Mise à jour janvier 2014
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Avertissement : La diffusion de ce journal intime destiné, en cas de mort inopinée de son auteur, exclusivement à ses parents eût été inconvenante il y a quelque 50 ans.
Mais aujourd’hui que le rédacteur de ces lignes griffonnées sur le vif est décédé depuis plus d’un demi-siècle et qu’il est entré dans l’histoire avec un grand H, cette profanation de l’intimité d’un jeune homme à peine sorti de l’adolescence et précipité dans un conflit d’envergure mondiale d’une violence exceptionnelle pour ses malheureux acteurs ne peut être perçue par les lecteurs que comme une marque de respect et de profonde admiration de la part de son petit-fils. (Michel Tiberghien)
De garde à Capelle-au-Bois. (*)Temps très froid.
Quelques petits incidents de patrouilles. Deux enfants sont tués par des balles dum-dum. Ils ont la tête déchirée.
Relève de garde à 6 heures.
Retour au cantonnement à l’école de Willebroek.
Visite de Gustave Tiberghien. (**)
(*) : Kapelle-op-den-Bos
(**) :
Gustave Tiberghien est le cousin
germain de l’auteur de ce journal.
Il est né à Mouscron en 1890 et est
le fils de Rémy et Maria Catteau. Il a entre autres
un frère nommé Fidèle.
Repos.
Visite d’Henri.
Repos.
Visite de Gustave Vancoppenolle.
Appel à 6 heures à cause de soldats rencontrés à St-Nicolas.
Départ d’Henri. (*)
(*) : Frère
de l’auteur de ce journal
Réveil à 5 heures.
À 6 heures,
nous allons occuper les tranchées à Pullaert. (*)
Le soir, retour à Willebroek.
(*) :
Hameau de Breendonk.
Réveil à 5 heures.
De 8 heures à 10, exercice.
À 12 heures 30, départ pour Nieuwenrode. Nous sommes grand-gardes. Nous remplaçons le 2° Chasseurs. Occupations des tranchées.
Dans les tranchées à 3 heures. J’occupe un petit poste.
Nous apercevons les tranchées allemandes. Quelques coups de feu. Trois aéroplanes belges survolent (le coin).
La garde continue. Par ci par là, quelques coups de
fusil. Relevée de garde à 4 heures
par le 1° Chasseurs à pied. Nous partons pour cantonner à Op-Dorp. (*)
Arrivée à 9 heures au cantonnement.
(*) : Près
de Buggenhout (province d’Anvers)
Réveil à 5 heures.
À 6 heures, rassemblement sur la place.
À midi, départ pour Buggenhout. Duel d’artillerie.
Retour à Op-Dorp à 10 heures 30.
Réveil à 3 heures.
À 4 heures, départ pour Buggenhout. Nous prenons position dans un jardin. Deux shrapnels éclatent au-dessus de nous.
Le 2° Chasseurs bat en retraite. Nous occupons les tranchées. Vive fusillade à notre droite.
Duel d’artillerie.
À 3 heures, nous nous replions sur Op-Dorp.
À Saint-Amand, nous nous abritons derrière des haies. Puis nous allons cantonner à Oppuurs. Arrivée à 11 heures 30. Le 1° de Ligne reste sur les positions.
Vif combat durant la nuit.
À 3 heures, réveil.
À 4 heures, rassemblement du régiment. La 6° division nous remplace pour que nous puissions prendre du repos. Nous nous dirigeons par Puurs, Ruisbroek, Niel pour arriver à Hemiksem à 12 heures.
Repos à 6 heures.
Alerte dans les rangs. Prêts à partir.
Départ à 8 heures 30. Arrivée près de Boom à Reet au cantonnement à minuit 30.
Réveil à 6 heures.
À 10 heures, en tenue.
À midi, départ pour Duffel. Nous rencontrons les autos des 1°, 2° et 3° divisions. Vif bombardement des forts.
