Carnets de guerre de Jules BARBE

du 42e  régiment d’infanterie (dit « Les As »)

 

La 14ème division d'infanterie était appelée "division des As"; elle comprenait le 35e RI (as de trèfle), 42e RI (as de carreau), 44e RI (as de pique), 60e RI (as de coeur) ; ces insignes étaient représentés sur leur drapeau

 

 

«  Ce carnet est la transcription de 2 petits carnets écrits au crayon dans les tranchées ou au repos, cela s'effaçait avec le temps, je les ai d'abord tapé à la machine, puis comme j'écris quelques livres à compte d'auteur sur la chasse à la bécasse, j'ai pensé que ce carnet édité en 2001 pourrait intéresser ma famille.

Je vous en joins un exemplaire, je ne pense pas que tout sera à publier; choisissez ce qui est intéressant pour le "devoir de mémoire", je n'en ai pratiquement pas vendu: comme l'impression n'est pas donnée, si vous pensez que je peux en vendre quelques uns, le prix est de 20 euros franco de port. »

Jean-Claude BARBE, septembre 2009

 

Si vous désirez acheter un exemplaire du carnet, envoyez votre demande à : Jean-Claude BARBE

 

 

 

 

 

Premier carnet de route

 

Juillet 1917

Départ de Chainoy, le 12 juillet  1917, à 7 h du matin.

Arrivée à Troyes à 13 h 15, passé à Chalons-sur–Marne, camp de Mailly, Suippe-Somme-Suippe.

Arrivée à Somme-Tourbe à 19h.

Départ de Somme-Tourbe à 11 h : 15 km à pied.

Arrivée au camp Goffre à minuit où nous y avons passé la nuit.

 

Départ du camp Goffre le 13 juillet à 13 h.

Arrivée à Auve, en Champagne, à 16 h où nous avons trouvé le dépôt divisionnaire du 42 et le régiment qui y était au repos.

Nous avons fait le 14 juillet dans ce petit village.

 

Le 13 juillet, à  19 h, concert par la musique du 42e

 

Le 14 juillet, après midi, jeux, chants, concert : le soir nous avons eu champagne, cigare.

 

Départ d’Auve en Champagne le 15 juillet à 2 h du matin : 18 km à pied.

Arrivée au camp de Lalene Laprade à 9 h du matin où le dépôt divisionnaire est installé.

Ce camp est situé au sommet d’une colline à 5 km des lignes. Nous sommes bombardés assez fréquemment par les avions qui nous lancent des gaz asphyxiants, aussi, nous avons toujours notre masque avec nous.

Ici, nous y faisons l’exercice comme à Chainoy.

Tous les jours nous avons la visite des avions boches qui nous lancent des bombes : ils viennent principalement la nuit et nous assistons quelquefois à des duels entre avions.

 

22 Juillet

Dimanche les boches nous ont envoyé des ballonnets où il y avait des journaux Les   avions prenaient plaisir à les brûler avec leurs mitrailleuses.

 

23 Juillet

Réveil en fanfare par une préparation d’artillerie.

Tracas épouvantable qui a dura jusqu’à midi.

 

25 Juillet Départ du camp Lalene Laprade à  14 h par une chaleur accablante ; 5 km à pied sans aucune pose avec chargement complet Chemise, caleçon, pantalon, veste, capote, tout était traversé par la sueur. Les yeux nous brûlaient et on n’y voyait plus clair.

Arrivée au camp de Somme-Suippes à 15 h 30.

Aussitôt arrivés, il a fallu aller  jusqu’à Suippes au pas de gymnastique pour assister à l’enterrement du sous-Lieutenant Jacquet tué dans un coup de main.

On  nous a fait rester pendant une demi heure en plein courant d’air et au « présentez armes » ; c’était pour nous sécher…

Ensuite, nous sommes allés à l’église. Là il nous a fallu rester également au « présentez armes » et nous avons essuyé un orage terrible ; après nous sommes allés au cimetière.

Ce camp de Somme-Suippes à 500 m de Suippes.

Nous sommes toujours à peu près à la même distance de lignes, mais nous sommes mieux qu’au camp Lalene car c’est mieux installé. Nous sommes logés dans des baraques Adrian.

 

26 Juillet

A midi, un avion nous a survolés, il a lancé une bombe qui est tombée à 1  mètre de notre camp. Le soir, nous sommes allés à Suippes.

On a voulu acheter du dessert. Une livre de raisin 1,75 une livre de pêches 1,60 !

C’est bon pour une fois.

 

27 Juillet

Encore une bombe qui est tombée tout près de notre camp.

Août 1917

4 Août

Départ de Somme-Suippes à  5 h du soir.

Moi, comme  F M …Marcel comme grenadier.

Départ fertile en émotions.

Deux de ceux qui devaient partir se sont barrés à Suippes et sont rentrés une demi-heure après l’heure du départ fixé. Comme on n’était pas parti on les a équipés.

Punition : 8 jours de prison et envoyés à la compagnie de discipline ; 3 autres ne voulaient pas partir, se sont presque battus avec le Lieutenant. Punition : 8 jours de prison et envoyés à la compagnie de discipline.

