Mise
à jour : octobre 2015
Selon sa fiche matriculaire, Augustin ROBIQUET, né le 15 Mars 1894 à
La Cauchie (Pas de Calais), couvreur de profession, a
été incorporé au 9e régiment de Cuirassiers le 10 septembre 1914
Passé au 101e RI le 7 octobre, puis finalement au
150e RI le 10 février 1915.
Nommé caporal le 2 octobre 1915, il sera tué, à 21 ans, le 6 octobre à St Hilaire-le-Grand (Marne).
Le même jour de la mort d'Augustin, son frère Jean a été
blessé sur le front. Sur 4 frères 3 étaient sur le front seul mon grand-père
était trop jeune pour être mobilisé : 14 ans en 1914.
Les deux autres ont été blessés mais sont revenus
vivants :
à Jean ROBIQUET, né le 8 décembre 1895, maçon-couvreur de
métier chez PATTE Alfred à Pas-en-Artois, est né le 8 décembre 1895, lui aussi
à La Cauchie. Il a été mobilisé le 15 décembre 1914
au 50e RI. Blessé 2 fois.
àJules ROBIQUET, né le 9 octobre 1884, maçon, est rappelé au
33e RI, puis passe au 96e RI en mars 1915. Blessé en
avril 1915 à Beauséjour (Marne). Retour dans son régiment en nov. 1915, passe à
la 2e compagnie de mitrailleuse en juin 1917.
Passé au 81e RI en août 1918, puis au 107e
RI. Une citation.
Il a été cité à l’ordre du régiment.
Sa fiche matriculaire
>> ici <<<
et >> ici <<
Merci à Jean-Marie, son petit-neveu.
Information
Nous avons volontairement corrigé ses fautes d’orthographes pour une meilleure compréhension du texte. Il écrivait phonétiquement ce qui rend la transcription difficile, voir impossible dans certain cas.
Un ( ?) rappellera une incompréhension.
Calvados nous voilà partis pour Tours, nous avons passé St Pierre-sur-Dives-Livarot-Lisieux-Pont l’évêque-Caen-Bayeux-Coulibeuf-Pontigny.
Victime de son imprudence Arthur DENIS, en voulant monter dans le train en marche a eu le pied écrasé.
Lemons : 12 heures du soir
Etape Abbeville- Tréport-Dieppe-Rouen-Lisieux-Méridon-Colibeuf.
ROBIQUET Augustin à Tours le 15 septembre, Dimanche
Apparemment Augustin entre à l’école de cavalerie de Tours pour
y devenir Dragon. Tours est en 1914, le cantonnement de la 2e division de
cavalerie.
La suite du carnet est constituée de notes concernant sa formation :
les différents grades, l’étude des chevaux et des armes.
Le 7 octobre, il est affecté au 101e RI, régiment de Dreux
Partis de Tours le mercredi 7 octobre.
Passés la nuit dans le train et arrivé à Dreux le 8 octobre, le jeudi à 8 h ½ du matin. Nous avons eu la soupe à 11 heures du matin. Nous n’avions pas encore mangé depuis le mercredi.
Nous avons touché nos fusils 2 jours après est nos habits tous de suite.
Le général a venu nous voir jeudi le 20 octobre 1914.
Nous avons été tirés hier. J’ai eu très bien.
Maintenant, il y en a quelques uns qu’ils sont malades.
La caserne nous n’avons plus le droit de sortir de notre chambre. Moi et MAREL (*), on est toujours en bonne santé, plus amoureux que malade.
(*) : MAREL Ulysse François Augustin, né le
3 mai 1894 à Bailleulmont
(62), cultivateur, devient un bon camarade d’Augustin. Il intègre l’école de
cavalerie, mais lui pour intégrer le 9e Dragons. Mais il passera, comme Augustin
au 101e puis 150e RI. Il combattra à ses côté en Argonne.
Le 25 avril 1915, MAREL Ulysse, est tué.
Voir ici la fiche
matriculaire
de MAREL Ulysse
Nous avons fait tiré notre portrait moi et MAREL. (*)
(*) : Est-ce le soldat sur la photo ?
C’est en tout cas, bien fort possible…
3 francs la 12 ( ?)
Je suis toujours impatient de vos nouvelles. Pas encore reçu une seule lettre depuis que je suis parti de La Cauchie le 31 août 1914.
Par un jeudi à midi j’ai passé à Mondincourt (*) à 2 heures après-midi.
