visites depuis le 26/11/2018 Carnet de René PIERROT, du 171e régiment d'infanterie - 1914 1918

Carnet de guerre de René PIERROT

Médecin-auxiliaire au 3e bataillon du 171e régiment d’infanterie

 

Mise à jour : novembre 2018

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   Sylvaine nous dit en novembre 2018 :

« J’ai découvert les notes de guerre de mon grand-père maternel après le décès de ma maman en 2011. Le petit carnet noir était rangé dans une grande enveloppe avec ses papiers militaires. Il y en avait deux mais nous n'avons que le dernier qui commence en 17.»

 

Mon grand-père, René PIERROT, étudiant en médecine, est né le 31 juillet 1894 au fort de Belrupt, dans la Meuse, un des forts autour de Verdun où son père, militaire, était basé. Il a passé le bac très jeune et rêvait de faire Saint-Cyr et de poursuivre une carrière militaire comme son père mais, très myope, il a été refusé. Il s’est donc tourné vers la médecine avec l’idée d’être médecin militaire.

Il a été mobilisé le 1er septembre 14 comme infirmier, puis il sera nommé médecin-auxiliaire le 3 juin 1915, médecin sous-aide-major le 18 août 1917 et enfin médecin aide-major le 10 novembre 1918.

 

Trois citations, le 23 mars 1917, le 7 juin 1918 et le 23 septembre 1918. Décoré de la Croix de guerre 14/18 et de la Légion d’Honneur.

Après quatre années de guerre, il renonce à être médecin militaire mais reste officier d’active. Il sera nommé médecin-lieutenant en 1927, médecin-capitaine en 1936 et sera de nouveau mobilisé en 1939.

En 1927, il épousa ma grand-mère et reprit la clientèle de son beau-père à Sèvres (92). Il y a exercé la médecine jusqu’à 75 ans, de 1927 à 1970. Il est décédé en 1978.

 

Le petit carnet renferme ses souvenirs de la bataille du Chemin des Dames et de la seconde bataille de la Somme et en ce centenaire de la grande guerre, je suis heureuse de partager ces écrits. Sa fiche matriculaire n’a pas été retrouvée, si un internaute la retrouve, merci de nous donner le lien. (Voilà ici son livret militaire)

 

 

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Chemin des Dames

Samedi 24 février 1917 – Lehan (Aisne)

Hier soir, circulaire sur le G.O.G.P dont on parle depuis un mois.

Allégement des voitures. Arrivée des J.C aux jours J4 d’où obligation d’emporter 4 jours de vivres.

Avec notre D.I et 6ème C.A, on aura sur l’Aisne le 20ème C.A et le 2ème C.A.C. Le général MANGIN commande l’attaque. On aura les Sénégalais le 15 mais seulement, dit-on.

Les boches s’y attendent, parait-il.

On parle d’une pancarte dressée par eux devant Craonne « Pour quand votre attaque, le 15 ou le 20 ? »

Un officier d’état-major disait avoir, dans un salon à Paris, entendu des tuyaux précis qu’il avait répété à son général qui lui aurait dit :

« Ce sont des tuyaux archi-confidentiels que l’on a murmuré dans le creux de l’oreille »

 

Avec ce secret sur nos opérations, nous irons loin…

 

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23 mars

Nous sommes ici depuis le 16.

Longue relève, égarés un moment le long du canal pour arriver tard à Saint Mard.

 

Le 18, on annonce au 2ème bataillon le départ des Boches qui avaient commencé à reculer dans la Somme et vers Roye.

Trois artilleurs blessés à la ferme de la montagne, je vais les panser.

Le 19, incendies vers Charonne, lignes de feu semblant jalonner des tranchées et plus gros foyers d’incendies. Les Boches partent-ils ? Des patrouilles envoyées disent que non.

 

Le 20, retour à Soupir avec MERLE. On longe le canal, la traverse, puis l’Aisne. Traversée rapide de la plaine, toute en vue jusqu’à la grille puis au château.