Bivouac dans un bois.
Le soir, nous allons cantonner à Duffel. Nous devions loger à la papeterie mais les obus avaient démoli l’usine. Je dors dans une grange. Les gens ne viennent ouvrir que lorsque leurs portes ont quasiment été défoncées.
Vive canonnade durant la nuit.
Réveil à 3 heures.
Départ pour occuper les bois derrière Duffel.
Le soir vers 8 heures, nous allons cantonner à Niel. Vive canonnade le jour et la nuit. Les obus passent au-dessus du village.
Réveil à 3 heures.
Occupation des bois.
Le soir vers 6 heures, en avant baïonnette au canon. On croit que nos forts sont violemment attaqués à cause de la fusillade et de la canonnade que nous avons entendues toute la journée.
L’aumônier nous dit de réciter un acte de contrition. Il nous donne également l’absolution. Le moment est grave. Nous marchons résolument et nous prons les amis de prévenir la famille en cas de malheur.
Nous partons pour un assaut. Mais comme le temps est assez clair, nous occupons la route le long de la Nèthe. Tout se passe bien. Vive fusillade et canonnade pendant la nuit.
Nous bivouaquons dans un ruisseau. L’église de Duffel brûle.
Les Chasseurs à Pied à Duffel en 1914
Nous creusons des tranchées le long de la Nèthe. Notre artillerie tire sans arrêt. Un shrapnel allemand éclate au-dessus de nous. Pas de blessés.
Nous partons en arrière dans un bosquet. Le train-ambulance est près de nous. Belle chasse à l’aéroplane.
Quand la brume revient, nous retournons le long de la Nèthe mais plus près de Duffel cette fois
Nous creusons une tranchée dans laquelle nous passons la nuit.
Beaucoup de maisons brûlent.
L’action est chaude toute la nuit.
Soldats belges en 1914 dans la région
anversoise
Réveil à 4 heures.
Toute la journée, duel d’artillerie. Notre tranchée est entre deux feux. Des obus belges éclatent sur la berge. De gros obus allemands éclatent à 25 mètres de notre tranchée et sur la berge. Moment angoissant !
En allant chercher une porte pour couvrir la tranchée, un obus tombe à mes pieds sans éclater faisant sauter la terre. J’en ai reçu sur la tête et sur le dos. Je croyais ma dernière heure arrivée.
Les Compagnies ont quitté leurs tranchées durant la nuit.
Le duel d’artillerie continue. Nous sommes étourdis par les détonations. C’est effrayant !
On nous annonce l’arrivée des Anglais à Lierre.
Vers 3 heures, nous devons partir. Les boulets allemands arrivent sur notre tranchée. Nous allons à Lint. Nous cantonnons dans une ferme.
Emile Mullier est à mes côtés.
Soldats anglais à Lierre (1914)
À 8 heures, réveil.
Départ pour occuper les bois là tout près.
L’après-midi, nous partons occuper les tranchées près de la Nèthe dans un bois. Le temps est épouvantable.
Nous sommes violemment bombardés et on tire beaucoup.
L’action est très chaude. Nous marchons en avant
Violents combats d’infanterie. Nous devons reculer. Nous avons beaucoup de blessés et de morts. Un boulet tombe près de nous dans une batterie. Un caisson saute.
Au soir, nous partons soi-disant pour cantonner. Les Anglais nous remplacent.
Nous dormons dans un parc.
À peine couchés depuis un quart d’heure, nous devons nous relever.
Nous passons à Vieux-Dieu (*) où il y a beaucoup d’autobus anglais. Nous continuons par Hoboken. Nous longeons le champ pétrolifère.
Nous traversons l’Escaut à Anvers sur un pont constitué de 36 bateaux. Nous passons par la « Tête de Flandre » pour arriver […]-Waes ( ?) à 7 heures du matin.
Comme nous sommes exténués, nous avons repos jusqu’à 19 heures.
