Carnet de guerre de Fernand VALATX

Soldat et coiffeur aux 143e et 70e régiments d’infanterie

 

Mise à jour : novembre 2016

Retour accueil

 

 

Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : feather

 

Carnet proposé par Régine, Pierre et Jean, ses petits-enfants. Merci à eux.

 

Merci aussi à Monique, Nadine, Annie, Dominique et Pierre pour la recopie des pages.

 

Des informations, en bleu, ont été volontairement ajoutées pour la compréhension du récit. L’orthographe a été corrigée pour une meilleure compréhension du récit.

Didier

 

 

Pour trouver sa fiche matriculaire :

Cliquer  >>>  ici  <<<  et choisir le canton de « Gaillac » et le nom de « VALATX ».

 

Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : feather

 

Mon journal de guerre

Campagne 1914-15-16-17-18-19

Valatx Fernand, Montans, Tarn

 

 

Description : Description : 1.jpg

PRELUDE

Le 22 février 1914, je passais mon conseil de révision à Gaillac. Je fus reconnus apte au service armé. Bon pour trois ans.

Sur 14 hommes de la classe deux seulement furent exemptés.

 

Le 2 août 14, déclaration de guerre. Mobilisation générale. Les cloches ont donné l’alarme dans toute la France. Quelles tristes nouvelles. Les gens se parlent avec le cœur serré.

Dès le lendemain chacun va rejoindre son régiment, et de là, vont à la frontière, où les Allemands arrivent en masse et envahissent le Nord et l’Est de la France.

 

Le 4 août, partout des patrouilles d’infanterie et de cavalerie allemande franchissent nos frontières à Joeuf, Homécourt, 6 km de Briey. Le bureau des douanes et le bureau des Postes sont saccagés.

À Villers-la-Montagne un détachement de chasseurs à pied repousse un escadron de dragons allemands.

À Mercy-bas deux escadrons d’uhlans sont arrivés. Un régiment de cavalerie allemande sont venu jusqu’à Morfontaine et s’est retiré sous la menace d’une compagnie d’infanterie française.

L’Allemagne déclare officiellement la guerre à la Belgique. Le territoire belge est envahi par les Allemands d’Aix-la-Chapelle à Recht. Quelques escarmouches ont eu lieu près de Liège, à Vise qui est incendié. Des civils ayant tiré des coups de feu, les Allemands ont procédé à un certain nombre d’exécutions sommaires.

Des dirigeables ont évolué sur Bruxelles. La population exaspérée, se livre à des manifestations contre l’Allemagne.

 

Le 5 août, l’Angleterre déclare à l’Allemagne que sa nation est en état de guerre avec elle. La Russie ne tarda pas de se mettre avec nous. L’armée allemande après avoir violé la Belgique réussit à s’emparer de l’est de la France, la bataille de la Marne où l’ennemi arriva jusqu’à Meaux à 30 km du centre de Paris.

Une contre-attaque dirigée par le général GALLIENI repoussa l’armée allemande loin de paris et laissant dans leur retraite, canons et un grand butin de guerre. Beaucoup de prisonniers avec des pertes énormes. Pendant la retraite ils furent sauvagement …la guerre. Incendièrent les villages, pillèrent etc…

La cathédrale de Reims en partie brûlée par les allemands. La bataille de la Marne fut une première victoire de l’armée Française.

En 1915, l’Italie entra en guerre avec nous. La Serbie, la Roumanie également.

Aussi ce fut la guerre européenne.

 

Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : feather

DÉBUT DU CARNET

Fernand a vingt ans.

1914

Le 4 sept 1914

J’étais appelé par ordre de route immédiatement sans délai au 81ème régiment d’infanterie à Montpellier. Où je me rendais le lendemain. Dans peu de jours, arrivée à la caserne, marches et tirs, et par de service d’intérieur, dans 45 jours d’instructions fûmes combattants.

Le 10 novembre 1914

400 hommes de la classe furent désignés pour renforcer le 81 d’inf. en Belgique.

Je fais partie de ce renfort.

Le 11 novembre

Je rentrai à l’hôpital pour rhumatismes, où je suis resté 4 ou 5 mois. Je fus reconnu inapte au mois de juin 1915, j’ai eu une convalescence d’un mois.

Rentrais de nouveau au dépôt et 1 mois après je fus apte à partie au front.

1915

Le 16 (août) été  .. ?..  corps d’armée forma un bataillon de marche dont je fus versé. (*)

 

(*) : Il s’agit du 9e bataillon de marche du 143e RI.

 

 

Description : Description : Description : Description : Description : 1.jpg

 

La fiche matriculaire de VALATX Fernand date cette arrivée au 25 août 1915.

 

 

Nous partions le 2 sept 1915 à 11 h du soir de Montpellier destination inconnue.

Après deux jours de train nous débarquions le 4 sept à 10 h du matin à Blaise-sous-Arzillières (Marne).

Là, nous étions à 40 k des lignes de combat on entendait très bien la canonnade. Nous faisions des marches et du tir à Vitry-le-François.

 

Le 2 oct. est partie un détachement de 30 hommes par compagnie.

Notre bataillon commence à être bien petit.

Le 10 octobre

Encore montre renfort est demandé

Cette fois j’en fais partie. Nous étions 200 hommes, le déplacement fut en autobus.

 

Sommes partis vers 10 h le matin après 5 heures de marche, vers 3 heures de l’après-midi nous débarquons à Somme-Tourbe.

Nous passons deux jours et suis tout le renfort est versé au 143 d’inf. que nous rejoignons.

Le régiment se trouve à 5 km des lignes en qualité de troupes de réserve. Je fus versé à la 1ère compagnie, et se trouve à Dommartin-sous-Hans.

 

 

Description : Description : Description : Description : Description : 1.jpg

 

Le journal des marches et opérations (JMO) du 143e RI signale cette arrivée.

 

Le 13

Le réveil ne fut pas le même qu’à Blaise.

Les marmites tombent un peu partout. Le village est repéré, il ne reste que quelques pans de mur. Chaque compagnie s’est confectionnée ses abris à la fortune des obus.

On annonce toujours quelques blessés du régiment.

Le 14-15

Même situation, attendons des ordres.

le 16

Ce matin ça barde les obus de gros calibre tombent. Les Allemands nous lancent des bombes, quelques morts et blessés. Sommes toujours cantonnement d’alerte.

Le 18

Le bombardement est violent sur les lignes.

L’ordre arrive de monter les sacs, nous passons la nuit-là, en alerte.

le 19

Le canon ne cesse de tonner sur les lignes, et à 4 du matin nous quittons nos cantonnements, nous à Hans-Maffrecourt et Lacroix-en-Champagne.

Nous campons sous nos tentes au camp Joffre, qui se trouve entre Auve et Lacroix. (*)

 

(*) : Croix-en-Champagne

Le 23

Au matin nous remontons nos tentes et montons nos sacs, et à 7 h le soir nous partons pour Cabane-et-Puits où nous arrivons à 11 h.

Nous sommes cantonnés sous des cagnas. Sommes en 3ème ligne.

J’ai commencé la vie de tranchées.

Le 24

Au soir vers 6 h, sommes partis pour aller relever un autre bataillon du 143 d’inf.

Ce fut pour moi le baptême du feu.

La relève se fit dans de bonne condition et nous prenons possession des lignes à minuit.

Le restant de la nuit, nous améliorons nos positions, consolidons nos cagnas. Les obus tombent de part et d’autres. Les corvées de nuit ne manquent pas. Barbelés, grenades, kaliboti (caillebotis) etc…

Le 28 oct.

Le bombardement était ce jour-là plus fort.

Les obus de 210 tombaient prés de notre tranchée. Un de mes copains venait de recevoir, un bon colis, parmi se trouvait un pigeon bien doré que nous allions partager et entrain de le dévorer, les obus semblaient tomber plus près de nous quand tout à coup un obus vint éclater non loin de nous.

Nous fûmes enterrés complètement tous deux.

Sans perdre notre sang-froid nous appelons au secours. Vite les copains sont venus nous sortir, il était temps car on commençait à étouffer, nos têtes étaient bien libres mais nous bien sous terre.

Pas de mal tout de même, mais bien peur le soir sommes relevés pour aller en 3éme ligne au bois des Paons.

Ici le bois est fortement repéré aussi les gros obus ne nous épargne pas.

Le 29

Travail en arrière des 1ères lignes à faire des boyaux.

le 30

Violent bombardement. Beaucoup de blessés.

Impossible de se montrer, nos abris résistent encore.

 

À 9h, le soir arrive l’ordre de monter en 1ère ligne, les Allemands ont avancés et pris la 1ère ligne.

À 10h, malgré le bombardement nous partons, nous prenons position dans un bas-fond, ou il n’y avait pas de tranchées où chacun se débrouilla de faire un petit abri individuel.

 

Le matin, à la pointe du jour, nous devions attaquer quand tout à coup, avant que notre départ nous fût donné, les Allemands nous arrivent par quatre sur la crête que nous devions prendre.

Le capitaine commande deux feux par salves et feu à volonté.

Par un sauve qui peut, avons battu en retraite, jusqu’a la route de Tahure. Les Allemands étaient deux fois en nombre que nous.

Le temps de se reconnaitre par sections. Baïonnette aux canons.

Les clairons sonnent la charge et nous repartons comme des braves à la poursuite des boches qui filent comme des lapins. Quelques-uns tombent morts ou blessés on s’en occupe guère, on passe dessus ou de côté. Les voilà dans le bas-fond.

Les assauts ont duré toute la matinée.

 

À 2h, notre artillerie donne beaucoup sur la crête.

Baïonnette au canon, tout le bataillon charge de nouveau. Les Allemands se replient, quitte la tranchée.

Quelle fusillade ! Des blessés crient « au secours » des morts partout, en avant toujours.

Le 75 tape toujours.

Essoufflés, nous prenons la crête. Elle est à nous la crête de Tahure. Le 75 avait fait son œuvre. La tranchée que nous occupions est remplie de boches morts, les uns ne sont pas encore tout à fait.

Sommes obligés de sortir ces morts, pour prendre la tranchée. À notre tour nous sommes fatigués, pour nous consoler la pluie à torrent.

 

Depuis 3 jours, nous n’avons pas touché de ravitaillement, le chocolat fut ma nourriture, sales, plein de boue, mouillés comme des soupes.

Le 31 oct.

Le 31 oct. fut pour notre régiment une journée de victoire, nous avons dégagé la route de Tahure par une avance de 1500 m mais non sans perte, beaucoup de blessés.

 

Le soir, nous sommes relevés, en effet à 10 h. La relève arrive, la pluie tombe toujours.

Après cette bataille, l’artillerie ne donne guère, seuls les obus asphyxiants en arrière des lignes. Nous mettons les masques et marchons vers le repos « pas de trainards » ce ne fut qu‘arrivés à Perthes que nous avons été un peu plus tranquilles.

 

À 7h, nous arrivons à Cabannes (illisible). Les cuisines nous attendent. Sommes moitiés morts, fatigués.

Depuis 10 h hier au soir, nous marchons. Heureusement qu’une bonne soupe et un bon jus à la gniole nous a remis sur pied après tout cela. tout en allant au repos, la 1ère compagnie chante la Digue don don.

Vive la 1ère Cie du 143 inf. Tahure est à nous ; à nous la butte.

Malgré la pluie le moral est bon.

 

Tard dans la soirée nous voici au repos à St Rémy-sur-Bussy petit village sans civil, mal logés et il fait froid dans ses hangars.

 

Le lendemain comme coiffeur de la cie (*) le travail ne me manque pas. (**)

Nous devons rester quelques jours pour reformer la division. La neige a fait son apparition.

 

(*) : Cie = Compagnie

(**) : Dans le civil, il était coiffeur à 20 ans.

Le 3-4-5-6-7-8-9 nov. le 10 nov.

Revue de décorations avec le 15e RI.

Le 10

Toujours au repos.

Il fait froid. Mal cantonnés, on gèle. Nous couchons sur de paille pourrie. Dans des hangars bien mal fermés, puisque dehors le 10 novembre, nous passons une revue de décoration avec le 15e RI. par le général de brigade.

Le 11, 12, 13, 14, 15 nov.

Toujours repos.

La neige et le froid font rage.

Le 16 nov.

Je me fais porter malade ou je rentrais le soir même à l’ambulance 14/16.

Pour appendicite et pieds gelé où je restais 24 jours.

Le 8 décembre

Suis évacué à l’intérieur où une autre crise m’a obligé de rester à Vitry-le-François à l’hôpital général jusqu’au 13.

Enfin de là, un train sanitaire m’apportait à Montauban à l’hôpital école supérieur de jeunes filles, transformé en hôpital.

Là, j’ai passé quelques bonnes journées.

 

Après être guéri, on me donna 9 jours de permission et je rejoignais le dépôt du 143 RI à Carcassonne, je suis resté là prés de 3 mois 1/2.

1916

Je fus employé comme coiffeur à une compagnie des classes 17, puis apte à repartir au front.

 

Je fus versé à une compagnie d’entrainement et le 27 mars 1916, on demande un renfort de 100 hommes dont je fais partie. On nous habille à neuf.

Equipés, rien ne manque. Attendons des ordres pour le départ pour le front.

 

Le 8 avril, nous arrive l’ordre de changer les écussons de nos vestes et capotes

Nous sommes versés au 70e RI, où nous partions le 10 avril à 10 h de Carcassonne pour destination inconnue après avoir passé à Cette (Sète), Tarascon, Lyon, Valence, Dijon, Mâcon, St Dizier.

 

enfin le 13, nous débarquons à Villers Daucourt de là nous avons rejoint le 70 inf. à Charmontois-le-Roy. Régiment vient d’être relevé il y a à peine deux ou trois jours. Je fus versé à la 12éme compagnie.

Malgré la distance qui nous sépare des lignes (< 30 km) le canon ne cesse de tonner.

La température est beaucoup plus froide que dans notre beau midi.

Le 14-15-16

Nous avons aménagé les cantonnements.

Il fait orage, la musique fait son concert habituel et le canon fait le sien aussi. Les copains là-bas souvent prendre quelques choses.

 

Le 14, nous partons de Charmontois (illisible) par une pluie battante, on passe à Givry-en-Argonne, nous traversons la forêt de Belval, puis nous avons mangé la soupe dans un champ.

Vers les 3 h de l’après-midi, arrivons au cantonnement à La Neuville-aux-Bois.

Là, pas de civils non plus.

Le 19-20-21

Exercice de signalisations.

Ma section sommes montés sur une crête où on voit très bien les éclatements d’obus saucisses et avions sur les lignes.

Le 22

Le canon tonne bien moins ce matin. (Permission rétablies).

Après la soupe, exercices ; liquide inflammable et attaques à la grenade. Tout cela ne me sourit guère.

Le 23 avril

Réveil à 7h à cause de Pâques

Je fus à la messe, le soir à la corvée de bois. Sommes en cantonnement avec le 3ème Zouaves, où nous avons été écoutés la musique. Ils partent cette nuit pour les tranchées.

Le canon fait toujours le même roulement.

Le 24

Le soleil vient nous réveiller. Exercice pour les spécialistes, j'en suis un comme signaleur.

Du côté du Vieil Dampierre aux bords de la voie de Ste Menehould, Les avions français nous survolent, faisons des signalisations avec eux.

 

Après la soupe, repos. Je pus me promener avec les copains. Voir un ??? sur les lignes.

A un moment, un avion boche, le poste de Ste Menehould tirait dessus. Il a dû rebrousser chemin.

 

Le soir, après la soupe nous avons été à une séance de cinéma, au colonel.

Le 25

À 10h, remise de décoration belle journée, à 4h concert par la musique.

Le 26

Réveil à 6H, le soleil brille.

 

À 7h, la soupe on monte nos sacs.

 

Rassemblement à 10H, nous passons à Vieil-Dampierre, forêt de Belval, Le Chemin, Éclaires, Grigny puis à Brizeaux où nous cantonnons à 5h1/2.

Nous avons beaucoup souffert de la chaleur, avec notre chargement.

Le 27

Repos.

Le 28

Exercices au camp du Raton.

Le 29

Repos.

Parait qu'on va monter en lignes ce soir. Beau temps.

Le 30

Contre-ordre, on ne part que demain.

Le 1er mai

Réveil à 6H.

Le 1er bataillon est monté la nuit dernière, et nous bientôt.

Le 2

Réveil et jus avec gniole et départ à 11h sac au dos.

 

À minuit, en route pour Waly, Auzéville, Vraincourt.

Enfin à 7H nous arrivons à Parois. Nous avons cantonné au bivouac dans le bois de Parois.

Les obus tombent à 400m. De nouveau sac au dos.

 

À 8H1/2, sommes arrivés dans le bois à l’emplacement voulu. Entre Parois et Ressicourt-sur-Meuse (Récicourt), nous montons nos tentes tant bien que mal.

Car il pleut.

Le 3

Les marmites nous réveillent.

En tombe dur dans la direction de Récicourt. On boit le jus. Nous n’avons pu dormir par le bombardement, ordre de remonter nos tentes. Nous sommes désignés pour des travaux en lignes.

Sommes sous la tente dans le bois Larutz (?).