Pour chef de détachement, deux sergents aussi pleins l’un que l’autre.

A la sortie de Suippes ils s’engueulent tous les deux pour le commandement et se battent.

 

Arrivée au camp D 2 à 8h et demi au lieu de  6 h et demie.

Là on en laisse trois qui ne pouvaient plus marcher. Après, on perd le sergent qui s’est endormi le long de la route

On a fait 10 km sur une route boueuse et 8 km dans les boyaux avec de la boue jusqu’aux genoux. Arrivée en première ligne à 4 h du matin.

Couchés dans une sape jusqu’à 9 h du matin.

Départ pour la soupe 10 km aller retour de boyaux pour aller à la soupe, 2 h et demi pour faire le voyage : soupe chaude et café aussi.

Après la soupe, enroulage  de bobines jusqu’à 9 h. juste une demi-heure d’arrêt pour manger la soupe. Couché de 9 h à minuit. Départ à minuit placer du fil en avant des lignes.

On entendait les boches qui chantaient.

 

Retour à 2 h. a 3 h, alerte jusqu’à  4 h. De 4 à 6 h  on roupille.

De 6 h à 9 h, enroulage des bobines.

Après la soupe, on a travaillé un peu jusqu’ 5 h.

De 5 à 9 on a roupillé. De 9 à 2 h du matin on est allé réparer un parapet à l’extrémité de la première ligne.

Les mitrailleuses nous tiraient  dessus mais pas de mal.

De 2 h à 3 h repos. De 3 à 4 alerte pour les gaz.

A 5 h, départ pour le jus.

De 7 à 9 h et demi, nettoyage des boyaux. Après la soupe, enroulage des bobines.

J’oubliais de mettre que nous sommes partis de Somme-Suippes sans aucune arme, ni cartouche et voilà 5 jours que nous tenons les lignes avec un masque et un ceinturon pour se défendre.

 

Le 8 au soir, nous sommes allés placer des fils barbelés dans un ravin en avant des lignes, les boches en faisaient autant à 40 m de nous et par un beau clair de lune.

 

Le 9

Repos toute la journée qui est bien gagné car on avait sommeil. Le soir, nous partons à la nuit construire un nouveau boyau en avant des lignes. Un peu avant la nuit un avion boche abat deux de nos saucisses en l’espace de 10 minutes.

10

Rien d’anormal.

Départ à 10 h du soir continuer le boyau jusqu’à 2 h du matin.

Dans l’après-midi, nous avons eu la visite du Général Philippot. Il y a eu un BARBE au 42 de la classe 16 qui est de Chaussin, il a eu le bras coupé à l ‘attaque du 16.

 

12 Août

Marcel en cherchant ses totos s’est aperçu qu’il était garni de morpions : il  les a  attrapés dans la saleté où nous vivons

13

Rien d’anormal.

 

14. Après midi, nous sommes partis enrouler des bobines, mais nous n’y sommes pas restés  10 minutes car les 85 nous tombaient dessus : un de ceux qui travaillaient à côté de nous est blessé.

 

 15. Les boches bombardaient toujours au même endroit. Le type qui a été blessé hier est mort. Deux autres ont été blessés. La sape où nous avons passé les quatre premiers jours a reçu trois obus et s’est écroulée.

Le soir, un type qui partait en perm a été tué par un obus de 88 sur la route de Perthes.

A 9 h nous sommes allés placer des fils barbelés en avant des lignes jusqu’à 11h  De 11 h à 13h, j’ai été de garde contre les gaz.

A  13 h, je suis allé porter un pli au  Q.G. du capitaine. C’était tellement noir que j’ai failli aller trouver les boches ; heureusement qu’une fusée est venue pour m’éclairer, je n’étais plus qu’à  30 m du petit poste boche. Demi tour en vitesse.

 

16. rien d’anormal. 16 au soir, nous sommes descendus des lignes à 10 h du soir.  18 km à pies dont 8 dans les boyaux. Arrivée au camp C à 4 h du matin.

Départ du camp C à 13 h pour arriver à Somme-Suippes à 17h.

Là, recommence la belle vie.

 

20. renfort de 15 hommes. J’étais désigné pour partir et tout seul de tous les copains. Comme c’était pas mon tour, je suis allé rouspéter au bureau, et ils en ont mis un autre à ma place. C’est pour dire, c’est toujours les plus bêtes qui trinquent.

Demain matin nous allons à la revue du Général Gouraud.

 

21 à 15 h  Revue par le Général Gourand et le Colonel du 42e de l’infanterie japonais. Défilé, musique en tête, remise des décorations. C’était épatant mais plutôt fatigant car il ne faisait pas froid.

 

22. de garde toute la journée et toute la nuit.

 

23 Départ en renfort au 42. Arrivée au camp C à 19h. Après bien des maux, nous arrivons les deux Marcel à être à la même compagnie, à la 10e mais voilà toujours notre chance, justement il n’y a que cette compagnie qui est en ligne.

