Tout le monde a vilaine mine.

Le capitaine descend ce soir de la batterie malade une 2e fois. Contre mon espérance j’ai donc retrouvé mon régiment, encore en position !

Mais il est maintenant officiel que la division est relevée ces jours-ci.

Vendredi 14 Assez beau. Fête Nationnale. (*)

 

(*) : Barré sur le carnet

Samedi 15

Beau.

Rien de particulier. Les tirs de l’artillerie sont toujours les mêmes. Tirs habituels de l’ennemi sur Dombasle, Récicourt, Parois, etc.

Cette nuit pas mal de projectiles sont tombés un peu autour de notre cantonnement.

Dimanche 16

Assez beau.

Canonnades habituelles.

En fin de journée pluie qui se prolonge toute la nuit.

Je suis ce soir de ravitaillement, et à 23h pars faire une ballade vers le ravin de la mort !

Les batteries sont bien plus calmes qu’autrefois. La route par contre est bien plus mauvaise. Certains rubans de route ne sont qu’une succession de trous remplis d’une boue liquide !

Tout de passe bien et à 4h30 je suis rentré à l’échelon.

Lundi 17

Pluie.

Rien de particulier. On parle de la relève entre le 20 et le 22.

Mardi 18

Pluvieux.

Toujours le même temps, affreux ! Artillerie assez active

Mercredi 19

Assez beau.

Rien de particulier.

Jeudi 20

Beau.

Canonnades habituelles. La date de notre relève ne se précise toujours pas.

Hier soir, bombardement de la Bie 200 coups de 150. 1 blessé. (*)

Ce matin nouveau bombt de 50 coups (repérage avec 2 avions)

 

(*) : La phrase a été écrite en travers

Vendredi 21

Très beau.

Deuxième journée d’un temps splendide, qui a déjà bien effacé la boue ! Rien de changé dans notre situation.

Samedi 22

Beau et chaud.

On est heureux de se sentir enfin un peu en été ! On va donc pouvoir se nettoyer ! Secteur assez calme.

Dimanche 23

Très beau.

Ce matin à 5 heures avion boche et bombes sur Dombasle.

Lundi 24

Très beau.

Nous savons officiellement que le départ est fixé au 26. Secteur assez calme.

Mardi 25

Frais et couvert.

J’ai guidé cette nuit une section de 41e qui a relevé une section de la batterie. Dernier voyage au ravin de la Mort !

La nuit prochaine le reste de la batterie sera relevé, et demain matin nous partirons au repos. On ne sait pas encore où ?

Mercredi 26

Beau.

Le reste de la batterie a été relevé cette nuit.

14 heures. Départ nous quittons enfin la région et avec grand plaisir !

Passant par Dombasle, Brocourt, Ville s/Couzances, Julvécourt, Ippécourt, St André, Deuxnouds, nous arrivons en 9h Amblaincourt première étape.

C’est un petit pays en ruines comme tous ceux de la région. Nous formons le bivouac et couchons sous tente

Départ de permissionnaires (*)

Gentil paysage, ruisseau, chemin de fer (tombes militaires)

 

(*) : La phrase a été écrite en travers

Jeudi 27

Très beau.

Nous quittons Amblaincourt à 3h45 pour effectuer notre deuxième et dernière étape.

Nous passons à Beauzée, Pretz, Vaubécourt, Villatte, Laheycourt, Brabant, Revigny, Contrisson, Andenay, Sermaize et arrivons à Cheminon-la-Ville entre 15 et 16 heures, après avoir fait une halte-repas de 2 heures à la sortie de Contrisson.

Il fait une chaleur tropicale !

Nous bivouaquons sur un versant de colline à l’entrée de Cheminon.

Tout le régiment est là, y compris les sections de munitions, et la 103e Bie, ce qui fait un joli parc ! Le petit pays semble assez bien. Les hommes y sont cantonnés. Je couche avec quelques camarades dans une chambre vide.

On voit enfin quelques civils !

Vendredi 28

Beau et chaud.

Nettoyage général de tout le bazar !! A la popote on commence à prendre ses dispositions pour rattraper les mauvais jours de Verdun !

Samedi 29

Chaud.

Réveil à 4 heures. Continuation du nettoyage.

Le petit pays est assez bien approvisionné et l’on trouve pas mal de choses à acheter. Malheureusement cidre et bière sont des boissons déjà liquidées ! Il ne reste que du vin.

 

Vers 16 heures, le groupe quitte le versant sur lequel on cuit !

Pour aller bivouaquer sous des arbres à 1 km de l’entrée de Cheminon. Nous serons certainement mieux, mais un peu loin du pays.

 

18h Rapport.

 

À 18h30, apéritif et dîner.

 

Dimanche 30

Très chaud.

Réveil, comme tous les jours qui suivront, à 4 heures. (*)

 

À 6h, promenade des chevaux.

 

À 10 heures, je vais à la gd messe, et accompagne un Crevo. La petite église est assez bien. Peu de gens du pays.

 

(*) : Il est écrit : " Dimanche 30 Très chaud. Réveil, comme tous les jours qui suivront, à 4 heures ".

Cette remarque nous fait dire que le carnet a été écrit non pas au jour le jour, mais après, peut-être à partir de notes prises sur le vif.

Lundi 31

Orageux.

6h promenade des chevaux, très agréable car tout autour de nous, ce ne sont que des bois. Nous allons jusqu’à Maurupt, petit village anéanti nombreuses tombes.

(Hier dimanche deux excellents repas, déjeuner et dîner ! légumes et dessert de St Dizier (12 km) où le fourgon est allé chercher du vin.

Le soir, champagne. Eau-de-vie de grignes, Chansons.

Août

Mardi 1er août

Promenade des chx. Il fait toujours très chaud, et nous mangeons énormément de poussière ! On entend le canon dans la région de Verdun.

Mercredi 2

Très chaud.

