Correspondance 1914-1918

du Lieutenant Robert (Marie Adrien) MAZEL

8e régiment de Chasseurs à cheval.

1914

 

Mise à jour : novembre 2014

Retour accueil

 

Avant-propos

 

Le 8e régiment de chasseurs à cheval (RCC) est basé à Orléans.

Il est composé de 4 escadrons (33 officiers, 58 sous-officiers, 629 hommes, 734 chevaux et 24 voitures hippomobiles.)

Robert est sous-lieutenant dans le second.

Ces 4 escadrons sont affectés organiquement au 5e corps d’armée (5e CA)

2 escadrons supplémentaires (5e et 6e) rejoindront le 8e RCC le 18 août 1914. Ils seront affectés aux 9e et 10e divions d’infanterie qui, elles font aussi parti du 5e CA.

 

Né le 20 août 1890, à Cénac (Dordogne)

 

 

 

 

Composition des 1e et 2e escadrons du 8e RCC au 2 août 1914

 

Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : feather

 

AOUT 1914

 

----------------------------------

Lettre de Robert à sa mère, Élisabeth

 

Samedi 2/08/14. Saumur

Ma chère mère.

Je pars à quatre heures pour Orléans. Toute l'école part. C'est épatant. Enfin on va se battre.

L'enthousiasme est immense ici.

Je pars avec deux chevaux et mon ordonnance.

Vu le commandant et Mme Dètroyat qui vont rejoindre Dijon et vous donneront de mes nouvelles.

Papa doit être parti ?

Vous devez être bien inquiètes.

Je vous tiendrai au courant de mes nouvelles.

Que faites-vous ?

Reçu remerciements de Berthe qui a l'air bien triste.

Je me suis acheté une bonne paire de souliers de guerre et je pars avec mes guêtres de Saint-Cyr.

 

----------------------------------

Lettre de Robert à sa mère, Élisabeth

 

Lettre adressée 11, rue Charrue à Dijon

4/08/14, Orléans

Ne vous inquiétez pas, nous reviendrions et couverts de lauriers.

Je suis arrivé à 4 h du matin, après des heures de trajet.

Je pars après demain à la tête du 2ème peloton du 2ème escadron, direction inconnue.

 

----------------------------------

Lettre de Robert à sa mère ?

10  8 h ? Chaumont

Je suis ici pour la journée avec le 40 ° et 44 ° Chasseurs repartant ce soir rejoindre mon corps qui se trouve du même côté où je vous avais dit dans mes lettres précédentes.

Il fait froid.

On m’a dit que les troupes de réserve venant des Vosges de la 26° division étaient passées allant sans doute vers mon extrême gauche. Papa doit sans doute être parti et verra la phase décisive de la bataille.

Donne-moi de vos nouvelles. Je n’ai rien reçu depuis mon départ.

Voyage hier avec un officier de 21 ° Chasseur Montjou.

 

Le 12/08/14, le régiment prend contact avec l'ennemi. Il marche en avant de la 3e armée, le 21/08/14.

La retraite débute le 22/08/14.

----------------------------------

Lettre de Robert à sa mère, Élisabeth

29/08/14

Je vais toujours bien. Reçu lettre d’Odette du 8 et une de papa.

Vu le feu hier, mais pas d’engagements sérieux, les Allemands ont l’air d’avoir une frousse épouvantable.

Jusqu’ici tout va bien. J’espère que vous allez bien. Ayez confiance, ne vous laissez pas affoler par les fausses nouvelles.

Je suis toujours en France, sur la frontière.

Vous avez dû voir nos succès en Belgique (Sordet (*) avec sa cavalerie) et du côté des Vosges

Les Allemands sont complètement démoralisés par notre canon. Un de leur régiment a perdu près de chez nous 80 % de son effectif.

Ils étaient passés la veille disant que dans 15 jours, ils seraient à Paris.

Le lendemain, ils fuyaient vers la frontière. De plus, ils sont très maladroits, comme tireurs ce qui nous permet d’échapper de près à leurs balles.

Mon cheval Fanfaron va bien.

 

(*) : André SORDET, général commandant le 1e corps de cavalerie du 02/08/0814 au 08/09194

SEPTEMBRE 1914

----------------------------------

Lettre de Robert à sa mère, Élisabeth

9/09/14

J’ai bien reçu votre mot du 17 et 29 et ne comprends pas que vous ne nous receviez pas toutes mes lettres, nous avons eu une vie bien dure depuis le 22 août et c’était tous les jours une lutte sans trêve.

Enfin, les Allemands reculent.

J’ai eu une petite attaque de dysenterie, cela va mieux à l’heure actuelle, mais c’est dur en campagne. Si cela ne guérissait pas, je me ferais évacuer.

Je pense bien à vous et espère bien qu’à la fin de la campagne à la fin du mois nous pourrons nous embrasser.

