La 14ème division d'infanterie était appelée
"division des As"; elle comprenait le 35e RI (as de trèfle), 42e RI (as
de carreau), 44e RI (as de pique), 60e RI (as de coeur) ; ces insignes étaient
représentés sur leur drapeau
« Ce carnet est la transcription de 2
petits carnets écrits au crayon dans les tranchées ou au repos, cela
s'effaçait avec le temps, je les ai d'abord tapé à la machine, puis comme
j'écris quelques livres à compte d'auteur sur la chasse à la bécasse, j'ai
pensé que ce carnet édité en 2001 pourrait intéresser ma famille.
Je vous en joins un exemplaire, je ne pense
pas que tout sera à publier; choisissez ce qui est intéressant pour le
"devoir de mémoire", je n'en ai pratiquement pas vendu: comme
l'impression n'est pas donnée, si vous pensez que je peux en vendre quelques
uns, le prix est de 20 euros franco de port. »
Jean-Claude BARBE,
septembre 2009
Si vous désirez
acheter un exemplaire du carnet, envoyez votre demande à : Jean-Claude
BARBE
Départ de Chainoy, le 12
juillet 1917, à 7 h du matin.
Arrivée à Troyes à 13 h 15, passé à Chalons-sur–Marne, camp de Mailly, Suippe-Somme-Suippe.
Arrivée à Somme-Tourbe à 19h.
Départ de Somme-Tourbe à 11 h :
Arrivée au camp Goffre à minuit
où nous y avons passé la nuit.
Départ du camp Goffre le 13 juillet à 13 h.
Arrivée à Auve, en Champagne, à 16 h où nous avons trouvé le dépôt
divisionnaire du 42 et le régiment qui y était au repos.
Nous avons fait le 14 juillet dans ce petit village.
Le 13 juillet, à 19 h, concert
par la musique du 42e
Le 14 juillet, après midi, jeux, chants, concert : le soir nous
avons eu champagne, cigare.
Départ d’Auve en Champagne le 15
juillet à 2 h du matin :
Arrivée au camp de Lalene
Laprade à 9 h du matin où le dépôt divisionnaire est installé.
Ce camp est situé au sommet
d’une colline à
Ici, nous y faisons l’exercice
comme à Chainoy.
Tous les jours nous avons la
visite des avions boches qui nous lancent des bombes : ils viennent
principalement la nuit et nous assistons quelquefois à des duels entre avions.
22 Juillet
Dimanche les boches nous ont
envoyé des ballonnets où il y avait des journaux Les avions prenaient plaisir à les brûler avec
leurs mitrailleuses.
23 Juillet
Réveil en fanfare par une
préparation d’artillerie.
Tracas épouvantable qui a dura
jusqu’à midi.
25 Juillet Départ du
camp Lalene Laprade à 14 h par une
chaleur accablante ;
Arrivée au camp de Somme-Suippes à 15 h 30.
Aussitôt arrivés, il a fallu
aller jusqu’à Suippes au pas de gymnastique pour assister à l’enterrement
du sous-Lieutenant Jacquet tué dans un coup de main.
On nous a fait rester pendant une demi heure en
plein courant d’air et au « présentez armes » ; c’était pour
nous sécher…
Ensuite, nous sommes allés à
l’église. Là il nous a fallu rester également au « présentez armes »
et nous avons essuyé un orage terrible ; après nous sommes allés au
cimetière.
Ce camp de Somme-Suippes à
Nous sommes toujours à peu près
à la même distance de lignes, mais nous sommes mieux qu’au camp Lalene car
c’est mieux installé. Nous sommes logés dans des baraques Adrian.
26 Juillet
A midi, un avion nous a
survolés, il a lancé une bombe qui est tombée à 1 mètre de notre camp. Le soir, nous sommes
allés à Suippes.
On a voulu acheter du dessert.
Une livre de raisin 1,75 une livre de pêches 1,60 !
C’est bon pour une fois.
27 Juillet
Encore une bombe qui est tombée
tout près de notre camp.
4 Août
Départ de Somme-Suippes à 5 h
du soir.
Moi, comme F M …Marcel comme grenadier.
Départ fertile en émotions.
Deux de ceux qui devaient partir
se sont barrés à Suippes et
sont rentrés une demi-heure après l’heure du départ fixé. Comme on n’était pas
parti on les a équipés.