Puis en tenue pour partir mais le départ est décommandé. Nous pouvons nous reposer.
(*) :
Commune de Mortsel
Réveil à 3 heures.
Départ à 5 heures. Nous passons à Zelzate. Nous longeons la frontière hollandaise pour arriver à 8 heures 30 à Ertvelde où nous cantonnons.
Je suis logé chez un menuisier. Je suis bien.
Nous avons parcouru 50 km.
Réveil à 4 heures.
Prêts pour partir mais l’ordre est décommandé. Nous sommes au repos.
Les communications avec Mouscron sont interrompues.
Au soir à 9 heures, en tenue prêts pour le départ. Nous ne partons pas encore.
Nous retournons nous coucher.
Réveil à 1 heure.
Départ pour la gare d’Assenede (*) où nous embarquons en direction de Bruges. Là, il y a énormément de trains militaires et de vivres. Nous voyons beaucoup d’Anglais et de Français.
Puis nous partons pour Lichtervelde où nous cantonnons.
Je vais rendre visite chez Mr. Storme qui m’a très bien reçu. J’ai reçu 50 Frs, une couverture et un peu de linge. Je suis logé à l’école. J’ai donné 10 Frs à Charles Hocepied.
(*) :
Commune de Flandre Orientale située près d’Eeklo.
Réveil à 5 heures.
Je vais déjeuner chez Storme.
Puis je vais à la messe de 8 heures 30.
Plus tard, nous ne pouvons sortir qu’à 20 heures.
Nous nous nettoyons. Je vais goûter chez le champêtre.
Je soupe chez un cousin Storme.
À 21 heures, coucher.
Réveil à 5 heures.
Départ. Nous passons par Kortemark, Essen pour cantonner à Woumen.
L’après-midi, exercice.
Réveil à 5 heures.
Nous allons creuser des tranchées à quelques kilomètres de Dixmude.
Je suis ce jour-là proposé pour être caporal. Victor DEMETS vient me saluer.
Nous sommes toute la journée sous la pluie.
Réveil à 5 heures.
Nous allons continuer de creuser les tranchées.
À midi, nous retournons au cantonnement.
À deux heures, nous partons pour être grand-gardes à Klerken.
Le soir à 8 heures, nous partons cantonner à Houthulst.
Réveil à 4 heures.
Départ pour Langemark. Nous creusons des tranchées.
Au soir, je suis de garde avec 12 hommes. Ensuite, relevés après une heure.
Plus tard, nous allons cantonner dans une boulangerie.
À 21 heures, nous devons partir loger dans une ferme sur la route de Dixmude à Ypres.
Réveil à 2 heures.
Nous marchons sans trop savoir dans quelle direction. Nous arrivons à Reninge.
Au soir, nous faisons des travaux de défense à Noordschote entre l’Yperlee et l’Yser.
La nuit, mon peloton est de garde. Les autres vont dormir.
Nous continuons à creuser des tranchées toute la journée.
Arrivée des Chasseurs français (19°), des Cyclistes, des Hussards, des Dragons (21° et 30°) et des Cuirassiers (3° et 6°). J’ai vu GHESQUIÈRE du 30° Dragons.
Au soir, je vais dormir avec trois camarades dans une maison en face du pont de bateaux.
Toute la nuit, des troupes françaises sont passées.
Réveil à 5 heures.
Nous passons par Loo. Nous rencontrons les fourgons des 1° et 2° régiments de Fusiliers-Marins.
Nous bivouaquons dans les prés.
Le soir, on fait 12 km pour aller cantonner à Hoogstade sur la route de Furnes. Il est 11 heures 30.
Réveil à 2 heures.
Nous retournons au même emplacement qu’hier (OudeKapelle).
Quelques heures plus tard, nous nous mettons en marche vers Dixmude, Esen pour prendre position à Vladslo.
