« Mon père
Louis Aupetit né le 9 juin 1882
n’a jamais pu se faire à l’idée qu’il avait perdu son papa quand il avait 7 ans,
il a gardé son souvenir jusqu’à sa mort.
Avec mon cousin
Renaud nous perpétuons la mémoire de ce grand-père que nous n’avons pas connu,
nous l’aimons, ayant senti toute la sensibilité de son caractère et le grand
attachement à sa famille nous l’estimons encore plus.
Le 6 août 1915,
il meurt à Baconnes (Marne) »
Tania, août
2012
Versailles
le 10 sept. 1914 10½ matin.
Ma chère femme.
Un
mot pour te dire que je quitte l'infirmerie demain matin averti Madame Lemoine
de façon qu'à ce qu'on ne vienne pas inutilement au quartier. J'espère les
enfants en bonne santé ainsi que vous tous. Ecris à Marguerite et demande lui
si elle a reçu ma lettre; moi j'ai reçu sa carte.
As-tu
des nouvelles de Marie et des Bourgeat ?
Embrasse
bien enfants et pour toi et parents.
Gros
baisers
M.
Aupetit
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St-Nom-la-Bretèche,
le 17 sept 14
Ma chère Germaine (Julia)
Comme ma carte a pu te le
faire savoir je suis depuis 4 jours à la Bretèche.
Nous ne savons pas pour
combien de jours, mais comme nous pouvons partir d'un moment à l'autre, je
voudrais bien que tu me fasses parvenir l'argent que tu voulais me donner
dimanche dernier.
Envoie à : 20ème
escadron-25ème compagnie-2ème section à St-Nom-la-Bretèche,
avec (prière de faire suivre)
Je pense que les enfants
vont bien ainsi que tout le monde?
Margot t'as-t-elle écris?
Écris-lui et donne mon adresse !
Je t'embrasse ainsi que
les enfants.
M. Aupetit
Nota : Le texte est transcrit mot à mot, les fautes
ne sont pas corrigées, dans ces moments là, le souci est d’écrire pour donner
au plus vite des nouvelles.
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Ma chère Germaine, Comme
je te l'avais dit dans ma dernière lettre nous sommes partis de St. N. la B, (St Nom la BRETECHE) arrivé tous à Sartory en ayant au
préalable pris les chevaux à Versailles les avons harnachés et sommes partis ce
matin.
Suis bien portant.
J'écris sur voiture.
Sommes à Bougival direction inconnue avons des bons espoirs de rester
dans cette périphérie embrasse les enfants et famille, un gros baiser pour toi
même.
Merci pour ta lettre et
son contenu.
A partir d'aujourd'hui je
numéroterai mes lettres fais en autant
« SY » J'entends à l'instant que nous allons remplacer un pont
sauté à Beaumont-Persan, je ne peux t'en
dire plus.
Nous partons,
t'écrirais aussitôt arrivé à une halte.
Conforme-toi toujours sans
avis contraire de ma part, à l'adresse suivante : Versailles 20è esc 25è ci 2è
sect.
Écris à Marguerite ou fais
comme tu pourras de manière à toujours me faire parvenir un peu d’argent S’il
te plait
M.A qui te remercie à
l’avance.
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6è
Rocquencourt le 2 oct. 14 6h30 soir
Suis bien portant te
remercie ainsi que tous, t’enverrai lettre dès possible gros baisers à tous.
M.A.
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Envoi
de Mr AUPETIT 20è esc. 25è comp. Versailles
(26/09/1914 tampon de la
poste)
Adressé à Mme M. AUPETIT
18 villa Schulz Bois Colombes SEINE
Ecris toujours à
Versailles sans avis contraire
Avons couché à la TREILLE
sommes passés près de Colombes.
Sommes de passage ici
allons mener matériaux pour faire un pont pour passage troupe (sur l’Oise)
T’embrasse bien fort gros
baisers aux enfants M.A.
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Envoi
de M. Aupetit 20è train 25 comp. 1è Sect. Versailles
Tampon de la poste 17/10/1914
8h soir
Etant ce soir au Bureau de
Poste je viens de recevoir ta carte du 13 courant dans laquelle tu me parle de
Mr Charlin
Soigne bien ton rhume et
ne prend pas froid surtout
Mieux vaut avoir trop
chaud que pas assez.
Je vous embrasse tous bien
fort M.A.
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Le
29-10-14 6h30 soir
Sommes passé Versailles
Beaumont-Auvers/Oise x passons St Jus.
Continuons.
Gros baisers pour enfants
et pour toi M.A.
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Asnières
12-30 le 29-10-14
Sommes arrivés à
destination le 30-10-à 7 heures 07 avons reçu le baptême du feu.
Si tu as occasion
envoie-moi 1 jumelle et ma montre.
Toujours même adresse ne
m’envoie pas d’argent jusqu’à nouvel ordre envoie plutôt chocolat tabac à
priser allumette ou briquet sucre cigarettes cigare - tu as du recevoir
plusieurs cartes de moi 3 ou 4 si je ne me trompe.
J’ai reçu la carte de
Louis du 26.
Je t’embrasse bien ainsi
que les enfants. M. Aupetit.
Voici ma nouvelle adresse 101e
de ligne 11è compagnie 3è bataillon 4è corps Bureau Central Militaire de
France Paris
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Le
29-10-14 10h30 matin
Ma Chère Germaine
Sommes passé à Rambouillet
t’ai envoyé une carte écrite à Chartres. T’enverrai celle-ci en passant à Versailles.
Allons dans le nord.
Gros baisers pour enfants
et pour toi.
M.A
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Dimanche
8 Nov. 14 – 9h40
Sommes depuis 12 jours
dans les tranchées avons eu un combat de nuit par un brouillard très fort.
le 5, une 12aine de blessés,
1 sergent de tué puis allé avec notre Lieutenant-colonel 1 lieutenant 1 sergent
et 5 hommes pour enterrement.
C'était plutôt triste si
toutefois il n'y avait pas foule. Je suis étonné de ne pas avoir reçu de tes
nouvelles.
Fais moi parvenir ma
montre 1 jumelle du tabac et envoie moi de l'argent.
Gros baisers pour les
enfants et pour toi.
M. Aupetit
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Plessier-de-Roye,
Oise à 22 km de Compiègne le 23 Nov. 6h ¼ soir
Ma chère Germaine
Je t’ai envoyé une carte
aujourd'hui t'annonçant que j'étais en possession de ta dépêche et ta carte du
16 Nov. ainsi que les 5 Fr. mandat
carte.
Je n'ai jamais reçu de
lettre 1 seul paquet m‘est parvenu contenant du sucre du chocolat 1 fromage
etc. quant à ma montre – jumelle – cigare je n'ai rien eu de cela.