Nos armées ont repoussé l’ennemi partout. On va poursuivre maintenant.

Gillain a été remplacé par d’Urbal (*), à la 7ème D.I, disgrâce, et combien d’autres.

 

(*) : D'URBAL Victor. Général de division.

  - 25/08/14-28/09/14 commandant de la 7e division de cavalerie

  - 30/09/14-20/10/14 commandant du corps d'armée provisoire d'Urbal puis 12/10/14 devient 33 corps d'armée.

 

 

----------------------------------

Lettre de Robert à sa mère, Élisabeth

07/09/14

Ma chère mère,

Je ne suis pas encore parti d’Orléans, ayant un peu d’entérite en arrivant, le médecin et le Cdt Martignon m’ont dit qu’il fallait attendre un peu. En tout cas, je compte partir samedi.

Mon régiment était tous ces temps-ci aux Islettes dans l’Argonne en réserve. J’ai vu un sous-off évacué de mon escadron. Il me tarde d’y aller.

Ils se reposaient, J’ai cru comprendre

 

----------------------------------

Lettre de Robert à sa tante GRABIAS, Château de Larroque, Gimont (Gers)

16/09/14

J’ai reçu votre dépêche ce soir et vous en expédie une. J’ai eu comme je l’avais écrit une huitaine de jours, un début de dysenterie à l’Armée, et aie été obligé de me faire évacuer. Cela va bien mieux actuellement et je vais à Orléans pour essayer de rejoindre mon poste.

Je suis à l’armée de l’Argonne commandée par SARRAIL (*) opposée à celle du Kronprinz...Nous avons beaucoup souffert

Mais la victoire va tout changer ! Vous savez donc que je suis du côté de la Meuse.

Avez-vous reçu mes lettres après la bataille de Longwy ?

As-tu vu la mort du Cpt de Hautecloque ?

 

(*) : SARRAIL Maurice, général commandant de la 3 armée du 30/08/14 au 22/07/15.

 

----------------------------------

Lettre de Robert à sa sœur, Odette

Orléans, vendredi 19/09/14

Je suis bien arrivé à Saumur après un voyage fatigant à cause des changements de train, des attentes dans les gares et la foule des voyageurs.

J’ai trouvé ma maison en ordre, mais comme on peut le louer, Saumur est plein d’émigrés, j’ai emballé dans ma malle le gros de mes affaires et je me suis arrangé avec Manceau, mon agence de locations pour que tout soit à l’abri, si besoin était.

Jusqu’ici ce n’était pas loué. Les habitations de mes camarades sont dans le même cas.

 

J’ai voyagé avec deux dames et une charmante petite fille qui avaient leur fils et mari, officiers de zouaves. Avons longuement causé.

à Loches, est montée Mme Gaurvain, femme d’un Lt du 14° division qui faisait son cours à Saumur cette année, très gentille, avons longuement causé.

 

Le pauvre Général Bridoux (*) a été tué en auto avec son officier d’ordonnance, tombé dans une embuscade tendue par des uhlans. Son chauffeur avec lui a été blessé, mais a pu prendre le volant et s’échapper.

Ce pauvre Malherbe a paraît-il été tué par une sentinelle française qui l’a pris pour un Allemand. J’ai appris la mort de quelques-uns de mes camarades de promotion et aspirants à Saumur.

 

Tout cela est bien triste, Le Gl Morel est paraît-il dans la 6ème division et va bien. 

Toutes les femmes d’officiers sont restées à Saumur et soignent les blessés.

À Orléans où je suis arrivé hier matin. J’ai trouvé le Cdt Martigon (que vous avez connu à Saumur) qui vient d’être nommé Cdt d’un dépôt ici, Le Cpt Torrohion étant parti au front. Il a été très aimable, mais n’a pas voulu me laisser partir tout de suite. C’est amusant, mais mon intestin n’est pas encore tout à fait bien.

Le voyage m’a fatigué, je pense partir lundi avec des renforts. Vu Champgrand qui m’a invité dîner ce soir.

 

Les tuyaux que nous avons ici ne permettent pas de vous dire que la situation est très bonne (bien meilleure que les journaux le disent) et que d’ici quelques jours vous pourrez voir du changement ; il arrive tout le temps des renforts.

Les hindous vont à Orléans avec des officiers anglais. On les acclimate avant de les faire partir.

 

Vu un officier du 4ème Dragons qui m’a dit que son régiment n’avait pas de pertes en officiers.

Le 15°, 16°, 20° C. (**) étaient au début en Lorraine, puis le 13°C. et 8°C. viennent d’Alsace les renforcer. CONNEAU, commandant paraît-il le corps des 2°, 5°, 10° divisions de cavalerie.

La 1re division a été jusqu’à Liège, la réserve dans cette région. Il n’y a eu paraît-il presque pas de pertes en hommes.

Les deux Banéat ont été tués.