Nous sommes donc obligée de repartir tout de suite pour les lignes. 10 km à s’appuyer pendant que les autres se reposent.

 

Le lendemain, on nous affecte dans nos escouades, et nous réussissons à nous mettre dans la même escouade : nous sommes très bien ici mais voilà déjà quelques jours que j’ai des coliques, il faudrait bien qu’elles se passent.

 

24, 25, 26, 27, 28. Rien de nouveau à signaler. Nous sommes en réserve en 3e ligne et nous ne risquons absolument rien. Il n’y a qu’hier que nous avons travaillé de jour, et les boches nous on vus, aussi, ils nous ont envoyé quelques  105 qui sont tombés à 20 m, trop court

 

Dans la nuit du 29 au 30. Les types du groupe franc ont tenté un coup de main, à 1 h et demie du matin Tir de barrage par l’artillerie de 1h et demie à 2 h 10, le groupe franc est sorti mais les boches étaient sur leur garde ; aussi le coup de main n’a pas réussi.

Tout ce qu’ils ont gagné, c’est qu’ils on eu 2 blessés et  4 disparus.

 

Dans la nuit du 30 au 31, et du 31 au 1er, ils ont recommencé mais toujours résultat néant.

Septembre 1917

Le 1er, à  5 h du matin, le groupe franc du  363e a tenté un coup de main qui a réussi. Ils on ramené un sous-officier, un cabot et 4 poilus.

La nuit du 1er au 2, nous avons passé la nuit aux créneaux les deux Marcel ; ce n’est guère le filon de rester de 8 h du soir à 6 h du matin, debout derrière des sacs de terre regarder les lignes boches sans bouger, une caisse de grenades à portée de la main.

Cette nuit-là s’est bien passée.

 

La nuit du 2 au 3. Nous avons creusé une feuillée les deux Marcel.

A 3 h du matin, feu de barrage par les boches à notre droite ; ils devaient préparer un coup de main, mais les nôtres ont répondu de suite, une batterie de  75 lançait des obus à 10 m en avant de notre abri, aussi nous avons envoyé immédiatement une fusée pour allonger le tir.

Le reste de la nuit s’est bien passé, on tuait des rats pour passer le temps.

Par exemple, nous n’avons pas dormi longtemps. Réveil en sursaut par des torpilles à 9 h 30  trois qui sont tombés dans notre sape.

Tranchée complètement bouchée.

La première m’a réveillé en sursaut, le déplacement d’air a fait tomber un clairon pendu au-dessus de moi et qui  m’est tombé sur le nez. Les deux autres on éteint nos bougies.

Après les nôtres ont répondu et nous avons été tranquilles le restant de la journée.

 

 La nuit du 3 au 4 a été très calme. Les fritz avaient dû faire la bombe car ils ont chanté toute la nuit : maintenant ils ne se contentent pas de nous faire prendre la garde toute la nuit, ils nous la font prendre encore de jour.

Aussi, nous n’en pouvons plus de sommeil.

 

Du 4 au 5. Nuit calme.

Relevés à 6 h.

 

De 6 à 8, de garde poste observation. 9 h départ pour la soupe.

Retour à 11 h, 12 h 30 commençait à s’endormir. Réveil pour aller chercher du fil au matériel : retour à  14 h. enroulage de bobines jusqu’à  15 h .

A  15 h rassemblement pour le rapport à 30 m des boches.

A  4 h départ pour la soupe ; retour à 6 h .

7 h enroulage des bobines.

A 9 h on part placer du fil, 45 bobines  entre trois. Rentrés à minuit.

De garde de minuit à 2 h. A 4h 30, départ pour le jus.

Comment voulez–vous qu’on y tienne, pas une minute de repos : si ça avait continué, toute la section serai porter raide.

 

Le 6  au soir, à 8 h 30, nous partons en patrouille dans un ravin à 20 m des lignes boches. Ils avaient dû nous voir car à 9 h, ils ont commencé à nous envoyer des bombes à ailettes qui tombaient à 1 m de nous.

On avait ordre de rester couché là jusqu’à 3 h

A 10 h00, la position devenait intenable, aussi le sergent nous donner ordre de nous replier lentement, En même temps, on entendait les boches qui avançaient en coupant les fils et qui cherchaient à nous contourner.

Quand ils ont vu qu’on se repliait, obligés de faire 150 m sur le plateau au milieu des torpilles bombes et rafales de mitrailleuses. Par un miracle, aucun homme de touché. Il n’y a que Marcel qui s’est blessé la main dans une chute. Le bombardement à duré jusqu’à minuit.

A 12h30, on nous a donné l’ordre de retourner, mais on n’est pas retourné prendre les emplacements qu’on venait avant, car tout le monde en avait marre. Nous sommes rentrés à 14 h.

 

Le 7 à 10 h, nous sommes allés à la soupe, et nous avons été arrosés tout le long par des 210. Personne  de toucher. Il n’y a qu’un bidon de pinard qui a été traversé par un éclat.

La journée du 7, nous avons eu repos, lequel n’était pas volé car on ne tenait plus debout.