Punition : 8 jours de
prison et envoyés à la compagnie de discipline ; 3 autres ne voulaient pas
partir, se sont presque battus avec le Lieutenant. Punition : 8 jours de
prison et envoyés à la compagnie de discipline.
Pour chef de détachement, deux
sergents aussi pleins l’un que l’autre.
A la sortie de Suippes ils s’engueulent tous les
deux pour le commandement et se battent.
Arrivée au camp D 2 à 8h et demi
au lieu de 6 h et demie.
Là on en laisse trois qui ne
pouvaient plus marcher. Après, on perd le sergent qui s’est endormi le long de
la route
On a fait
Couchés dans une sape jusqu’à 9
h du matin.
Départ pour la soupe
Après la soupe, enroulage de bobines jusqu’à 9 h. juste une demi-heure
d’arrêt pour manger la soupe. Couché de 9 h à minuit. Départ à minuit placer du
fil en avant des lignes.
On entendait les boches qui
chantaient.
Retour à 2 h. a 3 h, alerte
jusqu’à 4 h. De 4 à 6 h on roupille.
De 6 h à 9 h, enroulage des
bobines.
Après la soupe, on a travaillé
un peu jusqu’ 5 h.
De 5 à 9 on a roupillé. De
9 à 2 h du matin on est allé réparer un parapet à l’extrémité de la première
ligne.
Les mitrailleuses nous
tiraient dessus mais pas de mal.
De 2 h à 3 h repos. De 3 à 4
alerte pour les gaz.
A 5 h, départ pour le jus.
De 7 à 9 h et demi, nettoyage
des boyaux. Après la soupe, enroulage des bobines.
J’oubliais de mettre que nous
sommes partis de Somme-Suippes sans
aucune arme, ni cartouche et voilà 5 jours que nous tenons les lignes avec un
masque et un ceinturon pour se défendre.
Le 8 au soir, nous
sommes allés placer des fils barbelés dans un ravin en avant des lignes, les
boches en faisaient autant à
Le 9
Repos toute la journée qui est
bien gagné car on avait sommeil. Le soir, nous partons à la nuit construire un
nouveau boyau en avant des lignes. Un peu avant la nuit un avion boche abat
deux de nos saucisses en l’espace de 10 minutes.
10
Rien d’anormal.
Départ à 10 h du soir continuer
le boyau jusqu’à 2 h du matin.
Dans l’après-midi, nous avons eu
la visite du Général Philippot. Il y a eu un BARBE au 42 de la classe 16 qui
est de Chaussin, il a eu le bras coupé à l ‘attaque du 16.
12 Août
Marcel en cherchant ses totos
s’est aperçu qu’il était garni de morpions : il les a
attrapés dans la saleté où nous vivons
13
Rien d’anormal.
14. Après midi, nous
sommes partis enrouler des bobines, mais nous n’y sommes pas restés 10 minutes car les 85 nous tombaient
dessus : un de ceux qui travaillaient à côté de nous est blessé.
15. Les boches bombardaient toujours au même endroit. Le type
qui a été blessé hier est mort. Deux autres ont été blessés. La sape où nous
avons passé les quatre premiers jours a reçu trois obus et s’est écroulée.
Le soir, un type qui partait en
perm a été tué par un obus de 88 sur la route de Perthes.
A 9 h nous sommes allés placer
des fils barbelés en avant des lignes jusqu’à 11h De 11 h à 13h, j’ai été de garde contre les
gaz.
A 13 h, je suis allé porter un pli au Q.G. du capitaine. C’était tellement noir que
j’ai failli aller trouver les boches ; heureusement qu’une fusée est venue
pour m’éclairer, je n’étais plus qu’à
16. rien d’anormal. 16
au soir, nous sommes descendus des lignes à 10 h du soir.
Départ du camp C à 13 h pour
arriver à Somme-Suippes à 17h.
Là, recommence la belle vie.
20. renfort de 15
hommes. J’étais désigné pour partir et tout seul de tous les copains. Comme
c’était pas mon tour, je suis allé rouspéter au bureau, et ils en ont mis un
autre à ma place. C’est pour dire, c’est toujours les plus bêtes qui trinquent.
Demain matin nous allons à la
revue du Général Gouraud.
21 à 15 h Revue par le Général Gourand et le Colonel du
42e de l’infanterie japonais. Défilé, musique en tête, remise des décorations.
C’était épatant mais plutôt fatigant car il ne faisait pas froid.
22. de garde toute la
journée et toute la nuit.
