Mise
à jour : mars 2016
Auguste,
adjudant au 68e RIT, il est passé officier en janvier 1916
Auguste THIERRY (1877-1943) était lieutenant au 68e régiment d’infanterie territoriale.
Le 27 mai 1918, lors de la deuxième offensive allemande au pied du Chemin-des-Dames, Auguste est fait prisonnier.
Après une captivité de sept mois en Allemagne, successivement à Rastatt (Bade-Wurtemberg) puis à Osnabrück (Basse-Saxe), il rentrera chez lui, à Poitiers, le 22 décembre 1918.
On peut retrouver une centaine de photos du 68e RIT ( >>> ici <<<) prises par son beau-frère, lui aussi dans le même régiment.
Merci à Philippe.
FLOTTE PETIT
DRAPEAU
Chanté
à Rastatt. Baden le 14 juillet 1918
Refrain
Flotte petit drapeaux, flotte, flotte bien haut
Image de la France
Symbole d'espérance
Réunis dans ta simplicité
La famille et le sol, la liberté
I. Couplet
Loque, Chiffon tricolores ou guenille
Symbole, image ardente du Pays,
Pour te chanter, tout mon être pétille
D'émotion, d’avance je pâlis.
Toi, dont l'effet produit tant de merveilles
Tu n'es pourtant parfois qu'un Drapeau !
Et ton nom seul suffit à nos oreilles
Car en français on t’appela le Drapeau
(Refrain)
II. Couplet
Tout jeune enfant tu n'es qu'un jeu facile
Qui nous distrait ainsi qu'un bibelot
Et bien souvent d’une main inhabile
On te construit d'un bout de calicot
Enfin conscrit, te voilà de la classe
Promène-le au travers du hameau
Chante gaiement, montre le dans l'espace
Tu ne sais pas ce que c'est qu'un drapeau
(Refrain)
III. Couplet
Et si parfois la destinait amère
Nous appelait un jour pour guerroyer
Loin du pays sur la terre étrangère
C’est dans tes plis qu’on revoit le foyer
Bien qu'attristé, on se voit plus à l'aise
On est point seul envoyant ce lambeau
Et si dans l'air passe La Marseillaise
Alors on sait ce que c'est un drapeau
(Refrain)
IV. Couplet
Allons ! Debout ! Car le clairon résonne
L’airain reluit lui là-bas dans le vallon
Et le canon, écoutez vous entonne
La gueule ouverte, un air de chanson
Une acre odeur vous saisit à la gorge
Vous saoule enfin, nous passe dans la peau
On marche, on court, on écume on égorge
On fait des morts, tout ça fait le drapeau
(Refrain)
LA MADELON
Chanté à Rastatt le 14 juillet 1918
I. Couplet
Pour le repos, le plaisir du militaire
Il est là-bas, à deux pas, dans la forêt
Une maison, aux murs tout couverts de lierre
«Au Tourlourou » c'est le nom du cabaret
La servante est jeune et gentille
Légère comme un papillon
Comme son vin, son œil pétille
Nous l'appelons la Madelon
Nous en rêvons la nuit
Nous y pensons le jour
Ce n'est que Madelon
Mais pour nous c'est l'amour
Refrain
Quand Madelon vient nous verser à boire
Sous la tonnelle on frôle son jupon
Et chacun lui raconte une histoire
Une histoire à sa façon
La Madelon pour nous n'est pas sévère
Quand on lui prend la taille et le menton
Elle rit c'est tout le mal qu'elle sait faire
Madelon ! Madelon ! Madelon !
II. Couplet
Nous avons tous au pays, une payse
Qui nous attend et que l'on épousera
Suite mais elle est loin, bien trop loin pour qu'on lui dise
Ce que l'on fera quand la guerre finira
En comptant les jours on soupire
Et quand le temps nous semble long
Tout ce qu’on ne peut pas lui dire
On va le dire Madelon….
On l'embrasse dans les coins
Elle dit : veux-tu finir ?
On se figure que c'est l'aut’
Et ça vous fait plaisir.
(Refrain)
III. Couplet
Un caporal en képi de fantaisie
S’en fut trouver Madelon, un beau matin
Et fou d'amour, lui dit qu'elle était jolie
Et qu'il venait pour lui demander sa main
La Madelon, pas bête en somme
Lui répondit en souriant
Et pourquoi prendrai-je un seul homme
Quand j'aime tout un régiment
Tes amis vont venir
Tu n'auras pas ma main
J'en ai bien trop besoin
Pour leur servir du vin
(Refrain)
PROLOGUE
Débité à Rastatt Baden le 14 juillet 1918
Feuilles d'exil ! Salut ô ma Patrie !
Tel un oiseau captif dont les ailes s'effritent
Dont s'émousse le bec au contact des barreaux
De sa cage ajourée, en vain mes nerfs s'agitent
Et, comme lui, je souffre et m'épuise en vains mots
Comme lui, prisonnier, mon chant est une plainte
Un appel déchirant aux êtres bien-aimés
Des regards éperdus composent ma complainte
Qui s'élève vers Dieu, soutien des opprimés
Mais si dans son enclos le prisonnier de guerre
Par un barrage épais voit ses pas limités
Du moins lui reste. t. il dans son exil austère
En dépit des gardiens constamment alertés
En dépit des guetteurs, des rondes et des patrouilles
L'essor de la pensée où se complaît l'esprit
L'impuissance et l’ennui laissent là leurs dépouilles
Et son âme revêt la paix chère au proscrit
Fort de cet idéal, je veux ô ma Patrie
Franchir les barbelés qui ferment ma prison
Et retremper mon cœur atteint de nostalgie
Dans les douces clartés de ton pur horizon
Et dans ce jour de fête, envole-toi, Pensée
Brave les éléments, à mon corps interdits
Emporte sous ton aile, à la France éplorée
L'amour de ses enfants que l'exil a meurtris
Va, cours, ô ma Pensée, au sein de nos familles
Va, porte au foyer le baiser de l'absent
Va consoler l'épouse, et nos fils et nos filles
Va leur porter l'espoir et calmer leurs tourments
Ne va pas oublier dans ta course sublime
Le salut fraternel à nos braves guerriers
Qui, le jour et la nuit, sur le bord de l'abîme
Affrontent les combats sans souci des lauriers
Et va, dans ton essor ô douce messagère
Frôler avec amour nos drapeaux glorieux
Dans leurs plis flamboyants, dépose la prière
De l'exilé fidèle et toujours anxieux :
« Je suis toujours ton fils, ô France, ô ma patrie
Et ton image est là apaisant ma douleur
Et quand viendront bientôt les beaux jours que j'envie
Ô France, à te servir, je mettrai tout mon cœur.
Creute de la Somme (près du village de Vassogne. Aisne).
Ma compagnie cantonnée dans cette creute depuis le 6 mai 1918 est à la disposition du 118e régiment d'infanterie, régiment affecté à la 22ème division du 11e corps d'armée.
Une corvée d'un effectif de 80 ou 100 hommes, était employée chaque nuit à l'approfondissement de tranchées en première ligne, le jour quelques corvées, par petits groupes fonctionnaient pour le transport et récupération de matériaux dans le secteur du régiment (entre eux la première ligne, la position intermédiaire et ligne de soutien).
La compagnie est mise à la disposition du service électrique de l'armée.
Pendant sept jours, tous les hommes disponibles sont employés à l'approfondissement d'un boyau, et la mise en place de câbles électriques allant de la ferme Bellevue à la creute de la Somme (sur une distance de 4 km) ce travaille à la tâche se faisait chaque matin dès la première heure et était terminé parfois à 9 heures.
Presque chaque soir en compagnie du capitaine DE BEAUREGARD, les officiers et les sous. officiers allaient reconnaître les positions que la compagnie devait occuper en cas.
Deux cas étaient prévus ; attaque de l'ennemi venant du Nord, ou venant de l'Est. Ces deux positions ont été étudiées sérieusement par tous les gradés de la compagnie.
Un tirage au sort fut fait par le Capitaine pour l'occupation par section des différents emplacements.
Ø Pour l'attaque d'une nord la première compagnie commandée par le lieutenant CHARLES avait mission de défendre (dans la position intermédiaire) le centre Geoffroy.
Ø La deuxième section commandée par le lieutenant MOREAU était en réserve à l'intersection du boyau des creutes de la Somme, et du boyau Toulouse.
Ø La troisième section commandée par l’adjudant CATHUS, défendait la tranchée des Cailles.
Ø puis la 4ème section commandée par le lieutenant THIERRY, défendait le centre Martel (toutes ces positions étaient au Nord Est du village de Paissy.)
Toutes les dispositions avaient été également prises, en cas d'attaque de l'ennemi par l’Est (position se trouvant à droite du boyau de la Bove), ayant pour mission la défense de la vallée Foulon et le tunnel du Dragon.
Le 26 mai à 4 heures du soir, ordre nous fut donné de prendre nos dispositions et occuper nos emplacements pour une attaque pouvant venir du Nord ; après avoir remis à chaque combattant 100 cartouches et 5 caisses de grenades par section nous prenons nos emplacements à 6 heures fusils. mitrailleurs, grenadiers, étaient à leur place de combat une demie. heure après l'arrivée en tranchée.
(Pendant notre déplacement nombreux sont les avions ennemis qui circulent au. dessus de nos positions, et restent jusqu'à la nuit tombante) après leur départ notre artillerie ne cesse de tirer sur leurs positions car la nouvelle nous est parvenue que l'ennemi devait attaquer (le lendemain matin).