 

J’ai pris à Saumur mon gros tricot de laine que j’avais à Sedan et une paire de caoutchoucs. Je n’ai pu trouver mon petit manteau en loden. Peut-être est-il dans ma cantine. Y achèterai caleçon, ici.

Écrivez-moi toujours à la même adresse. Avez-vous des nouvelles de papa ?

Il n’y a paraît-il presque plus de troupes actives de ce côté.

Nous allons recevoir des chevaux du Canada. Féline est parti les recevoir. 

Le Général Sordet est venu ici. Ce qu’on dit sur lui est faux, il n’a pas de commandement en ce moment parce que le corps de cavalerie en Belgique n’existe plus, les chevaux étaient éreintés. Il est en France en attendant.

Poline commande la 9° région.

 

Il me tarde de repartir mon régiment est près de Clermont-en-Argonne. J’ai vu ici un des hommes de mon peloton qui avait été blessé avec moi. Cela me fit plaisir de les revoir lui aussi. Ils vont rester aux 11 ° et 12 ° escadrons.

Le régiment de réserve ne part pas. Ici, les hommes sont instruits, le Cadre officier au complet.

Je mange au mess. Officiers très bien, vieux diplomates, ou très chics en général. Il y a le fils de Mun.

Je reste toujours convaincu que dans un mois nous en aurons fini. La situation est bonne.

Aucune nouvelle de ma citation à l’ordre de l’Armée.

 

(*) : BRIDOUX Marie-Joseph, général de division.

 - 01/05/13-08/09/14 commandant de la 5e division de cavalerie (I).

 - 08/09/14-17/09/14 commandant du corps de cavalerie Bridoux. (il meurt des suites de ses blessures)

(**) : Corps d'armée.

 

OCTOBRE 1914

----------------------------------

Lettre de Robert à ?

2/10/14

(Carte adressée à Dijon, arrivée le 29/10/14)

Bonjour d’Abbeville, le voyage continu.

 

----------------------------------

Lettre de Robert à ?

13/10/14

Chaumont ?

Va toujours bien

Pas de pertes d’officier

Du G.....(Le renégat) a été débarqué, de Mas-Latrie. Votre ancien ennemi de Lunéville est devenu, paraît-il complètement gâteux !!!

Je suis bien content à l’idée de retrouver mon régiment et mes hommes.

J’ai apporté des tas de paquets qu’on m’a donnés pour eux et une caisse de vivres !

L’oncle Albert est-il arrivé ?

Que devient Léopold ?

 

----------------------------------

Lettre de Robert à sa mère, Élisabeth

13 octobre 1914

Ma chère mère.

Je pense que vous avez reçu mes lettres dont la première était du jeudi après mon départ.

J'ai reçu hier de cartes de vous du premier et du quatre. J'y suis bien content que papa soit à la première division de cavalerie. C'est beaucoup plus intéressant pour lui. Il doit être du côté de Lille.

 

Je suis dans l'Argonne dans un charmant petit village près de Clermont. Les Prussiens sont passés par là, mais on n'a pas eu le temps de trop saccager.

Par contre, Clermont n'est plus qu'une ruine. Cela menace de durer longtemps -- guerre de tranchées où les deux parties sont à 100 mètres les uns des autres. On entend les Allemands parler.

Nous sommes en réserve et ne faisant pas grand-chose, sommes cantonnés, logés. Nos chevaux sont tout à fait retapés est prêts pour la poursuite. Mon peloton a eu tous ses vides comblés pendant mon absence. Les hommes auraient fait des tricots et des couvertures de bivouac.

Le froid est vigoureux ici le matin et la nuit. La journée nous avons du soleil. Nous faisons la cueillette aux champignons dans la forêt, mais nous ne trouvons plus de traînards allemands.

Je crois maintenant que nous en avons bien jusqu'à janvier au moins. Les ravitaillements marchent très bien et je crois qu'on cherche à prendre les Allemands par la famine et à ne pas faire tuer trop de monde.

Nos hommes reçoivent du vin et cela suffit pour faire oublier les fatigues.

 

J'espère que vous ne vous ennuyiez pas trop et que l'oncle Albert est avec vous. Je pense bien à vous, je voudrais que vous soyez rassurée sur mon sort.

Avez-vous d'autres nouvelles de papa ?

Ici nous avons 40 officiers évacués (fièvre) depuis mon départ. Ils ont été remplacés. On avait gardé ma place.

Heureusement, car on prend actuellement dans les dépôts des officiers d'active qui restent pour les mettre dans l'active !!.

Actuellement ces derniers n'ont plus de galons et sont habillés exactement comme leurs hommes. C'est un peu tard !

Je ne comprends pas très bien ce que vous dites au sujet de René. Où est-il donc ?

Donnez-moi de vos nouvelles et de celle de papa. Je n'ai rien reçu de lui.

