« Comme je viens de découvrir le
journal de marche de mon arrière grand-père Maréchal des Logis au 29ème
régiment d'artillerie du 1er août au
Je le trouve superbe
et touchant. Il dormait au fond d'un tiroir, chez une tante, qui s'est
réveillée en sachant que je faisais de
Vous pouvez le
publier. Il n'y a rien à cacher. Je vous remercie même de vous intéresser à
ceux qui ont sombrés dans l'oubli ... puisqu'il est mort à
Quel merveilleux travail vous avez fait. Nous ne devons pas
oublier tout cela. Votre travail est très émouvant. Merci de le publier.
Bien amicalement. »
Chantal… (sept. 2005)
Merci Marie JO,
Patricia, Ambroise et Charlie pour la recopie
Lolotte ainsi que mon petit
berger arrivent à Laon à 1 heure et me surprennent en plein travail.
Je suis dégoûtant et non rasé,
pendant qu’ils ont déjeuné chez Leulier, en un tour de main je me rase et je m’habille
pour les rejoindre. Nous sommes plutôt songeurs car nous sentons que l’heure de
la séparation approche. Malgré tout nous essayons de sourire.
Vers 4 h 30 alors que je
reconduisais mes êtres chers à la gare, un employé de chemin de fer nous annonce
que la mobilisation est décrétée. Le moment de la séparation est pénible, je ne
puis refouler mes larmes en voyant le visage bouleversé de ma pauvre Lolotte.
Les reverrai-je nul de le sait. En tous cas cela ne m’empêchera de faire mon devoir.
Quand je rentre au quartier je
n’entends que cris de joie et chants. Tout le monde est heureux de faire enfin
connaissance avec les boches et suivant l’élan je me mêle aux chants des
camarades.
Dès le jour branle bas général
chacun court au poste assigné pour ma part je part avec le brigadier de tir
Lhuillier pour reconnaître le cantonnement de la Batterie à la ferme d’Ogin. Le
patron n’est pas très accueillant mais on verra bien d’autres, mon travail
terminé je remonte à Laon rechercher la Bie à 3 heures nous quittons le
quartier pour rejoindre le cantonnement.
Nous passons la 1ère
nuit sur la paille pas trop mauvaise ce serait a souhaiter qu’il en fut
toujours ainsi ? Je ne suis plus au bal chez Berthaux ?. Ma
femme Lolotte avait eu le pressentiment
que je ne serai pas revenu.
Maintenant ce sont les corvées
qui fonctionnent, armes, harnachement etc. pour ma part j’en suis exempté car
il faut que je nourrisse les s/officiers et pour cela je suis obligé d’aller aux
provisions à Laon et à Mons en Laonnais car ce vieil ours de patron ne veut
rien nous vendre et pourtant il a de quoi. Les 1ers réservistes arrivent vers 3
heures.
Section ----- les avions de 23
heures à 1 heure. Nombreux trains.
La Batterie continue à
mobiliser. Je donne le menu au cuisinier car je pars à la réquisition des
chevaux.
Le 5 au soir je rencontre ce
vieux Lucien quelle joie de nous revoir, mais cette joie est de courte durée
car il faut que je regagne mon cantonnement. Après la soupe je suis heureux de
pouvoir envoyer un mot à ma petite Lolotte.
Derniers préparatifs car nous
embarquons ce soir. Le patron se déride un peu --l’omme ? C’est notre
dernier repas ici nous avons fait un beau petit menu voici : Apéritif.
Potage vermicelle. Bœuf garni. Poulet. Haricots verts. Café.
Aussi nous invitons nos
officiers à dîner avec nous pour la circonstance le patron nous offre le vin,
un omelette au rhum et 2 bouteilles de cognac que nous avons du reste oublier
d’emporter. Le capitaine lui nous a payer le champagne et le lieutenant les
cigares.
Mais tout à une fin à 22
heures départ – quel délire les jeunes filles de La Neuville (?) nous
donne des bouquets pour ma part j’en ai reçu un superbe ainsi que l’adjudant.
C’est en arrivant au quai d’embarquement que Caillard s’aperçut que l’on avait
oublier le ricq ( ?) (cognac)
L’embarquement se fait très
rapidement.
Jamais je ne l’ai vu aussi
bien fait.
A 12h 30 nous quittons Laon
presque tous les hommes du wagon dorment Catroux sommeille appuyer sur moi. Moi
je ne dors pas je songe à Ma petite Lolotte et à mon grand diable de Georges
que je laisse là-bas à Oestres. Ou allons-nous nous n’en savons rien ? Je
vois que le train s’engage sur la ligne de Liort (?), laissant celle de
Reims à droite et celle d’Hirson à gauche, vers 4 heures les hommes se
réveillent comme si la trompette de garde avait sonné habitude certainement.
Ils s’étirent en peu et
aussitôt se mettent à chanter nous nous arrivons à Liarz, Charleville (Mohon)
Stenay et nous arrivons à Dun-sur-Meuse le vendredi 7 à 10 h 30.
On nous commande de descendre
et nous débarquons sous une plue torrentielle une fois le travail terminé nous
nous acheminons vers le village de Wiseppe ou nous devons coucher. Aussitôt arrivé je me mets a la
recherche d’un lieu pour faire notre cuisine, ce n’est pas facile a trouver car
nous sommes 14 et pourtant nous ne sommes pas difficiles, enfin je trouve
quelque chose chez de très braves gens.
Ce soir je couche avec Catroux
chez M. Dupuis. Personnes très aimables.
Quelle bonne nuit j’ai passée,
j’ai fais le paresseux car je me suis levé à 7 heures après avoir fait ma
toilette je me mets en quête de fourchette. Je réussis à trouver 3 beaux lapins
mais il a fallu se remuer, pour le dîner j’ai une oie superbe. Le soir je
recouche chez Monsieur Dupuis.
Dès 4 heures je me lève avec
Dupuis jeter l’épervier nous rapportons 10 livres de fritures et un beau
brocheton, quel régal nous allons faire, mais va te faire fiche à 9 heures 30
le capitaine nous préviens qu’il faut être prêt à partir a 10 heures.
Nous sommes obligés de laisser
tout en plan et de serrer le ceinturon d’un cran.
Effectivement à 10 heures nous
partons, nous retrouverons Dun-sur-Meuse et à 16 heures nous arrivons à
Haraumont. Nous faisons la cuisine en plein air, mais nous ne sommes plus que 6
à manger ensemble et en même temps Caillard et Dailly me désigne comme chef
cuisinier.
Nous avons pu trouver des
œufs, alors je fais une omelette et des frites, mais nous n’avons pas de pain,
le train régimentaire n’étant pas arrivé Nous sommes à 25 km de Verdun. Le soir
nous couchons derrière une porte de grande ayant comme matelas, une botte de
paille chacun, c’est maigre.
A 5 heures départ de
cantonnement, nous allons occuper une position de batterie, reconnue la veille
par les officiers à 9 heures nous rentrons. Le Capitaine nous explique la
situation dans laquelle nous nous trouvons.
Nous sommes ici pour permettre
le passage de la Meuse à l’armée du Gal Langle de Lary et en cas de nécessité
nous devons tenir jusqu’au bout à la tombée de la nuit nous entendons quelques
coups de canons mais très loin. Nous avons fait la cuisine et nous couchons
dans une maison abandonnée.
Toujours le même cantonnement
Le propriétaire de la boite est très grincheux on ne trouve plus rien dans le
pays. Aussi avec l’autorisation du Capitaine je prends un train et je descends
à Sivry pour nous ravitailler ainsi que les officiers. Le tabac manque
de plus en plus.
Le soir je suis de garde aux issues. Vers 21 h
30 est passer une batterie d’artillerie allemande en partie détruite.