Torpilles et mines abondantes.

8 avril à Augy (Aisne)

L’offensive est proche.

Nous serions à J-3, J-4. Les 1er et 3ème bâtiments seraient réserve d’armée.

Le second, avec 2 bataillons de Sénégalais forment le détachement MÉCHET qui irait en seconde vague. L’artillerie lourde tire depuis deux jours mais pas très activement.

Il est question de me mettre au 2ème bâtiment qui sera isolé car DUNAC est en permission. On ne sait pas quand le marmitage d’attaque commencera. Il y a, vu d’ici, 15 saucisses en l’air.

On parle d’une attaque d’ici à Reims et en même temps à notre gauche vers Laffaux, Margival ; nous aurions 100 divisions d’attaque alors que les Boches n’ont que 130 sur notre front. Le médecin-chef dit que l’on aura déjà prévu l’installation d’ambulances à Ostel. Le jour J, il y aura un groupe de 70 à la grille de Soupir et un au village nègre.

A quand les prochaines notes de guerre ?

 

L’attaque générale du Chemin des Dames se déclenche le 16 avril. Le régiment est prévu pour l’offensive en profondeur vers Saint Quentin qu’il devra atteindre 5 heures après le début de l’offensive (JMO)…Mais l’attaque générale échoue (300.000 tués et blessés français et allemands), le régiment reste en seconde ligne et Saint Quentin ne sera libéré qu’en octobre 1918…

Samedi 21 à 16h30

Les Boches à droite de Soupir, sur le 19 B.C.P et à gauche sur le 1er bâtiment, commencent un tir très violent : torpilles et obus. A la nuit tombante, fusées rouges et quelques vertes (fusées boches de signal, prises par nous pour une alerte aux gaz).

Tirs de mitrailleuses. Notre artillerie fait un maigre barrage. 2 tués et 3 blessés dont un grave.

Pas tirs sur le 3ème bâtiment qui n’a pas de blessés.

On apprend que les boches font un coup de main sur le 1er bâtiment et ont occupé un moment la première ligne pour l’évacuer ensuite. Notre contre-attaque l’a trouvée vide. 35 pertes dont 15 à peu près de prisonniers. Le lieutenant JACQUES (*) et le sous–lieutenant CRÉTIN (**) tués dans leurs abris.

On rapporte un flammenverfer et des pétards boches. Sur un masque abandonné, on trouve avec le nom du propriétaire : 18G RI.

 

(*) : JACQUES Marie Louis Hubert, tué le 24 mars 1917. Voir sa fiche.

(**) : CRÉTIN MAITENAZ Pierre Paul Joseph, tué le 24 mars 1917. Voir sa fiche.

Lundi 23 avril 1917

C’est devant Ostel du nord, et à l’ouest dans le ravin de la ferme Gerleaux que je continue les notes de guerre.

Nous sommes installés dans une cagna d’officiers artilleurs boches. Il y a lits, poêle, chaises et table, assiettes, flûtes et coupes et l’électricité. J’ai remplacé par un accu boche la dynamo en panne avec ma lampe de poche pour l’ampoule.

L’abri du PS est aussi très bien installé. La ligne (trous de tirailleurs) est 300 m seulement devant nous. L’ennemi est à 400 m au Chemin des Dames, tranchées d’Apaha, du Tokker, de la Gargousse.

 

Donc le dimanche 15 avril à 19 h, départ avec le 2ème bataillon.

Relève éreintante par la piste B, Saint Mard, le Rhu, la scierie. Nous nous égarons là. Je retrouve la passerelle 30 déjà employée et piquant à travers la plaine, je rejoins le boyau de la grille. Le commandant n’est pas encore là, on le cherche chez le lieutenant-colonel MÉCHET ! Nous nous installons à 4 h du matin, éreintés et trempés car la pluie n’a pas cessé jusqu’à 6 h.