Il n'a pas dû recevoir mes lettres ?

 

(*) : Clermont-en-Argonne

 

----------------------------------

Lettre de Robert à ?

20/10/14, secteur 7

Nous sommes toujours dans le même endroit et le brouillard. Ne faisons pas grand-chose pour le moment et le temps paraît long. Nous avons eu néanmoins un officier tué par un gros obus. Le régiment n’a pas mal souffert au point de vue officiers tués ou malades.

Que devenez-vous ? Avez-vous des nouvelles fraîches de papa ?

Il doit être au cœur de la bataille. Je crois que son prédécesseur a été gravement blessé d’après les nominations que j’ai vues dans la Légion d’Honneur.

Je n’ai reçu que 2 lettres de vous depuis mon départ et une du 27/7 de papa, de Paul, m’a écrit hier. Il va bien. Son ordonnance a été tué.

Bonfils m’a prétendu à Saumur que je lui avais signé un papier !! Quel menteur !

J.B Dumas qui commande le 17 C.A. Vous pouvez le dire.

 

----------------------------------

Lettre de Robert à ?

21/10/14

Je vais probablement changer de destination un de ces jours avec mon régiment pour remplacer une division de cavalerie. Ne vous étonnez donc pas si vous recevez un de ces jours un télégramme de moi vous donnant une nouvelle adresse.

Vais toujours bien, ai hâte d’aller faire un peu plus de travail.

 

22/10/14 : après une période de repos, le régiment part pour le Nord et la Belgique et participe à la bataille de l'Yser.

 

NOVEMBRE 1914

----------------------------------

Lettre de Robert à ?

4/11/14

Lettre écrite au crayon de bois. Sur le dos de l’enveloppe, il est indiqué :

" Se comporte parfaitement en toute circonstance, montre le plus grand calme, grande bravoure et beaucoup d’entrain. "

 

Je viens de passer 3 jours et 4 nuits dans les tranchées, ce qui fait presque toute notre cavalerie actuellement puisque nous ne pouvons plus avancer autrement dans ce pays.

Ce n’est pas drôle et je n’envie pas les pauvres fantassins.

Me voilà au repos pour un ou deux jours. Nous étions en 1 er ligne : 200 m des tranchées allemandes et c’était une fusillade incessante. Notre canon de 75 a arrêté toutes leurs attaques qui sont furieuses.

C’est de notre côté que se livre la grande bataille. Le Kaiser est, paraît-il, là avec des renforts et de fait nous étions inférieurs numériquement.

 

Je suis allé faire des emplettes pour mon escadron à 10 km de mon cantonnement et vous ai envoyé des cartes belges timbrées. Ce sera un souvenir.

Je pense que vous avez reçu ma carte d’hier.

Le Cl de Monffon m’avait donné, il y a 4 jours des nouvelles toutes fraîches de papa qui devait être du côté d’Hazebrouck et allait bien. C’est vexant d’être en somme assez près et ne pouvoir se rencontrer

D'Urbal est ici et commande un détachement d’armée, de Maud’ huy, dont je vous avais parlé, commande un corps de cavalerie. Celui-ci aura avancé ! Papa doit être avec CONNEAU. 

J’ai vu que papa était nommé divisionnaire et lui ai écrit un mot pour le féliciter. (*)

 

J’espère que vous ne trouvez pas le temps trop long à Sibeaumont ?

On se fait au froid et à la pluie. Il y a des gens plus malheureux que moi, car je me suis bien équipé avant de repartir.

Je vous ai dit que Laclos était frais et rosé dans un état-major, Madame est Cdt.

Le 20ème Chasseurs a été complètement décimé dans Lille (tué ou prisonnier, on ne sait au juste). Il ne reste que 3 pelotons qui ont pu s’échapper. J’avais là un de mes meilleurs amis, d’Assy.

Par contre, j’ai eu des nouvelles de Fustier et de Paul qui étaient tout près de moi ces jours-ci.

J’ai revu d’autres camarades et cela m’a paru drôle de les retrouver dans ces circonstances.

 

Que devient oncle Albert, a-t-il des nouvelles de Jean ?

 

(*) : Son père, Olivier MAZEL devient général de division, fin septembre 1914

Du 27/08/1914 au 06/10/01914, il était le commandant de la 66e division d’infanterie. Le 2 octobre, il prend le commandement de la 1e division de cavalerie (jusqu’au 10/02/1915)

 

 

Description : Description : Description : Description : Description : 1.jpg

 

Extrait du journal de la 1e division de cavalerie. Il est clairement indiqué que le général MAZEL prend le commandement à la date du 2 octobre.

 

 

----------------------------------

Lettre de Robert à ?

6/11/14

Lettre écrite au crayon de couleur rouge.

 

Vais toujours bien, n’ai pas envoyé de lettre.

Écrivez-moi : 8ème Chasseurs. Bureau Central Mne de Paris, armée de Belgique, 32 ° Corps.

