Voici le parcours succinct de Henri TRISTANT, brigadier de la classe 1901

Parcours d'Henri TRISTANT, durant 14/18

artilleur aux 20e, 114e, 115e RAL

 

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Voici le parcours succinct de Henri TRISTANT, brigadier de la classe 1901 au travers de sa correspondance. Ses différentes incorporations se résument ainsi :

20ème RAL jusqu’au 31 septembre 1915

114ème RAL du 1er nov. 1915 au 15 janvier 1918

115ème RAL du 16 janvier 1918 au 11 février 1918

18ème Escadron du Train du 12 février 1918 jusqu’à la fin de la guerre

 

Les renseignements soulignés indiquent la représentation des cartes postales. Ces dernières furent envoyées à sa famille. Sont présents seulement les renseignements relatifs au régiment et au déroulement de la guerre.

 

Mai 2006

Par Guillaume, son arrière-arrière petit-neveu

 

 

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Sommaire :

20ème RAL : Octobre 1914

114ème RAL : Novembre 1915

115ème RAL : Janvier 1918

Torpillage de la Dives : 01 février 1918

18ème Escadron du Train : Février 1918

 

20ème RAL : Octobre 1914

Harbonnières – L’Hôtel de Ville

Le 2 octobre 1914

 

AlveringhemPastoryLa Cure

Le 6 novembre 1914

 

Alveringhem –De PlaatsLa Place

Le 14 novembre 1914

 

A Senlis – Hôtel incendié par les Allemands

Le 12 février 1915

 

Artillerie de 120 remorquée par un tracteur automobile.

Nos vaillants artilleurs à l’œuvre

Le 14 avril 1915

 

Albert – Après le bombardement

Le 8 juin 1915

 

Bataille de la Marne du 6 au 12 sept – Heitz-Le MauruptLa Mairie

Le 26 août 1915

114ème RAL : Novembre 1915

Marson – L’Église incendiée le 8 septembre

Le 17 novembre 1915

"Nous voilà sortis de nos bois, pour nous retirer un peu au repos, ce n’est pas trop tôt, depuis 16 mois je crois que c’est bien notre tour. Je suis toujours en bonne santé mais ce qu’il fait froid, de la neige du grésil de la gelée c’est un bien mauvais temps qu’il faut supporter avec courage, ce serait pourtant bien temps que cette maudite guerre finisse mais quand ! "

 

REMIREMONT – Les Nouveaux Bains

Le 7 décembre 1915

 

BUSSANG – Vue Générale

Le 22 décembre 1915

"Pour ma santé, elle est toujours bonne, le neige recommence à tomber heureusement que notre travail n’est pas bien dur en ce moment, puis comme vous savez j’ai un bon lit pour me coucher, espérons au plus vite des jours meilleurs."

 

BUSSANG – La Vallée de la Hutte

Le 28 décembre 1915

 

BUSSANG – L’Hôtel des Sources

Le 10 janvier 1916

 

VALENCE – Place de la République et Monument Émile-Augier

Valence le 5 février 1917,

"Hier nous nous réjouissions du radoucissement de la température, hélas ce matin au réveil la neige tombait en quantité et probable que l’on en tient pour toute la journée, car il est une heure de l’après-midi et elle ne cesse point, au contraire, je ne sais point ce que l’on a à devenir, mais nous souffrons beaucoup du froid, que doivent dire les pauvres diables qui sont au front."

 

Valence – Vue panoramique du Boulevard Bancel

Le 25 février 1917

 

VALENCE – Les Boulevards – E.R.

Valence le 4 avril 1917

 

VALENCE – Intérieur de la Gare – P.S.V.

Valence le 19 juillet 1917

 

VALENCE – Place de la République et Monument Émile-Augier

Le 9 août 1917

 

Valence – Parc Jouvet – Les Serres

Valence le 21 septembre 1917

115ème RAL : Janvier 1918

NIMES – La Maison Carrée

Nîmes le 22 janvier 1918,

"Je suis toujours à Nîmes loin de vous autres tous, mais ma pensée ne vous quitte guère ; j’attend toujours l’heure du départ et dire qu’il faudra peut-être passer une huitaine à Marseille ; je voudrais tant être rendu à destination afin d’être tranquille."

 

TARASCON – Le Cours National

Tarascon le 26 janvier 1918,

"Je suis parti de Nîmes ce matin. En ce moment j’attends la correspondance.