À peine à notre emplacement, l’artillerie fait feu sur un (ballon) captif à proximité. Ensuite il y a un violent duel d’artillerie jusque durant la nuit.
Plusieurs maisons brûlent.
La nuit est très calme et la matinée également.
Toute la division s’est retirée pendant la nuit.
Ma compagnie n’a pas été prévenue. Aussi elle se retrouve seule.
Nous apercevons des cavaliers ennemis sur le pont derrière nous. Nous nous retirons à travers les prés pour revenir occuper le pont. Nous mettons en fuite les cavaliers et les cyclistes allemands.
Notre artillerie qui ignore notre emplacement tire à proximité de nous. Nous reculons jusqu’à la gare d’Esen.
Là, nous rencontrons un major des Guides qui nous arrête et nous nous mettons en position. Les obus éclatent entre nos tranchées.
Nous tenons les Allemands en respect jusqu’à 2 heures. Puis les Guides s’en vont.
Nous battons en retraite par Woumen et à travers les prairies, nous arrivons près de l’Yser où la 1° division est de garde. On nous croyait pris ou exterminés. Nous allons au village d’OudeKapelle pour loger dans l’église. Nous sommes très fatigués.
Il y a plusieurs morts et blessés.
Réveil à 5 heures.
Nous partons prendre position avec le reste du bataillon le long de l’Yser.
À peine arrivés, vive fusillade. Puis les gros obus font leur apparition.
Violent combat à notre droite et à notre gauche.
Le matin, nous entendons quelques coups de feu.
Toute la journée, les gros obus pleuvent.
Au soir, nous allons à six de l’autre côté de la rivière afin de tuer une génisse pour la compagnie.
Le matin au petit jour, nous sommes relevés par la cavalerie.
Nous partons à Oostkerke en vue de Pervyse qui est violemment bombardé.
Au soir, nous partons prendre position près de la gare. Nous sommes obligés de nous arrêter car les obus pleuvent autour de nous. Nous passons la nuit dans un ruisseau.
Nous sommes sous les ordres de la 1° division.
Au matin, nous prenons position le long du chemin de fer pour avancer à travers
les prairies qui sont sillonnées de ruisseaux.
Nous creusons des
tranchées. À peine sont-elles terminées, nous sommes canardés.
Le combat est
violent toute la journée.
Au soir, quelques hommes vont mettre le feu à une ferme qui se trouve devant nous. Il y avait des munitions pour les mitrailleuses allemandes. Quelques hommes vont tuer un porc.
À peine revenus, la ferme est occupée par les troupes allemandes.
Du côté de Dixmude, tout est en feu.
Toute la journée se passe dans les tranchées. Fusillade acharnée toute la journée.
Le soir, il fait un temps épouvantable. Il pleut toute la nuit.
Nous sommes percés.
L’action continue avec violence sur notre gauche. Les troupes qui se trouvent là, battent en retraite vers midi faute de munitions.
Ma compagnie se trouve isolée et est prise d’enfilade. Elle se retire.
Beaucoup d’hommes sont tués et blessés. C’est une vraie débâcle !
J’arrive au chemin de fer.
Là, nous sommes arrêtés et nous prenons position. Je suis complètement exténué et démoralisé.
La nuit est chaude. Je reçois une balle dans mon fusil.
L’action continue d’être très vive. Nous sommes tous mélangés Belges et Français. Les obus pleuvent dru. Il y a beaucoup de tués et de blessés. Nous ne recevons pas de vivres. Nous mourons de faim. Notre capitaine a été blessé hier. Il y a très peu d’hommes de la compagnie.
Les Allemands creusent une tranchée à 250 mètres. Ils hissent le drapeau blanc. Nous voyons qu’ils jettent leurs morts au-dessus d’un parapet.
Epuisé, je vais à la recherche de ma compagnie qu’on me dit être à Kapelle.
La compagnie comprend encore une cinquantaine d’hommes, tous très fatigués.