Anniversaire de la mobilisation. Nous commençons maintenant notre troisième année de guerre ! Même emploi du temps que les autres jours. Après dîner on va s’allonger un peu sur l’herbe en dehors du pays jusqu’à 21 heures, heure à laquelle tout le monde doit être rentré au cantonnement

Jeudi 3

Orageux.

Bonne promenade sous-bois. Départ de permissionnaires

Vendredi 4

Moins chaud.

Même emploi du temps que les jours précédents. Le capitaine nous rejoint

Samedi 5

Le temps est un peu rafraichi. Bonne promenade

Dimanche 6

Chaud.

Nous nous apprêtons à faire un bon dimanche. Je vais à la messe à 10 heures.

À 11h30, nous faisons un excellent déjeuner (Poulets rôtis, champignons « Poinard ») ce qui ne m’empêche pas d’avoir le cafard toute la journée !

 

Le soir nous faisons encore un très bon diner ! (Champagne) mais vers la fin du repas quelqu’un troubla la fête ! Ce fut un ordre de mouvement pour la division le lendemain matin !

Alors grand branle-bas partout le pays !

On fait les paquetages et l’on ramasse tout. Notre repos aura été d’assez courte durée ! Il est fort probable que nous allons refaire nos étapes en direction contraire.

 

Il est 12h ½ lorsque je me couche et il faut se lever demain matin à 3 heures.

 

C’est une surprise pour tout le monde car on s’attendait de rester à Cheminon encore une bonne partie de la semaine

 

Lundi 7

Très beau et chaud.

Nous quittons Cheminon-la-Ville à 5 heures, et reprenons aussitôt la route de Verdun !

Nous passons à Sermaize, Andernay, Contrisson, Revigny, Brabant le Roi, Laheycourt, Villotte-devant-Louppy, Vaubécourt, où nous faisons halte pour déjeuner ; Pretz, Beauzée, Amblaincourt, et Deuxnouds-devt-Beauzée où nous bivouaquons et passons la nuit.

Étape très longue et fatiguante, beaucoup de poussière.

Mardi 8

Chaud

Départ à 6 heures pour la 2e étape.

Par St André, Ippécourt, Vadelaincourt, nous arrivons dans le bois de Rixéville vers midi ; pas mal fatigués.

Remarqué en route : ouverture de carrières de pierres par le génie routier, prisonniers boches y travaillant. Nombreux casseurs de cailloux. Gros centre d’aviation.

 

[NOTA : il manque la page 14 du carnet]

 

Construction de voies ferrées, gare de ravitaillement. Circulation intense sur les routes !

Nous bivouaquons sous bois. Eau potable abreuvoir des chevaux à plus de 2 km. Nous apprenons que nous prendrons position vraisemblablement sur la rive droite. On parle des abords immédiats de Verdun.

 

Cette nuit, reconnaissance des positions.

Canonnade assez nourrie. (*)

 

(*) : Phrase inscrite verticalement

Mercredi 9

Chaud.

Secteur plus calme. Nous restons la journée dans le bois de Rixéville.

À minuit, la 1re section de la batterie part pour aller prendre position.

Jeudi 10

Orageux.

Le matin il tombe un peu de pluie.

 

À 20 heures, le reste de la batterie va prendre position. Quelques canonnades

Vendredi 11

Brumeux.

À 11 heures nous quittons le bois de Rixéville pour nous rendre à notre emplacement de l’échelon, près de Landrecourt.

Nous passons à Lempère. (*)

 

Nous arrivons à 3 heures de l’après-midi pour avoir effectué un parcours de 3 à 4 km !! et sans avoir déjeuné !

On s’installe un peu avec les chevaux sous bois. Nous sommes assez bien dans l’ensemble, mais deux grosses difficultés sont là : l’eau à 1 km et la distance qui nous sépare des positions de batteries : une quinzaine de km environ, ce qui représente une jolie ballade !

Et la consommation de munitions semble devoir être assez importante.

 

Ce soir pour notre premier ravitaillement nous emmenons seulement 10 caissons et 6 av.tr. ! c-à-d tout ce que nous possédons !!

Notre route de ravitaillement est très bonne et tout à fait tranquille. Quantité de bivouacs, échelons, trains de combat ! Ambulances, autos-camions et tout le long de la route.

Nous traversons Landrecourt, Dugny, et à Belleray nous traversons la Meuse.

La batterie est en position dans un verger vers la route d’Etain à la sortie d’un faubg de Verdun /200m à 4 km du fort St Michel. La position est jusqu’ici très calme, aucun coup n’est encore arrivé là !

Abris de protection très sommaires ! Les officiers sont installés dans une villa et très bien. Les hommes font la cuisine dans une maison voisine.

Forte canonnade toute la nuit.

 

(*) : Phrase inscrite verticalement

Samedi 12

Chaud.

Continuons de nous installer. Secteur assez calme.

Dimanche 13

Orageux.

Le secteur continue à être très actif.

Violentes canonnades intermittentes, et attaques assez fréquentes. Dépôt de munitions assez important, en installation à 7 ou 800m de notre position d’échelon (Travailleurs boches).

Beaucoup d’avions français sillonnent le ciel toute la journée ; par contre pas un seul appareil boche depuis que nous sommes ici ! Nombreuses ambulances dans toute la région, et naturellement doublées d’autant de cimetières.

À Landrecourt dont nous sommes distants de 1km : gare de ravitaillement

Lundi 14

Moins chaud, il tombe un peu de pluie.

Rien de particulier nous sommes maintenant installés, et en plein bois nous serons très bien tant que durera le beau temps.

Mardi 15 août

Grande fête aujourd’hui ! Mais ici c’est un jour comme les autres ! Beau temps avec un peu de pluie. Ici, pas de messe. Notre position de batterie continue à être tranquille quoique cependant nous tirions beaucoup.

Nous faisons un ravitaillement tous les soirs.

Mercredi 16

Beau.

Rien de particulier à noter. Toujours beaucoup d’avions, et pas de boche !

Jeudi 17

Orage et pluie.

On dit que notre division a attaqué aujourd’hui à midi, pour la reprise totale de Fleury.