Le soir, nous ne sommes pas retournés en patrouille, en place, nous avons déblayé une tranchée que les 210 boches avaient bouleversé.

 

 Le 8, rien d’anormal. Dans la nuit du 8 au 9, on a placé du fil barbelé.

 

Le 9, à 15 h, préparation d’artillerie par les nôtres. Une section du 23 veut tenter un coup de main, 15 h30, le feu de barrage continue, les boches répondent : un 105 tombe à l’entrée, le déplacement d’air m’a foutu par terre.

Jusqu’à 10 h rien d’anormal : relève à 10 h0 15.

Arrivée au camp C à 2 h du matin. Aussitôt arrivés, la garde jusqu’au midi,  après nettoyage et douche.

Le coup de main que le 23 a fait a très bien réussi. Sont allés jusqu’en 2ème ligne boche sans perte, ramené deux prisonniers.

 

Les 10, 11, 12, 13, 14,  nous avons passé au camp C. Nous en avons profité pour nous nettoyer et pour nous reposer.

On jouait au tarot presque toute la journée.

 

Le 14 au soir, nous avons été relevés par une autre division dont le 14ème Alpin.

J’ai cherché à voir Marius mais nous ne nous sommes pas rencontrés car il est monté en ligne directement et il n’est pas passé au camp C.

Nous sommes partis à 9 h du soir du camp C. en camions et nous avons fait à peu près  80 km. Arrivés dans le petit patelin où nous sommes à 5 h du matin. Ce petit  patelin nommé Cheppy se trouve à 8 km de Châlons. Nous couchons dans les granges.

Là j’ai retrouvé tous les Morêziens, Poncet, Ponard et les autres copains et nous buvons tous les soirs ensemble.

 

Les 15, 16,  et 17,  nous nous sommes nettoyés et changé d’effets : tous les soirs, nous avons concert et quelquefois ciné.

 

Le 18 un peu d’exercice, le 19 vaccination comme à Besançon, encore une chose qui ne plait pas.

 

Le 20,  repos car cette vaccination nous laisse sans force.

 

21 21, 23, 24,   et ainsi de suite, c’est la belle vie pour nous, c’est le repos rêvé, nous toute sorte de distraction : concert, ciné, bal !

Cette joyeuse vie a duré jusqu’au 5.

Octobre 1917 : Verdun, côte du Poivre

Le 6, nous sommes partis de Cheppy  à midi en camions.

Arrivée à 5 h du soir  à Génicourt, un petit patelin qui se trouve à 15 km de Bar-le-Duc. Cette fois nous avons quitté la craie et nous sommes dans la Meuse.

Nous ne trouvons rien dans ce patelin, mais le soir nous allons à Condé, un village qui se trouve à 800 m où nous trouvons tout.

 

 Le 6, 7, 8,  nous avons aménagé le cantonnement.

 

Le 8, 9, 10, 11, et 12,  nous sommes allés faire un peu d’exercice, le soir nous avons toujours concert.

 

Le 12  nous nous attendons à partir car le 23 est parti dans la nuit, les boches ayant attaqué à Verdun.

 

Depuis que nous avons quitté Cheppy, la température à changé. Un temps affreux et un froid terrible, ça sent l’hiver.

 

Le 13, 14,  rien d’anormal, sauf un incendie dans un cantonnement du 23.

Tout a été brûlé.

 

Le 15,  à 10 h départ en camions.

Arrivée à  Verdun à 17 h.

Que de troupes dans cette région.

Il y a 5 divisions. On peut dire que c’est les ruines de Verdun, car il n’y a pas une maison qui n’ait pas été touchée. On nous a logé dans les casernes de la Citadelle.

Le soir à la tombée de la nuit, il y avait au moins une centaine d’avions qui nous survolait, épatant : Nous n’avons pas moisi dans ces casernes.

A 2 h du matin, départ, 12 km à pied : arrivée à  6 h du matin à le côte du Poivre, là ce n’est plus comme à Lalene, pas une tranchée, ni abri, que les trous d’obus. Nous avons pu trouver les deux le Marcel, un ancien abri de 75 où nous pouvons rester jusqu’à ce soir car nous montons en ligne ce soir.

Les boches ont attaqué tous ces jours ; je ne sais pas s’ils vont continuer.

Pour le moment, nous sommes complètement gelés, et nous n’avons pas encore fini. Pour nous distraire, nous regardons tombes les obus tout autour de nous. Car toute la journée ça n’arrête pas de taper et pas des petits. Un de ma section est blessé au genou par un éclat de 210

Le soir à 19 h nous montons en ligne, nous y arrivons à minuit.

Là pas de tranchée, que des trous d’obus pleins d’eau et des macchabées.

Pour le moment, je suis dans un trou d’obus avec deux autres. De la terre grasse jusqu’aux genoux, de la flotte et plusieurs macchabée qui sentent mauvais : et je vais rester là 6 jours et 6 nuits complètes sans pouvoir bouger, assis dans l’eau, impossible d’écrire car les lettres ne partent pas depuis ici.

On nous apporte à mange une fois par jour à minuit.

