Carnet de Campagne Du Lieutenant-Colonel MERCIER

Commandant le 7ème Régt de ligne de forteresse

Armée d’Anvers

 

Mise à jour : janvier 2016

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Prélude

 

Jacques m’écrit en 2015 :

Bonjour,

« Je viens de retrouver complètement par hasard dans une vieille malle un carnet de campagne du Lt Colonel MERCIER commandant le 7éme Régiment de ligne de forteresse, armée d'ANVERS.

Ce carnet relate les divers évènements qui ont eu lieu dans la région de CAPELLEN, du 31 juillet au 13 octobre 1914.

Or, je n'ai pour le moment retrouvé aucune mention faite ni sur le lieutenant colonel MERCIER (dont le prénom commencerait par P), ni sur le 7éme de ligne. »

Un internaute aurait-il quelques indications à ce sujet ?

 

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Campagne de 1914-15

En Belgique et en France

 

Mon carnet de campagne ayant été perdu avec mes bagages dans la nuit du 8 au 9 octobre au moment de la retraite d’Anvers, je me suis vu obligé de le reconstituer.

Les événements qui se sont déroulés du 3 août au 3-8bre 1914 seront relatés de mémoire, on pourrait y constater quelques erreurs de date, d’heure, mais à partir du 3-8bre jusqu’au 8 à minuit, les notes et les ordres reçus, que je possède, m’ont permis de reconstituer les faits tels qu’ils se sont déroulés.

A partir du 9 octobre, ce carnet est la copie des notes tenues au jour le jour.

 

Audruicq, le 26 février 1915

Le Lt Colonel P. MERCIER

 

Le 31 juillet 1914

Je me trouvais à Solesmes (Nord) au moment où la mobilisation était imminente.

Mon ordre de rappel ne m’étant pas parvenu malgré les bruits de guerre et les préparatifs de la mobilisation française qui battait son plein, je partais le 1er août pour Revin (Ardennes) où j’arrivais vers 15 heures, à 16 heures l’ordre de mobilisation en France était porté à la connaissance du public.

Le 2 août

À 7 heures, je quittais Revin pour Anvers, où j’arrivais vers 18 heures.

A 20 heures, je me présentais chez le Lt Général DUFOUR, gouverneur militaire de la position d’Anvers, qui me convoqua à son état-major, pour le lendemain à 8 heures afin d’y recevoir mon affectation.

Le lundi 3 août

Je suis désigné pour prendre le commandement du 7 Régt de L. de F. qui se constituait à Niel, le régiment devait rejoindre Brasselhaet village le jour même.

Je quittais Anvers à 20 heures pour Brasselhaet, mon régiment y arrivait à 21h30 sous les ordres du major SCHRAMME, sauf le IVème bataillon resté à Cappellen par ordre du général de CASTRES de TERSAC, commandant le 1er secteur de défense de la position d’Anvers sous les ordres de qui j’étais placé.

4 août

Je prends le commandement du régiment.

L’effectif à cette date comprenait : 16 officiers, 1900 hommes environ, 2 officiers et 72 mitrailleurs non armés sans chevaux ni pièces.

 

Vers 10 heures, je suis appelé au quartier général du secteur à Cappellen pour recevoir les instructions suivantes :

Je suis nommé commandant du sous secteur C, comprenant le fort de Brasselhaet, la redoute drij Hoeck, le fort de Schooten. Le sous-secteur est divisé en deux intervalles dont le point de jonction se trouve à la redoute Drij Hoeck.

Un bataillon sera placé dans chaque intervalle  pour l’organiser, un bataillon restera à Cappellen comme réserve de secteur.

Un croquis au 1/40 000 m’est remis pour reporter sur le terrain les travaux à exécuter à travers les sapinières et consistant dans l’exécution de huit tranchées de 200 mètres, quatre dans chaque intervalle, puis dégagement du champ de tir jusqu’à 600 mètres en avant des tranchées.

 

Les tranchées commencées pour homme debout devaient se développer au fur et à mesure de l’avancement des travaux jusqu’à en avoir 6 mètres d’épaisseur de parapet.

A remarquer que l’emplacement devait être établi avec une telle exactitude que plusieurs d’entre elles ont du être démolies après achèvement et reportées en arrière, parce qu’à la suite de la visite d’une haute autorité, on s’est aperçu que ces ouvrages se trouvaient en plein dans la zone des feux des batteries « traditour » des forts.

 

En suite de ces prescriptions :

IVème Cap Ct CLOESEN restera à Cappellen

Vème Major SCHRAMME organisera l’intervalle fort de Brassehaet-redoute Drij Hoeck.

VIème Cap Ct NIJS id. redoute Drij Hoeck, fort de Schooten.

L’état-major du régiment s’établira à la maison communale de Brassehaet.

 

L’après midi, les troupes se rendent sur les emplacements et commencent les travaux.

Le Cap Commandant A. d’E.M  HULPION de l’artillerie est mis à ma disposition pour construire avec des hommes de l’A.F. les emplacements pour cinq batteries de 4 canons de 12  entre les tranchées.

Chaque fantassin portait 120 cartouches.

Les pièces de canon devaient être amenées plus tard.

5 août

Néant

6 août

L’effectif du régiment est porté  à 2500 hommes par l’arrivée des classes 14 et 15.

8 août

6 mitrailleuses attelées sous les ordres du Cap. Commandant CASTREUIL avec 180 000 cartouches sont mises à ma disposition pour armer la compagnie de mitrailleurs.

L’instruction des hommes commence le lendemain.

9 au 14 août

Continuation des travaux.

15 août

Je suis appelé à Anvers pour recevoir le drapeau du régiment des mains du Lt Gal Gouverneur militaire de la position d’Anvers. La cérémonie se déroule sur la place de la commune devant l’Athénée royal.