Le canon tonne fort ce matin. Quelques fusants éclatent non loin du bois. Sans nous atteindre.

Les avions volent bas et de bonne heure. Quelques obus de tous côté, sans mal.

Le 5

Le bombardement est violent ce matin de tous les côtés. Nos artilleurs ne doivent pas avoir froids.

Les avions allemands survolent le bois.

 

Vers 7H le soir, un vrai ouragan. Le vent souffle si fort que toutes nos saucisses ont rompu leurs amarres et se sont envolées chez les boches, l’artillerie leur tirent des fusants, un observateur a sauté en parachute où nous l’avons cueilli à 100m de notre bivouac.

Il a été trainé sur 300m, on lui a porté secours. Il n’est pas mort.

Nous en avons compté 16 saucisses.

Le 6 mai

Bombardement le soir à 8h1/2.

Nous allons faire des travaux entre la 1ére ligne et la 2ème. Boyaux de communications, de l’eau à moitié cuisse. Des obus sont tombés, pas de mal à la compagnie. Fatigués, pleins de boue, sommes rentrés à 4h le matin.

Sale jusqu’aux oreilles. Mort de fatigue

C’est avec grand plaisir que nous allons prendre un peu de repos, malgré que la tente ne soit qu’un vulgaire abri, nous mettons à sécher nos capotes.

Le 7

Repos.

Le 8

Il a plus toute la nuit.

Nous avons fabriqué des kalibotis (caillebotis), vers 6H nous repartons au travail. De suite après notre départ une belle rafale de 88.

Pendant notre travail nous fûmes pas mal bombardés à minuit nous quittons notre travail. Et arrivés a la route de Parois à Avocourt, les boches nous arrosent de fusants, il a fallu prendre le boyau qui va au bivouac.

Beaucoup de peur mais sans perte.

Le 9

Repos la matinée.

Le 10

Quelques fusants sur le bois sans mal.

 

À 5H de nouveau au travail ou nous rentrions à 1H le matin, sans trop de bombardement.

Le 11

Vers les 5h, nous montons nos sacs et allons a droite de l’ouvrage P dans une tranchée qui traverse le bois dans des mauvaises cagnas.

 

À 2h, la nuit réveil, travaux en ligne à 6h nous sommes de retour.

Le 12

Repos fort bombardement des deux côtés. Travail de nouveau et toujours la pluie.

Cette nuit, est passé des escadrilles françaises pas moins de 30 avions. Les boches vont prendre quelque chose.

Le 13

Assez calme. Travaux.

J’ai chopé une hernie, le major m’a envoyé à Rarecourt à l’ambulance divisionnaire pour prendre un appareil pour hernie.

Le 14

De retour, j’ai passé la nuit dans des cagnas au milieu du bois ????? sont logé les bons vieux poilus du 122 territorial.

Le 15

À 4h du matin, j’ai rejoint ma compagnie.

Le 16

Repos.

Nous avons aménagés sapes d’affût.

Bombardement assez violent. Les éclats volent partout.

Le 17

Nous faisons des sentiers boisés du poste de commandement. Aux cuisines. Exempt de travail de nuit.

Le bombardement continue mais semble bien fort. Le temps s’est remis au beau. Le canon gronde fort à notre droite vers la cote 304.

Le 18

Bombardement très violent.

Notre 2ème bataillon a attaqué à droite d’Avocourt et ont pris la tranchée. Le bombardement reste violent le 19.

Le canon gronde toujours fort. Faisons des sapes en 1ère ligne conquise hier.

Le secteur n’est pas calme. Nos avions et les leurs sont (mot barré) de bonne heure sur les lignes. Les fusants font rage des deux côtés. Nous rentrons dans nos abris.

Le 20

La nuit a été assez calme mais ils n’ont pas oublié de nous bombardé avec le 88 nous avons eu quelques blessés mais pas de mort.

Le 21

Même bombardement.

Déjà des avions à 4h. Nous assistons à un combat, le boche a eu la trouille il s’en va. Ah le salaud ! Il abandonne la partie.

 

L’après-midi assez calme, beau temps.

 

Le soir vers les 7h un de nos appareils un Morane, repérait sur les lignes ennemies à une certaine hauteur, puis l’on vit au-dessus un avion boche foncer sur notre cage à poule, les mitrailleuses marchaient.

Bientôt notre appareil prit feu. L’on vit même le pilote sauté dans le vide. Aussitôt l’avion ennemi faisait demi-tour, mais un de notre petit chasseur fonça à son tour sur lui abattit le taube, qui tomba dans ses lignes et prit feu.

Bravo pour le chasseur.

Le 22

La nuit fut assez calme.

L’aviation profite du beau temps et d’un joli clair de lune.

Viennent de passer à minuit. À 1h deux de nos dirigeables escortés par plusieurs avions. Ils venaient de bombarder en Allemagne.

Belle journée pour l’aviation.

Le 23

La nuit canonnade.

Le soir vers 7h., 8 avions boches survolaient nos lignes. Ils lancèrent des bombes, nous rentrâmes dans les gourbis, malheureusement les bombes n’épargnèrent pas nos bons cuistots qui étaient dans le bois, deux furent atrocement tués on peut même dire en bouillie, et même la roulante qui se trouvait à 400m de notre tranchée que nous occupons.

Le 24

Nuit très calme, ce n’est que vers 3h l’ennemi nous lancent ses obus à gaz asphyxiant, pendant plus d’un quart d’heure. Avons mis nos masques. On s’attendait à une attaque.

Rien.

Que des bombardements d’artillerie. Le temps s’est assombrit.

Le 25

La nuit fut calme. Le 2eme bataillon est relevé et nous, la 2éme (*) ce soir par le 91eme RI. Pendant la relève nous sommes arrosés par des rafales de 88 et du 105. Malgré cela que quelques blessés.

Nous sommes passés à Parois, Auzéville,  Froidos et cantonnons à Waly. Les cantonnements sont potables.

Le poilu se contente de peu.

 

(*) : La 2éme compagnie.

Le 26

Repos.

Le 27

Le capitaine me nomme coiffeur de la Cie ou j’ai beaucoup de travail.

Le 28 et 29

Nettoyage et revue. Travail du repos. Sommes en cantonnement d’alerte.

Le 31

Alerte à 3h de la nuit. Nos sacs sont prêts, on boit le jus et départ, l’on passe à Froidos, Ville-sur-Cousances, Rampont.

Nous mangeons la soupe dans le bois de Belcourt.

Suis allé à la corvée d’eau. Les avions filent vers les lignes.

Le 1er juin

Nous prenons le jus à 6h.

Nous cantonnons dans des baraquements Adrian très confortables. Aussi nous avons bien reposé, on en avait bien besoin après 6h de marche. Sommes à gauche de Verdun. Les baraquements se trouvent entre Dombasle et Rampont.

Le 2

Beau temps.

L’aviation ne chôme pas. Un boche vient de nous survoler. Aurait-il l’intention de troubler notre repos ?

Le 3

Sommes toujours en cantonnement d’alerte. Le canon tonne l’après-midi.

De sur une crête nous avons assisté à la descente de 3 saucisses boches par nos chasseurs.

Le 4

Réveil à 6h on prend le jus, l’escouade est de jour, on nettoie les abords des baraques. Le canon a tonné dur cette nuit.

Le soleil brille. Je suis toujours à ma coiffure. La Cie est allée à l’exercice vers Dombasle. Ils ont été bombardés. Une marmite est tombé sur un dépôt de munitions quelques secondes après nous entendions de fortes détonations, obus de tous calibres éclatèrent, ce fut un véritable vacarme jusqu’à la nuit.

Ce dépôt fut complètement détruit. Pas de blessés.

Le 5

Vers 3h de l’après-midi tout notre bataillon en alerte jusqu'à 8h.

Le 6

Alerte.

Nous montons nos sacs, mangeons la soupe et en route. Avons bivouaqué à 300 m du village de Jouy. Souvent bombardé

 Nous montons nos tentes. Nous coupons de l’herbe pour la litière.

Il ne reste plus rien du bourg. Les habitants ont tout abandonné à leur départ. Il reste encore du linge, des pendules et de la batterie de cuisine.

Le 7

Repos nous montons ce soir en ligne.

 

À 2h ½, nous mangeons la soupe, nous montons nos sacs et nous partons à 4h ½.

Nous passons à Sivry-la-Perche Fromeréville et à Clermontville où nous prenons le boyau qui nous amène en position à Chattancourt sur gauche de Verdun.

Sommes en 2eme ligne tout le bataillon.

Pas d’abris potables, pas de sapes, que des abris individuels que la toile de tente pour pare-éclats.

Le 8

Depuis ce matin nous sommes bombardés par des 210, heureusement des fusants.

Il y a eu quelques blessés dans la journée. Sommes tous mouillés, la pluie encore, toujours un fort bombardement. Je fus de soupe, les hommes de corvée nous partions à 9h.

 

Deux par escouade, sommes obligés de passer par les boyaux qui sont bombardés tout le temps.

Et en plus de l’eau jusqu’aux genoux, après trois quart d’heure nous arrivons à la ferme Mauclère que ne reste pas un mur et encore. C’est toujours canonné.

Les roulantes arrivent.

Nous prenons notre ravitaillement et reprenons la route pour les tranchées où nous arrivons à 3h ½.

Las, plein de boue, l’escouade se réunit pour le souper. Le bouillon est froid, on en a versé la moitié en route, le café la même chose, on est contant quand même de pouvoir manger un peu de bidoche.

Puis je me couche dans mon trou.

Le 9

Toujours la même musique du canon qui se réveille. De notre côté le bombardement est violent.

Il est 8H ½. Je mange un peu de pain avec du rabiot de la nuit, accroupi dans ma cagna, les boches tapent dur maintenant, si bien que la terre vole devant ma porte.

Le soleil est revenu. Les avions survolent les lignes. Les saucisses sont en l’air.

Le 10

Nuit assez calme aussi.

J’ai fait un bon roupillon. Notre tranchée est en face. Chattancourt démoli complètement. Les avions ennemis et les nôtres volent sur les lignes. Après un combat un des nôtres a été abattu.

Toujours violent bombardement.

Le 11

Ce matin il pleut.

Vers 3h, un bombardement fort sur notre tranchée.

À ce moment-là, j’étais avec un de mes copains Pierre SERVAT. Lui avait réussi un bon abri.

Un de mon escouade, dit la Pipe, se mit dans trou.

Dans le sien ils étaient cinq. Les autres quatre faisaient la manille. Il pensait être plus tranquille.

À mon retour, il roupillait comme un brave malgré la canonnade. Je vais à la cagna avec les quatre autres quand tout à coup, un 210 tombe sur notre cagna.

 

Heureusement elle tint le coup.

Malgré cela nous sortons tous, tout sautait. Le bombardement dura au moins deux heures, les obus arrivaient par 6. Après ce bombardement nos étions à demi-fous. Quand je revins à mon trou, le pauvre la Pipe avait été tué ainsi que deux autres de l’escouade et beaucoup de blessés.

Quelle canonnade 6 marmites par secondes pendant plus de deux heures.

On se demande si on va s’en sortir vivant. Mes musettes, mon fusil. Rien plus. Si, j’ai mon sac, encore la Pipe repose pour toujours, j’ai mon quart aussi mais plus de bidon.

La section est bien amochée. Je prends sa place dans sa cagna qui a résisté au coup. Nous sommes dégoutants, noir de la fumée des obus plein de terre. Tous courbés. Il faut être en guerre pour endurer tout cela.

Il faut que j’attende 3h cette nuit pour manger.

Les copains me feront part de leur ravitaillement.

Dès la nuit, on a retiré les morts et les blessés.

Le 13

Nous remettons la tranchée un peu en ordre, nous les consolidons les cagnas où nous devenons les locataires. Il faut pourtant reposer un peu, on se couche tant bien que mal et nous faisons un roupillon de 2h.

 

À mon réveil, le vaguemestre me remet un colis. Il est le bienvenu.

Les 4 qui restent de l’escouade et SERVAT ont assisté à ce grand repas de tranchée.

Après ce bon repas nous avons fait encore une bonne sieste.

 

à 4h, la canonnade recommence, de nouveaux blessés et un tué. La nuit nous fûmes employés à nos sapes avec le 9ème génie.

Le 14

Nous profitons que le bombardement est moins fort, pour nous reposer.

Bonne nouvelle, on est relevé cette nuit. Le 1er et 2ème bataillon a été relevé la nuit avant.

Le temps n’est guère beau pour le mois de juin. Il pleut. Et aussi il pleut des obus.

 

Vers 11h 1/2, le 71ème RI arrive.

Nos sacs sont prêts et la relève se fait dans de bonne condition. Nous avons traversé le bois Bourru.

Puis nous avons fait la 1ère halte à la sortie du bois à Germonville, un obus encore ne vient pas tomber tout prêt, un copain ancien du 143 n’est pas tué par un éclat. Les mitrailleurs l’ont porté sur les mitrailleuses.

Nous traversons Framerville, les cuisines nous attendent dans un bois à cote St Blercourt.

 

Après deux heures de bonne halte nous repartons avec un bon coup de gniole.

Passons à Rampont-Ville-sur-Cousances - Ippécourt.

 

Et à 4h, arrivons à St André - soit 33 Kil - assez loin pour passer un bon repos.

 

À 5h, toute la compagnie roupille.

Le 16

Aujourd’hui l’heure est avancée d’une heure.

Repos toute la journée. Nous en profitons, tous les anciens du 143, pour enterrer le camarade tué hier au soir. L’Aumônier a bien voulu, la cérémonie. Toute la compagnie y assistait.

Le 17

St André est assez agréable, on peut se ravitailler.

Le 18

Le matin, une escadrille allemande vient de passer, à peine si nous entendons le canon.

Le 19

Réveil à 9h 1/2, le repos a été court, on boit le jus et nous partons.

Arrivés à Ippécourt, les autos nous attendent pour prendre nos sacs car l’étape va être longue. Je suis désigné garde-sac.

Nous passons Julvécourt-Ville-sur-Cousances-Rampont, Dombasle et à 3h on arrivait à Fromeréville, et attendons le bataillon. Dans ce village sont cantonnés un bataillon du 48e RI et un bataillon du 30e RI.

 

Vers 4h bombardement. Des blessés et des morts.

Le bataillon arrive à 7h chacun reprend sont sacs.

Nous partons vers Germonville où nous arrivons à 8H ; nous rentrons dans le bois Bourru de nouveau une rafale de grosses marmites tombe sur la colonne, sur nos mitrailleuses, des cris, des blessés, nous prenons le boyau, nous relevons un bataillon du 48e RI.

Le 20

Aménageons le secteur.

Les avions volent bas ce matin, les 405 tombent à 7h. Tous voltigent, on craint une attaque.

Le 21

Rien ne s’est passé. Notre artillerie tonne dur.

Le 22

Rafales de 88 et beaucoup de fusants.

Nous restons dans nos abris. Sommes ici troupes de soutien. Toujours quelques blessés.

Alerte aux gaz. Nous mettons nos masques. Le fort bombardement est cause que les cuisines ne peuvent venir attaquons les vivres de réserves.

Le 23

Attendons toujours d’ordres.

Le soir, je fus a la corvée de soupe, départ à 9h après 1 heure de marche, voilà la ferme Mauclaire, et encore pas de cuisines, enfin on vient nous prévenir qu’il fallait se rendre à la sortie du bois Bourru. Nous voilà partis à l’endroit indique, avec nos marmites, nous ne fûmes pas trop camarades.

 

Voici les cuisines, un gros orage pour arranger les affaires.

Après avoir touché notre ravitaillement nous repartons. C’était 1h 1/2. Il pleut averse, ça va rafraichir la soupe.

Nous prenons le boyau dans ce maudit bois, qui n’est qu’un tombeau, aussi on fait vite. Les éclairs nous éblouissent, les boches nous envoient l’apéritif avec des rafales de 88, les uns tombent.

La soupe en bombe, on ramasse le pain, adieu le bouillon, moi je porte le pain dans un sac. Les 105 rappliquent de plus belle, des cuisines d’autres régiments ont voulu s’engager dans le bois, ils sont bien servis, les éclairs et les obus on se croit à l’enfer, les conducteurs abandonnent leurs attelages.

Qu’elle nuit, des chevaux blessés, morts à chaque pas, des hommes tombaient, pauvre corvée. On se perdit, nous avons galopé toute la nuit, ce n’est qu’au petit jour.

Les marmites sont à moitié vides quand nous avons rejoint la tranchée.

Le 24

Le bombardement semble moins fort la matinée, mais l’après-midi ça recommence. Nous réparons les tranchées. Quelques fusants. Et des blessés.

Cette nuit la corvée de soupe fut moins heureuse que nous. Le bombardement empêcha les cuisines d’arriver. Ils revinrent les marmites vides. Il fut nommé deux hommes par section pour aller chercher au moins du pain à Sivry-la-Perche.

 

Ce ne fut qu’a deux heures de l’après-midi que la corvée revient avec du pain et des conserves. Fameux toujours. Un tuyau de cuisine.

On est relevé cette nuit.