 

Voilà  deux jours que nous n’avons rien mangé et nous n’aurons rien à manger avant ce soir 17 à minuit. Quand aux boches, ils ne sont pas méchants, ils sont à 20 m de nous dans des trous d’obus également, on pourrait se parler. On ne se tire pas dessus car on est trop près et on se voit comme sur un plateau.

Tout ce que nous craignons, c’est l’artillerie qui n’arrête de taper jour et nuit des deux côtés.

Par bonheur, il ne pleut pas  mais la nuit, l’eau gèle autour de nos pieds ; je me demande si je pourrai passer 6 jours comme ça.

 

Le 18  au matin, notre artillerie tire trop court, un 75 tombe dans un trou d’obus à 1 m de moi où il y avait une section, 4 d’amochés, moi ça m’a tout recouvert de terre, mais point de mal.

Une minute après un autre obus tombe encore plus près, encore pas touché, mais toute la fumée de la poudre, je l’ai eu dans la bouche et j’ai failli être asphyxié mais j’ai pu me sauver et je suis revenu quand l’artillerie a eu allongé son tir.

Un de mes copains a été tué d’une balle en pleine tête en voulant porter un des blessés. Les boches ont cru qu’on faisait un coup de main, ils étaient tous sur le parapet.

Le reste de la journée a été calme, d’ailleurs il a plu toute la journée et toute la nuit sans arrêter. Nous sommes trempés comme des canards, nous ne tenons plus debout.

A minuit, on nous apporté à bouffer mais rien de chaud, pas même du jus.

 

Le 19  au matin, les boches nous font signe avec leur béret  mais nous nous méfions. Ils nous montrent des paquets de cigarettes.

Pour nous passer la soif, nous buvons de l’eau qui se trouve dans les trous d’obus, de l’eau toute jaune par la poudre et les gaz et qui a passé sur les macchabées.

Le 19 à 17 h   feu de barrage violent par notre artillerie qui a commencé comme toujours par tirer trop court : les obus nous tombaient dessus, avons dû quitter nos poste, encore un de tué par les 75 . le feu de barrage a duré jusqu’à  18 h0. le reste de la nuit calme

 

Le 20  au matin  très calme  sauf un avion boche qui est venu nous mitrailler.

Le 20 au soir : froid terrible, nous ne savons pas comment nous réchauffer. Marcel vient d’aller à la visite et il est évacué pour les pieds gelés, que je voudrais être à sa place.

 

Le 21 au matin : les boches nous disent bonjour et nous donnent des cigarettes et des cigares. On leur donne du pain en échange. Le reste de la journée a été calme.

Le soir mes pieds me faisaient mal, j’étais déjà content, je croyais que ça allait empirer dans la nuit mais tout le contraire, ça a passé.

 

22 : 5 h du matin, feux de barrage boches. J’ai eu un œil poché par un morceau de terre, on croyait qu’ils allaient attaquer mais rien.

A  8 h, celui qui était avec moi est évacué. Je reste seul ; il y a déjà plus de la moitié de la compagnie qui est évacuée.

La relève est fixée pour 21 h je reste donc seul, mais à 21 h personne, et pendant ce temps les boches recevaient du renfort car ça n’arrêtait pas de marcher.

J’ai attendu jusqu’à minuit et demi la relève.

Je redescends seul de l’escouade.

J’arrive à 3 h du matin au P.C. de réserve  de la compagnie et je m’apprêtais à dormir, mais à 4 h du matin, les boches attaquent, il nous faut donc remonter en lignes tout le long et sur le plateau et sous les 210 qui tombaient à raison de deux à la seconde.

Nous arrivons au P.C. de bataillon.

Là, je suis désigné comme coureur du bataillon au Sous-Lieutenant. J’ai fait  3 fois le voyage aller et retour sur le plateau toujours sous les 210 et les fusants. Pas de mal, sauf une bûche dans une plaque de gadoue où je me suis trouvé caché complètement

 

A 6 h, les boches avançaient toujours.

La 11è compagnie qui nous relevait a été toute faite prisonnière. Nous remontons donc pour contre-attaquer mais vu le faible effectif de notre compagnie, nous ne pouvons pas. Nous maintenons donc nos positions malgré le feu de barrage violent des boches jusqu’à  16 h30.

Les copains tombaient autour de moi.

Enfin à 16h30, le 23, les deux autres bataillons du 42 contre-attaquent et rejettent les boches dans leurs anciennes positions.

Le reste de la nuit et de la journée du 24, nous les avons passé sur le qui-vive, une grenade dans chaque main.

 

Enfin, le 24 à 20 h, nous sommes relevés par le 23e.

C’était temps car nous ne tenions plus debout. Nous arrivons à minuit en réserve à la Côte du Poivre. A 4h du matin, le 25, les cuisines arrivent, nous étions restés 72 h sans manger.

 

Le 26 à 7 h, nous partons de la Côte du Poivre et nous arrivons à Belleville à 10. Là, nous sommes derrière les batteries.

 

Le  26, 27 : nous nous reposons car nous en avons grand besoin et nous avons pris une douche car nous avions plus de 2 cm de terre sur la figure, les vêtements et les armes.