Jules m’a dit qu’il ne partirai pas avant le 15 septembre. Pas de nouvelles encore de lui. Vivement la paix.
Toujours le AR ( ?), même bête.
(*) : Mondincourt, village où habite son frère Jules
Nous avons été vaccinés à l’omoplate.
Nous souffrons tous. 2 jours de repos.
Nous avons été vaccinés encore une fois à l’épaule. 2 jours de repos.
Nous avons quitté le château pour venir à l’église au milieu de Dreux
Je viens de recevoir une lettre de Marcel avec 10 francs.
Nous allons au tir à 6h1/2.
Reçu une lettre de Jean (*), le 23 décembre à Dreux.
(*) : Jean ROBIQUET, son frère, plus jeune, soldat au 50e RI.
Je viens de faire une lettre à Louis CARON, une à Marcelle MOULLÉ (*), une à Pas et une à La Cauchie (**) et une à Léon, une à Pas. (***)
(*)
: Marcelle Moullé est une enfant des « hospices de
Paris » qui a été accueillie par les parents d’Augustin alors qu’elle était
bébé, elle avait le même âge qu’Augustin.
(**)
: Son village natal : La Cauchie (62).
(***) : Pas : Pas-en-Artois. Il l’écriera en entier
plus loin sur son carnet.
Envoyé une carte à Gaston PATTE et une à François Jules.
Nous allons faire du service en compagnie cet après-midi avec des …
Envoie une lettre à Berthe PÉCHON et une à Marcel VASSEUR et une à Madelon BONDELU.
Fait du service en campagne.
Samedi 2 janvier (la date est répétée)
Reçu une lettre de Marcel MOULLÉ et un mandat de Julienne.
Fait une lettre le soir à Marcelle et une à Julienne. (*)
(*) : Julienne est sa sœur plus âgée, c’est le deuxième enfant
d’une fratrie de 5 enfants plus Marcelle Moullé.
Nous avons touchés une paillasse, un drap, une couverture et un polochon, une paire de galoche et des chaussettes, un cuire.
Dimanche 3, je viens de faire une lettre à La Cauchie, une à Yvonne, une à Marcelle et une à BOUBET.
Matin, nous avons été au tir.
Après-midi, nous avons fait du service de place et marche sous bois.
J’ai envoyé une lettre à Jean et une à Dalila.
Dreux, 7 heures du soir.
J’ai pris la garde ce matin pour la première fois, 10 heures à 12 heures et de 6 heures à 8 heures et de 2 heures à 4 heures du matin.
Ça été très bien pour la première fois.
Mercredi 6 janvier 15, envoyé une lettre à Marcelle et une à ROBIQUET Jules. (*)
(*) : Son frère
Envoie une lettre à Gaston PATTE, une à Émile et une à Marcel VASSEUR.
Envoie une lettre à Marraine, une à mon frère Jules, une à Maurice LEFEBVRE, une à Louis PICHON et une à La Cauchie et une à Jean, frère, et une à Marcelle M. (*)
(*) : Marcelle MOULLÉ
Envoie une lettre à Léon ROBIQUET.
Envoie une lettre à Marcelle MOUILLÉ, avec 5 francs, une à Léon ROBIQUET, et une à LEFEBVRE Maurice.
(*) : Léon Robiquet est son plus jeune frère (né le 8 février
1900).
Envoie une lettre à Léon ROBIQUET et une à Jules ROBIQUET.
Envoie une lettre à Jean ROBIQUET, une à Émile PATTE (*) et une à Jules ROBIQUET.
(*) : Émile François
Joseph PATTE, caporal au 401e RI, sera tué à l’ennemi, le 28 mars 1918, à
24 ans, dans la Somme, au Quesnel-Mézières-Moreuil. Il était né dans le même
village qu’Augustin, le 4 juin 1894.
Il n’a pas de sépulture militaire connue.
Envoie une lettre à Marcel M., une à Léon B., une à LEFEBVRE Maurice.
Envoie une lettre à Marraine, une à Jules et une à Yvonne.
Envoie une lettre à la Cauchie, une à Marraine, une à Marcelle et une à Léon ROBIQUET et une à ROBIQUET Jules.
Nous avons été au tir le matin.
Cet après-midi, nous faisons du service en campagne.
Envoie une lettre à Gustave.