Étais-ce envoyer à
Dreux ?
Dans ce cas écris au vagmestre en lui
disant que je suis ici mais sur les cartes que tu m'enverras ne fait pas
allusion de l'endroit où je suis. Je te fais parvenir cette lettre par Compiègne
c'est un caporal qui veux bien me la faire recommander.
Je suis
de ce moment commandé pour faire des créneaux en bois pour mettre dans les
tranchées. De l'endroit où je suis, nous sommes à une centaine de mètres d'eux
et hier le temps où j'étais ici une (marmite) un obus cela veux dire à éclaté
dans notre tranchée des sacs et toile de tentes ont été déchiré mais personne
de blessé.
Carte provenant du
journal du 101e RI. On peut y distinguer l’endroit où se trouvait
Maurice à cette date. Cliquez sur la carte pour agrandir
J'ai appris par une de tes
cartes que tu avais tout loué le pavillon, tu ne me dis pas si tu l'habite et
si Louis est en pension si Mr et Mme Biraud
sont toujours à la maison en un mot écris moi de longues lettres pour me
distraire et me réchauffer le cœur car je t'assure que de voir les autres
tomber autour de soi cela vous refroidit toujours un peu.
Cassis est toujours avec moi il ne reçoit aucun
courrier de sa femme. J’ai été proposé pour faire le téléphoniste interprète je
te préviendrais dès que je passerai au P.H.R ce qui veux dire peloton hors rang
l’on est autant en danger si ce n'est plus mais mieux approvisionné.
Si tu peux m'envoyer 1
passe-montagne et une paire de gant pas trop épais mais chauds c’est à peu près
tout ce que je vois pour le moment je suis obligé de te quitter car il faut que
je retourne dans les tranchées.
Au revoir Ma chère
Germaine de gros baisers pour toi et les enfants envoie moi de longues lettres
et argent S.T.P.
M.A.
Même adresse
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Adressé à Mme M. AUPETIT
dame employée bureau Poste BOIS COLOMBES SEINE
Le
27.11.14 – 4h30 matin
Ma chère Germaine. J'ai
reçu 2 paquets hier merci pour le passe montagne etc. Peux-tu m'avoir un casque
de téléphoniste et une boussole dans le cas où je perdrais la mienne.
Ns partons cette nuit nous
retournons où nous étions. As-tu reçu mes 2 lettres?
Gros baisers affectueux
pour toi et les enfants. Louis est-il sage? S’il est sage je lui apporterai un
casque de boche.
M. Aupetit
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Souain
le 3 mars 1915
Ma chère Andrée Je
m'empresse à répondre à ta lettre qui m'a fait une grande joie.
Nous avons attaqué….
Sommes au repos….
J'ai l'avantage d'avoir
été remarqué par mon Colonel Mr. Lebeau et mon Lieutenant Mr. Thibeau au cours
des engagements du 26 et 28 mars.
Je vais donc être cité à l'ordre du jour.
Dans une autre lettre je
te donnerai des explications au sujet de cette citation et ce à quoi j'aurai
droit plus tard.
Tu me demandes dans ta lettre mon rôle à remplir.
Je relie par fil soit
Colonel à Général ou à Commandant ou bien à Capitaine. Si ces officiers sont en
tranchées 1ère 2ème 3ème lignes voire même réserves.
Au repos nous relions les
4 rég. inf. plus l'artillerie au Général
si bien que soit au feu soit au repos nous avons à faire.
Je suis d'autant plus
heureux d'avoir été porté (cité ordre du jour) que très rarement des
téléphonistes le sont enfin en attendant le plaisir et la joie de me trouver
auprès de vous deux ainsi que tous. Je vous envoie de grosses bises bien
chaudes de mon cœur.
Si tu écris à Louise et
Paul envoie-leur le bonjour et courage de ma part.
Ton Oncle qui t'aime.
M. Aupetit
N'oublie pas de dire à
Renée qu'elle ne m'a pas répondu à ma lettre la remerciant.
J'écrirai à Louise ces
jours-ci.
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Entre
Suippes et Perthes, le 6 mars 1915
Ma
Chère Aguy et Dédée
Je
suis heureux et joyeux de pouvoir vous faire parvenir une (des) composition
faite par mon adjudant télégraphiste des sans fils. Et surtout de la dédicace
qu’il a faite au verso.
Ce
que je t’annonçais dans ma dernière lettre je suis cité à l’ordre du jour par
mon Colonel pour m’être offert spontanément à accomplir une mission périlleuse
Inutile de te dire combien mon Lieutenant Thibault
et mon adjudant Mr Rousseau se
sont trouvés fier.
Quand
à moi je ferai toujours mon possible.
Ce
matin et hier nous avons vu passer des prisonniers boches et avons 2
mitrailleuses et canon revolver leur ayant été pris hier. Cela fait plaisir de
les voir se rendre et passer devant nous pantelants comme des loques humaines.
C’est
au bruit infernal du canon et des balles que je t’écris ce mot nous allons
retourner ce soir dans une boue jusqu’à la cheville et même au dessus enfin
nous arriverons ave la patience et le courage à les refouler et dégager notre
liberté et celle de ceux qui sont fait pour mourir.
J’écrirai
à Louise aussitôt mon prêt touché car nous sommes payés comme tu le sais et tous
les 10 jours je reçois cinquante centimes.
Je
termine en vous embrassant toues les deux de tout mon cœur bien affectueux.
Votre
tout dévoué M.A.
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A LA BAIONNETTE
Souvenir de la Brillante Charge du 101 le 26
Février 1915
Comme ils savaient mourir nos soldats du 101e.
Pour
la France!
En
avant! Je n’en n’ai vu aucun hésiter à charger - C’est à la baïonnette qu’ils
ont, avec entrain, bondi sur cette crête.
Je
les revois courir sous un feu terrifiant, et ils volaient toujours, perdus dans
l’ouragan qu’ils aient été fauchés par une mitrailleuse ou bien par le canon,
leur mort est glorieuse.
Ils
ont versé leur sang pour not’liberté.
Tombés
au Champ d’honneur, ils les voulaient choisir.
Ces
assassins maudits, cette garde Impériale qui ne peut disposer de sa force
brutale.
Salut!
Vous qui tombiez le fusil à la main, votre exemple d’hier servira pour demain.
Rousseau
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Perthes
le 11 au soir
Ma
chère sœur (Aguy) et ma chère nièce (Dédé)
Je
suis le plus heureux des soldats français (à l'heure actuelle) je vais aller
droit au but :
Les
circonstances sur les quelles j'ai été cité à l'ordre du jour de mon…régiment
de la part de mon Colonel Mr. Lebaut
sur les causes de m'être offert sous le feu de l'infanterie à plusieurs
reprises à effectuer un trajet très périlleux (porter des bombes au commandant
du 1er bataillon qui ne pouvait tenir sous un feu terrible et une grêle de
grenades Boches).