16  août

Néant

17 août

Le drapeau est présenté au régiment rassemblé pour la circonstance, sur les travaux qu’il exécute et qu’il est appelé à défendre.

Les hommes et les gradés sont tous animés d’un enthousiasme remarquable ; le 6 août, ils avaient appris la déclaration de guerre  de l’Allemagne à la Belgique, la violation du territoire par les armées du Kaiser, puis quelques jours après la belle défense de Liège ; un grand nombre d’hommes demandaient à passer à l’armée de Campagne.

18-19 août

Je reçois l’ordre d’envoyer mes 6 mitrailleuses à l’armée de Campagne, on me laisse les cartouches et les chevaux ainsi que le personnel troupe ; les officiers doivent être dirigés sur le corps de volontaires en formation à St Nicolas.

20-21 août

Continuation des travaux.

22 août

Le  IVème bataillon rejoint l’E.M. du régiment ; une compagnie est envoyée au polygone de Brassehaet pour y garder le champ d’aviation.

23 au 28 août

Rien de particulier.

29 août

La 6ème Division de l’armée de campagne s’est retirée derrière les forts de 1ère ligne dans le 1er secteur ; nouvelle division des sous secteurs et intervalles ; le Lt Gal LANTONNOIS prend le commandement du secteur.

Je suis désigné pour commander l’intervalle fort de Brassehaet-redoute Drij Hoek, sous les ordres du Général DELFORGE qui commande le sous-secteur.

La 6ème division coopère à l’organisation des travaux de défense.

Le 1er et le 2ème Carabiniers Colonels TETY de COZE et SERVAIS continuent les travaux dans l’intervalle Drij Hoek- fort de Brassehaet divisé en deux pour la circonstance.

30 août

31 août

22h30 Un dirigeable allemand passe vers minuit au-dessus de Brassehaet se dirigeant vers Anvers.

De nombreux coups de feu tirés par les sentinelles des tranchées d’abord, puis par des militaires cantonnés au village ensuite, ont provoquent une panique assez vite calmée.

Dans la matinée, on apprend que l’aéronef a jeté 7 bombes sur Anvers faisant 7 victimes et des dégâts matériels assez importants à des maisons particulières

1er septembre

2 septembre

Visite des travaux exécutés par le Lt Général LANTONNOIS Comt la 6ème division d’armée.

3 septembre

4 septembre

À 11 heures : La 6ème division d’armée reçoit l’ordre de quitter le secteur pour se rapprocher de la ville.

Le départ s’effectue vers 16 heures. Le Général major DELFORGE commandant la brigade des carabiniers me remet le commandement du sous-secteur, je repasse sous les ordres du Général De CASTRES de TERSAC.

 

A 16 heures, le major LEVA du génie est mis à ma disposition pour commander l’intervalle Drij HoekSchooten, il dispose du VIème bataillon pour la continuation des travaux du dit intervalle.

Le major SCHRAMME  reprend avec son bataillon (Vème) la continuation des travaux Drij HoekBrassehaet.

La 4èmè compagnie du IVème est relevée par une compagnie du 6ème de ligne de forteresse.

Le IVème bataillon est placé en réserve à Brassehaet village ; il fournit deux compagnies de travailleurs dans chacun des intervalles du sous-secteur.

5 septembre

Les parades des tranchées sont achevées ; la construction des abris renforcés marche normalement ; ordre est donné à la compagnie du génie de construire dans la zone de 300 à 800 mètres en arrière des tranchées des baraquements en planches pour y loger toutes les troupes du sous-secteur.

6 septembre

7 septembre

Ordre est donné par le gouverneur de la position d’Anvers de faire barrer toutes les routes conduisant vers l’extérieur de la position par des réseaux de fil de fer ; seule la route de Breda sera considérée comme chemin de passage pour le sous-secteur.

8 septembre

9 septembre

Ordre est donné par le Gouverneur de laisser entrer et sortir par toutes les routes et chemins conduisant vers l’extérieur de la position.

Il est à remarquer que depuis l’entrée des allemands en Belgique et la proclamation de l’Etat de Siège à Anvers, des prescriptions sévères étaient données par l’autorité supérieure afin de pouvoir exercer une surveillance très active sur les personnes, les voitures et particulièrement les automobiles qui entraient et qui sortaient de la ville ou circulaient dans la position en passant par les routes traversant la ligne des forts et les travaux de défense.

Mais aussitôt que ces mesures très judicieuses étaient prises, des réclamations nombreuses se produisaient chez le Gouverneur, les civils trouvant qu’ils étaient exposés à trop de formalité, ce qui leur occasionnaient des retards, entravait leur commerce ou leurs convenances personnelles.

Dans la généralité des cas les consignes étaient modifiées ou simplement supprimées. Les ordres et les contre-ordres concernant la circulation dans la position furent tellement nombreux et souvent changés que les sentinelles et les officiers ne savaient plus à quoi s’en tenir.

10 et 11 septembre

Continuation des travaux.

12 septembre

A partir de ce jour, les abris renforcés sans être terminés, sont aménagés pour y loger la troupe : deux pelotons par compagnie occupent les abris de façon permanente.

13 septembre

Idem

14 septembre

Idem

15 septembre

Idem

16 septembre

Je reçois 6 mitrailleuses avec 30000 cartouches par pièce, dont deux mitrailleuses Maxim anglaises et quatre Hotchkiss.

Deux mitrailleuses sont mises à la disposition du Commandant de l’intervalle BrassehaetDrij Hoek et quatre dans l’intervalle Drij HoekSchooten.

17 septembre

A partir de ce jour, il sera commandé une compagnie placée en grand-garde par intervalle.

Le capitaine commandant se tiendra jour et nuit à la gd gde (depuis le début des opérations, il n’était commandé qu’une compagnie pour la garde du sous-secteur).