Envoie 6 lettres aujourd’hui. Une à Jules, une à Léon, une à Jean, une à Marcel M., une à Marcel V., une à Marraine.
Envoie lettre à Marcel M. et une à Pas-en-Artois.
Dimanche 24 janvier
Je vais prendre la garde au … pour la seconde fois.
Envoie une lettre à Léon R. et une à Jovite ROBIQUET. (*)
La garde a été très bonne, ça c’est très bien passé sans mal et sans souffrance.
Je crois recevoir une lettre de La Cauchie.
Voilà 18 jours…
(*) : Son père.
J’ai été cet après-midi rebouché des tranchées que nous avions fait voilà 2 mois.
Voilà 3 jours que j’y vais. J’y vais encore demain et ce sera fini.
Nous avons su cet après-midi par l’adjudant que nous ne partons pas avant le 20 février. Ça fait que nous avons bien fait de ne pas partir comme volontaire.
Je suis bien en ce moment, car il ne fait pas trop chaud. Vivement que ça se finisse pour nous aller en permission une fois de temps en temps.
Je viens d’envoyer une carte à Emilienne CAPIAUX.
Je me suis fait porté malade ce matin, j’ai mal à la tête.
Les autres sont partis faire du service en campagne et du service du général sur la place de Dreux à 3 heures après-midi.
Je me suis porté malade ce matin. Je suis reconnu une journée.
Je viens d’envoyer une lettre à Louis PICHON.
Cet après-midi, il y a tir. Je viens …pour mon tir.
Dreux, le 27 janvier, je viens d’envoyer une carte à Marcelle M. et à Léon R., une à Andrée et une à Jean R.
Envoie une lettre à Jules R., une à Léon R.
Envoie une lettre à Firmin, une à Désiré et une à Jean.
Envoyer mon … à La Cauchie une lettre à M., une à Jules et une à Jean.
Envoie une lettre à Jules.
On a dit qu’on partait le 8 février et envoyé une La Cauchie, une à Pas et une à Jean.
C’était aujourd’hui que j’ai su que mon frère Jules partait pour le front, le 8 février 1915 comme brancardier.
Aujourd’hui je me suis fait porté malade. Jour de marche. Mal à la tête.
Voilà déjà longtemps qui n’ait pas eu de nouvelles de Marcelle M. et de Marcel VASSEUR.
Voilà longtemps que je n’ai pas eu de nouvelles de ma tante Sophie (*). Je ne sais pas ce qu’il y a.
(*) : Sophie est la sœur de son Père Jovite
ROBIQUET.
Le 10 février 1915, Augustin passe au 150e régiment.
Belle journée aujourd’hui.
Je viens d’envoyer une lettre à La Cauchie et une le 28 février avec un souvenir dedans une feuille du bois de la Gruerie. Bonsoir.
Nous avons parti de Dreux, le 11 à 7 heures du matin. Nous avons arrivés à Chartres le 10 février à 12 heures.
Nous avons passé 2 jours à Chartres, et nous avons partis pour le bois de la Gruerie.
Avons passé 2 jours et 3 nuits dans le train et là nous sommes descendus à Moiremont le 14 février.
Nous sommes repassés 1 journée et nous avons partis dans le bois dans des trous qu’on a fait pour s’y mettre à l’abri.
Là, nous sommes encore repassé 3 jours et nous avons partis pour les tranchées, le 18, ça veut dire le jeudi.
Là, en ce moment, nous sommes dans les tranchées. Départ 4 heures, j’ai déjà au moins tiré 100 coups de fusil et il y a déjà 3 hommes, de nous autres, de blessés.
Ils sont partis à la visite. Moi j’ai été malade 6 jours, j’avais la grippe. J’avais beaucoup mal à la tête.
Aujourd’hui, ça va très bien. J’espère que ça va aller toujours comme ça. Jusque la fin.
Enfin je n’est pas trop gai, mais ça ira tout de même. Jeudi 18 février à 4 heures.
Bonne santé et moi aussi.
Nous sommes depuis ce matin.
Nous avons été 3 jours dans les tranchées. Il y a eu 4 de blessés nous autres la première journée.
Mais il ne faut pas s’en faire pour ça, car tout le monde n’est pas tué en ce moment.
Nous sommes dans des gourbis. Il est dimanche, mais on ne voudrait pas le croire car le canon tonne toujours malgré que nous sommes plus dans les tranchées.