Je ne reçois plus de lettres.

----------------------------------

Lettre de Robert à ?

4/11/14 de Poperinghe Belgique

Rapide bonjour.

----------------------------------

Lettre de Robert à ?

21/11/14

Toujours au même endroit. La mort de ce jeune Daniel est bien triste.

Je suis étonné qu’on n’ait rien pour préciser sur la situation de ce pauvre René. Il devait être accompagné de cavaliers et ces derniers, s’il en est revenu devraient renseigner.

Tout cela est bien triste. Que de vides !

La cavalerie a bien payé son tribut et mon régiment a perdu la moitié de ses officiers du début.

 

----------------------------------

Lettre de Robert à ?

26/11/14 au soir

Je reçois vos lettres du 31 août, 21 août, 3 septembre, 6 septembre, 2 septembre, vous comprenez que c’est un véritable scandale. Si vous avez des moyens de réclamer au journal ou ailleurs, faites-le, cela fera une de plus enregistrée !

Je vais toujours bien. Suis toujours depuis le 23 au repos de réserve. Nous nous retapons !

Je pense bien à vous, mais quand nous reverrons-nous ?

Cette guerre a l’air indéfini de durée.

 

----------------------------------

Lettre de Robert à sa sœur, Odette

30/11/14, Arques, Pas de Calais

Ma chère Odette

Je t’écris d’un charmant boudoir du château de la Garenne à Mr de Plameart et Mme née d’Hailly, où je me repose jusqu’à demain. Nous sommes arrivés hier matin.

Ce petit voyage à travers la France me fait assez plaisir. C’est une distraction dans nos pérégrinations.

 

Je ne recevrai probablement pas de lettres de quelque temps changeant d’adresse et le service postal fonctionnant d’une manière scandaleuse. Je reçois vos lettres tantôt au bout de 2 mois, tantôt 15 jours.

Avez-vous reçu ma carte d’avant-hier vous disant que je rejoignais mon ancien corps ?

 

Mon passage en Belgique m’a fait faire connaissance avec la vie de fantassin. Ce sont des troupes que je ne voudrais pas commander, nos cavaliers ont une autre bravoure et un autre moral.

 

J’ai reçu un mot de papa du 31 oct. J’ai été rappelé avant de quitter l’Argonne pour être cité à l’ordre de l’armée et proposé pour la croix. (*)

Je n’aurai probablement ni l’un ni l’autre ayant changé à ce moment d’armée et de plus le colonel n’ayant aucune influence.

Figurez-vous que nous avons eu 6 officiers tués dans des circonstances particulièrement tristes et à leur honneur. Il n’a pas fait une allusion quelconque par une note ou un speech à ce deuil.

Nous sommes outrés. Cela dépeint le monsieur.

Jusqu’ici nous avons perdu 8 officiers, dont un (de la Fuye ?), de la typhoïde, et environ 100 h hors de combat sur 600 et 3 officiers blessés.

 

Je me suis acheté des lainages, caoutchouc, brodequins, etc. avant de quitter Orléans et une vareuse-tunique d’hiver avec cela je peux continuer la campagne, jusqu’ici nous avons trouvé à nous chauffer en payant chez les habitants. En ce moment je couche dans un superbe lit du château.

Êtes-vous toujours à Sibeaumont ?

Merci à l’oncle Albert pour la carte du 14. La dernière lettre de vous est du 11.

Je vous enverrais un mot du train où quand je serai arrivé.

 

(*) : S’agit-il de la croix de guerre ou de la Légion d’Honneur ?

DECEMBRE 1914

----------------------------------

Lettre de Robert à sa sœur, Odette

1/12/14

C’est le début de la campagne.

Je suis à cheval sur la frontière dans la région d’Hondschoote... Nos chevaux ont bien souffert depuis un mois que nous sommes dans ce charmant pays !

Sous la pluie ou la neige. Je n’ai jamais vu papa qui était dans l’autre corps de cavalerie et probablement plus au sud au repos.

J’espère toujours que René n’est que prisonnier n’est-il revenu personne de sa patrouille ?

Je suis pour le moment dans une grande ferme où l’on nous a réservé une pièce chauffée. Nous mangeons comme des ogres et jouons aux échecs !

Je couche dans la même chambre que mon capitaine sur un matelas. Il y a longtemps que je n’en avais eu !

Aperçu hier mon ancien général de Brigade de Sedan qui commande l’Armée de Belgique ? Il a un chic épatant et un bel avancement.

 

Je crois que papa doit être reparti dans la région où il était au début. Des hostilités. Est-ce un canard, toujours est-il que je l’ai entendu dire ? Il n’y a plus grand-chose à faire pour nous. Il arrive tout le temps des renforts.

Les Allemands ont perdu 100 000 hommes sur l’Yser depuis un mois !!!