23 Départ en renfort
au 42. Arrivée au camp C à 19h. Après bien des maux, nous arrivons les deux
Marcel à être à la même compagnie, à la 10e mais voilà toujours
notre chance, justement il n’y a que cette compagnie qui est en ligne.
Nous sommes donc obligée de
repartir tout de suite pour les lignes.
Le lendemain, on nous affecte
dans nos escouades, et nous réussissons à nous mettre dans la même
escouade : nous sommes très bien ici mais voilà déjà quelques jours que
j’ai des coliques, il faudrait bien qu’elles se passent.
24, 25, 26, 27, 28.
Rien de nouveau à signaler. Nous sommes en réserve en 3e ligne et
nous ne risquons absolument rien. Il n’y a qu’hier que nous avons travaillé de
jour, et les boches nous on vus, aussi, ils nous ont envoyé quelques 105 qui sont tombés à
Dans la nuit du 29 au 30.
Les types du groupe franc ont tenté un coup de main, à 1 h et demie du matin
Tir de barrage par l’artillerie de 1h et demie à 2 h 10, le groupe franc est
sorti mais les boches étaient sur leur garde ; aussi le coup de main n’a
pas réussi.
Tout ce qu’ils ont gagné, c’est
qu’ils on eu 2 blessés et 4 disparus.
Dans la nuit du 30 au 31, et du 31 au 1er,
ils ont recommencé mais toujours résultat néant.
Le 1er,
à 5 h du matin, le groupe franc du 363e a tenté un coup de main qui a
réussi. Ils on ramené un sous-officier, un cabot et 4 poilus.
La nuit du 1er au 2,
nous avons passé la nuit aux créneaux les deux Marcel ; ce n’est guère le
filon de rester de 8 h du soir à 6 h du matin, debout derrière des sacs de
terre regarder les lignes boches sans bouger, une caisse de grenades à portée
de la main.
Cette nuit-là s’est bien passée.
La nuit du 2 au 3. Nous avons creusé une feuillée les deux Marcel.
A 3 h du matin, feu de barrage
par les boches à notre droite ; ils devaient préparer un coup de main,
mais les nôtres ont répondu de suite, une batterie de 75 lançait des obus à
Le reste de la nuit s’est bien
passé, on tuait des rats pour passer le temps.
Par exemple, nous n’avons pas
dormi longtemps. Réveil en sursaut par des torpilles à 9 h 30 trois qui sont tombés dans notre sape.
Tranchée complètement bouchée.
La première m’a réveillé en
sursaut, le déplacement d’air a fait tomber un clairon pendu au-dessus de moi
et qui m’est tombé sur le nez. Les deux
autres on éteint nos bougies.
Après les nôtres ont répondu et
nous avons été tranquilles le restant de la journée.
La nuit
du 3 au
Aussi, nous n’en pouvons plus de
sommeil.
Du 4 au 5. Nuit calme.
Relevés à 6 h.
De 6 à 8, de garde
poste observation. 9 h départ pour la soupe.
Retour à 11 h, 12 h 30
commençait à s’endormir. Réveil pour aller chercher du fil au matériel :
retour à 14 h. enroulage de bobines
jusqu’à 15 h .
A 15 h rassemblement pour le rapport à
A 4 h départ pour la soupe ; retour à 6 h
.
7 h enroulage des bobines.
A 9 h on part placer du fil, 45
bobines entre trois. Rentrés à minuit.
De garde de minuit à 2 h. A 4h
30, départ pour le jus.
Comment voulez–vous qu’on y
tienne, pas une minute de repos : si ça avait continué, toute la section
serai porter raide.
Le 6 au soir, à 8 h 30, nous partons en patrouille
dans un ravin à
On avait ordre de rester couché
là jusqu’à 3 h
A 10 h00, la position devenait
intenable, aussi le sergent nous donner ordre de nous replier lentement, En
même temps, on entendait les boches qui avançaient en coupant les fils et qui
cherchaient à nous contourner.
Quand ils ont vu qu’on se
repliait, obligés de faire
A 12h30, on nous a donné l’ordre
de retourner, mais on n’est pas retourné prendre les emplacements qu’on venait
avant, car tout le monde en avait marre. Nous sommes rentrés à 14 h.
Le 7 à 10 h, nous
sommes allés à la soupe, et nous avons été arrosés tout le long par des 210.
Personne de toucher. Il n’y a qu’un
bidon de pinard qui a été traversé par un éclat.