C’est le 421 troupe de Stenay
qui a fait ce beau travail
Rien de particulier. Les
habitants sont de plus en plus grincheux et ne veulent rien nous vendre. Alors
nous nous servons nous mêmes ce n’est pas très bien mais tant pis, ils sont
vraiment trop ours.
Rien de particulier
Enfin ce matin à 7 h 15 nous
quittons le cantonnement ce n’est pas dommage car on commençait à trouver le
temps long et ce sale patelin il fait une chaleur épouvantable vers 10 heures
nous arrivons à Brandeville La comme à Haraumont on ne trouve plus rien, après
avoir furté partout je réussis à trouver 3 bouteilles de vin. Nous sommes chez
deux bons gaillards sont très gentils et aimables.
Nous mangeons un chevreau que
nous avons acheté Je rencontre looche ? il est sergent major artificier au
128è.
Nous couchons dans la grange
sur du bon foin.
Nous restons au cantonnement
quel beau temps mais il fait chaud. Les gens chez lesquels nous longeons sont
inquiets car ils n’ont pas de nouvelles de leur fils qui est aux chasseurs a
pied. Le vieux père me parle de 70. Rien de particulier
Restons à Brandeville. Rien de
particulier.
A minuit nous sommes alertés,
le départ est fixé à 1 heure. Pendant
que nous allons nous occuper de nos ---- les bonnes gens se sont levés
pour nous faire le café, quel brave cœur ils ont. Quand nous partons nous les
embrassons et cela vous fait quelque chose de voir pleurer ces bons vieux car
alors on pense aux êtres chers que nous laissons derrière nous.
Après une marche sous un
soleil brûlant nous arrivons à Vigneul-sous-Montmédy à
12 h 30. Cette
fois ci nous tombons sur des grincheux les gens nous ferment la porte au nez.
Un habitant veut nous faire payer des méchants fagots 11 sous alors qu’ils n’en
valent pas.
Enfin nous trouvons des personnes un peu plus
charitables et avec Caillard, Dailly et Catroux nous couchons tout habillé sur des
matelas placée à terre. Tout l’après-midi nous avons entendu une violente
canonnade vers la Belgique.
Départ du cantonnement à 2 h
15 et nous passons la frontière Belge à 12 heures et aussitôt nous arrivons
sous le feu de l’ennemi ça chauffe dur nous restons en position d’attente à
Somthonne. Là nous voyons passer de nombreux blessés du 120è d’inf. et des chasseurs à pied.
Nous apprenons que ça tombe dru sur le 17è.
De mes anciens camarades sont tués ce
sont Belly, d’Enfert de la 8è, Clément de la 7è, Boileau est blessé nous
allons couché près d’une ferme a proximité d’une position que l’on doit occuper
le lendemain matin. C’est notre 1ère nuit à la belle étoile.
Défense de faire du feu, nous
sommes obligés de manger du singe sans assaisonnement. Au loin nous apercevons
six grandes lueurs, ce sont des villages qui brûlent, des gens s’enfuient de
ces pillages se sont les premiers émigrés, il y en a de tout age.
Pauvres gens. Enfin, je
réussis a m’endormir ayant mon cher revolver comme oreiller.
Dés la pointe du jour nous
nous levons et nous allons mettre en batterie et à 6 heures nous ouvrons le feu
et nous sommes heureux de taper dans le tas.
A 11 h 30 nous entendons un
sifflement instinctivement nous faisons le gros dos et aussitôt nous entendons
une formidable détonation, c’est un de leur 25 qui vient d’éclater, il est
immédiatement suivi d’un autre et comme cela jusqu’à 13 h aussi nous nous
sommes mis dans les tranchées dès les 1ère salves a un moment donné
je reçus un petit morceau sur l’épaule droite cela produit une certaine
sensation, mais rien de cassé tout va bien.
Le brigadier de tir Lhuillier
a été légèrement blessé à la cuisse gauche, une indisposition de 8 à 15 jours
et tout sera dit. Pas d’autre dégât.
Là ne font rien ils ne s’y
entendent pas pour régler un tir et quels gâcheurs. Un s/officier d’artie
française ferait bien mieux qu’eux. A midi on serre le ceinturon d’un cran car
nous n’avons rien à marger. Le soir nous gagnons un bois situé dans une vallée
au moins nous pouvons manger quelque chose de chaud, c’est la 1ère
fois depuis 48 heures. Nous couchons sur le terrain. C’est la 2ème
nuit à la belle étoile, mais de ce temps il fait bon coucher dehors.
Nous reprenons notre position
de la veille et la danse recommence de plus belle des 6h 50.
Mais nos batteries des les 1ères
salves font taire l’artie allemande. Des avions nous survolent et
lancent des fusées au dessus de nous pour repérer notre position. Dans l’après
midi le 4è groupe vient pour nous appuyer mais il n’entre pas en action. A midi nous avons a
mangé du singe et quelques biscuits. Je reçois une lettre de Lolotte et je suis
on ne peut plus heureux. A la tombée de la nuit nous quittons notre position et
nous allons bivouaquer dans une prairie près de Thonne
la Long.
Il est 21 heures lorsque nous arrivons, le temps de faire la soupe et de manger
nous nous couchons a 23 heures.
A 2 heures départ. Nous
sommeillons sur nos chevaux. Nous traversons Montmédy au grand trot et nous
nous dirigeons sur Marville. Nous apprenons que les Boches ont mis le feu à
l’hôtel de ville de ce pays dans lequel étaient des blessés français et ils ont
refermé les portes sur les femmes qui cherchaient à s’enfuir.
Nous sommes tellement fatigués et accablés par
la chaleur que des que nous faisons une halte seulement de 5 minutes nous
nous endormons sur le bord de la route. Enfin nous prenons position au Téton de
Quincy. 2 km Sud de Montmédy. Nous sommes batterie d’avant-garde.
A la tombée du jour le
Commandant fait prévenir que nous devons rester sur la position. Mais nous
n’entrons pas en action.
A 19 heures nous laissons un
servant par pièce pour garder le matériel et nous allons faire notre cuisine 1
km plus loin pour que les Boches ne voient pas nos feux. Nous nous mettons dans
un fond. Nous mangeons de bon cœur car nous n’avions rien pris d’autre, depuis
la veille, qu’un petit morcerné du pain.
Tout d’un coup nous aperçons (sic) de grands éclairs et nous entendons de
fortes détonations c’est le fort de Montmédy qui tire.
Enfin a 22 heures nous
regagnons nos pièces pour faire un somme et j’e n’ai pas été long à m’endormir
derrière le caisson
Nous dormions a poings fermés
quand tout a coup le cri de « Halte là » poussé par les sentinelles
nous réveille en sursaut. C’est l’agent de liaison qui vient prévenir le
Capitaine qu’il faut partir immédiatement pour rejoindre les autres Bies nous
avions seulement dormi 2h ½ c’est peu, nous allons a marche forcée, nous
traversons Stenay, les ponts sont minés et prêts a sauter, nous passons à 2 km
de Wiseppe notre 1er cantonnement.
Tout le long de la route on ne
voit que des émigrés des hommes,
beaucoup de femmes, de enfants et de vieillards, pauvres gens c’est ce
qui nous fait le plus mal au cœur de voir toute cette misère car si l’on savait
les siens comme cela quelle tristesse.
Que deviens-tu ma petite
Lolotte et toi pauvres Georges. C’est a vous que je pense en voyant ces pauvres
gens.
A 15 heures nous arrivons à
Barricourt (Ardennes). Nous mangeons avec les s/officiers de la 22è
cie du
238è.
A 19 heures nous allons nous coucher dans une grange car nous voulons profiter
que nous sommes arriver de bonne heure pour nous reposer.
Mais va te faire fiche à
minuit nous sommes alertés et nous repartons pas avant 1 h 30 La pluie se met à
tomber en cascade, quel fichu temps, nous préférons encore la chaleur.