Ici pour Marseille, en descendant du train je suis tombé et me suis foulé le poignet droit, je me suis fait faire un massage à l’hôpital où on voulait me garder. Je n’ai pas voulu, je ne crois pas la destination bien mauvaise après, je ne sais pas où on aurait pu m’expédier, puis je ne crois pas que ce soit bien grave."

 

MARSEILLE – L’Entrée du Vieux Port et le Pont Transbordeur

Marseille le 27 janvier 1918

"Nous voici à Marseille, de cette nuit.

Mon poignet est à peu près toujours pareil, il faut donner le temps, cela ne m’empêche ni de manger, ni de dormir, cela me gênera un peu pour me promener. Je ne sais pas si on sera longtemps ici, j’en dirai plus long quand j’écrirai mieux à mon aise, puis pour le moment je ne connais rien de nouveau."

 

MARSEILLE – Les Quais – La Cathédrale

Marseille le 28 janvier 1918

"Hier j’ai visité un peu la ville où il y a foule et un va et vient comme à Paris.

Aujourd’hui je suis commandé pour conduire un détachement de prisonnier au château d’If, cela fera encore une promenade car le temps est bien beau.

Pour le départ d’ici on en sait encore rien, mais ce ne sera sans doute pas long."

 

MARSEILLE – Sortie du Vieux Port

Marseille le 29 janvier 1918

"L’embarquement est annoncé pour demain 13 heures.

Le moment devient donc critique mais je ne m’épouvante point, la mer est calme, reste les sous-marins. Inutile de redire mes recommandations pour les petits, j’ai confiance en vous tous ; j’écrirai aussitôt rendu ou j’enverrai une dépêche si c’est possible.

Nous embarquons sur la Dive."

Torpillage de la Dives : 01 février 1918

Lettre

Bougie le 2 février 1918

"Chère sœur,

Ce matin j’ai envoyé une dépêche t’annonçant mon arrivée à Bougie.

Partant de Marseille je t’avais dit que l’on embarquait sur "La Dives", hélas ce bateau n’a pu arriver jusqu’ici : nous avons été torpillés environ 5 heures avant d’entrer.

C’était hier à 1 heure du soir au moment où tout le monde commençait à respirer à l’aise car on apercevait les côtes d’Algérie.

J’étais à même d’écouter jouer de la mandoline, un permissionnaire et un autre chantait en même temps."

 

"Tout à coup on aperçut sur la gauche du bateau le sillage d’une torpille.

Immédiatement je prends mon gilet de sauvetage, je le mets sans m’émotionner et on jette les barques et les radeaux à la mer. Malheureusement le radeau sur lequel j’étais désigné en cas d’accident ne m’a pas donné le temps de l’attraper, j’ai donc sauté par dessus le bord et fait un plongeon dans le royaume des poissons.

Je me sentais toujours descendre la tête en bas et prenais un peu d’eau par le nez, l’avant du bateau sombrant presque en même temps. Je me croyais bien parti dans les remous, ne perdant pas pour cela mon sang-froid, je passe le bras gauche sous ma ceinture de sauvetage et immédiatement ce mouvement me fait changer de bout et je remonte à la surface.

Je me suis trouvé tout surpris lorsque j’ai eu la tête hors de l’eau. Je ne me rendais pas bien compte ayant un peu bu, avec mes mains, je cherchais de droite et de gauche, une épave quelconque, je réussis à rattraper une deuxième ceinture qui se promenait par là, ensuite une planche mais cette dernière faisait toujours le moulinet, j’étais donc forcé de me rattraper à tout moment."

 

"Heureusement une vague me rapproche d’un radeau et je grimpe dessus en vitesse.

J’étais donc sauvé mais tout trempé bien entendu et le petit moment que je suis resté sur le radeau je commençais d’avoir sérieusement froid, le chalutier qui nous aperçût s’est porté immédiatement à notre secours et a tout pris à son bord les rescapés de la Dives.

Mais à bord de ce chalutier il y avait beaucoup de monde et pas moyen de se faire sécher, on était autour d’un petit poêle les uns sur les autres, pas moyen de me réchauffer et rien à avaler, puisque toutes les musettes, paquetages, bidons étaient restés sur le bateau que nous montions.

J’ai donc grelotté ainsi jusqu’à l’arrivée à Bougie à 10 heures du soir, tu parles que le temps me paraissait long."