 

C’est l’heure H ! À 4 h, l’artillerie tape très fort, à 6 h nous sortons.

Les mitrailleuses boches tapent dur, peu de canons, quelques 105 sur nos lignes et dans le parc. Rien sur la route où il y a foule. On voit nos tirailleurs grimper le mont Sapin. 3 ou 4 Boches prisonniers passent dans le boyau.

 

A 7 h 30, par le boyau longeant la route de Chavonne, nous partons. On croise du génie qui refait la route et des pistes de fascines. Des tirailleurs sénégalais plein le boyau. Les prisonniers passent, 50 à 60 en tout, les mitrailleuses tapent, pas de canon. Nous arrivons à l’ancien PS du 1er bâtiment occupé par le 355.

Il y passe pas mal de blessés. On y panse des Boches blessés. Tout le monde est là, en plein air, comme à un champ de foire. On apprend que 2 compagnies du 355, après avoir dépassé Chavonne de 500 m, ont dû se replier. Nous ne tenons que les lisières sud et est.

 

Vers 11 h, quelques 105 rappliquent et nous signalent des blessés près de la ferme Mont sapin. Nous partons les chercher, nous avançons contre le mur de la ferme là où l’Aisne rejoint la route. On trouve un gourbi comme PS. Les Boches font quelques contre-attaques partielles, la 5 et la 6 sont en soutien.

 

Vers 13 h, les Boches font barrage vers la route de Chavonne, avec des 210 (il y en a 2 ou 3 pièces) et à peu près le double de 105. Ils tirent à la mitrailleuse et descendent des réserves qui arrivent en colonne par 1. Ils marmitent le flanc du coteau où nous sommes en 106. Les blessés, très nombreux affluent.

Nous avons dans la soirée et la nuit 25 pertes. Les tirailleurs restent dans le boyau tout ce temps et écopent aussi.

 

A 1 h le 17, on annonce la relève.

Je ne peux partir qu’à 4 h quand il commence à faire clair. Je perds le commandant et le Dr V, filés en avant. Avec le caporal infirmier et deux musiciens, je galope le long de la route de C à découvert puis dans la plaine par la passerelle 30.

A ce moment, une attaque se déclenche et nous courrons à la passerelle. Une partie du tablier est dans l’eau sur l’Aisne, j’y passe accroché au fil du téléphone et par le chemin de la montagne, nous gagnons Brenelle à 11 h.

Je m’y repose bien, DUMAC rentre et je regagne le lendemain le 3ème bâtiment où il bivouaque.

 

A 11 h, départ dans une heure pour l’arrière. Tout le monde se demande où nous allons.

Par Braisnes et Serches, nous arrivons à Dhuizy vers 5 h du soir. Je suis logé au château qui avec une ferme forme tout le pays.

La 11 et la 12 (11e et 12e compagnies) sont à la ferme du Mont de Soissons. J’y vais passer la visite le 19 au matin et le 20, y étant à 9 h 30, j’apprends le départ pour 11 h.

J’y retourne à 10 h pour un accident de grenade et part seul avec le bataillon, le Dr H (Hassenforder) reste pour enterrer les morts de l’accident. Nous partons à midi par Braisne, Cys-la-Commune.

 

Le 19, nous avons appris la prise de Chavonne par le journal et après la halte repas à 19 h, nous traversons ledit village complètement détruit. Pas un obus de toute la relève, pas de bonnes routes, sans un boyau.

A 22 h, nous gagnons notre poste, à Rochefort.

 

Le lendemain, les Boches font un tir de barrage avec 77 et 105 à la nuit tombante et au lever du jour.

Hier soir, ils ont tué 2 hommes et en ont blessé 20 environ. Le chef de musique est tué, le lieutenant N. blessé. Leurs tirs, cette nuit, était plus violents et prolongés que les jours précédents.

La journée est calme, il y a deux pièces de 105 dans le ravin avec quantité d’obus et des quantités de munitions dans les abris de 77, près de nous.