Enfin
en un mot avoir accompli, outre mon service les tâches que…. j'avais
entreprises (soigné des blessés et les avoir fait évacuer) surtout en ayant
reçu à deux mètres de moi une fusée de 155 boche tombée dans la tranchée le
coup de l'éclatement de ce projectile m'avait littéralement sali si toutefois
je puis parler de la sorte.
Enfin
mon crayon et ma mémoire pour des événements si récents ne peuvent quoique cela
pas vous narrer toutes ces péripéties.
Je suis heureux du moment où
je suis au feu et que je vois mon régiment avancer car tous nous avons
confiance en nos officiers et en nous-mêmes et j'espère d’ici peu que nous
aurons la victoire acquise pour nous et la liberté pour tous.
Je
vous embrasse bien fort toutes les deux.
M.
A.
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Au repos allongé sur ma couverture au soleil le 22
mars 1915.
Ma
chère Marie et ma gentille nièce Andrée.
Quelle
belle journée!!!!
Et
que l'on est donc heureux lorsque son devoir accompli on est au repos et au
calme!!!!
Je me croirai à Nice, nous sommes tous étendus au soleil et presque tout
le monde écrit pour rassurer et encourager les siens d'autres dorment tandis
qu'une corvée est partie aux distributions.
Le Colonel m'a
fait remettre un extrait de l'ordre du corps d'armée du 14 mars 1915.
Tu
trouveras sur le journal "le bulletin des armées" la même notice. Je
suis très content.
Ci-inclus
tu trouveras l'extrait en question.
Dès
que vous en aurez pris connaissance, envoyez-le à ma femme qui le conservera
pour mon fils.
J'oubliais
de te dire que cette citation va se trouver inscrite dans mon livret militaire
et qu'elle me donne droit à la croix de guerre (décoration qui ne s'achète pas
avec de l'argent).
Tous
mes officiers sont contents de moi et moi rempli de courage.
Ma
chère Andrée tu me demande si j'ai reçu ta lettre et les dix francs.
Certainement
et j'ai même le soir même répondu par une lettre mais qui n'a pu partir que
quelques jours après ayant occupé un secteur et les vaguemestres ne pouvant
venir jusqu’aux premières lignes de feu.
Si
toutefois tu ne la recevais pas il se pourrait faire qu'elle fût confisqué, car
non seulement j'ai mis où j'étais mais j'ai donné des détails qu'il nous est
défendu d'écrire.
De
plus puisque tu veux bien m'envoyer du linge je vais te demander ce qui m'est
d'extrême urgence. Un pantalon en velours gris de cycliste et des guêtres
noires 1 paire bretelles.
Je
l'aurais bien demandé à ma femme mais comme je sais qu'elle est un peu juste je
ne lui ai fait aucune allusion. Il y a trois semaines l'on m'en a donné un neuf
ainsi qu'une capote bleu ciel mais les pantalons sont tous trop étroits pour
moi et toutes les coutures se sont défaites ce qui fait qu’à l'heure actuelle
il est en deux aussi je suis mal à mon aise avec et il n'y en a pas d'autre
pour le moment.
Si
tu peux donc fait m’en parvenir un le plus rapidement possible.
Voici
le modèle xxx C'est un pantalon qui descend un peu plus bas que le genou et qui
se boutonne à l'aide de quelques boutons sur le côté du mollet.
Quant
aux guêtres demande des guêtres pour aller à cheval.
Du
reste pour éviter toute erreur le morceau de fil fait le tour de ma taille.
Je
vais écrire à ma femme aussi.
Suis
obligé de vous quitter toute deux en vous envoyant de grosses bises bien
affectueuses.
Votre
petit Maurice qui vous aime toutes les deux.
M.
A.
J'ai
reçu une carte des Morisset me
félicitant je leur ai répondu par retour du courrier (le 20 mars) mais comme
nous étions en première ligne je n'ai pu l'envoyer.
Cette
carte partira ce soir en même temps que ta lettre.
De
ce moment les tambours et clairons sont en train de jouer, cela met de la gaité
pas un bruit d'obus ni sifflement de balle, on se croirait en train de faire
une période d'exercice.
Ah!
Au revoir en attendant le plaisir de vous embrasser.
Je
vous enverrai une surprise prochainement.
M.A.
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Le front, le 1er avril 1915
Ma
grosse Aguy,
Tous
mes remerciements pour la promptitude à avoir fait le nécessaire pour le deuil
que j'avais.
Là
je reconnais en toi la seconde Maman que tu es pour moi, aussi je suis très
touché de ton bon sens, tu n'a qu'à en juger par ces deux mots de ma femme et de toi si vous ne
m'écriviez pas je serai un véritable orphelin, il faut bien mettre au point les
choses et les comprendre comme elles doivent être comprises.
Si
j'ai demandé à être où je suis c'est surtout parce que…. Je me sentais seul
et peut-être en songeant à mes petits chéris n'aurais-je pas fait un pas qui
pour moi était dur à enjamber, mais sachant que vous n'auriez jamais laissé les
enfants dans la misère, je n'ai vu qu'un point, l'horizon souillé, sali par les
bottes de ces sauvages qui nous retirent ce que mes pauvres parents ont mis
tant de temps à réunir; aussi à partir de ce moment je n'ai plus été le même et
je me suis juré à moi-même de venger mes sœurs mes beaux-frères impuissants et
mes enfants innocents.
Ce
n'est pas être un héros que d'avoir fait cela, c'est très naturel même, aussi
naturel que si dans la rue en temps de paix un individu me marche sur le pied
avec intention, il aurait de ma part ce qu'il mériterait sans que je calcul à
l’avance sa force.
Or
donc étant ainsi armé je devais fatalement être remarqué ne songeant pas au
danger et ne pensant qu’à une chose (mon service) ce qui ma valu probablement
sans que j’y fis attention d’avoir été remarqué à plusieurs reprises.
Mais
ou l’affaire se corse c’est que parait-il (si je reviens) je vais avoir la
Croix de Guerre et que de ce fait ma boutonnière ne sera pas seule elle aussi
de ce réjouir.
Car
ma Chère Aguy c’est avec la croix que tu me verras venir t’embrasser ainsi
qu’Andrée et tu sais il restera du courage pour le travail et pour élever les
petits.
Eux
aussi apprendront à travailler ces petits choux tu verras ça toi et tu seras
Grosse
bise pour toi et pour Andrée en attendant mon retour.