 

Ce soir gros ravitaillement. Nombreuses saucisses françaises

Vendredi 18

Couvert.

L’attaque d’hier ayant réussi aurait abouti à la reprise complète de Fleury et à la capture de plusieurs centaines de prisonniers. En tout cas depuis hier l’artillerie tonne sans répit !

 

Ce soir, je fais un ravitaillement de dix caissons. Violente canonnade jusqu’à la rive gauche.

Joli coup d’œil vers la crête du fort St Michel

Samedi 19

Assez beau.

Le communiqué officiel confirme la reprise totale de Fleury. Violentes canonnades en fin de journée.

 

Vers 22 ou 23 heures, bombardement tel que je n’en avais jamais entendu !

Probablement boche et français !

Dimanche 20

Brumeux.

Dimanche qui ressemble beaucoup aux autres jours ! Ce matin la région est assez calme.

Depuis 2 jours on parle de relève assez prochainement.

Une partie de notre infanterie le serait déjà ?

Lundi 21

Assez beau.

Le furieux bombardement de samedi était le prélude de fortes contre-attaques boches pour la reprise de Fleury. Toutes ont échoué.

 

Le soir, je suis de ravitaillement à la Bie. Devant aller au dépôt de Maison-Rouge pour remplir mes 6 caissons à l’aller je change mon itinéraire habituel. Je joins directement Verdun par la grande route. Passant par Regret, puis Glorieux (*) j’arrive à la porte de France.

Je traverse la ville, passe la Tour Chaussée, la Meuse, plusieurs églises. Le quartier dans lequel je me trouve n’est plus que ruines. Une rue longue n’a plus un immeuble debout !

Enfin après cette traversée assez calme je sors vers le faubourg pavé.

 

(*) : Lieu non trouvé.

Mardi 22

Beau. Grosse averse ce matin.

Pour la première fois depuis que nous sommes ici, nous voyons un avion boche vers midi.

Secteur assez calme.

 

En fin de journée nous apprenons que le groupe change de positions cette nuit. Il est naturel que c’est pour nous rapprocher sensiblement.

La position de la bie est exactement au fort St Michel. Il va sans dire que notre chemin de ravitaillement va de ce fait se trouver pas mal augmenté et notre sécurité beaucoup diminuée.

Il parait que nous n’occuperons guère ces positions que cinq à six jours

Mercredi 23

Beau.

La batterie a occupé sa nouvelle position ce matin. 9 heures. Deux avions boches survolent la région. Canonnades

Jeudi 24

Chaud.

La 2e section de la batterie a occupé cette nuit la nouvelle position.

Par une attaque en fin de journée nous avons hier réalisé quelques progrès au-delà de Fleury et fait environ 250 prisonniers.

Violentes canonnades, contre-attaques boches, etc.

Vendredi 25

Chaud et orageux.

J’ai fait cette nuit mon premier ravitaillement à la nouvelle position.

 

Parti à minuit, je suis rentré ce matin à 7 heures. Notre trajet se trouve augmenté d’environ 4 à 5 km. Néanmoins, la route est bonne et il n’y a que 4 ou 500m à faire dans du terrain complètement bouleversé par les travaux de défense et les trous d’obus !

La batterie est juste défilée à la crête. Tout se passe bien ; de 2h à 6h, c’est parait-il le moment le plus calme. Notre route est entièrement défilée sauf sur une centaine de mètres où nous sommes vus du fort de Vaux.

Longue et forte côte pour arriver à la batterie. On voit que le terrain est souvent et copieusement arrosé ! Débris de matériel de toutes sortes !

Samedi 26

Il a fait de l’orage cette nuit et il est tombé un peu de pluie.

Avions boches

Dimanche 27

Pluvieux

Rien de particulier. Le bruit circule toujours que nous partons dans deux ou trois jours.

Lundi 28

Pluvieux.

Une section de la batterie a été relevée cette nuit par le 58e. Temps épouvantable ! Pluie à seaux ! Je suis de ravitaillement.

La relève s’effectue avec quelques difficultés, par suite d’embouteillages successifs ! Dans un chemin étroit.

Un projectile ennemi surprend la colonne à l’intersection de deux routes et nous cause malheureusement des pertes sensibles.

Un officier et un homme blessé mortellement expirent quelques heures après ; trois autres sont blessés peu gravement, et deux chevaux sont tués. Après quelques instants de désorganisation, la colonne peut se remettre en route et arrive à l’échelon sans nouvel accroc.

Nous quittons la région demain 29.

 

(*) : GARNIER Laurent, 2e canonnier-conducteur, mort pour la France à Verdun le 28 août 1916, tué à l’ennemi. Il était né à Saint-Etienne le 15 août 1883.

Mardi 29

Assez beau.

Le reste de la batterie a été relevé cette nuit sans accident.

 

À six heures, nous quittons Landrecourt pour notre première étape vers le repos.

On dit déjà qu’il sera de courte durée ! Par Lempire, Lemmes, Souilly, Heippes, Rambluzin, Benoîte-Vaux, Courouvre, nous arrivons à Pierrefitte (*) vers midi. Bivouac.

 

Le soir, gros orage, cyclone ! Tentes assez malmenées !! Averse !

 

(*) : Pierrefitte-sur-Aire

Mercredi 30

Assez beau.

À 5 h nous quittons Pierrefitte, nous passons à Nicey (*), Ville-devant-Belrain, Villotte-sur-Aire, Érize-st-Dizier, Resson, contournons Bar-le-Duc (joli site) par Savonnières, près de Combles, Brillon et arrivons vers 13 heures à Haironville.

Bivouac. C’est ici que nous allons rester pour le repos.

On dit déjà que nous serons peut-être repartis dans 48 heures ? Mais comme toujours ce n’est qu’un bruit.

 

(*) : Nicey-sur-Aire

Jeudi 31

Beau.

Tous les chevaux de ma pièce sont rentrés dans une grande grange. Installation des cantonnements, nettoyage. Nous couchons dans une pièce vide contiguë au bureau.