En effet à 2h, fûmes relevez à 9h, nous étions au bois de Sivry. Aux cuisines, avec grand plaisir, nous mangeons une bonne soupe bien chaude un bon jus avec une bonne ration de gniole.

Nous arrivons de nouveau à St André. Fatigués, morts. Je me suis acheté un litre de lait et me suis couché.

Le 26

Repos. La coiffure ne chôme pas.

27-28-29-30-1er juillet-2-3-4.

Les 4ème-8ème-12ème Cie furent disloquées et furent remplacées par une compagnie de mitrailleuses.

Moi et mes copains de Toulouse furent versés à la 5ème Cie que nous regagnons le soir à 9h à Ippécourt, démoli au passage de la bataille de la Marne.

Le 5

Repos

Le 6

J’ai trouvé mon cousin E. LEVIEUX. Nous sommes contents de nous voir.

La pluie de nouveau.

Le 7

L’ordre de monter nos sacs, départ à 11h30.

Il pleut encore, sac au dos quand même.

Voici Vadelaincourt, Souhesme et puis Blercourt ou nous avons cantonnés sous la tente, chacun se débrouille pour ramasser des brins de bois pour ne pas coucher sur la boue.

Tout le régiment est au bivouac dans le même alignement, on dirait un village en toile.

Toute la nuit il a plu, heureusement que nos tentes sont bien faites.

Le 8

Il pleut moins à 4h.

Nos sacs sont remontés et à 7h 1/2 partons nous arrivons à Fromeréville à la tombée de la nuit.

 

À 10h, nous étions à la lisière de Germonville, nous suivons le long du bois Bourru et du bois Bourré. Il fallut suivre la piste. Le boyau est plein d’eau.

 

Vers 11h du matin, nous prenons position en 1ère lignes. La Meuse, sépare les deux 1ères lignes. Nous avons un petit poste à 500m de la 1ère ligne. Relève sans trop de marmitage.

Le 9

Nuit calme.

Bombardement à 9h sur la tranchée, une trentaine d’obus, sans mal. En ruines, le village de Marre.

Le 10

Nuit et matinée calme.

Le soir vers 6h, un assez fort bombardement à notre droite à Damloup. Ma compagnie est en position aux batteries de Damloup en avant du fort de Vaux.

Le 11

Jusqu’à 2h du matin, calme.

 

Vers 3h, un violent bombardement sur Chattancourt, cote 304 et Mort-Homme. Les boches balancent des gaz.

La canonnade dura 3h.

Le 12

Nuit calme.

Un de nos avions a été touché. Il a atterri chez les boches.

Cette nuit mon escouade est de petit poste, qui est installé sous les ruines du Moulin de Marre. Il y a deux petit-poste double aux bords de la voie ferrée.

Forte canonnade sur Chattancourt, la 9e compagnie a bien souffert, des morts et des blessés.

Le 14 juillet

Très calme, à l’occasion de la fête nationale double ration de vin, 1 litre par homme et amélioration de l’ordinaire. 1 litre de Champagne-biscuits et 1 cigare.

Attendons la relève ce soir.

 

À 11h, sommes relevés par le 71éme RI.

 

À 9h du matin, arrivons à Jouy-devant-Dombasle à 12km des lignes. On mange la soupe, encore des obus qui tombent.

 

Repos le 16-le 17 ; et le 18 travaux d’aménagement, à 300m de nous un centre d’aviation, d’observation de saucisses.

Le 19

Nous montons les sacs, mangeons la soupe et prenons la route de Fromeréville, à 10h au bois Bouchet où nous devons passer 6 jours en réserve. Nous sommes dans des petits gourbis à deux.

Ça barde du coté de Verdun.

Le 20

Le temps est beau aussi les avions ne manquent pas. L’aviation est active le soir à 8h.

Faisons un boyau partant de Chattancourt longeant la route au bois Bourru.

Le 21

Quelques obus non loin de nos gourbis. La nuit travaux en ligne.

Le 22

Idem.

23-24

Même travail. J’ai rasé toute la Cie.

Le 25

Ce matin les avions sont à l’œuvre de bonne heure. Le tir de notre 45 les fait replier.

Travaux de nuit pour la Cie.

Le 26

Le bois ou nous sommes reçoit une moyenne de 60 obus par jour. Heureusement qu’on a de bons gourbis, travaux de nuit.

Quelques fusants éclairants bas. Un éclat entre la 3ème et 4ème section. Une dizaine de blessés.

Le 27

Soleil, aussi l’aviation est déjà là, 5h. On vient de se payer un combat. Deux de nos cages à poule et 3 de nos chasseurs livrèrent une belle attaque aérienne.

Nos chasseurs en descendirent eux aux boches, puis ce sont repliés.

Le 28

Beau temps, beaucoup de combat d’avions.

Cette nuit pas de travaux.

Le 29

Nous sommes relevés ainsi que toute la division ; avons touché le ravitaillement.

Le 30

à 3h1/2, fûmes relever par le 252ème RI à 6h nous embarquions sur les autobus.

Il fait chaud.

Passons à Nixécourt, Lemmes, Huppy, Souilly, Bar-le-Duc, St Dizier, et à 9h le soir nous débarquions à Mazières. Il n’y a que le 2ème bataillon.

Enfin nous retrouvons les civils. Depuis deux mois nous avons gagné cela. Sommes logés dans les granges. On est mieux que là-haut. Il y a de quoi se ravitailler. St Dizier n’est qu’a 30 km.

Le 1er août.

Toute la compagnie va à Châtonrupt sous la Marne prendre son bain. On en a besoin, sales, plein de totos. (*)

Malheur quelle vie. J’ai beaucoup de travail. Les officiers me demandent, sergent tous m’attendent.

 

(*) : Plein de poux.

Le 3-4-5-6-7-le 8.

Revue par le général de division.

Le 9

À 3h du matin, Alerte. Nous montons nos sacs et à 6h nous embarquons dans les autobus.

Nous remontons sur Verdun. Pas la peine de nous apporter si loin, pour 8 jours de repos.

 

À 2h, nous arrivons à Nixéville, de là, le bois Laville.

On boit le jus, nous marchons sur Verdun toujours dans les bois.

 

À 7h du matin, nous entrons dans la ville de Verdun où certain quartiers n’existe plus. Cantonnons dans les casernes d’Anthouard.

Nous remplaçons le 48e RI qui va prendre position cette nuit.

Nous relevons mon ancienne division. Le 71e RI relève le 96e RI. Le 48e RI relève le 81e RI mon ancien régiment et nous le 70e RI relevons le 122e RI.

Le 270e RI relève le 222e RI. J’ai trouvé HIRISSON de Bugard et mon cabot d’instruction. (*)

Heureux de se revoir.

Ils m’ont recommandé de me planquer car ça barde.

 

(*) : Cabot = Caporal d’instruction

Le 10

On se lève à 8h.

Les fourriers nous distribuent les vivres de réserve, 9 musettes, 2 bidons de 2 litres, 4 jours de vivres de réserve, 400 cartouches, 3 grenades pour chaque homme.

On monte sans sac.

 

Le soir à 9h, nous quittons à notre tour Verdun pour prendre position. Un clair de lune superbe.

Nous passons d’abord les fortifications puis traversons la Meuse par un pont construit par le génie. Les obus tombent sur plusieurs points de la ville.

 

10h ½, nous traversons Belleville, faubourg de Verdun, puis le fort de Belleville et enfin à minuit nous occupons les positions. Sommes sur la Côte de Froideterre presqu’en face de l’ouvrage Thiaumont.

Le 2ème bataillon sommes en soutien, sur une crête, les tranchées n’existe pas. Le terrain est battu par l’artillerie. Nous nous mettons dans les trous d’obus, qui ne manque pas. Il n’y a pas un mètre de terrain ou peut-être 500 obus ne soit tombés.

Des cadavres partout, des derniers bombardements. Que les boches n’épargnent pas, car c’est la route pour monter en 1ère ligne.

Le 11

À 4h du matin, nous profitons du brouillard pour nous fabriquer un abri, avec un de mes copains, sous un trou d’une grosse marmite, avec 6 ou 7 fusils, nous fabriquons une toiture, avec des sacs à terre dessus. Serons toujours à l’abri des éclats.

Aujourd’hui le calme règne.

 

Vers 5h, notre artillerie donne beaucoup. Le 48e RI attaque. A pris une tranchée aux boches.

Le tir de barrage est violent ; où nous sommes dessous. Pas de mal.

Toute la nuit les brancardiers n’ont cessé de porter des blessés au poste de secours du colonel qui se trouve à 500m dans une grande grotte. Voici une corvée qui aide à porter les morts des 1ères lignes.

Nous demandons aux copains s’ils ont eu beaucoup de pertes. Oui et ça barde, il n’y a pas de tranchées, que de trous d’obus, et à tous les moments attaque à la grenade.

Le 12

Encore bombardement sur notre crête que nous occupons, tout vole, ça y est des cris des blessés à ma section, attention MICHEL et à toi aussi. Tiens en voici pour nous, non il va plus loin.

 

De 11h à 9h, calme.

Ca y est, des fusées rouges, tir de barrage des deux côtés. Quel vacarme !

Le 48e RI attaque à la grenade, nous entendons siffler les éclats.

Le 13

Violent bombardement des deux côtés, en face de nous attaque à la grenade, tir de barrage, à ce même moment un sapeur du 122e RI en face de notre abri crie à fendre le cœur, il a les deux jambes broyées par les éclats d’obus.

Il nous demande de l’achever, le pauvre, au contraire nous lui donnons du café et le transportons à dos au poste de secours.

Le 14

L’artillerie donne des deux côtés.

Le soir, quelques rafales de 109 sur la crête, quelques blessés et des morts, à la Cie.

 

La nuit nous faisons des boyaux, de la 1ère ligne à la carrière.

Le 15

Toute la journée dans nos trous, à attendre son heure, pauvre crête pas moyen d’y résister, on n’est pas en peine de voir des bras, des jambes, des cadavres à moitié déchiqueté, un véritable carnage.

Dans nos molletières nous trouvons des asticots ; qu’elle horreur !

Le 16

Travaux de nuit, nous continuons le boyau, c’est triste de voir cela, il n’est pas rare, en creusant avec la pioche de remonté de la chair humaine on est obligé de mettre le masque, à de telles odeurs, à côté ou nous travaillons, sous un reste de boyau, il y a toute une section, en tirailleur, baïonnette au canon, anéantis par les mitrailleuses.

Ils sont du 96e RI.

Le 17

Ce fut que des combats d’artillerie toute la journée.

Le 18

Bombardement des deux côtés, plus forts l’après-midi. Tous nos calibres tapaient sur les lignes boches.

 

Vers 3h, le 270 RI attaque, réussit à prendre pied dans la redoute de la Hernie, qui fait partie de l’ouvrage de Thiaumont. Ils firent 250 prisonniers. Notre artillerie fit du bon travail. Un peloton fut désigné pour conduire les prisonniers au colonel.

Au moment où ils passaient à côté de nous, une grosse rafale. Ils eurent deux tués et des blessés.

 

Enfin vers 8h, la tranquillité revint, ce fut une véritable procession de morts et de blessés de la journée et pendant toute la nuit. Comme nous n’avons pas reposé de la journée, on nous a laissé libre jusqu’à minuit, heure ou la corvée de soupe est arrivée.


A 1 heure, au travail.

Toujours même emplacement et même travail. Mon copain et moi nous nous trouvons devant un spectacle affreux pendant notre travail désigné. Il y a un petit boyau de 0,80 cm environ, et là se trouve une section ou davantage, de cadavres presque tous à genoux, baïonnette au canon, fauchés par la mitrailleuse ennemie des combats récents, et sans compter les morceaux humains que l’on trouve dans les trous d’obus.

C’est affreux.

Comme d’habitude, nous eûmes quelques rafales de 88.

 

(*) : Le JMO du 270e RI précise le nombre : « 110 prisonniers dont 4 officiers »

Le 19

Au petit jour, nous finissons notre tâche, et chacun rentrons dans nos abris de fortune, pour y prendre un peu de repos.

Seulement nos gourbis étant fait sur une terre qui a déjà servi de champ de bataille, ou les cadavres sont restés là couvert par les obus.

Mon trou d’obus que j’ai perfectionné en sorte de gourbi, après un repos de quelques heures, nos vêtements sont pleins d’asticots, et les poux nous dévorent.

 

A 2h de l’après-midi, la canonnade fait rage sur notre droite, sur Fleury.

 

A 5h, le 48 inf. et le 71 inf. attaquent le village de Fleury, et nous prenons positions dans le village, et un grand nombre de prisonniers.

Jusqu’à la nuit un fort tir de barrage se déclenche sur nous, beaucoup de blessés et de morts à ma compagnie.

 

Le soir, nous allons au travail, même spectacle que les suivants, on travaille sur des cadavres.

En piochant on remonte un bras, une jambe. Des fois même on lance la pioche sur un mort. On ne peut y résister des mauvaises odeurs, aussi le capitaine nous fait abandonner ce travail.

La guerre comme c’est affreux.

 

Le 20

Vers 5h, encore tir de barrage, attaque à la grenade, la 2ème Cie faisait 30 prisonniers.

 

La journée fut assez calme, la nuit nous faisons un boyau à côté de nos abris.

Le 21

Lutte d’artillerie.

 

Au petit jour, on vit arriver du renfort chez les boches, aussi l’artillerie leur envoyait quelques bonnes rafales d’obus, on fit même 1 prisonnier, qui s’était égaré, ce fut un agent de liaison, qui apportait un pli à son capitaine, disant qu’à la relève ils avaient eu 80 morts et nombreux blessés, par notre artillerie, qu’ils allaient attaquer dans la soirée.

Après ces renseignements recueillis par ce prisonnier, les ordres ne manquèrent pas.

Nous la 5è Cie, nous prenons positions sur la pente de Froideterre, en cas ou la 1ère ligne demanderait du renfort. Sommes là anxieux, prêt à bondir, malgré le bombardement violent on ne voit que fumée noire partout.

On se croirait à l’enfer.

Malgré la forte pluie de fer chacun reste à son poste. Quelques blessés, mais où partir, il faut rester là.

 

A 5h, l’artillerie donne moins, tout le bataillon est prêt, nos fusils sont approvisionnés, chacun 3 grenades.

Tout à coup, l’on vit une grosse masse d’hommes s’avancer vers nous. Fusils, grenades, mitrailleuses et notre glorieux 75, tout claquaient et s’abattaient sur cette vague d’hommes.

Quel carnage, de quoi devenir fou.

 

Dans une demi-heure, le combat fut terminé et à notre avantage nous avons conservé notre 1ère lig. et leur avons fait beaucoup de mal et durent se replier avec beaucoup de pertes. Entre les deux lignes on ne voyait que cadavres partout. L’attaque terminée ce fut un peu calme. On entendait gémir de tous les côtés.

Nous n’avons eu que quelques blessés.

 

Vers 10h, nous quittâmes ces positions pour aller au ravin des 3 Cornes dans des gourbis à peu près bons. Sommes en réserve du 22 au 24.

Corvées de nuit en 1ère lignes.

 

 

Description : Description : Description : 1.jpg

 

Situation du bois des 3 Cornes. Cliquer sur l’image pour agrandissement.

 

Le 25

Nous montons en 1ère ligne, à 15 mètres des boches, nous avons des postes d’écoutes à 4 .. ?.. de leur tranchée.

 

La pluie tombe dur aujourd’hui la tranchée pleine d’eau boueuse s’effondre, il n’y a pas d’abris, sommes sales, pleins de boue, on n’a pas fait toilette depuis le 10, pas même lavé les mains.

On est de vrais poilus avec notre barbe, les poux sont content, ils ont de quoi bouffer de la crasse.

Quelle vie, enfin c’est la guerre.

Le 26

Les boches attaquent notre petit poste, dont j’étais de garde avec mon ami MICHEL.

D‘abord quelques grenades, puis on entend du bruit.

Mon MICHEL et moi, on leur envoie une dizaine de grenades chacun, quelques rafales de coups de fusils, et puis se fut finit, du coup on nous a relevé, la faction après nous ils eurent un blessé.

Le 27

Calme.

Pluie.

Le 28

Quelques rafales de 155, qui heureusement ne firent pas de mal, leur tir trop court, les obus tombèrent chez eux. Ce fut un moment de rigolade. Dans leurs tranchées, on n’entendait que des gémissements. De suite des fusées, pour allonger leur tir.

Plusieurs de nos avions sont sur les lignes.

Tout à coup l’on vit un de nos appareils piquer à terre. Quelques heures après, on nous dit que s’était BRINDEJONC DES MOULINAIS, qui dans sa chute avait trouvé la mort.

 

(*) : Son avion fut abattu par erreur par deux avions français dans l'après-midi du 18 août 1916 à Vadelaincourt, près de Verdun (Meuse). Le lieutenant Marcel BRINDEJONC DES MOULINAIS était âgé de vingt-quatre ans. Qui a donc été abattu ce 28 août ?

Le 29

Lutte d’artillerie, le temps semble se mettre au beau. Ce n’est pas trop tôt, nous nous sécherons un peu, sommes trempés comme des canards.