A une heure précise, l'artillerie ennemie déclenche son tir sur nos positions, pendant 5 heures la position que j'occupais était sans arrêt bombardée par toutes sortes de projectiles. Caillebotis, réseaux tout est réduit en poussière.
Mes hommes et moi montons la garde dans l'escalier de notre abri profond et solide.
Vers deux heures, je donne l'ordre de prendre le masque pour nous garantir de la mauvaise odeur de phosphore venant jusqu'à nous ; nous séchant la langue et la gorge.
Entre 4 h 30 et cinq heures, mon capitaine inquiet et n’écoutant que son courage, inspecte les trois sections de l'avant et me rejoint à 5 heures couvert de sueur et de poussière, traversant ainsi le déluge de ferraille qui s'abattait sans arrêt sur toute la position intermédiaire.
Mon capitaine reste avec ma section de 5 heures à 6 heures.
L ‘oreille aux écoutes, je m'aperçus que le tir dont l'artillerie s'allongeait en arrière de nos positions.
D’un bond de quelques mètres, je prends position à un poste d'où je pouvais voir sur la route de Paissy conduisant à Ailles.
(Pendant toute la nuit aucune communication n’est venue de l'avant) aussi ma surprise fut grande de voir venir en face de nous 2 cavaliers allemands venant de la direction d’Ailles.
Signalé aussitôt à tous ceux présents avec moi, ces 2 cavaliers disparaissent, un groupe ennemi de fantassins les suivaient. Se rendant compte que la position était occupée et défendue prennent position derrière un tas de piquets de bois, placés à 30 ou 40 m en avant de mon poste, pendant près de 3/4 d'heure c'est un échange de projectiles que nous faisons.
Heureusement pour nous, leurs grenades tombent et éclatent dans un élément de tranchée non occupée à 8 à 10 mètres derrière nos postes de combat, pendant ce combat plusieurs avions ennemis passaient et repassaient au-dessus de nos têtes mitraillant sans arrêt les positions que nous occupions.
Vers 6h40, la 3ème section placée à ma droite est surprise par l'ennemi et faite prisonnière, la 4ème placée à sa gauche est prise également à son poste de combat, et surprise fut bien grande de voir l’ennemi nous prendre par derrière, et menaçant de nous rendre.
Pendant le combat, mon capitaine ne cessait d'encourager ses hommes, allant d'une section à l'autre, et fut tué de 2 balles au front, étant à la section de l'adjudant CATHUS.
C'est à 6h 45, environ le 27 que je fus surpris par les Allemands défendant avec 15 hommes de ma section l'emplacement qu'il avait été désigné la veille au soir (emplacement appelé sous le nom de centre Martel (position intermédiaire) à 300 m environ au nord. est du village du nom de Paissy, et sur le côté droit de la route allant de Paissy au village d'Ailles.
Quand je fus fait prisonnier, ordre fut donné de me joindre à un groupe de 20 à 25 hommes de ma compagnie fait prisonniers quelques instants avant moi, rassemblés sur le parados de la tranchée, en arrière des emplacements de combat.
Ensemble nous sommes conduits dans la direction du Nord, en cours de route un groupe de plusieurs soldats allemands, me force sous la menace d'un coup de revolver, de leur donner mes guêtres de cuir. Après quelques gestes de ma part, un soldat me les enlève de force.
Pendant le parcours nous côtoyons des groupes ennemis, s'avançant en grand nombre vers le Sud et marchant par colonnes de compagnies.
En arrivant sur nos premières lignes (ou plutôt ligne de résistance qui était occupée par les soldats du 118e régiment d'infanterie), un médecin allemand me prie de faire transporter par les hommes qui sont avec moi, des soldats français blessés, trouvés à leurs postes de combat, ou dans les abris.
Quelques uns sont transportés ainsi jusqu'au village de Chermizy.
À cet endroit, je me joins à un groupe d'officiers et médecins français.
Après une pause d'une 1/2heure nous rejoignons le village de X. où était déjà rassemblés un bon nombre d'officiers du 118, 62, et 19e régiments d'infanterie.
Après une pause de 2 heures, on nous rassemble par groupe de 100 et sous la conduite d'une garde allemande nous sommes conduits au village de Ramecourt où nous arrivons à cinq heures du soir.
Je trouve ici à mon arrivée, le commandant BERENI et huit officiers de mon régiment.
Après un triage, les officiers sont enfermés dans plusieurs blocks, les hommes dans un autre, tous dans le même village, transformé en un vaste camp, la route sépare plusieurs blocks, et plusieurs rideaux de fil de fer barbelé en font la clôture.
Triste journée dont je garderai un souvenir inoubliable, exténué de fatigue, et n'ayant pris qu'un verre d'eau depuis 24 heures, je me couche dans un coin d'une maison, prête à s'effondrer, et où le vent pénètre, ce n'est qu'avec peine que j'arrive à m'endormir.
Pendant la nuit, nos aviateurs sont venus lancer des bombes, plusieurs tombent près de notre bloc.
Le lendemain matin, le froid m'a réveillé avant que le jour paraisse. je me lève les membres tout engourdis et le cœur serré d'être renfermé comme un chien, et criant la faim.
Dans le courant de la nuit, d'autres officiers sont venus grossir notre groupe, 2 officiers de mon régiment sont du nombre, le capitaine SAUTEREAU et le lieutenant TEXIER, ensemble nous parlons des événements de la veille.
Dans le bloc qui nous fait face, nous nous apercevons des hommes de notre régiment, et des régiments de la 22e division, ils sont nombreux, et à chaque instant d'autres viennent grossir le nombre.
A notre demande, un soldat allemand nous apporte quelques récipients d’eau.
A midi, nous recevons un morceau de pain noir fait de seigle et pomme de terre, cette ration est près de 500g et pour 24 heures.
Nous nous retenons pour ne pas manger ce morceau de pain d'une seule fois, car notre estomac est des plus creux n'ayant rien mangé depuis le dimanche soir, depuis plus de 40 heures.
A 5 heures le soir, nous recevons un récipient de soupe faite de légumes et betteraves. Le peu que nous recevons, quoi que mauvais, est avalé d'un seul trait.
Pendant cette longue journée nos instants ont été employés à la récupération de boîtes et de morceaux de bois, les boîtes nous ont servi de récipients pour y mettre la soupe, avec le bois, chacun a confectionné une cuillère. Ce sont les seuls objets que nous avons en notre possession, ayant tout perdu la veille.
Quelques. uns ont pu cependant, conserver leur couverture, et leur capote. Pour ma part, je ne possède que mon gobelet, que mon ordonnance avait dans sa poche, et qui m'a remis en cours de route.
Cette journée a été interminable, nous devons partir bientôt pour une autre destination, nous le souhaitons car nous ne pouvons être plus mal.
Comme hier matin, je suis réveillé par le froid, nous récupérons un peu de bois et faisons dans un coin d’un bâtiment un peu de feu.
À 8 heures, nous sommes rassemblés, afin de savoir le nombre exact d'officiers occupant le block.
A ce moment, camarade TEXIER tombe évanoui, quelques soins lui sont donnés par les médecins français qui sont avec nous, et nombreux ils sont.
Un quart d'heure après, TEXIER avait repris son aplomb.
À midi, nous recevons un peu de soupe, hélas bien mauvaise.
À deux heures, cent officiers, français et anglais sont assemblés. Quelques instants après, nous faisons route pour une nouvelle destination.
Après 4 heures d'une marche pénible, nous arrivons à 6 heures au camp de Sissonne (Aisne).
Il a fait chaud, nous sommes couverts de sueur et de poussière, arrivé à ce nouveau camp, chacun prend une place, nous recevons un quart de mauvais « kaffée ».
À huit heures nous étions tous installés sur nos couchettes, sans paille, et rien pour nous garantir du froid.
Dans ce camp, existent plusieurs bâtiments construits en brique, et où les années précédentes, les soldats français venaient y faire un séjour.
Camp de Sissonne.
A mon réveil de ce matin, j’avais les côtes brisées, couché sur la planche, sans paille, couverture, il m'a fallu me promener bien longtemps dans la cour pour reprendre mon aplomb.
A 10 heures, remise est faite à chacun de nous, d'une carte postale que nous devons remplir de quelques mots seulement afin d'être expédié aux nôtres. La remise est faite le soir, à l'officier allemand de service au camp.
Quelques cartes sont refusées à quelques officiers car ils ne s'étaient pas conformés aux ordres donnés. Il ne fallait que transcrire, son état de santé, et le jour de sa capture.
A midi nous avons reçu une soupe, puis une deuxième le soir à 6 heures, plus une ration de pain.
Chacun a profité du beau temps pour faire un peu de toilette. Quelques. uns ont acheté du savon (genre savon minéral) payé 5 marks, un morceau gros comme la savonnette vendue 0,10 ct en France. Quel vol !
Et les Allemands qui les vendent n'en ont pas assez.
Nous devons partir bientôt pour une autre destination.
Toute la journée il n’a été bruit du départ, en effet à 4 heures, nous partions, toujours pour une destination inconnue après une longue marche, nous arrivons après 8 heures au camp de Lappion.
À notre arrivée nous recevons un mauvais kaffée, après sa distribution, chacun prend une place sur les mauvaises couchettes du camp, si étroit que nous sommes couchés côte à côte.
Ah, terrible nuit que nous venons de passer, les puces nous ont fait faire de la gymnastique toute la nuit, impossible d'avoir pu prendre un peu de sommeil.
A 7 heures, nous recevons un kaffée et une ration de pain.
Peu après nous partons pour une nouvelle destination, à chaque pose que nous faisons, chacun retirait sa chemise pour se débarrasser des puces enfouies dans nos vêtements.