M.A.
Fier.
J’en suis certain à l'avance.
Ci
Inclus tu trouveras une lettre et une carte de ma femme qui est toujours aux
Postes fort heureusement car sans quoi je ne sais pas ce qu'ils auraient mangé
de plus ma femme donne des leçons de français cela lui laisse paraît-il quelque
argent enfin que veux-tu, c'est la guerre nous sommes presque tous logé à la
même enseigne fort heureusement l'été sera meilleur et il ne sera pas
nécessaire de faire une cure d'air car, bon sang, on en aura pris sa suffisance
ce qui m'étonne le plus c'est que mes rhumatismes me laissent aussi tranquille.
En
un mot j'ai passé l'hiver les pieds souvent dans l'eau couché en plein air et
n'ai cependant eu aucun rhume.
Ma
chère Aguy il est 3 heures ½ du matin je vais manger une bouchée et réveiller
mon camarade….
«
Après moi je vais m’étendre sur la plume (paille) jusqu’à 8 h »
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Le 5 avril 1915
Ma
chère Aguy et Andrée
Aujourd'hui
lundi de Pâques le calme absolu comme hier, pas un seul obus boche ne nous a
été envoyé notre artillerie leur en a expédié mais très peu aussi à part le
bruit du vent c'est le calme absolu et le temps d'une tristesse il faut avoir
connue (quel changement avec les boulevards).
Il
pleut depuis deux jours et deux nuits aussi notre pavillon commence-t-il à se
changer en puisard car étant à deux mètres de profondeur en terre l'eau vient
nous tenir compagnie.
Si
tu écris à Renée, dis lui que je lui envoie de gros baisers ainsi qu'à Cricri
et une poignée de main à Michel….
Dans
une de tes lettres tu me demandais des nouvelles de mes enfants.
Ils
vont tant bien que mal Louis surtout je ne voudrais pas t'alarmer mais il
grandit beaucoup et ne paraît pas bien fort il lui faudrait du fortifiant.
Quand
à la petite Maimaine c'est une grosse boule parait-il. Ma femme est toujours au
bureau de poste de Bois Colombes Elle reste avec les enfants chez sa Maman
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Le 9 avril 1915
Mes
chères sœurs et nièce
Je
reprends aujourd'hui seulement ma lettre.
N'ayant
pas pu trouver un moment pour terminer. Il fait depuis plusieurs jours un temps
exécrable et le vent et la pluie ns a contraint à réparer notre villa. Ns
sommes deux et avons trois appareilles (orthographe d’origine) téléphoniques à
servir en plus la ligne à entretenir.
Or
notre poste se trouve en plein champs à deux kilomètres d'un pays X et mes
appareilles sont reliés à des postes centraux qui nous mettent en communication
avec les régiments en action en première ligne de tranchée et 2ème de même avec
les lignes de réserves, poste d'observation, d'artillerie etc etc.
Or
il en a résulté que le temps où l’un s’occupait de réparer l’autre était aux
appareils et comme ces temps ci ns avons eu du travail les quelques heures que
ns avions étaient vite écoulées car lorsque
l’on dort les heures passent vite.
Je
te remercie pour le pantalon les bandes molletières et les bretelles.
Merci pour votre
bon gout, c'est très bien inutile de te dire que comme un grand enfant
immédiatement je me suis changé.
Je
suis (très vissant) avec mon pantalon neuf et au moins je me sent plus à l'aise
merci donc encore de votre gentillesse à toutes deux et figure toi que je l'ai reçu le 7 au soir il était
bien tard mais après l'avoir mis je me suis empressé de réveiller mon collègue
qui n'a pas pris mal la chose pense lui qui dormait aurait pu dix fois se
fâcher de se trouver réveiller pour cela.
Tu
vas trouver ci-inclus toute une correspondance et puis je ne me souviens plus
de l'adresse de Mr. Parissi. Je
crois que c'est rue de Godo de Moroy mais comme tu la connais sûrement toi je
préfère te laisser finir l'adresse.
Voyons
ma Chère Aguy et Andrée je vais vous laisser et aller faire mes quatre kilo
pour aller chercher notre soupe en même temps je vais déposer ma lettre au
vagmestre.
Je
vous embrasse donc toute deux bien bien fort et bien affectueusement
Ton
gros fréro qui vs aime toute deux.
M.A.
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Le 27 avril, adressé à Mme AUPETIT
Ma
Chérie.
Voila
du changement je suis à l’infirmerie à 9 kil. de mon pavillon.
Je
me suis purgé ce matin ayant une infection cutanée aux jambes ce n’est rien Tu
serais bien gentille de m’envoyer de l’argent me trouvant ici trop à la dèche.
Grosses
bises pour enfants et ta Maman
M.A
Carrière de Jonchery limite du camp de Chalons.
« Quelques
téléphonistes pris au repos à Cabanes st Juifs après les journées de combats à
Perthes les Hurlus en Mars 1915.
Je
me trouve dans le groupe mais sans moustaches. »
Envoyé
le 25 avril 1915
M.
A.
Agrandissement de la photo, on y distingue l’emblème des téléphonistes,
dessiné sur une tour Effel juste au-dessus du visage de Maurice AUPETIT.
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Jonchery le 4 mai 1915, 3 heures 45 après-midi
Mon
cher frère et sœur,
J'ai
reçu ta carte qui m'a fait grand plaisir et comme tu me l'avais annoncé j'ai eu
la chanson en question.
Tu
me demande si il faut affranchir: oui si non ce serait double taxe à payer.
Tes
lettres et cartes ont mis 4 jours à venir dès lors que les autres en mettent 3
se n'est pas excessif.
Sur
le côté de la lettre ::
«Le
Colonel Lebaud avec une dédicace
cela ira très bien (merci d'avance.). Nous avons les journaux tous les jours et
recevons le communiqué par sans-fil mais cependant si tu trouves quelque chose
de rigolo tu peux toujours me le faire parvenir »
Comme
tu peux le voir aujourd'hui il fait un temps lourd et sûrement l'orage attend
d'éclater que je sois en route pour aller chercher notre soupe mais cela ne
fait rien même traversant les gouttes d'eau ne sont pas dangereuses.
Voilà
presque un mois et demi que nous sommes au même endroit aussi connaissons-nous
le terrain et chaque jour comme une horloge dont les aiguilles tournent mon
collègue et façon de causer car je suis chef de poste.
Moi
ns remplaçons à tour de rôle ainsi je prends responsabilité à 8 heures ½ le
soir jusqu'à deux heures du matin, me couche jusqu'à 7 heures l'autre va
chercher le café à 1300 mètres où se trouve le village après quoi je puis me
reposer jusqu'à 10 heures et retourner chercher la soupe vers 11 heures et
reviens vers midi.