Le 30

Assez calme, on parle de relève, dernier tuyau de la cuisine.

Quelle chance.

Le 31

En effet, nous sommes relevés et à minuit le 12 d’inf. prenait nos positions.

Nous leur souhaitons bonne chance.

 

A 4h le matin, nous arrivions aux casernes d’Anthouard à Verdun.

Nous mangeons la soupe et à 6h nous quittions Verdun.

En route chacun se disait, comment se fait-il que nous ne soyons pas tous morts, après avoir passé 21 jours sous la mitraille dans Verdun.

Sommes sales, plein de vermine, 21 jours sans manger rien de chaud et ne pas presque reposer. Pas seulement se laver les mains. Nos capotes, équipement et fusil plein de boue.

On a besoin de repos.

 

Vers 11h, nous arrivons au bois des Sartelles, à côté de Nixéville.

 

Nous y restons la journée du 1er septembre et le 2 à 10h du matin nous embarquions dans les autobus Parisiens.

 

A 4h de l’après-midi, nous arrivions à Rancourt « Haute-Marne ».

Nous logeons dans des granges, nous sommes très bien, à côté de ce que nous venons de passer. Le travail ne chôme pas au coiffeur. Je ne cesse de tailler les cheveux depuis un mois.

Nous sommes de vrais poilus.

Je me faisais de bonnes journées, ce qui me permettais de bien me soigné, et de bons coup de pinard.

Du 3 sept. au 25 sept.

Toujours au repos et de là nous rejoignons le front. (*)

Nous tenons un secteur pépère, nous allons 2 fois par jour au ravitaillement, on se croirait pas en 1ère lignes. Sommes dans de bons abris et de bonnes tranchées, toujours en équipement mais en bonnet de police, sauf les sentinelles.

La nuit nous avons des petits postes avancés. Ils sont assez bien fortifiés.

La compagnie nous assurons le poste 11-12-13.

Une nuit le poste 11 fut attaqué, sans grand résultat. Nous avons repoussé l’attaque par un petit tir de barrage.

 

(*) : Ils sont à Vandenay, dans la Marne, et montent aux tranchées, secteur Saint-Soupplets.

Le 27

Ce fut le poste 13, à son tour d’être attaqué par une patrouille boche, les deux sentinelles furent faites prisonniers.

Le 10 octobre

Nous fûmes relevez par le 12e corps d’armée.

Le 70 RI se rappellera du bon secteur de St Soupplets. Nous avions Souain à notre droite. Nous étions en liaison avec les Russes.

 

Sommes cantonnés au camp Berthelotle 16 oct. je partais en permission de 7 jours.

Je pris le train à Suippes à minuit.

 

Après une bonne, mais courte permission, je regagnais mon régiment qui se trouvait au camp Roques le 2 novembre.

Tout à côté de Mourmelon le Grand, à 3h du matin, suis allez au camp Berthelot pour prendre mon sac et l’équipement et le soir à 6h nous montons en lignes.

Le bataillon sommes en 2ème lignes en réserve.

Relevés par le 3e bataillon, nos allâmes dans des abris à la cote 150. Encore réserve de brigade, ce sont d’abris d’artillerie. Nous finissons l’année 16 dans ce bon secteur.

1917

Le 1er janvier 1917

Comme étrennes, allons ce soir relever le 1er bataillon. La relève se fit dans de bonnes conditions. Mon escouade nous étions au poste A. Sommes en liaison avec le 324 RI.

 

L’après-midi, plusieurs rafales de crapouillot de 240.

Le 3

L’ennemi fit 5h de bombardement sur nos petits postes.

Le 4

À 6h du matin, les boches attaquent 3 de nos postes. Nous avons ordre de nous replier à la 1ère ligne qui se trouve à une trentaine de mètres.

Nous faisons une contre-attaque à la grenade, alors un véritable tir de barrage, par notre artillerie, que nous avons demandé par une fusée rouge.

Le tir de barrage dura une demi-heure, obligea l’ennemi à se replier avec beaucoup de mal, à la section nous eûmes trois blessés grièvement.

Le 5

Nous sommes relevés par une compagnie du 332 RI.

Il fait grand froid, le soir la neige se met de la partie, ce qui ne favorise pas la relève.

Le 6

À 4h du matin, nous arrivons au bois 107 ou nous passons la journée.

Le 7

Nous partons à 5h du matin pour arriver à 11h au Grande-Loge. Nous cantonnons dans une ferme, dans une grange. Nous sommes bien, beaucoup de paille.

Tous les jours la compagnie va au travail en arrière des lignes.

Le 8

Nous quittons Grande-Loge et nous embarquons à St Hilaire.

 

Le soir, à 3 heures débarquions à Mailly, puis à pied nous partons, nous marchions difficilement, la route étant glacé, avec beaucoup de peine nous arrivons à 6h à T….-le-Petit (*), on a 2h de pose pour la soupe.

Nous touchons le ravitaillement par escouade, chacun se débrouille pour toucher un peu de bois, pour faire des frites et un bif, puis le café.

Après ce copieux repas nous nous remettons en route.

 

(*) : Peut-être Torcy-le-Petit dans l’Aube.

 

A 11h, nous arrivons à Granville.

Sommes logés dans des baraquements Adrian, sans trop de paille et puis bien sale, les troupes noires y ont séjourné 8 jours, attention aux poux.

Le 9

Le froid redouble, le thermomètre marque ce matin -20 degrés. (*)

 

Malgré la neige le 20, commencement des manœuvres de régiment, puis celles de brigade et enfin celles de division, et toujours le froid, pour ces manœuvres, tout le monde y participe.

Nous partons le matin à 6h le repas de 10h, nous touchons des vivres, repas froid, on se gèle.

On ne rentre que vers 4h.

 

Sommes obligés de couper le pain avec la hache. Le vin aussi est gelé dans les bidons. Faut faire du feu pour le boire. La nuit on se gèle, dans ces sales baraquements.

Quand on se réveille le matin, nos couvertures et nos capotes sont blanches de gelées. On couche avec les souliers, encore bien serrez les uns contre les autres, on arrive avec peine à se réchauffer.

On ne peut pas allumer du feu.

 

(*) : La vague de froide en janvier et février 1917 a fait geler la Seine à Paris. Un extrait historique du 54e territorial qui se trouve aussi dans l’Aube confirme le froid intense :

[…Depuis longtemps on ne vit hiver aussi froid ; fréquemment le thermomètre descend au-dessous de 20°. Les routes sont couvertes d'une neige tassée, sur laquelle on patine plutôt qu'on ne marche. L'effort que doit fournir le vieux « pépère » qui abat ses 25 kilomètres par jour, sur le miroir glacé des chemins ; grimpe parfois à genoux des côtes où reculent les 40 chevaux de l'état-major le plus allant et opère souvent les descentes sur son derrière est énorme. Le soir, au cantonnement, les granges, vides de paille, n'offrant pour tout lit que la terre battue, paraissent bien glaciales.

Au 54e, pas de malades, pas de traînards ; pourtant l'on a défendu foulards et passe-montagnes, seuls les gants, vestiges d'une civilisation qui chaque jour disparaît, restent tolérés…]

Le 10

Manœuvres.

J’ai eu de la veine, je coupe aux manœuvres.

J’installe mon P.C. de coiffure à côté de la roulante. Joli salon avec 4 toiles de tente.

J’ai tout de même de l’eau chaude pour mes clients.

Le 11

Ce matin le froid est aussi vif, 22 au-dessous de zéro.

Aujourd’hui manœuvres de brigade, la neige ne font pas malgré le soleil.

3h, le régiment arrive. Ils sont gelés et fatigués.

J’ai eu du travail jusqu’à l’heure de la soupe.

Le 12

La même température.

Aujourd’hui manœuvre de division sous le commandement du général TROUCHAUD, toute la compagnie doit y assister. (*)

Je vais à la visite, ou je suis exempt de manœuvre.

 

(*) : Le général TROUCHAUD commande la 19e division d’infanterie.

Le 13-14-15 et 16

Repos complet sauf pour le coiffeur.

Le capitaine me donne des ordres pour que la compagnie soit très propre, car nous allons devenir troupes de mouvement. Il parait que nous devons aller du côté de Paris.

 

En effet le 17 à 4h du matin, nous partons pour Mailly-le-Camp où nous embarquons à 11h le soir dans le train où nous passons la nuit. Nous étions 40 par wagon.

 

A 4h, le train démarre.

Ces wagons à bestiaux ne sont guère confortables. On gèle, mais du moment qu’on va toujours à l’arrière, il y a de la joie.

 

Enfin à 1h, le 18, nous débarquions dans une petite gare à 30 km de Paris.

Le débarquement dure 2h.

Là encore, il a fallu pour nous réchauffer faire les 100 pas.

 

A 3h, nous mettons sac au dos.

Les compagnies se mettent en ordre, comme pour une grande parade. Le régiment passe en revue devant le général de division, et en effet notre bataillon est en tête du régiment.

Drapeau et musique en tête, nous faisons l’entrée triomphale dans Soignolles (en-Brie).

Les civils faisaient la haie dans les rues. Ils étaient content, ils n’avaient jamais eu des soldats au village aussi nous avons été bien reçus.

Les cantonnements étaient déjà aménagés pour nous recevoir. Beaucoup de paille, ce que demande un pauvre poilu. Les alimentations sont bien approvisionnées. Rien ne manque, les cafés sont pris d’assaut, 12 sous un demi de bière.

Le chef me fit installer chez un coiffeur du pays. Le fourrier me fit une grande enseigne « Ici 5è Cie coiffeur ».

J’ai eu beaucoup de travail.

Le commandant a voulu faire honneur au coiffeur de Soignolles. Il est venu se faire servir au salon. J’ai même fait des civils. Ce sont des bonnes femmes qui tiennent le magasin. Elles ont voulu que je mange avec elles et couche dans une belle chambre. Je n’osais pas avec tous mes totos.

Nous restons là que deux jours.

Le 20

À 5h, départ. Malgré l’heure matinale tout le village a assisté à notre départ.

 

Après 3h de marche sur une route pavée et trottoir, ce qui nous fatigue, nous faisons la grand-halte.

Nous mangeons la soupe et repartons.

 

A 3h de l’après-midi, nous arrivons à Plessis-Trévise, musique et drapeau en tête, une haie de civils de chaque côté de la rue.

Plessis c’est joli. 24 km de Paris, c’est beau les environs de la capitale.

Toujours bien reçus par la population Je fus accosté par un gamin de 12 ans, et me demande d’aller chez lui. Je le suis, nous arrivons devant une grand-allée, un grand parc bien ombragé et un charmant château au milieu de cette beauté.

Nous rentrons, la chaleur et la bonne odeur de la cuisine me remit en place de la fatigue des 35 km que venons de faire. La mère de ce gamin, me reçut comme un vieux pouilleux (? illisible).

Elle a voulu que j’amène un autre copain et tout mon fourbi. Je vais au cantonnement, je pris mon caporal l’ami POUCHIN. Lui, ne voulait pas y croire, quand nous arrivons au château, à mon château.

Il faisait des sauts de joie. La réception fut la même que moi, la bonne femme nous accompagne dans une belle chambre à deux lits dominants la grande allée. C’était vraiment trop beau pour des pouilleux.

Nous fûmes invités à y souper. Quel repas ! Bonnes et domestiques rien ne manquait.

Le lendemain 21

Réveil, un bon déjeuné chaud avant de partir, elle nous garnit les musettes et les bidons et avant de se séparer. 5 francs à chacun. Cela valait bien un gros merci.

Avec les totos qu’on lui a fait cadeau. Les bonnes auront du travail.

 

À 9h, Rassemblement et nous quittons Plessis avec beaucoup de regret ; pendant l’étape la pluie se mit à tomber.

Heureusement elle fut courte 22 km. Toujours musique en tête nous rentrons à Livry-Gargan à 18km de la capitale. La compagnie nous cantonnons dans un ancien monastère.

Là, encore nous trouvons de bonnes gens qui nous invitent à aller chez eux. Reçus comme des rois.

Le 22

Nous quittons Livry à 4h du matin petite étape à 10h nous arrivions à Villiers-le-Bel. (*)

4km de Pierrefitte. Faubourg de Paris.

Défense d’aller à Paris. J’avais le copain BETAGON qui était de St Denis. Il m’invita chez lui.

Nous fûmes très bien là aussi. La vie est belle par ici. C’est le ciel.

 

Apres deux jours de repos et de bonne vie, nous repartons le 24 à 4h le matin. Une pluie fine tombait, nous nous éloignons de Paris.

Après 7h de marche, nous cantonnons dans un petit village à 40km de Paris.

 

(*) : Le JMO du 70e RI signale son arrivée à Villiers-le-Bel, le 18 février 1917, il y reste 2 jours.

Le 25

Nous étions déjà 4km de Beauvais et là nous faisions des petites étapes, 2 jours de marche, 1 jours de repos, presque du sur-place. Voilà la mission troupes de mouvements.

Pendant un mois, ce fut la même chose.

 

Enfin le 25 février, 8 heures nous partions, traversons Beauvais.

Musique et drapeau déployé après une longue étape nous arrivons dans un petit village de la Somme, ou nous restons deux jours.

Le 27 fév.

À 9h, après avoir mangé la soupe, nous partons, adieu les beaux jours. Passés aux alentours de Paris.

 

À 11h, nous traversons la ville de Montdidier.

 

À 2h, nous arrivons à La Boissière. Les 1ére lignes sont à 4 km. Malgré cela le secteur parait calme. Nous cantonnons dans des baraquements en bois, il y a beaucoup d’usines à sucre qui sont abandonnées. Le village est complètement démoli.

Le 1er mars

Je partais en permission où je prenais le train à Montdidier.

Les jours sont vite passés.

Le 14 mars

J’arrivais à la gare de St Just. Je change de train pour arriver à 6h à Montdidier.

A ce moment-là, des avions boches venaient de bombarder la ville. Sans mal, nos tirs les chasseront.

 

Je passais la nuit-là et le 15 à 6h je me rendais à Ételfay (Somme) où je trouvais mon régiment. Les copains dormaient encore. La nuit, ils avaient fait des corvées de crapouillot en 1ere lignes pendant ma permission. Ils avaient eu des pertes.

 

Le soir, je fis prendre tous mes équipements de guerre.

Toute la division est dans ses parages. Ça n’a pas bonne odeur.

Je trouvais le sergent Jean au 48e RI, un pays. (*)

Il est de Cunac à côté d’Albi et est le frère d’Alain (Élie ?) DOMMAYROU de Montans. Content de trouver si loin de chez nous.

Nous passâmes la soirée ensembles avec quelques bonnes bouteilles.

 

De là, je trouve le capitaine il me serra la main et me dit demain la division nous attaquons. Pas la peine de prendre les outils de coiffure. Mauvais retour de permission. Formidable cafard.

Je retrouve Jean et on s’offre chacun sa bouteille de Bordeaux, on se quitta joyeux à l’ … ?.. fit, aussi la noce à chaque arrivée de perme c’est réglo.

 

(*) : Un « pays » = personne originaire du même village.

Le 16

Les avions ne manquent pas, nous montons cette nuit. Le bombardement commence dur sur les lignes. Nous montons nos sacs. Touchons 3 jours de vivres.

La danse va recommencer, nous mangeons la soupe et à 2h nous partons à La Boissière, nous remplissons nos bidons d’eau. Nous traversons le village de Laucourt en ruines pour nous rappeler à la guerre une belle rafale de 105, puis nous prenons positions en soutien.

Le 17

À 5h, nous attaquons, nous prenons la 1ère ligne la 2ème et encore la 3 sans pertes. Les boches avaient abandonné les lignes.

Nous voilâmes en rase campagne. Nous prenons Dancourt sans résistance. Ils ont mis le feu aux sapes et démolis leurs abris. Ils avaient placés des engins, qu’à peine y toucher, cela éclatait. Quelques blessés dans ce cas.

Les routes surtout les carrefours sont minés. Nous passons dans les champs.

Quelques obus sur Dancourt mais très peu.

 

À 5h, après avoir passé la nuit dans les fossés, nous touchons le café, on nous distribue huit grenades par homme, défense de toucher aux mines. Le bataillon, nous sommes 1ère vague quelques patrouilles aux abords de Dancourt.

Dans le cimetière, les caveaux sont défoncés, pillés par ces barbares qui ne respectent pas même les morts. (*)

Nous partons donc 1ère vague. Dancourt est complètement à nous, à 3h nous approchons aux abords de Roye.

Le 13ème R. de hussard font eux aussi des patrouilles, nous avons le 30e RI à notre gauche nous rentrons dans les 1ères maisons. Les patrouilles rentrent en ville.

 

À 5h, nous traversons Roye avec la musique et aux sons de la Marseillaise. Les civils libérés sont contents. La vague du centre nous prenons position à 3km devant Roye.

Carrépuis étant occupé par les boches et sérieusement bombardé, nous passons la nuit aux bords de la route de Roye à St Quentin. Les petits postes furent placés à certains endroits et les patrouilles ne chôment pas.