Le pays n’est plus qu’un vaste cimetière. Ils font des attaques en masse et on les fauche avec des mitrailleuses. On voit des grappes d’hommes tomber pour ne plus se relever et notre 75 fait des blessures terribles.

Nous avons fait des prisonniers de 17 ans !

 

As-tu reçu ma lettre où je te disais avoir vu le canard ? Il est venu comme nous, rappelé dans le Nord et les premiers jours sous les ordres de papa. Puis il a été renvoyé plus au Nord vers nous à la 5ème Division de Cavalerie commandée par Allenou. 

Laclos a dû changer d’état-major, car je l’ai vu à la 4° D.I. (Général de Buyer) et non à la 8° qui n’était pas avec moi.

 

.... Belgique, des chaussures fourrées à tige d’un chaud épatant et imperméables. Tous les officiers belges en ont et elles ne coûtent pas cher, à cheval on arrive à avoir les pieds littéralement gelés.

Je ne sais si vous avez reçu toute ma correspondance. Je vous ai envoyé un mot presque tous les jours.

Dis à maman de ne pas écrire des cartes en travers au crayon.

Elles arrivent au bout de 15 jours presque illisibles.

 

----------------------------------

Lettre de Robert à sa sœur, Odette

4/12/14, secteur 7, Passavant 

Me voici de nouveau depuis avant-hier dans ce beau pays de l’Argonne à peu près au même endroit qu’auparavant à Passavant, à 16 km de St Menehould.

Nous sommes au repos complet, Quartier l’Hiver ! En attendant la marche en avant.

Nous avons été reçus à bras ouverts par le Corps d’Armée qui n’a jamais cessé de nous prodiguer des compliments.

Les chemins de fer marchent bien et l’on trouve dans ce bourg à peu près tout ce qu’on peut désirer en campagne.

J’ai un Lt-chef deux braves Neux (?)

 

Êtes-vous à Toulouse, ou ailleurs ? A-t-on des nouvelles fraîches du coté de René ?

Dans sa dernière lettre du 31 octobre, papa me disait qu’il était disparu.

 

Rien de neuf, ici.

Les Boches attaquent de temps à autre ! En pure perte d’ailleurs. Le succès final n’est pas douteux et je ne désespère pas de « razzier » bientôt les peuplades d’Outre Rhin !

J’ai été me promener sur le champ de bataille de Triaucourt. La vie a repris dans toute cette région et sauf de nombreux tumuli et des maisons en ruine, on ne dirait pas que les Prussiens ont laissé 9 000 hommes.

D’ailleurs en général, ils font des « ballots » de cadavres qu’ils réexpédient ou on les brûle. (*)

 

Avez-vous des nouvelles récentes de papa ?

Le Cpt de Maistre qui vient d’être nommé commandant. On chuchote que Chassot va passer général. Ce sera bien grâce aux reconnaissances de ses officiers

Je crois que c’est SARRAIL qui a arrêté ma citation et ma croix.

Le corps d’Armée l’avait appuyé donc c’est à l’Armée qu’on a arrêté.

Le Cpt de Mallervile (détaché au Régiment depuis le début) m’a dit l’autre jour avoir joué au tennis avec toi et la femme à Saumur,

Le Colonel Cottez est tout près de moi. J’ai vu son fils (mon camarade) en Belgique

 

(*) : C'est vrai. Il existe des photos de brasiers de soldats. Ils faisaient la même chose avec les cadavres français, au moins au début de la guerre.

 

----------------------------------

Lettre de Robert à sa sœur, Odette

04/12/14

Je pense bien à vous et ai hâte de recevoir des nouvelles récentes. Je n’ai rien depuis une carte datée du 11 novembre.

J’espère bien qu’au 5° Corps. Je recevrai votre courrier rapidement.

Ci-joint une photo d’un village où je fus il y a 2 mois et où ce pauvre Fouchécourt fut tué.

Ce n’est pas encore le plus abîmé.

Je tacherai d’aller voir Jean un jour en auto.

----------------------------------

Lettre de Robert à sa sœur, Odette

9/12/14, secteur 16

Merci pour vos cartes reçues hier. Tu me diras votre adresse à Toulouse.

Figure-toi que lorsque j’ai embarqué à St Omer le 1er décembre, papa était avec CONNEAU dans un bourg à 1 km, et j’y suis passé à 7 h du matin.

Sans le savoir. C’est un de mes camarades qui embarquait plus tard qui me l’a dit en arrivant ici.

C’est vraiment malheureux d’être passé de près sans le savoir.

 

J’espère que ce pauvre René n’est que prisonnier. Si on sait où on l’avait envoyé exactement, on devrait arriver à avoir des renseignements.

Toujours au repos ici. La situation est toujours très bonne, mais les progrès forcément très lents.