18 septembre

Je ne dispose toujours pour le régiment que de 120 cartouches par homme dont ils sont porteurs. Il n’existe aucune caisse de munitions.

Je rends compte de cette situation au général Castres de TERSAC, commandant le secteur, en lui demandant s’il existe à certains endroits, des dépôts de munitions pour infanterie où je pourrais me ravitailler en cas de besoin.

Il me répond qu’il n’existe aucun dépôt de munitions pour infanterie dans le secteur et qu’il ne dispose d’aucune cartouche.

19 septembre

De nombreux ouvriers civils travaillent à la construction des abris renforcés et au dégagement du champ de tir qui est porté à mille mètres en avant des tranchées.

Ces ouvriers, tout au moins la moitié ne travaillent pas peu ou point.

Le temps est beau, le soleil est chaud, ces ouvriers sont le plus souvent couchés ou assis à l’ombre On les trouve à chaque instant couchés ou assis à l’ombre fumant des cigarettes ou se mettant à quatre pour porter un arbre alors  qu’un homme suffirait. Il en résulte que faute d’employer des moyens de contraintes énergiques, le travail n’avance pas.

L’identité de tous ces ouvriers venus des villages environnants est très difficile à établir ; nul doute que les Allemands très nombreux à Anvers jusqu’en ces derniers temps n’y figurent en assez grand nombre pour renseigner leurs autorités espions.

La construction de quelques baraquements en planches est terminée, on y place des matelas et des couvertures en nombre plus que suffisant. Ils sont occupés par la troupe au fur et à mesure de leur aménagement.

20 septembre

Idem

21 septembre

Jusqu’à ce jour, les mitrailleurs n’ont exécuté aucun tir d’instruction avec cartouches, soit à blanc, soit à balles avec leurs engins. J’écris à l’arsenal de guerre pour recevoir des canons de rechange afin de faire exécuter des tirs en blanc ; reçu la réponse suivante :

 

« Les mitrailleuses étant d’un modèle français et anglais, l’arsenal ne possède pas de canon de rechange »

 

J’informe le commandant de secteur de cette réponse, en lui demandant à pouvoir exécuter des tirs à balles dans le polygone d’artillerie de Brassehaet, qui est disponible.

Le général me répond que la chose n’est pas possible.

22 septembre

Depuis le déroulement des opérations nos hommes n’ont eu à leur disposition pour construire les ouvrages de défense que la pelle Linneman et 5 ou 6 brouettes par compagnie.

Les ouvrages permanents et les magasins du fort et ceux du polygone de Brassehaet situés à deux kilomètres en avant de la ligne des ouvrages permanents regorgeaient cependant d’outils, pelles à long manche, pioches, haches, brouettes, etc, etc, mais toutes les demandes faites pour obtenir la livraison de ces précieuses reliques restèrent sans réponse et les hommes durent continuer à se servir de civière de fortune pour transporter la terre et les gazons servant à la construction des abris.

23 septembre

24 septembre

Je fais de nouvelles propositions au Général commandant le secteur pour exécuter des tirs à balles avec mitrailleuses en faisant ressortir que pas un homme de cette compagnie de mitrailleurs n’a jamais tiré avec les engins dont je dispose exécuté un tir réel. Je propose de faire exécuter les tirs entre les glacis du fort de Brassehaet entre 5 et 6 heures.

Je suis autorisé à faire tirer 15 cartouches par pièce pour 72 mitrailleurs.

25-26 septembre

Les réseaux de fil de fer sont complétés et portés à une profondeur de dix mètres sur tout le front.

Le dégagement du champ de tir s’effectue jusqu’à mille mètres des tranchées et du glacis des forts et redoute mais le transport des arbres abattus laisse de plus en plus à désirer par suite de la mauvaise volonté des ouvriers civils. La gendarmerie, peu nombreuse du reste, reste impuissante à les faire travailler.

Le commandant de la Cie du génie étudie le moyen d’établir des torpédos en utilisant de vieux projectiles en fonte que l’on a emmené de l’arsenal et des magasins de l’enceinte.

Tous les systèmes essayés sont peu pratiques et ne donnent que des résultats médiocres.

27 septembre

Le tir avec mitrailleuses a été exécuté.

28-29-30 septembre

Le canon tonne sans discontinuer dans les directions du sud et du sud-est. Des racontars alarmants circulent parmi la troupe sans qu’il soit possible d’en trouver l’origine ; de nombreux habitants d’Anvers et des environs fuient vers la Hollande.

1er octobre

Les habitants des communes de Brecht, Westmalle, St Job in goor, abandonnent leurs villages ; ces malheureux fuient l’approche de l’ennemi ; des dispositions sont prises pour canaliser cette cohue, soit vers la frontière hollandaise, soit vers Anvers.

2 octobre

Je fais parvenir au général commandant le secteur mon rapport sur la situation des travaux. La nuit du 2 au 3 octobre, le régiment occupait les emplacements suivants :

 

Ø  Vème B les tranchées n° 1-2-3-4 établies entre le fort de Brassehaet et la redoute Drij Hoek.

Ø  VIème B les tranchées n° 5-6-7-8 établies entre la redoute Drij Hoek et le fort Schooten.

Ø  IVème B en cantonnement à Brassehaet village formant réserve

 

23 heures : je suis appelé au Q. G. du Ct du secteur à Cappellen pour y recevoir la communication suivante :

 

Ø  1° Les 5ème et 6ème Régt de ligne de forteresse qui occupent les sous-secteurs a et b se portent demain matin sur la Nette par chemin de fer ; vous passerez vos mitrailleuses Hotchkiss avec personnel au 6ème Régt de ligne de forteresse et deux Maxims au 5ème de ligne de forteresse. Le détachement sous les ordres d’un officier se trouvera demain à 5 heures avec les engins à la station de Cappellen pour s’y embarquer.

