Publication :
novembre 2009
Mise
à jour : février 2025
Prologue
Hervé OFFREDO nous dit en septembre 2009
« Jean Mathurin OFFREDO, aîné de 7 enfants, était de
la classe 1894, subdivision de Lorient. Il a été intégré le 12 novembre 1895 au
108ème régiment d'infanterie. Je vous envoie l’étude que j’ai réalisée sur mon
grand-père, sur sa vie, et plus précisément de son parcours militaire à partir
de 2 carnets de campagne qu’il nous a laissé. »
Contacts
avec des internautes depuis la mise en ligne (en 2009) :
Florence PEREZ,
contact en janvier 2012 :
« J’effectue
des recherches sur mon grand oncle DUBIN, Florentin, ayant appartenu au 88e
régiment d'infanterie, disparu à Perthes-les-Hurlus
le 26 septembre 1914.
Je suis tombée sur votre page internet faisant état du
carnet de campagne de Jean Mathurin OFFREDO. Il est probable que cette personne
et mon grand oncle se soient cotoyées avant sa
disparition. Peut-être même a-t-elle été témoin de ce qui s'est passé ce
jour-là. Pouvez-vous me dire si ce carnet relate les faits qui se sont déroulés
à cette date ou s'il est fait mention de mon grand oncle ? Par avance je vous
remercie »
Pierre JACQUET,
contact en janvier 2011 :
« Simplement pour vous dire que j'écris actuellement
le récit du grand-père de ma tante. Julien PLOMET a été tué le 30 juin 1916 à
CAPPY (Somme). Il était du 88ème régiment d'infanterie territoriale. 2ème
bataillon - 7ème compagnie, tout comme Jean Mathurin OFFREDO. Il avait 39 ans à
la déclaration de la guerre 14 - 18 et avait 4 enfants. Pour écrire ce récit,
je me suis appuyé sur l'historique du régiment et sur le Journal des Marches et
Opérations. »
Jean-Marc LE BIHAN,
contact en avril 2010 :
« Tout d'abord bonjour, C'est par le plus grand des
hasards que j'ai trouvé mentionné le nom de mon arrière-grand-père Joseph Giquello de Lizaloué
Nostang, comme mentionné dans le carnet de guerre de
Jean Offredo. Bravo pour le
travail et la mise en ligne de ce document. Vous mentionné une photo de 1916,
est-ce une photo de groupe ? Merci encore pour tous les renseignements mis
en ligne. À bientôt peut-être.
Stéphane MADEC,
contact en février 2010 :
« Bonsoir, j'aimerais contacter la personne dont le grand-père
a fait partie du 88ème régiment T.
Mon arrière-grand-père, Jean Marie Madec, était soldat de deuxième classe dans ce même régiment
et je cherche désespérément une photo de ce régiment. Il venait de Ploemel (56) et il est mort le 6 mai 1917 à Leuilly. Peut-être que Jean Mathurin Offrédo a connu mon arrière-grand-père.
Je ne connais rien de ma famille paternelle, je n'ai pas de photos. Merci de
lui transmettre mon message. Amicalement
François PARIETTI,
contact en décembre 2009 :
« Bonjour. Mon grand-père a combattu
dans ce régiment. Pourquoi avoir résumé le carnet ? Dans l’écriture même,
on peut sentir des nuances qu’un résumé fait disparaître. Dommage ! »
Remerciements
Merci à Hervé pour cette étude.
Merci à Philippe S. pour les
corrections éventuelles et certaines recherches.
Nous avons ajouté du texte en bleu pour la
compréhension de certains termes et pour aller « plus loin » dans l’analyse du
récit. Pour une meilleure lecture, j’ai volontairement ajouté des chapitres,
sinon le reste est exactement conforme à l’original. Dommage que l’on ne puisse
pas disposer des écrits en entier…
Introduction
Jean Mathurin OFFRÉDO, aîné de 7 enfants, était de la classe 1894, subdivision de Lorient. Il a été intégré en novembre 1895 au 103ème régiment d'infanterie. Il a appris à être conducteur de voiture en 1896, mention « assez bien ».
Devenu réserviste le 1er novembre 1898, Il intègre à la mobilisation, en août 1914, le 88ème régiment territorial d'infanterie.
