Carnet de guerre du caporal-clairon Pétrus Joannès PEYROT

du 4ième régiment d’infanterie coloniale)

Orient, du 24 juillet 1917

 

Mise à jour : mars 2016

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Prélude

 

Pétrus Joannès PEYROT, boulanger de profession, s’est battu contre l’Allemagne du 4 août 1914 au 12 avril 1919. Sur le carnet qu’il a emporté pendant la guerre, il a noté sa campagne en Orient à partir du 25 juillet 1917. Il était le 15 août 1884, rue des Fonts de Treilles  à Civray

 

Le 18 juillet 1910 a lieu à Montmorillon (86) le mariage de Pétrus PEYROT et de Jeanne AUDOUCET, qui y est née le 25 octobre 1882. Le couple s’installe à Montmorillon où Pétrus travaille dans la boulangerie de Madame Gabrielle RIGAUD, rue du Four.

Pétrus est recensé pour le service militaire en 1904 et reçoit le matricule 576. Il va ensuite accomplir deux périodes d’exercice militaire dans le 3e régiment d’infanterie coloniale du 26 août au 17 septembre 1910 et du 14 avril au 30 avril 1913.

 

Mais le 4 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France.

Pétrus, comme tous les jeunes gens, rejoint son régiment et le 20 octobre 1914, le soldat de 2e classe part au front.

Le 1er octobre 1916, il passe à la 20e Cie et le 17 octobre, blessé lors de la bataille de Belloy-en-Santerre (80), par un éclat d’obus dans la région scapulaire droite, il est évacué.

Il ne retrouve son régiment que le 13 janvier 1917.

Versé dans le 8e régiment d’infanterie coloniale le 28 juin 1917, il embarque avec la 16e division d’infanterie coloniale à Toulon pour l’Orient le 25 juillet 1917.

Il part en détachement à destination du 4ième régiment d’infanterie coloniale le 7 août 1917.

Pendant la guerre, il est nommé clairon le 10 août 1917 et passe caporal-clairon le 1er septembre 1918.

Pétrus PEYROT décède le 15 décembre 1969 à l’hôpital de Mayenne (53).

Merci à Éric

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GRÈCE

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ITÉA (sur le golfe de Corinthe), port de débarquement 1er août 1917.

 

NAHOUSSA, arrivée au dépôt divisionnaire le 3 août 1917.

 

VRETTA, rejoint le 4e colonial le 10 août ; parti de Vretta le 19 mars 1918.

 

CEJELI, lieu de repos.

 

SLEVIKA, point de ravitaillement par le tortillard.

 

BANIKA,

JOKARI, 1 jour de repos.

 

SAKULEVO, hôpitaux et ambulances.

 

KARATZALAR,

HUDOVO, bloqué par les neiges 2 jours.

 

VERRIA (Véroia), séjour de repos du 2 avril au 2 juin 1918.

 

SALONIQUE (Thessalonique), nous y restons 10 jours.

 

HORTAKOYE, stage d’instruction du bataillon ; de là, nous revenons à Salonique pour embarquer à destination de BOHEMICA, 1 jour de repos.

 

L’ARBRE NOIR, lieu de ravitaillement de la division.

 

KUPIA, petit village complètement détruit par les marmites ; arrivé le 8, 2 jours de repos ; nous avons été marmités en règle. Monté en ligne au SKRA DI LEGEN, nous y sommes restés jusqu’au 16 août.

De là, nous repartons à pied comme de bien entendu, car avec ces montagnes les moyens de locomotion sont inconnus.

 

Direction LUCADI, réparation des routes par les compagnies de repos.

 

KASTELJONG, pour arriver à ce pays, il y a une descente abrupte de 10 kilomètres.

 

KARADOLOVO, 1 jour de repos ; les officiers vont reconnaître les positions que nous devons occuper.

 

STERNITCHEVO, relève des troupes serbes, bon accueil de ces derniers.