Ø  2° Vous désignerez un de vos bataillons pour remplacer le 6ème Régt de L. de F. dans les tranchées du sous-secteur b fort Ertbrandfort de Brassehaet.

 

24 heures : Je réunis les chefs de bataillon à la maison communale de Brassehaet pour leur donner connaissance de l’ordre ci-dessus complété comme suit :

 

Ø  1° Le Vème B ira occuper le sous-secteur b.

Ø  2° Le  IVème B remplacera le Vème dans le 1er intervalle du sous-secteur c. Ces changements s’effectueront le 3  8bre à partir de 5 heures.

Ø  3° Le 1er Lt Major VANDIGUENEN prendra le commandement du détachement des mitrailleurs qui doit s’embarquer à la station de Cappellen.

3 octobre, samedi

Dans la matinée j’allais m’assurer si les ordres donnés pendant la nuit étaient exécutés.

 

11 heures 30 : Au moment où je rentrais de ma visite d’inspection, un officier du Q.G. du gouverneur de la position m’apportait l’ordre de rassembler mon régiment pour le poster à hauteur de la Borne 43 de la route Malines – Anvers.

 

14 heures : Je quitte Brassehaet avec les  IVème et VIème B ; je donne l’ordre par téléphone au Vème B de me rejoindre par Cappellen, Merxem et Deurne à la dite borne 43.

 

16 heures : J’arrive à Deurne où je reçois du Lt Général Gouverneur l’ordre d’occuper les tranchées de la 2ème ligne de défense entre les forts 4 et 6.

Je désigne le VIème B pour l’intervalle fort 4 – fort 5. L e IVème B pour l’intervalle fort 5 – fort 6.

 

22 heures : Le  Vème B arrive à Vieux Dieu où il cantonne pour constituer la réserve de mes deux intervalles.

Je m’installe avec mon E.M. et mon peloton cycliste (constitué 8 jours auparavant par ordre du Général Major DE TERSAC Cdt du 1er secteur) au château de Luythagen borne 42.100 de la route  Anvers – Malines.

Je passe sous les ordres du général major ANDRINGA.

4 octobre

Vers 9 heures, je me rends à cheval sur la ligne des tranchées pour m’assurer si elles sont occupées conformément aux ordres donnés.

En arrivant prés de Mortsel, je constate que les hommes de garde au chemin de passage s’abritent derrière les parapets des tranchées. En ayant demandé la cause, ils répondirent que des projectiles viennent d’éclater à proximité.

En effet quelques instants après un obus est venu tomber sur la voie ferrée non loin de nous.

Un commandant de Cie constatait à la même heure qu’un autre projectile venait éclater sur la route de Lierre au sud-est du fort n°4.

Pendant la matinée des troupes anglaises passent par Vieux Dieu se dirigeant vers le sud Duffel, une partie de la gare de Vieux Dieu est encombrée de leurs bagages.

 

16 heures : je me présente à l’E.M. du général major ANDRINGA, installé au château de Pulhof borne 44 de la route de Malines.

5 octobre

De nombreux soldats isolés faisant partie de l’armée de campagne qui combat sur la première ligne  des forts se retirent sur la seconde ligne des forts ; Ils sont dirigés par la route militaire vers le fort n° 8.

 

14h15 : une Cie est mise à la disposition du Capitaine Cdt  HENEBERT de l’artillerie pour concourir avec ses canonniers à la construction de plates formes avec parapets pour canons de 15 fx acier a établir dans le parc du château de Luythagen que j’occupe avec mon état-major et mon peloton de cyclistes.

Le général  ANDRINGA m’informe qu’il porte son état-major à la caserne du génie à Berschem, que je dois venir installer l’E .M. au château de Pulhof où il y a le téléphone.

6 octobre

Dans le courant de l’après midi, les plates formes pour canons de 15 sont terminées ; dans la soirée les canons sont mis en batterie. Je suis informé qu’ils ouvriront le feu à 23 heures.

 

20 heures : Je m’installe au château de Pulhof.

 

21 heures : je reçois l’ordre : de faire garder tous les passages à niveaux aux voies d’accès se dirigeant sur Anvers stratégiques de la voie ferrée entre les forts 4 et 5, pour empêcher qu’un afflux anormal de militaires venant du front ne se présentent par les routes de Lierre et de Bruxelles, pour se diriger vers la ville ; de prendre des mesures pour que le charrois n’encombrent pas la route militaire qui doit être suivie par les troupes venant de la 1ère ligne et qui se dirigeront  vers le pont de Burght.

Cet ordre est transmis immédiatement au bataillon SCHRAMME (Vème B) pour exécution.

Je suis convoqué par le général ANDRINGA, d’avoir à me trouver à 23 heures au viaduc de la route militaire prés du fort 4 pour lui rendre compte des dispositions prises en suite de l’ordre ci-dessus.

 

A 23 heures : les batteries des intervalles tonnent. Celle de  canons de 15 « I » établie au château de Luythagen ouvre le feu.

 

24 heures : Je rentre au château de Pulhof.

7 octobre : A une heure, reçu l’ordre suivant :

 

Ø  1° Les anglais occuperont les tranchées des intervalles compris entre les forts 2 et 5. Vous remettrez les croquis de ces tranchées que vous possédez au général commandant la brigade anglaise.

Ø  2° Les bataillons du régiment formeront réserve dans chaque intervalle à la disposition du général anglais.

Ø  3° Chacun des bataillons désignera des fractions de 40 hommes sous les ordres d’un officier. Elles se tiendront prêtes à occuper les redoutes des intervalles aussitôt  que l’ordre en sera donné.

Ø  4° Ces dispositions seront prises à 5 heures.