Rappel important : C’est un résumé des deux carnets de son arrière-grand-père que nous présente Hervé OFFREDO
Son carnet donne son adresse le 3 août 1914 : Ker-Arno en Remungol.
Le 3 août il est à Lorient : 88ème R.I.T., 2ème bataillon, 7ème compagnie.
Ce n'est que le 25 qu'il quitte Lorient.
Louvres à 5 h du matin le 27, le 31 à Groslay.
Le 2 septembre à Gonesse.
Reste en Seine-et-Oise à divers endroits jusqu'au 16 septembre au soir.
Arrivé le 17 à Châlons-sur-Marne à 10 h du matin.
21 : Vatry.
22 : Soudron.
24 à Vertus en Champagne.
Le 26 septembre à Epernay (ignorant que son arrière-petit-fils habiterait et aimerait cette région 80 ans après ...)
Divers points de Champagne repassant par Chalons.
22 octobre Reims.
Le 25 à Fismes puis vers l'Aisne.
Le 26 octobre, « terrible canonnade toute la nuit »
Premières réalités de la guerre et premier copain tué : Tonquèze, mort le 29 octobre. (*)
(*) : Marie Louis LE TNQUEZE mort pour la France des suites de
blessure de guerre le 30 octobre 1914 à
Fismes (51). Voir
sa fiche.
1er novembre : 2 bombes d'aéros tombent à Fismes
Le 3 nov. , terribles canonnades, il est reste caché 1 heure au coin du bois avec Le Pallec
Le 4 novembre un obus allemand tue le caporal Léopold Pontois. (*)
Canonnades les 6 et 7 des Français et le 12 des Allemands.
C'est le 21 novembre qu'il est allé pour la 1ère fois aux tranchées, précisant que non loin de là, une vielle dame avait enterré son gendre au coin de son jardin.
(*) : Léopold PONTOIS, mort pour la France le 4 novembre 1914 à
Villers-en-Prayères (Aisne). Voir
sa fiche.
6 décembre : des éclats d'obus allemands tombent à 50 et 25 m de lui.
Et deux de son régiment meurent le 8 décembre.
Le 9 il est à Oeilly ou 18 obus tombent entre 4h15 et 4h45 dont un à 60 m de lui et son cheval.
Les 22 et 23 il parle d'attaques à 8 h et 11 h du soir.
" La nuit était noire, on voyait des fusées "
Obus, mitraillages et le 25 et 26 attaques à la baïonnette. Bilan 800 français blessés ou disparus.
(*) : Le 18ème régiment d’infanterie est parti à l’attaque. Ils
sont remplacés dans les tranchées par les hommes du 88ème régiment d’infanterie
territoriale
Il a peur des aéros, le 15.
Le 18 sa compagnie est terriblement bombardée en faisant des tranchées.
Le 22 passe à Jumigny, ‘’ l'église a reçu 12 ou 15 obus, dont une sur le coq ! Autel, toit démoli. Les 3 cloches tombées en bas mais non cassées. L'horloge en 2 morceaux et 20 belles maisons autour de l'église toutes démolies ; presque tout le bourg pareil. ‘’ (…) " Les obus allemands tombaient sur la crête ; les nôtres tiraient bien davantage ".
Le 2 : « à Oeilly notre artillerie attaquait à la tombée de la nuit, on ne voyait que feu partout ( ...) ‘’
Le 25 : ‘’ des marmites tombaient à Beaurieux en cherchant notre artillerie, à 11 h du soir la ferme tremblait sous nous en dormant ".
Le 5 en revenant de Fismes : " Les marmites tombaient sur-le-champ d'aéros à Merval. Aussitôt le bombardement terminé nous passions, tous les trous étaient pleins de soldats ramassant l'aluminium, les trous fumaient encore."
Le 22 : "
Nous allions avec les voitures à Mezy pour 6 jours, Bellego faisait la cuisine, nous étions
bien. ‘’
Le 23 : l'Italie déclare la guerre à l'Autriche.
Le 27 : il nomme un des deux morts du régiment.
Le 28 : ils abattent " l'aéro boche et on tue les 2 officiers ".
Aéros, tranchées.
