Mise à jour : octobre
2019
Alexandre
MERCERON
Guillaume nous
dit en mars 2009 :
«Voici donc les lettres du fiancé de mon
arrière-grand-mère, PIPET Marie Louise Augustine (née 23/07/1896 à
La Chapelle St Étienne, 79), qui est
mort au bois d'Avocourt le 29 juin 1917.
Pour la
correspondance, j'ai respecté
l'orthographe des lettres, donc il y a quelques fautes. Dans certaines,
il manque quelques mots qui étaient illisibles, mais dans l'ensemble c'est
assez correct.
Ces lettres
et photos étaient conservées depuis ce temps par Marie PIPET. Grâce à mon site, 10 ans après
leur publication, Guillaume a pu remettre l’ensemble de la correspondance,
non pas à un descendant d’Alexandre MERCERON, mais à une descendance du père
d’Alexandre »
Les noms de villages ont été corrigés.
J’ai ajouté du texte en bleu pour la compréhension de certains termes et pour aller « plus loin » dans l’analyse du récit.
Merci à Philippe S. pour les corrections
Au fournil le 4 décembre
1912
Mademoiselle
« C'est ce soir
que je prends un moment de repos, et que dirai-je de plaisir pour placer ces
quelques lignes.
Depuis huit jours j'ai
souvent pensé à vous j'ai pensé en ces deux jours de fête et de gaîté que nous
avons passer ensemble à la noce de la filleule à maman.
Dès en ces jours mes
pensées étaient pour vous et à plusieurs moments j'ai eu envie de vous adresser
quelques mots, mais j'ai hésité pensant que peut être vos promesses était faite
à un autre, et votre main était déjà promise. Mais ce souvenir étant toujours à
ma pensée je crois sans vous faire sottise que je pouvais vous faire connaître
mes idées chère amie. Croyant à votre bon cœur, j'espère de vous une réponse me
disant franchement ce que vous pensez faire, si c'est inutile veuillez avoir la
bonté de me le dire comme étant un peu éloigné de vous si vos idées n'étaient
pour moi.
Je resterais
tranquille. En attendant une réponse, recevez l'amitié de celui qui désire être
votre ami. »
Alexandre MERCERON
Voici mon adresse :
Alexandre MERCERON fils, demeurant au Fournil, commune de St André par la Foret-sur-Sèvre (Deux
Sèvres).
Le Fournil le 30 mars 1913
Mademoiselle
« Malgré la
distance qui nous sépare, ma pensée toute inquiète traversant l'horizon
s'envole souvent vers vous, que vous dirai-je, cependant je parle bien dans
l'incertitude et au hasard, faut-il hélas que nos demeures soit si éloignées,
car autrement j'aurai sans doute occasion de vous voir et pourrais vous dire de
vive voix ce qu'il m'est bien doux de penser.
Cela est pour moi un
ennui que de me trouver si éloigné de vous, il faut alors que je me contente
d'une simple feuille de papier pour vous exprimer toute mon affection.
Veuillez donc
Mademoiselle me faire réponse, vous me direz alors si c'est inutile que je vous
écrive, autrement je vous écrirait de temps en temps, il m'est si doux de
m'entretenir avec vous et d'ici peu, nous pourrions peut être nous voir. En
attendant avec impatience cet heureux jour recevez l'affection de celui qui
désire être votre meilleur ami. »
Alexandre MERCERON
Au Fournil le 9 juillet 1913
Mademoiselle
« Les semaines
passent, et les mois s'écoulent encore avec une assez grande rapidité, mais
pour moi le temps me paraît toujours bien long. Il y a sept mois que je vous
avais vu pour la première fois, et depuis je n'ai pu vous revoir cela est bien
trop long n'est pas, et pourtant ma pensée toujours inquiète s'est envolée bien
des fois vers vous, peut être inutilement mais enfin l'espérance encourage.
Si vos idées n'ont pas
changées j'espère que vous me ferez réponse. J'ai aperçu un jour dont il me
semble que nous pourrions nous voir il y a dans peu de temps une jolie foire à Bressuire que vous connaissez sans doute
la foire St Jacques. Je ne doute pas de vos bonnes volontés, je pense beaucoup
vous voir ce jour là, sans doute je ne serai pas seul mon frère sera avec moi.
Si vous avez une amie
pour vous faire compagnie, je crois que l'on passerai un petit moment de
plaisir et de gaieté. Veuillez donc chère amie me faire réponse si cela peut
vous faire plaisir. Je vous écrirait sans doute une autre fois van la foire
afin que cela soit plus sur. En attendant une réponse le plus tôt possible.
Recevez chère amie
toute l'affection de celui qui ne vous oublie pas. »
Alexandre MERCERON
Au Fournil le 19 août 1913
Mademoiselle
« C'est la main
toute tremblante que je prends le porte plume et c'est le cœur peu rassuré que
je vous trace ces quelques mots.
Qu'avez vous pensé de
moi depuis quinze jours.
Oh hélas tout est peut
être changé entre nous, mais malgré cela je ne puis rester sans vous écrire en
espérant une réponse qui sera favorable.
Parlons de cette
pauvre foire je sais oui ou non si vous y êtes allée en tout cas je vous
demande mille excuses moi je suis resté chez nous je vais vous en dire le cas.
Nous pensions jusqu'à
la veille aller à la foire.
Vous savez qu'une
épidémie de fièvre aphteuse est répandue dans tout le pays, tout notre
voisinage est atteint de la fièvre, nos moissons étaient coupées, notre
mécanicien nous as demandé si nous voulions battre à la machine dès le samedi
autrement il partait sur Montigny ne pouvant pas battre sur St André à cause de
la maladie. Mon père a décidé de battre et le vendredi nous avons rentré des
gerbes toute la journée, pensez si je n'aurais pas préféré être à la foire,
mais je ne pouvais désobéir à mon père en un pareil cas.
Depuis ce temps je
n'ai oser vous écrire tout hésitant mais le cœur rempli de votre souvenir j'ai
bravé mon intimité et vous avoue tout au plus juste, sans mensonge espérant que
vous me pardonnerez, malgré que ce n'est pas ma faute. Veuillez donc me faire
réponse, si toutefois vous aviez fait d'autres amitiés depuis ce temps là
veuillez me le dire, ou si vos idées n'ont pas changées je laisse tout à vos
bonnes volontés je serai bien content de vous voir vous me marquerez un autre
rendez vous soit à Moncoutant soit à l'assemblée de Pitié le 8 septembre je
crois soit un dimanche à Moncoutant excepté dimanche prochain que je ne puis
pas sortir.
Veuillez donc avoir
avec vous une amie étant éloigné je n'y serai pas seul j'aurai avec moi mon
frère pour me tenir compagnie. En attendant une réponse qui me fera plaisir
recevez chère amie tout l'affection de celui qui ne vous oublie pas. »
Alexandre MERCERON
Si vous préférez la foire de Moncoutant qui sera le jour de l'assemblée de Pitié, vous le trouverez peut être moins loin. En attendant avec plaisir une réponse.
Au Fournil le 3 octobre 1913
Mademoiselle
« Voilà bientôt
un mois qui s'est écoulé depuis notre petite entrevue à l'assemblé de Pitié.
Certes un mois c'est long en comparant avec l'instant où j'ai eu le bonheur de
vous voir.
Vous direz peut être
que s'est bien de ma faute, que je pourrais bien aller voir à St Étienne comme
il avait été question un peu. Je serais très heureux de me trouver pas si
éloigné de vous et de pouvoir vous parler plus souvent mais pour aller à St Etienne c'est loin, nous sommes
jeunes tous les deux, il faut attendre une décision plus sure encore.
Chère amie permettez
moi de vous appeler ainsi si vous avez mon bon cœur je crois bien que vous vous
rendrez à Moncoutant un jour de foire je laisse à votre disposition : la foire
du mois de novembre du 2e lundi ou la foire Ste Catherine le 25 Novembre.
Pour la foire
prochaine je crois que papa et maman veulent y aller, alors il faut bien rester
quelques-uns à la maison.
Tachez donc d'avoir
avec vous votre amie la fille VRIGNAUD de Courlay je crois que mon frère serait
très heureux de faire connaissance avec elle.
En attendant avec
impatience le jour où j'aurais le bonheur de vous voir. Recevez chère amie
toute l'affection de celui qui ne vous oublie pas.
Alexandre
MERCERON »
P.S. : Je vous écrirais toujours une autre fois avant le jour fixé afin que ça soit plus sur. J'espère une réponse avant peu.
(*) : La Chapelle Saint-Étienne, commune de naissance de Marie,
est éloigné d’une vingtaine de km de la commune, St André-sur-Sèvre, où habite
Alexandre MERCERON.
Au Fournil le 24 octobre
1913
Chère amie
« Encore une fois
permettez moi de vous appeler ainsi, car croyez le si cela n'avais pas été mon
idée, je ne vous aurai pas écrit, je n'aurai pas fait les démarches de la foire
St Jacques et de l'assemblée de Pitié tout exprès pour vous voir et tout décidé
à aller vous voir à Moncoutant.
Vous me dites que
c'est des encouragements que j'ai reçu, que ce n'est peu être pas de bon cœur ;
Oh détrompez vous toutes mes idées étaient pour vous, je trouverai très
ridicule de sacrifier tout son temps, toutes ses idées pour une fille que l'on
aime pas et que l'on attend rien d'elle.
J'étais très heureux
de m'entretenir avec vous mais pour aller à St Etienne je trouvais très loin
surtout que je suis seul, je ne vous ai jamais dit que je n'irais pas, mais je
voulais attendre quelques temps espérant vous voir à Moncoutant avec votre amie
de Courlay la fille VRIGNAUD dont il ferait plaisir à mon frère de connaître et
qui sera sans doute avec moi.
Votre réponse m'avait
froissé, moi qui vous avait toujours parlé du fond du cœur et sans penser à
d'autres. Je désirerais beaucoup me trouver pas si éloigné de vous alors vous
me connaîtriez mieux et vous ne pourriez pas me dire des choses pareilles. Si
vous avez bon cœur j'attends de vous une réponse et qui je l'espère me sera
favorable.
En attendant recevez
chère amie toute l'affection de celui qui ne vous oublie pas. »
Alexandre MERCERON
Au Fournil le 18 novembre
1913
Mademoiselle
« Encore une fois
et malgré tout je veux vous tracer ces quelques mots.