 

Comme suite à cet ordre, je prescris ce qui suit :

 

Ø  1° Le Vème B major SCHRAMME se portera prés de la route militaire dans l’intervalle fort 2 – fort 3. Il désignera les garnisons des redoutes 1, 2 et 3.

Ø    L e IVème B Cap. Cdt. CLOOSEN rassemblera son bataillon à l’ouest et prés de la route militaire dans l’intervalle fort 3 – fort 4. Il désignera les garnisons des redoutes 4 et 5.

Ø  3° L e VIème B se rassemblera prés du château Ten Dorfs entre les forts 4 et 5 ; Il désignera les garnisons des redoutes 6-7-8 et 9.

Ø  4° Les  IVème et VIème bataillons ne quitteront leurs tranchées qu’après avoir été remplacés par les troupes anglaises.

Ø  5° Je me tiendrai à la ferme Gekroon de Leuwhof, 500 mètres au N. de l’asile des aliénés de Mortsel où les rapports me parviendront.

 

5h15 : Le régiment occupe les emplacements indiqués dans l’ordre ci-dessus.

 

6h00 : un taube survole les emplacements occupés par le régiment. Il laisse tomber un rouleau de proclamations imprimées en français et en flamand engageant les belges à ne pas combattre les Allemands. Ces imprimés sont envoyés au G.P.F.A  par un cycliste.

 

11 heures : Je visite les emplacements occupés par mes trois bataillons. En arrivant sur la route militaire à hauteur du fort 3, je vois défiler les 5ème et 6ème régiments de ligne de forteresse, ils se dirigent vers le fort n°8.

 

12 heures : Il fait un temps splendide. Les canons des forts tirent sans arrêt. Les batteries des intervalles ne cessent pas de tirer ; ces batteries sont toutes commandées par des Ss officiers reliés par le téléphone à des bureaux de tir établis dans des locaux appropriés.

 

14 heures 45 : Jusqu’à ce moment mes hommes ne possèdent depuis le début de la campagne que chacun 120 cartouches. Je reçois quatre caissons attelés et deux automobiles chargés de cartouches ; ces munitions sont réparties entre les bataillons.

 

20 heures : Aucun fait saillant ne s’est produit jusqu’à ce moment, le canon des forts et des batteries des intervalles n’a pas cessé de tonner sans discontinuer depuis la veille.

 

22 heures : Une vive fusillade se fait entendre dans les intervalles des forts 3-4 et 4-5.

 

Quelques instants après, je suis informé par le IVème B Cap. Cdt. CLOOSEN :

« Qu’il a été appelé par le Cdt des troupes anglaises pour occuper une partie des tranchées de l’intervalle fort 3-4. Qu’une attaque s’étant produite, l’ennemi a été repoussé. Quelques coups de sifflet se sont fait entendre  du coté de l’adversaire ce qui fait supposer qu’il ne s’est éloigné qu’à une courte distance. »

 

Du Cdt du VIème Cap. Cdt NIJS je reçois les renseignements suivants :

« Une compagnie de mon bataillon a renforcé les troupes anglaises qui occupent les tranchées de l’intervalle  fort  4-5 à la demande  du Cdt de ces troupes ; deux hommes ont été  blessés pendant l’attaque qui vient de se produire contre ces tranchées, l’ennemi s’est retiré. Une deuxième compagnie m’est demandée  par l’officier anglais Commandant pour demain à la pointe du jour. »

 

22h45 : Je transmets copie de ces deux rapports au général major ANDRINGA commandant la deuxième ligne de défense.

 

23 heures : Quelques shrapnels viennent éclater au dessus de la station de Mortsel et de l’asile des aliénés prés duquel je me trouve à ce moment ; les obus commencent à tomber sur Anvers provoquant des incendies en différents endroits de la ville.

8 8bre

5 heures. Rien ne s’étant produit jusqu’à ce moment, sauf le bombardement de la ville qui devient de plus en plus intense.

J’envoie mon Adjt-major de régiment, Cap Cdt HALLART, aux renseignements dans les tranchées des intervalles forts 2 à 5 ; il me rapporte que la fusillade de cette nuit est le résultat d’une méprise, qu’aucune troupe ennemie ne s’est présentée devant les tranchées.

Je rends compte de ces faits par téléphone au général major ANDRINGA qu’il y a une erreur dans les renseignements envoyés la veille à 22 heures 45.

 

8 heures : La journée se présente magnifique, le soleil brille  dans tout son éclat, il a dissipé le brouillard de la nuit.

Le bombardement commencé vers minuit se continue avec une intensité croissante. On aperçoit dans la direction de l’est vers Nylen et au sud de Lierre trois ballons captifs boches qui observent le résultat du bombardement.

Les projectiles de gros calibre passent continuellement au dessus de nous en produisant le bruit d’une locomotive lancée à toute vitesse ; on en perçoit le parcours dans l’espace jusqu’au moment où ils tombent sur la ville y provoquant des incendies dont nous voyons les progrès se développent d’heure en heure.

 

9 heures : Les tanks à pétrole sont en feu, ils produisent une énorme colonne de fumée dans la direction du Kiel ; nous constatons des foyers d’incendie dans le quartier sud de la ville, près de la porte de Wibryck à Berchem, vers la porte de Deurne et au centre de la ville.

 

10 heures : Un projectile est venu tomber non loin d’une batterie établie dans l’intervalle fort 3-4 à l’ouest de la route militaire ; le sous-officier qui commande fait enlever les appareils de fermeture de ses pièces et se sauve dans la ville avec ses artilleurs.

 

10h30 : Les officiers payeurs m’informent que la distribution des vivres a été faite aux Cies et qu’elles en ont reçu pour la journée du lendemain ; je leur donne l’ordre prescrit de réunir les voitures à vivres et à bagages près du Guitschotel les caissons des bataillons resteront à proximité de leurs unités.