Le 10 : "J'avais
prié sur les tombes de mes camarades du 18ème corps, environ 300 corps étaient
en rangées de 30, c'était bien arrangé, tous avaient des croix en bois ou en
pierre. Les noms étaient inscrits, ils avaient des couronnes, des écritures de
souvenir et de regrets.
Une fosse d'une
quarantaine de mètre devait encore être remplie, ceux-là n'avaient pas de noms
inscrits. Sur la campagne, pas loin de là des boches il y avait partout dans
les terrains ‘’
Le 11 à 2h du matin embarquement à Fismes et le train part à 3h24 du matin :
‘’ Le Bihan, (mathurin) VAGUERESSE
et moi étaient dans le même wagon, on était tranquilles ‘’.
" On était passé à Noisy-le-Sec près de Paris, on descend près d'Amiens "
Le 15 :
‘’ Les soldats furent transportés en grand autobus à Gezaincourt (80) (...) ils allaient par toutes les routes ".
(*) : Mathurin LE VAGUERESSE, 41 ans est originaire de Inzizac. Soldat au 88ème régiment d’infanterie
territoriale, il sera détaché aux forges d’Hennebond
le 24 juillet 1915. Voir sa fiche.
6 à Forceville, 8 à Beaussart, 15 près d'Epernay puis à Cramant, le 25 à l’Epine. (*)
(*) : Seules les 7e et 8e compagnies étaient à l’Épine.
Fin du premier carnet
A la fin du premier carnet, des adresses :
Une veuve à Fismes, un monsieur Dumas à Palinges et 3 Ficher (sa famille), un est boulanger à Rohan, l'autre Mathurin Ficher est caporal, un autre Joseph est à la section commis et ouvriers à Nantes.
Adresses de (mathurin) Vagueresse, Prevost, Purenne, Caudal infirmier à Brest et de Joachim et Jean Louis Offredo.
Le 3 : départ en permission. Arrive le mercredi 4 au soir à Locmine
Le dimanche 8 : il quitte Kerarno pour Locmine, Vannes, Nantes, Angers, Troyes, terminal Valmy.
Le 22 : il fait référence à un rassemblement à St Quidy (de ceux qui sont à Plumelin sûrement).
" J'ai écrit à Kerarno et St Quidy disant que j'étais bien, pas en danger, mes papiers à lettres n'étaient pas ramasses que des marmites tombèrent auprès du bois et qu'un éclat d'obus tomba dans l'arbre au-dessus de moi et atterrit à deux pas de moi, je l'ai gardé plusieurs jours "
Le 10 : à Sainte Menehould
pour prendre du vin, des sardines. "J’ai
causé à Govic de Locminé "
Le 11 : ‘’ j'ai écrit à ma belle-mère à St Quidy. ’’
Le 22 : ‘’ à 6h du matin les grandes attaques commencèrent avec les canons de tout calibre qui dura 3 jours.’’
Le 25 :
" à 6 h du matin nos troupes infanteries sortirent des tranchées et
prirent les positions boches, faisant des prisonniers, prenant des canons
mitrailleuses et matériels de guerre" (…)
(*) : Le seul GOVIC de Locminé est Pierre Marie LE GOVIC, 38
ans, soldat au 88ème régiment d’infanterie territoriale, il survivra à la guerre.
Voir sa fiche.
Le 1 et le 3 il va
ravitailler la côte 180... en revenant :
" j'étais rentrer voir une pièce de
canon de calibre 370 tirer à la côte 181, les obus pesaient 520 kilos et
avaient 1m52 de long et 1m10 de tour qu'on mettait dans le canon à l'aide d'une
grue et ensuite sur des rails jusqu'à ce qu'il entra dans le canon , on voyait
l'obus dans le trajet dans l'air , il devait tomber sur l'ennemi et faire des
trous de 10 mètres de profondeur avec une grande largeur de 4 ’’
‘’ Nous entendions
parler de morts de notre régiment, 12 ou 14 de la 8ème compagnie dont François Le Beillant et son beau-frère.
L'on disait que LE
GOUYET Mélian (*) serait
tué le 3 et François Le BEillan
le 4 ‘’.
(**)
Au total, 17 soldats du 88e RIT ont trouvé la mort, dont le commandant, à la main de Massiges entre le 4 et 5 octobre.