La journée du 7, nous avons eu
repos, lequel n’était pas volé car on ne tenait plus debout.
Le soir, nous ne sommes pas
retournés en patrouille, en place, nous avons déblayé une tranchée que les 210
boches avaient bouleversé.
Le 8,
rien d’anormal. Dans la nuit du 8 au 9, on a placé du fil barbelé.
Le 9, à 15 h,
préparation d’artillerie par les nôtres. Une section du 23 veut tenter un coup
de main, 15 h30, le feu de barrage continue, les boches répondent : un 105
tombe à l’entrée, le déplacement d’air m’a foutu par terre.
Jusqu’à 10 h rien
d’anormal : relève à 10 h0 15.
Arrivée au camp C à 2 h du
matin. Aussitôt arrivés, la garde jusqu’au midi, après nettoyage et douche.
Le coup de main que le
Les 10, 11, 12, 13, 14, nous avons passé au camp C. Nous en avons
profité pour nous nettoyer et pour nous reposer.
On jouait au tarot presque toute
la journée.
Le 14 au soir, nous
avons été relevés par une autre division dont le 14ème Alpin.
J’ai cherché à voir Marius mais
nous ne nous sommes pas rencontrés car il est monté en ligne directement et il
n’est pas passé au camp C.
Nous sommes partis à 9 h du soir
du camp C. en camions et nous avons fait à peu près
Là j’ai retrouvé tous les
Morêziens, Poncet, Ponard et les autres copains et nous buvons tous les soirs
ensemble.
Les 15, 16, et 17, nous nous sommes
nettoyés et changé d’effets : tous les soirs, nous avons concert et
quelquefois ciné.
Le 18 un peu
d’exercice, le 19 vaccination comme à Besançon, encore une chose qui ne plait
pas.
Le 20, repos car cette vaccination nous laisse sans
force.
21 21, 23, 24, et ainsi de suite, c’est la belle vie pour
nous, c’est le repos rêvé, nous toute sorte de distraction : concert,
ciné, bal !
Cette joyeuse vie a duré
jusqu’au 5.
Le 6, nous sommes
partis de Cheppy à midi en camions.
Arrivée à 5 h du soir à Génicourt,
un petit patelin qui se trouve à
Nous ne trouvons rien dans ce
patelin, mais le soir nous allons à Condé,
un village qui se trouve à
Le 6,
7, 8, nous avons aménagé le
cantonnement.
Le 8, 9, 10, 11, et 12, nous sommes allés faire un peu d’exercice, le
soir nous avons toujours concert.
Le 12 nous nous attendons à partir car le 23 est
parti dans la nuit, les boches ayant attaqué à Verdun.
Depuis que nous avons quitté Cheppy, la température à changé.
Un temps affreux et un froid terrible, ça sent l’hiver.
Le 13, 14, rien d’anormal, sauf un incendie dans un
cantonnement du 23.
Tout a été brûlé.
Le 15, à 10 h départ en camions.
Arrivée à Verdun
à 17 h.
Que de troupes dans cette
région.
Il y a 5 divisions. On peut dire
que c’est les ruines de Verdun, car il n’y a pas une maison qui n’ait pas été
touchée. On nous a logé dans les casernes de
Le soir à la tombée de la nuit,
il y avait au moins une centaine d’avions qui nous survolait, épatant :
Nous n’avons pas moisi dans ces casernes.
A 2 h du matin, départ,
Les boches ont attaqué tous ces
jours ; je ne sais pas s’ils vont continuer.
Pour le moment, nous sommes
complètement gelés, et nous n’avons pas encore fini. Pour nous distraire, nous
regardons tombes les obus tout autour de nous. Car toute la journée ça n’arrête
pas de taper et pas des petits. Un de ma section est blessé au genou par un
éclat de 210
Le soir à 19 h nous montons en
ligne, nous y arrivons à minuit.
Là pas de tranchée, que des
trous d’obus pleins d’eau et des macchabées.
Pour le moment, je suis dans un
trou d’obus avec deux autres. De la terre grasse jusqu’aux genoux, de la flotte
et plusieurs macchabée qui sentent mauvais : et je vais rester là 6 jours
et 6 nuits complètes sans pouvoir bouger, assis dans l’eau, impossible d’écrire
car les lettres ne partent pas depuis ici.
On nous apporte à mange une fois
par jour à minuit.