 

12 heures : Nous sommes adossé avec mon E.M. à une meule de paille prés de la ferme Inde Gekroon de Leuvenof ; devant nous se déroule le panorama de la ville en feu, c’est terrifiant, on dirait que toutes les maisons flambent.

 

13 heures : Une partie des troupes d’artilleries des forts n° 3 et 4 abandonnent ces ouvrages, je reçois communication d’en faire occuper la gorge pour prévenir les évasions.

 

13 heures 30 : Le village de Borsbeck est en feu ; à la suite d’une communication téléphonique, le fort 2 est occupé par 200 hommes du Vème bataillon et le fort 4 par 100 hommes du même bataillon.

 

13 heures 45 : Reçu l’ordre ci-dessous du Gouverneur de la position :

Ø  1° Les troupes devront résister à outrance.

Ø  2° Lorsque le terme de la résistance de la 2ème ligne sera arrivé, le 7ème de ligne de forteresse se retirera par les portes de Malines et de Turnhout et participera à la défense de l’enceinte sous les ordres du Général Major MAES.

 

L’ordre est transmis confidentiellement aux chefs de bataillon complété comme suit :

Ø  3° Le VIème se retirera par la porte de Malines pour occuper les remparts entre la porte d’Eveghem et la porte du chemin de fer de Bruxelles

Ø  4° Le IVème se retirera par le Guitschotel et la porte de Borsbeck pour occuper le rempart entre la porte de Borsbeck et la porte Louise.

Ø  5° Le  Vème se retirera par le fortin de Deurne et la porte de Turnhout pour occuper le rempart  entre les portes Léopold et d’Hérenthals.

Ø  6° Ces mouvements ne s’exécuteront que sur mon ordre.

 

15h15 : Une compagnie anglaise qui occupait une tranchée dans l’intervalle des forts 3-4 se retire en se dirigeant vers la ville.

 

15h40 : Donne l’ordre au Cdt  du  Vème de désigner une compagnie pour prolonger la gauche du IVème ; cette  Cie s’établie au sud du château Lanterne, près de la route de Borsbeck.

 

16h10 : Un sous-officier d’artillerie qui gardait un dépôt de munition établi en plein air prés de la gare de Mortsel, le fait sauter.

 

17h35 : Le  IVème bataillon bat en retraite de la position qu’il occupe prés de la route militaire, le commandant de ce bataillon, Cdt CLOOSEN, déclare :

« Ne  pouvoir tenir, que les allemands occupent les tranchées de l’intervalle forts 3-4, qu’ils garnissent de mitrailleuses. »

 

Je lui donne l’ordre de s’arrêter et de reprendre la position abandonnée.

Les renseignements  donnés étaient inexacts, il n’y avait aucun Allemand dans les tranchées.

 

17h40 : Le Cdt du VIème bataillon, Capt Cdt NIJS, m’informe que, ne pouvant tenir sous les shrapnels qui tombent sur l’emplacement qu’il occupe près du Chateau TenDorfs près de Vieux Dieu, il s’est retiré près du château de Roy près de la porte de Malines.

Ayant été renseigné que ces renseignements sont exagérés, je fais communiquer au Cdt du bataillon de reprendre son emplacement et d’envoyer un peloton occuper la redoute 5.

 

17h50 : Un dépôt de munitions d’artillerie établi prés de la gare de Mortsel vient de sauter, le feu y ayant été mis par le Ss-officier préposé à sa garde.

 

18h00 : Le Gouverneur de la position me communique de faire occuper le fort n°4 par deux Cies.

Cet ouvrage ayant été abandonné par les artilleurs.

 

19h20 : Je suis informé que le Ss Lt VAN CAILLE, Cdt La 3/IVème, a disparu avec sa compagnie vers 15 heures 30 et qu’il se trouve entre le Gitschotel et la porte Leopold ; je lui fais porter par le sergent DELANOYE un ordre écrit lui enjoignant de rejoindre son bataillon.

Cet ordre n’est pas exécuté.

 

20 heures : Je reçois un billet du général BRUBEL, Cdt la 7ème  brigade mixte, qui prolonge ma gauche, me demandant de lui faire connaître à titre de renseignement ma situation.

Lui envoyé rapport ci-dessous :

Ø  VIème occupe l’intervalle fort 4-5 château Tendorfs

Ø  IVème occupe forts 3-4 prés de la route militaire

Ø  Vème occupe forts 2-3 prés du château du Dragon

Ø  Les tranchées des intervalles des forts sont occupées par des troupes anglaises.

 

Vers 17h35 une panique s’est produite au IV mais elle a été vite calmée, le bataillon qui avait exécuté un mouvement de retraite a repris son emplacement.

Les chefs de Bon sont en relation avec les Cdts des troupes anglaises dans les intervalles qu’ils occupent.

 

20h30 : un groupe d’artillerie  2 batteries, major AVORT, arrive pour soutenir le régiment, d’accord avec le Cdt de l’artillerie. Il prend position au nord et à proximité de l’asile d’aliénés de Mortsel.

 

21h30 : Le major AVORT m’informe qu’il vient de recevoir  l’ordre du Cdt de la 7ème  Bde Mixte  de se porter sur la rive gauche de l’Escaut en se  retirant par la porte de Deurne et le pont de Ste Anne.

 

21h50 : Je reçois du Général major DRUBBEL, Cdt de la 7ème  Bde Mixte, l’avis suivant :

 

« Je vous informe que les troupes belges qui défendaient l’inondation entre le fort 2 et l’enceinte ont battu en retraite avec les Anglais. Je ne m’explique pas ce mouvement car d’après le rapport que vous me faites parvenir la situation actuelle semble toujours bonne entre le fort 2 et l’Escaut. »

« Je préviens le Comt de la 2éme D.A,  mais néanmoins je me vois forcé de diriger vers le pont de Ste Anne les troupes de ma brigade »

S. général DRUBBEL

 

Je reçois avis à l’instant que toutes les troupes alliées se retirent sur la rive gauche.