Le petit pays est assez bien avec une petite rivière sous la main. Comme dans tous les petits pays situés à proximité du front, on y trouve beaucoup de choses.

Septembre

Vendredi 1er septembre

Assez beau.

Le bruit d’un départ immédiat ne semblant pas se confirmer, j’envoie un mot à ma chère petite lui demandant de venir

Samedi 2

Beau.

(Anniversaire de mon mariage !) Revue de cantonnement, de chevaux, etc. rien de particulier

Dimanche 3

Beau.

À 10 heures, je vais à la messe. La petite église est assez bien.

 

Le soir vers 20 heures, ma Licette est là !

 

NOTA : il manque la page 29 du carnet

Du 4 au 10

Le temps reste très beau avec de la pluie une fois ou deux. Pas trop embêté par le service, quelques petites manœuvres insignifiantes, nous passons ainsi une excellente semaine ! presque l’équivalent d’une permission !! Ma chère petite peut faire quelques promenades.

 

Le vendredi, nous sommes invités à déjeuner.

 

Le samedi, petite soirée. Les officiers viennent prendre le café avec nous.

 

Le dimanche 10, à 10 heures nous allons à la messe.

À 13h30, ma bien chère petite quitte Haironville enchantée de son séjour et je l’accompagne en voiture jusqu’à la gare de St Dizier (14 km) où elle prend le train de 16h54

Lundi 11

Beau.

Veuf une fois de plus ! Revue des cantonnements par le Colonel

Mardi 12

Beau

À 8 heures revue par le Colonel de tout le régiment en tenue de départ.

Évacuation complète du cantonnement. Nous faisons une quinzaine de km et rentrons à Haironville à 11 heures.

Mercredi 13

Pluvieux

Commencement d’une vaccination anti-typhoïdique

Jeudi 14

Assez beau.

Rien de particulier

Je reçois une piqûre antiparatyphoïdique

Vendredi 15

Assez beau.

Je me lève à 10h30 après une assez bonne nuit. Je reste toute la journée tranquille.

Samedi 16

Pluvieux.

À 10h, à Rupt-aux-Nonains, service funèbre pour les morts du régiment aux combats de Verdun.

Parmi l’assistance : tous les officiers et quelques uns de la division. Détachements d’une cinquantaine d’hommes par batterie.

Deux morceaux de violon. Une artiste de l’opéra-comique (infirmière) chante admirablement un Pater Noster, un Panis Angelicus, et à la fin de la messe un magnifique chant patriotique.

J’accompagne le plain-chant.

 

Après la messe, sur une petite estrade dressée sur la place de l’église et entouré de lance bombes et de canons de 75, notre artiste chante la Marseillaise, un drapeau déployé à la main !

Le refrain est repris en chœur par la plupart des poilus !

Dimanche 17

Beau.

Messe à 10h. J’accompagne à l’orgue.

Après déjeuner promenade au « Temple de l’Amour » ! Ascension à la tour de l’Eglise. Assez joli point de vue.

On ne parle plus de départ.

Lundi 18

Pluie.

Journée de pluie. Rien de particulier.

Mardi 19

Pluvieux.

Mauvais temps et assez froid. Rien de particulier à noter.

Mercredi 20

Pluvieux (anniversaire du plateau de Paissy 1914)

Toute la journée canonnade vers le front.

Jeudi 21

Doux et couvert.

Rien de particulier.

Vendredi 22

Beau.

Rien à noter.

Samedi 23

Beau, rien de particulier.

Dimanche 24

Beau messe à 10 heures. Après-midi, obsèques.

Lundi 25

Beau et chaud rien de particulier.

Mardi 26

Chaud.

Revue de la division par le général NIVELLE.

Départ d’Haironville à 11 heures.

Nous passons à Rupt, Bazincourt, Montplonne pour arriver à la ferme de Beauregard après avoir fait environ une douzaine de km ! Plateau avec joli site.

Nous défilons au trot.

Nous avons assez chaud et pas mal soif !

 

Il est 18h30 lorsque nous sommes de retour à Haironville. Quelques bruits de départ pour la région de Verdun.

Mercredi 27

Pluie.

Aujourd’hui quatre semaines que nous sommes arrivés au repos. On pense ne pas rester longtemps maintenant dans ces conditions

Jeudi 28

Chaud.

On ne parle plus de départ.

Vendredi 29

Pluie.

La pluie tombe toute la journée ! Nouveaux bruits de départ pour la semaine prochaine.

Samedi 30

Assez beau.

Départ de 30 hommes par batterie, emmenés par camions automobiles dans la région de Verdun pour préparer dit-on de nouvelles positions de batteries ? Nous allons sans doute suivre de près ?

Octobre

Dimanche 1er

Beau.

Messe à 10 heures (St Remi, patron du pays). Bon après-midi et très bonne soirée.

Départ demain matin

Départ de téléphonistes pour Verdun

Lundi 2

Chaud et pluie en fin de journée.

Nous quittons Haironville à midi. Passons à Rupt, Bazincourt, Mesnil s/Saulx, le Bouchon, etc., et arrivons vers 15h ou 16h à Fouchères (16 à 18 km), nous rapprochant ainsi des 2 autres groupes du régiment.

Nous sommes là parait-il pour 1 ou 2 jours seulement, avant que de prendre la direction de notre ancienne région.

Bon cantonnement, hommes et chevaux à l’abri

Mardi 3

Pluie, temps épouvantable.

Rien de particulier

Mercredi 4

Pluvieux.

Départ demain

Jeudi 5

Pluie.

Notre itinéraire que l’on avait dit comporter trois étapes n’en comprend parait-il plus que deux.

À 7 heures, nous quittons Fouchères par la pluie ! laquelle du reste nous accompagnera toute la journée !!

L’étape est longue d’environ 55 km et nous la faisons par un temps épouvantable !! Deux arrêts seulement d’environ une ½ heure pendant lesquels nous ne pouvons manger, ni les chevaux (non plus) !

Après avoir traversé Maulan-le-Petit, Maulan le gd, Nant, Tannois, Longéville, Resson, Érize-st-Dizier, Rumont, Érize-la-Brûlée, Rosières, Érize-la-Gde, Erize-la-Petite, Issoncourt.