Au départ l’allure est pire
puis nous stationnons un moment, le 82è nous passe au grand trot, puis ce n’est que défilé d’inf. malgré
la pluie et l’herbe humide nous profitons de l’arrêt pour faire un somme car
nous sommes rudement en moins perçu sur le sommeil.
Au bout d’un moment de pose
nous nous remettons en route, nous marchons dans la direction de Sedan, on
entend une violente canonnade vers 11 heures.
Nous apprenons que nous allons
prendre part à la bataille de Beaumont. Le personnel de reconnaissance part
pour reconnaître une position de Bie.
Pendant ce temps nous faisons
une nouvelle halte pendant cette halte nous voyons passer de nombreux blessés
de l’inf. coloniale, les pauvres diables sont pleins de boue, mais pas un ne se
plaint.
Le corps colonial ayant réussi
a arrêter leur marche nous ne rentrons pas en action, en arrivant a la maison
blanche nous croisons une vingtaine de prisonniers, ils regardent notre
matériel d’un air ahuri.
Nous passons devant le monument
de 70 et nous arrivons à la ferme de Thibaudine. Nous bivouaquons près de cette ferme et nous sommes a peine
installés qu’un avion nous survole mais les mitrailleuses des coloniaux ont en
vite fait de le descendre et par hasard il vient atterrir juste a proximité des
avions français. Nous sommes tellement fatigués, que nous ne pensons pas à
manger, nous cherchons une place sèche pour nous coucher mais pas moyen d’en
trouver avec Caillard, Dailly et Catroux, nous décidons de dormir sur les
avants-trains.
J’ai passé une très mauvaise
nuit sur mon avant train, j’en ai mal aux reins, mais on n’a pas le temps de se
retourner, vite a cheval et rapidement, nous allons mettre en batterie
d’aussitôt nous ouvrons le feu sur les Boches qui essaient une contre attaque,
car la nuit ils ont repassé la Meuse.
Il est 5 heures nous avons
comme objectif le bois d’Yoncq, nous tirons à 2000m, 3400 puis 4000 nous avons
fait paraît-il du fort beau travail avec l’aide du 52è et du 3è artie
coloniale et du 2è artie lourde (155).
Jamais je n’ai vu tant
d’artillerie en action sur un front de 900 m on compte 108 pièces qui crachent
en veux-tu en voilà. Les marmites font leur apparition, c’est ainsi que nous
avons baptisé leurs gros obus.
Vers 9 heures leur tir paraît
mieux réglé quelques projectiles tombent sur la 7è sans occasionner
de dégât.
Le Lt Renardier
agent de liaison du colonel est tué d’un éclat d’obus au moment ou il montait à
cheval pour transmettre un ordre. Au haut d’un instant nous avons l’explication
de la justesse de leur tir c’était grâce a un espion qui était placé dans la
ferme de la Thibaudine et lequel lui faisant des signes avec un fanion rouge.
Immédiatement les servants d’une batterie du 62è se précipite et
passe le bonhomme par les armes. Nous nous retirons de la position à 19 heures
sans aucune perte et nous allons bivouaquer a proximité de Sommanthe, des
l’arrivées les servants mettent en demeure de faire la rata.
Pendant que les conducteurs
installent leurs chevaux. Nous avons la dent mais en attendant que ce soit prêt
je m’allonge dans l’avoine pour faire un somme. A minuit Leclerq vient
m’apporter ma ration, le brave garçon a eu bien du mal à me réveiller car je
dormais comme une souche. A ce moment nous apprenons que le 2e corps a été cité à l’ordre
du jour pour sa belle conduite et en particulier le 29e nous en
sommes très heureux. Là dessus on se recouche le ventre plein.
Nous partons à 3 heures, en
route nous apprenons que le 2e corps s’en va en repos. Quelle joie.
Nous arrivons à Termes à 13 heures, aussitôt je
cherche une maison pour faire la popotte, je trouve très facilement ce qu’il me
faut chez Mr Hauchart, les gens son très aimable et se mettent entièrement à ma disposition.
Nous mangeons une bonne soupe et deux
lapins. Le soir nous couchons au grenier sur un bon tas de foin.
Nous étions tellement fatigués
que nous avons dormi jusqu’à 8 heures, c’est ce vieux Leclercq qui nous a
réveillé en venant chercher mon linge
pour le laver, il pense à tout ce garçon là. Comme Mme Hauchart veut à
tout prix faire notre popote, j’en profite pour descendre à la rivière faire ma toilette à fond car
j’en ai rudement besoin.
Après je me sens beaucoup
mieux et bien délassé. à midi nous faisons honneur au repas que Mme
Hauchart a bien voulu nous préparer,
bous mangeons en famille, quel bon cœur ont ces personnes-là, nous sommes comme
les enfants de la maison, l’après-midi nous allons faire un tour dans le
village et nous revenons à 17h ½ pour la soupe.
Nous sommes bien en route à
dîner lorsque un agent de liaison vient nous prévenir que nous devons partir à
19 h. on met les bouchées doubles Locquegnies n’a pas le temps de terminer car
il faut qu’il parte de suite au campement. Nous allons bivouaquer à la ferme Belle
Joyeuse, situé à 1 Km. N.E de Grandpré. La patronne une vieille
rouspéteuse, nous envoie promener lorsque nous nous présentons pour dormir sur
la paille. Voyant cela nous en prenons tout de même.
A 5 heures nous quittons le
bivouac pour aller prendre position entre Germont et Autruche, dès notre
arrivée nous nous mettons en action pour appuyer la marche du 91e d’infanterie, comme chaque fois nous
voyons les villages situés devant nous qui sont en flammes, c’est le tableau de
chaque jour. A 15 heures nous cessons le feu, ainsi que la 7e.
La 9e et le 4e
groupe qui sont plus à notre gauche font un feu d’enfer
Je vois
passer David, Gaschet, Debuire, Guyetant tous en bonne
santé
A 19 H30 nous quittons notre
position pour nous rendre au bivouac à
Km .NE. de Briquenay. Nous nous dépêchons de faire le rata car nous mourrons de faim et
nous sommes vannés, nous ne tenons plus sur nos guiboles. La soupe mangée, je
m’allonge derrière le canon et je ne tarde pas à pioncer ferme, car il était
minuit quand nous nous sommes couchés.
A 4 heure réveil, à 4h30
départ pour retourner à Termes où nous arrivons à 10 heures, aussitôt je
me précipite chez mes nos anciens hôte qui sont heureux de nous revoir sain et
sauf et il nous prépare de suite une bonne omelette avec une tranche de jambon
je coure chercher Caillard Dailly Catroux Demaury Sabria Locquegnies pour manger, ils sont très
contents car tout comme moi ils ont la dent.
Nos hôtes sont très inquiets
car le maire leur a dit qu’il fallait évacué le pays, nous les rassurons de
notre mieux.
Le soir à 17 heures quand nous
mangions le fils qui est de la classe 14 vient nous faire ses adieux car il
part devant avec son jeune frère, charmant gamin de 10 ans qui me fait penser à
mon Georges. Les adieux furent touchants et rien ne nous fit aussi mal cœur.
Que de voir partir ces deux enfants sans
leurs parents car eux ne devaient partir que le lendemain.
Le repas terminé nous prenons
nos dispositions pour aller nous coucher
derrière notre matériel car il faut s’attendre à partir d’un moment à l’autre.
Nous ne quittons par Termes
avant 5 heures, nous avons eu le temps de faire un bon somme à 7 heures nous
mettant en (mots rayés) tout le régiment met en batterie non loin du village de
Montchetun.