SARRAIL est venu me voir hier. Le colonel m’a chaudement appuyé, m’a-t’on dit, auprès de lui et SARRAIL a pris mon nom. J’espère avoir ma citation. Cela dépend seulement de lui.

 

----------------------------------

Lettre de Robert à sa mère, Élisabeth

11/12/14

J’ai reçu hier une série de lettres de cartes de vous du 21 au 25 qui me reviennent de Belgique, merci.

Vous pourrez me donner votre adresse à Toulouse, si vous restez un mois. Mes lettres qui ne doivent pas mettre plus de six jours et je calculerais en conséquence.

J’ai reçu de la pharmacie Leclerc, hier, avis de l’envoi de sérum, mais je n’ai pas encore reçu le paquet.

 

J’ai reçu sa lettre hier.

Papa m’a écrit le 2 décembre, il allait bien. Il ne se doute pas lui, non plus que je suis passé à Arcq près de St Omer où il se trouvait. Sa lettre ne me permet guère de douter de la mort de ce pauvre René ! D'ailleurs, les prisonniers peuvent écrire. Nous avons déjà eu une lettre à notre régiment.

Pauvre René !

 

Cette campagne s’annonce comme guerre d’usure devant durer longtemps. Le succès final ne fait aucun doute, mais quand ?

Les Anglais ne demandent qu’à prolonger la guerre. Il paraît qu’ils sont aussi pillards que les Boches et ils ont refait l’argenterie chez un de mes camarades en Bretagne !!!

Quant aux Belges dont vous pouvez lire tant d’éloges dans les feuilles de choux, leur armée ressemble à une garde nationale, troupeaux d’hommes. Je les ai vus de près à Dixmude, où ils ont lâché pied et fait écharper nos marins. Enfin, soyons reconnaissants de leur résistance du début. Ils ont fait à ce moment plus qu’on espérait.

Les fusiliers marins que j’ai pu voir lorsque j’étais en liaison auprès de l’Amiral Ronac’h tout à fait au début à Dixmude sont épatants. De beaux yeux qui vous regardent bien droit, un mépris du danger et un amour de leurs chefs admirable. Il serait à souhaiter que nos fantassins leur ressemblent ainsi qu’aux chasseurs et cavaliers qui nous ont laissés sur l’Yser à la « Maison du Passeur » dont vous avez peut-être entendu parler sont victimes de la lâcheté des fantassins.

 

Ces derniers qui étaient à leur droite et à leur gauche ont quitté leurs tranchées à l’approche de l’ennemi sans tirer un coup de fusil et sans prévenir nos chasseurs qui ont par suite été presque enveloppés. Quant aux territoriaux qui étaient 1 km en arrière, ils ont « fichu » le camp à la seule annonce de l’ennemi !!!

Il faut que cela se sache, car on parle trop de « nos braves territoriaux » et fantassins pour ne pas en être un peu écœuré quand même.

Si vous avez des articles intéressants, vous pouvez les découper et me les envoyer.

 

----------------------------------

Lettre de Robert à ?

16/12/14

Passavant-sur-Argonne : secteur 10

Il est bien à craindre que ce pauvre René soit mort, les Allemands ayant déjà achevé, un de mes camarades de Saumur dans les mêmes conditions.

Je suis toujours au même endroit, pour longtemps peut-être encore, quoique différents canards circulent notre envoi au Maroc, au Camp retranché de Paris, ou en Haute Alsace…

 

Le temps paraît loin de vous tous et la pluie n’est pas faite pour nous égayer. Rien au sujet de mes citations. Ce ne peut être que SARRAIL qui ne veut pas. Il a demandé au colonel si j’étais le fils du général !

Au reste, je me suis fait à cette idée, lieutenant comme en temps de paix. Crois le fils. Il y a des injustices.

Pas encore le reçu. J’ai écrit à Leclerc.

 

Ma vaccination contre la typhoïde est achevée. Écrivez-moi Zone postale 10 et non plus au bureau postal central.

Ci-joint des photos de villages où nous passâmes en allant en retraite en Belgique.

Berthe et Tante Marie Thérèse ont un article intéressant sur la division de papa.

Merci d’avoir pensé à mon réveillon. Là, Champgrand s’en occupera et la donnera aux renforts qui vont arriver prochainement.

 

----------------------------------

Lettre de Robert à ?

18/12/14

Je suis toujours au même endroit au repos.

Nous refaisons hommes et chevaux qui en avaient grand besoin.

Je suis heureux de vous annoncer que je suis cité à l’ordre de l’Armée ; enfin !!! On m’a averti ce matin.

Vous pensez que je suis content. Je le suis en même temps que mon pauvre camarade Fouchecourt. Je pense que vous le verrez dans les journaux.

 

Vos dernières lettres m’ont très intéressé. Je vous ai dit avoir reçu des lettres de toute la famille de Paimbœuf. Raymond est encore un de ces bons farceurs d’embusqués qui font la guerre dans les automobiles aux environs de Paris !! Qu’on n’en parle donc pas tant.