Nous arrivons à Rignaucourt à 19h.

Il fait nuit depuis bientôt 2 heures. Bivouac dans un champ, et chevaux à la corde. Nous sommes très fatigués !

Rien de chaud à manger ! Et le petit pays a bien du mal à nous abriter tous !

Je passe néanmoins une bonne nuit.

Vendredi 6

Pluvieux.

À 8 heures, nous quittons Rignaucourt pour notre 2e étape

La température est aujourd’hui un peu plus clémente, et la pluie ne tombe qu’à certains moments. Nous repassons à Issoncourt, puis par Mondrecourt, Heippes, Souilly, Lemmes, nous arrivons dans le bois Rond, un peu avant Lempire. Chevaux à la corde, et montage des tentes.

 

Nous arrivons vers midi.

Nous voici donc revenus dans cette même contrée qui nous hébergeait il y a cinq semaines environ ! C’est bien toujours le même aspect s’offrant à la vue ! La même circulation fiévreuse sur ces routes où s’allongent des convois interminables de tout genre !

En fin de journée la pluie recommence à tomber !

Samedi 7

Pluie.

La pluie qui a tombé toute la nuit n’arrête pas de la journée. Nous nous abritons comme nous pouvons, et déjà nous sommes aux prises avec une boue excessivement collante !!

Abreuvoir à Lempire 1500m, pas d’eau potable sous la main !

 

Le soir à 16 heures, je monte à notre future position de batterie afin de reconnaître le chemin de ravitaillement. Nous sommes situés sur la même crête que la position du fort St Michel, plus à gauche vers la Meuse, exactement au fort de Belleville dont nous sommes distants d’une centaine de mètres.

Si les échelons devaient rester à la position d’attente, nous serions fortement éloignés ! Un peu plus de 20 km ! La route est bonne jusqu’au pied de la crête.

A partir de là, une côte de 1800 à 2000 m de longueur et très raide reste à grimper ! L’équipe de 30 hommes parti l’autre jour est encore occuppée aux abris.

Le front est en général assez calme, à peine une demi-douzaine de projectiles boches ! Il est vrai que notre artillerie tire 10 ou 15 fois plus.

 

Je suis de retour au bois Rond un peu avant minuit. Le bruit continue à tenir que nous sommes venus par ici pour faire une attaque.

Les positions que nous devons occuper sont effectivement des positions nouvelles : on parle de l’arrivée de six divisions ?

On fixe même des dates pour l’attaque ?

Nous serons sans doute bientôt renseignés sur tout cela.

La pluie tombe toujours, et je rentre couvert de boue !!

Dimanche 8

Pluie.

Le mauvais temps continue et la boue augmente ! Nos pauvres chevaux commencent à faire triste figure !

Je me lève à 9 heures. Dimanche bien différent du dernier, à Haironville !! Notre reprise de service dans la région débute vraiment bien mal ! Suspension du courrier pendant 3 jours ! ce qui n’est pas le plus rigolo dans l’affaire !

Arrivée de nouveaux régiments d’artillerie.

Lundi 9

Couvert. Il fait un peu meilleur.

Nous continuons à nous installer au mieux. De nouvelles unités continuent à arriver.

Ce soir la 2e section de la batterie prend position.

Mardi 10

Assez beau. La 1re section prend position ce soir.

Mercredi 11

Pluvieux. Rien de particulier à noter.

Ce soir nous montons nos premières munitions à la batterie

Jeudi 12

Frais et couvert. J’ai fait hier soir le premier ravitaillement en munitions, 8 caissons. Parti à 16 h, je suis rentré ce matin à 1 heure. Quelques marmites sur la crête. Tout s’est très bien passé.

Vendredi 13

Frais et couvert. La préparation de notre prochaine action se poursuit nuit et jour. Ce soir je fais une corvée de matériaux

Samedi 14

Même temps.

Parti hier soir à 18h, je suis rentré ce matin à 4 heures. Attaque boche vers Fleury-Vaux. Canonnade d’ ¼ heure environ

Dimanche 15

Pluie. Beau dimanche ! La pluie a commencé à tomber dans la matinée, et ne s’est pas arrêtée de la journée ! La boue qui avait déjà pas mal séché nous revient avec tout son cortège de misères.

Rien de particulier dans notre situation. On se demande si cet épouvantable temps ne va pas déranger l’action projetée ?

Lundi 16

Froid. Averses. Affreuse journée ! Giboulées de grêle glaciale !

Rien de particulier

Mardi 17

Froid et couvert.

La journée se passe sans pluie. Rien à noter

Mercredi 18

Pluie.

Nous sommes dans une « gadoue » épouvantable ! Quelques canonnades mais surtout de notre part. Notre « affaire » va vraisemblablement être retardée

Jeudi 19

Pluie.

Rien de particulier

Vendredi 20

Assez beau. Le temps est aujourd’hui à peu près beau.

Sortie d’avions

Samedi 21

Beau. Soleil toute la journée. on ne sait plus ce que cela veut dire.

Nos avions font de bonnes ballades, et sans doute aussi du bon « boulot » !

Dimanche 22

Gelée et très beau soleil.

Parti ce matin à 0h30, je rentre à l’instant de faire un ravitaillement.

Il est 8 heures. Trajet difficile, la route étant très glissante, véritable verglas.

On avance avec beaucoup de peine sans pouvoir trotter. Je suis quelque peu marmité à la position. Pas d’accident. Le bruit court que l’attaque aura lieu ces jours-ci. Quantité d’avions français toute la journée, pas de boches ! (Je m’ennuie toute la journée)

Lundi 23

Très beau. Le beau temps semble vouloir continuer. Il fait assez froid. Ce ne serait vraiment pas trop tôt !

Dans l’après-midi, grosse sortie d’avions ! Je compte jusqu’à 19 et 20 appareils en l’air ! On dit que notre infanterie de la division est arrivée.