 

"A la sortie du bateau je n’avais pu vomir le peu d’eau que j’avais avalé et cela m’étouffait, et fatigué comme j’étais d’être toujours debout  et tremblant je ne pouvais plus me tenir, j’étais plié en deux et j’étouffais, j’avais pourtant fait mon possible pour vomir, pas moyen.

J’avais beau m’enfoncer les doigts dans la bouche, les entrailles me seraient plus tôt sorties que de vomir.

Lorsque j’ai été à terre un brave monsieur s’approche de moi et me fait suivre chez lui, là, il me fait préparer un bon lit, une bonne infusion et tout cela m’a sauvé la vie. Je n’ai guère dormi de la nuit, j’étais si fatigué, de plus c’était encore assez loin du port chez ce monsieur. Je marchais toujours le nez sur le bout des papiers, cela m’a provoqué un point de côté que je me sens encore un peu ce soir, mais beaucoup moins."

 

"Ce matin ces braves gens m’ont fait sécher mes effets, ce qui n’était pas un petit travail, et ce soir je suis monté à la caserne pour me faire porter rentrant.

Sur 35 que nous étions de notre détachement, il en est disparu 5 ; 4 brigadiers et un maréchal.

Dans les brigadiers, un a été retiré mort et ce pauvre (Taurcault) n’a pas repassé lui aussi.

Nous étions 3 brigadiers du 114, les 2 autres ont disparus. Tu vois que je peux m’estimer heureux ; pour (Taurcault) il est descendu à l’eau avant moi, il venait même de me faire dénouer sa ceinture qui était le derrière devant, je lui disais bien qu’il n’y avait pas d’inconvénient, enfin il a insisté je n’ai pu lui refuser ce qu’il me demandait, mais je ne crois pas qu’il ait eu le temps de la remettre et il est probablement parti dans les remous quand le bateau s’est enfoncé.

A moins qu’il ait été recueilli par d’autres, mais par le chalutier qui était avec nous, il n’y était pas. Comme il n’y avait que celui-ci dans les parages, je ne conserve guère d’espoir de le retrouver."

 

"Du moment où la torpille a frappé le bateau jusqu’à ce qu’il ait sombré complètement, ce fût la durée de 7 min.

Tu vois que ce n’était pas bien long.

Pas besoin de te dire que quand je prenais la direction du fond de la mer, ma pensée était avec vous tous, je n’ai perdu à aucun moment mon sang-froid. Je craignais la congestion car il n’y avait guère qu’une heure et demie que l’on avait fini de manger ; enfin tout s’est passé à peu près encore pour cette fois puisque j’ai la vie sauve, mais tu sais j’en ai passé de bien près, le front français n’est rien auprès d’une catastrophe pareille, puis à tout moment il me revient devant les yeux, cette vision épouvantable : c’est bien triste.

Heureusement que j’ai rencontré ce brave monsieur qui lui comme moi est aussi veuf avec 2 enfants. Il y a que 17 mois lui, tu vois que notre malheur est arrivé à peu près dans le même temps.

Il a une servante veuve aussi avec 2 enfant dont 1 fils au front et qui est loin d’être tranquille. Elle est tout à fait convenable aussi."

 

"Je crois que nous partirons de Bougie demain matin pour Alger, mais par le train, en fait de bateau il n’y a plus rien à faire, et personne de vous autres ne sera surpris si vous ne me voyez pas avant la fin de la guerre, à moins que je sois commandé pour rentrer en France.

Il n’y a pas de permissions qui tiennent, j’ai échappé cette fois, c’est bien beau."

 

Le 1er jour de la traversée, nous avions déjà fait demi-tour sur Marseille car nous étions poursuivi par un sous-marin, le lendemain il a mieux fait, il nous a attrapé. S’il peut exister des choses pareilles, c’est abominable ! Pour mon poignet, il va bien mieux je ne m’en sens presque plus. J’aurais peut-être mieux fait de rester à l’hôpital à Tarascon, d’un autre côté je ne suis pas fâché d’être arrivé ici malgré mon plongeon.

Je vous enverrais mon adresse afin de savoir ce que vous devenez tous, je vous espère toujours tous en bonne santé ; mais pour ces lettres, elles ne parviendront point toutes, ainsi toutes celles qui étaient sur la Dives ont été perdues puis les courriers sont rares ; enfin il faut bien se contenter de sa situation puisqu’on ne peut faire autrement ; armons-nous donc plus que jamais de patience et maintenons nous dans l’espérance de nous voir bientôt réunis.

Si cette lettre arrive tu la montreras à la famille car je ne veux pas la redire à tout le monde, c’est un peu fatiguant pour moi d’énumérer un passage pareil."