Nous
déjeunons et vers deux heures de l'après-midi il fait son somme (voilà
justement le Jésus qui se lève) vers les….
Ns
avons une veine Ils tirent toujours où nous ne sommes pas.
5
heures je vais à mon tour chercher la soupe et en même temps porte et rapporte
le courrier nous dînons et la 25ème heure reprend de la même façon.
Les
journées sont à peu près toutes pareilles si de temps en temps les boches ne
nous envoyaient des marmites.
Il
est vrai que pour être juste nous leur en envoyons plus qu'ils nous en
envoient. Ils tirent comme des pieds.
Leurs
obus ne sont pas plutôt tombés que ns allons chercher l'aluminium et les ceintures
en cuivre pour faire des bagues et des coupe-papier pour envoyer à l'arrière….
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Le 5 mai 1915, 1heure 35 du matin
Ah!
à nous deux, j'ai justement le boyau à la rigolade car je dois te dire que
malgré les f.. du quart d'heure de tout temps je rigole.
Ainsi
donc je suis allé chercher le courrier et il y avait une lettre de ma moitié et
dans sa lettre se trouvait celle que tu lui as écrite le 26 avril, très
gentille lettre, qui à fait grand plaisir à Germaine.
Oui
mais voilà où la question diffère des autres veillées.
Comme
nous ne devons pas faire de feu la journée pour moi faire ma lessive j'ai donc
mobilisé un seau et je me suis mis à savonner 2 serviettes, 1 caleçon, 2
chemises 1 cravate 1 gilet de flanelle et très courageux je me débarbouille me
change complètement de linge.
Quant
tout à coup étant tout nu, sur la droite de notre secteur une légère fusillade.
Tous
les postes se mettent à courir un véritable brouhaha l'on sonne mon poste et
pour comble de gaîté on me demande le commandant d'artillerie à l'appareil une
véritable scène de théâtre j'ai donc enfilé ma capote et une paire de sabots
que j'avais aux pieds dans cette tenue je suis allé le trouver tout a été pour
le mieux mais la sentinelle qui se trouvait de faction avait tout vu et ce
grincheux se gondolait, le fou-rire me prend à mon tour et le commandant s'en
est payé une bosse aussi il n'a pas pu faire autrement que veux-tu !
Aussi
maintenant je me trouve en gilet de flanelle sans cravate en attendant que ma
chemise et ma cravate qui est lavée soit sèche aussi c'est probablement à 4
heures que je vais me coucher.
Ce
qui a fait que nous avons surtout eu le temps de ns amuser de tout cela c'est que
10 minutes à peine se sont écoulées et le calme habituel à régné à
nouveau.
Je remercie bien Paul pour la marche qu'il veut bien composer pour mon
Colonel.
Je
suis sûr qu'il va être heureux de cela lui qui aime tant la musique. Seulement
il va falloir que je me renseigne de l'orthographe de son nom demain je vais
m'en inquiéter ou plutôt ce matin.
Je
suis très heureux de savoir que tu vas mieux et que tu as pu trouver quelque
endroit te convenant.
Je
préfère te savoir là qu'en Belgique de
ce moment.
Crois-tu
cette pauvre Margot avoir été en dehors du danger et y être retournée se mettre
dans la gueule du loup.
Enfin
je crois que d'ici deux mois si je suis de ce monde il y aura du bon.
En
attendant je t'embrasse ainsi que Paul et vous souhaite bonne chance et bonne
santé à tout deux.
Ton
fréro, M. Aupetit qui vous aime.
-----------------------------------------------------------
Le 5 Mai 2 heures 45 matin
(Cette
lettre doit être adressée à sa nièce)
Je
suis matinal tu dois penser Eh bien non !
C’est
un avantage comme un autre comme mon camarade est du matin tout a été pour le
mieux je prends le service le soir et l’autre prend le matin. Je vais me
coucher un peu plus tard aujourd’hui mais la lettre de Louise te mettra au
courant.
Il
y a des moments de rigolade parfois ainsi.
Il
y a deux mois on a augmenté le nombre des téléphonistes de 10 hommes et 2
caporaux, or il y a eu dans les premiers jours où nous étions ici un des
nouveaux remplaçant qui se trouvait avoir à prendre un message :
« Colonel
101 à Cmd 1er bataillon, avez-vous besoin de Mortier Célérier »
« Répondre
par l’affirmative ou la négative »
(Un
mortier Célérier est un petit canon qui sert à envoyer des bombes comme les «
Minen Werfer ».)
Or
lui avait mal compris et avait rédigé son message de la sorte.
Monsieur
Mortier va se marier répondre par l’infirmerie, le Commandant ne comprenant
rien est venu lui-même à l’appareil et en a ris.
Fort
heureusement encore c’était le 2 Avril….
Ah
! Ça n'est pas le tout voilà que j'ai faim et depuis hier 6 heures 1/2 il n'y a
rien de drôle je vais casser la croûte avec un morceau de bœuf bouilli ça c'est traditionnel, le pot-au-feu national
le matin bœuf gros sel et le soir pour changer c'est gros sel bœuf.
De
temps en temps ça change cependant il ne faut pas se plaindre, beaucoup
d'autres voudraient bien encore en manger.
Je
vais donc te quitter ma chère Dédé car je compte mettre un petit mot aimable
comme disait pauvre Maman à Marie qui la supplié un peu.
Alors
grosse bise bien affectueuse de ton oncle qui t'aime.
M.A.
-----------------------------------------------------------
Le 5 Mai 1915, 7 heures du soir
Ma
Chère Andrée
Puisque
tu t’es offerte si gentiment ainsi que Marie à bien vouloir faire parvenir mon
courrier à Paul et à Louise je vais donc en profiter pour y joindre une longue
lettre pour eux.
Je
suis étonné que ni à toi ni Marie ne m’ayez pas écrit ces temps derniers.
A
moins que votre lettre se soit égarée.
Comme
je vs l’ai écrit dans ma dernière lettre mon pantalon me va à merveille et avec
les bandes molletières, un képi et une capote neuve j’ai les allures d’un bleu
(à part les cheveux blancs).
Le
faite est que j’étais plutôt en guenille.
Dâme,
le soleil nécessitait des vêtements propres et le secteur ou ns sommes depuis
près d’un mois et demi est très calme aussi en profitons ns pour nous nettoyer
ce n’est pas du luxe si même ces chaleurs continuent huit jours je compte aller
faire le canard dans la Suippes qui est à 500 mètres environ de mon poste.
Ou
se trouve la balnéoterapie complète (voir même partielle) et l’hiver dernier le
chauffage central. Eh bien ca ne m a pas empêché de passer au travers sans
attraper le plus petit rhum.