SERBIE

GOLO-BOLO, positions que nous occupons pendant 13 jours ; de là, nous repartons en passant par SEVERIANI pour aller prendre nos positions d’attaques.

 

SKELA, 3 jours de repos pour préparatifs.

 

HOSKO, triste journée ; à midi, déclenchement de l’attaque, nous tombons sur une forte résistance, impossible d’avancer.

Le soir à 18 heures, un ordre arrive de changer de positions ; nous montons remplacer les Grecs à la position de la 3e.

 

SBURSKA, nuit très calme, cela nous parait louche ; l’ordre arrive de renvoyer des patrouilles visiter les tranchées bulgares ; ces dernières rentrent vers 21 heures le 17 annonçant la fuite des Bulgares, qui sont contournés par l’armée serbe.

À minuit, grand branle-bas, commencement de notre avance.

 

LE PRESLAP (Preslap), positions de soutien bulgares, quelques rafales de mitrailleuses et un petit marmitage de quelques minutes, puis plus rien ; Les Bulgares continuent leur retraite.

 

DOURMITZA, petite résistance de cette position, vives rafales de mitrailleuses à 11 heures, nous prenons la position sans perte. Les Bulgares se sauvent comme des chiens.

 

21 septembre, journée marquée par l’attaque de la cote 2058 ; l’ordre d’attaque est pour 6 heures, les premières vagues sortent, composées de la 5e et 7e Cie, impossible d’avancer.

Les unités sont prises sous un feu intense de mitrailleuses. Les hommes se replient sous les ordres de leurs chefs.

En portant un ordre à la 6e Cie, j’ai un homme de la liaison blessé au pied gauche, un nommé MICHAUD, qui est du canton de Mauprévoir (Vienne).

Enfin, à 10h50, l’ordre arrive du colonel RONDET d’attaquer coûte que coûte, car paraît-il que les Bulgares continuent leur retraite ; le capitaine MAÏNETTIE commandant le bataillon, donne ses ordres aux agents de liaison de porter l’ordre au lieutenant BOUVIER, un brave de la 5e Cie, à 11h30.

Nous attendons avec impatience et non sans des battements de cœur de penser aux copains qui vont se faire tuer sous la mitraille ; à 11h30, les premières vagues sortent tout d’un coup.

Je vois un groupe de poilus gravissant les rochers où se tiennent les nids de mitrailleuses. Un coup de « en avant » et la cote est prise d’assaut.

La 5e Cie s’empare de 3 mitrailleuses, la 7e de 2 ; il y a très peu de pertes. (L’opération nous coûtait 7 tués et 39 blessés seulement, source : historique du régiment.)

Je puis signaler la mort d’un de mes camarades dénommé LAGRAVE (Lucien), une balle en pleine bouche, tué net.

De là, les Grecs nous passent devant et continuent leur poursuite, nous passons la nuit dans des abris bulgares. Les Grecs nous crient à Sofia – Zig-zig – Sofia-Sofia.

Exclamations de rires.

 

BARATKLI, Notre avance continue mais le ravitaillement commence à ne pas venir. Nous restons 3 jours à manger que du mouton cuit à la broche, ni pain, ni vin, ni café, enfin rien du tout et la fatigue commençait à se faire sentir.

 

DEMIR-KAPOU (Demir-Kapiya sur le Vardar, actuellement en Macédoine) Là nous trouvons des tomates que nous mangeons toutes crues, 4 jours de repos, enfin, un ravitaillement qui s’était perdu dans la montagne nous retrouve au bout de 6 jours de marche. Tous ces jours sans manger, et beaucoup meurent en route ou sont trouvés morts de fatigue et de privation.

Pour moi, j’en ai assez. Si je suis ici, ce n’est pas pour faire comme eux, car c’est la haute montagne, et pas pratiquée.

 

Enfin nous retournons sur nos pas, nous revenons à DAVIDOVO passer 9 jours de repos.