 

"J’ai réussi à sauver avec moi l’argent qui était dans mes poches, autrement tout le reste est foutu, rasoir, paquetage, mais ceci n’est rien, j’étais même pieds nus, tout le monde avait quitté ses chaussures avant de sauter dans le bouillon. Ne vous émotionnez pas pour la lecture de cette lettre, le péril est passé, la mort n’a pas voulu de moi encore pour cette fois.

J’espère bien vous revoir tous dès la fin de la guerre qui ne peut durer bien longtemps.

 

"Embrasse plus fort que jamais tous les enfants et toujours je leur recommande d’être bien obéissants après avoir échappé à ce péril, j’espère qu’ils doivent comprendre les sacrifices qu’ils doivent s’imposer.

Recevez tous les meilleurs amitiés de celui qui ne vous oublie point même en descendant dans l’eau, Henri."

 

PS : Les chemins de fer ne vont pas vite dans ces pays, s’il faut que j’aille à Oran, je ne suis pas tout à l’heure rendu.

PS : Ce matin j’ai déjeuné avec ces messieurs dames et ce soir je suis invité à y dîner. J’y coucherai encore cette nuit. Tu vois que je ne serai donc pas bien malheureux je ne peux leur refuser, c’est offert de si bon cœur pourtant, ce n’est qu’un modeste ouvrier marchand d’armes et de bicyclettes

 

 

ALGER – Les Rues de la Liberté et de Constantine

Alger le 4 février 1918,

"Demain matin je vais aller à la visite puisque à présent nous sommes rentrés à la caserne du 17ème Train à Alger ; nous ne sommes pas tous pour rester ici, une partie doit aller à Oran, puis pour la suite ce n’est pas le rêve non plus, nous sommes venus ici pour encadrer des Arabes et des indigènes partant en formation pour Salonique.

Après avoir pris un bain une première fois, cela ne me sourit guère de refaire une autre traversée encore bien plus longue.

Enfin laissons venir.

Je serai bien encore quelques jours sans recevoir de vos nouvelles, c’est ce qui me fatigue beaucoup. Je vous espère toujours en bonne santé et avoir échappé au bombardement des Boches."

18ème Escadron du Train : Février 1918.

ALGER – La Gare et la Rampe Marengo

Oran le 12 février 1918,

"Pas grand chose de nouveau pour aujourd’hui, le temps a passé et c’est tout. Je crois bien m’habituer un peu avec les Arabes mais ce n’est pas bien gai, puis nous sommes mal nourris, enfin je tâcherai de m’échapper quand même en ville, on trouve à peu près ce que l’on veut, puis le pain est si blanc ici, on dirait du gâteau ; je n’ai pas encore de vos nouvelles, j’espère que vous aurez reçu mon adresse par télégramme, cela avancera ainsi d’une huitaine.

Nous avons un très beau temps, il faudrait finir la guerre ici car ce voyage à Salonique ne me plait guère depuis que j’ai un pris un bain. "

 

BIZERTE – La Nouvelle Gare du B.G.

Bizerte le 21 février 1918,

"Hier j’ai envoyé une dépêche afin que vous me répondiez de même quelques mots au sujet de votre santé car je n’ai pas de vos nouvelles depuis le 20 janvier, c’est long. Je vous espère tous en bonne santé ; pour moi je me porte à merveille en attendant mon départ pour Salonique.

Le traversée sera peut-être meilleure que l’autre."

 

Campagne d’Orient 1914-1917 – Salonique – Ancien type de Femme Turque

Le 9 mai 1918

 

La Macédoine pittoresque – Vieille maison

Le 28 août 1918

"Les lettres mettent sérieusement du temps à venir ce moment, j’espère quand même que vous êtes tous en bonne santé, pour moi ne vous inquiétez pas non plus, je me porte à merveille : il passe encore des journées où il fait grand chaud, c’est pas pour rire !

Je n’ai pas grandes nouvelles à vous dire pour aujourd’hui sinon que les puces ne sont pas encore toutes disparues. Oh les sales bêtes, quelles mauvaises nuits elles nous font passer. "

 

Lettre

Le 23 septembre 1918

"Je suis toujours dans un état d’énervement qui fatigue même quelquefois, tout m’insupporte, encore quelques puces, la chaleur et tous ces imbéciles d’Arabes que je ne peux souffrir.