Nous arrivons au camp de Montloire à 11 h et 1/2, près du village de Moncornet.
La nourriture est toujours la même soupe, betteraves le matin, et le soir. La ration a été un peu plus forte aujourd'hui, que les jours passés.
Camp de Montloire.
Nous sommes toujours couchés sur la planche bien dure.
La journée s'est passée dans l'encerclement de notre block, et à la chasse des puces, que nous avons peine à nous débarrasser. Nouvelle marche demain, pour une autre destination, longue paraît-il.
Fort d’Hirson.
Nous sommes réveillés et rassemblé à 6 heures, mis en route aussitôt.
Après une marche de 30 km nous arrivons au fort d’Hirson à 5 heures.
Nous sommes rompus, méconnaissables, couverts de sueur, et de poussière, l’estomac bien bas, n’ayant eu comme nourriture qu'un quart de kaffée à notre départ.
Nous trouvons ici bon nombre de prisonniers, militaires et civils que nous apercevons derrière les barreaux de fer, des fenêtres, tous nous font des signes d'amitié, dans un bâtiment nous apercevons des femmes, des enfants de tout âge.
A six heures, nous sommes logés.
Chaque pièce occupe 60 officiers, ou se trouvent des couchettes à 2 étages de 4 couchettes chaque, 6 officiers occupent 4 couchettes et 4 paillasses, nous sommes serrés mais beaucoup mieux couchés que les précédentes, j’ai comme camarades de lit, GAUTIER et LACOTE.
A 7 heures, nous touchons une soupe de légumes.
Fort d’Hirson.
La nuit fut bonne, nous avions tous besoin de repos, après la longue marche d’hier, puis quoique serrés sur nos paillasses nous (avons) assez bien dormi. La matinée s’est passée à nous nettoyer.
Un groupe d’officiers a été mis au cachot pour avoir porté plainte de la nourriture.
Fort d’Hirson.
Nos mouvements d’aujourd’hui ont été ceux d’hier.
Nous avons touché une carte postale, que nous devons adresser à nos familles, en y mettant seulement notre état de santé. Certains bruits font croire que notre première carte, n’est pas partie à destination.
En plus de notre soupe donnée à midi, nous avons eu une ration de mauvais poisson bouilli, sans assaisonnement.
Nous n’avons pu le manger.
Fort d’Hirson.
Notre distribution de pain a été régulière ces jours passés.
Nous avons réuni ce matin notre argent français, contre 100F, 50 marks nous étaient remis.
A midi, la soupe fut servie.
A 1h30, on nous rassemble, et sommes dirigés à la gare d’Hirson, où un train est prêt à partir, nous montons en compartiment de 3ème classe. Je prends place sur une banquette à 2 places, (parmi nous se trouvent de nombreux officiers anglais).
Le coup de sifflet est donné à 4 heures.
Nous voilà maintenant en route pour l’Allemagne.
Nous voilà maintenant installés dans un camp du Grand Duché de Bade, camp du nom de Rastatt à proximité de la ville du même nom.
Et après un voyage qui a duré exactement 36 heures.
En quittant Hirson, le train s’est dirigé et a passé en gare de Mézières. Charleville, Sedan, Bazeilles, Carignan, Thionville, Forges d’Hayrugen, Hambourg, Angelingen, Bussendorf. Tartackin, Hargarten, Sarrebruck. Tousenthal, Saarbrucken, Hassel, Zweibrucken, traversant ainsi notre département des Ardennes, et une partie sud de l’Allemagne, et sommes arrivés à 5 heures à quelques centaines de mètres de la ville de Rastatt.
A notre descente, nous sommes conduits aussitôt dans un block, puis par groupe, nous sommes installés dans les baraques du camp ou nous trouvons pour chacun, une paillasse installée sur le parquet, munie de 2 couvertures, et remise fut faite à chacun de nous d’un récipient en grès, et d’une cuillère.
Une 1/2 heure après, nous avons quitté de block, pour être logés dans un autre (block N°1) avant d’y rentrer, chacun de nous a rempli une feuille, sur laquelle nous avons répondu par écrit aux demandes qui s’y trouvaient.
Notre nom, prénom, grade, endroit de notre capture, lieu d’habitation, régiment, profession, nombre d’enfants et religion.
Après cela, par groupe de 20, nous sommes conduits dans les baraques du nouveau block.
Dans ce nouveau local, nous trouvons des couchettes à 2 étages munies de paillasses.
Le soir, nous touchons 2 couvertures, un drap de lit, et une enveloppe de couverture.
A 6 heures, la soupe nous fut servie dans un réfectoire, où il y a installation de tables et de bancs. Dans ce nouveau block, nous nous trouvons, avec 60 officiers portugais, belges et italiens.
Les officiers anglais venus avec nous, sont logés dans un block voisin du notre.
Dans ce block, il y a une installation d’une Kantine, dès notre arrivée, beaucoup s’y sont précipités pour acheter, quelques objets de première nécessité, brosses à dents, crayon, papier etc. tout ce qui se mange, manque dans ce magasin.
Dans ce camp, il y a 7 ou 8 blocks. Plusieurs sont occupés par des soldats russes, des routes dans tous les sens séparent les blocks, et ces blocks sont entourés de fil de fer barbelé.
Pendant notre voyage, nous avons eu 2 repas, le 1er fut servi à minuit le soir de notre départ, dans des baraquements à proximité de leur gare, la 1ère soupe était faite de pates d’Italie et de viande hachée, que nous avons tous trouvé excellente, il en a été la même chose de la 2ème faite de légumes.
A notre passage en gare de Thionville, samedi matin à 5 heures, une escadrille d’aéroplanes alliés évoluait au dessus de cette gare.
Notre train s’est arrêté. Tous les personnels allemands s’est réfugié dans les abris souterrains se trouvant dans cette gare. Pendant ce temps l’artillerie allemande tirait des projectiles sur les avions et les éclats de leurs projectiles tombaient à proximité de notre train.
Aucun ne fut atteint.
Nous avons touché ce soir un pain de 1 k 500 pour cinq officiers ce qui porte la ration a 300 g pour 24 heures. Pain fait de seigle et pommes de terre.
Il est près de 9 heures, beaucoup de mes camarades sont sur leurs couchettes, je vais suivre leur exemple comme eux j'ai besoin de repos.
Block N°1.
J'ai dormi la nuit dernière d'un profond sommeil jusqu'à 7 h 30 ce matin. J'ai trouvé bon de me coucher, en ne gardant sur moi, que mon caleçon et ma chemise, enroulée et dans mes couvertures.
Je n'ai pas eu à me plaindre de la fraîcheur de ce matin.
A huit heures, nous avons eu une distribution de kaffée, servi au réfectoire.
La matinée s'est passée à faire un peu de toilette et lavage de notre linge.
La soupe fut servie à midi et à 6 heures, mauvaise soupe faite avec quelques feuilles de chou, betteraves, et délayée de farine de maïs ou de gruau.
Nous avons aujourd’hui, expédié aux nôtres une carte postale donnant quelques détails, et notre adresse, afin que nos familles puissent nous répondre.
Ces six jours se sont écoulés, et les heures ont passé en faisant de longues promenades dans l'encerclement de notre bloc. Tous les officiers présents ici ont été faits prisonniers les 27, 28, 29 et 30 mai (sauf les officiers portugais venus dans le block quelques mois avant nous).
Je suis donc en compagnie d'officiers de tout grade, fantassins, artilleurs, génie, aviateurs, médecins, pharmaciens, officier d'administration, aumôniers et prêtres, etc…
Tous capturés comme moi, à l'offensive allemande du 27 mai, entre Soissons et Reims, attaque qui fut pour nous une surprise.
Nous savons maintenant que l'ennemi avait engagé contre nous, sur un front de 13 à 14 kilomètres 13 de leurs divisions, dont 10 d’assaut et 3 en réserve, plus, 4000 canons de tous calibres (soit près de 200 000 hommes), contre 2 divisions françaises, et une anglaise, soit au total 41000 hommes.
Notre artillerie a été anéantie peu après le tir de l'artillerie allemande, ce qui a permis aux Allemands de nous bousculer, malgré la résistance faite à nos postes de combat, et trop nombreux sont ceux qui sont restés.
Je ne pourrais dire tous ceux qui sont restés de ma compagnie, car une section était en arrière des 3 autres (en position en dans la position intermédiaire), 2 escouades de ma section étaient de garde au pont de l’Aisne (entre Oeuilly et Bourg-et-Comin).
Puis après la capture, il m'a été difficile d'obtenir quelques renseignements, ayant été séparé des hommes de mon régiment dès le 1er soir de ma capture.
Nous sommes ici, exempts de corvée.
Des soldats français sont chargés du nettoyage du camp, et du nettoyage de nos baraques. D’autres sont employés aux cuisines du camp. Notre nourriture est chaque jour la même, Kaffée à 8 heures, soupe à midi, tisanes à 4 heures, et soupe à 6 heures.
Notre ration de pain reste à 300 g, insuffisant pour nous tous.
J'ai adressé hier, une 4ème carte postale à ma chère petite femme. Quand on va-t-elle la recevoir, je ne cesse de penser à son inquiétude.
Depuis 8 jours nous devons partir bientôt pour un autre camp, car ici (d'après le dire) ce n'est qu'un camp de triage, en attendant notre séjour se prolonge, les heures nous sont bien longues. Nombreux sont les joueurs de cartes.