Voilà deux jours que nous n’avons rien mangé et
nous n’aurons rien à manger avant ce soir 17 à minuit. Quand aux boches, ils ne
sont pas méchants, ils sont à
Tout ce que nous craignons,
c’est l’artillerie qui n’arrête de taper jour et nuit des deux côtés.
Par bonheur, il ne pleut
pas mais la nuit, l’eau gèle autour de
nos pieds ; je me demande si je pourrai passer 6 jours comme ça.
Le 18 au matin, notre artillerie tire trop court,
un 75 tombe dans un trou d’obus à
Une minute après un autre obus
tombe encore plus près, encore pas touché, mais toute la fumée de la poudre, je
l’ai eu dans la bouche et j’ai failli être asphyxié mais j’ai pu me sauver et
je suis revenu quand l’artillerie a eu allongé son tir.
Un de mes copains a été tué
d’une balle en pleine tête en voulant porter un des blessés. Les boches ont cru
qu’on faisait un coup de main, ils étaient tous sur le parapet.
Le reste de la journée a été
calme, d’ailleurs il a plu toute la journée et toute la nuit sans arrêter. Nous
sommes trempés comme des canards, nous ne tenons plus debout.
A minuit, on nous apporté à
bouffer mais rien de chaud, pas même du jus.
Le 19 au matin, les boches nous font signe avec
leur béret mais nous nous méfions. Ils nous
montrent des paquets de cigarettes.
Pour nous passer la soif, nous
buvons de l’eau qui se trouve dans les trous d’obus, de l’eau toute jaune par
la poudre et les gaz et qui a passé sur les macchabées.
Le 19 à 17 h feu de barrage violent par notre artillerie qui a commencé
comme toujours par tirer trop court : les obus nous tombaient dessus,
avons dû quitter nos poste, encore un de tué par les 75 . le feu de barrage a
duré jusqu’à 18 h0. le reste de la nuit
calme
Le 20 au matin très calme sauf un avion boche qui est venu nous
mitrailler.
Le 20 au soir : froid
terrible, nous ne savons pas comment nous réchauffer. Marcel vient d’aller à la
visite et il est évacué pour les pieds gelés, que je voudrais être à sa place.
Le 21 au matin :
les boches nous disent bonjour et nous donnent des cigarettes et des cigares.
On leur donne du pain en échange. Le reste de la journée a été calme.
Le soir mes pieds me faisaient
mal, j’étais déjà content, je croyais que ça allait empirer dans la nuit mais
tout le contraire, ça a passé.
22 : 5 h du
matin, feux de barrage boches. J’ai eu un œil poché par un morceau de terre, on
croyait qu’ils allaient attaquer mais rien.
A 8 h, celui qui était avec moi est évacué. Je
reste seul ; il y a déjà plus de la moitié de la compagnie qui est
évacuée.
La relève est fixée pour 21 h je
reste donc seul, mais à 21 h personne, et pendant ce temps les boches
recevaient du renfort car ça n’arrêtait pas de marcher.
J’ai attendu jusqu’à minuit et
demi la relève.
Je redescends seul de l’escouade.
J’arrive à 3 h du matin au P.C.
de réserve de la compagnie et je
m’apprêtais à dormir, mais à 4 h du matin, les boches attaquent, il nous faut
donc remonter en lignes tout le long et sur le plateau et sous les 210 qui
tombaient à raison de deux à la seconde.
Nous arrivons au P.C. de
bataillon.
Là, je suis désigné comme
coureur du bataillon au Sous-Lieutenant. J’ai fait 3 fois le voyage aller et retour sur le
plateau toujours sous les 210 et les fusants. Pas de mal, sauf une bûche dans
une plaque de gadoue où je me suis trouvé caché complètement
A 6 h, les boches avançaient
toujours.
La 11è compagnie qui nous
relevait a été toute faite prisonnière. Nous remontons donc pour
contre-attaquer mais vu le faible effectif de notre compagnie, nous ne pouvons
pas. Nous maintenons donc nos positions malgré le feu de barrage violent des
boches jusqu’à 16 h30.
Les copains tombaient autour de
moi.
Enfin à 16h30, le 23, les deux autres bataillons du 42 contre-attaquent
et rejettent les boches dans leurs anciennes positions.
Le reste de la nuit et de la
journée du 24, nous les avons passé sur le qui-vive, une grenade dans chaque
main.
Enfin, le 24 à 20 h, nous sommes relevés par le 23e.