Mardi 24

Pluie. Le beau temps est parti !

Je suis rentré ce matin à 6 heures d’un ravitaillement. Violente canonnade française d’artillerie lourde. Ayant parait-il pour objectifs principaux les forts de Douaumont et de Vaux. L’artillerie allemande ne répondait presque pas.

La pluie commence à tomber. Temps gris toute la journée, moins froid.

 

Dans l’après-midi, nous apprenons que l’attaque a été déclenchée ce matin à 11h40. Il y a parait-il de bons résultats d’acquis dès à présent.

Thiaumont et Douaumont seraient repris. Bientôt apparaissent sur la route les premiers prisonniers, une soixantaine et le soir nos succès sont confirmés.

Gain au centre en profondeur 3000 mètres front d’attaque 7 km (*)

 

(*) : NOTA : écrit à la verticale.

Mercredi 25

Pluvieux.

Le communiqué officiel relate ce matin notre brillant succès d’hier. Nous dépassons l’ouvrage de Thiaumont, et occupons les carrières d’Haudremont. Les forts et le village de Douaumont sont en notre possession. 3500 prisonniers sont actuellement dénombrés.

 

Vers midi, un assez fort contingent de boches passe sur la route.

 

13 heures. Un ordre de ravitaillement arrive pour la batterie, 14 caissons.

 

A 14 heures, je pars, et changeant au dépôt de Maison Rouge, je me dirige vers la batterie par Regret, Glorieux, Jardin Fontaine, pont de Montgrignon.

Tout se passe bien. Le front semble assez calme, surtout pour l’artillerie allemande.

La journée a déjà été marquée par 4 contre-attaques boches. Lesquelles sont restées infructueuses.

Pluie diluvienne pour effectuer ma rentrée à l’échelon. Nous sommes littéralement trempés.

 

Nous arrivons au cantonnement un peu avant minuit, et le déjeuner commence à être loin. Je dine tant bien que mal, et me couche avec plaisir. Rencontré en cours de route 4 convois de prisonniers : deux comprenant 7 à 800 hommes chacun, et les deux autres chacun une cinquantaine.

En général ils sont fort jeunes et paraissent très contents. C’est bien la première fois que j’en vois autant dans une même journée.

Jeudi 26

Pluie. Temps épouvantable ! Nous sommes dans une boue inimaginable !!

Tous nos gains sont presqu’ici maintenus. Le nombre des prisonniers s’élèverait parait-il à 4500 dont plus de 100 officiers, y compris le commandant du fort de Douaumont.

Depuis hier, toutes les contre-attaques de l’ennemi ont échoué.

Vendredi 27

Pluie.

Le chiffre officiel des prisonniers atteint 4500 avec 130 officiers. Rien de nouveau

Samedi 28

Pluvieux.

Le total des prisonniers dépasse 5000, dont 140 off. Nouvelles contre attaques repoussées

Dimanche 29

Pluie. Nous conservons tous nos gains. Rien de particulier à noter. Suis rentré d’un ravitaillement ce matin à 5 heures

Lundi 30

Pluie.

On ne sait encore quand nous allons quitter la région ? Il est pourtant vraisemblable qu’on ne pourrait rester bien longtemps dans ces conditions.

Mardi 31

Pluvieux. Il a fait toute la nuit un vent épouvantable ! rien de particulier à noter

Novembre

Le 1er

La Toussaint.

Belle journée, très doux avec un semblant de soleil.

À midi, seulement je pense que c’est jour de fête.

Dans le secteur, la situation se stabilise ; quelques violentes canonnades sans action d’infanterie. On parle d’être relevés dans le courant d’une huitaine

Jeudi 2

Fête des Morts. Il pleut une partie de la journée.

Le bruit court pour quitter la région du 4 au 6.

Vendredi 3

Assez beau.

Les communiqués des journaux de ce matin nous donnent le total de nos gains au cours de l’attaque du 24 octobre : prisonniers : 6011, dont 138 off. Matériel pris dans la journée du 24, et actuellement dénombré : 15 canons, dont 5 de gros calibre ; 51 canons de tranchées ; 144 mitrailleuses ; 2 postes de T.S.F. fusils, grenades, obus et matériel de tout genre.

Le 6 et le 7 : deux gros départs de permissionnaires ! Bonne affaire !

On parle de partir lundi prochain.

Samedi 4

Assez beau.

Les communiqués officiels des journaux de ce matin nous apportent la chute du fort de Vaux. Le bruit en avait couru hier toute la journée. Nous avons occupé le fort sans aucune perte, les Allemands pressentant ce qui allait arriver l’avaient évacué sous l’intensité du tir de notre artillerie qui avait rendu la position intenable ! C’est le complément de notre attaque du 24 oct.

Cette nuit une section de la batterie doit être relevée.

Lundi, départ de permissionnaires 10%, mardi 12%

Dimanche 5

Assez beau, pluvieux.

La pluie est tombée cette nuit à seaux.

Une section de la batterie a été relevée ce matin à 4 heures.

Lundi 6

Pluie.

Le reste de la batterie a été relevé cette nuit. Départ demain matin (corvée de boue… clair de lune !)

Mardi 7

Assez beau. Hier départ de 17 permissionnaires ; ce matin vingt autres embarquent.

Nous quittons le Rond – Bois à 7 heures. Cinq nouveaux chevaux restent dans la boue (abattus ou évacués !)

1ere étape : Deuxmondes, par Vadelaincourt, Ippécourt, Fleury s/Aire, Rubécourt, Beauzée et Amblaincourt.

Nous arrivons vers 13 heures. Chevaux à la corde.

Tout l’après –midi  pluie. Temps affreux ! Avons fait une bonne partie de l’étape à pied.

Mercredi 8

Pluie.

Départ 7 heures.

Il pleut à peu près toute la journée.

Tout le monde est pas mal fatigué. Je fais la moitié du chemin à pied. Notre route est fortement accidentée, et nous ménageons les chevaux le plus possible.

Par Amblaincourt, Beauzée, Sommaisne, Rembercourt, Condé, Génécourt et Hargeville nous arrivons à Vavincourt vers 14h.