2 mai 17

On apprend hier soir dans la creute de la ferme de Rochefort que pour le 4, après décalage d’un jour, il y aura attaque. Probablement les 1er et 2ème bataillons, le 3ème serait en réserve dans le ravin. Nous resterons ici ou irons dans le PC du colonel qui lui se transportera dans le ravin.

Hier, on a bombardé dur les positions opposées à nous. Aujourd’hui, c’est plus calme.

Le 2ème CAC à notre droite et le 1er CAC à notre gauche attaqueraient aussi. Un bulletin de renseignements dit que les Boches avaient 150 batteries au début, sur le front de l’armée le 16 avril. 89 seulement sont tirées à l’attaque.

Maintenant, il y aura 210 batteries sur le même front. Leur densité en face de nous serait de 6 batteries au km. Il y aurait seulement trois ou quatre batteries de 210 dans tout cela.

5 mai 17 à 8 h

Dans une heure, l’attaque se déclenchera. Je suis installé aux anciens abris de 77, au tournant du ravin depuis hier soir. C’est le PS du 3ème bataillon. Dr H reste au poste central à la creute de Rochefort.

L’artillerie tire violemment. Hier soir, les Boches ont fait sauter partiellement le dépôt d’obus de 105 en face de nous. Sur des bulletins de renseignements lus hier, on lisait que, de trois divisions et demie en face de notre armée le 16 mars, il y en aurait maintenant six, dont trois de garde.

Une 7ème arriverait sur le front.

MANGIN et MAZEL sont limogés. (*)

 

(*) : Les généraux MANGIN et MAZEL sont limogés par NIVELLE.

 

5 mai à 9 h

A 9 h, l’attaque se déclenche, derrière un barrage protecteur de 75. Pas de tir boche, canon ou mitrailleuse. A 9 h 25, début du barrage dans le ravin. Le colonel passe devant le poste en allant à la tête du ravin de la Source. Des blessés arrivent, annonçant assez vaguement le Chemin des Dames dépassé :

« On est aux lisières de Filain, près du réservoir etc. … »

 

On apprend vers midi que le 2ème bataillon à droite et le 1er à gauche, avec le 3ème en arrière, ont bien dépassé le Chemin des Dames mais la ferme de la Royère tient toujours alors que les deux ailes avaient descendues les pentes boisées vers Filain, mais avaient dues rétrograder, surtout le 2ème bataillon.

Une patrouille serait allée à Filain.

La Royère est un nid de mitrailleuses. On laisse sur les pentes nord pas mal de blessés dans le repli, le soir. La 1ère ligne est en avant du Chemin des Dames, à 50 m de la Royère qui est débordée. La tranchée de la Gargousse où est le commandant, est la tranchée de soutien.

Les Boches dès le début contre-attaquent. La vue admirable sur Chevrigny-Monampteuil permet de voir leur rassemblement. Mais plus d’artillerie de notre côté, elle a aidé admirablement l’attaque le matin et fait trois bonds de 100 m non prévus.

Mais plus de contre-batterie (faute de munitions, a-t-on dit ?) et l’artillerie boche tape dur.

 

 

6 mai

Le 6 à 4 h, le 3ème bataillon envoie quelques sections sur la Royère, sans aucun résultat.

L’échec de la Royère semble due à la blessure d’un officier et surtout, au manque de réserve. En effet, tout est désert dans le ravin après le départ de l’attaque.

 

A 20 h, deux compagnies de chasseurs viennent occuper la position de départ et de l’avis de tous, en poussant, on pouvait aller très loin. De nombreux blessés passent, 85 jusqu’au lendemain 8 h dont environ 30 boches. Nombreux prisonniers, 500 pour le régiment.

Ils évacuent les blessés du PS (*), nous les gardons jusqu’au surlendemain matin. Caporal-brancardiers et trois infirmiers boches nous aident.