C’était temps car nous ne
tenions plus debout. Nous arrivons à minuit en réserve à
Le 26 à 7 h, nous
partons de
Le 26, 27 : nous nous reposons car nous en avons grand besoin
et nous avons pris une douche car nous avions plus de
Impossible d’y nettoyer, c’est trop sale, mais nous allons remonter,
alors inutile de se nettoyer car nous descendrons aussi sales.
Nous nous sommes contentés d’une bonne douche qui nous
a fait du bien.
Nous sommes à le redoute de
Froideterre où nous restons jusqu’au 30. Nous remontons en ligne dans la nuit du 30 au 31.
Départ à 17 h.
Arrivée à 22 h, mais pas au même
endroit ; à la cote 344,
mais c’est la même chose qu’à
Un peu plus loin des boches à
Nous avons passé 4 jours en
première ligne, 4 jours et 5 nuits sans dormir, assis dans un trou d’obus. Les
boches n’ont pas attaqué mais ils nous ont marmité tous les jours et ils nous
envoient les gaz tous les jours.
Nous avons le masque presque
toute la journée sur la figure et nous sommes obligés de jeter souvent le manger.
Le 3 au soir :
nous descendons en réserve de bataillon en 2ème ligne, mais nous
aurions préféré rester en première car de jour nous travaillons et le soir nous
portons à manger en première ligne.
Nous ne savons plus ce que c’est
que de dormir. Ici les gaz se font encore plus sentir, par moment, nous avons
des nausées et nous crachons le sang.
Voilà 3 jours que nous sommes
obligés de jeter la nourriture. Nous n’avons toujours pas d’abri.
Le 6 au soir :
nous allons en réserve de régiment à
De plus, voilà 3 jours qu’il
n’arrête de pleuvoir, nous sommes complètement traversés.
Le 10 au soir :
nous pensions être relevés, mais en guise de relève nous remontons en ligne
pour 4jours. Je pense bien qu’après ce sera la relève car nous ne tenons plus
debout.
Voilà 3 jours que je suis de
corvée de soupe,
De plus, ces gaz nous prennent à
la gorge et occasionnent des nausées et des vomissements mélangés de
coliques : beaucoup sont évacués, mais je n’ai pas cette chance.
Enfin, je crois que nous n’avons
plus que 2 jours à passer.
Le 13 dans la
journée ; très calme à part quelques torpilles qui tombaient autour du
P.C. de compagnie car les boches avaient des types se balader sur le plateau.
Le soir à minuit : une
patrouille a essayé de surprendre notre petit poste avancé mais ils se sont
heurtés à nos fils de fer : nous les avons reçus à coup de fusil et de
grenades. Ils sont presque tous restés sur le plateau.
Pour se venger, ils se sont mis
à nous envoyer des torpilles, l’une d’elles est tombée dans un petit poste de
grenadier à
Les trois types qui n’y
trouvaient ont été coupés en morceaux.
Pour les arrêter on a été obligé
de demander le feu de barrage.
Le reste de la nuit a été calme
ainsi que la journée du 14.
Extraits
du Journal des Marches et Opérations du 42e RI
Le 14 à 20 h nous
sommes relevés par le 23e.
Jamais nous avons eu une relève
aussi pénible et aussi dangereuse. Les boches ont dû entendre la relève car ils
ont commencé à nous asperger de 105 et de 88 ainsi que de 210.
De plus, il faisait une nuit
noire et un brouillard on n’y voyait pas
à un mètre devant.
Nous avons fait
C’est la première relève qui se
fait avec autant de pertes.
Maintenant, nous sommes en
réserve à
Le 15 à 17 h, nous
avons eu encore 3 tués et 2 blessés par un 210 qui est tombé sur la route au
moment où ils allaient à la corvée de soupe.
Dans la nuit, les boches ont
lancé des gaz mais ils ne sont pas venus jusqu’à nous. Par contre, ceux qui se
trouvaient en haut de
Le 16 au matin, il en
ai redescendu plus d’une centaine qui vomissaient tout le long de la route, ils
sont évacués.
Rien de nouveau dans la
journée du 16.
Le bruit court que nous allons
au repos demain. Si c’était au moins vrai !
Aujourd’hui j’ai voulu ma
débarrasser de mes totos, j’ai donc enlevé ma chemise. J’en ai tué 226 et la
chemise en était encore garnie.