 

22 heures : En suite de l’avis ci-dessus, je donne l’ordre suivant par écrit et envoyé par cyclistes aux chefs de bataillon :

Ø  1° Le  VIème se retirera par  la porte de Malines où il attendra mes ordres près des remparts.

Ø  2° Les IVème et Vème se retireront par la porte de Leopold, où je leur donnerai des instructions pour l’occupation de l’enceinte.

 

23 heures : Envoyé copie de l’avis reçu du Cdt de la 7ème  Bde Mixte au gouverneur de la position d’Anvers en l’informant que je me trouve avec le régiment prés de la porte Léopold à l’extérieur de l’enceinte où j’attends des instructions.

9 octobre

0h30 : Le motocycliste VERSTAPPEN chargé d’aller porter mon rapport au gouverneur de la P.A. vient de rentrer en m’informant qu’il n’y a plus personne au pilotage, où un planton lui a dit :

« Que l’Etat Major de PFA s’était retiré au fort Ste Marie ou  Calloo. »

 

J’informe le  VIème de se retirer sur la rive gauche de l’Escaut à Ste Anne, où je vais le rejoindre avec les  IVème et  Vème Bon. Je traverse la ville avec ces deux Bons, sous un bombardement intense sans perdre un seul homme.

 

1h30 : Le régiment traverse l’Escaut sur un pont de bateau, à Ste Anne, le  VIème Bon rentre dans la colonne.

 

2h30 : Le régiment se dirige vers l’ouest par la route de St Nicolas en même temps, en même temps  que des troupes de toutes armes accumulées sur cette route.

 

5 heures 30 : Le régiment arrivé à la hauteur de la B 41 de la route de St Nicolas reçoit du Lt Colonel VANDIJCK, Cdt  le 4ème régiment de ligne de forteresse, la communication suivante :

« Les troupes de forteresse passent sous les ordres du Général Major Warnant. Reportez votre régiment à la lisière Est  de Beveren Waes où vous l’installerez au repos ; envoyez un délégué à la maison Communale de Beveren pour y recevoir les ordres du Général. »

 

6 heures 30 : Le régiment se forme en ligne de bataillon en masse face à l’est, au sud de la route de St Nicolas prés de la borne 45.

Le régiment ayant été rejoint par ses voitures, une distribution de vivres de conserves est faite à la troupe.

 

9 h 55 : Une colonne composée des troupes de forteresse se formera dans l’ordre 4-3-7 pour se diriger sur  St Gilles Waes par Zillebeck et Vracéne. De nouvelles instructions pourront être données prés du clocher de Vracéne

Le 7ème de ligne de forteresse fournira une arrière garde. Mise en marche à 11h. Le Général major (s) WARNANT.

 

10h15 : L’ordre ci-dessus est communiqué aux chefs de bataillon et Cdts de compagnies réunis, il est complété de la façon suivante :

Ø  1° Le régiment se mettra en marche dans l’ordre V-IV-VI, ce dernier bataillon fournira une Cie d’A.G.

Ø  2° Le peloton cycliste se portera en tête de la colonne.

Ø  3° Les voitures bagages et vivres suivront en queue.

 

12h00 : Le régiment entre dans la colonne à la suite des anglais du général PARIS qui avaient reçu l’ordre entre temps de marcher à la suite du 3ème de ligne de forteresse.

 

13h30 : En arrivant à Vracéne, ordre est donné de continuer la route par l’itinéraire prescrit.

 

14h00 : A 500 mètres au sud de Klein Laar, quelques coups de feu sont tirés sur la colonne en marche par une troupe embusquée vers le sud, c’est une Cie anglaise égarée et qui nous prenant pour des allemands a ouvert le feu.

Une panique se produit dans le IVème Bon, les hommes jettent fusils, havre-sacs , couvertures et s’enfuient dans la direction du Nord. Il faut prés d’1/4 d’heure pour rétablir l’ordre.

 

15 heures : nous traversons St Gilles Waes. Ordre est donné de continuer la marche vers Stekene. Un bataillon des troupes anglaises quitte la colonne pour se diriger vers La Clinge.

 

19 heures : Le régiment arrive à Stekene et y cantonne IV et V, à Heikant, le VI à Kiekenhaage ; 2 / V formera la garde de cantonnement, à partir de 20 heures, plus personne ne pourra plus y pénétrer.

 

21 heures : Reçu ordre pour la marche du 10-8bre. Il est communiqué comme suit aux chefs de bataillon :

Ø  1° Demain 10-8bre à 5 heures, le régiment sera formé en colonne par quatre face au sud dans l’ordre V-IV-VI sur le chemin de Stekene à Heikant pour y rejoindre l’armée de campagne.

Ø  2° Itinéraire MoerbekeWachtebekeZelzaete.

Ø  3° Ordre des régiments dans la colonne 3-4-7-12.

Ø  4° Les bagages suivront la queue de la colonne.

10 octobre

5h30 : Au moment de la mise en route reçu communication suivante :

« Les Allemands occupent Moerbeke ; la colonne déjà engagée sur la route StekeneMoerbeke fera demi-tour et se dirigera sur Koewacht par Heikant. »

 

6h45 : En arrivant à Koewacht, le régiment reçoit l’ordre de se diriger vers Overslag. Il prendra une formation de rassemblement face au sud à hauteur du hameau Perreschoom. Il détachera un bataillon en grand garde vers le sud pour observer Moerbeke et Klein-Simon, le  Vème est désigné pour remplir cette mission.

Le général WARNANT fait porter à la connaissance des troupes que de la viande fraiche sera distribuée pour faire la soupe pendant la halte.