Impossible d’y nettoyer,  c’est trop sale, mais nous allons remonter, alors inutile de se nettoyer car nous descendrons aussi sales.

Nous nous  sommes contentés d’une bonne douche qui nous a fait du bien.

Nous sommes à le redoute de Froideterre où nous restons jusqu’au 30. Nous remontons en ligne dans la nuit du 30 au 31.

Départ à 17 h.

Arrivée à 22 h, mais pas au même endroit ; à la cote 344, mais c’est la même chose qu’à la Côte du Poivre nous sommes toujours dans des trous d’obus sans abri, de la boue jusqu’au  ventre.

Un peu plus loin des boches à 100 m mais c’est plus dangereux car on se tire dessus et ils nous lancent des torpilles.

Nous avons passé 4 jours en première ligne, 4 jours et 5 nuits sans dormir, assis dans un trou d’obus. Les boches n’ont pas attaqué mais ils nous ont marmité tous les jours et ils nous envoient les gaz tous les jours.

Nous avons le masque presque toute la journée sur la figure et nous sommes obligés de jeter souvent le  manger.

 

Novembre 1917 : Cote 344, Mormont

 

Le 3 au soir : nous descendons en réserve de bataillon en 2ème ligne, mais nous aurions préféré rester en première car de jour nous travaillons et le soir nous portons à manger en première ligne.

Nous ne savons plus ce que c’est que de dormir. Ici les gaz se font encore plus sentir, par moment, nous avons des nausées et nous crachons le sang.

Voilà 3 jours que nous sommes obligés de jeter la nourriture. Nous n’avons toujours pas d’abri.

 

Le 6 au soir : nous allons en réserve de régiment à 100 m plus loin. Nous sommes encore plus mal qu’avant, nous n’avons toujours pas d’abri, nous sommes par deux sous une toile de tente et le soir, nous allons travailler en ligne de 17 h à 4 h du matin.

De plus, voilà 3 jours qu’il n’arrête de pleuvoir, nous sommes complètement traversés.

 

Le 10 au soir : nous pensions être relevés, mais en guise de relève nous remontons en ligne pour 4jours. Je pense bien qu’après ce sera la relève car nous ne tenons plus debout.

Voilà 3 jours que je suis de corvée de soupe, 10 km aller et  retour dans un boyau avec de la boue jusqu’aux genoux et pour rementer12 boules de pain sur les reins et 20 litres de pinard. De plus, les boches nous envoient tous les soirs des gaz au moment de la soupe, aussi nous sommes obligés de jeter le rata, nous ne pouvons garder que le pinard et la gnole, ainsi que le jus.

De plus, ces gaz nous prennent à la gorge et occasionnent des nausées et des vomissements mélangés de coliques : beaucoup sont évacués, mais je n’ai pas cette chance.

Enfin, je crois que nous n’avons plus que 2 jours à passer.

 

Le 13 dans la journée ; très calme à part quelques torpilles qui tombaient autour du P.C. de compagnie car les boches avaient des types se balader sur le plateau.

Le soir à minuit : une patrouille a essayé de surprendre notre petit poste avancé mais ils se sont heurtés à nos fils de fer : nous les avons reçus à coup de fusil et de grenades. Ils sont presque tous restés sur le plateau.

Pour se venger, ils se sont mis à nous envoyer des torpilles, l’une d’elles est tombée dans un petit poste de grenadier à 10 m de moi.

Les trois types qui n’y trouvaient ont été coupés en morceaux.

Pour les arrêter on a été obligé de demander le feu de barrage.

Le reste de la nuit a été calme ainsi que la journée du 14.

 

Extraits du Journal des Marches et Opérations du 42e RI

 

Le 14 à 20 h nous sommes relevés par le 23e.

Jamais nous avons eu une relève aussi pénible et aussi dangereuse. Les boches ont dû entendre la relève car ils ont commencé à nous asperger de 105 et de 88 ainsi que de 210.

De plus, il faisait une nuit noire et un brouillard  on n’y voyait pas à un mètre devant.

Nous avons fait 9 km presque tout le long au pas de course, ce n’était pas le moment de traîner. Dans la compagnie, nous avons eu une quarantaine de blessés et 10 tués pendant la relève.

C’est la première relève qui se fait avec autant de pertes.

Maintenant, nous sommes en réserve à la Côte du Poivre dans le bas. Nous craignons bien plus les obus qu’en ligne car les 210 n’arrêtent de pleuvoir, mais nous avons des sapes sur lesquelles les obus ne peuvent rien.

 

Le 15 à 17 h, nous avons eu encore 3 tués et 2 blessés par un 210 qui est tombé sur la route au moment où ils allaient à la corvée de soupe.

Dans la nuit, les boches ont lancé des gaz mais ils ne sont pas venus jusqu’à nous. Par contre, ceux qui se trouvaient en haut de la Côte du Poivre ont pris quelque chose.

 

Le 16 au matin, il en ai redescendu plus d’une centaine qui vomissaient tout le long de la route, ils sont évacués.

Rien de nouveau dans la journée du 16.