Tous les chevaux à l’abri.

Jeudi 9

Assez beau.

6h, Troisième et dernière étape : Naives-devt-Bar, Bar-le-Duc (faubourgs) Longeville, Tronville, Ligny-en Barrois, Maulan le petit, Fouchères, Danmarie, et enfin Morley, où nous sommes vers 15h30.

 

Il a fait beau toute la journée et nous voici arrivés dans d’assez bonnes conditions. A peu près tous les chevaux ont suivi. Les hommes commencent à en avoir assez ! (Les pieds me font mal comme jamais) Le petit pays semble assez bien quoique peu conséquent.

Tous les chevaux sont rentrés dans des granges

Vendredi 10

Beau. Très beau temps avec soleil.

Nous commençons à nous installer et surtout à nous nettoyer. Ce qui n’est pas un luxe.

Un bon petit ruisseau (la Saulx) qui coule au milieu du pays va nous être particulièrement précieux. Bon accueil en général. Je trouve pour coucher un bon coin tranquille dans une vieille chambre démeublée. Jolis sites.

Poste civile, chemin de fer

Samedi 11

Très beau. Gelée il fait assez froid.

Continuons nos nettoyages

Dimanche 12

Gelée et très beau.

Sommes maintenant tout à fait installés. Nous serons très bien à passer quelques semaines ici.

A 10 heures, messe. Grand-orgue. Beaucoup de monde. Apéritif, déjeuner. Promenade. Bridge. Diner. Chantons. Assez bon dimanche.

Lundi 13

Temps couvert.

Gourmandises de ma chère petite à l’occasion de mon anniversaire. Bonne lettre.

Rien autre de particulier.

Mardi 14

Doux et couvert.

J’ai aujourd’hui 28 ans !

Il est question depuis quelques jours d’un ou deux nouveaux départs de permissionnaires vers le 20 (5% et 20%).

Mercredi 15

Froid. Bise.

Rien à noter. Le temps semble vouloir revenir à la gelée.

Jeudi 16

Gelée. Très froid.

Dans l’après-midi, décision relative aux permissions. Deux départs à 10% chacun, le 17 et le 18. Me voici bon à partir après-demain samedi. Quelle affaire !!

Vendredi 17

Gelée. Très froid.

Je commence à faire mes paquets pour demain ! Bise glaciale toute la journée !

A 11 heures départ de 19 permissionnaires

Samedi 18

Il a gelé cette nuit, tombé de la neige, dégelé, et il tombe de l’eau toute la journée. Joli temps pour partir.

Je quitte Morley à 11h30 pour prendre le train à Damarie, 3km.

Voyage très long, avec 4 ou 5 changements de train. Des attentes de 2 à 3 heures dans plusieurs gares. C’est toujours agréable.

Du 18 au 27

Permission moitié à Romorantin, moitié à Paris ; beau temps pour la première moitié ; pluvieux avec brouillards pour la seconde.

Le 28

Mardi. Couvert. Retour.

A 14h45, je prends le train à la gare de l’Est.

A 11h30, nous quittons Paris encore une fois !!

Le 29, mercredi

Froid.

A 3h ½, nous arrivons à Revigny. Cantine pain – vin. Journaux.

Après renseignements j’apprends que le régiment est remonté en position. (à ma grande surprise) Je suis dirigé sur Landrécourt.

 

Gelé, à 6 heures, je prends un bouillon chaud à la cantine. Affluence considérable de permissionnaires.

 

9 h 27. Je prends le train pour Landrecourt où je descends, il n’est pas moins de 16h30. Tellement le train a fait de vitesse. Là j’apprends que mon régiment est à Blercourt.

Comme il fait nuit déjà, je mange et couche à Landrecourt. La région ne semble guère changée ! il y a encore autant de boue ! même animation.

Jeudi 30

Temps gris et froid.

A 7 heures, je me mets en route pour Blercourt (une dizaine de km). Voulant passer par un chemin anciennement bon, c’est juste aujourd’hui si je ne reste pas enlisé.

 

Vers 10 heures ou 11h, j’arrive à Blerecourt, où j’apprends que mon régiment ne sera que le 2 décembre. Stupéfaction !

Nous sommes bon nombre de permissionnaires dans ce cas, et on nous affecte dans une grange comme cantonnement. Nous sommes là-dedans à peu près comme dehors. Comme rentrée de permission ce n’est pas brillant !

Impossible de toucher des vivres ! Et pas grand-chose à trouver dans le pays ! ni pain, ni vin !

Décembre

Vendredi 1er

Comme hier il a gelé et il fait très froid.

Nous trouvons un petit coin à cinq ou six, une pièce où il y a une cheminée et nous commençons à faire du feu avec tout ce que nous pouvons trouver. Après avoir mis en commun les vivres des paquets nous commençons à boulotter toutes ces réserves.

Quémandant le pain à droite et à gauche, et achetant le vin à Rixéville !

Samedi 2

Gelée, froid.

Le régiment commence à arriver vers 13h.

 

A 14h30, ma batterie est là. Je retrouve tous mes camarades et j’apprends que ma citation est sortie pendant ma permission. Installation dans le cantonnement.

La batterie est logée, hommes et chevaux dans des granges du pays. Tout le monde est l’abris, ce qui est un sérieux avantage sur notre situation de l’autre fois.

Dimanche 3

Beau temps.

Quelques avions boches. Une section prend position cette nuit, et je monte avec 6 caissons de munitions. Nuit tout à fait noire.

Le guide qui conduit la colonne de groupe se perd à plusieurs reprises. Caissons renversés, ou embourbés. Rien ne manque !

Partis à 19h de Blercourt, nous n’arrivons à la position que vers 5h30 du matin, après avoir passé une nuit épouvantable. La position de batterie est située vers le ravin des Graviers, an avant de St Mihel.

A 3 heures du matin la neige commence à tomber et il fait assez froid. Elle continue tout le reste de la journée.

Tout est assez tranquille à peine 10 à 15 projectiles boches.