Le Capitaine nous annonce que
nous devons tirer sur une crête dès qu’apparaîtra une lueur rouge sur cette
crête, ce qui voudra dire qu’elle a été évacuée par les nôtres, mais nous ne
voyons rien paraître à 7 h ¾ nous ouvrons le feu à 7000 m et nous tirons toute
la journée entre cette distance et 7600. Toutes les pièces du régiment crachent
sans relâche, les marmites tombent mais ne font aucun dégât personnel et
matériel à midi pendant une légère accalmie nous mangeons un morceau de viande
froide et nous vidons un litre de byrrh que j’avais eu la précaution de prendre
à Termes, c’était heureux car par cette chaleur nous mourrions de soif et pas
moyen de trouver une goutte d’eau.
Le soir nous continuons à
tirer, on ne voit plus que les lueurs par le départ du coup.
Enfin 20h30 nous quittons
notre position, tout à coup on nous crie de derrière de marcher au trot, que ça
pressait en queue, mais on ne s’émotionne pas pour si peu et on continue au pas,
on demande même en blaguant si ce sont les hulans qui viennent nous rendre
une visite.
Nous bivouaquons à 2 Kms. sud
de notre position.
A 22 heures nous mettons la
soupe sur le feu, aussitôt en entendant que ça cuise je fais un somme, mais
quand Leclercq vient pour me réveiller, je ne veux rien savoir et il parait que
je l’ai envoyé promené mais à force je me réveille et je fais honneur à ma
gamelle.
Départ à 3 heures notre marche
vers le sud s’accentue de plus en plus et par une chaleur tropicale nous
passons à La Neuville
au Pont, nous laissons Ste Menehould à gauche et Valmy à droite,
tout le long de la route ce n’est qu’une file d’immigrés. Nous faisons la grande
halte et nous apprenons que nous devons cantonner à Dampierre,
village situé à 6 Km. S.E. de Ste Menehould.
Là aussi les gens se préparent
à partir.
Le soir nous mangeons deux
poulets et un bon plat d’haricots.
Départ à 4 heures. Passons à
La Neuville, Noirlieu,
Là j’ai pu trouver 5 paquets
de tabac, ce n’est pas un malheur car
nous en sommes complètement dépourvus et j’ai vu des fumeurs enragés
fumer des feuilles de chênes, j’en cède 2 à mon chef Dailly.
Puis nous traversons St Mard
sur le Mont et nous arrivons à Possesse. Dans ce village, j’ai pu trouver chez
un agriculteur qui se préparait à évacuer 2 Kgr de jambon et 1 Kgr de
lard. bonne aubaine. Nous apprenons par
le Lieutenant Boulté que ce n’est plus de la tactique que nous faisons mais de
la stratégie et que le général Joffre leur temps un piège de sa façon et que
s’ils tombent dans le panneau tout est pour le mieux. Nous voilà un peu
réconforté car nous nous demandions bien pourquoi nous marchions de la sorte vers l’arrière. Donc maintenant
attendons les événements. Le rata avalé, on prépare son lit derrière le
matériel, et maintenant que l’on a l’habitude de coucher dehors on y pense plus
et on dort même très bien mais pas longtemps.
Nous quittons le cantonnement
à 3 h le soleil est de plus en plus accablant, mais malgré la fatigue et la
chaleur tout le monde tient bon. Nous traversons les Vanault les Dames -
Heiltz le Maurupt – Pargny sur Saules où les habitants nous attendent avec des
seaux de vin coupé d’eau, une bonne sœur de St Vincent de Paul, nous fait
distribuer des pommes par les fillettes qui sont avec elle puis nous traversons
la voie ferrée et au passage à niveau le
garde barrière qui doit évacué, nous distribue gratis toute sa basse cour, pour
mon compte j’ai 3 lapins.
Ensuite nous passons à Perthes
et nous arrivons assez tard à Hauteville où nous cantonnons, en arrivant je
donne un lapin pour les officiers et je fais cuire les deux autres pour nous,
nous invitons Mathieu à dîner. Le soir nous couchons dans une grange.
A 4 heures départ, nous
refaisons en sens inverse une partie de la route parcourue hier, jusqu’à
Perthes puis nous tournons à gauche et nous suivant la route nationale de Paris
à Strasbourg ; Nous nous dirigeons sur Vitry le François nous traversons
Orconte ou on y installe une ambulance et vers 14 heures nous arrivons à Thièblemont à 13 Km de Vitry le François
nous installons le bivouac les chevaux restant attelés.
Le chef d’escadron nous lit un
ordre du général Joffre, lequel disait qu’une grande bataille allait avoir
lieu, qu’il faudrait tenir coûte que coûte et aux besoins se faire tuer
sur ses positions plutôt que de reculer .
Nous étions heureux de savoir
que l’on allait bientôt recommencer à se battre, car nous en avions assez de
marcher vers l’arrière et le moral des hommes en souffrait un peu, , c’est dans
ces cas là qu’il faut savoir les prendre pour les faire marcher, pas un des
miens ne flanchait et ils étaient même plutôt blagueur et en cela je leur
donnais l’exemple, malgré que j’étais rongé d’inquiétude de ne pas avoir de
nouvelle de ma petite Lolotte et de Georges, mais le pauvre Catroux, lui se
laissait abattre il était triste comme une porte de prison et j’avais beau lui
lâcher des boniments, rien ne parvenait à le dérider.
Donc très joyeux nous
regagnons notre popotte et c’est en chantant que nous avons avalé nos pommes de
terre cuites au lard et un bon bifteck. Puis nous sommes allés nous reposer
dans grange voisine car il est bien
recommander de ne pas s’éloigner, avant de nous coucher nous montons sur une
petite crête et nous apercevons des lueurs de huit grands incendies ce sont
encore des villages auxquels ces sauvages ont mis le feu.
A côté de nous des hommes du 147 ° creusent des tranchées et ils
y mettent de l’ardeur les gars. Nous regagnons notre grange pour faire un somme
car demain il faut être d’attaque, on se souhaite bonne nuit et os se plonge
dans les bras de morphée.
Dès 3 heures tout le monde
debout et nous nous tenons à nos postes en attendant les ordres, au bout d’un
moment, impatients nous allons aborder le capitaine qui se trouve avec le
lieutenant pour savoir s’ils connaissent quelque chose de la situation mais
tout comme nous ils attendent les ordres.
Au bout d’un moment le
lieutenant me demande si je n’ai pas un chasse brouillard pour lui et le
capitaine, car il sait que j’ai toujours une réserve, au bout d’un moment je reviens
avec un litre de marc, j’en fais la distribution à ceux qui se trouvent là et nous trinquons à notre prochaine
victoire.
A 4 H 30 on demande le personnel de
reconnaissance, 1/ 4 d’heure après nous nous mettons en route, nous
traversons Thièblemont au grand trop et nous mettons en Bie (batterie) à la sortie
ouest du village – face à Vitry le
François – 50 m devant nous, nous avons Farémont et 20 m derrière Thièblemont – à 5 heures nous ouvrons le
feu et le réglage terminé nous tirons à toute volée, nous tirons 18 coups par
pièce en 1 heure et demie. L’artillerie
allemande ne répond pas beaucoup, aussi
2 servants par pièce en profitent pour faire des tranchées.
A la fin de la journée aucune
perte. Le soir nous couchons sur les positions après avoir mangé la soupe que
les hommes de l’échelon nous avaient
préparé car nous n’avions pas eu le temps de nous en occuper.
Dès la pointe du jour la lutte
reprend de plus belle, les marmites nous sonnent le réveil ainsi que le bruit
de ferraille des 77. Leur tir est très bien réglé sur le 4ème groupe
qui subit pas mal de pertes, d’abord le lieutenant Maturier (10e)
est tué je vais communiquer un ordre au Commandant Journel, je suis
obligé de traverser Farémont en feu sur lequel s’abat une pluie de projectile,
je rase les murs croulants et j’arrive à mon but, ma mission accomplie je
reviens tranquillement à mon poste, comme je passais devant l’église deux
projectiles éclatent dans la cloche.
Peu de temps après le
Capitaine Clerc (11e) est blessé à la cuisse et à l’épaule.