Je viens de nettoyer mon fusil, car il était propre, trois jours de tranchées, il était plein de boue. Enfin c’est la vie en ce moment.
Sans doute que ça ne durera plus trop longtemps à tout ça près, les boches ne reculent pas vite surtout dans ce sale bois où nous sommes, car c’est le pire de tous les fronts.
Le pire c’est qu’il est dimanche et on ne peut pas aller faire une partie de cartes chez BOUBET comme avant.
Demain je vais aller me laver car dans les tranchées, on ne peut pas se débarbouiller.
Je termine en terminant la page, à bientôt de se revoir.
(*) : « À tout ça près » signifie : « à cela près
», c’est-à-dire « cela mis à part » ou « excepté » ou « sauf que ». (Merci
à Guy)
Le JMO signale que le régiment a eu comme pertes, du 24 au 28
février : 15 tués et 62 blessés.
Je profite que je suis de garde pour mettre quelques nouvelles.
Nous sommes dans la tranchée depuis 24 h, on ne doit être que 3 jours mais je ne sais pas ce qu’il y a pour rester encore aujourd’hui.
Enfin 3 jours c’est assez car un et là sans dormir car il faut prendre la garde tous les 4 h et il fait fort froid, il gèle fort.
J’espère
que demain nous allons être relevés car c’est assez comme ça.
Nous
sommes en ce moment à 8 mètres des boches, ça fait qui faut faire attention à
lui pour ne pas recevoir des boîtes de singe sur sa gueule.
En ce
moment nous touchons la soupe pour la journée. Je viens de boire ma goutte,
elle est très bonne et elle nous fait du bien, car depuis hier soir nous
n’avons pas encore eu rien du tout dans le coco.
J’espère
bientôt recevoir mon colis, car j’attends après avec impatience pour moi manger
du beurre et du chocolat et du papier à lettre aussi que j’attends.
Je
compte sur ça ce soir ou demain.
Nous sommes aujourd’hui le 4 mars 1915, je suis toujours dans les tranchées des premières lignes, ce soir je vais rechanger nous allons au petit poste à 15 mètres des boches, là on va voir pour ne s’ennuyer trop car les boches sont des bêtes qui ne savent pas ce qu’ils font, ni savent qu’ils disent soit comme des bêtes.
Enfin c’est toujours la guerre.
La paix ne vient pas vite mais faut pas s’en faire pour ça car ça n’avance pas plus vite, elle viendra peut-être un jour.
Je viens de faire une lettre à Jules lui disant qu’il n’y faisait pas trop gai où j’étais, dans le beau bois de la Gruerie.
Masi lui doit être mieux que moi sans savoir comme il est, car moi où je suis là on n’est pas à la fête de La Cauchie.
Tout ça s’est passé pour nous autres. Plus jamais on ne reverra ça comme
l’année dernière. Tous les dimanches on était à la fête ou bien des parties de
vélo ou des parties de cartes ou tout ça et en plus à cher BOULET à boire une
bonne pinte et une bonne bistouille.
Tout
ça est passé, il n’y a rien à faire à tout ça ( ?)..
Un
internaute a-t-il une idée sur le texte que je n’arrive pas à déchiffrer ?
Vivement
la paix qu’on puisse aller faire un petit tour chez lui. Jeudi 4 mars
Belle journée épatante pour celui qui était pas (qui n’était pas ici ?).
Je vous assure ce matin à partir de 7 heures nous étions au petit poste qui se tient à 5 mètres justes des Boches.
C’est tout à coup une dégelé de coups de fusil qui arrive sur le créneau qui est fait en sacs en face de leur tranchées. Le premier coup casse mon fusil, le deuxième coup blesse un homme, ça fait que le créneau se démontait à force que les Boches tirait dedans.
Nous voilà partis à deux, moi et un autre qui était avec nous pour refaire le créneau.
5 ou 6 coups de fusil arrivent sur nos sacs, qui en blesse un. Moi et mon copain qui était près de nous eu le képi enlevé d'une balle (par les balles).
Je vous assure que ça n’était pas gai de voir ça, aussi on aspirait que le soir vienne pour être relevé. Tous se disaient si on va jusqu’au soir ça ira bien car on n’était pas bien et personne, il n’y avait que moi et un camarade qui voulaient y aller.
Enfin nous sommes à 1 heures à midi, nous sommes à peu près sauvés des eaux.
La belle journée du 12 mars !