Le moral des prisonniers est bas. Beaucoup d’employés de poste, gare, récupérés depuis peu. Ils ne croient pas à leur victoire et sont obséquieux et plats. Tous du 205 et 208. Troupes jeunes en général, 18/25 ans. Ils étaient en ligne et exténués.

D’autres attrapent des sous-officiers par surprise ! Ils attendaient l’attaque au petit jour et ne voyant rien venir, sont rentrés dans leurs abris pour dormir, où on les a cueillis !

3 brancardiers tués et 5 blessés pour le bataillon.

 

(*) : Poste de secours

 

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Les Vosges

Le soir du 13 juillet, nous montons en ligne. Vosges : cerises et sapins et côtes à grimper.

Le PS est à la ferme Toussaint.

 

 

31 octobre

Coup de main sur Herbaupaire par les chasseurs. Un officier, six hommes tués, six disparus, sans résultats. Il y a eu deux alertes aux gaz aujourd’hui.

Il part des renforts en Italie, 4 corps dont le 37ème C.A et deux corps anglais.

Les Boches, à la ferme de la Gravelle devant Wisembach ont mis une affiche :

« 180.000 italiens, 1500 canons pris. Les Allemands en marche sur Venice. Français, pourquoi continuer la guerre pour les intérêts des Anglais ? »

 

Une circulaire du service de santé dit que des permissionnaires se mutilent avec des injections de liquide inconnu produisant abcès, sphacèle etc.

 

 

 

Seconde bataille de la Somme

Arrivée à la gare d’Ailly-sur-Noye.

On croise des colonnes anglaises en retraite – et caissons dont les pièces viennent d’être prises – On apprend par les cheminots puis le journal que Montdidier vient d’être pris et que nous tenons tout autour : nord-ouest au sud-est à 3 km.

Nombreux réfugiés à la gare et sur les routes. Marche vers Thory, fusants à l’horizon, on n’entend presque pas le canon. Vivres abandonnés par les Anglais à Louvrechy.

Les habitants de Thory où l’on arrive vers 14 h se sauvent et on trouve les maisons vides et intactes. On apprend que des cavaliers boches en patrouille ont été signalés à Breteuil et Maignelay. Une batterie de 155 tire quelques coups près du village. Les Anglais ont très mal tenu devant l’attaque boche qui progresse à la mitrailleuse, grenades et bombardements d’avion.

Le trou formé vers Montdidier a été bouché par la 6ème C.A. Le 294ème est en ligne depuis hier mais la 56ème et 12ème D.I depuis trois jours déjà.

Pâques 1918

Samedi, attaque sur Sauvillers, tenu par le 1er bataillon. Deux attaques le matin, deux le soir. La 6ème, débordant à droite le village, l’emporte.

A 4 h, départ pour une lisière de bois à droite de Thory - quelques blessés que nous soignons et pansons – On apprend à 7 h que le village de Sauvillers est pris ainsi que Aubvillers.

Des hommes du 1er bataillon reculent vers nous. Des isolés, égarés et fuyards un peu partout. Une batterie de 75, derrière nous, détale. On aperçoit les fusées boches vers 1500 à 1800 mètres. Nous reculons, en emmenant les blessés à travers champs, en arrière de Thory où nous rentrons. Village crapouilloté.

Le sous-lieutenant et le commandant du 1er bataillon ont pu filer. Il reste 140 à 160 hommes et 4 officiers que l’on vient de réfréner pour remonter en ligne. Le 29 B.C.P tient aux abords de Sauvillers et le 3ème bataillon est en soutien. Les boches attaquent encore à droite.

15 juin

PS des Arrieux, forêt de Parray.

 

Je précise quelques souvenirs sur les journées de la Somme.

Quand par 4, nous sortions d’Ailly-sur-Noye, les deux Spahis faisant la pose près d’une meule, étaient en patrouille.