 

Je n’ai reçu aucun sérum, simplement la lettre d’envoi. C’est inconcevable.

J’ai écrit au pharmacien. Avait-il recommandé le paquet ?

 

Je vous envoie ci-joint l’article ridicule du Petit Journal qui nous a fait bien rire, l’Illustration également a publié un article analogue où V...n parle de pertes énormes de sa division (sur 6 régiments et 1 groupe cycliste, 4 officiers hors de combat et 450 hommes).

Dans ce cas la proportion est beaucoup plus forte dans notre régiment, 80 officiers et 20 hommes. C’est un bonhomme qui n’a pas perdu l’habitude de se faire mousser et sa division n’a pas perdu plus qu’une autre.

 

La situation est toujours bonne, mais personne ici ne croit plus à la fin de la guerre avant Pâques. Au mois après, il n’existera plus de Boches ;

Rien à faire pour la décoration n’ayant pas été blessé ou tué.

Je vous souhaite un joyeux Noël, si toutefois il peut être joyeux en des circonstances aussi tristes.

 

----------------------------------

Lettre de Robert à ?

27/12/14

J’ai reçu de bonnes nouvelles de papa ces jours-ci. Il devait écrire à Brécard à mon sujet. Il me dit qu’il n’y a rien à faire pour un E.M. (*) de cavalerie étant donné mon peu d’ancienneté.

Les pâtés envoyés par Fangenet étaient excellents et ont été fort appréciés !

Les truffes seront mangées le 1er janvier. J’inviterai mon ancien escadron.

 

Rien de neuf ici. Le temps a l’air de s’arranger.

Toujours le même service aux tranchées ou aux divisions.

Pour le moment je suis tranquille jusqu’au 20 janvier. Je ne sais quand exactement j’irai en permission. Mon tour vient au début de février, mais il ne faut pas que cela coïncide avec mon tour de tranchées, qui reviendra plus souvent à ce moment.

Je ne savais pas que Jean ait été cité.

 

Rien des GRABIAS auxquels j’avais envoyé un mot pour la citation de ce pauvre René, malgré ce que vous avez lu dans le « Gaulois », je crois qu’il y a peu d’espoir à avoir ? Car un officier prisonnier doit pouvoir correspondre facilement.

Je compte déjeuner avec Dandy demain et leur ferai la commission d’Odette.

Toujours mes 2 chevaux et mon ordonnance. Ce dernier est malade en ce moment des suites de vaccination antityphique. Je ne fais pas revacciner. Quoique n’ayant eu que 2 piqûres l’an dernier.

 

(*) : État-major

31/12/14

Vous envoie cette lettre au Grand Hôtel afin de vous éviter d’aller à la Poste. Désormais je vous écrirai à Sibeaumont puisque vous quittez le 6.

 

L’ancienne division de papa est dans nos parages. C’est Baratier qui le commande. Qu’est donc devenu B.d.n ?

Reçu une lettre de papa du 21. Il me dit que René a dû être tué au Moulin de Gravelles environ d’Arras, occupé par l’ennemi et où il était entré seul avec son ordonnance.

Le pauvre René a été bien imprudent de s’aventurer ainsi à la légère et sans reconnaissance préalable en pays ennemi.

Maintenant tante ne sait pas ce qu’elle dit, quand elle prétend que son fils était plus exposé que d’autres. Nous sommes tous dans la même enseigne et avec les vides qui se sont produits au bout de trois mois de campagne, on est bien forcé d’utiliser tous les jeunes comme les autres.

J’ai rencontré un de ses camarades de promotion. Ils commandaient des pelotons d’active, et sont préférés aux officiers de réserve pour les missions délicates.

 

J’ai mangé hier la pintade excellente !

Falguière dînait avec nous, et m’a félicité pour les truffes. Nous mangerons le pâté un de ces jours.

Je suis toujours dans les mêmes parages, et peut-être pour longtemps. Nous allons recevoir demain des mousquetons à baïonnette à la place de nos carabines. Toute la cavalerie en a.

Il paraît que le Cdt Detroyat n’est plus à Th.. (*). Il est Lt-Cl et commande un régiment. C’est un de ses neveux, Lt de Dragons que j’ai vu l’autre jour qui me l’a dit.

Il fait un beau froid sec. Je voudrais bien que cela dure.

Je n’ai jamais reçu de sérum, mais en ai fait rapporter de Paris, seringue : 7F et sérum 3 F. Pourquoi Leclerc a-t’il fait payer 20 F ?

 

(*) : Thionville ?

 

 

Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : feather

Suite, vers 1915

 

Vers les lettres de 1915 de son père, le Général Olivier MAZEL

 

 

Je désire contacter le propriétaire

Vers d’autres témoignages de guerre 14/18

Retour accueil