Je ne puis laisser en
oublie une chose que je croyais si bien commencée. Il y a un mois que je vous
est écrit et je n'est jamais reçu de vos nouvelles, allons je ne s'est pas si
ma pourrait être perdu en route, car je ne crois pas que vous ayez hésité à me
faire réponse ayant l'habitude de me répondre aussitôt. Si vos idées étaient
changées je crois vraiment que vous me l'auriez dit. Tachez donc chère amie de
me faire réponse, et de me dire ce qui se passe. Pour moi je vous assure qu'il
y a un mois que je vous est écrit, tout joyeux croyant quand peu de jours comme
d’habitude, je pourrais lire ce que vous aviez pensée puisque je puis ne vous voir
autrement.
Je suis très content
quand je reçois de vos nouvelles espérant que plus tard je pourrais vous voir
plus souvent où il est question de mille et mille choses bien douces à pensé et
meilleur encore à dire.
Pour moi mon idée
était certainement pour vous je ne puis penser à d'autres ; que voulez vous si
vos idées étaient changées faudrait bien se soumettre car cela serait pourtant
un grand ennui pour moi. Je vous avait marqué sur ma lettre que j'irai à la
foire St Catherine, tachez donc d'y venir ou si vous préférez la foire du 8
décembre ce sera à votre choix je serai très content de vous voir. Je serai
sans doute avec mon frère, mettez y un peu de bonne volonté vu que ce n'est pas
très loin de chez vous.
J'espère aussi aller à
St Étienne avant que ça soit peu papa et maman veulent aller voir notre cousin
DECRON et j'irais sans doute avec eux je crois que c'est pour faire une partie
de chasse et maman pendant ce temps là irait voir la mère Talon et sans doute
nous passerions la chercher dans la soirée.
En attendant chère
amie une réponse qui je l'espère sera favorable.
Recevez les meilleurs
sentiments de celui qui ne vous oublie pas et qui voudrait être votre meilleur
ami. »
Alexandre MERCERON
Le Fournil le 8 février 1914
Chère amie
« C'est avec la
pensée toujours inquiète que je prends un moment de plaisir pour m'entretenir
avec vous.
Que confirai-je hélas
à une simple feuille de papier, pauvre petite missive qui reçoit sûrement les
secrets de mon cœur et s'en va peut être les porter au hasard sans trop savoir
le résultat des petits entretiens que nous avions depuis quelques temps.
Sans perdre confiance,
je ne suis jamais trop rassuré, je vois hélas l'avenir trop loin où je pourrais
vous parler d'affaires très sérieuses, et je crains que vous ne soyez pas assez
patiente pour vouloir attendre un jeune homme pas plus âgé que moi, si vos
idées étaient changées cela me causerai de la peine car je puis vous assuré que
je pense pas à une seule autre qu'à vous.
Croyez bien que si
j'étais âgé à disposer de ma liberté (*), que
j'aurai avec votre permission été vous voir plusieurs fois à St Étienne ou chez
vous si vous me l'aviez permis mais la distance étant un peu éloignée et
l'ennui de penser que vous trouverez le temps trop long. Je vois croyez vous
que vous serez sûrement à même de garçons très convenables qui vous ferons
oublier les petits entretiens déjà si bien commencés à mon égard.
Oh alors si vous
demeuriez à 4 ou 5 kilomètres je me croirais bien plus rassuré, j'irai vous
voir bien plus souvent où il serait question de mille et mille choses bien
douces à penser et meilleur encore à dire. Si vos idées n'ont pas changé j'espère
tout de même avec la belle saison aller vous voir plus souvent surtout si je
vois que c'est sérieux de votre coté.
Chère amie j'espère de
vous une réponse le plus tôt possible et de m'en marquer un peu plus long et me
dire vraiment ce que vous penser, il m'est si doux de m'entretenir avec vous,
lire ce que vous avez pensée et croyant toujours à la générosité de votre bon
cœur, j'attends une réponse qui me fera plaisir.
Recevez chère amie
toute l'affection de celui qui ne vous oublie pas. »
Alexandre MERCERON
(*) : À cette époque, la majorité civile est fixée à 21 ans. Il
vient d’avoir 19 ans.
Au Fournil le 22 mars 1914
Chère amie
« Toujours dans
les mêmes idées, je viens vous dire bonjour, un bonjour tracé avec la plume sur
une simple feuille de papier, cela n'est pas grand chose, mais à l'approche
d'une saison bien plus favorable j'espère vous dire de vive voix après ces
fêtes de Pâques ce qu mon cœur a de plus intéressant à votre égard.
Oui avec votre
permission dans les dimanches qui précéderont Pâques j'espère aller vous voir à
St Etienne. En attendant si vous vouliez me faire grand plaisir ce serait de
vous rendre à Moncoutant le Lundi de Pâques jour de la foire, là nous fixerions
le dimanche que j'irais vous voir si cela vous fait plaisir. A la foire j'irais
sans doute car mon frère est décidé d'y aller et m'encourage d'aller avec lui.
Avec un peu de bonne
volonté j'espère vous causer de vive voix ce jour là ; croyant à votre bon cœur
j'espère de vous une réponse qui je l'espère partagera mes désirs.
En attendant le
plaisir de vous voir recevez chère amie toute l'affection de celui qui ne vous
oublie pas. »
Alexandre MERCERON
Au Fournil le 6 mai 1914
Chère amie
« Déjà plus de
trois semaines se sont écoulées depuis notre entrevue à la foire de Moncoutant,
qui n'a durée qu'un instant en comparaison des mois entiers que l'on passent sans
se dire bonjour.
Vous aurez peut être
pensée que j'irais vous voir comme il avait été question.
Non j'hésitais je
n'avais guère eu de relation avec votre père et toujours craintif je ne lui
avait pas demandé la permission d'aller vous voir. Alors je ne pouvais me
hasarder à aller à St Etienne dans de pareilles conditions. Chère amie une
autre cas se présente sans m'y attendre l'autre jour à la foire de Bressuire
papa a rencontré son ami votre cousin fridolin VRIGNAUD de Courlay qui lui a
dit qu'il allait vous voir le lundi de la pentecôte et il à fait permettre à
papa que nous y allions ensemble le même jour.
Papa ayant été invité
par votre père plusieurs fois je crois qu'il se décide et l'on devra s'attendre
à Moncoutant. Bien content d'une pareille occasion j'irais de grand cœur.
Veuillez donc prévenir vos parents, et si cela était changé que vous ne pouviez
pas nous recevoir ce jour là vous me feriez réponse.
En attendant de vos
nouvelles et surtout le plaisir de vous voir recevez chère amie toute l'affection
de celui qui ne vous oublie pas. »
Alexandre MERCERON
Bien le bonjour de ma part à votre famille.
Au Fournil le 21 mai 1914
Chère Amie
« Deux mots seulement
au sujet de la visite que nous devions vous rendre le lundi de la Pentecôte,
papa ayant réfléchit et croyant s'avoir peut être trop avancé, vu que vous
serez en famille ce jour là et peut être préfériez vous notre visite un autre
jour.
Ayez donc chère amie
la bonté de me faire réponse en me disant les idées de vos parents. S'ils
préféraient un autre jour nous laisserions à plus tard la partie mise, ou
autrement si le temps le permet nous irions ce jour là, tout en allant voir le
père Talon qui serait bien contrarié si nous n'allions pas le voir.
En attendant de vos
nouvelles recevez toute l'affection de celui qui désire être votre meilleur
ami. »
Alexandre MERCERON
Bie le bonjour de ma part à votre famille
Au fournil le 13 juin 1914
Chère amie
« Veuillez me
pardonner le retard que j'ai à vous écrire, j'aurai du vous tracer ces quelques
lignes dès que l'on eut reçu des nouvelles de votre courrier à Courlay ; mais vous connaissant bien
j'espère que ma lettre sera malgré tout bien accueillie par vous.
Voici chère amie
comment les choses se sont passées, jusqu'à l'avant veille on était très décidé
à aller vous voir et moi-même particulièrement j'étais enchanté de faire une
petite promenade à Saint Étienne espérant les uns autant que les autres qu'on
aurait passés une journée vraiment heureuse. Mais voici que le samedi veille de
pentecôte mes parents reçurent une lettre de votre cousin Fridolin VRIGNAUD en
disant qu'il y avait un cousin de la famille qui était très mal et que par
conséquent la partie était remise à plus tard. Je vous assure qu'on ne savait
trop ce qu'en faire, on était dans l'indécis, on se disais peut être s'attendrons
t'ils à nous, justement dans les jours on avait envoyé deux mots au père TALON
en lui disant qu'on allait lui rendre visite le lundi de la pentecôte.
Mais enfin après avoir
remuer ces questions un peu embarrassantes ont s'est décidé à rester, on s'est dit
qu'il y a un cousin de gravement malade il est sans doute de leurs parents
alors dans ces cas on n'est pas disposés pour avoir de la compagnie. Je
regrette chère amie car depuis longtemps je comptais sur cette journée pour
redire de nouveau les meilleures pensées qui s'échappent de mon cœur et
s'envole vers vous.
Malgré toutes ces
petites ennuies j'attend une réponse qui me donnera bonne nouvelle et dont je
serais heureux de lire malgré qu'elles soient trop courtes les quelques lignes de
celle que je crois malgré tout ma meilleure amie. »
Alexandre MERCERON
Au Fournil le 26 juillet
1914
Chère amie
« Le temps
s'écoule avec une assez grande rapidité et déjà trois semaines se sont écoulées
depuis notre entrevue chez vos parents.
Je vous assure que je
suis très content de cette petite promenade, car j'ai vu avec quelle amabilité
nous avons été reçu. Vos parents nous ont fait bon accueil, j'espère alors de
temps en temps aller vous voir à Lauduinière. Combien de fois chère amie l'on
s'avait écrit en se disant de bien belles paroles, des paroles »
(…) : Texte manquant
Au Fournil le 31.07.1914
Chère amie
« Je ne puis
attendre plus longtemps sans vous écrire car je suis contrarié d'une pareille
nouvelle ; Chère amie je m'en prends nullement à vous autres et ça ne m'étonne
pas du tout que vous ne sachiez pas le jour de l'assemblée de Courlay ; mais ce
que je trouve très drôle c'est que votre cousin VRIGNAUD qui habite Courlay
depuis longtemps ne sache pas le jour de l'assemblée.
Ce qui m'étonne encore
c'est quoique vous ayant renseigner un mauvais dimanche sa famille ne l'est
éclairci sur ce point et alors vous avertir que l'assemblée de Courlay se
trouvait le 2 aout.
Je regrette beaucoup
d'une pareille erreur, car je m'attendais bien de pouvoir vous causer ce jour
là je suis si heureux de m'entretenir avec vous.