Deux officiers portugais ont trompé la surveillance de sentinelle et se sont enfuis. Le matin de leur fuite nombreux sont les officiers allemands venus vérifier les fils de fer qui entourent notre bloc, les deux officiers échappés ont été repris à 25 km de notre camp, par des paysans au moment où ils cueillaient des fruits dans un verger, cernés par plusieurs, ils ont été obligés de se rendre et sont maintenant dans un bloc du camp.
Des plaintes ont été faites, ces jours passés à l'officier allemand commandant le camp pour la mauvaise nourriture que nous recevons (Nous avons paraît-il la même nourriture que les civils de la province de Bade).
Notre ration de pain est toujours de 300 g.
Nous avons reçu le 20, une ration de biscuits, pain de guerre, venu de France, 35 biscuits ont été remis à chacun de nous, par le comité de secours, ayant comme président le Commandant DE LASCAZE, officier français prisonnier avec nous, capturé comme beaucoup d'autres à la fin du mois de mai.
A la cantine, tout se vend plus rapidement que le marchand le voudrait, et à quel prix.
Comme exemple, je citerai la vente de petits pains de seigle (équivalent au petit pain d’un sou vendu en France) ce pain se vend ici 1 mark 20, ce qui représente 1f 50 en argent français. Les cigares se vendent 80 pfennigs, près de un franc.
Les cigarettes 020 pièce, le fil 005 le mètre, 030 le crayon, etc.
La bière, appelée bière faible, se vend 040 la bouteille de 80 cl, le vin à 10 marcks la bouteille soit 12f50, etc., etc..
J'ai adressé le 20 une première carte lettre à ma femme.
Aujourd'hui dimanche 23 juin, la messe fut dite par un prêtre aumônier du 19e régiment d'infanterie. J'ai assisté ces jours passés à la prière du soir faite chaque soir dans la baraque où nous mangeons.
Rastatt Block 1.
Remise est faite ce soir d'une carte postale (payée 005) que nous remettons à l'appel fait le matin par l'officier commandant le camp, ayant le grade capitaine, et secondé par un sergent major.
Deux fois par jour nous sommes rassemblés, appel est fait, afin de voir il n'y a pas eu d'évasion.
Rastatt Block 1
J'ai remis ce matin, ma carte postale, à l'adresse de ma chère petite femme. A la demande du commandant DE LASCAZE, nous recevons une deuxième carte, que j'adresse à Coutras (*), bien heureux de pouvoir leur donner signe de vie.
Ce matin, une messe fut dite pour le repos des braves camarades tombés au champ d'honneur.
Nous avons quitté cet après-midi, le block 1, et sommes maintenant installés au block numéro 2, l'installation est à peu près la même.
8 baraques pouvant loger chacune 100 officiers.
1 baraque sert d'abri, au matériel du bloc.
1 réfectoire.
1 salle de réunion et lecture.
Puis au centre, dans le même bâtiment à l'entrée de gauche sont les bureaux de l'officier allemand du camp, à droite installation de la cuisine, et l'installation du cantinier.
Toutes ces baraques sont construites de la même façon, leurs installations ne méritent aucun reproche.
Notre linge est lavé par nous aux lavoirs installés au centre du bloc. L’eau est à discrétion, elle nous sert de boisson, elle est très bonne.
Nous avons touché aujourd'hui 32 biscuits, ration de huit jours, ces biscuits font la joie de tous, trempés d'eau, et séchés au soleil, ils sont excellents, nous regrettons qu'une chose, de ne pas avoir un peu de chocolat, ou confitures pour manger avec.
La journée a été marquée par un petit événement passe et dans le bloc voisin, ou cantonnent des officiers anglais.
Dans une des baraques occupées par eux, un commencement de sape était en construction, 7 ou 8 m avaient été creusés et restait encore 3 à 4 m à creuser pour sortir en dehors du fil barbelé, et par où devait s'enfuir plusieurs officiers.
Ce travail fut découvert par une sentinelle, celle-ci entendant du bruit sous ses pieds, a donné l'alerte au poste, et les officiers anglais ont été surpris dans leur travail, dès le soir les sentinelles étaient doublées.
(*)
: « Coutras » cette localité de Gironde, mentionnée à plusieurs reprises dans
les textes relatifs aux échanges de courriers était le lieu de résidence de sa
sœur Clarisse épouse TEXIER
Rastatt. Block 2
Réunion ce matin de plus de 15 officiers allemands venus voir le travail fait par les officiers anglais, ils vont (paraît-il) être fouillés et seront dirigés dans un autre camp.
Par groupes de 20 officiers, nous avons été conduits dans une salle de douche, ou chacun a pris un bain d'eau chaude.
Rastatt. Block 2
Dans ce nouveau block, ce sont des soldats anglais qui sont chargés, de toutes les corvées, et faire la cuisine.
Une commission d’officiers français a été désignée, pour la surveillance et la préparation de nos aliments.
La soupe reste celle des jours passés, bien mauvaise, le tantôt pour la 1ère fois, nous avons eu un plat supplémentaire, betteraves rouges, coupées en rondelles, betteraves de conserves mises en baril, assaisonnées de feuilles de laurier et de graines de genièvre. Beaucoup n'en ont pas mangé.
A 4 heures, nous pouvons nous rendre au réfectoire, pour déguster une tasse de tisane peu sucrée, faite de plantes aromatisées, en remplacement de thé.
La journée a été des plus tristes, la température est froide. Il a plu toute la journée, il nous a fallu rester renfermés toute la journée.
Rastatt. Block 2
Le mauvais temps continue, il a plu toute la nuit, la température est des plus froides.
La soupe était ce matin immangeable, par suite de la trop grande quantité de betteraves, puis la pomme de terre, en cette fin de saison est de mauvaise qualité. En plus de la soupe, on nous a servi du poisson bouilli à l'eau, ce poisson sentant mauvais personne n'en a mangé.
La soupe du soir a été un peu meilleure pour garnir notre estomac et il nous a fallu toucher à notre réserve de biscuits.
Aujourd'hui grand branle-bas. Le prince de Bade doit venir dans notre block. Nous recevons des ordres que les lits soient faits de la même façon, et qu'à l'intérieur de nos baraques que chaque chose soit pas sa place.
Mauvaise soupe encore aujourd'hui, triste figure de tous. Notre réserve de biscuits diminue.
Rastatt. Block 2
Les offices de ce jour ont eu lieu dans la salle de réunion, en présence d'un grand nombre d'officiers. La messe fut dite par un aumônier (ancien missionnaire des pères blancs) du nom de DURBAL frère du général du même nom.
A l'appel de ce soir, demande est faite du paiement de notre solde. On nous promet de faire le nécessaire.
Remise est faite d'une carte postale, à l'adresse de ma petite femme.
La journée a été plus belle que les précédentes quoi que cela les nuages restent bas.
Rastatt. Block 2
Nous avons eu aujourd'hui quelques divertissements.
Cet après-midi une longue causerie fut faite par l'aumônier DURBAL, sur le Bougondas (*) ou cet aumônier à séjourné dans cette contrée pendant plusieurs années, sa longue causerie nous a fait à tous bien plaisir.
A quatre heures, je suis allé prendre une douche.
La soupe fut faite ce soir, de carottes jaunes (1/2 potagère et1/2 fourragère) mélange de gruau et farine. Elle fut mangée.
Nous avons assisté ce soir de 7 h 30 à 9 h 30, à un concert et chant fait par les Anglais dans la salle de réunion.
(*) : Congo français
Rastatt. Block 2
Nous avons touché aujourd'hui 38 biscuits pour les sept jours qui vont suivre.
La température reste toujours froide.
Rastatt. Block 2
Ce matin dès 8 heures, ordre fut donné d'évacuer les baraques, et munis de nos bagages, nous sommes rassemblés par groupe de 8.
Peu après chaque groupe passe dans la baraque de réunion, où se trouvent des officiers allemands, il nous faut leur montrer tout ce que nous possédons, à quelques. uns on leur enlève des choses personnelles, tels que briquet, ceinture de cuir, lampe électrique, etc...
Les billets de l'empire que nous possédons, sont échangés contre des billets du camp. Ceux qui possèdent encore de l'argent français peuvent le garder.
Pendant cette opération, le prince de Bade est venu dans le block, et à écouté plusieurs officiers qui avaient demandé à lui parler.
Après la fouille, nous avons rejoint nos baraques.
Quel est cet indice, nous supposons un départ prochain.
Rastatt. Block 2
La journée s’est passée dans le calme.
Le doyen des officiers, le commandant DE LASCAZE, conseille à ceux qui ont qualité, de faire des conférences ; des causeries de toutes sortes, qui intéresseront, instructives en même temps, et qui seront écoutées avec joie.
Rastatt. Block 2
Cet après-midi, nous avons assisté à une longue causerie faite par le lieutenant TUCK (professeur d'université) (sur les médecins de Molière) il a été fortement applaudi par nous tous.
Le soir de 7 à 9 heures, nous avons assisté, à une petite fête organisée par les Anglais, dans l'intérieur de notre bloc. Jeux et courses diverses. Une quête faite à la fin de la séance, a donné très de 100 marks, qui ont été répartis aux gagnants des courses, et des différents jeux.
Remise fut faite ce soir d'une carte postale que je remettrai dimanche matin ou vaguemestre, et que j'adresserai à celle que je n'oublie pas un instant.
Je souhaite que ma petite femme à la reçoive bien vite.
Rastatt. Block 2
Notre séjour se prolonge, nous devons bientôt pas dire, c'est toujours demain ou après demain.