L’adjt Vivien (11e) blessé également à l’épaule.
Les maréchals des logis Moreau et Gelé de la 12 sont blessés à la tête,
Boudréaux (11e) est décapité
net. Pas mal d’hommes sont tués ou blessés.
L’ordre arrive au 4e
groupe ses pièces et de se retirer derrière
Thièblemont, c’est alors que le servant Lagrange dit la grenouille s’est
distingué en allant lui seul déclaveter les pièces.
Vers 15 heures ce fut à notre
tour à prendre un peu sur la pipe, Dailly qui était resté avant nous pour faire
la caissette s’en va rejoindre les avants trains pour être prêt à tout, au
moment ou il arrive sur la route il est renversé par l’explosion d’un
projectile, nous le croyons blessé mais non il se relève indemne. Le brig
Lambert est tué par une balle de 77 qui lui fait sauter la cervelle, c’est
notre premier mort dix chevaux sont tués également.
Voyant cela Dailly fait
changer de place aux avants trains, une ½ plus tard un 110 vient éclater sur le
timon d’un avant train et tue 5 chevaux, par un (mot rayé) miracle aucun conducteur
n’est touché. Pendant ce temps nous continuons à tirer dare dare et les 77
tombent sans arrêt sur la Bie (Batterie) mais en sans souci le moins du monde.
Nous sommes aussi calmes qu’aux écoles à part quelques uns dont je ne veux pas
citer les noms. La nuit arrive et nous tirons toujours, nous sommes aveuglés
par lueurs des obus explosifs et par celles des éclatements de 77. C’est un
vrai tintamarre on ne s’y entend plus.
Enfin à 20 heures tout rentre
dans le calme, on a encore dans les oreilles le bruit de la canonnade tellement
celle-ci a été violente. Devant nous Farémont continue à brûler. Thièblemont lui aussi subit le même sort de
même que Fravesse à notre droite.
Les avants trains
viennent se placer à proximité de la Bie
pour passer la nuit. Les hommes de l’échelon arrive peu de temps après
avec la soupe, ils sont un peu inquiet sur notre sort mais se réjouisse vite en
apprenant que nous n’avons pas eu d’autre perte que le pauvre Lambert. Aussi vite on va chercher sa fourchette et on
oublie vite les fatigues de la journée devant le rata qui fume.
Ce soir je suis de garde.
Baillard me dit
attention, « ouvre l’œil ». Tu peux dormir tranquille, ainsi
que les copains lui répondis je. Que ces heures de veille semble longue, car il
ne faut se laisser surprendre.
Vers 1 heure du matin, une des
sentinelles crues apercevoir quelque chose, immédiatement elle vint me
prévenir, car elles ont ordre de ne pas tirer avant de m’avoir rendu compte à
moins qu’elles ne soient surprises. Je prends un fusil ramassé dans la journée
et nous voila partis en rampant pendant 100 m. Au bout d’un verger, l’homme
(mot rayé) ardon m’arrête et me dit
tenez regardez maréchal des logis et son bras m’indique le sommet de la
crête mais je ne distingue rien.
Tu te trompes lui dis –je,
mais lui toujours obstiné mais non regardez bien. Je regarde bien et je vois
que ce qu’il prenait pour des ombres, n’était autre qu’un champ de luzerne qui
ondulait sous le vent. Je lui fis remarquer, mais pour ne pas les départir de
sa surveillance, je lui dis vous avez tout de même bien fait de me prévenir car
avec eux il faut s’attendre à tout et je rejoignais la tranchée qui me servait
de poste.
Rien de particulier le reste
de la nuit et silence complet
4e groupe venu
chercher son matériel.
Comme elles l’avaient déjà
fait la veille dès 5 heures les marmites sonnent le réveil.
Le pauvre Florentin qui venait
de se réveiller et à peine sorti de sa tranchée est tué au moment où il
regagnait son poste, la marmite est tombée à 20 m de lui. Le S /LT Boquet
qui était à 3 m de l’endroit ou le projectile a éclaté n’a pas une égratignure.
La lutte continue acharnée
mais nous tenons bon.
Vers midi, le bombardement de
Thièblemont recommence de plus belle. Le Colonel Aubry (Paul Omer) est tué alors qu’il
examinait un fusil Mauser. Le capitaine Armand subit le même sort. Le général
Lejaille et le lieut. Colonel Pierre sont grièvement blessés. Un sergent et
8 hommes du 91e qui traversaient le village
sont tués aussi. Le soir nous couchons encore sur le terrain.
Deruelle qui était en poste
d’observation fut tué également ayant eu une partie du crâne enlevée et
aussitôt je pense à sa femme à qui nous avions si bien promis de lui ramener,
que va-t-elle dire pauvre femme.
Nous apprenons que notre
infanterie progresse et que tout va pour le mieux. L’après midi la pluie se met
de la partie gare ce soir il va faire bon coucher dehors.
A 11 heure, je vais porté au
chef d’escadron de la part du Colonel du 147e c’est pour lui signaler qu’une forte colonne débouche de
Vauclerc allant sur Ecriennes. Mais à
peine arriver à la crête je suis salué par une salve de 77.
Immédiatement je me jette à
terre et je laisse passer la rafale. Puis au pas de course je continue ma
mission et j’arrive près du Commandant qui me remercie. Je rejoins mon poste
quand une 2e salve fait son apparition, je me rejette à terre, dans
ces moments là on ne regarde pas si l’endroit où l’on se couche est propre, puis je repars je n’avais pas fait 25 m qu’une 3e rapplique pour
la 3e fois à terre et me relevant j’aperçois un sac de fantassin.
Je me le colle dans le dos et
je me dis advienne que pourra à la 4e et dernière salve j’ai
continué ma route tranquillement et je suis arrivé à mon poste, ça ne fait
rien, ils n’ont pas peur de gâcher la marchandise ces oiseaux, brûler
inutilement 24 obus pour un seul
bonhomme. Pendant ce temps là, les camarades de la Bie et de la 7e
prévenus par téléphone du Comd faisait un tir fauché à obus explosifs sur cette
colonne, puis tout rentra dans le silence.
Le soir avec six hommes, je
m’en fus enterré ce pauvre Duruelle.
Le Capitaine et toute la Bie,
sauf la garde des pièces, le conduisit jusqu’au cimetière ou le Capitaine un
petit discours qui nous remua ; puis nous fîmes un fosse près de celle du
Colonel et nous le plaçons sur une bonne couche de paille et mêmes quelques planches sur lui , une fois
la fosse refermée, nous plaçâmes dessus un pot de fleurs et un petit drapeau
trouvé dans l’église, nous avons mis un également sur la tombe du Colonel et du
Capitaine Armand et un aussi sur la fosse commune du sergent et des 8 hommes du 91e. Puis nous regagnâmes nos
pièces en repassant au milieu de l’incendie de Thièblemont. J’étais tout triste
car je me demandais ce que deviendraient ma lolotte et mon Georges si pareil malheur leur arrivait, mais je
chassais vivement ces sombres pensées, mais le pire c’est que l’eau se
remettait à tomber, triste nuit que celle-ci passée dans la boue.
La journée fut à peu près
calme, l’infanterie allemande bat en retraite, son artillerie seule la protège,
nous en profitons pour faire un tour sur le champ de bataille et enterrer nos morts.
A 15 heures, la pluie se remet
à tomber, à 18 heures nous quittons nos positions pour nous porter en avant et nous logeons à Heiltz Le Hutier,
mais le village est presque désert.
A 5 heures départ, nous
poursuivons notre marche en avant nous traversons le champ de bataille, quels
tableaux tous les villages que nous traversons sont rasés, ils sont tous subis
le même, ce sont Maurupt le village fut
où lieu de sanglants combats le village fut 3 fois par nos troupes, les
rues sont encombrés de cadavres, Pargny s/ Saules où les gens nous avaient fait
un accueil très chaleureux en passant, il n’y restait plus que la gare, et
enfin Heiltz le Maurupt, notre marche derrière l’infanterie est très
lente , enfin à 19 heures nous arrivons à Bettancourt.