Mais il m'est impossible
d'aller chez vous ce jour là car nous avons à Courlay de proches parents qui
s'attendent à nous depuis longtemps et nous avons recu une lettre d'eux cette
semaine en nous invitant à aller diner chez eux alors je ne puis me dispenser
d'y aller. Chère amie si vous me le permettez, j'irais vous voir d'ici quelques
temps mais étant très loin j'aurai été très content de vous rencontré à Courlay
en attendant de vous voir chez vous.
Les obstacles sont
nombreux votre cousin COUSIN a été cause une autre fois d'une pareille erreur
le lundi de la Pentecôte.
Malgré tout laissons
de coté toutes ces ennuies et d'ici quelques jours j'irais vous voir quand les
ouvrages seront un peu déterminées.
En attendant une
réponse qui me fera plaisir recevez chère amie toute l'affection de celui qui
ne vous oublie pas. »
Alexandre MERCERON
Chère amie
« Malgré le temps
d'alarmes et de misère que nous traversons, malgré les angoisses qui
envahissent à cette époque dirai-je tous les cœurs de français je ne puis
m'empêcher que de vous dire un nouveau bonjour.
Que de tristes et
lamentables nouvelles sont survenues depuis nos dernières relations, je vous
avait écrit deux jours avant la mobilisation et je n'ai jamais reçu de vos
nouvelles je ne doute nullement que vous ne m'ayez pas fait réponse mais la
poste fonctionnant mal votre lettre s'est sans doute égarée.
J'espère bien recevoir
une réponse car le temps m'a paru bien long depuis que j'ai reçu de vos
nouvelles, vous me marquerez aussi des nouvelles de la famille Talon ce que
sont devenus ses enfants pour nous bien épargnés nous sommes tous au foyer
paternel.
Chère amie j'ai
pourtant vu dire que la classe 1915 (*) allait
être appelée en tout cas si la patrie en danger a besoin de nous pour renforcer
ses rangs j'irai moi aussi défendre fièrement mon beau pays de France et aider
à chasser ces Allemands si féroces et si barbares qui font partout les pires
atrocités. Depuis un mois nos braves soldats aux cœurs généreux luttent sans
cesse, déjà beaucoup sont tombés sur le champ d'honneur, d'autres sont blessés
ou usés par la fatigue ou la misère alors ces braves soldats auront besoin de
repos qu'ils ont si bien gagné.
Quoique la guerre
cesserait bientôt je crois que l'on compte sur les classes 14 et 15 pour
reformer l'armée afin d'envoyer au milieu de leur famille ces vaillants
soldats.
Chère amie au milieu
de toutes ces adversités mes meilleurs souvenirs sont toujours pour vous et si
vos idées sont les miennes elles ne feront qu'un rêve qui plus tard je l'espère
sera réaliser ; si toutefois vos idées avaient changé veuillez me le dire.
En attendant de vos
nouvelles tout en demandant à dieu qu'il nous envoie des temps meilleurs
recevez chère amie toute l'affection de celui qui ne vous oublie pas. »
Alexandre MERCERON
(*) : Il fait partie de la classe 15 (1915).
Au Fournil le 21 octobre
1914
Chère amie
« Déjà plus d'un
mois s'est écoulé depuis que j'ai reçu de vos nouvelles et la guerre continuant
ses ravages la situation devient de plus en plus pénible, la tristesse les
deuils sont déjà bien nombreux parmi nous, 4 voisins et amis sont tombés à
l'ennemi de notre commune et beaucoup d'autres sont blessés. La situation de
notre pauvre France est déplorable sans doute nous auront la victoire mais nos
armées n'y parviendront que très lentement, nous avons un ennemi acharné à
combattre et dans quelques mois la température sera pour nous un second ennemi
le froid fera sans doute beaucoup de misère à nos troupes.
Chère amie nous avons
passé en revue le 13 octobre à Cerizay, le major a jugé que moi aussi je serai
appelé sous les drapeaux si la guerre se termine avant peu je n'aurai sans
doute rien à craindre, mais en face d'une pareille situation je crois vraiment
que moi aussi je serai obligé d'aller sur les rangs pour combattre ces ennemis
féroces.
Depuis huit jours j'ai
bien pensé à Amédée (*) je
souhaite de tout cœur qu'il reste près de vous car vraiment le temps n'est pas
bien favorable pour partir à la caserne.
Veuillez me faire
réponse et vous me marquerez le sort qui est décidé pour lui, si toutefois ils
avaient décidé pour lui le sort militaire je serai très heureux de me trouver
avec lui dans une même caserne ou nous ferions je crois une paire d'amis
intimes.
Chère amie avant de
partir pour la caserne je serai très heureux de pouvoir m'entretenir avec vous
alors je crois que nous partons avant trois semaines, pour aller chez vous cela
n'est pas bien facile car notre jument est mobilisée il y a déjà longtemps
pourtant j'aurai été très content de dire bonjour à vos parents ainsi qu'a la
famille TALON. Malgré tout tachez donc de venir à la foire de Moncoutant le 9
novembre j'irai toujours je serai bienheureux de vous voir aussi Amédée.
En attendant une
réponse qui me donnera de vos nouvelles recevez chère amie toute l'affection de
celui qui ne vous oublie pas. »
Alexandre MERCERON
(*) : PIPET Amédée est le frère de Marie, la
« fiancée » d’Alexandre MERCERON. Voir sa fiche matriculaire à la page 303
Au Fournil le 14 décembre
1914
Chère amie
« Comme j'ai reçu
ma feuille de route j'aurai cru manquer à mon devoir d'ami si je ne te faisait
pas part de mes nouvelles avant mon départ.
Le temps passe encore
assez vite, il y a environ deux mois on était convoqués devant les conseils de
révision et maintenant nous voilà à l'avant veille du départ pour la caserne.
Le sort m'a désigné
pour Châtellerault 32ème
régiment d'infanterie.
Je suis tout seul de
St André qui est désigné pour cette garnison.
J'aurai été très
heureux d'aller à la Foire de Moncoutant car j'aurai sans doute vu Amédée et il
m'aurait dit où il allait mais c'est impossible.
J'aurai été aussi
enchanté Chère amie de pouvoir te dire un dernier bonjour avant de partir, tu
m'avais dit à notre dernière entrevue de demander une voiture aux amis et
d'aller te voir mais les juments sont tellement rares à présent et la distance
étant encore assez longue je n'ai pas pu réaliser ton désir avec beaucoup de
regret.
Chère amie je
m'attends à une réponse tout de suite ou tu me diras le sort d'Amédée car je
pourrais peut être recevoir ta lettre avant mon départ. Je dois arriver à
Châtellerault jeudi prochain avant 15 heures.
Ton ami qui pense
souvent à toi »
Alexandre MERCERON
Chère amie
« Comme c'est
aujourd'hui dimanche j'en profite pour t'écrire, comme ça change les affaires
dans six mois.
Dans le mois de
juillet c'était le calme, je dis le calme pas tout à fait, la religion
catholique était bien persécutée depuis plusieurs années, mais maintenant c'est
cette impitoyable guerre qui met tout le monde dans le deuil et la misère.
Toutes les classes ont
parti les unes après les autres et me voilà moi aussi rendu dans une caserne
depuis quatre jours. Je puis te dire que ça a bien changé pour moi aussi cette
vie de la caserne non pas ce que c'était chez mes parents.
On est à peu près
moitié habillé et je n'ai pas pu aller à la messe aujourd'hui. Dans ma chambre
je ne connais personne des environs. J'avais parti avec deux ou trois copains
du pays et je ne les ai pas revus depuis. Mais on a vite fait des camarades et
j'ai trouvé quatre ou cinq bons amis. On est très bien nourris, on a assez de
pain mais la cuisine n'est pas toujours bonne.
Chère amie et Amédée
qu'est-il devenu ou a t'il été affecté ?
Je ne crois pas qu'il
soit à Châtellerault. Vers chez nous tous ceux que leurs noms commencent par P
sont partis à Cholet alors je pense qu'Amédée y sera peut être rendu.
Je regrette beaucoup
que nous allions pas ensemble. Chère amie je m'attends de tes nouvelles d'ici
peu et tu me diras ce qu'est devenu Amédée. Souhaite bien le bonjour de ma part
à tes bons parents et à la famille TALON.
Ton ami qui ne
t'oublie pas et qui t'embrasse bien fort. »
Alexandre MERCERON, 32ème d'infanterie, 25ème compagnie Chatellerault (Vienne).
Châtellerault le 26 décembre
1914
Mademoiselle
« Je suis tout
heureux à l'approche du nouvel an de venir t'offrir mes meilleurs vœux et
souhaits de bonne année. J'aurai bien préféré t'offrir mes vœux de bouche mais
comme le sort nous a éloigné bien loin l'un de l'autre mes sentiments n'en sont
pas moins ardents.
Je te souhaite donc
pour l'année 1915 que de la joie et du bonheur que tous tes vœux et désirs
s'accomplissent que toutes les maladies et les peines de toutes sortes soient
éloignées de toi.
Chère amie voilà à peu
près huit jours que je suis au service de a France et il faut espérer que la
paix la plus calme règne bientôt afin qu'on soit écarté de ce terrible fléau :
la guerre.
Je t'avais déjà écrit
mais je n'ai point reçu de tes nouvelles.
Oh je ne doute point
de toi, je connais ton bon cœur, je sais que tes sentiments sont les miens. Et
heureux le jour où le bon dieu bénira notre union mais la correspondance se
fait très mal de ce temps-ci.
J'ai écrit chez mes
parents déjà plusieurs fois, mais je ne reçois pas régulièrement leurs lettres.
Sur ma dernière lettre je te demandais l'adresse d'Amédée je crois l'avoir
aperçu à la gare de Bressuire mais je n'est pu lui causer et je crois qu'il
prenait la ligne de Cholet. Sur ta lettre tu me renseigneras sur sa situation
où il a été incorporé. (*)
Je souhaite aussi à
tes bons parents une bonne année en joie et en santé que Dieu les garde
longtemps au milieu de toi ainsi qu'à ta petite sœur.
Tu souhaiteras bien la
bonne année de ma part à la famille TALON.
Ton ami qui pense
souvent à toi et qui t'embrasse bien fort. »
Alexandre MERCERON jeune soldat au 32ème d'infanterie 25ème compagnie Châtellerault (Vienne)
(*) : PIPET Amédée intègre le 77e régiment d’infanterie le 17
décembre 1914.
Bessais le 4 janvier 1915
Ma chère Marie
« Depuis quelques
jours je ne reçois pas de tes nouvelles. L'autre fois je t'écrivais en te souhaitant
bonne et heureuse année et en espérant que l'année 1916 voit arriver d'ici peu
la fin et le succès de nos armées. Dieu est le maître de tout espérons qu'il
aura pitié de nous.