En attendant, certains se groupent pour continuer leurs études des cours d'anglais, allemand, espagnol, sont organisées par des professeurs, d'autres suivent des cours de mathématiques, cours d'agriculture, l'arboriculture, etc. d'autres font de la gymnastique, enfin chacun cherche à s'employer, afin que les heures leur soient moins longues.
Au repas de ce soir, nous avons touché une cuillère (à café) de confiture faite avec je ne sais quoi, enfin elle fut mangée.
Rastatt. Block 2
Ce matin, une messe chantée fut dite dans la salle de réunion, nombreux étaient les officiers.
De 3 heures à 8 heures, nous avons aperçu de notre camp, un immense incendie, suivi de détonations, nous avons appris que c'était la cartoucherie de Rastatt qui brûlait.
Nous pouvons croire à de sérieux dégâts.
L'appel à lieu le matin à 9 h 30 et le soir à 4 heures.
J’assiste chaque jour à la prière du soir, faite à 8 h 30.
Rastatt. Block 2
Une conférence fut faite, cet après-midi, par l'aumônier DURBAL (longue causerie sur un voyage rapide à Jérusalem) sa longue causerie a été écoutée par nous tous avec plaisir, et avons tous passé un bon moment.
Il a fait aujourd'hui une chaleur écrasante.
Rastatt. Block 2
La soupe devient de plus en plus mauvaise, la pomme de terre a disparu en cette fin de saison, ce n'est plus que la soupe faite avec de la betterave fermentée, et délayée de mauvaise farine. La ration de poissons servie ce tantôt a été jetée par les fenêtres tellement il se sentait mauvais.
Nous avons eu ce soir, en plus de la mauvaise soupe une ration de conserves betterave rouge garnie de feuilles de laurier et de grains de genièvre.
Nous avons touché ce soir une ration de biscuits pour sept jours
Rastatt. Block 2
40 de nos camarades en partie ce matin à 7 heures, pour un camp définitif. A leur départ il pleuvait fortement.
J'ai remis ce matin une carte postale au webmestre allemand à l'adresse de la rue des Feuillants. A la place de cette carte nous devions avoir une carte-lettre, on nous la promet pour le 15.
J'ai assisté ce tantôt à une longue causerie faite par un dominicain (Mr SOUPIRON) (sur la belle âme d’Augustin).
Après cette longue causerie j’ai fait le blanchissage de ma chemise et mon mouchoir, à mon réveil de demain matin je trouverai mes effets propres et secs, n'ayant qu'une chemise, le camarade CHARLES m'a prêté son maillot de laine.
Rastatt. Block 2
J’ai touché aujourd'hui ma solde du mois de juillet, 120m 60 (ce qui fait 150f75, ½ solde française) sur les 120m 60, retenue a été faite de 49m 60 pour ma nourriture du mois, j'ai donc reçu que 71 marks.
Nous n'avons pas touché notre solde du mois de juin, on nous promet de nous en faire le paiement d'ici quelques jours.
Notre nourriture est toujours la même, bien mauvaise.
Rastatt. Block 2
Quelle joie pour tous. Nous avons reçu aujourd'hui (du Comité de secours aux prisonniers de guerre de la section franco-belge de Berne) des vivres qui vont améliorer notre ordinaire.
J'ai pu remarquer qu'il y avait au déchargement, du café et de la graisse, conserves de bœuf, haricots, boîtes de lait, caisses de chocolat, pois cassés, pâtes d'Italie, et baquets de confiture.
Le doyen des officiers de notre camp, secondé par d'autres officiers vont répartir entre nous ces vivres.
J'ai assisté ce soir à une répétition de chants et cantiques qui seront chantés à la cérémonie religieuse de dimanche.
Rastatt. Block 2
Quelques officiers ont étés ce matin, indisposés après l'absorption du Kaffée. Nous supposons que ce Kaffée employé avait été mis dans un endroit humide et devait être moisi.
Pour ma part j'en ai pris si peu, que j'en ai ressenti aucun malaise.
J'ai assisté cet après-midi à une causerie faite par le lieutenant sur la vie des forains. Ce lieutenant était à la déclaration de guerre, directeur d'un cirque, tout son matériel est resté en Belgique.
J'ai touché aujourd'hui ma solde du mois de juin, plus quatre jours du mois de mai, au total 140m 05, sur cette somme j'ai payé 35m 20 pour la nourriture du 9 au 31 juin, il n'a pas été fait de retenue pour la nourriture reçue du 27 mai au 8 juin, il est vrai qu'elle a été maigre.
Quelques officiers se sont réunis pour organiser un concert, à l'occasion du 14 juillet, ils se promettent de nous amuser.
On nous promet pour demain une amélioration de notre ordinaire par suite des vivres reçus.
Rastatt. Block 2
Journée dont nous garderons tous un bon souvenir.
Quelques instants après le réveil, chacun de nous a touché une boîte de lait, à 8 h 30 un bon et véritable café nous fut servi au réfectoire, ceux qui ont voulu ou pu se faire du café au lait.
Après l'appel, sept à 9 h 1/2, la messe fut dite par missionnaire et fut des plus émouvantes, au-dessus de l'hôtel flottait le drapeau du Sacré-Cœur, puis sur la petite table, servant d'hôtel, un petit bouquet de 3 fleurs rappelait les trois couleurs de notre drapeau.
Différents cantiques ont été chantés, et quelques dizaines furent récitées, pour le repos des braves, pour nos familles et pour la victoire de nos armes.
Chacun se retire, longtemps ému de cette cérémonie si touchante.
Au repas de ce tantôt, nous avons eu en plus de notre soupe gruau, une 1/2 assiettée de haricots, un peu de confiture est un bon café du don reçu de Berne.
Dans l'après-midi, nous avons reçu une 2ème boîte de lait, 3 boîtes de conserves de bœuf, 8 bâtons chocolat, et un morceau de saucisson d'Arles, quelle joie pour tous.
A la soupe de ce soir, nous avons eu chacun un peu de riz au gras (excellent et très bien réussi.
De 8 à 10 heures. Le conseil a annoncé fut réussi, et a obtenu un grand succès. Quelques monologues furent récités, quelques chansonnettes comiques, dites par des camarades français et anglais, ont eu grand succès. Une quête fut faite, au profit des prisonniers français civils internés à la forteresse de Rastatt et a rapporté 660 marks.
La joie est grande parmi nous tous, l'extinction des feux est sonnée depuis plus d'une heure, et nombreux sont les bavards.
On a ce soir l'estomac mieux garni, qui ne l'a été depuis longtemps.
Le commandant DE LASCAZE nous promet, un plat supplémentaire à chaque repas de la semaine, soit riz, pâtes, haricots, pois cassés, du don reçu du comité de Berne. Il y aura également demain, distribution d'un lot de chemises et de caleçons, malheureusement pas assez pour tous.
Car nous sommes ici près de deux 900 officiers, et plus de 50 soldats français.
Rastatt. Block 2
J'ai assisté ce tantôt à une longue causerie, faite par un lieutenant (sur la vie économique de la Russie). Cet officier était avant la guerre ingénieur des mines, et a séjourné pendant plusieurs années en Russie.
J'ai reçu ce tantôt ma chemise et un mouchoir, reçu du don. Pour 57 officiers occupant la baraque, où je suis, il a été donné 18 chemises, 18 caleçons, 39 paires de chaussettes et 39 mouchoirs, comme tous réclamaient du linge, un tirage au sort fut fait, et m'a donné droit à une chemise et un petit mouchoir.
Remise fut faite d'une carte-lettre que j’envoie à l'adresse de la petite femme, puis une 2ème à Coutras.
Rastatt.
Ce tantôt le docteur MARY, médecin de 1ère classe, nous a fait une longue causerie sur l'alcoolisme. Nous avons touché ce tantôt 22 biscuits, d'autres seront donnés demain.
Rastatt
J’ai acheté ce tantôt une valise, payée 18 marks à la Kantine. Elle me servira pour mettre ce que je possède, mes conserves que j'ai reçues ces jours passés, puis mes biscuits.
Longue causerie fut faite cet après-midi par l'aumônier GRAPIN (sur l'apiculture). Cet aumônier est prêtre dans une petite localité des environs de Dijon.
Depuis quelques jours, il fait une chaleur écrasante.
Je suis allé ce soir prendre une douche, à mon retour j'ai fait le blanchissage de mon linge.
Notre estomac ne crie plus famine, par suite des vivres reçus nous avons bon café, le matin et à midi, puis à chaque repas un plat de riz ou pois cassés.
J'ai touché 16 biscuits, ce qui porte à 38 biscuits la ration des 8 jours.
Nous devons toujours partir demain, ou après-demain, en attendant notre séjour se prolonge ici.
Camp de Rastatt.
Après ces jours passés d'une si grande chaleur, il a fait cet (après midi) un orage des plus violents. A certains moments nous pouvons croire que nos baraques allaient être soulevées de terre.
Quelques officiers qui étaient à l'ambulance de Rastatt nous rejoignent, ce qui nous fait croire à un prochain départ.
Le président des prisonniers français civils internés à la forteresse de Rastatt remercie (par l'envoi d'une lettre) de la somme qui lui fût envoyée lundi dernier, produit de la quête faite le soir du 14 juillet.
Rastatt. Block 2
La visite d'un général allemand venu dans le camp, passe presque inaperçue.
Dix neuf de nos camarades de différents régiments nous ont rejoints cet après-midi venant d'un camp à proximité du front russe, où ils avaient été envoyés lors de leur capture faite fin mai.
Un général français, capturé à proximité de JAULGORNE, nous rejoint au block.