 

(*) : Le 17mars, les Allemands ont effectué une retraite programmée pour raccourcir leur lignes. Les armées françaises ont été surprises. Les Allemands ont appliqués ont tout saccages au cours des semaines précédant leur retraites : destruction massives, poses de pièges, abatages de tous les arbres fruitiers, violations de sépultures, exactions sur la population.

La commission dirigée par Georges Payelle mena une enquête sur les destructions systématiques des villes et villages français traversés par les troupes allemandes. Voir le rapport : rapport officiel français sur la conduite des Allemands lors du retrait sur la ligne Hindenburg en mars 1917.

Le 18

À 4h du matin, nous sommes prêts à l’attaque de Carrépuis. Les hussards font les premiers des patrouilles, puis à 5h nous attaquons Carrépuis et Solente tous en flammes, sans trouver la moindre résistance, si ce n’est que quelques rares 77 ou 88 et encore très peu.

Les boches marchent le jour et la nuit résistent. Carrépuis et Solente sont pris.

Nous profitons d’un peu de repos pour manger une bouchée. Les avions ennemis nous mitraillent à faible hauteur. Quelques blessés.

 

9h 1/2, nous avançons vers Cressy que les Allemands n’ont pas oublié de mettre le feu. On entend parfois de fortes détonations. Des carrefours qui sautent. Ils battent toujours en retraite.

Dans leurs passages ils coupent les arbres à 1m50 de hauteur, ont enlevé les rails de la ligne de chemin de fer de Roye à St Quentin. Ils ont bien préparé leur retraite.

 

Vers 5h, nous voyons une colonne qui s’avance vers nous. Hélas ce sont des civils, vieillards, femmes et enfants. Nous avons l’ordre d’aller à leur rencontre. Les pauvres femmes venaient nous embrasser et les enfants surtout. Ils étaient fiers de renaitre dans la vieille France, retour à leur patrie. Et ne plus être sous le joug allemand.

Nous cantonnons dans le village de Cressy que la 6ème Cie venait de prendre, dans les maisons qui encore ne sont pas bien rassurantes, le génie est là.

 

Le 48e RI passe 1ère vague dès ce soir.

Toujours les civils ne cessent d’arriver, pauvres gens. Cela fait mal au cœur.

Avec un de l’escouade, nous allons en aide, nous trouvons une pauvre infirme, qui nous raconta, qu’elle ne c’était pas levé du lit depuis 4 ans, et que les boches l’avaient obligée à partir. Nous l’avons portée à Cressy où une ambulance l’hospitalisa.

D’après ce que raconte ces pauvres gens ils avaient été rassemblés à Moyencourt au nombre de 3000. Chacun portait un petit paquet.

 

À 9h, nous touchâmes le ravitaillement la nuit nous fûmes tranquille, on ne voit que des villages en feu. Ça fait peur dans la nuit.

C’est la guerre.

Le 19

Nous montons nos sacs.

À 7h nous prenons la route de Moyencourt.

Atteignons ce village, le premier que nous rencontrons qui ne fut pas, ni brulé, ni démoli depuis leur retraite.

Nous attendons les ordres.

 

Enfin nous partons à 9h direction Hombleux, nous arrivons au canal de St Quentin. Le boches ont fait sauter les ponts, enfin traversons tout de même avec les ponts que nous ont fait le génie.

Ici les allemands ont dû résister.

Le 48e RI n’aura pas eu la même chance que nous. Il y a plusieurs cadavres boches à gauche de la route d’Hombleux, une petite tranchée creusée de frois (?) était remplie de cadavres, avait abandonné une mitrailleuse, une voiture attelée avec son cheval et conducteur mort aussi.

Tout le bataillon se mit en colonne de compagnie face à l’ennemi.

Nous restons là jusqu’à la nuit.

 

6h, nous allons au village d’Hombleux encore tout fumant. Quelques rares maisons avaient été épargnées.

Nous y passons la nuit, assez tranquillement, quelques corvées à déblayer la route, nous sommes avec le 7e régiment de génie.

Le 21

À 1h du matin, le 1er peloton nous sommes allés fermer un grand entonnoir de mine sur la route d’Hombleux à Ham.

 

À 6h, nous étions de retour, repos jusqu’à la soupe. L’ordre arrive de monter nos sacs. La division est relevée, heureuse avance de 30km et que quelques blessés. Nous redescendons sur Carrépuis ou nous restons deux jours.

Le 24

À 7h, quittons Carrépuis passons à Roye reconquise avec drapeau et musique en tête.

 

Le soir vers 5h, nous bivouaquons dans un champ et nous repartons le 25 au matin nous faisons grand-halte, la soupe et sac au dos.

 

À 3h, nous arrivions à Breteuil-sur-Somme. Jolie petite ville de 5000 habitants.

La compagnie cantonnait à l’hôtel de ville une véritable garnison. J’ai installé mon salon (*) dans les locaux des pompiers. Le travail ne manqua pas.

7 jours de repos.

 

(*) : Salon de coiffure.

Le 3 avril

Nous quittons Breteuil pour aller à St Just.

Le 4

Départ pour Fitz-James ou nous restons deux jours.

Le 6

De bon matin en route pour Tancrou tout près de La Ferté-sous-Jouarre.

 

Là, nous restons 6 jours. Nous repartons pour Curaman (?) tout près d’Épernay.

Le 14

L’ordre arrive faut monter les sacs, la soupe et partons.

Nous traversons Épernay, au pas paradé, et à Cumières.

Le 17

Repartons pour Flavigny.

Le 18

À Jonches.

Le 19

À 4h, en route une chaleur étouffante.

La pause avant la Veuve, cantonnons à 3K de là au camp de l’Ermitage. Nous étions fatiguez restons là jusqu’au 2h au matin, la soupe et sac au dos.

Traversons Mourmelon-le-Grand à 1h la pose, on nous distribue des vivres pour 3 jours.

 

À 4h, la soupe et départ, nous passons à Prosnes.

Toute la division est là de nouveau.

 

À 11h, nous relevons le 59e RI au Mont Cornillet. La relève se fit dans de bonnes conditions, nous sommes en réserve. Dans une mauvaise tranchée qu’on vient de prendre aux boches le 16 avril. Tranchée Erfurt pas d’abris quelques tôles pour pare éclats.

La nuit et la matinée du 25 fut assez calme, nous aménageons nos abris. L’aviation est très active de chaque côté.

 

Vers 8h, un bombardement nous fit quelques blessés à la compagnie.

 

À 11h, au travail pour faire un boyau qui conduit à la 1ère ligne.

Le 26

Bombardement de part et d’autres le soir à 10h, à l’heure de la corvée de soupe, nous avons eu deux morts et plusieurs blessés.

Le 27

La matinée assez calme, un dépôt de grenades vient de sauter, il y a des blessés à la 7ème Cie

Le 28

Le soir vers 3h, bombardement sur nous et toujours de morts et des blessés en quantité.

Le 29

Fort bombardement de notre côté, chez les boches tout saute. Ca barde l’ordre arrive le bataillon se porte en avant dès ce soir. Attaque demain.

Nous montons nos sacs et à la nuit nous quittons la tranchée Erfurt nous nous portons à 400m plus en avant à la lisière d’un bois des Sapins, nous faisons des abris

 Le bombardement redouble nous sommes abrités, nous ne sommes pas bombardés.

Le 30

Dès 5h un soleil superbe, on ne vit pas, une fumée, une poussière et une chaleur. Nous sommes prêt à l’attaque, on nous donne des grenades attendons l’heure avec impatience.

 

Ca y est 11h45, l’ordre passe en courant, nous mettons baïonnette au canon et nous franchissons le parapet, sommes 2e vague d’assaut, les grosses pièces ont arrêté leur tir et le 75 lui ouvre son tir de barrage.

Les mitrailleuses crachent du de tous les côtés. La première vague est décimée, le 1er bataillon complètement anéanti.

Le bombardement n’a pas été suffisant parait-il. Le 155 recommence pour attaquer encore ce soir.

Malheureusement le tir trop court fauche nos positions.

 

Le soir arrive, les ordres, on n’attaque pas. Ce n’est pas malheureux, Nous avons faim – soif- pas de ravitaillement, mangeons les réserves. Le terrain est recouvert de cadavres. C’est triste. Vision de Verdun.

Nous passons la nuit dans une tranchée.

Le 1er mai

Nous retournons dans notre tranchée de départ.

En première ligne impossible d’y résister par la canonnade.

Le bombardement recommence de plus belle. Fusants et percutants tombent sur notre tranchée de soutien, des cris de secours de tous les côtés nous avons beaucoup de pertes à ma compagnie. Affreux de falloir rester dans cette pluie de mitraille.

 

La nuit, nous prenons la 1ere ligne, tout le bataillon est réduit à moins de la moitié. Sommes que les survivants.

La plaine est recouverte de cadavres de la dernière attaque. En 1ere ligne nous n’avons pas d’obus.

Mais sommes ahuris par notre bombardement.

 

(*) : Le journal (JMO) du 70e RI n’est pas prolixe sur ses pertes du 30 mai.

Le 2 mai, Le JMO poursuit : « L’ordre d’opération N°56 prescrit que l’attaque du 30 sera reprise à un jour J, à une heure H, qui seront indiqués ultérieurement. Les troupes doivent être en état d’exécuter l’attaque le 2, à midi. »

La 18e division d’infanterie (48e, 70e, 71e et 270e régiments d’infanterie) a eu 989 hommes et 34 officiers hors de combat, le 30 avril 1917. Son JMO précise que beaucoup de réseaux de fils de fer étaient restés intacts et ont arrêtés les vagues d’assauts.

le 2

Nous nous replions dans un boyau assez profond, pour que le 155 puisse bombarder la 1ere ligne allemande. Et en effet les gros obus tombent dur, le bombardement ne cesse, On est là comme des fous.

Et en plus de cela une chaleur a étouffé.

 

La nuit, nous reprenons les 1ères lignes.

le 3

Toujours le bombardement est violent sinon plus fort sommes abrutis par le bruit de ferraille. De quoi devenir sourd.

Au petit jour, nous nous replions au boyau d’hier. Pour la même manœuvre.

 

Le 4

Ca tape de plus belle, à 11h, une bonne nouvelle, nous attaquons ce soir.

Et en effet on nous distribue des grenades. Encore un coup. Attendons l’heure de l’attaque.

 

4h, les grosses pièces cessent leur tir l’ordre de se tenir prêt à partir. Baïonnette au canon. Le 75 commence son tir de barrage.

Notre capitaine :

« En avant les gars ».

Nous passons le parapet, et par bonds nous prenons la 1ere ligne boches.

Quel carnage le 75 avait fait de la bonne besogne, que des morts partout. Les boches font « Kamarad ». Beaucoup de prisonniers, tous ceux de 1ère ligne.

Les sapes sont remplies de boches, quelques poilus trop énervés ne peut se retenir lancent des grenades dans les sapes, malgré que les boches se présentent déséquipés et bras en l’air, prêts à se laisser fouiller.

Et des cris.

Ceux qui ont pu marcher, un détachement est en arrière.

 

La 1ere ligne conquise nous demandons au 75 d’allonger le tir.

Noirs comme des ramoneurs, plein de sueur, nous attaquons les réserves, eux avaient aussi demandé le tir de barrage, pendant ce temps nous faisons d’autres prisonniers et prenons plusieurs fortins.

Le tir de barrage commence chez eux. Heureusement nous sommes en avant les mitrailleuses crachent, quelques blessés chez nous, Nous continuons notre marche, dans la poussière, dans la fumée, ou presque on y voit pas.

Les boches reculent toujours la 5è cie nous prenons une pièce de 77 allemand.

 

Nous étions arrivés-là avec beaucoup de peine, fatigués. Une chaleur et surtout une soif et rien dans les bidons si ce n’est notre capitaine PUERRVEST, qui nous donna, un simple coup de langue à son bidon plein de café.

Ces mots, vous pourrez dire que le capitaine de la 5è cie a fumé une pipe, sur un canon allemand.

Nous restons là, quelques minutes, les boches fuient au trot.

Là, on voyait sur une route, un convoi de camion au moins 20, tous brulés, démolis par notre artillerie.

 

Un instant après, les balles nous venaient de par la gauche et droite, presque derrière, bientôt arrive des ordres par un agent de liaison du bataillon, la gauche n’a pas pu sortir et le renfort ne peut nous arriver, le renfort a été pris sous le tir de barrage boches.

Ils sont, eux aussi, démolis au complet.

 

A 7h 1/2, les boches contre-attaquent, nous nous replions un peu, la droite s’étant repliée, sans pouvoir nous prévenir, sommes pris par la droite et par la gauche.

Sommes encerclés. Sauve qui peut.

Nous voyons les boches arriver à droite et à gauche, nous courons autant que nous pouvons, le capitaine, se mit à crier :

 

« La liaison ne m’abandonne pas ».

 

Chacun sa peau.

Le capitaine et plusieurs de la compagnie sont prisonniers, tandis que le restant poursuivons la retraite, partout des morts des blessés qui demandent aux secours, c’est triste on ne peut y porter le moindre secours.

Nous passons sur les cadavres, la tranchée est pleine de morts boches, on passe quand même. Nous nous replions à notre tranchée de départ, morts de fatigue, de faim et de soif surtout.

Nous nous trouvons 6 dans un trou, la nuit arrive, on n’entend que cris de souffrance, les morts et les blessés sont mélangés.

Le calme revient, on cherche à se rassembler, nous arrivons à nous compter une trentaine à peine.

Plus d’officiers au bataillon, tous prisonniers ou morts. Le sergent-fourrier, devient commandant de la compagnie. On rassemble tout le régiment pour tenir les 1ères lignes, en attendant la relève.

 

Il fait une lune, comme en plein jour. Les brancardiers pourront enlever quelques blessés, pas un coup de canon le calme le plus complet, de chaque côté, après cette dure bataille, chacun se rassemble.

Pauvre 70eme RI !

Il n’en reste plus, le 1er bataillon est resté le 30 avril pendu aux barbelés sur les pentes du Mont Cornillet.

Nous le 2e bat. restons que les survivants, échappés de la fournaise. Le 3em bat., lui, n’a pas fait d’attaques, mais le tir de barrage allemand les a complètement anéantis, l’effectif est le même que le nôtre.

Nous nous regardons tous, comme par pitié, comme des enfants qui viennent de se battre. Nous nous trouvons malheureux. Beaucoup de souffrances, pas de vivres et rien à boire. Tout cela est la guerre, c’est bien triste.

 

3h du matin, nous sommes relevés des avants postes, sommes encore en réserve dans le ravin du Mont-Haut.

Dans de mauvais gourbis, on se couche, on s’endort, extenués de fatigue.

 

Nota : Au cours de cette journée, le 70e RI a perdu 500 hommes, et beaucoup d’officiers.

Le « sauve qui peut » n’est expliqué que par cette phrase dans le JMO du régiment : « …La compagnie BOUGOUIN, le bataillon PAILLER est forcé de se replier, (…) le mouvement s’effectue par bonds (…) ». 

Le JMO de la division dit « …par petits bonds en arrière… »

Dans la nuit du 5 au 6

Sommes relevés du secteur par le 13e RI.

Quelle relève ! Les uns suivent le boyau, les autres par la piste, à la pointe du jour nous voilà à Prosnes, à 4h à Septvaux.

On nous dit rassemblement à Trépail. Nous étions 3 ou 4 ensembles, on trouve une saucisse là, les copains nous donnent un quart de vin à chacun.

Quelle chance !

Plus loin nous trouvons les batteries de 155, ils nous firent cadeau d’une gamelle de soupe, et du pinard.

Victoire !, nous sommes déjà mieux.

 

À 2h, nous arrivions à Trépail, ou doit se trouver le régiment. Les cuisines nous attendaient, on s’est bien restauré. Sommes restés là, en plein repos, jusqu’au 9 ou nous allâmes à Bouzy, ou on doit faire le recensement du régiment.

Le 1er bataillon, personne ne répondit à l’appel : que quelques agents de liaison.

Le 2e bat. l’effectif fut maigre 120, la 5 comp(agnie) que 30 hom(mes) dont je faisais partie.

Le 3 bat. eux eurent plus de chance 404 hom(mes).

 

Le régiment formait à peine un bataillon.

Le colonel, larmes aux yeux, nous a félicité. Nous a fait un peu de discours, ce brave colonel, DE BARBE DE LA BARTHE. Il nous donné un peu de courage, car le moral était bien bas. Les aumôniers ont organisé une messe solennelle en l’honneur du régiment.

Musique et drapeau, à peine remis de nos émotions, l’ordre de monter nos sacs. Faut remettre ça, remonter au Cornillet.

Le 270 RI ne peut tenir.

 

À 2h, nous partons. Nous prenons positions en avant de Prosnes, dans une tranchée qui avait était aux boches en réserve.

le 13

Au soir, bonne nouvelle, la division est relevée du Cornillet. Apres ces durs combats la division comptait le quart de l’effectif.

Pauvre 19e division. (*)

Le sergent JEAN du 48e RI fut fait prisonnier, les copains me l’ont dit.

 

(*) : C’est exact, la 19e division d’infanterie compte plus de 5000 hommes hors de combat.