Je me couche dans la ferme du
maire, le pauvre homme a failli être fusillé 2 fois par les boches, il pleut
tellement que nous ne faisons pas de cuisine et nous nous couchons sans manger.
Le matin en me levant, je bois
un litre de bon lait dont la femme du maire nous fait cadeau, départ 4 h 30, nous
passons à St Mard s/ le Mont ou nous faisons la grande halte, aussi on
s’empresse de faire à manger car nous avons faim, le temps est beau on
interroge avidement les gens du village pour savoir s’ils ont eu à souffrir des
boches, ils nous disent qu’ils n’ont fait aucun mal aux habitants mais que par
contre ils ont tous pillé, qu’ils tuaient toutes les volailles et ne les
mangeaient même pas.
A 13 heures nous repartons
toujours encadrés par l’infanterie nous
traversons Givry en Argonne la même
scène qu’à St Mard, mais quelques femmes ont eu à souffrir de leurs insultes,
on nous dit qu’il y avait à peine 4 heures que les derniers étaient partis et
que nous premières troupes les suivaient de près au bout d’une ½ heure nous
remontons à cheval passons la Neuville et nous arrivons à Sivry s/ Ante à 20
heures.
Le bivouac formé nous nous
empressons de faire le rata et ensuite nous allons nous reposer.
Départ 5 heures, notre marche
vers le nord s’accentue, nous traversons Ste Menehould, les gens sont heureux
de revoir les troupes françaises, les jeunes filles et les enfants nous
distribuent des pommes et des prunes, quelques unes nous donnent des fleurs.
Nous passons ensuite à Chaude
fontaine et à La Neuville au Pont dans ce village nous nous arrêtons ¾ d’heure, les gens nous donnent du pain blanc,
tous sont heureux de nous revoir et ce n’est que malédiction contre les
barbares, tués les tous ces sauvages là, une dame nous raconte que son père agé
de 70 ans a été emmené par eux.
Tout à coup une bonne vieille
arrive et me remet une bouteille de vin que les boches n’ont pas pu avoir, je
veux la lui payer mais la brave femme ne veut rien entendre après l’avoir remercié et embrassé, ce qui
l’a fait pleurer car elle a 2 fils qui sont aussi au feu, nous avons bu la
bouteille à 8, quel bon vin. Avant d’arriver à Ste Menehould nous avons vu une
batterie de boches qui a été anéantie hier par le 42e et coïncidence bizarre, c’est une batterie du 42e
allemand.
Enfin, nous arrivons à Vienne
la Ville que les boches ont évacué la veille.
A 4 h 30 nous nous mettons en
route, passons à St Thomas.
La reconnaissance part et nous
nous mettons en position d’attente à côté de nous sur le bord de la route est
un cadavre de dragon allemand son cheval se trouve 2 m plus loin.
Tout à coup le chef vient chercher une pièce pour se glisser dans
le village de Servon cette pièce est à
peine en route qu’un agent de liaison vient nous chercher car au lieu d’une
seule pièce il faut toute la batterie et
il faut faire vite, assis dans un fossé nous voyons 4 boches gardés par 2
fantassins, ces prisonniers ont l’air fatigué, nous nous marchons dare dare et
on a le sourire car on se dit ça va barder.
Et en effet ça devait barder
et même dur.
La section de l’adjudant se
met en batterie à la sortie de Servon et avec ma section je reste sur roues ans
la rue du village, nous sommes à 600m des tranchées. Tout à coup les 77 tombent
sur la section en position, et les marmites de l’autre côté du pays, mais on
voit que les salves se rapprochent de plus en plus, tout le monde sent que la
situation devient critique, mais on reste calme, on en rit même.
Les marmites se rapprochent si
bien que l’une d’elles éclate à 2 m du 2ème caisson de
ravitaillement je donne l’ordre aux conducteurs de porter leur voiture en avant
et je les fais arrêter à hauteur des dernières maisons du village, ce qui nous
avait gagné 6 mètres, ensuite j’ai été rendre compte au Capitaine, comme je me
disposais à regagner ma section une autre marmite vint à éclater à 1 m derrière
le même caisson, les chevaux affolés s’emballent avec l’aide d’un servant je
réussis à les arrêter, le Capitaine me
dit qu’il va me citer à l’ordre du jour du régiment, voyant que nous étions
toujours sous le feu des gros, je lui demande ce qu’il faut faire, il me dit de
regarder si je peux mettre ma section à coté de celle de l’adjudant, la place
est restreinte mais on y arrivera tout de même.
Il y avait une heure que nous
étions placés et je causais avec les hommes qui faisaient les tranchées, quand
en relevant la tête j’aperçois des ombres qui se glissaient derrière les
buissons, c’était les boches qui arrivaient sur nous à 300m, je fais prévenir
le capitaine, mais dans la situation où nous étions impossible de tirer, et ils
arrivaient de partout , le chef de bataillon du soutient, fait dire au
Capitaine qu’il ne peut plus assurer notre sécurité, les boches se voyant
démasqués, tirent, et blessent des servants, on amène les avants trains, mais
la plupart des chevaux de la 2e section sont abattus et ne peuvent
accrocher les trains, ma 1er
pièce s’en va s’en encombre, mais le canon de la 2e verse
dans un fossé situé à gauche du passage, comme il ne restait plus que 6
servants de cette pièces, nous essayons de nous dégager, mais impossible.
Le Capitaine donne l’ordre de
dételer et va rejoindre la batterie nous restons donc seul et nous dételons
aussi tranquillement que si nous étions à la manœuvre, pendant ce temps avec
les servants nous tirons quelques coup des mousqueton.
Une fois que tout fut terminé
je fis monter les servants sur les sous-verge et en route, j’ai le bonheur
d’arriver sans avoir perdu 1 homme, mais nous laissions 3 canons sur le
terrain. Le soir fatigué et encore sous le coup de cette affaire, je me couche
sur un vieux sac que j’étends sur l’herbe humide et je m’endors d’un profond
sommeil
A 5 heures le brigadier de
Meersehmann me réveille pour prendre le café, je m’aperçois que je suis couché
dans un flaque d’eau et je suis complètement trempé, il avait plus une bonne
partie la nuit et j’étais si fatigué que je ne m’en suis pas aperçu.
Caillard, Pailly, Catrona, malades. Avec ma pièce disponible, je reste à la
disposition du chef d’escadron.
A
A
A
Vers
A
La pluie
tombe toujours et les chemins sont complètement détrempés et l’on a du mal à
arriver à notre emplacement. 7 et 9 tirent encore sur Servon. La canonnade
marche dure.
Le
soir je fais laisser le matériel en place et je rejoins l’échelon avec les
avants trains. La soupe mangée, nous nous étendons sous des abris légers
construits pas les servants disponibles, mais ils sont tellement minces que
nous ne tardons pas à recevoir de l’eau sur la figure.
Je
me réveille tout trempé, manteau, culotte, caleçon, tout est traversé mais on a
pas le temps de se lamenter car 4h45, nous allons reprendre notre poste.
La
pluie tombe et nous sommes faits comme des cochons, nous sommes pleins de boue,
on ne sait plus où se mettre pour être un peu moins sale. Rien de particulier
dans la journée.
Le
soir, nous couchons à Vienne la Ville dans une maison abandonnée. Au moins là
on est à l’abri.
A
5h30 réveil et à 6 heures, nous remontons à notre poste. Situation toujours la
même. Le mauvais temps continu. Quelques salves de 7 et 9.