J'ai assisté cet après-midi à la causerie faite pas le lieutenant TETRAUD (**) du 68e (R.I.T) (sur la culture maraîchère).
J'ai passé le reste de la soirée à lire un livre.
(*)
: Selon le JMO du 31/12/1917, l’orthographe réel du nom du lieutenant serait :
TETREAU
Camp de Rastatt.
Le général français venu hier, est du nom DE TOURNADRE. (*)
J'ai assisté de 2 à 3 heures, à la causerie faite par l’aumônier GRAPIN, suite de sa conférence commencée le 17 sur l'apiculture.
Il a fait ce soir un orage des plus violents, que j'appellerai un cyclone, et qui a duré près d'une heure.
La chaleur était de 36° et 1/2 à l'ombre.
(*) : Il s’agit du général Charles Louis
Joseph DE TOURNADRE, général de brigade de cavalerie
Il
a écrit après la guerre son récit de captivité « Au
pays des fourbes », téléchargeable ici.
Page
58, il explique son arrivée dans le camp de Rastatt.
Camp de Rastatt.
Comme les dimanches passés, les offices religieux ont lieu après l'appel.
J'ai assisté cet après-midi, à une conférence faite par le lieutenant TUCK, professeur d'université (sur les révolutions en France, des siècles précédents).
De 4 h 30 à 6 h 30 : Concert organisé par des camarades du Block dans la salle de réunion. Tous les acteurs ont été forts applaudis.
Camp de Rastatt.
Longue causerie faite cet après-midi par un aumônier sur la vie religieuse.
Rastatt. Block 2
Soixante officiers et médecins sont venus ce tantôt augmenter notre effectif.
A l'appel de ce soir, près de 200 officiers, y compris médecins et aumôniers sont désignés pour partir demain dans un camp définitif.
J’ai assisté ce soir, à la causerie faite par l'aumônier GRAPIN (suite de sa conférence sur l'apiculture).
Nous avons touché ce soir 35 biscuits.
Nous avons terminé aujourd'hui les vivres reçues du comité de Berne, il va nous falloir maintenant manger la mauvaise soupe, de plus en plus mauvaise.
Rastatt.
Les officiers désignés à l'appel de hier soir, sont partis cet après-midi. Le pharmacien LEGUIGNEC de mon régiment était au nombre des partants
Plus de 300 officiers sont arrivés cet après-midi dans le camp et mis au bloc 7.
Cent officiers italiens sont arrivés au bloc 1, voisin du block 2.
Rastatt.
Cent officiers du block 7, passent au bloc 2.
Rastatt
Conférence faite cet après-midi, par un capitaine, ingénieur au chemin de fer de l'État, causerie faite sur la pose des voies ferrées.
Rastatt
260 officiers du bloc 1 et 7, passent au bloc2. Nous sommes maintenant en train de 100 officiers dans chaque baraque. Cent officiers anglais du block2 partent pour un camp définitif.
Rastatt. Block 2
La messe fut dite ce matin, comme les dimanches précédents.
Par suite du mauvais temps, nous sommes restés renfermés toute la journée, puis la température est froide.
Rastatt. Block 2
Le mauvais temps continue, on pourrait se croire aux jours d'hiver, tellement il fait froid.
Une conférence fut faite cet après-midi, par un médecin-major (sur le service médical sur le champ de bataille).
Rastatt. Block 2
Quelques officiers nouveaux sont venus cet après-midi augmenter notre effectif.
La pluie a cessé de tomber, les nuages sont encore bas.
Rastatt. Block 2
Conférence fut faite cet après-midi par un lieutenant (journaliste avant la guerre) causerie faite sur le journaliste dans les coulisses.
Le temps a changé et se maintient beau.
Rastatt. Block 2
320 officiers, capturés le 27 mai doit partir samedi, des listes sont données au commandant du camp.
Conférence fut faite cet après-midi par le lieutenant TETREAU suite de ses causeries sur la culture maraîchère.
Rastatt. Block 2
Ce matin de 8 h 15 à 9 heures.
Cérémonie religieuse, et prières pour le repos des morts.
Rastatt.
Préparatif de départ.
Après l'appel les noms de ceux qui partent ont été appelés. Je suis du nombre.
A onze heures, nous versons notre fourniture de literie. Notre argent est versé à l'officier du camp, contre reçu, et nous sera remis au nouveau camp (J’ai fait le versement de 160 marks comme les camarades je paie 070 pour (nous a. t. on dit) pour le matériel détérioré pendant notre séjour au camp.
A 5 heures, nous quittons le camp, une heure après nous sommes au quai d’embarquement. Nous quittons (sans regret) cette prison.
À 8h20, nous passons en gare de Karlsruhe, à 11 h 15 à Manen.
Après cette gare je me suis endormi et me réveille à Bengerbruck, quelques instants après nous arriverons à St Goar à 5 h 15, nous descendons du train, et nous sommes conduits dans un baraquement où se trouve un réfectoire, chacun prend place pour manger un morceau de boudin blanc et toucher une ration de pain, puis nous touchons un quart de kaffée.
Nous admirons ici le Rhin, qui coule tout près du bâtiment où nous sommes, dans cette vallée très étroite l'endroit est superbe, sur les pentes des coteaux nous apercevons des vignes, et très bien entretenues.
A 6 heures nous rejoignons notre train et passons en gare de Bachnach, Boppard, Coblenz, Urmitz (en ces endroits nous apercevons des petites fabriques de briques (pour construction de maisons) on voit partout des séchoirs où sont installés des quantités de briques.
Nous continuons en passant par Weissenthum, Remagen, Bonn, Rosdorff, Bruckl, Cologne. Depuis Bengerbruck jusqu'à Cologne, nous avons côtoyé le Rhin, qui a fait l’admiration de tous ceux qui ne le connaissaient pas.
Nous traversons le Rhin à Cologne, sur un pont métallique, long et superbe.
À 12h30 nous avons un arrêt à Bucreibrek, où un déjeuner nous fut servi, dans un vaste réfectoire, et mangeons de bon appétit une bonne gamelle de pâtes dans lesquelles nous trouvons quelques petits morceaux de viande, une heure après nous faisions route et traversons les gares et villes Immigratt, Dusseldorf, Essen (grandes villes où nous apercevons grand nombre d'usines).
Nous continuons : Warme, Haltern, Dulmen, Buldern, Appelhusen, Mecklenbeck, Munster, Lengerich, Hasebergen et enfin Osnabrück, où nous arrivons le dimanche soir à 10 heures, après un voyage de 26 heures.
Après notre descente et sous l'escorte d'une garde, nous traversons la ville d’Osnabrück, au milieu de gens, revenant d'un café concert, que nous pouvons apercevoir de notre route. Nous n'entendons aucun mot désagréable à notre adresse.
Deux grandes voitures transportent nos bagages.
Une heure après, nous avons rejoint notre bâtiment, qui sera notre prison, pour je ne sais combien de temps.
Sur plusieurs rangs nous sommes rassemblés face au bâtiment, par moitié et nous sommes conduits au réfectoire, où une soupe nous fut servie (soupe et pommes de terre nouvelles que nous mangeons de bon cœur) (pour la 1ère fois de l'année).
Le repas terminé, nous passons dans une salle voisine, l'autre moitié prend notre place au réfectoire, leur repas terminé nous sommes tous rassemblés dans le réfectoire.
Le général commandant le camp, nous fait savoir qu'avant de rejoindre nos chambres, il va contrôler tout ce que nous possédons, en effet par groupe de 3, nous passons dans la pièce voisine où nous trouvons plusieurs officiers allemands, en leur présence nous sommes fouillés, vérification dans les valises, dans les coutures des pantalons et vareuses, etc.…
Après cette fouille minutieuse, et qui ne va pas très vite, puisque le dernier rejoint sa chambre qu'à 11 heures du matin.
À 7 h 30, j'étais débarrassé de cette corvée, aussitôt j'ai été affecté à une chambre du 1er étage, où j'ai pris possession d'une couchette.
Pendant la fouille, plusieurs petites boîtes (m'ayant servi de récipient depuis le 1er village de rainecourt) ne furent retirés, mes petits livres et papiers ont été gardés, afin que la censure allemande les contrôle. Mon casque me fut retiré.
J'ai remis, contre un reçu, un billet de 100fr français, que je peux échanger contre 80 marks, si je n'en fais pas l'échange, le billet de 100fr, me sera remis à mon départ.
Dans ma nouvelle installation, je me trouve avec 6 autres officiers et de divers régiments, la matinée se passe, on fait mauvaise figure parce qu'on a quitté les camarades avec qui on voudrait être.
Après quelques démarches, on nous permet de nous regrouper, sans attendre plus longtemps, nous nous regroupons.
Je me trouve en compagnie de LACOTE, TEXIER, RENAUD, CHARLES, MARTEAU, des camarades du 68e, plus un autre du 90e Mr DESMARAIS (seul ici de son régiment). Ensemble nous nous installons dans la chambre N° 67 du premier étage.
A cinq heures, nous étions installés, et contents d'être ensemble.
La soupe fut servie à 5 h 45, dans le réfectoire, pièce assez grande pouvant contenir 160 officiers, d'une propreté sans reproche et bien aérée, nous recevons notre soupe dans des soupières blanches, et la mangeons dans des assiettes de la même couleur. Comme boisson, nous avons sur la table une théière de tisane tiède.
Sans savoir ce que sera la suite, tout me paraît ici, être dirigé par un officier qui doit se faire craindre, nous constatons que chaque chose est à sa place, la propreté existe partout. Nos aliments de ce jour ont été bons, et avons mangé dans des récipients propres.