Le 14

Nous mangeons la soupe à Mourmelon-le-petit, et nous allâmes cantonner à Recy à 4km de Chalons-s-Marne nous y restons 5 jours et puis allons au repos à Copetz.

Repos bien mérité.

Le 24

Nous quittons ce village et nous fûmes à Charmontois-l’Abbé  

Nous recevons tous les jours du renfort, petit à petit le régiment se reforme. (*)

Sommes déjà 9 à l’escouade, la classe 14 nous arrive.

 

Au bout de 5 jours nous reprenons la route, après une dure étape nous arrivons à Ville-sur-Cousances.

 

(*) : Le JMO du 70e RI indique qu’il reçoit 450 hommes le 18 mai et 470 hommes le 27 mai.

le 30

Nous restons 4 jours puis l’ordre vient de partir.

Le 5 juin

Nous allâmes dans le bois de Béthelainville pour y faire des travaux.

 

Après 5 ou 6 jours de travail, nous partons de nouveau à ..?..h du matin.

le 10

Nous démontons nos tentes et partons à 10h.

Arrivons de nouveau à Ville-s-Cousances où j’ai eu l’agréable surprise de trouver René AZENA.

Tous les jours matin et soir, j’allais avec Pierre SERVAT mangé a sa popote.

J’ai trouvé aussi Philippe DAYDÉ qui remontait, il venait de permission. Il avait le cafard, il m’a payé une bonne gnole du pays. (*)

 

 

(*) : Philippe DAYDÉ, du 8e cuirassiers,  sera tué en juin 1918 à le ferme de Vertefeuille (Aisne)

Le 12

A 3h du matin, sac au dos, à 2h arrivons à Somme-Py ou nous fûmes cantonnés.

le 18,

Nous montons nos sacs et ce soir nous prenons les lignes.

Départ à 5h. Nous traversons Haudainville-Belrupt, puis le fort de Belrupt.

 

Et à 10h le soir, nous arrivons à Eix-Moulainville.

La compagnie est de réserve dans les caves d’un grand château, où nous sommes très bien, chacun sa couchette en grillage, une table, des chaises, tout le confort, de trop pour nous, un véritable PC.

La compagnie fait des travaux en ligne, le village d’Eix et compétemment anéanti. Les cuisines sont installées dans la ferme du château. Un chic secteur.

le 24

Nous prenons les postes avancés, relevons la 7e Cie.

Le 25

Je pars en permission. Rassemblement des permissionnaires à 6h au PC du bataillon.

10 h nous arrivons au camp des Savoyards.

le 26

À 4h du matin, j’arrivais à Dugny et à 1h nous partions de Revigny-sur-Ornain.

 

Le 27 à 11h, j’étais à Toulouse et le 28 à Montans, après une bonne permission.

Le 10 juillet

Je repartais pour le front où je regagnais mon régiment au camp des Arpents. Je retrouvais ma compagnie, et les copains en bonne santé.

Bataillon de travail.

le 13

Secteur charmant.

le 14

En raison de la l’anniversaire de la fête nationale, l’ordinaire fut amélioré, champagne et pinard remboursable, plus un cigare, ce fut la nouba à l’escouade.

Le soir nous montons en réserve.

Le 20 au soir

Nous prenons les avant–postes. Toujours secteur de choix.

Pas de canon.

Le 1er août

Nous somme relevés et passons de nouveau au travail. Dans une tranchée en avant du fort de Vaux.

le 5

Reprenons les 1ères lignes, aux batteries Damloup. Le village de Damloup n’est qu’un amas de ruines. Au loin on aperçoit les Jumelles d’Ormes. On prétend que ce fut le poste d’observation du Kronprinz pendant les attaques sur Verdun en 1916.

De nouveau au camp des Arpents.

Beaucoup d’artillerie se concentre tous les jours. On dit qu’il va y avoir une attaque au secteur.

le 10

Nous occupons les caves dans Eix. Nous sommes désignés section franche, nous autres.

 

La nuit, nous faisons des patrouilles de 11h à 3h du matin. Nous restons couchés dans l’herbe à 50m du bois de Moronville. Notre mission est de se planquer de laisser passer les patrouilles boches et faire des prisonniers.

Nous sommes sans équipement, qu’un revolver, un couteau et des grenades.

Depuis quelques jours la pluie.

le 15

Cette nuit la patrouille a eu une rencontre avec les boches, mais ils se sont débinés. Sur notre gauche, çà barde.

Cela nous rappelle, les mauvais jours de mai au Cornillet.

le 17

Ordre de partir en patrouille, il fait encore jour.

 

6h le soir, les boches sont signalés en nombre dans la plaine.

Nous partons 2e et 3e section, en armes, et beaucoup de grenades. Arrivés à la tranchée, nous prenons le boyau, nous sommes installés en tirailleurs dans l’herbe entre les lignes à 500 mètres.

Après avoir eu contact avec les boches, nous les arrosons par un tir de grenades. Cette rencontre dura une bonne demi-heure. Le sergent et le caporal qui dirigeait la patrouille furent tués tous les deux.

Nous lançons une fusée pour un tir de barrage pour nous replier, et nous ramenons le sergent et le caporal.

 

À 9h, nous étions de retour. Le sergent n’avait pas été fouillé, une balle lui avait emportée la moitié de la figure, au caporal les boches lui avaient pris les papiers.

 

(*) : Il s’agit du sergent GAND Émile Léon et du caporal QUIELLIEC Mathurin.

 

GAND Émile Léon, sergent au 70e RI, venu du 154e RI, mort pour la France le 17 août 1917 à Eix (55), tué à l’ennemi. Il était né le 27 octobre 1889 à Evres (Meuse)

QUIELLIEC Mathurin, caporal au 70e RI, mort pour la France le 17 août 1917 à Eix (55), tué à l’ennemi. Il était né le 25 décembre 1888 à Brandivy (Morbihan).

Le 19

CORLINE, le commandant nous félicita d’avoir ramené les cadavres.

le 20

Vers 9h, quelques fusants sur Eix, sans nous faire du mal.

La 1ere batterie a fait des prisonniers.

le 20

Quelques obus sur Eix. Le bruit court, que ce soir il y a un coup de main.

En effet, vers 6h, l’artillerie prépare le terrain, par un assez violent bombardement.

 

Vers 9h, nous partons avec 10 grenades chacun et 2 fusils mitrailleur.

Nous attaquons le bois Carré avec 3 sections de la 2ème compagnie.

 

A 9h 1/2, nous franchissons les fils de fer, et nous nous déployons en tirailleurs sous le tir de barrage.

Notre mission à nous est de lancer toutes les grenades, pour simuler l’attaque d’un poste sur le bois de Morainville. Pendant que les sections de la 2e Cie attaqueront les postes du Bois Carré.

Arrivez au but, nous lançons nos grenades, devant nous on ne voit que fumée. Pas un coup de canon, pas un coup de mitrailleuse. L’attaque est déclenchée, tout à coup une fusée tricolore plane dans les airs.

Le coup de main a réussi nous rejoignons nos lignes vers 11h.

 

Tout cela c’est fait par surprise et dans le calme le plus complet. Les sections ont ramené une vingtaines de prisonniers. Sur notre gauche, du côté de Bezonvaux, il y a eu attaque.

Ils ont avancé de 300m et fait 600 prisonniers.

le 21-22-23-24-25

Sommes toujours en secteur. Toujours calme.

Le 26

Nous sommes relevez du secteur, toute la division.

Nous allons au repos non loin de Revigny-sur-Ornain. Nous sommes logés dans des granges, sommes très bien.

J’installe mon salon, ou j’ai beaucoup de travail les compagnies vont à l’exercice. Pendant notre repos notre lieutenant-colonel, fut nommé colonel définitivement.

Ce fut une véritable fête. La veille, il y eut retraite aux flambeaux, les civils y furent invités.

Après la retraite bal, il manquait des cavalières nous dansions entre nous.

 

Le lendemain, réveil en fanfare pour toute la clique.

 

À 9h 1/2, grande prise d’arme, et défilé devant le général de division et son état-major.

Le 70e RI est vraiment en grande tenue L’ordinaire fut grandement amélioré, du vin 1 litre par homme et de la bière a volonté.

 

L’après-midi, course de chevaux, où hommes et officiers y participent. Notre bataillon se distinguait de première le lieutenant de la 6e Cie eut le 1er Prix. Un cheval de la roulante de notre Cie la 5e arriva le second.

 

Le soir, grand tour de ville avec toute la musique et la clique, aux accents de la Madelon.

Officiers-soldats-civils ne faisaient qu’un.

Puis grand bal, tout le monde en mit un coup. Notre brave colonel ne le méprisa pas malgré ces 70 ans. Il dansa toute la soirée. Tout le régiment fit honneur au nouveau galon de colonel.

Ce fut une grande fête.

le 14-15-16-17-18-19-20-21-22-23-24-25-26-27-28-29-30-août

Toujours au repos.

Le dimanche 9 septembre.

Nous fûmes alertés à 10h dans une heure, nous étions équipés, prêts à partir. Nous formons les faisceaux devant les cantonnements. On nous donne des vivres pour 4 jours, et des munitions, attendons l’heure du départ.

 

Enfin vers 5h, on nous donne l’ordre de rentrer dans les cantonnements. Cette fausse alerte a été occasionnée par suite d’une forte attaque sur la fameuse cote 304Mort-Homme - Cote du Poivre et du Talou.

 

Le soir, il y eu retraite aux flambeaux.

Le 10

La compagnie va à l’exercice, le soir de nouveaux ordres arrive qu’on parte demain.

En effet, le 11 au réveil nous montons nos sacs, à 11h nous embarquons dans des autobus, et à 4h nous débarquons dans les ruines de Verdun.

Nous cantonnons dans la citadelle, nous touchons le ravitaillement par escouade chacun se débrouille pour faire la soupe.

Le 12

Les officiers furent reconnaitre les positions et à 6h le soir nous allons en position à la Côte du Poivre, en réserve, dans des sapes boches.

Le 15

Nous passons la journée là et vers 9h nous prenons les 1ères lignes au nord-est de la cote 344.

En face le bois des Maures. Une simple tranchée, sans abris cette position est nouvellement conquise. Nous avons relevé le 33e RI.

Le 14

La pluie. Le bombardement est assez fort des deux côtés.

La nuit fut calme.

Le 15

Au petit jour, nous vîmes un Allemand à 40m de notre tranchée, mon escouade firent feu sur lui.

Il fit « Kamarade », nous le faisons déséquiper et s’avance vers nous, haut les mains.

D’après les renseignements qu’il nous fournit, il arrivait de permission, en avait assez de la guerre, avait le cafard de se trouver dans cette position, car leur tranchée est dans un ravin très boueux.

Il fait partit du 222e RI. Son régiment arrivait de Russie.

 

Seulement 2 jours qu’ils sont en positions, la pluie ne cesse de tomber, et pas d’abris, sommes mouillés, sale plein de boue, les fusils sont rouillés.

Il faut les nettoyer, un de la section, en nettoyant son fusil, il oublie de sortir les balles, en nettoyant fit partir le coup, se fit sauter le pouce.

Le 16

La nuit quelques rafales de grenades, le bombardement est violent.

 

Le matin vers 5h, tir de barrages du côté des boches. Une mesure pour rien.

Tout le monde à son poste et rien ne se passe.

le 17

Nuit calme.

Le temps se remet au beau, aussi l’aviation est très active et a faible hauteur.

 

À 4h du matin, tir de barrage sur les lignes. La même affaire qu’hier. Pas d’action d’infanterie. L’artillerie fut assez vive des deux côtés. Quelques blessés à la compagnie.

Le 18

Nuit assez calme.

Vers 2h du matin, nous faisons une patrouille. Rien à signaler. Tout ce passa à merveille.

 

À 6h, nous abandonnons la 1ère ligne. Notre artillerie va faire un bombardement puis nous serons attaqués, on se replie à la ligne de soutien.

 

À 7h, la canonnade commence, on ne voit que fumée sur les lignes boches. Toute l’artillerie a grand rendement, l’ennemi ne répond pas.

 

A la nuit nous reprenons la 1ère ligne. L’artillerie a allongé son tir, qui est toujours très violent.

La nuit assez calme.

Le 19

Nous nous replions de nouveau à la ligne de soutien. Toujours fort bombardement.

Il parait qu’on attaque ce soir à 4h.

Sommes abrutis par la canonnade un vrai enfer. Nous attendons anxieusement l’heure h.

Un de nos 155 tombe en plein sur ma section, deux morts et 5 ou 6 blessés. Une fusée rouge et le tir s’allonge.

 

3 heures, l’heure approche, sommes fous, sommes prêt à partir vers la tranchée allemande.

Le 2ème bataillon, sommes 2ème vague sauf la 6ème Cie et la compagnie de mitrailleuses.

 

À 4h juste, l’ordre baïonnette au canon, et en avant, notre tir de barrage est déjà commencé. Comme des lions, d’un bond nous franchissons le parapet. La compagnie se déploie en échelon de ligne de tirailleurs, tout comme un exercice.

Nous faisons 30m le tir de barrage boche n’est pas commencé. Nous arrivons à notre 1ère ligne sans pertes. La 1ère vague est déjà en possession de la 1ère ligne boche.

Leur tir de barrage commence et violent. Les boches contre-attaquent. La 1ère vague doit se replier à la 1ère ligne avec beaucoup de pertes.

Le 3ème bataillon a beaucoup souffert, la 9ème Cie est toute faite prisonnière.

Le tir de barrage a duré 3h. Beaucoup de blessés et des morts. Notre 1ère ligne est complètement démolie, que des trous d’obus comme logement. La nuit fut assez agitée.

Encore tir de barrage à 1h du matin.

 

Vers 4h, un bataillon du 71e RI vient nous renforcer pour attaquer un fortin. Nous l’attaquons, on ne peut atteindre l’objectif. Ce fortin est rempli de mitrailleuses. Ce ne fut que de nouvelles victimes dans nos rangs. On ne voyait que sang partout, et des morts entre les lignes.

Notre effectif commence à devenir petit.

 

 

Description : Description : Description : Description : Description : 1.jpg

 

 

 

Le 20

La journée fut calme, sauf le soir ou les deux artilleries donnaient fort sur les lignes.

Le 21

À 3h du matin avant le jour, nous avançons de 100m. On nous fit creuser des abris individuels, où nous avons passés la journée, accroupis, on se faisait tout petit.

Ce fut calme.

Le 22

Nous avançons encore de 50m, refaisons un trou pour passer la journée. Ce fut calme.

Temps superbe. L’artillerie donne de part et d’autres.

Le 23

À 2h du matin, une patrouille fut organisée pour voir si les boches occupent un boyau, qu’il y a entre les deux lignes, et qui communique à la 1ère ligne allemande. Nos patrouilleurs reviennent, le boyau n’est pas occupé.

Ordre arrive de le prendre et une heure après, nous prenons cette position, et la transformons en 1ère ligne. Avec des sacs a terre, nous fermons le boyau de leur communication.

Dans un abri, nous y trouvons un canon de tranchée, avec un butin de 500 obus. Une corvée fut désignée, pour transporter le tout à notre ancienne 1ère ligne, à la disposition des artilleurs de tranchées, qui leur envoyèrent tous ces obus chez eux.

 

Vers 4h, nous repoussons à la grenade une patrouille.

 

Au petit jour, encore une patrouille, nous les laissons avancer, et les attaquons par derrière et les faisons prisonniers. C’étaient les artilleurs qui venaient à leur canon.

Ils été déçus de ne pas voir leur pieu à cet emplacement. Ils appartenaient au 19e R. Artil. de tranchées. Ils étaient 10.

Le 24

La journée fut agitée mais sans aucune action d’infanterie.

La nuit calme. 

Le 27

L’artillerie est assez violente.

 

Le soir a minuit, sommes relevés par le 71e RI.

L’attaque du 19, nous avons fait 200 prisonniers. Il y avait 5 jours qu’il n’avait pas eu du ravitaillement.

Pendant la relève à 1km nous subissons un bombardement d’obus asphyxiant. Avant de descendre la Côte du Poivre, il a fallu mettre les masques, on traverse une nappe de gaz.

 

À 3h, nous arrivons dans de bons abris à la Côte du Poivre. Nous avons eu beaucoup souffert pendant la relève.

Le 26

Restons là.

Le 27

La division est relevée, le 7 d’inf. relève le 70e. Nous logeons dans des caves dans un quartier de Verdun. Pour la 2ème fois le 70 d’nf. quitte Verdun avec plaisir. Nous avons eu beaucoup de pertes.

 

Après une bonne soupe, à 1h, nous embarquons dans des autobus à Glorieux et à 7h le soir nous arrivons à Bassuet, gentil petit village.

Le 30

Je partais en permission de 10 jours.

Je prenais le train à Vitry-le-François.

Le 15 octobre

Je regagnais le front ou j’arrivais le 17 à Landrecourt. Je couchais à Rupt-en-Woëvre, et le 18 je retrouvais la compagnie en 2ème ligne à droite des Éparges à Vaux-les-Palameix.

Bon secteur.

Dans 12 jours, la compagnie a eu 4 blessés. Les cuisines sont à 200m de la 1ère ligne. Le 70e n’a jamais vu pareil secteur.