Lundi 4

Neigeux, froid.

Vers 11 heures, nous sommes de retour à Blercourt, pas mal esquintés. les chevaux n’en peuvent plus ! Après cette randonnée d’une cinquantaine de km dont une dizaine de chemin de terres.

Cette nuit l’autre section de la batterie prend position. Nous continuons à nous installer, et au point de vue général, nous serons assez bien.

Mardi 5

Pluvieux.

Secteur assez actif, rien de particulier à noter.

Mercredi 6

Froid et couvert.

Nous continuons la formation du stock de munitions à la batterie en vue de l’attaque prochaine.

Jeudi 7

Froid.

Rien de particulier

Vendredi 8

Pluvieux.

Le temps continue assez mauvais, ce qui va probablement retarder encore l’opération projetée

Samedi 9

Pluie rien de particulier à noter

Dimanche 10

Assez beau.

Je vais à la maesse à 6 h. Le petit pays possède une petite église, mais combien piteuse et pauvre !!

Lundi 11

Froid et couvert.

Arrivée des troupes d’infanterie (routes consignées).

En fin de journée pluie

Mardi 12

Depuis hier soir, il a fait toute la nuit un temps affreux ! pluie, neige ! Avec un froid glacial !!

Activité assez grande de l’artillerie du secteur.

Mercredi 13

Pluvieux.

Le bruit court que l’attaque qui devait avoir lieu aujourd’hui est remise en raison du mauvais temps

Jeudi 14

Neigeux. Froid.

Rien de particulier à noter en dehors d’une grande activité de l’artillerie.

Vendredi 15

Froid et couvert.

Vers 6 heures du matin, je me trouve à la batterie à effectuer un ravitaillement. Feu intense d’artillerie lourde. Préparation d’attaque. Nombreuses saucisses d’observation. Quantité d’avions ! Grosses pièces sur voie ferrée (A.L.V.F.).

 

En fin de journée, apprenons que l’attaque a été déclenchée ce matin à 10 heures, et que les objectifs ont été rapidement atteints.

Samedi 16

Neige et pluvieux.

Avons aujourd’hui confirmation que notre attaque a pleinement réussi.

On parle de 7500 prisonniers, dont 200 officiers. Nous avons repris la cote du Poivre, la cote 378, Louvemont, Vacherauville, ouvrage de Bezonvaux, ferme des Chambrettes, une partie du bois des Caurrières, etc.

Dimanche 17

Il est tombé de la neige toute la nuit : très froid.

Partis de Blécourt hier soir à 21 heures, et arrivés vers minuit au dépôt de munitions de Belrupt, avons attendu sur la route au milieu de files interminables de caissons. six heures avant que de pouvoir charger. Nous étions, les pieds dans la boue et sous la neige, littéralement gelés !

 

A 7 heures du matin, je quittais le dépôt pour la batterie.

Croisé en route, des fractions du 321e infie, relevé et se dirigeant sur Hauvainville. Par paquets de 14, 6 ou 8, pauvres loques hideuses ! Ne ressemblant en rien à des hommes ! Ces malheureux inspiraient la plus grande pitié !!

J’arrive vers 9 heures à la batterie.

Tout se passe assez bien.

Le temps est brumeux et balance un peu notre retard. Il est 15 heures lorsque je suis de retour à Blercourt. Nous rentrons exténués !

Officiellement les prisonniers dénombrés dépassent maintenant 9000 dont 250 officiers. 81 canons ont été pris ou détruits

Lundi 18

Couvert.

Une contre-attaque allemande au Poivre a été repoussée. Le chiffre des prisonniers atteint maintenant 11 387 dont 284 officiers. Nous avons capturé 115 canons, 44 de tranchées et 107 mitrailleuses

Mardi 19

Il a gelé cette nuit. Temps couvert et froid.

Une nouvelle et violente contre-attaque allemande a été repoussée, sauf à la ferme des Chambrettes où l’ennemi a réussi à reprendre pied. Secteur plus calme

Mercredi 20

Gelée, assez beau.

Ce matin départ de permissionnaires, 2%. Nous avons repris la ferme des Chambrettes à l’ennemi, et maintenons intégralement tous nos gains.

On parle d’être relevés ces jours-ci.

Jeudi 21

Pluie.

Rien de particulier à noter

Vendredi 22

Pluie.

Situation sans changement

Samedi 23

Pluvieux rien à noter

Dimanche 24

Assez beau.

Il n’est plus question de partir au repos. Quoique la division soit descendue à Ligney en Barrois. Messe à 10 heures.

 

Le soir, après un bon diner, je vais à la messe de minuit. Beaucoup de monde pour la petite église. Office assez « miséreux » !

Au retour de la messe vin chaud.

Lundi 25

Noël. Assez beau.

Nous passons une assez bonne journée, très tranquille.

Mardi 26

Pluvieux.

On parle à nouveau d’être relevés le 29 ou le 30.

Mercredi 27

Assez beau.

Rien de particulier à noter.

Jeudi 28

Beau. Il a gelé cette nuit.

Ce matin la batterie entière est descendue de la position et nous quittons Blercourt demain matin. Tout le monde est bien content. Départ de permissionnaires, 13%

Vendredi 29

Pluie.

Départ 8 heures. Itinéraire : Rampont, Souhesmes, Lemmes, Souilly, Heippes, Issoncourt, 1ère étape. Bivouac.

Samedi 30

Affreux temps bourrasque et pluie !

Départ : 7h30.

Itinéraire : Chaumont s/aire, Erize la petite, Erize la grande, Rosnes, Erize la brûlée, Rumont, Erize St Dizier, Lavallée

2e étape, où nous arrivons à 13 heures gelés et trempés.

Dimanche 31

Pluie.

Départ : 7 heures.

Itinéraire : Géry, Loisey, Culey, Silmont, Guerpont, Tronville, Velaines, Ligny en Barrois, Le petit Maulan, Rant-le-Petit, 3e étape.

Comme hier les chevaux sont à l’abri.

 

 

 

 

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