Nous recevons un repos d’une journée. Nettoyage des armes. Nos effets sont couverts de boue. Nous sommes déguenillés.
Nous avons très froid pendant la nuit.
Dans le village, il n’y a plus rien à trouver.
Réveil à 5 heures.
Nous profitons du brouillard pour aller prendre position près de la route de Pervyse à Oudstuyvekenskerke. Les obus pleuvent autour de nous.
La nuit est assez calme.
Avant le lever du jour, nous sommes relevés par le 12° et le 13° de ligne pour aller au repos.
Nous avons à peine quitté les tranchées que les Allemands font l’assaut du chemin de fer. L’attaque est repoussée.
Il y a beaucoup de prisonniers.
Nous partons par Kapelle pour Vickem. Nous sommes logés à l’école. Nous nous nettoyons ainsi que les fusils. Les faisceaux sont formés car nous sommes prêts à marcher.
Repos. Nettoyage.
Inspection.
L’après-midi, je vais me confesser pour la fête de la Toussaint. Il y a beaucoup de réfugiés de Malines par ici.
Fête de la Toussaint.
Nous sommes au repos.
Au matin, je vais communier.
À 11 heures, il y a revue par le général de brigade.
Puis à 2 heures, nous recevons une permission et nous pouvons sortir jusqu’à 8 heures. J’ai vu Victor Demets (Vickem)
Fête des morts.
À l’office, le drapeau tricolore recouvre un catafalque. Nous prions pour les morts tombés au combat.
À 9 heures, théorie.
À 2 heures, exercice.
Après l’exercice, je reçois les galons de caporal.
Vers 5 heures, nous partons cantonner à Pollinkhove ….
Réveil à 4 heures.
Nous partons le long de l’Yser pour creuser des tranchées.
Au soir, nous allons occuper une position de repli. Nous partons cantonner à Leisele à 800 mètres de la France.
La journée a été très calme.
Réveil à 5 heures.
Même journée qu’hier. Retour au cantonnement de Leisele.
Réveil à 5 heures.
Même journée que les deux précédentes.
Au soir, retour à Leisele.
Réveil à 5 heures.
À 10 heures, inspection.
À 12 heures, en tenue pour partir à pied. Mais il n’y a que la 1° brigade qui marche.
Nous allons cantonner à Alveringem.
Nettoyage et inspection. Deux heures d’exercice.
Je vais à la messe au village. Je rencontre Leman et les amis de Mouscron.
L’après-midi à 3 heures, départ pour prendre position.
Le 1° bataillon est de réserve. Nous sommes le long du chemin de fer entre Dixmude et Pervyse. La nuit est calme.
La journée est très calme. On […] nos abris.
La soirée est plus mouvementée.
La canonnade a repris. La fusillade est vive. La journée semble rude.
Au soir, nous devons être relevés mais un ordre arrive nous obligeant à rester.
La nuit est très mouvementée.
Il fait un temps épouvantable. La journée semble mouvementée.
L’après-midi, il pleut de plus belle. Nous sommes trempés jusqu’aux os.
Durant la nuit, nous partons pour remplacer des troupes en avant. Nous avons de la boue jusqu’aux genoux. Nous sommes gelés.
Nous sommes dans les tranchées de 2° ligne. Le temps s’est un peu amélioré. Le combat est violent du côté de Dixmude.
Au soir, nous allons chercher de la paille pour nous abriter du mieux que nous pouvons.
Le
temps est devenu sombre. Il pleut à torrents. Lorsqu’il y a une accalmie, nous
chantons et nous fumons.
La nuit, nous sommes relevés. Nous
avons de la peine à marcher tant il fait boueux.
Nous
allons cantonner à Oostkerke à la ferme du Grand Cambron. Nos tranchées
ont été prises d’enfilade par l’artillerie allemande.
Heureusement
il n’y a que quelques blessés.