Nous repartons pour occuper la Bulgarie conquise.

BULGARIE

Station YENIKE, réquisition amusante des buffles.

 

SIHILTI, source d’eau chaude, logement dans une ancienne ambulance bulgare.

 

RADIBIDI, Là, nous avons bu un bon coup.

 

RADOMIR, repos 3 jours pour permettre de préparer les trains pour l’embarquement.

Départ de Radomir le 13 novembre par chemin de fer, passé à SOFIA capitale bulgare à 15 heures. Quelques heures d’arrêt.

 

PLEVADA (Pleven), ville très importante.

 

SISTOV (Svištov): grand repos.

Ville située sur le bord du Danube rive droite, 12 000 habitants, très peu amusante, la vie très chère et l’on ne trouve pas ce que l’on veut comme marchandises, souliers 250 à 300 frs la paire, café 150 frs le kilo, ? 50 et 60 frs le kilo, vin le litre 8 frs, chaussettes 30 frs la paire.

La misère règne, la plus complète, nous mangeons du pain noir, car les chiens en mangeaient du meilleur en temps de paix ; comme logement assez bien dans une école bulgare et chauffé. L’autre côté du Danube, nous voyons les villes roumaines. À l’endroit où nous sommes, le Danube a une largeur de plus de 1 500 mètres.

Tous les jours, je vais avec mes clairons à l’école quand nous repartons de Sistov.

Parti de Sistov le 21 à 9 heures du matin.

Traversée du Danube à 11 heures.

ROUMANIE

Arrivée à ZIMNECEA (Zimnicea) à 2h½.

La ville n’est pas belle, mais c’est la débauche complète, les parents font faire la vie par leur propre fille pendant que le père joue un instrument quelconque.

La vie est très chère et les gens sont bien dans la misère, les Boches et les Bulgares ont tout dévasté jusqu’aux fenêtres et portes et vitrages, le pays est très malheureux, la graine boche ne manque pas, souvenirs comme partout dans toutes les puissances.

 

Aujourd’hui 24 décembre, j’ai acheté deux poulets pour faire réveillon. Les copains paient le pinard.

Le 1er de l’an, triste journée, l’ordinaire n’est pas fameux. Menu : soupe sans sel, riz au gras, et moutons désossés, café. Soir : pommes de terre, purée à l’eau, rôti petite ration. 2 quarts pinard, 1 bouteille vin fin à 4, café et une niaule. Journée très longue.

 

Parti de ZEMNECICA le 16 janvier pour la permission à 13h pour Bucarest.

 

Passé à ALEXANDRIA puis BUCAREST, arrêté à BUCAREST le 18, arrêté et promené dans la ville. Comme … journée très longue, reparti à 11 heures.

 

Rendu à CONSTANTZA (Constanţa), port roumain, jolie petite ville, passé de jolis ponts en cours de route, pont suspendu en fer d’une très belle longueur, cantonné dans une caserne sur le bitume et au frais. Ici la vie est très chère, le vin à 10 et 12 frs le litre, l’argent français vaut 9,50 le billet de 5 frs, la ville est pauvre et surtout débauchée.

Aujourd’hui le 20 janvier toujours à CONSTANTZA, en attendant la traversée.

 

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Port d’embarquement CONSTANTZA (Roumanie) 27 janvier 1919

Italie, Grèce, Serbie, Bulgarie, Roumanie, Transylvanie, Albanie, Turquie (Constantinople), Sardaigne (Glievgarie, Cagliari)

Pour ravitaillement 1 jour d’arrêt

MARSEILLE port de débarquement 11 février 1919.

 

 

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Série de noms inscrits sur le carnet

 

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Je désire contacter le propriétaire du carnet de Pétrus Joannès PEYROT

 

Voir des photos sur mon site de groupe de soldats du 3e RIC

 

Vers d’autres témoignages de guerre 14/18

 

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