Le JMO signale que le régiment a eu comme pertes, du 12 au 15
mars : 5 tués et 32 blessés.
Nous sommes aujourd’hui au repos pour 3 jours, ça ne fera pas de mal.
C’est aujourd’hui 1 avril, tous les ans on a encore un bonne partie de plaisir, mais cette année, le plaisir et dans les tranchées au milieu du bois de la Gruerie par un froid de chien.
Nous sommes aujourd’hui le 2 avril. Nous avons passés une triste nuit. Nous avons été bombardés des obus boches toute la nuit.
Mise à part ça, il fait très beau. Le pire c’est toujours la nuit, il fait un froid de chien. On a fait hier soir, une patrouille de 15h hommes pour protéger le génie qui faisait un petit poste d’écoute, pour voir les Boches encore mieux.
La patrouille a été très bien et le génie a très travaillé.
Le pire ça serait que les Boches le repère aujourd’hui car il n’est pas encore fini et il est très à vue surtout que c’est sur une côte.
Voilà les tranchées où nous sommes en ce moment.
Le JMO signale que le régiment a eu comme pertes, le 1e avril 2 tués et 25 blessés, un disparu, et le 2 avril 5 tués et 43 blessés 2 disparus.
Nous avons descendus hier matin dans nos tranchées d’habitude.
Nous avons trouvez beaucoup de changement aussi depuis hier matin. Nous travaillons sans arrêter puis que la tranchée est pleine d’eau.
Je vous assure que ce n’est pas gai de penser qu’il pleuve toujours depuis que je suis arrivé, aussi on n’a pas de goût pour travailler, car à mesure qu’il faut retirer l’eau, à mesure qu’elle revenait.
Aussi depuis hier, nous avons les pieds gelés, mort dans l’eau. Vivement que le soleil brille pour faire sécher pour que l’on puisse travailler un peu de bon cœur.
Ca ne va pas, nous allons changer de place, ce soir ca fait que l’on va, peut être, de mieux ou pire.
Mais je crois fort que ca ne sera pas mieux, car tous savent qu’ils ont de la boue jusqu’au genou, car le terrain va en pente.
Ca fait que l’eau y va de bon cœur. Heureusement qu’on y est resté que 24 heures chaque section.
Car c’est un poste qui n’y fait pas gai.
Vivement que les 4 jours soient finis pour aller en repos et pour boire un bon coup de vin.
Enfin nous travaillons toujours dans la merde.
Vive la France. Dans quelques jours nous aurons la paix !
Le 25 avril, MAREL Ulysse,
le camarade d’Augustin est tué. Aucun mot dans le carnet.
Reçu aujourd’hui 2 lettres que j’avais envoyée à mon frère Jules. Aussi il me dit qu’il n’en reçoit pas de mes nouvelles.
Venu à l’ambulance 3/54, le 6 juin, un peu malade. Mais ça vaut bien un peu de fièvre.
Envoyé 4 lettres aujourd’hui, une à Jean, une à Jules, à Marie et une à mes parents.
Envoyé aujourd’hui 8 lettres : une à Marcel V. et Marcel M., une à ROBIQUET Jean, une à BOULET, une à Irène, à Louis, une à Daniel, ROBIQUET Jules.
Je suis encore à l’ambulance 13/12, mais je vais bien. Je compte retourner à ma compagnie. Je vois que nous allons être relevés.
Tout de même ce n’est pas un malheur, je viens d’envoyer une lettre à Laure PATTE, une à BUISSEZ, mon copain, une à Marraine, une à Dalila et une à Jules ROBIQUET.
Je vais aussi en faire une à Léon ROBIQUET.
Augustin.
Je profite que j’ai un peu de temps pour faire quelques lignes sur mon livret.
Aujourd’hui nous sommes en alerte depuis 4 heures du matin, on pense que les boches vont attaquer, mais jusqu’à présent voilà qu’il est 5 heures du soir, nous n’avons pas encore rien vu mais nous sommes toujours prêts à faire feu.
Moi je suis en avant avec 4 hommes, nous avons chacun notre fusil, les pétards à volonté et des grenades.
Aussitôt que les boches débouchent de leur trou, vite un feu de fusil.
Et quand ils seront à peu près à une dizaine de mètres de nous, là ça sera les grenades qui vont marcher et vous savez on va y en mettre un coup.
Espérons que ça ira et que les boches vont prendre quelque ???? encore une fois car le petit joujou est là près à faire feu au premier de fusil en route.