Le bruit court que nous allons au repos demain. Si c’était au moins vrai !

Aujourd’hui j’ai voulu ma débarrasser de mes totos, j’ai donc enlevé ma chemise. J’en ai tué 226 et la chemise en était encore garnie.

J’ai donc été obligé de la remettre telle puisqu’on n’en a pas pour se changer. Je resterai bien sans chemise mais ce n’est pas la saison. C’est pour cela que nous réclamons le repos à grands cris pour changer de linge car il nous il est tout à fait impossible de dormir.

A force de nous gratter le corps ne forme qu’une plaie.

Le 16 au soir, les boches ont encore envoyé des gaz au sommet de la Côte du Poivre.

De la compagnie qui s’y trouvait, il ne reste que le Capitaine et il ne voit plus clair, tout le reste est évacué.

Le lendemain on nous envoyait à l’endroit où se trouvait cette compagnie. On était chargé d’enlever tout ce qui se trouvait dans ces abris.

Heureusement que le major se trouvait sur les lieux et qu’il nous a défendu  d’entrer dans les abris, car celui qui y serait descendu sans appareil Tissot n’en serait pas remonté. Aussi, nous nous sommes empressée de descendre car la plupart d’entre nous commençaient déjà à vomir.

 

Le 18, nous avons quitté la Côte du Poivre pour aller s’installer à la redoute de Froideterre.

C’est à peu près la même chose.

La seule différence c’est que nous avons de la flotte pour nous laver.

C’est déjà quelque chose. Nous sommes partis de Froideterre le 20 au soir pour venir coucher dans le grand collège de Verdun.

Là enfin, nous passons aux douches et nous changeons de linge. Nous y restons 24 heures.

 

Le 22 départ en camions à 15 h. avant le départ, défilé devant le drapeau, musique en tête pendant que le canon tapait tout près.

Arrivée à Curel près de Joinville le 23 à 6 h du matin, 120 km en camions,

 

 

Second carnet de route

 

 

Octobre 1918 : Les Flandres, la blessure

 

Parti de Morez le 10 octobre.

Arrivé à Vaires le 11.

Arrivé à Formerie le 12 à Calais le 13, à Petite-Synthe le 14.

 Le régiment se trouve en ligne sur la gauche du Kemmel, il a attaqué le 14, appuyé par l’artillerie de marine.

Le dépôt divisionnaire doit se trouver du côté de St Omer, mais nous l’attendons à Petite-Synthe, 4 jours à Petite-Synthe.

 

Le 19 au matin, départ pour le régiment  qui se trouve à Beveren, à 3 km de Roulers qu’il avait pris quelques jours avant.

Là, nous sommes en réserve d’armée.

Nous y restons 8 jours, nous en partons au 29 au matin.

Après  une marche de 26 km, nous nous arrêtons à midi près d’une ferme. Une heure après, les roulantes nous apportaient la soupe et après nous nous reposons jusqu’à 6 h.

A 6 h, nous repartons de l’avant.

Après une marche de 17 km, nous cantonnons dans une ferme à 6 km des premières lignes. Les obus tombent pas loin, mais nous nous endormons quand même d’un sommeil de plomb jusqu’au lendemain à 8 h.

Nous passons la journée du 30 dans cette ferme, le propriétaire nous vend ses lapins  2 pour  5 aussi le lapin rôtit toute la journée sur les brasiers au grand air, nous avons trouvé une terrine de beurre fondu caché dans les cendres et comme il y a des patates à profusion, nous faisons des frites toute la journée.

Nous aurions bien voulu que cette vie dure longtemps.

 

Mais hélas, le 30 à 23 h départ pour les lignes et pour attaquer le lendemain matin. Le brouillard était tellement épais que nous arrivons à nous perdre.

Nous faisons plus du double de chemin que nous aurions dû faire.

Enfin nous arrivons en lignes à 4h du matin. Nous ne trouvons personne pour indiques les emplacements. Ceux que nous devions relever n’avaient pas attendu la relève.

Aussi, en arrivant, faut-il aller reconnaître si la maison qui est en face de nous est occupée par les boches et c’est moi qui suis chargé de cette corvée. Après, en avoir le tour, j’entre dans la maison et je descend à la cave muni de ma lampe électrique. N’ayant trouvé personne, la section s’installe dans cette maison.

Nous en sortons à 5 h un quart, car comme la maison se trouve à un carrefour, nous craignons que le feu de barrage boche se fasse sur ce carrefour.

C’est d ‘ailleurs ce qui est arrivé.

 

A 5 h 30, notre feu roulant commence terrible à 100 m en avant de nous et nous sortons, nous avançons assez facilement pour commencer, car il fait à peine jour et le brouillard est très épais. Nous arrivons dans champ de blé où nous sommes obligés de nous arrêter car une mitrailleuse boche nous prend de flanc.

A ce moment, mon copain le Sergent Venne est blessé à côté de moi d’une balle à la tête Comme il est le seul sergent à la section, c’est moi qui le remplace.