Le 24

Sommes relevés par le 71e RI.

 

À 7h, nous arrivons au village de Ranzières en ruine ou presque. Nous cantonnons dans ces ruines.

La compagnie exécute des travaux de ligne.

Le 5 novembre

Les Allemands firent 2 rafales de minenwerfer, sur nos 1ères lignes. Il y a eu plusieurs morts et blessés.

Le 6 et 7

Sommes en liaison avec le 2ème RI.

Le 8

Séance de crapouillot.

Le 9

Les Allemands font sauter une mine sur la gauche de la compagnie, pas de mal.

 

Vers 1h, encore une mine suivi d’un tir de barrage. Nous occupons l’entonnoir.

Le 10

Le 1er bataillon fait un coup de main à 3h du matin. Ils ont ramené un prisonnier.

Le 11

Calme.

Du 12 au 27

Calme et bon secteur.

Le 27

Sommes relevez par le 71e RI. Allons au repos au camp de Guillemont, dans un bois, logés dans des baraques Adrian. La neige couvre le sol. Il fait froid, on gèle dans ces cagnas.

La compagnie fait des travaux avec le 7e génie. Sommes à 6 km des lignes.

Le 5 décembre

Nous remontons en ligne, pour relever le 48e RI.

Toujours un grand froid. Bon secteur, bien organisé, bons abris. Pas de crapouillot ni d’obus.

Calme, des braseros sont installés aux petits postes. Sommes mieux qu’au repos. Toujours la neige.

D’après un ordre du colonel, tous les coiffeurs de compagnie ont affecté au PC de Cie comme pionniers. Bon filon. Voilà que je deviens embusqué.

 

Patrouilles et reconnaissances toute la nuit.

Je me trouve donc, avec mon ami PIERRE et LAZUTTES. Nous avons installé un PC à nous. Des lits en fil de fer, un bon foyer qui brûle nuit et jour, dont je suis le chauffeur.

LAZUTTES lui est un as, il est chasseur, il a confectionné une vieille porte et avec une ficelle, il prend des petits oiseaux. Tous les soirs nous en faisons une belle rôtie.

Moi je me charge du fromage pour la soupe et PIERRE, lui, porte les plis aux sections. On ne s’en fait pas. Notre premier voisin et l‘adjudant et il fut attiré un soir, par une bonne odeur de cuisine, à tel point que nous l’invitons pour le soir après.

Voilà mon LAZUTTES en chasse de petits oiseaux, moi je trotte à la cuisine pour le fromage, de l’huile, du vinaigre, et de l’ail. PIERRE doit trouver du chou pour la salade. Nous voulons lui faire un repas méridional à l’adjudant GILBEUX.

La chasse est belle, rien ne manque, chacun 8 oiseaux, d’abord une bonne soupe au fromage. J’avais fait avec nos morceaux de viande comme une daube, sauce au vin, excellent, du vin chacun son litre.

Le menu était des plus copieux.

 

À 6h, on se mit à table, sur la porte qui servait de guillotine aux oiseaux, un bon feu, l’adjudant n’en revenait pas. Nous commençons, d’abord la soupe très bonne, puis la daube, la bonne rôtie, et un plat de salade. Quand on eut fini, nous avions les oreilles rouges. Une soirée inoubliable disait l’adjudant.

Plein la lampe.

Le 6-7-8-9-10-11-12-13-14-15-16-17-le 18

La compagnie fit un coup de main, sans succès, un des nôtres fut tué et 7 blessés.

Le 19

Le 1er bataillon, le même sort lui fut réservé. Beaucoup de blessés.

Le 23

Sommes relevés par le 71e RI. Nous allons au repos à Rupt-en-Woëvre. Là, se trouve le général de division.

La neige recouvre le sol de 10 cm. Il fait froid, tous les soirs nous allons au foyer du soldat, pour nous réchauffer.

1918

Après 9 jours de repos, le 1er janvier 1918, remontons pour relever le 48e RI.

Nous quittons Rupt-en-Woëvre à 3h. La neige tombe à gros flocons. La route est glacée, on marche difficilement. La relève se fait dans de bonnes conditions.

Le secteur est calme, beaucoup d’alertes aux gaz.

Le 3

À 8h, alerte aux gaz. Faut mettre les masques.

 

Il gèle a pierre fendre. Toujours la neige.

Le 7

La compagnie monte en 1ère ligne à 7h.

Le 10

Séance de crapouillot des deux côtés, encore la neige.

Le 11-12-13-14

Sommes toujours en secteur.

Le 16

Nous descendons en réserve.

Le 17

Je partais en permission pour 20 jours.

13 février

Je regagnais mon régiment le 13 fév.

Je retrouve le bataillon en ligne au ravin de Venise.

J’ai trouvé Sébastien PERRY où nous avons bu une bonne bouteille à la … ??

Pendant ma permission, le régiment a beaucoup souffert des gaz, beaucoup d’évacués.

La tranchée n’est pas confortable, de la boue jusqu’aux oreilles. Je couche sous la nacelle du dirigeable « adjudant Vincenot ».

Suis au téléphone du PC de la Cie.

 

Le soir, nous sommes relevez par le 3ème bataillon. Allons au repos à Génicourt, assez bien cantonné.

Le 25

Nous remontons au camp de Gillaumont, et prenons les tranchées de 1ère ligne. La Cie ce trouve en réserve à la sablière.

Nous restons là 6 jours, puis nous prenons les 1ères lignes.

Le 3 mars

La neige.

Nous nous installons au PC (.. ?..) à 30m. de la 1ère ligne. Crapouillot toute la journée ; le caporal-fourrier fut tué par un éclat de 240.

La liaison marche dur et le téléphone aussi. Des ordres que la division prépare un coup de main.

Il doit y avoir 3 jours de bombardement. Les batteries de crapouillot doivent virer 1500 projectiles par pièces et par jour. En effet, malgré la neige, le bombardement ce fait pendant 3 jours.

Tout saute, que feu et fumée sur les lignes allemandes.

Le 5

À 4h de l’après-midi, les crapouillots cessent, et 75 fait son tir de barrage, le bataillon se lance aux lignes allemandes, l’ennemi s’était replié à sa 2ème ligne. Tout va bien, le coup de main a réussi. Nous avons fait 159 prisonniers à coup de grenades dans les sapes bondé de boches, des cris de tous les côtés. Ça été une vrai boucherie.

Pas de pertes, que 7 blessés légers au bataillon. Nous les avons pris par surprise.

 

(*) : Le JMO donne un autre chiffre sur le nombre de prisonnier : 120.

Le 14

Au matin, nous sommes relevés par le 88e RI.

Nous avons pris le train à Landrecourt à 6h du matin, à 7h nous débarquons à Neuville s/Orne (*) à 3 k de Révigny.

Petit village très gentil.

Exercice et travaux de propreté, j’installe mon salon à côté du bureau de la Cie où le travail ne me manque pas.

 

(*) : Note 1 : Neuville-sur-Ornain

Le 23

Sommes alertés à 5h du matin.

Nous montons nos sacs et à 10h nous embarquons dans les autobus. Après avoir voyagé toute la journée et une partie de la nuit, nous arrivons à 3h du matin à St Martin d’Ablois, à 8 k d’Épernay. Cantonnement d’alerte.

 

À 11h alerte. 3h, on part, traversons Épernay, allons à Mutigny, réserve d’armée.

On s’attend à une attaque.

Le 27

On nous donne des vivres pour 2 jours et 400 cartouches.

Le 28-29

Toujours en alerte.

Le 30

Ordre, on part demain.

Il pleut.

Le 31

Contre-ordre.

Le 1er avril

à 11h, alerte. Montons nos sacs, à 4h nous embarquons dans les autobus, nous voyageons toute la nuit.

Le 2

Nous arrivons à 10h à St Léger. (*)

Fatigués, cantonnons dans un camp où il y avait des prisonniers.

Sommes à 13 km de Compiègne. Cantonnement d’alerte, dans 20 minutes nous devons être prêts au combat. On dit que les Anglais ont abandonné les lignes, en effet on place partout des sentinelles doubles.

 

(*) : Saint Léger-aux-Bois

Le 5

On donne de grands outils et d’autres cartouches.

Le 6

À 4h réveil, et en route. Après une longue marche de 30 kil. Nous arrivons fatigués aux carrières de Soissons.

Les Américains qui sont rentrés en guerre avec nous, occupaient les carrières hier.

Le 7

À 9h alerte. On part de suite.

La 161e division est attaquée. Après une marche assez rapide nous prenons position sur la crête de Guny, dominant le canal de l’Aisne à l’Oise, canal de l’Ailette.

Le 215e RI, 165e RI et 363e RI ne peuvent tenir.

Ils ont l’ordre de tenir autant que possible, ils battent en retraite. Nous voyons très bien la marche.

Il arrive un clairon du 215e RI, en patois je lui parle.

Il me dit que le 215e est tout fait prisonnier, avec même ses cuisines et train de combat. (*)

 

(*) : Le JMO du 215e RI dit : « Le 7 avril, à 00h15, le PC du 215e RI reçoit l’ordre de repli (battre-en retraite). La nuit est très noire et il pleut violemment. L’ordre arrive fort tard aux bataillons et compagnies du 215e RI. Dans ce conditions, plusieurs unités ne purent être touchées par l’ordre et restèrent sur leur secteur où elles furent attaquées et prises par l’ennemi ».

Le régiment a perdu au cours des 6,7 et 8 avril 17 officiers et 776 sous-officiers et soldats. Tous les noms des hommes sont indiqués sur le JMO, pour la plupart disparus.

Le 9

À 4h du matin, Coucy-le-Château tombait aux mains des Allemands. Le bombardement est violent, l’ennemi avance lentement. Le génie fait sauter les ponts sur le canal.

Les boches auront du mal a traversé.

La canonnade est toujours violente. Sommes maintenant en 1ère ligne. La compagnie est aux avant-postes le long du canal et les Allemands sont sur l’autre rive du canal. Pas de morts, quelques blessés en prenant position. (*)

Inutile de se faire de tranchées, l’eau est à 20 cent., mais les boches non plus.

 

(*) : Un dépôt de grenades stockées dans une grotte, saute : ce sont les 2 blessés.

Le 10-11

Calme, le soir nous sommes relevés par le 2ème régiment mixte.

Le 12

Nous allons en réserve du régiment aux Carrières de Selens.

Sommes très bien, éclairage électrique, une division peut y être logée. Travaux en ligne.

Le calme est revenu.

 

Le 18 au soir, nous reprenons les avant-postes à gauche de Guny. La Cie et en réserve et en liaison avec le 412e RI. Dans un bois à 500m des lignes, nous faisons des tranchées de résistance.

Faut tenir coûte que coûte. Assez calme. Le PC est dans des abris en tôle.

Le 21

On prépare un coup de main.

Le 26

Tout un peloton de volontaires tente le coup de main.

À minuit, deux ponts furent placés en vitesse, le peloton passe le canal, coupent les barbelés le long du canal, dans 20 minutes le peloton revient victorieux, ayant fait 10 prisonniers et une mitrailleuse, sans bombardement, par surprise.

Ce groupe fut au repos à Vic-sur-Aisne pour 6 jours. Ils eurent tous les 6 la croix de guerre.

BERTHELOT (capitaine) et le lieutenant ROUSSELOT la médaille militaire.

 

(*) : Remarque : IL y a eu 4 blessés du côté français, dont un par notre propre artillerie.

Le 28

Nous sommes relevés par le 48e RI ; nous avons passé la journée dans les grottes de St Aubin.

Le 30

Dans la nuit nous repartons au bois Lefèvre en avant de St Paul-aux-Bois, réserve de régiment. Pas de tranchée, pas d’abris, presque marécageux.

Le 1er mai

Le colonel me fit appeler pour le raser et lui tailler les cheveux, me paya largement et m’invita à déjeuner à sa cuisine.

Bon repas.

Le 3

Nous fûmes bombardés par des 150.

A la compagnie, nous avons eu deux morts et quatre blessés grièvement.

Le 4-5-6

Je fus désigné pour aller faire de la coiffure aux cuisines de tout le régiment, qui sont dans un bois tout prêt de St Paul.

Le 8

En rentrant de ma mission, je me fis porté présent à la 5ème compagnie.

Le lieutenant BERTHELOT, commandant la 6ème Cie, m’avait fait demandé à sa compagnie, auprès du colonel, et en effet le 8 mai j’étais affecté à 6ème Cie. (Naturellement le capitaine BERTHELOT n’était pas content).

 

Sommes aussi dans le bois Lefèvre, en arrière de la ferme de la Pompelle.

Le 13

Le 48e RI fit un coup de main.

Nous fûmes pris sous le tir de barrage, 1 mort et quelques blessés.

Le 15

Au soir nous prenons les 1ère lignes aux bords de l’Ailette. Le PG de la Cie sommes à 1km dans un bois dans les marais.

Le 20

Les boches tentent un coup de main sur nous, malgré un bon tir de barrage. Ils échouèrent laissant quelques blessés.

Le 21

La 9ème Cie à minuit fit un coup de main.

Ils allèrent à plus d’un kilomètre dans les lignes ennemies. Le tir de barrage dura 1h. Ils firent un prisonnier mais en tuèrent beaucoup.

L’ennemi faisait la relève, ils avaient encore sac au dos.

De notre coté 1 mort qu’ils portèrent dans nos lignes.

 

 

Description : Description : Description : Description : Description : 1.jpg

 

 

Le 23

Relevez par le 48e RI allons-nous reposer aux creutes de Vassens. (*)

 

(*) : Creutes : Grottes creusées dans le calcaire, typique de la région sur les bords de l’Aisne.

Le 26

À 1h, sommes alertés, montons nos sacs et partons. Une chaleur torride.

Passons Morsain, Vézaponin, les grottes de Vézaponin, il parait que les Allemand attaque Anizy-le-Château et Soissons.

L’ennemi avancerai.

Le 27

Nous partons à travers bois.

À 11h, atteignons Vauxrezis, en vitesse nous mangeons la soupe. Les Allemands avancent toujours. Nos artilleurs tirent à zéro et abandonnent les pièces. (*)

 

À 3h, nous prenons position de combat sur la crête de Chavigny pour la défense du village.

 

(*) : Tirer à zéro : Lorsque les "affaires tournent mal", c'est à dire lorsque l'infanterie ennemie arrive à moins de 500 mètres des pièces, Les canons tirent aux fusants et à l’horizontal.

Il n'y a plus que deux solutions en présence d'artilleurs braves et d'un ennemi également décidé, ou l'ennemi est "haché" par le tir de la pièce, ou les artilleurs sont "cloués" à leurs postes de combat par les baïonnettes de l'ennemi.

Dans ce cas, les artilleurs français ont fuit.

Le 28

À 4h du matin, nous nous portons en soutien de la 1ère ligne de feu sur la route de Béthune à Soissons en avant du village de Leury. Les boches occupent les premières maisons. Ils attaquent toujours avancent de maisons en maison, les mitrailleuses crachent de tous les côtés.

 

9h : les régiments de contact sont encerclés et se rendent, triste vision. Nous nous tenons encore sommes là comme des lions.

 

À 10h : le village tombe aux mains des Allemands et nous contourne par le droite et vient vers nous. Le (.. ?..)  reçoit des ordres ; sauve qui peut et rassemblement à Tartiers, nous nous replions en vitesse, sous un tir de barrage effroyable, et une pluie de balle, arrivez dans le bas fond de Chavigny, nous nous n’avons plus de souffle.

 

Cinq minutes d’arrêt, buvons un quart d’eau, une chaleur à étouffer. Un obus tombe en plein sur le groupe.

3 tués et 6 blessés.

Vite sac au dos et au trot nous nous replions toujours, c’est affreux, tout le monde fuit, abandonnant des quantités de tout sorte. Notre 75 ne nous soutien plus.

De temps en temps quelques obus qui dégringolent sur notre chemin de retraite, tuant et blessant, qu’on soit abandonné et donnant la panique. Nous sommes lamentables à voir.

Quel désordre, les artilleurs se battent avec nous.

 

Arrivés à Vauxrezis nous fîmes un peu la pause ; nous étions morts de fatigue et de chaleur.

 

 

 

Description : Description : Description : Description : Description : 1.jpg

 

 

 

1h après, nous repartions et à 4h sommes à Tartiers.

Les cuisines sont là, nous prenons une petite collation, sommes obligés de partir en vitesse, les Allemands sont à nos trousses. Pour arrêter leur retraite, nous faisons des feux par salves, dans un fossé de la route de Bieuxy. Les balles sifflent de tous les cotes quelques copains tombent. Le 75 à tracteurs (*) se replie aussi.

La nuit arrive le calme revient ; quelques obus asphyxiants.

À 9h, la compagnie devient réserve du bataillon. Nous passons la nuit dans un bois.

 

(*) : Certains éléments du 75e régiment d’artillerie sont tirées par des tracteurs (camions), les autres sont toujours hippomobiles.

Le 29

À 4h du matin, l’ennemi attaque encore.