Le pire c’est que voilà 8 jours que nous sommes en première ligne et nous ne savons pas encore le jour de la relève.
C’est encore le pire qui fait chaud le jour et la nuit c’est le contraire il fait un froid de chien.
S’il faut passer encore l’hiver dans les tranchées, ça n’ira pas fort.
Depuis 1 an que ça dure et encore repassé l’hiver sans savoir la fin, ça n’ira plus.
J’ai fait une lettre, hier à Jeanne. Elle va encore bien rire une fois, car j’y en ai mis pour 2 sous. C’est pour passer le temps que je fais ça. Qu’on dise que ça ne peut pas faire de mal. Depuis 2 jours, j’ai fait une dizaine de lettres pour passer le temps, je ne pense qu’à écrire là-dedans
Jeudi soir, 6 heures, voilà la soupe, à demain
C’est aujourd’hui que mon frère Jules a été opéré (*), il m’a dit qu’il avait bien souffert, un seul morceau a été retiré sur les trois qui y avait, les autres ils n’ont pas pu avoir, espérons qui s’en sentira pas à près la guerre.
Aujourd’hui il a beaucoup de mal à la tête mais c’est l’effet de son opération.
Demain il ira peut-être mieux, espérons le.
Nous sommes aujourd’hui le 14 juillet, nous sommes en ce moment dans des vieilles tranchées en avant de l’artillerie, nous sommes là bien.
Depuis ce matin il tombe de la flotte sans arrêter, je vous assure que ça ne vaut pas l’année dernière. On n’est plus là à faire la course à filles ni de de monter au ??? Ni de faire une bonne partie de billard chez BOUBET.
Enfin espérons que l’année prochaine nous pourrons en refaire autant. Il faut toujours espérer depuis que ça dure, on y est toujours.
On pourra bien aller jusqu’à la fin de cette terrible guerre.
(*) : Son frère Jules ROBIQUET a été blessé le 7 avril 1915 par
éclats d’obus à Beauséjour dans la Marne. Blessure : plaie purulente au
mollet droit.
En ce moment nous sommes aux tranchées de première ligne depuis 4 jours mais je ne sais pas jusqu’à quand nous y restons. Enfin nous ne sommes pas trop mal dans notre secteur, nous n’avons rien à nous plaindre car y a beaucoup pire dans ce bois de l’Argonne, bois de la tuerie sans mentir
Hier soir j’ai été passer du fil barbelé avec 4 hommes, nous avons mis à peu près 1 heure, mais ça a bien été, nous n’avons rien à nous plaindre, un peu de balles mais c’est rien.
Depuis ce matin j’ai fait 3 lettres, une à Yvonne, une à Andrée et une à Monsieur ROBIQUET Jovite (*), maçon à La Cauchie.
Je lui ai dit qu’il me fasse une belle lettre, je ne sais pas si ça aura lieu enfin je compte dessus d’ici peu car ça commence à me sembler long.
J’ai donné ce matin à mon camarade votre adresse comme ça aussitôt qu’il y aura quelque chose, vous le saurez de suite, HUMERY Jules (**), 150 d’infanterie compagnie 4, SP 32, demeurant à Douai, mais pas en ce moment.
(*) : Son père.
(**) : HUMERY Jules
tiendra sa promesse…
Si Jules HUMERY est de la 4e compagnie, on peut penser, à coup
sûr qu’Augustin fait partie aussi de la 4e compagnie du 1e bataillon.
Le 22 juillet le 1e bataillon se trouve depuis 4 jours (comme le
précise Augustin) dans le secteur du « Ravin Sec »
Nous avons quitté le Four de Paris le 11 août 1915 à 7 heures du matin, de la nous sommes partis pour Sainte-Menehould, nous avons arrivé à 2 heures après midi, nous en avons passé une bonne pour nous arriver.
En ce moment il est 6 heures nous sommes en train de boire une bonne bouteille de vin avec mon camarade DELINE.
Nous sommes très heureux d’avoir quitté le bois de l’Argonne.
Fin du carnet
Augustin est tué le 6 octobre 1915, à Saint-Hilaire-le-Grand, secteur de la tranchée de l’Épine de Vedegrange (information du JMO, le 1e bataillon s’y trouvant), après une attaque du régiment qui fera 38 tués, 163 blessé et 174 disparus. Il sera inhumé au cimetière de Mourmelon, puis après la guerre son corps sera rapatrié dans son village natal.