Nous
sommes de réserve. Nous restons cantonner à la ferme.
Le
temps est très mauvais. La canonnnade est assez calme.
La
journée est plus rude. Il neige.
Le
canon tonne sans arrêt. Des obus viennent éclater autour de la ferme.
L’après-midi, nous partons au repos à Alveringem.
Les autres bataillons seront relevés durant la nuit. La 6° division nous
remplace.
Nous
sommes logés dans une ferme près de la place. J’ai porté la montre de Victor Demets chez Deloye, horloger, 198, rue
…. Ceci au cas où je ne pourrais aller la chercher !
Nettoyage
et inspection.
J’ai
vu Louis Derijcke.
Au soir, nous nous mettons en route
pour changer de cantonnement. Mais nous ne pouvons pas rester où nous sommes
arrivés.
Départ
à 6 heures.
Nous
allons le long du canal de Fortem (*) pour
creuser des tranchées.
Au soir, nous retournons à Alveringem.
(*) : Le Canal de Lo ou Lovaart est un
canal de Belgique en province de Flandre occidentale. Le canal
relie la ville de Furnes à l'Yser au niveau du village
de Lo.
Repos.
Je vais chercher la montre chez l’horloger.
Repos.
Exercice.
Théorie.
Il gèle très fort.
Exercice
et inspection à Leisele. Les Chasseurs Alpins (*) sont à Lampernisse.
(*) : Le 11e bataillon de Chasseurs Alpins se trouvait en
Belgique à cette époque.
Exercice et inspection. … Il gèle.
Je vais à la messe de 9 heures.
La musique joue des airs nationaux et alliés. Je vais dire bonjour à Victor.
L’après-midi, réunion avec une dizaine de camarades de Mouscron et de Dottignies. Nous parlons du pays et des morts.
Exercice.
J’apprends la mort de Vasseur, Bonami et Loncke. Le temps est très froid. Réunion des amis.
Réveil à 6 heures. Il y a du verglas. Nous allons creuser des tranchées le long du canal.
Le régiment des Grenadiers va au repos. Réunion des amis.
Exercice et inspection.
Nous apprenons une grande victoire russe. Réunion des amis.
Exercice.
À 13 heures 30, nous partons pour les tranchées. La musique nous accompagne jusqu’à Fortem. Nous allons occuper les tranchées en 3° ligne à deux heures d’Oostkerke.
Comme il n’y a pas assez de place pour toute la compagnie, je dors dans une ferme là-bas.
Ma section est de jour.
Je dois aller à Oostkerke pour aller chercher des vivres. Et cela plusieurs fois ! Les marins sont revenus par ici. La cuisine est installée dans une brasserie.
Au soir, à 6 heures, la compagnie revient au cantonnement à Oostkerke.
Nous logeons dans une petite grange près de la gare.
Nous sommes au repos. Nous recevons la solde.
Au soir, nous partons aux tranchées de la 3° ligne le long du chemin de fer. Les tranchées sont couvertes mais la pluie perce à travers la paille.
Il n’y a rien de nouveau.
Il n’y a pas d’obus qui tombent près de nous. Le soir avec deux camarades, nous construisons un abri pour être un peu plus à l’aise.
La nuit est très froide.
Le vent souffle avec violence.
Nous sommes tranquilles toute la journée.
Au soir à 6 heures, nous sommes relevés par la deuxième ligne. Nous arrivons à Alveringem à 10 heures 30.
Nettoyage. Inspection.
Au soir, pour célébrer la Ste-Eloi, nous buvons quelques verres de bière avec des camarades de Mouscron. Je me fais raser la moustache.
Exercice.
Nous apprenons que durant la nuit les Allemands ont bombardé l’église de Lampernisse. Il y a eu une soixantaine de tués et autant de blessés parmi les Chasseurs Alpins (3°) qui étaient cantonnés à cet endroit.
Exercice.
Journée ordinaire.