L'appel fut fait à 9 heures dans la cour, pas l'officier allemand de jour dans le camp.
A 10 heures, tout le monde dormait d'un profond sommeil, par suite de ce voyage, et des 2 nuits précédentes passées sans repos.
Un officier s'est échappé en cours de route, nous sommes donc ici 313 officiers de différents grades dont 5 commandants.
Documents du camp d’0snabrück (archives
du CICR, comité international de la croix rouge)
Camp d'Osnabrück.
Nous sommes réveillés par une cloche installée dans le couloir du rez-de-chaussée. C’est l’heure du lever. Quelques minutes après l’officier allemand de service, passe dans les chambres et menace de punir ceux qui ne sont pas levés.
Un lavabo est installé à chaque étage, chacun peut y faire sa toilette.
A 7 h 30, nous prenons notre café au réfectoire, un peu moins mauvais qu’a Rastatt, mais loin d'être aussi bon que le café de France.
A 9 heures, appel est fait nominativement dans la cour, pendant ce temps il est interdit de fumer, ou de causer, l'appel terminé un allemand nous lit en mauvais français, toutes sortes de consignes à observer, et menace de punition si elles ne sont pas observées.
Camp d'Osnabrück
Pendant ces 7 jours, toutes sortes de mouvements ont été faits.
Election d'un comité de secours, ayant comme président le commandant DE LASCAZE, le capitaine VEILLE adjoint, le lieutenant GIRAUD secrétaire etc..
Ce comité à charge d'être notre interprète auprès de la Kommandantur pour toutes les réclamations des officiers.
Ils vont avoir charge, de réclamer, si tout ce qui est en notre faveur sur l'accord de Berne n'est pas observé (accord approuvé entre le gouvernement français et allemand, pour l’installation dans les camps, des prisonniers de guerre)
Ce comité va avoir charge de faire l'installation d'une bibliothèque, créer une salle de jeux, faire la répartition des biscuits, et des dons si nous en recevons. etc. etc.
Quelques projets sont actuellement soumis à la kommandantur.
A proximité de notre prison, à quelques mètres de notre cour, et en dehors de notre clôture de fil barbelé se trouve un terrain appelé terrain d’exercice.
Nous pouvons nous y rendre dans l'après-midi de 3 à 5 heures.
Pour cela il nous faut remettre en passant au poste de police, une carte qui nous fut remise ces jours passés, et sur laquelle il est dit que nous donnons notre parole d'honneur de ne pas nous échapper pendant notre visite au terrain de jeux, ou étant en promenade.
(Cette carte appelée carte de parole d'honneur est ainsi traduite en français).
Je donne ma parole d'honneur, en visitant la place de jeux et dans le cas où je prendrai part à une promenade, pendant la visite à la place de jeux et pendant la promenade c'est. à. dire à partir de ma sortie du plan jusqu'à ma rentrée, au camp de ni faire ni préparer aucune tentative de fuite ni commettre aucun acte dirigé contre la sécurité et de l'Empire Allemand et de ses alliés.
Je sais que d'après le § 159 du code pénal militaire allemand un prisonnier de guerre qui s'enfuit malgré sa parole d'honneur donnée est passible de la peine de mort.
Je donne aussi ma parole d'honneur, de n'utiliser cette carte que pour moi-même et de ne la donner à aucun autre prisonnier.
Nom, Grade et signature et N° du titulaire.
Avec cette carte, nous avons reçu, un jeton portant un N°.
Je possède le numéro 280. Ce jeton nous servira pour être présenté au poste de police, pour la remise de notre carte, au retour du terrain d'exercice, ou de la promenade.
Nous pouvons ici faire blanchir notre linge, il sera ramassé chaque lundi et remis le dimanche matin. Les prix du blanchissage sont de 040 par chemise, 040 par caleçon, 005 par mouchoir, 015 la paire de chaussettes.
Notre pension est ici au prix de 66 marks par mois plus 090 que nous versons chaque lundi au reçu de notre pain. Ration de 6 jours.
Nos biscuits touchés à Rastatt sont maintenant consommés et nous ne savons quand nous en recevrons d'autres.
Après demande concernant notre correspondance, on obtient l'envoi de 3 cartes, lettres et 4 cartes postales, ou de 2 lettres de 4 pages et 4 cartes postales par mois.
J'ai retiré le 5 août de l'officier payeur au camp, la somme de 50 marks, sur les 160 que j'avais versés à mon départ du camp de Rastatt.
La messe fut célébrée dimanche dans la salle de réunion du 1er étage. La messe est célébrée chaque matin, et le soir la prière est récitée.
J’ai fait remise de 2m35 le 10 à août pour les services des ordonnances.
Osnabrück
J'ai touché aujourd'hui, mes papiers qui m’avaient été retenus lors de la fouille, tout était au complet.
Nous avons touché ce soir 35 biscuits. Avant de les distribuer, l'autorité allemande en a fait casser1/10 pour s'assurer qu'ils ne contenaient aucune arme ou papier écrit.
Ce matin a eu lieu une messe chantée, nombreux étaient les assistants
Je suis allé cet après-midi au terrain d'exercice et me suis promené pendant une demi-heure
Osnabrück
Le général DE TOURNADE qui était avec nous au camp de Rastatt, est arrivé ce soit à notre camp.
(*)
: Il est passé par le camp de Blenhorst, quelques
jours. Il est arrivé à 7h du soir à la
gare d’Osnabrück, à 2 km du camp. Il sera aussi fouillé très soigneusement à
son arrivée.
Osnabrück
Le général du camp était présent ce matin à l'appel.
Plusieurs officiers ont été punis pour avoir étendu du linge sur une barricade pour faire sécher leur linge.
(*)
: Il s’agit du général KLOSTERFELD. Le général DE TOURNADE dit dans ses
souvenirs, page 109 :
« C’’est
un petit homme, à la moustache blanche, qui au premier abord, présente une
silhouette militaire assez satisfaisante, mais il suffit de regarder
attentivement cinq minutes pour le trouver ridicule. (…) »
Osnabrück
Ce matin après l'appel a eu lieu une nouvelle fouille, pour retirer l'argent (tant français et allemand) que les officiers avaient caché sur eux lors de la fouille précédente, 10.000 francs dit-on ont été trouvés sur tous les officiers du camp. Cet argent sera échangé contre monnaie du camp, où il leur sera remis à la fin de leur captivité.
La messe ne fut dite qu'à midi et demi par suite de cette fouille
Osnabrück.
Notre ration de pain est augmentée de 400 gr pour la semaine, soit 1k 800 au lieu de 1k 400
Osnabrück
Nos lettres tant attendues, sont arrivées aujourd'hui.
J'en reçois 2 de ma petite femme, plus une de Coutras.
Osnabrück.
Je retire 100 marcks sur la somme qui m'est due par l'officier payeur du camp. Il me reste en dépôt 10 marcks 10, plus le billet de cent francs.
Remis le 5 août à mon arrivée dans ce camp
Osnabrück.
Plus de 15 officiers sont punis, par suite de la fouille de dimanche pour avoir caché de l'argent dans les doublures de leurs effets. Ceux qui avaient de l'argent et qui l’ont remis à l'autorité allemande n'ont pas été punis.
Nous avons touché aujourd'hui une ration de biscuits.
Osnabrück.
Le général, commandant le camp, était ce matin présent à l'appel, il a menacé 6 officiers de les faire passer en conseil de guerre, pour avoir mis dans leur correspondance, des choses qui offensaient l'empire d'Allemagne.
Pour la 1ère fois, je suis allé en promenade aujourd'hui, avec 39 de mes camarades, et avons parcouru 6 à 7 km dans les champs et le bois voisin de notre cantonnement.
(*)
: Le capitaine B… du 153e RI, est puni pour sa correspondance. Dans une lettre,
il décrit l’opération de la fouille et ajoute : « L’administration veut nous embêter ! Eh
bien ! Qu’elle nous embête ! Rira bien qui rira le dernier ! ».
Il écope d’une punition de cellule, sans lit.
Osnabrück.
Rien de particulier aujourd'hui
Osnabrück.
La messe fut dite ce matin à 9 h 30, après l'appel.
Je suis allé de 3h à 5 h au terrain d'exercice
J'ai envoyé ce tantôt une carte. Lettre à ma petite femme
Osnabrück.
Comme chaque lundi nous recevons notre ration de pain à midi
Des colis sont arrivés ce soir au camp et emmagasinés dans un local où la distribution doit se faire, ils vont être enregistrés sur un registre et distribués demain
Osnabrück.
A l'appel de ce matin mon nom fut appelé 4 fois, pour 4 colis à toucher. Je les ai touchés à 2 heures, un par un, et objet par objet, en ma présence les colis ont été défaits derrière un grillage et le contenu de chaque chose, me fut remis sans l’emballage, il m'a fallut présenter des poches de papier pour recevoir les contenus.
Les boîtes de conserves furent gardées, elles seront montées dans un magasin du grenier, où il me faudra aller les chercher quand je voudrai les consommer. Un de mes colis était en mauvais (état), laissant voir son contenu, il m'a été difficile de savoir s'il manquait quelque chose. Enfin leur (réception) m’a fait grand plaisir.
Sur les quatre colis, un était de Coutras.
Encore ce matin, plusieurs officiers ont été punis pour ne pas s'être conformés aux consignes du camp
Un rasoir reçu de Coutras m’est confisqué et me sera rendu qu'à mon départ. Il en est la même chose du papier cigarette
Osnabrück.
J'ai assisté ce tantôt à une longue conférence faite par le sous-lieutenant GERARD, professeur au lycée de Nancy. (Causerie faite sur l'histoire de France).