Quand je t'écrivais
dernièrement je ne savais pas que j'allais aller en permission de 4 jours. Je
pensais bien avancer à Lauduinière, mais il a tombé de l'eau pendant deux jours
entiers et le jour du premier de l'an j'ai resté avec ma famille.
Me voilà de retour
depuis dimanche soir et il a fallu reprendre la vie militaire.
Quand on arrive de
passer plusieurs jours chez soi, et on a goûté un peu la vie familiale on
trouve cela plus dur quand il faut se séparer.
Mais enfin on se remet
vite surtout que le devoir nous appelle ici.
Et encore je m'estime
bien heureux d'être encore au début.
La grande majorité de
la classe 15 étant sur le front depuis longtemps et déjà beaucoup sont morts.
Sans doute que pour
chacun la destinée est dite, alors se n'est pas la peine de se tourmenter de
évènements.
Allons chère petite
amie j'espère une réponse d'ici je termine pour ce soir car voilà l'heure de
l'appel.
Celui qui se croit le
meilleur de tes amis. »
Alexandre MERCERON
P.S. : Je viens souhaiter à ta famille mes meilleurs vœux et souhaits de bonne année.
Châtellerault le 17-2-15
Chère amie
« Voilà environ
deux mois que je suis à Châtellerault ou je commence maintenant a être habitué
au métier militaire, j'en n'est déjà vu de plus d'une manière.
Je ne sais chère amie
si je t'avais parlé sur les dernières lettres des épidémies qui sévissaient à
Châtellerault depuis plusieurs semaines Méningite, oreillons fièvre typhoïde,
rougeole etc. En tous les cas il a fallu que je sois atteint moi aussi.
J'ai été pris de la
rougeole il y a environ une douzaine de jours dès le soir je fus transporté à
l'hôpital à l'ancien cercle catholique j'ai été très bien soigné par les sœurs.
Maintenant je vais beaucoup mieux et je suis monté dans la chambre des
convalescents. Je ne suis pas encore bien fort mais il faut espérer que mes
forces vont revenir au plus vite.
Dimanche dernier mes
parents ont venu me voir, j'étais au lit il m'avait apporté quelques friandises
mais j'ai été obligé d'y renoncer rapport que je n'étais pas encore guéri.
Chère amie je viens de recevoir une lettre d'Amédée il me dit que tes parents
ont été le voir et qu'il est proposé pour le conseil de réforme. S'il pouvait
avoir seulement ce bonheur je lui souhaite de tout cœur afin qu'il échappe à
cette guerre maudite.
Je ne vois guère autre
chose à te faire part reçois Chère amie toute l'affection de celui qui ne vous
oublie pas. »
A. MERCERON à l'hôpital temporaire n°12 annexe C salle 9 Châtellerault. Vienne.
Châtellerault le 26 février
Ma chère amie
« Je viens
aujourd'hui te faire part de mes nouvelles qui d'ailleurs ne sont mauvaises.
Ma rougeole est complètement
disparue, mais il m'a pris un gros rhume l'autre jour. Le major m'ayant examiné
ma dit que c'était un commencement d'angine, aujourd'hui je vais un peu mieux
malgré tout, j'avale avec plus de facilité.
Chère amie il y a déjà
quelques jours j'avais le bonheur de lire une lettre d'Amédée, il me disais
qu'il était proposé pour le conseil de réforme
………………..Phrase manquante…………..
Mon plus grand
empressement au soir était de lui faire réponse, il ne m'avait point mis son
adresse sur sa dernière lettre. Alors j'ai cherché sa première lettre et
recherche, mais je ne l'est point trouvée, elle s'est sans doute égarée quand
j'ai rentré à l'hôpital.
Je ne sais ce
qu'Amédée va penser de moi, écris moi chère amie et envoie moi son adresse.
A Châtellerault pas
grandes nouvelles mais d'après ce que j'ai vu dire déjà plusieurs fois, la
majeur partie de la classe 15 sera partie au front le 20 mars. Je te dirais que
depuis que je suis à l'hôpital il en est mort neuf, il en est mort encore un ce
matin qui avait une méningite cérébro-spinale. (*)
Je termine ma petite
lettre en vous souhaitant à tous bonne santé reçois de celui qui se crois le
meilleur de tes amis un doux baiser. »
Alex MERCERON, A L'hôpital temporaire N°12 Annexe, Châtellerault (Vienne).
(*) : Il s’agit certainement de MORICET Fridolin Pierre décédé le 26 février 1915 à
l’hôpital de Châtellerault d’une méningite tuberculeuse
Châtellerault le 21-5-15
Chère amie
« Voici le mois
de mai qui s'avance, mais j'espère passé les derniers jours malgré tout chez mes
parents. Je suis proposé sur la réforme temporaire.
(*)
Ces Monsieurs
parlaient de me proposer pour trois mois de convalescence ou la réforme
temporaire.
Maintenant ils sont
décidés pour la réforme et je passe le conseil demain samedi. S'il ne survient
rien je compte bien être chez mes parents vers le milieu de la semaine
prochaine.
Chère amie mon état
s'est beaucoup amélioré depuis quelques jours je n'est plus d'albumine et je
mange davantage.
Je te dirais que tu ne
peux pas te douter toutes les maladies de toutes sortes que l'on voit dans les
hôpitaux.
Que d'hommes après la
guerre seront usés, fatigués.
Chère amie voilà
l'heure de la visite je te quitte et dès que j'aurai passé le conseil je
t'enverrais quelques mots afin de te faire part de la décision que ces
messieurs vont prendre pour moi.
En attendant le
plaisir de te voir reçoit Chère amie toute l'affection de celui qui ne t'oublie
pas. »
Alexandre MERCERON
P.S. Bien des choses de ma part à ta famille et à Amédée.
(*) : Il sera réformé temporairement pour néphrite chronique et
albuminurie par la commission de réforme de Châtellerault le 22 mai 1915 (fiche
matriculaire).
Le Fournil le premier juin
1915
Chère amie,
« Voilà déjà huit
jours que je suis rendu au foyer paternel, je t'avais écrit te disant que
j'étais proposé pour la réforme temporaire aujourd'hui je viens t'annoncer que
la proposition a été acceptée par M. Le Major.
J'ai quitté
Châtellerault le 25 mai, j'ai dit adieu mais peut-être qu'au revoir à cette
petite vile où j'avais été appelé à faire quelques mois d'exercices, afin
d'aller ensuite comme tant d'autres contribuer à la défense de notre chère
France.
Mais la maladie était
là qui m'attendait et plusieurs mois d'hôpital m'ont réduit à quitter le
service militaire pendant plusieurs mois, afin de prendre du repos.
Au milieu du bocage où
l'air est si pur je reprendrai vite mes forces perdues ; et si un jour après
être bien guéri il faut retourner reprendre le costume militaire ce sera
toujours avec le même esprit de patriotisme.
Pour l'instant il faut
que je songes à me guérir et Amédée que devient-il ? (*)
J'espère que ça sera
plus florissant qu'à Cholet maintenant qu'il est de retour à Laudainière. Enfin
dieu sait si bien arranger les choses il faut espérer que toutes ces misères se
termineront par une paix glorieuse. En attendant le plaisir de te voir, recoit
chère amie toute l'affection de celui qui ne t'oublie pas. »
Alexandre MERCERON
« Bien le bonjour
à tous ceux de chez toi
P.S. : J'oubliais de
te dire qu'à mon arrivée on avait eu le temps de causer un petit peu voilà une
voiture qui arrive c'était ton cousin Fridolin VRIGNAULT ainsi qu'un autre
personne de Courlay qui passait nous voir ; Ils ont soupé avec nous ils étaient
venus dans quelques villages aux alentours afin d'acheter du bétail. »
(*) : PIPET Amédée a été réformé temporaire en mars 1915 puis
ensuite tout au long de la guerre (5 commissions de réforme) pour «
faiblesse générale ». Il décédera en 1920.
St André sur Sèvre le 6
septembre 1915
Ma chère petite Marie
« Depuis
plusieurs jours j'avais gardé le silence, mais je ne veux pas tarder plus
longtemps afin de venir m'entretenir quelques instants avec toi.
Voilà déjà près de
trois mois et demi que je suis de retour chez mes parents. Pour bien dire les
choses je n'étais pas fort.
Mais à vingt ans on se
guérit vite et aujourd'hui je suis presque rétabli. Alors je serai très heureux
que nous ayons une petite entrevue afin de converser ensemble. Je te l'est dit
déjà plusieurs fois c'est dommage que nous soyons si éloignés l'un de l'autre
et pour l'instant je trouve un peu loin d'aller jusqu'à Lauduinière.
Quoique malgré tout
j'aurai été très heureux d'y aller. Mais en se joignant on peut arranger les
choses.
J'ai congé à la foire
de Moncoutant où l'on pourrait se voir. En réfléchissant à cette foire, je vois
qu'il s'est passé bien des choses depuis notre dernière entrevue à Moncoutant.
Beaucoup de soldats sont tombés sur les champs de bataille et toujours les
boches sont chez nous.
D'après certaines
personnes une campagne d'hiver est inévitable.
Qui aurait pu songer à
de tels événements, mais malgré tout il faut toujours espérer la victoire
finale.
Je suis heureux de
remarquer que tous ceux qui arrivent du front ont un très bon moral et en
général ils ont tous bonne mine il faut croire qu'ils sont assez bien nourris.
Et Amédée que devient
il ? J'espère qu'il est tout à fait rétablit, avec son malheur il a eu encore
de la chance d'être réformé.
D'après certains
journaux je m'attends à passer une visite avant le 20 septembre peut etre en
est il ainsi d'Amédée. Espérons que les choses se feront au mieux.
Allons je termine pour
aujourd'hui espérant pouvoir te causer plus longuement d'ici peu.
Bien le bonjour à ta
famille
Ton ami qui ne
t'oublie pas et qui t'embrasse bien fort. »
Alexandre MERCERON
Saint André sur Sèvre le 20
septembre 1915
Ma chère petite Marie
« Comme je te
l'avais dit à la foire de Moncoutant je t'écrirais d'ici peu, je ne retardes
pas plus longtemps.
Tu le saura déjà
l'autre jour il a fallu que j'aille passer une visite à Parthenay.
Avant la revue j'ai pu
causer à ton père ainsi qu'à Amédée mais je n'est pu les revoir après. Malgré
tout je crois qu'Amédée a eu la grande chance d'être maintenu réformé. Pour moi
je n'est pu avoir ce bonheur, il a fallu que j'attende tout à la fin pour
repasser ensuite.