J’ai donc été obligé de la
remettre telle puisqu’on n’en a pas pour se changer. Je resterai bien sans
chemise mais ce n’est pas la saison. C’est pour cela que nous réclamons le
repos à grands cris pour changer de linge car il nous il est tout à fait
impossible de dormir.
A force de nous gratter le corps
ne forme qu’une plaie.
Le 16 au soir, les boches ont
encore envoyé des gaz au sommet de
De la compagnie qui s’y
trouvait, il ne reste que le Capitaine et il ne voit plus clair, tout le reste
est évacué.
Le lendemain on nous envoyait à
l’endroit où se trouvait cette compagnie. On était chargé d’enlever tout ce qui
se trouvait dans ces abris.
Heureusement que le major se
trouvait sur les lieux et qu’il nous a défendu
d’entrer dans les abris, car celui qui y serait descendu sans appareil
Tissot n’en serait pas remonté. Aussi, nous nous sommes empressée de descendre
car la plupart d’entre nous commençaient déjà à vomir.
Le 18, nous avons
quitté
C’est à peu près la même chose.
La seule différence c’est que
nous avons de la flotte pour nous laver.
C’est déjà quelque chose. Nous
sommes partis de Froideterre
le 20 au soir pour venir coucher dans le grand collège de Verdun.
Là enfin, nous passons aux
douches et nous changeons de linge. Nous y restons 24 heures.
Le 22 départ en
camions à 15 h. avant le départ, défilé devant le drapeau, musique en tête
pendant que le canon tapait tout près.
Arrivée à Curel près de Joinville
le 23 à 6 h du matin,
Parti de Morez le 10 octobre.
Arrivé à Vaires le 11.
Arrivé à Formerie le 12 à Calais
le 13, à Petite-Synthe le 14.
Le régiment se trouve en ligne sur la gauche
du Kemmel, il a attaqué le 14, appuyé par l’artillerie de marine.
Le dépôt divisionnaire doit se
trouver du côté de St Omer,
mais nous l’attendons à Petite-Synthe,
4 jours à Petite-Synthe.
Le 19 au matin, départ
pour le régiment qui se trouve à Beveren, à
Là, nous sommes en réserve
d’armée.
Nous y restons 8 jours, nous en
partons au 29 au matin.
Après une marche de
A 6 h, nous repartons de
l’avant.
Après une marche de
Nous passons la journée du 30
dans cette ferme, le propriétaire nous vend ses lapins 2 pour
5 aussi le lapin rôtit toute la journée sur les brasiers au grand air,
nous avons trouvé une terrine de beurre fondu caché dans les cendres et comme
il y a des patates à profusion, nous faisons des frites toute la journée.
Nous aurions bien voulu que
cette vie dure longtemps.
Mais hélas, le 30 à 23 h départ pour les lignes et pour attaquer le lendemain
matin. Le brouillard était tellement épais que nous arrivons à nous perdre.
Nous faisons plus du double de chemin
que nous aurions dû faire.
Enfin nous arrivons en lignes à
4h du matin. Nous ne trouvons personne pour indiques les emplacements. Ceux que
nous devions relever n’avaient pas attendu la relève.
Aussi, en arrivant, faut-il
aller reconnaître si la maison qui est en face de nous est occupée par les
boches et c’est moi qui suis chargé de cette corvée. Après, en avoir le tour,
j’entre dans la maison et je descend à la cave muni de ma lampe électrique.
N’ayant trouvé personne, la section s’installe dans cette maison.
Nous en sortons à 5 h un quart,
car comme la maison se trouve à un carrefour, nous craignons que le feu de
barrage boche se fasse sur ce carrefour.
C’est d ‘ailleurs ce qui
est arrivé.
A 5 h 30, notre feu
roulant commence terrible à
A ce moment, mon copain le
Sergent Venne est blessé à côté de moi d’une balle à la tête Comme il est le
seul sergent à la section, c’est moi qui le remplace.
Nous faisons un nouveau bond en
avant et nous nous trouvons derrière un ruisseau où nous restons environ un
quart d’heure. Notre feu roulant se fait à nouveau devant nous, mais nous ne
recevons aucun obus boche.
A ce moment, nous recevons
l’ordre de faire un nouveau bond en avant, mais de ce fait, nous nous trouvons
un peu trop avancés.
De sorte qu’une mitrailleuse
boche nous prend de flanc depuis une maison qui se trouve sur notre gauche.
Nous avons beau être cachés par un ruisseau, les balles arrivent en plongeant.