Nous faisons un nouveau bond en avant et nous nous trouvons derrière un ruisseau où nous restons environ un quart d’heure. Notre feu roulant se fait à nouveau devant nous, mais nous ne recevons aucun obus boche.

A ce moment, nous recevons l’ordre de faire un nouveau bond en avant, mais de ce fait, nous nous trouvons un peu trop avancés.

De sorte qu’une mitrailleuse boche nous prend de flanc depuis une maison qui se trouve sur notre gauche. Nous avons beau être cachés par un ruisseau, les balles arrivent en plongeant. Il n’y a pas 5 mn que nous sommes là que nous avons déjà 4 tués et blessés à la section.

 

Il est 7 h. Holopherne vient de recevoir une balle à la cheville il se trouve à 1 m de moi.

En voulant se retourner pour regarder pour regarder sa blessure, il en reçoit une autre en pleine tête qui le tue net. Voyant qu’il en tombait tout autour de moi, je me décidai à quitter cet endroit dangereux.

C’est à ce moment que je reçus un choc dans le dos.

Sans prendre le temps de me déséquiper, je ne fis qu’un bond jusqu’au ruisseau prochain qui se trouvait à 50m. là , j’étais dans l’eau jusqu’aux genoux mais j’étais à l’abri des balles.

Là je pus me déséquiper : la balle avait traversé mon sac, une boite de papier à lettres qui s’y trouvait et tout mon linge.

 

La douleur était tellement légère que je ne croyais pas être touché. Je me déshabillais et c’est un copain qui me dit que j’étais touché.

Aller au poste de secours n’était pas chose facile, il y avait à peu près 6 km à faire à terrain découvert par conséquent à la merci des balles et des obus. Heureusement que le ruisseau se trouvait là.

Je fis donc à peu près 1 km dans l’eau, et de là je pris le pas de gymnastique jusqu’au poste de secours où j’eus le bonheur d’arriver sans rien recevoir.

 

Une auto-ambulance était prête à partir. Comme elle était complète, je dus m’asseoir  sur un bidon d’essence et nous partîmes pour le groupe de brancardiers divisionnaire.

Pour comble de malheur, l’ Américain qui nous conduisait se trompa de route, si bien qu’au bout d’une heure nous nous trouvions de nouveau en première ligne au milieu des Américains. Il fallait donc faire demi-tour, la mitrailleuse crachait de tous les côtés, et repartir à toute vitesse pour l’arrière.

 

Après 2 h d’auto, j’arrivai à …zeghem.

Mais il fallait descendre d’auto, je ne pouvais plus, mes reins ne voulaient plus me soutenir. Il a fallu qu’on me pose sur un brancard.

De ….zeghem au camp de Staden la route mi parut longue car étant couché, les reins me faisaient encore plus mal. Arrivé au camp de Staden, on ne voulu pas m’opérer, on croyait que ma blessure n’était pas grave. Je restai 36 h au camp de Stades et de là je pris le train pour le Sanatorium de Zuydcoote.

Là non plus on ne voulait pas m’opérer, mais comme ça me faisait  de plus en plus mal, je refusait d’aller plus loin. Je fus donc opéré le 2 novembre à 17h. quand je me réveillai, le première chose que je demandai ce fut ma balle : aussi je fus bien désappointé quand le chirurgien me dit qu’ils ne l’avaient pas trouvée.

 

La balle avait bien été repérée à la radio, mais celui qui marquait avait par inattention marqué plus bas qu’elle ne se trouvait.

Je restai 4 jours à souffrir, après j’allai un peu mieux.

 

Le 9 on m’enleva les fils et le 11 à 11 h on m’opéra de nouveau.

Je me réveillais environ à 2h de l’après-midi, j’avais vomi pendant mon sommeil, ma chemise était inondée d’une bile jaunâtre. Je soufrais martyre, et pendant ce temps, là, les autres blessés fêtaient l’armistice en buvant le champagne et en fumant le cigare.

C’est à ce moment que j’étais entre la vie et la mort et je restai 4 jours et 4 nuits étend sur le dos, avec défense de faire un mouvement : c’est ce qui me sauva.

 

Toutes les 2 h on me glissait une cuillère de champagne dans la bouche, ce fut ma nourriture pendant 8 jours. Comme on m’avait suturé de suite après l’opération, je ne souffris que pendant 4 jours.

Le 6ème jour, on m’enleva les fils.

Ce n’est que le 8ème jour, quand le Major vit que j’étais hors de danger, qu’il me dit que j’avais été si près de la mort.

Heureusement  qu’il ne me la pas dit le jour que j’étais opéré car rien que l’appréhension aurait pu m’être funeste. Enfin : le 8ème jour j’étais à peu près hors de danger, et depuis c’est toujours allé de mieux en mieux.

 

Je restai au Sanatorium jusqu’au décembre, de là on m’envoya à Dieppe.

Un petit hôpital civil où nous sommes bien nourris et où nous avons toute notre liberté.

Par exemple, ceux qui sont bien blessés ne sont pas bien, car les soins laissent plutôt à désirer.

Le Major est plutôt médecin que chirurgien et il s’occupe très peu de nous ;

 

 

 

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