Finalement ils m'ont
pris pour le service armé.
Si j'étais vrai guéri
ça irait comme ça pourrait mais il n'en n'est pas ainsi. Pourtant quelques mois
de bons soins auraient achever ma guérison.
Mais enfin il faut se
trouver heureux malgré tout, et peut etre ça ira mieux que je m'attends.
Je comprends la grande
joie que vous avez eu, quand vous avez appris qu'il était réformé. De ce moment
ci il leur faut des hommes et il paraît que de rudes chocs vont se produire sur
le front. Espérons qe tout cela se terminera d'ici peu.
Allons chère Marie je
termine pour aujourd'hui. Bien le bonjour à Amédée ainsi qu'à toute la famille.
Celui qui se croit le
meilleur de tes amis. »
Alexandre MERCERON
Châtellerault le 17 Xbre
1915
Ma chère Marie
« Me voilà de retour
à Bessais je ne suis pas encore guérit. Je suis pourtant beaucoup contrarié de
n'avoir pu avancer te voir. Mais dans ce fourbi là c'est très facile d'attraper
un gros rhume ou autre chose.
Cependant hier matin
il a fallu aller à l'exercice et de bonheur ça n'allait pas trop et surtout on
avait passer toute la nuit ans le train. Hier au tantôt on a parti en marche à
Avrillé, on a couché là bas, c'est à 13 kilomètres de Bessais mais on s'est
allongé car il a fallu faire la petite guerre en cours de route. C'est amusant
comme ça mais en réalité ça ne doit pas être amusant du tout. Tout cela ne
serait rien si cette malheureuse guerre n'existait pas car le métier de
militaire ne tue pas les hommes bien au contraire ça ne fait que du bien.
Mais dans ce moment ci
ce n'est pas le filon, enfin il faut toujours vivre sur la bonne espérance et
peut être d'ici peu on aura raison de ces sales boches. Tout cela c'est la
volonté de Dieu.
Allons chère amie je
termine pour aujourd'hui. Recois de ton ami un doux baiser. »
Alexandre MERCERON
Soldat au 32ème d'infanterie, 28ème Cie Groupe de récupérés, Bessais, Indre et Loire.
Châtellerault le 5 octobre
1915
Ma chère petite Marie
« Ce n'est plus
de St André que je te trace ces lignes, me voilà de retour en garnison à
Châtellerault.
Ca n'a pas été long
après avoir passé le conseil à Parthenay, j'ai reçu ma feuille de route
vendredi dernier pour partir lundi dernier.
Pourtant je ne m'y
attendais pas tout de suite.
J'aurai pourtant été
bien heureux d'avoir une entrevue avec toi, à Moncoutant on n'avait pas eu le
bonheur de se causer longtemps et maintenant je ne sais pas quand nous pourrons
nous voir. Mais comme on dit c'est la guerre et une guerre impitoyable.
Que vous devez être
heureux d'avoir Amédée auprès de vous.
Ma chère petite amie
pour l'instant je ne suis pas malheureux je ne vais pas encore à l'exercice et
j'ai remarqué déjà que c'est beaucoup mieux qu'au mois de décembre pour la classe
15.
D'abord on est mieux
couché et ensuite pour l'instant beaucoup mieux nourri. Je suis affecté à une
Cie d'instructions il y en a depuis 19 ans jusqu'à 46 ans.
C'est plutôt triste il
y en a qui pèsent plus de 100 kilogrammes. Alors il arrive souvent en marche
qu'il y en a tout le long de la route.
D'ailleurs je te
quitte pour aujourd'hui.
Ton ami qui t'envoie
une gerbe de baisers. »
MERCERON, au 32ème d'infanterie, 27ème compagnie, groupe d'instructions, Chatellerault.
Bessais le 18 – 1 -16
Chère amie
« Déjà quelques
jours se sont écoulés depuis que j'ai reçu ta lettre, aussi e ne retarde pas
plus longtemps à te faire part de mes nouvelles qui sont bonnes pour l'instant.
Pourtant dans ce
métier là ça serait facile d'attraper du mal, on est exposé souvent dans les
courants d'air.
Mais sans doute Dieu
nous garde et nous avons besoin maintenant plus que jamais car le moment
approche d'aller voir les boches.
Le lieutenant en a
pris 80 qui sont passés au groupe d'entraînement et porte le sac complet.
Moi je n'en fait pas
partie rapport que j'ai rentré 1 mois après les autres. Enfin 15 jours plutot
ou plus tard, il faudra toujours y arriver, BOCH Célestin fait partie du groupe
d'entrainement.
Chère marie hier nous
avons été en marche de 24 heures à Avrillé qui se trouve à 13 kilomètres de
Bessais pour en finir ça n'a pas été très dur il y avait beau temps.
Mais le soir j'ai pris
la garde avec 6 camarades, on s'est changé ainsi toute la nuit.
Ce matin on est
revenus en faisant la petite guerre mais il a toujours tombé de l'eau.
Voilà l'heure de
l'appel Chère amie je m'arrête pour ce soir. Reçois toute l'affection de celui
qui ne t'oublie pas »
Alexandre MERCERON
Saint André-sur-Sèvre le 17
– 2 – 16
Ma chère Marie
« Sans doute je
crois que tu va être très agacée quand tu sauras que c'est de Saint André que
je viens aujourd'hui m'entretenir avec toi.
En effet je crois
arrivé de hier matin en permission de 15 jours. Tu dois comprendre la joie que
j'ai de passer quelques jours au milieu de mes parents et amis. Avant de partir
la bas renforcer nos braves petits soldats et je donnerais à la France toutes
mes forces pour chasser ces boches.
Chère amie maintenant
je ne suis plus à Bessais.
Je suis rendu à Saint
Nicolas de Bourgueil à la 30ème Cie.
Lundi dernier nous
avions passé une visite et on devait aller fermer un détachement au 50ème de
ligne à Périgueux. Mais le renfort a été arrêté et on partait en permission de
15 jours.
Tu peux deviner comme
nous étions heureux en apprenant cette nouvelle.
Je crois que Célestin
BOCH est lui aussi en permission de 15 jours, il a eu de la chance lui aussi
car je crois qu'il était habillé et prêt à partir au front.
Chère amie j'espère
bien cette fois ci aller te voir à Saint Étienne ou je pourrais te causer bien
plus longuement. Je crois que ce sera pour toi un grand plaisir. Écris-moi de
suite
Je serai très heureux,
ensuite je t'écrirai à nouveau en te fixant le jour.
En attendant cet
heureux jour reçoit chère amie toute l'affection de celui qui ne t'oublie
pas. »
Alexandre MERCERON
St André sur Sèvre, le
25.2.16
Ma chère Marie
« L'autre jour je
recevais ta lettre qui m'a fait grand plaisir, voilà déjà une bonne partie de
ma permission passée.
Le temps s'écoule avec
une bien trop grande rapidité, il en est toujours ainsi quand on est en
permission et pour une bonne raison ce n'est plus le régiment ou l'on est
traité plus ou moins brutalement, c'est la douce vie de la famille.
Chère Marie
Je viens mettre le
jour où on aura le bonheur de se voir ce sera mardi prochain à moins qu'il
ferai trop mauvais temps dans ce cas ce serait mercredi.
Donc à bientôt. Je
t'embrasse de tout mon cœur »
Ton ami Alexandre.
St Nicolas le 3.3.16
Chère Marie
« Je crois que tu
te demandes ce que je suis devenu.
Ces derniers jours je
t'écrivais en fixant un jour pour aller te voir
St Etienne.
J'attendais avec
plaisir cette journée mais le moment arrivé je fus retenu par la pluie qui
tombait à verse.
J'espérais sur le jour
suivant mais cette fois-ci c'était autre chose.
Dans la nuit de mardi
soir je recevais une dépèche avec ordre de rejoindre immédiatement mon dépôt. (*)
Cette nouvelle me
réjouissait guère car je savais que c'était pour partir plus loin.
Jusqu'à présent je
suis toujours à Saint Nicolas mais on se tient prêt à partir au 1er ordre.
Chère Marie je
t'affirme que j'étais bien loin de penser que je ne pourrais te voir pendant
cette permission.
Mais il en est ainsi
ce n'est pas moi qui XXX les choses.
Espérons que Dieu remettra le calme
d'ici peu et la tranquillité.
Chère Marie je termine
pour ce soir.
Reçois toute
l'affection de celui qui se croit le meilleur de tes amis. »
Alexandre MERCERON au 32ème d'infanterie, 30ème Cie à Saint-Nicolas-de-Bourgueil, Indre-et-Loire.
(*) : La bataille de Verdun fait rage depuis fin février.
St Nicolas le 10 mars 1916
Chère Marie
« Ce tantôt j'ai
reçu ta lettre qui m'a fait grand plaisir. Cependant j'ai remarqué que tu
n'étais pas contente rapport que je n'avais pas été te voir.
Je crois pourtant te
l'avoir dit que j'ai été rappelé à mon dépôt ce qui m'a empêché d'aller à Saint
Etienne.
J'ai été beaucoup
contrarié de cela il est vrai que j'aurai du fixer le jour plutôt mais tu n'as
pas réellement bon droit en te contrariant ainsi. Je devrai encore avoir la chance
de te voir avant de partir au front.
Aujourd'hui commence
des permissions de 4 jours on y a tous droit. Alors je t'assure que j'irai te
voir pendant ce temps là.
Je m'attends à une
réponse qui me fera plaisir
Celui qui se croit le
meilleur de tes amis »
Alexandre MERCERON
Alexandre passe au 174e régiment d’infanterie le 21 mars 1916
(fiche matriculaire).
Du 26 février au 7 mars 1916 inclus, le 174e régiment
d’infanterie a eu 1416 hommes de tués, blessés et disparus (JMO du 174e RI) à
Verdun, devant le fort de Douaumont.
Extrait du JMO
du 174e RI. On y lit le renfort provenant du 32e régiment d’infanterie
Rigny-la-Salle le 10.4.16
Chère petite Marie
« Je profite des
quelques instants que j'ai à toi pour t'adresser cette petite lettre.
Me voilà bien éloigné
de ce cher bocage auprès de ceux que j'aimais tant mais malgré tout j'espère
bien retourner dans ce beau pays.
Jusqu'à présent je ne
suis pas malheureux. Nous sommes très bien nourris.
Tous les jours ils
nous font faire l'exercice et du déploiement en tirailleurs, comme ça ça va
encore mais avec les obus ça sera un sale boulot.