Voir
même sans trop avoir souffert de mes rhumatismes.
Il
ne va pas en être de même maintenant avec les chaleurs et comme j’en ai le
pressentiment si les diplomates ne s’entendent pas il va falloir donne le
dernier coup de collier à moins que devant l’énormité des soldats tués et
blessés qui tomberaient au cours de ces attaques notre Général en Chef attende
que la famine les fassent sortir de leurs terriers.
Cependant
si l’Italie s’en mêle les autres puissances neutres se trouveront dans
l’obligation de marcher et ma foi il pourrait bien se faire qu’ils prennent la
piquette.
En
attendant comme de bons bougres nous attendons (comme Charles puisque Charl
attend) ! ! ! ! !
Mon
sosi me dis d’aller boire mon jus. À tout à l’heure.
Nos
voisins d’en face, les artilleurs, m’ont offert le café ce soir et comme on ne
peut quitter le poste ensemble mon collègue y était allé avant.
As-tu des nouvelles de Margot de Renée et Michel??
Il
y a bien longtemps que Renée ne m’a pas écrit je pense que ce n’est cependant
pas quelque maladie de l’un ou l’autre qui peu être la cause de ce silence. Si
mon courage ne m’abandonne pas je vais veiller deux heures de plus et je
profiterai de ta lettre pour leur écrire à Michel et à Renée.
Faute de place je me vois dans
l’obligation de terminer, mon court bavardage en souhaitant de tout cœur qu’il
vous trouve toute deux en bonne santé.
Je
termine en vous embrassant tous deux biens affectueusement.
Ton
frère qui t’aime ainsi qu’Andrée.
M.A.
-----------------------------------------------------------
Ton gros fréro qui t’aime bien fort M.A.
Ma Chère Agy
Je vais consacrer cette page pour causer avec toi
et t’annoncer prochainement la photo des enfants. Louis est revenu de St Marc.
Sa maman ayant été le chercher et il m’a envoyé
une carte que je vais du reste t’envoyer par ce même courrier.
Je voulais aussi te dire de ne pas égarer
l’extrait de ma citation car c’est cela qui me servira de preuve je suis fier
de mon étoile et si ns marchons en avant c’est la médaille militaire que je
vais tacher de décrocher (autant que possible sans me faire décrocher), enfin
au petit bonheur la chance.
J’espère que voila bientôt la fin car ils sont
bien calme les coch…
Je termine donc ma grosse Agy en t’embrassant
bien fort en attendant le bonheur de me trouver avec vous tous unis
-----------------------------------------------------------
Même endroit le 29 mai 1915
Ma
Chère sœur et Ma Chère Andrée
J’ai
eu des nouvelles de Renée m’annonçant le départ de Michel pour le front et son
départ pour Moirans Je lui avais écris le matin même ce qui fait que nos lettres se sont
croisées.
Je
voulais vous écrire et j’attendais pour cela d’avoir les photos des enfants
mais trouvant qu’elles mettaient trop longtemps à venir j’ai décidé de vous
écrire aujourd’hui.
Je
suis toujours Chef de poste (dit des carrières) à côté de Jonchery et à
la lisière du camp de Chalons à 3 kil de Suippes et 1 kil de Jonchery.
Voilà
deux mois passé que je suis dans le même trou en plein champs.
Les
jours passent vite car j’ai malgré les heures de garde et me couchant à trois
heures du matin je me lève vers les dix heures.
Après
déjeuner tout est calme jusqu’à trois heures environ et jusqu’à 6h.
Quelques
obus boches de 77 nous encadrent en tir percutant en fusant. Il y a très peu
d’artillerie bombe et infanterie en face de nous dans notre secteur
Faute de place je me vois dans l’obligation de terminer mon court
bavardage en souhaitant de tout cœur qu’il vous trouverait toutes deux en bonne
santé.
Je termine en vous embrassant toutes deux bien affectueusement.
Ton
frère qui t’aime ainsi qu’Andrée
M.A.
-----------------------------------------------------------
Même endroit le 2 juin 1915
20
heures 30
Ma
Sœur Chérie,
Je
reçois ta carte lettre du 31-5
Et
voila trois fois que je la relis. Elle me fait bien plaisir ta carte lettre
sachant Margot et ses enfants à peu près en sécurité si toutefois cela est vrai
car j’ai si peu confiance dans ces S….
Qui
sont capables de tout Je me demande si pour que ta lettre puisse franchir il ne
faut pas se trouver à parler de la sorte même si l’on meurt de faim et je ne
saurais trop te dire d’être prudente si toutefois tu lui réponds car pour eux
tout est sujet et motif de vengeance Ils….
Germaine
ma fait parvenir deux épreuves je vais les joindre à ma lettre ainsi que la
carte qu’il m’a écrite antérieurement. Il est maintenant en pension comme tu
vas pouvoir en juger
Tu seras bien
mignonne si tu veux bien me donner ton jugement à propos des photos et si tu
veux même me dire si j’ai bien fait de le faire mettre en pension.
Pour
mon compte ca ne va pas mal si ce n’est que je n’ai pas le plaisir d’être avec
vous mais n’y pensons pas ce n’est pas le moment encore….
N’hésiteraient
pas ces Sal boches et elle pourrait se trouver à avoir des ennuis. Je ne me
souhaite pas d’être fait prisonnier car surement à la première fois qu’ils
m’auraient quitté des yeux me sauverai et d ‘âme si le coup raté tout est fini
or donc ce serai au plus coquin il n’y aurait pas de temps à perdre n’y même
chercher à parlementer aussi du jour ou vous me saurez prisonnier ne comptez
pas beaucoup sur mon retour.
J’ai
écris une lettre à Renée et croyant bien faire je lui ai adressée à Moirans.
Renée et surement en possession à l’heure actuelle de ma lettre je suis heureux
de savoir Criri et Renée en bonne santé et j’attends avec impatience la photo
promise que Renée doit m’envoyer….
Louise
m’a envoyer une carte postal avec la photo de sa rue et m’a indiqué son home.
Elle m’annonçait une longue lettre détaillée mais je suis comme Sœur Anne…
Tu
me dis que nous avons encore pour 4 mois de guerre.
Eh
bien soit !
Moi
je ne serais pas étonné qu’il y en ai pour plus longtemps
Je
suis toujours à Jonchery sur la lisière du Camps de Chalons entre Reims et
Souain. Pas très loin de Suippes à 3km à 20km de Chalons tu n’auras qu'à
consulter la carte et tu trouveras Jonchery.
Je
suis en plein champs….