Le peloton cycliste du régiment est envoyé en reconnaissance à Moerbeke.

 

8 heures : Les dispositions ci-dessus sont terminées ; les compagnies prennent des dispositions pour faire la soupe si la viande est distribuée.

 

9 heures 30 : Aucune distribution n’a été faite, le régiment reçoit l’ordre de reprendre immédiatement la marche pour se porter aussi rapidement que possible vers Zelzaete par KruisstraatOverslag et Oudenburgschehuis, le canal GandTerneuzen devra être traversé avant 16 heures.

Le  V est rappelé et rentre dans la colonne.

 

10 heures : La marche est reprise.

Des civils venant de Moerbeke, et se dirigeant vers la Hollande, nous déclarent que les Allemands occupent la localité avec des mitrailleuses, un de ces civils a été blessé d’un coup de feu.

Le peloton cycliste envoyé en reconnaissance rentre et confirme les renseignements donnés par les civils ; ils ont aussi essuyé des coups de feu en s’approchant du village, mais ils ne peuvent donner aucun renseignement sur l’importance des effectifs de l’ennemi.

 

13h30 : Le régiment passe le canal par le pont de Zelzaete gardé par un bataillon du 7ème de Ligne des troupes de campagne pour se diriger vers Assenede.

 

15h30 : Arrivée à Assenede.

 

17h00 : Le régiment pénètre dans la localité pour y cantonner.

La 3/ VI est placé en grand garde au SE de la localité pour observer les directions de Fontaine-Triest et la voie ferrée venant de Zelzaete.

 

20 heures : Reçu avis suivant :

Le régiment se mettra en marche demain 11 octobre à 5 heures pour se diriger vers Bassewelde  pour recevoir des ordres. Ordre de la marche 3 -4-12-7.

11 octobre

5 heures : mise en marche.

 

6 heures 30 : Reçu avis de continuer la marche par Eeklo en passant au sud de Kaprijke, Balgerhoek, Adegem, Maldegem.

 

13 heures : Arrivée à Adegem où le régiment cantonne.

Une compagnie du Vème est désignée pour garder les portes de Balgerhoek et de Raveschoot.

Le 12ème de ligne de forteresse cantonné à Kruisken et Heubendonck pour garder les directions venant du sud.

 

18 heures : Reçu la communication suivante :

« Demain 12 octobre, le groupement du général WARNANT formé en une colonne dans l’ordre 7-12-3-4, marchera sur Bruges par Syssecke pour aller cantonner à St Pierre sur la digue faubourg de Bruges. Les voitures suivront le gros de la colonne. »

« La tête du 7ème de ligne de F.  passera à la borne 85 de la route de Bruges à 8 heures. »

 

18h30 : Communiqué ce qui suit aux chefs de bataillon :

« Demain 12 8bre à 7 heures le régiment sera formé en colonne par quatre face à l’ouest dans l’ordre V-IV-VI sur la route de Bruges la tête à la hauteur de la station d’Adeghem. »

12 octobre

7h15 : Mise en marche

 

8 h : La tête du régiment passe à la borne 85 de la route de Bruges.

 

14h : Arrivé à Bruges, le régiment s’arrête sur le boulevard au nord de la ville ; un taube survole les troupes.

 

15h30 : Le  IVème s’installe dans un établissement situé  prés du canal partie nord de la ville, V et  VI caserne des Apostolines.

Il est fait une distribution de viande fraiche, les troupes s’occupent à préparer la soupe, ce dont ils étaient privés depuis le 8 octobre.

 

17h30 : Ordre est donné au régiment de se rendre immédiatement à la station afin d’y être embarqué pour Ostende, la soupe en préparation est abandonnée.

 

18h45 : Le régiment arrive à la gare.

Aucun train n’est disponible pour embarquer les troupes ; je téléphone au général qui me répond de faire former les faisceaux et d’attendre.

 

19h30 : Nous sommes informés qu’il n’y aura pas de train disponible avant le lendemain matin. Ordre est donné de reprendre immédiatement la marche vers Ostende, le 7ème de ligne marchant en queue de la colonne.

 

19h45 : Mise en marche.

13 octobre

4 heures : Le régiment arrive à Ostende devant la station où il reçoit l’ordre verbal du général WARNANT de continuer jusqu’à Mariakerke  où il s’établira au repos dans les dunes.

Note : Depuis la veille à 7 heures, les hommes ont fait 52 kilomètres sans autre repas que des conserves et des biscuits ; ils sont exténués et ils doivent encore faire 4 kilomètres avant d’atteindre les dunes de Mariakerke.

A partir de ce moment les soldats se laissent tomber le long des maisons où ils s’endorment ; on a beau les secouer, impossible de leur faire reprendre la marche.

 

6 heures : Ce qui reste du régiment arrive dans les dunes de  Mariakerke. L’effectif est réduit à 150 hommes tout au plus, le restant y compris les officiers se sont couchés le long de la route entre Ostende et Mariakerke.

 

A partir de 8 heures, les hommes arrivent par groupes rejoindre le régiment.

 

11 heures : Les unités se reconstituent, le bruit court que nous allons partir vers Nieuport.

 

11h30 : Le Roi et sa suite passent à cheval sur la plage, il se dirige vers Nieuport. L’escadrille des avions qui se trouvaient à Ostende se dirigent vers l’Yser.

 

13h00 : Ordre est donné de partir pour WestendeLombardsijde.

 

14h00 : Le régiment se met en marche en longeant la digue jusqu’à Middelkerke bains où il entre dans la colonne qui se dirige vers Lombardsijde.

 

16h00 : Arrivée à Westende où le régiment cantonne.

 

18h00 : Je suis convoqué à Furnes par le Général major DRUBBEL

 

Fin

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