Au matin, exercice.
Vers 13 heures 30, départ en musique pour les tranchées de 1° ligne. Il fait un temps déplorable.
Nous sommes dans les tranchées entre Pervyse et Dixmude. Un peloton monte la garde toute la nuit.
À 2 heures du matin, mon peloton est de garde.
Les tranchées sont remplies d’eau et de boue. Il pleut. Il y a de l’orage et il tombe des grêles. Nous avons les pieds gelés et nous sommes trempés jusqu’aux os.
À 6 heures, nous allons dans les tranchées abris où il fait très humide.
À 14 heures, nous reprenons la garde. Le temps s’améliore un peu.
À 6 heures, nous sommes relevés […]
Fête de St-Nicolas.
Les temps est […] mais reste très froid. Comme les 2° et 3° pelotons sont montés six heures durant la nuit, nous montons à notre tour toute la journée.
Au soir, je vais avec le lieutenant […] chercher la compagnie de Carabiniers qui doit nous remplacer. Celle-ci arrive à 20 heures.
Il fait un temps déplorable. Nous arrivons à Alveringem à minuit.
Repos.
Nettoyage et inspection.
[…] L’après-midi, nous partons pour les tranchées plus au sud de Dixmude, du côté de Nieuwcapelle afin de remplacer les 93° et 94° Territoriales.
Je suis de garde. Il y a au moins 18.000 m d’eau.
La garde continue.
Tout va bien. La journée est calme.
Au soir, je vais à Nieuwcapelle pour chercher des vivres.
Au matin, on nous fait changer de tranchées. Les tranchées sont très bien construites.
Nous essayons d’aller chercher un cheval de l’autre côté de l’Yser. Il y a encore beaucoup de bêtes.
Au soir à 20 heures 30, nous sommes relevés par le 1° de Ligne. Nous partons par Nieuwcapelle pour aller cantonner à Loo.
Repos.
Nettoyage. Nous sommes logés à une demi-heure des 2° et 3° pelotons près d’un pont sur la route de Nieuwcapelle.
Exercice et distribution d’effets.
Au soir, nous faisons quelques parties de cartes et une soirée chantante. Nous nous amusons un peu !
Je vais à Loo à 45 minutes du cantonnement pour aller à la messe de 10 heures. Il y a le 1° de Ligne et le 73° Régiment d’Infanterie Territoriale qui cantonnent là. Belle église !
L’après-midi, distribution d’effets. Nous sommes logés chez Charles Loosens (pont de Rosendaël – Loo)
Au matin, solde.
Arrivée de soldats et d’effets venant du dépôt et de l’hôpital
L’après-midi, exercice. Je fais fonction de caporal cuisinier.
Exercice. Inspection.
Victor Demets vient me rendre visite. Nous recevons des cartes pour écrire chez nous.
Exercice.
L’après-midi à 14 heures 30, alerte. Nous sommes prêts à nous mettre en route.
Ensuite, nous pouvons rentrer au cantonnement.
Exercice.
L’après-midi, exercice d’alerte comme hier. Puis nous pouvons rentrer.
Théorie.
L’après-midi, nous partons pour les tranchées de Nieuwcapelle et d’Oudecapelle puis à travers les prés jusqu’à St-Jacques–Capelle. Les chemins sont très mauvais. Les ponts sont mal faits et nous tombons dans l’eau.
Nous arrivons sur la digue de l’Yser en face de Woumen. Il fait très froid et nous sommes mouillés.
La journée est assez calme.
Les sentinelles tirent continuellement pour éloigner les patrouilles allemandes.
Durant la nuit précédente, nous avons eu une alerte vers minuit.
Aloïs et Omer ont été blessés.
Il y a eu un peu de va-et-vient derrière les tranchées.
Aussitôt les obus et les shrapnels tombent. Il y en a cinq qui sont tombés autour de ma tranchée sur 10 m². Un obus est tombé juste au pied de ma tranchée.