La
Batterie est reformée au complet avec du matériel venu d’une section de parc
mixte et toute la Batterie prend position à la côte 174 à droite des deux
autres batteries du groupe. Nous sommes en surveillance sur une crête occupée
par une batterie du 17e pour tirer en cas de retraite de cette
batterie. Caillard reprend son service. Pailly et Catroux vont un peu mieux. 7
et 9 continuent à tirer su Servon.
De
l’artillerie lourde (120) arrive et met en Batterie entre St Thomas et Vienne
la Ville, et, dès le soir, les Batteries se mettent à tirer sur un bivouac qui
leur a été signalé par un avion.
Dès
la pointe du jour, le duel d’artillerie recommence très violent. Nous apprenons
que le 120 a détruit le bivouac sur lequel il a tiré la nuit et il paraîtrait
que les hommes du 51e entendaient les cris des Boches de leurs
tranchées. Le mauvais temps continue.
Beaucoup
d’hommes sont atteints de dysenterie.
A
10h30 nous appuyons une attaque sur la lisière Ouest du Bois de la Gruerie pour
s’emparer de la croupe allongée E.O au N de Servon. Nous tirons au-delà de la
route Servon-Pavillon du Roi. Cette attaque réussie en partie et à 13 heures
nous cessons le feu. Suis proposé pour adjudant pour l’affaire de Servon.
La
situation est toujours bonne. Notre infanterie progresse jusqu’à Birmaville que
l’artillerie lourde bombarde. A cet endroit, nous éprouvons une vive résistance
mais nous maintenons nos positions. Nous sommes toujours dans la vase.
Toujours
même situation. Le soleil fait son apparition ce n’est vraiment pas de trop,
car voilà 8 jours que nous étions sous la pluie. Je recommence à trouver le
temps long de ne plus avoir de nouvelles de Lolotte et je suis très inquiet du
sort de mes êtres si chers.
Que
peuvent ils devenir.
La
journée fut à peu près calme. Quelques marmites le matin pour ne pas en perdre
l’habitude et le soir, une petite fusillade.
Journée
tout à fait calme. Le bruit court que St Quentin est dégagé. J’en suis heureux
et c’est avec impatience que j’attend le vaguemestre comptant avoir des
nouvelles.
Mais
grande déception, rien pour moi pendant que j’en vois qui sont si heureux
d’avoir des nouvelles des leurs.
La
journée commence bien.
Dès
4h30, violente canonnade et fusillade sur notre gauche occupée par le corps
colonial. Nous, nous ouvrons le feu dès 5h45 et ça barde.
Mais
vers 10h ou 10h30, les marmites rappliquent et elles nous serrent de très près.
L’une tombe à 2 mètres du caisson de la 1e pièce. Celui-ci prend feu
et brûle grièvement le Commandant St Pumérat à la figure et aux mains. Une autre
enterre le Brigadier Fauchart téléphoniste de la 9e Batterie. 3
hommes arrivent pour le dégager, pendant qu’ils travaillent pour le dégager,
une 3e éclate à 2,5 mètres d’eux sans les blesser, c’est une vraie
chance.
Enfin
leur tir cesse vers 14 heures, pas d’autres dégâts. Comme effet, c’est plutôt
passable au point de vue du nombre de kilogramme de ferraille qu’ils nous ont
envoyé car nous avons reçu plus de 100 projectiles et ils ne pèsent pas moins
de 40 Kg chacun.
Espérons
qu’il en sera toujours ainsi. Pailly a repris son service.
La
nuit à 23h30, éclate une violente fusillade, tout le monde se lève d’un bond
attendant des ordres mais rien. Aussi avec Pailly, nous nous étendons de
nouveau sur la paille et bientôt tous les hommes nous imitent et l’on se
rendort bientôt.
Le
matin le temps est assez beau, mais un brouillard épais coupe ma plaine. Nous
apprenons que le 328e a pris Melzicourt cette nuit d’où la fusillade
entendue hier soir. Nous apprenons également que les coloniaux ont fait hier
1300 prisonniers.
Vers
10 heures le brouillard se lève et le soleil fait son apparition.
Un
peu avant midi une très forte canonnade se fait entendre de tous les côtés,
mais rien pour nous.
Vers
18h30, une fusillade très nourrie crépite et elle ne cesse que vers 20 heures.
A 2
h, nous sommes réveillés en sursaut pas une nouvelle fusillade. Nous recevons
l’ordre de rejoindre nos pièces, mais nous ne tirons qu’à 6 heures, malgré un
brouillard très épais.
A
14h30, les marmites font leur apparition et cela dure une heure et malgré leur
tir assez bien réglé, on enregistre aucun dégât dans le groupe. Dans le
village, une masure située à proximité de nos cuisines et de la maison où nous
couchons est réduite en miette.
Matinée
très calme.
A
13h30, une violente canonnade des Boches me réveille en sursaut, car j’étais en
train de sommeiller sur le bord du talus, et les marmites rappliquent xxxxxx. Il
nous tombe 178 projectiles sur le poil en 1h ¾. Résultat néant. Quelle honte
pour la maison Krupp, ils pouvaient en parler de leur artillerie lourde. Le feu
cesse mais au bout d’une demi heure, il reprend moins violent.
Nous
comptons au total 232 coups en 3 heures y compris la demie heure de suspension.
Le capitaine Lescourt est tué dans la tranchée par un projectile des dernières
salves. Le téléphoniste Puech qui se trouvait à ses côtés est sérieusement
blessé. Quel cornard, on ne voit plus que des trous de tous côtés.
La
journée a plutôt été calme. Ce ne fut que vers 16 heures que nous reçûmes
quelques marmites dont une blessa deux hommes. Le Sergent Beauvain de la 29e
et le Capitaine Poindron. Le Lieutenant Colonel Azéma, le Commandant Warin, le
Sous Lieutenant Grangeon sont également blessés.
Le
Maréchal des Logis Chipallet de la 3e est tué ainsi que deux
sergents de la 2e Batterie.
Cycliste
du Colonel, blessé.
Journée
tout à fait calme. Vers 20 heures violente canonnade et fusillade du coté du
corps colonial. Le froid fait son apparition.
Le
brouillard ne s’est pas levé de la journée. De ce fait calme complet sur toute
la ligne si ce n’est une fusillade de ¾ heures qui a éclaté vers 18 heures.
Le
soleil ne se montre que vers 10 heures et la musique commence à peu près au
même moment, mais heureusement aucun dégât.
Rien
d’intéressant à cause du temps qui est toujours brumeux.
A 13
heures, nous recevons l’ordre d’aller au repos à la ferme de Naviaux située à 2
Km Sud de Vienne la Ville.
Nous
ne l’avons pas volé, car nous avons rudement besoin de nous nettoyer.
Immédiatement, je pars avec le Lieutenant Caillard pour reconnaître le
cantonnement. Le soleil se montre et il fait un temps superbe. En arrivant à
Naviaux je vois les camarades du 328e, quelques uns manquent à
l’appel.
Lemaire,
un excellent garçon, le caporal fourrier etc. Le cantonnement préparé, je n’ai
plus qu’à attendre la Batterie qui arrive à 3 heures.
Le
temps est superbe, aussi j’en profite pour descendre à la
rivière faire un bon nettoyage. Au moins nous sommes
rudement tranquille ici et cela semble rudement bon. Le soir vers 20 heures, on
entend quelques marmites au loin. A minuit nous sommes réveillés par de
violents détonations, on se demande ce qui peut bien se passer par le bas.
A 2
heures ¼, réveil et à 3 heures, nous quittons le cantonnement. En arrivant à la
ferme de Penite, nous apercevons des lueurs d’incendie dans la direction de
Vienne la Ville.
Immédiatement,
je pars avec 2 brigadiers pour reconnaître si on peut passer. Des hommes du 328e
qui étaient logés à Vienne la Ville nous disent que le quartier de la mairie a
été bombardé à minuit.