Sur une page du carnet il est inscrit par un officier, semble-il :
« Pauvre
Augustin,
Tu
as bien fait d’écrire ce livre, tu n’écriras plus jamais, car tu as été tué le
6 octobre au rudes combats qui s’est livré en Argonne du 25 septembre au 10
octobre 1915.
Tu
as succombé dans les bras de ton camarade Jules HUMERY de Douai.
C’est
incompréhensible le chagrin qu’il eu de toi, tout ce
que tu avais tu avais su le partager toujours avec lui et maintenant le voilà
sans argent, sans parents, sans ressources, il va sortir de l’hôpital. (*)
Ses
parents sont rassurés.
Il
va sortir de l’hôpital d’Orléans et il va repartir sur le front pour la 4eme
fois. Il croit qu’il restera là-bas tout près de son camarade Augustin.
Un
sergent a pris ces photos et il nous a renvoyé dans 2 lettres et le reste est
resté sur lui. »
(*) : Jules Humery était de Douai qui
était en zone allemande, Jules n’avait plus de nouvelles de ses parents et pas
de colis.
On peut donc penser que Jules HUMERY a été blessé au même moment de la mort d’Augustin.
Jules HUMERY est parti à l’hôpital d’Orléans d’où il écrit une lettre aux parents d’Augustin, le 21 octobre 1915 :
« Mon
cher Monsieur ROBIQUET
Je
vous écris une lettre pour vous faire savoir un peu de nouvelles. Comme
j’aspire (…)
Ma
santé est toujours bonne
J’ai
été blessé à la tête par un éclat d’obus. Ce n’est pas grave. J’ai bien eu du
bonheur pas avoir plus grave que ça.
J’ai
deux camarades qui ont été tués près de moi.
Evidemment
ça me fait beaucoup de peine pour lui, car j’étais toujours avec lui.
Je
suis bien (…)
Ça
fait 14 mois que je n’ai pas vu mes parents.
(…)
Mon
père il est maire de Douai. Je me fais (…), bien qu’ils s’en font
du mauvais sang pour moi.
Mais
pauvre Augustin, je l’aimai bien, c’était un grand copain.
Je
fini ma lettre avec une grosse poignée de main. Vous ferez des grands (…)
Votre
ami HUMERY »
Puis
« Mon
cher Monsieur
Je
m’empresse de vous répondre à votre lettre que vous m’avez envoyé avec plaisir.
Ma
santé est bonne, mieux cher Monsieur. Ça me fait quelque chose de vous dire.
Mon
pauvre frère Augustin, ça m’a fait beaucoup de peine. J’étais toujours avec
lui. On aurait dit 2 frères.
Malheureusement
il n’est plus là. Nous étions trop bien ensemble. On rester trop tout deux.
Cher
Monsieur, il a attrapé une balle en pleine tête, puis une à l’estomac, puis une
au bras.
Il
n’a pas perdu connaissance de suite, il a encore causé.
Il
m’a dit de ne pas le dire à sa mère, car elle était malade.
Il
ne faut pas lui dire non plus.
Il
est mort dans mes bras. Malheureusement j’ai bien mail au cœur de mon cher
Augustin, comme mon cher MAREL, c’est un grand camarade aussi à moi. Il est
mort dans mes bras, c’est bien malheureux cette maudite guerre. On ne sait pas
quand c’est que cela va finir.
Je
commence à en avoir assez, mon cher Monsieur ROBIQUET. »
« Je
ne vois plus grand-chose à vous dire pour le moment.
Bien
des compliments à toute la famille pour moi.
Cher
monsieur ROBIQUET recevez mes sincères salutations.
Votre
ami HUMERY Jules.
Pour
la vie et mes meilleures amitiés à vous. »
Voilà
mon adresse :
HUMERY
Jules Désiré, traitement hôpital mixte, pavillon Sabatier, salle N°3, Orléans,
Loiret
Des
réponses de suite. »
HUMERY Jules, 23 ans, sera tué à son tour, le 2 octobre 1916 dans la Somme à Sailly-Saillisel.
Il était toujours 2e classe au 150e régiment d’infanterie.
Je
désire contacter le propriétaire du carnet
Vers d’autres témoignages
de guerre 14/18
Voir
des photos sur mon site de groupe de soldats du 150e RI