Le 10
‘’ On allait à Courtemont pour 4 jours de repos, je voyais mon beau-frère
et mes camarades ".
Il parle ensuite de travail de 6 jours qui alterne un jour de repos et un jour de travail à Courtimont.
" Nous étions
contents, là on voyait des camarades du 62ème (...) Simon Batiment et Gueguin
Keraro "
(*) : Mélian LE GOUYET mort pour la
France à la Main de Massiges le 3 octobre 1915. Voir
sa fiche de décès et sa
fiche matriculaire.
(**) : Jean-François Le
Beillan, né à Pluméliau
le 12.9.1879, matricule 6953, tué à l'ennemi. Voir
sa fiche.
Le 1er on lui recommande de :
" Reculer en
arrière, après la tombée de la nuit, au passage
à niveau, près de la côte 180 la route était à moitié barrée et alors il
faisait très noir. Nos canons de cet endroit tiraient continuellement et tout à
coup les boches répondirent, que 3 obus passent au-dessus de nos têtes et
éclatèrent à 30 et 40 mètres plus loin, un 4ème était court et tombe à 25 ou 30
m droit devant nous "
Le 2 novembre :
" Nous étions
divisés entre deux compagnies, dans mon équipe nous étions 71 du 88ème : (*)
Moi et Morvan de Kerguen
– Baud - Catric
Jean au Guevrel-en-Plumélian - Jean Pierre Henrio de Pen Govero-en-Guénin - Joseph Giquello
à Lizaloue en Nostang (**)- Le
Bozec à Bubry - Morifrer, Quillio,
Auric de Vannes, jardinier - Le Gleut, Coriton ‘’
(*) : Le 2 novembre 1915, il passe à la 12ème section du train
des équipages militaires et, comme il le dit, 71 hommes du 88ème régiment
d’infanterie territoriale y sont tranférés.
(**) : En 2010, un internaute a retrouvé son arrière-grand-père
Joseph GIQUELLO de Lizaloué Nostang,
comme mentionné dans le carnet de guerre de Jean OFFREDO.
Passage à Beauvais le 17 janvier.
Le 27 janvier :
" 150 autobus, disait-on,
avait d'un coup enlevé le corps colonial pour enrayer l'attaque allemande et
ils ont bien réussi le 29 à Crèvecoeur, près d'un
camp de concentration.’’
...peu de notes....puis pas de notes du tout jusqu'au 7 juin ou à 5 h du soir il part par Orléans, Montauban, Limoges, Toulouse, St Gaudens où il semble être le 8 juin.
Départ en permission le 10 juin.
Il a été affecté comme manœuvre à l'usine P. Girod Ugine, détachement de Grenoble le 11.7.1916. Libéré le 12.2 .1919.
FIN des écrits
La suite :
Le 5 mai 1929 jour d'élections à Remungol, il finit 10ème et le 19 mai 1929, il est installé au conseil municipal.
Le 5 mai 1935, Jean Mathurin se représente aux élections municipales sur la liste du maire sortant Jean Vincent Martin. La liste est républicaine d'Union Nationale.
Jean Mathurin a le plus grand nombre de voix et est réélu avec 226 voix, comme Joachim Le Quintrec. Le maire a 223 voix.
Le 19 mai 1935, il est donc à nouveau au conseil et en tant que plus âgé en assume la présidence.
Le secrétaire choisi est Ernest Laudrin, frère de mon grand-père Xavier Laudrin.
Jean Mathurin a alors donne lecture des articles 76, 77 et 80 de la loi du 5 avril 1886 et a invité le conseil à procéder au scrutin secret. Jean Vincent Martin est élu maire.
Séance du 21 décembre 1941, il faut remplacer le maire décédé. Jean Mathurin a la présidence du conseil, Joseph Onno est élu Maire. Les conseillers signent : Laudrin, Offredo, etc...
Séance du 23 octobre 1944 le secrétaire de séance est Joseph Offredo, Jean Mathurin est confirmé dans le conseil. Séance du 7 janvier 1945, Jean Mathurin a la présidence du conseil.
Je pense que ce fut son dernier mandat.
207 cafés furent servis à son enterrement, le 11 mars 1955 à 20 centimes la tasse.
Contacter le propriétaire du
carnet de jean Mathurin OFFREDO
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