Depuis quelques jours
il fait un temps splendide je songe souvent aux cultivateurs. Comment
arriveront ils cette année à faire tout le travail ? Ce sera bien difficile.
D'après ce que je vois ici tout le monde se met au travail des champs.
Chère amie où je suis
je vais à la messe tous les dimanches l'église est bondée de soldats et on
remarque un bon nombre d'officiers. Cela est vraiment encourageant.
Cette contrée est bien
différente de la notre ce n'est que des gros villages et chaque village a son
clocher. C'est un beau pays.
Et Amédée que devient
il ? Aurait-il passé une autre visite ? S'il peut s'en échapper il a bien
raison.
Bonsoir chère amie je
termine pour aujourd'hui. Reçois toute l'affection de celui qui ne t'oublie
pas »
Alexandre MERCERON au 174ème régiment d'infanterie, 10ème compagnie, 32ème section, 90.4999
Un bonjour à tous.
Jeudi le 20.4.16
Ma chère Marie
« Ayant quelques
instants à moi j'en profite pour te donner de mes nouvelles nous n'avons guère
le temps d'écrire à présent. Il y a que le tantôt un petit peu le soir nous ne
pouvons pas rapport que nous sommes mal éclairés.
Déjà plusieurs jours
se sont écoulés sans avoir de tes nouvelles peut être les lettres se sont elles
égarées en cours de route depuis que nous avons quitté Rigny-la-Salle. Nous
voilà à présent plus rapprochés du front à une quinzaine de km de XXXXX. (*)
Les premiers jours
nous entendions distinctement les canons de Verdun, c'était un vrai roulement.
A présent on entend
pas grand chose mais aussi le vent est contraire et il pleut tous les jours.
S'il en est ainsi chez vous ça sera guère facile de faire le travail des
champs.
Chère amie tu ne te
doutes point de ce qui se passe au front, ça n'arrête pas de circuler jour et
nuit on voit que des soldats qui passent.
Tout ce que l'on veut
acheter est extrêmement cher, le vin on en trouve même pas rapport au grand
nombre de soldats.
Chaque jour nous
allons à l'exercice nous faisons des tranchées hier après midi nous avons lancé
des grenades.
Par manque de prudence
un lieutenant a été blessé et il a été évacué aussitôt. Enfin espérons que
cette terrible guerre se termine au plus vite.
Quand donc
retrouverons nous la paix et le calme comme autrefois ?
Je termine pour
aujourd'hui bonjour à Amédée et tes parents. En attendant de tes nouvelles
recois toute l'affection de celui qui ne t'oublie pas »
A MERCERON au 174 régiment d'infanterie, 10ème compagnie 3 section, 99.49
(*) : Le régiment est à Pierrefitte-sur-Aire (55). Lieu
illisible sur la lettre, ou volontairement griffonné par la censure militaire,
très active à cette période.
Lettre non
écrite par MERCERON Alexandre…mais signée « MERCERON Alexandre »
Gendé 4 mai 1916
Chère amie
« De XXXX (*), je viens m'entretenir quelques instants avec
toi, j'ai reçu ta lettre l'autre jour, elle m'a rejoint aux tranchées. En effet
voilà plus de 70 jours que je suis en première ligne.
Celui qui n'en eu pas
été ne se doute pas de ce que c'est, par bonheur il a fait beau temps les
tranchées sont propres mais aussi nous avons guère été tranquilles.
Je ne puis te dire où
nous sommes car c'est strictement interdit mais tu dois savoir où il s'est
livré de grands combats depuis près de deux mois, c'est dans cette contrée.
Ou nous sommes
l'artillerie bombarde sans arrêt et souvent d'une grande violence.
Tu ne t'en doutes
sûrement mais au moment ou je te traces ces lignes je suis à 30 mètres des
boches nous les entendons courir et travailler.
Plusieurs combats se
sont livrés entre nous à la grenade, ils ont même essayé de sortir une fois
mais ont été repoussés.
Depuis que j'y suis
j'ai vu tomber 3 avions Boches tous les jours c'est des luttes d'avions.
Chère petite amie il
ne faut pas t'en faire malgré tout le bon dieu nous fortifie.
Sans doute quand tu
recevras ma lettre que nous serons remplacés.
Je termine pour
aujourd'hui.Reçois toute l'affection de celui qui ne t'oublie pas. »
MERCERON Alexandre
(*) : Lieu illisible sur la lettre, ou volontairement griffonné
par la censure militaire, très active à cette période.
Le 5 mai, le régiment lance une attaque sur les tranchées
allemandes. Attaque précédée de jets de liquides enflammés. Les hommes doivent
s’élancer après l’extinction des feux (qui n’atteignent malheureusement pas les
tranchées allemandes). La 10e compagnie, celle d’Alexandre, accompagnée de
troupes marocaines et de grenadiers, a participé à cette attaque.
Résultat : Une vingtaine de tués et blessés.
Il est blessé
le 7 mai 1916 à Douaumont, au pied comme le montre cette photo prise à Vichy.
Il était à
cette date toujours au 174e régiment d’infanterie
Vichy, le 21 mai 1916
Ma chère Marie
« J'ai reçu hier
la lettre datée du 15 que tu adressais à l'hôpital.
Cet après midi je
viens te donner quelques nouvelles, cette fois ci j'ai changé d'hôpital où je
suis c'est un hôpital chirurgical c'est à qu'ils font les opérations.
Avant hier c'était mon
tour après avoir passé mon pied à la radio, une femme infirmière m'a endormit
et ça a été vite fait.
Quand je me suis
réveillé tout était fait et j'avais eu chaud toute la soirée j'ai souffert un
peu mais à présent ça va.
A moins qu'il ne
survienne quelques complications dans un mois ou deux j'irai revoir mon vieux
pays.
Je serai enchanté
aussi d'avancer à l'Auduinière surtout que je crois que ça te feras plaisir,
plusieurs parties que j'avais fixé avaient été arrêté par des nouvelles peu
gaies.
Tu demandes si nous
sommes bien soigné comme nourriture c'est moins bien qu'a mon ancien hôpital. A
part cela les plus grands soins nous sont donnés par des infirmières dévouées
de la croix rouge. Je ne vois plus grand chose à te dire.
Reçois toute
l'affection de celui qui se croit le meilleur de tes amis. »
Alexandre MERCERON à l'hôpital 44, Vichy, Allier.
P.S. : Je te donne la meme adresse car sans doute je retournerai à l'hopital 44.
Vichy le 14 juin 1916
Ma chère Marie
« Je viens de
recevoir ta lettre datée du 12 juin aussi je ne retardes pas pour te tracer ces
quelques lignes.
Sur ta lettre tu me dis
que tu as été à la foire de Moncoutant, tu as passé une bonne journée, tu as vu
mes parents, je savais qu'ils y étaient mon frère me l'avaient écrit le jour
même. D'abord tu as rencontré ma mère avec une jeune fille qui ne peut être
autre que ma cousine, malgré tout je ne sais pas si c'était elle.
J'espère que tu as
passé une bonne journée, malgré qu'il n'a peut être pas fait trop beau depuis
quelques jours à Vichy nous avons de l'eau et je crois que c'est la même chose
dans les Deux Sèvres.
Chère amie mon père
t'aurai dit que j'avais 6 jours de permission, c'est en effet ce que je compte
avoir.
Ce matin j'ai fait
faire mon pansement et j'ai pu voir que ma blessure était à peu près guérit,
malgré tout ce n'est pas pour prendre mon soulier demain. Je peux passer huit
jours à l'hôpital, peut être quatre ou trois semaines, je n'en sais rien.
Enfin, quand le moment sera venu on partira. Nous autres soldats on ne s'en
fait pas pour si peux toujours très heureux d'avoir 7 jours et ensuite
retournerai à mon dépôt qui est à Épinal.
De temps en temps
arrivent à Vichy des convois de blessés tous viennent de Verdun, les
chirurgiens ne peuvent fournir à opérer les blessés.
Je te quitte pour ce
soir et je m'attends d'aller te voir d'ici peu. Je pourrais causer plus longuement
et témoigner l'amitié que j'ai pour toi.
En attendant crois à
toute l'affection et aux meilleurs souvenirs de celui qui ne t'oublie
pas. »
Ton ami Alexandre MERCERON
Vichy le 21.6.16
Ma chère Marie
« C'est avec
plaisir que ce matin ma pensée s'envole vers toi. Souvenirs, je pense à ce
vieux bocage ou nous avons passé de si bon moments, partout c'était la joie, le
bonheur et le monde ne savait pas apprécier tout cela, partout il y avait des
jalousies, des querelles, tous ceux qui auront le bonheur de retourner de cette
malheureuse guerre comprendront mieux ce que c'est d'être heureux.
Chère amie j'ai reçu
hier ta charmante lettre dont j'ai été enchanté, nous autres soldats c'est ce
qui nous réconfortent aussi quel empressement nous mettons tous pour la
distribution.
En effet c'est tous
ceux qui sont restés là bas et qui nous sont si chers c'est une mère, une sœur,
une amie etc. C'est toutes ces charmantes lettres qui font que nous avons tous
un bon moral.
Mon regard se tourne
souvent vers cette pauvre campagne, à présent par ces travaux si pénibles avec
le peu de nombre qui reste.
Chère amie je vais
toujours très bien, mais une plaie au pied est toujours longue à guérir, alors
j'en ai encore pour quelques temps à l'hôpital. Je me trouve très bien surtout
que je ne souffre pas beaucoup.
Ces derniers jours il
n'est pas arrivé de convois de blessés à Vichy.
Allons je finis ma
lettre.
Recois chère Marie
toute l'affection de celui qui se croit le meilleur de tes amis. »
Alexandre MERCERON
« Bien le bonjour
de ma part à toute la famille. »
Vichy le 4 Juillet 1916
Ma Chère Amie
« Ce matin
aussitôt ma toilette faite je suis heureux de te donner quelques nouvelles.
Depuis deux jours je suis heureux de pouvoir sortir de nouveau dans les belles
promenades de vichy.
J'ai sortit avec mes
trois copains de chambre d'excellents camarades, c'était assez curieux de nous
voir marcher avec chacun une canne pour se servir d'appui et notre marche plus
ou moins contrefaite.
Mais tout cela
reviendra avec le temps.
De nouveaux blessés
sont arrivés hier soir à Vichy tous ceux qui vont bien on les envoie soit à
Clermont soit au Puy. En général ils viennent tous des environs de Verdun.
Chère petite amie hier
j'ai reçu ta charmante lettre, je suis toujours très heureux de les lire,
puisque nous ne pouvons avoir le plaisir de nous voir.
