visites depuis le 22/12/2018 Dernière lettre de Paul TAPIE du 2e régiment d'infanterie - 1914 1918

Dernière lettre de Paul Tapie

soldat au 2e régiment d’infanterie

 

Mise à jour : décembre 2018

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Isabelle nous dit :

« Je joins à ce courrier la dernière lettre de mon grand-oncle Paul Tapie, soldat de 1ère classe au 2e régiment d’infanterie, mort le 17 juin 1915 à l'hôpital (couvent) du St Sacrement d'Arras des suites de ses blessures à 22 ans.

Cette lettre est datée du 6 juin.

J'ai supprimé quelques passages plus personnels afin que vous puissiez la publier sur votre site. »

 

 

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Préambule

Jean TAPIE est né à Coutances (50) le 9 mars 1893. Il est régisseur dans le civil. En juin 1915, le 2e régiment d’infanterie se trouve engagé en Artois (Pas-de-Calais, au nord d’Arras). La lettre de Paul est datée du 6 juin 1915, c'est à dire 10 jours avant sa mort à l'hôpital. Le régiment a perdu plus de mille hommes dans les combats des 16 et 17 juin 1915.

 

Voir sa fiche matriculaire (page 767/1446) – Voir sa fiche de décès SGA.

 

 

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6 juin 1915.

Chers père, mère et petits frères,

 

Nous venons de passer nos 3 jours en première ligne à Roclincourt dans un bombardement tel que les plus anciens ceux qui ont fait toute la campagne, n'en ont jamais vu de pareil.

Et l'on dit que les Boches n'ont plus de munitions. Qu'est-ce que ça serait alors s'ils en avaient ?

Durant 72 heures, ça n'a pas cessé de nous tomber sur la tête nous aurons tâté de tous les calibres, depuis le 77 jusqu'au 340 de marine en passant par le 105 le 88 autrichien etc.

Il est vrai que c'est réciproque et que les nôtres leur en crachent autant. Il y avait un tel brouillard de fumée entre nos deux lignes qui sont distantes de 25 à 100 m qu'on ne se voyait plus.

Et ce potin ! C'est infernal et il y a de quoi devenir malade d'autant plus que nous sommes ici dans d'anciennes tranchées boches que les zouaves leur ont pris cet hiver et nous n'avons même pas d'abris que des malheureux trous creusés à même dans les parois des boyaux et dont le plafond nous dégringole sur le citron à la moindre petite secousse.

Et on ne sait pas quoi choisir entre se faire tuer dans les boyaux ou se faire enterrer tout vivant dans les sapes.

 

Ça ne fait rien, ce sont des minutes qui font époque dans la vie d'un homme !

Nous avons eu du reste pas mal de victimes sans attaquer. Pour ma part, mon fusil est cassé en deux et le canon tordu au milieu du fût. C'était encore mon fusil de famille, celui qui a descendu la rue des Juifs un petit drapeau et des fleurs dans le canon sur mon épaule aux accents du chant du départ.

Ça m'a fait de la peine de le remplacer.

La courroie de la musette à cartouche que ma mère m'a faite est percée par une balle de shrapnell ma gamelle aussi, ma toile de tente est en loque et moi je suis indemne.

Enfin je crois que c'est surtout la rage de se voir perdus qui fait que les Boches nous jettent peut-être tout ce qui leur reste d'un seul coup.

 

D'ailleurs plusieurs prisonniers que nous avons faits ces jours derniers ont déclaré qu'ils se rendaient parce qu'ils savaient très bien qu'ils étaient perdus maintenant et qu'ils ne voulaient pas se faire tuer inutilement.

Un bataillon tout entier même à notre gauche du côté de Neuville-Saint-Vaast a crié « camarade » après avoir zigouillé son chef. Leur moral n'est plus très bon.

Malheureusement leurs aéros sont venus hier nous jeter des papiers nous annonçant triomphalement qu'ils avaient repris Presnitz à ces grandes couilles molles de Russes. Ça va les remonter pour quelques temps.

 

Je croyais vous avoir dit que j'avais bien reçu les mandats que vous m'avez envoyés. Je vous demande pardon de ne pas vous en avoir remercié plus tôt. Tout du reste de vous me parvient bien excepté les colis qui ne doivent plus passer la frontière.

C'est dommage car le chocolat faisait mes délices enfin ce n'est de la faute à personne. Germaine vous a envoyé ma photo ; mais vous avez dû en recevoir ces jours-ci tout un lot que je vous ai mis dans une seule lettre ?

Sur la photo de St Laurent, si vous regardez bien à la loupe, vous verrez que j'ai la musette que ma mère m'a faite. Seulement l'habitude de marcher la nuit dans des boyaux étroits et mal commodes fait que nous portons tout ça presque complètement dans le dos.

Vous ne m'avez jamais répondu au sujet de l'adresse de mon oncle Ernest je voudrais bien lui répondre, il m'a envoyé encore un colis que ne m'est pas parvenu d'ailleurs mais je voudrais pouvoir le remercier tout de même.

 

J'ai écrit aussi à CHAMPENDAL a-t-il reçu ma lettre ?

Donnez le bonjour pour moi à tous les amis et connaissances. Je n'ai malheureusement pas le temps d'écrire à tous ceux qui vous parlent de moi. J'envoie pour Maurice, qui me demande un petit bout de n'importe quoi, un morceau de mon fusil qui m'a été démoli dans les mains.

Je vous embrasse tous de tout cœur

Paul

 

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Je désire contacter la propriétaire de la lettre de Paul TAPIE

 

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