Le vendredi 29, au diner, le colonel vient appeler le commandant BLAVIER dans la cuisine. Celui-ci rentre et nous dit :

« Vous savez, les Boches sont à 1500 à 1800 m d’ici. Ils occupent Mailly et je ne sais pas s’il y a quelqu’un devant nous »

 

Aussitôt, les compagnies partent, en grand-garde et au retour, champagne, banyuls, vins variés et cigares donnés aux infirmiers par le bistro du pays.

Le lendemain, je fais avec le caporal B. le tour de la ligne installée à 860 m devant Thory et on apprend la mort de SOUFFRICE. Le capitaine SAUVIGNÉ passe, blessé.

 

Le soir, affaire du bois de Mongival :

On voit passer des isolés fuyards du 1er bataillon. La 6ème Cie rentre dans le bois. Les 75 attèlent et filent. Nous restons seuls à la corne du bois, pansant quelques blessés graves.

Un sergent du 1er bataillon nous demande une carte pour savoir où fuir. Nous ne reculons qu’après que Montant, envoyé en liaison du Commandant B, nous dit de rentrer à Thory. Près de nous, quelques hommes du 274 se mettent en tirailleurs au bord du bois pour nous permettre de ramener les blessés en sécurité.

Retour au PS en arrière de Thory qui est bombardé quand nous y rentrons. Nous trouvons notre PS pillé et nous nous installons dans une cave. Comme nous rentrions, le capitaine B. partait vers la ligne et nous avons appris que le commandant BLAVIER était blessé. J’accompagne les brancardiers pour vainement recherché un blessé signalé par chasseur blessé et pansé par nous.

 La 6ème Cie rentre au village.

D’après renseignements, la ligne est rétablie à la tombée de la nuit par les 2ème et 3ème bataillons, quelques débris du 1er et du 29 B.C.P.et du 294 R.I, à 300/400 m derrière le bois et à 800 m devant Thory.

 

Les jours suivants, Thory est bombardé sérieusement. Pillages des maisons, du château et du percepteur.

Un aviateur anglais tombe devant nos lignes. On le panse au rez-de-chaussée et toutes les vitres tombent à ce moment, son passager est tué.

Le 2, sans doute, nous allons en ligne pour récupérer les blessés. Fusées de barrage à notre approche, bombardement à gauche, des incendies de tout côté à l’horizon. Vu pour la dernière fois TARTERET.

Le 3 au soir

On fait 3 prisonniers qui annoncent une attaque pour le lendemain.

 

Le 4 au matin, bombardement des lignes et de Thory très violents. Attaque dès 8 h du matin avec très gros effectifs. La ligne tient à droite de la route Thory-Sauvillers. 4 attaques se brisent ainsi.

Mais à gauche de la route, les chasseurs du 29 reculent jusqu’au bois rectangulaire et ravin devant le cimetière de Thory.

 

Le soir, vers ce point, les Boches ne sont qu’à 400 m de Thory. La droite de la route, tenue par le 3ème bataillon n’a pas bougé malgré des pertes sérieuses. Les Boches restent près de nos lignes. Ils ont subi des pertes très sérieuses par nos mitrailleuses et notre barrage de 75 très nourri.

Caporal B. blessé ce matin à 8 h ; TARTERET tué. (*)

 

(*) : Sous-lieutenant TARTERET Camille Léonce. Voir sa fiche.

Le 5

Attaque par nous et par des éléments du 9 C.A.

Trois tanks boches dépassent notre ligne que la vague d’assaut ne peut atteindre. Un tank reste vers Sauvillers, les deux autres reculent.

Le général MANGIN est venu le matin à Thory.

Le 6 au soir, barrage intense. DUNAC (*) est tué au chemin creux vers Mongival.

 

(*) : Médecin-sous-Aide-Major DUNAC Raymond François. Voir sa fiche.

Relève le 7 à 2 h pour Sourdon.

Installation au carrefour des deux routes. Bombardement de Sourdon. Enterrement de DUNAC.

 

Le 10 à 3 h, départ pour Esquennoy. Obus au bord de la route.

 

 

 

Le carnet s’arrête à cette date

 

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