Mais prends patience
cela viendra et nous en serons d'autant plus heureux.
Chère amie je suis
obligé d'abréger ma lettre car la soupe sonne et j'ai 4 étages à descendre pour
m'y rendre.
Crois toujours à
l'affection de ton ami qui t'envoie mille baisers. »
A MERCERON
Hôpital temporaire 21 44 3e division Vichy.
P.S. : « Comment va Amédée j'espère qu'il va mieux et serait plus fort. Bonjour et bonne santé à toute ta famille. »
Vichy le 11 Juillet 16
Chère amie
« C'est toujours
avec plaisir que je reçois ta lettre, je suis toujours à Vichy. Moi il y a un
mois qui me croyait presque guérit et j'y suis encore. Je te dirais que je n'en
suis pas fâché car je suis mieux à l'hôpital que sur le front.
Depuis quelques jours
ma plaie a beaucoup de mieux, mais j'ai toujours une canne pour me servir
d'appui.
Chère amie tu ne te
doutes pas toutes les personnes qui sont venues faire une cure à Vichy.
Ces jours derniers
c'est le roi de Monténégro qui venait faire sa cure. Il y a des toilettes tu ne
peux te figurer, aussi depuis quelques jours le temps est beaucoup orageux.
Nous autres soldats on
s'en paye quand l'eau tombe à verse et que toutes ces grosses dames sont dans
la rue.
En ville je me promène
avec mes amis de chambre, ils ne sont pas dans ma contrée mais c'est
d'excellents garçons.
J'ai également un ami de
ma commune qui est en traitement à Vichy. Alors je suis également avec lui.
Chère amie sur une de
tes lettres tu me demandes si c'est vrai ce que vous voulez dire à l'occasion
de GEFFARD qui est marié avec la fille BLAY, et bien c'est certainement faux,
mes parents me l'auraient dit.
Allons petite amie je
termine pour aujourd'hui.
Reçois toute
l'affection de celui qui se croit le meilleur de tes amis. »
A MERCERON
Vichy le 20 Juillet 1916
Ma chère amie
« Ma pensée ce
matin se tourne vers toi, je viens alors te témoigner les doux sentiments de
mon cœur, toujours je suis obligé de confier au papier mon amitié pour toi.
Voilà près de deux
mois et demi que je suis à Vichy, certes je ne l'attendais pas d'y rester si
longtemps.
Malgré que je vais
mieux je m'attends d'y rester encore quelques jours. Chère amie à présent c'est
le moment qu'il y a le plus de monde à vichy.
Du matin au soir la
musique joue, c'est une ville de plaisir. On ne dirait pas la guerre, si ce
n'étaient les pauvres blessés qui circulent dans les rues. Cependant voilà
plusieurs jours qui s'écoulent sans qu'il arrive de convois de blessés.
Chère amie hier soir
je recevais une lettre de mes parents c'est la misère partout et à présent les
travaux sont très pénibles et beaucoup de personnes meurent.
Il faut prendre
courage malgré tout que cette guerre finisse bientôt, les Allemands
reculent sur tous les fronts.
Allons chère amie je
termine ma petite lettre.
Reçois toute
l'affection de celui qui ne t'oublie pas. »
Alexandre MERCERON
Vichy 26 Juillet 1916
Ma chère Marie
« Ce matin je t'envoie
cette petite missive que tu recevras dans quelques jours et je crois que tu
seras très heureuse de la recevoir.
Qu'aurai-je à te dire
ce matin, pas grand chose à Vichy c'est toujours la même vie. La musique tous
les jours qui joue et même jusqu'à 11 heures du soir. Chère amie c'est vrai de
ce moment ci jouer de la musique pendant que là bas les nôtres se battent.
Malgré tout beaucoup de soldats sont heureux de l'entendre cela leur fait
oublier un peu leurs misères.
Chère Marie je
m'attends à aller en permission d'ici quelques temps à présent ma blessure se
guérit vite alors il faudra partir.
Depuis quelques jours
il n'est pas arrivé de convois de blessés à Vichy.
Du coté de Verdun les
combats paraissent moins fréquents et moins terribles.
Ces pauvres poilus
doivent souffrir de la soif car depuis quelques jours il fait un chaud
terrible.
Il faut toujours
espérer à la victoire prochaine des alliés les russes marchent avec une
rapidité étonnante des cosaques se sont même avancés jusqu'à 50 kilomètres en
Hongrie.
Chère amie comment va
Amédée, j'espère qu'il reprend des forces par ce beau temps. Bien le bonjour à
toute la famille.
Recois chère amie
toute l'affection de celui qui ne t'oublie pas. »
A MERCERON
Hôpital temporaire 44, 3ième division, Vichy, Allier.
Vichy le 2 août 1916
Ma chère Marie
« J'arrive de
souper alors je viens t'adresser quelques mots. Depuis 2 ou 3 jours il fait un
temps magnifique et même il fait très chaud.
Les moissons auront
sans doute commencé, il fait un très beau temps mais il y aura de la sueur à
verser.
Je m'attendais a être
en permission pour pouvoir aider à mes bons parents. Mais je suis toujours à
Vichy et j'y resterai encore quelques jours. Il y aura 3 mois le 10 août que je
suis dans cette ville, je puis dire que j'avais la bonne blessure.
Depuis quelques jours
il part beaucoup de blessés, soit en convalescence soit en permission et il y a
longtemps qu'il n'est pas arrivé de convois de blessés.
Je crois qu'il font
cela rapport à la saison de vichy, à présent c'est le moment qu'il y a le plus
de monde.
Ma chère Amie quand
donc pourrais-je aller te voir, il y a déjà longtemps que nous nous sommes pas
vu, tout cela c'est la faute à la guerre.
Il faut prendre
patience cette guerre va se terminer bientôt, alors nous vivrons encore de la
vraie vie.
Nous aurons des jours
de paix comme nous en avions jamais gouté.
En attendant le
plaisir de vous voir.
Recevez chère amie
toute l'affection de celui qui ne t'oublie pas. »
Alexandre MERCERON
Vichy le 3 septembre 1916
Ma chère Marie
« Ce matin je
viens t'apprendre le jour de mon départ.
Je quitte Vichy demain
soir à 4 heures, je serais à Saint André mardi en matinée.
Pendant cette
permission de 7 jours j'aurai le bonheur de te voir ce qui me fera grand
plaisir, j'espère que toi aussi tu seras enchanté.
Ecrit moi au Fournil
aussitôt que tu auras reçu ma lettre ensuite nous fixerons le jour de cette
petite entrevue.
Je termine bientôt on
se causera plus longuement.
Recois chère amie mes
amitiés sincères. »
A MERCERON
« Bonjour à toute
la famille »
Fort de la Bonelle le 22 - 9
-16
Ma chère marie
« J'arrive de
l'exercice et je viens faire réponse à ta lettre que j'ai reçu hier. Elle a mis
deux jours à faire le parcours.
Tu me parles de ta
foire de Moncoutant le temps t'a paru bien long, j'ai beaucoup regretté de
n'avoir pu y aller moi aussi mais c'était impossible.
Je me rappelle
toujours la journée ou on a eut le bonheur de se voir. Journée hélas qui a
passé comme un éclair. Et à présent je ne sais pas quand j'aurais une
permission je m'attendais d'avoir quinze jours mais je n'y compte plus.
Pour l'instant je ne
suis pas malheureux l'exercice n'est pas trop rude souvent on joue barres ou au
foot de bal.
Nous sommes en pleine
campagne à 6 km de Langres, tous les soirs après a soupe du soir je me promène
avec quelques camarades on va dans les patelains environnants et on revient
pour l'appel.
Le climat n'est pas
bon, il fait déjà froid, nous avons du brouillard et de la pluie souvent. Ce n'est pas étonant Langres se trouve à 475
mètres d'altitude.
Hier nous avons passé
de nouveau la visite du médecin chef, je suis toujours à l'entrainement
pourtant je boite un petit peu et ce n'est rien à coté de quelques poilus.
Enfin on ne s'en fait
pas malgré tout.
Je termine ma lettre
présente mes amitiés à tes parents.
Recois l'affection de
celui qui ne t'oublie pas. »
Alexandre MERCERON
21e infanterie, 25 compagnie, fort de la Bonnelle, Langres, Haute Marne.
On remarque qu’il est passé, après sa blessure, au 21e régiment
d’infanterie. Ce sera éphémère, le temps de sa formation de mitrailleur, 3
mois, à Langres.
Langres le 20 novembre 1916
Ma chère Marie
« Ce soir ayant
un peu de tranquillité je viens répondre à ta lettre du 10. Comme tu le sais
j'ai eu huit jours de prolongation et je n'est pas avancé à l'Auduinière qui
pourtant m'aurait fait bien plaisir.
Mais tu sais les cas
qui m'a retenu à St André et la fin de ma permission n'a pas été gaie du tout.
Quand aurai-je le
bonheur d'aller en permission je ne sais pas, peut être deux mois peut être 6
mois, j ne puis savoir.
A présent j'ai quitté
Bourg pour aller à Langres. J'ai
été nommé avec une quarantaine de camarades pour faire un stage aux
mitrailleurs.
Cela retardera
toujours mon départ pour le front.
Peut etre aura tu été
étonné de n'avoir eu de mes nouvelles plus tot. Et bien à mon retour à Bourg,
j'ai été travaillé 7 jours dans une ferme, alors ça a retardé ma
correspondance.
Je termine pour
aujourd'hui espérant avoir de tes nouvelles bientôt.
Amitiés
sincères »
Alexandre
21e infanterie Centre de mitrailleurs à Langres. Haute Marne.
Langres le 28 novembre 1916
Ma Chère Marie
« Je viens
répondre à la grande lettre que j'ai reçu avant hier. C'est toujours avec
beaucoup de plaisir que je les reçoit.
Tu voudras bien me
pardonner si je retarde un peu à écrire.
Depuis que je suis aux
mitrailleurs faire un stage nous avons beaucoup de travail surtout comme
théorie.
Il faut connaître
toutes les pièces de la mitrailleuse en général, pour cela on est obligé de les
inscrire sur un carnet pour se les rappeler facilement. Le matin nous avons
théorie et la soirée on fait des exercices de mise en batterie.
Sur ta lettre que tu
m'envoie dernièrement tu me raconte ton voyage chez M VRIGNAULT, ton entretien
avec les demoiselles VRIGNAULT.
J'ai fait part à mon
frère des détails qui pourraient l'intéresser à ce sujet.
Il me reste à te
remercier de m'avoir fournit tous ces détails qui peut être intéressent mon
frère.