Nous résistons sur la crête de Vézaponin toute la matinée, la bataille fut vive, à 9h nous nous replions en arrière du village de Vézaponin, nous tenons jusqu’à 3h.

Je venais de porter un pli au 3ème bataillon. Tout le long du bois, aussitôt arrive à la Cie encore un sauve qui peut et nous descendons un ravin à toute vitesse.

 

À 1 minute de plus, tout le bataillon aurait été prisonnier. Le tir de barrage, nous fait des pertes que nous laissons aux mains des boches. Nous traversons le village de Chevillecourt où nous passons la nuit, dans les bois, attendant d’autres ordres.

Le 30

À 3h du matin, les boches remettent ça. Nous prenons positions dans une tranchée de nos anciennes positions. Sommes déjà mieux rassures, nous aurons de quoi nous parer des balles et des obus.

L’ennemi ralentit son avance. Les avions nous ont repères et nous sommes bombardés .quelques pertes. Le 71e RI nous relève allons dans les caves de Chevillecourt.

Le 31

Toujours en réserve, l’ennemi attaque encore ce matin.

Nous mangeons la soupe, l’ordre de se replier, le village est durement bombardé c’est intenable. On se demande si cela va durer longtemps. 3 km de repli.

Prenons position dans une tranchée, ici nous serons retranchés, nous y passons la nuit.

Le 1er juin

Nous allons en ligne.

Journée calme, le soir vers 7h nous appuyons sur la droite.

Le 2

À 4h du matin, prenons les 1ères lignes à St Christophe.

Le PC de Cie nous sommes dans les caves du moulin.

Le 4 et 5

Toujours attendons.

A 9h, l’ennemi déclenche un petit bombardement et un violent tir de barrage. Ils attaquent vers la 7ème Cie et 3ème Cie du régiment. Ils ont été mal reçus, n’ont pas avancé.

 

A 6h, l’ordre arrive que notre compagnie avec 2 autres compagnies du 3ème bataillon, nous devons attaquer, coûte que coûte nous devons prendre le village de Haute-Braye.

 

A 7h, baïonnette au canon, tir de barrage et l’attaque est commencée. Le village est de nouveau à nous. Faisons 42 prisonniers, 2 officiers et 10 sous-officiers. (*)

 

(*) : Le JMO de la division donne le chiffre de 95 prisonniers pour la prise du village.

Ce même JMO précise les pertes de la division à près de 1700 hommes hors de combat (dont 600 disparus).

Le 6

À 4h le matin, nous sommes relevés par le 48e RI et allons en réserve à St Christophe dans les caves. Assez calme, quelques tirs de barrage, sans résultat.

Le 7

À 9h, nous reprenons la 1ere ligne. Le PC est installé dans des creutes.

Calme.

Le 8

Toujours en 1ère ligne et calme.

Le 9

À 5h le matin, préparatif de bombardement, le bataillon a attaqué, pris la 1er ligne boche et fait de nombreux prisonniers et des mitrailleuses. Ces prisonniers font partie du 400e d’inf.

D’après eux, Vic-sur-Aisne, devait être à eux le 5 et aujourd’hui, ils devaient attaquer à 8h.

Déception, nous les avons devancés.

 

Description : Description : Description : 1.jpg

 

 

Toute la journée fort bombardement. Ca va barder, le lieutenant me donne mission d’aller au PC du bataillon. Je restais à la disposition de bataillon.

 

Le soir, les boches contre-attaquent mais sans succès, ils ont laissé beaucoup de cadavres sur le terrain.

Le 10

Toute la journée calme.

 

le soir vers 9h, ils essayent de sortir. Rien à faire.

Nous avons fini de battre en retraite. Qu’elle misère la retraite. Nous préférons bien mieux l’attaque à la retraite. Malgré tout nous avons beaucoup souffert de la faim et surtout de la soif par ces fortes chaleurs de juin.

Puis il a fallu tenir coûte que coûte car nous avions l’Aisne, comme ennemi, par derrière et les boches par devant. Nous avons tenu, victoire pour nous.

Le 11

4h, relevés par le 3ème bataillon.

Allons dans des bons souterrains en avant de Vic-sur-Aisne.

Nous profitons de l’accalmie pour visiter Vic.

Ce qu’il devait être beau, ce grand village ou plutôt petite ville de l’Aisne. Que les civils viennent de quitter à peine quelques jours. Je visite un salon de coiffure, un plus chic que le mien, puis un magasin de toile, chacun se sert, plutôt que les boches le bombarde.

La liaison de la 6e Cie emporte une belle pendulette que nous installons dans notre sape. Sommes riches.

 

De là, à 8h nous partons en réserve en 3ème position dans des petits abris.

Le 12

Le bombardement n’était plus qu’un roulement.

Les boches tapent dur sur Vic et le pont sur l’Aisne. Alerte aux gaz. Nous avons mis nos masques pendant 3h le temps. Nous avons souffert quelques blessés.

Encore d’autres ordres, faut déménager, malgré bombardement aux mêmes souterrains qu’hier. Les boches ont attaqué et nous ont pris la tranchée, par une contre-attaque, nous les chassons et ont beaucoup eu de pertes.

 

A 4h, ordre, nous restons là. Dans les creutes de Champeaumont.

Le 12

On craint une attaque dans les secteurs.

 

Le soir, nous prenons positions en 2ème ligne.

 

A 10h, passons en réserve dans les caves de St Christophe.

Le 13-14-15

Calme.

Le 16

Au soir, nous recevons l’ordre que la compagnie monte en soutien du 48e RI qui attaque la cote de Haute-Braye. Nous prenons position à 11h.

J’assure la liaison du 1er peloton qui se trouve dans le village de Haute-Braye. Au PC de Cie qui se trouve à 2km aux creutes de Bonval.

Le 17

A 3h le matin, j’ai mission de porter un pli au chef de peloton.

Le bombardement battait son plein, peu après le tir de barrage j’ai eu beaucoup de misère pour rejoindre le chef de peloton. L’attaque était déclenchée, les prisonniers arrivaient par 4. Bonne prise ce coup-là. La 1ere ligne est à nous.

Nous dominons les villages de Berny et de Vingré.

 

A 9h, je rejoignis le PC avec le pli Victoire.

Le bombardement ne s’arrêta pas de toute la journée, vers 5h les boches contre-attaquent.

Malgré leur tir de barrage, ils ne réussirent pas. Le 70e est maintenant cramponné. J’ai mission de conduire la corvée de soupe.

Ce matin nous avons fait 400 prisonniers, (à mitrailleuses et une batterie de minenwerfer). En effet ce fut une belle victoire pour le 70e RI. (*)

Malgré toutes nos misères, le moral est bon.

 

(*) : Le JMO de la division comptabilise 378 prisonniers, 25 mitrailleuses et 8 minenwerfer.

Le 18

Calme.

À 10h, sommes relevez par le 71ème RI pour aller de nouveau aux creutes de Champeaumont nous reposer.

 

Repos le 19-20.

Le 21

Tout le bataillon en 1ère ligne à 10h sommes en positions. Notre PC est dans les creutes en avant de Berry.

Le 22-23-24-25

Calme.

Le 26

Relevés par le 3ème bataillon.

Revenons aux creutes de Champeaumont. Réserve de régiment pour 10 jours.

Le 6 juillet.

Prenons positions au ravin de Berny.

En réserve les 7-8-9-10-11.

Il ne faut pas s’attendre encore au repos, ni aux permissions.

Le 12

Calme-nous quittons les rives de l’Aisne pour l’inconnu.

Le 14

Nous étions à Cletles. Petit village, avec quelques rares civils.

Rapport des cuisines, on part demain, chacun fait sa toilette, j’ai beaucoup de travail. Des chars d’assaut montent, une colonne de soldats en tête. ce sont des Américains qui montent en ligne. Ils ont l’air jeunes et décidés.

 

Nous sommes cantonnés dans un bois, ou chacun se fait une niche dans la broussaille, pour y trouver un peu de bon sommeil si bien gagné.

Le 15-16

Sommes là.

Le 17

On part aujourd’hui à ce qu’il parait.

Encore un coup nous sommes pour l’attaque, pour le danser pauvre 70ème.

Les bleuets de la classe 18 vont recevoir le baptême du feu. On va attaquer entre Soissons et Château-Thierry. Tout est prêt, attendons l’heure de départ.

 

A 7h, Rassemblement et à 8h nous prenons la route.

 

Vers 9h, un orage d’une violence inouïe. On ne voyait que des éclairs et une pluie battante trempes de sueur et de pluie. Nous faisons la pose.

Plusieurs sont déjà fatigues et se couche parterre sans enlevé le sac.

 

A 1h, nous marchons encore sous la pluie la boue, nous traversons le village d’Haramont.

Puis nous rentrons dans une forêt. La foret de Retz. La marche devient encore plus pénible. Les chevaux et les voiturettes s’enfoncent dans la boue.

 

3h, sommes pas encore au bout de notre marches, nous tombons de fatigue et de sommeil. Nous arrivons aux artilleries.

75-155-210 (*) crachent sans discontinuer et nous devons traverser cet enfer de feu.

 

(*) : Le trois calibres principaux de l’artillerie française

Le 18 juil.

5h, halte dans les bois, les faisceaux formés, tout le monde se couche par terre, sur un terrain plein d’eau.

Fatiguez plein de sueur mouillés jusqu’aux os. Le 1er bataillon a eu plus de chance, il a pris les autos, pour aller du côté de Villers-Cotterêts. Le roulement de la canonnade continue.

Nous approchons des lignes. Déjà nous croisons de nombreux prisonniers, nous nous disons ça doit barder dans ce coin aussi.

 

Plus de 10h que nous marchons. 40km ou plus, les cuisines nous ont suivi.

On se ravitaille et à 3h nous repartons, de suite après la forêt nous traversons Longfront. Petit village déjà en ruines. A la sortie de Longfront, les compagnies se mettent en colonne.

Les Américains ont enfoncé les lignes, on se bat en rase campagne. Les hauteurs de Villers-Hélon résistent toujours, les tirailleurs sont là, attention ça va barder.

Les saucisses boches nous repèrent, nous devons continuer notre marche malgré le tir de barrage, nous passons en vitesse, dans ces champs de blé et d’avoine. Nous recevons des fusants, quelques blessés, nous le 2ème bataillon, nous restons à 100m de la route de Villers-Hélon. Un tirailleur est prêt au combat, passons la nuit-là.

 

Déjà au petit jour, des blessés partout, tout à coup une rafale de 88 sur la route, les éclats sifflaient dur. Je me tourne du cote du lieutenant BERTHEAUX (*), je le vois parler, je l’interroge, ne me répond, il venait de recevoir un éclat d’obus en pleine poitrine, vite les brancardiers.

Le sous-lieutenant du 2ème peloton prend le commandement de la compagnie.

 

(*) : BERTAUS dans le JMO

Le 19 juillet

Notre artillerie donne beaucoup, l’artillerie boche donne moins on dirait. Ils reculent peut être, nous avons bien dormi cette nuit. On parle qu’on va attaquer avec les tanks ce soir.

Le ravitaillement n’arrivera pas ce soir, faut attaquer les réserves.

 

A 3h de l’après-midi, par une chaleur de juillet, nous nous approchons, traversons des beaux champs de blés, prêt à moissonné, triste vision.

Des morts partout ce sont des tirailleurs algériens.

Nous descendons les pentes de Villers encore des morts, c’est triste.

 

A 5h, nous sommes maintenant au fameux bois de Mauloy. Nous devons nous formé là pour l’attaque.

Sur notre droite nous avons la 9ème Cie. C’est notre commandant DE BRETEZEL, qui conduit cette attaque. Nous devons prendre St Rémy-Blangy.

 

À 7h, nous sommes à la lisière du bois, prêt à partir, attendons l’heure h. Sommes impatients.

Je trouve le camarade ROBES de la liaison du 3ème bataillon.

Alors selon les tuyaux, nous attaquons à 7h1/2. Et en effet baïonnette au canon.

Les tanks partent.

 

À la ½, nous nous lançons à l’attaque. Presque pas d’artillerie, sinon à l’arrière nous devons avancer surement. Le tir de barrage se fait ainsi : il allonge de 4 mètres par seconde, à peine 200m les balles ne nous épargnent pas.

Guère plus loin, je suis moi-même blessé une balle me traverse l’épaule gauche, le sang coule dans le dos et par devant aussi.

Je pose mon fusil sur le champ de bataille, je rampe jusqu’au bois de Mauloy ou le poste de secours est installé, derrière un talus, là je reçois le 1er pansement en vitesse d’autres blessés arrivent.

J’avais déjà ma main gauche bougrement enflée. Je ne soufrai pas trop.

 

Je traversais Longpont en vitesse.

Là, je trouve l’ambulance divisionnaire où on me fit un bon pansement et une piqure antitétanique. J’avais aussi trouvé mon ancienne cuisine ou le chef BERTHIER me donne une bonne gamelle de bouillon et un bon café-gniole.

 

A 10h, une ambulance américaine arrive j’étais couché sur un brancard, on me prit.

Nous passons la nuit dans cette ambulance, où je me réveillais dans un lit blanc, et propre, dans un hôpital ambulance à Chantilly, à 50km de Paris.

Ambulance américaine où je restais quelques jours, après quelques bons soins, et un bon repos.

 

De là je fus dirigé dans un train sanitaire, sur Tille puis sur Carcassonne et enfin Montpellier pour faire de la mécanothérapie.

J’étais affecté à l’hôpital complémentaire n° 42, anciennes casernes St Firmin, ancien séminaire.

Nous étions 400 blessés. Les blessés aux jambes étaient au rez-de-chaussée, ceux blesses aux bras au 1er et 2ème étage.

Je faisais tous les matins 20 minutes de massage et 20 minutes de mécanothérapie. Les après-midi nous avons la liberté aussi nous allons souvent a Palavas aux bords de la mer.

 

Je sortais de l’hôpital fin octobre.

 

Le jour de l’armistice, j’étais en permission de 20 jours, je rejoignais le 21 ma division ou j’arrivais le 23 à Soissons la division ce trouve à Laon.

Je trouvais d’autres camarades, nous faisons route à pied. Nous traversons le plateau de Craonne, la route est encore remplie de trous d’obus.

A Laon, la division est partie cette nuit et se trouve dans le soissonnais. Nous prenons des voitures du génie enfin je retrouve le dépôt divisionnaire dans un petit village en bas du bois de Mauloy. Coïncidence là où je fus blessé.

Je retrouvais pas mal de copains qui avait eux aussi rejoint le CID. (Centre d’instruction divisionnaire)

Nous cantonnons dans les caves, mais ne craignons plus le danger de la mitraille.

 

Le lendemain, j’ai eu le plaisir de revoir l’emplacement ou je fus blessé, déjà les blés sont de nouveau ensemencés, à ne pas y croire.

De là, notre division, nous allons dans les Vosges, par étapes.

 

Après quelques jours de marches grandes haltes à Épinal-Bruyéres-Gérardmer-Corcieux et enfin le CID est cantonné à Clefcy à 4km de Fraize. Je fus nommé de nouveau coiffeur de la compagnie et affecté au bureau de la Cie commandée par le lieutenant LABOURDETTE comme chef GUYON sergent-fourrier.

Je faisais fonction de vaguemestre à la Cie.

1919

En 1919, je venais en permission de 20 jours au mois de février.

La division est désignée, pour l’occupation en alsace, redevenue Française.

 

Rentré de perm, je trouvais le CID à Ostheims tout près de Colmar. Puis nous allons à Ribeauville (Kappostweiller).

Belle petite ville alsacienne, peu parlent le français, sommes logés chez l’habitant. Nous le bureau, sommes tout prêts de la principale place chez des braves gens.

Chacun un bon lit.

 

Nous passons là plus deux mois, puis nous allons à Sélestat (Schelestat).

À peine quelques jours nous repartons pour Brumath à 12km de Strasbourg.

 

 

 

Description : Description : 1.jpg

 

Brumath, le 30 mai 1919

VALATX Fernand second en partant de la droite (bras plié sur la poitrine)

 

Description : Description : 1dos.jpg

 

 

 

Gentille petite ville. Logés aussi chez l’habitant. Moi j’étais bien chez une famille de braves ouvriers. La bonne dame parlait bien le Français. J’y étais bien content. Une belle chambre, un bon sommier tous les matins, un bon café au lait. Je fus nommé vaguemestre du bataillon CID. Tous les jours nous partons en voiture, chercher le courrier à Bischiviller à 15 km.

À midi mon travail était terminé.

 

Mai-juin-juillet, nous sommes toujours là.

 

En août, le CID est dissout, nous rejoignons le 70e RI en garnison à Wissenbourg, je fus verse à la CHR, de là nous rentrons au dépôt du 70e RI à Vitré (Ile et Vilaine).

Charmante ville et le 7 sept, je me dirigeais sur Albi ou le 9 sept 1919 je fus démobilisé.

Après cinq années de service militaire.

Vive le Classe et le civil.

 

 

 

Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : feather

 

Je désire contacter le propriétaire du carnet de VALATX Fernand

 

Vers des photos du 70e régiment d’infanterie

 

Vers d’autres témoignages de guerre 14/18

 

Retour accueil