Je crois que ma médaille et mon scapulaire m’ont protégé.
Au soir, nous sommes relevés par la ligne ( ?). Nous revenons par le même chemin pour nous rendre au village de Loo. Lorsque nous arrivons à un kilomètre de l’endroit, nous faisons demi-tour parce que Loo est bombardé par de gros obus. Nous allons loger dans l’église d’Alveringem.
Nous arrivons à 2 heures 30 de la nuit.
Nous nous nettoyons. Nous ne recevons pas de pains à cause du bombardement de Loo. La maison où nous devions loger est littéralement coupée en deux.
Au soir à 8 heures, nous partons pour Loo mais nous restons jusqu’à minuit le long du canal.
Ensuite nous restons au village. Il y a plusieurs maisons complètement détruites
Nous nous restaurons un peu. L’après-midi, je vais à Alveringem en corvée pour aller chercher des allumettes et des bougies. Je reviens à 6 heures. Le bataillon est parti car il a changé de cantonnement. Nous partons pour une ferme à une heure de Loo. Nous nous enfonçons dans la boue.
Repos. Nous faisons notre lessive et plusieurs autres petites occupations.
Le soir, dans la grange nous organisons une soirée chantante.
Au matin, nous partons dans une prairie en position de rassemblement. Nous changeons trois fois de place.
Au soir, nous rentrons au cantonnement à 5 heures. Nous nous confessons en chemin afin de pouvoir communier le jour de Noël.
Il gèle.
À 6 heures du matin, il y a la messe dans la grange. Je communie.
Cela rappelle la Révolution de 1789. C’est très touchant et impressionnant.
À 7 heures 30, nous partons à la même place qu’hier. On nous donne une demi-livre de chocolat et une tranche de fromage.
Au matin, nous jouons au … ( ?) tout en profitant du brouillard.
L’après-midi, nous faisons concert. Nous chantons à tour de rôle jusqu’à 7 heures.
Puis nous rentrons au cantonnement.
Au matin, on nous donne un pot de confiture.
L’après-midi, du tabac.
En route pour les tranchées, nous passons par Oude-Capelle et St-Jacques-Capelle.
Le chemin est un peu mieux. Nous traversons l’Yser. Nous avons des tranchées non-couvertes. Nous sommes gelés.
À peine arrivés, des shrapnels éclatent près de nous.
La journée est assez bonne. Nous sommes bien bombardés et canardés. Nous sommes à droite de Dixmude. Les ruines de la ville sont très impressionnantes.
La nuit, il pleut. Nous sommes mouillés et gelés.
Ma section est de jour.
Nous allons chercher les vivres. Il pleut toute la journée et le bombardement est plus intense.
Au soir, il y a un ouragan sans pareil. Il pleut. Nous sommes un peu démoralisés.
Les soldats des postes avancés creusent des tranchées. Nous sommes heureux qu’il s’agisse de la dernière nuit.
Au matin, je cherche un abri fait avec quelques sacs.
La journée est plus calme.
Au soir, nous sommes relevés par la 1° ligne. Nous sommes heureux de nous en aller. Le Génie travaille activement. Nous prenons la même route qu’à l’aller.
Nous passons par Loo pour aller cantonner près d’Alveringem dans plusieurs fermes. Nous sommes sales et couverts de boue.
Nous commençons le nettoyage et nous mettons sécher nos couvertures qui sont trempées.
Au soir, nous allons à Alveringem pour nous faire vacciner contre le typhus. Pour sortir de la ferme, nous sommes dans la boue jusqu’aux chevilles.
Il fait très sale.
Nous continuons notre nettoyage. Il y a inspection des armes.
Au soir, je vais à Alveringem pour porter mon linge à lessiver.
Après nous célébrons un peu le réveillon. Nous chantons. Nous buvons un verre.
À minuit, nous allons souhaiter la bonne année aux officiers.
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