On pourra m’en parler de l’Algérie après la guerre, le stage que j’ai fais ici avec ses habitants la traversée que j’ai faite pour y aller, tout cela ne m’aide guère à me la faire estimer, j’aime pourtant assez me promener, à présent j’en suis fatigué, surtout de tous ces voyages de guerre.

La chaleur est forte encore le tantôt, je me porte toujours bien, malgré que les malades ne manquent pas autour de moi. Je t’assure que mes poules pourraient en pondre des œufs, je ne suis  pas en peine pour m’en débarrasser, m’en privant même pour les vendre aux malades puisque je ne peux pas faire de lettres sans parler de mes poules.

Je te dirai donc qu’aujourd’hui j’ai ramassé le 53ème de ma poule, jamais je n’aurais cru qu’une poule pouvait pondre tant d’œufs sans s’arrêter, je crois que toutes les poulettes que j’ai acheté vont pondre avant l’hiver, car elles ont toutes bien bonne mine, le poulailler serait ainsi vite payé."

 

Lettre

Le 1er octobre 1918

"Je prends cinq minutes pour donner de mes nouvelles car jamais encore je n’avais été surchargé de travail comme en ce moment, presque tout le monde est malade. C’est la plus mauvaise saison paraît-il car les nuits, les matinées et les soirées sont très fraîches et le milieu de la journée est aussi brûlant qu’au mois de juillet, juge de la température.

Je ne m’épouvante point car j’ai toujours bon appétit et je me soigne de mon mieux.

J’ai l’ordinaire sur les bras en ce moment j’ai donc toutes les facilités pour ne pas me négliger. C’est avec un réel plaisir que j’ai lu hier soir sur le journal la fin des hostilités avec la Bulgarie, il y avait 2 jours que l’on nous parlait que les parlementaires étaient passés sur la voie de chemin de fer qui longe notre camp, on n’y croyait pas et pourtant à présent, il faut bien se rendre à l’évidence d’après les journaux.

C’est donc le commencement de la débâcle, ce n’est pas trop tôt, comme partant les nouvelles de la guerre sont bonnes, les Boches vont être obligés de plier bientôt."

 

Lettre

Le 7 octobre 1918

"Je viens de recevoir ta lettre du 20 septembre complétant celle d’Élise et d’Edmond, où tu m’annonces la blessure du cousin Edmond B.

J’espère que ce ne sera pas bien grave, quoique l’endroit atteint ne soit pas de ces meilleurs, ce doit être terrible en ce moment sur le front français car les Boches ne doivent lâcher prise qu’après de terribles efforts.

Vivement la fin de tout cela !

Par ici ce n’est pas ce danger qui nous menace, surtout à présent depuis que la Bulgarie a lâché prise, mais ces maudites fièvres vous abattent dans 48 heures, on ne reconnaît plus un homme.

Jusqu’à présent je n’ai encore rien eu puis l’eau a commencé à tomber hier, aussi la température est bien rafraîchie, on est beaucoup mieux, je m’estime heureux de n’avoir rien eu, le nombre en est rare, il faut absolument jouir d’une forte santé, il est vrai que je ne me suis jamais laissé aller, il s’est passé pourtant des jours où j’étais fatigué mais la grande envie de ne pas tomber me faisait marcher comme le travail ne me manquait jamais, je ne m’ennuyais pas du tout à présent j’espère être plus tranquille, les copains vont se remettre et d’ici quelques jours.

 

J’espère bien avoir mes galons de sous-officier.

Ma bonne santé m’a valu beaucoup et ensuite je me suis gêné le plus possible pour arriver à ce but, aussi je peux dire que pour le moment je suis bien vu des officiers, je suis donc jamais ennuyé.

En même temps que ta lettre, j’en avais une d’Alexandre me procurant son adresse, je vais lui répondre aussi ce soir, les puces ont l’air de me laisser un peu plus tranquille.

Oh les sales bêtes !

Ce qu’elles m’ont impatienté et pas moyen de s’en défaire.

Autrement pas grand chose de plus à te parler, toujours la même rengaine ici, on est exilé au milieu d’une prairie, le village qui est à côté de nous, ne nous offrant aucune distraction, c’est tout comme s’il n’y en avait pas, c’est une drôle d’existence que nous passons ici tous les jours et travail, et travail sans cesse, ne connaissant ni fête, ni dimanche. Ce n’est presque pas du métier militaire, les journées étant commencées au lever du soleil jusqu’à la nuit, le sieste étant à présent presque complètement supprimée."

Henri.

 

 

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