Et
mon pavillon comme de juste se trouve sous terre pas trop à se plaindre Si ce
n’est d’être auprès de vous, car ici lorsque les boches tirent les obus nous
tombent tout autour en attendant que pour une bonne fois se soit au dessus
Mais
là ça ne compte pas il ne faut même pas y penser.
Je
vais terminer ma grosse Aguy en t’embrassant ainsi que Andrée bien
affectueusement de tout mon cœur
Ton
Gros frère qui vous aime
M.
A
J’aurai
33 ans le 9 de ce mois tout cela ne va pas en rajeunissant enfin si l’on en
revient c’est l’essentiel.
Grosses
bises Aguy
-----------------------------------------------------------
Ferme
de Moscou, Poste Beau Soleil, le 18 juin 1915
Mon
Aguy Chérie
Tu
ne peux pas t’imaginer combien mon cœur a été sensible à ta gentille intention
j’ai été très surpris en trouvant ce mandat de dix francs que je n’attendais pas
de plus surtout je me suis trouver moins seul et moins abandonné.
J’ai
été si content que je ne sais comment te remercier.
Je
suis très heureux de savoir Léon en bonne santé et si je peux connaitre de sa
part l’endroit où il est après lui avoir écrit je vais faire tout ce qu’il me
sera possible de faire pour le voir naturellement avec le consentement de mes
chefs et permission en règle car de ce moment il ne faut pas jouer au petit
soldat….
Je
suis très bien vu de mes chefs ayant par mon travail et ma conduite su
m’acquérir une indépendance tel que durant les deux mois et demi où nous étions
à Jonchery au poste des Carrières aucun officier ni même sous officier
n’est venu me surveiller et le 11 juin au soir lorsque nous sommes partis j’ai
été complimenté au sujet du bon entretien de mes lignes téléphoniques et de la
liaison constante que j’ai assuré entre le 101è infanterie et les groupes
d’artillerie.
Il est regrettable
que je n’ai pas su plutôt que le Caporal Abel Dubois
fut enterré au cimetière de Suippes car il m’aurait été plus facile de
retrouver sa tombe quoique cela si j’obtiens la permission de mes chefs et que
comme tu me le dis il soit enterré dans le cimetière de Suippes.
Si
sa tombe est individuelle, j’ai toutes les chances de pouvoir avoir des
renseignements que tu demande une seul chose pourrait encore me faire plus
facilement trouver c’est le n° de son régiment nous avons cantonné deux fois à
Suippes la première fois pendant 4 jours et la deuxième fois 1 nuit pendant les
deux mois que j’ai été à Jonchery.
J’avais
belle d’y aller car à travers champs et bois il y avait 3 à 4 Kil-.
Je
viens de consulter ma carte et comme il se fait que les troupes de premières
lignes sont aux repos à Mourmelon-le-Petit, il me faudrait 24 heures à pied
comme de juste pour y aller lors à la prochaine relève si j’ai ma permission je
pars à 10 heures du soir cantonne la nuit avec eux à Mourmelon-le-Petit et le
matin de bonne heure connaissant la route que j’ai fait une fois déjà j’irais
déjeuner avec les artilleurs du 57
Me
reposerai pour laisser tomber la chaleur et avec autorisation et un gradé
d’artillerie irai à cheval jusqu’a Suippes.
Si
non je partirai à pied en un mot tout ce qu’il va mettre possible de faire à ce
sujet (avec permission) sera fait de ma part.
Lorsque
tu leur écriras embrasse les bien pour moi et dit leur que j’ai été très peiné
à l’annonce de cette double mort.
Je
serai bien content aussi si tu voulais bien écrire à Paul et à Louise ainsi
qu’à Renée et en attendant que je leur envoie une longue lettre.
Les
embrasser bien affectueusement de ma part.
Nous
avons changé de N° de Secteur postal maintenant c’est le Secteur postal 38.
Tu
ne me parle pas des lettes et cartes que je t’ai envoyées.
Et
tu ne dis pas grand-chose de vos santés à Andrée et à toi?
Si
Andrée veut m’écrire cela me fera bien plaisir, je me sentirais moins seul.
Je
n’ai encore pas reçu les photos des enfants.
Voila
tout Je ne suis pas le seul…or il n’y à qu’à attendre et voila tout c’est déjà
beau d’avoir pu passer au travers comme je l’ai fait.
J’ai
rencontré étant à Jonchery Perthes – etc. etc avant sans le reconnaitre
naturellement Emile Tardif de Chevreuse qui demeurait à coté de Maman Titine et
dont la cour était commune.
Nous
allions tout deux à l’école ensemble
C’est lui qui ma reconnu le premier en m’entendant appeler Aupetit.
Il
est Sergent au premier Génie. Ns ns sommes embrassés….
Comme
deux frères et tu parles toute les choses que l’on avait à ce dire depuis 22-23
ans
Enfin
Ma grosse Aguy prend un peu patience car
ca finira bien un jour va !!!!
Mon
camarade me dit que c’est très juste il n’y a pas de régiment de chasseurs il
n’y a que des bataillons or j’ai tous les renseignements voulu.
Je
termine car je ne veux pas te lasser trop avec ma si vilaine écriture et mon
orthographe si défectueuse.
Mille
gros baisers bien affectueux pour toi et Andrée de ton grand frère qui vous
aime bien fort toutes les deux M.A.
-----------------------------------------------------------
Beau Soleil le 16 juin 1915
Ma
Chérie,
J’ai
reçu hier ta carte postale et comme je viens d’écrire trois lettres à ceux que
j’ai quitté « Villa des Soiffeurs » je m’aperçois qu’il est 3 heures du matin
aussi pour ne pas te laisser un jour de plus sans nouvelles je t’envoie cette carte
pour te rassurer toutes les enveloppes qui me restent sont collés aussi ne soit
pas étonné par la suite si tu reçois des enveloppes ayant été ouvertes.
Gros
baisers bien affectueux pour toi les enfants et ta maman.
Ton
petit Maurice
-----------------------------------------------------------
Ferme de Moscou le 1er Juillet
Ma
Chère Aguy
Quelle
journée ca a été pour moi.
Je
suis encore tout joyeux en y pensant.
J’ai
été averti le 25 après midi d’avoir à prendre arme et bagages et de redescendre
de mon poste (Beau Soleil) en première ligne pour trouver le Lieutenant Thibaut notre lieutenant téléphoniste à
la ferme de Moscou.
Le
Lieutenant me passe en Com et me voilà parti pour Mourmelon-le-Petit.
Rassemblement
le lendemain matin 7.30 en arrière sur le terrain on nous appel, puis une
cinquantaine d’Officiers, Sous officiers, caporaux et soldats devant être
décoré faisons face au drapeau ou prendre les armes la musique ouvre le ban et
joue la Marseillaise.