Je suis obligé
d'abréger ma lettre, rapport qu'on part dans quelques instants.
Présente mes amitiés à
ta famille.
Ton ami qui ne
t'oublie pas. »
Alexandre
21e infanterie, centre de mitrailleurs à Langres. Hte Marne.
Langres le 7 décembre 1916
Ma chère Marie
« J'emploie une
partie de ma soirée pour venir répondre à ta lettre que tu m'envoyais ces jours
derniers. Depuis trois ou quatre jours je suis un peu indisposé, j'ai attrapé
un gros rhume je ne sais où. Mais toujours est il que je garde la chambre
depuis lundi. Sans doute que ça va passer comme ça, le temps est malsain depuis
quelques jours, souvent du brouillard ou de la pluie. Ces temps ci c'est la
neige qui vient de faire son apparition. C'est l'hiver. Mais pour nous qui
sommes au dépôt on se trouve bien heureux auprès de ceux qui sont dans les
tranchées.
On peut toujours se
soigner si on a quelque chose. Nous étudions toujours la mitrailleuse, le
fonctionnement et la façon de tirer et de mettre en batterie. C'est assez
intéressant, bientôt on partira à Chaumont.
Je ne sais pas si
j'irais, rapport que je suis exempt de service et ne peut suivre le cours
régulièrement.
Mais enfin je verrais
cela la semaine prochaine.
Voilà le premier de
l'an qui avance, ce serait pour moi un grand plaisir d'aller offrir mes vœux et
souhaits à ceux que j'aime. Malheureusement je suis trop éloigné et je n'y
compte point. Peut etre aurai-je sept jours avant de partir au front encore ce
n'est pas certain.
Ma Chère amie je ne
vois plus grand chose à te faire part.
Crois toujours à mes
meilleurs sentiments. »
A MERCERON
21e infanterie. Centre de mitrailleurs. Langres. Haute Marne
Langres le 15 décembre 1916
Ma Chère Marie
« De soirée je viens
te donner de mes nouvelles qui sont relativement meilleures.
Mon rhume est à peu
près guéri et j'ai repris mon service depuis 2 ou 3 jours. Il y a beaucoup de
malades de ce temps ci, depuis deux ans de guerre beaucoup ont attrapé quelque chose
et par le mauvais temps tout cela revient.
Depuis plusieurs jours
nous avons de la neige, ce matin la couche était épaisse.
Peut être partirai-je
bientôt à Chaumont finir notre stage.
J'écrirais plus
longuement à mon arrivée.
Reçoit l'amitié de
celui qui ne t'oublie pas. »
A MERCERON
Chaumont le 8 Janvier 1917
Ma Chère Marie
« De soirée comme
j'ai pas mal de temps à ma disposition, j'en profite pour m'entretenir avec toi.
J'ai reçu avec plaisir
ta lettre datée du 1er, il leur faut du temps à mettre le parcours. Je ne sais
à quoi attribuer cela.
Crois mes
remerciements pour les bons vœux que tu formes pour moi.
Il faut espérer qu'ils
se réaliseront.
Ma Chère Marie voilà
mon stage de mitrailleurs bientôt terminé.
Sans doute on se
dirigera vers Langres la semaine prochaine. Je pense déjà à la petite
permission que j'espère avoir. Ce sera une perme de 7 jours avant de partir au
front.
Je serais heureux de
m'entretenir plus longuement avec toi. Voilà près de 3 mois que j'ai été en
permission qui hélas ! N’a pas été des plus gaies. Je n'aurais pas cru rester
si longtemps au dépôt.
Mais puisque cette
méchante guerre ne se termine pas il faudra encore y retourner.
A Chaumont nous avons
toujours du mauvais temps soit de la pluie soit de la neige.
Au revoir ma petite
Amie. Je termine pour aujourd'hui.
Crois toujours à mes
amitiés. »
Alexandre.
Épinal le 5 février 1917
Chère petite amie
« Je suis avec
toi par la pensée. Ta lettre du 30 janvier a mis du temps à me parvenir.
Il en est ainsi des lettres
de ma famille, il est vrai que je suis peut être à huit ou neuf cents
kilomètres. Je t'assure qu'il fait
excessivement froid, la température varie vers 17 degrés au dessous de zéro,
alors tu peux voir.
Beaucoup de personnes
d'Épinal n'ont jamais vu de froid pareil. Je crois que dans le bocage le froid
se fait également sentir.
Il faut que le bon
dieu protège nos poilus du front pour qu'ils résistent aux intempéries.
Ma petite amie je
n'espère plus aller en permission avant de partir au front, je n'est pas droit,
il me faut 4 mois de dépôt depuis ma permission agricole.
Je peux partir au
front d'ici quinze jours, peut être aurai-je ma perme au dépôt divisionnaire.
Pour l'instant je me
trouve bien au dépôt, on a un bon poël pour se réchauffer.
Allons ma petite Amie
tu présentera tes amitiés à tes bons parents, je te souhaite bonne santé.
Recois mes bonnes
amitiés. »
Ton ami
A MERCERON
Alexandre
MERCERON intègre le 255e régiment d’infanterie le 15 avril 1917 (fiche
matriculaire)
Aux armées le 2 mars 1917
Ma chère amie
« Hier soir
j'avais le bonheur de te lire ta lettre qui était datée du 23.
Tu vois qu'elle a mis
du temps à me parvenir. Mais sur le front il en est toujours ainsi. Tu auras
trouvé étonnant que j'étais dans un régiment de relève mais à présent il ne
faut pas faire attention nous avons des jeunes de la classe 17.
Nous sommes partit
hier (*) pour une direction inconnue mais c'est
sûrement pour aller en tranchées. Il fait un beau temps pour marcher mais les
routes sont très sales.
Pardonne-moi si mes
correspondances sont plus rares car je t'assure que nous avons peu de temps à
nous.
Ton petit ami qui
pense à toi. »
A. MERCERON
(*) : Le 255e régiment d’infanterie était à Heippes (55)
Aux armées le 21 mars 1917
Ma chère marie
« Il y a déjà quelques
jours que j'ai reçu ta charmante petite lettre. A l’ instant où je t'écris nous
sommes guère à 300 mètres des 1ères lignes.
Tu comprendras que
c'est très difficile pour écrire. Nous avons déjà fait une journée de 1ère
ligne. Le secteur n'est pas des plus calmes souvent bombardements d'artilleries
ou de torpilles.
Depuis trois jours
nous sommes dans une cagna construite avec des troncs d'arbres et recouverte de
terre, c'est l'ouvrage des boches. Le jour on reste terrés pour ne pas être
aperçus des avions ennemis qui planent sur nous. La nuit on sort de son trou
soit pour se ravitailler ou pour travailler en 1ère ligne. Je me porte
bien. »
Ton ami
Alexandre MERCERON
Au Fournil le 3 avril 1917
Ma chère Marie
« Je suis heureux
de te faire part que je possède une petite permission de 7 jours.
Nous avons été relevés
des tranchées la nuit du 24 au 25, et c'est une nouvelle circulaire
ministérielle qui m'a donné droit à ma petite perme.
J'ai arrivé chez mes
parents vendredi dernier, je t'assure qu'ils ont été beaucoup surpris de mon
arrivée dont ils ne s'attendaient pas du tout.
J'ai eu la douleur de
trouver maman au lit ce qui occasionné le retard à t'écrire, car j'espérais
toujours qu'elle irait mieux et alors j'aurai fixé le jour pour aller te voir.
Je t'assure que c'est
pour moi bien pénible de ne pouvoir avancer à l'Auduinière pendant ces 7 jours
de permission.
De ton coté, je vois
d'avance la tristesse que tu éprouveras en recevant ma lettre.
Tout cela c'est la
faute à cette méchante guerre qui se prolonge toujours.
Allons je te quitte ma
Chère Marie.
Crois toujours à mes
bonnes amitiés. »
Ton ami
A MERCERON
Aux armées le 24 avril 1917
Ma chère Marie
« Aussitôt de
retour à mon régiment je t'envoyais une petite carte, mais j'attends toujours
la réponse. Comme nous avons changé de secteur peut être ta lettre s'est
égarée.
Je ne pense pas que tu
sois fâchée de n'avoir pas avancé à l'Auduinière pendant ma permission, je
t'est dit sur ma dernière lettre ce qui m'avait empêché d'aller te voir. Je
m'attends à te lire d'ici peu. Depuis que je suis de retour j'ai toujours été
en ligne.
Dieu merci le secteur
est très calme.
Je suis pionnier
provisoirement nous construisons de solides blocos de mitrailleuse. Depuis
quelques jours nous avons du beau temps, le soleil se montre à la première
heure pour nous réchauffer.
Dans l'attente de te
lire reçoit l'affection de ton ami. »
Alexandre MERCERON, 255 RI, 5 Cie de mitrailleurs, secteur 71.
8 juin 1917
Chère amie
« Hier je
recevais ta lettre du 2 juin je vois que les lettres circulent beaucoup plus
vite, nous sommes toujours au même endroit. Je crois te l'avoir dit sur ma
dernière lettre. Nous sommes à 2 km des premières lignes, les premiers jours on
tirait avec nos mitrailleuses sur avions à présent on ne tire plus sans ordre.
Pour l'instant le
secteur est très calme on n'a pas lieu de se plaindre. La nuit nous allons
travailler dans un boyau tout près des lignes, mais ce n'est pas trop fatigant.
Pour te dire exactement où je le trouve il m'est impossible, ça nous est
strictement défendu.
Nous avons toujours du
beau temps même il fait chaud. Je te quitte pour aujourd'hui.
Dans l'attente de te
lire reçoit mes bonnes amitiés. »
MERCERON
16/06/1917
Ma chère Marie
« Je viens
répondre à ta charmante petite carte du 14 qui m'a fait beaucoup plaisir.
Il y a toujours à
cette pauvre compagnie quelques nouvelles victimes de cette méchante guerre.
Malgré tout il ne faut pas se désoler et espérer dans la paix d'ici peu.
Nous sommes toujours
au repos, mais sans doute que nous allons monter à nouveau en ligne dans 2
jours. Il fait toujours un temps chaud, l'été s'annonce des plus secs.
Je te quitte. Reçois
chère amie mes bonnes amitiés. »
Alexandre MERCERON
Alexandre MERCERON a été tué 29 juin 1917, à Verdun, secteur d'Avocourt (quartier Malleray). Pas de sépulture connue
PIPET Marie Louise Augustine s’est finalement mariée après la guerre le
19 août 1919 à La Chapelle-Saint-Étienne avec Louis Benjamin CLAVEAU.
Je désire
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