Je me suis fait vacciner ce soir, contre la petite variole.
Osnabrück.
Rien de particulier aujourd'hui
Osnabrück.
Nous avons pris lecture d'une longue réclamation faite par le général C. DE TOURNADE, adressée à l'ambassadeur d'Espagne au sujet des violations des accords de Berne, au sujet des prisonniers de guerre, signés par les deux gouvernements. (*)
Je suis allé ce soir de 3 à 5 heures en promenade en compagnie de 39 de mes camarades, sous la conduite d'un gradé allemand
A ma rentrée je suis allé prendre une douche.
(*)
: On peut lire entièrement cette réclamation au
travers des pages 118 à 121.
Elle
fût remise à la Kommandantur le 26 août. Elle fut sans effet pour les
prisonniers du camp.
L’effet
de cette démarche s’accusa par la remise solennelle qui fut faite au général DE
FOURCADRE d’une cuvette, d’un pot à eau et d’un seau.
Osnabrück.
Nous avons touché une ration de biscuits, que nous aurions dû avoir depuis 3 jours, ils furent reçus avec joie car la réserve était épuisée
Il a plu aujourd'hui, toute la journée. Triste journée.
Osnabrück.
Comme chaque matin après l’appel, lecture est faite des ordres, consignes et punitions infligées. 14 officiers sont punis pour ne pas avoir été mercredi à la vaccination (3 jours d'arrêt à chacun)
Quatre officiers, reçoivent de l'officier allemand des lettres qu'ils adressaient à leur famille, ces correspondances sont écrites d'une écriture trop fine et les lettres trop serrées.
La messe fut dite après l'appel.
Je suis allé de 3h à 4h au terrain d'exercice.
Par la lecture des journaux allemands, nous pouvons suivre les nouvelles des champs de bataille.
Osnabrück.
Il a fait toute la journée, un temps à ne pas mettre le nez dehors. Tempête de vent et d'eau.
J'ai passé la journée à lire et à écrire.
Osnabrück.
J'ai payé aujourd'hui 2m35 pour service des ordonnances, (comme chaque mois, chaque officier verse une somme suivant son grade et le montant en est réparti aux ordonnances du camp. Chaque soldat, touche chaque mois 10 marks.
Osnabrück.
Le mauvais temps continue.
Osnabrück.
Il est arrivé un bon nombre de colis au magasin
Osnabrück.
Je touche au magasin, 2 colis, un venu de Poitiers, et le 2ème venant de Coutras.
Je suis allé, avec 39 de mes camarades, en promenade, l’itinéraire est toujours le même. A mon retour je suis allé prendre une douche.
Osnabrück.
J'ai assisté cet après-midi à une causerie faite par le lieutenant DE LA BOULERIE. (Sur le fonctionnement de la banque).
Nous avons reçu aujourd'hui une ration de biscuits.
Encore aujourd'hui quelques officiers sont punis pour des motifs qui n'en valaient guère la peine.
Osnabrück.
Nous avons eu joie ce soir des bonnes nouvelles, lues sur les journaux allemands qui nous sont vendus.
La messe fut dite aussitôt l'appel.
La prière du soir est faite aussitôt l'appel du soir.
Osnabrück.
Rien de particulier aujourd'hui.
Osnabrück.
J'ai assisté ce tantôt à une causerie faite par le sous-lieutenant GAUTHIER, aviateur (sur l'évolution des avions de bombardement, ses vues et ses émotions).
J’ai touché aujourd'hui 3 colis venus de Poitiers, deux étaient en mauvais état.
Osnabrück.
Je me suis fait ce soir vacciner contre le typhus ou typhoïde.
J'ai assisté cet après-midi à la conférence de Mr. GERARD (sur l'historique de la France).
Osnabrück.
J’ai touché un colis venant de Poitiers, en mauvais état.
L'appel a été fait aujourd'hui dans les couloirs par suite du très mauvais temps.
Osnabrück.
Nous avons touché 34 biscuits.
Osnabrück.
Rien de particulier.
Nous suivons avec joie, le succès des armées alliées.
Osnabrück.
Ce matin, une messe chantée fut dite, et prières pour le repos du lieutenant DE TOURNADRE, fils du général français qui est avec nous, son fils fut tué le 31 juillet, cette triste nouvelle lui est parvenue que cette semaine.
(*)
: Hervé Jean Marie DE TOURNADRE, lieutenant au 10e Chasseurs, a été tué le 30
juillet 1918 à Cierges (02)
Osnabrück.
L'appel est fait maintenant chaque soir dans les couloirs de chaque étage.
Osnabrück.
J’ai touché ce matin, un colis venant de Coutras, et un deuxième venant d’Hilaire et contenant du tabac.
Osnabrück.
Une deuxième piqûre nous a été faite ce soir contre le typhus.
J'ai assisté, en payant 050 pf à une séance de cinématographe, faite à la salle de réunion du 2ème étage.
Osnabrück.
Rien d’intéressant pendant ces 4 jours, nous avons touché une ration de biscuits.
Aujourd’hui dimanche, je suis allé passer une heure au terrain de jeux.
Osnabrück.
J'ai assisté à une conférence faite par le lieutenant MULLER (sur l'Algérie).
Osnabrück.
Rien de particulier aujourd'hui.
Osnabrück.
Temps pluvieux et monotone.
J'ai assisté ce tantôt à la conférence du lieutenant SOUPIRON (du temps passé sur la vie religieuse). Nous écoutons tous ce conférencier avec un profond respect, il nous paraît être un saint
Une 3ème piqûre nous a été faite ce soir, contre le typhus.
Osnabrück.
Le mauvais temps continue.
Par ce grand vent, les arbres de notre cour, se courbent parfois en deux.
Osnabrück.
Le vent s'est calmé, ce qui m'a permis d'assister à la promenade.
A mon retour, je suis allé aux douches.
J'ai reçu ce matin une lettre du 3 août.
Osnabrück.
Nous avons joie des bonnes nouvelles du champ de bataille.
Osnabrück.
La messe fut dite ce matin de 9 h à 9 h ¾.
A 10 heures nous avons touché 40 biscuits.
J'envoie aujourd'hui ma dernière correspondance du mois à l'adresse de ma chère petite femme.
Osnabrück.
J'ai appris ce matin une bien triste nouvelle, je ne peux croire que cela est vrai.
(*)
: Il est informé du décès de sa fille Cécile, 7 ans, survenu le 13 août.
Osnabrück.
Dix sept médecins et 4 prêtres, capturés le 27 mai, venus avec nous dans ce camp, partent aujourd'hui à destination de la Suisse.
Ce n'est qu'aujourd'hui que j'apprends, par une lettre de ma femme, la mort de notre chère fille, tant aimée de nous tous.
Chère mignonne.
Par la lecture des journaux nous suivons chaque jour, la marche victorieuse de nos frères d'armes.
Les bonnes nouvelles, nous font parfois oublier les heures si longues de notre captivité.
A part cela nos mouvements sont chaque jour à peu près les mêmes. Une fois par semaine, c'est. à. dire le vendredi, je prends part à la promenade.
Soit le matin ou le soir, je vais prendre une douche. C'est la meilleure journée de la semaine, prenant ce jour. là (l’on prend) un peu de fatigue. Je m'endors le soir plus facilement.
Nous apprenons que l'armée allemande a capitulé à Sedan.
Osnabrück.
Nous apprenons aujourd'hui les conditions de l'armistice. et le (ra)patriement bientôt de nous tous.
Nous ne pensons qu'à notre départ, rejoindre bien vite, ceux, que nous aimons, après démarche faites par notre général, nous obtenons la remise de nos colis, sans être défaits, nos lettres sans être censurées.
L’appel du soir se fait par le commandant LASCAZE.
Les conserves remisées au grenier, nous ont été remises hier. J'ai pris possession de mes 12 boîtes qui me restaient. Quelques cahiers, cigarettes, en réserve au grenier me sont remis, plus une boîte de pastilles rafraîchissantes (reçue de Châtellerault) que j'ai été obligé de jeter par la suite de l'humidité prise.
L'appel fut fait ce matin dans les couloirs par le général DE TOURNADRE en compagnie du commandant DE LASCAZE.
Nous avons eu hier la visite du comité des soviets, des échanges de paroles ont eu lieu, par suite d'un refus fait ce matin, à ne pas laisser conduire un de nos camarades en prison.
Il a fait aujourd'hui un temps superbe.
Situation sans changement. Je tiens un bon rhume de cerveau.
Longue promenade faite ce soir de 2 heures à 4 h 30.
J’ai touché ce soir un colis, parti de Poitiers le 17 octobre. reçu en bon état.
J'ai pris ce matin une bonne douche.
Osnabrück.
Situation sans changement.
Notre départ doit avoir lieu, mais quand ? Tous se plaisent à faire circuler de fausses nouvelles, qui finissent par énerver tous ceux du camp.
Après la messe, dite ce matin à 8 h 30 jusqu'à 9 heures, je suis allé au terrain de jeux, et m'y suis promené pendant une heure compagnie du camarade LACOTE.
Dans la salle de réunion du 2ème étage, il y a eu ce tantôt de 2 heures à 4 heures, puis de 20 à 22 heures, musique et chants exécutés par des camarades.
Six soldats français employés à faire la cuisine pour les officiers du camp ont pris hier soir la fuite.
Je désire contacter le propriétaire du carnet d’Auguste THIERRY
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Lire le carnet de guerre de Pierre BOUTS, lui aussi prisonnier dans les mêmes camps
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