Il n’y a pas 5 mn que nous sommes là que nous avons déjà 4 tués et blessés à la
section.
Il est 7 h. Holopherne
vient de recevoir une balle à la cheville il se trouve à
En voulant se retourner pour
regarder pour regarder sa blessure, il en reçoit une autre en pleine tête qui
le tue net. Voyant qu’il en tombait tout autour de moi, je me décidai à quitter
cet endroit dangereux.
C’est à ce moment que je reçus
un choc dans le dos.
Sans prendre le temps de me
déséquiper, je ne fis qu’un bond jusqu’au ruisseau prochain qui se trouvait à
50m. là , j’étais dans l’eau jusqu’aux genoux mais j’étais à l’abri des balles.
Là je pus me déséquiper :
la balle avait traversé mon sac, une boite de papier à lettres qui s’y trouvait
et tout mon linge.
La douleur était tellement
légère que je ne croyais pas être touché. Je me déshabillais et c’est un copain
qui me dit que j’étais touché.
Aller au poste de secours
n’était pas chose facile, il y avait à peu près
Je fis donc à peu près
Une auto-ambulance était prête à
partir. Comme elle était complète, je dus m’asseoir sur un bidon d’essence et nous partîmes pour
le groupe de brancardiers divisionnaire.
Pour comble de malheur, l’
Américain qui nous conduisait se trompa de route, si bien qu’au bout d’une
heure nous nous trouvions de nouveau en première ligne au milieu des
Américains. Il fallait donc faire demi-tour, la mitrailleuse crachait de tous
les côtés, et repartir à toute vitesse pour l’arrière.
Après 2 h d’auto, j’arrivai à
…zeghem.
Mais il fallait descendre
d’auto, je ne pouvais plus, mes reins ne voulaient plus me soutenir. Il a fallu
qu’on me pose sur un brancard.
De ….zeghem au camp de Staden la route mi parut longue
car étant couché, les reins me faisaient encore plus mal. Arrivé au camp de Staden, on ne voulu pas m’opérer,
on croyait que ma blessure n’était pas grave. Je restai 36 h au camp de Stades
et de là je pris le train pour le Sanatorium de Zuydcoote.
Là non plus on ne voulait pas
m’opérer, mais comme ça me faisait de
plus en plus mal, je refusait d’aller plus loin. Je fus donc opéré le 2
novembre à 17h. quand je me réveillai, le première chose que je demandai ce fut
ma balle : aussi je fus bien désappointé quand le chirurgien me dit qu’ils
ne l’avaient pas trouvée.
La balle avait bien été repérée
à la radio, mais celui qui marquait avait par inattention marqué plus bas
qu’elle ne se trouvait.
Je restai 4 jours à souffrir,
après j’allai un peu mieux.
Le 9 on m’enleva les
fils et le 11 à 11 h on m’opéra de nouveau.
Je me réveillais environ à 2h de
l’après-midi, j’avais vomi pendant mon sommeil, ma chemise était inondée d’une
bile jaunâtre. Je soufrais martyre, et pendant ce temps, là, les autres blessés
fêtaient l’armistice en buvant le champagne et en fumant le cigare.
C’est à ce moment que j’étais
entre la vie et la mort et je restai 4 jours et 4 nuits étend sur le dos, avec
défense de faire un mouvement : c’est ce qui me sauva.
Toutes les 2 h on me glissait
une cuillère de champagne dans la bouche, ce fut ma nourriture pendant 8 jours.
Comme on m’avait suturé de suite après l’opération, je ne souffris que pendant
4 jours.
Le 6ème jour, on
m’enleva les fils.
Ce n’est que le 8ème
jour, quand le Major vit que j’étais hors de danger, qu’il me dit que j’avais
été si près de la mort.
Heureusement qu’il ne me la pas dit le jour que j’étais
opéré car rien que l’appréhension aurait pu m’être funeste. Enfin : le 8ème
jour j’étais à peu près hors de danger, et depuis c’est toujours allé de mieux
en mieux.
Je restai au Sanatorium jusqu’au
décembre, de là on m’envoya à Dieppe.
Un petit hôpital civil où nous
sommes bien nourris et où nous avons toute notre liberté.
Par exemple, ceux qui sont bien
blessés ne sont pas bien, car les soins laissent plutôt à désirer.
Le Major est plutôt médecin que
chirurgien et il s’occupe très peu de nous ;
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