En
arrivant je constate que le pont établi sur l’Aisne est en partie détruit, mais
on peut encore passer avec des voitures. La mairie, l’église et plusieurs maisons
sont rasées. Des hommes qui se trouvaient dans ces maisons sont brûlés vifs. Le
cycliste Lagrange a une jambe emportée.
A
15h30 les 77 font leur apparition mais pas de résultat. A la tombée de la nuit
sur tout le front éclate une violente fusillade.
Devant
nous la journée fut plutôt calme mais sur La Chalade on
entendit une violente canonnade. Dans la nuit à minuit 30, nous avons été
obligé d’évacuer le village car les Boches recommencèrent le bombardement, nous
avons regagné nos pièces et nous passâmes le reste de la nuit dans nos
tranchées. Cette fois-ci le village n’a subi aucun dégât car les coups étaient
longs ou courts
La
journée a très bien commencée car à 6h30 les boches ouvrirent le feu sur nous,
puis sur le 1e groupe. 6 hommes se trouvèrent enterrés dans les
tranchées on les dégage et ils en sortent sans égratignures. Vraiment il y en a
qui ont de la chance. Le reste de la journée, rien de particulier.
Matinée
très calme, mais à 12 heures, les marmites rappliquent et elles tombent
rudement près. 3 éclatent à 1 mètre ou 2 de mon caisson, une autre tombe sur la
tranchée du 6e caisson qu’elle rebouche.
Mais
par bonheur pour eux, les hommes de la tranchée mangeaient tranquillement leur
soupe à 40 mètres de là, donc pas de dégât.
A 15
heures, un autre bombardement recommence, à la 2e salve, une de
leurs marmites m’éclate sous les fesses et m’envoie faire un petit voyage dans
les airs, ainsi que 2 servants, Landrau et Laneyrie qui étaient près de moi.
Heureusement nous nous relevons sains et saufs, sauf Landrau qui a une légère
brûlure à la main causée par la déflagration de la poudre.
Par suite
du brouillard qui est resté très épais toute la journée, celle-ci fut assez
calme. Le soir petite fusillade.
Journée
très calme pour nous. Sur le front de Paris, violente canonnade et fusillade.
Les Boches tentèrent une attaque mais elle fut vigoureusement repoussée.
Journée
calme sur tout le front, mais le soir vers 20 heures, violente canonnade sur la
gauche qui a duré très avant dans la nuit.
Petite
fusillade sur la Harazée.
Matinée
calme. La canonnade de la gauche, c'est-à-dire du côté du corps colonial,
reprend vers 12 heures. Devant nous et à droite, rien, calme complet.
Journée
très calme par suite d’un temps brumeux et pluvieux. Rien de particulier à
signaler.
La
nuit, la pluie a continué de tomber.
Le
matin dès 5 heures, nous faisons une attaque, bon sang, quel boucan. Tout
barde, canonnade, fusillade et comme cela jusqu’à 10 heures. On ne se fait pas
prier pour dévorer la soupe. L’après-midi calme complet. Cela fait une
différence avec le tintamarre de ce matin.
Le
soir, nous apprenons que l’affaire de ce matin a très bien marché.
La
nuit est très calme, mais dès le matin, les Boches veulent reprendre leur
revanche de la veille, cré bon Dieu, si ça cogne, on ne s’y entend plus du tout
et on y va de bon cœur.
Allez
mon vieux, amène l’enfant.
Tenez
tas de salopards.
Digérez
moi cette pastille, et les quolibets vont leur train.
Le
soir, le tintamarre continue, de même que la nuit. Nuit blanche complète,
heureusement qu’il fait beau.
Vraiment
ces Boches l’ont sec et ils nous en veulent de leur échec car la lutte continue
acharnée, mais ils ne l’ont pas belle. Qu’est ce qu’on leur crache dans le
portrait.
Enfin,
à 9 heures, le calme renaît. On respire un peu.
A la
soupe. Le Capitaine nous dit qu’il faut construire des cabanes dans le bois qui
est sur notre droite en vue de passer l’hiver ici. Comme l’après-midi est
calme, on s’y met de suite et on se fourre dans la tête de faire des maisons
superbes et confortables, on verra le résultat.
La
nuit nous avons encore eu de la flotte, quelle dégoûtation.
La
journée est calme. Le brouillard en est la cause. Aussi on en profite pour
activer le plus possible la construction de nos cabanes et le soir, le
terrassement est fort avancé.
Encore
une journée comme celle-ci, et nous pourrons commencer la charpente. Le soir,
violente canonnade et fusillade vers La Chalade.
Dès
le matin, nous remettons à faire nos palais puisque le brouillard persiste.
Aussi,
la journée fut-elle calme Les Boches sont bien gentils de nous laisser
tranquilles de la sorte. Notre terrassement est terminé. Mais le soir, vers
18h15, une fusillade épouvantable éclate soudain dans la direction du bois de
la Gruerie, villages de Servon et de Melzicourt.
Et
pourtant il fait noir comme dans un four, on n’y voit pas à 2 mètres, en plus de
cela, la pluie tombe très fine.
Le
matin, le beau temps réapparaît et nous voyons un peu de soleil. Nous
travaillons avec ardeur à nos baraques et dans quelques jours ce seront de
vrais chalets que nous pourrons habiter. Journée à peu près calme. Ce soir, je
prends la garde aux issues.
Quelle
nuit, pas moyen de fermer l’œil. A chaque instant, il faut se lever pour
reconnaître les autos et les voitures qui ne cessent de défiler sur la route,
et avec cela le poste est dans une vieille grange ouverte à tous les vents. Pas
moyen de se reposer un peu.
Dans
la journée, rien d’important.
A 6
heures, nous partons en repose à ferme de Naviaux.
Au
moins, je vais pouvoir faire une bonne nuit, et puis on va pouvoir aussi se
nettoyer comme il faut et faire un peu de lessive.
Quelle
bonne nuit et quelle grasse matinée, je ne me suis levée qu’à 8 heures. Ca
semble bon, surtout à l’abri des marmites. On se sent un peu mieux, surtout
après un bon nettoyage. L’après-midi se passe à écrire et à flâner, en pensant
à ma pauvre Lolotte et à mon Georges. Comme ils doivent être malheureux.
Départ
à 4 heures, dès notre arrivée à la position et aussitôt après avoir mis les
pièces en batterie et en direction, nous nous remettons au travail pour
terminer nos constructions et nous travaillons dare-dare. Vraiment on ne se
croirait plus à la guerre.
Mais
quelques marmites éclatent de temps en temps nous rappelant à la réalité. Le
soir, pour la 1e fois, nous couchons dans nos habitations.
J’ai
rudement bien dormi dans notre baraque, on est un peu mieux que dans les
tranchées et au moins, s’il leur reprenait la fantaisie de bombarder le
village, nous serons en sûreté. Dans la journée, nous continuons notre
installation. Rien d’important à signaler.
Rien
de particulier sur le front, nous apprenons que le Lieutenant Massart du 4e
groupe vient d’être grièvement blessé. Il a été blessé Il a été blessé d’un
éclat d’obus alors qu’il était observateur.
Dès
8 heures, les Boches se mettent à bombarder Vienne le Château situé à 2 Km N.E
de notre position, et ils ne cessent que vers 15 heures. L’après-midi, le 120
leur répond coups sur coups. Pas autre chose d’intéressant sur le front.
Toujours pas de nouvelles de Lolotte.
Le
soir, nous apprenons qu’un régiment d’infanterie de Pour gris (?) a été détruit
dans les bois de la Gruerie situé au N. de notre position.
Les Boches
recommencent le bombardement de Vienne le Château et les marmites tombent
drues. Pour nous, tout est calme. Notre installation est définitivement
terminée.
Vraiment,
on croirait que nous n’avons
Eugène
ALBERT sera blessé dans la région de Verdun et succombera de ses blessures à
l’hôpital temporaire N° 9, à Verdun, le 11 avril 1915..
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