Puis
le Colonel procède à la distribution de son épée nous donne l’accolade quelques
compliments individuels une poignée de main on s’embrasse et voilà par un temps
superbe et un bruit de canon la cérémonie qui continue on fait face à nouveau
au drapeau on présente les armes, les clairons et tambours sonnent au drapeau la musique
joue a nouveau la Marseillaise puis les compagnies vont se former pour défiler
ainsi que les clairons tambours et la musique pendant que nous le drapeau le
Colonel et tous les décorés allons nous placer sous les plis du drapeau.
Le
défilé commence et après le Colonel fait un compliment général pour tous et
pour nous liberté de rejoindre individuellement.
Je
coupe donc au court avec l’autre téléphoniste décoré comme moi le même jour
car, il est 10 heures passé et à midi ns devons tout être réuni un banquet ns
attend une difficulté existe cependant C’est que notre adjudant et l’autre
téléphoniste ont chacun une bicyclette et dame il y a environ 14 kil à faire
aussi me connaissant bon cavalier l’adjudant demande par téléphone au Lieutenant
l’autorisation de faire seller son cheval pour moi la permission est accordé et
voila mon Maurice qui caracole.
Je
t’envoie le menu de notre banquet car sauf Sjt téléphonistes se trouvant à la
Brigade et à la division lesquels ne pouvaient être relevé même momentanément
les autres étions en plein bois au dessert le Colonel le Ct les capitaines et
lieutenant ont fait apporter huit bouteilles de champagne et ont trinqué avec
nous.
Puis
ns avons eu repos jusqu’a cinq heures avec autorisation de chanter après coi ns
avons chacun rejoint nos postes sans toute fois avoir omis de profiter d’être
ensemble pour se faire photographier.
Ci
inclus tu trouveras la section des téléphonistes
Quel
dommage que Papa et Maman ne sachent pas combien j’ai été content
Enfin
Ma grosse Aguy du moment que tu le sais toi, cela me fait plaisir.
Je
vais envoyer une photo à Louise et Paul et une à Renée Cette pauvre Margot à
elle je ne puis pas ca ferait même en admettant que ca lui parvienne, trop
d’ennuis si les boches savaient cela.
Au
revoir ma chère Sœur un gros baiser bien affectueux pour toi et pour Andrée de
même ton petit Maurice qui t’aime M.A.
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Le 4 juillet 1915
Ma
Chère Germaine, J’ai reçu les photos et enveloppes tout repart par ce même
courrier répondrai plus longuement à lettres du 28 et 30 juin.
As-tu
reçu mes dernières lettres contenant lettres Marie Louise et Léon ainsi que la
section des téléphonistes du 101e RI
As-tu
remarqué nos croix de Guerre à tous deux Rouzé
et moi (ça s’arrose) tu sais.
Gros
baisers bien affectueux pour toi les enfants et ta Maman M.A.
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Les
Téléphonistes pris en photo après le banquet
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12 juillet 1915
Marie nous apprend
que vous venez d’avoir la médaille.
Bravo mon Cher
Maurice toutes nos félicitations vous êtes un vrai Français dont nous sommes
fiers. Courage Espérance, la victoire n’es pas loin à bientôt le retour triomphant nous vous applaudirons
de tout cœur en françaises que nous sommes.
Vive la France Toutes
nos Amitiés
71 rue de Chabrol
Paris X
C.H. Morisot
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Bourges le 24 Juillet
1 915
Mons Vieux copain
Je
crois que j’ai tenu ma parole mais toi je crois que tu n’y penses plus malgré
cela j’espère que tu es toujours en bonne santé et toujours à Beau soleil toujours tranquille pour moi ça
va toujours très bien pour le moment et tu sait que si je pouvais t’envoyer un
litre de pinard je le ferais de grand cœur, mais impossible le transport des
liquides est interdit alors je le bois à ta santé figures toi que ça te fait le
même effet ! A part cela pas grand nouveau
toujours du boulot en masse
Bonjour à tous les copains et pour toi une cordiale poignée de main A.
Gode
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Envoi de GODE A. 1er d’Artillerie 49 pièce à
Bourges (Cher)
LAGANE
Léo le 9 juillet 1915 57 artillerie 41 batterie Secteur postal 69
Cher
ami,
En
possession de ta carte, je m’empresse de répondre. Nous ne sommes plus là bas à
la villa des soiffeurs, nous sommes partis depuis le27 et sommes venus du côté
de Reims mais sans changer de corps, nous sommes toujours à la ?
Je
pense que Gode doit être bien content d’avoir pu aller voir sa famille.
Je
regrette beaucoup de n’avoir pas pu te rendre service d’aller à Suippes mais
nous en sommes bien éloignés, tous les camarades t’envoient le bonjour et
t’envoient des félicitations pour ta décoration ainsi que moi-même.
Ton
ami qui te serre cordialement la main Lagane Léo
-----------------------------------------------------------
Lettre d’un
camarade de régiment de Maurice, relatant son décès, à sa mère.
Chère Madame,
Excusez-moi
de vous envoyer cette triste lettre et comme vous avez du l’apprendre la mort
glorieuse de votre mari regretté de tous les camarades.
Je me permets de vous écrire, car nous étions tous deux dans le même
poste et je le regrette beaucoup, car c’était un bon camarade et nous étions
presque pays, car moi j’habite Colombes.
J’ai fait tout mon devoir auprès de lui j’ai été
le chercher avec d’autres camarades en les lignes ennemies j’ai pris tous ces
papiers argent et sa croix de guerre remis au lieutenant de service du
téléphone et qui vous seront remis après.
Il est enterré dans un cercueil très épais et
j’ai pu avoir le service religieux fait à l’église et est enterré dans le
cimetière de Mourmelon le petit à gauche en rentrant ou après cette triste
guerre vous pourrez aller le voir.
Chère Madame je termine cette lettre en vous
envoyant tous mes respects votre tout dévoué
Malatre
Extrait du
Journal de Marche du 101e RI, du 6 août 1915. La mort de Maurice y
est indiquée.
Comme il
indique dans plusieurs de ses dernières lettres, il se trouvait à la ferme de
Moscou.
Il a donc
certainement été tué par le bombardement sur Moscou signalé dans ce journal.
IL est
signalé être tué aux tranchées de Baconnes sur sa fiche militaire.
« Mon Grand père est
inhumé à Mourmelon-le-Petit dans le cimetière communal où nous avions trouvé sa
tombe toujours à la même place après avoir cherché dans celui des morts 14-18.
Les deux cimetières sont
voisins. »
Tania
Quelques
photos de permission
Je désire contacter le propriétaire
Vers d’autres témoignages de guerre 14/18